LeMonde Job: WMQ1510--0001-0 WAS LMQ1510-1 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0410 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 15 OCTOBRE 1999

« LE MAGHREB DES LIVRES » LE RÂMÂYANA A l’occasion de la manifestation la chronique de Roger-Pol Droit qui se tient les 16 et 17 octobre, page VI gros plan sur les nouvelles ten- dances de la recherche au Maroc, ANDRÉ GIDE en Algérie et en Tunisie page V ANTONIO LOBO ANTUNES JEAN PAUL II Le Feuilleton de Pierre ALBERT COSSERY page IV page VII Lepape page II page III a Au sommaire : bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbL’étrange vie de Guy Debord

riences de liberté absolue sont rares, réprimée, aussi bien par le capita- Presque quarante ans que ces graphie impeccable, surtout : «Je et pourtant multiples. Pour les ap- lisme moderne que par le totalita- Ce qui frappe dans ce lignes ont été écrites. Ont-elles pour suis exercé depuis longtemps à mener précier, mieux vaut être aventurier, risme stalinien. Mais le feu couve en- autant vieilli ? une existence obscure et insaisis- ou poète, que journaliste ou univer- core sous la cendre, il suffit de premier volume de Ceux qui ont assisté autrefois, sable. » Ceux qu’une telle œuvre sitaire. « Un homme est défini à ce reprendre l’initiative contre «les dans les temps sombres, à la projec- n’émeut pas ne sont pas doués pour qu’il entend, pratiquement, par poé- niaiseries du commerce artistique correspondance ? tion du film In girum... se sou- l’émotion, voilà tout. Qu’ils parlent P eu importe ce qui va se ensuite d’art ou de littérature n’a sie ; donc ce dont il se contente sous ce pseudo-expérimental », ou les «an- viennent surtout d’une voix passant dire, pendant un certain temps, de nom (ici le mot de Hegel : “A ce dont ciennes mondanités artistiques » (qui L’urgence et la lucidité à travers l’écran des images (1). Là guère d’importance. Ce sont, au Guy Debord. Les discours à son sujet un esprit se satisfait, on mesure la continuent de plus belle de nos était la force, là l’audace : la grande mieux, « des ignorants mystifiés qui se sont déjà nombreux, intéressés, grandeur de sa perte”). » jours, n’est-ce pas ?). Le trafic d’art, politique de l’auteur poésie. Quelqu’un tenait le coup croient instruits », des « analphabètes contradictoires ; ce n’est qu’un dé- La Correspondance, qui commence voilà l’ennemi, il faut l’attaquer dans dans la caverne à hypnose, et n’hési- modernisés » et autres fonction- but, les gloses et les biographies se à paraître, apporte un certain son angle qui dévoile la société tout de « La société du tait pas à parler de lui sur le même naires du Spectacle. Il ne s’agit pas succéderont, toute une époque agi- nombre d’éléments nouveaux. Le entière. Sombre période de la fin des plan que Bossuet, l’Arioste, Li Po, non plus ici de « théorie », rien pour tée et confuse s’étonnera de plus en paradoxe, c’est que personne n’aura années 50, avec, en France, la guerre spectacle » qui est la les colloques, les débats, les plus d’avoir méconnu qu’une autre autant travaillé que l’auteur de l’ins- d’Algérie : « Les espoirs de démocratie Philippe Sollers expositions, les thèses, les façon d’exister parlait à travers cette cription célèbre « Ne travaillez ja- sont maintenant minces. Et le temps même chose que sa vernissages : « Aucune voix étrange. On bavardera beau- mais ! ». Drôle de travail : l’organisa- ne travaille pas pour nous. » Fascisme Dante, Musil, Pascal, Omar époque vivante n’est partie d’une coup sur son caractère, son enfance, tion de la subversion est un plein menaçant, gauche décomposée, sur- passion poétique Khayyam, Shakespeare, la Bible, He- théorie : c’était d’abord un jeu, un ses aventures, le spectre de mai 68, temps de courrier, de voyages, de veillance policière, et cette note gel. Il ne s’agissait pas de « cita- conflit, un voyage. » C’est parce qu’il Guy Debord, sa structure sauvage et mélanco- ruses, d’interventions, d’échanges. d’humour : « N’étant pas déclarée, bord qui est la même chose que sa tions » mais de preuves. Quelle in- était un grand poète métaphysique lique, son goût de la boisson, sa On est d’emblée dans l’avant-gar- l’Internationale Situationniste ne peut passion poétique (Lautréamont, Cra- vraisemblable prétention ! Le tour d’un enfer social sans poètes que culture, sa mégalomanie, ses amitiés, disme le plus extrême ayant tiré les être officiellement dissoute. » La van). Rigueur et jeu : «Le problème de force esthétique et moral de De- Debord reste, aujourd’hui même, ré- ses mépris, ses ruptures, son suicide. leçons du passé (notamment du sur- gauche ou l’extrême gauche de est bien l’action commune d’individus bord, dans ses Œuvres cinématogra- volutionnaire : « Ceux qui, un jour, Comme d’habitude, l’Histoire réelle réalisme). Ce qui frappe le plus dans l’époque ? « Ces gens sont mécanistes libres, liés seulement par et pour cette phiques complètes, un des plus beaux auront fait mieux, donneront libre- sera plus ou moins évacuée de ces ces lettres aux nouveaux complices ? à un point effarant. Aussi peu mar- liberté créatrice réelle. » Un groupe livres du XXe siècle, est d’avoir défié ment leurs commentaires, qui eux- considérations. Mais patience : De- Le mot vite. Il faut faire vite, démas- xistes qu’il est possible : ouvriéristes. décidé, radical, pratiquant à la fois la l’énorme industrie du sommeil. Drô- mêmes ne passeront pas inaperçus. » bord est de mieux en mieux publié quer le monde fabriqué de l’art, Cela tourne même à la pensée reli- dérive et l’organisation ouverte, peut lerie sinistre des jugements sur le pu- (certains ont raison de s’en inquiéter pousser les peintres à s’engager da- gieuse : le prolétariat est leur Dieu ca- transformer la vie. Plus tard, dans In blic du cinéma et les « serviteurs sur- (1) Signalons la parution de In girum imus ou de s’en plaindre), ce qui ne veut vantage, nouer des contacts interna- ché. Ses voies sont impénétrables, et les girum... (1), Debord dira : «La for- menés du vide. » Désinvolture nocte et consumimur igni dans une édi- pas dire encore lu. Pour le lire, à vrai tionaux, attirer les architectes, les ur- intellectuels doivent s’humilier, et at- mule pour renverser le monde, nous ne révoltante à l’égard de tous les assis : tion critique augmentée de notes de l’au- dire, il faudrait d’abord savoir vivre banistes, les sociologues, les mettre tendre. Alors, comment admettraient- l’avons pas cherchée dans les livres, « Je me flatte de faire un film avec teur (Gallimard, 154 p., 85F [12,95 ¤]). d’une certaine façon. Comme lui ? en situation d’exception. Une insur- ils que le feu est à la maison ? » mais en errant. C’était une dérive à n’importe quoi ; et je trouve plaisant Mais non, justement. Les expé- rection des années 20 a été oubliée, Il y a une lucidité politique de De- grandes journées, où rien ne ressem- que s’en plaignent ceux qui ont laissé CORRESPONDANCE blait à la veille ; et qui ne s’arrêtait ja- faire de toute leur vie n’importe 1957-1960 (tome 1) mais. » On peut mesurer combien ce quoi. » Panégyrique, déjà, de la « bri- de Guy Debord. genre de pratique pouvait choquer gade légère », en guerre avec la terre Fayard, 280 p., 160 F (24,39 ¤). aussi bien les pouvoirs établis que la entière. Méditation intense sur l’eau langue de bois pseudo-révolution- du temps et le feu du désir. Autobio- ૽ Lire notre dossier pages VIII et IX naire. « Poésie : oui, mais dans la vie. » Et voilà, inquiets de la même façon, les fabricants de poèmes ou d’art décoratif. Bref, le système tout entier est atteint, son mensonge de haut en bas et de bas en haut. C’est le même trucage qui va du travail Albert Cossery, aliéné à la représentation « cultu- relle ». Le plus grave : aucun popu- lisme, aucun misérabilisme, une joie et une ironie permanentes, s’expri- mant, avec beaucoup d’intelligence et d’art, dans le « détournement ». Non seulement la liberté, mais le luxe : « Je ne sais pas si nous sommes d’accord sur la notion de luxe que, pour ma part, je ne rejette pas simple- ment. Je crois qu’il faut contribuer à créer une conception révolutionnaire du luxe, ennemie à la fois du faux luxe ancien et de l’absence de luxe (le confortable vide fonctionnaliste des maisons et de la vie). » En août 1960, Debord fait le point (encore huit ans à attendre avant de se lancer à l’assaut du ciel) : « Quoique nous soyons très largement dans un état de semi-clandestinité – rencontrant encore une hostilité assez incroyable, mais très honorable à notre avis –, on peut dire que nos moyens ont considérablement aug- Jean Paul II... menté. (...) Nous sommes maintenant engagés dans l’organisation d’une longue lutte. » « Il faut concevoir et faire une critique qui soit une vie. » « Tant de gens que nous avons vu faire beaucoup de bruit se sont rangés to- talement, de la façon la plus ridicule, parfois la plus ignoble. Ni la liberté ni l’intelligence ne sont données une fois pour toutes. Et leurs simulacres sont naturellement bien plus fragiles, ils se décomposent avec la mode. »

Guy Debord sur le tournage de son film Critique de la séparation

ARCHIVES ALICE HO (septembre-octobre 1960)

www.lemonde.fr 55e ANNÉE – No 17019 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Stock-options : L’Amérique rouvre la course au nucléaire les députés b Le Sénat américain rejette le traité sur l’interdiction des essais nucléaires b Cette décision socialistes intervient au lendemain du coup d’Etat militaire au Pakistan b Elle porte veulent taxer un coup à la lutte contre la prolifération b Jacques Chirac exprime sa « consternation » LE SÉNAT américain a refusé de technologiques pour développer ratifier, mercredi 13 octobre, le trai- un armement atomique, le rati- davantage té d’interdiction complète des es- fient. Seuls 26 l’ont fait. Forts du sais nucléaires (Comprehensive Test mauvais exemple américain, cer- DANS LA NUIT du mercredi 13 Ban Treaty ou CTBT), infligeant tains Etats peuvent se sentir libérés

au jeudi 14 octobre, la commission une sévère défaite au président pour repartir dans la course au nu- AFP des finances de l’Assemblée natio- Clinton et remettant en cause cléaire. Dès lors, il ne serait plus nale, à l’instigation des députés so- l’avenir du traité. Les sénateurs possible de contrôler la proliféra- ÉDUCATION cialistes, a retenu un amendement américains, en majorité républi- tion nucléaire, ce qui provoquerait au projet de loi de finances pour cains, s’y sont opposés par 51 voix une rupture avec l’équilibre de la 2000, qui prévoit de porter de 40 % contre 48 et 1 abstention. Evoquant dissuasion à l’œuvre depuis les an- La rentrée à 50 % la taxation des plus-values des risques pour la sécurité natio- nées 60. sur les stock-options. « L’amende- nale des Etats-Unis et l’impossibili- Les réactions au vote du Sénat des universités ment Jaffré », du nom de l’ancien té de vérifier l’application du traité, américain sont très négatives, d’au- La rentrée universitaire est marquée président d’Elf dont les avantages ils sont restés sourds aux appels du tant plus qu’il intervient au lende- par trois mesures nouvelles du plan so- financiers ont fait scandale, n’en fi- président et des démocrates. Bill main du coup d’Etat militaire au cial étudiant : l’augmentation du nit donc pas d’agiter la majorité. Clinton avait été le premier à si- Pakistan, nouveau venu parmi les nombre de bourses, la création de Premier secrétaire du PS, François gner le texte en 1996 et l’adminis- puissances nucléaires. Lors d’un Hollande souhaite, lui, que toute ré- tration américaine a, aussitôt après entretien avec l’ancien secrétaire 7 000 allocations d’études et celle de forme soit différée jusqu’au prin- le vote du Sénat, fait savoir qu’elle général de l’OTAN, Javier Solana, 11 000 bourses à taux zéro. Par ailleurs, temps prochain, tandis que le mi- ne modifierait pas sa politique et Jacques Chirac a exprimé sa la désaffection, depuis quatre ans, des nistre de l’économie et des finances, continuerait à appliquer son mora- « consternation » devant une déci- étudiants de premier cycle pour les Dominique Strauss-Kahn, projetait, toire sur les essais. sion qui « porte atteinte au proces- études scientifiques inquiète les res- en début d’année, de mettre en Le CTBT interdit tous les essais sus de non-prolifération et de désar- œuvre une réforme contraire : elle nucléaires. Signé par 154 pays, il ne mement ». ponsables ministériels et universitaires. visait à baisser la taxation à 25 %. peut entrer en vigueur que si 44 Pour y remédier, le ministère a lancé d’entre eux, nommément désignés Lire pages 2 et 4 des expériences de rénovation des Lire page 8 parce que disposant des capacités et notre éditorial page 17 DEUG dans six universités. p. 12 Le PACS est voté, Les Lloyd’s assurent les footballeurs contre le kidnapping LONDRES d’Hollywood ou les hommes d’affaires expa- coup d’argent. Les affaires de corruption et de le débat continue de notre correspondant à la City triés dans des pays à haut risque d’Amérique matches truqués, qui ont entaché le football Des jambes convoitées d’un centre-avant à latine et d’Afrique. anglais, les clandestins sur les résultats DÉFINITIVEMENT adoptée la pelouse d’un stade en passant par les dégâts La vente de ce type de contrat est due en organisés par le milieu asiatique ou la mafia a par l’Assemblée nationale, commis par les hooligans : les célèbres Lloyd’s partie à l’enlèvement, à la veille de la Coupe du russe, la multiplication des déplacements des mercredi 13 octobre, la loi instituant de Londres assuraient jusqu’à présent les monde de 1994 aux Etats-Unis, du père de Ro- équipes et le formidable impact médiatique du

le pacte civil de solidarité (PACS) a risques ordinaires liés au football. Mais voilà mario, avant-centre de l’équipe du Brésil, par sport-roi suscitent bien des convoitises. LUDOVIC/REA été déférée au Conseil constitution- que le premier marché de l’assurance-réassu- un gang de Rio de Janeiro. La vedette aurait « Sécurité » : tel est désormais le leitmotiv nel par les responsables de l’opposi- rance au monde propose de couvrir les clubs raté le tournoi remporté par son pays si les ra- des pontes du ballon rond. Ainsi, Sir Alex Fer- PORTRAIT tion. Alain Madelin figure parmi les contre les enlèvements de joueurs. Au moins visseurs, qui avaient réclamé une forte rançon, guson, l’entraîneur de Manchester United, a auteurs du recours, mais pas Phi- trois grandes équipes de la première division pris d’un soudain accès de fièvre patriotique, un garde du corps attitré, un ancien membre Albert Frère, lippe Séguin. Tous deux se sont abs- anglaise – Manchester United, Arsenal et n’avaient pas libéré leur otage à la dernière mi- des forces spéciales SAS, qui ne le quitte pas. tenus lors du vote définitif. Cet Leeds – auraient contracté des assurances an- nute. Les consultants Control Risk et Kroll vendent aboutissement législatif ne met pas ti-kidnapping auprès des opérateurs de Lime « Les joueurs sont des actifs essentiels du bilan également leur savoir-faire aux clubs pour pro- patron français fin aux controverses sur le PACS et Street. des clubs de football, qui sont souvent inscrits en téger leurs gladiateurs à crampons. L’homme le plus riche de Belgique, Al- l’état de la société qui en est le « L’assurance kidnapping couvre le coût de la Bourse. Le foot est devenu un phénomène plané- Cette pratique du contrat anti-enlèvement bert Frère (photo), est devenu un inter- contexte. Nos pages Débats y re- négociation avec les ravisseurs et le versement taire. Les clubs achètent des joueurs originaires est loin de faire l’unanimité. Les petits clubs ne locuteur privilégié des grands patrons viennent avec notamment le psy- éventuel de la rançon. L’existence d’une telle as- de pays en crise, comme la Colombie, le Brésil, le peuvent se permettre une telle dépense. Quant français. Son rôle dans les fusions Elf- chanalyste Michel Tort, qui décrypte surance est un secret bien gardé pour ne pas en- Mexique ou l’ex-URSS. Il faut les couvrir où qu’ils au Foreign Office, il n’apprécie guère cette en- TotalFina ou Suez - Lyonnaise des eaux et dénonce une homophobie d’ins- courager les rapts de stars du football », ex- se déplacent », note Robert Davies, de la torse à la politique officielle de Londres consis- fait de ce visionnaire l’un des princi- piration catholique curieusement plique un porte-parole du courtier Windsor charge Hiscox, spécialisée dans le contrat anti- tant à refuser toute négociation avec les terro- mâtinée d’éléments puisés chez le Assurance, qui a autant le sens de la discrétion kidnapping. Le jeu en vaut la chandelle, ristes et autres preneurs d’otages. « Il ne faut paux acteurs de la restructuration du psychanalyste Jacques Lacan... que celui des affaires. A risques exceptionnels, puisque les grandes vedettes qui attirent les jamais récompenser le chantage », s’indigne un capitalisme français et européen. Por- formule simple et confortables commissions : spectateurs, donc les sponsors et les médias, porte-parole. trait d’un autodidacte accusé parfois Lire les points de vue p. 18-19 la prime – 1 million de francs par tête en sont la perle de la couronne de clubs anglais, d’avoir bradé les intérêts belges, ce qui et nos informations p. 11 moyenne – est la même que pour les stars espagnols, italiens et français, brassant beau- Marc Roche lui vaut l’inimitié du roi Albert II. p. 16 EPR, réacteur Terrible « statu quo » en Irak

POUR qui serait dérangé par le ments, des médicaments et des moigne pourtant de la permanence fonctionnement des agences onu- en péril sort fait à la population irakienne, produits de première nécessité. d’un terrible statu quo. Tout siennes et par le fonds d’indemnités exténuée par plus de neuf ans Bagdad pourra exporter plus de d’abord, le mécanisme de la for- prévu pour les victimes de la guerre d’embargo, la nouvelle est plutôt 8 millards de dollars par semestre, mule dite « Pétrole contre nourri- de 1990. Compte tenu du délabre- encourageante. En catimini, ou contre 5,2 milliards depuis février ture » en vigueur depuis deux ans ment continu du pays, cette aide ne presque, le Conseil de sécurité des 1998. et demi fait que seuls les deux tiers peut donc être qu’un médiocre pal- Nations unies vient d’augmenter Loin de marquer une inflexion des sommes récoltées iront effecti- liatif. massivement le montant de pétrole dans l’interminable crise qui op- vement aux Irakiens, le tiers restant Mais surtout la décision du irakien autorisé à la vente pour pose l’Irak aux Nations unies de- (près de 3 milliards de dollars !) Conseil de sécurité permet de gérer acheter, sous contrôle, des ali- puis 1990, cette dernière mesure té- étant notamment ponctionné par le une nouvelle fois a minima un dos- sier enlisé de par le fait de ses deux principaux protagonistes : l’Irak et les Etats-Unis. Pour ces derniers, il importe de maintenir l’endigue- FRANÇOIS ROUSSELY ment d’un régime présenté comme une menace régionale permanente. L’INDUSTRIE nucléaire française Cette option stratégique a permis DISQUES, FILMS, LIVRES risque d’être la première victime de des gains énormes pour la diploma- la libéralisation du marché européen tie américaine dans le Golfe : un de l’électricité. Elle est directement prépositionnement militaire consi- Le hit-parade visée par le programme de baisse dérable et le parrainage politique Choisir cent disques, cent films et cent des coûts qu’a lancé François Rous- de la plupart des monarchies pétro- livres pour célébrer le XXe siècle : tel est sely, président d’EDF. Le futur réac- lières de la région, sans parler des le défi qui a été proposé aux lecteurs teur EPR est lui aussi menacé. A la multiples contrats d’armements du Monde et aux clients de la Fnac, à grande satisfaction des Verts. conclus avec elles depuis la fin de la guerre du Golfe, en 1991. partir d’une liste de 200 titres dans chaque catégorie. Ils l’ont relevé plutôt Lire page 20 En dépit de la volonté frénétique affichée par le Congrès américain et comme un jeu que comme un classe- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, par quelques membres de l’équipe ment pour l’éternité. p. 32 et 33 et 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; du président Bill Clinton de passer Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; la chronique de Pierre Georges p. 36 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, du « containment » à une politique 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, offensive ayant comme objectif le International ...... 2 Tableau de bord...... 23 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; renversement du régime en place à Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; France ...... 8 Aujourd’hui ...... 26 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. Bagdad, la diplomatie américaine Société...... 12 Météorologie, jeux .. 29 rechigne dans son ensemble à aller Carnet...... 14 Culture ...... 30 aussi loin. Régions ...... 15 Guide culturel ...... 31 Horizons ...... 16 Kiosque...... 34 Gilles Paris Entreprises ...... 20 Abonnements...... 34 Communication ...... 22 Radio-Télévision...... 35 Lire la suite page 17 LeMonde Job: WMQ1510--0002-0 WAS LMQ1510-2 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0413 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999

ÉTATS-UNIS Le sénat américain geant un sévère défaite au président pour la sécurité nationale des Etats- vote américain ne serve de prétexte tôt après le vote du sénat, fait savoir a refusé de ratifier, mercredi 13 octo- Clinton et remettant en cause l’ave- Unis et l’impossibilité de vérifier pour une reprise des essais nu- qu’elle ne modifierait pas sa poli- bre, le traité d’interdiction complète nir international du traité. b LES SÉ- l’application du traité, sont restés cléaires. b BILL CLINTON avait été le tique et continuerait à appliquer son des essais nucléaires (Comprehen- NATEURS américains, en majorité ré- sourds aux appels du président et premier à signer le texte en 1996 et moratoire sur les essais. (Lire aussi sive Test Ban Treaty ou CTBT), infli- publicains, évoquant des risques des démocrates qui craignent que le l’administration américaine a, aussi- notre éditorial page 17.) Le Sénat américain rejette le traité d’interdiction des essais nucléaires Par ce vote, les républicains américains infligent une défaite politique au président Clinton au mépris des répercussions sur le désarmement et la dissuasion dans le monde. Jacques Chirac se déclare « consterné » par cette décision WASHINGTON reux, invérifiable et indéfendable » système de simulation en labora- défense, ont critiqué un texte qui çant que la question du et Islamabad de signer un traité re- de notre correspondant et qu’il « ne devrait être ratifié ni toire auquel le Pentagone consacre n’est peut-être pas dangereux au- désarmement nucléaire serait un jeté par le Sénat ? Comme l’a écrit Le Sénat américain a rejeté mer- aujourd’hui ni dans un avenir prévi- 4,5 milliards de dollars l’an ne sera jourd’hui mais risque de le devenir. argument de poids dans la cam- USA Today : « En écoutant ces gesti- credi 13 octobre le traité d’interdic- sible ». pas fiable avant cinq à dix ans ; la Mais il aura œuvré jusqu’au bout pagne électorale. Pour Tom culations sur le CTBT, on pourrait tion complète des essais nucléaires Les principaux arguments avan- CIA n’est même pas capable de vé- pour éviter un vote nuisible, selon Daschle, chef de la minorité au Sé- penser que la guerre froide est de re- (Comprehensive Test Ban Treaty, cés portent sur le fait que l’Amé- rifier si les Russes testent leurs lui, à l’image du pays. nat, « avec ce vote, le monde sera tour, cette fois avec l’habillage d’es- ou CTBT). Ce vote a été obtenu rique va se trouver désarmée face bombes, a-t-on entendu. Les démocrates se sont défendus moins sûr qu’auparavant ». «Il prit partisan des années 90 qui dés- par 51 voix contre 48 et une abs- à des pays sans foi ni loi, de la Rus- Le redoutable Jesse Helms, pré- sur deux tableaux. Sur le plan tech- s’agit de la plus énorme faute qu’ait honore à la fois la vérité et l’intérêt tention (démocrate), quatre répu- nique, ils ont affirmé que le CTBT jamais faite le Sénat », a ajouté le national (...). Mais qu’est-ce qu’une blicains ayant ajouté leur voix aux n’affaiblirait pas l’énorme supério- sénateur Biden, qui a lancé : «Je petite prolifération nucléaire quand démocrates. Or la Constitution des Une revanche pour les républicains rité nucléaire des Etats-Unis mais reviendrai » défendre à nouveau le on peut jouer à nouveau à la guerre Etats-Unis prévoit que le Sénat gélerait la situation à leur avan- CTBT. froide politique ? » doit ratifier les traités à la majorité Le débat sur le traité CTBT au Sénat américain a ressemblé à une tage ; que trente-deux Prix Nobel Plus préoccupés par des consi- des deux tiers. Ce succès tactique répétition des futurs arguments pour les élections de no- de physique et la hiérarchie mili- dérations intérieures que par les PARAPHE INDISPENSABLE pour le Parti républicain, qui avait vembre2000. Bill Clinton rêvait d’un succès diplomatique avant la fin taire soutenaient la ratification ; et grands problèmes mondiaux, les La défiance de certains républi- précipité ce vote après avoir fait de son mandat. Mais chaque camp a utilisé le débat à des fins inté- que, si le traité n’empêcherait pas politiciens ont paru prendre en cains à l’égard d’un président qui a traîner le texte pendant deux ans, rieures. Certains démocrates ont joué l’échec du traité pour pouvoir quelques pays de poursuivre leur otage un traité pourtant crucial survécu à la procédure en destitu- est un revers pour Bill Clinton, mieux pourfendre leurs adversaires. programme nucléaire, ce serait pour la paix, en particulier dans le tion qu’ils avaient engagée fin 1998 premier chef d’Etat à l’avoir signé. De leur côté, les républicains ont profité de leur supériorité numé- dans l’illégalité, sous un contrôle sous-continent indien : comment a paru l’emporter sur les implica- Premier traité à être repoussé rique pour s’offrir une victoire dans un contexte politique qui ne international renforcé qui ne leur désormais convaincre New Delhi tions internationales du rejet, au depuis le traité de Versailles en leur est guère favorable. Il leur fallait faire oublier qu’ils ont subi permettrait pas de le dissimuler. risque de donner de l’Amérique 1919, le CTBT aura été au moins une sévère défaite la semaine dernière quand un tiers de leurs re- De toute manière, une des sauve- l’image d’un pays qui revendique autant la victime des désaccords présentants se sont joints aux démocrates pour voter une réforme gardes autorise les Etats-Unis à se Pékin appelle Washington un leadership mondial sans en ac- de fond entre les deux partis que de la politique de santé soutenue par la Maison Blanche. Et oublier retirer si leurs « intérêts nationaux cepter les responsabilités. La mise de l’atmosphère préélectorale surtout le débat sur le budget qui s’enlise à leur désavantage : ils suprêmes » sont menacés, en parti- à donner l’exemple en pièces de la stratégie clinto- dans laquelle baigne désormais le n’ont pas été capables de faire prévaloir, face au président, leur pro- culier si les simulations en labora- nienne de contrôle des armements pays. La preuve en est l’échec des jet de réduction massive des impôts, dont ils voulaient faire le che- toire se révèlent insuffisantes pour Trois heures à peine après le nucléaires menace d’affaiblir dura- tentatives bipartisanes de compro- val de bataille de la campagne. protéger leur arsenal. vote négatif du Sénat américain, blement l’influence des Etats-Unis mis, face à l’intransigeance de l’aile Ils ont repris l’argument de Bill la Chine a invité les Etats-Unis à dans le domaine du désarmement, droite républicaine. Clinton pour qui un vote négatif donner l’exemple et à tenter de remarque jeudi le Washington Post. sie à l’Irak et de la Chine à l’Iran, sident de la commission des af- « indiquerait à tous les pays de la conclure la procédure de ratifi- Comment ceux-ci pourront-ils li- L’AMÉRIQUE « DÉSARMÉE » sans oublier l’Inde et le Pakistan faires étrangères, s’en est pris aux planète que les Etats-Unis ne vont cation du traité CTBT « le plus miter l’accès au « club nucléaire » Trent Lott, chef de la majorité – au cœur du débat au lendemain alliés – Allemagne, France et pas reprendre leurs essais mais rapidement possible », selon les s’ils refusent de s’imposer à eux- sénatoriale, avait exigé que Bill du putsch – qui ne se priveront pas Royaume-Uni –, accusés de se dé- qu’ils leur donnent le feu vert pour termes d’un porte-parole du mi- mêmes les règles qu’ils veulent im- Clinton demande par écrit le ren- de développer leur arsenal de sintéresser de la sécurité des Etats- tester, développer et déployer des nistère des affaires étrangères à poser aux autres ? voi du texte et s’engage à ce qu’il mort. La sécurité des Etats-Unis Unis et d’être aux ordres de la Mai- armes nucléaires ». Mais, surtout, Pékin. A New York, le représen- Tout est donc à refaire, et le vote ne soit pas représenté d’ici la fin de est menacée, ont avancé les adver- son Blanche. D’autres, plus modé- ils se sont placés sur le terrain poli- tant permanent adjoint de la de mercredi ne fera rien pour inci- son mandat. Pressentant la dé- saires du traité, et Bill Clinton rêve rés, comme le sénateur Warner, tique, dénonçant le caractère par- Chine à l’ONU, Shen Guofang, a ter les Etats qui hésitaient à ratifier faite, le président a envoyé lundi d’un désarmement unilatéral ; le président de la commission de la tisan d’un débat bâclé et annon- vivement critiqué la politique le CTBT. En particulier les dix-huit une lettre souscrivant à la pre- américaine de désarmement. disposant d’installations nucléaires mière condition car « un vote dans « Un certain pays poursuit une dont le paraphe est indispensable les circonstances actuelles nuirait Seuls vingt-six pays ont ratifié le texte l’interdiction des essais, le texte politique de dissuasion nucléaire à l’entrée en vigueur du traité. gravement à la sécurité des Etats- prévoit la mise en place d’un basée sur l’utilisation de l’arme Mais celui-ci « n’est pas mort, il Unis, endommagerait nos relations b En novembre 1993, la nucléaire à ratifier le CTBT. système de contrôle international nucléaire en premier, tout en dé- n’est qu’endormi », a affirmé le sé- avec nos alliés et minerait notre lea- 44e Assemblée générale des Auparavant, la France avait et d’un centre de données veloppant un système de défense nateur Biden, bien que l’on voie dership historique depuis quarante Nations unies confie à la procédé à six derniers essais international pour vérifier son antimissiles au détriment de mal qui pourrait bien le réveiller à ans dans la réduction de la menace conférence sur le désarmement à nucléaires dans le Pacifique sud, application. l’équilibre stratégique », a lancé un moment où le candidat républi- nucléaire ». Il a refusé de céder à la Genève le mandat ferme de entre l’été 1995 et février 1996, b La Chine, qui a signé le traité M. Shen, cité par l’agence Chine cain George W. Bush, dont le père seconde qui, selon son porte-pa- négocier un traité d’interdiction conformément à la décision du CTBT en septembre 1996, mais ne nouvelle. avait pourtant décrété en 1992 le role, aurait abouti à montrer à la totale des essais nucléaires (CTBT, président Chirac du 13 juin 1995. l’a pas encore ratifié, observe La Chine n’a cessé, ces der- moratoire des essais américains, face du monde la paralysie de Comprehensive Test Ban Treaty) b A ce jour, 154 pays ont signé le depuis 1996 un moratoire sur les niers mois, de s’opposer à la caracole dans les sondages. l’unique superpuissance en année qui prohibe toute explosion traité. Mais il ne peut pas entrer essais nucléaires. mise en place d’un système L’administration Clinton n’a en électorale. nucléaire, militaire ou civile, dans en vigueur avant que l’ensemble b L’Inde, le Pakistan et la Corée américain de défense antimis- tout cas pas l’intention de re- Le processus de ratification avait l’atmosphère ou souterraine. des 44 Etats qui disposent du Nord, qui appartiennent au siles couvrant le Japon et la Co- prendre ses essais, a tenu à rappe- été lancé il y a deux semaines par b Le 24 septembre 1996, le CTBT d’installations nucléaires ne l’aient groupe des 44 pays dont la rée du Sud, qui a conduit Was- ler mercredi le secrétaire d’Etat, les républicains, et les débats en est ouvert à la signature, à New ratifié. signature et la ratification sont hington à demander la révision Madeleine Albright. commission furent expédiés en York, et signé le même jour par b A l’heure actuelle, seuls nécessaires, n’ont pas encore du traité ABM sur les missiles quelques heures. S’appuyant sur les cinq puissances nucléaires 26 pays ont ratifié le CTBT. Outre signé le traité. antibalistiques signé en 1972. Patrice de Beer six anciens secrétaires à la défense (Chine, Etats-Unis, France, et sur Henry Kissinger, le Grand Grande-Bretagne et Russie). Old Party s’est efforcé d’expliquer b Le 6 avril 1998, la France est, que, selon les mots de Trent Lott, avec la Grande-Bretagne, le La voie ouverte à une prolifération accrue le traité était « inefficace, dange- premier Etat doté de l’arme C’EST UN AFFRONT pour Bill qu’il adopte la deuxième étape du par la rapidité avec laquelle ils laboratoire, étaient favorables au Clinton. Mais c’est bien davantage traité américano-russe de limitation étaient passés à l’acte et par la fiabi- traité. Il permet à quelque vingt ou et bien plus grave pour le reste de la des armements stratégiques, dit lité des expériences pratiquées. trente pays, appartenant à cette planète. Start-2. Après l’Irak, qui a administré la « zone grise » des Etats susceptibles En refusant de ratifier le traité Ces deux échecs débouchent sur preuve qu’un pays peut approcher de déployer des armes de destruc- le même danger : ils contribuent à du savoir-faire nucléaire sans trop tion massive à bord de missiles ba- ANALYSE accroître, selon des proportions que éveiller l’attention de la planète, ces listiques de leur cru, de se sentir La décision du Sénat nul ne contrôlera plus, les risques événements apportaient la démons- libres désormais d’agir à leur guise d’une prolifération nucléaire dans le tration que des Etats, pour peu pour leur propre compte ou pour américain risque monde venant, en outre, de pays qu’ils se donnent les moyens finan- celui d’affidés ambitieux, moins ca- de contribuer qui ne respectent pas les règles du ciers, humains, scientifiques et pables qu’eux. à déstabiliser la planète jeu de la dissuasion – on les appelle technologiques de la dissuasion, les Etats-parias ou les Etats- peuvent accéder incognito au rang LES ÉTATS DU « SEUIL » voyous – que les grandes puis- de grande puissance. Or, cette liste des pays en voie de d’interdiction totale des essais nu- sances étaient, avec plus ou moins D’où l’insistance mise par les ad- « militariser » leur nucléaire, grâce cléaires (Comprehensive test ban de réussite, parvenues à instaurer versaires du CTBT sur la nécessité à la maîtrise du balistique, a une treaty, ou CTBT), les républicains du entre elles au début des années 60. de concevoir des contrôles, des véri- tendance, aujourd’hui de plus en Sénat américain infligent un ca- Si l’on oublie le différend interne fications et des inspections sur plus évidente, à s’allonger. En effet, mouflet à un président démocrate. aux Etats-Unis entre un président et place, qui offrent la garantie qu’un le Régime de contrôle de la techno- M. Clinton s’en relèvera, puisque, une majorité sénatoriale qui ne Etat n’est pas en train, subreptice- logie des missiles (MTCR, en an- de toute façon, il continue de prati- coïncident pas, une réalité s’est peu ment, de contourner les règles. Le glais), par lequel vingt-cinq Etats se quer un moratoire sur les expé- à peu imposée, outre-Atlantique, CTBT apporte des garanties sé- sont engagés en 1994 à ne pas ex- riences nucléaires américaines insti- dans les esprits hostiles au CTBT. rieuses. Sans doute faut-il admettre porter le fin du fin des « vecteurs » tué, en 1992, par George Bush, son Cette réalité est fondée sur deux qu’il ne donne pas, sur ce point pré- qu’ils produisent, présente de sé- prédécesseur à la Maison Blanche. événements avérés qui donnent à cis, toutes les assurances requises rieuses déficiences. Ou les clients vi- En revanche, le Sénat a donné un réfléchir. par les plus exigeants aux Etats- sés disposent déjà de leur propre très mauvais exemple dont ne man- Unis. production, ou bien ils s’adressent à queront pas de s’inspirer les Etats CONTRÔLES ET VÉRIFICATIONS La Central Intelligence Agency, des Etats fournisseurs – ils sont lé- dits du « seuil », ceux qui sont Il y eut, d’abord, la déclaration elle-même, en a rajouté dans le dé- gion – qui n’ont pas signé le MTCR. soupçonnés de détenir l’arme nu- inopinée, en 1993, de la République bat, en se prétendant incapable de Et le tour est joué. Ni soumis à un cléaire, ou d’être proches de l’avoir, sud-africaine, selon laquelle elle re- détecter les explosions de faible CTBT qui, de leur point de vue, sera et qui seraient tentés de l’expéri- connaissait officiellement disposer énergie, précisément celles qui per- lettre morte après la défection de menter sans crier gare – histoire de de six bombes nucléaires, qu’elle mettent à un pays, déjà détenteur Washington, ni contraints par un démontrer leur puissance – à avait décidé de détruire, en 1990, en d’un arsenal nucléaire rudimentaire, MTCR dont les verrous fonc- l’image de ce qu’ont déjà fait, en signe de bonne volonté. On suspec- de passer à une panoplie perfec- tionnent mal, ni incités à désarmer mai 1998, l’Inde et le Pakistan avec tait déjà Pretoria d’avoir conçu des tionnée. Mais les sénateurs améri- du fait d’un Start-2 inopérant entre leur douzaine d’essais au total. Et, armes nucléaires, avec l’assistance cains placent le monde entier dans les deux grandes puissances nu- là, c’est la communauté internatio- d’Israël. Mais nul n’en avait eu la une impasse. Ils l’enferment dans cléaires, ces Etats du « seuil » se nale qui risque de ne pas s’en rele- preuve formelle, avant l’aveu des une contradiction dont il aura du croiront encouragés à édifier leur ver, à cause de la multiplication des Sud-Africains. mal à sortir. Sans surveillance inter- défense selon des modalités qui Etats nucléaires clandestins. Il y eut, ensuite, la série d’explo- nationale, tout est permis. échapperont de plus en plus à des De fait, l’administration améri- sions nucléaires, l’an dernier, en En renvoyant aux calendes règles concertées d’interdiction. A caine enregistre un double échec si, Asie : sept au Pakistan et cinq en grecques la ratification du CTBT, au sa manière, le Sénat américain vient au refus du Sénat de ratifier le Inde. Là encore, même les spécia- motif qu’il le juge insuffisamment de prendre une lourde responsabili- CTBT, on ajoute l’incapacité de listes, qui suspectaient ces deux crédible, le Sénat joue d’autant plus té sur la voie d’une déstabilisation Washington à obtenir, en dépit de pays de posséder des armes nu- contre son camp que le Pentagone de la planète. pressions de toutes sortes exercées cléaires, furent pris au dépourvu par et les scientifiques américains, parti- sur Moscou, du Parlement russe le secret dont ils s’étaient entourés, sans de recourir à la simulation en Jacques Isnard LeMonde Job: WMQ1510--0003-0 WAS LMQ1510-3 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:07 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0414 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 3

La famille de Mehdi Ben Barka Washington demande décide de rentrer au Maroc l’extradition des trafiquants Il n’y a pas eu de négociations avec le pouvoir, déclare au « Monde » son fils Bachir colombiens arrêtés Le fils de l’opposant marocain Mehdi Ben Barka, au Maroc. Il estime qu’une page est tournée soit enfin faite sur l’affaire Ben Barka. En France, enlevé en plein cœur de Paris en octobre 1965, a avec l’arrivée sur le trône de Mohammed VI, et il une procédure est en cours pour la levée du se- annoncé sa décision de retourner avec sa famille compte tout mettre en œuvre pour que la vérité cret-défense. Le plus gros coup de filet depuis 1995 LA VEUVE de Mehdi Ben Barka et avoir été l’un des précepteurs du BOGOTA sable de la lutte contre les narcotra- sa famille ont obtenu des passeports jeune roi Hassan II et l’un des pères de notre correspondante fiquants et par les autres comme et ils vont prochainement retourner de l’indépendance du Maroc, Ben Mercredi 13 octobre à l’aube, une atteinte inadmissible à la souve- au Maroc. « Nous allons tous y aller : Barka, à quarante-cinq ans, dirigeait trente personnes accusées de trafic raineté du pays, l’extradition des na- ma mère, mes trois frères et sœurs, ma depuis l’étranger l’opposition maro- de drogue et de blanchiment tionaux colombiens a largement di- compagne et mes enfants », a confir- caine. A ce titre, il était sous le coup d’argent ont été arrêtées par la po- visé le pays. mé jeudi 14 octobre au Monde Ba- d’une double condamnation à mort lice à Bogota, Medellin et Cali. De chir Ben Barka, âgé de quarante- par une monarchie chérifienne da- source policière, l’« Opération millé- neuf ans, le fils du principal oppo- vantage portée sur la répression que naire », qui aurait permis de déman- « Plutôt une tombe sant marocain, enlevé en octobre sur le dialogue dans les années teler « le plus vaste réseau internatio- 1965 en plein cœur de Paris. «Nous soixante. nal de narcotrafiquants », est le en Colombie avons séjourné trente-cinq ans à résultat de l’étroite collaboration des l’étranger. Ce retour, cette reprise de AMÉRICAINS ET ISRAÉLIENS services colombien et américain. qu’une cellule contact, c’est le fruit d’une décision Mais Ben Barka est également le Les détenus sont tous susceptibles personnelle de notre part. Il y a un dirigeant de la Tricontinentale qui d’être extradés vers les Etats-Unis. aux Etats-Unis » mois j’ai effectué les démarches néces- doit se réunir au tout début de « Des procédures d’extradition sont en saires auprès de l’ambassade pour 1966 à La Havane. A ce titre, il est cours », a déclaré mercredi 12 octo- avoir des papiers dont nous étions pri- pour les services américains une bre lors d’une conférence de presse Dans les années 80, le cartel de vés depuis 1966. Il n’y a pas eu de né- cible plus importante qu’un Che à Washington, l’Attorney General Medellin en fit son cheval de ba- gociations. Les choses se sont faites de Guevara qui limite son champ d’ac- (ministre de la justice américain), Ja- taille : « Plutôt une tombe en Colom- manière cordiale, digne et rapide », tion à la seule Amérique latine. net Reno. bie qu’une cellule aux Etats-Unis », explique Bachir Ben Barka, profes- D’autant que Ben Barka s’apprêtait, Les détails « d’un des plus gros déclarait l’organisation de Pablo Es- seur de mathématiques à Belfort. avant son enlèvement, à introduire coups de filet jamais réalisés contre les cobar qui multiplia les attentats ter- Avant de se rendre au Maroc, la en Afrique une armée, composée de narcotrafiquants » ont été révélés au roristes pour obtenir gain de cause. famille Ben Barka va participer, ven- Soviétiques, de Cubains et de cours de conférences de presse or- Sous la pression des attentats, qui dredi 29 octobre, comme chaque an- Chinois, pour propager la révolu- ganisées simultanément à Washing- firent 5 000 morts, dont trois candi- née à pareille date, à un rassemble- nom des assassins ni son lieu de sépul- 1999), Ils ont tué Ben Barka, deux tion. Quant aux services secrets is- ton et à Bogota. Le réseau démante- dats à l’élection présidentielle, la ment anniversaire, boulevard ture. Beaucoup de familles de dispa- journalistes, Jacques Derogy et Fré- raéliens, il n’est pas exclu qu’ils ont lé introduisait quelque 30 tonnes de Constitution de 1991 a interdit l’ex- Saint-Germain à Paris, sur les lieux rus sont dans la même situation que la déric Plocquin ont fait le point sur fourni une aide logistique à leurs ho- cocaïne par mois aux Etats-Unis. tradition de tout citoyen colombien. de l’enlèvement de son père par des nôtre ». une affaire qui est une sorte de pro- mologues marocains avec qui ils ont L’existence de cette organisation Mais Washington n’a jamais cessé policiers français agissant pour le Bachir Ben Barka se fixe aussi totype : « Elle est la première dans la toujours entretenu des rapports pri- et le nom de ses membres étaient de présenter cette exigence aux au- compte des services secrets maro- comme tâche de mieux faire longue litanie des affaires de la Ve Ré- vilégiés. complètement inconnus de l’opinion torités de Bogota. En novembre cains. On ne devait jamais retrouver connaître la pensée de son père. «Il publique. Barbouzes aux lisières de la La vérité sur l’enlèvement et la publique colombienne. Bien peu 1997, les députés colombiens accep- le corps de Mehdi Ben Barka ni d’ail- a écrit sur les problèmes de dévelope- vie politique, policiers mêlés aux mort de M. Ben Barka se trouve au connaissaient Alejandro Bernal Ma- tèrent, après quinze mois de débats leurs avoir une confirmation offi- ment, les questions d’éducation, sur le basses œuvres, séquelles de la France Maroc. Depuis bientôt deux ans, un drigal, aujourd’hui présenté comme et à la demande pressante du gou- cielle de son décès. La justice fran- rôle du citoyen dans la construction coloniale, tous les ingrédients sont réu- gouvernement d’alternance, dirigé le grand cerveau du réseau, le nou- vernement de M. Samper, de rétablir çaise avait reconnu coupable de d’une société nouvelle au Maroc », nis. On a là une sorte de cas d’école, par Abderrahmane Youssoufi, l’un veau Pablo Escobar. Fabio Ochoa l’extradition de ses nationaux. Les l’enlèvement le général Mohamed rappelle-t-il, avant de conclure : de caricature de ce que la France a des proches du dirigeant tiers-mon- Vasquez est la seule « personnalité » effets de cette décision historique Oufkir, l’homme de confiance de « L’héritage de Mehdi Ben Barka ap- produit en ce domaine », écrivent-ils. diste, est aux commandes. Pour au- parmi les interpellés : c’est le benja- furent néanmoins réduits par le ca- Hassan II, et son adjoint Ahmed Dli- partient à son pays. Il faudra seule- Quant au cadavre de Ben Barka, tant, la vérité n’est pas une priorité min du « clan Ochoa », lié au cartel ractère non rétroactif de la loi. mi. ment en faire un bon usage. » soit il a été chargé à bord d’un cargo de la nouvelle équipe. Le Maroc de Medellin jusqu’à son démantèle- Les trente Colombiens arrêtés, Pour expliquer sa décision de re- dans le port de Rouen et jeté à la « n’a pas d’archives », a-t-on répon- ment en 1989. Fabio Ochoa s’était li- mercredi, sont donc susceptibles de tourner au Maroc, le fils de l’oppo- SECRET-DÉFENSE mer ; soit il a été rapatrié par avion du au journaliste Frédéric Ploquin. vré à la justice colombienne en 1990 finir leurs jours dans une prison sant met en avant le « le change- « Crime sans cadavre », l’affaire au Maroc et enterré au cimetière des Le roi Hassan II en savait à coup sûr pour bénéficier de la loi du pays sur américaine. Leur arrestation specta- ment » qu’il perçoit dans le royaume Ben Barka n’est effectivement pas martyrs de Fès, soit, dernière hypo- davantage. Mais lui non plus n’avait la réduction des peines. Après cent culaire et leur extradition pourraient depuis l’arrivée sur le trône de Mo- close. En France, trente-quatre ans thèse, il a été escamoté et sa tête pas jugé utile de répondre à la re- deux mois de prison, il avait recou- peser de manière définitive sur le hammed VI, le fils de Hassan II, après les faits, un juge d’instruction présentée au roi par le général Ouf- quête d’un des auteurs de l’ouvrage. vré la liberté en 1996. Congrès américain, qui doit décider fin juillet : « Le Maroc bouge. Il y a du tribunal de grande instance de kir, « ultime acte d’allégeance du vas- Son fils sera-t-il plus coopératif et Les demandes d’extradition visant d’accorder une aide importante des signes symboliques mais forts Paris est toujours saisi de l’affaire. sal à son maître », estiment les deux autorisera-t-il l’ouverture des archi- les personnes arrêtées ne vont pas pour aider la Colombie à lutter comme le retour d’Abraham Serfaty, Une demande de la levée du secret- journalistes au terme de leur en- ves ? manquer de faire revivre un épineux contre le trafic de drogue. le moindre poids sécuritaire. » défense est cours. Mais elle ne peut quête. débat en Colombie. Considérée par « Mais, ajoute le fils du révolu- être présentée qu’une fois recueilli La responsablité des services se- Jean-Pierre Tuquoi les uns comme un outil indispen- Marie Delcas tionnaire, la page ne sera définitive- l’avis de la Commission consultative crets français, marocains, américains ment tournée que le jour où le sort de instituée par la loi du 8 juillet 1998. et israéliens n’est pas davantage clai- mon père sera connu. Nous allons La procédure est en cours. rement établie. Car Medhi Ben Bar- prolonger là-bas notre quête de la vé- Dans un ouvrage publié au prin- ka ne manquait pas d’adversaires. rité. Car on ne connaît toujours pas le temps 1999 (Le Monde du 16 juillet Professeur de mathématiques après Le projet de mosquée de Nazareth risque de provoquer une crise entre Israël et le Vatican

JÉRUSALEM Les responsables de toutes les té « spectateur », dit-il au Monde, de notre envoyé spécial Eglises devaient tenir, jeudi à Jéru- alors qu’il s’agissait de provoca- Ministre de la sécurité intérieure, salem, une réunion d’urgence, tions. Shlomo Ben Ami a rendu publique, avant de rencontrer Uri Mor, res- L’accord donné à la construction mercredi 13 octobre à Jérusalem, ponsable des relations avec les d’une mosquée, même exiguë, ag- une proposition de compromis des- chrétiens au ministère des cultes. grave l’inquiétude des responsables tinée à mettre un terme à la polé- Mais, d’avance, ils ont rejeté tout d’Eglises, intrigués par cette «al- mique qui dure depuis deux ans à compromis. Cette affaire tourne liance » contre nature entre le gou- Nazareth – la ville arabe de Galilée même à la crise ouverte entre le vernement israélien et les militants où Jésus aurait passé toute son en- gouvernement israélien et les islamistes. La crédibilité d’Israël est fance – sur le projet de mosquée si- Eglises, pour une fois solidaires, en jeu, affirment Mgr Sabbah et tuée à proximité de la basilique de soutenues par le Vatican et par la Mgr Pietro Sambi, nonce aposto- l’Annonciation, l’un des principaux custodie franciscaine de Terre lique. « Si les Lieux saints deviennent lieux saints chrétiens (Le Monde du sainte, gardienne des Lieux saints des enjeux électoraux, expliquent-ils, 13 octobre). La superficie de cette depuis cinq siècles. Leurs pa- nous ne pourrons plus avoir mosquée ne devra pas excéder triarches et responsables mettent confiance dans le gouvernement d’Is- 700 mètres carrés. Sa construction en cause le « double jeu » israélien. raël, qui se prétend leur gardien. » ne pourra commencer qu’après le Le précédent gouvernement de Fait-on remarquer qu’il ne manque Jubilé de l’an 2000, qui doit attirer Benyamin Nétanyahou est accusé pas de mosquées près du Saint-Sé- en Israël, outre le pape le 25 mars, d’avoir mis le feu aux poudres. pulcre à Jérusalem ou en face de la deux millions de pèlerins chrétiens. Dans l’espoir de diviser l’électorat basilique de la Nativité à Bethléem, Avant le 8 novembre, l’occupation musulman et de l’attirer vers le Li- le nonce répond au Monde : par les musulmans du terrain koud, c’est un proche de l’ancien « Qu’on ait laissé construire des mos- contesté devra cesser et la tente qui premier ministre, Danny Green- quées près des basiliques, c’est vrai. sert de mosquée provisoire devra berg, qui avait lancé l’idée d’une Mais demandez-vous pourquoi il n’y être démontée. nouvelle mosquée à Nazareth, a jamais de basilique près des mos- Au lieu de l’apaisement recher- proche de la discrète tombe de quées. » ché, ce compromis risque d’aboutir Chéhabeldine, neveu de Saladin, Cette vigueur du discours chré- à un surcroît de tension à Nazareth, qui jouxte la basilique de l’Annon- tien tient à l’enjeu que représente traditionnel exemple de convivialité ciation. Le Mouvement islamique pour le gouvernement israélien la entre chrétiens et musulmans. In- avait saisi la balle au bond, fait visite du pape à Nazareth, première formée de l’arbitrage gouverne- campagne sur ce thème et gagné étape de son pèlerinage en Terre mental au cours d’une rencontre les élections municipales d’octobre sainte. La menace, loin d’être fic- avec M. Ben Ami, mercredi à la 1998. tive, d’une annulation ajoute à Knesset, une délégation du Parti l’embarras des autorités. La prépa- unifié de Nazareth – la branche lo- VINGT BLESSÉS À PÂQUES ration de cette visite – la première cale du Mouvement islamique, ma- Depuis, les Eglises accusent les d’un pape en Terre sainte depuis joritaire au conseil municipal – a autorités israéliennes d’avoir laissé trente-cinq ans –, qui devrait sceller exigé que la construction de la pourrir l’affaire. Des slogans anti- la réconciliation entre Israël et le mosquée commence « dès mainte- chrétiens ont été proférés par des Vatican, est suspendue à cette crise nant ». Devant l’impatience des fi- haut-parleurs qui ont envahi la de Nazareth. A cinq mois de l’évé- dèles, son porte-parole évoque un place près de la basilique. Une ban- nement, rien n’est encore fixé du risque de « bain de sang ». Quant derole « Nazareth, ville musul- parcours ni de l’emploi du temps de au maire chrétien, Ramez Jaraisy, mane » a fait son apparition. La po- Jean Paul II. Mgr Sambi refuse de élu sur une autre liste (Front popu- lice est restée passive le 4 avril, jour parler d’annulation, mais affirme laire), il a rappelé à M. Ben Ami son de Pâques, quand des incidents vio- que « le pape ne peut pas ne pas être hostilité à la construction d’une lents ont fait une vingtaine de bles- fortement solidaire des chrétiens de mosquée à cet endroit sensible. Il sés, dont deux membres de la fa- Nazareth, qui ont été humiliés et ou- propose depuis longtemps d’y amé- mille du patriarche latin de terre tragés ». nager plutôt une aire d’accueil des sainte, Mgr Michel Sabbah, natif de pèlerins chrétiens. Nazareth. Le gouvernement est res- Henri Tincq LeMonde Job: WMQ1510--0004-0 WAS LMQ1510-4 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0415 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 INTERNATIONAL Au Pakistan, les militaires tentent de trouver un cadre légal à leur putsch L’armée voudrait obtenir une « démission » du premier ministre renversé avant la nomination d’un gouvernement civil intérimaire. Le coup de force est plutôt bien accueilli par la population Après le putsch qui a renversé le premier cuter de l’avenir du pays, mais ils n’ont pas Moucharraf, avait rencontré le président l’époque des coups d’Etat militaires est ré- Espérant une amélioration de son niveau ministre, Nawaz Sharif, l’armée pakista- officiellement annoncé leur programme, Rafic Tarar, peut-être pour tenter d’obtenir volue, l’armée tente de donner un cadre lé- de vie, la population semble avoir accueilli naise recherche toujours une issue à son ac- notamment la nature du prochain gouver- une « démission » du premier ministre ren- gal à son action. Elle n’a pas imposé la loi le renversement du premier ministre discré- tion. Les hauts responsables de l’armée se nement. Plus tôt dans la journée, le chef de versé avant la mise en place d’un gouver- martiale, même si elle entend dorénavant dité, Nawaz Sharif, sans émotion, voire sont réunis, mercredi 13 octobre, pour dis- l’armée pakistanaise, le général Pervez nement civil intérimaire. Conscients que avoir un regard sur la conduite des affaires. avec un certain soulagement.

ISLAMABAD Parlement fédéral est, dit-on, à la principale mission serait de faire ments importants de responsables mées une journée. La Bourse de Nawaz Sharif, en février 1997. Le de notre envoyée spéciale l’étude. le ménage dans la « maison Pakis- ont été opérés, notamment à la tête Karachi, qui a été rouverte ce jeudi, monde politique attend bien sûr Trente-six heures après avoir Pour souligner cette volonté de tan ». de la province troublée du Sind. a chuté de 100 points à l’ouverture avec impatience la solution que évincé, sans incidents ni troubles, le respecter les institutions existantes, Un tel gouvernement pourrait Nawaz Sharif avait imposé en juin mais les transactions se poursui- pourrait annoncer très prochaine- premier ministre Nawaz Sharif, en le général Moucharraf s’est entrete- durer de trois mois à deux ans, le la loi fédérale dans cette province vaient. La Banque centrale a an- ment le général Moucharraf, mais état d’arrestation, le général Pervez nu mercredi en fin d’après-midi temps de remettre les choses en dont Karachi, poumon économique noncé pour sa part l’interruption d’ores et déjà il semble bien qu’une Moucharraf, chef de l’armée pakis- avec le président Rafic Tarar, qui place et d’entreprendre une véri- du Pakistan, est la capitale. Des ar- pour une semaine des changes. page sombre de l’histoire du Pakis- tanaise, a entrepris de larges reste à son poste. Le président, qui table lutte contre la corruption qui restations ont aussi eu lieu dans la En fait, les Pakistanais semblent tan démocratique ait été tournée. consultations pour trouver une so- n’a que des fonctions honorifiques mine le pays. Les premières déci- province du Balouchistan. soulagés de l’interruption de la spi- Les militaires qui, depuis plus de lution respectable à la crise. mais signe les ordonnances, avait sions des militaires ont d’ailleurs rale descendante dans laquelle ils deux ans, exprimaient de plus en Conscients du fait que le temps des été nommé par Nawaz Sharif, et il été des mesures conservatoires ÉCOLES ET MAGASINS OUVERTS vivaient depuis plusieurs mois. plus ouvertement leurs doutes sur coups d’Etat militaires est passé, les est un proche du père de l’ancien pour obtenir les dossiers financiers Ce climat d’incertitude ne semble « Moucharraf n’est pas Zia Ul Haq, la conduite des affaires, réussiront- officiers pakistanais cherchent à premier ministre. Selon de bonnes d’un certain nombre de hauts res- toutefois pas inquiéter les Pakista- dit une femme, et de toute façon la ils mieux que les politiques ? Cela donner un cadre le plus légal pos- sources, les militaires chercheraient ponsables. Près de 400 personnes nais, qui assistent pour l’instant situation ne pouvait pas être pire. » reste à savoir. Mais il est clair que sible à la solution qu’ils re- aussi par son intermédiaire à obte- seraient aujourd’hui empêchées de plutôt satisfaits à ce changement, « Bien sûr que je suis content, af- toute solution les impliquera et cherchent. Pour l’instant, la loi mar- nir la démission de M. Nawaz quitter le pays dans l’attente de dans l’espoir d’une amélioration de firme pour sa part un employé, et qu’ils entendent bien désormais tiale n’a pas été déclarée, la Sharif. Ce cas de figure permettrait l’étude de leur dossier. leurs conditions de vie. Dans les j’espère bien qu’ils vont punir tous les avoir un droit de regard inquisiteur Constitution reste en place, le chef la constitution d’un gouvernement Les gouvernements provinciaux rues aucun signe d’une présence dirigeants qui se sont enrichis à nos sur la conduite des affaires. de l’Etat et l’institution judiciaire intérimaire, que l’armée verrait ont toutefois été suspendus mais militaire ne subsiste et les écoles dépens. » On est aujourd’hui bien n’ont pas été affectés. Le sort du bien composé de technocrates dont pas les assemblées, et des change- comme les magasins n’ont pas fer- loin de l’élection triomphale de Françoise Chipaux Un pays très dépendant de l’aide financière internationale L’Inde cherche à moderniser ses armements LE PAKISTAN court le risque d’être à nou- samment importante pour qu’un défaut de paie- tic de la Banque asiatique de développement veau l’objet de sanctions financières. Le direc- ment de sa part provoque une flambée des mar- (BAD), publié au printemps. Très peu diversifiée teur du Fonds monétaire international, Michel chés. Par ailleurs, il s’agit d’une dette de long car trop dépendante vis-à-vis du coton, l’écono- et à développer ses exportations Camdessus, a déclaré, mercredi 13 octobre à Pa- terme, surtout détenue par des organisations in- mie pakistanaise souffre de plusieurs déficits L’INDE réclame des partenariats, permet de trouver des associés de ris, qu’il « n’était pas certain » que le Fonds pour- ternationales aux reins solides (FMI, Banque chroniques, à commencer par le poids des dé- des transferts de technologie et des stature suffisante pour des projets suivrait son programme d’aide à Islamabad dans mondiale). Les prêteurs privés à court terme, penses militaires. Le budget du Pakistan est coproductions (joint-ventures) en conjoints. » les circonstances actuelles. En octobre 1997, le dont le retrait de Thaïlande, en juillet 1997, avait « quasi structurellement ponctionné de 70 %, entre matière d’armement, selon George Selon le ministre indien de la FMI avait accordé au Pakistan un crédit de provoqué un séisme régional, sont peu présents les dépenses militaires (30 %) et le service de la Fernandes, le ministre indien de la défense, l’atout majeur de son pays 1,5 milliard de dollars (environ autant d’euros) dans le paysage économique pakistanais. dette (40 %) », comme le relève le dernier numé- défense, qui a inauguré l’exposition est le haut niveau de qualification pour l’aider à résoudre une crise chronique de ro de la lettre Nord-Sud Export. « Defexpo India 99 » réunissant à et le coût moindre de sa main- change provoquée par un lourd endettement. GROSSES DÉPENSES, FAIBLES RECETTES Du côté des recettes fiscales, le bilan est catas- New Delhi, du 12 au 17 octobre, d’œuvre. Déjà les essais nucléaires de mai 1998 avaient Le pays, lui, devrait beaucoup souffrir en cas trophique : on estime que l’« économie cachée » quelque 290 industriels venus de Les opérations militaires au Ca- provoqué une suspension de l’aide internatio- de suspension de l’aide internationale. Si la dette représente les deux tiers du PIB officiel. Pour dix-sept pays différents. A cette oc- chemire, face aux troupes pakis- nale, reprise dès janvier 1999. Le Club de Paris publique du Pakistan, qui atteint 35 milliards de améliorer ses revenus, Islamabad est fermement casion, l’Inde a présenté une liste tanaises, ont néanmoins montré accordait au Pakistan un rééchelonnement de sa dollars, n’est pas considérable à l’échelle des invité par le FMI à se doter d’un système fiscal d’achats à ses fournisseurs éven- certaines des faiblesses de l’armée dette, tandis que le FMI acceptait de reprendre marchés, elle équivaut à la moitié de son PIB, et digne de ce nom, mais toutes les réformes envi- tuels, de façon à acquérir des maté- indienne. Ce qui explique pourquoi les discussions avec Islamabad, mais refusait de le service de la dette représente plus de 33 % des sagées ont un coût politique élevé. Le projet riels modernes dont certains – New Delhi, outre la nécessité de débloquer une nouvelle tranche de son pro- recettes d’exportation du pays – deux ratios très d’introduction de la TVA a provoqué une levée notamment des avions de combat, renforcer son secteur industriel de gramme tant que le Pakistan n’accepterait pas élevés par rapport aux autres pays émergents. de boucliers contre le gouvernement Sharif. des hélicoptères et des blindés – ont la défense, souhaite moderniser et d’appliquer certaines réformes, en particulier Sans aide extérieure, le pays serait au bord de la Avec le putsch, les perspectives économiques pu lui manquer lors de ses affron- compléter l’équipement de ses l’instauration d’une TVA. Le coup d’Etat devrait banqueroute. ne risquent pas de s’améliorer. Assan Saed, un tements avec le Pakistan au forces armées à partir de matériels retarder un peu plus l’attribution de cette L’économie du Pakistan est en panne : le PNB économiste pakistanais cité par l’AFP, souligne Cachemire. acquis auprès de fournisseurs tranche, d’un montant de 280 millions de par habitant (495 dollars en valeur nominale) que les réserves en devises sont très faibles Parmi les exposants, on note la étrangers. dollars. est inférieur à la Chine et légèrement supérieur à (1,4 milliard de dollars, soit trois semaines d’im- présence de Britanniques, de Fran- A la différence de la Thaïlande ou de l’Indoné- l’Inde, tandis que 28 % de la population vit en portations) : « Avec d’aussi faibles réserves, aucun çais (soit huit groupes emmenés HYPOTHÈSES POUR UN PORTE-AVIONS sie, le Pakistan « n’a pas la capacité de déclencher dessous du seuil de pauvreté. « Manque de dyna- gouvernement militaire sans soutien intérieur ou par Jean-Bernard Ouvrieu, un re- C’est notamment le cas, dans le une crise économique régionale », comme l’ex- misme du secteur privé, faible efficacité politique, extérieur ne peut durer longtemps. » présentant du ministre de la dé- domaine aéronautique, avec des plique Fadhel Lakhoua, économiste à la Caisse violences persistantes entre factions, productivité fense), de Sud-Africains et d’Israé- discussions en cours avec la des dépôts. La dette du Pakistan n’est pas suffi- du travail faible » : tel est le plus récent diagnos- Lucas Delattre liens. En revanche, les Etats-Unis Grande-Bretagne, la France, Israël sont absents, mais aussi le Pakistan et la Russie pour des avions et des et la Chine. hélicoptères ; ou, dans le secteur Cette exposition internationale terrestre, avec des pourparlers por- est consacrée aux productions na- tant sur de l’artillerie suédoise (des Washington avait mis en garde les généraux contre toute tentative de coup d’Etat vales et terrestres, et elle avait été canons Bofors de 155 millimètres) WASHINGTON ministre s’était vu prier de cesser ont ravalé le « Pays des purs » au gime civil et à la restauration de la convoquée il y a plusieurs mois, et sur des blindés russes (des chars de notre correspondant de « saper la démocratie ». rang de partenaire insignifiant. démocratie », qui vient de subir, se- bien avant le putsch militaire qui T-90). Les Etats-Unis ont sans doute été Le fait que l’armée pakistanaise Washington avait mal apprécié l’of- lon lui, « un nouveau revers ». La vient de se produire à Islamabad. Le Mais la grande innovation, à New surpris par la rapidité des événe- n’ait pas jugé nécessaire d’obtem- fensive lancée par l’armée pakista- secrétaire d’Etat, Madeleine Al- but de New Delhi, en la cir- Delhi, se rapporte à la possibilité de ments qui ont conduit à la prise du pérer en dit long sur la perte d’in- naise – sous la direction du général bright, a estimé que le putsch créait constance, est d’obtenir des parte- bâtir une marine océanique. L’Inde pouvoir par les militaires pakista- fluence des Etats-Unis dans un Moucharraf – de l’autre côté de la « un nouveau niveau d’incertitude » nariats en matière industrielle, à envisage, en effet, de se doter d’un nais, mardi 12 octobre. Mais ils pays qui fut, pendant des décen- ligne de cessez-le-feu, au Cache- dans la région. « Je veux dire de la l’étranger, qui lui permettront de porte-aéronefs (avions et hélicop- étaient parfaitement au courant de nies, son allié privilégié dans la ré- mire, au printemps. manière la plus claire qu’une prise concevoir une gamme – complète – tères) de 45 000 tonnes – qui serait la crise politique qui opposait l’ex- gion. Leur coopération avait été de pouvoir de ce type par les mili- de matériels militaires susceptibles, l’Admiral Gorshkov, entré en service premier ministre, Nawaz Sharif, et très étroite lors de la guerre en Afg- MILITAIRES HUMILIÉS taires rend difficile de poursuivre des à l’exportation, d’intéresser plus en 1987 et acheté d’occasion à la son chef d’état-major, le général hanistan contre l’Union soviétique. Recevant Nawaz Sharif, le 4 juil- relations comme si de rien n’était. » spécialement les marchés est-asia- Russie. Le contrat serait de 700 mil- Moucharraf. Il y a quelques se- Même si l’on s’est rendu compte let, le président Clinton avait exigé Pour sa part, le porte-parole du tiques et africains. lions de dollars (l’équivalent de maines à peine, le propre frère de depuis lors qu’Islamabad – et en qu’il retire ses troupes des zones Pentagone a lié la nouvelle crise A l’heure actuelle, l’industrie na- 655 millions d’euros), y compris la M. Sharif, Shabaz Sharif, avait in- particulier ses services spéciaux, contestées. M. Sharif avait cédé et dans le sous-continent indien au tionale indienne de la défense at- livraison d’avions Mig-29K adaptés formé l’administration américaine l’ISI – avait joué un jeu dangereux invité ses généraux à se replier. Se débat sur le traité d’interdiction teint un chiffre d’affaires annuel de à l’embarquement et d’hélicoptères de la tension qui couvait. Conscient en soutenant les talibans islamistes sentant désavoués et humiliés, complète des essais nucléaires 1,85 milliard de dollars (l’équivalent KA-2 de lutte anti-sous-marine ou de la situation, Washington avait aujourd’hui au pouvoir à Kaboul et ceux-ci n’avaient pas caché leur (CTBT). « Elle confirme la nécessité de 1,9 milliard d’euros), dont 97,5 % KA-31 de guet aérien. A défaut, jugé nécessaire, le 21 septembre, de de plus en plus actifs au Pakistan, rancœur. Dans ce sens, le coup de traités comme le CTBT, qui ren- au bénéfice de commandes natio- l’Inde s’est déclarée intéressée par mettre en garde les généraux d’Is- où ils menacent désormais la sta- d’Etat de mardi est une consé- draient plus difficile le développe- nales. Pour ses équipements ma- la mise en chantier, dans ses arse- lamabad, dans un communiqué af- bilité politique. quence directe des pressions de la ment d’armes nucléaires. » Mais cet jeurs, l’Inde passe des contrats à naux, d’un porte-avions de firmant sa « ferme opposition à Les choses ont changé. La « tali- Maison Blanche. argument n’a pas convaincu les sé- l’étranger. 25 000 tonnes à partir de plans de la toute tentative pour changer de gou- banisation » du Pakistan et le Les réactions ont été immédiates. nateurs républicains, qui ont rejeté « Nous estimons, a expliqué direction des constructions navales vernement par des moyens extra- risque qu’il s’enfonce dans l’extré- M. Clinton, dans un communiqué mercredi ce traité. (Lire page 2.) M. Fernandes, que l’Inde a fait l’ef- (DCN) en France. constitutionnels ». misme d’une part, le resserrement publié mercredi, a appelé à un fort de développer une industrie de Quelques jours après, le premier des relations avec l’Inde de l’autre, « prompt retour du Pakistan à un ré- Patrice de Beer défense nationale robuste, qui lui Jacques Isnard Election présidentielle à haut risque, le 20 octobre, en Indonésie

DJAKARTA avoir abandonné toutes les pour- wati Sukarnoputri, et un pourcen- ment à Habibie des votes de partis déjà ébréché quelques mythes ex- groupé cinq mille hommes dans un de notre envoyé spécial suites contre son ancien mentor, il tage identique de voix à d’autres musulmans qui se méfient du ploités par le régime autocratique stade qui jouxte les locaux du Par- Une confusion croissante entre- a choisi, comme candidat à la vice- partis, pour l’essentiel d’obédience PDI-P. Ni Megawati ni Gus Dur de Suharto pour se maintenir au lement, alors que des groupes de tient un dangereux suspense en In- présidence, le général Wiranto, pa- musulmane. Surtout, l’Indonésie n’ont encore choisi de candidat à la pouvoir, comme les risques d’af- gens feraient route vers Djakarta, donésie, avant l’élection d’un pré- tron controversé des forces armées. pourrait devenir ingouvernable vice-présidence. frontements interethniques (avec où quelques petites manifestations sident, le 20 octobre, et d’un Le Golkar gouvernemental, qui n’a avec une Assemblée nationale do- Pour Habibie, le premier test sera la minorité chinoise), la montée de ont déjà lieu. vice-président le lendemain par un obtenu que 22 % des suffrages le minée par l’opposition et un exé- l’accueil réservé au discours sur l’islamisme ou la « balkanisation du La combinaison qui sortira du collège dont 462 membres seule- 7 juin, contre 70 % deux années cutif impopulaire. l’exercice de son mandat qu’il pro- pays ». chapeau du MPR la semaine pro- ment sur 700 ont été directement plus tôt, soutient ce duo représen- Outre Habibie, deux candidats noncera, jeudi 14 octobre, et sur le- chaine est d’autant plus difficile à élus. Alors que les résultats du scru- tatif de la nomenklatura d’ancien briguent la présidence : Megawati quel le MPR devrait se prononcer, FORCES DE L’ORDRE REGROUPÉES imaginer que la partie ne fait que tin législatif du 7 juin avaient claire- régime. Il espère ainsi, avec les voix Sukarnoputri, la fille de feu Sukar- samedi. Tout en se déclarant sen- Mais la partie d’échecs qui se s’amorcer. « Habibie et Wiranto sont ment signifié une volonté de chan- des militaires et de leurs alliés, élar- no, et Abdurrahman Wahid, sym- sible à « l’honneur » d’avoir été joue aujourd’hui à Djakarta risque trop impopulaires, et leurs candida- gement, les héritiers de Suharto gir nettement sa base au sein d’une bole d’un islam tolérant et vieux choisi comme candidat à la vice- de déboucher sur quelques déra- tures trop risquées pour être présen- tentent une nouvelle fois de se Assemblée consultative du peuple routier de la politique indoné- présidence, le général Wiranto pages. Un récent sondage publié, tées au MPR comme une option sé- maintenir au pouvoir, au risque de (MPR) dont il ne contrôle directe- sienne. Mme Megawati estime que pourrait attendre de voir les réac- lundi, par le quotidien Kompas a rieuse, ce qui montre un manque relancer l’agitation qui avait ment que moins du tiers des sièges. l’attribution de la présidence de- tions à la prestation de Habibie, donné 52 % des faveurs populaires total de sensibilité politique de la contraint l’ancien président à la dé- vrait être le reflet du mandat que guère populaire parmi les officiers, à Megawati, contre 11 % à Gus Dur part de Habibie », a estimé, pour sa mission, en mai 1998. Dans une TROIS CANDIDATS son parti a reçu lors des élections pour accepter ou refuser cette et 10 % à Habibie. Or la composi- part, Wimar Witoelar, politologue ambiance de manœuvres de cou- Cette tentative ramène sur le de- générales. M. Wahid, mieux connu offre, ce qui lui éviterait d’avoir à tion du MPR, dont 238 délégués ne indonésien, dans les colonnes du loirs, une opposition largement vant de la scène les deux « bêtes sous le nom de Gus Dur, qui pré- démissionner dans l’intervalle. En sont pas élus directement, ne re- Jakarta Post. Quelle que soit la part majoritaire mais divisée semble noires » d’un monde étudiant qui, side la principale association d’ou- outre, l’éventuelle candidature de flète pas ces pourcentages. En de vérité de ce jugement, ni le Gol- donc invitée à relever le défi, et le fin septembre, est redescendu dans lémas du pays, entend moraliser la Wiranto à la vice-présidence, qui outre, la rumeur dit, de son côté, kar ni Wiranto n’ont encore vrai- nombre des échappatoires paraît se la rue, après plusieurs mois de vie politique en luttant, dit-il, fait l’objet d’un vote distinct, paraît que le prix d’une voix est évalué à ment dit oui à Habibie, comme s’ils réduire. calme. Leur élection, le cas échéant, contre les achats de voix, une pra- acceptable par les deux autres can- plus de quatre millions de francs attendaient toujours de voir où ils Successeur désigné et ancien in- aurait de quoi frustrer les électeurs tique apparemment répandue. Sa didats à la présidence. français : si la somme est coquette, mettent les pieds. time de Suharto, le président qui, en juin, ont accordé 34 % de candidature est peut-être égale- Sur le fond, la transition que gère les intérêts en jeu sont énormes. B. J. Habibie s’accroche. Après leurs suffrages au PDI-P de Mega- ment tactique : empêcher le rallie- encore le duo Habibie-Wiranto a Enfin, les forces de l’ordre ont re- Jean-Claude Pomonti LeMonde Job: WMQ1510--0006-0 WAS LMQ1510-6 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0417 Lcp: 700 CMYK

