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MARLÈNE DIETRICH

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés MARLENE DIETRICH Ange et Impératrice Il y aeu la mythique Lola en jarretel- les et chapeau claque, et auparavant Hommage la fille des années folles, ensuite la glamoureuse de Hollywood, puis la scandaleuse de Berlin, et encore la vamp ironique autant que désabusée. Il y a eu, il y a, Il y aura toujours Marlène, la femme selon Sternberg, à qui le festival rend hommage.

Sur les photos des films qu'elle tourna, en Allemagne, de 1923 à 1929 il y en eut seize, mais qui peut se vanter d'avoir vu la Tragédie de l'amour, Manon Lescaut, Une Du Barry moderne, Tête haute, Charlie, Café Elektric, Princesse Olala, Ce n'est que votre main madame, la Femme que l'on désire, le Navire des hommes perdus, pour ne citer que ceux-là? Marlène Dietrich a des che- veux châtain foncé, crantés ou bouclés au fer à friser, un visage rond qui tend à s'allonger du côté du menton, des sour- cils épilés, une bouche fardée à la diable et un nez retroussé. Elle fait très «petite femme» émancipée des années folles. Cette jeune actrice née dans une bonne famille prussienne, élevée selon des principes de rigueur morale dont elle se souviendra toujours, avait cherché à percer au théâtre, était devenue, après avoir épousé un assistant réalisateur, Rudolf Sieber. Demi-étoile de music-hall et de cinéma, elle se livrait volontiers à des extravagances vestimentaires, aimait les folies nocturnes de Berlin enfiévré.

Mais elle travaillait, elle voulait réussir. Si l'on en revient à ces photos de films banals, on peut la voir parfois, ironique et distante, avec une lueur de mélancolie dans le regard. Elle semble attendre ce- lui qui saura tirer d'elle ce qu'elle est capable de donner. Ce visage rond, ce corps potelé plus ou moins bien mis en valeur par les robes du soir flottantes, les jupes courtes, les vestes-sacs et les manteaux aux épaules tombantes, ne de- mandent qu'à se transformer. En 1929, Marlène Dietrich est déjà une comé- dienne affirmée, et une vedette berlinoise de la chanson. C'est aussi une femme endormie dans une sorte de statut social et artistique propre à la Babylone de la République de Weimar. Le temps passe. Bientôt, peut-être, il sera trop tard.

Du 4 au 17 Décembre 1991 Mais non. Un homme, un artiste, un es- au Cinéma ACTION ECOLES thète arrive des Etats-Unis, où il est Renseignements : 43.25.72.07 considéré comme un grand cinéaste du

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés ves, des atmosphères imaginées, des personnages de femmes faites pour l'aventure, la passion et la mort, à qui il arrive même (Morocco, où la séduction du légionnaire lui impose un sacrifice, Agent X 27 ou Blonde Ve- nus) d'être victime des hommes. C'est avec sa science des éclairages que Sternberg a remodelé son visage, avec son goût des costumes et des parures (exécutés sous sa direction par le coutu- rier de Paramount, Travis Banton) qu'il a changé sa silhouette et son corps. Des décors de ses films, il a façonné des écrins pour sa beauté révélée, pour son talent enfin épanoui. De Catherine de Russie, Sternberg a fait l'Impératrice rouge, qui se sert de son pouvoir éro- tique pour s'emparer du trône. De la petite garce espagnole de Pierrc Louys dans la Femme et le pantin, il a fait une muet, pour tourner, à Berlin, le premier C'est ici que se fixe le destin de Marlène. vamp sortie d'une toile de Gustav Klimt. film parlant d', d'après un Et quant à ce qui est arrivé au vieux Hollywood n'a jamais vraiment compris roman d'Heinrich Mann. Josef Von professeur, amoureux masochiste, on ce qui s'était passé là, et l'association du Sternberg, juif viennois aux allures de s'en soucie comme d'une guigne. /'Ange cinéaste et de son interprète s'est dé- dandy, cherche l'interprète féminine du bleu est le film d'une création, unique faite. film. Marlène Dietrich est sur les rangs. dans l'histoire du cinéma mondial (même Il semble que le producteur Erich Greta Garbo n'est pas née à l'écran de Marlène, elle, ne devait rien oublier. Elle Pommer n'ait pas voulu d'elle. C'est sur cette façon-là). Que les références à Rops tint comme il fallait son rôle de star scène, en allant voir une comédie musi- et à Toulouse-Lautrec s'effacent par la sophistiquée, mais tout ce que lui avait cale où jouent Hans Albers et Rosa suite n'y change rien. Même quand elle appris Sternberg, elle l'imposa, la plu- Valetti, pressentis pour des rôles secon- ne tournera pas avec lui, Marlène part du temps, aux réalisateurs avec les- daires, que Sternberg «découvre» Dietrich sera et restera la femme selon quels elle dut accepter de travailler. C'est Marlène Dietrich, indifférente, insolente, Sternberg. A celui qui a donné au monde particulièrement frappant dans le Can- de Tay Garnett, la Belle ensorceleuse, autrichien émigré en 1933 et devenu à pas le film. Dans l'Ange des maudits, elle avec le physique d'« un modèle de entier la plus fascinante des déesses, le tique des cantiques, de Rouben Ma- comédie de René Clair émigré aux Hollywood le disciple de Lubitsch. ne s'entendit pas avec Fritz Lang, trop Félicien Rops ou de Toulouse Lautrec», mythe incomparable, on aurait dû élever moulian, tourné pendant une pause entre Etats-Unis, Madame veut un bébé, de Complice avec Marlène, il en fait, dans autoritaire, mais apporta à son rôle exactement ce qu'il cherchait pour Lola des statues. Après l'Ange bleu, il y a eu Blonde Venus et l'Impératrice rouge, Mitchell Leisen. C'est vrai aussi qu'elle la Scandaleuse, l'ancienne maîtresse d'un d'aventurière de western la présence Frôlich, la chanteuse de beuglant qui, six films à Hollywood, mais non dans Désir, de Frank Borzage, qui sont fut une vamp classique dans l'Entraî- dignitaire nazi à laquelle, dans une fausse fascinante de la femme-Sternberg. A elle dans l'Ange bleu, va conduire l'hono- hollywoodiens malgré les sujets roma- de beaux films, dans l'effarant Jardin neuse fatale, de Raoul Walsh, et les bande d'actualités, un Hitler nain vient revient le mot de la fin de la Soif du mal, rable professeur Rath à la déchéance. nesques, la sophistication de la gla- d'Allah, de Richard Boleslawski, et dans Écumeurs, de Ray Enright. Mais sans baiser la main. La Marlène de Sternberg d' , avant son dernier grand moureuse Marlène. Des visions, des rê- doute son Pygmalion l'inspirait-il en- et celle de Billy Wilder étaient faites L'histoire est connue. Du moins, sous le méconnu Chevalier sans armure que rôle de Jugement à Nuremberg. C'était core de loin, autant que sa propre finesse pour s'entendre. On retrouve la compli- son aspect anecdotique. A confronter les Jacques Feyder réalisa en Angleterre en en 1961. De toute façon, on le sait, elle et son intelligence. Cette femme extra- derniers films allemands de Marlène 1937, pour Alexandre Korda. Même chez cité de l'actrice et du cinéaste dans ne nous quittera jamais. ordinaire fit semblant de rentrer dans le Dietrich avec ceux qui la transforme- Ernst Lubitsch, pour la comédie allusive "Témoin à charge, où, dix ans après la sérail et donna, à Hollywood, avant de raient en «Marlène», on comprend ce Ange, Marlène fit passer ce que l'on peut Scandaleuse, elle offre à nouveau un JACQUES SICLIER s'en aller sur les champs de bataille de la que Sternberg, grand maître de la mise appeler le «look Sternberg». numéro ambigu et éblouissant. Le Monde - Arts et Spectacles seconde guerre mondiale, des interpré- en scène, de la lumière, et du décor, a Septembre 1991 tations parodiques d'elle-même. pressenti chez l'actrice dont il allait faire A la veille de la guerre en Europe, elle Qu'à partir des années 50 Marlène se un mythe. Et, d'ailleurs, les images de était dans tout l'éclat de sa célébrité, et, soit consacrée à des tours de chant admi- l'Ange bleu sont là pour raconter la pourtant,sacoteavait baissé au On regrettera toujours qu'en 1946 elle rablement «mis en scène» plutôt qu'au métamorphose. Une petite poule de box-office. Ce fut un western de George n'ait pu tourner avec Jean Gabin les cinéma ne tient pas à son âge. Elle était bastringue à la voix pointue, offrant des Marshall, Destry rides again (elle avait Portes de la nuit, de Marcel Carné. Leur immuablement belle, élégante, racée, cuisses laiteuses sur lesquelles se ten- pris conseil de Sternberg avant de l'ac- film de « remplacement », Martin ironique, intelligente. Mais Hollywood dent des jarretelles noires, et portant les cepter), qui relança sa carrière. On y vit Roumagnac, de Georges Lacombe, est lui-même se banalisait et, s'il y avait dessous à volant des filles de petite vertu, Marlène se crêper le chignon dans un tout juste une curiosité. Lorsqu'elle re- encore des stars, les mythes n'avaient est entourée de lourdes pouffiasses sur saloon avec Una Markel, et mourir en gagna Hollywood, ce fut pour se mon- plus qu'une durée éphémère. Marlène la scène du cabaret L'Ange bleu. Son protégeant . C'était en trer en gitane résistant au nazisme dans préserve le sien sans faiblir, tout simple- corps rayonne de séduction charnelle au 1939, et l'on a souvent dit que, à partir les Anneaux d'or, de Mitchell Leisen, et, ment parce qu'en dehors du cinéma elle milieu des chairs avachies et des chopes de ce film, une nouvelle Dietrich beau- surtout, en chanteuse de cabaret dans la reste, comme depuis les années 20, une de bière. Dans la partie, Lola-Lola seule coup plus conforme à l'hollywoodisme Scandaleuse de Berlin. Billy Wilder femme de son temps. Hitchcock ne sut en scène, affinée, devenue femme fatale, venait de prendre un tournant. C'est vrai ressentait pour elle une admiration sans pas la comprendre dans le Grand Alibi, est « faite pour l'amour, de la tête aux qu'elle s'est montrée, à partir de là, plus borne et un profond respect - «C'est une mais elle y est géniale malgré lui, et pieds». fantaisiste: la Maison des sept péchés, vraie Allemande», a dit d'elle ce juif c'est peut-être pour cela qu'il n'aimait 888188888888888

