Guerre Des Sectes Sur Internet
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LeMonde Job: WMR1497--0001-0 WAS TMR1497-1 Op.: XX Rev.: 04-04-97 T.: 19:01 S.: 75,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:99 No:0317 Lcp: 196 CMYK b TELEVISION a RADIO H MULTIMEDIA FILM ICI ET MAINTENANT Les folles Louise Brooks, garçonne La station parisienne suspendue animale dans « Loulou » par le CSA pourrait soirées de Georg Wilhelm Pabst. retrouver une fréquence. des cyberbranchés Page 22 Page 26 THE KOBALL COLLECTION Page 34 Guerre des sectes sur Internet Le suicide collectif de trente-neuf « webdesigners » de la secte de la Porte du paradis a relancé le débat sur la liberté de parole sur le réseau et dans les groupes de discussion. Cette profusion d’informations semble plutôt profiter aux groupes de protection de l’individu, qui passent à la contre-offensive. Pages 32 et 33 Les états d’âme La meilleure de France-Culture La nomination de Patrice Gélinet à la direction des programmes des séries télé inquiète de nombreux producteurs NYPD Blue de la chaîne. ou la vie quotidienne Ils craignent que d’un commissariat cela ne traduise new-yorkais. la volonté du PDG Sans concession, de Radio-France, admirablement Michel Boyon, d’engager ALAIN MERCIER/RADIO-FRANCE interprétée, Patrice Gélinet frappante de vérité, la station sur la voie cette série d’un autre de la vulgarisation forcée. type est diffusée Une interview sur Canal Jimmy. de la productrice Marion Thiba. Pages 2 à 4 VISUAL Page 5 SEMAINE DU 7 AU 13 AVRIL 1997 LeMonde Job: WMR1497--0002-0 WAS TMR1497-2 Op.: XX Rev.: 04-04-97 T.: 19:43 S.: 75,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:99 No:0318 Lcp: 196 CMYK ENQUÊTE « NYPD Blue » ou les violences La Rolls Royce des séries policières américaines distille chaque semaine sur Canal Jimmy sa dose de drames du quotidien. Admirablement interprétée, frappante de réalisme, de la vie donc politiquement pas toujours correcte A commence tou- cières américaines, conçue et produite par chagrin, les poussées de haine et les élans jours par un le génial Steven Bochco, en collaboration de compassion s’entrelacent dans un écran noir que avec son vieux complice David Milch. Cin- nœud d’émotions captées tout en nuances. souligne, en voix quante-deux minutes d’intensité, servies Un parti pris narratif mêlant constamment off, cette inva- depuis 1994 par la chaîne du câble et du l’univers professionnel et privé, sans riable petite satellite Canal Jimmy, qui vient d’entamer concession vis-à-vis du « politiquement phrase : « Pre- la diffusion de la quatrième saison. correct » qui a fait école (notamment avec viously on NYPD L’essence de « NYPD Blue », plongée au l’excellente série « Urgences », actuelle- Blue » (dans les cœur de la vie d’un commissariat new- ment rediffusée sur France 2 chaque épisodes précé- yorkais, c’est un peu la chanson de Nou- samedi à 18 heures). dents de « NYPD garo : «Vie, violence/ Ça va de pair/ Les deux Les familiers de la série « Hill Street Blue »). Suivent se balancent/ Paradis, enfer. » A l’inverse Blues », conçue au début des années 80 Ç quelques sé- des séries habituelles, l’action et le specta- par les mêmes Steven Bochco et David quences-clés culaire ultraconcentrés laissent la vedette à Milch et récompensée par quatre Emmy bien serrées, destinées à reprendre les fils ce qui se noue et se dénoue entre les gens, Awards, pourront retrouver, avec « NYPD entremêlés du récit. Le au réseau complexe de Blue », la passionnante saga d’un commis- moteur peut alors tourner leurs pulsions et à leur sariat de police, directement inspirée par à plein régime, le plus Le tableau poids d’humanité. Quand un certain McBain, dont les polars décou- souvent propulsé sur les on est rentré dans l’univers vraient le quotidien des flics du « 87th Pre- lieux d’un désastre ne se partage pas de « NYPD Blue », on est cinct » d’Isola. Mais les différences sont accompli : découverte d’un de plain-pied dans la sub- notables, aussi bien dans la forme, le cadavre, identification d’un entre bons tilité et les va-et-vient du tempo adopté, que dans le fond. Même corps, bagarre, cris d’hysté- et méchants. flux d’adrénaline. Mieux engluée dans une réalité sordide, la pléiade rie, engueulade, déclara- vaut laisser le temps d’une de personnages de « Hill Street Blues » tion d’une disparition, d’un Ça vit, ça souffre, bonne lecture ou d’une apportait une dimension d’humour au vol ou d’un viol... Le géné- petite promenade avant de second degré dont il n’est plus du tout rique embraye sur cette ça aime s’accorder un moment question dans « NYPD Blue », aux his- trame d’une nouvelle et ça respire sympathique en compa- toires plus carrées et plus graves, au lan- affaire