6 / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 INTERNATIONAL Bruxelles propose de négocier avec l’ensemble Bill Clinton veut s’attaquer aux subventions agricoles européennes WASHINGTON. « Nous devons éliminer la pratique des subventions des pays candidats à l’élargissement de l’Union aux exportations [agricoles] », a déclaré le président Clinton, mer- credi 13 octobre, lors d’un discours devant des dirigeants démo- crates. M. Clinton a indiqué qu’il entendait faire de l’élimination des La Turquie est admise au sein du « club » des postulants subventions aux exportations agricoles un objectif de la prochaine réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, Dans son rapport sur l’élargissement de l’Union « vagues » et de négocier avec l’ensemble des Slovaquie et Malte. Autre innovation impor- début décembre. « L’Amérique est le plus grand exportateur de pro- européenne, la Commission de Bruxelles pro- pays candidats, c’est-à-dire également avec la tante : la Turquie se voit reconnaître le statut de duits agricoles dans le monde (...) et la seule façon de relancer notre pose de renoncer à la méthode d’adhésion par Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la pays candidat à part entière. économie rurale est d’ouvrir davantage de marchés extérieurs », a-t-il dit, relevant que la moitié du budget de l’UE allait aux subventions BRUXELLES gnal fort de sa détermination à le l’an 2000, de rattraper les autres. » la période précédente, la Commis- agricoles, soit 85 % des subventions agricoles totales dans le monde. (Union européenne) faire avancer aussi rapidement que Le souci de la Commission Prodi sion propose de distinguer les do- Le Congrès s’apprête à voter une nouvelle loi prévoyant 8 milliards de notre correspondant possible, ce qui renforcera la est « d’assurer un parallélisme entre maines liés au marché unique, qui de dollars (autant d’euros) aux agriculteurs américains frappés par L’Union européenne (UE) de- confiance des pays candidats dans progrès des négociations et niveau constituent l’essence même de la chute des cours mondiaux des produits agricoles. – (AFP.) vrait être prête à accueillir les pays leurs perspectives d’adhésion », la de préparation... ». M. Verheugen a l’Union, pour lesquels les périodes d’Europe centrale, ainsi que Commission propose de renoncer affirmé qu’avec la nouvelle for- de transition ne pourront être que Chypre et Malte, autrement dit à cette méthode par « vagues » et mule « tout le monde aurait sa très courtes, et ceux où l’aligne- Le limogeage du procureur général avoir mis en place la réforme de de négocier désormais avec l’en- chance, mais qu’aucun pays ne de- ment sur l’acquis communautaire ses institutions, au cours de semble des pays candidats « qui sa- vrait attendre, même un seul jour, demandera des efforts considé- l’an 2002. C’est à cette même tisfont aux critères politiques de Co- parce que d’autres seraient à la rables, notamment financiers, et de Russie n’est toujours pas entériné échéance que les négociations penhague » (régime démocratique, traîne ». où il est légitime qu’elles soient d’adhésion avec les pays les plus respect des droits de l’homme). Pour la Bulgarie, l’ouverture des plus longues. MOSCOU. Les sénateurs russes ont, pour la troisième fois, mercredi avancés devraient pouvoir être négociations en 2000 serait condi- Dernier chapitre important, la 13 octobre, refusé d’entériner le limogeage du procureur général de achevées. RYTHME DIFFÉRENCIÉ tionnelle : la Commission exige Turquie, avec laquelle l’Union sou- Russie, Iouri Skouratov, demandé par le président Boris Eltsine. Sur C’est sans doute cette double in- La négociation serait donc éten- qu’elle s’engage fermement d’ici à haite normaliser ses relations. Elle 150 gouverneurs du Conseil de la Fédération (Chambre haute du dication de calendrier que les pays due aux cinq pays qui, à Luxem- la fin de l’année à fermer sa cen- propose que le statut de candidat Parlement) ayant participé au vote, 98 se sont prononcés contre le candidats retiendront des textes bourg, avaient été laissés sur le trale nucléaire, dangereusement lui soit pleinement reconnu – ce départ de M. Skouratov. Celui-ci, initiateur de plusieurs enquêtes sur le processus d’élargissement bord de la route, à savoir la Bulga- obsolète, de Kozloduy. Quant à la que réclame Ankara –, au même sur la corruption du clan Eltsine, avait été limogé en février 1999, que la Commission de Bruxelles a rie, la Lettonie, la Lituanie, la Rou- Roumanie, l’ouverture de négocia- titre que les dix pays d’Europe cen- quelques jours après avoir officiellement requis l’aide du parquet adopté, mercredi 13 octobre, soit manie, la Slovaquie, ainsi que tions en l’an 2000 serait formelle, trale. Mais, ajoute-t-elle, les négo- suisse. Le Conseil de la Fédération avait déjà refusé deux fois, le un rapport sur chacun des treize Malte. Mais elle sera menée à un tout juste décidée pour bien lui ciations ne pourront débuter avec 17 mars et le 21 avril, d’entériner sa démission, comme l’exige la pays candidats – les dix d’Europe rythme différencié : « Chacun de montrer qu’elle n’est pas ravalée elle que lorsque les critères poli- Constitution russe. Après ce troisième refus, il revient à la Cour centrale plus Chypre, Malte et la ces pays sera en mesure, par au rang des républiques ex-yougo- tiques réclamés à tous par la constitutionnelle de trancher sur l’avenir de M. Skouratov. «Les Turquie –, accompagné d’un « do- conséquent, d’avancer selon ses mé- slaves, pour lesquelles les perspec- Communauté seront remplis. On vraies raisons de mon limogeage sont liées aux informations sur les cument d’ensemble » qui décrit la rites et la possibilité sera créée, en tives d’adhésion ne peuvent être est encore loin du compte ! comptes bancaires de fonctionnaires russes haut placés », a estimé le nouvelle stratégie proposée. Elle outre, pour ceux qui sont inclus dans que lointaines. procureur. – (AFP.) sera logiquement interprétée les négociations à partir de Autre innovation par rapport à Philippe Lemaître comme signifiant que, dans l’esprit DÉPÊCHES de la Commission, le candidats les a SERBIE/MONTÉNÉGRO : le parti du président monténégrin, plus avancés – on ne s’avance pas Milo Djukanovic, a accepté, mercredi 13 octobre, une offre de négo- encore à dire qui ils seront –, de- ciations faite par Belgrade sur le statut futur de la fédération. Le vraient normalement pouvoir « Une nouvelle ère s’ouvre » selon Ankara Parti socialiste de Serbie (SPS) de Slobodan Milosevic avait proposé adhérer le 1er janvier 2004. Les LE GOUVERNEMENT TURC s’est félicité, jeudi « Notre vote n’est pas acquis », a rappelé le ministre la date du 26 octobre. En août 1999, le Monténégro avait proposé chefs d’Etat et de gouvernement 14 octobre, de la décision de la Commission euro- des affaires étrangères grec, George Papandreou, à pro- une redéfinition de ses liens avec Belgrade ainsi que l’octroi d’une des Quinze, qui se retrouvent ven- péenne de recommander aux Quinze sa candidature à pos de la recommandation faite par la Commission plus grande autonomie. – (Reuters.) dredi et samedi à Tampere, en Fin- l’Union européenne. européenne d’accorder le statut de candidat à la Tur- a GÉORGIE : le commando qui détient en otages six observa- lande, consacreront leur dîner de « La porte de l’Europe s’est ouverte à la Turquie », se quie. teurs militaires de l’ONU et leur interprète en Abkhazie, Répu- vendredi au processus d’élargisse- félicitait, à la une, le quotidien Sabah (centre-droit) Ankara vient donc d’obtenir ce qui lui avait été refusé blique séparatiste de la Géorgie, réclame une rançon de ment. dans son édition de jeudi. Si le sommet européen d’Hel- en 1997. Toutefois, aucune négociation concrète n’est 200 000 dollars en échange de leur libération, selon le ministre En décembre 1997, à Luxem- sinki, en décembre, reprend à son compte cette propo- envisagée à ce stade. Selon le rapport de la Commis- abkhaze de la défense. L’Abkhazie, située sur la mer Noire, échappe bourg, les Quinze ont lancé le pro- sition, « une nouvelle ère s’ouvrira dans les relations Tur- sion, la Turquie « ne satisfait pas aux critères deman- au contrôle du pouvoir central géorgien depuis 1994, date à laquelle cessus d’élargissement avec dix quie-UE », a estimé Ismail Cem, le chef de la diplomatie. dés », notamment en matière de droits de l’homme, et des forces séparatistes ont chassé les troupes gouvernementales au pays d’Europe centrale et avec plus particulièrement dans le traitement de la question terme de près de deux ans de guerre. – (Reuters.) Chypre, mais ils n’ont ensuite ou- LA QUESTION CHYPRIOTE kurde. A cet égard, la décision, le 21 octobre, de la Cour a KOSOVO : les enquêteurs du Tribunal pénal international vert les négociations d’adhésion En décembre 1997, le rejet de la candidature de la de cassation turque sur le pourvoi du chef kurde, Ab- (TPI) ont repertorié plus de quatre cents sites de meurtres collectifs qu’avec les six d’entre eux qu’ils Turquie au sommet de Luxembourg avait jeté un froid dullah Öcalan, condamné à mort en juin, constituera un et fosses communes au Kosovo, selon Paul Risley, un porte-parole considéraient comme étant les entre ce pays et l’Union européenne. Entre-temps, le test. du tribunal de La Haye. Le TPI est à la recherche de preuves supplé- mieux préparés, à savoir l’Estonie, rapprochement turco-grec, à la faveur de la « diploma- Le rapport épingle aussi le « poids important dans mentaires sur les crimes de guerre commis pendant les dix-huit la Hongrie, la Pologne, la Répu- tie du tremblement de terre », a contribué à assouplir la la vie politique » turque du Conseil national de sécu- mois de conflit au Kosovo, lorsque les forces yougoslaves ont tué blique tchèque, la Slovénie et position d’Athènes, qui n’émet plus de veto sur la pers- rité (MGK), une instance dominée par les militaires, des milliers de membres de la communauté albanaise. Les sites Chypre. Afin « d’insuffler une nou- pective d’une adhésion de la Turquie mais insiste pour et dont les décisions – théoriquement consulta- doivent être impérativement examinés avant l’arrivée de l’hiver, de velle dynamique au processus qu’une amorce de règlement de la question chypriote tives – sont néanmoins suivies à la lettre par le gouver- crainte que des preuves ne soient détruites par les intempé- d’élargissement et de donner un si- soit trouvée. nement. ries. – (AP.) a ISRAËL/PALESTINIENS : les services du premier ministre is- raélien, Ehoud Barak, ont annoncé, mercredi 13 octobre, que seules douze des quarante-deux implantations sauvages en Cisjordanie se- Le chancelier allemand cherche à se réconcilier avec la gauche du SPD raient démantelées contre quinze précédemment annoncées. Le premier ministre est parvenu à un compromis après des négocia- BERLIN une durée limitée de cinq ans. mettre la balle dans le camp du pa- cune réintroduction de l’impôt sur tions avec le conseil des colons juifs de Cisjordanie qui menaçaient de notre correspondant Cette mesure, qui ne vise que les tronat : la création de ces fonds la fortune n’est à attendre : de relancer la violence. « Les dirigeants des implantations ont dit Comment se réconcilier avec sa salariés ayant cotisé 35 ans, doit se faire au niveau des M. Schröder et son ministre des fi- qu’ils feraient ce qui était en leur pouvoir pour l’évacuation des gauche sans changer fondamenta- concernerait, selon l’IG Metall, branches professionnelles ou des nances, Hans Eichel, ont rappelé [douze] colonies », précise un communiqué des services du premier lement de politique économique ? 1,5 million de personnes au cours entreprises, obligatoirement en ac- que le programme d’assainisse- ministre. – (Reuters.) C’est l’exercice auquel se livre le des cinq prochaines années. Nor- cord avec le patronat. ment des finances publiques de- a Un « accord total » sur la libération de 151 prisonniers palesti- chancelier social-démocrate malement, le départ dès 60 ans en- M. Riester a annoncé son inten- vait se faire sans hausses d’impôts. niens a été conclu entre Israéliens et Palestiniens, mercredi 13 octo- (SPD), Gerhard Schröder, depuis le traîne une réduction de 18 % de la tion de soutenir le plan de l’IG Me- Les Verts sont contre l’impôt sur la bre. Leur relaxation aura lieu vendredi, a affirmé le ministre palesti- début de la semaine, après avoir pension versée. Pour financer ce tall, lors de la prochaine réunion fortune. Sa réintroduction serait nien chargé de l’affaire des prisonniers, Hicham Abdelrazek. Une essuyé une série de défaites électo- manque à gagner, Gerhard Schrö- du pacte pour l’emploi, qui ras- légalement très délicate, la Cour porte-parole du ministère israélien de la sécurité publique, Linda rales cet automne. der ne veut pas entendre parler semblera à la fin de l’automne par- constitutionnelle de Karlsruhe Menouhim, a confirmé l’accord et indiqué que la libération aurait Pour se redonner un vernis po- d’une hausse des cotisations-re- tenaires sociaux et gouvernement ayant interdit en 1995 que le fisc lieu « bientôt », sans plus de précision. – (AFP.) pulaire, M. Schröder fait mine de traites, qui renchérirait le coût du pour lutter contre le chômage. Le prélève plus de la moitié du revenu lâcher du lest sur deux sujets : la travail, alors que sa politique vise patronat a déjà condamné ce plan, d’un individu. Le gouvernement retraite à 60 ans, une des revendi- au contraire à la réduire. estimant que l’abaissement de devrait préalablement baisser L’ambassadeur d’Allemagne quitte cations du combatif syndicat de la l’âge de la retraite n’est pas réaliste considérablement le taux marginal métallurgie IG Metall, et l’imposi- NICHES FISCALES au regard du vieillissement de la de l’impôt sur le revenu, qui est de tion de la fortune, chère à la MM. Riester et Zwickel ont donc population, tandis que la création 53 %. En réalité, le SPD va plutôt désabusé son poste à Londres gauche du SPD, qui estime que proposé la création de fonds ali- de ces fameux fonds équivaudrait chercher à supprimer les niches l’effort demandé pour assainir les mentés à parité par les salariés et à introduire une nouvelle cotisa- fiscales dont profitent les Alle- LONDRES. Gerhart von Moltke n’a pas voulu faire ses adieux à la finances publiques n’est pas équi- les entreprises, représentant 1 % tion. mands les plus fortunés ou à aug- Grande-Bretagne, où il vient de passer deux ans comme ambassa- tablement réparti. Pour couronner du salaire, qui verserait aux prére- Le second sujet est celui de l’im- menter les droits de succession, deur d’Allemagne, sans s’épancher sur la « profonde ignorance » des le tout, le chancelier s’est résolu, traités le complément de salaire. position de la fortune. M. Schrö- sans faire de la lutte des classes. Britanniques à propos de son pays. Le diplomate se déclare « pro- sous la pression de ses conseillers, L’ensemble du dispositif coûterait der a donné quelque satisfaction à « Il y a deux maîtres-mots dans la fondément préoccupé par l’absence d’intérêt et de curiosité des jeunes à ne plus fumer en public ses coû- 25 milliards d’euros sur cinq ans. Il la gauche, lundi 11 octobre, lors de politique du gouvernement : aucune Britanniques » pour la langue de Goethe et les séjours en Alle- teux cigares à 200 francs pièce. y a encore une semaine, Gerhard la présentation de la motion de la hausse des cotisations sociales, au- magne. S’exprimant notamment dans le Daily Telegraph, M. von Sur les retraites, le ministre du Schröder qualifiait le projet de direction du SPD, qui sera débat- cune hausse d’impôt », résume un Moltke déplore que la presse britannique continue à cultiver des cli- travail, Walter Riester, et Klaus l’IG Metall de bonne idée « non fi- tue au congrès de Berlin en dé- porte-parole de M. Schröder, assu- chés désobligeants sur ces « hordes de Huns dévoreurs de saucisses et Zwickel, numéro un de l’IG Metall, nançable ». Le revirement de cembre. « Nous allons orienter rant qu’« il n’y aura pas d’impôt sur de choucroute qui trustent les meilleures places autour des piscines ». se sont mis d’accord, mercredi M. Riester – il s’agit d’un « projet notre politique fiscale afin que les la fortune » et que « la retraite à Il juge offensante la manière dont la presse présente les Allemands 13 octobre, à la surprise générale, des partenaires sociaux et non du grandes fortunes contribuent à as- 60 ans n’est pas finançable ». comme un ramassis de nazis. Deux de ses oncles s’engagèrent dans sur un plan devant permettre le gouvernement », a-t-il insisté –, surer le futur de notre société », lit- la résistance contre Hitler et furent exécutés après la tentative d’at- départ en retraite à 60 ans pendant permet au gouvernement de on dans le projet. En réalité, au- Arnaud Leparmentier tentat manquée contre le führer en 1944. – (AFP.) Jacques Chirac et Gerhard Schröder veulent renforcer l’autorité de « M. PESC »

RELANCE de l’« identité euro- domaine de la politique étrangère et d’action autonome soutenue par des élan, lequel s’est singulièrement ra- avec des Etats tiers et au sein des or- fense –, revient à donner un coup péenne de défense » : tel est le sens de sécurité ». Les chefs d’Etat et de forces militaires crédibles ». A Co- lenti depuis quelques mois. ganisations internationales ». Il est de barre dans le sens du leadership de la lettre conjointe adressée, gouvernement devraient ainsi ex- logne, les Quinze étaient passés à Pour Jacques Chirac et Gerhard probable que ce renforcement de intergouvernemental, c’est-à-dire mercredi 13 octobre, par Jacques primer leur souhait de voir une vitesse supérieure, conscients Schröder, Javier Solana doit être la « visibilité » de « M. PESC » ne au détriment de l’autorité de l’exé- Chirac et Gerhard Schröder à Paa- « M. PESC » « contribuer de ma- de la nécessité de doter l’Europe de sûr, lors de son entrée officielle en sera pas du goût de tous les chefs cutif européen. vo Lipponen, le premier ministre nière décisive à augmenter la visibili- la défense des institutions néces- fonctions, le 18 octobre, que les d’Etat et de gouvernement pré- Cette relance en faveur de la dé- finlandais et président en exercice té, l’efficacité, la cohérence et la saires à son existence. Il était prévu chefs d’Etat et de gouvernement sents à Tampere, voire de Romano fense européenne ne sera vraiment du Conseil européen. continuité » de cette politique, sou- que celle-ci, en pleine harmonie « soutiennent et défendent entière- Prodi, président de la Commission accomplie que lorsque le poste de Les deux signataires suggèrent à lignent M. Chirac et M. Schröder. avec l’OTAN, puisse conduire pour ment ses pouvoirs et l’exercice de ses européenne, qui a montré depuis « M. PESC » sera fusionné avec ce- M. Lipponen de profiter de la réu- son propre compte, et conformé- fonctions ». « M. PESC », pro- sa prise de fonctions une nette ten- lui de secrétaire général de l’UEO nion de Tampere (Finlande), qui a GESTION DES CRISES ment au traité d’Amsterdam, les posent-ils, devrait régulièrement dance à se poser en président de (Union de l’Europe occidentale), et lieu les 15 et 16 octobre, pour réaf- Née officiellement lors du som- missions dites de Petersberg, soit introduire les délibérations du fait du « gouvernement » de l’Eu- aussi lorsque certaines idées en firmer solennellement les tâches et met européen de Cologne, en juin des tâches de maintien et de réta- Conseil européen en matière de rope. Le simple fait d’inviter M. So- matière de défense commune les pouvoirs du haut représentant 1999, l’Europe de la défense avait blissement de la paix, et de gestion politique étrangère et de sécurité et lana, qui dépend du commissaire pourront se concrétiser, comme la pour la politique étrangère et de pris son essor à l’occasion des ren- des crises. présider le Comité politique et de européen chargé des relations ex- mise sur pied d’un Conseil straté- sécurité commune (PESC), c’est-à- contres franco-britanniques de Dans cet esprit, un organe per- sécurité (COPS), qui doit prochai- térieures, Chris Patten, à s’exprimer gique pour le continent européen dire Javier Solana, et l’assurer du Saint-Malo, puis franco-alle- manent était créé à Bruxelles, le nement s’installer à Bruxelles. lors des Conseils européens sur la ou la création d’un état-major « plein soutien [du Conseil euro- mandes, à Toulouse. Ces initiatives Comité politique et de sécurité. La M. Solana devrait, d’autre part, politique étrangère et de sécurité commun. péen] dans ses efforts pour renforcer reposaient sur l’idée que l’Europe crise du Kosovo aidant, ce grand « jouer tout son rôle dans le dialogue – une instance où l’on parlait jus- le rôle de l’Union européenne dans le devait disposer d’« une capacité dessein était appelé à prendre son politique de l’Union européenne qu’ici rarement de questions de dé- Laurent Zecchini LeMonde Job: WMQ1510--0008-0 WAS LMQ1510-8 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0419 Lcp: 700 CMYK

8 ¼ FRANCE LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999

FISCALITÉ Le débat fiscal entre François Hollande souhaitait que des plus-values, la commission des fi- AMENDEMENTS retenus portent no- bin ». b AU SÉNAT, la droite devait le groupe socialiste et le gouverne- toute réforme soit repoussée au nances a retenu, dans la nuit de mer- tamment sur un allègement de la relancer, jeudi, le débat sur les fonds ment tourne à la cacophonie. b LES printemps et que Dominique Strauss- credi 13 à jeudi 14 octobre, un amen- taxe d’habitation et l’impôt sur la de pension, en examinant une pro- STOCK-OPTIONS constituent le prin- Kahn plaidait, en début d’année, dement contraire, portant la taxation fortune. Les députés ont également position de loi de l’UDF Jean Arthuis cipal sujet de controverse. Alors que pour un allègement de la taxation de 40 % à 50 %. bLES AUTRES demandé un rapport sur la « taxe To- et du RPR Charles Descours. Les députés PS veulent taxer davantage les stock-options Alors que François Hollande souhaitait différer toute réforme de l’épargne salariale jusqu’au printemps, la commission des finances de l’Assemblée nationale a retenu un amendement qui propose un alourdissement de la fiscalité sur ces plus-values SALLE COLBERT à l’Assemblée Dans un entretien au Monde (du députée socialiste proche de Ber- nion de groupe, il découvre que personne, ni Jean-Marc Ayrault ni rapporteur général de la commis- nationale, mercredi 13 octobre, 7 octobre), François Hollande rap- cy, Nicole Bricq, remet M. Bonre- Didier Migaud, le rapporteur gé- M. Migaud, n’a jugé bon de l’infor- sion des finances. M. Migaud tente vers 11 h 30 : le groupe socialiste, pelle sa position : le premier secré- paux à sa place : « surtaxer les néral du budget, propose un ar- mer de l’arbitrage qui avait été alors de calmer le jeu. Il se déclare en liesse, applaudit à tout rompre taire du PS souhaite que, « dans la stock-options ne résout rien », dé- rangement sur lequel il s’est mis rendu. Le président de la commis- tout aussi scandalisé que M. Bon- Augustin Bonrepaux. Le président loi de finances 2000, aucune dispo- clare-t-elle. d’accord avec Bercy : ne pas pré- sion des finances ne se laisse pas repaux par les abus liés aux stock- de la commission des finances, sition nouvelle ne soit votée sur les M. Bonrepaux est énervé, d’au- senter l’« amendement Jaffré » en démonter. Il prend la parole de- options et va même jusqu’à consi- avec son accent ariégeois, a réveil- stock-options ou ce qui s’y appa- tant plus qu’une étude de l’Insee commission des finances et retirer vant la petite dizaine de députés dérer que son amendement est lé leurs ardeurs de gauche, en dé- rente ». Il se prononce également, sur les revenus du patrimoine des du projet de loi de finances ce qui qui restent dans la salle : il sou- « timide » : dans certains pays, la fendant un amendement pour dans le cadre d’une loi sur Français (Le Monde du 7 octobre) a trait à l’extension des bons de mettra son amendement au fiscalité des plus-values sur les durcir la fiscalité sur les stock-op- l’épargne salariale au premier se- met en lumière la montée des iné- souscription des parts de créateurs groupe, le lendemain, et s’alignera stock-options est alignée sur celle tions. mestre 2000, pour « une remise en galités et renforce sa détermina- d’entreprise, ces stock-options à la sur sa volonté. du revenu, qui est de 54 % en Pourquoi cette joie ? En fait, question de leurs avantages fiscaux, tion. Mardi 12 octobre, le pré- fiscalité avantageuse pour jeunes Les députés sont extrêmement France pour la tranche supérieure. l’histoire commence à Strasbourg, une extension à l’ensemble du per- sident de la commission des entreprises. M. Bonrepaux n’a pas surpris. On n’a pas l’habitude, au « M. Bonrepaux et moi-même lors des journées parlementaires sonnel et une totale transparence ». finances voit même carrément assisté au bureau de groupe, qui Palais-Bourbon, d’une divergence n’avons pas de désaccords de fond. du PS, les 27 et 28 septembre. Le Dans La Tribune du 7 octobre, une rouge. Alors qu’il assiste à la réu- s’est tenu juste avant la réunion, et publique entre le président et le C’est juste une question de mé- sujet très controversé des stock- thode », résume-t-il. options est alors mis sur la table. Plus personne n’ose soutenir la « ÉCOUTER LE GROUPE » proposition qu’avait faite Domi- Le lendemain, donc, mercredi, le nique Strauss-Kahn moins d’un an La commission des finances adopte plusieurs amendements au projet de budget groupe est de nouveau réuni. auparavant, visant à alléger la fis- LA COMMISSION des finances de l’Assem- nous devions avoir des marges de manœuvre pour duire par une baisse du rendement de Cette fois, il est au grand complet. calité de ces plus-values. Mais le blée nationale a achevé, vers minuit, mercredi 2000 supérieures à ce qui est prévu, nous sou- 60 millions de francs. Un vent de fronde souffle au Pa- ministre des finances, tout comme 13 octobre, l’examen du projet de loi de fi- haiterions qu’elles soient utilisées, notamment, b « Taxe Tobin ». La commission a adopté lais-Bourbon. M. Bonrepaux s’en- François Hollande, prend position nances pour 2000. Une série d’amendements pour réformer la taxe d’habitation dès l’an pro- un amendement demandant au gouvernement flamme et prévient Lionel Jospin : pour une remise à plat totale de ont été adoptés, qui viennent compléter ceux chain », indique Didier Migaud (PS), rapporteur de remettre au Parlement, avant le 15 juin 2000, « La question n’est pas de mettre le l’épargne salariale, à l’occasion de qui avaient été retenus la veille par la commis- général du budget. A quelques mois des élec- un rapport sur « l’incidence que pourrait avoir gouvernement en difficulté mais de laquelle le dossier stock-options sion (Le Monde du 14 octobre), avant le débat tions municipales, une telle mesure serait la l’instauration de prélèvements assis sur les mouve- lui rappeler qu’il vaut mieux écouter sera rouvert. Il faut dire que l’émo- qui démarrera en séance publique le 19 octobre. bienvenue. ments de capitaux pour les finances publiques ». le groupe socialiste que Bercy », tion est vive : Philippe Jaffré vient b Avoir fiscal. La proposition des commu- En attendant, les commissaires veulent ré- Celui-ci doit être conçu avec l’idée que la France lance-t-il. Au PS, M. Hollande de quitter Elf, avec, selon la ru- nistes de réduire l’avoir fiscal attaché aux di- duire le montant maximum de la taxe d’habita- assurera la présidence de l’Union européenne reste sur ses positions. Mercredi meur, quelque 200 millions de videndes reçus par les sociétés non mères de tion acquittée par les ménages les plus mo- au second semestre 2000. Sur ce même sujet de matin, lors de la réunion du secré- francs d’indemnités et de stock- 45 % à 40 % des sommes nettes distribuées a été destes. Ainsi, les ménages dont le revenu est la « taxe Tobin », du nom de l’économiste amé- tariat national, le premier secré- options. retenue. Elle devrait rapporter environ 1,5 mil- inférieur à 25 200 francs pour la première part ricain qui l’avait conçue dans les années 70, plu- taire – qui n’assistera pas ensuite à Alors que l’opinion est sous le liard de francs aux caisses de l’Etat. de quotient familial, majoré de 10 000 francs sieurs dizaines de députés membres du comité la réunion du groupe à l’Assem- choc de l’affaire Michelin, M. Bon- b Taxe d’habitation. La commission des fi- pour chaque demi-part supplémentaire, ne Attac (Association pour la taxation des transac- blée –, défend de nouveau pour les repaux décide donc de monter au nances a adopté un amendement demandant pourraient pas payer plus de 1 200 francs de tions financières pour l’aide aux citoyens) de stock-options sa règle du « ni- créneau. Le 5 octobre, il soumet au au gouvernement de faire des propositions, taxe d’habitation. Actuellement, ce plafond est l’Assemblée défendront l’instauration dans le ni » : ni renchérissement ni allège- groupe socialiste ce qu’on appelle- d’ici au 30 avril 2000, sur la réforme de la taxe de 1 500 francs. La mesure coûterait entre 400 et budget 2000 d’une taxe sur les opérations de ment, dans l’immédiat. ra immédiatement l’« amende- d’habitation. Le rapport devra « proposer et 500 millions de francs. change. Mercredi après-midi, une vingtaine de A l’évidence, l’adoption par le ment Jaffré » : il préconise de rele- analyser diverses modalités de réforme de la taxe b Impôt de solidarité sur la fortune (ISF). députés avaient signé un amendement instau- groupe de l’amendement Bonre- ver de 40 % à 50 % la taxation des d’habitation susceptibles d’aboutir, à compter de La commission a soutenu un amendement rant une taxe de 0,05 % sur les opérations au paux pose un problème de mé- plus-values des stock-options, au- l’imposition perçue au titre de 2000, à un allège- communiste pour ne pas réévaluer le barème de comptant ou à terme portant sur les devises, à thode et d’opportunité. « Sur le delà de 500 000 francs. La direc- ment significatif de la charge supportée par les l’ISF. Le projet de budget du gouvernement pré- partir du 1er juillet 2000. fond, observe dans l’après-midi tion du PS et Bercy organisent contribuables », selon le texte voté par la voit d’indexer les tranches du barème sur l’in- M. Hollande, l’idée est bonne, mais aussitôt un véritable contrefeu. commission des finances. « S’il s’avérait que dice des prix hors tabac, ce qui devrait se tra- V. Ma. dans le calendrier elle vient six mois trop tôt. On aurait pu attendre la loi sur l’épargne. » Le premier secré- taire du PS relève que, « dans la Peut-on à la fois satisfaire Yvon Gattaz et punir Philippe Jaffré ? plupart des pays, les plus-values d’acquisition des stock-options sont L’ADOPTION par la commis- portant sur les transmissions d’en- saxon, la transparence en moins. armes. L’amendement voté par les tions et les transmissions d’entre- imposées au taux de l’impôt sur le sion des finances de l’Assemblée treprises est la reprise d’un vieux L’adoption simultanée de ces deux socialistes visant à porter la taxa- prises – un coup « à gauche », un revenu ». Mais il se montre réservé nationale de deux amendements projet défendu par la droite, mesures relève donc d’une totale tion à 50 % est pour lui un désa- coup « à droite » – est un concen- sur l’adoption de textes de « pos- qui s’inscrivent dans des philoso- connu sous le sobriquet d’« amen- incohérence. La droite, aussi mal veu. tré chimique des hésitations que le ture ou de circonstance ». «Il ne phies radicalement opposées dement Gattaz ». Président du en point soit-elle, peut à bon droit Pour François Hollande, lui- gouvernement manifeste, lui- faudrait pas, déclare-t-il dans les CNPF dans les années 80, Yvon se moquer d’une gauche qui a per- même, le choc est rude. Aux ré- même, dans la détermination de couloirs de l’Assemblée, que l’on ANALYSE Gattaz a mené une longue croi- du ses repères fiscaux. Mais, dans centes journées parlementaires sa politique fiscale. Après avoir re- règle dans la loi de finances une Le vote en commission sade pour alléger ces droits de suc- ces turbulences, il y a plus que ce- socialistes, il avait engagé son au- levé l’impôt sur les sociétés, en partie de ce qui devrait être discuté cession. Non sans succès, puisque la : elles constituent aussi un ca- torité de premier secrétaire en 1997, majoré la fiscalité sur dans la loi sur l’épargne salariale. des finances révèle Jacques Chirac, en 1995, avait fait mouflet pour plusieurs figures de souhaitant que toute mesure l’épargne et allégé celle sur le tra- On a toute la discussion des pro- la désorientation figurer en bonne place cette pro- proue de la majorité. concernant ce dossier soit ren- vail par la montée en puissance de chains jours pour trouver une meil- des socialistes position dans sa plate-forme pré- voyée à un projet de loi plus géné- la CSG, il a suggéré qu’il pourrait leure formule, je ne doute pas sidentielle, suscitant les critiques UN DÉSAVEU POUR « DSK » ral portant sur l’épargne, au cours infléchir sa politique en engageant qu’elle soit trouvée. » des socialistes, mais aussi des bal- Le premier visé est évidemment du premier semestre 2000. En son pour le budget de 2001 une ré- Dans la nuit de mercredi à jeudi, – l’un prévoyant d’alléger les laduriens, qui avaient relevé un Dominique Strauss-Kahn. C’est absence, les députés socialistes forme de l’impôt sur le revenu. c’est donc l’ultime rebondisse- droits de succession pour les en- risque de rupture d’égalité des ci- lui, en effet, qui a déclenché la ont choisi de ne pas respecter ce C’est un chantier que seule l’oppo- ment : la commission des finances treprises, l’autre visant à alourdir toyens devant l’impôt. tempête en instillant, en janvier, calendrier. D’ici à la fin de la dis- sition, jusqu’à présent, jugeait adopte l’« amendement Jaffré ». la taxation des plus-values sur les La seconde disposition, que l’on dans le projet de loi sur l’innova- cussion budgétaire, M. Jospin va prioritaire et que la majorité ne Au moment du vote, Mme Bricq stock-options – est assurément ré- appelle déjà l’« amendement Jaf- tion de Claude Allègre des me- donc devoir rendre un arbitrage voulait pas ouvrir, au motif que les s’est très opportunément absen- vélatrice des désaccords qui fré » – du nom de l’ancien pré- sures tendant à renforcer la trans- difficile : soit accepter l’amende- plus bas revenus n’y sont pas as- tée. Quant à l’extension des bons minent le groupe socialiste sur la sident d’Elf, licencié avec 200 mil- parence des stock-options, mais, ment, mais désavouer son ministre sujettis. de souscription des parts de créa- stratégie fiscale. Si la zizanie a pris lions de francs d’indemnités et de surtout, à abaisser à 25 % la taxa- des finances ; soit demander le re- Dans la décision des députés so- teurs d’entreprise, elle a été retirée un tour aussi spectaculaire, c’est plus-values potentielles sur stock- tion des plus-values. Cette taxa- trait de l’amendement jusqu’au fu- cialistes, il y a donc sûrement, du projet de loi de finances. A la aussi parce que le gouvernement options –, vise à signifier à l’opi- tion avait été portée à 40 % par tur projet de loi sur l’épargne, au pour une part, un mouvement première manche, M. Strauss- hésite sur le cap à suivre et louvoie nion que les socialistes ne restent Alain Juppé. Même si Lionel Jospin risque de froisser sa majorité. d’humeur, mais aussi le signe Kahn a perdu sur tous les tableaux. au point de donner logiquement le pas inertes face aux excès d’un ca- avait finalement bloqué le projet, Pour le premier ministre, le d’une profonde désorientation. tournis à sa majorité. pitalisme qui s’inspire de plus en le ministère des finances ne ca- choix est d’autant plus délicat que Virginie Malingre De fait, la première disposition plus fortement du modèle anglo- chait pas qu’il n’avait pas rendu les cet imbroglio entre les stock-op- Laurent Mauduit et Michel Noblecourt La droite sénatoriale relance le débat sur l’épargne-retraite

LES PROJETS de fonds de pen- Bourse de Paris. La droite sénato- Ces plans seraient négociés au tiers de syndicalistes et de repré- sion – pardon, d’épargne-re- riale n’a que partiellement retenu sein d’une entreprise, d’un grou- sentants d’organisations de retrai- traite ! – reviennent sur le devant les critiques faites à la « loi Tho- pement d’entreprises, voire à tés) définirait les « orientations de de la scène par les coulisses du Sé- mas », votée en février 1997 et en- l’échelon professionnel ou inter- gestion du plan de retraite ». nat. Alors que le gouvernement terrée par la gauche six mois plus professionnel. Si la négociation Poussée par le président de la tergiverse depuis plus d’un an sur tard. Dans sa proposition, les ver- n’a rien donné au bout d’un an, le République, la droite multiplie les ce dossier très sensible pour la sements du salarié et l’abonde- texte précise que « l’employeur attaques contre un gouvernement gauche, la droite sénatoriale de- ment de l’employeur sont exoné- peut décider de souscrire à un plan accusé d’« immobilisme » et pré- vait adopter en séance publique, rés de cotisations et, pour ne pas de retraite ». sente la réforme des retraites et la jeudi 14 octobre, un texte de syn- réduire les ressources des régimes création d’un système d’épargne thèse des deux propositions de loi par répartition, cette exonération OFFENSIVE DÉSORDONNÉE longue comme un des dossiers à élaborées par Charles Descours ne concerne pas l’assurance-vieil- A l’inverse, si le chef d’entre- traiter en priorité, mais elle ne par- (RPR, Isère) et Jean Arthuis (Union lesse ni les retraites complémen- prise ne souhaite pas souscrire à vient pas à accorder ses violons. centriste, Mayenne), sur la créa- taires. un plan, les salariés pourraient de- Philippe Douste-Blazy, président tion de « plans de retraite » à sous- Cependant, la majorité RPR- mander d’adhérer à des plans exis- du groupe UDF de l’Assemblée na- cription facultative. UDF a fait une entorse à cette tant en dehors de leur société. Les tionale, préconisait ainsi, il y a Ces plans, destinés aux quinze règle en accordant une « exonéra- versements seraient facultatifs et peu, une épargne-retraite « obliga- millions de salariés du privé, tion totale » de cotisations (y ouvriraient droit à une rente via- toire ». « Comment peut-on soute- compléteraient les pensions ver- compris retraite) pour les salariés gère au moment du départ en re- nir cela, alors que nous sommes sées par la Caisse nationale d’assu- gagnant jusqu’à une fois et demie traite, même si une sortie partielle partisans d’une baisse des prélève- rance-vieillesse (CNAV) et les deux le SMIC (soit environ 8 200 francs en capital est possible. Les plans ments obligatoires ? », lui répond régimes complémentaires (Arrco net par mois). Une telle mesure, si seraient gérés par des « fonds de aujourd’hui M. Descours. La et Agirc), et constitueraient, selon elle était retenue, rallumerait la retraite » (assurances, mutuelles), gauche elle-même n’ose pas envi- ses promoteurs, un « contre-pou- guerre avec les syndicats gestion- dont l’« objet exclusif » serait la sager la création d’un « troisième voir » aux fonds de pension étran- naires de la CNAV, de l’Arrco et de couverture des engagements pris pilier » obligatoire du système de gers, qui détiennent plus du tiers l’Agirc qui avait fait rage, en 1996- vis-à-vis des retraités. Un conseil retraite. du capital des entreprises cotées 1997, au moment de la discussion de surveillance (un tiers d’adhé- au CAC 40, l’indice-phare de la de la « loi Thomas ». rents, un tiers d’employeurs, un Jean-Michel Bezat LeMonde Job: WMQ1510--0010-0 WAS LMQ1510-10 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0421 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 FRANCE Le patronat et l’opposition se battent Une centaine de personnes pour les accords 35 heures déjà signés signent un appel refusant Le régime des heures supplémentaires est au cœur de la confrontation la manifestation du PCF Le débat sur les 35 heures, à l’Assemblée natio- des accords signés dans le cadre de la première contraintes introduites par le projet de Martine nale, s’est concentré, mercredi 13 octobre, sur le loi. La droite, relayant les arguments du patro- Aubry pour rendre effective la durée légale du régime des heures supplémentaires et sur le sort nat, a plaidé pour leur respect de préférence aux travail ramenée à 35 heures le 1er janvier 2000. Les signataires défendent l’« autonomie » TOUR À TOUR, mercredi 13 oc- pas cette perspective. L’ar- soit déformé, interprété en faisant 41 autres sont encore en cours de ALORS que la manifestation du de la manifestation du 16 octobre tobre, les députés de droite sont ticle 212-6 du code du travail, qui dire au texte autre chose que ce validation par l’administration. Les 16 octobre, lancée par le PCF, a fait publié dans L’Humanité du 14 octo- montés au créneau. « Je vous en prévoit que « le contingent d’un vo- qu’il contient », a protesté, mardi, heures supplémentaires consti- resurgir la division entre forma- bre. prie, madame la ministre, respectez lume supérieur ou inférieur peut Christian Larose. tuent le nerf de la guerre à laquelle tions politiques et mouvement syn- Relevant « la profonde crise de les accords des partenaires so- être fixé par une convention ou un Mercredi, à l’Assemblée, la se livrent depuis deux ans le gou- dical et associatif, des militants is- confiance dans les modes de repré- ciaux ! », a lancé Roselyne Bache- accord collectif », n’a pas été modi- droite est revenue à la charge sur vernement et le patronat. Selon le sus de Droits devant ! !, de SUD, du sentation politique, mise en lumière lot (RPR, Maine-et-Loire). « Vous fié. le maximum de 1 600 heures tra- niveau de taxation retenu, le SNUI, de la CNT, d’AC !, du DAL, par les dernières échéances électo- bafouez la négociation sociale », a vaillées dans l’année prévu dans le contingent autorisé, les délais de la tendance Ecole émancipée de rales », déplorant que « les gouver- repris Philippe Martin (RPR, ACCORDS LÉGAUX projet de loi, en soulignant qu’un d’application, les 35 heures de- la FSU, à l’origine d’un appel nements sociaux-démocrates à la Marne). En moins de vingt-quatre Certes, au-delà de 130 heures, le grand nombre d’accords de viendront une réalité ou une « pour l’autonomie du mouvement tête de la plupart des Etats de heures, l’argument a été brandi un contingent ouvre droit à un repos branche s’étaient calés sur une du- chimère. En accusant le gouverne- social » (Le Monde daté 3-4 octo- l’Union européenne n’aient plus nombre record de fois : le second compensateur de 100 %, c’est-à- rée de 1 645 heures. « 0,5 % de ces ment de ne pas respecter les ac- bre), devaient rendre publique, jeu- d’autre ambition que de gérer le sys- projet de loi sur les 35 heures, exa- dire à une récupération intégrale ; accords atteignent 1 645 heures », a cords, le Medef laisse poindre, di 14 octobre, une première liste tème capitaliste tel qu’il est », les si- miné en première lecture à l’As- mais, sur ce point, l’accord textile rectifié Martine Aubry. « Légaux », sans le dire ouvertement, la suite d’une centaine de signataires. Rédi- gnataires du texte se disent semblée nationale, rendrait caducs n’a rien précisé, et un amende- ces accords, signés « alors qu’une logique de ce raisonnement : nous gé par un collectif incluant, entre convaincus que « du mouvement les accords de branche signés dans ment socialiste a assoupli cette ré- autre réglementation s’appliquait », non plus, nous ne respecterons autres, Annie Pourre (CGT, Droits social peuvent émerger les éléments le cadre de la première loi. cupération, qui pourra être prise ne devront pas obligatoirement pas une loi « inapplicable ». Devant ! !), Pierre Contesenne d’un nouveau projet de société, si ce La discussion à l’Assemblée, dans un délai de six mois et non de être revus, mais le dépassement en Le patronat a tout intérêt à faire (Droits Devant ! !, SUD aérien), dernier parvient à fédérer ses reven- mardi et mercredi, sur les heures deux mois, comme c’était la règle heures supplémentaires devra être monter les enchères. En suggérant Patrice Spadoni (AC !), Jacques dications ». supplémentaires et la durée an- jusqu’ici. Enfin, l’accord textile payé. que la signature des partenaires Toublet (correcteurs CGT) et L’appel se prononce contre le nuelle de travail fixée à prévoit une majoration de 25 % « A l’avenir, nous n’étendrons pas sociaux est bafouée, il vise un Olivier Vinay (Ecole émancipée), projet de seconde loi sur les 1 600 heures, a fourni le cadre, la des heures supplémentaires les accords fondés sur plus de autre enjeu : aujourd’hui au coude cet appel agite les milieux syn- 35 heures, qui risque de « générali- droite prenant le relais du patro- comprises entre 35 et 39 heures 1 600 heures », a prévenu la mi- à coude avec les syndicats pour re- dicaux et associatifs. ser l’annualisation et la flexibilité au nat, qui mène en ce moment une au-delà de 90 heures annuelles. Là nistre de l’emploi et de la solidari- fuser la contribution des orga- Et pour cause : de tonalité plutôt profit des seuls employeurs ». Il ré- campagne active sur le sujet. Le encore, cette disposition est au- té. Elle a aussi indiqué que, sur nismes sociaux au financement libertaire, ce texte considère que clame, entre autres, une « véritable 2 octobre, dans Ouest-France, le jourd’hui validée... Du coup, le se- 109 accords de branche conclus des 35 heures, il sait que le gouver- les différents mouvements sociaux redistribution des richesses et du tra- président du Medef, Ernest-An- crétaire général de la fédération jusqu’ici, 66 ont reçu un agré- nement, sur ce point, a impérati- – qu’il s’agisse des chômeurs, des vail ». Plaidant pour l’indépen- toine Seillière, dénonçait un texte textile de la CGT s’est fâché : «Il ment ; un seul (carrières et maté- vement besoin d’un compromis. mal-logés, ou des sans-papiers – et dance des « associations de lutte, « qui piétine les accords de est inadmissible que cet accord de riaux) a été refusé ; celui de la mé- les réseaux de « résistance à la syndicats, coordinations, réseaux » branche » servant de référence aux branche, signé par cinq syndicats, tallurgie devra être renégocié ; Isabelle Mandraud mondialisation », du type Coordi- vis-à-vis « du gouvernement et des entreprises. Le 11 octobre, dans nation contre l’AMI, contre l’OMC, partis », il condamne les « tentatives l’émission « Mots croisés » de Marches européennes contre le de récupération de toutes sortes », France 2, Guillaume Sarkozy pour- chômage, sont aussi porteurs d’un notamment « les détournements de suit l’offensive : le président de projet politique. Sous-entendu : ils personnes sur des listes de candida- l’Union des industries textiles af- La durée annuelle du travail pourra être de 1 600 heures sont capables, au même titre que ture électorales ». Certains des si- firme que l’accord du secteur, LE CHAPITRE des heures sup- bry, s’y est opposée, estimant que M. Sarre cache une âme de révolu- les formations politiques à la gnataires, à l’instar de l’ancien pourtant agréé par le ministère, ne plémentaires tout juste adopté, bon nombre d’entreprises ne pour- tionnaire », a fait mine de s’effrayer gauche du Parti socialiste, d’élabo- évêque d’Evreux, Jacques Gaillot, rentre plus dans les clous du projet malgré l’abstention des Verts et des raient pas respecter cette norme. M. Goulard. « Nous avons failli rer eux-mêmes un tel projet. Parmi ou de l’écrivain Maurice Rajsfus, fi- de loi en raison, notamment, du communistes, les députés sont pas- « On compte aujourd’hui trente- voter la révolution », a acquiescé les signataires figurent de nom- gurent aussi sur l’appel à la mani- contingent d’heures supplémen- sés, mercredi 13 octobre, à celui de deux branches dans lesquelles la du- avec amusement M. Cochet dans breux militants des SUD – dont festation du 16 octobre lancée par taires. la flexibilité. En guise de transition, rée maximale moyenne est supé- les couloirs. deux responsables fédéraux de le Parti communiste. En revanche, Info ou intox ? L’accord textile, entre l’article 2 et l’article 3 du pro- rieure à 42 heures », a indiqué la L’article 3 adopté, les choses se SUD-PTT –, un membre du bureau Aline Pailler, ex-députée euro- un des premiers signés par tous les jet de loi sur les 35 heures, la durée ministre de l’emploi et de la solida- sont gâtées avec le suivant, consa- national du SNJ-CGT et plusieurs péenne du PCF, aujourd’hui syndicats, précise que le maximale du travail a fait l’objet rité, citant l’industrie sucrière et cré à la possibilité d’organiser la ré- syndicalistes de la CGT-Banques et membre du Conseil économique et contingent « libre » d’heures sup- d’une nouvelle définition. L’amen- l’agroalimentaire. La poire a donc duction du temps de travail sous de la CGT-Correcteurs. L’appel est social et signataire de l’appel pour plémentaires, c’est-à-dire la partie dement de la commission des af- été coupée en deux, à 44 heures, au forme de journées ou de demi- signé, aussi, par le sociologue l’autonomie du mouvement social, au-delà de 130 heures qui néces- faires sociales, qui visait à limiter à grand dam du PCF et des Verts. journées de repos. Le PCF a voté Pierre Bourdieu, par Jean-Claude précise qu’elle a refusé de figurer site l’approbation de l’inspection 42 heures la durée hebdomadaire Aux critiques récurrentes de la contre l’article 4, qualifié d’« instru- Amara, porte-parole de Droits De- sur l’appel à la manifestation du du travail, pourra être porté à du travail sur douze semaines droite, dénonçant une « usine à ment terrible de la flexibilité ». Jeudi, vant ! !, et par Alain Bihr, anima- 16 octobre, appuyant seulement le 45 heures dans les entreprises. Or consécutives, contre 46 actuelle- gaz », a succédé une relative trêve les débats devaient se concentrer teur du club de réflexion A contre- manifeste de soutien aux sans- le projet de loi actuel ne contredit ment, a fait long feu. Martine Au- avec la modulation des horaires, sur le sort des cadres. courant. La signature de ce dernier papiers qui s’y superpose. « article moins épouvantable que les figure cependant aussi au bas de autres à nos yeux », selon François Cl. F. et I. M. l’appel de personnalités en faveur Caroline Monnot Goulard (DL, Morbihan). L’opposi- tion a salué la simplification des trois régimes de modulation. La durée maximale de 1 600 heures de travail dans l’année a été adoptée, sur proposition du PS, comme un « plafond », à la condition que les accords justifient ce recours à la flexibilité et que toute modification postérieure fasse l’objet d’une consultation des comités d’entre- prise (amendements PS-PCF). Sur proposition des Verts, les en- treprises devront également préci- ser « les modalités de recours au tra- vail temporaire ». « J’ai bien écouté attentivement le discours sur la pré- carité du premier ministre, il y a une quinzaine de jours, à Strasbourg », a expliqué Yves Cochet (Verts, Val- d’Oise). Georges Sarre (MDC, Pa- ris) s’est opposé à toute modula- tion qui donne du « lest » aux « pa- trons français (...), seuls maîtres à bord dans l’organisation du temps de travail ». Son amendement vi- sant à partager le pouvoir de déci- sion entre directions et comités d’entreprise a été repoussé de jus- tesse. « Sous un air bourgeois, LeMonde Job: WMQ1510--0011-0 WAS LMQ1510-11 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0422 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 11

Lionel Jospin refuse d’atténuer L’opposition saisit le Conseil constitutionnel la responsabilité pénale des maires sur le pacte civil de solidarité Le premier ministre défend l’« égalité devant la loi pénale » La gauche a définitivement adopté le texte, Devant les assises des Petites villes de France, à Léo- pour ce qui est de la responsabilité pénale. « L’égalité la droite l’a massivement rejeté, gnan, en Gironde, Lionel Jospin a rejeté, jeudi 14 octo- devant la loi pénale est nécessaire à la confiance dans bre, tout régime dérogatoire en faveur des maires la justice », a-t-il déclaré. Alain Madelin et Philippe Séguin se sont abstenus LÉOGNAN (Gironde) risque croissant de la mise en cause l’opinion publique le bénéfice que LE PACTE CIVIL de solidarité Quelques voix ont manqué à rejetée, l’exception d’irrecevabilité de notre envoyée spéciale pénale pour des fautes non intention- l’on peut en attendre en termes de (PACS) a été définitivement adop- gauche. Alfred Marie-Jeanne (di- de Jean-Pierre Mattéi (DL, Décentralisation, suite. Après nelles ». « Pour autant, je ne crois pas compétence, de disponibilité et d’ef- té par l’Assemblée nationale, mer- vers gauche, Martinique) a voté Bouches-du-Rhône) ayant été s’être exprimé, mercredi 13 octo- que ce soit rendre service à la fonc- ficacité ». credi 13 octobre : 315 députés ont contre, Jacques Dessalangre adoptée par la droite, plus nom- bre, devant les présidents de tion municipale et aux maires que de Ces principes réaffirmés, le pre- voté pour, 249 ont voté contre. (MDC, Aisne) a renouvelé son breuse que la gauche dans l’hémi- conseils généraux réunis à Tou- rétablir en leur faveur un régime dé- mier ministre a rappelé les quelques Outre les élus de la majorité abstention. Deux radicaux de cycle. Le règlement de l’Assemblée louse (Le Monde du 14 octobre), rogatoire, a ajouté le premier mi- bonnes nouvelles déjà rendues pu- – 249 socialistes, 34 communistes gauche n’ont pas pris part au vote dispose que « les propositions re- Lionel Jospin s’est rendu, jeudi ma- nistre. On ne doit pas introduire de bliques dans son discours devant et 27 membres du groupe Radical, – Jean-Pierre Defontaine (Pas-de- poussées par l’Assemblée nationale tin, aux assises des Petites villes de distinction entre les justiciables. les parlementaires socialistes, le Citoyen, Vert (RCV) –, Roselyne Calais) et Roger Franzoni (Haute- ne peuvent être reproduites dans le France, organisées à Léognan, à L’égalité devant la loi pénale est né- 27 septembre, à Strasbourg : l’ins- Bachelot (RPR, Maine-et-Loire) et, Corse) –, de même que trois socia- délai d’un an ». Or, soulignent les une quinzaine de kilomètres de cessaire à la confiance dans la jus- cription au calendrier de cette ses- plus inattendu, Gérard Grignon listes – Jean-Noël Kerdraon (Finis- auteurs de la saisine, une nouvelle Bordeaux. Accueilli par une poi- tice. Elle est tout aussi nécessaire à la sion parlementaire du projet de loi (UDF, Saint-Pierre-et-Miquelon) tère), Jean Michel (Puy-de-Dôme) proposition de loi sur le PACS gnée de militants d’AC ! confiance de nos concitoyens dans modifiant le calcul de la dotation ont exprimé un vote favorable. En et Jean-Pierre Kucheida (Pas-de- « très légèrement modifiée » a été qui l’interpellaient sur le chô- leurs élus ». globale de fonctionnement (DGF) ; première lecture, le 9 décembre Calais) – et Ernest Moutoussamy mise à l’ordre du jour dès le 3 no- mage, le premier ministre leur a ré- une rallonge de 500 millions de 1998, M. Grignon avait pourtant (app. PC, Martinique). vembre, sans respecter le délai. pliqué : « 700 000 emplois créés, PLUS DE DISPONIBILITÉ francs pour la dotation de solidarité voté contre. Les autres motifs portent sur la 300 000 chômeurs en moins, c’est dé- Le statut de l’élu ne figure pas urbaine (DSU) ; enfin, comme il Alain Madelin, président de Dé- UN MOIS POUR STATUER violation du principe de sépara- jà pas mal. On ne peut pas tout faire non plus à l’ordre du jour prioritaire l’avait laissé entendre la veille à mocratie libérale, Jean-Louis Bor- Dès mercredi, l’opposition a dé- tion des pouvoirs, de l’égalité des en un jour. » Reçu plus chaleureuse- des travaux du gouvernement, a Toulouse, M. Jospin a souligné que, loo (app. UDF, Nord) et Philippe posé un recours devant le Conseil citoyens devant la loi, de l’ar- ment par Martin Malvy, président rappelé M. Jospin. A l’adresse de la dans le débat sur le projet de loi de Séguin (RPR, Vosges) se sont abs- constitutionnel contre le PACS, ticle 40 de la Constitution – qui in- (PS) de l’association des maires de majorité sénatoriale, qui fait de ce finances pour 2000, le gouverne- tenus. L’ancien président du RPR auquel M. Séguin ne s’est pas as- terdit aux parlementaires de voter petites villes, le premier ministre statut le préalable à toute réforme ment se montrera « ouvert » aux n’avait pas participé au vote en socié. Le texte, signé par les trois des dispositions diminuant les re- s’est gardé de s’engager sur les deux du cumul des mandats, le premier propositions de réforme de la dota- première lecture. Il y a un an, présidents de groupe, Jean-Louis cettes de l’Etat ou alourdissant les principaux sujets de mécontente- ministre a indiqué que « les Français tion de solidarité rurale (DSR). Mme Bachelot avait raconté que, Debré (RPR), Philippe Douste- charges publiques –, du préam- ment des maires : la responsabilité demandent d’abord [à leurs élus] Avant de quitter Bordeaux pour lors d’une commission exécutive Blazy (UDF) et José Rossi (DL), bule de la Constitution de 1946 pénale et le statut de l’élu. d’être disponibles pour exercer plei- le sommet européen de Tempere, du RPR, M. Séguin avait « mis en ainsi que par M. Madelin, énu- – « la nation assure à l’individu et à « Etre maire d’une petite ville est nement leurs attributions ». Quant en Finlande, le premier ministre de- garde » ses collègues en souli- mère une série de motifs d’in- la famille les conditions nécessaires un engagement, une mission, mais aux projets de réforme des régimes vait rencontrer, en fin de matinée, gnant « combien les Français sont constitutionnalité. Le premier à son développement ». Le Conseil une mission difficile », a observé d’indemnités, de retraite et de for- les élus socialistes du département. favorables » au PACS. « Ensuite, il concerne la procédure parlemen- a un mois pour statuer. M. Jospin, en soulignant que les mation des élus, M. Jospin a insisté n’a jamais dit qu’il était contre », taire. Le 9 octobre 1998, la propo- maires sont « préoccupés par le sur « la nécessité de justifier devant Pascale Robert-Diard avait ajouté Mme Bachelot. sition de loi sur le PACS avait été Clarisse Fabre

M. Juppé trouve M. Jospin « très premier ministre »

Lionel Jospin et Alain Juppé ont fait assaut de courtoisie répu- blicaine et médiatique, jeudi 14 octobre. Le premier ministre, qui allait assister aux assises des Petites villes de France à Léognan (Gironde), avait fait savoir qu’il souhaitait, conformément à la tradition, saluer le maire de Bordeaux lors de son passage dans la région, et ce dernier avait accepté cette « visite républicaine ». M. Jospin s’est donc rendu, en début de matinée, à l’hôtel de ville de Bordeaux. Venu à pied de la préfecture, il a été accueilli par le maire, qui l’avait rejoint dans la rue. L’actuel chef du gouvernement et son prédécesseur à l’Hôtel Matignon se sont ensuite entretenus en tête à tête pendant une quinzaine de minutes dans les salons de la mairie. « Ce fut un échange très cordial. Nous avons parlé du dossier du franchissement de la Garonne. Je l’ai trouvé très premier ministre », a déclaré M. Juppé. Le Sénat approuve la création du volontariat civil ULTIME VOLET de la profes- Un centre d’information sur le vo- sionnalisation des armées, qui lontariat international (CIVI) sera passe par l’abandon du service na- créé pour enregistrer les de- tional en 2002 au plus tard, le pro- mandes et s’assurer de leur corres- jet de loi visant à remplacer la pondance avec les besoins expri- « coopération » par un volontariat més par les organismes civil a été adopté, en première lec- utilisateurs. ture, mercredi 13 octobre, par le Sénat. « Ce texte est attendu tant en France qu’à l’étranger, parce qu’il Il reste à régler est dès aujourd’hui nécessaire, après la fin de la conscription, de la question prolonger les formes civiles du ser- vice national, de renforcer une des des conventions formes de l’engagement civique de notre jeunesse, d’assurer le rayon- avec les organismes nement culturel et économique de notre pays », a déclaré le ministre d’accueil des affaires étrangères, Hubert Védrine, venu défendre le projet avec le ministre délégué à la coo- Au nom de la commission des pération, Charles Josselin. affaires étrangères et de la dé- De fait, en 1996, à la veille de la fense, Robert Del Picchia, séna- réforme du service national, on re- teur (RPR) des Français établis à censait environ cinquante mille l’étranger, a estimé que le projet jeunes appelés relevant du service de loi – globalement « positif » – national proprement civil, avec demeure cependant « limité dans des durées variables, des couver- ses ambitions » et « encore impré- tures sociales disparates et des ré- cis » pour ce qui a trait, en parti- munérations différentes selon ses culier, au volontariat sur le terri- modalités d’exécution (dans la toire national. Il reste, en effet, à coopération, l’aide technique, la régler la question des conventions défense et la sécurité civile, dans que l’Etat passera avec les orga- la police nationale ou une affecta- nismes d’accueil. Si l’Etat doit tion spéciale auprès des adminis- prendre à sa charge les dépenses trations, des collectivités locales, occasionnées par les affectations voire des organisations non gou- des volontaires dans ses services à vernementales). Ce service civil ne l’étranger ou outre-mer, le prin- sera bientôt plus alimenté, comme cipe général demeure qu’il revient il l’était, par la conscription. à l’organisme d’accueil de suppor- Le projet de loi définit donc de ter tout ou partie du poids finan- nouvelles modalités. Ouvert aux cier du dispositif. hommes et femmes âgés de dix- Pour M. Del Picchia, s’il devait huit à vingt-huit ans lors du dépôt être insuffisamment rémunéré, le de leur demande, le volontariat ci- volontariat civil aurait à souffrir vil s’exercera, pour une durée de la concurrence avec le volonta- comprise entre six mois et deux riat dans les armées (4 365 francs ans, dans les domaines de la coo- – 665,4 ¤ – par mois pour un mili- pération internationale, de la dé- taire du rang et 5 165 francs fense et la sécurité civile, de la co- – 787,4 ¤ – pour un aspirant). Avec hésion sociale et de la solidarité. l’accord du gouvernement, la Les volontaires percevront une in- commission a fait adopter plu- demnité de base uniforme de sieurs amendements précisant, l’ordre de 3 455 francs par mois notamment, les conditions fiscales (526,7 ¤), à laquelle pourra s’ajou- et de couverture sociale dont bé- ter une indemnité supplémentaire, néficieront les volontaires civils. dont ceux qui sont affectés outre- mer et à l’étranger bénéficieront. Jacques Isnard LeMonde Job: WMQ1510--0012-0 WAS LMQ1510-12 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0423 Lcp: 700 CMYK