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés AGENT X 27 (1931) BLONDE VÉNUS (1932) LA BELLE ENSORCELEUSE (1941) Dishonored Blonde Vénus The Flame of New Orleans de Josef Von Sternberg. de René Clair. de Josef Von Sternberg. Photo : Bert Glennon. Photo : Rudolph Mate. Photo : Lee Garmes. Avec Marlène Dietrich, Herbert Marshall, Avec Marlène Dietrich, Bruce Cabot, Avec Marlène Dietrich, Victor McLaglen, Cary Grant, Dickie Moore, Gene Morgan. Roland Young, Mischa Auer, Andy Devine. Lew Cody, Gustav von Seyffertitz. USA. USA. USA. "On peut bien raconter l'argument. Il n'est Le film est une "comédie américaine" Il brille comme un diamant noir. Il est le pas l'essentiel du film, encore que par son marquée de l'empreinte de René Clair. plus beau et de tous les films de Sternberg caractère mélodramatique il ait été un élé- Ce subtil divertissement fut qualifié par de et de tous ceux interprétés par Marlène. ment de son succès. Tout repose sur la nombreux critiques de "brillant, gracieux, transformation de Marlène Dietrich, cette Car jamais Marlène ne fut à ce point in- cocasse et impertinent" et comme le film solente, détachée, souveraine. Car jamais extraordinaire femme fatale du cinéma, en américain le plus caractéristique de son metteur en scène n'osa, avec cette superbe, épouse déchirée et mère sublime. Sternberg auteur. magnifier le genre feuilletonnesque. ne ramène pas sa vedette au réalisme sen- Ce sera l'unique rencontre entre René Clair Vienne, 1917. L'armée autrichienne es- timental. Il lui donne une idéalisation sup- et Marlène Dietrich. Pour elle, il compo- suie revers sur revers. Un traître fait partie plémentaire... sera sur mesure le personnage de femme de l'état-major. Le chef des Services secrets ...Naïade virginale et touchante ménagère fatale et séductrice, à qui rien ni personne engage la jeune veuve d'un capitaine à l'Allemande dans sa maison New- ne résiste. (Marlène Dietrich), que la mort de son Yorkaise, où elle baigne son enfant et re- La finesse des effets, les gags et la remar- mari a réduite à la prostitution. Elle n'a passe le linge, elle nous donne l'idée de quable interprétation d'un double rôle pour plus rien à perdre, "Ni la mort, ni la vie ne Vénus au foyer. Marlène Dietrich, plus Marlène que jamais, me font peur", dit-elle, et elle est prête à ...Quant à l'attraction d'où le film tire son se fondent en un ensemble à la fois harmo- tout risquer pour son pays. "Un pays qui se titre, c'est bien le moment le plus surpre- nieux et insolent. moque bien de vous", lui avait pourtant dit, nant, celui qui donne le plus puissant choc La Belle ensorceleuse en plus d'une co- de façon prémonitoire, le chef des Servi- émotionnel. Dans un décor de jungle sur- médie, est un vrai film d'aventures (le seul git un gorille velu, enchaîné, hideux, qui ces secrets. Peu lui importe : elle devient film d'aventures de René Clair). l'agent X 27. se balance lourdement. Une de ses mains Chaque séquence est un tableau superbe tombe et c'est l'apparition d'une main de dont Marlène est le centre, chaque fois femme, longue, troublante. Le gorille en- L'ENTRAÎNEUSE FATALE (1941) différente, toujours éblouissante, chaque lève sa tête et le visage de Marlène, coiffée Manpower fois vêtue, coiffée différemment, toujours d'une perruque blonde surgit. La bête superbe d'arrogance et d'ironie, d'orgueil donne naissance à la belle. Vénus se cachait de Raoul Walsh. et d'humour, de courage... sous la défroque animale. De cette vision Photo : Ernst Haller. CLAUDE-MARIE TREMOIS surréaliste, la suite de Blonde Vénus garde Avec Marlène Dietrich, George Raft, Télérama, Janvier 83 constamment l'empreinte... Alan Hale, Franck McHugh. ...Tout ce que l'on peut tirer d'une actrice, USA. à partir de sa beauté, Sternberg l'a montré dans Blonde Vénus". Manpower est une merveille unique en SHANGHAÏ EXPRESS (1932) JACQUES SICLIER son genre. D'un côté, Raoul Walsh, ses Shanghaï Express Télérama, avril 1966 troupes de réparateurs de lignes à haute tension, son opérateur (Ernest Haller) ha- de Josef von Sternberg. bile à maîtriser les éclairages durs et Photo : Lee Garmes. LA FEMME ET LE PANTIN (1935) contrastés, son spécialiste des effets spé- Avec Marlène Dietrich, Clive Brook, The Devil is a woman ciaux (Byron Haskin, le futur metteur en Anna May Won g, Warner Oland, Eugène de Josef Von Sternberg. scène), capable de commander aux pluies Palette. Photo : Josef Von Sternberg, Lucien torrentielles, aux bourrasques et aux tour- USA. Baillard. mentes de neige. De l'autre, Marlène. Le Avec Marlène Dietrich, Lionel Atwill, miracle est que tout se passe bien. Que la Le style de Sternberg devient de plus en star parvienne à demeurer la star et à plus concis, de plus en plus recherché. Cesar Romero, Edward Everett Horton. USA. conserver les ingrédients nécessaires au L'histoire est un peu confuse, mais la bon fonctionnement de son système de sé- reconstitution de la Chine en studio est C'est le film préféré à tous deux. Cette duction tout en donnant une image plau- extraordinaire, et les personnages secon- fois, Sternberg nous emmène donc en Es- sible de la sirène de motels et de night- daires, quoique caricaturaux, très bien étu- pagne. La photographie est d'une beauté clubs de troisième ordre qu'elle est censée diés. Mais surtout, la photographie est incroyable. Le film tourne autour de incarner. d'une beauté incroyable. Le directeur de la Dietrich, toujours plus ravissante, épous- Manpower, c'est, non pas Lola-Lola, mais photographie Lee Garmes, dont c'est le touflante de vie et d'insouciance. Derrière Shanghaï Lily, Concha Pérez, l'impéra- quatrième et dernier film avec Sternberg, a l'histoire de cette femme fatale, mysté- trice rouge, le grand mythe sternbergien véritablement réalisé des prodiges. rieuse, qui provoque et disparaît, et de cet d'Hollywood et non pas la petite comé- Certains plans sont de véritables estampes, homme qui se laisse faire comme un pantin dienne berlinoise, jetée dans le monde des et Marlène, naturellement, est la première presque jusqu'à la mort, on a le sentiment masses laborieuses et se tirant à son hon- à en bénéficier. Jamais, sans doute, elle en sortant du film que quelque chose d'in- neur de l'aventure non sans avoir essuyé n'a été si belle que dans Shanghaï Express. saisissable nous échappe. quelques horions. THIERRY DE NAVACELLE THIERRY DE NAVACELLE MICHEL PÉREZ "Sublime Marlène" "Sublime Marlène" Le Matin, février 1979

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés LA SCANDALEUSE DE BERLIN entendait en matière de toiles peintes et de C'est en 1958 que, par amitié et par admi- (1948) perspectives mais ce ne fut pas une réus- ration pour Orson Welles, Marlène inter- A Foreign Affair site, la scène étant par ailleurs mal éclairée prète un petit rôle dans la Soif du mal. On (...). J'eus l'idée d'utiliser un chant pour la voit quand même dans quatre ou cinq de Billy Wilder. lier les épisodes et j'en parlai avec le scé- séquences, toujours avec Orson Welles. Photo : Charles B. Lang Jr. nariste Dan Taradash (un homme que j'ad- Malgré ce qu'en disent certains critiques,

Avec Jean Arthur, Marlène Dietrich, mire beaucoup). Personnellement, j'aime le film est extraordinaire : l'atmosphère John Lund, Millard Mitchell. beaucoup ce chant". d'une ville de la frontière mexicaine (le USA. FRITZ LANG tout a été tourné dans le décor naturel de (in Fritz Lang in America, Londres, 1967) Santa Monica à Los Angeles), des plans Le plus grand mérite de "La Scandaleuse époustouflants (surtout celui qui ouvre le de Berlin" consiste à nous avoir laissé des film, un des plus longs de toute l'histoire images de Marlène aussi inoubliables que du cinéma), et bien sûr, la présence d'Orson celles des films de Josef von Sternberg. TÉMOIN À CHARGE (1958) Welles. Ce qui est aussi extraordinaire, Des mérites, il est entendu que cette comé- Witness for the Prosecution c'est sa rencontre avec Dietrich ; deux die brillantissime en a d'autres, et d'in- "monstres" du cinéma face à face ;l'un nombrables. Mais c'est indubitablement de Billy Wilder. énorme, sale, pas rasé, en policier véreux l'imagerie marlénienne qui vient à l'esprit Photo : Russel Harlan. et elle en gitane, brune à nouveau, in- lorsqu'on se prend à l'évoquer. Avec Tyrone Power, Marlène Dietrich, croyable de jeunesse pour 57 ans. Marlène, boudeuse, reprochant à son offi- , Elsa Lanchester. Ils ont été amants autrefois, lui se com- cier américain de soupçonner qu'elle ait GB. porte un peu comme un enfant avec elle, pu entretenir des relations de quelque inti- ce qui contraste totalement avec son per- mité avec une personnalité en vue de Ille C'est d'abord Billy Wilder qui la met en sonnage dans le reste du film. On a l'im- Reich et l'instant d'après rayonnante, scène avec pour partenaires Charles pression que pendant chacune des quatre éblouissante de grâce et de charme mon- Laughton et Tyrone Power. Le film, séquences où ils se retouvent l'un en face dain dans les bandes d'actualités que se Témoin à charge, est tiré de la pièce de l'autre, l'histoire (le film) s'arrête. Il fait projeter le militaire déconfit, docu- d'Agatha Christie qui a déjà été un grand semble vraiment éprouver un respect in- ments où il a la surprise de la découvrir succès théâtral. croyable pour elle et à la fin du film, lors- dans un aparté des plus compromettants en Charles Laughton est comme toujours ex- que Marlène prononce ces paroles devant compagnie d'Adolf Hitler. Marlène, lan- cellent, Tyrone Power aussi, mais depuis le corps d'Orson Welles: "What does it çant la clé de sa chambre, de sa fenêtre, à longtemps Marlène n'avait pas aussi bien matter what you say about people" (Qu'est- l'Américain qui l'attend dans la rue. Ce joué. Elle interprète encore une fois le rôle ce-que ça peut bien faire ce qu'on dit sur qui n'a l'air de rien raconté aussi bêtement, d'une chanteuse de cabaret, une Allemande les gens), on sent dans sa voix une im- mais il faut voir l'élégance de ce geste de mariée à un Anglais. Dès sa première ap- mense affection et un profond respect pour courtisane, son efficacité discrète et son parition, elle est parfaite. On comprend la le personnage. effronterie romanesque : ce sont des siè- fascination qu'elle exerce sur l'avocat Th. de Navacelle "Sublime Marlène" cles de raffinement européen et de science (Charles Laughton). JACQUES RIVETTE du commerce galant qui aboutissent là, Jusqu'au dénouement on est intrigué par dans cette ineffable trajectoire de l'objet son personnage ; elle réussit à lui donner freudien venant choir aux pieds de l'origi- toute la dureté, la froideur et l'équivoque La Cinémathèque Française présente au Intégrale naire du Minnesota ébaubi. nécessaires,touten restant mysté- Palais de Tokyo, du 4 au 21 déc. 1991, MICHEL PÉREZ rieusement troublante. DAS SCHIFF DER VERLORENEN Le Nouvel Observateur, février 1988 Et lorsqu'à la fin du film, après un complet MENSCHEN, de Maurice Tourneur. à partir du 20 Novembre retournement du personnage, elle éclate en CURS BRÛLÉS (Morocco) au Cinéma LES TROIS BALZAC sanglots en plein tribunal, la scène est par- de Josef Von Sternberg Renseignements : 45.61.10.60 ticulièrement bouleversante. LE CANTIQUE DES CANTIQUES L'ANGE DES MAUDITS (1952) Wilder réussit à lui faire créer un person- de R. Mamoulian. Rancho Notorious nage et non plus à mettre uniquement en L'IMPÉRATRICE ROUGE (Searlett Empress) A ses débuts, Jacques Rivette a pris part à une aventure collec-jours au stade des répétitions, jamais des représentations (sauf valeur sa propre personnalité. de Josef Von Sternberg. tive, celle du groupe Cahiers du Cinéma-Nouvelle Vague. Puis, dans L'Amour par terre, mais il s'agit là de "théâtre d'apparte- de Fritz Lang. Ce qui est très nouveau pour Marlène. Le LE GRAND ALIBI de A. Hitchcock. il a suivi un itinéraire qui a fait de lui un auteur singulier, au ment"), lui permet d'explorer son rapport aux comédiens, Photo : Hal Mohr. film le prouve en tous cas, à qui en doute- LE JARDIN D'ALLAH de R. Bodeslawski. sens littéral du terme :il ne s'est jamais inséré dans une struc- transférant vers eux une partie des responsabilités du film, les Avec Marlène Dietrich, , rait encore, que Marlène est une remar- LE VOYAGE FANTASTIQUE de H. Koster. ture de production, et aujourd'hui encore son cinéma demeure Met Ferrer, Lloyd Gough, Gloria Henry. quable comédienne. poussant à abandonner tout jeu "psychologique" pour investir LE CHEVALIER SANS ARMURE "en marge". Son oeuvre incarne et exemplifie les aventures du un comportement, ce qui les fait "jouer à jouer", selon le témoi- USA. THIERRY DE NAVACELLE de Jacques Feyder. cinéma moderne, mais loin de commencer par le résultat, Ri- gnage d'une comédienne. Le motif du théâtre lui permet égale- "Sublime Marlène" L'ANGE BLEU de Josef Von Sternberg. "Le film fut conçu pour Marlène Dietrich vette a suivi un parcours : après avoir été un des "enfants de la ment de mettre en place un autre élément de son cinéma : la DÉSIR de Frank Borzage. Cinémathèque" et exercé la critique, c'est à partir de son troi- que j'aimais beaucoup... Je voulais faire ANGE de E. Lubitsch. troupe, ou plus exactement, les groupes de personnages. Le sième film, L'Amour fou, qu'il se lance dans son propre système un film sur une chanteuse de saloon FEMMES OU DÉMONS de G. Marshall. motif du complot lui permet d'abolir l'intrigue, la logique de la vieillissante mais toujours désirable et sur LA SOIF DU MAL (1958) LA MAISON DES 7 PÉCHÉS de T. Garnett. de cinéma, dans lequel les films ne sont pas basés sur des causalité (le plus souvent, les complots qui se nouent dans ses un vieux tireur qui commençait à perdre TouchofEvil MADAME VEUT UN BÉBÉ de M. Leisen. scénarios et des découpages détaillés, mais sur des simples films sont imaginaires), tout en conservant la tension procurée de son habileté(...). Nous avions un bud- KISMET de W. Dieterle. canevas qui rendent possible l'aventure de la mise en scène. par le déroulement d'une narration et en multipliant la fascination get très limité et décidâmes de tout faire en de Orson Welles. Rivette a poursuivi de façon quasi obsessionnelle deux thèmes qu'elle exerce. Le mot anglais "plot", que Rivette utilise volon- studio :les scènes de rue furent tournées Photo : Russel Metty. et au Goethe-Institut, Iéna principaux : le travail des acteurs et le temps cinématographi- tiers, signifie à la fois "complot" et "trame narrative". A travers dans la "Western Street" de la Republic. Avec , Janet Leigh, MARLÈNE de . que. Mais loin de les aborder de façon abstraite, il le fait par le un vaste réseau de personnages et de situations mis en jeu le Par contre nous n'avions pas assez d'ar- Orson Welles et la participation de DIE FRAU, NACH DER MAN SICH SEHNT biais de deux motifs (au sens où ce mot est employé en pein- complot rend nécessaire la durée dilatée de ces films :au bout gent pour construire un décor de montagne. Marlène Dietrich et Zsa Zsa Gabor. de Kurt Bernhardt. ture) : le théâtre et le complot, qui parcourent tous ses films de de trois, quatre, voire douze heures de projection, le spectateur Mon directeur artistique, Wiard Ihnen, s'y USA. L'ANGE BLEU de Josef Von Sternberg. façon plus ou moins directe. Le motif du théâtre, montré tou- n'a pas assisté à un grand spectacle, mais à une chronologie.