à résoudre : c’est un gnie de « Columbo » ou de gage cru et aux gestes francs, et traitées métro aérien qui troue le « Rick Hunter ». plus sérieusement du point de vue de la crépuscule new-yorkais, introduisant les Les flics de la « 15th Squad » essuient de vraisemblance des situations et des procé- protagonistes récurrents sur fond de pay- plein fouet les conséquences d’une réalité dures. sage citadin, le tout asséné sur le tempo sociale affligeante : drogue, meurtres, Lors de sa sortie aux Etats-Unis, le d’un cœur qui bat fort et très vite, musique chantages, viols ou incestes – tout en se 21 septembre 1993, et malgré le tintamarre signée Mike Post. coltinant leurs propres drames et pro- des groupes de pression effarouchés par On est dans « NYPD Blue » (abrégé de blèmes, lestés de leurs angoisses et de leur les scènes de sexe ou de violence, plus de New York Police Department Blue, et tra- frustration. L’ordure et les moments de vingt et un millions de téléspectateurs ont duit en français par « New York Police grâce, le doute ou les mesquineries et les suivi chaque épisode de ce « show pour Blues »), la Rolls Royce des séries poli- minutes de triomphe, l’espoir et l’effroi du grandes personnes », ainsi que le qualifie Det. Andy Sipowicz (Dennis Franz) Det. Bobby Simone (Jimmy Smits) Sans doute le personnage phare de la série, parce que celui qui Licencieux, introverti, de sang-froid, l’inspecteur Simone est à l’opposé rassemble le plus de contradictions et se bagarre le plus pour devenir un de Sipowicz, qui l’a vu débarquer d’un mauvais œil après la mutation de « type bien », en paix avec lui-même. Ses accès de colère sont d’une John Kelly (David Caruso), son premier partenaire. Une profonde estime densité phénoménale, partie émergée du perpétuel bouillonnement qui s’est pourtant installée entre ces deux figures antagonistes de la l’agite. Sous des dehors de gros ours mal léché, bouffi par l’acool, sous quinzième escouade, et le duo fonctionne à merveille. L’élégant Simone, ses allures de « beauf » aux pointes machistes et racistes, qui dégaine les d’origine franco-portugaise, s’est difficilement remis de la mort de sa injures plus vite que son ombre, l’inspecteur Sipowicz dissimule une femme et consacre ses heures de liberté à l’élevage de pigeons. L’arrivée morale d’acier et un cœur gros comme ça, rongé par l’inquiétude. Un de la belle Diane Russell au sein de l’équipe a bouleversé le désert rôle chargé, aux évolutions constantes et subtiles, qui a valu à Dennis affectif de Bobby. Mais leur fragilité et leur pudeur mutuelles Franz l’Emmy Award du meilleur acteur dramatique et une distinction compliquent singulièrement les choses... Comme le personnage qu’il équivalente décernée par l’Association des spectateurs pour une incarne, Jimmy Smits a passé sa jeunesse à Brooklyn, où il naît en 1955. télévision de qualité. Ce natif de l’Illinois (1944) a tourné dans plusieurs Homme de théâtre, quelques brillantes incursions au petit écran l’ont films de Brian De Palma et Robert Altman et fait son entrée dans mené tout droit vers « L.A. Law », épatante série conçue par Bochco au l’univers de Bochco dès 1983, avant de devenir un familier de « Hill début des années 80. Un rôle sur mesure qui a valu à Jimmy Smits six TELEVISION Street Blues » dans le rôle de Norm Buntz, un flic teigneux mais intègre. nominations consécutives et un Emmy Award en 1990. 2 Le Monde b Télévision a Radio H Multimédia Dimanche 6 - Lundi 7 avril 1997 LeMonde Job: WMR1497--0003-0 WAS TMR1497-3 Op.: XX Rev.: 04-04-97 T.: 19:50 S.: 75,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 39Fap:99 No:0319 Lcp: 196 CMYK Bochco, bluffés par la férocité des scéna- De gauche à droite rios et la densité du jeu des acteurs, autre- et de haut en bas : ment plus complexes que dans toute autre les inspecteurs Sipowicz, série. Il y a bien des arrestations, des coups Simone, Russel, de feu, des menottes aux poignets et des le commissaire Fancy, interrogatoires éprouvants, mais ni super- les inspecteurs Martinez héros ni salauds définitifs. Le tableau ne se et Medavoy partage pas entre blanc et noir, entre bons et méchants. Ça vit, ça souffre, ça aime et ça respire. Comme pour mieux saisir cette énergie houleuse, une caméra insidieuse et vir- tuose glisse, cale ou s’affole, façon docu- mentaire ou reportage d’investigation. Les points forts de la narration sont scandés par de courts panoramiques sur la ville, plongées sur les buildings et les rues ani- mées de New York. Hormis quelques séquences réellement filmées dans les dédales de la « Big Apple », la série est « NYPD Blue » est pourtant tournée au cœur de Los Angeles, diffusé sur Canal dans les studios de la 20th Century Fox – Jimmy, en v.o.