12 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999

ÉDUCATION Alors que la ren- poursuit. De 1995 à 1999, le nombre versitaires, qui tentent de rénover été améliorés et les cours magis- mesures nouvelles du plan social trée universitaire commence à d’étudiants en DEUG de sciences les DEUG en s’inspirant d’une expé- traux réduits. Le taux de passage étudiant : la montée en puissance avoir lieu, on constate que la dé- est passé de 150 000 à 127 000. rience menée dans six sites pilotes. en deuxième année a progressé. du nombre de bourses et la créa- saffection pour les études scienti- b CETTE SITUATION inquiète les b À LILLE, par exemple, le suivi et b LA RENTRÉE UNIVERSITAIRE est tion de 7 000 allocations d’études fiques, amorcée il y a quatre ans, se responsables ministériels et uni- l’encadrement des étudiants ont marquée par l’application de trois et de 11 000 bourses à taux zéro. L’université ne parvient pas à attirer les étudiants en sciences Depuis quatre ans, les DEUG de sciences ont perdu 23 000 étudiants. Pour les responsables ministériels et universitaires, cette désaffection est liée à la concurrence des classes préparatoires et à la réputation de grande difficulté des études scientifiques ON CÉLÉBRERA, comme lors En amont, le vivier des candi- encore. Les expériences de « main des fêtes de la Révolution dédiées dats au baccalauréat scienti- Le déclin des effectifs à la pâte » engagées par le Nobel à la raison, la Semaine de la fique (S) s’appauvrit depuis BACHELIERS SCIENTIFIQUES ÉTUDIANTS EN DEUG SCIENCES Georges Charpak tentent d’y re- 13 000 étudiants science, du 18 au 24 octobre. Elle quatre ou cinq ans, et le taux de en milliers en milliers médier. de moins en 1999 s’appellera même, pour cette hui- réussite à ce bac décroit régulière- 145,6 Pour le président de l’université tième édition, La science en fête. ment (voir graphique). Si l’on 150 143,2 150 Strasbourg-I, Jean-Yves Mérindol, b Effectifs : Pourtant, en cette période de ren- ajoute le fait que « la proportion le malaise tient également à la – 1 493 000 étudiants dans les trée des étudiants, les respon- de bacheliers par génération ne place des sciences dans la société, universités pour la rentrée 1999, sables ministériels et universi- progresse plus », comme l’écrit la 140 140 moins assurée qu’à la fin des soit13 000 de moins par rapport à la taires font plutôt grise mine : les direction de la programmation et 125 126,4 « trente glorieuses ». Paradoxale- rentrée 1998. 608 000 sont inscrits étudiants boudent toujours les du développement du ministère, ment, elles suscitent à la fois une en premier cycle, 682 000 en second sciences. que le taux de poursuite d’études 130 130 confiance quasi scientiste héritée et troisième cycles, 121 000 dans les Alarmés, depuis le milieu des des bacheliers généraux diminue du siècle dernier et une méfiance instituts universitaires de années 90, par la désaffection qui d’un point par an depuis trois ans qui peut aller jusqu’au rejet. «Il technologie (IUT), 82 000 dans les touche certaines spécialités du et qu’arrivent des « générations 120 120 faut dépenser beaucoup d’énergie instituts universitaires de formation DEUG scientifique (Le Monde du creuses » après quinze ans d’ex- pour que l’université fasse vivre la des maîtres (IUFM). 5 août 1998) – entre autres la phy- pansion continue, on comprend culture scientifique », affirme ce – 250 000 en sections de techniciens sique –, les présidents d’université que les responsables universi- 110 110 président, qui organise des supérieurs (préparant un BTS) et la direction de l’enseignement taires se fassent du souci. échanges réguliers avec le second – 71 000 en classes préparatoires supérieur s’interrogent sur la degré. aux grandes écoles (CPGE) 1994 95 96 97 98 99 perte de plus de 23 000 étudiants ÉTUDES « TRÈS DIFFICILES » Aujourd’hui, le ministère n’en – 286 000 dans les autres en quatre ans, qui risque d’avoir à Pour tenter, autant que faire se 94/95 95/96 96/97 97/98 98/99 est plus à s’interroger pour savoir établissements publics ou privés Source : ministère de l'éducation nationale terme des conséquences écono- peut, d’y voir plus clair, la direc- s’il fallait ou non, lors de la pre- (grandes écoles de commerce et de miques importantes. Même si la tion de l’enseignement supérieur est vrai que le système, aux déno- tion massive pour les filières mière réforme du lycée, fondre les gestion, architecture, paramédical, baisse doit s’estomper, les prévi- a commandé à un cabinet de minations complexes et chan- technologico-scientifiques qui séries C (maths) et D (sciences) en social, etc.) sions ne sont optimistes ni pour conseil une étude qui a été menée, geantes, est illisible. préoccupe les dirigeants universi- une seule série S, ni sur les réper- b Budget : le projet de budget de cette année ni pour l’an prochain : en avril, dans six lycées auprès de Francine Demichel, la directrice taires, souligne Jean Brihault, pré- cussions que cette réforme de l’enseignement supérieur pour 2000 – 3 % en 1999-2000, – 1,5 % en 3 000 élèves. Rendu en juin, ce des enseignements supérieurs, sident de l’université Rennes-II. structure a pu entraîner sur les s’élève à 52 463 millions de francs, 2000-2001, selon la direction de la travail conclut que près d’un élève avance d’autres raisons : « Les fi- Le recteur de l’université de Karls- DEUG scientifiques. Il tente de soit une progression de 2,63 % par programmation et du développe- sur deux juge les études scienti- lières à la mode, comme la psycho, ruhe a ainsi expliqué, fin août, aux « rénover » ces DEUG depuis un rapport à 1999. ment du ministère (note no 99-35, fiques « très difficiles ». 54 % des le droit, les arts, les sciences et tech- représentants de la Conférence an, à partir d’une expérience me- b Aides financières : actuellement, octobre). élèves de seconde le pensent, un niques des activités physiques et des présidents d’université que, née dans six universités (lire ci- 24 % de la population étudiante Certaines causes sont connues : chiffre cinq fois plus élevé que sportives sont des filières que les ly- en Allemagne, « la culture verte dessous) : le cours magistral est ré- reçoit une aide. Le budget consacré la prolifération des classes prépa- pour la littérature. céens n’ont pas eu l’occasion d’ap- conduit à penser que le chimiste est duit au profit des travaux dirigés aux bourses s’élève à 7,12 milliards ratoires aux grandes écoles, ces Toutes les catégories de lycéens procher, ou d’approfondir, dans le celui qui pollue et que celui qui fait et d’un encadrement renforcé. de francs (en augmentation de dernières années, a capté l’héri- estiment que les carrières scienti- secondaire. » Ils veulent aller vers du génie mécanique construit des « Nous sommes sûrs que les étu- 9,3 % par rapport à 1998). Dans le tage de l’université, raflant une fiques offrent le plus d’occasions des disciplines qui leur offrent robots qui font perdre des em- diants ont envie d’être encadrés, cadre du plan social étudiant, trois partie de ses bons étudiants, tan- d’emploi à long terme. Mais pas d’autres clés de compréhension plois ». d’où l’idée des petits groupes, pour nouvelles mesures sont applicables dis que les filières courtes, en par- en passant par l’université ! Pour du monde, estime Mme Demichel. faire davantage de sciences expéri- à cette rentrée : ticulier les instituts universitaires les lycéens interrogés, l’université, Une opinion partagée par Paolo « MAIN À LA PÂTE » mentales », argumente Francine – bourse de premier cycle pour les de technologie (IUT), en sédui- contrairement aux grandes écoles, Blasi, le recteur de l’université de Daniel Bancel, recteur de l’aca- Demichel. Au programme égale- étudiants en situation d’échec ou en saient une autre. L’attraction de « recrute les plus mauvais lycéens, Florence. « Les problèmes que les démie de Lyon, déplore pour sa ment, un enseignement de l’his- réorientation. 13 000 étudiants ces deux filières, auxquelles il faut accueille les pires enseignants, a un jeunes ont devant eux sont multidis- part le fossé qui existe entre les toire des sciences défendu par concernés. rajouter les écoles d’ingénieurs, faible niveau de recherche, produit ciplinaires. D’où l’attrait pour les fi- professeurs du second degré et Dominique Lecourt, professeur à – bourse à taux zéro permettant la « s’est manifestée de manière va- des chômeurs, ce qui est normal lières généralistes, comme l’écono- ceux de l’université, chacun igno- Paris-VII-Jussieu. « Si l’on ne prise en charge totale des frais riable entre 1994 et 1997 », nuance puisque l’encadrement est moins mie, le droit, l’architecture, la rant les méthodes et les objectifs comprend pas les résistances qu’il y d’inscription. 11 000 étudiants une note interne de la direction de bon, qu’on apprend moins et que psychologie. Evidemment, faire de de l’autre. Il regrette également le a eu, la façon dont les idées scienti- concernés. l’enseignement supérieur. Ainsi, l’on a moins de contacts avec les la psycho ne résout rien. » morcellement des sciences, au fiques se sont imposées, on ne – allocation d’études destinée à pour la première fois depuis la ré- entreprises ». Ces réponses s’ac- Pour l’instant, la baisse des ef- collège et au lycée, voire le brouil- comprend rien à sa discipline », répondre à des situations forme de 1995, les inscriptions en compagnent d’une grande mé- fectifs dans les filières scienti- lage avec l’enseignement de la fait valoir le physicien Michel De- particulières ne trouvant pas de classes préparatoires aux grandes connaissance de l’université, de fiques, réelle mais modérée, n’in- technologie. « Dès l’école pri- lamar, le président de Jussieu. réponse dans le dispositif boursier écoles ont diminué en 1998. Mais l’aveu même des lycéens, qui ne quiète pas nos voisins transalpins. maire, l’enseignement des sciences classique. Cette aide sera accordée la tendance est tout de même là. s’estiment pas assez informés. Il En Allemagne, c’est la désaffec- est souvent sacrifié », explique-t-il Béatrice Gurrey par des commissions académiques. L’an II du plan social étudiant « Si on n’avait rien changé, on allait dans le mur » GARDER le rythme. Telle parons une commission pour label- des questions d’aménagement du LILLE forme Bayrou de 1997, et qui se ré- cas, déplore Jean-Philippe, en semble être la devise de Francine liser le titre et le grade de mastaire territoire à la conférence des pré- de notre envoyée spécial vèle plutôt avantageux pour les 2e année. En plus, les programmes Demichel, directrice des ensei- pour ceux qui ne l’ont pas de plein sidents d’université. De la désaffection au désamour : étudiants, a aussi eu son effet. ont été allégés au lycée et on dirait gnements supérieurs, lors de droit », ajoute Mme Demichel, tan- La conférence avoue en re- en cinq ans, le DEUG sciences de la « Quand même, l’année dernière, que, à la fac, personne n’en a tenu cette rentrée universitaire. dis qu’à la demande de la vanche son désaccord avec l’une matière (SM) de l’université de Lille tout a été fait pour que les étudiants compte. » « Nous avons tout mis en place. La commission des titres d’ingé- des intentions de Claude Allègre, s’en sortent », témoigne Loïc, qui, Pour les aider à surmonter ce dé- vitesse de progression est bonne », nieur, le ministère réfléchit aussi inscrites dans le plan U3M : la REPORTAGE après avoir redoublé une première calage, les étudiants ont désormais affirme-t-elle en présentant à un diplôme réservé aux étran- création d’universités de techno- Méthodes, suivi année « classique » a pu goûter la quatre heures de tutorat. Une me- « l’an II » du plan social étudiant. gers. logie, des « structures spécialisées différence et est passé en deuxième sure d’accompagnement, digne des A mi-parcours de ce plan de et de taille moyenne », sur le mo- des étudiants, travail année de DEUG SM. « On a été su- classes préparatoires, que les pro- quatre ans, trois mesures nou- LICENCE PROFESSIONNELLE dèle de l’université de en équipe : tout, ou per cadrés et très aidés. » moteurs de l’expérimentation sou- velles sont mises en place lors de Enfin, le projet de licence pro- Compiègne. « D’une part, le tissu presque, a été repensé L’axe principal de la rénovation haiteraient rendre obligatoire. Ils la rentrée : la montée en puis- fessionnelle, « un diplôme tout à universitaire n’a pas besoin de de la première année du DEUG SM ont en effet constaté, en 1998-1999, sance du nombre de bourses ainsi fait original dans l’axe de l’ensei- nouveaux établissements, affirme repose en effet sur un encadrement que les élèves les plus en difficulté que la création de 7 000 alloca- gnement professionnel intégré », André Legrand. D’autre part, la a vu fondre ses effectifs de moitié, maximal des nouveaux bacheliers. n’y assistaient pas systématique- tions d’études et de doit être examiné par le Conseil technologie doit clairement rester passant de 500 à 250 aujourd’hui. La proportion des cours magis- ment. Ces groupes, d’une quin- 11 000 bourses à taux zéro (lire ci- national de l’enseignement supé- dans l’université, afin d’éviter une « Si on n’avait rien changé, on allait traux a été diminuée, et les pre- zaine de personnes, sont encadrés dessus). Seule la deuxième me- rieur, le 25 octobre. « Nous espé- césure entre ce qui est technolo- droit dans le mur », résume Denis mières séances en amphi ont été chacun par un étudiant de troi- sure a le souffle un peu court. «Je rons que ce sera une voie de réus- gique et ce qui est universitaire. » Petitprez, maître de conférences en renvoyées au mois de novembre, sième cycle et ont à leur disposition ne suis pas sûre que toutes les allo- site pour une insertion sociale Pour autant, cette question ne physique. lorsque les jeunes sont davantage un centre de ressources multimé- cations, destinées aux étudiants en immédiate », souhaite la direc- constituera pas un casus belli A la rentrée 1998, la première an- familiarisés avec l’université. Pen- dias. Avec l’enseignement en petits situation d’autonomie constatée, trice de l’enseignement supérieur avec le ministère : « Des marges née de ce DEUG, à l’instar de cinq dant ce temps, les cours sont dis- groupes, cette mesure représente soient attribuées. Nous ne sommes qui « ne l’imposera pas aux uni- de discussions existent », assure-t- autres formations réparties dans pensés devant des classes d’une une grande partie de l’investisse- pas débordés par les demandes », versités ». on à la CPU. autant d’universités (Bordeaux-I, trentaine d’élèves, et des cours de ment d’un million de francs assure Mme Demichel, agacée par Les présidents d’université Selon Maurice Vincent, sur les Grenoble-I, Littoral, Montpellier-II méthodologie, essentiellement consenti par l’université. la revendication de l’UNEF-ID sont, quant à eux, plutôt sereins. six créations évoquées lors du et Paris-XI) a donc fait l’objet d’une consacrés à la prise de notes, leur Les classes prépas ont décidé- qui en réclame 700 000. Hormis quelques « problèmes iso- Ciadt du 23 juillet (Le Monde du « rénovation », encouragée par le sont proposés. Au cours de ce pre- ment inspiré les initiateurs du pro- « Nous sommes si peu débordés lés » de sureffectifs dans les fi- 23 juillet), seuls les sites de ministère. Méthodes pédago- mier semestre allégé, le contrôle jet. Les ateliers technologiques que les centres régionaux des lières artistiques, ainsi qu’en in- Tarbes et de Nîmes sont encore à giques, suivi des étudiants, système continu est la règle. « Ça nous per- d’enseignement (ATE) ressemblent œuvres universitaires et sociales formation et communication, la l’ordre du jour. « De notre côté, de notation, travail en équipe : met d’avoir droit à l’erreur », se féli- à s’y méprendre aux travaux inter- (CROUS) avaient basculé des rentrée universitaire se déroule nous devons organiser une coopé- tout, ou presque, a été repensé. cite Sylvia. disciplinaires personnels encadrés bourses sur critères sociaux sur les « sans incident », comme l’a sou- ration universitaire plus perfor- Cette opération de survie visait un L’ensemble du dispositif exigeait (TIPE), introduits dans les classes allocations d’études », poursuit ligné André Legrand, premier mante qu’elle ne l’est au- double objectif : reconquérir les ly- des professeurs qu’ils travaillent en prépas depuis plusieurs années. Mme Demichel, qui assure avoir vice-président de la conférence jourd’hui », admet André céens scientifiques et, surtout, les équipe – un vœu pieux jus- Ces séances, au cours desquelles mis bon ordre à cette situation. des présidents d’université Legrand. Il reconnaît aussi le be- faire renouer avec la réussite uni- qu’alors –, et qu’ils enseignent leur un groupe de trois étudiants doit Les commissions académiques (CPU), lors d’une conférence de soin d’adapter les formations versitaire. discipline différemment. « Au lycée, préparer et présenter un projet qui attribuent les allocations presse, mercredi 13 octobre. Leur existantes, « en accentuant leur « Il faut dire que l’université a la physique est enseignée de manière dans deux disciplines, sont desti- d’études se sont mises en place et seul motif « d’inquiétude ex- vocation technologique et profes- mauvaise presse, reconnaît Jean Di ludique et expérimentale, à l’univer- nées à développer l’autonomie et le nombre des « bourses au mé- trême » concerne la baisse conti- sionnelle ». Les universités de- Persio, coordinateur du projet à sité on est dans l’abstraction et la ré- l’expression orale. rite » a doublé depuis 1998, pas- nue du nombre d’étudiants dans vront utiliser la future licence Lille-I. Alors que le public étudiant a flexion, estime Denis Petitprez. C’est S’ils jugent l’ensemble de ces sant de 200 à 400, constate Fran- les filières scientifiques (lire ci- professionnelle à cet effet, estime changé, les méthodes d’enseigne- vrai que les enseignants ont du mal à aménagements plutôt positifs, les cine Demichel. dessus). le vice-président de la CPU. La ment de l’université n’ont pas évolué. revenir là-dessus. Mais on doit étudiants en font une lecture parti- Quant aux étapes de l’harmoni- Côté finances, les présidents conférence ne s’oppose pas à Lorsque l’on a commencé notre ré- s’adapter à notre public ». « C’est culière : la méthodologie, la multi- sation européenne, désormais d’université se montrent tout au- l’idée d’un accès à cette forma- flexion, le taux de passage de pre- désormais à nous de leur inculquer plication des travaux pratiques, les baptisée « espace européen du sa- tant satisfaits du budget 2000 que tion sur dossier, sur le modèle des mière en deuxième année était tout l’esprit logique et le raisonnement. ATE, sont avant tout, à leurs yeux, voir », elles sont également res- des perspectives financières ou- troisièmes cycles professionnali- juste égal à 30 %. » En juin, 58 % Avant, ils arrivaient à l’université « des moyens d’obtenir des points fa- pectées, se félicite cette proche vertes par le plan U3M : « On de- sés. C’est notamment sur ce des étudiants ont obtenu leur exa- avec », regrette Jean Di Persio. Les cilement ». « Maintenant, la pre- de Claude Allègre. Le décret vrait atteindre 40 à 45 milliards point que l’UNEF-ID, principale men de première année. Il est en- cours s’efforcent donc d’être moins mière année c’est une année d’inté- créant le grade de mastaire à sur sept ans, ce qui constitue une organisation d’étudiants, sou- core tôt pour attribuer exclusive- abstraits. Cet aggiornamento dans gration ; tout est fait pour qu’on la bac + 5 est paru au Journal officiel légère hausse par rapport à haite mener le combat, au nom ment ces résultats à la rénovation, les pratiques ne saute pas aux yeux réussisse, résume Thibaut. La sélec- le 2 septembre, offrant « une U 2000, alors que la tendance dé- du refus de la sélection. reconnaît le coordinateur. Le sys- des étudiants. « Les profs utilisent tion se fera en 2e année. » même référence aux universités et mographique est inversée », sou- tème de compensation des notes encore des notions qu’on est censés aux grandes écoles ». « Nous pré- ligne Maurice Vincent, chargé B. G. et S. L. B. aux examens, inscrit dans la ré- avoir vues, alors que ce n’est pas le Stéphanie Le Bars LeMonde Job: WMQ1510--0013-0 WAS LMQ1510-13 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0424 Lcp: 700 CMYK

SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 13

Le docteur Godard aurait séjourné en septembre Un accident mortel à la Cogema sur l’île de Man, avec ses deux enfants serait lié au non-respect Pour la première fois depuis sa disparition, des témoignages laissent penser qu’il est toujours en vie de la réglementation Le procureur de la République de Saint-Malo, Ré- dard et ses enfants, disparus de manière mi-septembre, dans un hôtel de l’île de Man, en my Heitz, a fait état, mercredi 13 octobre d’élé- inexpliquée sur un voilier début septembre, pour- mer d’Irlande. Une commission rogatoire interna- ments laissant penser que le docteur Yves Go- raient être toujours en vie. Ils auraient été vus, tionale a été délivrée aux autorités britanniques. La CGT cite l’inspection du travail EN CAVALE. « NOUS, le nucléaire on est pour, Sur une île, entre Un mois et demi d'interrogations voilier, le NICK, sur lequel la police consignes de sécurité propres à l’ate- Ecosse et Irlande, avec ses deux en- n’a encore aucune information. mais pas n’importe comment » : de lier de maintenance faisaient réfé- fants, Camille, six ans. Marius, 6 mi-septembre Tant de questions restent en sus- l’avis d’un syndicaliste CGT de la Co- rence aux deux points relevés par quatre ans. Des témoins les ont Île de Man Signalement pens. Quelle destination ? Quel iti- gema à la Hague, l’accident tragique l’inspection du travail ; mais il in- vus, entre le 7 et le 14 septembre, d'Yves Godard et des deux enfants néraire ? Quel moyen de transport qui a entraîné le 24 septembre la dique que des consignes générales, dans un hôtel de Douglas dans un petit hôtel de l’île de Man ROYAUME- pour arriver à Man ? Et quel rôle le mort d’un travailleur dans l’usine valables pour tout l’établissement, – le Mannin – à deux pas de la UNI radeau de survie, découvert le nucléaire du Cotentin relève du insistent sur la nécessité de s’équiper plage. Apparemment indemnes LONDRES 23 septembre sur une plage an- « n’importe comment ». Le syndicat a de harnais dans un tel cas et de ven- d’une croisière que certains annon- glaise, a-t-il bien pu jouer ? L’ex- dévoilé, mardi 12 octobre, un docu- tiler une telle cavité. Ces consignes, çaient funeste. Vivants. Et c’est là FRANCE 23 septembre pertise minutieuse a conclu qu’il ment de l’inspection du travail de reformulées en 1996, sont rappelées 200 km « On est une sacrée nouvelle. Bridport avait été déclenché de manière vo- Cherbourg qui affirme que la Coge- à chaque plan de formation. Découverte tenté de dire que la personne acciden- Car depuis le 3 septembre, date à du radeau de survie lontaire, ce dont on se doutait, et ma a enfreint la réglementation. 5 laquelle Yves Godard et ses enfants par les gardes-côtes pas dans les conditions d’un nau- « Les dispositions réglementaires ap- tée n’a pas respecté toutes les procé- furent aperçus sur leur voilier de frage. Autrement dit, le radeau a plicables aux interventions dans les dures », dit le porte-parole. emballages n’ont pas été prises en location, au large des côtes bre- 16 septembre bel et bien pu être utilisé comme tonnes, on ne savait plus rien (Le un bateau d’appoint afin de débar- compte lors de la rédaction des PARTIE CIVILE Monde Repêchage Cap de la Hague consignes de sécurité, et ne sont donc du 21 septembre). Le père d'une brassière de quer par exemple sur une plage L’enquête jugera s’il y a eu erreur n’avait-il pas tout fait pour brouil- sécurité du Nick 4 discrète. Son examen, primordial pas appliquées », lit-on dans cette humaine ou déficience des mesures ler les pistes ? On le cherchait sur la jusqu’à mardi puisque seul indice lettre adressée le 1er octobre au di- de sécurité. La CGT annonce Manche, il était déjà en mer d’Ir- d’une fuite possible du docteur, est recteur de la filiale de la Cogema qu’elle se portera partie civile. Elle lande. On le craignait au fond de 5 septembre cependant éclipsé par les témoi- concernée. affirme que la pression pour ac- Ile de Batz Caen l’océan, il fuyait. On ignore encore Découverte gnages de l’île de Man. L’accident est survenu sur un em- croître la productivité entraîne une de l'annexe du voilier 3 comment, pourquoi. En fait, on Aucun pub, aucun hôtel, aucune ballage de déchets radioactifs dans moindre sécurité. Les équipes de au nord de l'île 2 1 ignore tout du drame depuis un Tilly-sur-Seulles radio, qui, jeudi sur l’île, n’ait en- l’atelier de maintenance des « châ- l’atelier concerné étaient ainsi pas-

mois et demi. Depuis ce premier Baie de St-Brieuc St-Malo 9 septembretendu parler d’Yves Godard. Un teaux » : alors qu’il descendait dans sées à une cadence de 3 x 8 depuis jour de septembre où le docteur 2 septembre 1er septembre Perquisition au dispositif policier important est en un conteneur TN 12, profond de quelques semaines. Le syndicat domicile, et « pressions Godard quitta en trombe sa mai- Contrôle Départ découverte de train d’être déployé, même si les 4 mètres et d’un diamètre de juge que ce sont les son de Tilly-sur-Seulles, près de du voilier par un d'Yves Godard et des traces de sang enquêteurs se refusent de parler de 1,5 mètre, pour y poser des cales, économiques amplifiées par l’ouver- Caen, pour se rendre à Saint-Malo douanier enfants à bord du Nick de Mme Godard « chasse à l’homme». Prudence, in- Robert Vachon s’est trouvé asphyxié ture des marchés de l’électricité » dans son Combi Volswagen et sistait d’ailleurs mercredi, à Saint- par le gaz qui y stagnait. Tentant de qui ont tué ces travailleurs – un prendre livraison d’un voilier, ré- Malo, le procureur de la Répu- lui porter assistance, son camarade autre décès s’est produit le 3 octo- servé auprès d’un loueur depuis le qui, pour éviter sans doute une sai- enfants qu’il adore et dont il a tou- blique, Rémi Heitz, à l’intention Eric Letourneur est à son tour tombé bre à la centrale de Flamanville. 15 août. Dans le plus grand secret. sie, avait récemment fait mettre la jours pris grand soin. Et un terrible des journalistes. « A ce stade de dans le coma. Les secours n’ont pu Ce débat intervient après qu’une Personne n’avait été prévenu et carte grise de son Combi VW au secret. Avec surtout la police à ses l’enquête et sans vouloir d’une quel- que constater le décès de M. Va- série d’incidents a illustré la répéti- l’acupuncteur avait curieusement nom de sa fille Camille. trousses. Une information pour conque façon remettre en cause le chon, tandis que M. Letourneur, ra- tion de violations des règles de sé- continué d’accepter des rendez- Marie-France, l’épouse et l’assis- « homicide volontaire » a été ou- droit à l’information, j’en appelle au nimé, sortait du coma après quel- curité dans l’industrie nucléaire. sens de la responsabilité de chacun. vous avec ses patients aux dates tante du médecin, mère de Camille verte par le parquet de Saint-Malo ques jours. Après l’accident de Tokaimura, au correspondantes. Au risque de les et Marius, devait-elle être de et un mandat d’arrêt international Un homme se trouve aujourd’hui Se référant aux articles L 233−2 et Japon, le 30 septembre, on a décou- décevoir. l’aventure ? A-t-elle été prévenue ? lancé à son encontre. probablement en fuite avec deux très R. 232−5−12 du code du travail, l’ins- vert que l’entreprise JCO avait un Mais sans doute Yves Godard S’est-elle rebellée ? Comment le sa- jeunes enfants. Rien ne doit donc pecteur relève que les travailleurs ne double manuel de procédures, l’un, n’avait-il aucune intention de reve- voir ? Personne ne l’a revue depuis LE RADEAU DE SURVIE être entrepris, notamment sur le ter- disposaient pas de ceinture ou de officiel, à présenter aux autorités de nir sur ses pas... Sans doute vou- ce 31 août où elle est rentrée chez Une commission rogatoire inter- ritoire de l’île de Man, qui pourrait harnais de sécurité – qui aurait per- surveillance ; l’autre, destiné aux lait-il disparaître, et recommencer elle après son travail au cabinet nationale a d’autre part été délivrée être de nature à gêner ou à compro- mis de les remonter immédiate- employés pour leur indiquer les pro- ailleurs. Sans dettes surtout. Sa médical. On peut simplement sup- aux autorités britanniques alors mettre l’action des enquêteurs bri- ment –, et que la ventilation du cédures à suivre concrètement. Dé- hantise. Les premières investiga- poser que la nuit du départ, il y a que des enquêteurs de la gendar- tanniques et français. » conteneur n’était pas assurée. Ces but septembre, The Independent, à tions financières conduites par le eu un drame. Le sang de la jeune merie se sont rendus, mardi 12 oc- Le docteur n’aura sans doute ja- deux dispositions auraient dû être Londres, révélait que BNFL (British parquet font en effet état de lourds femme souille la couette et le ma- tobre, sur l’île de Man, pour prêter mais été si seul. A moins qu’il ait prévues par les « consignes de sécuri- Nuclear Fuels) falsifiait des données emprunts contractés pour financer telas du lit, au domicile familial, assistance et orienter l’enquête. La déjà fui l’île de Man, pris un bateau té ». De surcroît, les travailleurs ne relatives au contrôle de qualité des sa maison de Tilly, son cabinet de ainsi que l’arrière du fameux police de l’île a d’ailleurs lancé, pour l’Ecosse, l’Irlande, Heysham. disposaient pas d’un appareil de me- combustibles Mox. Le 27 septembre, Caen, et une propriété à Lyon. Une Combi, abandonné sur le parking mercredi, un appel à témoins aux Et repris sa course infernale. sure de l’oxygène, tandis qu’aucune deux compagnies américaines situation financière désastreuse, du port de plaisance de Saint-Malo. habitants du territoire, décrivant le indication ne signalait la présence étaient frappées d’une amende de source d’angoisse pour le médecin En cavale le médecin. Avec deux médecin, ses enfants, ainsi que le Annick Cojean possible d’argon dans le conteneur. dix millions de dollars – la plus A la Cogema, on rappelle que l’as- lourde jamais infligée dans ce do- phyxie à l’argon n’est pas spécifique maine – pour avoir violé la loi sur le du nucléaire, l’argon étant un gaz nucléaire en présentant des dossiers Une peine de prison avec sursis requise contre Gaston Flosse employé dans plusieurs activités in- « inexacts » à la Commission de ré- dustrielles pour ses qualités anticor- gulation nucléaire. LA POLYNÉSIE française était cassée de Takeshi Kitano. D’un de gendarmerie, le président de la comptabilité du parti n’a pas été te- rosion. Par ailleurs, le porte-parole représentée par le « roi des jeux », geste agitant un bracelet d’or et de cour d’appel, venaient tous les ans nue comme elle aurait dû l’être. de la firme ne peut dire si les Hervé Kempf Julien Li Lem, et par le président diamants, il pointe son doigt ven- déjeuner chez M. Li ». Aux élections Mais, depuis le 1er mai 1993 et l’appli- du gouvernement du Territoire, geur vers Gaston Flosse, « un re- territoriales de mars 1991, M. Flosse cation de la loi sur le financement de Gaston Flosse, mercredi 13 octo- quin blanc ». N’est-il pas lui-même briguait le poste de président du la vie politique à la Polynésie fran- DÉPÊCHES bre devant la « un requin jaune », glisse gouvernement. Son parti avait be- çaise, les choses sont en règle ». Pour a JUSTICE : le rapport du procureur Eric de Montgolfier, concer- 17e chambre du M. Flosse ? « Le requin jaune est soin d’argent. Humbo venait d’être l’avocat de Humbo, Me Jean des Ar- nant notamment la disparition d’un ou plusieurs dossiers au tribunal tribunal cor- mille fois plus honnête que toi ». Sur chassé de Papeete où il tenait de- cis, qui évoque un « enrichissement de Nice a été transmis, mercredi 13 octobre, au garde des sceaux Eli- rectionnel de le banc des prévenus, M. Flosse, puis dix ans des maisons de jeux. personnel » de M. Flosse, «la sabeth Guigou. M. de Montgolfier devait être reçu au ministère de la Paris. Six ans maire de la commune de Pirae, est preuve n’a pas été apportée que les justice jeudi 14 octobre dans la matinée. après la révéla- aux côtés de Marcel Tuihani, chef BARAQUE DE JEUX sommes disparues ont été destinées a Les deux ex-militantes d’Action directe, Nathalie Ménigon et tion d’une af- du cabinet municipal et secrétaire Le 29 octobre 1990, les gen- au parti ». Mes François Quinquis et Joëlle Aubron, ont été transférées, mercredi 13 octobre, au centre faire de finan- de son parti (le Tahoeraa Huiraati- darmes ont perquisitionné dans la Francis Szpiner ont demandé la re- de détention de Bapaume (Pas-de-Calais), aménagé pour accueillir cement occulte ra), et de Nelson Levy, trésorier du baraque de jeux (roulette, black- laxe de M. Flosse, plaidant le flou des longues peines. Condamnées à la réclusion à perpétuité, en mai du parti de M. Flosse par l’argent parti. jack) à l’enseigne Humbo, sur un de la loi pénale sur les jeux en Poly- 1994, par la cour d’assises spéciale de Paris, les deux femmes étaient des jeux clandestins, le sénateur Humbo est célèbre : « Il était de terrain de Pirae appartenant à la nésie et le manque de preuves du incarcérées à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) depuis a comparu pour « corruption pas- notoriété publique que M. Li était le municipalité. L’enquête a démontré pacte de corruption. Considérant leur arrestation, en février 1987. sive » et « complicité de tenue principal organisateur des jeux que la parcelle avait été louée le « le pacte de corruption totalement a Le tribunal de grande instance de Paris a accordé, mercredi illicite d’une maison de jeux de d’argent en Polynésie française », 16 mai 1990, conformément à une établi », le substitut Lionel Bounan 13 octobre, 632,50 F de droits d’auteur à Antoine Berge, joueur de hasard ». admet M. Flosse. Mais ces jeux sont décision du conseil municipal du a requis une peine de prison avec pipeau de l’émission « Bonne Nuit, les petits », diffusée quotidienne- Surnommé Humbo (le mauvais interdits par la loi pénale, intervient 20 mars, à une radio locale proche sursis contre M. Flosse et les autres ment à la télévision de 1962 à 1969 et exploitée en cassettes depuis garçon, pour les Tahitiens), d’ori- le président du tribunal, Jean-Yves du maire, Radio Maori, présidée par prévenus, assortie d’une amende 1989. M. Berge réclamait une provision de 150 000 F et la désignation gine chinoise, M. Li Lem est pour- Monfort. Réponse du sénateur : le trésorier du parti, M. Levy. Puis de 60 000 FF pour le sénateur. Juge- d’un expert pour évaluer le montant total de ses droits (Le Monde du suivi pour « corruption active ». « C’est une tolérance admise par tout sous-louée, le 18 mai, à un parti- ment le 24 novembre. 8 septembre). L’Institut national de l’audiovisuel (INA) devra égale- Dans sa veste en velours mauve, il a le monde. Le Haut commissaire, le culier intervenant pour Humbo. Le ment lui payer 10 000 francs pour avoir omis son nom sur les ja- l’élégance du flambeur et la gueule commissaire de police et le colonel tenancier a d’abord expliqué qu’il Erich Inciyan quettes des cassettes vidéo. payait des loyers à des proches de M. Flosse. En août 1993, il a détaillé des versements plus nombreux : « Pour me donner les fêtes de juillet, ils m’ont pris un million de francs Pa- cifique [60 000 FF] par semaine. ». De 1990 à 1992, ont reconnu MM. Levy et Tuihani, Humbo a été « le plus gros sponsor du parti », ver- sant plus de la moitié des dons. Entre autres, le donateur a évoqué les frais occasionnés par un séjour de M. Flosse, en 1990 à Los An- geles : « J’ai payé une photocopieuse à 17 000 dollars et trois ordinateurs pour 22 000 dollars, plus des brouil- leurs téléphoniques » destinés au parti, ainsi que les notes d’hôtel du sénateur. « C’était à sa demande et avec son accord », a dit M. Flosse. Décomptes à l’appui, Humbo af- firme que l’entourage de M. Flosse lui a « sucé un total de 49 millions de FP ». Pourquoi ? Parce qu’il comptait sur l’influence de M. Flosse pour obtenir « un meil- leur emplacement » sur le Port au- tonome de Papeete, selon lui. Parce qu’il voulait « financer le parti », se- lon l’équipe du sénateur. « Je n’ai jamais fait la moindre promesse à M. Li », soutient M. Flosse, en admettant que «la LeMonde Job: WMQ1510--0014-0 WAS LMQ1510-14 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0425 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 CARNET

DISPARITIONS a HAJIME NAKAMURA, anthro- grande humilité visàis de l’objet JOURNAL OFFICIEL pologue japonais qui était une au- de son analyse. Un entretien avec torité en matière de philosophie Hajime Nakamura, à propos Au Journal officiel du mercredi 6 oc- indienne et un expert mondiale- du rapport de l’homme à son tobre sont publiés : ment reconnu de la pensée orien- environnement naturel, avait été b Enseignement : un décret insti- tale, est mort dimanche 10 octo- publié dans Le Monde du 2 dé- tuant une prime de responsabilités Rolf Stein bre à Tokyo à l’âge de quatre- cembre 1997. pédagogiques dans les établissements vingt-six ans. Professeur hono- d’enseignement supérieur relevant Un éminent spécialiste des religions de la Chine et du Tibet raire à l’université de Tokyo, où il a NICOLE PASQUIER, ancienne du ministre chargé de l’enseignement avait enseigné de 1954 à 1973, Ha- secrétaire d’Etat chargée de l’em- supérieur, et un arrêté fixant la liste ROLF STEIN, mort le 9 octobre, l’ancienne Indochine : le Champa. Chine et du Tibet. Elle lui fut très jime Nakamura avait fondé l’Insti- ploi féminin de 1978 à 1981 dans des personnels pouvant en bénéficier. fut une des figures les plus créa- Rentré en France, Rolf Stein en- utile dans les recherches qu’il me- tut oriental de Tokyo et avait réu- les gouvernements de Raymond trices de la recherche française seigna à la section des sciences re- na sur des documents médiévaux ni les études bouddhiques et les Barre, est morte le week-end der- Au Journal officiel du jeudi 7 octo- sur les religions de la Chine et du ligieuses de l’Ecole pratique des liés aux marches des deux études indiennes qui étaient au- nier des suites d’une « grave mala- bre est publié : Tibet. hautes études, puis au Collège de cultures, dans l’oasis de Dun- paravant des disciplines séparées. die ». Elle était âgée de soixante- b Sénat : un avis de la délégation Né en 1911, Rolf Alfred Stein a France (1966-1982), et il publia ses huang ou dans le royaume tangut. Il est notamment l’auteur en an- huit ans. Née le 19 novembre 1930 du Sénat pour l’Union européenne, étudié à Berlin, puis à Paris, où il grands ouvrages : Recherches sur Il s’est intéressé aussi aux glais de Ways of Thinking of Eas- à Lyon, docteur en médecine, di- selon lequel Hubert Haenel (RPR, avait dû s’exiler en 1933, sous la l’épopée et le barde au Tibet (1959), études indiennes et apporta de tern Peoples, India, China, Tibet, plômée de neuro-psychiatrie et Haut-Rhin) a été élu président, mer- direction de Marcel Granet. Re- Vie et chants de Brug-pa Kun-legs, précieuses contributions à l’étude Japan ; A History of the Develop- spécialisée en psychiatrie infan- credi 6 octobre, en remplacement de cruté en 1939 par l’Ecole française le yogin (1972) et La Civilisation ti- du bouddhisme, en particulier ment of Japanese Thought et Reli- tile, Nicole Pasquier avait été Michel Barnier. Malgré le désir des d’Extrême-Orient (EFEO), il en- bétaine (1962 et 1981). dans sa version tantrique sino-ja- gions and Philosophies of India. nommée déléguée nationale à la centristes de récupérer ce poste, le treprit, au Vietnam d’abord, où le Ce savant d’une extrême mo- ponaise, mais aussi dans sa ver- Hajime Nakamura comptait par- condition féminine en 1976, délé- groupe RPR avait fait savoir qu’entre rattrapa la persécution antisémite destie alliait, avec un certain brio, sion zen. Ses dernières activités mi les rares anthropologues ca- gation qui succédait au secrétariat deux élections sénatoriales, il ne sou- de Vichy, et en Chine ensuite, de érudition et intuition. Il fut l’un furent vouées à des études reli- pables d’approches comparatistes d’Etat dont était jusqu’alors char- haitait pas changer la répartition des 1946 à 1949, des travaux qui firent des premiers à embrasser à la fois gieuses extrême-orientales parues des grands systèmes de pensée gée Françoise Giroud. En 1978, postes de « dignitaires », qui s’est date : son savant et sensible ar- l’étude du taoïsme et de la reli- notamment dans le Dictionnaire orientaux et occidentaux évitant elle avait été nommée secrétaire faite à la proportionnelle des groupes. ticle sur les Jardins en miniature de gion populaire de la Chine an- des mythologies (1981) de son ami les naïvetés de l’universalisme. Si d’Etat à l’emploi féminin, fonction l’Extrême-Orient : le monde en petit cienne, et l’étude de l’originalité Yves Bonnefoy et dans les Tibetica par certains aspects, la méthodo- qu’elle a occupée jusqu’à l’élec- Au Journal officiel du vendredi 8 oc- (1943) était un joyau que se repas- religieuse et culturelle du Tibet, antiqua de l’EFEO (1983-1992). logie de A Comparative History of tion présidentielle de 1981. A ce tobre est publié : saient avec respect les connais- souvent voilée par la grande in- Trois volumes de Tantric and Ideas (Kegan Paul, 1986) peut pa- poste, elle s’était, notamment, ef- b Chèques : un décret relatif aux seurs avant qu’une publication re- fluence que le bouddhisme a exer- Taoist Studies (Bruxelles, 1981- raître dater au regard des travaux forcée de promouvoir l’égalité chèques d’accompagnement person- maniée sous forme de livre (1987) cée sur ce pays. 1985), que dédièrent à Rolf Stein de Claude Lévi-Strauss et de Fer- professionnelle entre hommes et nalisés. et des traductions le rendent ac- Cette double vision, fondée sur ses élèves et amis, illustrent la fé- nand Braudel, Hajime Nakamura femmes et avait œuvré en faveur b Logement : un décret relatif aux cessible à un plus large public. une compréhension en profon- condité de la double voie ouverte faisait preuve une nouvelle fois du repos prénatal pour les conventions conclues entre l’Etat et Basée sur des sources chinoises deur des textes et des traditions par ce pionnier génial, discret et dans cet ouvrage de l’un des femmes enceintes. Membre du les organismes d’habitations à loyer antiques, son étude sur Lin-yi socio-ethniques, lui a permis généreux. grands mérites de toute son Parti républicain, Nicole Pasquier modéré signataires d’un contrat- (1947) renouvela l’histoire de l’un d’éclairer, l’une par l’autre, les œuvre : une connaissance ency- fut aussi conseillère municipale de cadre ayant pour objet la définition des plus importants royaumes de cultures très différentes de la Hubert Durt clopédique conjuguée à une Caluire-et-Cuire de 1971 à 1983. d’une nouvelle politique des loyers .

AU CARNET DU « MONDE » – M. Marc Jaquet, – Mme Marcelle Philippot, « Ce n’est pas une femme, Conférences Jack GAJOS Et toute la famille son épouse, c’est une apparition. » Anniversaires de naissance ont la douleur de faire part du décès de M. Jacques Philippot Jean-Pierre Léaud. – Conférences de l’Etoile : Les nous a quittés brusquement dans la nuit et Mme Brigitte Ditcharry, conflits de la morale. Six mercredis de – Vingt ans de fou rire et de bonheur. me suite à 20 h 30. du 8 au 9 octobre 1999. Mme Adeline JAQUET, M. et M Michel Philippot, Il y a neuf ans, disparaissait me Le bonheur ou le devoir ? (le 10-11) née ACHART, M. et M Jean Philippot, Bon anniversaire, Ses amis et ceux qui l’aimaient ses enfants, Delphine SEYRIG. avec le rabbin Bernheim, T. Todorov et sont invités à accompagner sa famille au Michel Tournier. survenu le 12 octobre 1999. Jean-Marie, Eric, Yannick, Julien, crématorium du Père-Lachaise, le lundi Sophie, Prune, Le désir ou la tendresse ? (le 17-11) Petite Fée Bleue. Pasquale Gerico garde toujours présent avec Jacques Attali, E. Fuchs et Y. Tar- 18 octobre, à 13 h 15. ses petits-enfants, son doux et cher souvenir. Son sourire, sa La cérémonie religieuse sera célébrée Mahé, dan-Masquelier. Rouge-gorge. le vendredi 15 octobre, à voix magique, sa sincérité, son engage- L’humilité ou l’ambition ? (le 24-11) – L’équipe de SCENARIO son arrière-petite-fille, ment nous manquent. 16 heures, en l’église Notre-Dame du Guillaume et Julien Madru, avec le Père Guy Gilbert, Pierre Joxe et a la grande tristesse d’annoncer la Sauvageon, rue de Cerçay, à Brunoy J.-L. Schlegel. disparition de son délégué général, ont la tristesse de faire part du décès de Mariages (Essonne), où l’on se réunira. « Sa mort nous sépare L’indépendance ou l’engagement ? Maurice PHILIPPOT, ma mort ne nous réunira pas, (le 1er-12) avec A. Gounelle, Jean-François Jack GAJOS. 10, avenue du Maréchal-Davout, c’est ainsi ; Kahn et le général Morillon. Micheline et Jean-Renaud GAREL, il est déjà beau que nos vies Monique et Jean-Claude SALOMON, « ...ce que nous créons a définitivement 91800 Brunoy. survenu le 13 octobre 1999, à Evreux. La réussite ou le renoncement ? aient pu si longtemps s’accorder. » (le 8-12) avec Luc Ferry, G. Lafont et sont très heureux d’annoncer le mariage une morale supérieure Simone de Beauvoir. de leurs enfants, à celle que l’on nous prête. » 106, rue Marie-Curie, Christine Ockrent. – Maurice Bloch, 27780 Garennes-sur-Eure. La sagesse ou la passion ? (le 15-12) Sonia et Thomas, SCENARIO, James Kennedy, avec H. Bost, Jacques Lacarrière et M. de 4, villa Bosquet, Cathy Kennedy-Davies, – Il y a un an, le Smedt. 75007 Paris. ses enfants, – Sa famille, Temple protestant de l’Etoile, à Paris, le 9 octobre 1999. e David Kennedy, Ses amis docteur Michel TURSZ 54, av. de la Grande-Armée, Paris-17 . son beau-fils, ont la douleur de faire part du décès de Libre participation aux frais. – L’équipe d’Emergence – Université nous quittait. internationale d’été du cinéma Et leurs enfants, Décès a la grande tristesse d’annoncer la ont la tristesse de faire part du décès de Abram SKORNIK, disparition de son cofondateur et directeur journaliste. Sa gentillesse et son humour nous Stages – Janine Antoine, pédagogique, manquent. Frédéric Antoine, Claudette KENNEDY, L’inhumation aura lieu au cimetière de ATELIERS D’ÉCRITURE née RAPHAËL, Bagneux, le 15 octobre 1999, à 11 heures, Elisabeth Bing Catherine Legrand, Jack GAJOS. biologiste, Les familles Tursz, Smotriez et Ainsi que sa famille et ses amis, entrée principale. Bressler, Week-ends de sensibilisation. ancienne déportée Programme 1999-2000 sur simple appel : ont la tristesse de faire part du décès de Emergence – Université internationale (Auschwitz 1942-1945), Ainsi que ses amis. d’été du cinéma, 01-40-51-79-10 www.club-internet./frperso/atecbing 47, rue de Babylone, survenu, le 11 octobre 1999, dans sa Remerciements Francis ANTOINE, 75007 Paris. quatre-vingt-dixième année. me responsable des émissions Tél. : 01-47-05-00-15. – M Jeanne Breton, Assemblées générales dramatiques de France-Culture son épouse, ANIMER (Radio-France) jusqu’en 1982. 17, Winchester Road, très touchée des marques de sympathie – Le directoire et le conseil de surveil- UN ATELIER D’ÉCRITURE – Les équipes de Geko. 3, Oxford OX2 6NA, qui lui ont été témoignées lors du décès lance des Presses universitaires de Collège coopératif Les obsèques auront lieu le samedi Les Humanoïdes Associés, (Grande-Bretagne). du France informent les sociétaires qu’est en Bretagne 16 octobre 1999. Et Métal Hurlant Productions, entamé un processus juridique visant à Analyser et mutualiser ses pratiques ont la grande tristesse d’annoncer la docteur René Pierre BRETON, quitter le statut coopératif pour d’animation d’atelier d’écriture (1 an, disparition de leur ami, transformer les PUF en société On se réunira à la porte principale du – Paris. Dakar. Tananarive. 3 jours par mois). remercie bien sincèrement les personnes commerciale. Tél. : 02-99-14-14-41. cimetière parisien de Bagneux, à 11 h 30. Jack GAJOS. Maurice G. Michon, qui ont pris part à sa peine par un mot, une carte, sans oublier les équipes soignantes A cet effet, diverses opérations Cet avis tient lieu de faire-part. Humanoids Group son époux, juridiques ont été engagées, dont la Et les familles Michon et Quastana, des hôpitaux qui l’ont accueilli et tous ses Signatures 53, rue Nollet amis, et les prie de trouver ici l’expression convocation d’assemblées générales 75017 Paris. ont le chagrin de faire part du décès de 11, rue des Feuillantines, de sa profonde gratitude. des sociétaires. – Roselyne Devichi signera son livre 75005 Paris. (Le Monde du 13 octobre.) Garçons choisis (éditions Utovie) Marie-Pauline MICHON, Le directoire et le conseil de surveil- à la librairie L’Invit’ à lire, 147, rue née QUASTANA, – Marseille. Tel-Aviv. Paris. La lance invitent donc tous les sociétaires des La Fayette, Paris-10e, le dimanche Colle-sur-Loup. Lituanie. Presses universitaires de France à faire 17 octobre, de 17 h 30 à 19 h 30. survenu le 9 octobre 1999. connaître leur adresse actuelle en écrivant TARIF CARNET 1999 Christian Finaud au siège des PUF, 17, rue Soufflot, Elle a été inhumée dans l’intimité de et ses enfants Emmanuel, Marc, Michaël, Paris-5e, pour leur permettre d’être son village. Béatrice et Christian, personnellement convoqués aux Soutenances de thèse Tarif à la ligne : 136 F TTC - 20,73 ¤ Ainsi que leurs familles, assemblées générales à venir. – Mme Christiane Camana soutiendra Domaine du Frasso, très touchés des témoignages de sa thèse en sciences de l’éducation : «Les Tarif abonnés : 118 F TTC - 17,98 ¤ BP 09, sympathie qu’ils ont reçus lors du décès Michel Prigent, instituteurs en crise – analyse sociolo- 20166 Porticcio. de président du directoire. gique », le samedi 18 octobre 1999, à la Tél. : 01-42-17-39-80 – Fax : 01-42-17-21-36 Stéphane Rials, Sorbonne, salle des thèses de Paris-V, Wladyslawa (« Zounia ») président du conseil de surveillance. escalier P, 1er étage, à 14 heures. – M. et Mme François Rouer, FINAUD, ses parents, Lou-Bartholomée et Pierre-Louis, remercient tous ceux qui se sont associés à leur douleur et à leur espérance. ses enfants, OCTOBRE 1999 Jérôme Rouer et ses enfants, LE MONDE Au sommaire Benoît et Dominique Rouer-Delwarde Avis de messe et leurs enfants, – Une messe à l’intention de diplomatique du numéro Pierre-Antoine et Florence Rouer et leurs enfants, Mme Jean GRENIER, d’octobre Patricia Leroux, née Marie-Alix ont la douleur de faire part du décès de PAILLERETS, MOUVEMENT SOCIAL accidentel de Pour une agriculture paysanne sera célébrée en l’église Saint-Jacques du Philippe ROUER, Haut-Pas, 252, rue Saint-Jacques, par José Bové Paris-5e , le mercredi 27 octobre le 10 octobre 1999, dans sa cinquantième 1999, à 19 heures. Les cadres d’Elf au pays de la finance Dossier : Un collège pour tous. année. par Christophe Dabitch et Jean-François Meekel La cérémonie religieuse aura lieu en Anniversaires de décès La Ciotat, la vie après les chantiers b Entretien avec Jean Baudrillard. l’église de Ceaulmont (Indre) dans par Dominique Pons l’intimité familiale. – Il y a cinq ans, le 16 octobre 1994, b Enseigner en zone rurale. La Prune, Fabrice DUTOT a RFA : L’Allemagne unifiée a perdu ses complexes, par Stephan ier bilan. 36200 Ceaulmont-les-Granges. Martens. – L’identité « bricolée » de la génération 99, par Christian b Médiateur : un prem disparaissait. isère des salles de profs. Semler. – Un passé omniprésent, par Christian Gerlach. – Les rêves dé- b La grande m Ses amis se souviennent. çus des Turcs de Solingen, par Brigitte Pätzold. a CAUCASE : Tentations séparatistes au Daghestan, par Alexei b Inspection : copie à revoir. Malashenko. – Fragile stabilité de l’Azerbaïdjan, par Vicken Cheterian. a b Voyage : la Polynésie. SOUTENANCES DE THÈSE TUNISIE : Les deux visages de la dictature, par Bruno Callies de 83F TTC - 12,65 ¤ la ligne Salies. b Guide culture. a MÉDIAS : KPFA, la radio californienne qui résiste, par Barbara Tarif Etudiants 99 Epstein. b Petites annonces. a HISTOIRE : Quand la Suisse persécutait les Tziganes, par Chez votre Laurence Jourdan. marchand Nos abonnés et nos actionnaires, a de journaux bénéficiant d’une réduction sur les CIVILISATION : Hummocks, les sentinelles de notre planète, 30 F - 4,57 ¤ insertions du « Carnet du Monde », par Jean Malaurie. Le magazine résolument enseignant sont priés de bien vouloir nous com- Kosovo muniquer leur numéro de référence. En vente chez votre marchand de journaux - 24 F - 3,66 ¤ LeMonde Job: WMQ1510--0015-0 WAS LMQ1510-15 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 09:25 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0426 Lcp: 700 CMYK

15 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 A Marseille, Euroméditerranée invente la ville neuve sur la cité ancienne Les premiers travaux de l’établissement public, chargé de remodeler 300 hectares au cœur de la cité phocéenne, vont commencer. Enjeu : marier cultures du privé et du public, attirer investisseurs internationaux et ménages aisés, sans chasser les familles modestes

MARSEILLE neuve sur de la ville ancienne, « pas ton monte parfois, sur des ques- de notre correspondant régional Le périmètre d'Euroméditerranée des immeubles dans des champs de Les chantiers démarrent tions générales autant que sur des Quarante et un ans d’âge moyen AutorouteAutoroute betteraves », selon une expression détails quotidiens. Formé par des AA 5555 EPAEM : et des diplômes à foison ; vingt- courante dans la maison. Le conseil d’administration de années dans l’immobilier privé, en Gare 300 hectares deux hommes et vingt-quatre d'Arenc On imagine que ces missions, si l’Etablissement public d’aména- contact permanent avec les mé- Belle 28 000 habitants gement Euroméditerranée femmes (dont deux emplois-jeunes de Mai elles sont désormais affichées thodes rapides de son ancien sec- et trois fonctionnaires détachés) : ArencArenc 31 % de chômeurs comme compatibles, produisent (EPAEM) du 19 octobre prendra teur, tel cadre est exaspéré par les les quarante-six membres de l’Eta- des frottements, internes autant acte de l’installation d’une salle lenteurs des procédures publiques, d’exposition ouverte au public et blissement public d’aménagement e qu’externes. Les seconds sont l’af- les vérifications permanentes des ancienne Euroméditerranée (EPAEM), char- SEITSEITAA faire du nouveau directeur, Jean- surtout de l’engagement des pre- contrôleurs d’Etat. « On nous de- Mer ritim a er miers travaux. On s’attaquera ces mande d’agir avec la souplesse du gés de la plus grande opération médit. Michel Guenod, arrivé le 1 juillet m jours-ci au viaduc qui longe le privé et on travaille avec les mé- d’intérêt national en cours en re 1998, et qui a, de l’aveu général, aé- a s

Autoroute A 7 G RRue de la République e le port. Il sera remplacé par un tun- thodes du public. » France – rien de moins que le re- Gare de la Joliette r ré une maison qui avait tendance à Exemple qui le ue de la R r a a h G C nel passant sous la cathédrale de modelage de 300 hectares au cœur t- MARSEILLE vivre en circuit fermé, divisée en met hors de lui : les certificats ad- in PortePorte a la Major. Démarrent aussi la des- de Marseille –, sont installés sous JolietteJoliette épublique d'Aixd'Aix S clans et un peu oublieuse des habi- ministratifs obligatoires pour régler les toits des Docks, le bâtiment- CathédraleCathédrale tants réellement existants au profit truction de deux hangars. Ces une note de taxi pris pour filer à un de la Major phare du tertiaire marseillais, le de l’avenir radieux du high tech. opérations visent à ouvrir aux rendez-vous urgent. rree biè Marseillais l’accès à la mer, tan- long du port de la Joliette. ne Manche de chemise et tutoiement Déjeunant tous les jours en- Canebièra L’institution a été traumatiséeLa C facile, M. Guénod est de ceux que dis que le Port reconfigure ses semble dans un bistrot place de la par un rapport d’audit critique en la politique n’effraie pas. quais sud pour les passagers. Dé- Joliette, les responsables de ces janvier 1998 (Le Monde du 21 janvier VIEUX marrent aussi en 1999 les travaux « tracasseries », contrôleurs de ges- PORT 1998) et par le soupçon local d’agi- ÉLUS AMADOUÉS de déviation du tunnel ferro- tion et comptables divers, assu- ter beaucoup de papier pour peu de Attendu au tournant par les élus viaire de Lajout, qui sera mis en ment : « Tout ça finalement c’est de réalisations. L’étonnant est qu’on y marseillais, qui craignaient sa répu- service en 2001, au moment où le l’argent public, c’est nos impôts, il y a sent, malgré les tiraillements du autre voyage en Finlande, pour sur la réalité, heureusement plus tation d’homme de gauche, il a TGV arrivera dans la nouvelle des règles. » Et ils se lancent en sou- quotidien, comme une culture convaincre des entreprises de haute rassurante, de leur ville. réussi à les amadouer. Tutoyant son gare Saint-Charles. Fin 1999 en- riant dans la défense et l’illustration commune. technologie de la communication Dans le même temps, une jeune président, Renaud Muselier (RPR, core, doit avoir lieu l’approbation du service public que cet établisse- Pourtant, les métiers qu’on y qu’elles doivent absolument instal- femme, chargée de la ZAC Saint- et premier adjoint), et lui laissant des deux ZAC, Saint-Charles et ment, selon eux, doit remplir. Mais exerce obéissent à des logiques de ler leur base Sud Europe ici même, Charles, est confrontée à quelques toute sa place, il est aussi dans les Porte-d’Aix, qui redessinent tout ce qui soude aujourd’hui cette fonctionnement presque contradic- dans des friches en gestation perpé- habitants furieux qu’une future meilleurs termes avec le maire, le quartier entre gare et port. équipe, c’est l’apparition des pre- « On fait visiter le magasin toires. L’EPAEM, quatre ans d’âge à tuelle. trouée près d’un hôtel en prévision Jean-Claude Gaudin (DL), qui suit miers chantiers de tunnels, de par- peine, remplit des missions pendant les travaux − où même leur gâche la vue. Il faut alors se désormais le dossier de très près, kings ou de nouveaux immeubles complexes : il s’agit, sur une décen- avant qu’ils n’aient commencé », ex- concerter avec des comités d’inté- comme avec les élus de gauche des acteurs se marchent sur les pieds. de bureaux. D’autant qu’Euromed’, nie, de restaurer le cadre urbain plique-t-il. rêts de quartier, se colleter aux hési- autres collectivités locales qui cofi- Mais l’établissement, qui ac- victoire symbolique, a obtenu de la entre gare et port, d’y installer des tations et aux pressions des diffé- nancent les opérations. Bien intro- cumule des strates de personnels Ville de disposer d’une signalisation entreprises nouvelles, tout en UN RÔLE D’« AMBASSADEURS » rents élus du secteur. duit dans les cabinets ministériels, il embauchés à des périodes diffé- propre. Comme un signe que leur conservant sur place la très pauvre Cet habitué des rencontres inter- Et surtout élaborer une pédago- a réussi à obtenir des rallonges de rentes de son histoire, est aussi tra- établissement existe enfin... population locale (28 000 habitants, nationales énonce les trois pre- gie qui convainque que l’intérêt pri- l’Etat et des collectivités locales et versé par un débat récurrent entre dont 31% de chômeurs) et en atti- mières questions que posent de vé du moment peut-être contradic- dit volontiers qu’avec 2,4 milliards cultures du privé et du public. Le Michel Samson rant des habitants plus aisés. Ce grands investisseurs internationaux toire avec l’intérêt général à venir... de francs entre 1995 et 2006, il a qu’en termes officiels on désigne quand il s’agit de Marseille : «Le A moins que le même service ne les moyens financiers de ses ainsi : « une stratégie urbaine et ar- Front national est-il à la tête de la soit rattrapé par l’effondrement ambitions. chitecturale pour servir des ambi- mairie ? Y a-t-il vraiment plus de d’immeubles au-delà du vétuste, où Il a surtout cadré le travail des tions économiques, sociales et cultu- grèves que partout en France ? Où logeaient quelques immigrés âgés. services avec des lettres de mission. relles » – et chaque mot, ici, est sont les principaux investissements de Dans l’urgence, et dans le périmètre Même si, à la base, on reproche important. la mafia » ...Où l’on comprend le d’Euromed’, il faut les reloger. Car mezza voce aux hautes sphères de la En pratique, tel commercial doit rôle des « ambassadeurs » d’Euro- c’est le pari de cet organisme, et en maison de n’avoir pas mené la dé- attirer des promoteurs immobiliers med’, deux cents industriels ou fi- cela il diffère des établissements marche de clarification à son terme, spécialistes des bureaux, dans un nanciers bénévoles, équipés d’une publics traditionnels qui ont bâti les afin que chacun connaisse exacte- quartier largement dégradé, où la petite mallette en carton bourrée villes nouvelles ou la Défense : Eu- ment son périmètre d’intervention : ZAC est à peine constituée. Un de dépliants flatteurs et de chiffres romed’ doit inventer de la ville il arrive encore que les différents Au Carrefour de Vitrolles, une jardinerie-paillote très contestée VITROLLES Cet immobilisme exaspère les plaignants et construire mais les services de l’Etat accordent, de notre correspondant régional les rend souvent maladroits, face à une justice eux, un permis de transfert. La jardinerie réins- Carrefour, qui exploite plus de 17 000 m2 à Vi- qui les a pris en grippe. D’autant que la position tallée est ainsi presque légalisée. D’ailleurs, re- trolles (Bouches-du-Rhône) a décidément beau- de la préfecture marquait un virage à 180 degrés nonçant à argumenter autour de la loi Royer coup de chance. Son établissement est contesté sur ce dossier de plus de dix ans : en janvier comme elle l’a fait longtemps, la société ex- depuis longtemps par des petits commerçants 1998, encore, en réponse à un syndicat de petits plique désormais qu’elle dispose d’« une pièce et les autorités préfectorales ont récemment re- commerçants, les services de l’Etat ne voyaient de la préfecture de 1984 autorisant la jardinerie ». connu qu’il posait un problème. Il semble pour- rien de contestable dans l’installation de la jar- La dernière missive préfectorale fait exploser tant intouchable. dinerie. cet argument et force les services de l’Etat à Au terme d’années de procédures, l’associa- comprendre pourquoi, en 1984, ils ont bafoué tion En toute franchise a obtenu au printemps CHERCHER L’ERREUR une décision de 1980 qu’ils connaissaient. On une première satisfaction, à propos de la jar- L’affaire débute en 1980. La Commission dé- jurait au printemps à la préfecture qu’on allait dinerie de l’établissement, dont elle affirme partementale d’urbanisme commercial (CDUC) s’employer à déterminer l’origine de l’erreur, qu’elle a été installée en toute illégalité, comme est saisie par Carrefour d’une demande pour mais, depuis, le silence radio a repris le dessus. une vulgaire paillote. Une note de la préfecture « reconstruire la jardinerie provisoirement édifiée Les obstinés d’En toute franchise restent scep- des Bouches-du-Rhône du 3 mai signalait : «Il dans l’enceinte du centre commercial ». Le pro- tiques : « Comment va-t-elle contrôler ses propres semble que cet établissement ait été exploité de- cédé est couramment utilisé par les grandes erreurs ? », soulignent-ils, en notant que c’est à puis l’origine en méconnaissance de la réglemen- surfaces pour s’étendre discrètement. La CDUC la DGCCRF, qui a contourné la décision de la tation en matière d’équipement commercial. » En décide de « refuser l’autorisation demandée ». CDUC, que l’on demande de « constater l’infrac- conséquence, étaient saisis les « services de la Carrefour passe outre. En 1984, la société de- tion » commise par Carrefour. division départementale de la concurrence mande astucieusement le transfert de cette jar- Mais les affaires sur l’hypermarché ne seront [DGCCRF] aux fins de constater cette infrac- dinerie « dans le prolongement de l’hypermarché pas closes avec celle de la jardinerie – si celle-ci tion ». La DGCCRF refuse aujourd’hui de dire si sans augmentation de surface de vente ». Le chef trouve un jour son épilogue judiciaire et admi- elle est allée constater ce qu’on lui demandait du service interdépartemental de la concur- nistratif –, les plaignants se sont en effet atta- de constater, mais aucun rapport émanant rence et de la consommation conclut que qués à huit des permis de construire, ou modifi- d’elle ne semble avoir été remis au parquet « s’agissant d’un transfert à l’identique, le dossier catifs, accordés à Carrefour. d’Aix, où sont instruites les plaintes contre l’hy- n’a pas à être soumis pour autorisation à la permarché. CDUC ». La CDUC a donc refusé un permis de M. Sn LeMonde Job: WMQ1510--0016-0 WAS LMQ1510-16 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 09:25 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0427 Lcp: 700 CMYK

16 / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 HORIZONS PORTRAIT

ROUILLE au royaume : voilà plusieurs mois qu’Albert II n’a plus accordé d’audience à Al- bert Frère ! Le roi B reproche au mil- liardaire de n’avoir rien fait pour tenter d’arrê- ter l’hémorragie qui vide de sa substance un capitalisme belge de plus en plus exsangue. Entre no- vembre 1997 et avril 1999, soit en dix-huit mois, la Banque Bruxelles Lambert, la Royale belge, Petrofi- na, la Générale de Belgique, Trac- tebel ne sont-ils pas passés, tout ou partie, sous contrôle étranger ? Actionnaire principal de deux de ces groupes, Bruxelles-Lambert et Petrofina, influent dans la plupart des autres, Albert Frère a été au centre de cette apocalypse. L’homme le plus riche de Bel- gique ne semble pas préoccupé outre mesure par la bouderie royale. L’essentiel, pour lui, se joue maintenant à Paris, où il est devenu un des acteurs majeurs de la restructuration du capitalisme français et européen. Elf-TotalFi- na, c’est lui. Suez Lyonnaise des eaux, c’est encore lui, CLT-UFA, toujours lui. A Paris, « l’Albert » peut se flat- ter d’être l’ami de Bernard Ar- nault, avec lequel il joue au tennis et achète des grands crus comme Château Cheval-Blanc, le proche de Gérard Mestrallet, président du directoire de Suez-Lyonnaise des eaux, une relation quasi filiale de- LUDOVIC/REA puis le temps où ce dernier était en Belgique. Il est aussi administra- teur de TF 1 et l’interlocuteur pri- vilégié de la plupart des grands pa- trons français. A côté, les quelques affaires conservées en Belgique comme les éditions Dupuis, qui publient Gaston Lagaffe, pèsent Albert de Paris bien peu. « Albert Frère est un homme qui compte désormais dans fices des ventes et faire endosser qui fête ses quarante ans, au mi- Petrofina reste belge. La deuxième taille, Albert Frère, bien que très le capitalisme français. Son in- les pertes de la production à l’Etat Elf-TotalFina, lieu de cent cinquante personnes, fois sera la bonne. En juin 1998, éprouvé par la mort de son plus fluence va bien au-delà de ses parti- belge. qui forment le ban et l’arrière ban Thierry Desmarest, le PDG de To- jeune fils, décédé dans un accident cipations », constate un écono- Sa « pelote » est maintenant c’est lui. de l’establishment parisien. Albert tal, demande à rencontrer de voiture, apportera un soutien miste. « Il est toujours difficile de suffisante pour qu’il se lance dans Frère est très sensible à ce signe de l’homme d’affaires belge pour lui sans faille à Thierry Desmarest. Il comparer les pouvoirs respectifs des des affaires plus sérieuses. Il Suez-Lyonnaise reconnaissance de celui qui est proposer une fusion entre Total et ne sourcillera même pas quand uns et des autres, mais, en termes monte ainsi un incroyable réseau considéré comme le patron le plus Petrofina, seule arme, à ses yeux, Total augmentera son offre sur Elf. purement capitalistes, on peut dire de holdings en cascade qui lui per- des eaux, puissant de France. Jean-Marie pour ces deux groupes moyens de Une surenchère qui va pourtant à qu’Albert Frère est aujourd’hui le met, en fait, de contrôler, avec peu Messier, de son côté, n’est pas mé- faire face aux grandes manœuvres l’encontre de ses intérêts immé- troisième capitaliste français, après de capital, quelques belles affaires, encore lui. content d’avoir l’oreille de ce capi- qui se précisent dans le monde pé- diats. « Contrairement aux re- François Pinault et Bernard Ar- comme la CLT ou le groupe taliste important, par ailleurs pre- trolier. Albert Frère est tenté, mais proches qui lui sont souvent adres- nault », explique un consultant. Bruxelles-Lambert. Interlocuteur mier actionnaire de son principal trouve la proposition de Total un sés, Albert Frère sait avoir une vision Quant à AIbert II, heureusement concurrent, Suez-Lyonnaise. L’af- peu chiche. Pour faire monter les à long terme », observe un grand occupé par le prochain mariage de ERTES, à gauche notam- privilégié de faire Electrafina, début 1998, met- enchères, il fait savoir à Philippe patron. son fils, Philippe, il ne pourra que ment, certains ont encore à tra un terme à cette belle entente. Jaffré, PDG d’Elf, qu’il envisage de En Belgique, le débat s’exacerbe. regretter l’ingratitude de celui qu’il C l’esprit l’opération qu’il tous les grands Vivendi détient, de très longue céder Petrofina. Jaffré lui répond « Albert Frère a vendu Petrofina aux avait autorisé, le 21 juillet 1994, «à avait montée avec quelques autres date, une participation de 20 % qu’Elf a d’autres préoccupations. Français pour gagner encore plus prendre en tous lieux et en tous flibustiers des affaires euro- patrons dans cette holding intermédiaire Pendant ce temps, Thierry Desma- d’argent », disent les uns, souve- actes le titre de baron et de porter péennes pour faire échapper la fi- de la nébuleuse d’Albert Frère. rest revient avec d’autres offres, rainistes à leurs heures. « Il nous a les armoiries que Nous lui concé- liale suisse de Paribas à la nationa- français, Jean-Marie Messier, qui a besoin bien alléchantes : il propose de permis d’avoir notre mot à dire dans dons ». Le nouveau roi ne parta- lisation prévue par le d’argent, souhaite la vendre et uti- payer une prime d’achat de 47 % des grands groupes pétroliers inter- geait pas les réticences de son gouvernement Maurois. D’autres le Belge lise tous les moyens pour forcer par rapport au cours de Bourse, de nationaux », rétorquent les autres. frère, Baudouin, qui n’avait jamais lui reprochent de ne pas vouloir Albert Frère à lui racheter ses créer un poste de vice-président Partenaire de Paribas dans les an- voulu anoblir un homme, divorcé choisir son camp, de rester au car- Albert Frère titres. Ce dernier, qui déteste les de surcroît, auquel il reprochait de refour des amitiés et des groupes conflits, finit par céder. Mais il en n’avoir pas eu une attitude très ci- sans contribuer à faire bouger les est gardera une certaine méfiance à Certains, qui ont eu affaire à lui, toyenne lors de la crise sidérur- choses. On se moque gentiment l’égard de Jean-Marie Messier : gique. du Carolo, avec ses manières un au centre l’impression d’avoir été « instru- savent ce que cache sa fausse bonhomie. C’est là, dans ce « pays noir », peu frustes, son franc-parler, sa mentalisé ». qu’Albert Frère a jeté les bases de bonne bouille. C’est vrai qu’il n’a de la Il a déjà compris que, pour jouer « Albert, c’est le plus fort ! », sa fortune. Il naît, le 4 février 1926, pas la culture ENA, le diplômé de véritablement les premiers rôles, il à Fontaine-l’Evêque, dans la l’école libre des charbonnages de restructuration lui fallait simplifier son Meccano, concluait André Rousselet grande banlieue de Charleroi. La Fontaine-l’Evêque, son seul par- transformer sa nébuleuse en une légende voudrait qu’il ait gagné chemin ! Lui, il s’amuse de ce du capitalisme réelle force de frappe, concentrée ses premiers sous – des « mas- théâtre des ombres. « Il aime bien sur quelques participations mus- de Total, taillé sur mesure pour Al- nées 80, il est devenu le principal toques », dit-on ici – en vendant, les patrons français : quand ils français. clées, choisir son camp plutôt que bert Frère, enfin, de donner aux soutien de Suez. Il est étroitement dans les rues de Charleroi, de la parlent, lui, il compte.» Autre dif- de rester au carrefour des amitiés. cadres belges une place impor- associé au développement du ferraille, qu’il trimballe dans une férence avec les managers qu’il A Bruxelles, Chez les grands, on ne joue pas sur tante dans la nouvelle organisa- groupe, qui se bâtit un avenir dans charrette à bras. La réalité est plus rencontre à Paris : c’est avec son trois tables à la fois ! « Le trader a tion. Un geste qui plaît à Albert les services collectifs. Paribas, lui, a prosaïque : Albert Frère est né argent qu’il joue. Certes, il ne leur certains cédé le pas au stratège, explique un Frère, malgré tout sensible à mon- été gommé. Au moment de la ba- dans une famille de toute petite dit pas, en wallon, ce qu’il déclarait expert. Il y a deux ans, rien n’était trer qu’il est attentif aux intérêts taille entre la BNP et la Société gé- bourgeoisie qui possède une en- à des syndicalistes de Charleroi : l’accusent écrit, à part le fait d’être riche. Al- de son pays. nérale pour prendre le contrôle de treprise artisanale de fabrication « Tcholte bé, m’fi, c’est m’galette à bert Frère a fait le choix stratégique Lorsque Philippe Jaffré apprend la compagnie financière, il regar- de clous. Elève médiocre, il va mi, dji fé c’qui d’j’vou avou » d’avoir bradé de devenir un des agents restructu- qu’Albert Frère est prêt à conclure dera, sans s’en mêler, bien que Pa- donner à l’entreprise familiale une (« Ecoute bien, petit, c’est mon rateurs du capitalisme européen. avec son premier concurrent, il se ribas soit encore un actionnaire dimension nouvelle. Avec un argent et j’en fais ce que j’en veux»), les intérêts Pour cela, il a cédé un pouvoir abso- précipite pendant un week-end important de son groupe. Ses in- simple télex, des dizaines d’an- mais il n’en pense pas moins. Cer- lu sur des objets limités pour un pour tenter d’inverser la situation. terventions se limiteront à prendre nuaires et un culot à toute tains, qui ont eu affaire à lui, belges pouvoir d’influence sur des objets si- Trop tard : Albert Frère a choisi. un peu moins de 1 % de la Société épreuve, Albert Frère va démar- savent ce que cache sa fausse bon- gnificatifs. » Mais alors, grand ac- « Petrofina l’orgueilleuse, Petrofina, générale, au moment du combat. cher dans le monde entier. Le pre- homie. « Albert, c’est le plus fort ! », tionnaire minoritaire, Albert qui voulait rester un fleuron de la Difficile de résister à un coup de mier contrat arrive du Venezuela : concluait André Rousselet. Frère ? Belgique, doit tirer un trait sur Bourse ! 1 000 tonnes de ronds à béton. Des Au début des années 90, lorsque Le Carolo va donner toute sa soixante-dix-neuf années d’indé- A la tête d’un empire restructu- centaines d’autres suivront. La commencent les grandes ma- nouvelle mesure lors des négocia- pendance », concluent Béatrice ré, composé de grosses participa- « pelote » d’Albert s’arrondit de nœuvres européennes, Albert tions entre TotalFina et Elf. Un Delvaux et Stefaan Michielsen tions faciles à gérer, Albert Frère mois en mois. De quoi acheter, en Frère, premier en Belgique, a déjà coup de billard à trois bandes, dans un livre-événement qui ra- entend profiter de son influence. 1954, sa première entreprise sidé- une solide réputation à Paris. En comme il les aime tant. Tout conte les derniers soubresauts Alors que de nombreux observa- rurgique. Déjà, il respecte une vendant à Suez sa participation commence en mai 1990, lorsque d’un certain capitalisme belge (Le teurs parient sur son désengage- règle essentielle : on ne rentre dans Tractebel – l’EDF belge –, il a Albert Frère devient président du Bal des empires, éditions Racine). ment de la CLT, lui répète son in- dans une entreprise que pour la assuré l’avenir de la compagnie fi- conseil d’administration de Petro- tention de rester : les multiples contrôler. « Petit actionnaire mino- nancière en rendant possible la fu- fina. Un rêve, pour l’enfant de AR son choix, Albert Frère a gesticulations autour de ce monde ritaire : petit con ! Grand action- sion avec la Lyonnaise des eaux, Fontaine-l’Evêque, que de diriger déjà tracé les grandes lignes audiovisuel l’amusent. Parce que naire minoritaire : grand con ! », le premier groupe industriel P sa vie est placée sous le signe de dont il deviendra le premier ac- de la réorganisation du sec- aime-t-il à répéter. tionnaire. C’est cet épisode – les ri- belge ! Une fois son amour-propre teur pétrolier français. L’accord l’argent, il n’imagine pas renoncer Au début des années 80, il est à chesses de Suez étaient convoitées satisfait, Albert Frère comprend avec Total n’était pas encore signé, à jouer avec. Mais il a aussi décou- la tête de l’essentiel de la sidérur- par tout le monde – qui va l’asseoir que la mariée était moins belle que que Thierry Desmarest et lui vert que la vraie puissance n’était gie wallonne. La crise ne le touche dans l’establishment français. prévu. Une première tentative de avaient déjà abordé la suite : le pas uniquement liée à une série de pas vraiment. Pour la bonne raison Consécration de cette puis- vente à Elf-Aquitaine échoue. Da- rapprochement avec Elf. Prévue à zéros sur un compte en banque. qu’il a réussi un incroyable tour de sance : le 13 décembre 1997, Albert vantage du fait des Français. Le roi l’origine au second semestre de De là à oublier ses « mastoques »... passe-passe, celui que le roi Bau- Frère est à la table d’honneur de Baudouin avait toutefois fait cette année, l’opération a été douin ne lui pardonnera pas : en- Jean-Marie Messier, le patron de comprendre à Albert Frère que le avancée à la suite de rumeurs au- José-Alain Fralon granger personnellement les béné- Vivendi (ex-Générale des eaux), palais tenait beaucoup à ce que tour d’Elf. Tout au long de la ba- et Martine Orange LeMonde Job: WMQ1510--0017-0 WAS LMQ1510-17 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0428 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 17 La France tarde à transposer les directives européennes 0 123 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 L’ANNULATION, fin septembre, montre le retard mis à transcrire mais, la précipitation étant mauvaise un véritable enjeu de pouvoir. Une Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F par le Conseil d’Etat des actes quelques textes « sensibles », tels conseillère, la ministre n’a pas res- trentaine de directives sur l’alimenta- Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 qu’avait pris la ministre de l’envi- que la directive de 1976 sur l’égalité pecté la réglementation française qui tion des animaux n’ont ainsi pas été Internet : http : //www.lemonde.fr ronnement, Dominique Voynet, de traitement entre les hommes et prévoit un certain délai pour consul- transcrites, car deux administrations ÉDITORIAL pour appliquer la directive euro- les femmes, qui autoriserait celles-ci ter les élus locaux avant de trans- s’en disputent la responsabilité. Il péenne « Habitats » (Le Monde du à travailler la nuit. La France ne l’a mettre des listes de sites à la s’agit d’une part de la direction géné- 6 octobre) tombe plutôt mal pour le pas transposée, de peur de mé- Commission de Bruxelles... rale de l’alimentation, qui relève du gouvernement. Alors que la France contenter la CGT et FO, qui s’y op- ministère de l’agriculture, et d’autre La bombe du Sénat doit assumer la présidence de posent. Elle pourrait s’en « sortir ENJEU DE POUVOIR part de la direction générale de la l’Union européenne au second se- par le haut » en prévoyant des Sous la pression d’EDF, qui a long- concurrence, de la consommation et LS tiennent leur re- faisant dépendre leur ratification mestre 2000, cette affaire, triom- compensations pour les intéressées, temps fait preuve de protection- de la répression des fraudes, qui re- vanche. Dépités de de la décision américaine. Les ré- phalement médiatisée par les chas- mais elle risquerait alors de fâcher nisme, la France ne transpose lève du ministère de l’économie. Sa- I n’avoir pu faire chuter Bill publicains, plusieurs anciens se- seurs, donne un coup de projecteur le patronat... qu’avec retard une directive ouvrant chant que l’administration qui trans- Clinton lors de l’affaire crétaires à la défense et la CIA gênant sur la façon dont la France En matière d’environnement, aus- le marché de l’électricité à la concur- pose un texte est celle qui le fera Lewinsky, les élus de la majorité disent que le système de surveil- ne respecte pas ses engagements si, la transposition exige un certain rence européenne. L’entreprise pu- appliquer, chacune a rédigé un projet républicaine au Sénat américain lance n’est pas au point. Ce n’est communautaires. Elle n’est en effet courage politique, tant les mesures blique s’étant récemment aperçue prévoyant que ses propres fonction- viennent d’infliger un camouflet l’avis ni de l’état-major américain que onzième sur quinze pour sa ca- prises par l’Europe irritent le monde que son attitude lui ferme l’accès aux naires procéderont aux contrôles né- sans précédent au président des ni de trente-deux Prix Nobel spé- pacité à transposer les directives eu- rural et notamment les chasseurs, marchés étrangers, en vertu d’une cessaires. Elles attendent depuis plu- Etats-Unis. Par 51 voix contre 48, cialistes du nucléaire, ni celui, ropéennes dans le droit interne (les qui sont devenus un lobby électoral clause de réciprocité, elle milite dé- sieurs années un arbitrage de ils ont refusé, mercredi 13 octo- non plus, des chefs de tous les la- directives ou « lois européennes » d’importance. L’ancien premier mi- sormais pour une transposition ra- Matignon. bre, de ratifier le traité portant in- boratoires d’armements aux ne s’appliquent pas directement). nistre Alain Juppé avait préféré geler pide, et le gouvernement a déclaré La transposition se heurte, enfin, terdiction totale des essais nu- Etats-Unis. Seuls le Portugal, l’Italie, la Grèce et l’application de la directive « Habi- l’urgence sur le texte, que le Sénat à une difficulté d’ordre administra- cléaires (CTBT). Ce traité, Pour des puissances atomiques le Luxembourg font moins bien tats », devant le tollé que suscitait le vient d’examiner en première lec- tif : les directions ministérielles n’ont imaginé par Eisenhower dans les comme la France et la Grande- qu’elle. projet de créer un réseau européen ture... pas encore pris la mesure du travail années 50, a été longuement pré- Bretagne, qui ont ratifié le CTBT, La France fait également partie écologique, Natura 2000. Mme Voy- La transposition d’un texte euro- qu’exige l’imbrication d’un droit paré par l’administration Clin- la sécurité dépend aujourd’hui du peloton de trois pays menacés net a tenté de rattraper le retard péen peut être, sur le plan français, communautaire de plus en plus im- ton, qui l’a signé en 1996. Jamais, au moins autant, sinon beaucoup de payer des astreintes par la Cour portant à un corpus juridique inter- depuis la fin de la première plus, de la lutte contre la non-pro- de justice des Communautés euro- ne riche et fortement hiérarchisé guerre mondiale, le Sénat n’avait lifération que de la dissuasion péennes. Si la Cour suit les requêtes (lois, décrets et arrêtés). Pour trans- refusé de ratifier un traité d’im- nucléaire. Pas pour la majorité de la Commission de Bruxelles, poser, il faut modifier ou supprimer portance que lui soumettait la républicaine au Sénat : comme la France pourrait verser Tournures utiles des textes dispersés. La codification, Maison Blanche. aux heures les plus tendues de la 900 000 francs par jour pour n’avoir qui permet de les rassembler dans Dans le domaine essentiel de la guerre froide, elle privilégie le pas transposé une directive de 1976 par Guillaume Dégé un même ouvrage, devrait accélérer non-prolifération nucléaire, les maintien de l’arsenal nucléaire sur le travail de nuit des femmes. la transposition. Mais elle est elle- Etats-unis donnent ainsi le pire américain. C’est une leçon qui ne Elle pourrait aussi être condamnée même considérée comme la cin- exemple qui soit. Les républicains passera pas inaperçue au Pakis- à payer près de 173 000 francs par quième roue du carrosse gouverne- viennent d’offrir à la Chine, à la tan, où des généraux viennent de jour pour n’avoir pas inscrit certains mental. En outre, la moitié des tex- Russie, à l’Inde, au Pakistan, tous prendre le pouvoir, et en Inde, où oiseaux sur la liste des espèces pro- tes (45 %) exigent une transposition pays qui n’ont encore pas ratifié le parti nationaliste hindou vient tégées. par voie législative. ou pas signé le CTBT, un bon ar- à nouveau de remporter les élec- Cette situation inquiète le chef du Les cellules européennes qui se gument pour procéder à de nou- tions : deux pays en état per- gouvernement : dans une circulaire sont constituées dans la plupart des veaux essais : si les Etats-Unis se manent de quasi-belligérance, publiée au Journal officiel du 10 no- ministères ne disposent pas de ju- l’autorisent, pourquoi pas nous... qui ont procédé à des essais en vembre 1998, Lionel Jospin a de- ristes en nombre suffisant. Cela ex- Par la grâce et l’irresponsabilité 1998. mandé à ses ministres d’améliorer plique que la France soit l’Etat des Trent Lott, chef de la majorité Mais, hélas !, les sénateurs ré- leur travail de transposition, en membre contre lequel la Commis- républicaine au Sénat, et Jesse publicains ne voient pas au-delà opérant notamment une meilleure sion de Bruxelles a ouvert le plus Helms, chef de la commission des de leurs frontières ! Aujourd’hui programmation des tâches à ac- grand nombre de procédures pré- affaires étrangères, le monde est sur le CTBT, hier sur la dette de complir. Ce rappel à l’ordre semble contentieuses, comme l’indique son aujourd’hui un peu moins sûr Washington à l’ONU, avant-hier assez injuste, dans la mesure où « Rapport 1998 sur l’application du que ce qu’il aurait pu être. sur le volume de l’aide à l’étran- c’est le premier ministre lui-même droit communautaire », publié en Le CTBT interdit tous les essais ger, ils empêchent Bill Clinton de qui fixe les grandes orientations du juillet. Les fonctionnaires n’ont pas nucléaires. Il met en place un ré- tenir ses engagements. De revire- travail gouvernemental. Or ni dans le temps de répondre aux mises en seau mondial de surveillance. Il a ments en reniements, ils son discours de politique générale demeure ou aux demandes d’avis été signé par 154 pays. Mais il ne conduisent les Etats-Unis à ne du 19 juin 1997, ni devant les parle- motivés qui leur sont adressées. De peut entrer en vigeur que si 44 plus respecter certaines de leurs mentaires socialistes réunis à Stras- ce fait, la France est aussi cham- d’entre eux – nommément dési- obligations internationales. La bourg, le 27 septembre, M. Jospin pionne européenne pour le nombre gnés parce que disposant d’ins- première puissance mondiale est n’a fait du respect des engagements de recours en manquement. Les tallations nucléaires – le rati- désormais moins crédible sur la européens une priorité. fonctionnaires n’ont tendance à réa- fient ; seuls 26 l’ont fait, beaucoup scène mondiale. gir que lorsque leur pays risque de subir une sanction financière, dispo- « POULES PONDEUSES » 0123 est édité par la SA LE MONDE Il est vrai que, à côté des grands sition nouvelle introduite par le trai- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani projets de société que sont la créa- té de Maastricht : la Cour de justice Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; tion d’emplois-jeunes ou la réduc- peut désormais condamner à une Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint tion du temps de travail, la transpo- amende un Etat membre qui ne Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau sition d’innombrables directives sur s’est pas conformé à l’un de ses ar- Directeur artistique : Dominique Roynette « les poules pondeuses », « l’indica- rêts. Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment tion de consommation d’énergie des La France devrait mieux faire, ne Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; lampes domestiques » ou « l’harmo- serait-ce que dans son intérêt natio- Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; nisation des feux de brouillard arrière nal, de nombreux contentieux étant Michel Kajman (Débats) ; Eric Fottorino (Enquêtes) ; des véhicules à moteur » ne présente liés à des retards de transposition. Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) qu’un intérêt politiquement limité. Le plus connu est l’affaire TEO : le Rédacteur en chef technique : Eric Azan Dans un pays où la majorité change Conseil d’Etat a annulé la délibéra- Médiateur : Robert Solé tous les deux ans depuis 1993, les tion ayant autorisé la construction Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg gouvernements ont tendance à fo- du boulevard périphérique nord de Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; caliser leur énergie sur des ré- Lyon, au motif qu’elle reposait sur partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre formes-phares et à laisser de côté la des principes juridiques non compa- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président

transcription des textes européens. tibles avec le droit communautaire ; Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), Est-ce à dire que le jour ou la France n’avait pas transposé à André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994)

l’Union européenne se préoccupera temps une directive imposant une Le Monde est édité par la SA Le Monde de questions sociétales, et non plus publicité préalable pour tout contrat Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. seulement économiques, elle se fera de concession. Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, Fonds commun de placement des personnels du Monde, entendre plus facilement ? La ré- Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, ponse ne va pas de soi, comme le Rafaële Rivais Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations.