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés JACQUES RIVETTE LE VEILLEUR avons commencé par revoir tous ses films et par adopter quelques principes. Ainsi, si les véritables sujets des films de Rivette sont les Cinéma de notre temps Il y avait ce que nous savions de lui, l'im- L'AMOUR FOU (1967/ 68) acteurs et la durée, c'est par le biais des motifs du théâtre et du Un film de Claire Denis, avec la collabo- portance qu'il avait depuis longtemps pour complot qu'il les a matérialisés dans son uvre. ration de Serge Daney. nous et il y avait le reste, que nous igno- Avec Bulle Ogier, Jean-Pierre Kalfon, Du point de vue de l'organisation de l'espace, ses films peuvent rions. Il y avait aussi l'image "officielle" Josée Destoop, Yves Beneyton. être divisés, sommairement, en deux grands groupes : les films l' partie 75 mn. de Jacques Rivette, joueur virtuose et d'intérieur, où presque toute l'action a lieu entre quatre murs, 2 partie 57 mn. nervalien, commentateur espiègle des N. et B. - 4 h 12 films de l'enfermement, du lieu assiégé ; et les films d'exté- moeurs du théâtre et de celles de la ville. Avec Serge Daney, Jacques Rivette, rieur, sans décors fixes, où l'action n'a pas de point de chute et Ce n'est pas cette image que nous vou- De ce film la seule version que Jacques Bulle Ogier, Jean Babille, Jean-François Rivette reconnaît pour authentique est la qui sont organisés comme des périples. Cela permet à Rivette, lions mettre en avant. Non qu'elle soit Stevenin. fausse mais nous pensons qu'il y a un autre version de quatre heures douze minutes. à chaque fois, de redéfinir Paris en tant qu'espace cinématogra- Production : LA SEPT - AMIP. en Rivette, plus dur, plus physique, un cinéaste L'autre version, abrégée, condensée, rame- phique, tour à tour ville d'hiver ou d'été, montré en référence association avec Channel Four - Janine qui, en d'autres temps et en d'autres lieux, née à une durée "normale", ne lui paraît aux décors du cinéma américain ou comme une ville familière Bazin - André Labarthe - Alain Plague n'aurait laissé à personne le soin de fabri- qu'une approche plus ou moins défigurée dans laquelle se déroulent des évènements insolites. quer des polars ou des comédies musica- de son oeuvre. Entre Paris nous appartient et , la carrière de Il s'agit avant tout d'un portrait. D'un les. Un cinéaste de l'alternance du jour et A tous les points de vue, je pense que Rivette s'étend sur une trentaine d'années. Après une période homme avant tout discret. Jacques Rivette de la nuit, du chien et du loup : un veilleur Jacques Rivette a raison de défendre cette de définition et d'expansion, qui va de Paris nous appartient à n'est ni une gloire du passé ni une star des de nuit en plein jour, veillant sur le temps position. D'abord, parce qu'étant l'auteur il Céline et Julie vont en bateau, son travail a été marqué, dans la médias. Il est en réserve, sur la réserve, alloué à tous et sur l'espace Paris qui importe qu'il soit libre de donner à son film deuxième moitié des années 70, par toutes sortes de difficultés non comme un homme retiré du monde n'appartient à personne. la forme (et le format) qu'il juge la (tournages interrompus, films non distribués, échecs commer- mais qui aurait choisi de lui être parallèle. C'est à ce Rivette là que Jacques Rivette a meilleure. En second lieu, parce que le temps réel joue un tel rôle dans ce récit ciaux), jusqu'à ce qu'il parvienne à émerger à nouveau, au Passionnément parallèle, son oeuvre où prêté avec bonne volonté son concours. qu'en l'ébréchant on enlève à l'Amour fou début des années 80. Avec La Bande des quatre et La Belle d'autres liront plus tard les signes du temps Beaucoup de réponses aux questions sont une part importante de sa substance et de sa noiseuse, Rivette a atteint un public plus jeune et plus vaste, qui qui passe, des décennies qui se succèdent à lire sur son visage, beaucoup de ques- et de Paris qui change. signification. ne connaissait peut-être par ses chefs-d'uvre du passé, tels tions aussi. Plus nous avancions, plus nous Que décrit, en effet, le film de Jacques Ri- Rivette est l'homme qui voit tous les films que L'Amour fou et /Spectre. Et pourtant, son nom restera sentions confusément qu'il faudrait renon- vette? Il décrit concurremment la lente, la et tout dans les films. Solitaire, il ne vit sans doute lié à l'idée d'un réalisateur isolé et indépendant, cer à tout ce qui n'était pas le portrait lui- patiente, la tâtonnante, la balbutiante pro- que pour peupler chaque film d'un entrelacs d'un auteur de films, "marginal" mais couvert d'une secrète même. Normal, puisque l'homme que nous gression d'un travail artistique et la fulgu- de personnages,dans la phobie du mot et gloire. voulions peindre tourne lui-même depuis rante explosion d'une crise sentimentale. de tout ce qui se renferme. Il est pour ce longtemps autour du thème du peintre face ANTONIO RODRIG Ce qui semble long dans le film et ce qui qui persiste, pas pour ce qui signe. C'est à son modèle. C'est sans doute pourquoi il l'est effectivement ce sont les répéti- l'idée que nous avions de lui, Claire Denis accepta de si bonne grâce de commencer tions (jamais mot ne parut plus justement et moi, lorsque, afin d'entreprendre ce par jouer le rôle du modèle. employé !) de l'Andromaque de Racine par portrait d'un inconnu si familier, nous SERGE DANEY une troupe théâtrale que dirige un jeune animateur têtu et sourcilleux. Jean-Pierre Kalfon, qui incarne ce jeune animateur, met véritablement la pièce en scène devant nous, Jacques Rivette filmant imperturbablement PARIS NOUS APPARTIENT (1958/60) les redites, les accrochages, les bafouillages, les moments d'exaltation ou de décourage- Avec Anne Goupil, Gianni Esposito, ment, bref les multiples incidents propres à Jean-Claude Brialy, Claude Chabrol, ce genre d'entreprise. Comme si la genèse Jean-Luc Godard, Jacques Demy, difficile et languissante de cette expérience Jacques Rivette. théâtrale ne suffisait pas (mais son intérêt et sa noblesse résident justement dans ses N. et B. - 2 h 02 incertitudes), Jacques Rivette imagine qu'une petite équipe de télévision suit et "Paris nous appartient" est entrepris aux enregistre ces répétitions d'Andromaque, lendemains de l'écrasement de la révolte ce qui lui permet d'intégrer à son film des hongroise de 1956. Rivette fait deux sortes prises de vue en 16 millimètres et de nuan- de films : ceux où il a envie de mettre une cer l'orchestration de cette héroïque sym- date au début, et ceux pas. Celui-ci fait phonie du travail. partie des films qui imposent qu'il y ait au Tout en s'efforçant avec ses camarades début la date correspondant à la date de d'animer les fureurs raciniennes, Jean-Pierre tournage. Kalfon vit sur un plan personnel un autre Le film part de quartiers conventionnels, drame. et même franchement touristiques, puis- L'héroïne de ce drame est sa femme (Bulle Ogier), qui devait jouer dans la pièce le qu'il y a l'Arc de Triomphe et des endroits personnage d'Hermione, mais qui a rendu comme ça, puis se dirige peu à peu vers son rôle et qui semble depuis littéralement des quartiers plus périphériques ou en voie "perdue". Murée dans sa solitude nouvelle, de disparition : voilà en gros l'itinéraire !... incapable de supporter une disponibilité qui Mais c'est plutôt un film dans Paris qu'un pour elle n' a pas de sens,s' acharnant film sur Paris ! Ou on peut dire peut-être puérilement à "tuer" le temps, jalouse de que Paris est le cinquième personnage, avec tout et de tous, elle en arrive très vite, par lui aussi son évolution et ses moments un réflexe classique, à mettre en cause son d'humeur. amour et celui de son mari. (Entretien avec Jacques Rivette, JEAN DE BARONCELLI "Cahiers du cinéma", Septembre 1981). Le Monde 1969