en décembre 1998, discréditée par devra être prise en compte par le diers américains et britanniques ILYA50 ANS, DANS 0123 les manipulations américaines Conseil de sécurité des Nations frappent quasi quotidiennement Terrible dont elle s’était laissée être l’objet. unies pour lever ou non les sanc- l’Irak depuis près de dix mois, hors tions. toute légalité internationale et Le pandit Nehru à Washington SILENCE TROUBLANT Bagdad, pour sa part, ne fait rien dans une remarquable indiffé- statu quo Les cinq membres permanents pour faciliter le travail de ses avo- rence. Institués unilatéralement en APRÈS avoir touché à Londres, de grands intérêts. Qui serait mieux du Conseil de sécurité planchent cats. La cause de l’Irak avait gagné 1991 par les Etats-Unis, la Grande- le pandit Nehru, premier ministre désigné pour prendre la tête de depuis des semaines sur un projet du terrain dans le monde arabe Bretagne et la France (qui s’est de- de l’Inde, s’est rendu aux Etats- cette résistance que la République en Irak de résolution permettant de conci- après les bombardements de dé- puis retirée du dispositif), les zones Unis, où on l’accueille avec de indienne, seul grand Etat de cette lier à la fois le souhait de la Russie, cembre, mais le régime de Saddam d’exclusion aériennes avaient pour grands honneurs. Il compte y pro- région ? Suite de la première page de la Chine et de la France de lever, Hussein l’a reperdu aussitôt par but de protéger la population longer son séjour. Jusqu’à présent le pandit Nehru ou simplement suspendre les sanc- des déclarations inutilement agres- kurde au nord et les insurgés Serait-il à la recherche de la spiri- s’est opposé à toute politique qui Elle reste confortée dans ses tions, et la mise en place d’un nou- sives. A l’ONU, le régime irakien chiites du Sud de l’appareil de ré- tualité américaine, ou, plus prosaï- l’amènerait à prendre posi- analyses par les militaires qui ne vel organe de contrôle du désar- fait de la surenchère en posant la pression irakien. Ils n’ont pas em- quement, à la recherche de dollars, tion contre Moscou ou contre une doutent pas de la capacité du pré- mement, mais l’antagonisme avec levée des sanctions comme un pêché l’armée irakienne d’interve- comme un simple Occidental ? puissance communiste. Il se dé- sident Saddam Hussein, à perdu- les positions américaines bloque préalable non négociable. Au fil nir en avril contre la révolte C’est ce qu’on saura d’ici peu. Ce clare anticommuniste à l’intérieur rer et qui n’ont que mépris pour toute avancée, ce qui n’est pas des années, il s’est accommodé des violente qu’a suscitée l’assassinat qui paraît probable pour le mo- et prend des mesures rigoureuses l’opposition irakienne en exil. Les pour déplaire à Washington. Le restrictions. Il n’est pas touché d’un dignitaire chiite. ment c’est que les intentions amé- contre les communistes indiens, partis les plus efficaces et les contraste est saisissant entre les dans ses structures vitales par l’em- Pendant ce temps, poliomyélite ricaines, comme celles de la qui, du reste, sont en progrès. mieux implantés en Irak, les chiites hauts cris poussés naguère par bargo sur le pétrole et différents et choléra font leur apparition dans Grande-Bretagne, sont d’un autre Mais M. Nehru professe la neu- de l’ASRII et le Parti communiste l’administration américaine lors- trafics qui lui procurent assez de un pays autrefois développé mais ordre. Il s’agirait d’engager l’Inde tralité sur le terrain international. irakien, se gardent bien de s’affi- qu’une équipe de l’Unscom était recettes pour maintenir à niveau aujourd’hui réduit à la misère. dans la lutte internationale contre Peut-être est-il encore moins porté cher avec les petites formations bloquée pendant quelques heures un appareil policier efficace. Les Qu’importe : le statu quo semble à le communisme. à s’en départir à l’égard de Pékin regroupées dans le Congrès natio- par des Irakiens soupçonnés de risques d’émeutes de la faim ne Washington et à Bagdad comme la Le triomphe de Mao Tse Toung, que de Moscou, car il y a chez lui nal irakien, une coalition dirigée fourbir des armes prohibées, et sont guère élevés. La population moins mauvaise des formules. sa reconnaissance par l’URSS et les un panasiatisme latent en vertu du- par Ahmed Chalabi et que par- l’indifférence qui accompagne un pare au plus pressé : survivre. Etats satellites, rendent cette ques- quel il doit hésiter à prendre parti rainent les Américains. fait qu’on aurait jugé alors inouï : Pendant ce temps, les bombar- Gilles Paris tion de plus en plus urgente. Le contre le plus grand peuple de En lâchant volontiers du lest sur l’absence, depuis dix mois, de la communisme chinois devient une l’Asie. Il incline déjà à la reconnais- la résolution « Pétrole contre moindre infrastructure de contrôle menace pour le Sud-Est asiatique, sance de Mao Tse Toung. nourriture », Washington soigne en désarmement de l’ONU en Irak. RECTIFICATIFS « entre le 1er et le 31 juillet », comme où l’Angleterre et les Etats-Unis ont (15 octobre 1949.) ses relations publiques en évitant Les Etats-Unis ne sont pas en nous l’indiquions par erreur. d’apparaître comme l’affameur manque d’idées pour maintenir le «VACHE FOLLE » D’autre part, ce bilan, actualisé au d’un peuple pris dans l’étau d’une président irakien « dans sa boîte » : Dans l’article que nous avons 20 août 1999, est de 1 298 cas 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS dictature et des sanctions interna- ils soutiennent financièrement l’or- consacré aux dernières consé- confirmés. Télématique : 3615 code LEMONDE tionales. A peu de frais, puisque ganisation Indict qui veut que le quences du refus français de lever Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC l’essentiel est préservé : les sanc- président irakien, à l’instar de son l’embargo sur les viandes bovines ALGÉRIE ou 08-36-29-04-56 tions ne peuvent être levées offi- homologue yougoslave Slobodan britanniques (Le Monde daté 10- La population algérienne est de Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 ciellement que par une commis- Milosevic, soit traîné devant un tri- 11 octobre), il fallait lire que l’on 30,8 millions d’habitants en 1999, se- Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 sion spéciale chargée du bunal international pour les crimes avait recensé au Royaume-Uni lon les estimations du Fonds des désarmement de l’Irak (Unscom) commis contre son peuple. Revient 1 180 cas d’encéphalopathie spon- Nations unies pour la population, Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr laquelle, dans les faits, n’existe également l’argument selon lequel giforme bovine (ESB ou maladie de (Fnuap) et non de 38,9 millions plus depuis les bombardements de la situation des droits de l’homme, la « vache folle ») entre le 1er jan- comme nous l’avons écrit par erreur Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 l’opération « Renard du désert », en plus de l’état du désarmement, vier et le 31 juillet 1999, et non dans Le Monde du 17 septembre. LeMonde Job: WMQ1510--0018-0 WAS LMQ1510-18 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 09:41 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0429 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 HORIZONS-DÉBATS

Homophobies psychanalytiques par Michel Tort

A reconnaissance so- de façon contingente depuis des rie du déclin du père, père déchu maintient ce schéma anthropolo- opérée par le père imposant sa Le déni de la différence des sexes ciale du couple homo- siècles en Occident. C’est passer de que la psychanalyse lacanienne va gique religieux. Il transpose sim- « loi » à la mère – comme il se doit. (supposé spécifique dans la psy- sexuel et, au-delà, de l’analyse de fonctionnements psy- entreprendre de relever. Le succès plement le schéma dans le « sym- Cette confusion prospérera dans chogenèse de leur homosexualité) L chiques à une prescription des de la révolution paternelle et du bolique » et en fait descendre, sous la référence psychologisante à s’exprimerait directement dans la l’accès des homosexuels à la parentalité est l’objet de conditions de la subjectivation. La « nouveau testament » lacanien en le nom (peu mystérieux) de « nom l’ordre symbolique lacanien – mais position revendicative des homo- controverses dans les pays occi- demande sociale considère la « fa- France s’explique d’abord par la du père », le père chrétien. Plutôt fera son succès durable. Lacan se sexuels. Une exigence de re- dentaux. Je laisse de côté ici les mille conjugale » comme une captation de cet héritage paterna- que d’analyser sur le mode de débattra avec cette confusion mais connaissance sociale des droits est calculs politiques qui conduisent norme dont il s’agit de déterminer liste chrétien, accompagné du ral- Freud l’invocation œdipienne du n’en sortira pas. poliment reconduite à une invita- les responsables politiques à refu- les conditions psychiques, les si- liement des messianismes poli- tion au divan. ser des droits aux homosexuels tuations qui s’écartent de cette tiques en mal de foi après 1968. Problème majeur, devenu mani- pour ne pas heurter la majorité norme (monoparentales, homopa- En 1938, Lacan établit, dans La L’analyse des interventions feste aux Etats-Unis : dans la me- d’une France chrétienne et bien rentales, etc.) se caractérisant sup- Famille, un rapport historique sure où les gays et les lesbiennes se pensante. Je m’intéresserai à un posément par divers types de per- entre la « grande névrose contem- des psychanalystes dans le débat sur le PACS tournent vers la psychanalyse pour aspect particulier : le mode sur le- turbations psychiques. Or tels poraine » et la détérioration de la les difficultés qu’ils peuvent quel sont invoquées les lumières étaient, bien avant la psychana- personnalité du père. Il s’agit confirme (à de rares exceptions près) connaître, ils butent sur le désaveu de la psychanalyse. Je ne peux, en lyse, les objectifs et les pratiques d’une étiologie banale du symp- de leurs positions publiques par les effet, en aucun cas retrouver dans de la psychiatrie sociale. tôme social dans les années 30, qui que l’horizon « symbolique » demeure, psychanalystes. Ils auront ten- les attendus proférés « au nom de Dans quelles conditions le pas- prendra toute son importance dance à considérer qu’ils ne trou- la psychanalyse » ce qui me paraît sage de la psychanalyse à la nor- idéologique pendant la période de à leur insu, les positions de l’Eglise catholique veront une écoute que chez des faire la vérité de la pratique que malisation a-t-il été possible en Vichy avec le personnage du maré- analystes homosexuels : clivage j’exerce. France ? Si l’on examine l’argu- chal – qui devait être suivi du gé- adaptées par l’ordre symbolique lacanien problématique dans la psychana- Le travail du psychanalyste se mentaire « anthropologique » qui néral. lyse. borne à soutenir les efforts des est opposé aux organisations nou- Depuis toujours, la question du Il est difficile de considérer analysants pour se dégager des velles de la parenté et de la filia- père est la préoccupation majeure Christ « Au nom du père », Lacan Cette mise en perspective paraî- comme compatibles avec la psy- conflits liés à la vie psychique in- tion, on constate qu’il fait une du clergé catholique. Le déclin de l’érige en concept psychanalytique. tra simplificatrice. Je ne m’inté- chanalyse les constructions nor- fantile. Les constructions théo- place déterminante à la notion l’autorité du père (qui réfracte la En définissant explicitement resse pas ici aux subtilités de l’évo- matives en termes de « développe- riques qui permettent ce travail d’« ordre symbolique », estuaire puissance de Dieu) est l’horizon dans l’œdipe une épreuve « nor- lution de Lacan. Je constate la ment » ou de « déviance » ou les sont révisables et psychanalytiques théorique où confluent Levi- chrétien sur lequel se développe mativante » (terme insistant chez réussite sociale indéniable de modèles de transmission prépsy- dans la mesure où elles se situent Strauss, Lacan et le droit positif de l’étiologie psychiatro-psycholo- Lacan), il est possible de formuler l’évangile du nom du père et ses chanalytiques. Le sens commun sur un autre terrain que les formes la famille. Ce concordat théorique, gique des désordres contempo- des conditions « structurales » aux- effets sociaux. C’est bien la n’a pas attendu la psychanalyse de l’organisation sociale : pulsions, réalisé depuis les années 70 en rains. La formulation par Lacan de quelles doit satisfaire la traversée conception de base de l’ordre sym- pour produire des théories fantas- désirs, identifications, rapports aux France, reçoit son intelligibilité dès la fonction paternelle, de 1938 à de l’œdipe. On pourra alors s’in- bolique, avec son corollaire, la matiques selon lesquelles l’identité objets, œdipe, sont des processus l’instant où l’on considère que la 1958 environ, ne rompra jamais terroger : dans quelle mesure ce fonction du père séparateur, qui se construirait par une mécanique psychiques généraux qui se re- problématique lacanienne de cette attache. parcours normativant est-il socia- s’est constituée en vulgate psycha- d’images globales. Toute la stigma- trouvent dans toutes les organisa- l’ordre symbolique, de la fonction L’ensemble de la reformulation lement favorisé ou compromis ? nalytique, reprise par psycho- tisation des situations monoparen- tions sociales. paternelle, est le pivot du nouvel théorique est sous-tendu par la L’avancée psychanalytique que logues, juristes, travailleurs so- tales reposait ainsi sur l’idée sim- Rien à voir avec le spectacle au- ordre familial psychanalytique. contrainte de la représentation re- représente le repérage de l’aliéna- ciaux et qui est la base des plette que l’enfant n’ayant qu’un quel nous assistons où des psycha- Cette problématique lacanienne ligieuse de ce que je nomme la tion du désir dans l’autre est positions prises entre autres sur le parent manquera d’une image, etc. nalystes prétendent déterminer les ne prend pas son origine dans la « solution paternelle ». Au moment compromise par un élément pure- PACS. La même orthopédie visuelle est conditions d’un développement clinique psychanalytique mais même où Lacan prétend distinguer ment idéologique. L’issue de l’as- L’analyse des interventions des invoquée dans les situations ho- psychique normal en le liant aux dans les inquiétudes de l’anthro- la fonction symbolique soutenue sujettissement œdipien est norma- psychanalystes dans le débat sur le moparentales. L’évocation des dé- structures familiales qui prévalent pologie catholique et dans sa théo- par le père de l’œdipe freudien, il lisée sur la base de la séparation PACS confirme (à de rares excep- sordres qui ne manqueraient pas tions près) que l’horizon « symbo- de survenir (névroses, psychoses, lique » demeure, à leur insu, les perversions) participe de la psy- positions de l’Eglise catholique chanalyse-fiction. Les études sur le adaptées par l’ordre symbolique destin des enfants élevés par des lacanien. Le plus clair est évidem- homo-parents dans diverses ment le Père psychanalyste Ana- formes de coparentalité ne font trella, spécialisé dans la croisade apparaître rien de tel. En revanche, contre l’homosexualité. Selon lui, la protestation hétérosexuelle sert l’homosexualité est un amour de de brevet de normalité aux plus soi prégénital primitif auquel il fragiles des hétérosexuels pour te- n’est pas bon de s’arrêter. Le légis- nir en lisière, en les dénonçant lateur ne saurait l’encourager s’il chez les autres, les pulsions qu’ils ne veut produire une société pré- redoutent. génitale éclatée. Pas davantage ne doit-il encourager le concubinage, pire que le PACS, car il oblige à En fait, la vie penser que la réalité du couple composé de deux personnes de psychique des sujets genre différent est semblable à une relation homosexuelle ! Au dont le choix sexuel demeurant, conclut le bon apôtre, personne n’entretient une quel- est un partenaire conque haine à l’égard des homo- sexuels : il est simplement normal du même sexe que chacun les tienne à distance dans la mesure où tout se passe constitue un secteur comme s’ils voulaient réactiver en chacun ce qu’il y a de plus primitif parmi d’autres dans la sexualité. Anatrella for- mule la version la plus obscène de du champ l’homophobie catholique, de sa lutte millénaire contre la sodomie, de la psychanalyse mâtinée de quelques termes de psychanalyse. comme pratique On dira : quel rapport avec la psychanalyse ? C’est méconnaître et comme théorie que l’on retrouve, dans les grandes lignes, chez la majorité des psycha- nalystes qui se sont distingués En fait, la vie psychique des su- dans le débat sur le PACS les jets dont le choix sexuel est un mêmes termes que chez Anatrella, partenaire du même sexe constitue la dénonciation du narcissisme pa- un secteur parmi d’autres du thologique de l’homosexuel ; du champ de la psychanalyse comme déni de la différence des sexes ; du pratique et comme théorie. Il n’y a caractère archaïque et déviant de a priori aucune raison pour que les la sexualité homosexuelle ; du dan- sujets homosexuels soient épar- ger que feraient courir aux enfants gnés par les aléas de la vie psy- les parents de même sexe pour chique, y compris les difficultés leur équilibre psychique et la liées à leur choix sexuel. C’est en constitution de leur identité. quoi ils ne diffèrent en rien des hé- Selon l’un, les homosexuels sont térosexuels. condamnés au même et ignorent Les véritables contributions psy- l’altérité (est-il besoin d’être psy- chanalytiques donnent toujours le chanalyste pour faire pareille dé- sentiment que le sujet a été enten- couverte philosophique ?). Une du, que la figure de la norme s’est autre déclare tout de go : le PACS ? transformée, assouplie. Or, dans C’est comme le clonage, à cela leur mélange de dogmatisme et près que le clonage est tenu pour d’animosité, les discours psycha- monstrueux. « Souvent, professe, nalytiques sur le PACS produisent entendu, le troisième, il y a un déni sur nous exactement l’effet in- de la différence des sexes à l’adoles- verse. Il s’agit de tenir à distance cence. » « Et la différence des l’objet d’analyse et d’exorciser les sexes ? », tonitrue un compère sujets. Chaque psychanalyste sait à brossant un tableau apocalyptique quel point pareille position le pri- de l’inceste homosexuel. A les en verait, en recevant un sujet, de croire, les homosexuels, confon- tout moyen d’entendre et d’inter- dant les hommes et les femmes, préter. feront à coup sûr voter la suppres- Que l’on imagine l’analysant ho- sion de la différence des sexes au mosexuel évoquant son désir Parlement. Pas question de les lais- d’être parent et accueilli par un : ser mélanger leur jouissance dou- « Et la différence des sexes ? ». Ce teuse avec la jouissance droite et qui est évident dans la pratique universelle (catholique) de l’orga- cesse donc brusquement de l’être nisation sociale. dans l’intervention extérieure à la La tâche des psychanalystes est- séance. Mais du même coup, la elle d’analyser, d’interpréter les an- psychanalyse a disparu, envolée. goisses liées à la confusion des Le discours commun a repris la pa- sexes, qui s’expriment dans l’ho- role avec ses angoisses, ses pho- mophobie, ou de les orchestrer ? bies, sa haine. Le contre-transfert Les arguments invoqués sont des psychanalystes est venu à bout marqués de confusions majeures. des homosexuels. Les questions politiques de la dis- crimination, de l’égalité, sont ra- menées à la scène infantile où l’en- Michel Tort est psychanalyste fant réalise la différence des sexes. et professeur à l’université Paris-VII. LeMonde Job: WMQ1510--0019-0 WAS LMQ1510-19 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 09:22 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0430 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 19 Une loi inapplicable Le PACS est-il républicain ? par François Boucard par Jan-Paul Pouliquen et Denis Quinqueton et Christophe Mounet RLES, janvier 1876, la convaincre les élus de la nation et vantage à ce que la société leur dé- té, c’est l’expression du mépris France venait juste de ces derniers en ont fait la loi de la livre un certificat de bonne qu’ils affichent à l’endroit de celles L est faux de dire que le couple, laquelle a vocation à durer. A redevenir républicaine république. Non sans avoir su amé- conduite et redoutant de devoir et ceux qui les ont élus. Quelques PACS constitue un progrès. Prenons quelques exemples to- (presque) par hasard liorer la forme juridique sans re- quitter une posture de victime sa- autres, enfin, se sont réfugiés der- Il est faux de croire que Ie piques : celui qui a acheté une voi- et par une voix de majorité. Léon mettre en cause le fond. vamment cultivée sur un terreau, rière de pseudo-arguments juri- I ture devra obtenir l’autorisation de Gambetta faisait campagne pour Le PACS refuse de considérer les hélas, propice, quelques activistes diques qui ne pouvaient convaincre PACS est un premier pas vers la reconnaissance d’un statut l’autre pour la vendre. Plus grave, les premières élections sénatoriales citoyens en morceaux, en catégo- « homosexuels » le critiquèrent vio- que leurs auteurs. Mais la répu- complet des couples non mariés. le pharmacien qui souhaite vendre de la IIIe République. S’adressant ries, en « communautés », aux lemment. blique ne doit pas être celle des Le débat sur le PACS a laissé son officine ou le concertiste qui aux délégués qui iraient à la préfec- contours d’ailleurs assez flous, et N’est-il pas un peu dérisoire de avocats et des notaires. Elle doit dans l’ombre un point si important veut changer son instrument devra ture, quelques jours plus tard, élire leur propose une façon nouvelle baser une pensée politique sur une rester celle de tout le peuple ! qu’aujourd’hui l’opinion publique obtenir la même autorisation et, en les sénateurs du département, il dé- d’organiser leur vie à deux, sans sexualité ? Cette attitude n’est pas Comme tout débat passionné, ce- ne semble pas réaliser que, en cas de désaccord entre les parte- clara : « Jusqu’à ce jour, la politique s’intéresser au sexe des partenaires seulement le dernier avatar du lui-là laissera des blessures... et un l’état, la loi est inapplicable et res- naires, le vendeur sera contraint de avait été réservée à une élite plus ou ni préjuger la nature des liens qui « syndrome de la petite popote mijo- baume pour les apaiser : un recul si- tera lettre morte. porter l’affaire devant les tribu- moins éclairée, plus ou moins ca- les rassemblent. Il reconnaît la tée dans sa petite marmite ». Elle est gnificatif de l’homophobie, qui est Le texte comporte une imperfec- naux ! pable, abritée derrière de grands airs sphère publique de la vie de chaque aussi l’expression d’un manque l’une des multiples facettes du ra- tion que l’ensemble des juristes On le voit, en présence de tels de dédain, injurieuse pour les petits et citoyen, ses relations avec le reste d’éducation politique qui empêche cisme. Parce qu’à force de discuter consultés par les parlementaires dangers, la vie commune reste dé- gonflée outre mesure du sentiment de de la société et l’organise dans de dépasser le stade de la revendi- d’une loi pour toutes et tous, nous ont soulignée, mais qui n’a été mise sorganisée et, en définitive, le sa valeur ; aujourd’hui, toute la poli- l’équité et la justice. Il conçoit la cation, de la réclamation ou de la avons amené nos concitoyens, nos en exergue ni par les médias ni par PACS s’apparente plus à un mé- tique, jusque-là réservée à quelques- sphère privée inhérente à chacun de « colère ». Dans l’histoire du PACS, voisins, nos collègues de travail, nos les groupes de pression concernés. nage à trois avec le juge qu’il ne uns, à une oligarchie jalouse, (...) va nous, nos relations intimes, comme ce stade fut le premier. Mais la se- amis, à considérer – autrement Certes, la question n’exalte pas constitue un véritable mode d’or- tomber dans les mains de tous ceux un élément constitutif de la liberté conde étape – la réflexion sur le qu’en caricature – les différentes les passions. Mais en raison de son ganisation de la vie de couple. Le qui travaillent ou pensent et, les asso- individuelle qui ne saurait servir à fond et la stratégie – n’a pas tardé. parties de ce tout. Et l’idée que des importance pratique, il est au- but recherché n’est donc pas at- ciant dans les mêmes efforts pour at- nous classer. Quand on prétend agir en politique, personnes différentes peuvent culti- jourd’hui grand temps d’en dé- teint. teindre le même but, leur donne une Comme rien ne différenciait fon- on ne peut se borner à constater. Il ver leurs points communs et appar- battre. Contrairement à ce que Compte tenu des contraintes même part de droits et de responsa- damentalement la situation maté- faut très vite proposer et, dans un tenir à une même société, en proclame le gouvernement, le texte liées à la signature d’un PACS (for- bilités. » rielle d’un couple homosexuel de régime démocratique, convaincre. somme être des citoyennes et des actuel ne permet pas d’atteindre le malités lourdes, rédaction d’une Comment mieux dire que le pacte celle d’un couple hétérosexuel non Les autres oppositions, plus « tra- citoyens, a avancé pendant ces an- principal objectif du PACS : l’orga- convention qui nécessitera l’inter- civil de solidarité que l’Assemblée marié et de celle d’un couple d’amis ditionnelles », n’en furent pas moins nées. La liberté de chacun, autant nisation d’une vie commune. vention d’un professionnel du nationale vient d’adopter est une loi vivant ensemble, une solution navrantes. Ainsi, quelques parle- que la cohésion sociale, y ont ga- La vie en couple est faite de rap- droit) et du caractère limité des d’inspiration républicaine ? Des mi- commune à ces diverses situations mentaires, remettant encore en gné. Les combattants du PACS, ci- ports personnels mais aussi de re- droits qu’il confère, il est à craindre litants, des citoyennes et des ci- s’est imposée. Le PACS a d’abord eu cause le principe de la laïcité, ont toyens, militants, élus, peuvent en lations pécuniaires. S’agissant des que la plupart des intéressés ne si- toyens ont renvoyé à leurs études un soutien populaire avant de dis- tenté de ranimer les vieux démons être satisfaits et fiers. rapports personnels, le texte ne gneront pas le PACS et se conten- des expert(e)s, une « élite plus ou poser d’un soutien politique. de l’ordre moral cher aux religions... prévoit pas d’obligations de fidélité teront des droits offerts par le sta- moins éclairée... » qui, faute de Mais parce que la république D’autres, renonçant à leur rôle et de cohabitation. En effet, la ma- tut du concubinage, que le texte s’être intéressée à temps à une déli- n’est parfois comprise que comme d’« éclaireurs d’opinion » ont passé Jean-Paul Pouliquen et jorité a refusé de faire du PACS une étend aux homosexuels. cate question de société, en qualifia un régime politicien et non comme leur temps à courir derrière ce qu’ils Denis Quinqueton sont institution familiale. Il s’agit là d’un Cet écueil pourrait aisément être la réponse de « monstre juridique ». un mode élaboré d’organisation de croient être l’avis de leurs électeurs. respectivement président et secré- choix idéologique clairement affir- évité : il suffirait de déclarer appli- Des militants, sûrs de leur bon droit la société, il s’est trouvé de curieux Plus qu’un véritable aveu de la mé- taire général du collectif national mé et qu’il appartient à chacun cables au PACS les dispositions re- de citoyens, sont parvenus à opposants au PACS. Cherchant da- connaissance qu’ils ont de la socié- pour le PACS. d’apprécier. latives aux régimes matrimoniaux Restent les relations patrimo- (règles du mariage portant sur les niales qui, elles, sont régies par le rapports pécuniaires entre époux). texte. Une telle réglementation est Cette solution de bon sens pré- indispensable. En effet, la vie à sente l’avantage de la simplicité et deux entraîne naturellement le permet d’organiser de manière sûre et efficace les rapports patri- moniaux entre les partenaires. Elle Les participants permet surtout d’obtenir le résultat recherché (l’organisation de la vie au débat public de couple), tout en respectant le souci de la majorité de ne pas ont perdu de vue conférer au PACS des allures de mariage. des aspects aussi Pourquoi cette solution est-elle actuellement écartée ? importants Par crainte des critiques de la droite et de son propre camp, la que les rapports gauche s’obstine à refuser toute ré- férence au mariage, y compris aux patrimoniaux dispositions relatives aux régimes matrimoniaux. Ce faisant, la entre partenaires gauche pèche par excès, car per- mettre aux partenaires d’un PACS d’adopter un régime matrimonial, rapprochement des patrimoines ce n’est pas faire du PACS un mode des partenaires. Au fil des années, de création de la famille. Une fa- ces patrimoines vont progressive- mille ne naît pas d’un arrangement ment s’imbriquer. La situation de patrimonial. En fait, telle un mime fait devient alors inextricable et on qui, tout en donnant l’impression ne sait plus qui est propriétaire de de marcher, reste sur place, la ma- quoi et qui peut faire quoi. jorité annonce que, avec le PACS, Pourtant, aussi bien pour les un pas en avant a été fait mais à y actes de la vie de tous les jours que regarder de plus près, il ne s’agit pour les opérations moins cou- que d’une illusion. rantes, il est indispensable que L’opinion publique n’a pas réagi, chaque membre du couple sache si car les participants au débat public tel bien est sa propriété et qu’il ont engagé des polémiques sur des connaisse l’étendue de ses pou- sujets dont la portée symbolique voirs sur chacun des éléments des est forte (lieu de signature du deux patrimoines, à plus forte rai- PACS, mariage des homosexuels, son au décès d’un partenaire. adoption...), mais ils ont perdu de Il n’y a donc pas de réelle organi- vue des aspects aussi importants sation de la vie de couple si les rela- que les rapports patrimoniaux tions patrimoniales ne sont pas entre partenaires. elles-mêmes organisées. La loi à peine votée, une réforme C’est précisément sur ce point s’impose déjà. C’est là le seul fondamental que le texte sur le moyen de donner au PACS sa PACS est insuffisant. Il se borne à consistance. Alors, il pourra être reprendre la solution du concubi- considéré comme un progrès, nage, qui peut être schématique- comme un premier pas susceptible ment présentée de la manière sui- d’être complété par d’autres. vante : tous les biens acquis après la conclusion du PACS appar- tiennent aux deux partenaires, en François Boucard est avo- indivision. cat au barreau de Paris Or le système de l’indivision, Christophe Mounet est conçu pour des situations très par- avocat au barreau de Paris et en- ticulières et généralement tempo- seignant au CNAM (Conservatoire raires, est inadapté à la vie de national des arts et métiers).

AU COURRIER faire état de résultats montrant DU « MONDE » qu’un médicament est plus efficace qu’un autre ou qu’une chimiothéra- INDÉPENDANCE pie n’a pas fait la preuve d’un béné- DE LA PRESSE MÉDICALE fice que l’on avait pu espérer. Ce Le rédacteur en chef du New En- contrôle de la liberté et de la qualité gland Journal of Medicine a été li- scientifique de l’information dé- mogé en août dernier. En France, pend des médecins rédacteurs en les deux plus anciens hebdoma- chef de revues et de l’équipe qui les daires médicaux non spécialisés, La entoure. Il convient également Revue du praticien et Le Concours qu’ils soient libres vis-à-vis des pro- médical, viennent d’être repris par priétaires des revues. un groupe bancaire. Les rédacteurs C’est l’audience des périodiques en chef ont été remerciés et, au qui doit attirer le partenariat indis- Concours médical, la plupart des pensable des firmes pharmaceu- conseillers scientifiques ont donné tiques sous forme de publicité et leur démission. non une complaisance dans l’infor- L’importance de l’affaire mation. (...) Cela concerne la qualité n’échappera pas, même à ceux qui de la formation post-universitaire ne sont pas médecins. En effet, les des médecins, et donc bien tous les revues médicales doivent apporter Français. à leurs lecteurs une information Docteurs Michel Huguier scientifique indépendante de toute et André Grimaldi pression ; par exemple, en pouvant Paris LeMonde Job: WMQ1510--0020-0 WAS LMQ1510-20 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0431 Lcp: 700 CMYK

20 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999

ÉNERGIE La décision de lancer la 2004, après les élections présiden- développé par les industriels Frama- marché européen de l’électricité, en s’élèverait à 24 milliards de francs, construction de l’EPR, le futur réac- tielles. b CE REPORT a pour but de tome et Siemens. b ÉCONOMIQUE- marche depuis février 1999. b LA deux fois plus qu’un réacteur actuel. teur franco-allemand, appelé à rem- calmer la colère des Verts, qui mena- MENT, la décision sera encore plus CONCURRENCE imposera un envi- b DE NOUVELLES VOIES sont à placer une partie du parc nucléaire çaient de quitter le gouvernement difficile à prendre dans quatre ans, ronnement nouveau, rendant plus l’étude, pour concevoir des réacteurs français, ne sera prise qu’en 2003 ou en cas de feu vert à ce programme, compte tenu de la libéralisation du aléatoire un tel investissement : il plus petits et plus économiques. L’industrie nucléaire victime de l’ouverture du marché de l’électricité La décision de lancer l’EPR, un programme franco-allemand destiné à remplacer les centrales actuelles, est reportée à 2004. La libéralisation en Europe risque de condamner économiquement ce projet avant même que le gouvernement se soit prononcé L’AVENIR du réacteur nucléaire industrielle qui engage le pays pour dépendance énergétique. Chaque de Creys-Malville au palmarès des franco-allemand à eau pressurisée, un demi-siècle », a estimé le pré- Etat décidait de sa politique dans projet français ruineux et abandon- l’European Pressurized Reactor sident d’EDF, François Roussely, un marché fermé. nés. De plus, ce réacteur est conçu (EPR), est sérieusement compro- mercredi 13 octobre, lors des Trois Depuis le 19 février, la donne a pour être exporté. Mais quel élec- mis. Conçu par Framatome et Sie- Jours de l’industrie organisés par changé avec l’ouverture à la tricien autre qu’EDF investira dans mens pour remplacer une partie du CSC Peat Marwick, Les Echos et Ra- concurrence du marché européen un programme aussi onéreux ? parc français à l’horizon 2010, il de- dio-Classique. « Nous ne sommes de l’électricité. Même si la France a Conscient de ces limites, le vait faire l’objet d’une décision qu’exploitant, et notre rôle est de pris du retard dans la transposition Commissariat à l’énergie atomique d’investissement cette année. La fournir de l’électricité au meilleur de cette directive, le souci des gros (CEA) n’a pas attendu pour explo- question ne sera finalement pas prix », rappelle-t-il, sachant, cepen- utilisateurs d’électricité – les indus- rer d’autres pistes. tranchée avant 2003 ou 2004, soit dant, que son groupe est le client triels – est déjà d’obtenir d’un après l’élection présidentielle, dé- potentiel de ce futur réacteur. même fournisseur, non seulement DE NOUVEAUX CONCURRENTS plorent les industriels de la filière. La décision de construire ou non du courant à bas prix, mais aussi Le réalisme économique risque Un décalage qui pourrait débou- ce réacteur revient aux pouvoirs des services pour toutes leurs im- de s’imposer aussi pour une autre cher sur un abandon pur et simple publics, et non à EDF. Selon le pa- plantations européennes. Pour ré- raison : la concurrence ne vient pas de ce projet. tron d’EDF, il faudra auparavant pondre à ces nouvelles exigences, seulement des électriciens, mais que le gouvernement clarifie sa po- EDF a décidé d’un programme de des groupes pétroliers. Au- LE SORT DES DÉCHETS sition sur la place du nucléaire dans réduction des coûts de 30 % en trois jourd’hui, l’énergie ayant le vent en Politiquement, cet attentisme a le paysage français, sachant qu’il ans. Atteindre cet objectif est «un poupe pour produire de l’électricité pour but de calmer la colère des fournit aujourd’hui plus de 78 % de « Nous suivons avec intérêt l’évolu- totype. Le projet développé par exercice difficile, notamment dans le est le gaz. « Avec moins de 200 mil- Verts, qui avaient menacé de quit- la production d’électricité. Il faudra tion du parc américain », confirme Framatome et Siemens coûte deux nucléaire », où il ne faut pas tou- liards de francs de chiffres d’affaires, ter le gouvernement en cas de déci- également évoquer le sort des dé- Pierre Carlier, directeur général dé- fois plus cher qu’un réacteur nu- cher à la sûreté, reconnaît M. Rous- EDF est-il assez gros face à un indus- sion favorable. Economiquement, chets et obtenir davantage de légué industrie d’EDF, qui n’exclut cléaire de la génération actuelle, en sely. « Tout le monde y contribuera, y triel comme TotalFina-Elf, qui pèse il rendra la décision encore plus dif- transparence pour ne pas perdre le pas un allongement de l’exploita- raison du renforcement des me- compris nos fournisseurs comme Co- près de 500 milliards ? », s’interroge ficile à prendre. Sur un marché eu- soutien de l’opinion publique. tion des centrales françaises. sures de sûreté. Malgré ce niveau gema et Framatome », prévient le habilement M. Roussely. Comme ropéen de l’électricité ouvert à la Ce sursis accordé à l’EPR est venu « Dans ce contexte, le compte à re- d’investissement, il fournirait, se- président d’EDF. pour confirmer ses craintes, concurrence, quel groupe investira en partie des Etats-Unis, où les opé- bours est assez long. Une décision po- lon ses concepteurs, du courant à « Dans quatre ans, EDF préférera Hugues du Rouret, patron de Shell 24 milliards de francs dans la rateurs viennent d’obtenir la pro- litique doit être prise en 2004, per- un prix compétitif. peut-être investir plus de 20 milliards France, filiale du premier pétrolier construction d’une nouvelle cen- longation de la durée de vie de leurs mettant de construire un prototype Si EDF a pu investir 1 000 mil- de francs dans le rachat d’électri- mondial, lui répond indirectement : trale, le double du prix d’un réac- centrales de quarante à soixante en 2011. Nous en tirerons toutes les liards de francs dans la construction ciens en Europe, pour suivre ses « Nous ne sommes plus une compa- teur nucléaire actuel ? ans. Les installations américaines, expériences nécessaires pour être de centrales nucléaires depuis 1973, clients, plutôt que de les consacrer à gnie pétrolière, mais un groupe tour- « Ce n’est pas un sujet d’estrade où ayant une dizaine d’années de plus prêts à commencer le renouvelle- le contexte n’est plus le même. l’EPR », redoute-t-on dans les mi- né vers l’énergie. » l’on peut répondre par oui ou par que leurs homologues françaises, ment du parc vers 2020. » Après le premier choc pétrolier, il lieux industriels. La CGT craint que non à l’EPR. Il s’agit de la politique elles servent donc d’exemple. Obstacle de taille : le coût du pro- s’agissait de donner au pays son in- l’EPR ne rejoigne le surgénérateur D. G.

TROIS QUESTIONS À... Beaucoup d’efforts ont été faits Face au nucléaire, qui fournit Le réacteur du futur sera plus économique en matière de transparence, nous 3 78 % de l’électricité en France, MICHEL DESTOT devons aller plus loin. Si on estime quel est l’avenir des énergies renou- A L’HEURE des contestations, de tentatives de vol. Un projet de firment qu’ils « peuvent être que les problèmes énergétiques velables ? des promoteurs de l’énergie nu- réacteur, le GT-MHR, permettant compétitifs dans dix ou quinze Vous êtes député socialiste et sont essentiels et qu’ils engagent Un rééquilibrage est indispen- cléaire cherchent des voies pour de brûler cette matière, a donc été ans ». 1 rapporteur spécial du budget de l’avenir du pays, nous pourrions sable. Il faut réfléchir à un pro- préserver l’avenir. Leur règle est lancé. Il pourrait aboutir en 2010. Excès d’optimisme ? De telles l’industrie à l’Assemblée nationale. avoir une loi de programmation an- gramme de recherche volontaire, simple. Rien ne se fera si les fu- Quatre industriels, General Ato- centrales d’une puissance de Quel est l’objectif des deuxièmes nuelle qui déciderait des grands in- comme on l’avait fait pour le nu- turs réacteurs ne sont pas plus mics (Etats-Unis), Fuji (Japon) et 300 MW, – au-delà, ce n’est pas rencontres parlementaires sur vestissements, notamment dans le cléaire avec le Commissariat à l’éner- sûrs, fossoyeurs de plutonium, Framatome (France) et des entre- économiquement intéressant – l’énergie, que vous avez organisées nucléaire, à l’image de ce qui existe gie atomique. Cette structure pour- peu producteurs de déchets, très prises russes, ainsi que les gouver- pourraient fort bien, disent les in- jeudi ? pour la défense nationale. Il faut rait être créée à l’échelon européen. performants et économiques. nements russe et américain y par- dustriels, trouver un marché dans Je souhaite que ce débat réduise sortir du flou sur l’espérance de vie Il nous faut changer de culture. Pen- Cette quadrature du cercle ticipent avec l’espoir de « fixer sur des pays pauvres en eau dont le la fracture entre partisans du nu- des centrales. Selon de nouvelles dant longtemps, le seul souci a été pourrait avoir une solution. Il y a place un personnel russe hautement réseau électrique est modeste. cléaire et antinucléaires. Le paysage études, le renouvellement du parc de fournir de l’énergie sans s’inter- environ trente ans, les ingénieurs qualifié ». Les mêmes imaginent Conscient de cette opportunité, le a changé avec la mondialisation du pourrait intervenir en 2015, au lieu roger sur la demande ou réfléchir à de la plupart des pays industriali- aussi de réaliser des versions plus Commissariat à l’énergie atomique secteur de l’énergie et la place crois- de 2010, jusqu’alors évoqué. Cela l’aménagement du territoire. Nous sés ont en effet planché sur des civiles de cette machine pour pro- a d’ailleurs relancé un programme sante donnée aux questions d’envi- donnerait un peu plus de temps devons développer des petites uni- réacteurs à haute température. duire de l’électricité, de la vapeur d’études sur cette filière pour «se ronnement. La donne énergétique pour décider de l’avenir du futur tés de cogénération, produisant de Sur le papier, ces machines ne et dessaler l’eau de mer. Les réapproprier cette technique », que doit être repensée sur des critères réacteur EPR. Nous devons régler au la chaleur et de l’électricité. Nous manquaient pas d’atouts, d’autant Russes affirment pouvoir le Japon évalue déjà avec un petit économiques et d’intérêt général plus vite le problème des déchets. La devons aussi favoriser les transports que leurs rendements – près de construire la tête de série d’un tel réacteur de 30 MW et que la de service public. loi Bataille offre trois possibilités. Le en commun dans les villes par des in- 50 % – sont sensiblement plus éle- réacteur pour seulement 400 mil- Chine s’apprête à faire l’an pro- gouvernement n’a choisi qu’une citations budgétaires et fiscales. vés que ceux (33 %) des réacteurs lions de dollars (373 millions d’eu- chain avec une unité de 10 MW. Dans le nucléaire, trouvez-vous voie, celle du stockage en profon- à eau sous pression (REP) qui ros). Plutôt 600 millions de dollars, 2 suffisantes les réorientations deur des déchets radioactifs. Propos recueillis par équipent le parc EDF. protestent les Occidentaux, qui af- Jean-François Augereau annoncées par M. Jospin ? Dominique Gallois Des résultats encourageants ont été obtenus sur quelques proto- types. Mais la mise au point d’un combustible spécial, en céramique, Des parlementaires appellent à un plus strict contrôle des compagnies pétrolières fut difficile, car le cœur de ces réacteurs est censé tenir jusqu’à COMMENT contrôler l’action de Conoco a été mis en cause pour cor- selon un rapport de l’Organisation écrit que si Total et Unocal « n’ont des demandes répétées. Elle n’a ainsi 1 800 degrés. De même, le recours firmes multinationales toujours plus ruption à propos d’un oléoduc en internationale du travail de 1998. Le pas volontairement utilisé le travail pas pu éclaircir le processus de déci- à un réfrigérant gazeux – l’hé- puissantes, dans une économie Indonésie. PDG de Total a répondu que «le forcé, elles en ont indirectement béné- sion concernant l’entrée d’Elf dans le lium – offrait bien des avantages, mondiale où les Etats sont de plus Les députés se sont particulière- gouvernement français n’avait pas in- ficié, en raison de la militarisation de consortium qui projette l’exploita- du fait de sa « neutralité » en plus faibles ? C’est la question ment intéressés aux activités d’Elf et terdit les investissements en Birma- la zone. » La compagnie n’est pas tion de pétrole au Tchad. Elle n’a pu chimique et radioactive. Mais il majeure du rapport publié, jeudi de Total. En Birmanie, pays soumis à nie », tandis que « les possibilités de seule en cause : en accordant, en davantage consulter les télégram- présentait l’inconvénient de fuir 14 octobre, par trois députés sous le une dictature sans pitié, Total est as- pression de Total sur le gouvernement 1994, une couverture du risque fi- mes permettant de savoir si la parti- facilement. Enfin, on ne savait pas titre Pétrole et éthique : une concilia- sociée à la compagnie américaine birman étaient extrêmement faibles ». nancier par la COFACE, le gouverne- cipation de Transall et de 80 mili- à cette époque faire des turbines à tion possible ? Le cas pétrolier est Unocal pour construire un gazoduc Mme Aung San Kyi, opposante bir- ment français a avalisé l’activité de taires français dans le conflit gaz qui supportent les hautes riche d’enseignements : une série de vers la Thailande. Par sa présence, mane et prix Nobel de la paix, a dé- Total en Birmanie. congolais s’était produite. La mis- températures. Et sans turbine, pas fusions (Exxon-Mobil, BP-Amoco, elle est accusée de soutenir de facto claré aux parlementaires : «Nous La mission s’est heurtée à l’opaci- sion a recueilli de nombreux témoi- de courant électrique. TotalFina-Elf) a encore accru le la dictature. De plus, elle aurait ac- sommes pour les investissements té du gouvernement : les télégram- gnages jugeant qu’Elf a soutenu Les progrès accomplis, depuis, poids des grandes sociétés d’hydro- cepté d’utiliser des travailleurs "for- étrangers, mais pas aujourd’hui, car mes diplomatiques relatifs à la Bir- M. Sassou N’Guesso, intervenant de dans le domaine des matériaux, carbures. Comme leur activité dans cés", le travail forcé étant en Birma- ils confortent la Junte au pouvoir. » manie, au Tchad et au Congo, ne lui ce fait dans la guerre civile. Mais des turbines d’avions et des pa- les pays en développement est très nie « un système de gouvernement », Sans trancher sur les faits, la mission ont pas été communiqués, malgré pour Philippe Jaffré, PDG de la liers magnétiques pourraient don- importante, les rapporteurs, Marie- compagnie lors de son audition le ner un regain d’intérêt aux réac- Hélène Aubert (Verts), Pierre Brana 27 janvier, « Elf se trouve prise au teurs à haute température. (PS) et Roland Blum (DL), posent Congo dans une tempête dont elle D’autant que, parmi les autres une autre question provocante : le Au Tchad, un projet d’oléoduc sous surveillance n’est nullement responsable ». avantages de cette filière, fi- pétrole est-il un atout pour le déve- LE 15 NOVEMBRE, le conseil d’administration pagnes de terreur. La dernière remonte au début de Le rapport souligne l’importance gurent : un cœur « intrinsèquement loppement ? de la Banque mondiale décidera du sort de l’exploi- 1998 et a fait des centaines de victimes. cruciale des ONG : elles constituent sûr », résistant à une perte de re- Dans de nombreux pays, le rôle tation du pétrole tchadien. En accordant un prêt Soucieuses d’améliorer leur image, les multina- un nouveau contre-pouvoir, capable froidissement ou de réfrigérant, ce des compagnies pétrolières est aux gouvernements tchadien et camerounais, l’ins- tionales qui participent au consortium ont fait de la d’affaiblir les compagnies par le boy- qui a été démontré dans les an- trouble. En Equateur, Texaco est ac- titution financière internationale débloquerait le présence de la Banque mondiale une condition sine cott (Shell en 1995) ou par des ac- nées 80 sur l’AVR allemand ; et cusé d’un «écocide»: la compagnie projet d’extraire 900 millions de barils de brut dans qua non au début des travaux. La Banque est cen- tions en justice (Unocal en Californie une capacité à « brûler jusqu’à la aurait contaminé un million d’hec- la région de Doba, au sud du Tchad, et son exporta- sée prêter 115 millions de dollars (106,48 millions et Texaco à New York). Mais le rôle corde » – théoriquement jusqu’à tares tandis que 30 000 personnes tion via un oléoduc jusqu’au port camerounais de d’euros, 700 millions de francs) aux gouvernements de l’Etat et de la loi reste essentiel : dix fois plus – les matières fissiles seraient affectées de maladies liées à Kribi. tchadiens et camerounais afin de les faire participer les députés proposent la création comme l’uranium. l’exploitation du pétrole. En Colom- Le projet a concentré les critiques des organisa- au capital des sociétés d’exploitation de l’oléoduc. d’un bureau des droits de l’homme Mais ces réacteurs présentent bie, Occidental Petroleum et BP ont tions non-gouvernementales. Le maître d’œuvre en Surtout, elle doit apporter des garanties environne- au ministère des affaires étrangères, aussi une réelle aptitude à inciné- passé des accords avec les forces ar- est Exxon, responsable de la plus grande catastro- mentales et politiques. Le consortium a revu ses la légalisation du boycott en France, rer de grandes quantités de pluto- mées – responsables de nombreuses phe écologique pétrolière de l’histoire, avec le nau- études d’impact à la demande des spécialistes de la le contrôle du code de conduite que nium, de qualité militaire ou non exactions – pour protéger leurs ins- frage de l’Exxon Valdez. La firme américaine est as- Banque. Afin de s’assurer de la bonne gestion des se fixent les compagnies. Enfin, ils (100 kg de Pu 239 par térawat- tallations. Au Nigéria, Shell a obser- sociée à Elf – qui a repris les parts de l’américain revenus du projet, les représentants de l’institution soulignent l’effet très ambigu du pé- theure d’électricité produite, vé passivement la répression à l’en- Chevron – et Shell, deux sociétés dont le passé en ont convenu avec les autorités tchadiennes que les trole sur le développement, parlant contre 65 kg pour un REP fonc- contre de populations ogonies dans Afrique est loin d’être irréprochable. Elf a été ac- revenus pétroliers seront versés sur des comptes du « désastre de grande ampleur pro- tionnant avec un combustible la région qu’elle exploitait et qui est cusé de s’être introduit dans le tour de table du surveillés par la Banque mondiale. Le pétrole per- voqué par l’exploitation pétrolière en Mox). Ce qui pourrait faciliter gravement polluée. Chevron est im- consortium à la faveur de l’intervention des services mettrait à l’Etat tchadien de doubler ses ressources. Afrique ». L’utilisation de la rente pé- l’application des traités internatio- pliquée au Nigéria, où elle aurait français, lors de l’accession d’Idriss Deby au pou- Reste une inconnue : la bonne foi des autorités trolière doit être contrôlée par les naux visant à réduire les stocks fourni hélicoptères et bateaux aux voir, et d’avoir influé sur le tracé de l’oléoduc au Ca- tchadiennes. Les promoteurs des mécanismes de institutions financières internatio- d’armes nucléaires. Première na- forces de sécurité. Mobil est accusée meroun afin d’éviter la région anglophone, hostile surveillance affirment qu’ils peuvent couper les nales au bénéfice du développement tion concernée, la Russie. Elle dis- d’avoir ignoré les atrocités au président Paul Biya. Enfin, l’exploitation se fera vivres au Tchad du jour au lendemain en cas de dé- et de la lutte contre la pauvreté, pose d’un formidable stock de commises par les militaires indoné- dans une région, le sud du Tchad, où les forces ar- viation. concluent les rapporteurs. plutonium de qualité militaire siens dans une province où elle est mées du régime nordiste – formées en grande par- dont on redoute qu’il fasse l’objet active. Un consortium mené par tie par l’armée française – ont mené plusieurs cam- Thomas Sotinel Hervé Kempf LeMonde Job: WMQ1510--0021-0 WAS LMQ1510-21 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:38 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0432 Lcp: 700 CMYK

ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 21

Prix Nobel d’économie : La Banque du Japon assouplit sa politique un architecte du système monétaire pour faire refluer le yen monétaire international Cette décision répond aux attentes du gouvernement nippon Le conseil de politique monétaire de la Banque monétaires plus large afin d’assurer une efficaci- médiat du yen, jusqu’à 108 yens pour 1 dollar. du Japon a annoncé, mercredi 13 octobre, son in- té accrue des mesures d’assouplissement moné- Depuis plusieurs mois, un conflit opposait le Robert Mundell a soutenu la création de l’euro tention d’« utiliser un éventail d’opérations taire ». Cette décision a provoqué un reflux im- gouvernement nippon et l’institut d’émission. PEU D’ÉTUDIANTS d’économie L’INDÉPENDANCE de la en circulation dans le système fi- pouvoir monétaire au Japon. La opérations sur le marché monétaire échappent au fameux modèle de Banque du Japon a montré ses li- nancier, avec l’espoir que ce surplus banque centrale avait publié, après afin d’assurer une meilleure infusion Mundell-Fleming, issu de travaux mites. Un mois après avoir refusé, de yens provoque sa dépréciation. la conférence de presse tenue par de liquidités dans le contexte de sa effectués au début des années 60 avec éclat, de céder au gouverne- La banque centrale était restée son gouverneur, un communiqué politique de taux zéro ». par Robert Mundell et John Fle- ment japonais qui lui demandait sourde à cet appel, estimant qu’une reprenant les déclarations de Après un mois supplémentaire de ming. D’inspiration keynésienne, d’assouplir sa politique monétaire telle mesure serait incompatible M. Hayami. Les journalistes pré- résistance, la banque centrale a fini ce modèle enseigne que l’efficacité (Le Monde du 22 septembre), l’insti- avec son objectif de stabilité moné- sents avaient découvert, avec éton- par capituler. Les principales me- des politiques économiques dans tut d’émission nippon a finalement taire. Elle avait clamé haut et fort nement, qu’une phrase avait été sures d’assouplissement monétaire un pays dépend de manière cru- obtempéré, mercredi 13 octobre. qu’elle ne menait pas une politique ajoutée aux propos tenus par le annoncées mercredi sont de nature ciale du régime de change, dès lors Tout en laissant inchangé, à 0,5 %, de change. gouverneur quelques heures plus technique. Elles consistent en l’in- que la mobilité des capitaux est son taux d’escompte, son gouver- tôt. Des porte-parole de l’institut troduction d’opérations de prises importante. Un pays qui laisse flot- neur, Masaru Hayami, a indiqué CAPITULATION d’émission avaient alors expliqué, en pension de titres gouvernemen- ter sa monnaie ne peut espérer re- que la banque centrale allait « utili- Un incident qui s’était produit, gênés, que M. Hayami avait « ou- taux à court terme et en l’extension lancer l’activité en augmentant les ROBERT MUNDELL ser un éventail d’opérations moné- fin septembre, lors du sommet des blié » de prononcer cette phrase de ce type d’opérations aux em- dépenses publiques. La hausse du taires plus large afin d’assurer une sept pays les plus industrialisés – la plus importante du discours –, prunts d’Etat à deux ans, « afin de taux d’intérêt qui en résulte attire sion (currency board) qui lui per- efficacité accrue des mesures d’as- (G 7) avait révélé l’ampleur des dé- selon laquelle « le Japon est en train renforcer la mise à disposition de les capitaux étrangers ; la monnaie met de maintenir un taux de souplissement monétaire ». Cette saccords entre pouvoir politique et d’envisager comment améliorer ses fonds ». En d’autres termes, les s’apprécie, la compétitivité se dé- change fixe en dépit de l’absence annonce a provoqué un reflux im- banques commerciales pourront se grade, ce qui annule l’effet stimu- de contrôles sur les mouvements médiat du yen, jusqu’à 108 yens procurer des liquidités auprès de lant des dépenses publiques. Ce de capitaux. pour 1 dollar. Nouvelle secousse à Wall Street l’institut d’émission en mettant en pays doit donc essentiellement En dehors du débat sur le choix Le ministère japonais des fi- dépôt ce genre de titres, ce qu’elles compter sur sa politique monétaire d’un régime de change, le cadre nances ne cachait pas son inquié- Pour la deuxième séance consécutive, la Bourse de New York a ne pouvaient pas faire pour le mo- comme instrument de régulation macroéconomique proposé par tude face à l’ascension du yen clôturé, mercredi 13 octobre, en nette baisse. L’indice Dow Jones des ment. Enfin, la banque centrale ja- conjoncturelle. Mundell constitue, par sa perti- – monté récemment à son plus principales valeurs a cédé 1,77 %, à 10 232,16 points. La publication de ponaise a promis d’approvisionner A l’inverse, lorsque la banque nence et sa simplicité, le socle de haut niveau depuis trois ans et de- résultats décevants pour plusieurs grands groupes, dont le géant le marché en liquidités pour faire centrale s’est engagée à maintenir nombreuses analyses conjonctu- mi face au dollar –, ascension sus- informatique Intel, a été sanctionnée par les opérateurs. « Wall Street face à un probable accroissement le taux de change fixe ou quasi fixe, relles ou de réflexions sur la coor- ceptible de faire capoter la reprise est très cher », a reconnu, mercredi, le directeur général du FMI, des besoins de financement des en- comme c’était le cas au sein du dination des politiques écono- économique dans l’Archipel en pé- Michel Camdessus. Les investisseurs s’inquiètent aussi des tensions treprises vers la fin de l’année lié au Système monétaire européen miques. Mais le jury du Nobel a nalisant les sociétés exportatrices. sur les taux d’intérêt dans le monde. Le rendement de l’emprunt passage à l’an 2000. (SME), la politique monétaire ne également souhaité récompenser Aussi pressait-il la banque centrale d’Etat américain à 30 ans est remonté à 6,28 %, mercredi, et celui de peut plus servir à réguler l’activité. la clairvoyance de Robert Mundell d’accroître le montant des liquidités l’obligation assimilable du Trésor français (OAT) à 10 ans à 5,49 %. Pierre-Antoine Delhommais Toute expansion du crédit domes- qui, en 1961, se demandait déjà s’il tique serait sanctionnée par une était bon de faire coïncider les chute de la parité. Dans ce cas, les frontières monétaires et poli- responsables de la politique tiques : « Quelle est l’étendue ap- économique ne peuvent plus propriée d’une zone monétaire ? De compter que sur le budget pour at- prime abord, la question paraît pu- ténuer les fluctuations de l’activité. rement académique puisqu’il est dif- Les pays du SME en ont fait ficilement imaginable politiquement l’amère expérience dans les an- que certaines monnaies nationales nées 90 lorsque, après avoir perdu soient abandonnées au profit d’un l’usage de la politique monétaire autre système. » Dans cet article de pour cause de change fixe, ils ont la célèbre American Economic Re- également dû consacrer leur ges- view, l’économiste canadien se de- tion budgétaire à la réduction des mande sérieusement si, au lieu déficits publics plutôt qu’à la régu- d’avoir un dollar différent pour le lation conjoncturelle. Canada (au nord) et les Etats-Unis (au sud), il ne serait pas préférable d’avoir un dollar pour l’Est et un En 1961, l’économiste autre pour l’Ouest, chaque zone monétaire réunissant des ressortis- se demandait déjà sants des deux pays. Le raisonnement est le suivant. s’il était bon de faire Imaginons que l’activité chute à l’Est, alors que l’Ouest connaît un coïncider les boom d’activité en raison d’une spécialisation différente. La théo- frontières monétaires rie économique prescrirait de dé- tendre la politique monétaire à et politiques l’Est (pour relancer l’investisse- ment) et de la resserrer à l’Ouest (pour limiter l’inflation). Mais cela Cette analyse débouche, entre est impossible puisque les banques autres, sur le « triangle d’incompa- centrales des deux pays fixent cha- tibilité de Mundell », dont les Euro- cune une politique monétaire uni- péens ont également pu vérifier la forme pour l’Est et l’Ouest de leurs pertinence lors des crises du SME pays respectifs. de 1992-1993. Ce triangle enseigne Faut-il pour autant découper le que la liberté de circulation des ca- monde en microrégions dotées pitaux, la fixité des taux de change chacune d’une monnaie ? Robert et l’autonomie de la politique mo- Mundell répond clairement que nétaire ne peuvent être convoitées non. Il suggère au contraire de re- toutes trois en même temps, mais grouper les régions (ou, à défaut, qu’il faut choisir deux seulement les pays) en zones affichant des parmi les trois sommets de ce spécialisations homogènes et une triangle. Dans les années 80, les importante mobilité de la main- participants au mécanisme de d’œuvre. Dans les années 90, le change européen avaient choisi la débat a fait rage en Europe pour fixité des taux de change et une au- délimiter ce qui allait devenir la tonomie modérée des politiques zone euro. Le même type de ques- monétaires. Mais la libéralisation tion se pose aujourd’hui dans le des mouvements de capitaux au Mercosur ou en Asie, et toujours début des années 90 a remis en en Amérique du Nord. Au-delà de question ce choix. leur influence sur l’intégration Le triangle d’incompatibilité de monétaire européenne, les travaux Mundell est toujours d’actualité au de Robert Mundell marqueront moment où les pays émergents durablement le système monétaire touchés par les crises de 1997-1998 international. s’interrogent sur leurs politiques en matière de change et de Agnès Bénassy-Quéré contrôle des capitaux. L’Argentine, Directeur adjoint au Centre par exemple, n’a pas de politique d’études prospectives monétaire indépendante en raison et d’informations de son système de caisse d’émis- internationales (Cepii)

L’école de Chicago à nouveau récompensée

b Formation. Né en 1932, au Monetary System : Conflict and Canada, Robert Mundell a étudié Reform (1965) et International l’économie au Massachusetts Economics (1968). Institute of Technology (MIT) et à b Distinctions. Sa carrière a été la London School of Economics. couronnée de nombreuses b Parcours. De 1966 à 1971, il distinctions : prix Guggenheim en enseigne à l’université de 1971, prix et médaille Jacques Chicago, puis rejoint l’université Rueff en 1983, docteur honoris Stanford (Californie) avant de causa de l’université de Paris s’installer en 1974 à l’université (1992). En 1997, Milton Friedman, Columbia de New York. autre Prix Nobel d’économie, lui Conseiller de plusieurs rendait indirectement hommage. organisations internationales « Je crois qu’il serait difficile de (FMI, Banque mondiale, trouver un économiste de renom Commission européenne), il est (...) qui croit aux vertus de la l’auteur de nombreux ouvrages, monnaie unique, à l’exception du parmi lesquels The International professeur Robert Mundell. » LeMonde Job: WMQ1510--0022-0 WAS LMQ1510-22 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:37 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0433 Lcp: 700 CMYK

22 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999

DÉPÊCHES a TÉLÉVISION : Eric Licoys, PDG d’Havas et directeur général de L’audiovisuel public négocie les trente-cinq heures Vivendi, a été nommé au conseil d’administration de BSkyB, bou- quet numérique contrôlé par Ru- Les discussions sur la réduction du temps de travail viennent de commencer dans cinq entreprises. Elles devraient aboutir, pert Murdoch, mercredi 13 octo- bre. Vivendi détient 24,5 % de d’ici à la fin de l’année, à des réorganisations du travail et à des créations d’emplois dont le nombre n’est pas connu BSkyB après le rachat des parts de Pathé et des groupes britanniques CELA faisait plusieurs mois Radio France, où la situation rections des deux chaînes refusent choisi de coller au terrain et d’avoir Outremer (RFO) reste à la traîne Granada et Pearson. qu’ils attendaient le feu vert du était la plus tendue puisqu’un de dévoiler leurs intentions en ma- une approche par genre d’activité », de la négociation sur les 35 heures. a AGENCES : le PDG de l’AFP gouvernement. Depuis la fin de la préavis de grève avait été déposé, tière de créations d’emplois, qui, explique François Guilbeau, direc- Les syndicats menacent de dépo- n’est pas pénalement respon- semaine dernière, les responsables a, dès le début, mis cartes sur selon elles, seront « le résultat de la teur général chargé des finances et ser un préavis de grève si les dis- sable du contenu des dépêches, des entreprises de l’audiovisuel table. La direction a annoncé que, négociation ». des ressources humaines. cussions ne commencent pas d’ici selon un arrêt de la cour d’appel public ont enfin pu ouvrir les né- selon les scénarios, le nombre A France 2, la direction propose A RFI, où une vingtaine d’em- à la semaine prochaine. Les diffi- de Paris, rendu mercredi 13 octo- gociations sur la réduction du d’emplois créés tournerait entre que la négociation s’organise au- plois pourraient être créés, la di- cultés financières et les relations bre. « Le statut de l’AFP, tel qu’il ré- temps de travail. 100 et 150, « affectés en toute priori- tour de différents thèmes : modali- rection semble vouloir saisir l’oc- difficiles avec la tutelle expliquent sulte de la loi du 10 janvier 1957, ne A Radio France, Radio France té aux antennes et aux activités tés de la réduction du temps de casion de cette négociation pour sans doute ce retard (Le Monde du prévoyant pas que cette entreprise Internationale (RFI), France 2, concourant à la fabrication de nos travail, heures supplémentaires, réorganiser le travail de certaines 30 septembre). de presse ait un directeur de publi- France 3 et à l’Institut national de produits ». L’idée est de négocier Peu mobilisées jusqu’ici, les or- cation, le PDG de l’AFP ne saurait, l’audiovisuel (INA), les directions un « accord-cadre » dont l’appli- ganisations syndicales entrent même avec son assentiment, (...) ont reçu des mandats leur fixant cation sera ensuite discutée dans Les journalistes et la semaine de quatre jours dans cette négociation avec discré- être considéré comme assumant les- des limites de négociation, avoisi- les différents métiers. Cir- tion. Confrontées à des proposi- dites fonctions », déclare la cour, nant, selon certains, 4 % de la conspects pour l’instant, les syndi- Après la grève de l’hiver 1997, les journalistes de France 3 avaient ex- tions souvent assez vagues de alors que l’ancien PDG de l’AFP, masse salariale. Les PDG dis- cats s’interrogent notamment sur périmenté la semaine de quatre jours pendant près d’un an dans leurs directions, elles attendent Jean Miot, était poursuivi pour dif- posent cependant d’une certaine l’application dans les petites unités quatre stations régionales. A France 2, deux services de la rédaction d’en savoir un peu plus, mais elles famation. marge de manœuvre ; ils sont no- des radios locales, pour lesquelles (prise de vues et informations générales) ont fait la même expérience, risquent bien de se retrouver en a TÉLÉVISION INTERACTIVE : tamment parvenus à obtenir que Jean-Marie Cavada, PDG de Radio cette année, entre mars et octobre. En matière d’organisation du tra- désaccord sur certains points. Tra- British Telecom et BSkyB ont les fonctionnaires de Bercy ne France tarde à déterminer une vail, les avis sont mitigés. Quant aux créations d’emplois, elles sont es- ditionnellement sensible aux me- lancé en Grande-Bretagne, la fixent pas le nombre de créations stratégie de développement. timées entre 8 % et 10 % des effectifs. Ce que les ministères de tutelle sures en faveur de l’emploi et à plate-forme de services interac- d’emplois, laissant aux négocia- considèrent comme tout à fait excessif. France 3 a depuis imaginé une l’organisation du travail, la CFDT tifs Open, accessible aux 1,5 mil- teurs la possibilité d’en décider en PRUDENCE DE SYNDICATS formule plus souple étalée sur plusieurs semaines. semble plutôt bien disposée ; en lion abonnés du bouquet numé- fonction de l’évolution des dis- A France Télévision, les négocia- Sur le rattrapage des salaires entre les deux chaînes, les négocia- revanche, la CGT, plutôt accrochée rique SkyDigital, mardi 12 octobre. cussions, notamment en matière tions se mènent séparément à tions ont fini par aboutir. Au début de cette année, un plan plurian- aux « droits acquis » pourrait se Open est principalement axé sur le d’amélioration de l’organisation France 2 et à France 3. Mais dans nuel doté de 42,5 millions de francs (6,5 millions d’euros) avait été dé- montrer plus intraitable sur cer- commerce et le courrier électro- du temps de travail et de la pro- les deux entreprises, Marc Tessier, cidé pour cette opération. Les syndicats et la direction viennent de taines modifications, notamment niques. ductivité. PDG de France Télévision, est ve- signer les modalités d’application. Les journalistes de France 3 de- celles qui toucheront à la conven- a SATELLITE : la Société euro- La seule chose qui leur est impo- nu dire qu’il souhaite que cette né- vraient en voir les effets sur leurs salaires de novembre. tion collective de l’audiovisuel, ja- péenne des satellites, opérateur sée est que cet accord s’appliquera gociation soit « l’occasion de revoir mais renégociée depuis 1984 et d’Astra, va lancer une plate- uniquement aux personnels per- l’organisation du travail et de ren- que tout le monde s’accorde à forme multimédia par satellite à manents des entreprises ; c’est-à- forcer la productivité ». La mé- durée effective du travail, examen catégories et revoir certaines clas- trouver obsolète. Hong Kong. Annoncée, mercredi dire que les cachetiers, pigistes et thode de négociation, planifiée du système de rémunération, amé- sifications. C’est notamment le cas Directions et syndicats savent 13 octobre, elle proposera des ser- intermittents en sont exclus. En ce dans un calendrier très précis jus- lioration de la planification, créa- des techniciens et des chargés de qu’un des points d’achoppement vices de diffusion à hauts débits et qui concerne le financement, il ne qu’à fin décembre, fait voisiner les tions d’emplois, notamment. réalisation, qui seraient soumis au sera celui des heures supplémen- devrait être opérationnelle au dé- devrait pas obérer les budgets « réunions de négociations », habi- France 3 a opté pour une dis- même régime. taires : pour certaines catégories, but de 2000. 2000 des entreprises et devrait litées à conclure des accords et les cussion divisée en cinq grands do- Pas question de créer des em- elles représentent un élément de a PRESSE : l’hebdomadaire faire l’objet d’une sorte de ca- « groupes de travail », destinés à maines : information, production, plois à l’INA, où l’accord est conçu rémunération qui peut aller jus- d’Havas La Vie française devient gnotte qui sera incluse dans le col- débroussailler les questions les antenne-programmes, administra- comme « défensif », c’est-à-dire qu’à 20 % du salaire de base. Une La Vie financière, à partir de son lectif budgétaire. plus difficiles. Pour l’instant les di- tion et encadrement. « Nous avons qu’il a pour but le maintien des ef- compensation modulée en fonc- numéro daté du 9 au 15 octobre, fectifs actuels. Dans cette entre- tion des niveaux de rémunération pour s’adapter aux évolutions de prise contrainte de se développer sera un point difficile de la négo- l’économie et des marchés finan- « à moyens constants », le PDG ciation. Une autre difficulté ciers. Win Tin, journaliste birman emprisonné dans un chenil Francis Beck, qui souhaite que le concernera les journalistes et le a Le mensuel Rebondir a été re- débat se déroule sur Intranet, es- casus belli qu’ils feront ou non de pris par le groupe Média Mag, WIN TIN, un journaliste birman de soixante-neuf Win Tin, lui, a été arrêté à son domicile le 4 juillet père « l’acceptation d’une modéra- la semaine de quatre jours, qui qui publie Télé Magazine et ans, croupit depuis dix ans dans l’une des prisons les 1989, officiellement pour avoir « donné asile à un dé- tion salariale » en échange d’une reste une revendication du Syndi- J’économise, et qui est dirigé par plus dures d’Asie, celle d’Insein à Rangoun (Birma- linquant faisant l’objet d’un mandat d’arrêt », selon baisse de la durée du travail heb- cat national des journalistes (SNJ). Hubert Boucheron et Francis Mo- nie). Il devrait y rester encore jusqu’en 2004. les autorités birmanes. En fait, cet homme de lettres domadaire à 33 heures 20. rel, ancien responsable des Edi- Win Tin, considéré par Amnesty International aurait été arrêté quelques jours avant Aung San Suu Pour l’instant, Réseau France Françoise Chirot tions mondiales. comme un « prisonnier d’opinion », est depuis 1994 Kyi – prix Nobel de la paix en 1991 – en raison de ses le filleul du Monde qui s’associe, jeudi 14 octobre, à activités politiques au sein de la Ligue nationale la campagne de pétition organisée par l’association pour la démocratie (LND), principal parti d’opposi- de défense de la liberté de la presse, Reporters sans tion. Le 3 octobre 1989 il a été condamné à trois ans frontières (www.rsf.fr) : quatre-vingts journaux, ra- de travaux forcés. La sentence aurait ensuite été dios, télévisions en Europe lancent un appel en fa- portée à onze ans de prison puis réduite à dix ans veur de la libération de journalistes détenus en Bir- lors d’une aministie en janvier 1993. manie, mais aussi en Chine, à Cuba, en Ethiopie, Win Tin, vice-président de l’Association des écri- dans la République démocratique du Congo, au vains de Birmanie quand éclatent les émeutes de Rwanda, en Syrie et au Vietnam. l’été 1988, était au moment de son arrestation connu En Birmanie, les medias sont contrôlés par la comme rédacteur en chef du journal quotidien Han- junte militaire au pouvoir du général Khin Nyunt, thawadi, qu’il a dirigé jusqu’à son interdiction en qui n’hésite pas à faire expulser les envoyés spéciaux 1978 ; mais aussi comme membre de l’opposition étrangers trop pointilleux. Un premier système de puisqu’il a été secrétaire général du conseil exécutif censure préalable assurée par le Press Security de la LND dont il est l’un des fondateurs. Board a été instauré en 1962, mais le contrôle de Dans la prison d’Insein, où les mauvais traite- l’information a été encore renforcé par la loi de juin ments et la torture sont courants, plusieurs prison- 1996 qui interdit sous peine d’emprisonnement la niers politiques sont morts. Win Tin est isolé dans publication d’articles qui « perturbent et sabotent la une « niche militaire », une petite cellule qui sert ha- stabilité d’Etat ». Depuis octobre 1996, une autre loi, bituellement de chenil, où il est privé de courrier et sur le matériel informatique, condamne les per- de livres religieux. Depuis novembre 1995, il est sou- sonnes qui possèdent un ordinateur sans autorisa- mis quotidiennement à des interrogatoires à propos tion à une peine de prison de quinze ans. La seule de lettres envoyées clandestinement au professeur information indépendante provient, donc, de jour- Yozo Yokota, rapporteur spécial des Nations unies naux imprimés en Thaïlande et acheminés clandes- sur la situation des droits de l’homme en Birmanie. tinement sur le territoire birman, et de radios étran- Ses proches craignent pour sa vie. gères, comme la BBC, Radio Free Asia ou Voice of Burma. Florence Amalou LeMonde Job: WMQ1510--0023-0 WAS LMQ1510-23 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0434 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 23

EUROPE

TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE

FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT 100 PARIS CAC 40

SPVTDRW TIIQDRH RSWQDVH

SRVQ RURS

AFFAIRES des salariés en contrat à durée dé- TQVI Le prix Nobel avoir l’évolution des prix des actifs

SQVP RTRI

terminée. TPVV financiers sur la politique moné-

SPVI RSQT TIWS d’économie attribué taire européenne. « Le développe-

INDUSTRIE b ment des marchés financiers en Eu- SIVH RRQP PHILIP MORRIS : le fabricant TIHI

b AUTOMOBILE : le secrétaire américain de cigarettes va dé- rope pose de nouveaux défis à la SHUW RQPV THHV à Robert Mundell

d’Etat à l’industrie, Christian conseiller aux jeunes de fumer BCE (...) Nous devons nous deman- RWUV RPPQ

Pierret, s’est déclaré, mercredi par une mention figurant sur ses [[[SWIS [[[ [[[MERCREDI 13 octobre, l’Académie der comment inclure les évolutions

er er er

PI tF I ƒF IR yF ƒF IR yF PI tF I ƒF IR yF 13 octobre, favorable à une modi- paquets dès novembre. La men- PI tF I des sciences de Suède a attribué le de prix des valeurs financières dans « les mineurs ne doivent pas notre politique monétaire », fication du système de millésime tion Indices cours Var. % Var. % prix Nobel d’économie au cana- a décla-

automobile en France. « Le choix fumer » sera apposée sur les pa- Europe 09 h 50 f se´lection 14/10 13/10 31/12 dien Robert Mundell pour «son ré M. Duisenberg, dans un discours

± HDPR IIDIT d’un millésime commençant au quets vendus en France, Italie, Es- EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ SH QUISDQV analyse de la politique monétaire et prononcé lors de l’inauguration du

er

± QTVUDQI HDQU IIDHT

1 juillet ne me semble pas cohérent pagne et au Portugal. EUROPE ƒ„yˆˆ SH fiscale dans les différents systèmes de nouveau siège de la banque néer-

± QPHDTH HDQH UDRS

avec la pratique de nos principaux EUROPE i ‚y ƒ„yˆˆ QPR taux de change, ainsi que pour son landaise ABN Amro à Amstelveen.