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés LE COUP DU BERGER (1965) Entretien avec Jean Renoir : le cinéma et les groupes en un développement quasi "Que faire, donc, de ces deux filles? Nous MERRY GO ROUND (1977/78) nous ne faisions que surprendre, et suivre muet, le culte du cinéma américain, l'em- simultané. Agressif, douloureux, inquié- Avec Jacques Doniol-Valcroze, avions l'idée de raconter une aventure dans plus ou moins aisément nos comédiennes prise de l'habitude sur les goûts, les voix tant, écorché vif, tragique, bouffon, Jean- Jean-Claude Brialy, François Truffaut, l'imaginaire, de faire du spectacle, quoi, Avec Maria Schneider, Dallessandro, (et donc : ne jamais éclairer, obliger la Jean-Luc Godard. et l'intonation, les plans longs, Michel Pierre Léaud, faux sourd-muet et prophète de s'amuser, de jouer." Françoise Prevost, Maurice Garrel, Simon, les décors, la technique, la supé- des Treize est sensationnel. fiction à courir les rues, lui refuser le re- Jean-François Ste venin. fuge de tout lieu clos); N. et B. -28 mm riorité de la peinture sur le cinéma. JEANLOUIS BORY ne jamais sortir des limites des vingt Le premier court-métrage en 35 mm de (1976) Couleur - 2 h 40 arrondissements de Paris (et, sans doute, Jacques Rivette, réalisé grâce à l'aide de JEAN RENOIR LE PATRON (1967) OUT 1 : SPECTRE (1972) 2e partie : LA RÈGLE ET restreindre encore davantage le champ li- Claude Chabrol et de . tourné avec les mêmes interprètes que Avec Juliet Berto, Bulle Ogier, Nicole Le grand charme de Merry-go-round vient cite des divagations); L'EXCEPTION Ce dernier le distribue en même temps que Out 1: Noli me tan gere. Garcia, Elizabeth Wiener, Jean Wiener, de ce que l'on suit des personnages, sans ne jamais quitter d'une semelle l'une Avec Marcel Dalio, Jean Renoir "Trois jours à vivre" de Gilles Grangier. Couleur - 4 h 15 Jean Babilee. s'inquiéter d'eux, parce que nous traver- ou l'autre de nos deux héroïnes (ne pas Le sujet est tiré d'un article de presse sur Extraits : "La règle du jeu", "La sons en aveugles la même aventure, de ce sortir de leur point de vue : tout voir, tout un jugement de divorce. Le film est tourné Marseillaise". "Out 1 "est deux films. Une version plus Couleur - 1 h 58 que l'on observe des comportements d'ac- entendre, tout rencontrer par elles et à tra- en deux semaines dans l'appartement de courte existe, et non seulement un digest N. et B. - 1 h 35 teurs sans avoir à se référer au livret ou à vers elles). Chabrol et dans celui d'un ami de Chabrol. de la version longue (comme ce fut le cas "Le rêve, c'est l'aquarium de la nuit", dit Suite de l'entretien avec Jean Renoir, en du condensé de "L'Amour fou", renié par un des personnages de "Duelle". SUZANNE SIMONIN, LA compagnie de Marcel Dalio, axé principa- Rivette) mais littéralement une réorga- Et le film de Jacques Rivette est effective- RELIGIEUSE DE DIDEROT (1966) lement sur "La règle du jeu" : découpage, nisation totale à partir de sources complè- ment un film de rêve et de nuit. Un film Avec Anna Karina, Lise lotte Polver, analyse des personnages, rôle de l'impro- tement transformées. d'ombres mystérieuses, où durant un long IIiii Micheline Presle, Francisco Rabal, visation, les critiques. C'est un autre film, un reflet éclaté du moment nul n'est capable de dire ce qui Wolfang Reichmann. Avec la participation de premier, une ilumination, un défi. Il dé- est humain ou irréel, matériel ou rêvé. Un MIK l'Institut National de l'Audiovisuel. concerte en suggérant d'autres avenues, film où l'on doit donc pénétrer à yeux Couleur - 2 h 20 d'autres angles d'approche pour tout spec- feutrés, à oreilles comptées, comme dans Ce qui frappe, lorsque l'on voit le film de OUT 1 : NOLI ME TANGERE tateur ayant vu les deux versions. Il se l'univers ouaté d'une réalité en suspens. révèle parfaite expérience autonome. LLca Jacques Rivette, c'est sa rigueur, son or- (1971/72) Qui sont ces êtres féminins qui s'affron- Pertd1,t 672rdc 6. AIMAI& donnance austère, le classicisme avec le- Avec Juliet Berto, Pierre Baillot, Michel Un cas aussi systématique : deux films tent, et pour quoi ou pour qui ? La pre- quel il a été construit et réalisé. Berto, Jean Bouise, Jacques Doniol tout à fait différents émergeant du même mière apparition de Juliet Berto, brune et De "La Religieuse", le cinéaste aurait pu Valcroze, Françoise Fabian, Bernadette matériel de base est, autant que je sache vêtue comme une veuve de la nuit, et celle faire un film plein de cris, de pleurs, de Lafont, Bulle Ogier, Jean-Pierre Léaud, unique. de Bulle Ogier, blonde et habillée d'un revendications, d'effusions émouvantes. Il Eric Rohmer, Michaël Lonsdale. La Nouvelle Critique n° 63 avril 1973. vêtement d'or comme une épouse du jour, aurait pu céder aux tentations du lyrisme, devrait pourtant mettre sur la piste. Ces chercher à briller par une mise en scène Couleur - 12 h 40 CÉLINE ET JULIE VONT EN frêles créatures sont au-delà de l'humain décorative. Il a préféré faire un film pur et Il ne faut pas se laisser intimider par la BATEAU (1974) fille de la Lune contre fille du Soleil, ténè- dur. La grille qu'il a posée sur le récit de durée de ce film, ni par son éparpillement Avec Juliet Berto, Dominique Labourier, bres contre éclat, l'une perd ses pouvoirs à Diderot est celle de la simplicité et de la désarçonnant. Une fois identifiés les têtes Bulle Ogier, Marie-France Pisier, la lumière et l'autre dans l'ombre... lucidité. De la fidèlité aussi. Car, en allant fortes des différents groupes etles Barbet Schrder, Jean Douche t, Jean Duel au féminin :"duelle" donc ! à l'essentiel, il a souligné la vérité pro- comploteurs, l'ensemble est plutôt simple. Eustache, Jean-Claude Rohmer. fantastique, symbolique, ésotérique et fonde de l'ouvrage. Au-delà de toute po- Une série de séquences brèves pose les millénaire : l'histoire de la vie est en re- Couleur - 3 h 12 lémique anti-religieuse, Suzanne Simonin pièces du puzzle : puis, passant du jeu de présentation à travers la trame et la démar- la partition. Parce que le propos du cinéma Donc, deux personnages féminins, et leur est l'histoire tragique du combat livré par patience au tricot, Rivette un point à "Il était une fois, raconte Juliet Berto, Pa- che d'un suspens policier. de Rivette ici, c'est la fuite à côté, la tra- errance quelques jours dans Paris : mais une âme pour préserver sa liberté. l'endroit deux point à l'envers bâtit un ris, à la fin du printemps, et Jacques Rivette Deux êtres luttent pour s'emparer d'un versée titubante d'un labyrinthe à ciel ceci n'est que le "cadre" de notre fiction, JEAN DE BARONCELLI réseau de mailles faussement lâches, en qui voyait Juliet Bert°, et qui disait, et qui diamant. Mais l'enjeu est tout autre que la ouvert, l'arpentage de déserts qui sont des nullement son principe moteur :il ne s'agit Le Monde - 9 mai 1966 réalité fort serrées. De groupe en groupe rêvait de tourner un film, Phénix, et qui fortune:il est la possession même du déserts. Mais le no man's land dont Ri- pas pour nous de tenter un Signe du Lion au circule l'idée de conspiration créatrice pour connaissait un producteur, Claude Berri, qui monde. Et les humains n'y sont que les vette est le secret Capitaine Nemo est en féminin, ou une version parisienne de JEAN RENOIR LE PATRON (1967) que s'en dégage enfin l'idée du véritable voulait bien l'aider. pions déplacés, manipulés par des forces fait peuplé d'acteurs. Maria Schneider, Messidor ;le "réalisme" des méthodes n'a l' partie : LA RECHERCHE DU complot, dans le sens balzacien du terme. Mais Phénix était un trop gros projet, et qui les dépassent." Dallessandro et les autres sont des corps d'autre but que de contredire et mettre en RELATIF Plus que l'itinéraire de fortes individualités alors Berri disait à Rivette : "Si vous avez fous-fous lâchés dans une préhistoire. jeu l'abstraction de la donnée de départ. Avec Pierre Braunberger, Charles créatrices, Rivette entreprend de peindre, un projet..." Et Rivette répondait :"Oui, Enigme policière désancrée, Merry-go- Car tout le projet se résume à l'envie de Blavette, Pierre Gaut, Catherine Rouvel, avec une tendresse complice et beaucoup demain". Et il apercevait, dans la rue, la round est aussi un chant d'amour-fleuve mélanger, à un film sur le Paris de l'automne Jean Renoir. d'humour (mais oui, une vie de bohème à Berto avec Dominique Labourier, et il se NOROIT NOR'WEST (1976) adressé aux acteurs. 1980, le souvenir des héros et de certaines Ils courent ici un pied dans le rôle, un pied Extraits : "Nana", "La chienne", Paris en 970. Il réussit à en montrer la disait :"Si on faisait un film avec deux situations du Quichotte de Cervantès. Avec Bernadette Lafont, Géraldine dans le chaos de la vie. "Toni", "Le crime de M. Lange", "La palpitation groupusculaire. On pense à un filles, ça changerait un peu." Et nous nous Chaplin, Kika Markhan, Babette Lamy. J. RIVETTE partie de campagne", "Les bas fonds", unanimisme à la Jules Romains. Non seu- sommes réunis. JEANCLAUDE BIETTE "La bête humaine". lement le montage emboîte les séquences "Nous savions qu'il fallait tourner dans un Couleur - 2 heures les unes dans les autres mais il insère, dans minimum de temps, avec un minimum L'AMOUR PAR TERRE (1983/84) N. et B. - 1 h 34 le déroulement du film en couleur, des (1980) d'argent, avec un minimum de gens. Un Giulia, fille du soleil, règne sur une cour images fixes en noir et blanc comme autant film pour l'été, quoi." Avec Jane Birkin, Géraldine Chaplin, éclatante dans un château romantique au Avec Bulle Ogier, Pascale Ogier, Pierre de "documents" photographiques sur les "Donc, nous nous assimes, nous discu- Jean-Pierre Kalfon, André Dussolier, bord de l'océan. Clémenti, Jean-François Stevenin, personnages ou sur certaines phases de tâmes et nous rêvâmes." Lazlo Tzabo. Se présente Morag, venue venger son frère l'action. Benjamin Baltimore. "Ce jour là, nous étions quatre, deux gar- Shane, tué par des amis de Giulia. Sans doute, ce sont là les matériaux hors Couleur - 2 h 05 çons et deux filles. Labourier et moi, Ri- Morag va gagner peu à peu la confiance de desquels le film se déroule ; mais c'est là Couleur - 2 h 07 vette et son assistant. Ce film, cela pouvait l'entourage de la fille du soleil et réussir à surtout une ponctuation dramatique, être Persona, cela pouvait être Baby Jane, Le plaisir éprouvé devant un film de Ri- séparer la cour en deux clans. Ici, la fiction se donnerait d'abord trois d'abord annonciatrice, puis récapitulative mais, en même temps, nous avions résolu vette est celui du jeu. Duels et guet-apens se multiplient. règles, ou plutôt trois contraintes elle renoue sans cesse le fil de l'intrigue que ce devait être quelque chose de léger, L'Amour par terre est magnifique parce Finalement, Morag se retrouve seule face ne pas utiliser d'autres méthodes que elle juxtapose les différents personnages quelque chose entre Lubitsch et Hitchcock." qu'il prend pour objet ce plaisir et ce jeu à Giulia pour exercer sa vengeance. celles du film dit "de reportage",comme si (comme Céline et Julie), et surtout qu'il