± HDQU WDQT

partenaires » européens, a-t-il dé- b DEUTSCHE BAHN : la compa- EUROPE ƒ„yˆˆ TSQ QHSDQR analyse des zones monétaires opti- « Les prix sur les marchés boursiers

± RSWQDVH HDPH ITDSP

claré. La plupart des pays euro- gnie ferroviaire allemande pré- PARIS geg RH males » (lire page 21). Agé de peuvent nous éclairer sur les futurs

HDHH FFFF FFFF

péens alignent le millésime sur voit, selon le Wall Street journal PARIS wshgeg soixante-six ans, M. Mundell est développements en matière de stabi-

± QISQDWS HDPQ IVDUQ

l’année civile, d’autres l’ont carré- du 14 octobre, d’être privatisée en PARIS ƒfp IPH professeur à l’université de Colum- lité des prix et sur les développe-

HDHH FFFF FFFF

ment supprimé. 2003, année où les subventions du PARIS ƒfp PSH bia de New York depuis 1974. ments de l’économie dans le futur »,

Â

HDHH FFFF FFFF

gouvernement allemand doivent PARIS ƒigyxh we‚gri Connu pour avoir été l’un des chefs a-t-il ajouté.

± SSHDUQ HDPQ PDQH

b RENAULT : trois cents salariés être arrêtées. Un premier schéma AMSTERDAM eiˆ de file de « l’Ecole de Chicago »,

± PWWIDUR HDQQ IRDVU

de l’usine de tracteurs du Mans de privatisation devrait être pré- BRUXELLES fiv PH M. Mundell a démontré que, dans a UNION EUROPÉENNE : la

± SPVTDRW HDIU SDSW

(Sarthe) se sont mis en grève senté en décembre au conseil de FRANCFORT heˆ QH un système de taux de change va- Commission européenne a pro-

± TIIQDRH HDWW QDWP

toute la journée de mercredi pour la Deutsche Bahn. LONDRES p„ƒi IHH riable, la politique monétaire est un posé mercredi d’ouvrir des négo-

± HDHH HDPP FFFF

protester contre la perte annon- MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi outil efficace alors que la politique ciations d’adhésion à l’Union eu-

± QQHSTDHH HDQP SDWT

cée de leur statut de salarié Re- MILAN wsf„iv QH fiscale ne l’est pas. A l’inverse, dans ropéenne avec six nouveaux pays,

± TWTVDPH HDPQ PDTW nault et de leurs avantages so- FINANCE ZURICH ƒ€s un système de taux de change fixe, Malte, Lettonie, Lituanie, Slova- ciaux à l’occasion du projet de b JAPON : les deux grandes la politique fiscale est plus in- quie, Bulgarie et Roumanie, avec création d’une filiale Renault- banques japonaises Sumitomo AME´ RIQUES fluente que la politique monétaire. des conditions particulières pour agriculture au Mans. Bank et Sakura Bank négocient ces deux derniers pays. Le pré- a en vue d’un regroupement de NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR JAPON : la Banque du Japon a sident de la Commission euro-

b 3 COM : mercredi 13 octobre, leurs opérations, ont annoncé annoncé mercredi qu’elle allait péenne Romano Prodi a annoncé

IHPQPDE PVHIDPU

l’équipemetier téléphonique jeudi 14 octobre les deux établis- IDHU maintenir son taux d’escompte devant le Parlement européen que

IIQPT PWIS

finlandais Nokia et le groupe sements. Cet accord créerait la IDHV au niveau de 0,5 %, qui est le sien ces six pays devraient donc re-

IIIHQ PVQH américain 3 Com ont annoncé un deuxième banque mondiale avec IDHU depuis septembre 1995, mais joindre dans les négociations

IHVVI PURS partenariat destiné à intégrer des actifs de 925 milliards de dol- IDHT qu’elle allait adopter des mesures d’adhésion le premier groupe de

dans les Palm Pilot (agenda per- lars (856,5 milliards d’euros). pour accroître le volume de liquidi- pays qui les ont entamées concrè- IHTSV PTTH

sonnel) de 3 Com un système IDHT tés sur le marché monétaire. La tement depuis un an, à savoir Hon-

IHRQS PSUS

d’exploitation commun avec celui b CHAMPALIMAUD : la IDHS banque a finalement cédé à la pres- grie, Pologne, République tchèque,

IHPIQ PRWH

de Psion (concurrent de Palm Pi- Commission européenne a [[[ [[[IDHR [[[sion de la classe politique et des Estonie, Slovénie et Chypre.

er er er

PI tF I ƒF IQ yF PI tF I ƒF IQ yF ƒF IR yF lot). adressé un dernier avertisse- PI tF I milieux économiques qui tablaient ment au Portugal, lui donnant depuis des semaines sur un geste a ALLEMAGNE : le gouverne- Indices cours Var. % Var. %

b AOL-MOTOROLA : Motorola une semaine pour lever son veto à Ame´rique 09 h 50 f se´lection 13/10 veille 31/12 de détente de la BoJ pour relâcher ment allemand a conclu mercre-

± IHPQPDIT IDUU IIDRR et America Online ont annoncé l’accord entre les groupes portu- E´TATS-UNIS hy‡ tyxiƒ la pression sur le yen, en forte di un accord de principe avec le

± IPVSDSS PDHW RDSV mercredi leur projet d’adaptation gais Champalimaud et espagnol E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH hausse depuis cinq mois. A l’issue plus grand syndicat du pays,

± PVHIDPU PDRV PUDUS de la technologie de messagerie Banco Santander Central Hispano E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i d’une réunion de son comité de IG Metall, et les caisses de retraite

± UHQUDHI IDQU VDSH électronique instantanée d’AOL (BSCH), sous peine d’une saisine TORONTO „ƒi sxhiˆ politique monétaire, la BoJ a préci- pour l’abaissement de l’âge de la

« utiliser un plus ± IIPWVDHH IDSU TTDSR pour les téléphones portables de de la Cour européenne de justice. SAO PAULO fy†iƒ€e sé qu’elle allait retraite à soixante ans, a annoncé

large éventail d’opérations moné- ± PVTDPU PDVS PQDIR Motorola. Cette nouvelle applica- MEXICO fyvƒe le ministre du Travail Walter Ries-

b taires afin d’assurer une plus grande ± SIHDRW PDWI IVDUH tion va permettre une communi- FINLANDE : le gouvernement BUENOS AIRES wi‚†ev ter. L’abaissement de l’âge de la re-

± efficacité des mesures d’assouplisse- IPHDWS PDIV SUDHV cation en temps réel entre les uti- finlandais a annoncé la fusion de SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev traite, aujourd’hui à soixante-cinq

± SRVRDRR IDSH IRDSQ lisateurs des appareils Motorola l’assureur Sampo avec le groupe CARACAS ge€s„ev qixi‚ev ment monétaire » (lire page 21). ans, ne pourrait toutefois se faire et les 45 millions d’abonnés au bancaire public Léonia pour for- que pour les personnes ayant coti- service Instant Messenger d’AOL. mer le premier groupe national de a CHINE : le pays a annoncé, sé pendant au moins trente-cinq bancassurance, Sampo-Lénia, ASIE - PACIFIQUE mercredi, une hausse de 20,2 % ans, a-t-il précisé. Pour financer dont l’Etat détiendra 43 %. des exportations en septembre cette mesure, les partenaires so- ¤ SERVICES TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng URO / YEN par rapport au même mois de l’an ciaux devraient créer un fonds spé-

b b IUUVHDPT IISDTH DELTA AIR LINES : la troi- BANCA INTESA : la banque IPRURDPP dernier, confirmant les espoirs de cial, a ajouté le ministre. Les dota-

sième compagnie aérienne italienne a d’ores et déjà obtenu reprise de ce moteur traditionnel tions à ce fonds seraient exemptées IVPSU IPR

américaine a mis fin à ses al- la majorité du capital de la Ban- IQVTH de la croissance chinoise, après un d’impôts. IUWUH IPI

liances commerciales sur l’Atlan- ca commerciale italiana (Comit) IQSUT début d’année morose. Selon Le

IUTVP IIU

tique avec Swissair, Sabena et dans le cadre de son offre publique IQPWI Soir de Pékin, qui cite des statis- a GRANDE-BRETAGNE : la

IUQWS IIR

Austrian Airlines afin de se d’échange amicale, a indiqué mer- IQHHU tiques douanières, les exportations baisse du chômage en Grande-

IUIHV III concentrer sur le développement credi 13 octobre la Bourse italienne. IPUPP ont atteint le mois dernier 18,6 mil- Bretagne s’est ralentie en sep-

ITVPI IHU de son accord global avec Air Ce mariage doit donner naissance à IPRQU liards de dollars, alors que les im- tembre, avec seulement 5 400 de-

[[[ [[[ [[[

er

France et AéroMexico. la première banque italienne. er portations augmentaient de 32,5 %, mandeurs d’emploi de moins, mais PI tF I ƒF IR yF PI tF I ƒF IR yF

PH tF QI eF IR yF à 15,3 milliards de dollars. Ces la tendance reste à la décrue. Le b AÉROPORTS DE PARIS : les b MARCHÉS : à l’occasion de la Indices cours Var. % Var. % chiffres laissent à la Chine un ex- nombre total des demandeurs Zone Asie 09 h 50 f

syndicats CFDT, CFTC, SAPAP cotation de la première obliga- se´lection 14/10 13/10 31/12 cédent commercial de 3,3 milliards d’emploi était de 1,209 million fin

IUUVHDPT HDIS PVDRS

(autonomes) et CGT d’ADP ont tion foncière française, celle du TOKYO xsuuis PPS de dollars pour le mois de sep- septembre, toujours au plus bas

± IPRURDPP HDHI PRDIR

appelé mercredi l’ensemble des Crédit Foncier de France, la Bourse HONGKONG rexq ƒixq tembre. depuis dix-neuf ans, tandis que le

HDHH FFFF SHDUH SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

personnels à des débrayages jeudi de Paris va créer, vendredi 15 octo- taux de chômage est resté inchan-

IHRDII IDPS THDQP SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

14 octobrepour appuyer des re- bre, sur le premier marché au a ZONE EURO : le président gé à 4,2 % de la population active,

± PWHIDQH HDIW QDIP SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ

vendications touchant aux comptant un nouveau comparti- néerlandais de la Banque cen- selon les données corrigées des va-

± PTDVH IDRQ RDQT BANGKOK ƒi„

35 heures. Ils réclament notam- ment intitulé « obligations foncières trale européenne (BCE), Wim riations saisonnières annoncées

SHTHDRP HDSR TSDTP BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

ment « les 35 heures sans annuali- et titres assimilables » qui sera ou- Duisenberg, s’est interrogé mer- par l’Office des statistiques natio-

PIPVDRV IDSU QDHT WELLINGTON xƒiERH sation et l’intégration immédiate » vert aux titres français et européens. credi sur l’influence que pourrait nales (ONS).

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

¤uro contre f Taux contre franc f Taux ¤uro contre f 13/10

HDISPRS UDRQPR FRANC...... TDSSWSU ¤URO ...... COURONNE DANOISE.

´ QDQSQVS VDQIWH DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

PARIS NEW YORK ´ QDQVUUR VDUPPS Action Vivendi LIRE ITALIENNE (1000). IDWQTPU LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

Vivendi, ` QDWRPQV QUDHIH PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

en euro à Paris DANS LE SILLAGE de Wall Street, LES PRINCIPAUX indicateurs QDPUIWH IDTQWS ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDSWIT

victime des rumeurs la Bourse de Paris a débuté la boursiers américains, le Dow SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

85 ´ ´ VDQPVWR PDHVIW

66 séance de jeudi 14 octobre sur une Jones et le Nasdaq, ont chuté de PUNT IRLANDAISE...... HDUVUST PUNT IRLANDAISE...... DOLLAR NEO-ZELAND

´ ´ PDWUTTH QPVDVH

L’ACTION Vivendi a fait l’objet, le 13 oct. baisse de 0,50 % de l’indice CAC 40, respectivement de 1,8 % à FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE .. IDTPTHU PSVDIU FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDQVQU mercredi 13 octobre, d’une forte qui s’affichait à 4 579,77 points. 10 232,16 points et de 2,5 % à MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS...... spéculation. Dans l’après-midi, des 80 2 801,39 points, mercredi 13 octo- rumeurs venant du Luxembourg bre, sous l’effet d’une nette aug- Cours de change croise´s pour les uns, de Londres pour les FRANCFORT mentation des rendements sur les autres, annonçaient la démission de COMME la place de Paris, la obligations, qui ont atteint leur Cours Cours Cours Cours Cours Cours 14/10 09 h 50 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

Jean-Marie Messier, PDG de Viven- 75 Bourse de Francfort a ouvert en plus haut niveau depuis deux ans.

DOLLAR ...... FFFF HDWQPUI IDHUVRH HDITRQU IDTSRHH HDTUUWU

di. L’entourage de ce dernier et la baisse jeudi 14 octobre, l’indice X- Sur le marché obligataire, le ren- YEN ...... IHUDPISHH FFFF IISDTHHHH IUDTPSHH IUUDQQHHH UPDTUSHH

direction du groupe de services et DAX cédant 0,47 % à dement de l’obligation du Trésor à ¤URO...... HDWPUQH HDVTSHS FFFF HDISPRS IDSQQVS HDTPVTS

de communication démentaient im- 5 270,53 points dans les premiers 30 ans a rebondi à 6,29 %, son plus FRANC...... TDHVQVH SDTURWH TDSSWSU FFFF IHDHTPIS RDIPPVS 70 LIVRE...... HDTHRSW HDSTQWH HDTSIWS HDHWWRH FFFF HDRHWUS

médiatement ces bruits, qualifiés de échanges, après avoir perdu 1,18 % haut niveau depuis le 28 octobre FRANC SUISSE ...... IDRUSHH IDQUSWS IDSWHTH HDPRPSS PDRRHTH FFFF « sans fondement ». Lors du dernier la veille, clôturant à 5 295,43 points. 1997. conseil, lundi 4 octobre, M. Messier a vu sa stratégie approuvée par ses 65 Taux d’inte´reˆt(%) Matif administrateurs. Ses proches imagi- LONDRES TAUX A M J J A S O Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier naient mal le patron de Vivendi an- LA BOURSE DE LONDRES a ou- LES RENDEMENTS des obliga- Taux 13/10 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans Cours 09 h 50 f 14/10 prix prix

1999 Notionnel 5,5 PDRV SDPR SDWQ

noncer sa démission aux Etats-Unis, vert en hausse jeudi 14 octobre, tions d’Etat à 10 ans s’inscrivaient FRANCE ...... PDRT

´ VSDHU VSDIH

DECEMBRE 99. RIH PDTP SDIH SDVS

où il séjourne en ce moment. Soup- Source : Bloomberg l’indice Footsie des cent principales à 5,48 % à Paris et ceux des ALLEMAGNE .. PDRT

SDPP SDSV RDVU GDE-BRETAG. RDWR Euribor 3 mois

valeurs gagnant 5,7 points à « bunds » allemands à 5,35 % à FFFF FFFF FFFF PDST SDQV TDHW çonnant une manœuvre pour faire ITALIE...... PDRT OCTOBRE 99 ...

HDHP IDUT FFFF baisser son cours, Vivendi a deman- ture, portant sur six millions de 6 119,1 points, soit 0,09 %. La veille, Francfort, jeudi 13 octobre en dé- JAPON...... HDHS

´ RDUT SDWP TDHT

dé à la Commission des opérations titres. la place britannique avait reculé de but de matinée. Les obligations ETATS-UNIS... SDPP HDWU QDIT RDIU

SUISSE...... HDSV Pe´trole PDST SDPV SDWS de Bourse (COB) d’ouvrir une en- Ces arbitrages ne suffisent pas à ex- 0,99 % à 6 113,4 points, sous l’in- européennes s’étaient stabilisées PAYS-BAS...... PDRI quête. pliquer la langueur de l’action. Les fluence de Wall Street et par crainte mercredi au lendemain d’une forte Cours Var. %

Mais le mal était fait. En milieu de analystes sont devenus beaucoup d’un resserrement monétaire en chute, due aux craintes d’un pro- En dollars f 13/10 veille

FFFF séance, sous l’effet des rumeurs, le plus méfiants. Une étude de Grande-Bretagne, à la lumière des chain relèvement des taux direc- Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... PPDPP

± HDQW WTI (NEW YORK) ...... PPDWU

titre tombait à son plus bas niveau JP Morgan, publiée début sep- derniers chiffres sur les salaires, qui teurs des banques centrales améri- Cours Var. % FFFF LIGHT SWEET CRUDE .... PPDWQ de l’année, à 65,55 ¤ (429,98 F) tembre, a donné le signal du revire- montrent une accélération de la caine et européenne. En dollars f 13/10 veille

– alors que son cours le plus élevé, ment. Reprochant au groupe hausse. ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE

± HDIR

atteint en février, se situait à 85,92 ¤ d’avoir trop de métiers, elle deman- CUIVRE 3 MOIS...... IURWDS Or

± HDIU

MONNAIES ALUMINIUM 3 MOIS ...... ISIIDS

± HDRW

(563,60 F). Après le démenti de Vi- dait une clarification de la stratégie, PLOMB 3 MOIS ...... SIPDS

Cours Var %

TOKYO ± HDPV SRPH ¤

vendi, l’action se reprenait pour ter- après une vague d’acquisitions tous L’EURO cédait légèrement du ter- ETAIN 3 MOIS ...... En uros f 13/10 12/10

± HDQH

¤ ¤ ZINC 3 MOIS...... IIRVDS

± IDST

miner à 66 (432,93 ), en baisse de azimuts. Tenant compte des cri- LES RESTRUCTURATIONS dans rain face au dollar, jeudi 14 octo- OR FIN KILO BARRE ...... WRSH

± HDPV

NICKEL 3 MOIS ...... UPSH

± IDSS

OR FIN LINGOT...... WSSH

1,49 % par rapport à la veille. tiques, Vivendi tente d’accélérer son le secteur bancaire ont porté la bre : la monnaie unique euro- ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE

FFFF ONCE D’OR (LO) $ ...... QHU

HDRS

Cette fausse rumeur est révélatrice recentrage. Mais les investisseurs Bourse de Tokyo, jeudi. L’indice péenne s’inscrivait à 1,0803 dollar, ARGENT A TERME ...... SDTP

` ± PDTP PIECE FRANCE 20 F...... SP

UDHS

PLATINE A TERME ...... SWQVPDPI ` C IDTW du climat de doute qui entoure Vi- veulent plus. Beaucoup réclament Nikkei a terminé en hausse de restant toutefois très au-dessus de PIECE SUISSE 20 F...... SR

´

` C HDIW

vendi depuis quelque temps. En un une scission du groupe entre ses 25,77 points, soit 0,15 %, à 1,0740 dollar atteint la veille. Par GRAINES DENREES $/BOISSEAU PIECE UNION LAT. 20 F . SQDIH

± ´ C HDPH PSS ` RDTW BLE (CHICAGO)...... PIECE 10 DOLLARS US ... PQH

mois, l’action a perdu plus de 15 % secteurs liés à l’environnement 17 780 points. Sumitomo Bank et ailleurs, le dollar progressait fai- ± HDPS PHH ` FFFF MAI¨S (CHICAGO)...... PIECE 20 DOLLARS US ... RHRDSH

± HDQV ISTDQ ` FFFF de sa valeur. Pour expliquer en par- (eau, énergie, propreté) et ceux de Sakura Bank ont annoncé qu’elles blement face au yen à 107,33 yens, SOJA TOURTEAU (CHG.). PIECE 50 PESOS MEX...... QSH

tie cette chute, le groupe a fait sa- la communication. M. Messier ex- discutaient d’un possible mariage, favorisé par la décision de la SOFTS $/TONNE

HDRP CACAO (NEW YORK)...... WSQ

voir que le cours avait subi le clut, pour l’instant, cette hypothèse. la presse locale évoquant même Banque du Japon de fournir de ´ RDSI CAFE (LONDRES) ...... IQRS Cotations, graphiques et indices en temps

FFFF contrecoup du dénouement d’une une fusion dans les deux ans à plus amples liquidités au marché SUCRE BLANC (PARIS) ... IVI re´elsurlesiteWebdu«Monde». importante opération de couver- Martine Orange venir. monétaire. www.lemonde.fr/bourse LeMonde Job: WMQ1510--0024-0 WAS LMQ1510-24 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0435 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur un an sur 5 jours EURO STOXX 50 sur un an sur 5 jours

QUISDQV

VALEURS EUROPE´ENNES QHSDQR

QPT QWUI

QUQQ QHW QIQDPU

b Intel QUSPDRP

La chute du titre à Wall marché que ses ventes cette année QUWQDQI

QIPDSU

QUVUDIP QRWR

Street a pesé sur le compartiment n’atteindront pas ses prévisions : PWP

QPST des valeurs technologiques euro- ses clients réduisent leurs PUS QHTDRT QUPRDRH

péennes, mercredi 13 octobre. Le commandes puisqu’ils se pré- QHSDQR QHIV PSW QHWDRT

numéro un mondial des puces a parent au passage à l’an 2000. Il ne QUISDQV

PUUW

annoncé que son revenu net au table plus que sur une progression PRP [[[[[[[[ [[[[[[[[

†vwwt IW yg„F PH e†‚sv IR yg„F †vwwt troisième trimestre se montait à de 15 à 20 % de son chiffre d’af- PH yg„F PH e†‚sv IR yg„F 42 cents par action, contre faires pour 1999 contre 20 à 25 %

e C VDQW FFFF p‚ IHTDP HDRU qf QDIV FFFF

44 cents un an plus tôt. Ce qui a jusqu’alors. BERKELEY GROUP qf PARIBAS NFC BIENS DE CONSOMMATION

C ± RDWI HDWS qf IIDIU HDIR hu TQDWI FFFF

entraîné le repli du cours du pre- b Les titres des banques suisses BRITISH AIRWAYS qf PROVIDENT FIN NKT HOLDING

e e e ± p‚ STDI IDRW xv QVDRS FFFF qf ISDHU FFFF ± PVDTR HDIH

Credit Suisse Group UBS CHARGEURS RM RODAMCO UK OCEAN GROUP AHOLD xv

mier fabricant de puces européen, et ont e e ± ± p‚ WSDR HDSP xv QVDUS FFFF qf IQDTS HDST QDQT FFFF CLUB MED. /RM RODAMCO CONT. E PENINS.ORIENT.S ASDA GROUP PLC qf

Philips e ± HDUS P xv QRDPS FFFF qf RDTH FFFF le néerlandais (− 2,95 % à perdu du terrain, mercredi, après qf THDSV FFFF COATS VIYELLA RODAMCO NORTH A PREMIER FARNELL ATHENS MEDICAL q‚

e C ± qf WDHU FFFF qf IWDIH FFFF qf IUDVT HDTV RS HDPP 92,10 ¤), et de l’opérateur de télé- que le président de la Banque na- COMPASS GRP SCHRODERS PLC RAILTRACK AUSTRIA TABAK A e„

e e e ± qf PDIS FFFF p‚ TWDPS FFFF xv RUDV HDQI ± TSDS IDVH

phonie mobile britannique Voda- tionale suisse, Hans Meyer, eut an- COURTAULDS TEXT SEFIMEG N /RM RANDSTAD HOLDIN BEIERSDORF AG hi

e e e ± hi IVDVS HDPT p‚ VIDW FFFF hu IHHDPR FFFF ±

RUDV HDTP

fone Airtouch (− 5,07 % à noncé que les taux d’intérêt de- DT.LUFTHANSA N SIMCO N /RM RATIN -A- BIC /RM p‚ ± ƒi IVDTQ FFFF qf SDPW FFFF hu IHPDPS FFFF UDIQ PDII ELECTROLUX -B- SLOUGH ESTATES RATIN -B- BRIT AMER TOBAC qf

e e C ± ± qf TDSU FFFF p‚ IQT IDQV qf QDPR HDRU IHPDR IDHW 299,5 pence). vraient sans doute être relevés EMI GROUP UNIBAIL /RM RENTOKIL INITIA CASINO GP /RM p‚

e e ± p‚ IDQR FFFF s„ HDRV FFFF qf RDHP IDSH ± PHIUDWV HDHQ b Le cours du leader mondial des dans l’avenir. Credit Suisse a cédé EURO DISNEY /RM UNIM REXAM CFR UNITS -A- gr

e e e e

± ps RDPT FFFF iƒ VDVW FFFF p‚ UW IDIQ STR FFFF

progiciels de gestion, l’allemand 2,57 % à 265,5 francs suisses, tan- FINNAIR VALLEHERMOSO REXEL /RM CPT MODERNES /R p‚

e e e ± ± qf IDWT FFFF hi QTDS IDQS e„ PS HDPH UQDSS FFFF G WIMPEY PLC WCM BETEILIGUNG RHI AG fi

SAP, a plongé de 6,06 % à 411 ¤, dis qu’UBS abandonnait 2,08 % à DELHAIZE C e ± ± qf UDTU IDHI qf RDWT IDPP gr SSSDUQ IDHI ± PWPDT HDIR GRANADA GROUP WOOLWICH PLC RIETER HLDG N ESSILOR INTL /R p‚

e C e ± p‚ IHRDW HDVU PQWDQT HDII ƒi PRDQH FFFF SPI FFFF mercredi. Le groupe a averti le 423 francs suisses. HERMES INTL f DJ E STOXX FINS P SANDVIK -A- ETS COLRUYT fi

e e s„ HDSW FFFF ƒi PRDRP FFFF ± TRDT IDTU HPI SANDVIK -B- FRESENIUS MED C hi

e C ± xv PVDI PDIV gr RIRDWI HDIS IDUT FFFF HUNTER DOUGLAS SAURER ARBON N FYFFES qf

e e xv PTDW FFFF ƒi QSDRQ FFFF ± qf TDPW PDTI ± RI HDRW

BASF AG hi KLM ALIMENTATION ET BOISSON SCANIA AB -B- GALLAHER GRP

Code Cours % Var. e C e qf QDHV HDSH ƒi QSDRQ FFFF fi QUDSW FFFF ± QTDUS HDIR

BAYER AG hi HILTON GROUP SCANIA AB -B- GIB

14/10 09 h 43 f pays en ¤uros veille C

SDQP HDVU

e qf C

C ALLIED DOMECQ p‚ WDP HDII gr IRUIDHS HDRQ q‚ QUDHR FFFF ± IWDPU HDPR BOC GROUP PLC qf MOULINEX /RM SCHINDLER HOLD GOODYS

C

SDUS IDWH

ASSOCIAT BRIT F qf C xy PDTP FFFF gr ISRWDTQ FFFF ± qf IIDPH HDVP UQDHV IDHW CIBA SPEC CHEM gr NCL HLDG SCHINDLER HOLD IMPERIAL TOBACC

AUTOMOBILE C

II HDIR

e qf e e BASS ± p‚ WUDR FFFF p‚ TVDHS HDWS ps II FFFF RPPDRT FFFF

CLARIANT N gr PATHE /RM SCHNEIDER ELECT KESKO -B-

e

RQDI FFFF

e„ e e BBAG OE BRAU-BE C QRDVS FFFF ƒi e qf PDIW FFFF s„ IDQR FFFF p‚ SWW HDSH QQDP FFFF

AUTOLIV SDR DEGUSSA-HUELS hi PENTLAND GRP SEAT-PAGINE GIA L’OREAL /RM

e

±

QSIDI IDTS

e p‚ ± BONGRAIN /RM e fi RI HDRW e ± qf QDQT FFFF qf WDII HDQR €„ ISDUS FFFF IIPDSS FFFF

BASF AG DSM xv PERSIMMON PLC SECURICOR MODELO CONTINEN

e C

RS PDPU

e e e„ C

± BRAU-UNION hi PV HDIV hi RWDS HDIH ƒi IQDRI FFFF qf FFFF FFFF PIDHR FFFF BMW DYNO xy PREUSSAG AG SECURITAS -B- MORRISON SUPERM

±

SDWU HDPT

e qf

± CADBURY SCHWEPP e hi PHDR HDPR ± qf QDIH FFFF gr IHTQDTV HDRI ± p‚ VWP IDRR ± RSSUDUR HDVW CONTINENTAL AG EMS-CHEM HOLD A gr RANK GROUP SGS GENEVA BR PROMODES /RM

QTDQQ FFFF

e hu C

± CARLSBERG -B- TUDVS HDHU hi e gr PHQDQU HDQI qf QDRS FFFF ± C qf IIDIV HDPU THDS HDQQ DAIMLERCHRYSLER HENKEL KGAA VZ hi SAIRGROUP N SHANKS GROUP RECKITT & COLMA

QSDUW FFFF

e hu e

± CARLSBERG AS -A s„ QHDTS HDTS ± hu WDRP FFFF p‚ WV IDRT qf QDIH FFFF ± WDRV IDPV FIAT ICI qf SAS DANMARK A/S SIDEL /RM SAFEWAY

VVDWQ FFFF

e hu C e C ISDHW HDTH s„ e CHR. HANSEN HLD p‚ TQDWS HDSS qf RDPQ FFFF qf SDUR FFFF SDS FFFF

FIAT PRIV. KEMIRA ps SEB /RM INVENSYS SAINSBURY J. PL

e

IUDWS FFFF

e ps e

C e ± CULTOR -1- p‚ RIDT HDWS ± gr UQWDQH HDSI p‚ PRQ IDPS ± p‚ STDS HDPT VDVU FFFF MICHELIN /RM LAPORTE qf THE SWATCH GRP SITA /RM SEITA /RM

±

RIDRR HDQP

e hu ± DANISCO p‚ IUTDS HDRH ± gr ISTDHT HDIH ƒi IWDHW FFFF qf QDHI FFFF VDQU FFFF

PEUGEOT PERSTORP -B- ƒi THE SWATCH GRP SKF -A- SMITH & NEPHEW

e

± PPRDS HDPP

e p‚

± DANONE /RM s„ PDPV HDVU e ± qf IDIR SDIQ ƒi PHDPW FFFF ± qf PDWH HDSQ ± IWDS IDPU PIRELLI RHODIA p‚ WILLIAM BAIRD SKF -B- STAGECOACH HLDG

SHDIV FFFF

e q‚

± DELTA DAIRY e p‚ SHDR HDWV e ± qf WDRU FFFF hu PPDPH HDTH iƒ ITDUR FFFF IDHT FFFF RENAULT SNIA s„ WILSON BOWDEN SOPHUS BEREND - TABACALERA A

±

WDPR HDIU

e qf C e C

C DIAGEO e TVDW HDPP p‚ e e„ SHDT HDPH gr TRWDRH HDIW ps QDQS FFFF TUDP FFFF VALEO /RM SOLVAY fi WOLFORD AG SULZER FRAT.SA1 TAMRO

SHDSS FFFF

e q‚ C ± ELAIS OLEAGINOU SHDV HDSW hi e ISWDTQ HDHT ƒi IUDVQ FFFF qf PDWP FFFF RQDVS FFFF

VOLKSWAGEN TESSENDERLO CHE fi f DJ E STOXX CYC GO P SVEDALA TESCO PLC

e

± IHWDP HDQT

p‚ e

ERID.BEGH.SAY / ± ƒi PTDPH FFFF C qf TDRR QDPQ ± xv PRDS IDTI HDHW VOLVO -A- f DJ E STOXX CHEM P QPUDIP T.I.GROUP PLC TNT POST GROEP

PDVR FFFF GREENCORE GROUP qf ƒi PTDPH FFFF xy QUDSH FFFF ± HDPW VOLVO -B- TOMRA SYSTEMS f DJ E STOXX N CY G P RUWDUQ

e ± QQ HDQH

xv e

± HEINEKEN HOLD.N PQWDPU HDPQ ± UHDRT HDUU

f DJ E STOXX AUTO P PHARMACIE VA TECHNOLOGIE e„

PQDII FFFF

´ HELLENIC BOTTLI q‚ e ± IHDUP PDSS CONGLOMERATS VALMET ps

± RPDUR IDHU q‚ PVDQS FFFF

ASTRAZENECA qf HELLENIC SUGAR ± HDPW

f DJ E STOXX IND GO P QVWDPV COMMERCE DISTRIBUTION

IPDUR FFFF

AKER RGI -A- xy e

PWDWP FFFF ps PV FFFF

BANQUES ELAN CORP qf HUHTAMAEKI VAN

e

± p‚ RPDIU HDHU

PDSW FFFF

CGIP /RM ARCADIA GRP qf

±

PUDIT IDTI qf IIDRQ FFFF

GLAXO WELLCOME qf KERRY GRP-A-

±

IUDHQ HDHW

ABBEY NATIONAL qf e ± p‚ ITQDU HDUW

± WDTP PDHQ

CHRISTIAN DIOR e e BOOTS CO PLC qf

C

RPDQ FFFF s„ IDUI HDSW

e HOECHST AG hi MONTEDISON C

PPDHW HDTV

ABN AMRO HOLDIN xv e ±

IDST HDTR

s„ e

± ISQDS HDUV

CIR ASSURANCES CARREFOUR /RM p‚

C

± IQWWDQV HDSR gr IVPTDVU HDIR

NOVARTIS N gr NESTLE N C

IPDTW HDQT

ALL & LEICS qf e QUT FFFF

fi e

± PUI IDHW

D’IETEREN SA e e CASTO.DUBOIS /R p‚ C

± ± IIQDST HDUI xv QWDI HDPQ p‚ SIDS HDVU

NOVO NORDISK B hu KONINKLIJKE NUM AGF /RM

IVDTR FFFF

ALLIED IRISH BA qf e C RUDWW HDWW

p‚ e

IUDWR FFFF

GAZ ET EAUX /RM e e e CENTROS COMER P iƒ

± ± PPDI FFFF s„ IDPP HDVI s„ WDST HDUQ

ORION A ps PARMALAT ALLEANZA ASS

USDIP FFFF

ALPHA CREDIT BA q‚ e ITPDU FFFF fi e

PQ FFFF

GBL e e e CONTINENTE iƒ

± ± PPDI FFFF p‚ TRDWS HDQI hi PVIDS HDHU

e ORION B ps PERNOD RICARD / ALLIANZ AG

PIDV FFFF

ARGENTARIA R iƒ

± qf WDTU HDUW

± ITDHV PDRP

GENL ELECTR CO e e DIXONS GROUP PL qf

C

± ± SHDQ HDIH ps UDI IDRQ qf IHDVW HDPV

e RHONE POUL./RM p‚ RAISIO GRP -V- ALLIED ZURICH

PHDS FFFF

BPINTOMAYORR €„ e

RUDIR FFFF fi e C

QQDW IDHR

GEVAERT GEHE AG hi

IURUQDRR FFFF xy SDPQ FFFF q‚ PWDUR FFFF

e ROCHE HOLDING gr RIEBER & SON -B ASPIS PRONIA GE

±

RV HDWQ

BANK AUSTRIA AG e„ e ± xv PPDRQ HDUS

± UDHQ HDRQ

HAGEMEYER NV e GREAT UNIV STOR qf ± ±

IIPVRDQR FFFF qf WDQT IDRS p‚ IIWDQ IDQP

ROCHE HOLDING G gr SCOTT & NEWCAST AXA /RM

FFFF FFFF

BANK OF IRELAND qf

± RDSU HDTU

qf e

± UU QDIR

INCHCAPE e GUCCI GROUP xv C FFFF FFFF qf UDWV FFFF gr UTVDPP HDIT

SANOFI /RM p‚ SOUTH AFRICAN B BALOISE HLDG N

PSDVS FFFF

BANK OF PIRAEUS q‚

IIDWP FFFF ƒi e C

IPTDQ HDPR

INVESTOR -A- e GUILBERT /RM p‚

C C IIIDV HDSR qf TDIS HDSH qf IQDPW FFFF

e SCHERING AG hi TATE & LYLE CGU QUDU FFFF

BANKINTER R iƒ

ƒi IIDWP FFFF

PRDUI FFFF

INVESTOR -B- e HENNES & MAURIT ƒi ± ±

IIDVT IDTS qf RDTH FFFF p‚ PVDPT PDRS

SMITHKLINE BEEC qf UNIGATE PLC CNP ASSURANCES

± PVDPI HDSW

BARCLAYS PLC qf

IUDIW FFFF xy e

PUDVS FFFF

KVAERNER -A- e e JERONIMO MARTIN €„

C

± HDRU xv TQDR QDWQ iƒ IUDHS FFFF

e f DJ E STOXX PHAR P QWSDV UNILEVER CORP MAPFRE R C

SUDQ HDVV

BAYR.HYPO-U.VER hi e ± PVTDI IDQR p‚ e RRDTS FFFF

LVMH / RM KARSTADT AG hi

e C

 s„ SDSI HDIV A

BCA FIDEURAM @€u˜li™ite

q‚ QVDRU FFFF C WDPU HDVQ

MYTILINEOS HOLD KINGFISHER qf

e

± RDHQ HDRW

BCA INTESA s„

xy RHDHQ FFFF ± RDTT HDTS

NORSK HYDRO MARKS & SPENCER qf

e

± QDWI HDUT

MONTE PASCHI SI s„

C IQUDWW HDRT gr e RWDIS FFFF

OERLIKON-BUEHRL METRO hi

e

± IDQS HDUR

BCA ROMA s„

xy IPDIR FFFF ± WDSI QDSV

ORKLA -A- NEXT PLC qf

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IPDVW FFFF

BBV R iƒ

IPDIR FFFF xy e ± IUHDR HDQS

ORKLA -B- PINAULT PRINT./ p‚

e

TSDV FFFF

BCO POPULAR ESP iƒ e QPDS FFFF €„ e ± TDUS HDIS

SONAE SGPS RINASCENTE s„

e

IHDIS FFFF

BSCH R iƒ

± QDSR PDWR qf e IUDQ FFFF

TOMKINS STOCKMANN A ps

e

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BCP R €„ e C hi SI HDRW ± PRQDPW HDPT

VEBA AG VALORA HLDG N gr

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RI HDIP

BIPOP CARIRE s„

± PTIDUT HDSU UDPU FFFF

f DJ E STOXX CONG P W.H SMITH GRP qf

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± UUDI HDSP

BNP /RM p‚

TDRW FFFF

WOLSELEY PLC qf

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WDSS FFFF

BSCH R iƒ

± HDVI

f DJ E STOXX RETL P QUWDPQ

e C IITDT HDHW

CCF /RM p‚ TE´LE´COMMUNICATIONS

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e EIRCOM si ± TDP HDRV

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± IRDTV IDPR

BRITISH TELECOM qf HAUTE TECHNOLOGIE

VRDSP FFFF

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IHDST HDIS

CABLE & WIRELES qf e C

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QRDSS HDRQ

COMMERZBANK hi

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hi e DEUTSCHE TELEKO C

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e ALCATEL /RM p‚ ± PUDII HDQU

CREDIT LYONNAIS p‚

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ENERGIS qf

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ALTEC SA REG. q‚ IHVDQI FFFF

DEN DANSKE BK hu

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QDUQ FFFF

DEN NORSKE BANK xy

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FRANCE TELECOM p‚ e

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e BARCO fi TTDT FFFF

DEUTSCHE BANK hi

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± SDWS HDSI e BRITISH AEROSPA qf

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RSDHW HDQV

KONINKLIJKE KPN xv e

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e CAP GEMINI /RM p‚ ± IQSDQ IDQV

DEXIA FCE RM p‚

PQDUS FFFF

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RRDV HDRR

DRESDNER BANK hi

e

QWDV FFFF

PORTUGAL TELECO €„

± PRDTS IDUI

COLT TELECOM NE qf RPDUQ FFFF

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TELECOM ITALIA s„

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TELEFONICA iƒ

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IONIAN BK REG.S q‚

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s„ SDRS HDIV

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LOGICA qf VUDRS FFFF

JYSKE BANK REG hu

± RDSU HDTU

VODAFONE AIRTOU qf

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C MERKANTILDATA RIDHR HDQQ

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HDPV

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e MISYS qf RRDUV FFFF KBC BANCASSURAN fi

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C NERA ASA IIDWR HDPT LLOYDS TSB qf

QHDVW FFFF e NETCOM ASA xy RDWW FFFF MERITA ps

CONSTRUCTION e

± WHDS HDWV

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e C

s„ IDW HDSQ PWDSV FFFF q‚ OLIVETTI RDWT FFFF NORDBANKEN HOLD ƒi AKTOR SA

e

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e e xv ISDQ FFFF ps KON. PHILIPS ± IWDW HDVS ROLO BANCA 1473 s„ ASKO -A-

± QDPR HDRU e qf

IWDT FFFF iƒ ROLLS ROYCE ± IWDUW HDRT ROYAL BK SCOTL qf AUMAR R

± RSDPU QDPS e qf ± UDSV HDPT s„ SAGE GRP WDUR FFFF S-E-BANKEN -A- ƒi AUTOSTRADE

e

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e

± hi QRR IDWW IDTR FFFF qf SAP AG IPDHR FFFF SV HANDBK -A- ƒi BICC PLC

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hi RHH QDPP ± qf SDQU IDTW

C SAP VZ PTUDVI HDUI

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VDQV FFFF hi IHWDS HDRS

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± PWQ IDTV e p‚ C ENERGIE SEMA GROUP RDS HDPP

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f DJ E STOXX F & BV P PIUDIT FONDIARIA ASS

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XIOSBANK BG qf

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f ± VDTS HDQS

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´ ± QIDP IDII e p‚

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CEPSA iƒ e

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PRODUITS DE BASE p‚ e TIETOENATOR COLAS /RM C

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PWDPQ FFFF

CRH PLC qf e WILLIAM DEMANT

± q‚ SHDQQ FFFF s„ SDST HDIV C

STUDHS HDST

ALUMINIUM GREEC ENI gr

VWDSU FFFF

ADECCO N INTERAM HELLEN q‚

±

HDQI e RVQDR

RT FFFF

CRISTALERIA ESP iƒ f DJ E STOXX TECH P

qf QDIQ FFFF TDIU FFFF qf e ± QI IDPI ARJO WIGGINS AP ENTERPRISE OIL p‚ IHDQI FFFF

ALSTOM IRISH LIFE & PE qf

e

IHDR FFFF

GRUPO DRAGADOS iƒ

ƒi IUDVV FFFF xy UDWW FFFF C C IIHIDRH IDHR ASSIDOMAEN AB F.OLSEN ENERGY gr PDSQ IDPQ

ALUSUISSE LON G LEGAL & GENERAL qf

e

iƒ PSDS FFFF

FCC C

ƒi RDUW FFFF PDHW IDRW qf e RDTW FFFF AVESTA qf LASMO ± PHR HDUV

ASSOC BR PORTS MUENCH RUECKVER hi

e

IHI FFFF

e p‚ e GROUPE GTM C SERVICES COLLECTIFS

fi RRIDV FFFF e„ VTDWV HDIV

PSDRS FFFF BEKAERT OMV AG ƒi ± TDTR IDIR

ATLAS COPCO -A- NORWICH UNION qf

C

TDVW HDPP

e qf C HANSON PLC

e„ RIDRS HDUQ ITDII FFFF xy e e ƒi PSDII FFFF ± PDQU IDPS BOEHLER-UDDEHOL PETROLEUM GEO-S s„ RVDI FFFF

ATLAS COPCO -B- POHJOLA YHTYMAE ps AEM

e

VSDS FFFF

e HEIDELBERGER ZE hi e

± ± xv ITDS PDQU p‚ UWDIS HDRR

C q‚ PVDIQ FFFF IHDWU IDRP BUHRMANN NV PRIMAGAZ /RM qf ± IRDPR HDRQ

ATTICA ENTR SA PRUDENTIAL qf ANGLIAN WATER

SVDUH FFFF

HELL.TECHNODO.R q‚

qf RDSR FFFF xy WDHP FFFF

e C qf TDWS FFFF TDQR HDPR BUNZL PLC qf PROSAFE ± W IDIH

BAA RAS s„ BRITISH ENERGY

QVDQP FFFF

e HERACLES GENL R q‚ e

± s„ UDHI IDTV iƒ IV FFFF qf TDSV FFFF CART.BURGO ± PDSH IDVI REPSOL qf FFFF FFFF

BBA GROUP PLC ROYAL SUN ALLIA qf CENTRICA

e

QSDS FFFF

HOCHTIEF ESSEN hi e

± ± qf IDWP HDUW SSDHS HDIT

xv e e xy ISDIS FFFF ± C UDVP IDPT CORUS GROUP ROYAL DUTCH CO s„ QPDUS IDHV

BERGESEN SAMPO -A- ps EDISON

QIRDWT FFFF

HOLDERBANK FINA gr e

± xy ITDQS FFFF QDWP IDHI s„ e

xy PRDTR FFFF C PWTDS FFFF ELKEM ASA, OSLO SAIPEM fi IVWUDWI HDQH

BONHEUR SWISS RE N gr ELECTRABEL

± gr IIVTDPU HDSQ

HOLDERBANK FINA C

q‚ IUDTU FFFF TDWV HDRR qf e e e fi RUDR FFFF IRDQT FFFF ELVAL SHELL TRANSP & €„ RQDPQ FFFF

CMB SEGUROS MUNDIAL €„ ELECTRIC PORTUG

e

± IRPDT IDQV

IMERYS /RM p‚

qf VDPP FFFF IHDPP FFFF xy e ± qf QUDWU PDWR IVDQQ FFFF JOHNSON MATTHEY SMEDVIG -A- iƒ

IWDHW FFFF

CMG SKANDIA INSURAN ƒi ENDESA

e

± IPDUU PDUR

e s„ C e ITALCEMENTI C

e„ RP HDPR IITDW HDTW p‚ e qf PDWW FFFF ± IPTDQ HDHQ MAYR-MELNHOF KA TOTAL FINA /RM e„ TDTI FFFF

COOKSON GROUP P STOREBRAND xy EVN

e

C

RDR HDRT

e s„ ITALCEMENTI RNC C

ps VDS FFFF HDHQ PWQDT e VURSDRW FFFF f hu PHDUW FFFF METSAE-SERLA A DJ E STOXX ENGY P iƒ UDPR FFFF

DAMPSKIBS -A- SUN LF & PROV H qf GAS NATURAL SDG

e

±

WTDP HDVP

LAFARGE /RM p‚

ƒi PVDVW FFFF C

hu WPVQDTV HDRV MODO -B- C xy SDPQ FFFF SUHDVP HDQQ

DAMPSKIBS -B- SWISS LIFE REG gr HAFSLUND -A-

PSDPR FFFF

MICHANIKI REG. q‚

xy QWDIW FFFF hu IQIVSDSI FFFF QDRQ FFFF NORSKE SKOGIND- xy IVVDQT FFFF

DAMSKIBS SVEND TOPDANMARK AS hu HAFSLUND -B-

e

IHDV FFFF

e PARTEK ps

IHDS FFFF ps e qf IDWV FFFF IQDRV FFFF OUTOKUMPU OY -A iƒ SPWDWT FFFF

DELTA PLC ZURICH ALLIED N gr IBERDROLA

e

± IPT PDQQ

e PHILIPP HOLZMAN hi SERVICES FINANCIERS

± SPDSS IDIQ p‚ e

xy TDPS FFFF ± RDIQ IDPH PECHINEY-A- s„ ± HDQI

DET SONDENFJ NO f DJ E STOXX INSU P QPWDUU ITALGAS

IDSV FFFF

e PILKINGTON PLC qf €„ TDTT FFFF

C qf IIDPS FFFF qf VDIV FFFF UDHT HDVV

PORTUCEL INDUST 3I ELECTROCOMPONEN NATIONAL GRID G qf

IRDPS FFFF

e RMC GROUP PLC qf SDVT FFFF

ps e e ± fi RTDUT FFFF hi VP IDVH ± TDRI IDIV

RAUTARUUKKI K ALMANIJ EQUANT NV NATIONAL POWER qf

qf IDQU FFFF

C RUGBY GRP ITDRP HDQV qf e C e q‚ VTDTP FFFF p‚ IDQQ HDUT ± IQWDS HDPR

RIO TINTO ALPHA FINANCE EUROTUNNEL /RM OESTERR ELEKTR e„

e

± ITI HDWV

SAINT GOBAIN /R p‚ RTDPQ FFFF q‚ e C ± qf UDRI IDRQ ps PPDS FFFF VDTR HDWH

SIDENOR AMVESCAP FINNLINES POWERGEN qf

e

IUDP FFFF

SEMAPA €„ RTDPH FFFF

q‚ e MEDIAS ± p‚ IPRDI HDIT qf PDUS FFFF FFFF FFFF

SILVER & BARYTE BAIL INVEST /RM FKI SCOT POWER qf

QSDIR FFFF

SKANSKA -B- ƒi PDSS FFFF

qf e C QDTS FFFF hu PSDPW FFFF SMURFIT JEFFERS €„ IRDST QDVQ

BPI R FLS IND.B SEVERN TRENT qf

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PIDSQ HDTQ

e SUPERFOS hu UDUW FFFF

€„ e C e C qf UDHQ FFFF e„ QSDI FFFF qf WDPR IDIV ISQDT HDHU

SONAE INDUSTRIA BRITISH LAND CO FLUGHAFEN WIEN BSKYBGROUP SUEZ LYON EAUX/ p‚

PDPR FFFF

e TAYLOR WOODROW qf IQDVV FFFF €„ e C ± p‚ SVDTS HDSI qf SDIW FFFF qf IRDSV HDQP PIDUV FFFF

SOPORCEL CANARY WHARF GR GKN CANAL PLUS /RM SYDKRAFT -A- ƒi

e C

WU IDRT

TECHNIP /RM p‚ ƒi IPDQV FFFF

± qf TDPI FFFF qf PDRS QHDRQ qf TDSU FFFF IUDUU FFFF

SSAB SW ST A CAPITAL SHOPPIN GLYNWED INTL PL CARLTON COMMUNI SYDKRAFT -C- ƒi

IIUDHW FFFF

e TITAN CEMENT RE q‚ IQDQ FFFF ps e e C C fi SSDI FFFF q‚ PSDHT FFFF xv WDS HDVS IRDIT HDTS

STORA ENSO -A- COBEPA HALKOR ELSEVIER THAMES WATER qf

e

UDQT FFFF

e URALITA iƒ IQDQQ FFFF ps e e e ± ± hi SQDSI PDSQ qf IHDSU FFFF hi RRDPS PDQT ITV FFFF

STORA ENSO -R- CONSORS DISC-BR HAYS EM.TV & MERCHAN TRACTEBEL fi

e

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VALENCIANA CEM iƒ PSDII FFFF ƒi e e C e ± iƒ PSDHS FFFF hi SU IDUP qf IPDVU HDRV IQDVR FFFF

SVENSKA CELLULO CORP FIN ALBA HEIDELBERGER DR EMAP PLC FENOSA iƒ

e

±

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e WIENERB BAUSTOF e„ ± PHDSS HDWT

hi e e C ± p‚ PSQDW HDHR p‚ RQDR HDWQ q‚ RUDTH FFFF THYSSEN KRUPP ± WDPS HDIU

CPR /RM HELLAS CAN SA P HAVAS ADVERTISI UNITED UTILITIE qf

±

RDVH HDWS

WILLIAMS qf WDIU FFFF

ƒi e e C e gr ITUDVS HDST s„ TDIW FFFF s‚ S FFFF ± IUDQP HDQS

TRELLEBORG B CS GROUP N IFIL INDP NEWS AND M VIAG hi

± HDSQ

e f DJ E STOXX CNST P PHWDUQ QTDTI FFFF fi e e e C ± ± p‚ QWDTS HDVV p‚ SUIDS IDVH qf R FFFF TTDSS HDVQ UNION MINIERE EURAFRANCE /RM IMI PLC LAGARDERE SCA N VIVENDI/RM p‚

e

QQDS FFFF ps e e C C ± ± p‚ IQIDQ HDPQ hu SRDHW HDSH s„ WDP HDWU HDIT UPM-KYMMENE COR FONCIERE LYONNA ISS INTL SERV-B MEDIASET f DJ E STOXX PO SUP P PVPDI

e ± IQDPI IDIP p‚ e ± ± QHDSS HDHU hu VHDUQ FFFF qf PHDRP HDHV

USINOR CONSOMMATION CYCLIQUE FORTIS (NL) xv KOEBENHAVN LUFT PEARSON SRDUR FFFF q‚ e e C C ± IIR HDVU xv PTDS HDUT qf SDTP IDQW VIOHALCO GECINA /RM p‚ KON.NEDLLOYD REED INTERNATIO

e e ± PWDHI HDWP

e„ e e C ± ± PHVDT HDHS qf TDSU IDTI ps IQW FFFF qf WDVV HDTP VOEST-ALPINE ST ACCOR /RM p‚ HAMMERSON KONE B REUTERS GROUP CODES PAYS ZONE EURO

± HDPQ

IWSDUI e e C ± ± UV HDVW hu RIDHR HDQQ p‚ PIHDI HDIH xy IHDHR FFFF f DJ E STOXX BASI P ADIDAS-SALOMON hi KAPITAL HOLDING LEGRAND /RM SCHIBSTED FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne

± ± IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande SDUS FFFF qf IPDQV HDPS xy IIDIV FFFF qf QDST HDVS AIRTOURS PLC qf LAND SECURITIES LEIF HOEGH TELEWEST COMM.

e e e ± ± LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche p‚ PUS IDIW PDSW HDUU qf UDPI FFFF hi SQDI FFFF ALITALIA s„ LIBERTY INTL LINDE AG TF1

CHIMIE e e e C C FI : Finlande - BE : Belgique. ± ± IWDPS IDHS s„ IHDHR HDIH hi QIDS HDIT qf VDTR IDRH AUSTRIAN AIRLIN e„ MEDIOBANCA MAN AG UNITED NEWS & M

e e e ± ± ISDSW FFFF hu SPDPH FFFF s„ UDPW IDHW hi IRT FFFF xv TS HDQI

AGA -A- ƒi BANG & OLUFSEN MEDIOLANUM MANNESMANN AG UNITED PAN-EURO CODESPAYSHORSZONEEURO

e e ± ± ISDSQ FFFF qf QDWR HDUU qf TDVW FFFF hi IWDU FFFF xv QHDUT HDUU

AGA -B- ƒi BARRATT DEV PLC MEPC PLC METALLGESELLSCH WOLTERS KLUWER CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e e e C ± IRPDI HDHU qf PDIP FFFF iƒ PIDHI FFFF ps IUDP FFFF qf WDQW IDIQ

AIR LIQUIDE /RM p‚ BEAZER GROUP METROVACESA METRA A WPP GROUP GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

e e e ± ± ± ± RHDP HDSW s„ PDHT FFFF xv UDPW IDHW qf QDSU IDPU QHHDQW HDTS AKZO NOBEL NV xv BENETTON GROUP MEDIOLANUM MORGAN CRUCIBLE f DJ E STOXX MEDIA P LeMonde Job: WMQ1510--0025-0 WAS LMQ1510-25 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0436 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 25

C ± RUDPH QHWDTI IDVU RUDPH TSDIH TSDIH RPUDHQ FFFF TTDVH VHDIH VHDIS SPSDUS HDHT VSDHS BIC...... RVDIH GROUPE PARTOUCHE ... SOGEPARC (FIN) ......

C FFFF FFFF FFFF WIDPS IPT IPTDPH VPUDVP HDIT IPQ PTDUT PTDUT IUSDSQ FFFF PTDSH BIS...... WPDHS GUILBERT...... SOMMER-ALLIBERT......

C ± ± UUDPH SHTDRH HDQW URDRH RWS RWH QPIRDIW IDHI RVU RHDSV RHDTS PTTDTS HDIU RHDPH B.N.P...... UUDSH GUYENNE GASCOGNE... SOPHIA ......

C C ± ITQ IHTWDPI HDTI ITT RTDHT RTDSH QHSDHP HDWT PPU STDRH SUDIH QURDSS IDPR FFFF VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... ITR HACHETTE FILI.ME...... SOPRA # ......

± ± QSU PQRIDUU FFFF QTHDIH PSR PSH ITQWDVW IDSU PPTDIH TI THDWH QWWDRV HDIT USDUH BONGRAIN ...... QSU HAVAS ADVERTISIN ...... SPIR COMMUNIC. # ......

C ± ± PWQ IWPIDWS IDTV PTS IRRDTH IRPDTH WQSDQW IDQV ISH IPSDQH IPTDPH VPUDVP HDUP IPQDIH BOUYGUES ...... PWV IMERYS(EX.IMETAL ...... SR TELEPERFORMAN ....

C C

± QUDSH PRSDWV PDUR QSDRH IWDTS IWDUR IPWDRW HDRT IWDTH ISQDSH ISQDRH IHHTDPR HDHU ISVDIH b Le cours du groupe de spiritueux Pernod-Ricard ou- BOUYGUES OFFS...... QTDSH IMMEUBLES DE FCE ...... SUEZ LYON.DES EA ......

C ± ± VDIT SQDSQ QDSS UDII VT VQDVH SRWDTW PDST UPDSS PUVDQH PUS IVHQDVV IDIW PUS

vrait en baisse de 0,23 % à 65 euros, jeudi 14 octobre. Le BULL#...... UDVV INFOGRAMES ENTER .... TF1 ......

C C C SWDQS QVWDQI HDTV TQ PQDWS PR ISUDRQ HDPI PR WSDTH WT TPWDUP HDRP IHRDSH CANAL + ...... SVDWS INGENICO ...... TECHNIP......

président Patrick Ricard a annoncé qu’il « serait prêt à ± ± ± IRQDRH WRHDTR HDRP ITU PT PSDUT ITVDWU HDWP PSDRQ QIDSS QIDIW PHRDSW IDIR QIDVH CAP GEMINI ...... IRR INTERBAIL...... THOMSON-CSF......

C ± ± RWDRH QPRDHR HDPH RVDWW QVH QUIDSH PRQTDVV PDPR QIQDSH IITDIH IIUDPH UTVDUV HDWS IPH

diluer les participations des familles, si l’intérêt des ac- CARBONE LORRAINE..... RWDSH INTERTECHNIQUE...... TOTAL FINA SA......

C

± ± ISQDRH IHHTDPR HDVR IRV TSDIH TSDPS RPVDHI HDPQ TWDWH IQUDWH IQTDUH VWTDTW HDVU IPVDPH

tionnaires est de diluer » CARREFOUR ...... ISRDUH ISIS ...... UNIBAIL ......

C C ± IHP TTWDHV HDTW IHS WSDWH WS TPQDIT HDWR WR TH TI RHHDIQ IDTU SQDUH CASINO GUICHARD ...... IHIDQH CIE FONC.KLEPIER...... UNILOG ......

C ± ± UHDRH RTIDUW HDPV TWDVH IIW IIVDIH UURDTW HDUT IIUDTH IPH IIW UVHDSW HDVQ IPR b La valeur Bouygues Offshore était stable à 36,50 eu- CASINO GUICH.ADP ...... UHDPH LABINAL...... UNION ASSUR.FDAL ......

± ± ± PUI IUUUDTR IDHW PRR WU WTDQH TQIDTW HDUP IHPDSH IQDQT IQDPP VTDUP IDHS IRDQH

ros, dans les premiers échanges, jeudi. Le groupe CASTORAMA DUB.(L...... PUR LAFARGE...... USINOR......

C C

±

IITDUH UTSDSH HDIU IIWDQH RH QWDVW PTIDTT HDPV RHDSH TVDUS TW RSPDTI HDQT TV

Bouygues Offshore a annoncé jeudi une hausse de C.C.F...... IITDSH LAGARDERE...... VALEO ......

C ± ± IUTDSH IISUDUT HDPV IVH TUDTH TTDWH RQVDVR IDHR TU QU QTDWH PRPDHS HDPU QVDRH CEGID (LY) ...... IUT LAPEYRE ...... VALLOUREC......

C ± UDQH RUDVV IDQS UDQR SI FFFF FFFF FFFF RWDSH PTDHP PTDHS IUHDVV HDIP PVDRH 24 % de son chiffre d’affaires sur les neuf premiers mois CERUS...... UDRH LEBON (CIE)...... VIA BANQUE ......

C C

RPDTR PUWDUH IDHR RTDPH PIHDQH PIHDTH IQVIDRS HDIR PIP TT TT RQPDWQ FFFF TVDRH

de l’exercice 1999 à 728,4 millions d’euros (4,779 mil- CGIP ...... RPDPH LEGRAND ...... VIVENDI ......

C ± ± SU QUQDWH HDHW SVDSH IPUDPH IPT VPTDSI HDWR IPRDPH ISDPH ISDIH WWDHS HDTT IRDRV

liards de francs). CHARGEURS...... STDWS LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL ..... C ± ± RU QHVDQH PDVW RW QWDWH QWDRS PSVDUV IDIQ QTDIS IWRDIH IWS IPUWDIP HDRT IWVDWH CHRISTIAN DALLOZ ...... RVDRH LEGRIS INDUST...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C ±

ITQDVH IHURDRT HDUQ ISRDIH IHTDSH IHTDWH UHIDPP HDQV IHSDSH b L’action du groupe pétrolier franco-belge TotalFina CHRISTIAN DIOR ...... ITS LOCINDUS......

C C

VRDQH SSPDWU HDIP VRDQS SWT SWUDSH QWIWDQR HDPS THH

était en hausse de 0,17 % à 116,30 euros, en début de CIC -ACTIONS A...... VRDPH L’OREAL ......

C ± TVDTH RRWDWW HDVV TWDUH PWH PVSDQH IVUIDRS IDTP PVS CIMENTS FRANCAIS ...... TV LVMH MOET HEN......

C matinée jeudi. Le cours du pétrole a augmenté de 3,4 % C IHSDWH TWRDTT HDUT WW IRR IRS WSIDIR HDTW ISP CLARINS ...... IHSDIH MARINE WENDEL ......

± WSDWH TPWDHT FFFF WS UDQV UDPS RUDST IDUT UDWH

à 23,06 dollars le baril à New York après que l’institut CLUB MEDITERRANE .... WSDWH METALEUROP ......

± ±

PVDPS IVSDQI PDRW PTDTS RP RIDST PUPDTP IDHS RT

américain du pétrole a rapporté que les stocks améri- CNP ASSURANCES ...... PVDWU MICHELIN......

± ± VIDPH SQPDTR HDPS VVDQH QHDRS QHDRH IWWDRI HDIT QPDRH COFLEXIP...... VIDRH MONTUPET SA......

C ± IWTDIH IPVTDQQ IDIT PHRDWH WDIW WDPS THDTV HDTS WDQR cains s’étaient amenuisés plus que prévu. COLAS ...... IWVDRH MOULINEX ......

C PDHW IQDUI PDRS IDWP TUDRS TUDRS RRPDRR FFFF TQ

b Le cours de Bull s’appréciait de 3,55 % à 8,16 euros, COMPTOIR ENTREP...... PDHR NATEXIS BQ POP......

± ± Compen- RPDTQ PUWDTQ HDVT RPDIH QPDWS QPDUT PIRDVW HDSV PV

CPR ...... RQ NEOPOST...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

jeudi. Selon La Tribune, la recomposition du capital se- International sation ± ± f IWDSH IPUDWI IDSP ITDVI PRDHS PR ISUDRQ HDPI PR

CRED.FON.FRANCE ...... IWDVH NORBERT DENTRES...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

± ± QIDWH PHWDPS HDQU QQDWH PTDPT PSDVP ITWDQU IDTV PSDQS rait annoncé le 21 ocotbre. Elle verrait la montée en CFF.(FERRAILLES) ...... QPDHP NORD-EST......

± ±

PUDII IUUDVQ HDQU PU UP FFFF FFFF FFFF UQ IQRDRH IQI VSWDQH PDSQ IQH

puissance du japonais Nec et du financier Walter Bu- CREDIT LYONNAIS...... PUDPI NORDON (NY)...... AMERICAN EXPRESS......

C ± ± RQDWS PVVDPW HDII RWDSH PUI PTTDVH IUSHDHW IDSS PTWDIH RQDSI RPDVH PVHDUS IDTQ RPDPH CS SIGNAUX(CSEE)...... RQDWH NRJ # ...... A.T.T. #......

C tler. C ± VH SPRDUU HDTP VPDSH VDTH VDTT STDVI HDUH VDIH IWDQV PHDRS IQRDIR SDSP IW DAMART ...... VHDSH OLIPAR...... BARRICK GOLD #......

C ± PPRDRH IRUIDWU HDPU PQR IHSDUH IHTDIH TWSDWU HDQV IHUDQH PPDHW FFFF FFFF FFFF PPDSH

b Le titre Aérospatiale-Matra progressait de 1,2 % à DANONE...... PPS PARIBAS...... CROWN CORK ORD.#.....

C

± ± ITUDUH IIHHDHR HDHT ITU SQDIS SPDUS QRTDHP HDUS SQDPH PTDQH PSDSP ITUDRH PDWU PTDHS

21,12 euros, jeudi. Selon La Tribune, Aérospatiale-Ma- DASSAULT-AVIATIO ...... ITUDTH PECHINEY ACT ORD ...... DE BEERS # ......

± ± ± QW PSSDVP PDHI QUDSS QHR QHI IWURDRQ HDWW PTPDPH SVDSH SUDPH QUSDPI PDPP SWDRH DASSAULT SYSTEME...... QWDVH PENAUILLE POLY.C ...... DU PONT NEMOURS.....

C ± ± SS QTHDUV HDWH TQDVH TSDIS TS RPTDQU HDPQ TSDIH QHDUI QHDVT PHPDRQ HDRW QH tra et Dasa s’apprêteraient à créer une co-entreprise DE DIETRICH...... SSDSH PERNOD-RICARD...... ERICSSON # ......

C ± UIDIH RTTDQW FFFF UR IUUDPH IUUDTH IITRDWV HDPQ IVSDRH RWDHQ RVDSS QIVDRU HDWV RUDPH

dans les missiles et une autre dans l’aéronautique. DEVEAUX(LY)# ...... UIDIH PEUGEOT...... FORD MOTOR # ......