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés va jusqu'au bout de leur logique, aussi qui est souvent l'apanage des jeunes de LA BELLE NOISEUSE (1991) théâtrale que ludique, comme un écheveau dix-huit ou dix-neuf ans. Ensuite on ac- inextricable. Il y a d'abord la formule quiert le sens du relatif. Les personnages Avec Michel Piccoli, Jane Birkin, magique : "Parfois, le dimanche soir...". de "" n'y parviennent pas. Ils Emmanuelle Béart, Marianne Denicourt , Puis, dans un Paris à double fond, entre préfèrent mourir ou se sauver. David Bursztein, Gilles Arbona Balthazar chien et loup, comme seul Rivette sait le La beauté n'était pas un souci, si j'ai pris, Porbus filmer, des gens se retrouvent tels des après avoir rencontré d'assez nombreux et la main du peintre Bernard Dufour. conspirateurs pour assister à une pièce jeunes comédiens, Fabienne Babe et Lucas labichienne dans un grand appartement Belvaux, c'est qu'ils accrochaient l'un à Scénario silencieux. l'autre. Plutôt que la beauté, c'était la réalité librement adapté d'une nouvelle de Le film n'est pas gai, il est joyeux :tra- que je cherchais. J'ai pensé que l'un et Balzac "Le Chef-d'oeuvre inconnu" par versé par la joie d'être surpris à chaque l'autre devaient être à l'aise dans cette Pascal Bonitzer, Christine Laurent et instant par ce qui se joue et surgit d'im- ferme de l'Ardèche perdue dans les ro- Jacques Rivette prévu, la joie de jouer, de faire et de re- cailles, tout en conservant leur côté fermé. garder jouer, de "faire du cinéma". Et peu Fermés comme de poings qui s'ouvrent de Image de films comme L'Amour par terre asso- façon très brève et se referment aussitôt. Son Florian Eidenbenz cient metteur en scène, personnages et J. RIVETTE Décors Manu de Chauvigny spectateur dans la même jubilation, le Montage même bonheur de cinéma. Mixage Bernard Leroux MARCCHEVRIE LA BANDE DES QUATRE (1989) Production Martine Marignac pour Pierre Grise Productions Avec Bulle Ogier, Benoît Regent, HURLEVENT (1984/85) Laurence Cote, Fejria Deliba, L'action se passe de nos jours, dans la Bernadette Giraud. propriété du peintre Edouard Frenhofer, Avec Fabienne Babe, Lucas Belvaux, sise dans le midi de la France. Olivier Torres, Alice de Poncheville, Couleur - 2 h 40 Frenhofer vient d'inviter, avec son vieil Sandra Monta igu. ami (et ex-rival en amour) le chimiste On sait assez et depuis "Paris nous Porbus, un jeune peintre, Nicolas, et sa Couleur - 2 h 10 appartient" son premier film, où un jeune compagne, Marianne. Nicolas admire metteur en scène tentait de monter l'oeuvre de Frenhofer, et Frenhofer a de "Hurlevent", un film tourné livre en main. "Periclès" sur fond de conspiration inter- l'intérêt pour le jeune peintre. Certains jeunes ont la beauté du diable ? nationale que le cinéma de Jacques Cependant, Frenhofer est rongé par un Peut-être, mais je n'ai pas vraiment cher- Rivette tourne obsessionnellement autour secret et ne peint plus guère. Il se révèle ché la beauté, même si dans son roman des deux figures du théâtre et du complot, très vite que ce qui l'obsède est l'abandon, Emily Brontë fait dire à Hélène que que "La bande des quatre" cristallise en par lui, il y a une dizaine d'années, d'un Heathcliff a une beauté de prince oriental. une structure quasi-musicale, aller-retour grand tableau qui devait être son chef- Beaucoup de gens, au contraire, le trou- et contrepoints entre les deux espaces de la d'oeuvre, "La Belle Noiseuse", et dont la vent affreux à travers le roman. scène et de la maison. Comme une joyeuse femme Liz devait alors être le modèle. Davantage qu'une idée de beauté, j'ai es- remise en jeu de tout ce qui, depuis le A l'instigation de Porbus, Frenhofer est sayé de rendre à ces personnages surchar- début, a fait son univers de cinéaste, comme tenté, au cours de la rencontre avec Nicolas gés par les clichés leur adolescence, tel- si, de son propre univers, Rivette, ici, et Marianne, de reprendre l'expérience lement importante dans le livre. J'ai cher- cherchait à dessiner le chiffre. "dangereuse" croit-il, de ce tableau, de cet ché des garçons et des filles qui puissent "Au théâtre, disait Louis Jouvet, on joue opus maximum. Mais cette fois, ce sera la donner, sans enfantillage, cette notion au cinéma, on a joué". Tout Rivette est là. jeune Marianne qui servira de modèle. d'absolu, qui est le noyau de l'histoire, et Le cinéma, c'est la sécurité du produit fini, Cinq journées de pose vont scander les c'est l'enregistrement, la trace de ce qui différentes étapes vers l'achèvement de n'est déjà plus, le cinéma c'est le monde l'oeuvre.Il va en résulter une tension des fantômes. Dans les films de Rivette, il croissante entre les différents protagonis- n'y aura donc que des disparus et des reve- tes, entre Frenhofer et sa femme Liz, entre nants (souvent masculins) avec, entre les Nicolas et Marianne, tandis que les raisons deux, des médiums (plutôt féminins). Le qui ont conduit Frenhofer à abandonner théâtre, à l'inverse, c'est le péril de l'ins- jadis la réalisation du tableau, et presque tant, le présent du geste et de la parole, la la peinture, vont peu à peu se révéler. présence des corps. Voilà pourquoi Ri- L'élaboration d'une oeuvre n'est jamais vette fait du cinéma avec du théâtre. Pour sans danger : le modèle lui-même, mettre le "il était une fois" au présent. Marianne, va en faire l'expérience. Le "Si on prend un sujet qui traite du théâtre, drame du peintre est aussi celui de l'ar- de près ou de loin, on est dans la vérité du tiste, qui a trop longtemps sacrifié son cinéma...parce que c'est le sujet de la vérité oeuvre à sa tranquillité d'esprit, à son et du mensonge, et qu'il n'y en a pas d'autre "bonheur". Lorsqu'il se prend à vouloir au cinéma :c'est forcément une interro- rattraper le temps perdu, l'oeuvre trop gation sur la vérité avec des moyens qui longtemps négligée se venge, et c'est l'il- sont forcément mensongers". lusion du bonheur qu'elle va dès lors dé- Ainsi, Claude, dans "La bande des qua- chirer, avec les invités de l'histoire Intégrale Jacques Rivette présentée tre" : "jouer, c'est pas mentir, c'est cher- Nicolas et Marianne. en copies neuves avec cher la vérité". Quant au tableau, enfin achevé, il gardera MARCCHEVRIE son secret. le concours du Groupement National des Salles de Recherche

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés SATYAJIT RAY Rétrospective

plus belles du film, reconstituant quelques moments de l'en- delà de la différence sociale, il y a pour Ray un écart incom- fance de Tagore. On y retrouve Apu ou, plus précisément, mensurable entre deux comportements de spectateur. Le visage Smaran Ghosal, celui qui était Apu adolescent dans . du voisin, Ray le désigne comme un miroir. Pas besoin de Etonnante rencontre. Le personnage d'Apu est le passeur qui contre-champ car son attitude mime jusqu'à l'excès ce qu'il nous conduit très loin à l'intérieur de l'oeuvre de Ray et le corps voit et entend. C'est un visage surface, de pure extériorité, un de l'acteur Smaran Ghosal est ici cet autre passeur qui permet masque de signes qui nous renvoie par son attitude, ses rictus, à Ray de figurer cinématographiquement le personnage de la caricature de ce qu'il voit mais qui ne laisse rien passer en Tagore. Qu'Apu soit, dans l'éclatante coïncidence de quelques lui de ce qu'il perçoit. Visage buté, véritable mur sur lequel le plans, quelque chose de Tagore et de Ray, quelque chose de son spectacle rebondit auquel Ray oppose celui du zamindar, vi- oeuvre, de sa vie et de son art, coulés dans un même présent, une sage ouvert, visage tamis qui, par toutes les pores de la peau, unique présence, achève de troubler à jamais une oeuvre dense, laisse entrer en lui le secret de cette musique et de cette danse limpide et complexe. dont le plaisir manifeste qu'elles lui procurent demeure impé- nétrable. C'est longtemps après avoir vu Le Salon de musique que j'ai eu le sentiment que le portrait de cet homme, magistralement Tous les grands cinéastes du portrait, du visage-paysage, sont interprété par Chhabi Biswas, avait à voir profondément avec fascinés par le moment de l'impression d'une expression, à Satyajit Ray. Comme si, au-delà des apparences, au-delà du même la peau, et ont en horreur le visage rivé à son expression, portrait visible d'un ancêtre (Ray est issu d'une très lointaine toujours déjà là, jamais advenue au visage. Chez quelqu'un famille de riches propriétaires terriens), Ray peignait en silence comme Dreyer, il est frappant de voir que le visage-paysage, son portrait en tant qu'artiste. Portrait paradoxal dans la mesure page blanche du plan où se donne à lire le texte du sujet, est où le zamindar du Salon de musique n'est pas un artiste mais un habité et programmé par l'intérieur du sujet, le visage étant à ce simple spectateur, qui regarde et écoute, oeil et oreille toujours point d'émergence, cette surface traversée d'un mouvement qui tendus vers la moindre manifestation du monde, qu'elle soit part du dedans et va vers le dehors, mouvement tendu en fascinante (bruit, musique, feu d'artifice) ou dissonante (groupe dernier lieu vers le cinéaste et le spectateur qui regardent et électrogène, camion, fanfare), sans qu'on ne le voit à aucun reçoivent ce visage. Satyajit Ray est probablement le seul ci- moment écrire, peindre ou jouer de la musique (1). Et pourtant, néaste du visage-paysage à avoir filmé le mouvement inverse, à travers son comportement faussement passif, au regard de du dehors vers le dedans. Le visage est un paysage dont le monde l'action, et véritablement actif, en tant que corps percevant, est sa profondeur. C'est de lui qu'il la reçoit et à fortiori quand, Ray dessine une véritable morale du spectateur qui est aussi dans le Salon de musique, ce monde est celui de l'art. C'est par une réflexion sur l'art de mettre en scène. Le cinéma n'est pas là que le cinéma de Ray achève et complète le dispositif renoirien pour lui la stricte remise en scène du monde mais la transcrip- car, entre la sensualité de la perception et la pleine jouissance tion d'un acte de perception, l'art de restituer des sensations du monde, le visage est un filtre, un paysage moral (voir, c'est invisibles, médiation primordiale par laquelle des images arrivent recevoir), non le lieu d'une quelconque révélation mais celui de à la surface de l'écran. Voir en retrait de la scène, être un l'involution du monde. C'est ainsi qu'être le visage du zamindar, témoin silencieux et attentif, est ce qui caractérise le plus c'est déjà pour Satyajit Ray, être cinéaste. souvent le héros rayen, d'Apu à celui du Salon de musique. Chez CHARLES TESSON Ray, la représentation est indissociable de sa perception qui est (Extrait d'un ouvrage à paraître aux Cahiers du cinéma sur même, à travers ses personnages, à travers l'agencement sub- Satyajit Ray, collection "Auteurs"). , le héros de ). La volonté de provoquer jectif de la narration, ce qui est toujours mis en avant. C'est Portrait de l'artiste en spectateur la fusion de l'altruisme (comment assumer la réalité et les l'acuité de la perception qui guide, qui nourrit esthétiquement valeurs du monde) au sein d'une même expression artistique la nature de la représentation au point que la conscience de la (1) : Une seule exception, la scène où le zamindar initie son fils au L'inachèvement de la trilogie d'Apu, qui bute sur cet énigma- étant l'achèvement secret du cinéma de Ray, par opposition à représentation s'efface devant l'acte de perception qui la chant et l'accompagne d'un instrument. Figure du passeur (trans- tique gros plan aux deux visages (Apu adulte et son fils sur ses cette unité qui fait défaut à ses personnages et constitue leur construit. Le Salon de musique, plus que tout autre film de Ray, mettre, faire partager ce que l'on aime) qui rejoint implicitement épaules), désignant prémonitoirement les deux temps de la vie drame intérieur. est le théâtre de cet effacement, de cette absorption de toute sa conception de l'art. à jamais non-réconciliés au sein du même (l'homme), est ce qui représentation artistique par la perception. programme souterrainement l'oeuvre de Ray jusqu'à nos jours. En voyant le documentaire, (1961), on a Rites de passage, méticuleusement observés, soit vers l'âge le sentiment, sous le choc de ce film admirable, que Satyajit Qu'est-ce que percevoir, comme être spectateur chez Ray? La adulte (le monde du travail dans l'Intermédiaire), soit sur le Ray livre là la pierre d'angle de toute son oeuvre, la carte cachée longue scène de danse du Salon de musique qui s'achève par le mode régressif (le retour à la nature, enfantin et tragique dans de son cinéma. Réminiscences biographiques (la famille Ray et geste du zamindar qui interdit à son hôte de récompenser la Jours et nuits dans la forêt), à l'intérieur duquel le sujet oscille Tagore) et surtout portrait d'une figure exemplaire, d'un homme danseuse le dit admirablement. Si l'attention du spectateur est entre tentation artistique de nature égotiste (le roman autobio- entre prose (l'engagement politique) et poésie, au carrefour de captivée hypnotiquement par le spectacle de danse, Ray nous A partir du 20 novembre 1991 graphique qu'écrit Apu) et souci d'altruisme débarrassé de tous les arts (peinture, musique, roman). Entre les documents montre en quelques plans brefs le public d'où émergent deux au Cinéma l'ENTREPÔT toute affectation d'artiste (le personnage de Bhupati dans d'archives, Ray intercale quelques scènes jouées, parmi les spectateurs : le maître de maison et son voisin encombrant. Au- Renseignements : 45.43.41.63

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés Deux événements feront basculer sa carrière de directeur artis- tique d'une agence de publicité vers le cinéma à temps plein L'artiste au travail la rencontre avec Jean Renoir, venu à Calcutta pour le tournage du Fleuve (1949-50) et, un an plus tard, Le voleur de bicyclette de De Sica, qu'il voyait pour la première fois à Londres. Une Présenter Satyajit Ray réalisateur est inutile. Des films comme Satyajit Ray 70 révélation qui allait confirmer son désir de devenir réalisateur. Le salon de musique, La maison et le monde, ceux de la trilogie d' Apu, parmi d'autres, ont assis sa réputation. Ray novelliste Après plusieurs films, c'est seulement en 1961 qu'il relance PHOTOGRAPHIES DE NEMAI GHOSH commence aussi à être connu, plusieurs de ses nouvelles ayant Sandesh, la revue pour enfants créée par son père en 1913 PRÉFACE DE HENRI CARTIER-BRESSON été notamment publiées en français. Pour enfin découvrir (magazine qui après 13 années d'existence allait être reédité en CONTRIBUTIONS RÉUNIES PAR ALOK B. NANDI d'autres aspects rayens, une exposition de photographies et une 31-32 pour quelques années et ensuite disparaître). Rédacteur photo-biographie préfacée par Henri Cartier-Bresson et parue en chef, Ray y écrit aussi des nouvelles qu'il illustre. PHOTOGRAPHS BY NEMAI GHOSH aux éditions Eiffel à Bruxelles ont pour but de montrer Et ainsi, ces trente dernières années, Ray a consacré et consacre FOREWORD BY HENRI CARTIER-BRESSON l'éclectisme de l'Artiste au travail. toujours son temps à ses films, à ses nouvelles, à ses dessins et CONTRIBUTIONS COLLECTEDBYALOKB.NANDI Satyajit Ray écrit, dirige, réalise, mais aussi dessine. Et sur- à la musique qu'il compose pour ses films. LeDSAY leeelbERSON prise! On le découvre derrière la caméra, au montage et même Alok b. Nandi. LILA MAJUMDAR MICHELANGELO ANTONIONI IQBAL MASUD en train de composer de la musique.- Nemai Ghosh, son photo- Brussels GOVIND ARAVINDAN RAKESH MATHUR graphe de plateau depuis 1968, se partage i-infre cinéma et 28/10/91 ALEX ARONSON SIR YEHUDI MENUHIN théâtre. Il possède dans ses tiroirsr' Immophotogra- Satyafit Ray "70 ans" DAME PEGGY ASHCROFT ISMAIL MERCI-ln phies de Ray et de son équipe. La photo-biographie met en SIR PARTHA MITTER MELVYN BRAGG LAURA MORRIS rapport ces portraits, dressés par quelqu'un devenu intime, avec JEAN-CLAUDE CARRIÈRE MADHABI.MUKHERJEE des "Contributions" de diverses personnes, personnalités même, HENRI CARTIER-BRESSON V. S.NAIPAUL qui, à travers le monde, ont eu un rapport avec Ray ou son MURIEL PET,ERS ARTHUR C.CLARKE ROMAN POLANSKI oeuvre. FRANQIS-,FORD COPPOLA puysPOWELL Pour essayer d'appréhender les multiples facettes de l'artiste, il r,e4COWIE JAMES QUINN faudrait retourner dans l'histoire de sa famille, de son enfance, LOUIS DANVERS WILLIAtt.1; CHIDANANDA DASGUPTA de ses lectures. Musique, littérature, dessins n'avaient pas de ANITA DESAI GASTON, °BERGE secrets pour son grand-père et son père, proches de Tagore. Fils KRISHNA DUTTA ANDTEW R'QIIINXQN unique, Ray a perdu son père alors qu'il était âgé de deux ans Ro.. ,IVISYYSTAV RO:STROPOVITCH et a vécu une enfance heureuse mais solitaire. Enfant, il allait INDRAPRAMITRoi' SALMAN RUSHDIE déjà au cinéma (Il avait déjà vu des Lubitsch vers l'âge de dix ans). Adolescent, il découvre ce qui va devenir une obsession : MRINAL SEN la musique classique occidentale. A un âge où les jeunes Bengalis R. P.GUPTA CHARLES TESSON écrivaient des poèmes, Satyajit collectionnait des disques et DEREK HILL THOMPSON JLLIAN CRANDALL HOLLICK HADELIN TRINON prenait l'étude de la musique à cur. Enfin, ses lectures étaient DIPANKAR HOME ANDRÉ, VANDENBUNDER fictions en anglais Jules Verne, Conan Doyle... Bref, il M. F. HLSAIN FRED ZINNEMANN n'avait point conscience de ses racines bengalies. JOHN HUSTON Après avoir terminé un graduat en économie à Calcutta, il PICO 1YER décida d'aller étudier à Santiniketan, l'université de Tagore, AMARNATH JAYATILAKA Mai 1991. Satyajit Ray a fêt ans. Point of pour répondre surtout à un souhait de sa mère. Il s'inscrivit en NASREEN MUNNI KABiR View a organisé, au Festival international du PAULINE KAEL section peinture, sans aucun souhait de devenir peintre, mais SHAll N. KARUN Film, à Canne position - première mondi- parce qu'il était doué pour le dessin déjà dès le plus jeune âge KASHIKO KAWAKITA ale d es de Nemai Ghosh qui don certainement hérité de son père. Etudes qu'il abandonna DAVLAT KHUDANOZAROV mont Rayat.e érents moments et différentes après deux ans et demi. Mais ce passage obligé lui avait non BEN KINGSLEY étape la réalisation. AKIRA KUROSAWA inc 1991. Des contributions, sollicitées par seulement permis de retrouver une tradition indienne, mais surtout appris à regarder peinture et nature. Alok b. Nandi pour rendre hommage au réalisateur indien, et les photographies donnent une photo- De retour à Calcutta, Ray qui adore la ville dans toutes ses Exposition biographie préfacée par Henri Cartier-Bresson et agitations et turbulences, enfin retrouvera ses cinémas et ses publiée aux Editions EIFFEL. rues grouillantes. Il travaillera comme artiste dans une agence des Portraits de SATYAJIT RAY de publicité. La seconde guerre mondiale avait fait venir des par NEMAï GOSH soldats étrangers et leurs films Chaplin, Keaton mais aussi au Cinéma l'ENTREPÔT Capra, Ford, Wyler... Et la corrélation entre musique classique et cinéma s'affirmera auprès de lui : rythme, contraste, tempo, du 20 Novembre au 10 Décembre état d'esprit,... Musique occidentale et non indienne, qui elle est improvisée, la structure en étant décorative et non dramati- que. Il remarqua aussi que tous les pionniers du cinéma, ceux qui en ont créé le langage et la grammaire, étaient sensibles à la musique :Griffith, Abel Gance, Eisenstein. L'intérêt qu'il portait au cinéma l'emmena à créer la Calcutta Film Society en 1947, mais aussi à écrire des scénarios. Pendant ce temps-là, il illustrait aussi des histoires et préparait des couvertures de livres pour une jeune maison d'édition. C'est d'ailleurs en Satyajit Ray "70 ans" illustrant qu'il eut l'idée d'en faire un film. en vente à la Librairie Atmosphère

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés LA TRILOGIE D' APU APUR SANSAR qu'Apu se fera reconnaître de l'enfant pour que, le Maharajah sacrifiera la fortune de Dans le Bengal rural, à Chandipur, au dé- (Le monde d'Apu) l'emmener avec lui. sa maison et, indirectement, la vie de son but du XIX' siècle, Kalikinkar Roy, pro- fils unique, et celle de sa femme. priétaire terrien, est un homme profondé- Avec (1958) Traqué à la fin de sa vie par la rivalité ment religieux, dévoué à la déesse Kali. Il PATHER PANCHALI (1955) Soumitra Chatterjee (Apu), Sharmila (Le salon de musique) sourde et tacite, qui l'oppose à un usurier a deux fils. L'aîné, Taraprasad, velleitaire, (La complainte du sentier) Tagore (Aparna), Swapan Mukherjee enrichi, représentant de la classe bour- soumis à son père, anxieux de perdre son (Pulu), Aloke Chakravarty (Kajal) Avec geoise grossière et inculte, il donnera un héritage, est marié à Harasundari. Ils ont Avec et Chabbi Biswas (Roy), Ganda Pada Basu ultime concert qui précipitera sa ruine. un fils, Khoka. Kanu Bannerjee (Harihar Ray), Karuna Dhiresh Mazumdar, Shefalika Devi, (Ganguli), Kali Sarkar (Serviteur), Tulsi A l'aube, ivre et désespéré, il partira au Le fils cadet, Umaprasad, étudiant à l'uni- Bannedee (Sarbojaya), Subir Bannerjee Belarani Devi. Lahari (Intendant), (Femme galop de son cheval. Le domestique qui le versité de Calcutta, désapprouve la ferveur (Apu), Runki Bannerjee (Durga - à 6 ans), de Roy), Pinaki Sen Gupta (Khoka le fils) contemple mort sur la plage, sera étonné de religieuse de son père qu'il estime supers- Uma Das Gupta (Durga - à 12 ans), N. et B. - 106 mn. et voir couler un sang qui ressemble au sien... titieuse et rétrograde. Sa jeune épouse, Chunibala Devi (Indir) Doya, est la favorite du vieux Kalikinkar et la complice joyeuse du petit Khoka qui N. et B. - 115 mn. lui est très attaché. Une nuit Kalikinkar rêve que la belle et Prix du document humain douce Doya est une réincarnation de la au Festival de Cannes, 1956. déesse Kali. Il proclame en public sa révé- lation. Doya, sans défense, se trouve ins- La trilogie de Ray s'ouvre sur l'intimité de taurée comme la nouvelle incarnation de la vie d'un village bengali observé et res- la déesse. senti à travers le regard d'un petit garçon Umaprasad, ayant reçu une lettre de son de sept ans, Apu. Il n'y a pas d'intrigue, frère, revient de Calcutta avec la ferme in- pas de drame à proprement parler si ce tention de mettre fin à cette situation. Il est n'est que la vie d'une famille pauvre avec déconcerté par la nouvelle qu'un enfant du ses petites joies et ses grandes misères, ses village, malade, a été miraculeusement guéri deuils et ses fêtes, constitue à elle seule un par la "grâce" de la Déesse. Umaprasad veut drame humain universel. s'enfuir avec sa femme, mais Doya, pani- Apu a un père insouciant et un mère ac- quée, "et si j'étais vraiment la déesse !" cablée par les difficultés à nourrir sa fa- insiste pour rester, bien qu'elle eût pré- mille. Il joue avec Durga, sa soeur, décou- féré vivre en simple femme. Khoka tombe vre avec émerveillement le passage des gravement malade et sa mère qui n'a jamais trains, assiste aux querelles familiales et cru dans la divinité de sa belle-soeur, ap- voit mourir sa grand-mère. pelle le docteur. Kalikinkar, pourtant, espère Après la mort de Durga, la famille quitte la un miracle et présente l'enfant à la Déesse. campagne pour la ville. Khoka meurt dans les bras de Doya et cette tragédie en engendre une autre : Doya perd l'esprit. APARAJITO (1956) (L'invaincu) (1961) Avec Kanu Bannerjee (Harihar Ray, Karuna (Les trois filles) Bannerjee (Sabojaya), Pinaki Sen Gupta INÉDIT (Apu - enfant), Smaran Ghosal (Apu - adolescent), Subodh Ganguly (Le d'après trois nouvelles de Rabindranath directeur d'école), Charuprakash Ghosh Tagore. (Nandabadu), Kali Charan Ray (L'im- primeur), Ramani Sen Gupta (L'oncle), Episode 1. Postmaster. Le Directeur de la K. S. Pandey (Pandely) poste. Avec N. et B. - 113 mm. (Nandalal), Chandana Bannerjee (Ratan), Nripati Chatterjee, Khagen Pathak, Gopal Roy. Lion d'or au Festival de Venise, 1957 Apu affronte avec peine le dur monde du , Roshan Kymari, Ustad DEVI (1960) travail ;il n'a pas d'argent, pas de relations, Waheed Khan, Bismalla Khan, les (La déesse) Episode 2. Monihara. Les Bijoux perdus. Le second volet de la trilogie nous montre ses diplômes rebutent les employeurs. Un musiciens et les danseurs. d'après une nouvelle de Prabhat Kumar Avec le père d'Apu devenu récitant de textes ami l'emmène au mariage de sa cousine Musique de Ustad Villayet Khan Mukherjee inspirée d'un thème de Kali Bannerjee (Phanibhusan Shaha), sacrés sur les ghâts de Bénarès. Il meurt et dans un village éloigné. C'est alors qu'Apu Rab indranath Tagore. Kanika Mazumdar (Monimalika), Kumar la mère emmène Apu dans le village d'un se voit moralement contraint d'épouser la N. et B. - 100 mn. Avec Roy (Madhusudan), Govinda Chakravarty oncle. Le jeune garçon, élève brillant de- jeune fille pour lui éviter le déshonneur et Le déclin par étapes d'un mécène, aristo- (l'instituteur). venu boursier, part étudier à Calcutta, la malédiction, car son prétendant est subite- crate de la caste des "Zamindar", proprié- Chabi Biswas (Kalinkar, le père), Soumitra Chatterjee (Umaprasad, le fils cadet), quittant sa mère déchirée par le chagrin. ment devenu fou. Ce mariage précipité et taire terrien oisif, protecteur des arts, et Episode 3. Samapti. La Conclusion. Sharmila Tagore (Doyamorjee, sa femme), Un jour, prévenu à la hâte que sa mère est inattendu se transforme en un profond amour. passionné de musique ; imbu de la noblesse Avec mourante, Apu revient au village. Trop Mais la jeune fille meurt en accouchant d'un de sa caste, de ses droits, et de ses vertus. Puendu Mukherjee (Taraprasad, le fils Soumitra Chatterjee (Amulya), Aparna aîné), Karuna Bannerjee (Harasundari, sa tard. Apu est miné par le remords, mais la fils qu'Apu rejette de tout son être, le tenant A sa passion pour la musique et la danse, Das Gupta ( Mrinmoyee), , vie doit continuer et il repart étudier à responsable de la mort de sa femme. illustrée par les réceptions toujours plus femme), Arpen Choudhury (Khoka, l'enfant) Sita Devi, Gita Devi. Calcutta. Ce n'est que plusieurs années plus tard ruineuses données dans le salon de musi- N. et B. - 93 mn. N. et B. - 56 mn / 54 mn / 61 mn.