± ± ISDHI WVDRT FFFF ISDUH IUI IUHDPH IIITDRR HDRU IUQDQH IIIDIH IIHDQH UPQDSP HDUP IIRDRH DEV.R.N-P.CAL LI...... ISDHI PINAULT-PRINT.RE...... GENERAL ELECT. #......

± ± IQTDSH VWSDQV HDSI IQUDUH IPH IPH UVUDIS FFFF III TIDUS THDIH QWRDPQ PDTU THDSS DEXIA FRANCE ...... IQUDPH PLASTIC OMN.(LY) ...... GENERAL MOTORS # .....

± ± ± TDTV RQDVP HDVW TDHU UWDSH UWDQH SPHDIU HDPS UW IHDIW IHDIH TTDPS HDVV IHDTI DMC (DOLLFUS MI)...... TDUR PRIMAGAZ...... HITACHI #......

C

± ± PSDWW IUHDRV HDWQ PSDQH WHS VWH SVQVDHP IDTT VUT IHIDQH WWDTS TSQDTT IDTQ IIWDTH

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PSDUS PROMODES...... I.B.M # ......

C ± ±

TWDIH RSQDPU HDIR TUDSH PPTDVH PPT IRVPDRT HDQS PIUDWH UQDRS UIDQH RTUDUH PDWQ VIDUH

______EIFFAGE ...... TW PUBLICIS #...... ITO YOKADO #......

C ± ± ISWDRH IHRSDTH IDVS IUPDWH IVDWH IVDTI IPPDHU IDSQ IVDIS IVDUT IVDUH IPPDTT HDQP IWDQS ELF AQUITAINE ...... ISTDSH REMY COINTREAU...... MATSUSHITA #......

± ± RW QPIDRP HDRI RWDTH SHDWH SHDPS QPWDTP IDPV RV QWDUH FFFF FFFF FFFF RIDTH ERAMET ...... RWDPH RENAULT ...... MC DONALD’S #......

ti hs IR yg„yf‚i Cours releve´sa` 09 h 50

± ± ± IHWDRH UIUDTP HDIV IIQ UWDWH UWDVH SPQDRS HDIQ VRDSH TVDHS TUDVH RRRDUR HDQU TUDQS ERIDANIA BEGHIN...... IHWDTH REXEL...... MERCK AND CO # ......

± ± ±

PWPDQH IWIUDQT HDPR QHU IWDUS IVDWP IPRDII RDPH IWDSH TDVU TDVH RRDTI IDHP UDWH ESSILOR INTL ...... PWQ RHODIA ...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PP o™to˜re

C ± FFFF FFFF FFFF QPVDWH SHDQS SHDRH QQHDTH HDIH RTDSH IHS IHP TTWDHV PDVT IIQ ESSILOR INTL.ADP...... QPH RHONE POULENC A...... MORGAN J.P. # ......

± ± VHDRS SPUDUP FFFF UT QDSI QDRT PPDUH IDRP QDRR IIDSP IIDQP URDPS IDUR IQDRV ESSO...... VHDRS ROCHETTE (LA) ...... NIPP. MEATPACKER......

± ± SUWDSH QVHIDPU HDRQ SUV TP TP RHTDTW FFFF TRDWH QIDSS QIDHS PHQDTU IDSV QPDUS EURAFRANCE...... SVP ROYAL CANIN...... PHILIP MORRIS # ......

Compen- ± IDQR VDUW FFFF IDPT IVSH FFFF FFFF FFFF IVTV WHDPH VVDRH SUWDVU P WQDIH

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURO DISNEY...... IDQR RUE IMPERIALE (L...... PROCTER GAMBLE ......

sation France C f ± IDQP VDTT FFFF IDQV RP RQDVH PVUDQI RDPW QVDVU IUDWU IUDRU IIRDTH PDUV IUDVH

en ¤uros en ¤uros en francs veille EUROTUNNEL...... IDQP SADE (NY) ...... SEGA ENTERPRISES ......

(1)

C ± ± UH RSWDIU IDRS UHDIS PUU PUSDIH IVHRDSR HDTW PSU SQDSH SPDIH QRIDUS PDTP SUDWH FACOM SA...... TW SAGEM S.A...... SCHLUMBERGER #......

C ± ± FFFF FFFF FFFF IRS SWDQH SWDIS QVV HDPS STDUH ITPDTH ITIDTH IHTHDHQ HDTP IUPDSH IRPDQH IRQ WQVDHP HDRW IRW B.N.P. (T.P)...... IRT FAURECIA ...... SAINT-GOBAIN...... SONY CORP. #......

C C ± IRP WQIDRT HDVR IRQDSH IIQDPH IIQDQH URQDPH HDHW IIU UVDSH FFFF FFFF FFFF VPDQS IQDQI IRDVV WUDTI IIDVH IQDUS CR.LYONNAIS(TP) ...... IRQDPH FIMALAC SA...... SALVEPAR (NY) ...... SUMITOMO BANK #......

± ± ± QVI PRWWDPH HDPT QVT PIDTQ PIDTI IRIDUS HDHW PIDSI RHDVH RHDQQ PTRDSS IDIS QWDIH RENAULT (T.P.)...... QVP FINEXTEL...... SANOFI SYNTHELAB......

± FFFF FFFF FFFF IUQ WHDUH VWDUH SVVDQW IDIH VS UP UP RUPDPW FFFF UIDQH SAINT GOBAIN(T.P...... IURDQH FIVES-LILLE...... SAUPIQUET (NS) ......

C

± ± IRSDRH WSQDUT IDTV IRPDVH IQI IPWDSH VRWDRT IDIS IPVDIH TVDUH TVDQS RRVDQS HDSI TUDIS

THOMSON S.A (T.P ...... IRQ FONC.LYON.# ...... SCHNEIDER ELECTR...... ABRE´VIATIONS

C C ± PHWDPH IQUPDPT HDQR PIPDIH VPDTH VPDVS SRQDRT HDQH UUDHS RSDPP RS PWSDIV HDRW RTDUH

ACCOR ...... PHVDSH FRANCE TELECOM...... SCOR......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C C C PIDIQ IQVDTH IDPS IWDVS UPH UPV RUUSDQU IDII URR TQDTH TR RIWDVI HDTQ TH AEROSPATIALE MAT ...... PHDVU FROMAGERIES BEL...... S.E.B......

± ± SIDVH QQWDUW HDPW RWDUH IQWDSH IQWDSH WISDHT FFFF IRT STDTS STDTH QUIDPU HDHW STDWS AGF ...... SIDWS GALERIES LAFAYET ...... SEITA...... SYMBOLES

C C ± ITDIW IHTDPH IDTQ ITDIH URDWH UR RVSDRI IDPH UT IQDIH IQDSH VVDSS QDHS IQDPI

AIR FRANCE GPE N ...... ISDWQ GASCOGNE...... SELECTIBANQUE...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C ± IRPDIH WQPDII HDHU IRVDQH TIDTS THDUH QWVDIU IDSR TIDPH RRDTH RRDWH PWRDSP HDTU RSDIH

AIR LIQUIDE ...... IRP GAUMONT #...... SGE...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C C ± IQPDSH VTWDIR IDQV IQQDTH RUDSP RUDWW QIRDUW HDWW RTDSH WWDRS WV TRPDVR IDRT WSDPH

ALCATEL ...... IQHDUH GAZ ET EAUX ...... SIDEL...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

C ± ±

QIDHS PHQDTU IDHS QIDIH IIS IIR URUDUW HDVU IIIDPH IST ISTDSH IHPTDSU HDQP ISVDSH

ALSTOM...... QIDQV GECINA...... SILIC CA ...... `

± ± DERNIERE COLONNE RM (1) : QIT PHUPDVP HDQV PVIDWH SQ SPDWH QRU HDIW SWDUH VIDWH VIDWH SQUDPQ FFFF VPDIH ALTRAN TECHNO. #...... QIUDPH GEOPHYSIQUE ...... SIMCO......

C ± ± IPQDUH VIIDRP IDHR IIW PU PTDVH IUSDVH HDUR PS PRH PRQ ISWQDWV IDPS PSP ATOS CA...... IPS GRANDVISION ...... S.I.T.A ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

± ± IIWDSH UVQDVU IDIT IIQDQH IRH FFFF FFFF FFFF IQR ISDPS IS WVDQW IDTR ISDPS AXA...... IPHDWH GROUPE ANDRE S.A ...... SKIS ROSSIGNOL...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C ± ± IPRDIH VIRDHR HDIT IPR QPDIH QIDSH PHTDTQ IDVU PTDSW IWRDVH IWS IPUWDIP HDIH IWRDTH BAIL INVESTIS...... IPRDQH GR.ZANNIER (LY) ...... SOCIETE GENERALE...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C ± IITDWH UTTDVI HDHW IPR IHI IHP TTWDHV HDWW IHP IRV IRV WUHDVP FFFF ISIDWH BAZAR HOT. VILLE ...... IIU GROUPE GTM ...... SODEXHO ALLIANCE......

C IIIDSI FFFF PDPI IRDSH FFFF RUDSP QIIDUI QDIS QHDIT IWUDVR FFFF GROUPE D #...... IU DAPTA-MALLIN....d MANITOU # ...... FLAMMARION S...d

± ± ± RTSDHU HDIR TI RHHDIQ IDRS SPDPS QRPDUR S IRDHI WIDWH FFFF GUILLEMOT #...... UHDWH GROUPE J.C.D ...... MANUTAN INTE .. GRAVOGRAPH...... d

C C SECOND ± PDUT PDRR IPTDIH VPUDIT HDHV IHQDWH TVIDSR FFFF PP IRRDQI HDWP NOUVEAU GUYANOR ACTI .... HDRP DAUPHIN ...... MARC ORIAN...... d GPE GUILLIN ......

± SIUDVV FFFF QWDVH PTIDHU FFFF SIDSS QQVDIS P IQDHS VSDTH FFFF UVDWS ______d HF COMPANY...... DECAN GROUPE... MARIONNAUD P . JEANJEAN # ......

C ± ± ±

QPPDHU QDUQ WI SWTDWP IDII QUDHS PRQDHQ PDSH QQDTS PPHDUQ HDIS

´ HIGH CO...... RWDIH ´ DU PAREIL AU...... MECATHERM #.... HBS TECHNOLO .. ± ± ± PIUDUV PDQS RT QHIDUR HDTS QQDPS PIVDII HDUS ISQ IHHQDTI FFFF

MARCHE HOLOGRAM IND .. QQDPH MARCHE ENTRELEC CB ...... MGI COUTIER...... HOT.REG.PARI .....d

C ± ± QSDUS QDQU WWDSH TSPDTV FFFF IQIDSH VTPDSV HDQV IQRDUH VVQDSU HDSW IGE + XAO...... SDRS ENTREPRISE I...... d MICHEL THIER .... HUREL DUBOIS....

C ± ± RUDPW PDVQ QR PPQDHQ HDSV IPDVS VRDPW HDQW IRI WPRDWH FFFF

ILOG # ...... UDPI ETAM DEVELOP.... NAF-NAF #...... IDI...... d

wi‚g‚ihs IQ yg„yf‚i

ti hs IR yg„yf‚i

C C PWDSV HDPP IPRDIH VIRDHR FFFF QH IWTDUW RDWH IVDIS IIWDHT FFFF IMECOM GROUP .. RDSI EUROPEENNE C ...d ALES GPE EX...... IMV TECHNOLO...d

C

± IPHDHR RDSU RVDSH QIVDIR FFFF UPDVH RUUDSR FFFF QU PRPDUH PDRV

INFOSOURCES...... IVDQH EUROP.EXTINC..... POCHET...... d INTER PARFUM....

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 55 Une se´lection. Cours releve´sa` 09 h 50

± ± IVPDHQ PDPW SP QRIDIH PDQS US RWIDWU FFFF RUDIS QHWDPV FFFF INFOTEL #...... PUDUS EXEL INDUSTR..... RADIALL #...... IPO (NS) # ...... d

C C C PHTDIU IDQW QIDTH PHUDPV IDWR TSDPH RPUDTV HDQI IW IPRDTQ FFFF INTERCALL # ...... QIDRQ EXPAND S.A...... RALLYE(CATHI ..... LABO.PHARMYG...d

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. ± IPPDPU PDQT IRP WQIDRT FFFF RPDRT PUVDSP FFFF WWDHS TRWDUQ FFFF

LEXIBOOK #...... IVDTR FACTOREM...... d REYNOLDS...... d M.B.ELECTRON....d

Valeurs f en ¤uros en francs veille Valeurs f en ¤uros en francs veille

C C ± SHDQI HDPT IQDIH VSDWQ HDUU PQDPI ISPDPS HDTV WWDWH TSSDQH FFFF JOLIEZ-REGOL...... UDTU FAIVELEY # ...... RUBIS #...... NSC GPE (NY) ...... d

± ± VSDPU FFFF HDIV IDIV FFFF RSDIH PWSDVR IDHU SDPP QRDPR FFFF IIHDQH UPQDSP PDWH RSDPU PWTDWS FFFF ADL PARTNER...... IQ JOLIEZ-REGOL...... d ADA...... FINACOR...... SABATE SA # ...... NOCIBE...... d

C C ± ± USDRR RDIU UDPV RUDUS RDIS IHP TTWDHV FFFF IHS TVVDUS FFFF UH RSWDIU HDIR IQS VVSDSR HDUR AB SOFT...... IIDSH LACIE GROUP...... AIGLE # ...... FINATIS(EX.L ...... d SEGUIN MOREA... ONET #......

C C ± ± ± VQDQI HDUV PHDSH IQRDRU PDQV UUDSH SHVDQU HDTR IVW IPQWDUT FFFF IQHDWH VSVDTS QDRV IPDSS VPDQP HDRH ALPHAMEDIA...... IPDUH MEDIDEP #...... ALGECO #...... FININFO...... d SIDERGIE...... ORGASYNTH ......

C ± PHDWW SDVV SDWQ QVDWH FFFF IPSDSH VPQDPQ HDRH RP PUSDSH FFFF PUDIH IUUDUT FFFF STDPS QTVDWV FFFF ALPHA MOS ...... QDPH MILLE AMIS #...... d APRIL S.A.#( ...... FLO (GROUPE) ..... SIPAREX (LY)...... d PARIS EXPO...... d

C ± ± ± VUVDWV HDVQ VDPR SRDHS IDPH TQ RIQDPS HDUI SWDUH QWIDTI IDIT PHDSI IQRDSR FFFF IUDSH IIRDUW FFFF ALTAMIR & CI...... IQR MONDIAL PECH ... ARKOPHARMA # .. FOCAL (GROUP .... SOCAMEL-RESC ...d PAUL PREDAUL....d

C ± IIDVI RDTS UDRH RVDSR FFFF WQDWS TITDPU FFFF UWDIH SIVDVT HDIW UDSS RWDSP FFFF VDWR SVDTR FFFF APPLIGENE ON .... IDVH NATUREX...... ASSUR.BQ.POP..... FRAIKIN 2#...... SPORT ELEC S...... d PIER IMPORT...... d

C ± ± ± WDUI HDTU TIDSS RHQDUR IDQT QSDSH PQPDVT HDST RP PUSDSH FFFF IUDTH IISDRS IDIS PHDVS IQTDUU FFFF ASTRA ...... IDRV OLITEC ...... ASSYSTEM #...... GAUTIER FRAN .... STALLERGENES ... PISC. DESJOY ...... d

± ± ± ± SPDRV RDUT HDUS RDWP IDQP PHWDPH IQUPDPT FFFF IDPS VDPH FFFF RTDIH QHPDRH PDQW PUDIH IUUDUT HDWI ATN...... V OXIS INTL RG...... BENETEAU CA# .... GEL 2000...... d STEF-TFE # ...... PLAST.VAL LO......

± SIIDTS PDRR PIDUH IRPDQR FFFF SDSS QTDRI FFFF QVDVH PSRDSI FFFF PDQH ISDHW FFFF QPDTH PIQDVR FFFF AVENIR TELEC...... UV PERFECT TECH..... BISC. GARDEI...... d GENERALE LOC ....d SUPERVOX (B)...... d REGIONAL AIR .....d

C C ± RHTDTW PDQT VDQR SRDUI HDIP SW QVUDHI FFFF TQ RIQDPS FFFF STDIS QTVDQP FFFF RPDRH PUVDIQ HDQT BELVEDERE...... TP PHONE SYS.NE..... BOIRON (LY)# ...... GEODIS ...... SYLEA...... SECHE ENVIRO.....

C ± VIDQR HDVI ITDVI IIHDPU HDSQ QH IWTDUW FFFF HDUU SDHS FFFF IQDVS WHDVS FFFF TPDWH RIPDTH FFFF BIODOME #...... IPDRH PICOGIGA...... BOISSET (LY)...... d G.E.P PASQUI ...... d TOUPARGEL (L ....d SERVICES ET ...... d

C ± ± PVPDHT IDIS IPRDSH VITDTU IDPP IHP TTWDHV FFFF PPDWW ISHDVH HDHR ST QTUDQR FFFF PW IWHDPQ FFFF BVRP EX DT S...... RQ PROSODIE # ...... BOIZEL CHANO ... GFI INDUSTRI...... TRANSICIEL # ...... SICAL...... d

C ± ± ± SIDVP FFFF QTDSH PQWDRP QDTW ITDVH IIHDPH FFFF UPDSH RUSDSU PDHQ SVDWH QVTDQT IDSS RUDIH QHVDWT PDPT CAC SYSTEMES .... UDWH PROLOGUE SOF.... BONDUELLE ...... GFI INFORMAT .... TRIGANO...... SMOBY (LY) #......

C ± ± IHPDQW QDTR RDHI PTDQH IDWT TDQH RIDQQ FFFF TT RQPDWQ FFFF IRHDWH WPRDPR PDVS IPI UWQDUI FFFF CEREP ...... ISDTI QUANTEL ...... BOURGEOIS (L.....d GO SPORT...... d UBI SOFT ENT ..... SODICE EXP.( ...... d

C ± ± ± RDIQ RDSS RUDSH QIIDSV IDHR UH RSWDIU RDRV PQDRI ISQDST FFFF PIDII IQVDRU IDIU SIDHS QQRDVU FFFF CHEMUNEX #...... HDTQ R2I SANTE ...... BRICE...... GPRI FINANCI...... d VIEL ET CIE...... SOFIBUS...... d

PRPDUH FFFF RH PTPDQV FFFF SV QVHDRT FFFF SRHH QSRPIDTV FFFF VI SQIDQQ FFFF QT PQTDIR FFFF COIL...... QU RADOUX INTL ...... BRICORAMA #...... GRAND MARNIE ..d VILMOR.CLAUS.... SOGEPAG(PARC ...d

C ± ± IUHDSS FFFF IVDQH IPHDHR ITDPS WQ TIHDHR QDIQ SR QSRDPP FFFF SU QUQDWH HDSQ UQDIH RUWDSH FFFF CRYO INTERAC .... PT RECIF #...... BRIOCHE PASQ .... GROUPE BOURB ..d VIRBAC ...... SOLVING # ...... d

C C ± ± PPQDHQ HDUR PPDQH IRTDPV PDRI TTDIS RQQDWP HDTV PRDQH ISWDRH FFFF WSDSH TPTDRR HDIT IHDTU TWDWW FFFF CYBER PRES.P...... QR REPONSE #...... SOLERI...... GUERBET S.A...... d WALTER # ...... S.T. DUPONT...... d

C C ± ± STDIS RDQT W SWDHR IDSQ QQDQH PIVDRQ QDUR PVDSH IVTDWS IDRP QUDWH PRVDTI FFFF RPDHS PUSDVQ FFFF CYRANO # ...... VDST REGINA RUBEN.... CDA-CIE DES...... GUY DEGRENNE .. AFIBEL ...... d STEDIM # ......

C C ± VSDPU IDWT PHDUH IQSDUV HDPR RW QPIDRP IDHQ SWDSH QWHDPW FFFF QUDVS PRVDPV FFFF IUDWH IIUDRP FFFF DESK # ...... IQ SAVEURS DE F ...... CEGEDIM # ...... GUYOMARC H N ..d ARFEO (NS)#...... d SURCOUF # ...... d

C C C ± VDRT FFFF IQDIH VSDWQ HDQV IHR TVPDPH FFFF IHRDWH TVVDIH HDVU QW PSSDVP IDHW IPH UVUDIS HDRP DESK BS 98 ...... d IDPW SILICOMP # ...... CERG-FINANCE.... HERMES INTL ...... ALAIN MANOUK .. SYLIS # ......

C TSDSQ RDHT IHVDVH UIQDTV FFFF SIDSH QQUDVP FFFF IIUDWH UUQDQU FFFF VIDUH SQSDWP FFFF SPDSH QRRDQV FFFF DMS # ...... WDWW SERP RECYCLA .....d CGBI ...... HYPARLO #(LY...... BQUE TARNEAU...d TEAMLOG #...... d

C ± RHDQR FFFF RPDWW PVP PDPR TDHS QWDTW FFFF QRDSI PPTDQU FFFF WSDTH TPUDHW FFFF RSDSH PWVDRT IDHW DURAND ALLIZ.... TDIS SOI TEC SILI ...... CLAYEUX (LY)...... d I.C.C.#...... d C.A.GIRONDE...... d THERMADOR GP..

C C C ± IDQV HDHP IDST SWQDTR QDTU PPDVI IRWDTP RHDST PTTDHT SP QRIDIH RPDSH PUVDUV FFFF IPDHS UWDHR FFFF DURAN DUBOI..... WHDSH STACI #...... CNIM CA# ...... IMMOB.BATIBA .... C.A.LOIRE/H...... d THERMOCOMPACd

C ± TITDPU FFFF HDUP RDUP IDRI SRDHS QSRDSR FFFF VDSH SSDUT FFFF TPDTH RIHDTQ FFFF IPQDSH VIHDII HDPR DURAN NV JCE ....d WQDWS STELAX ...... COFITEM-COFI ....d IMS(INT.META ..... C.A. MIDI CC...... d UNION FIN.FR .....

C C ± ± WSDHS FFFF ISDHS WVDUP HDWW UH RSWDIU FFFF QUDSH PRSDWV HDSQ SRDRH QSTDVR HDPV SPDPH QRPDRI HDIW EFFIK #...... IRDRW SYNELEC #...... CIE FIN.ST-H...... d INFO REALITE ...... C.A. SOMME C ..... VRANKEN MONO.

± ± PPIDHT HDVV PDHS IQDRS FFFF ISRDUH IHIRDUU HDHT QDIP PHDRU FFFF SUDWH QUWDVH FFFF QUDTH PRTDTR FFFF ESKER ...... QQDUH LA TETE D.L...... C.A. PARIS I...... INT. COMPUTE.....d CR.AG.SUD RH.....d VULCANIC # ...... d

C ± RRRDHV FFFF PVDSH IVTDWS IDUP RWDSS QPSDHQ FFFF PIW IRQTDSS FFFF PTDUU IUSDTH RDWV EUROFINS SCI...... TUDUH THERMATECH I.... C.A.ILLE & V...... JET MULTIMED .... CIDER SANTE ......

C ± ± SWDTQ HDII IPRDRH VITDHI HDWU SP QRIDIH FFFF IIP UQRDTU HDRR UUDSH SHVDQU FFFF EURO.CARGO S .... WDHW TITUS INTERA ...... C.A.LOIRE AT...... d LATECOERE # ...... CODETOUR...... d ......

C ± ± VVTDVS IDWT IHIDVH TTUDUT FFFF RVDUU QIWDWI FFFF WVDWH TRVDUR RDII UDPP RUDQT QDRV EUROPSTAT #...... IQSDPH TITUS INTER...... d C.A.MORBIHAN.... L.D.C...... COFIDUR # ......

C C ± UVDUI QDRS QH IWTDUW QDPQ VP SQUDVV FFFF TDTV RQDVP IDPI QSDWV PQTDHI FFFF FABMASTER # ...... IP TRANSGENE # ...... C.A.DU NORD#..... LECTRA SYST...... CORA INDUSTR ...d ......

C C SVWDUI HDTU IS WVDQW FFFF TUDSH RRPDUU FFFF PSDVH ITWDPR PDIV IRPDSH WQRDUR FFFF FI SYSTEM #...... VWDWH TR SERVICES...... C.A. OISE CC ...... d LEON BRUXELL .... DELACHAUX S...... d ......

C ± ± SVDQV IDPS UDTH RWDVS QDVH IHPDSH TUPDQT FFFF IT IHRDWS PDIR RHDQH PTRDQS FFFF FLOREANE MED... VDWH V CON TELEC...... C.A.PAS CAL ...... LOUIS DREYFU..... DELMON INDUS..d ......

± ± ± ± QPUDWV HDWW VDPQ SQDWW QDIV UV SIIDTS FFFF PHDIV IQPDQU PDWV PHDSH IQRDRU IDRR GENERIX # ...... SH WESTERN TELE .... C.A.TOULOUSE.....d LVL MEDICAL ...... DIGIGRAM # ......

C C ± IIIDSI IDIT TUDHS RQWDVP FFFF PRTDSH ITITDWQ HDHV RIDRH PUIDSU PDWW GENESYS # ...... IU ...... CRCAM TOUR.P ...d M6-METROPOLE .. DISTRIBORG G ......

± ± IWHDHQ HDPV RQ PVPDHT FFFF PDIU IRDPQ HDRT TS RPTDQU FFFF GENSET...... PVDWU ...... CROMETAL ...... d MEDASYS DIGI..... EMIN-LEYDIER ....d ......

´ ´ PTRDPW IQGIH IVRDVQ IPIPDRI IRGIH ITVDPU IIHQDUV IQGIH PQDWP ISTDWH IQGIH ECUR. CAPITALISATION C.... RHDPW MONE ASSOCIATIONS...... ACTILION PRUDENCE C *.... LATITUDE C ......

´ RSDVQ QHHDTQ IQGIH PHDVQ IQTDTR IQGIH IQHWDRW IRGIH ITRDWR IHVIDWR IQGIH ECUR. DYNAMIQUE+ DPEA UNIVAR C ...... IWWDTQ ACTILION PRUDENCE D * ... LATITUDE D......

´ ´ RQDWW PVVDST IQGIH IHIDSQ TTSDWW IQGIH WPDTS THUDUR IQGIH IIWVDUH IRGIH

SICAV ECUR. ENERGIE D PEA...... UNIVAR D...... IVPDUR LION ACTION EURO ...... OBLITYS D......

´ VWISQDVU IQGIH IQSWIDRP ´ RQDHV PVPDSW IQGIH WPDTH THUDRP IQGIH PRUDIH IQGIH ECUR. EXPANSION C...... UNIVERS-OBLIGATIONS ...... QUDTU LION PEA EURO...... PLENITUDE D PEA ......

´ QWDHT PSTDPP IQGIH ISVRWDIH IQGIH

ECUR. EXPANSIONPLUS C.... Fonds communs de placements POSTE GESTION C ...... PRITDIV

´ SPDPT QRPDVH IQGIH IRVPQDIP IQGIH

ECUR. INVESTIS. D PEA...... POSTE GESTION D...... PPSWDUU

IWIRDPV HUGIH

FCP ´ ´ INDOCAM VAL. RESTR...... PWIDVQ IQUPDIQ IQGIH PHWDIV ` RQIWHDUH IQGIH

EC. MONET.C/10 30/11/98...... POSTE PREMIERE SI...... TSVRDQV

PVWDRU IIGIH

MASTER ACTIONS ...... RRDIQ

IQWDWP IQGIH ´ ´ PIDQQ IPQUDVT IQGIH IVVDUI ` PSSIRIDQH IQGIH

EC. MONET.D/10 30/11/98...... CM EURO PEA...... POSTE PREMIERE 1 AN...... QVVWTDHR

IVPDQT IIGIH

´ MASTER OBLIGATIONS ...... PUDVH ITHDQQ IHSIDUH IQGIH QRDTS PPUDPW IQGIH  le™tionF ne se ` SRITSDIW IQGIH

Cours de cloˆ ture le 13 octobre ECUR. OBLIG. INTERNAT. C. CM FRANCE ACTIONS ...... POSTE PREMIERE 2-3...... VPSUDRQ

IQHDSR IPGIH

´ OPTALIS DYNAMIQ. C ...... IWDWH PUWDHW IVQHDUI IQGIH PVDQV IVTDIT IQGIH SIPQDRP IQGIH

ECUR. TRIMESTRIEL D...... CM MID. ACT. FRANCE...... REVENUS TRIMESTR. D ...... UVIDHT

IPUDIP IPGIH

´ OPTALIS DYNAMIQ. D...... IWDQV PVDQV IVTDIT IQGIH PPSVDUW IQGIH QRRDQS ´ IHWIDVR IQGIH

e EPARCOURT-SICAV D...... ´ CM MONDE ACTIONS...... THESORA C ...... ITTDRS IPPDRH IPGIH Valeurs unitaires Date IVDTT

´ ´ OPTALIS EQUILIB. C ...... PHWPDIT IQUPQDTU IQGIH TTRDRP IQGIH

IHIDPW ´ WRHDWH IQGIH Emetteurs f IRQDRR

¤ ee GEOPTIM C ...... ´ CM OBLIG. LONG TERME.... THESORA D...... IITDUT IPGIH

uros francs cours OPTALIS EQUILIB. D...... IUDVH

RWQDIP QPQRDTT IQGIH IWRDTP IQGIH PWDTU ´ PVSWURDTP IQGIH HORIZON C...... CM OPTION DYNAM...... TRESORYS C...... RQSWTDSS

IIUDTI IPGIH

´ ´ OPTALIS EXPANSION C ...... IUDWQ WWDSU IQGIH ISDIV ´ RVDUH QIWDRS IQGIH

PQRIDWH IQGIH

AGIPI PREVOYANCE ECUR. D...... CM OPTION EQUIL...... SOLSTICE D...... QSUDHP

IIUDHW IPGIH OPTALIS EXPANSION D...... IUDVS

WVSDTR IQGIH

Fonds communs de placements CM OBLIG. COURT TERME .. ISHDPT ITWDHR IQGIH PSDUU ´ ´ ´ IIIDIP IPGIH

AGIPI AMBITION (AXA) ...... OPTALIS SERENITE C...... ITDWR Fonds communs de placements

PHHRDHI IQGIH

´ ´ CM OBLIG. MOYEN TERME . QHSDSI QSDUH PQRDIV IQGIH

VPDHW SQVDRV IQGIH IUPDUV IPGIH PTDQR ´ ´ ´ IHQDUU IPGIH

AGIPI ACTIONS (AXA)...... ECUR. EQUILIBRE C ...... OPTALIS SERENITE D ...... ISDVP POSTE EUROPE C......

IHSWDPR IQGIH

´ CM OBLIG. QUATRE...... ITIDRV QPDQU PIPDQQ IQGIH UWDRR SPIDHW IQGIH SIWDQW IPGIH ECUR. PRUDENCE C...... PACTE SOL. LOGEM...... UWDIV POSTE EUROPE D ......

´ ´ PTTDIP IQGIH RHDSU ` IIRTDIS IQGIH ECUR. VITALITE C...... Fonds communs de placements IURDUQ SQS IPGIH 3615 BNP PACTE VERT T. MONDE...... VIDST POSTE PREMIERE 8 ANS C...

´ ` IISDPS IQGIH ITVDUQ IIHTDVH IQGIH CM OPTION MODERATION . IUDSU POSTE PREMIERE 8 ANS D...

USIDIR IQGIH BNP ACTIONS EURO...... IIRDSI

CRE´DIT AGRICOLE CIC BANQUES LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUE SG ASSET MANAGEMENT IHPWDUP IQGIH BNP ACTIONS FRANCE...... ISTDWV

08 36 68 56 55 (2,23 F/mn) Serveur vocal : IHTDWW UHIDVI IQGIH VRDPH SSPDQP IPGIH PPSDPT IQGIH BNP ACT. MIDCAP EURO..... FRANCIC...... QRDQR ASIE 2000......

´ (2,23 F/mn) PVHDWS IQGIH RPDVQ 08 36 68 36 62

PTPDTS IQGIH RHDHR ´ QPQRDRV PIPITDVH IPGIH PHIDUI IQGIH BNP ACT. MIDCAP FR...... ATOUT AMERIQUE ...... FRANCIC PIERRE...... QHDUS SAINT-HONORE CAPITAL ....

PIDUT IRPDUR IQGIH

IISQDQH IQGIH IUSDVP ´ ´ TSDPR RPUDWS IPGIH IHPUDIH IQGIH ATOUT ASIE...... ´ ISTDSV QPRDWH IQGIH BNP ACTIONS MONDE...... EUROPE REGIONS...... RWDSQ ST-HONORE MAR. EMER. .... CADENCE 1 D......

QRQDRR PPSPDVP IQGIH

IPPWDWP IQGIH IVUDSH ´ IPVDWV VRTDHS IPGIH IHPUDRQ IQGIH BNP ACTIONS PEA EURO..... ATOUT CROISSANCE...... ST-HONORE PACIFIQUE ...... CADENCE 2 D...... ISTDTQ

IWWTDPU IQGIH ´ QHRDQQ IVWDUU IQGIH PVDWQ ´ ´ QHWDPI PHPVDPV IPGIH IHISDVP IQGIH

BNP EP. PATRIMOINE...... ATOUT FONCIER...... CIC PARIS ST-HONORE VIE SANTE ...... CADENCE 3 D...... ISRDVT

IPSRDHT IQGIH

´ IWIDIV PHVDIR IQGIH QIDUQ ATOUT FRANCE EUROPE ..... QQHDTH IQGIH BNP EPARGNE RETRAITE .... INTEROBLIG C ...... SHDRH

QHRDRQ IQGIH ´ RTDRI

ISIPRDPU IPGIH PQHSDTV ATOUT FRANCE MONDE...... ´ SHWDTI IQGIH BNP MONE COURT TERME . UUDTW

IHWVDHU IQGIH

ASSOCIC ...... ITUDRH LEGAL & GENERAL BANK INTERSELECTION FR. D......

IPVSDRV IQGIH

´ IWSDWU SUQIDHQ IPGIH

VUQDTW ATOUT FUTUR C ...... ´ ´ IIVWDSI IQGIH BNP MONETAIRE C...... IVIDQR TPRDQR IQGIH

AURECIC...... WSDIV SELECT DEFENSIF C......

IIWPDHU IQGIH

´ IVIDUQ SPUSDPI IPGIH

VHRDPH ATOUT FUTUR D...... ´ ISTVDSP IQGIH

BNP MONETAIRE D ...... PQWDIP PHVSDWR IQGIH

CAPITAL AVENIR...... QIV ´ SELECT DYNAMIQUE C ......

IWPVDUI IQGIH

´ SECURITAUX ...... PWRDHQ TQWDVW IQGIH

´ WUDSS VQQUP IPGIH

IPUHWDWV ATOUT SELECTION ...... ´ ´ IHUSDUH IQGIH

BNP MONE PLACEMENT C.. ITQDWW

PHVDSQ IQGIH

CICAMONDE...... QIDUW ´ SELECT EQUILIBRE 2......

IQPRDSU IPGIH

STRATEGIE IND. EUROPE .... PHIDWQ

PHUQDWR IQGIH

´ QITDIU UTPHTDUP IPGIH

IITIUDTR COEXIS ...... ´ IHSVDWI IQGIH

BNP MONE PLACEMENT D.. ITIDRQ

RWPDTW IQGIH

CONVERTICIC...... USDII ´ SELECT PEA 3......

PHWQDTP IPGIH

` STRATEGIE RENDEMENT .... QIWDIU PUVIDIQ IQGIH

´ ´ ´ RPQDWV

IITWRDPU IPGIH IUVPDUV DIEZE ...... PVSRDHU IQGIH

BNP MONE SECURITE ...... RQSDIH SPIIDSI IQGIH

EPARCIC ...... UWRDRW SG FRANCE OPPORT. C......

QSQIDVU IQGIH

´ ´ SQVDRQ WRQTIRDPP IPGIH

IRQVSQDHT EURODYN......

PTVQDIQ IQGIH BNP MONE TRESORIE ...... RHWDHR PUTSDRS IQGIH

EUROCIC LEADERS...... RPIDSW Sicav Info Poste : SG FRANCE OPPORT. D ......

IIPDIQ UQSDSP IPGIH

IHVRDQT IQGIH

ITSDQI INDICIA EUROLAND......

QIUWDPW IQGIH BNP OBLIG. CT ...... RVRDTV WSRIDSS IQGIH

MENSUELCIC...... IRSRDTH 08 36 68 50 10 (2,23 F/mn) SOGENFRANCE C......

RHVDRT PTUWDQP IPGIH

PPQDRP IQGIH QRDHT INDICIA FRANCE...... PVURDTH IQGIH

BNP OBLIG. LT...... RQVDPQ RPRVDHR IQGIH TRUDTI SOGENFRANCE D......

OBLICIC MONDIAL...... ´ PSDRS ITTDWR IQGIH

ITIRDTR IQGIH PRTDIS AMPLITUDE AMERIQUE C ...

IISVDHW IQGIH IUTDSS INDOCAM CONVERT. C...... TTSDWQ IQGIH

BNP OBLIG. MONDE...... IHIDSP IIRTDHW IQGIH IURDUP SOGEOBLIG C......

OBLICIC Re´GIONS ...... ´

PSDPQ ITSDSH IQGIH

IRPUDRQ IQGIH PIUDTI AMPLITUDE AMERIQUE D...

WPHDQU IQGIH

IRHDQI INDOCAM CONVERT. D ...... ´ QHP IQGIH

BNP OBLIG. MT C...... RTDHR ISWDTT IQGIH

RENTACIC...... PRDQR SOGEPARGNE D......

QRDWI PPVDWW IQGIH

IITPUDHQ IPGIH IUUPDSQ AMPLITUDE EUROPE C......

VUTDPW IQGIH

IQQDSW INDOCAM EUR. NOUV...... ISWHDUH IQGIH

BNP OBLIG. MT D...... SOGEPEA EUROPE...... PRPDSH PQWUDUP IQGIH

SECURICIC...... QTSDSQ

QRDIH PPQDTV IQGIH

IIUQDQV IQGIH IUVDVV AMPLITUDE EUROPE D ......

IHTWDQR IQGIH

ITQDHP INDOCAM HOR. EUR. C ...... RRRDIS IQGIH

BNP OBLIG. REVENUS ...... SOGINTER C...... TUDUI PITTDVW IQGIH

SECURICIC D ...... QQHDQR

PRPDQI ISVWDRS IQGIH

IHQSDTP IQGIH

ISUDVV AMPLITUDE MONDE C...... IHWSDTR IQGIH

BNP OBLIG. SPREADS...... ITUDHQ INDOCAM HOR. EUR. D...... Fonds communs de placements

PPIDWT IRSSDWT IQGIH WTQDWQ IQGIH

´ IRTDWS AMPLITUDE MONDE D ...... IIVVPDPH IQGIH

IVIIDRQ INDOCAM MULTI OBLIG......

BNP OBLIG. TRESOR...... ´ IHVDHR IPGIH

DECLIC ACTIONS EURO...... ITDRU

PRDIW ISVDTV IQGIH PQSDHW IPGIH

QSDVR AMPLITUDE PACIFIQUE C ...

WHTDHU IQGIH IQVDIQ INDOCAM ORIENT C......

BNP SECT. IMMOBILIER ...... ´ QQTDWH IPGIH

DECLIC ACTIONS FRANC ..... SIDQT

PQDVR ISTDQV IQGIH

PHWDTR IPGIH

INDOCAM ORIENT D ...... QIDWT AMPLITUDE PACIFIQUE D...

THIVDRI IQGIH

LION 20000 C/3 11/06/99 ...... WIUDSH ´ PUPDRP IPGIH

www.cdc-assetmanagement.com ´ DECLIC ACTIONS INTER...... RIDSQ RQDSI PVSDRI IQGIH

IPRUDII IQGIH

INDOCAM UNIJAPON...... IWHDIP ELANCIEL FRANCE D PEA....

SRVWDRR IQGIH

LION 20000 D/3 11/06/99 ...... VQTDVT ´ QSIDRT IPGIH

´ DECLIC BOURSE PEA ...... SQDSV IHUDRV UHSDHP IQGIH PHRIDTH IQGIH

INDOCAM STR. 5-7 C ...... QIIDPR ELANCIEL EURO D PEA......

IHVWDIS IQGIH

SICAV 5000 ...... ITTDHR ´ ´ IHSDRI IPGIH

´ DECLIC BOURSE EQUILIBRE ITDHU QPDQH PIIDVU IQGIH IQWUDQW IQGIH

INDOCAM STR. 5-7 D...... PIQDHQ EMERGENCE E.POST.D PEA.

IWHHDUH IQGIH

SLIVAFRANCE ...... PVWDUT ´ IIQDHW IPGIH

´ DECLIC OBLIG. EUROPE...... IUDPR TWUDRV IQGIH

´ IHTDQQ IHQQPDQU IPGIH

ISUSDIT GEOBILYS C ...... IPRUDUT IPGIH

LIVRET B. INV.D PEA...... IWHDPP MONEDYN ......

PRVDVH IQGIH

SLIVARENTE ...... QUDWQ ´ IQSDQW IPGIH

´ DECLIC PEA EUROPE ...... PHDTR TRVDVU IQGIH ´ WVDWP IPSVQDQS IRGIH

MONE.J C ...... IWIVDQP GEOBILYS D......

IHWWDTS IQGIH

SLIVINTER ...... ITUDTR ´

RRUDTW IPGIH

DECLIC SOGENFR. TEMPO .. TVDPS

IPSDRP IQGIH MULTI-PROMOTEURS ´ IWDIP IITRTDSV IRGIH

MONE.J D...... IUUSDSI INTENSYS C......

RWHUDPV IQGIH

TRILION...... URVDII ......

IUDHS IIIDVR IQGIH SWP IQGIH ´ WHDPS PVHRDHP HRGIH

NORD SUD DEVELOP. C...... RPUDRU OBLIFUTUR C...... INTENSYS D......

......

PPSDST IRUWDSV IQGIH SPTDSR IQGIH ´ VHDPU Fonds communs de placements PQVSDUV HRGIH

NORD SUD DEVELOP. D ...... QTQDUI OBLIFUTUR D ...... KALEı¨S DYNAMISME C......

...... IWTDTW IPWHDPH IQGIH PPPDQW IRSVDUV IQGIH IRIPDTU IQGIH ORACTION ...... PISDQT ACTILION DYNAMIQUE C * . KALEIS DYNAMISME D ......

Sicav en ligne : ´ IWQDST IPTWDTU IQGIH IWRDWP IPUVDSW IQGIH IIQRDPV IQGIH REVENU-VERT ...... IUPDWP ACTILION DYNAMIQUE D *. KALEı¨SEQUILIBRE C......

08 36 68 09 00 (2,23 F/mn) ´ ´ IIWHDPQ IQGIH IWIDVW IPSVDUP IQGIH ´ ´ IVIDRS IPHDUH IPGIH SEVEA ...... IVDRH ACTILION EQUILIBRE C * .... KALEIS EQUILIBRE D ...... LE´GENDE

´ ´ ´ ´ IITUDRI IQGIH ´ ´ IUUDWU TTDRP RQSDTW IQGIH IVHDSW IIVRDSW IQGIH IWWPRDPQ IQGIH ECUR. ACT. FUT.D PEA ...... SYNTHESIS...... QHQUDRQ ACTILION EQUILIBRE D *.... KALEı¨SSERENITE C...... e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99.

´ ´ ´ ´ ´ IIQDIS IQGIH SUDPQ QUSDRH IQGIH ITWDVW IIIRDRI IQGIH IUUDIQ IITIDWH IQGIH ECUR. ACTIONS EUROP. C... IUDPS UNIVERS ACTIONS...... ACTILION PEA EQUILIBRE * KALEIS SERENITE D...... LeMonde Job: WMQ1510--0026-0 WAS LMQ1510-26 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0437 Lcp: 700 CMYK

26 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999

SPORTS Après le coup de colère de Fidji avec l’obligation de s’imposer hiler les attaques fidjiennes. b L’AN- pour éviter une élimination prématu- son manager, Jo Maso, l’équipe de pour terminer en tête du groupe C et GLETERRE (groupe B) joue son avenir rée. b LES AUTRES RENCONTRES du France de rugby s’apprête à disputer, se qualifier directement pour les quarts sur la pelouse de Twickenham devant vendredi opposeront l’Afrique du Sud samedi 16 octobre, à Toulouse, le der- de finale. b ÉMILE NTAMACK sera titu- les rugueux Tongiens, vendredi 15 oc- à l’Uruguay (poule A) et l’Irlande à la nier de ses matches de poule face aux larisé au cœur de la défense pour anni- tobre. Le XV de la Rose doit s’imposer Roumanie (poule E). Après les éclats de voix, le XV de France est en quête d’affection Les Bleus ne sont pas restés insensibles aux critiques publiques de leur manager, Jo Maso. Ils entendent répondre sur le terrain face aux Fidjiens, samedi 16 octobre, et reconquérir le cœur des supporteurs TOULOUSE facilité, ça m’agace. » Tancés en pu- sur les quais parisiens, lazzis dans de notre envoyé spécial blic le samedi, réprimandés en petit les travées bordelaises, remon- Le premier ministre au dîner, puis comité le lundi suivant, dans l’inti- trances publiques, cela commence à le dernier épisode de La Guerre des mité de leur hôtel du golf de Seilh, faire beaucoup de remontées de étoiles. Lionel Jospin puis La Me- quelques joueurs se sont offusqués bretelles. nace fantôme. Pour les trente de la méthode, sur le thème « Arrê- Si les Bleus de Jean-Claude Skrela joueurs du groupe France, la soirée tez de nous considérer comme des font bonne figure sur les relevés du 13 octobre hésitait entre sérieux enfants qu’il faut gronder après une Audimat de la première chaîne, ils et détente, entre représentation of- bêtise ». perdent du terrain jusque sur leurs ficielle et décontraction. Un pro- « Le lendemain, j’ai croisé des vi- propres bases. A Toulouse, capitale gramme en phase avec leurs habi- sages qui souriaient moins », raconte du rugby français, on croise parfois tudes démontrées en match ou à Raphaël Ibanez. D’autres ont ap- des fans des All Blacks, parés du l’entraînement, depuis le début de précié le coup de sang du patron : maillot noir à la fougère argentée. la coupe du monde. Les Bleus « On en avait besoin », « Ça ne peut Des maillots bleus ornés du coq, ja- « marchent à l’alternatif », re- pas faire de mal ». Quelques-uns mais. Mardi 12 octobre, à Blagnac, connaît leur capitaine, Raphaël Iba- ont feint l’indifférence : « Ce n’est dans la proche banlieue de Tou- nez. « Ils ont besoin de se changer les pas la première fois qu’on se fait re- louse, ils n’étaient pas cinquante à idées », convient Jo Maso. Quatre monter les bretelles à propos de la vie s’installer dans les tribunes pour as- jours après son coup de colère inat- de groupe, mais c’est avant tout un sister à une séance d’entraînement tendu, consécutif au mauvais problème de terrain qu’il faut ré- des Français. Si ces spectateurs match de ses protégés face à la Na- gler. » Certes. avertis ont lâché quelques timides mibie (Le Monde du 12 octobre), le soupirs de lassitude sur des actions manager de l’équipe de France a re- « RIGUEUR, RIGUEUR, RIGUEUR » manquées, ils n’ont pas hésité à trouvé son ton patelin, sa voix et Mercredi 13 octobre, au moment s’enthousiasmer par la ténacité et son regard chaleureux. Jo Maso d’annoncer la composition de par l’engagement des vingt-huit aime ses joueurs, il l’a répété à de l’équipe qui débutera contre les hommes (manquaient Thomas Liè- nombreuses reprises, à tous ceux Fidji, samedi 16 octobre à Toulouse, vremont, victime d’une déchirure

que sa sortie a irrité, et en parti- le manager français a assuré qu’il FRAPPAT SYLVAIN musculaire, et Stéphane Glas, insuf- culier au troisième-ligne Marc Liè- « ne regrette rien ». Il ne retirera pas Séance d’entraînement « à l’ascenseur » pour soulever les sauteurs en touche fisamment remis d’une béquille re- vremont, qu’il avait oublié de citer un seul de ses propos – « Rigueur, du XV de France, mardi 12 octobre à Blagnac. çue contre la Namibie) habillés d’un dans sa liste des plus méritants. rigueur, rigueur ». Jo Maso, calme épais tablier de protection, un bleu Par ce coup de gueule tonique, Jo parmi les calmes, a fait ce geste toucher du doigt que ce n’était pas Jo tobre, sont venus s’ajouter à la virait pas les foules. Il remplissait de travail comme pour aller à l’éta- Maso avait surpris tout son monde, « par conviction, par impulsion. » Il a Maso qui était en colère, mais aussi longue série des retrouvailles man- les stades, certes, mais pas les bli. joueurs et observateurs. Une telle porté. « Je suis satisfait, insiste-t-il. Il nos supporteurs, tous les gens qui quées entre ce XV de France et son cœurs. A leur retour de Londres, où Depuis le coup de gueule de remontrance publique est une rare- fallait remettre l’équipe sur les rails nous aiment. » public exigeant, irritable, de moins ils venaient d’enlever brillamment l’oncle Jo (Maso), le XV de France té dans le monde ouaté du sport de la préparation mentale et phy- Jo Maso a raison : le XV de France en moins disposé à pardonner les leur quatrième levée dans le Tour- travaille. Sérieusement. Sans éclats professionnel. « Je voulais leur faire sique de l’excellence qu’il faudra est en manque d’affection. Auprès faux pas d’une sélection nationale noi des cinq nations, il n’y avait per- de voix ni éclats de joie. Avec raison savoir que tout le monde savait, sou- avoir pour jouer les Fidjiens. Il était des joueurs, les remontrances du qu’il aimerait chérir. Même au faîte sonne, ce matin d’avril 1998, pour et sans passion. « Je n’arrive pas à ligne le manager courroucé. Je sen- évident qu’il fallait que les joueurs se public passent encore moins bien de sa gloire, en avril 1998, après un accueillir les héros à la gare du comprendre pourquoi nous sommes tais qu’ils étaient loin de l’état d’es- reconcentrent en vue de ce match. Ils que celles du manager. Les sifflets historique deuxième grand chelem Nord et saluer leur éclatant succès aussi tristes sur le terrain », confiait prit d’une Coupe du monde. Laxisme, sont vexés parce que je leur ai fait entendus à Bordeaux, samedi 9 oc- consécutif, ce XV de France ne cha- sur « les British ». Absences cruelles Stéphane Glas peu avant d’ap- prendre qu’il serait contraint de dé- clarer forfait pour le match contre TROIS QUESTIONS À... L’apparition de gabarits de plus s’apercevoir que, contre le Cana- La composition de l’équipe de France les Fidji. Le départ sur blessure de en plus costauds a modifié le vi- da, le meilleur Français avait été Thomas Castaignède n’a rien arran- PHILIPPE SAINT-ANDRÉ sage du rugby. Le phénomène Abdelatif Benazzi, qui n’est pas le Voici la composition de toulousain) ; 6. Marc gé au problème d’image, trop lisse, existait déjà en 1995, mais il s’est meilleur technicien mais qui est un l’équipe de France qui Livremont (Stade français) ; trop terne, qui colle à ce groupe de En tant qu’ancien capitaine de amplifié. En fait, la force s’est dé- joueur très résistant au plaquage. affrontera les îles Fidji, 7. Christophe Juillet (Stade jeunes joueurs guère canailles. Le 1 l’équipe de France, aujourd’hui placée. Avant, les joueurs les plus Là se situe le problème de cette samedi 16 octobre, à Toulouse français) ; 8. Olivier Magne désir de jeu et le goût du panache entraîneur-joueur du club anglais solides étaient devant. Mainte- équipe de France : il faut arriver à ( TF 1, 14 heures)sous la (Montferrand). démontrés par l’ouvreur de Castres de Gloucester, quel regard portez- nant, ils sont au centre et sur les trouver une balance entre des direction de l’arbitre b Arrières : 9. Pierre Mignoni en avaient fait « le sourire » du XV vous sur la Coupe du monde, vous ailes. Dans les meilleures équipes, créateurs, des finisseurs et des dé- néo-zélandais Paddy O’Brien. (Toulon) ; 10. Christophe de France, « l’emblème » d’une gé- qui avez disputé les deux précé- les deuxièmes et troisièmes-lignes ménageurs de piano. On l’a encore b Avants : 1. Christian Lamaison (Brive) ; 11. Philippe nération. Il est parti sans se retour- dentes éditions ? sont devenus des coureurs. On vu contre la Namibie : il nous Califano (Stade toulousain) ; Bernat-Salles (Biarritz) ; ner, sans un sourire, fût-il de tris- Nous avons eu droit à des mat- constate aussi, grâce à l’adoption manque des joueurs capables de 2. Raphaël Ibanez (cap.) 12. Richard Dourthe (Dax) ; tesse. Il s’est retiré l’âme en peine, ches de haut niveau depuis le dé- de nouvelles règles – comme la faire le sale travail. (Perpignan) ; 3. Franck 13. Emile Ntamack (Stade tout comme ses partenaires après le but, comme Ecosse-Afrique du Sud. possibilité de faire l’ascenseur en Tournaire (Stade toulousain) ; toulousain) ; 14. Christophe coup d’éclat du manager en colère. La première mi-temps de Tonga- touche ou l’interdiction de batail- Propos recueillis par 4. Abdelatif Benazzi (Agen) ; Dominici (Stade français) ; Nouvelle-Zélande m’a également ler les ballons au sol – qu’il n’y a Frédéric Potet 5. Fabien Pelous (Stade 15. Ugo Mola (Castres). Eric Collier marqué, car elle a été d’une vio- plus d’intérêt à chercher une lence assez rare. Je retiendrai aussi touche et qu’il vaut mieux garder la victoire des Samoa face au Japon. le ballon sur le terrain, ce qui en- Je regrette seulement que cette traîne des temps de jeu plus impor- Les encouragements du premier ministre Coupe du monde se déroule sur tants. Il s’agit d’un rugby qui res- plusieurs territoires. La compétition semble beaucoup au rugby à XIII, TOULOUSE confiance », a observé M. Jospin n’a pas le même impact qu’en 1995, avec un premier rideau défensif de nos envoyés spéciaux avant de s’excuser de ne pouvoir où les matches s’étaient joués dans énorme. C’est un peu la fin du ro- Aucun détail n’a été négligé. assister, samedi 16, au match un seul pays, l’Afrique du Sud. La mantisme et des passes sur les ailes Un premier ministre en costume France-Fidji. « Je serai dans un France devrait se porter candidate en première intention. strict a quitté, mercredi 13 octo- pays beaucoup plus froid », a-t-il pour organiser, seule, la Coupe du bre en fin d’après-midi, l’atmo- indiqué. monde dans huit ans. Grâce au Où situez-vous le jeu de sphère glaciale et compassée du Le programme du sommet eu- Mondial de football, elle possède 3 l’équipe de France dans la mu- nouveau conseil général de ropéen de Tempere, en Fin- les structures et les stades pour réa- tation que vit le rugby ? Haute-Garonne, où il était venu lande, prive en effet le président liser une grande manifestation. On peut parfaitement continuer s’exprimer devant l’Association de la République et le premier le romantisme. Le problème est des départements de France, qui ministre du match à Toulouse, Sur le plan du jeu, quelles évolu- que, dans ce rugby-là, il faut aussi tenait congrès. Un Lionel Jospin où ils avaient envisagé de venir, 2 tions constatez-vous par rap- des joueurs qui soient capables de sans cravate, col de chemise dé- chacun de son côté. Mais port à la dernière Coupe du monde ? rentrer dans les murs. On a pu boutonné et veste ouverte est Jacques Chirac et Lionel Jospin arrivé, quelques instants plus ont tous deux retenu, sur leur tard, à l’hôtel où séjourne agenda, la date du 24 octobre l’équipe de France de rugby pour aller soutenir le XV de pour partager son dîner. France à Dublin, s’il est qualifié Aux poignées de main polies pour les quarts de finale, et le avec les élus locaux ont succédé, suivre au-delà en cas de victoire. devant les caméras, accolades, C’est « un soutien inestimable », plaisanteries et sourires avec les a dit gentiment le rugbyman Ab- joueurs, en compagnie du mi- delatif Benazzi, en commentant nistre de l’agriculture, Jean Gla- la sollicitude dans l’épreuve vany, lui-même ancien rugby- dont témoignent à leur égard le man. « L’équipe de France est en chef de l’Etat et le premier mi- retrait de ce qu’elle devrait être. nistre. Elle doit retrouver son potentiel de croissance, et, comme en Pascale Robert-Diard économie, c’est un problème de et Jean-Paul Besset LeMonde Job: WMQ1510--0027-0 WAS LMQ1510-27 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0438 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 27 Face aux Tonga, l’équipe d’Angleterre Roger Lemerre reste le patron des Bleus joue son avenir à pile ou face « POUR MOI, L’AFFAIRE LEMERRE EST CLOSE. » Au micro de France Inter, Claude Simonet, le président de la Fédération française de foot- ball (FFF), a assuré, mercredi 13 octobre, que le sélectionneur de l’équipe de France de football lui avait « confirmé qu’il restait en Le XV de la Rose doit s’imposer pour éviter l’élimination poste ». « Je l’ai rencontré ce matin, a précisé Claude Simonet, il m’a as- suré qu’il irait jusqu’au bout de son contrat et qu’il entendait faire le Le sélectionneur de l’Angleterre, , Zélande, le 9 octobre. Il attend une réaction et une Rose se présentera avec six nouveaux joueurs maximum pour que nous soyons, si possible, sur le haut du podium à a placé ses joueurs en face de leurs responsabilités victoire probante face aux Tongiens sur la pelouse pour l’emporter, ce qui lui permettrait de disputer l’Euro 2000. » Roger Lemerre aurait donc, semble-t-il, sinon balayé les après la défaite (16-30) subie devant la Nouvelle- de Twickenham, vendredi 15 octobre. Le XV de la les barrages face au vainqueur de France-Fidji. doutes qui l’avaient taraudé au lendemain de la victoire sur l’Islande et de la qualification pour l’Euro 2000, du moins recouvré une certaine LONDRES match qui fut un gros match. » Le puter depuis longtemps. Il n’y aura montré fatigué, samedi. » Pour af- assurance (Le Monde du 12 octobre). « Ai-je la force de continuer ? Ai-je de notre envoyé spécial coach anglais a tiré les leçons des pas de rattrapage. » Alors, il ne fronter les Tonga, Woodward lui la dimension ? Je n’en sais encore rien. Ne me demandez pas si je serais « La poule de la mort. » En bapti- insuffisances de son équipe : « Nous prendra aucun risque. « Je n’ai pas le préfère Paul Grayson mais lui mé- toujours sélectionneur d’ici au 13 novembre », avait lancé l’intéressé, di- sant ainsi le groupe B qui dispute en avons analysé ensemble à la vidéo les choix », dit-il. Les Anglais devront li- nage une place sur le banc des rem- manche 10 octobre, provoquant aussitôt des supputations sur son Angleterre la première phase de 20 premières minutes de notre match. vrer un match difficile face à ses ad- plaçants. Enfin, quoique brocardé possible départ. Roger Lemerre va pouvoir assurer la préparation des cette quatrième Coupe du monde Tout le monde a constaté les défauts versaires tongiens dont ils pour une prestation jugée plutôt Bleus à l’Euro 2000 avec vraisemblablement un stage à Casablanca de rugby, les observateurs ne de notre jeu. Il y avait de quoi se connaissent la rugosité en défense. faible, , le trois- (Maroc) du 4 au 6 juin 2000. croyaient sûrement pas si bien dire. mettre en colère contre nous-mêmes. A l’heure de leur haka, les « Aigles » quarts centre emblématique du XV Vendredi 15 octobre, le XV anglais A aucun moment nous n’avons fait des îles du Pacifique fouleront le ga- de la Rose aux 64 sélections ne doit DÉPÊCHES joue à Twickenham un match cou- preuve d’intelligence dans nos zon avec la même rage qui leur son salut qu’à la blessure de Phil de a FOOTBALL : le tirage au sort des barrages qualificatifs pour la peret contre les Tonga. Comme le choix. » avait permis de battre le XV de Glanville, auteur de l’unique essai phase finale du championnat d’Europe 2000, effectué mercredi 13 oc- souligne Clive Woodward, son en- France en juin (20-16) ou de bous- anglais face aux Blacks. tobre à Aix-la-Chapelle (Allemagne), a réservé un choc entre l’Ecosse traîneur, « ça passe ou ça casse ! » « JE N’AI PAS LE CHOIX » culer pendant près d’une heure les Mais la question qui hante désor- et l’Angleterre. Les trois autres rencontres opposeront Israël au Dane- Après la défaite (16-30) subie par Et Woodward d’ajouter à l’atten- All Blacks, dimanche 3 octobre à mais Albion demeure : l’Angleterre mark, l’Eire à la Turquie et la Slovénie à l’Ukraine. Les matches aller se les hommes de Martin Johnson, sa- tion des éventuels étourdis : « J’ai Bristol. peut-elle encore gagner la Coupe du disputeront les 13 et 14 novembre, les matches retour le 17 novembre. medi 9 octobre, face aux All Blacks, dit aux joueurs que s’ils rejouaient Pour endiguer cette ferveur, monde ? Dans son édition de lundi, a L’équipe de France espoirs rencontrera en huitièmes de finale du et après la victoire (28-25) empo- comme cela, je ne leur adresserais Woodward aligne une formation le Times posait clairement le pro- championnat d’Europe des nations l’Italie, avec l’avantage de se dé- chée, dimanche 10 octobre, à Leices- plus jamais la parole. » Il a fustigé « débarrassée » de six éléments ti- blème : « Si elle y parvient dans ce placer d’abord le 13 ou 14 novembre. Le match retour a été fixé au ter par les Tongiens face aux Ita- les défaillances de son équipe et dé- tulaires face aux Blacks, dont trois contexte [éliminer l’Afrique du Sud 17 novembre. liens, l’alternative est simple : le signé les « coupables ». « Quand pour blessures – le troisième ligne puis l’Australie, et vaincre les All a AUTOMOBILISME : le Finlandais Tomi Makinen (Mitsubishi vainqueur du match de vendredi vous avez tant de ballons, vous devez , remplacé par un nouvel Blacks en finale], ce sera l’un des Lancer) a gagné, mercredi 13 octobre, le Rallye de San Remo, dou- gagne son billet pour le barrage qui gagner le match », a-t-il rappelé en arrivant, Joe Worley, qui fêtera sa plus importants exploits de l’histoire zième des quatorze manches du championnat du monde. Il devance aura lieu à Twickenham mercredi songeant à sa ligne d’attaque. Et de première cape, le deuxième ligne du sport. » de 18 secondes le Français Gilles Panizzi (Peugeot 206 WRC) et 20 octobre contre la France ou les dénoncer les gaspillages de « bons et le centre Phil conforte sa première place au classement mondial des conducteurs. Fidji alors que le vaincu rentre à la ballons » offensifs sacrifiés en d’inu- de Glanville –, et trois autres laissés Yves Bordenave a CYCLISME : le procureur de la République de Trente, Bruni Giar- maison. tiles coups de pied, de pointer les au repos – les premières lignes Ja- dina, a annoncé, mercredi 13 octobre, que l’échantillon sanguin ayant Aussi Clive Woodward ne verse faiblesses en défense. son Leonard et , et a Canal Plus a modifié sa grille des valu à l’Italien Marco Pantani son exclusion du Giro, le 5 juin, alors pas dans le sentiment. « Nous avons Woodward sait qu’il est au pied l’ouvreur . programmes pour diffuser en léger qu’il était en tête du classement général, sera de nouveau analysé par été très déçus de notre résultat face à du mur et qu’un nouvel échec de « Une grosse pression a pesé toute différé la rencontre Angleterre-Ton- des laboratoires à Gênes et à Parme. Les experts utiliseront des tests la Nouvelle-Zélande », a-t-il répété. son équipe ne lui serait pas pardon- la semaine dernière sur les épaules de ga sur la chaîne numérique Canal ADN pour vérifier que l’échantillon appartient bien à Pantani et cher- « Durant 24 heures on n’a rien fait ; né. « Ce match contre les Tonga est le Jonny », a précisé Woodward. «Je Plus vert, vendredi 15 octobre, à cher s’il y a ou non des substances interdites. Le vainqueur du Tour de nous avons seulement récupéré de ce plus important que nous ayons à dis- lui conserve ma confiance mais il s’est partir de 18 h 20. France 1998, qui a toujours fermement nié s’être dopé, avait émis des doutes sur l’origine de l’échantillon sanguin en question.

Les Samoa ne veulent plus seulement servir de vivier au rugby mondial a LOTO : Résultats des tirages n° 82 effectués mercredi 13 octobre. Premier tirage : 9, 10, 12, 17, 26, 30, numéro complémentaire : 23. Rap- SWANSEA (pays de Galles), l’Union du rugby de Samoa, Tuiatua une authentique Galloise, n’a pas tri- vie, fêtent leurs soixante-dix ans de ports pour 6 numéros : 4 357 875 F, 664 353 ¤ ; pour 5 numéros et le de notre envoyée spéciale Tuona Tamasese. Ce dernier, haute plé ses prix pour l’occasion, contrai- rugby, retracés dans un livre qui sort complémentaire : 24 740 F, 3 771 ¤ ; pour 5 numéros : 3 110 F, 474,16 ¤ ; Tout au long de la baie, l’herbe stature et chevelure blanche, est le rement à de nombreux établisse- ces jours-ci, produit par un jeune pour 4 numéros et le complémentaire : 166 F, 25,30 ¤ ; pour 4 numéros : grasse luit au soleil et le ministre des leader de l’opposition gouverne- ments à Cardiff. « Pour 20 livres par Néo-Zélandais avec l’aide de l’Unes- 83 F, 12,65 ¤ ; pour 3 numéros et le complémentaire : 20 F, 3,04 ¤ ; pour 3 sports de Samoa, Leotu Lu, fait son mentale, « couleur travailliste, comme jour [200 francs], on respire et on co. Aux dernières nouvelles, le stade numéros : 10 F, 1,52 ¤. footing, short et sweat blancs à Westminster ». chante l’air du pays », raconte Eroni, de Cardiff affiche plus que complet Second tirage : 2, 26, 32, 35, 36, 44, numéro complémentaire : 15. Rap- comme les façades des jolies de- levant sa pinte de bière à une future pour la rencontre avec Samoa, alors ports pour 6 numéros : 31 139 545 F, 4 747 193 ¤ ; pour 5 numéros et le meures victoriennes. Moustache « LA BATAILLE VA ÊTRE SANGLANTE » victoire. « Avez-vous rencontré Peter, qu’il solde déjà les tickets pour le complémentaire : 82 640 F, 12 598 ¤ ; pour 5 numéros : 7 930 F, 1 208 ¤ ; drue, il est le principal supporteur de Il est venu avec sa femme, profes- le coach génial qui nous amena au match suivant, Argentine-Japon. pour 4 numéros et le complémentaire : 362 F, 55,18 ¤ ; 4 numéros : 181 F, l’équipe nationale, qui devait affron- seur d’anglais. Il a l’accent chantant, succès en 1991 ? C’est le manager, 27,59 ¤ ; 3 numéros et le complémentaire : 34 F, 5,18 ¤ ; 3 numéros : 17 F, ter, jeudi 14 octobre, les Gallois à qui mouille les « r » comme des maintenant. » Danielle Rouard 2,59 ¤. Cardiff. « Je les accompagne pour « l ». « Notre problème reste, comme Peter Schuster, au corps puissant promouvoir le sport samoan, avec pour Tonga et Fidji, d’avoir un droit et râblé, jouait arrière, avant de de- mon collègue de l’éducation, Fiomai de vote et un meilleur accès aux re- venir entraîneur. Catholique prati- Naomi. Nos ressources sont très limi- cettes dans les instances internatio- quant, il n’a jamais quitté Samoa, où tées, nous mettons tout dans le sport nales. Sinon, nous sommes condam- il tient le commerce de navigation pour notre jeunesse. » nés à servir de vivier au rugby hérité de son grand-père. De ce der- De source ministérielle, « Manu mondial. » Tuiatua Tuona croise et nier, il a aussi repris le titre de Samoa est le nom de l’équipe depuis décroise ses longues jambes, sa fier- « Sua », chef traditionnel, car lui- 1997, qui a remplacé la bannière des té visiblement écornée. Il sait que même a été choisi par les membres Samoa occidentales ». Ce choix « plus dure sera la chute » si Samoa, de sa tribu, composée d’une cen- prend valeur de symbole, quand on actuellement deuxième de son taine de personnes. Il évoque les en- sait que « Manu » est le nom et d’un groupe, déçoit dans cette Coupe du fants s’initiant au rugby jour après oiseau et du guerrier qui mène la monde, alors qu’elle créa la surprise jour sur les plages de Samoa, danse traditionnelle. Un an aupara- en 1991, en arrivant sans crier gare comme lui. « Le fruit de la fleur Uru- vant, l’équipe s’était dotée d’un en quart de finale. fume, qui ressemble à une patate, sponsoring efficace à travers « La bataille va être sanglante. Nos mais en plus gros et plus goûteux, nous l’homme d’affaires néo-zélandais Sir adversaires gallois ont une revanche à servait de ballon. Pour le garder, on se Michael Fay, qui a signé un contrat prendre. On les avait battus chez eux jetait dans les vagues, on plongeait, avec Adidas, entre autres parte- lors de la Coupe du monde 1991 », pour revenir et reprendre le jeu sur le naires. Ce dernier vient d’arriver à précise Eroni, un autre supporteur sable. » Swansea pour soutenir ses poulains. arrivé de Londres, où il a émigré. Peter Schuster joue des mains, Monsieur le ministre esquive ces Son association, qui réunit des Sa- prêt à bondir. Mais il retrouve sa ré- questions commerciales : « Vu mon moans de la capitale britannique, a serve pour parler d’histoire. Les îles rang, je ne m’en occupe pas. » Et de joyeusement envahi un « bed and de Samoa, où le romancier Robert passer le relais au président de breakfast » de Swansea. La patronne, L. Stevenson se retira à la fin de sa Auxerre s’installe en tête du championnat de football AU JEU des chaises musicales, invaincu au stade de la Meinau, l’avènement des Auxerrois peut c’est l’AJ Auxerre qui s’est distin- l’équipe bourguignonne s’est em- surprendre, rappelons tout de gué lors de cette dixième journée parée de la première place du clas- même que le club compte parmi de championnat. En s’imposant sement. C’est le cinquième leader les plus riches du pays comme le (3-1), mercredi 13 octobre, sur le depuis le début d’une compétition confirme la présence dans l’effectif terrain de Strasbourg, jusque-là qui s’annonce très ouverte. Si de deux champions de monde, Bernard Diomède et Stéphane Le championnat de France de football de D1 Guivarc’h. L’AJA, qui a bien ex- ploité un calendrier favorable, de- e 10 JOURNÉE CLASSEMENT vance la « bande des quatre » avec Lyon-Nantes 2-0 dans l’ordre d’apparition Lyon, Points J G N P Diff. Chgts Séries avec deux longueurs de retard, Paris-SG-Marseille 0-2 1 Auxerre 20 10 62 2+ 4 2 NGPGG Monaco, Marseille et ParisSG, dis- Bordeaux-Monaco 3-2 2 Lyon 18 10 53 2+ 5 3 NGNPG tancés de trois points. Montpellier-St-Étienne 0-1 3 Monaco 17 10 52 3+ 9 2 PNGGP Le match au sommet entre Bor- Rennes-Sedan 5-0 4 Marseille 17 10 45 1+ 5 2 PGGNG delais et Monégasques a tourné à Troyes-Le Havre 3-1 5 Paris-SG 17 10 52 3+ 3 3 GNPGP l’avantage (3-2) des champions de 6 Sedan 10 2 GGNGP Bastia-Lens 2-0 16 51 4 Ð 2 France qui ont confirmé leur re- 7 Bordeaux 15 10 43 3+ 3 1 PPGNG nouveau grâce à un doublé de Li- Metz-Nancy 2-2 8 Saint-Étienne 13 10 34 3 0 5 NPGNG lian Laslandes et un but de Sylvain Strasbourg-Auxerre 1-3 9 Bastia 13 10 34 3Ð 1 5 NPNNG Wiltord. La réplique de Marco Si- 3 mone (deux buts) s’est révélée in- LES CARTONS 10 Strasbourg 13 10 34 3 Ð 2 NNNNP RougesJaunes 11 Metz 12 10 26 2 + 2 1 NNGNN suffisante pour l’AS Monaco, af- 12 Nantes 12 10 40 6Ð 1 3 PGPPP faiblie par l’absence de plusieurs titulaires suspendus parmi les- 1 Nantes 0 15 13 Troyes 12 10 40 6Ð 5 3 GPGPG quels l’attaquant international Da- 2 Bastia 0 23 14 Nancy 11 10 32 5 0 2 NPPGN vid Trezeguet. Le Stade rennais 3 Montpellier 0 25 15 Rennes 11 10 32 5Ð 3 3 NNNPG 16 Montpellier 11 10 32 5Ð 4 5 GGNPP s’est réconcilié avec son public en 16 Auxerre 3 19 réalisant le carton de la soirée 17 Le Havre 10 10 24 4Ð 5 2 NNNGP 17 Le Havre 3 21 (5-0) face au promu Sedan, qui 18 Paris-SG 3 23 18 Lens 8 10 22 6Ð 8 1 PNPPP restait sur cinq parties sans revers. LES ATTAQUES 1 Monaco 21 buts ¥ 2 Bordeaux 18 buts • 3 St-Étienne 17 buts. L’AS Saint-Etienne a confirmé son habileté sur terrain adverse en LES DÉFENSES 1 Lyon 7 buts ¥ 3 Marseille et Metz 9 buts. l’emportant (1-0) à Montpellier. Le LES BUTEURS 1 Trezeguet (Monaco) 9 buts • 2 Guivarc'h (Auxerre) Brésilien Alex, qui a scoré grâce à et Laslandes (Bordeaux) 7 buts. un exploit personnel, poursuit 11e JOURNÉE : vendredi 15 octobre : Marseille-Lyon; samedi 16 octobre : Nantes-Bordeaux, donc sa série d’un but par match Auxerre-Bastia, Nancy-Paris-SG, Monaco-Strasbourg, St-Étienne-Troyes, Le Havre-Rennes, débutée à l’occasion de la sixième Lens-Montpellier; dimanche 17 octobre : Sedan-Metz. journée. LeMonde Job: WMQ1510--0028-0 WAS LMQ1510-28 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 09:22 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0439 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 AUJOURD’HUI-SCIENCES Des chercheurs étudient les goûts des cerfs et des chevreuils pour protéger la forêt La démographie galopante des grands ongulés inquiète les forestiers et les agriculteurs En expansion continue en France depuis une aux récoltes. Des chercheurs étudient de nou- vestre. Ils conseillent aux sylviculteurs de tenir trentaine d’années, les hardes de chevreuils et velles méthodes pour assurer un meilleur équi- compte de la préférence marquée des cervidés de cerfs causent de sévères dégâts aux forêts et libre entre la faune sauvage et l’habitat syl- pour les jeunes arbres cultivés en pépinières.

NOGENT-SUR-VERNISSON (Loiret) de notre envoyé spécial Taches rousses au milieu d’un champ de vesces, les deux faons se délectent des tendres pousses. Le bruit du 4 × 4 s’approchant sur un chemin de terre leur fait dresser la tête. Inquiets, ils tendent le mu- seau vers leur mère, demeurée en retrait près d’une haie d’aubépines. La chevrette donne le signal de la fuite : en quelques bonds gracieux, le trio trouve refuge sous le cou- vert d’une futaie de chênes. « C’est au lever et au coucher du jour, lorsqu’ils se rendent au ga- gnage – c’est-à-dire dans leurs aires de nourriture –, qu’il est le plus fa- cile d’observer les chevreuils. Mais ils sont nombreux dans ces bois : au moins 25 têtes aux 100 hectares », indique Michel Denis, responsable de l’unité « écosystèmes fores- tiers » du Cemagref (Institut de re- cherche pour l’ingénierie de l’agri- culture et de l’environnement), à Nogent-sur-Vernisson (Loiret). Il y étudie, près de la forêt d’Orléans, la cohabitation entre les peuple- ments végétaux et les populations de cervidés. Une cohabitation de plus en plus problématique. « Regardez ce baliveau, montre CEMAGREF/DELION D. Michel Denis, en saisissant la tige Les cervidés peuvent causer à la forêt de sévères dommages. Pour marquer son territoire, d’un jeune chêne. Toutes ses le chevreuil a coutume de frotter ses andouillers contre les jeunes arbres, pousses ont été mangées. Et là, cette provoquant leur dépérissement. Le cerf, lui, les dépouille de leur écorce. branche de coudrier à l’écorce arra- chée : un brocard s’y est fait les mer- pour analyser le déterminisme des cherche sur les grands mammifères fournissent que des indications rains », poursuit-il en désignant un choix alimentaires du chevreuil. de l’INRA, à Toulouse. partielles. D’autant que, si l’instinct noisetier dont les rameaux ont été Une série de tests comparatifs a Une première parade aux dom- territorial du chevreuil, qui pousse mis à nu, à force d’avoir été raclés été réalisée sur un échantillon mages causés par les cervidés ses congénères à se partager l’es- par les bois d’un mâle adulte. d’une douzaine d’animaux élevés consiste donc, pour les sylvi- pace disponible, permet de lui ap- en semi-liberté, auxquels ont été culteurs, à privilégier la régénéra- pliquer des techniques statistiques APPÉTENCE POUR LES FEUILLUS proposées différentes essences fo- tion naturelle des taillis par rap- d’échantillonnage, il n’en va pas de Les dégâts causés par les cervi- restières. port à la plantation d’arbres issus même pour le cerf, au comporte- dés peuvent être sévères. Che- Ces expériences gustatives ont de pépinières. Mais les chercheurs ment grégaire. Les études vreuils et cerfs raffolent des jeunes montré une nette préférence pour développent une approche plus s’orientent donc vers la mise au pousses, qu’ils consomment sans point de méthodes indiciaires des- modération : « Le chevreuil est plu- tinées non pas à quantifier les ani- tôt un cueilleur. Après son passage, il Jusqu’aux portes des grandes agglomérations maux, mais à apprécier l’évolution peut rester suffisamment de pousses conjointe des groupes de cervidés pour assurer la régénération des Les populations de cervidés se sont considérablement dévelop- et de leur environnement. plants. Mais le cerf est capable de pées en France depuis une trentaine d’années, à la faveur de l’ins- raser une parcelle de taillis. » Pour tauration du plan de chasse (introduit en 1963 et généralisé en 1979) SUIVI DES POPULATIONS marquer son territoire de son réglementant les prélèvements de grand gibier, ainsi que de la dé- Le Cemagref, l’INRA, le labora- odeur, le chevreuil a en outre cou- prise agricole. Le nombre de chevreuils est aujourd’hui estimé à toire de biométrie de l’université tume de frotter ses andouillers près de 1,5 million, et celui des cerfs élaphes à environ 80 000. de Lyon-I et l’Office national de la contre les jeunes arbres, provo- Les premiers, naguère cantonnés dans les zones boisées, occupent chasse ont ainsi développé une quant leur dépérissement. Le cerf, désormais tous les milieux, en plaine, jusqu’aux portes de grandes méthode originale de suivi des po- lui, les dépouille de leur écorce. agglomérations comme à Lyon, par exemple, ou en montagne, au- pulations et de leurs interactions Ces ravages ont tendance à s’ag- dessus de l’étage forestier. Les seconds, dont l’effectif a progressé de avec leur milieu, à partir d’un en- graver et à se généraliser, avec la près de 70 % entre 1985 et 1995, colonisent eux aussi tous les types de semble de « bio-indicateurs » : dy- démographie galopante des grands milieux, notamment dans le nord-est de la France. namique des peuplements (taille ongulés, depuis une trentaine des groupes, âge, sexe, nombre de d’années. Il en résulte de vifs petits par femelle), morphologie et conflits entre les sylviculteurs qui, les feuillus – spécialement pour les globale du problème, en essayant état sanitaire des animaux abattus voyant leurs nouvelles plantations essences « précieuses » comme le d’évaluer la densité « suppor- à la chasse (poids, longueur des systématiquement grignotées, sou- chêne rouge et l’érable – par rap- table » d’animaux. « Il existe des membres postérieurs, développe- haitent l’abattage d’un plus grand port aux résineux. Surtout, elles surpopulations locales de chevreuils ment de la mâchoire), dégâts sur nombre d’animaux que ne le pré- ont révélé une prédilection très et de cerfs, mais le phénomène n’est les semis naturels et sur les planta- voient les quotas annuels du plan marquée pour les plants élevés en pas général, soulignent-ils. De plus, tions, impact sur le reste de la de chasse, et les chasseurs, sou- pépinière. Cette surprenante appé- il n’y a pas toujours de relation entre flore... cieux de préserver les ressources tence pourrait s’expliquer par la la densité d’ongulés et les dégâts fo- L’objectif est d’obtenir des outils cynégétiques. La colère gagne aus- forte valeur nutritionnelle de ces restiers : quelques chevreuils peuvent de diagnostic et de gestion permet- si les agriculteurs, dont les champs plants, moins fibreux (en raison de suffire à mettre à mal des planta- tant d’adapter les techniques sylvi- de colza, de blé ou de maïs font les leur croissance accélérée) et plus tions sensibles. » coles et les plans de chasse, pour délices d’une faune de moins en riches en sucres et en sels miné- Les procédés classiques de dé- assurer, espère Michel Denis, «un moins sauvage. raux que les semis naturels : un nombrement du cheptel sont, au meilleur équilibre entre les cervidés Pour tenter de résoudre ces avantage précieux pour un animal demeurant, très lourds – en 1997, le et leur habitat ». Et peut-être ré- conflits, le Cemagref s’est associé doté d’une panse de petite taille. comptage des cervidés dans la concilier chasseurs et sylviculteurs. au Centre d’études biologiques de Les goûts du cerf vont, à leur tour, seule forêt de Compiègne avait Chizé (Deux-Sèvres) du CNRS être étudiés avec l’Institut de re- mobilisé 1 200 bénévoles – et ne Pierre Le Hir Le voyage halluciné d’un prophète du cybermonde ACCROCHEZ vos ceintures... seulement après avoir pris la fonc- le piège du catalogue inhérent à la manistes depuis les Lumières. Mike Dertouzos projette sans mé- tion – qu’il occupe depuis – de di- description des multiples change- Mais l’heure de la réconciliation a nagement ses lecteurs dans l’ave- recteur du laboratoire des sciences ments, tant l’auteur est porté par sonné. « Tel est le grand défi, à nir technologique. Le titre de son informatiques du célèbre Massa- un enthousiasme qu’il rend l’aube du XXIe siècle : s’atteler à la dernier livre, chusetts Institute of Technology communicatif. réunification de la technologie et de Demain en (MIT). Vingt-cinq ans plus tard, la « C’est énorme, c’est excitant, la conscience. » Ne serait-ce que français, What messe est dite. Mike Dertouzos c’est impressionnant, s’exclame-t- pour des raisons d’effacité. Will Be (« Ce dresse le menu exhaustif de «ce il. Nous n’avons rien à craindre, ni Technologie et humanisme « fonc- qui sera »), en qui va vraiment changer ». plus ni moins que des premières ré- tionnent d’autant mieux qu’ils anglais, an- La rencontre programmée de volutions, car [celle du marché de concourent à un projet commun ». nonce la cou- l’homme et de la machine n’épar- l’information] porte en elle des pro- Et Mike Dertouzos achève son leur. Pas ques- gnera pas plus les loisirs que la messes et des dangers similaires. ouvrage par une sorte de chant tion de santé, l’éducation, les entreprises, Mieux vaut s’efforcer de la des partisans de l’unification de la tergiverser. Vi- les organisations et les Etats. «Et comprendre, de la sentir, de s’y foi et de la raison : « Techniciens/ sionnaire pragmatique, l’auteur vous ? », interroge l’auteur, qui plonger et de s’en servir pour N’oubliez pas l’esprit dans vos solu- sait ce qui va se produire, et il n’hésite pas à céder la plume au prendre les commandes du futur de tions/ Humanistes/ Ne craignez pas nous livre le détail des transfor- lecteur : « Pensez aux machines, l’humanité. » la techno-révolution... » Le cyber- mations profondes de la vie quoti- aux interfaces qui vous entoureront, monde sera donc aussi spirituel. dienne que va provoquer l’explo- aux services disponibles, aux outils TECHNOLOGIE ET HUMANISME De quoi redonner des raisons sion du « marché de partagés. Et écrivez votre chapitre Cet élan irrésistible emporte d’espérer à tous ceux pour qui l’information », c’est-à-dire la gé- personnalisé. » Mike Dertouzos bien au-delà des technologie ne rime qu’avec maté- néralisation des technologies nu- Le style direct et taillé à la serpe, limites de la prospective technolo- rialisme. mériques, des ordinateurs, d’Inter- le fourmillement continu d’anec- gique. Il prône, en effet, « une per- net et de la réalité virtuelle. dotes concrètes, le bouillonne- ception neuve de l’homme sur la Michel Alberganti Il faut dire qu’il analyse ce phé- ment des idées et le tourbillon des planète Terre ». Pour lui, nous nomène depuis plus longtemps images donnent à cet ouvrage des sommes « en pleine confusion », en ૽ Demain, de Mike Dertouzos. que la plupart de ses contempo- vertus hallucinatoires. De quoi raison de la fracture qui s’est éta- Editions Calmann-Lévy 343 pages, rains. Il l’a flairé dès 1975, un an traverser sans trop de dommages blie entre les techniciens et les hu- 130 F (19,82 ¤). LeMonde Job: WMQ1510--0029-0 WAS LMQ1510-29 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0440 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 29 ------Soleil à l’est 15 OCTOBRE 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Un anticyclone Comté. – La matinée débutera vers 12h00 DU VOYAGEUR reste bien en place au nord de souvent dans la fraîcheur et par- l’Europe. Il protégera les régions fois dans le brouillard. Le soleil Peu du nord et de l’est ce vendredi. s’imposera pour le reste de la Belfast nuageux a SCANDINAVIE. La compagnie La situation reste légèrement journée sauf dans certaines val- Liverpool aérienne scandinave SAS propose Dublin dépressionnaire sur l’Atlantique. lées. On atteindra 14 à 17 degrés Varsovie Kiev 3 nouvelles formules de week-end Les nuages donneront parfois l’après-midi. dans chacune des capitales scandi- Amsterdam Berlin Brèves des ondées sur la façade ouest. Poitou-Charentes, Aqui- éclaircies naves. On peut ainsi se rendre à Cette situation clémente se taine, Midi-Pyrénées. – Le ciel Londres Cophenhague, Stockholm ou Oslo 50 o Bruxelles maintiendra samedi. Une offen- hésitera entre nuages et soleil. Prague pour 1 999 F (304 ¤) par personne. sive pluvieuse plus marquée est Une ou deux ondées sont pos- Couvert Une offre valable jusqu’au 31 dé- attendue dimanche des côtes sibles en cours de journée. On Paris Strasbourg Vienne cembre et comprenant le vol A/R Budapest atlantiques à la Méditerranée. attend de 17 à 21 degrés. Brume (départ le samedi, retour le lundi), Bretagne, Pays de la Loire, Limousin, Auvergne, Rhône- Nantes deux nuits et petits déjeuners dans Berne brouillard Basse-Normandie. – Les nuages Alpes. – Le soleil dominera lar- Bucarest un hôtel 3 étoiles ainsi que la carte domineront le matin et donne- gement dans les Alpes. Des Lyon Milan « découverte », pass permettant ront des ondées. Les éclaircies nappes de grisaille feront parfois Belgrade Sofia Averses de visiter les principaux musées et s’élargiront au fil des heures de la résistance sur le Lyonnais. Toulouse Istanbul d’utiliser les transports en près de l’Atlantique. On attend Nuages présents en Auvergne et commun de la capitale concernée entre 15 et 19 degrés. Limousin avec parfois une on- Rome Pluie gratuitement. Renseignements au Nord-Picardie, Ile-de- dée. Il fera entre 16 et 20 degrés. Barcelone Naples 08-01-25-25-25. France, Centre, Haute-Nor- Languedoc-Roussillon, Pro- 40 o Madrid a ISLANDE. Entre janvier et mandie, Ardennes. – Temps vence-Alpes-Côte d’Azur, Lisbonne Athènes Orages août 1999, 11 571 Français ont visité calme et bien ensoleillé. Nuages Corse. – Le soleil revient ce ven- l’Islande, soit une augmentation si- plus présents en Ile-de-France et dredi. Une évolution orageuse Séville gnificative de 22,9 % par rapport à Haute-Normandie. Il fera entre est possible l’après-midi près Tunis Neige la même période de l’année précé- 15 et 18 degrés l’après-midi. des Pyrénées et des Alpes du Sud Alger dente. Un engouement partagé par Champagne, Lorraine, Al- à la Corse. On attend 19 à 24 de- les 198 686 touristes étrangers, un sace, Bourgogne, Franche- grés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort chiffre en augmentation de 11,4 %.

PRÉVISIONS POUR LE 15 OCTOBRE 1999 PAPEETE 24/30 S KIEV 5/6 P VENISE 11/20 S LE CAIRE 20/29 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 24/31 S LISBONNE 15/22 S VIENNE 7/11 C MARRAKECH 16/23 C et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 19/25 S LIVERPOOL 10/13 C AMÉRIQUES NAIROBI 14/28 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 9/14 N BRASILIA 18/32 S PRETORIA 16/31 S AMSTERDAM 8/12 N LUXEMBOURG 7/13 C BUENOS AIR. 11/19 C RABAT 17/24 N FRANCE métropole NANCY 2/14 S ATHENES 19/26 S MADRID 12/22 S CARACAS 24/30 S TUNIS 20/28 N AJACCIO 13/22 N NANTES 12/16 N BARCELONE 15/23 N MILAN 10/22 C CHICAGO 8/19 S ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 10/17 N NICE 14/22 N BELFAST 9/12 N MOSCOU 4/6 P LIMA 16/20 C BANGKOK 25/31 P BORDEAUX 11/19 N PARIS 7/15 N BELGRADE 7/15 C MUNICH 4/12 C LOS ANGELES 12/22 S BOMBAY 26/31 S BOURGES 11/17 N PAU 11/18 N BERLIN 7/12 N NAPLES 15/24 S MEXICO 8/21 S DJAKARTA 25/30 P BREST 11/15 P PERPIGNAN 13/22 N BERNE 4/14 S OSLO -1/6 S MONTREAL 1/11 C DUBAI 25/35 S CAEN 9/15 N RENNES 12/16 P BRUXELLES 8/13 S PALMA DE M. 14/25 S NEW YORK 5/15 S HANOI 26/30 P CHERBOURG 10/15 N ST-ETIENNE 11/16 N BUCAREST 4/16 C PRAGUE 4/9 N SAN FRANCIS. 13/22 S HONGKONG 26/31 S CLERMONT-F. 10/16 N STRASBOURG 4/15 N BUDAPEST 6/12 N ROME 14/23 S SANTIAGO/CHI 7/17 S JERUSALEM 21/29 S DIJON 6/15 N TOULOUSE 12/20 N COPENHAGUE 4/9 S SEVILLE 17/26 S TORONTO 5/15 S NEW DEHLI 20/33 S GRENOBLE 7/18 N TOURS 11/16 N DUBLIN 8/13 C SOFIA 7/15 P WASHINGTON 4/17 S PEKIN 5/13 S LILLE 4/15 S FRANCE outre-mer FRANCFORT 8/14 S ST-PETERSB. 3/5 P AFRIQUE SEOUL 12/21 S LIMOGES 12/17 N CAYENNE 24/31 P GENEVE 10/15 S STOCKHOLM 3/9 S ALGER 19/24 C SINGAPOUR 25/30 S LYON 10/16 N FORT-DE-FR. 23/30 S HELSINKI 1/6 P TENERIFE 16/20 S DAKAR 25/29 S SYDNEY 18/23 S MARSEILLE 14/22 S NOUMEA 19/24 S ISTANBUL 14/17 C VARSOVIE 5/8 P KINSHASA 21/24 P TOKYO 17/20 P Situation le 14 octobre à 0 heure TU Prévisions pour le 16 octobre à 0 heure TU

VENTES DÉPÊCHES a JOUETS ANCIENS. Les ama- teurs pourront admirer jusqu’au 6 novembre dans les vitrines du magasin Au nain bleu, 408 rue Un siècle de création de la manufacture de Sèvres proposé à Drouot e Saint-Honoré, Paris-8 , les plus UNE COLLECTIONNEUSE de cé- mobilisme lors de l’Exposition uni- dernes. C’est ainsi que naquit toute cutée en 1900 (5 000 F à 6 000 F, d’eau (1928, 150 000 F à 200 000 F, belles pièces d’une vente de ramiques s’est intéressée à la pro- verselle de 1889, la manufacture de une famille de pièces pratiques telles 760 ¤ à 910 ¤) ou encore une bon- 23 000 ¤ à 30 000 ¤). La production jouets qui aura lieu à Chartres les duction moderne de la manufacture Sèvres fut l’objet d’une réorganisa- que nécessaires de toilette ou de fu- bonnière en forme de melon continue pendant les années de l’Oc- 13 et 14 novembre (hôtel des de porcelaine de Sèvres. De 1880 à tion complète. En 1897, le nouveau meur, encadrements, boîtes ou (6 000 F à 7 000 F, 910 ¤ à 1 060 ¤). La cupation. Le vase Decœur, daté ventes, tél. : 02-37-84-04-33). Ba- nos jours, 140 pièces résument l’évo- directeur artistique Alexandre San- bibelots. petite statuaire est aussi traitée à la 1943, reprend une forme créée par le teaux, automobiles, chemins de lution du goût lors d’une période dier multiplie les expériences pour Dans cette gamme se trouve mode du moment, comme en té- céramiste Emile Decœur, décoré de fer et machines à vapeur en riche en bouleversements artis- renouveler les formes et les ma- l’écritoire Michelet créée par moigne L’Hiver, en émail mono- poissons sur fond de paysage marin constituent les thèmes princi- tiques. Elles seront proposées à tières. Il préconise la recherche de Alexandre Sandier (1 500 F à 2 000 F, chrome beige, réalisée par le stylisé par Marcel Prunier (15 000 F à paux. Drouot, jeudi 28 octobre. motifs de style art nouveau, tout 229 ¤ à 305 ¤), une jardinière murale sculpteur Raoul Larche en 1907 20 000 F, 2 250 ¤ à 3 000 ¤). a GRANDE BROCANTE. Plus de Vivement critiquée pour son im- comme la création d’objets mo- en forme d’écrevisse de mer exé- (10 000 F à 12 000F, 1 530 ¤ à 1 830 ¤). Les années 50-60 voient l’arrivée quatre cents brocanteurs ac- Encore plus brillante, la période des décors abstraits que l’on re- cueilleront les chineurs du week- suivante voit le triomphe de l’art dé- trouve sur un vase à corps ovoïde end sous les arcades du Parc des Antiquités, brocantes COLLECTIONS co. Les luminaires sont à l’honneur. réalisé en 1941 par Jean Mayodon et princes, samedi 16 et dimanche b Cognac (Charente), livres, Pour la première fois la manufacture décoré en 1960 par Pierre Gaucher 17 octobre, de 9 à 19 heures, en- b Chartres (Eure-et-Loir), du 17 octobre, tél. : 02-37-63-52-06. samedi 16 et dimanche 17 octobre, exploite la translucidité de la porce- (15 000 F à 20 000 F, 2 300 ¤ à trée libre. A l’abri des intempé- vendredi 15 au lundi 18 octobre, b Onet-le-Château (Aveyron), du tél. : 05-45-36-11-16. laine en l’utilisant pour les appareils 3000¤). Les œuvres les plus ré- ries, ils proposent leur marchan- tél. : 02-37-30-20-21. samedi 16 au lundi 18 octobre, b Tour (Indre-et-Loire), minéraux d’éclairage. Un plafonnier demi- centes sont signées Ettore Sottsas, dise assistés d’un expert qui b Bordeaux Lac (Gironde), du tél. : 05-65-67-15-00. et fossiles, samedi 16 et dimanche sphérique créé par Jean Deporteer un designer qui réalise en 1994 les garantit l’authenticité des objets. vendredi 15 au dimanche b Marseille (Bouches-du-Rhône), 17 octobre, tél. : 02-47-45-53-20. offre des lignes et un dessin parfaite- vases Diane et Sibylla, en porcelaine a L’ARGUS DE LA CÉRA- 17 octobre, tél. : 05-56-81-80-88. samedi 16 et dimanche 24 octobre, b Nantes (Loire-Atlantique), ment art déco, avec des volutes et et biscuit à double corps (20 000 F à MIQUE. La nouvelle édition pu- b Dinard (Ille-et-Vilaine), du tél : 04-91-76-16-00. livres, samedi 16 et dimanche entrelacs en relief soulignés de do- 25 000 F, 2 300 ¤ à 3 800 ¤). blie plus de 3 000 résultats obte- vendredi 15 au dimanche b Brest (Finistère), samedi 16 et 17 octobre, tél. : 06-83-77-64-25. rures (10 000 F à 15 000 F, 1 530 ¤ à nus en ventes publiques dans 17 octobre, tél. : 02-98-44-97-36. dimanche 17 octobre, b Paris parc Brassens (rue 2 300 ¤), même remarque pour un Catherine Bedel tous les domaines de la céra- b Chalon-sur-Saône tél. : 02-37-25-70-70. Brancion), livres, samedi 16 et modèle plus petit à fleurs et spirales mique et couvre la production (Saône-et-Loire), du vendredi 15 b Villefranche-sur-Saône dimanche 17 octobre, rehaussées d’or (4 000 F à 5 000 F, ૽ Vente à Drouot-Richelieu jeudi européenne et les compagnies au lundi 18 octobre, (Rhône), samedi 16 et dimanche tél. : 01-45-32-12-75. 600 ¤ à 750 ¤). 28 octobre. Exposition mercredi des Indes. Un guide de l’ache- tél. : 03-85-46-65-89. 17 octobre, tél. : 04-74-69-79-04. b Paris Espace Champerret, Le goût de Sèvres pour les pièces 27 octobre, de 11 heures à teur, une analyse du marché, un b Paris (boulevard b Auxerre (Yonne), samedi 16 et disques, samedi 16 et dimanche de dimensions importantes se per- 18 heures, et le matin de la vente, index des fabriques et des ar- Richard-Lenoir), vendredi 15 dimanche 17 octobre, 17 octobre, tél. : 01-43-35-52-52. pétue. Ainsi ce vase de Ruhlmann de de 11 heures à 12 heures. Etude tistes complètent cet ouvrage de et samedi 16 octobre, tél. : 03-86-52-18-75. b La Valette-du-Var (Var), forme conique galbée sur une base Piasa, 5, rue Drouot, 75009 Paris, Nelly Fouchet. tél. : 01-45-89-32-07. b Savigny-sur-Orge (Essonne), minéraux et fossiles, samedi 16 et carrée en bronze argenté patiné, dé- tél. : 01-53-34-10-10. Expert Félix (Dorotheum éditions. 640 p., b Sèvres (Hauts-de-Seine), du samedi 16 et dimanche 17 octobre, dimanche 17 octobre, coré par Maurice Gensoli d’arca- Marcilhac, 8, rue Bonaparte, 75006 3 500 illustrations, 279 F, vendredi 15 au dimanche tél. : 01-40-71-07-63. tél. : 04-92-79-58-95. tures et d’arbres enveloppés de jets Paris, tél. : 01-43-26-47-36. 42,53 ¤.)

Ł SOS Jeux de mots: MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99244 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 139 En collaboration avec

– 5. Fait face aux côtes bre- tonnes. Capitale jusqu’en 1990. « La nécessité d’être moderne » – 6. Volubile et colorée. – 7. Péninsule canadienne. – 8. Se WILLI BAUMEISTER a été uni « Personnage jette dans l’océan Arctique. Bien tout au long de son activité à la vert », exécutée. – 9. Bien ou mal, c’est scène artistique française. Formé 1926-1927, le sort qui en décide. Partie à l’Académie des beaux-arts de de Willi commune chez les femmes et Stuttgart, il voue une profonde Baumeister chez les hommes. – 10. Imprévi- admiration à Cézanne, qui exerce (1889-1955). sible. Du genre crampon. sur lui une influence détermi- Huile sur – 11. Texte moyenâgeux. Sonné nante. Puis, avide de nouvelles toile, en Bretagne. – 12. Comme des techniques d’expression, le 65×46cm. travaux qui nous mettent à peintre s’enthousiasme pour le Colmar, plat. cubisme lors de son premier sé- Musée jour à Paris en 1911. d’Unterliden, Philippe Dupuis Il se lie d’amitié avec Fernand présenté Léger, fasciné comme lui par la à l’exposition beauté froide de l’assemblage « Willi A la suite d’une erreur mécanique et la nouvelle civilisa- Baumeister technique, nous avons pu- tion de la machine. Les deux et la France », blié dans Le Monde du 14 oc- hommes exposent souvent en- jusqu’au tobre une grille de mots croi- semble. 5 décembre sés qui ne correspondait pas Qualifié d’artiste dégénéré par à Colmar, HORIZONTALEMENT – VIII. Petites choses. Parasol du aux définitions du problème le régime nazi, Willi Baumeister puis au Musée Midi. – IX. Plat marocain. Direc- no 99243. Nous prions nos se voit évincer de la scène artis- d’art moderne I. Chute libre. – II. Adresse tement ou pas, tout le monde le lecteurs de bien vouloir nous tique allemande. Ce rejet le de d’aujourd’hui. Faire disparaître. paie. – X. En Toscane. Ils ne en excuser. Nous republie- conduit vers une « émigration in- Saint-Etienne, – III. Quand leur heure sonne, il volent pas mais ils courent rons prochaînement ce pro- térieure » et, après 1945, il se fait du faut y aller. Tenue dans l’affron- vite. blème. l’ardent défenseur de la peinture 22 décembre tement. – IV. Père d’Agamemnon abstraite. Baumeister publie au 26 mars

et de Ménélas pour Homère. VERTICALEMENT D’UNTERLIDEN MUSÉE 2000. S’adressa en haut. – V. Grande en Amérique. Rejetées en bloc. A 1. Tellement naïfs qu’ils alors un ouvrage dans lequel il Réponse dans Le Monde du pris un F en allant à Tolbiac. – VI. finissent par décourager. tente d’expliquer ce que c’est que 22 octobre Donnent du plaisir au cruciver- – 2. Agitation difficile à contrô- l’art et de faire comprendre l’art Solution du jeu no 138 paru biste. Sur la scène politique ler. D’un auxiliaire. – 3. Mise au abstrait. Le titre de ce livre est : dans Le Monde du 8 octobre de 1960 à 1989. Succès à supplice. – 4. Fait partie des b Après le cubisme ? Saint Lambert était évêque de l’anglaise. – VII. Pour garder les habitudes. Contestation forte- b L’inconnu dans l’art ? Maastricht, où il fut remplacé, distances. Met en arrière. ment contestée par l’Académie. b Du spirituel dans l’art ? après sa mort, par saint Hubert. LeMonde Job: WMQ1510--0030-0 WAS LMQ1510-30 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 09:23 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 23Fap: 100 No: 0441 Lcp: 700 CMYK

30 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999

MUSIQUE L’industrie du disque prix cassés, en ignorant la protec- cœur du défi numérique ». b LES en ligne. Elles ont obtenues en traités internationaux. b PLUSIEURS est menacée par le développement tion du droit d’auteur. Les profes- MAJORS ont commencé à riposter France le droit exclusif d’autoriser MUSICIENS proposent eux-mêmes sur Internet de procédés qui per- sionnels français s’en sont inquié- en réfléchissant à des normes anti- la diffusion d’une œuvre, droit des œuvres inédites sur Internet, mettent de télécharger de la mu- tés, le 12 octobre, lors d’un colloque piratage ou en prenant des partici- qu’elles cherchent désormais à faire provoquant l’opposition ou l’em- sique ou d’acheter des disques à intitulé « La production musicale au pations dans les sociétés de vente inscrire dans les textes de lois et barras de leur maison de disques. L’industrie du disque réagit face à la consommation en ligne sur Internet Menacées par des techniques qui ignorent la protection du droit d’auteur, les responsables des majors réfléchissent à des normes antipiratage, prennent des participations dans les sociétés de vente « on line », et veulent faire respecter l’autorisation exclusive de diffusion d’une œuvre UN NOUVEAU WESTERN, avec Universal avec Get Music), s’en SNEP, Paul-René Albertini traduit une fois encore les Américains dans prennent à celles qui, selon, Paul- l’inquiétude des maisons de disques le rôle du prédateur et la planète en René Albertini, président de Sony devant l’émergence des radios mu- terrain de conquête : la société dite Music France et vice-président de sicales en ligne, telle Spinner aux de l’information, celle de l’Internet Sony Music Europe, « cherchent à Etats-Unis, ou l’extension sur le Net et du on line, change les donnes de gagner de nouveaux clients même à de NRJ ou Fun en France. Le prix la consommation culturelle, en perte, dans le seul but de faire mon- de la musique serait en ce cas sou- même temps qu’elle applique le ter leur cotation en Bourse », défient mis au principe de la licence légale, vieux modèle du chasseur et du gi- les législations locales, telle la TVA définie en 1961, au temps du mono- bier, à cette exception près que les en France. Quelque 500 000 titres pole d’Etat – les médias audiovi- rôles en seraient inversés. De nou- – ceux qui conviennent à la cible suels acquittent une somme forfai- veaux « barbares », jeunes sociétés des 16-24 ans – sont actuellement taire calculée sur le chiffre opératrices du Web basées à disponibles sur Internet, souvent d’affaires, jouissent d’une autorisa- Seattle, avant tout soucieuses d’en- légalement, parfois sans autorisa- tion globale de diffuser. Appliqué trer sur le Nasdaq, marché boursier tion. au Net, ce système équivaudrait à des nouvelles technologies, et de un effondrement du marché et à la mettre à sac les vieux modèles – en « CONSOMMATION AU KILOMÈTRE » négation des droits de propriété in- vrac : la poste, la Bourse, les Producteurs et artistes refusent tellectuelle. « Vendrait-on un Truf- banques, le disque compact, etc. – « que la musique ne soit plus qu’un faut au même prix qu’un film porno, menacent « les empereurs », voués produit d’appel servant aux opéra- Picasso et un peintre pompier, un à la chute, et au rang desquels Jean- teurs à attirer le chaland », selon livre de Jean-Marie Le Clezio et un Michel Billaut, créateur de l’Atelier Pascal Nègre, PDG d’Universal roman de gare ? », interroge Emma- de veille technologique et marke- Group, ou d’assister « à la réduc- nuel de Buretel. ting de Paribas, classe les majors du tion de l’art à une consommation au Depuis un an, les professionnels disques. kilomètre », selon Emmanuel de de la musique ont su se faire en- Citant en exemple les start up, Buretel, président de Virgin Conti- tendre des politiques et ont obtenu nouveaux opérateurs du Web qui vois pas comment vous allez vous en Pour être éparpillée entre genres musiques digitales », version fran- nental Europe, venu à l’Assemblée le droit exclusif d’autoriser la diffu- s’appliquent à supprimer sauvage- tirer », a lancé Jean-Michel Billaut (classique, pop, jazz...) et sous- çaise de MP3, qui fournit toutes les nationale armé d’une vidéo où sion d’une œuvre. Il s’agit au- ment les intermédiaires, banques aux représentants des métiers du genres (house, metal, baroque...), la clés du surfing sur la toile musicale. Alain Souchon, Catherine Ringer, jourd’hui de l’inscrire dans les tex- d’affaires comprises, ce spécialiste disque réunis le 12 octobre à l’occa- musique est un terrain fragile et A l’instar d’Eric Morand, patron du Cassius et les Négresses vertes dé- tes de lois et les traités de la cyber-culture insiste sur le sion du colloque intitulé « La pro- convoité. Selon une étude réalisée label F. Communications (Laurent fendent le principe de la propriété internationaux. Prochaines mot d’ordre des décennies à venir : duction musicale au cœur du défi par Ernst & Young pour le SNEP, les Garnier, M. Oizio), Tarik Krim croit intellectuelle et le travail de l’ar- échéances : les négociations de « more efficient, more convenient » numérique » organisé par le sites musicaux liés au MP3 sont les aux vertus de la culture de tiste. En diffusant par lui-même l’OMC en novembre, et la directive (plus efficace, plus opportun). Ap- Groupe d’étude sur les nouvelles plus visités sur le Net dans le « niches » favorisée par le réseau et une œuvre composée à la maison sur le droit d’auteur et les droits pliqué à la musique, ce principe technologies de l’information et de monde après les sites pornogra- à la fin « du marketing de masse, le sur le Net et duplicable sur un gra- voisins dans la société de l’informa- permet de télécharger de la mu- la communication de l’Assemblée phiques. Ils sont consultés par des renouveau du bouche-à-oreille, qui veur de CDR ou disque dur, le tion par la Commission euro- sique à partir du Net, sans états nationale et le Syndicat national de jeunes (16-24 ans), cible prioritaire réduit le risque du piratage : on ac- franc-tireur du Net risque de faire péenne, qui divise les Etats d’âme, grâce à des procédés de l’édition phonographique (SNEP), de l’industrie discographique et des cepte toujours de payer pour ce que voler en éclats le droit d’auteur et membres de l’Union, notamment compression dont le plus connu est prédisant : « Les prochains à en pâtir fabricants de graveurs de CD enre- l’on aime ». sa gestion collective défendue en sur la question des copies tempo- le MP3, un système non sécurisé in- vont être la vidéo, et le livre qui va gistrables, autre face du piratage. Les maisons de disques réflé- France par la Sacem, ou par les so- raires, étapes techniques lié à Inter- venté en 1987, ou encore d’acheter être dématérialisé. » L’industrie du disque va devoir chissent aux normes techniques an- ciétés de copyright aux Etats-Unis, net, mais qui devrait être votée des disques par le Net à prix cassés Réalisant 38,7 milliards de dollars s’adapter. « Le problème pour les tipiratage (lire ci-dessous), au nou- favorisant ainsi le no man’s land lé- avant le 31 décembre 1999, fin du auprès d’entreprises « délocali- de chiffres d’affaires (41 milliards majors est qu’elles ne seront plus veau profil de leur métier. Elles gislatif de la Chine, première des mandat de la présidence finlan- sées », telle Amazon.com, numéro d’euros) dans le monde, l’industrie seules », explique Tarik Krim, 27 prennent des participations dans nations pirates. daise. un de la vente de CD on line. du disque est ainsi menacée de ans, jeune internaute qui vient de les sociétés émergentes de vente on Comment rémunérer le créateur « Le consommateur fait la loi, je ne mort par la consommation en ligne. fonder mptrois.com, « le portail des line (Sony avec CD Now, BMG et et son producteur ? Président du Véronique Mortaigne Les éditeurs se lancent dans une croisade incertaine Ces musiciens qui court-circuitent leur label LA DÉFENSE des droits d’auteur setts) apporte une solution qualifiée qualité sonore pourrait s’en ressen- QUINZE JOURS avant sa vente sons de disques. Pour l’instant, la role du groupe, déclarait à l’heb- contre les ravages, réels ou redoutés, de « filigrane résistant ». Les CD tir. L’introduction des systèmes de en magasin, Hours, le nouvel al- synergie fonctionne entre Bowie domadaire Les Inrockuptibles : de la déferlante numérique devient possédant ce marquage ne pourront protection contre le piratage promet bum de David Bowie, pouvait être et son label, Virgin. « L’artiste dépendait des maisons la nouvelle croisade des industriels être joués que sur les lecteurs de compliquer la vie des utilisateurs. téléchargé, moyennant paiement Face aux horizons ouverts par de disques pour accéder au public. de l’édition musicale. Le développe- compatibles avec la norme SDMI. Ne serait-ce que par le fait que la (environ 18 dollars), depuis les les nouvelles technologies de Il y avait toujours quelqu’un pour ment d’un faisceau de techniques tel Néanmoins, ce filigrane robuste doit « nouvelle » musique ne sera sites web d’une cinquantaine de communication aux artistes, les décider de façon arbitraire quel ar- que la gravure de CD-ROM, la être associé avec un « filigrane fra- compatible qu’avec des lecteurs dis- détaillants de disques. Chaque producteurs phonographiques tiste avait sa chance ou non. Désor- compression MP3 et la diffusion de gile » qui n’a pas encore été défini. posant du système de détection des acheteur internaute se voyait ré- tentent de verrouiller « contrac- mais, les artistes peuvent exposer et morceaux de musique sur Internet L’objectif de cette combinaison est filigranes. compenser par une chanson iné- tuellement » l’exploitation des vendre leur musique sur le Web à bouscule en effet l’ordre établi. de lutter contre la pratique de l’enre- Quant à la musique téléchargée dite, ajoutée aux dix morceaux de sites pouvant être créés au nom moindres frais et bénéfices maxi- Le 15 décembre 1998, les représen- gistrement sur ordinateur des mor- sur Internet et dûment payée, elle l’album officiel. des artistes. Aux Etats-Unis, les maux. » tants de l’industrie du disque ont an- ceaux d’un CD et de leur compres- sera écoutable sur les baladeurs Après s’être intéressé, dès 1983, Beastie Boys, Tom Petty ou Alanis Cette autonomie demande des noncé à New York leur « Initiative sion au format MP3, par exemple. SDMI, mais pas sur un ordinateur ni au courrier électronique, David Morissette se sont récemment op- investissements importants pour pour sécuriser la musique numé- Un tel processus détruira le filigrane sur un autoradio... De quoi donner Bowie a été, en 1988, l’un des pre- posés à leur maison de disques : être efficace. La diffusion gratuite rique » (SDMI en anglais). Le 26 fé- fragile, et la musique obtenue, des arguments à ceux qui estiment miers musiciens à entretenir un fo- ces artistes voulaient diffuser gra- de la musique sur un site comme vrier, la nouvelle structure rassem- même si elle contient toujours le que la croisade des éditeurs de mu- rum sur Internet. Dans les an- tuitement certaines de leurs chan- le célèbre MP3.com permet néan- blant plus de 120 entreprises se marquage résistant, ne pourra plus sique relève plus du combat d’ar- nées 90, il a créé son propre site sons sur le Net. moins à des musiciens sans mettait en place sous la direction de être lue par les appareils conforme rière-garde visant à préserver un (www.avidbowie.com) sur lequel il contrat d’exposer leurs œuvres. Leonardo Chiariglioni, fondateur du au SDMI... modèle économique en voie d’être a diffusé des titres en avant-pre- AUTONOMIE ONÉREUSE Créateur techno vivant à Carcas- groupe d’experts ayant donné nais- On mesure la complexité du sys- dépassé que d’une exploitation inno- mière. On imagine le chanteur, En France, Jean-Louis Murat a sonne, Jean-Pierre Gomez a mis sance au format de compression nu- tème. Quant à son efficacité... Cer- vante des possibilités offertes par In- maître businessman, engranger développé son site Internet, jlmu- en ligne depuis une semaine mérique des images (MPEG). Le tains remarquent qu’aucun filigrane ternet et la technologie numérique. suffisamment de données sur son rat.com. Il en joue comme d’un quatre de ses morceaux sur SDMI se définit comme un forum vi- existant n’est inamovible. De plus, le public, pour pouvoir se passer un moyen de création. Le chanteur y MP3.com. « J’ai déjà reçu 166 vi- sant le développement d’un « cadre marquage affecte la musique, et la Michel Alberganti jour de l’intermédiaire des mai- fait partager ses sources d’inspira- sites, s’enthousiasme-t-il, mes mor- volontaire et ouvert pour permettre tion dans des pages documentées, ceaux ont été téléchargés 91 fois, je l’émergence d’un nouveau marché ex- écrit un feuilleton, expose ses suis passé 4 fois en radio. Mon titre ploitant la lecture, le stockage et la dis- peintures et propose régulière- le plus copié est classé 11 000e mor- tribution de la musique numérique ». ment des chansons inédites télé- ceau le plus téléchargé sur les En fait, cet énoncé général se résume chargeables gratuitement. « L’an 150 000 que compte le site. Grâce à essentiellement à la définition d’un dernier, explique Jean-Louis Mu- cela je prends contact dans le standard de protection des œuvres rat, j’ai diffusé sur le Net l’équi- monde entier avec des gens que je musicales contre le piratage. valent d’un album. Je sais que cer- n’aurais jamais pu rencontrer au- tains fans ont constitué des réseaux trement. Dans quelque temps, j’en- « FILIGRANE FRAGILE » par lesquels ils se refilent la compi- visage de faire payer certains mor- Première cible : les appareils por- lation CDR de ces morceaux ». Le ceaux. MP3 prend alors 50 % de tables d’écoute de la musique numé- musicien ne s’inquiète pas du chaque commande. Mon but est rique personnalisés par le modèle manque à gagner. « Je ne suis pas tout de même de sortir un vrai Rio fabriqué par Diamond Multime- obsédé par la protection de mes disque distribué par une vraie mai- dia et commercialisé en France dé- droits. Je n’envisage Internet que son de disques. » but décembre 1998. Ces 70 grammes sous l’angle de la générosité. » d’électronique, vendus environ 1 500 Qu’en pense sa maison de Stéphane Davet francs (229 ¤), permettent d’enregis- disques ? « Pour l’instant, ils font trer jusqu’à soixante minutes de mu- ceux qui ne veulent rien savoir. » sique au format MP3. Le lancement Après des années de bisbilles de ce baladeur a provoqué un signal avec Warner, le chanteur améri- d’alarme dans l’industrie du disque. cain Prince avait choisi, il y a deux Confinés jusqu’alors dans l’ordina- ans, de ne distribuer son album teur, les morceaux comprimés en Crystal Ball que via le réseau Inter- MP3 ne pouvaient prétendre net. Mais aux 100 000 pré- concurrencer les lecteurs de CD dans commandes passées au site du les salons ou dans les automobiles. chanteur s’est ajoutée une diffu- Le baladeur Rio fait le lien entre In- sion en magasins qui s’est révélée ternet et la consommation populaire bien plus efficace que les envois de musique. par correspondance. Récemment, Le 9 août, la SDMI annonçait sa les agitateurs rap de Public Enemy, décision d’adopter la technique de associés au label en ligne Atomic marquage du son numérique déve- Pop, ont mis en vente leur nouvel loppée par Aris Technologies pour album, There’s a Poison Going on, les appareils portables. L’entreprise sur le Web deux mois avant les installée à Cambridge (Massachu- magasins. Chuck D, le porte-pa- LeMonde Job: WMQ1510--0031-0 WAS LMQ1510-31 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:02 S.: 111,06-Cmp.:14,14, Base : LMQPAG 48Fap: 100 No: 0599 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 31 Les certitudes SORTIR PARIS sont déjà saturés, après toutes les années de guerre. Portant son Le Voyage à La Haye père sur le dos, le fils entreprend de Roland Petit Jean-Luc Lagarce est mort du sida un long voyage pour lui trouver en 1995, à l’âge de trente-huit ans. un dernier havre. L’auteur de la Cet auteur délicat savait pointer pièce en est aussi le metteur en Le chorégraphe, soixante-quinze ans, termine les faiblesses, les souffrances et les scène, et les huit comédiens qu’il cruautés. Il l’a fait jusqu’au bout, dirige sont parfaitement son ballet « Clavigo » à l’Opéra Garnier s’exerçant sur lui-même dans un distribués. Cette pièce a été créée récit autobiographique, Le Voyage au Festival d’Avignon (Le Monde SVELTE, le cheveu blanc coupé aucune raison de m’attarder. » à La Haye. Dernier voyage, du 22 juillet). ras, mais l’œil et le sourire tou- Il vend sa maison rose de la dernière ligne droite. Cela Théâtre 71, 3, place du jours prêts à l’attaque. A soixante- Corniche et, dans la foulée, son commence par un voile devant les 11-Novembre, 92 Malakoff. quinze ans, Roland Petit a gardé appartement parisien pour s’ins- yeux aux Pays-Bas. Cela se Mo Malakoff-Plateau-de-Vanves. ses certitudes d’enfant prodige taller à Genève. Problèmes avec le poursuit à Paris, entre l’hôpital, Du 14 au 29 octobre. Tél. : auquel tout a réussi. A l’Opéra fisc ? Trou financier dans la l’appartement, les salles de 01-46-55-43-45. 85 F et 120 F. Garnier, il achève de mettre en compagnie ? La rumeur enfle. A répétition. Le metteur en scène François Verret scène Clavigo, inspiré du drame l’époque, le ministère de la François Berreur et le comédien A la mémoire de Kaspar Hauser, romantique que Goethe écrivait culture, que nous interrogeons, Hervé Pierre reprennent ce texte personnage surgi de nulle part, qui en 1774. « Vous savez ce qui me dément catégoriquement. « Chère présenté sans aucun pathos à se confronte aux hommes alors passionnerait ?, interroge-t-il tout madame, précise Roland Petit, je Belfort en 1998 (Le Monde du qu’il a déjà atteint l’âge adulte. Le de go. Plus que créer un nouveau voulais vous rappeler que j’ai roulé 5 juin). chorégraphe François Verret, le ballet, un de plus, ce serait de m’oc- tout seul, sans subventions, sans Théâtre de la Commune, 2, rue danseur Mathurin Bolze se cuper d’un groupe de jeunes dan- sponsoring, de vingt ans à qua- Edouard-Poisson, 93 Aubervilliers. relaient pour raconter comment la seurs, garçons et filles, qui vou- rante-huit ans, à la tête de ma Mo Aubervilliers-Pantin-4-Chemins. société veut dompter l’homme ELIOTT draient faire de la chorégraphie. propre compagnie. Donc pour en- Nicolas Leriche et Claire-Marie Osta dansent Du 14 octobre au 7 novembre. Tél. : sauvage, comment elle le craint. Etre un vrai directeur artistique. lever le morceau, il fallait qu’il y ait devant Roland Petit, lors des répétitions de « Clavigo ». 01-48-33-93-93. De 50 F à 130 F. Polyphonie de gestes, de musiques J’ai un horizon assez ouvert, l’expé- du monde dans la salle. On ne ga- Littoral (Fred Frize et Jean-Pierre Drouet) rience, et les connaissances pour les gnait pas d’argent, on n’en perdait Renée Jeanmaire, dont il fera Zizi, Petipa et Ivanov. Ceux qui re- Septième pièce du pour ce mystère dansé qui est un aider. Jean Cocteau, Boris Kochno pas non plus. On passait ric-rac. la muse, le vrai chic parisien, celle montent le répertoire du XIXe siècle Libano-Québécois Wajdi éloge de la différence, des êtres ont joué ce rôle à mes côtés. Koch- Puis la fiscalité, les charges aug- que Howard Hugues, fasciné, ten- à leur sauce devraient marquer en Mouawad (trente et un ans), venus d’ailleurs, lumineux. no pouvait être odieux. Il avait rai- mentant, il n’a plus été possible tera en vain de kidnapper. tout petit “adapté par”, et verser Littoral a encore toutes les qualités Au-delà de la nature de l’homme, son. J’écoutais. Je recommençais. » d’entreprendre sans subventions. « Avant, je gardais tous mes ballets leurs droits à des œuvres de vieux d’une œuvre de jeunesse. Une dans ce Kaspar Konzert, Verret Etre Roland Petit, c’est être Quand Gaston Defferre est venu jalousement pour ma compagnie. danseurs en difficulté. Si j’étais chef fougue inaltérable, la vitesse pose la question de ce que sont la maître chez soi. En 1970, il claque frapper à ma porte, un matin que je C’est fini. J’ai vendu les droits tem- de syndicat, ce que je ne suis pas, je préférée à l’équilibre, et la vie, l’innocence. Une merveilleuse la porte de l’Opéra de Paris après n’étais ni rasé ni habillé, je lui ai poraires de certaines œuvres aux l’exigerais ! Mettez des gants quand dépense ostentatoire. Un fils lettre d’amour adressée aux seulement six mois, faute de pou- dit : “M. le maire, je n’ai pas les Ballets de Cleveland, de San Diego, vous écrirez cela, car je ne vais pas retrouve son père à la morgue et humains. voir décider de quoi que ce soit. mêmes opinions que vous.” Ce à de San Francisco. Je créerai en l’an me faire que des copains. » décide qu’il doit l’enterrer dans Théâtre de la Ville, 2, place du De même, en 1997, il quitte sans y quoi il a répondu : “M. Petit, c’est à 2001 à la Scala de Milan, au San Roland Petit sait qu’une bonne son pays d’origine. Au village Châtelet, 4e. Mo Châtelet. 20 h 30, mettre les formes les Ballets de l’artiste que je m’adresse.” » Carlo de Naples, au Ballet de To- histoire est forcément celle où paternel, il n’y a plus de place les 14, 15 et 16. Tél. : 01-42-74-22-77. Marseille, qu’il avait créés, en kyo. Et je suis en pourparlers avec quelqu’un meurt. « J’adore Pas pour ce cadavre : les cimetières De 95 F à 140 F. 1971, à l’invitation de Gaston Def- « VIEUX BAZARS » une grande compagnie new-yor- d’orchidées pour miss Blandish. ferre : « Gaston est une des per- Et cet artiste-là a créé un patri- kaise. » La fille à la fin est à l’hôpital, on la Publicité sonnes que j’aime. Il est resté dans moine capital, d’une valeur inter- Est-ce avec l’American Ballet croit à l’abri. Alors qu’elle a été vio- mon cœur comme un grand frère. nationale. Parmi les ballets de jeu- Theater qu’on a vu en septembre lée, droguée, elle se jette par la fe- Le jour de sa mort, j’aurais dû quit- nesse, rien à jeter. Du fameux Le à Paris ? « Le niveau de l’ABT est nêtre ! Pourquoi la mort ? Mais ter Marseille. Il n’était pas seule- Jeune Homme et la Mort à Carmen. consternant ! Quand on pense que c’est la meilleure des fins. Celle qui ment le maire de la ville, il était le De Hollywood aux scènes de mu- cette compagnie vient avec un Don nous arrive à tous. On dit que je suis père de la compagnie, il assistait à sic-hall. Tous les grands danseurs Quichotte mal dansé, alors qu’elle devenu moins horrible. Moins dur. tous les ballets, connaissait le nom ont voulu l’interpréter. Les studios a à son répertoire des fleurons de la Ça doit être vrai, non ? » de chaque danseur. Il y était chez américains signent à ses sublimes danse américaine, signés Balan- lui. J’y étais chez moi. Aujourd’hui, danseuses des contrats avec plein chine, Anthony Tudor, Agnès B. Dominique Frétard avec le recul, je me rends compte de zéros. « Gene Kelly est tombé De Mille. Il y en a marre de tous ces que j’étais la dernière image presti- fou amoureux de Leslie Caron. Il vieux bazars. Quand on voit Le Lac ૽ Du 15 au 27 octobre, à 19 h 30. gieuse de l’ère Defferre, qu’il fallait voyait en elle une créature de danse des cygnes dans la chorégraphie Opéra Garnier. Tél. : 08-36-69-78- l’effacer. Voilà pourquoi je suis par- exceptionnelle, ce en quoi il avait de Noureev : quel besoin a-t-il eu 78. De 30 F à 355 F (de 4,57 ¤ à ti. Une fois décidé, je n’avais plus raison. » Il y a aussi la pulpeuse de changer ce ballet divin ? Il est de 54,12 ¤).

DÉPÊCHES a ÉDITION : les salariés de Cas- Le Syndicat national des directeurs d’entreprises artistiques terman dénoncent le projet de cession de l’éditeur de Tintin, re- prochant toute absence d’informa- et culturelles critique la gestion de Stanislas Nordey tion et de préoccupations sociales. GUIDE Les syndicats CGC et CFDT expri- STANISLAS NORDEY, le directeur du Théâtre Gé- y sont programmées. Nous avons demandé à la profes- ment leur « défiance » à l’égard de rard-Philipe de Saint-Denis, menacé de fermeture en sion qu’elle fasse preuve de solidarité en accueillant ces la direction. Dargaud, Dupuis et raison d’un déficit de 10 millions de francs (1,5 million compagnies, afin que leurs productions soient assurées. » TROUVER SON FILM Arno Flammarion sont candidats à la re- d’euros) (Le Monde du 14 octobre), est pris à partie par Pour Christine Langrand, déléguée nationale du Bataclan, 50, boulevard Voltaire, 11e. o prise de l’éditeur, en butte à des le Syndeac – le Syndicat national des directeurs d’en- Syndeac, il n’y a pas de « règlement de comptes dans la Tous les films Paris et régions sur le M Voltaire. 20 heures, les 14 et 15. Minitel, 3615-LEMONDE, ou tél. : 08- Tél. : 01-43-14-35-35. 150 F. difficultés financières depuis plu- treprises artistiques et culturelles, qui regroupe trois position que nous avons prise. On ne peut pas dire qu’il y 36-68-03-78 (2,23 F/min). Cantasirena sieurs années (« Le Monde des cents directeurs d’institution en France. Les dix-sept ait beaucoup de courage dans cette profession quand il Cabaret napolitain. livres » du 29 janvier). membres de son conseil national expriment une posi- s’agit de prendre une position publique. » La personnali- VERNISSAGES Magic Mirror’s, 90, rue de la Ro- a Le livre de Binjamin Wilko- tion ambivalente – un soutien critique – plutôt rare té de Stanislas Nordey – qui n’a jamais hésité à provo- quette, 11e. Mo Bastille. Du 14 octobre L’Envers des villes ; European France mirski, Bruchstücke (Fragments, dans une profession où d’ordinaire les artistes quer la profession, voire à la fustiger – rentre évidem- e au 7 novembre. Tél. : 08-03-02-00-40. 5 session ; Jean Prouvé 120 F. traduit en français chez Calmann- s’unissent dès qu’il s’agit d’affronter les tutelles. Tout ment en ligne de compte dans la guerre des Institut français d’architecture, 6 bis, e o Gilbert Lafaille Lévy), a été retiré de la vente par en soutenant le projet artistique du TGP (places à 50 F, communiqués et déclarations émanant des diverses rue de Tournon, 6 .M Mabillon. Tél. : Auditorium Saint-Germain, 4, rue Fé- son éditeur allemand, Suhrkamp engagement en faveur des jeunes compagnies), le Syn- parties depuis lundi. Jean-Claude Fall, membre du 01-46-33-90-36. De 12 h 30 à libien, 6e. Mo Odéon. Du 14 au 16 et Verlag, mardi 12 octobre, en raison deac reconnaît que la responsabilité de Stanislas Nor- conseil national du Syndeac, prédécesseur de Stanislas 19 heures. Fermé lundi. Du 14 octobre du 21 au 23 octobre, à 20 h 30 ; le 24, « du peu d’information disponible » dey est lourdement engagée dans le déficit. Nordey au TGP et actuel directeur du Centre drama- au 9 janvier. Entrée libre. à 15 heures. Tél. : 01-44-07-37-43. sur l’identité de son auteur, qui af- « Nous avons reçu Stanislas Nordey et Valérie Lang tique national des Treize-Vents de Montpellier (que ENTRÉES IMMÉDIATES 140 F. firme avoir été un enfant rescapé [directrice adjointe] une heure lundi matin, explique Stanislas Nordey ne ménage pourtant pas, disant qu’il Marianna Montalvo (Chili) La Chapelle des Lombards, 19, rue de des camps d’extermination nazis. Michel Orrier, président du syndicat, il est évident que a laissé un théâtre exsangue à son départ, fin 1997), dé- Le Kiosque Théâtre : les places du jour vendues à moitié prix (+ 16 F de Lappe, 11e . Mo Bastille. Les 14, 21 et La réalité de son récit avait été mise nous soutenons le projet artistique de ce théâtre, qui est clare pour sa part : « Il y a ma position personnelle face commission par place). Place de la 28, à 20 h 30. Tél. : 01-40-21-12-40. en doute et son agent littéraire, généreux, formidable. Mais nous ne pouvons soutenir à Nordey – je l’aime beaucoup et je l’ai toujours soutenu Madeleine et parvis de la gare Mont- 60 F et 80 F. Liepman, à Zurich (Suisse), avait une gestion qui aboutit à un déficit de 10 millions de comme un fils – et la position du Syndeac, qui est une po- parnasse. De 12 h 30 à 20 heures, du Michael McDonnel et Dirty Linen confié à un historien, Stefan Mä- francs. Quand on veut faire un théâtre citoyen, on doit sition syndicale. Il est évident qu’un syndicat ne peut pas mardi au samedi ; de 12 h 30 à (Irlande) chler, la mission de faire la lumière gérer l’argent public d’une manière citoyenne. Le pro- accepter une gestion pour le moins incertaine, ce qui ne 16 heures, le dimanche. Centre Mandapa, 6, rue Würtz, 13e . o sur la biographie réelle de l’auteur blème posé par Stanislas Nordey est un problème cen- l’empêche pas de soutenir l’action artistique de Nordey Les Voyages du faune M Glacière. Le 14, à 20 h 30. Tél. : 01- 45-89-01-60. 70 F et 100 F. (Le Monde du 23 octobre 1998). tral : celui du théâtre public. Diriger un théâtre, c’est un et de demander une solidarité pour les compagnies. » d’après Colette, mise en scène de Su- sana Lastreto. tout. Il y a le travail sur la création, le travail sur le pu- Mercredi, le TGP a reçu une lettre de la BFPC Cartoucherie-Théâtre du Chaudron, RÉSERVATIONS blic, et la responsabilité financière. On ne peut pas les (Banque française de crédit coopératif) annonçant route du Champ-de-Manœuvre, 12e. o Cirque Plume dissocier. On ne peut pas non plus être généreux avec qu’elle n’assurera pas le relais de trésorerie s’il n’y a M Château-de-Vincennes. Du 14 oc- Espace Chapiteaux du Parc de La Vil- l’argent des autres. Les 10 millions de francs de déficit du pas d’apports avant fin octobre. La direction du tobre au 21 novembre. Tél. : 01-43-28- lette, 19e . Du 22 octobre au 29 dé- TGP, à supposer qu’ils soient renfloués par les tutelles, théâtre fait savoir que les tutelles lui avaient donné 97-04. De 50 F à 110 F. cembre. Tél. : 0–803-075-075. 120 F et c’est de l’argent qui n’ira pas ailleurs. Il faut trouver une jusqu’à fin novembre pour trouver une solution. Dumb Type 150 F. Memorandum. solution pour maintenir le Centre dramatique national L’Orchestre national de Barbès Maison des arts, place Salvador-Al- Zénith, 209, avenue Jean-Jaurès, 19e. de Saint-Denis, et pour venir en aide aux compagnies qui o Brigitte Salino lende, 94 Créteil. M Créteil-Préfec- Le 2 novembre, à 20 heures. Tél. : 01- ture. Jusqu’au 24 octobre. Tél. : 01-45- 42-08-60-00. 143 F. 13-19-19. 100 F. Iggy Pop Walter Grimmer (violoncelle) Elysée Montmartre, 72, boulevard Ro- Mark Foster (piano) chechouart, 18e. Les 8 et 9 novembre, Œuvres de Caplet, Liszt, Greif, We- à 19 h 30. Tél. : 01-55-07-06-00. 165 F. bern, et Chopin. Musée d’Orsay, 1, rue de Bellechasse, DERNIERS JOURS 7e. Mo Solferino. Le 14, à 20 heures. Tél. : 01-40-49-47-57. 130 F. 16 octobre : Peter Csaba (violon) Conversations avec Antoine Vitez Jean-François Heisser (piano) d’après Emile Copfermann, mise en Bartok : Sonates pour violon et piano scène de Daniel Soulier. nos 1et 2. Théâtre national de Chaillot, 1, place Théâtre musical de Paris, 1, place du du Trocadéro, 16e. Tél. : 01-53-65-30- Châtelet, 1er .Mo Châtelet. Le 15, à 00. De 80 F à 160 F. 12 h 45. Tél. : 01-40-28-28-40. 55 F. Crash ! Jean-Michel Pilc Trio de James Graham Ballard, mise en Au duc des Lombards, 42, rue des scène de François Rodinson. Lombards, 1er . Mo Châtelet. Du 14 au Manufacture des œillets, 25-29, rue 17, à 20 h 30 et 22 h 30. Tél. : 01-42-33- Raspail, 94 Ivry-sur-Seine. 50 F et 80 F. 22-88. 80 F. 17 octobre : Dave Holland Band Laisse faire la lumière Un même esprit anime le quintette de et avec Marianne Auricoste. actuel d’Holland, où l’on distinguera Théâtre Molière-Maison de la Poésie, le saxophoniste Chris Potter, futur ré- 161, rue Saint-Martin, 3e. Tél. : 01-44- cipendiaire du prestigieux Jazzpar 54-53-00. 60 F et 80 F. Prize en l’an 2000. Demeures New Morning, 7-9, rue des Petites- Musée Zadkine, atelier, 100 bis, rue Ecuries, 10e. Mo Château-d’Eau. Le 14, d’Assas, 6e. Tél. : 01-43-26-91-90. Fer- à 21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. De mé lundi. 27 F. 110F à 130F. b Opération « Prenez une place et ve- Martial Solal, Claudia Solal nez à deux » : tous renseignements Petit Journal Montparnasse, 13, rue par téléphone : 01-42-78-44-72, Mini- du Commandant-René-Mouchotte, tel (3615 Paris), Internet (http : // 14e. Mo Gaîté. Le 14, à 22 heures. Tél. : www.paris.france.org). Jusqu’au 01-43-21-56-70. De 100 F à 150 F. 17 octobre. LeMonde Job: WMQ1510--0032-0 WAS LMQ1510-32 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 09:23 S.: 111,06-Cmp.:14,14, Base : LMQPAG 48Fap: 100 No: 0600 Lcp: 700 CMYK

32 / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 CULTURE Cent disques, cent films et cent livres pour un siècle

PALMARÈS Pour célébrer la fin du livres que vous emporteriez sur une île dé- Un défi qui a été relevé avec humour, plu- taires à la Prévert où Proust côtoie James siècle, les lecteurs du « Monde » et les serte ? » Sur une liste de 200 livres, 200 tôt comme un jeu que comme un classe- Hadley Chase et Gaston Lagaffe, Jean-Luc clients de la Fnac se sont vu proposer une disques, 200 films, ils devaient choisir les ment pour l’éternité. Camus, Chaplin et les Godard, Jacques Tati et George Lucas, et variante du fameux : « Quels sont les dix « Cent du siècle », dans chaque catégorie. Beatles sont plébiscités dans ces inven- Chopin, John Coltrane et Johnny Hallyday. b disques b films