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés ASHANI SANKET (1973) CHARULATA (1964) rager Charulata à cultiver certains dons lit- Ce film à sketches adapte trois nouvelles (Tonnerres lointains) célèbres de Tagore. L'époque semble être d'après la nouvelle de Rabindranath téraires qu'il a cru déceler chez la jeun la fin du XIX' siècle. Plus que de films à Tagore. femme : Amal, l'hôte de la maison, sera Avec sketches, expression qui implique une suc- son initiateur. La joute entre les jeunes gens Soumitra Chatterjee ( Gangacharam), Avec se situera d'abord au niveau des belles- cession de films courts, il faudrait parler Madhabi Mukherjee (Charulata), Babita (Ananga), Sandhya Roy (Chuki), lettres : Amal et Charulata publient chacun Ramesh Mukherjee (Biswas), ici de réunion de trois moyens métrages, Sumitra Chatterjee (Amal), Saileu une nouvelle dans son journal. Bannerjee (Moti), Nony Ganguly (Jadu), l'ensemble atteignant près de trois heures Mukherjee (Bhupati Dutt), Shyamal de projection. C'est la raison pour laquelle Umapada, le frère de Charulata, chargé de Govinda Chakravarty (Dinu), Sheli Pal, Ghosal (Umapada), Geetali Roy la gestion de l'entreprise, finit par ruiner il existe une version abrégée de ce film, (Mandakini), Subrata Seu, Bankin Ghosh. Suchita Roy, Debatosh Ghosh, Sumil distribuée hors de l'Inde sous le titre de son parent et s'enfuit. Pour ne pas être une Sarkar. Deux femmes, et qui ne comprend que le N. et B. - 117 mn. charge supplémentaire, et parce qu'il a du Couleur - 101 mn. premier et le troisième des moyens mé- mal à maîtriser ses sentiments pour la jeune trages. Vers 1880, au sein d'une famille bourgeoise, femme, Amal quitte la demeure. Devant le L'action se passe pendant la seconde guerre Avec Trois femmes, Ray met en pratique Charulata vit à sa manière la Renaissance désespoir de Charulata, Bhupati, compren- mondiale, en 1942-43, dans un village ce qu'il avait théoriquement fondé dans bengalie. Délaissée par son époux Bhupati, dra qu'elle est amoureuse de son cousin. A qui se consacre entièrement au journal qu'il l'avenir, le mari devra associer son épouse perdu du Bengale. Gangacharan et sa son film sur Tagore, c'est-à-dire le droit femme Ananga sont les seuls brahmanes de porter à l'écran les oeuvres de l'écri- a créé, "La Sentinelle", elle se prend d'af- à ses activités, afin de pouvoir, dans la parmi les paysans de basse caste : leur vain. Trois nouvelles, de ton très différent, fection intellectuelle au début pour mesure du possible, reconstruire son foyer. subsistance est assurée par les villageois. pour ce film, réalisé, aussi, à l'occasion du Amal, le jeune cousin de son mari. Bhupati HENRI MICC IOLO Gangacharan est à la fois prêtre, médecin centenaire de la naissance de l'auteur de la est un homme éclairé et s'efforce d'encou- "Satyajit Ray, L'Age d'Homme" et instituteur. Mais ses privilèges sont mis . Ce qui frappe d'abord, c'est que en question lorsque la pénurie de riz, due le lien qui relie ces trois récits si dissem- à la guerre, s'installe. Les prix montent de blables n'existe que dans la personne de façon vertigineuse. Au village les liens Mais la bataille est perdue d'avance :le vail. Sa mère a un amant, et vit dans l'at- leur auteur, Tagore, et, dans le film, Ray sociaux s'altèrent, la violence s'installe. nabab abdique dans une amertume pathé- tente de celui-ci. manque énormé- lui-même. Celui-ci, intronisé héritier du Ananga manque d'être violée. Une de ses tique tandis que les deux joueurs, adonnés ment de tendresse... poète, investit totalement sa création (pour amies se donne pour un peu de riz. La à une ultime et dramatique partie, assistent Pour tenter de sortir de cette solitude, il la première fois Ray signe ici la musique situation empire encore et la famine s'ins- à l'entrée des troupes d'occupation. Ac- dispose d'une machine, le téléphone. C'est de son film ce qui deviendra ensuite la talle. Une jeune intouchable, Moti, meurt ceptant la domination, ces deux passion- toujours lui qui court pour décrocher quand règle pour tous ses films , manière plus nés d'échecs en viennent à adopter les le téléphone sonne, et c'est aussi lui qui profonde encore d'apparaître comme le de faim devant Ananga. Celle-ci annonce à son mari qu'elle est enceinte. nouvelles règles du jeu inventées par les appelle divers numéros pour entendre une continuateur de Tagore qui, comme on sait, Anglais. voix humaine (par un effet de contraste fut aussi un grand compositeur) et, puis- très souligné, les endroits qu'il appelle sont qu'il s'agit de passer d'une création litté- SHATRANJ KE KHILARI (1977) des lieux publics, remplis d'hommes et de raire à une création cinématographique, PIKOO (1980) femmes : un salon de beauté, un restau- adapte les nouvelles de Tagore en procé- (Les joueurs d'échecs) Production Henri Fraise pour FR3. rant). Mais le téléphone prend une valeur dant à toutes les modifications qui lui pa- Avec très ambiguë : quand il sonne, c'est toujours raissent indispensables. La presse indienne, Amjad Khan (Wajid Ali Shah), Sanjeev Avec pour la mère de Pikoo. C'est son amant, et toute pénétrée de vénération à l'égard de Kumar (Mirza), (Mir), Arjun Guha tha Kurta (Pikoo), Aparna le téléphone contribue donc à arracher Sen (La mère), Victor Bannerjee l'écrivain, s'est montrée offusquée des li- Richard Attenborough (Général davantage sa mère à cet enfant. (L'amant), Soven Lahiri, Promode bertés prises par Ray dans ses adaptations Outtram), (Epouse de HENRI MICCIOLO (il y eut de violentes polémiques dans les Mirza), Farida Jalal (Epouse de Mir), Ganguly. "Satyajit Ray, L'Age d'Homme" journaux), oubliant que Ray ne se propo- Victor Bannerjee (Premier ministre), Couleur - 23 mn. sait évidemment pas de donner un équiva- (Aide au camp du général) lent des textes de Tagore, mais de mani- et Calcutta, une vaste demeure, résidence de GHARE BAÏRE (1984) fester à son égard le vrai respect qui con- David Abraham, Faro que Shaikh, Leela la famille de Pikoo, le héros du film, un (La maison et le monde) siste, tout en faisant revivre l'oeuvre litté- Mishra, Barry John, Samarth Narain. enfant de six ans environ. Il vit avec ses d'après le roman de Rabindranath raire, à bâtir une création originale. Couleur - 113 mn. parents et un grand-père grabataire. Tagore. HENRI MICCIOLO Pikoo vit dans un univers préservé, celui Lucknow 1856. Dans une Inde peu à peu d'une luxueuse résidence pourvue d'un Avec envahie et dominée par la Grande-Bretagne, vaste jardin, et donc séparée complètement Sumitra Chatterjee, Victor Bannerjee, (1963) le royaume d'Oudh est à la veille de passer du monde extérieur. De la terrasse de la Swatilekha Chatterjee. La grande cité sous le contrôle de la Compagnie des Indes maison, Pikoo peut apercevoir la rue : non Couleur - 141 mn. un gouverneur général, conscient de l'hy- pas l'agitation et la cohue des quartiers avec pauvres mais le calme et le silence d'une Depuis toujours Satyajit Ray rêvait Madhabi Mukherjee (Arati Mazumdar), pocrisie de sa mission dictée par la raison d'Etat du victorianisme triomphant, mais zone hautement résidentielle (on voit passer d'adapter au cinéma Ghare Baïre (La mai- Anil Chatterjee (Subrata), Haren trop marqué par sa supériorité pour la notamment des gens portant un piano et un son et le monde) de Rabindranath Tagore, Chaterjee (Priyogopal), Harandhan contester, exige l'abdication du nabab que homme accompagné d'un gros chien). Prix Nobel de littérature 1913. Bannerjee (M. Mukherjee) le raffinement a lentement conduit à Pikoo dispose d'autre part de jouets de C'est à présent chose faite, le film est bou- N. et B. - 131 mn l'amollissement et à la décadence. prix, auxquels la plupart des enfants in- leversant. Et sans doute le plus beau du diens n'oseraient même pas rêver, et en festival, le seul en couleur. Subrata Mazumdar est employé à la New A l'ombre du palais, deux aristocrates, Mir En 1915, appliquant le vieux principe po- Bharat Bank de Calcutta. Il lui est bien et Mirza, indifférents à la colonisation et particulier d'une jolie bicyclette. difficile de faire vivre sa famille. Son inconscients du destin qui est en train de Mais Pikoo est un enfant délaissé. Enfant litique, "diviser pour mieux régner", Lord unique, semble-t-il, ce qui connote à nou- Curzon propose de couper le Bengale en salaire n'est que de 250 roupies par mois. flétrir leur splendeur et leur culture dépas- deux entités administratives, de séparer et Mais, dans une famille hindoue tradi- sées, se livrent à des passe-temps légers, à veau le milieu social dans lequel il vit. Son de petites mesquineries et à leur grande père est un absent : Pikoo ne peut que se de dresser l'une contre l'autre les deux tionnelle, il n'est pas question que l'épouse passion, le jeu d'échecs. précipiter pour le regarder partir à son tra- communautés musulmane et indienne. travaille...

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés La politique de Curzon est violemment Le film raconte l'histoire d'un docteur Anila, l'épouse de Sunhindra Bose, reçoit Gupta. C'est au cours de la confrontation (1972) idéaliste qui se bat, pour des raisons d'hy- une lettre de son oncle maternel, Mano- que la personnalité de Manomohan, ses contestée par le mouvement nationaliste. INEDIT Sandip Mukherjhi, un leader du mou- giène, pour faire réparer des conduites d'eau mohan Mitra. Celui-ci avait quitté la famille préoccupations et sa philosophie sont ré- vement nationaliste arrive à Suksayar, sur situées en dessous d'un temple, mais qui se 35 ans auparavant et apparemment il re- vélées. Il a passé presque toutes ces 35 Documentaire heurte à un mur. Il est en conflit avec tous venait au pays pour la première fois. Il années en compagnie d'aborigènes en Inde les terres de son ami d'enfance Nikhit Produit par Films Division, Government les niveaux de la communauté, à cause des venait en Inde pour y préparer un voyage et surtout dans les Amériques. Ghondhury. Sanip appelle au boycott des of . Photo : . Music : marchandises anglaises, provoque la ré- droits acquis et de la bureaucratie. en Australie. Ayant appris de Sital Sarkar, Satyajit Ray. volte de la communauté musulmane. Dans la pièce d'Ibsen, c'est une station un vieil ami de la famille, que Anila était Parlons de votre dernier film, Le Visiteur, YANN LARDEAU thermale qui est polluée. Et, à la fin, le Dr la seule personne de sa proche parenté qui est présenté au Festival de Venise, I heure. Cahiers du Cinéma, 1984 Stockmann se bat tout seul, personne encore en vie, il désirait vivement passer hors compétition. Chef d'oeuvre que ce documentaire sur le d'autre ne partageant ses croyances. Moi, une semaine à Calcutta auprès d'elle. Satyajit Ray : "Un homme a quitté sa peintre bengali Binode Bihari Mukherjee, je termine le film sur une vue optimiste, Sudhindra n'est pas trop content, mais il maison à dix-huit ans. Il revient trente- professeur et peut-être même "mentor" de mon Dr Gupta trouve des adeptes". se laisse persuader par Anila de recevoir le cinq ans plus tard. Il est anthropologue et GANASHA TRU (1989) Ray à l'université de Tagore, à Santiniketan. Entretien par WILLIAM FISHER vieillard. (Un ennemi du peuple) passe huit jours chez sa nièce qu'il n'a Une mauvaise vue depuis la naissance ne Cahiers du Cinéma. Mars 1989 Manomohan arrive et, grâce à son humeur jamais vue. La nièce lui fait confiance, l'avait pas empêché de réaliser de nom- Avec Sumitra Chatterjee joviale, est accepté presque aussitôt comme mais le mari de la nièce se méfie : ne breuses oeuvres. Mais en 1957, à l'âge de "mon oncle" par le fils d'Anila, Satyaki serait-ce pas un imposteur ? 1 h 40 (1991) 54 ans, il la perd complètement suite à une âgé de Il ans. Durant cette semaine, nous allons appren- (Les visiteurs) opération malheureuse. Tragédie pour tout Comment décrivez-vous le thème de L'en- C'est alors que Anila se souvient du tes- dre à connaître cet homme, à découvrir sa un chacun sauf pour le stoïque peintre qui INEDIT tament de son grand-père. Sudhindra im- nemi du peuple ? philosophie. Elle peut se résumer ainsi : un continue à créer, à peindre sans voir. Ce Satyajit Ray : "Il s'agit du conflit entre médiatement comprend : "Ton oncle n'est cannibale qui se nourrit de chair humaine Avec film montre de manière subtile la fascina- croyance et moralité. Il est aussi question de ici que pour réclamer sa part de l'héritage est plus humain qu'un homme qui presse un Deepankar De (Sundhindra Bose), Mamata tion de Ray pour un des plus grands pein- pollution. Bien qu'Ibsen ait écrit "An En- et toutes ces manifestations d'amour ne bouton pour lâcher une bombe atomique. Shankar (Anita Bose), Bikram tres indiens contemporains. nemi of the people" il y a cent ans, c'est sont qu'une supercherie." Bhattacharya (Satyaki Bablu), Utpal Dutt Ce film est né de la lecture de deux livres toujours très actuel. En ce moment, dans les Sudhindra apprend qu'en effet le testament de Lévi-Strauss. Comme toujours, j'essaye (Manomohan Mitra), Dhritiman Chatterji prévoit une part d'héritage pour Mano- journaux, on lit encore des articles sur la (Prithwish Sen gupta), Rabi Ghosh (Ranjan de surprendre le public. Je lui pose un jaunisse, la typhoïde et le choléra qui sévis- mohan et que l'argent est entre les mains BALA (1976) Rakshit), Subrata Chatterji (Chhanda problème, il attend une réponse. Je la lui sent dans différentes parties de Calcutta, et de l'exécuteur testamentaire, Sital Sarkar, Rakshit), Promode Ganguly (Tridib donne, je lui pose une autre question. Et qui réside à Santiniketan. INEDIT sont dus à l'eau polluée. J'ai modernisé la Mukherji), Ajit Bannerji (Sital Sarkar) ainsi de suite... pièce d'Ibsen et l'ai adaptée pour que l'ac- Sudhindra se rend compte qu'une confron- Vous savez, je ne suis qu'un conteur..." Documentaire Co-production National Film Development tation avec Manomohan est nécessaire et il tion se passe au Bengale-ouest. Et mainte- Propos recueillis par Produit par for the Performing Arts, nant c'est tout à fait l'histoire du Bengale. Corporation of India de ERATO Films retient les services de son avocat, Sen CLAUDE-MARIE TREMOIS Bombay and Government of Tamil Nadu. Photo : Soumendu Roy. Music : Satyajit Ray. RABINDRANATH TAGORE (1961) 33 mn. INÉDIT La plus grande danseuse de Bha rata Natyan, Documentaire selon Ray qui ajoute que cette forme de Avec danse riche d'un système de codes et Smaran Ghosal (Tagore adolescent), gestes vieux de 1500 ans donne la plus Raya Chatterjee, Shovanlal Gan belle expression d'une femme, de ses qua- Gopadhyaya, Pornendo Nukherjee, Kalol lités féminines, ce surtout grâce aux ex- Bose, Subir Bose, Phani Nan. pressions du visage. Ray qui l'a vu sur scène en 1935 (il n'avait que 14 ans) a depuis N. et B. - 54 mn. toujours voulu réaliser ce film, mais ne l'a V. O. sans sous-titre français. pu faire qu'en 1976. Il lui donne la valeur Il ne s'agit pas simplement d'un essai bio- "d'archives", préservant ainsi les fascinantes graphique utilisant divers documents fil- interprétations d'une grande artiste. més, mais d'une tentative plus ambitieuse de reconstitution de certains épisodes de la vie du grand artiste, comportant des scè- LA MUSIQUE DE SATYAJIT RAY nes entièrement jouées. (1984) Rabindranath Tagore, est un hommage de Urpalendu Chakravarti. fervent rendu au plus célèbre écrivain bengali par un cinéaste dont la dette à l'égard INEDIT de ce grand artiste n'est pas mince. Cet Documentaire essai, commandité par le gouvernement indien, ne doit pas être relégué à une place 30 mn. inférieure dans la filmographie de Ray :il Film sur le tournage de La Maison et le constitue, au contraire, un témoignage pri- Monde. vilégié sur l'univers intellectuel du cinéaste. Satyajit Ray en train de composer et d'en- Tagore est la figure la plus connue du registrer la musique du film. mouvement intellectuelappelé"re- connaissance Bengali". HENRI MICCIOLO "Satyajit Ray, L'Age d'Homme" PHOTOS : DROITS RÉSERVÉS

Document de communication du Festival d'Automne à Paris - tous droits réservés LE FESTIVAL D'AUTOMNE A PARIS MARLÈNE DIETRICH Hommage PrésidenteJanine Alexandre DEBRAY Du 4 au 17 Décembre 1991 programmation cinémaRichard MAGNIEN Au cinéma ACTION-ECOLES Renseignements : 43.25.72.07 Marie-Jo MALVOISIN Mercredi 4 La scandaleuse de Berlin avec la collaboration technique d'Amorces Diffusion Jeudi 5 La femme et le pantin Vendredi6 Manpower Samedi 7 Témoin à charge relations publiquesMarie-Jo MALVOISIN Dimanche 8 La soif du Mal Lundi 9 Témoin à charge avec le concours duCentre National de la Cinématographie Mardi 10 Agent X 27 Mercredi 11 La belle ensorceleuse en collaboration avecLa Cinémathèque Française Jeudi 12 Shanghai express Le Palais de Tokyo Vendredi 13 La soif du Mal Le Groupement National des Salles de recherche Samedi 14 Agent X 27 Dimanche 15 L'ange des maudits Le Goethe Institut de Paris Lundi 16 Blonde Vénus L'Institut National de l'Audio-visuel Mardi 17 L'ange des maudits L'Ambassade de l'Inde National Film Development of India

JACQUES RIVETTE Remerciements

Intégrale PIERRE GRISE - Martine MARIGNAC, Maurice TINCHANT, à partir du 20 novembre 1991 LES FILM DE LA PLEIADE - Florence BRAUNBERGER, au cinéma LES 3 BALZAC Renseignements : 45.61.10.60 AAA DISTRIBUTION, Le coup du Berger Duelle CINÉ-CLASSIC- Alexandra et Jean HENOSCHBERG, Paris nous appartient Noroit FILM DE L'ATALANTE - Gérard VAUGEOIS, La religieuse Merry go round L'amour fou Le Pont du Nord AIMIP, Jean Renoir le Patron L'amour par terre LA SEPT, out 1: noli me tangere Hurlevent out 1: spectre La bande des quatre FILMS SANS FRONTIÈRES - G. MORAV1OFF, Céline et Julie vont en bateau La belle noiseuse GAUMONT, Rivette le veilleur de Claire Denis MK2 DIFFUSION - J.M GEVAUDAN, ERATO FILMS - Daniel TOSCAN DU PLANTIER LE FESTIVAL DES 3 CONTINENTS - Alain JALLADEAU, SATYAJIT RAY LES GRANDS FILMS CLASSIQUES - Jacques MARÉCHAL, Rétrospective LE THÉÂTRE DU TEMPLE - Jean-Marie RODON, Jean-Max CAUSSE, à partir du 20 Novembre 1991 ARCHÉO PICTURES- Marc DIOT, au cinéma L'ENTREPÔT Alain MARCHAND, Françoise BEVERINI, Jacques LEGLOU, Renseignements : 45.43.41.63 Henri FRAISE, Alok B. NANDI, Martine ARMAND, Charles TESSON, Pather Panchali Charulata Anne-Marie FOUCHER, Antonio RODRIG, Jacques SICLIER, Aparajito Ashani Sanket Apur Sansar Shatranj ke khulari LES CINÉMAS Action Ecoles, les Trois Balzac, l'Entrepôt, Jalsaghar Pikoo La librairie ATMOSPHÈRE, Devi Ghare Baïre Teen Kanya Ganashatru Les laboratoires LTC, GTC et TELCIPRO. Mahanagar Agantuk Documentaires : Rabindranath Tagore, the inner eye, Bala et la musique de Satyajit Ray de Urpalendri Chakravarti. FESTIVAL D'AUTOMNE À PARIS - 156, rue de Rivoli, 75001 PARIS Tél. (1) 42.96.12.27 - Télécopie (1) 40.15.92.88

(Des modifications de titres indépendantes de notre volonté peuvent intervenir) Contact Presse :Tél. 48.05.70.61- 42.21.46.23

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