AUTEUR TITRE PAYS GENRE ÉDITEUR, COLLECTION AUTEUR TITRE PAYS VHS DVD

1 The Beatles Abbey Road G.-B. VI EMI 1 Charles Chaplin Les Temps modernes G.-B. FRAV GCTHV 2 Bob Marley Babylon by Bus Jamaïque MM UNIVERSAL 2 Orson Welles Citizen Kane Etats-Unis FO - 3 Louis Armstrong The Good Book Etats-Unis J UNIVERSAL 3 Stanley Kubrick 2001 : l’Odyssée de l’espace Etats-Unis WHV - 4 Jacques Brel Jeff Belgique VF UNIVERSAL 4 Jean Cocteau La Belle et la Bête France TF1 - 5 The Rolling Stones Sticky Fingers G.-B. VI VIRGIN 5 Francis F. Coppola Le Parrain Etats-Unis CIC - 6 Serge Gainsbourg Melody Nelson France VF UNIVERSAL 6 Victor Fleming Autant en emporte le vent Etats-Unis WHV - 7 Pink Floyd The Dark Side of the Moon G.-B. VI EMI 7 Robert Wise West Side Story Etats-Unis WHV WHV 8 Jimi Hendrix Electric Ladyland Etats-Unis VI UNIVERSAL 8 François Truffaut Jules et Jim France - - 9 Georges Brassens Tempête dans un bénitier France VF UNIVERSAL 9 Steven Spielberg E.T. Etats-Unis UP - 10 Miles Davis Kind of Blue Etats-Unis J SONY 10 George Lucas La Guerre des étoiles Etats-Unis - - 11 Bob Dylan Blonde on Blonde Etats-Unis VI SONY 11 David Lynch Elephant Man Etats-Unis C+ C+ 12 Léo Ferré Avec le temps France VF UNIVERSAL 12 Fred Zinnemann Le train sifflera trois fois Autriche FO FO 13 Elvis Presley From Elvis in Memphis Etats-Unis VI BMG 13 Alain Resnais Hiroshima mon amour France FO - 14 Édith Piaf 35e anniversaire France VF EMI 14 Marcel Pagnol La Femme du boulanger France CMF - 15 The Doors Strange Days Etats-Unis VI WEA 15 David Lean Lawrence d’Arabie G.-B. GCTHV - 16 W.A. Mozart Requiem/Karl Böhm Autriche C UNIVERSAL 16 Alfred Hitchcock Vertigo G.-B. UP - 17 Ella Fitzgerald Mack the Knife, in Berlin Etats-Unis J UNIVERSAL 17 John Ford La Chevauchée fantastique Etats-Unis FO - 18 Michael Jackson Thriller Etats-Unis VI SONY 18 Jean-Luc Godard Pierrot le fou France FRAV GCTHV 19 U2 The Joshua Tree Irlande VI UNIVERSAL 19 Sergueï M. Eisenstein Le Cuirassé Potemkine URSS FRAV - 20 L. Van Beethoven 9e Symphonie/W. Furtwängler Allemagne C EMI 20 Woody Allen Annie Hall Etats-Unis WHV - 21 Charles Aznavour Les 40 Chansons d’or France VF EMI 21 Ingmar Bergman Cris et chuchotements Suède FRAV - 22 Duke Ellington Newport 1956 Etats-Unis J SONY 22 Fritz Lang M le maudit Allemagne TF1 - 23 Barbara La Femme piano France VF UNIVERSAL 23 Akira Kurosawa Les Sept Samouraïs Japon FRAV - 24 Johnny Hallyday Rock and roll attitude France VF UNIVERSAL 24 Walt Disney Blanche-Neige et les sept nains Etats-Unis - - 25 John Lennon Plastic Ono Band G.-B. VI EMI 25 Sergio Leone Il était une fois en Amérique Italie FO - 26 Ray Charles Genius of Ray Charles Etats-Unis VI WEA 26 Michael Curtiz Casablanca Etats-Unis WHV - 27 Eric Clapton 461, Ocean Boulevard G.-B. VI UNIVERSAL 27 S. Donen & G. Kelly Chantons sous la pluie Etats-Unis WHV - 28 David Bowie The Rise and Fall of Ziggy Stardust G.-B. VI EMI 28 Vittorio De Sica Le Voleur de bicyclette Italie FRAV - 29 Police Regatta De Blanc G.-B. VI UNIVERSAL 29 Claude Autant-Lara La Traversée de Paris France TF1 - 30 Charlie Parker Now’s the Time Etats-Unis J UNIVERSAL 30 John Huston Le Faucon maltais Etats-Unis WHV - 31 Sidney Bechet Quintessence 1932-1943 Etats-Unis J NIGHT & DAY 31 Nagisa Oshima L’Empire des sens Japon FO - 32 James Brown Sex Machine Etats-Unis VI UNIVERSAL 32 Marcel Carné Le jour se lève France FO - 33 Stevie Wonder Songs in the Key Of Life Etats-Unis VI UNIVERSAL 33 Jean Renoir La Règle du jeu France FO FO 34 Charles Trenet 1937-1939 France VF EMI 34 Jacques Demy Les Demoiselles de Rochefort France FRAV GCTHV 35 Georges Bizet Carmen/Berganza, Domingo France C UNIVERSAL 35 John Sturges Les Sept Mercenaires Etats-Unis WHV - 36 Django Reinhardt Quintessence 1934-1943 France J NIGHT & DAY 36 Howard Hawks Rio Bravo Etats-Unis WHV - 37 Bruce Springsteen Born to Run Etats-Unis VI SONY 37 Federico Fellini Amarcord Italie WHV - 38 Prince Sign O’the Times Etats-Unis VI WEA 38 J. von Sternberg L’Ange bleu Autriche TF1 - 39 Billie Holiday Lady in Satin Etats-Unis J SONY 39 Jean-Marie Poiré Le Père Noël est une ordure France FO FO 40 Yves Montand Le Paris de Montand France VF SONY 40 Roberto Rossellini Rome ville ouverte Italie FRAV - 41 Nirvana Nevermind Etats-Unis VI UNIVERSAL 41 Claude Lanzmann Shoah France TF1 - 42 The Who Who’s Next G.-B. VI UNIVERSAL 42 Wim Wenders Paris Texas Allemagne FO - 43 Genesis The Lamb Lies Down on Broadway G.-B. VI VIRGIN 43 Joseph Mankiewicz La Comtesse aux pieds nus Etats-Unis WHV - 44 Khaled Kutche Algérie MM SONY 44 H.-G. Clouzot Le Corbeau France FO - 45 Frédéric Chopin Polonaises/Artur Rubinstein Pologne C BMG 45 Jean-Paul Rappeneau Cyrano de Bergerac France FRAV PFC 46 Francis Cabrel Samedi soir sur la Terre France VF SONY 46 Charles Laughton La Nuit du chasseur Etats-Unis WHV - 47 The Cure Seventeen Seconds G.-B. VI UNIVERSAL 47 Terence Young James Bond 007 contre Dr No G.-B. - - 48 Richard Wagner 1er acte de la « Walkyrie »/B. Walter Allemagne C EMI 48 Michael Cimino Voyage au bout de l’enfer Etats-Unis C+ C+ 49 Led Zeppelin II G.-B. VI WEA 49 Jean-Pierre Melville Le Cercle rouge France FO FO 50 Mc Solaar Prose Combat France VF UNIVERSAL 50 Abel Gance Napoléon France - - 51 Renaud Mistral gagnant France VF VIRGIN 51 René Clément La Bataille du rail France - - 52 Giuseppe Verdi Traviata/Carlos Kleiber Italie C UNIVERSAL 52 Luc Besson Léon France GCTHV GCTHV 53 Leonard Cohen Songs From a Room Canada VI SONY 53 George Lautner Les Tontons flingueurs France TF1 - 54 Jean Ferrat Ferrat chante Aragon France VF UNIVERSAL 54 Martin Scorsese Les Affranchis Etats-Unis WHV WHV 55 Jacques Dutronc Les Play Boys France VF EMI 55 Tay Garnett Le facteur sonne toujours deux fois Etats-Unis WHV - 56 Michel Polnareff Tous les bateaux, tous les oiseaux France VF SONY 56 Jacques Tati Playtime France FRAV - 57 Aretha Franklin Lady Soul Etats-Unis VI EAST WEST 57 Ettore Scola Nous nous sommes tant aimés Italie - - 58 Giacomo Puccini La Tosca/Callas, Sabata Italie C EMI 58 Luchino Visconti Senso Italie FO - 59 Cesaria Evora Miss Perfumado Cap vert MM BMG 59 Buster Keaton Le Mécano de la "General" Etats-Unis FRAV - 60 Igor Stravinsky Le Sacre du printemps/L. Maazel Russie C TELARC 60 John Boorman Excalibur G.-B. WHV - 61 Alain Souchon C’est déjà ça France VF VIRGIN 61 James Cameron Terminator Canada TF1 TF1 62 John Coltrane A Love Supreme Etats-Unis J UNIVERSAL 62 Wilhelm Murnau Nosferatu Allemagne FSF - 63 The Beach Boys Pet Sounds Etats-Unis VI EMI 63 Marco Ferreri La Grande Bouffe Italie - - 64 Youssou N’Dour Set Sénégal MM VIRGIN 64 Quentin Tarantino Reservoir Dogs Etats-Unis - - 65 Claude Nougaro Nougayork France VF WEA 65 Ernst Lubitsch To Be or Not To Be Allemagne FO - 66 Boris Vian Boris Vian chante Boris Vian France VF UNIVERSAL 66 Clint Eastwood Impitoyable Etats-Unis WHV WHV 67 Otis Redding Otis Blue Etats-Unis VI WEA 67 Lars von Trier Breaking the Waves Danemark FO FO 68 Count Basie Atomic Basie Etats-Unis J EMI 68 Joseph Losey M. Klein G.-B. FO - 69 Piotr Tchaïkovski 4e, 5e, 6e Symphonies/E. Mravinski Russie C UNIVERSAL 69 Terry Gilliam Brazil Etats-Unis FO FO 70 Kassav Majestic Zouk France MM SONY 70 Gérard Oury Les Aventures de Rabbi Jacob France 1 VIDEO - 71 Chuck Berry One Dozen Berrys Etats-Unis VI UNIVERSAL 71 Jean Vigo L’Atalante France - - 72 Noir Désir Tostaky France VF UNIVERSAL 72 Max Ophuls Lola Montès Fr./Allemagne - - 73 Peter Gabriel So G.-B. VI VIRGIN 73 P. Schoendoerffer Le Crabe-Tambour France - GCTHV 74 Paco Ibanez España de hoy y siempre Espagne MM MUSIDISC 74 Claude Chabrol La Cérémonie France FO - 75 The Sex Pistols Never Mind the Bollocks... G.-B. VI VIRGIN 75 Luis Bunuel El Espagne - - 76 Neil Young After the Gold Rush Canada VI WEA 76 Henri Verneuil Mélodie en sous-sol France FO - 77 Jean-Sébastien Bach Variations Goldberg/G. Gould Allemagne C SONY 77 Marcel Ophuls Le Chagrin et la Pitié France - - 78 Mano Negra Puta’s Fever France VF VIRGIN 78 Billy Wilder Sunset Boulevard Autriche CIC - 79 Lou Reed Berlin Etats-Unis VI BMG 79 David Fincher Seven Etats-Unis TF1 - 80 Ike & Tina Turner River Deep, Mountain High Etats-Unis VI UNIVERSAL 80 Sam Peckinpah La Horde sauvage Etats-Unis WHV - 81 Frank Zappa Apostrophe Etats-Unis VI HARMONIA MUNDI 81 Nicholas Ray Johnny Guitar Etats-Unis FO FO 82 Les Rita Mitsouko The No comprendo France VF VIRGIN 82 René Clair A nous la liberté France TF1 - 83 Bobby Lapointe Aragon et Castille France VF UNIVERSAL 83 Paul Grimault Le Roi et l’Oiseau France - - 84 R.E.M. Automatic for The People Etats-Unis VI WEA 84 Tim Burton Edward aux mains d’argent Etats-Unis - - 85 Marvin Gaye What’s Going on Etats-Unis VI UNIVERSAL 85 Sacha Guitry Le Journal d’un tricheur France - - 86 Jean-Sébastien Bach Sonates et partitas/Y. Menuhin Allemagne C EMI 86 John Cassavetes Husbands Etats-Unis - - 87 Stan Getz/Joao Gilberto Getz/Gilberto Etats-Unis/BrésilJ UNIVERSAL 87 M. Antonioni Le Désert rouge Italie - - 88 Juliette Greco Je suis comme je suis France VF UNIVERSAL 88 Julien Duvivier La Belle Equipe France TF1 - 89 Frédéric Chopin Valses/Dinu Lipatti Pologne C EMI 89 Agnès Varda Cléo de 5 à 7 France FRAV - 90 Dalida Les Années Barclay France VF UNIVERSAL 90 Roman Polanski Cul-de-sac Pologne - - 91 Ellington/Mingus/Roach Money Jungle Etats-Unis J EMI 91 Tod Browning Freaks Etats-Unis WHV - 92 Björk Homogenic Islande VI UNIVERSAL 92 Nanni Moretti Journal intime Italie TF1 - 93 Alain Bashung Fantaisie militaire France VF UNIVERSAL 93 Elia Kazan La Fièvre dans le sang Etats-Unis WHV - 94 IAM L’école du micro d’argent France VF VIRGIN 94 Carl T. Dreyer La Passion de Jeanne d’Arc Danemark GCTHV - 95 Sarah Vaughan Sassy Swings The Tivoli Etats-Unis J UNIVERSAL 95 Eric Rohmer La Marquise d’O France FRAV - 96 Claude Debussy Pelléas et Mélisande/R. Désormière France C EMI 96 Bertrand Tavernier L. 627 France TF1 - 97 Sonny Rollins Saxophone Colossus Etats-Unis J WEA 97 Bernardo Bertolucci Le Conformiste Italie - - 98 Serge Reggiani Ma liberté et autres succès France VF UNIVERSAL 98 Jacques Becker Le Trou France C+ - 99 Janis Joplin Pearls Etats-Unis VI SONY 99 Frank Capra L’Homme de la rue Etats-Unis ALCOME - 100 Oum Kalsoum Al Atlal Égypte MM CLUB DU DISQUE ARABE 100 Pier Paolo Pasolini Accatone Italie - - LeMonde Job: WMQ1510--0033-0 WAS LMQ1510-33 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 09:23 S.: 111,06-Cmp.:14,14, Base : LMQPAG 48Fap: 100 No: 0601 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 33 « Abbey Road by Bus » SE PENCHER sur le siècle, lenger des Beatles. En plein siècle nés par Bob Dylan (Blonde on c’est forcément en réduire la de la colonisation-décolonisation, Blonde). Tous révolutionnaires en durée. Les efforts de mémoire, des voyages intercontinentaux, du leur temps. les coups de cœur et les émotions tourisme de masse, les bulletins ne Mais en cherchant à solidifier le ne remonteront donc guère au-de- retiennent que Miss Perfumado, de siècle par des valeurs sûres, le clas- là de la génération des parents, la Cap-Verdienne Cesaria Evora sement, s’il honore le jazz, fait l’im- b livres soit, en gros, aux années 60, donc (59e ), Set, du Sénégalais Youssou passe sur le grand chamboulement aux Beatles, heureux (mais dissous) N’Dour (64e), Majestic Zouk, des des musiques électroniques, rap élus de la compétition des « Cent Antillais francophones Kassav compris. Premier des deux disques AUTEUR TITRE PAYS GENRE ÉDITEUR, COLLECTION du siècle », avec Abbey Road. Et (70e ), les arts nègres étant tout de de rap sélectionnés, Prose Combat, pourquoi avoir inscrit sur la liste même mieux servis que la culture de MC Solaar, 50e, tandis que 1 L’Étranger France R Gallimard, Folio des candidats cet album, et non pas arabe – mis à part Khaled, on trou- L’Ecole du micro d’argent des Mar- 2 Marcel Proust A la recherche du temps perdu France R Gallimard, quarto le « double blanc », musicalement vera, isolée, Al Atlal, de la grande seillais IAM est 94e. De la « jeune » 3 Franz Kafka Le Procès Tch. R Gallimard, Folio aussi riche ? Sans doute à cause de diva égyptienne du chant Oum Kal- génération du rock (début des an- 4 A. de Saint-Exupéry Le Petit Prince France R Gallimard, Folio la force de l’image, la photogra- soum, sauvé in extremis à la nées 90), il restera Nevermind, de phie : quatre garçons aux allures bi- 100e place. Quant à l’Europe, pas Nirvana (41e) et Homogenic, de l’Is- 5 André Malraux La Condition humaine France R Gallimard, Folio zarres et sereines, empruntant un l’ombre d’un Italien, à l’exception landaise Björk (92e). Du Brésil, rien 6 L.-Ferdinand Céline Voyage au bout de la nuit France R Gallimard, Folio passage clouté aux lignes blanches des maîtres de l’autre siècle joués , sinon le Getz-Gilberto, rencontre 7 John Steinbeck Les Raisins de la colère Etats-Unis R Gallimard, Folio et droites. La vision est rassurante, dans celui-ci, tels Verdi, 52e pour du jazz et de la bossa en 1964 (87e). 8 Ernest Hemingway Pour qui sonne le glas Etats-Unis R Gallimard, Folio en même temps qu’elle prône l’in- La Traviata version Carlos Kleiber, Certes, il ne faut pas confondre 9 Alain-Fournier Le Grand Meaulnes France R LGF, Livre de poche solence de la jeunesse. et Puccini pour La Tosca (Callas- l’inscription à l’ordre du mérite 10 Boris Vian L’Écume des jours France R LGF, Livre de poche Voyages, voyages : tous à Baby- Sabata). avec la révolution. Mais enfin. lon by Bus, en bus vers la société Même classicisme chez les Fran- 11 Simone de Beauvoir Le Deuxième Sexe France E Gallimard, Folio Essais décadente, épopée reggae rythmée IMPASSE SUR L’ÉLECTRONIQUE çais : Jeff, de Jacques Brel, 4e , tient 12 Samuel Beckett En attendant Godot Irlande T Minuit par Bob Marley, brillant deuxième La jeune industrie du disque s’est le haut du pavé, Melody Nelson, de 13 Jean-Paul Sartre L’Être et le Néant France E Gallimard, TEL d’une compétition qu’il n’aurait appuyée sur les Etats-Unis pour Gainsbourg est 6e , Tempête dans 14 Le Nom de la rose Italie R LGF, Livre de poche sans doute pas souhaitée, mais qui conquérir les marchés mondiaux. un bénitier, de Georges Brassens, 15 A. Soljenitsyne L’ Archipel du goulag URSS D Fayard dévoile la part cachée de mysti- 49 % des élus sont anglophones 9e , Avec le temps, de Léo Ferré, 12e , (35 % américains, 14 % anglais), et le disque d’or (35e anniversaire) 16 Jacques Prévert Paroles France P Gallimard, Folio cisme de chacun (et pourquoi pas un peu de rastafarisme pacifiste ?), 29 % français. S’ils ont permis da- d’Edith Piaf, 14e, devant Strange 17 G. Apollinaire Alcools France P Gallimard, Poésie car, sinon, comment expliquer vantage de ventes nationales, les Days, des Doors et le Requiem de 18 Hergé Le Lotus bleu (Tintin) Belgique BD Casterman cette représentation OVNI des mu- quotas radiophoniques de chanson Mozart (dirigé par Karl Böhm). 19 Anne Frank Journal Allemagne D LGF, Livre de poche siques dites du monde en tête de française ne se sont sans doute pas Ainsi va la vie du musicien, qui, 20 Claude Lévi-Strauss Tristes tropiques France E Pocket, Terre humaine classement – il faudra attendre la encore fait sentir. Il est vrai aussi même projeté dans le gigantisme 21 Aldous Huxley Le Meilleur des mondes G.-B. SF Pocket 44e place pour trouver Kutche, de que les gagnants n’ont pas déméri- du Stade de France, même élu roc- l’Algérien Khaled. Les votes ré- té : 3e, Louis Armstrong, version keur national, doit parfois se 22 George Orwell 1984 G.-B. R Gallimard, Folio vèlent l’ampleur de l’emprise an- gospel (The Good Book),5e, les Rol- contenter d’une 24e place (Rock and 23 Goscinny & Uderzo Astérix France BD Hachette, Albert René glophone sur le domaine musical ling Stones (Sticky Fingers), suivis roll attitude, de Johnny Hallyday). 24 Eugène Ionesco La Cantatrice chauve France T Gallimard, Folio Théâtre – on peut aussi trouver ici les rai- de Jimi Hendrix (Electric Ladyland) 25 Sigmund Freud Trois essais sur la théorie de la sexualité Autriche E Gallimard, Folio Essais sons du choix de Marley en chal- et Miles Davis (Kind of Blue), talon- Véronique Mortaigne 26 M. Yourcenar L’Œuvre au noir France R Gallimard, Folio 27 Vladimir Nabokov Lolita Etats-Unis R Gallimard, Folio 28 James Joyce Ulysse Irlande R Gallimard, Folio 29 Dino Buzzati Le Désert des Tartares Italie R Pocket 30 André Gide Les Faux-Monnayeurs France R Gallimard, Folio Classiques mais ludiques 31 Jean Giono Le Hussard sur le toit France R Gallimard, Folio LE CHOIX des quelque 6 000 votants ayant envoyé les ont imposés, et d’un rapport plus ludique, plus 32 Albert Cohen Belle du Seigneur Suisse R Gallimard, Folio leur liste idéale des films du siècle dessine une carte jouisseur au cinéma. du tendre cinéphilique fortement contrastée. Cette Parmi les 100 films, la proportion de morts (56 %) et 33 G. Garcia Marquez Cent ans de solitude Colombie R Le Seuil, Points « carte » renvoie à deux paysages différents, selon de vivants (44 %) est relativement équilibrée, on peut 34 William Faulkner Le Bruit et la Fureur Etats-Unis R Gallimard, Folio qu’on prend en compte les 100 lauréats correspon- en déduire un équilibre entre classicisme reconnu et 35 François Mauriac Thérèse Desqueyroux France R LGF, Livre de poche dant à la question posée ou qu’on concentre son at- goût pour la production actuelle. En revanche, parmi 36 Raymond Queneau Zazie dans le métro France R Gallimard, Folio tention sur le « tableau d’honneur » des 20 titres les les 20 premiers, la domination des morts (65 %) sur les 37 Stefan Zweig La Confusion des sentiments Autriche R LGF, Livre de poche plus souvent cités. vivants (35 %) semble manifester la préséance des va- 38 Margaret Mitchell Autant en emporte le vent Etats-Unis R Gallimard, Folio Les 100 titres selectionnés traduisent d’abord la do- leurs sûres. Un autre décalage entre les « 100 » et les mination presque absolue du cinéma euro - nord- « 20 » apparaît dans le classement par nationalités : 39 David H. Lawrence L’Amant de lady Chatterley G.-B. R Gallimard, Folio américain, seuls deux Japonais (Kurosawa et Oshima) dans les deux cas, les Américains l’emportent nette- 40 Thomas Mann La Montagne magique Allemagne R LGF, Livre de poche parviennent à se faire une place parmi leurs ment, et les Français fournissent le seul contrepoids si- 41 Françoise Sagan Bonjour tristesse France R Pocket 98 confrères – plus précisément leurs 97 confrères et gnificatif. Mais alors que sur 100 films 41 % sont améri- 42 Vercors Le Silence de la mer France R LGF, Livre de poche une seule et unique consœur (vive Varda !) –, mais cains et 31 % français (avec 11 titres, l’Italie est le seul 43 Georges Perec La Vie mode d’emploi France R LGF, Livre de poche cette disparité sexuelle est moins significative que autre pays obtenant un score notable), parmi les 44 Arthur Conan Doyle Le Chien des Baskerville G.-B. PR Librio l’homogénéité géographique, puisque la liste des 20 premiers on trouve 65 % d’américains pour 25 % de 200 cinéastes parmi lesquels devait s’effectuer le français. 45 Georges Bernanos Sous le soleil de Satan France R Pocket choix comportait de nombreux noms originaires Le point de croisement « idéal » entre reconnais- 46 F. S. Fitzgerald Gatsby le magnifique Etats-Unis R LGF, Livre de poche d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, alors que cette sance esthétique et plaisir de spectateur se situe donc 47 Milan Kundera La Plaisanterie France/TCH. R Gallimard, Folio liste de référence reflétait le très petit nombre de réa- clairement en Amérique, représentée par des grands 48 Alberto Moravia Le Mépris Italie R Flammarion, Librio lisatrices au sein d’une profession restée jusqu’à une noms appartenant à toutes les générations depuis le 49 Agatha Christie Le Meurtre de Roger Ackroyd G.-B. PR Le Masque date récente très largement dominée par les hommes. muet – Chaplin éternel – et à tous les genres. De Ford à 50 André Breton Nadja France R Gallimard, Folio Pas d’Ozu ni de Mizoguchi, pas de Glauber Rocha, Lucas, et de Welles à Spielberg, la domination est mas- de Kiarostami ni de Hou Hsiao-hsien parmi les sive. Et il y a fort à craindre que la mention d’Eisens- 51 Louis Aragon Aurélien France R Gallimard, Folio 100 premiers. Cet occidentalocentrisme correspond à tein corresponde davantage à la reconnaissance de 52 Paul Claudel Le Soulier de satin France T Gallimard, Folio Théâtre une réalité de diffusion des œuvres... à la télévision. principe accordée depuis des décennies à l’auteur du 53 Luigi Pirandello Six personnages en quête d’auteur Italie T LGF, Livre de poche Alors que les cinématographies du monde sont, en Cuirassé Potemkine qu’à un rapport vivant à son œuvre. 54 Bertolt Brecht Arturo Ui Allemagne T L’Arche, scène ouverte France, relativement accessibles en salles, elles En revanche, la présence parmi les cinq Français, aux 55 Michel Tournier Vendredi ou les limbes du Pacifique France R Gallimard, Folio restent confidentielles sur le petit écran, et c’est cette côtés de deux cinéastes-écrivains dont la renommée ne 56 H. G. Wells La Guerre des mondes G.-B. SF Gallimard, Folio caractéristique qui définit le périmètre au sein duquel doit pas tout au cinéma (Cocteau et Pagnol) de trois s’est effectué le choix des votants. A l’intérieur de ce grands modernes du cinéma, Truffaut, Resnais et Go- 57 Primo Levi Si c’est un homme Italie R Pocket cadre, les résultats indiquent clairement le croise- dard, est l’une des surprises d’un classement qui, il y a 58 John R. R. Tolkien Le Seigneur des anneaux G.-B./Af. du Sud SF Pocket ment de deux influences : ils se situent au point d’in- quelques années, aurait probablement fait meilleure 59 Colette Sido, les vrilles de la vigne France R LGF, Livre de poche tersection entre une labellisation culturelle désormais place à Marcel Carné ou à Julien Duvivier par exemple. 60 Paul Éluard Capitale de la douleur France P Gallimard, Poésie largement admise et portant sur des noms de grands 61 Jack London Martin Eden Etats-Unis R 10/18 artistes tels que la critique et désormais l’université Jean-Michel Frodon 62 Hugo Pratt La Ballade de la mer salée Italie BD Casterman 63 Roland Barthes Le Degré zéro de l’écriture France E Le Seuil, Points essais 64 Heinrich Böll L’Honneur perdu de Katarina Blum Allemagne R Le Seuil, Points 65 Julien Gracq Le Rivage des Syrtes France R José Corti Ecrivains et choix sentimentaux 66 Michel Foucault Les Mots et les Choses France E Gallimard, TEL 67 Jack Kerouac Sur la route Etats-Unis R Gallimard, Folio C’ÉTAIT UN JEU : « Quels livres pour proposer ce jeu : cherchons Proust, Céline, Beauvoir et quel- 68 Selma Lagerlöf Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson Suède R LGF, Livre de poche sont restés dans votre mémoire ? » cent ROMANS que vous avez gar- ques autres – aux livres qu’on a ai- Pas une interrogation écrite du dés en mémoire. Cela aboutissait, més parce qu’on était jeune, parce 69 Virginia Woolf Une chambre à soi G.-B. R 10/18 genre : « Qu’avez-vous vraiment bien sûr, à faire figurer sur la liste qu’on sera toujours un peu senti- 70 Ray Bradbury Chroniques martiennes Etats-Unis SF Denoël, Présence du futur lu ? » Encore moins un classement : Autant en emporte le vent, de Mar- mental, parce qu’on a de la curiosi- 71 Marguerite Duras Le Ravissement de Lol V. Stein France R Gallimard, Folio « Quel est le plus grand écrivain du garet Mitchell, Les Raisins de la co- té, ou du goût pour le fantastique, 72 J.-M. G. Le Clézio Le Procès-Verbal France R Gallimard, Folio siècle ? » Les tableaux d’honneur, lère, de John Steinbeck, Le cœur est le polar, la BD et l’humour – de 73 Nathalie Sarraute Tropismes France R Minuit ce sont les critiques qui adorent ce- un chasseur solitaire, de Carson L’Ecume des jours à Tintin, de Pas 74 Jules Renard Journal France D Actes Sud, Babel la. Des critiques littéraires anglo- McCullers ou L’Ecume des jours, de d’orchidées pour miss Blandish à phones viennent de proposer le hit- Boris Vian, sans pour autant être Blake et Mortimer, d’Autant en em- 75 Joseph Conrad Lord Jim G.-B./Pologne R Gallimard, Folio parade des auteurs de langue an- convaincu que tous ces auteurs porte le vent au Grand Sommeil et à 76 Jacques Lacan Écrits France E Le Seuil, Points essais glaise du XXe siècle. James Joyce sont de très grands écrivains. Cela Gaston. 77 Antonin Artaud Le Théâtre et son double France E Gallimard, Folio essais arrive largement en tête, ce qui conduisait du même coup à exclure Les vingt premiers titres, cités 78 John Dos Passos Manhattan Transfer Etats-Unis R Gallimard, Folio n’est pas illégitime. Mais certains Samuel Beckett, dont les romans ne entre 4 225 fois (sur 5 964 partici- 79 Jorge Luis Borges Fictions Argentine R Gallimard, Folio lecteurs, auxquels Ulysse demeure sont pas ce que le public retient de pants) pour le premier, L’Etranger, hermétique, protestent (ici, Ulysse son œuvre, Eugène Ionesco ou de Camus et 3 198 fois pour le 20e, 80 Blaise Cendrars Moravagine France R Grasset, Cahiers rouges arrive en 28e position). même Saul Bellow, dont aucun titre Tristes Tropiques, de Claude Lévi- 81 Ismaïl Kadaré Le Général de l’armée morte Albanie R LGF, Livre de poche Le jeu a été parfaitement joué n’est vraiment « mythique ». Pour- Strauss, sont très emblématiques 82 William Styron Le Choix de Sophie Etats-Unis R Gallimard, Folio par ceux qui l’ont accepté, qui ont quoi pas ? Un jeu doit avoir ses de cet équilibre, tout comme le sont 83 Federico Garcia Lorca Romancero gitano Espagne P Aubier, Domaine hispanique choisi cent titres parmi les deux règles et sa cohérence. les deux seules femmes qui figurent 84 Georges Simenon Pietr le Letton Belgique PR Pocket noir cents qu’on leur proposait, mêlant parmi ces vingt : Simone de Beau- 85 Notre-Dame-des-Fleurs France R Gallimard, Folio ce qu’ils ont tous lu, à coup sûr, LOUFOQUE OU ABSURDE voir, pour Le Deuxième Sexe, une – par exemple L’Etranger, d’Albert C’était sans compter sur la pas- œuvre dont on sait à quel point elle 86 Robert Musil L’Homme sans qualités Autriche R Le Seuil, Points Camus, titre cité le plus grand sion de « légitimer » qui anime a changé la réflexion sur la condi- 87 René Char Fureur et mystère France P Gallimard, Poésie nombre de fois, ou Le Petit Prince, journalistes et libraires... Alors on a tion des femmes dans la seconde 88 J. D. Salinger L’Attrape-Cœur Etats-Unis R Pocket d’Antoine de Saint-Exupéry (no 4) – voulu demander au public de choi- moitié du XXe siècle, et Anne Frank, 89 James Hadley Chase Pas d’orchidées pour miss Blandish G.-B. PR Gallimard et des livres dont ils sont certains de sir « cent livres pour le siècle », en pour un témoignage unique, son 90 Edgar-Pierre Jacobs Blake et Mortimer Belgique BD Blake et Mortimer l’importance, sans avoir nécessaire- mêlant essais, romans – y compris Journal, tenu pendant la tragédie de 91 Rainer-Maria Rilke Les Cahiers de Malte Laurids Brigge Autriche R Le Seuil, Points ment pu les lire, comme L’Etre et le romans policiers et science-fiction – la deuxième guerre mondiale. Néant, de Jean-Paul Sartre (no 13). et bandes dessinées. Résultat : une Enfin, si votre livre préféré ne fi- 92 Michel Butor La Modification France R Minuit, minuit double Ils ont eu du mérite, ces joueurs, liste de deux cents titres, qu’on gure pas dans ces « cent », dites- 93 Hannah Arendt Les Origines du totalitarism Allemagne E Le Seuil, Points essais car la liste qui leur était proposée pouvait trouver loufoque si on a de vous que c’est sans doute un livre 94 Mikhaïl Boulgakov Le Maître et Marguerite URSS R Pocket n’était pas satisfaisante. Beaucoup l’humour, absurde si l’on en du XXIe siècle, car, et c’est logique, 95 La Crucifixion en rose Etats-Unis R LGF, Livre de poche s’en sont plaint, par courrier. Quelle manque. Voilà bien pourquoi on ces cent titres, sont, à 85 %, choisis 96 Raymond Chandler Le Grand Sommeil Etats-Unis PR Gallimard, Folio policier liste aurait pu être la bonne ? Au- peut se réjouir des « cent du parmi des auteurs morts, déjà plus 97 Saint-John Perse Amers France P Gallimard, Poésie cune évidemment. Mais on aurait siècle » qui ont été désignés à partir ou moins consacrés par la posté- pu adopter un principe défendable. de cette liste improbable et qui rité. Les autres ont encore... tout 98 André Franquin Gaston Belgique BD Dupuis C’était le cas au départ, quand se mêlent assez subtilement les l’avenir. 99 Malcolm Lowry Au-dessous du volcan G.-B. R Gallimard, Folio sont réunis des journalistes du « grands hommes » – de Freud à 100 Salman Rushdie Les Enfants de minuit G.-B./Inde R LGF, Livre de poche Monde et des libraires de la FNAC, Sartre, en passant par Joyce, Josyane Savigneau LeMonde Job: WMQ1510--0034-0 WAS LMQ1510-34 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 10:34 S.: 111,06-Cmp.:14,14, Base : LMQPAG 48Fap: 100 No: 0602 Lcp: 700 CMYK

34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 La France riche de son immigration La revue « Hommes et migrations » rappelle la dette de la France à l’égard des étrangers venus vivre sur son sol pour lui apporter leur savoir, leur talent ou leur force de travail. Des réalités souvent oubliées LA REVUE Hommes et migra- witte, rédacteur en chef, que les force de travail, comme ces immi- qualifiés, alors que, selon Anne- française tout entière se souvienne tions, éditée désormais dans le immigrés sont tout sauf un far- grés des « trente glorieuses » qui Catherine Wagner, auteur d’un qu’elle doit aussi sa liberté aux an- cadre du Groupement d’intérêt deau, que notre pays serait déses- ont construit un logement sur livre sur Les Nouvelles Elites de la cêtres des sans-papiers et une par- public Adri (Agence pour le déve- pérément provincial sans le renfort deux et 90 % des autoroutes. mondialisation (PUF), cette «im- tie de sa prospérité aux immigrés loppement des relations inter- fécond d’artistes étrangers, qu’il ne D’autres encore, de « l’Arabe du migration dorée » est en progrès des temps de paix ». culturelles), continue la « lutte serait pas une grande puissance coin » au « Chinois du quartier » rapide. Mais l’intérêt des articles Sur le plan théorique, enfin, Mi- contre le racisme, la xénophobie et scientifique sans le génie de sa- nous ont fait profiter de leurs que publie Hommes et migrations chèle Tribalat, chercheuse à les exclusions de toutes sortes », vants qui trouvent refuge chez commerces, contribuant «au est de passer en revue, avec une l’INED (Institut national des qu’elle a engagée depuis sa créa- nous, qu’il ressemblerait à un hos- maintien de la convivialité dans les grande précision, ces différentes études démographiques), répond tion en 1965, dans le sillage des pice de vieillards sans le dyna- espaces urbains ». catégories d’étrangers et de sou- au reproche qui lui était fait dans Cahiers nord-africains fondés par misme démographique des familles Quelques-uns ont apporté leur ligner leur extrême diversité. un précédent numéro d’utiliser le Père Jacques Ghys en 1950. rejoignantes. » savoir, comme les nombreux Kopa, ou de Michel Jazy. Beau- Au moment où certains diri- des « statistiques ethniques », éta- Sous le titre « Immigration, la Qu’ont-ils donc fait, ces étran- scientifiques algériens qui ont coup de musiciens, aussi, ont joué geants de l’opposition, comme blies en particulier d’après le lieu dette à l’envers », sa dernière li- gers venus d’Afrique, d’Europe ou traversé la Méditerranée ou les un rôle dans la reconnaissance Alain Juppé, estiment possible un de naissance ou la nationalité des vraison (no1221, septembre-octo- d’ailleurs ? Les uns se sont battus quelques milliers de médecins des « musiques du monde ». nouveau consensus sur la ques- parents. L’usage de ces catégories bre 1999) a choisi de mettre pour notre libération : c’est l’oc- étrangers qui travaillent dans nos Tout cela est bien connu – en- tion de l’immigration, au moment est-elle de nature à favoriser les l’accent sur les apports des étran- casion de rappeler le sacrifice des hôpitaux. Certains sont venus core que les idées reçues sur l’im- où le mouvement des sans-pa- discriminations en considérant gers au développement de la tirailleurs dits « sénégalais » trop cultiver leurs talents sportifs, à migration tendent à négliger la piers paraît s’essouffler, « la voie « les différences entre Français an- France. « Il est seulement question souvent oubliés de la République. l’image de ces Polonais du nom mobilité des élites pour ne retenir est peut-être ouverte, écrit Phi- ciens et moins anciens comme es- de redire ici, écrit Philippe De- Les autres nous ont offert leur de Raymond Kopaszewski, dit que celle des travailleurs non lippe Dewitte, pour que la société sentielles » ? « Sophisme, estime Michèle Tribalat. En quoi serait-il moins grave de distinguer les DANS LA PRESSE poudrière sociale permanente. Certains ont fait remarquer que les Communauté, mais que chaque saisie d’une frénésie d’idées intré- hommes des femmes, les chômeurs Comment, dans ces conditions, lut- systèmes de vérification n’étaient candidat progressera en fonction de pides, de refus têtus, de désirs des non-chômeurs, les bacheliers LES ÉCHOS ter contre la production de drogue, plus crédibles, à preuve l’explosion ses mérites. Même la Turquie, qui contestataires et nostalgiques. Le des sans-diplôme... ? » Elle a Françoise Crouïgneau cette autre grande peur de la fin du nucléaire indienne qui a surpris tout frappe vainement à la porte de l’Eu- Parti communiste est le premier at- ajoute : « La France devra bien fi- Le nouveau coup d’Etat à Islama- millénaire ? Deuxième producteur le monde. rope depuis deux décennies, a été teint. L’attitude des parlementaires nir par se doter des instruments de bad dépasse le simple règlement de mondial d’héroïne après la Birma- jugée digne d’adhérer à l’Union, du socialistes est plus incongrue. Les connaissance permettant un gui- comptes entre une armée omnipo- nie, le Pakistan en tirerait le quart LCI moins dès qu’Ankara aura fait la dé- voilà déterminés à gauchir plus que dage de l’action publique si elle tente et une classe politique discré- de ses exportations officielles. a Pierre Luc Séguillon monstration qu’elle respecte les de coutume les projets gouverne- veut donner quelque crédibilité à ditée. Car le Pakistan incarne toutes Elargir au risque de la dilution, ou droits de l’homme. Cette attitude mentaux. Sur les trente-cinq heures la lutte contre les discrimina- les peurs (...) Peur nucléaire, bien FRANCE-INTER ne pas élargir, au risque de la sclé- permet à une Europe, hantée par bien sûr, mais aussi sur la fiscalité. tions. » sûr, depuis que ce pays pauvre de a Dominique Bromberger rose ? Telle est la question euro- les conséqueeces déstructurantes Cette agitation automnale a ses rai- Cette querelle scientifique 140 millions d’habitants s’est doté Voilà que Washington, qui est à péenne [qui] taraude les Quinze de- de l’élargissement, de différer au- sons. La droite, tout occupée à se confirme ce que les controverses de l’arme suprême. Depuis sa créa- l’origine de toutes les campagnes et puis plusieurs années déjà. Et la tant que faire se peut de nouvelles reconstruire, ou à se chercher des politiques ont montré : le « pro- tion en 1947, « l’Etat des purs » vit de tous les traités de non-proliféra- réponse est malaisée. La commis- adhésions dont chacune pose de re- chefs, anime mal le débat politique, blème de l’immmigration » est au bord de la désintégration. Entre tion, refuse de ratifier. Blair, Chirac sion Prodi vient de proposer une doutables, voire d’insurmontables la confrontation démocratique (...) d’abord une construction idéolo- quelques puissantes familles déte- et Schröder s’étaient fendus la se- nouvelle manière d’aborder ce déli- problèmes. Le Parti communiste vit dans la gique, qui en dit long sur l’état de nant l’essentiel du pouvoir écono- maine dernière d’un bel appel so- cat dilemme : elle suggère aux chefs hantise de se faire déborder par la société française et qui permet mique et une population misérable, lennel aux Etats-Unis. Cela a laissé d’Etat et de gouvernement de se hâ- RFI l’extrême gauche. Les élus socia- toutes les exploitations. Pour les une classe moyenne ne parvient pas de marbre les sénateurs qui ont vo- ter lentement d’ouvrir l’Union à de a Dominique Burg listes craignent de décevoir une opi- combattre, il est utile de rappeler à émerger. Et les stigmates de l’anal- té, pour la plupart, selon leur ap- nouveaux membres, étant entendu L’opposition existe bien en France. nion réellement choquée par les quelques réalités. phabétisme, d’une démographie ga- partenance partisane. Mais aussi que tous auront un jour une égale Mais à gauche. Depuis quelques derniers épisodes de la vie écono- lopante et du chômage en font une avec des soucis de sécurité en tête. chance d’être accueillis au sein de la jours, la majorité « plurielle » est mique façon libéralisme déchaîné. Thomas Ferenczi

SUR LA TOILE A LA TELEVISION ET A LA RADIO www.jouy.inra.fr/dpenv/vchfol00.htm AUTODESTRUCTION a Une société californienne a mis Le Monde des idées au point un logiciel de courrier élec- LCI La France publie sur le Net son rapport sur la « vache folle » transmis à Bruxelles tronique, Disappearing, permettant Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 de crypter les messages pour garan- Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 L’AGENCE FRANÇAISE de sé- vétérinaire de Haute-Loire, affi- tir leur confidentialité lors de la Le lundi à 9 h 10 et à 14 h 10 curité sanitaire (Afssa) et l’Institut chant la carte de tous les cas de transmission, et de les détruire auto- a national de la recherche agrono- vache folle recensés en France, jus- matiquement après un délai fixé à Le Grand Jury mique (INRA) ont décidé de publier qu’au site du Parlement européen l’avance. RTL-LCI sur Internet l’essentiel du rapport et qui publie la retranscription de ses www.disappearing.com Le dimanche à 18 h 30 des pièces annexes présentés par la débats sur le sujet. a France devant la Commission euro- Enfin, M. Le Pape gère une liste POÉSIE Les rumeurs du monde péenne pour justifier son refus de de diffusion ouverte à tous, baptisée a Dans le cadre de la manifestation FRANCE-CULTURE lever l’embargo sur la viande de « ESB ». La discussion se concentre Lire en fête, organisée par le minis- Le samedi à 12 heures bœuf britannique. Selon le cas, les actuellement sur le maintien de tère de la Culture, le Club des poètes a pièces se présentent sous la forme l’embargo français, mais les ques- inaugurera sa « radio libre des Idéaux et débats de pages Web, de fichiers à télé- tions scientifiques et médicales plus poètes » sur Internet le 16 octobre à FRANCE MUSIQUES charger, de photographies de docu- générales sont également abor- 20 h.Une diffusion en direct excep- Le dimanche à 17 heures ments ou de liens vers d’autres sites. dées : « Internet permet aux cher- tionnelle aura lieu le 17 octobre à a Par ailleurs, l’INRA continue à en- cheurs de se rendre compte de la fa- 14 h 30, pour un récital de poésie Libertés de presse richir son vaste site d’information et çon dont passe le discours scientifique chantée par Benoît Dayrat, « de FRANCE-CULTURE de documentation, baptisé « Vache sur des sujets aussi sensibles que la sé- Ronsard à Aragon ». Un dimanche sur quatre à 16 heures folle en ligne» : « Notre objectif est curité alimentaire. Grâce à ce forum, www.franceweb.fr/poesie a d’offrir à chaque citoyen une infor- je me suis par exemple rendu compte A la « une » du Monde mation précise sur les causes et les que le grand public confond l’ESB, RETRAITES RFI enjeux de la crise, et de faire le point qui touche les bovins, avec la maladie a La Caisse nationale d’assurance- Du lundi au vendredi sur les données scientifiques qui évo- de Creutzfeldt-Jakob, qui concerne vieillesse (CNAV) a créé un site pour à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) a luent quasiment tous les jours », ex- céphalopathie spongiforme bovine ajoute des informations à la ru- l’homme. Cela montre que l’on n’a aider les assurés sociaux à connaître plique Yves Le Pape, ingénieur de (ESB), aux procédés de fabrication brique consacrée à la chronologie pas été assez clairs dans nos explica- leurs droits et à s’orienter parmi les La « une » du Monde recherches à l’INRA de Grenoble et des farines animales ou encore aux des événements. Il consigne tous les tions. » Pour l’INRA comme pour divers organismes de retraites fran- BFM coauteur du site. préjudices économiques subis par la faits nouveaux, les communications l’Afssa, le travail pédagogique sur çais. Il publie aussi des informations Du lundi au vendredi M. Le Pape a mis en ligne un en- filière bovine. Par ailleurs, il suit scientifiques et les textes réglemen- Internet ne fait que commencer. sur différents systèmes de retraite 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 Le samedi semble de dossiers consacrés no- « l’actualité de la vache folle » au taires. Il répertorie également les en vigueur dans des pays étrangers, 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 tamment à l’agent des maladies à jour le jour : chaque matin, il rédige autres sites Web consacrés à ce su- Christophe Labbé y compris le Japon et la Russie. prions, à la transmissibilité de l’en- une revue de presse européenne et jet, depuis la page personnelle d’un et Olivia Recasens www.espaceretraite.tm.fr

Le condor et le mille-pattes par Alain Rollat TOUT LE MONDE ne peut pas prend à voler aux grues de Mand- bougeotte. Un jour viendra où un être un aigle. Mais, s’il fallait ne chourie, qui perdent la boussole condor de passage rendra forcé- retenir qu’une chose de l’hymne à au point de renoncer à leurs mi- ment la pareille à cet homme- la beauté qu’offrait, mercredi soir, grations. Cela l’oblige à diverses grue. sur TF 1, le numéro d’« Ushuaïa gesticulations fatigantes, puisqu’il Sur le plateau de France 2, ce nature » consacré aux condors doit courir dans les marais, bottes même mercredi soir, Jean-Luc De- des Andes, ce serait la découverte aux pieds, en battant l’air de ses larue cherchait à savoir pourquoi, faite par Icare Hulot à la descente bras, au ralenti, puis de plus en à notre époque, la pudeur coupe de son Deltaplane : « L’homme est plus vite, afin de mimer correcte- encore les ailes de l’amour à cer- né avec un oiseau quelque part. » ment le vol de la grue de Mand- tains jeunes gens alors que tant Cette proclamation scientifique chourie devant les poussins qu’il d’autres croient qu’il suffit de se ne souffre aucune discussion. élève. Mais ça marche ! Il bat des mettre à poil pour planer. Le té- Nous sommes tous, quelque part, bras de façon si communicative moignage des strip-teaseuses in- des oiseaux. La question est de sa- que les jeunes grues, en l’imitant, vitées n’a pas fait avancer le dé- voir ce que nous avons fait de nos finissent par s’envoler. Elles lui bat, malgré la présence d’un curé ailes depuis le jour où nos an- sont d’autant plus reconnais- naturiste et l’intervention du cêtres sont descendus de l’arbre santes qu’il a appris aussi leur lan- « psy » de service, qui a opportu- de l’évolution pour vivre au ras du gage. Il leur parle, dans le labora- nément expliqué qu’on peut se sol, pendant que ceux du condor toire où il a installé ses couveuses, promener tout nu en restant optaient pour le vol plané au-des- avant même qu’elles sortent de « bien habillé dans sa tête ». Mais sus des cimes. La réponse se situe l’œuf. On l’a vu, en gros plan : il est désormais acquis que les quelque part entre l’île japonaise quand l’embryon de grue atteint mille-pattes voleront le jour où d’Hokkaido et le plateau de Jean- vingt-huit jours, le professeur Ta- Jean-Luc Delarue cessera de les Luc Delarue, sur France 2. kahashi lui adresse quelques mots martyriser avec ses chinoiseries Sur l’île d’Hokkaido, depuis des mystérieux et, à travers la co- du genre : « Dis-moi, je t’en prie, années, un savant obstiné, le pro- quille, l’intéressé lui répond en se dans quel ordre mets-tu tes fesseur Rioji Takahashi, réap- trémoussant. L’œuf a alors la pattes ? » LeMonde Job: WMQ1510--0035-0 WAS LMQ1510-35 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 09:23 S.: 111,06-Cmp.:14,14, Base : LMQPAG 48Fap: 100 No: 0597 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / 35 JEUDI 14 OCTOBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.40 Thema. 21.40 Mahler. Des Knaben Wunderhorn. 18.40 L’Anglais qui TÉLÉVISION ARTE Le triomphe de l’argent. Arte Avec Lucia Popp, soprano ; gravit une colline... aa 20.40 Going Wild. Walton Groenroos, baryton. Par Christopher Monger (GB, 1994, 21.05 Nucléaire, réactions l’Orchestre philharmonique d’Israël, 19.00 Voyages, voyages. Budapest. Le jardin de la pieuvre. Odyssée 95 min) &. Cinéstar 1 TF 1 en chaîne. Forum Planète dir. Leonard Bernstein. Mezzo 19.45 Météo, Arte info. 20.45 Vladimir Horowitz, 22.00 Yo-Yo Ma & Anton Kuerti 19.35 Le Tombeur de ces dames aa 22.00 Déchets, de l’environnement 18.25 Exclusif. 20.15 360o , le reportage GEO. réminiscences. Mezzo jouent Chopin. Muzzik Jerry Lewis (Etats-Unis, 1961, au civisme. Forum Planète 95 min) &. Cinétoile A la recherche du bonheur. [4/4]. 21.00 Chopin vu par... 22.45 La Petite Renarde rusée. 19.00 Etre heureux comme... 23.00 Débat. Le triomphe de l’argent. Arte 20.35 Pulp Fiction aa 19.05 Le Bigdil. 20.40 Thema. Byron Janis. Muzzik Mise en scène de Nicholas Hytner. Le triomphe de l’argent. Quentin Tarantino (Etats-Unis, Châtelet, juin 1995. Par l’Orchestre 19.55 L’Air d’en rire. 20.45 Le Pouvoir FMI. 22.10 Geraldo, 21.05 Les Grands Criminels. 1994, 155 min) ?. Cinéfaz MAGAZINES Monsieur Bill. Odyssée de Paris et le Chœur du Châtelet, 20.00 Journal, Météo. la crise et nous. 23.00 Débat. 22.00 Les Secrets de la guerre secrète. dir. Sir Charles Mackerras. Mezzo 20.45 Eléna et les hommes aa 20.50 Les Cordier, juge et flic. 23.25 L’argent ne dort jamais. 18.20 Nulle part ailleurs. Le Reich : la guerre 23.00 Chick Corea & Friedrich Gulda. Jean Renoir (France, 1956, L’Honneur d’un homme &. 0.15 Le Trésor aa Invités : Franck Dubosc ; des services. Odyssée Munich, juin 1982. Muzzik 120 min) &. Histoire Film muet. Georg Wilhelm Pabst. &. 22.50 Made in America. 1.40 Les Chercheurs de trésor. Dominique Farrugia ; Shania Twain ; 22.35 Du rugby et des hommes. 20.50 Torch Song Trilogy aa Croisière à haut risque. Texas ; Patrice Martin. Canal + [2/5]. Terre promise. Planète TÉLÉFILMS Paul Bogart (Etats-Unis, 1988, Téléfilm. Brian Trenchard-Smith. %. 20.55 Envoyé spécial. Les dérives 23.30 Vietnam, 10 000 jours de guerre. v.o., 115 min) &. Téva 0.30 Vol de nuit. M6 d’une association française ; [11/13]. Planète 20.30 J’ai deux amours. Aviation : le coût du risque. Caroline Huppert. Festival 17.10 Les Bédés de M 6 Kid. Pièces automobiles : contrefaçon, 0.20 « Voodoo Chile », la musique FRANCE 2 Jimi Hendrix. Planète 22.10 Une gare en or massif. 18.00 Moesha &. l’exception française. Caroline Huppert. Festival P.-s. : Les cantines scolaires. France 2 17.45 Cap des Pins &. 18.25 Le Flic de Shanghai &. 22.40 Mortelle rencontre. 19.20 Unisexe. 21.05 Comment ça va ? SPORTS EN DIRECT Christian I. Nyby II. %. RTL 9 18.20 Hartley, cœurs à vif &. Les troubles sexuels féminins. 22.50 Croisière à haut risque. 19.10 1 000 enfants vers l’an 2000. 19.50 La sécurité sort Un laboratoire de haute sécurité. Brian Trenchard-Smith. %. TF 1 de la bouche des enfants. Des implants pour échapper 20.00 Football. Championnat de D 2 : 19.15 Qui est qui. à la surdité. Châteauroux - Toulouse. Eurosport 23.15 Princesse Daisy. 19.50 Un gars, une fille &. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Waris Hussein [1/2]. Téva Comment ça marche ? TV 5 20.25 Rugby. Coupe du monde 1999. 20.00 Journal, Météo. 20.10 Une nounou d’enfer &. Canada - Namibie. Canal + vert 23.40 Charlotte, dite Charlie. 23.25 Le Club. Caroline Huppert. %. Festival 20.55 Envoyé spécial. 20.40 Décrochages info, Passé simple. Jean-Jacques Beineix. Ciné Classics 20.30 Basket-ball. Euroligue féminine : Aviation : le coût du risque. 20.50 X-Files, aux frontières du réel. 0.15 Prise directe. A Strasbourg. Bourges - Côme (Ita). Pathé Sport Pièces automobiles : [1 et 2/2] Toute la vérité. %. 35 heures : pour ou contre ? France 3 SÉRIES contrefaçon, l’exception française. 22.40 L’Armée des ténèbres a MUSIQUE P-s : Les cantines scolaires. Film. Sam Raimi. ?. 20.50 Les Cordier, juge et flic. 23.00 Expression directe. PS. 0.20 L’Heure du crime. DOCUMENTAIRES L’Honneur d’un homme. TF 1 20.00 Prokofiev. Suite Scythe opus 20. 23.10 Comme au cinéma. La malédiction des jumeaux. &. 19.30 Les Hommes des glaces. Par l’Orchestre philharmonique de 20.50 Buffy contre les vampires. Les grandes séductrices. Le fiancé. Série Club Le front des glaces. Odyssée Rotterdam, dir. Valery Gergiev. Mezzo COLLECTION CHRISTOPHE L. 0.45 Journal, Météo. 20.30 Les Trois Sœurs. Opéra d’Eötvös. 20.55 X-Files, aux frontières du réel. 21.00 Géant aa RADIO 20.05 Flamants roses de Camargue. [1 et 2/2]. Toute la vérité. %. M6 Recherche et conservation. Planète Mise en scène d’Ushio Amagatsu. George Stevens. Avec James Dean, FRANCE 3 20.30 Jérusalem, le syndrome Par l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, 1.35 New York Police Blues. Elizabeth Taylor (Etats-Unis, 1956, dir. Peter Eötvös Dans l’attente d’un cœur v.o., 190 min) &. Paris Première FRANCE-CULTURE Borderline. Planète et Kent Nagano. Muzzik (v.o.). Canal Jimmy 21.05 Miracle à l’italienne aa 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? Nino Manfredi (Italie, 1971, 18.20 Questions pour un champion. 20.30 Décibels. 120 min) &. Canal Jimmy 18.48 Un livre, un jour. 21.20 Expresso, Poésie sur parole. 21.10 Salut l’artiste aa 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. 21.30 Multidiffusion. Yves Robert (France, 1973, 20.05 Fa si la. 22.10 Carnet de notes. Méli-mélodies. 95 min) &. Cinétoile 20.35 Tout le sport. 22.30 Surpris par la nuit. 21.55 Shining aaa 20.55 La Tour infernale sixième saison. La « vérité » nous Stanley Kubrick (Etats-Unis, M6 ARTE Film. John Guillermin. &. FRANCE-MUSIQUES est jetée en pâture dans un fracas 1980, 120 min) &. Ciné Cinémas 2 22.45 Les Aventures 23.40 Météo, Soir 3. 20.50 X-Files, de règlements de comptes au 0.15 Le Trésor aa 0.15 Prise directe. En direct. 20.00 Joseph Haydn, un héritage. aux frontières du réel centre duquel les deux agents spé- Le premier film de Pabst, tourné en d’Arsène Lupin aa Par l’Orchestre philharmonique de Jacques Becker (France - Italie, Radio France, dir. Claus-Peter Flor : Réalisés respectivement par Kim ciaux du FBI, Fox Mulder et Dana 1922, muet et en noir et blanc 1956, 100 min) &. Cinétoile CANAL + Œuvres de Haydn, Martin. Scully, apparaissent parfaitement 22.55 Les mains qui tuent aa 22.30 Jazz, suivez le thème. Nature Boy. Manners et Rob Bowman sur des comme il se doit, est adapté d’un 17.50 et 20.30 Le Journal du cinéma. impuissants. La colonisation de la Robert Siodmak (Etats-Unis, 1943, 23.00 Le Conversatoire. scénarios de Chris Carter et Frank roman populaire de Bartsch. Au- ème f En clair jusqu’à 20.40 planète est en route et les chances N., v.o., 85 min) &. 13 Rue 0.00 Tapage nocturne. Spotnitz, Two Fathers et One Son delà de l’intrigue – exacerbation 23.05 Aux cœurs des ténèbres aa 18.20 Nulle part ailleurs. qu’a l’humanité d’échapper à (exploités en France sous un titre amoureuse autour d’une jeune Elanor Coppola, Fax Bahr 20.40 Le Poulpe a RADIO CLASSIQUE l’apocalypse sont infimes. A mi- et George Hicklenlooper (EU, 1991, Film. Guillaume Nicloux. %. un peu racoleur : Toute la vérité) femme et d’un trésor, caché dans v.o., 95 min) &. Canal Jimmy chemin entre science-fiction et 22.15 Mortal Kombat, 20.15 Les Soirées. Trio no 28 Hob XV 16, de sont deux épisodes qui forment la épouvante, cette réalisation, ac- les fondations d’une fonderie –, Le 23.10 Sailor et Lula aa Destruction finale Haydn, Patrick Cohen, piano, Konrad clef de voûte de la série X-Files. En Trésor est un des joyaux du cinéma David Lynch (Etats-Unis, 1989, Film. John R. Leonetti. %. Hünteler, flûte, Christophe Coin, compagnée d’une magnifique v.o., 120 min) ?. Cinéfaz violoncelle. 20.40 Robert Schumann. effet, liens héréditaires, conspira- expressionniste. L’œuvre a été res- 23.50 Sous pression a Œuvres de R. Schumann, bande-son, transfigure la rumeur 23.20 Pour rire ! aa Film. Craig R. Baxley (v.o.). ?. tions terriennes et extraterrestres taurée, et la musique originale Mendelssohn, Dietrich, etc. « roswellienne » en une véritable Lucas Belvaux (France, 1996, 1.15 Ça ne se refuse pas 22.50 Les Soirées... (suite). Œuvres sont mis à nu au beau milieu de la construction mythologique. réinsérée. Un inédit à redécouvrir. 100 min) &. Ciné Cinémas 3 Film. Eric Woreth. %. de Bach, Zelenka, Vivaldi, Heinichen.

VENDREDI 15 OCTOBRE GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

18.10 Et Hollywood 22.10 Haydn. 16.05 Le Messager aaa DÉBATS TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE créa la femme. Odyssée Sonate pour piano en la bémol majeur. Joseph Losey (Grande-Bretagne, Avec Ivo Pogorelich, piano. Mezzo 1971, 120 min) &. Cinétoile 21.00 Star Wars mania. 18.20 Cinq colonnes à la une. Planète 22.45 Horowitz à Vienne. 18.05 Sous les toits de Paris aaa TF 1 14.00 La Cinquième rencontre... Invités : Olivier Delcroix ; 18.30 Le Monde des animaux. Les Bisons Enregistré à Vienne, en 1987. Mezzo René Clair (France, 1930, N., Famille, école. Stéphanie Tchou-Cotta ; 16.00 Les temps changent, des bois. [12/13]. La Cinquième 22.50 Led Zeppelin 1969. 90 min) &. Cinétoile 15.40 Sydney Police &. Patrice Girod ; chronique des 35 heures. Michel Fize. Forum Planète 18.30 Maria Callas. Mezzo Copenhague, en 1969. Canal Jimmy 19.35 Les Belles de nuit aaa 16.40 Sunset Beach &. 19.15 Rembrandt, 23.05 André Chénier. René Clair (France, 1952, N., 17.35 Melrose Place. 16.30 Alf. 22.00 Les Nouveaux 85 min) &. Cinétoile 17.30 100 % question. querelles d’experts. Planète Par l’Orchestre et les Chœurs du Royal 19.00 Etre heureux comme... « Misérables ». Forum Planète Opera House. Paris Première 20.30 Whistle Down the Wind aa 17.55 Couples légendaires. 19.15 Un travail de chien. Odyssée 19.05 Le Bigdil. 23.00 Rembrandt, autoportrait 23.25 Jimmy Page Bryan Forbes (GB, 1961, N., v.o., 18.30 Le Monde des animaux. 20.15 Un job sanglant, le polar, 105 min) &. Ciné Classics 19.55 L’Air d’en rire. d’un rebelle. Forum Planète et Robert Plant Unledded. 20.00 Journal, Météo. 19.00 Tracks. l’auteur et son privé. New York 1994. Canal Jimmy 21.00 Les Grandes Manœuvres aaa 19.45 Météo, Arte info. Michael Oyahon et Batya Gour. Arte René Clair (France, 1955, 20.55 Les Années tubes. MAGAZINES 23.45 Grieg et Stravinsky 105 min) &. Cinétoile 20.15 Un job sanglant. 20.15 N.U. Histoire 23.15 Sans aucun doute. Le tour de par Colin Davis. France du gaspillage de l’argent public. 20.45 Pepe Carvalho. La nostalgie 14.35 La Cinquième rencontre... Famille, 20.30 Politique et corruption Proms 1979. Par le London Symphony 1.05 Les Coups d’humour. commence dans l’assiette &. école : Le rapport à l’autorité et à la loi au Kenya. Planète Orchestra. Muzzik 22.15 Grand Format. Journal intime. dans le cadre scolaire. La Cinquième 20.30 Yuri Buenaventura, 0.20 Mozart. Symphonie no 31, « Paris ». FRANCE 2 Yasmina à Belgrade. 15.00 Le Vrai Journal. L’OrchestrephilharmoniquedeVienne, 23.15 La Déesse du Soleil aa Le Medef et les 35 heures. une salsa parisienne. Muzzik dir. Nikolaus Harnoncourt. Mezzo 13.55 Derrick &. Film. Rudolph Thomme (v.o.). &. PACS à droite. Barbara Coll. 20.45 L’Enigme des manuscrits Armes biologiques. Canal + 14.55 Le Renard &. 1.00 Le Dessous des cartes. Finlande. de la mer Morte. Histoire 18.20 Nulle part ailleurs. TÉLÉFILMS 16.05 Gymnastique artistique. Invités : Jamiroquai ; 21.00 Sardanajazz. Muzzik M6 19.00 Le Rêve de Jimmy. 17.00 et 17.35 Un livre, des livres. Kevin Williamson ; Lio. Canal + 21.20 Le Front de l’Est. [2/4]. 17.45 Cap des Pins &. John Hamilton. &. Ciné Cinémas 15.20 La Belle et la Bête &. 19.00 Tracks. No Respect : Les robots. La marche sur Stalingrad. Planète 18.20 Hartley, cœurs à vif &. Tribal : Peace and unity. Vibration : 19.50 Le Chat le plus riche du monde. 16.15 M comme musique. 21.30 Bisons et loups. Greg Beeman. Disney Channel 19.10 1 000 enfants vers l’an 2000. Land art. Clip : « Unpretty », de TLC. Une alliance ancestrale. Odyssée 17.10 Les Bédés de M 6 Kid. Backstage : Haïti vaudou. 19.15 Qui est qui. 20.30 Une si jolie mariée. 18.00 Moesha &. Future : Parano sur le web. 21.50 Décrypter les années 60. Jacques Audoir. Festival 19.50 Journal, Météo, Point route. Changer le monde. Canal Jimmy Dream : Patti Smith. 20.55 Une soirée, deux polars. 18.25 Le Flic de Shanghai &. Live : Tricky. Arte 20.40 Révélations fatales. 22.10 Apollo 13. Planète Colin Bucksey. RTL 9 P.J. Canal. &. 19.50 La sécurité sort 20.05 C’est la vie. 22.15 Grand Format. Journal intime. Avocats et associés. de la bouche des enfants. Une amie pour la vie. TSR 20.50 Une héroïne pas COLLECTION CHRISTOPHE L. Le prix d’un enfant. &. Yasmina et la guerre à Belgrade. Arte 21.00 Un enfant de Calabre aaa 19.54 Le Six Minutes, Météo. 20.50 Thalassa. comme les autres. 22.55 Bouche à oreille. 23.05 L’Europe des pèlerinages. Anthony Page. %. TSR Luigi Comencini. 20.10 Une nounou d’enfer &. De mémoire d’Aborigène. France 3 [7/11]. Fatima. Odyssée Avec Gian Maria Volonte, 23.00 Bouillon de culture. 20.40 Décrochages info, 20.55 Le Monstre du lac. 21.00 Recto Verso. 23.25 Australie, à l’ouest Santo Polimeno (France - Italie, 1987, Dans le secret des familles. Politiquement rock. Invité : Florent Pagny. Paris Première Richard Huber. %. M6 v.o., 110 min) &. Cinéstar 2 0.15 Journal, Météo. du bout du monde. TMC 20.55 Le Monstre du lac. 20.55 Holocauste. 0.45 Histoires courtes. 21.05 Top bab. 21.00 Antonia et ses filles aa Téléfilm. Richard Huber %. Invité : Daniel Chenevez. Canal Jimmy Marvin Chomsky [2/4]. TMC Marleen Gorris (Pays-Bas, 1994, Charyn le mystérieux. SPORTS EN DIRECT 22.05 Les Enfants du jour. 100 min) &. Ciné Cinémas 2 22.35 Players, les maîtres du jeu. 21.55 Faut pas rêver. USA : Crazy Horse. Père, impair et passe &. Suisse : La fête des vignerons. Harry Cleven. Festival FRANCE 3 Guinée : Le plus vieux balafon 13.30 Rugby. Coupe du monde 1999 : 23.00 La Dame de Lieudit. 23.30 Total Security. d’Afrique. Angleterre - Tonga. Eurosport Philippe Monnier. Téva 14.45 Le Triangle noir. Cendres éparpillées &. Invité : Cheb Mami. France 3 15.45 Tennis. Téléfilm. Jerry London [2/2]. &. 0.25 Chapeau melon et bottes de cuir. 23.00 Bouillon de culture. Tournoi messieurs de Vienne : SÉRIES 16.20 Les Zinzins de l’espace. Maille à partir avec les taties &. Dans le secret des familles. quarts de finale. Eurosport 16.35 Les Minikeums. Invités : Pierre Combescot ; 18.00 Moesha. Les irréductibles. M6 17.40 Le Kadox. Yasmina Reza ; Nathalie Rheims ; 19.00 Tennis. RADIO Gisèle Halimi. France 2 Tournoi féminin de Zurich : 19.05 Cadfael. 18.13 Comment ça va aujourd’hui ? 23.15 Sans aucun doute. quarts de finale. Eurosport Le Capuchon du moine. Festival 18.20 Questions pour un champion. Le tour de France du gaspillage 19.55 Rugby. Coupe du monde 1999 : 19.30 Clair de lune. 18.48 Un livre, un jour. FRANCE-CULTURE de l’argent public. Irlande - Roumanie. Canal + vert Radio assassin. Série Club 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. Invité : Yves Lecoq. TF 1 19.30 Appel d’air. 20.45 Football. Championnat de D 1 : 20.05 Fa si la. 19.55 Deux Flics à Miami. 21.20 Expresso, Poésie sur parole. Marseille - Lyon. Canal + ème 20.35 Tout le sport. La ligne de feu. 13 RUE 21.30 Multidiffusion. DOCUMENTAIRES 20.50 Thalassa. De mémoire d’aborigène. 20.45 Pepe Carvalho. La nostalgie 22.10 Carnet de notes. DANSE commence dans l’assiette. Arte 21.55 Faut pas rêver. 17.30 Sexe, censure et cinéma. USA : Crazy Horse. Suisse : La fête 22.30 Surpris par la Nuit. [5/6]. Pour adultes seulement. Planète 20.50 Stargate SG-1. Hathor. Série Club 20.45 Paris danse Diaghilev. des vignerons. Guinée : Le plus vieux 0.00 Du jour au lendemain. COLLECTION CHRISTOPHE L. 17.40 Going Wild. Musique de Stravinsky. 20.50 Jesse. Boo ! He’s Back (v.o.). Téva balafon d’Afrique. Le jardin de la pieuvre. Odyssée 21.05 THX 1138 aa Chorégraphie de Michel Fokine. 20.55 P.J. Canal. France 2 22.55 Météo, Soir 3. FRANCE-MUSIQUES 17.50 Le Hot Club de France. Par le ballet de l’Opéra George Lucas. Avec Robert Duvall, 23.25 Ciné week-end. 21.55 Avocats et associés. Donald Pleasence (EU, 1970, v.o., Cab Calloway. Muzzik de Paris. Mezzo Lacombe Lucien 19.07 A côté de la plaque. Le prix d’un enfant. France 2 80 min) &. Ciné Cinémas 3 17.55 Couples légendaires. Film. Louis Malle. &. 20.05 Concert franco-allemand. 22.45 Les Rois maudits. [5/6]. Histoire Deneuve - Mastroiani. La Cinquième MUSIQUE 22.25 American Graffiti aa 1.45 Nocturnales, jazz à volonté. Par le Chœur et l’Orchestre 18.00 L’Actors Studio. 1.00 Les Soprano. George Lucas (Etats-Unis, 1973, Jazz à Antibes 98, Dianne Reeves. symphonique de la MDR, dir. Fabio Gary Sinise. Paris Première 19.25 Maria Callas. Pax Soprana. Canal Jimmy v.o., 110 min) &. Ciné Cinémas 3 Luisi : Œuvres de Mozart, Beethoven. 18.00 L’Actor’s Studio. Hambourg, mai 1959. Mezzo 2.20 Friends. Celui qui 22.45 Full Metal Jacket aa CANAL + 22.30 Alla breve. Gene Wilder. Ciné Cinémas 20.59 Soirée Sardanajazz. Clips. Muzzik se souvient (v.o.). Canal Jimmy Stanley Kubrick (Etats-Unis, 1987, 22.45 Jazz Club. v.o., 115 min) ?. Ciné Cinémas 1 15.45 Le Chacal 22.45 Je vous salue Marie aaa Film. Michael Caton - Jones. RADIO CLASSIQUE Jean-Luc Godard (France - Suisse, 17.45 C’est ouvert le samedi. 1983, 105 min) &. Cinétoile f En clair jusqu’à 20.15 20.15 Les Soirées. 22.50 L’Anglais qui gravit Œuvres de Brahms, J. Strauss fils. 18.15 Flash infos. 20.40 Jacqueline Du Pré, violoncelle. une colline... aa 18.20 Nulle part ailleurs. Œuvres de Haydn, Beethoven, CINÉ CINÉMAS 3 ARTE RADIO CLASSIQUE Christopher Monger (GB, 1994, v.o., 20.15 Football. Dvorak, Saint-Saëns. 95 min) &. Cinéstar 2 e 20.45 Marseille - Lyon. 22.40 25 anniversaire de l’Orchestre e 23.15 La Déesse du Soleil aa 21.05 THX 1138 aa 22.15 Grand Format : 22.40 25 anniversaire 22.50 Alien, la résurrection a national d’Ile-de-France. Djamileh, Rudolph Thomme (All., 1992, v.o., de Bizet, par le Chœur régional Vittoria Premier long-métrage de George Journal intime de l’Orchestre national Film. Jean-Pierre Jeunet ?. 105 min) &. Arte et l’Orchestre national d’Ile Lucas, il y a trente ans, qui célèbre Portrait d’un écrivain serbe, Yasmi- d’Ile-de-France 0.25 Embrasse-moi, 0.35 Zonzon a de France, dir. Jacques Mercier. Film. Laurent Bouhnik %. Œuvres de Roussel. l’individualisme et la liberté, en na Tesanovic, mariée, deux en- Un opéra-comique en un acte de je te quitte aa plein XXVe siècle, alors qu’une fants, modèle de la contestation Bizet, Djamileh, pour célébrer cet Robert Mulligan (Etats-Unis, 1982, 100 min) &. Ciné Cinémas 2 nouvelle civilisation les a proscrits. antiguerre, qui milita avec d’autres anniversaire. Créée en 1872 à la SIGNIFICATION DES SYMBOLES 1.10 The Missouri Breaks aa Le film conte l’histoire d’un femmes belgradoises contre la vio- salle Favart, cette adaptation de Arthur Penn (Etats-Unis, 1976, Les codes du CSA Les cotes des films homme, THX 1138, et d’une lence et le « nettoyage ethnique », l’œuvre de Musset, Namouna, dé- v.o., 125 min) ?. Cinéfaz & Tous publics a On peut voir femme, LUH 3417, qui cessent de et manifestèrent leur solidarité crit l’amour contrarié puis couron- 1.20 De l’amour à la folie aa % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer Antonia Bird (Etats-Unis, 1995, ? aaa prendre les drogues prescrites et avec les femmes albanaises du Ko- né de succès d’une jeune favorite 95 min) &. Cinéstar 1 Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique 1.55 Céline et Julie ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + sont attirés l’un par l’autre. Un sovo. Une femme qui a pourtant du sultan. Raffiné et séduisant, cet ! Public adulte DD Dernière diffusion premier opus sans doute plus au- vécu dans sa « bulle », loin de la opéra fit l’admiration de Gounod, vont en bateau aaa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Jacques Rivette (France, 1974, # dacieux que La Guerre des étoiles. réalité d’une guerre toute proche. Saint-Saëns, Mahler, etc. 185 min) &. Cinétoile Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ1510--0036-0 WAS LMQ1510-36 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:14,11, Base : LMQPAG 24Fap: 100 No: 0447 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 Un sommet des Quinze est consacré M. Camdessus C’est Mozart... par Pierre Georges n’ira pas au bout IL N’EST PAS INTERDIT de jurys, faites votre choix, tuez-en s’en amuser. Au contraire. Cent un sur deux dans chaque catégo- à la sécurité publique des Européens disques, cent films, cent livres rie, votez et, hop, servez chaud. de son mandat pour un siècle. Une variante du Les résultats sont disséqués, classique jeu de l’île déserte. Et si commentés, la bibliothèque-dis- Un nouvel espace juridique est en gestation donc, par un horrible malheur ou cothèque-cinémathèque du au FMI par un grand bonheur misan- XXe siècle est décrite, écrite, noir JOSÉ-MARIA AZNAR, le pré- tions des Etats pour échapper à la la difficulté pour les entreprises de LE DIRECTEUR général du Fonds thrope, vous deviez emporter sur sur blanc, inutile donc de faire sident du gouvernement espagnol, répression. Cet état de fait est par- récupérer des créances dans un monétaire international, Michel un coin de sable blond peuplé appel. C’est ainsi, le peuple sou- avait, voilà un an, lors d’une réu- faitement documenté par l’impu- autre pays, si le débiteur refuse de Camdessus, n’ira vraisemblable- seulement de crabes mous, la bi- verain a tranché, et ses goûts sont nion des Quinze en Autriche, eu nité dont bénéficie en France les s’exécuter. Plus d’une PME s’est ment pas au terme de son troisième bliothèque, la cinémathèque, la sans appel, à défaut d’être uni- l’idée d’un Conseil européen ex- responsables supposés des ré- ainsi retrouvée en faillite. mandat, qui s’achève en janvier discothèque idéales, que choisi- versels. traordinaire consacré à la coopé- seaux mafieux russes (Le Monde Des progrès ont été faits, 2001. Lors de la projection de riez-vous ? Deux remarques cependant. La ration en matière de justice et du 12 octobre), contre lesquels il comme en témoigne la mise en l’avant-première du documentaire Il n’y a plus d’îles désertes hé- première tient à la nature du jeu, d’affaires intérieures. C’est à la est très difficile de réunir des élé- place cette année, après bien des Le Pouvoir FMI, qui doit être diffusé las, les tour operateurs les ont elle en fait même le sel. A lire les Finlande qu’il est revenu de l’orga- ments de preuve attestant de leurs péripéties, de l’organisation de jeudi 14 octobre sur Arte, M. Cam- squattées ! Et plus d’endroit idéal listes des lauréats, dans l’ordre de niser à Tampere, où il se tient, activités criminelles. coopération policière Europol. Les dessus l’a clairement laissé entendre pour faire, virtuellement, seau et classement, sinon de mérite, tout vendredi 15 et samedi 16 octobre. accords de Schengen ont permis à au Monde. Tout en affirmant qu’il pelle, ses châteaux de culture. lecteur normalement constitué se Initiée par le traité de Maas- DOMAINE CIVIL partir de 1994 à un nombre crois- est très « heureux » dans ce qu’il fait Mais il reste, fort heureusement, pose immédiatement, par tricht sous le vocable de « troi- De même, dans le domaine civil, sant de pays de l’Union de se doter actuellement , le directeur général a la Fnac et Le Monde pour oser confrontation, la question : sième pilier », cette coopération a les citoyens de l’Union vivant ou de moyens communs en matière insisté sur le fait que l’Assemblée proposer à leurs clients et lec- voyons, ai-je été vraiment un reçu un cadre juridique nouveau voyageant dans un autre pays que d’immigration, de lutte contre la générale du FMI qui s’est déroulée teurs à travers une sorte d’autre homme, une femme de mon avec le traité d’Amsterdam qui le leur se heurtent à des pro- criminalité, afin de pouvoir sup- en septembre à Washington lui a jeu de société, le Tour du siècle siècle, à l’affût culturel ? Ai-je s’applique depuis le mois de mai. blèmes de justice du fait de l’inco- primer les contrôles à leurs fron- permis d’aboutir sur les nombreux en cent œuvres, le tour de l’in- tout lu, tout vu, tout écouté, des Mais elle n’en est encore qu’aux hérence des jugements ou de la tières intérieures. Ces dispositifs dossiers qui lui tenait à cœur : la trospection et de la question en œuvres préférées de mes conci- balbutiements. Dans ces do- difficulté de les faire appliquer sur ont été repris et développés dans crise asiatique est désormais der- somme sur l’honnête homme du toyens ? A chacun de répondre, maines ultrasensibles de la sécuri- le territoire d’un autre Etat le traité d’Amsterdam, qui a per- rière lui ; il est parvenu à conclure, XXe siècle. Que lirait-il, qu’écoute- de se répondre, dans le secret de té publique et de la justice, les membre. Le développement du mis une « communautarisation » avec la Banque mondiale, le pro- rait-il, que regarderait-il, que gar- sa mémoire, en faisant sa check- meilleures volontés continuent de marché intérieur européen, la li- de la convention Schengen avec gramme de réduction de la dette derait-il qui ne soit point à jeter list avant décollage. Cinéma ? Pa- se heurter à des traditions natio- bération des échanges de mar- des clauses de réserve pour le des pays les plus pauvres ; il a fait de ce que ce siècle lui a offert ? ré ! Tout vu, cent sur cent, mais nales difficiles à faire évoluer. chandises sont loin d’avoir été sui- Royaume-Uni et l’Irlande. évoluer le principal outil d’ajuste- A ce propos d’ailleurs, une c’était facile avec tant de chaînes. Chacun a développé au cours des vis des mesures d’accompa- La raison d’être du Conseil euro- ment structurel du FMI en un méca- simple incise préventive afin de Livres ? Tout lu, mal lu parfois, à décennies ses méthodes de lutte gnement nécessaires aux citoyens péen de Tampere, notamment nisme tourné vers la lutte contre la désamorcer les fureurs épisto- de rares et coupables exceptions contre le crime, ses procédures de lorsqu’il y a litige. Or cela dans la perspective de l’élargisse- pauvreté et la croissance. Son laires rituelles et fondées des près. Disques ? Alors là, catastro- contrôle démocratique, son sys- concerne de plus en plus de gens, ment aux pays d’Europe centrale, « contrat » est, de son point de vue, comptables du temps. Oui, c’est phe, plein de trous béants tème juridique. Le moindre chan- si l’on considère qu’aujourd’hui est de relancer cette coopération rempli. une affaire entendue, le siècle comme dents de peigne de ré- gement se heurte à des corps près de 5,5 millions d’Européens judiciaire et policière, en donnant Seul echec : la transformation du n’est pas fini et le millénaire pas forme. d’état aux prérogatives jalouse- vivent dans un pays de l’Union aux administrations l’impulsion comité intérimaire auquel il tenait achevé. Oui, il faudra attendre le Et justement là, la seconde re- ment défendues qui n’acceptent autre que le leur, ou qu’avec l’avè- politique qui aujourd’hui leur fait en une instance de décision poli- 31 décembre 2000 à minuit pour marque. Ce grand jeu désavan- pas toujours facilement l’irruption nement d’une monnaie unique, encore défaut, de fixer des priori- tique. Mais là, « les crispations poli- tordre le cou à l’un comme à tage nécessairement la musique. d’un ordre européen empiétant l’euro, les frontières vont s’effacer tés, un calendrier ; autrement dit tiques sont encore trop importantes ». l’autre. Mais, quoi, s’il nous plaît Les auteurs de films et de livres sur les habitudes acquises. Cela encore un peu plus. d’adopter un plan de marche pour Quant à la Russie, s’il fallait attendre à nous de prendre le deuil par an- étaient tous des contemporains, vaut pour les forces de sécurité L’attention a été douloureuse- que les Européens sentent que que le pays aille définitivement ticipation ! souvent plus morts que vifs. Les aussi bien que pour les juges. ment attirée sur ce problème, ces l’Europe se préoccupe aussi de mieux, deux mandats supplémen- Donc, revenons précisément à musiciens classiques, pas tous. Pourtant, une prise de dernières années, par l’exemple leur sécurité au quotidien. taires n’y suffirait pas. ce sondage-plébiscite organisé Inégalité de traitement donc, conscience n’a cessé de se déve- des couples de parents divorcés Pour ce faire, les chefs d’Etat et Les rumeurs de départ anticipé du par la Fnac et Le Monde, une ma- même si l’on a bien compris qu’il lopper dans les Etats européens : franco-allemands qui se battent de gouvernement pourront puiser directeur général courent depuis nière d’ailleurs de prendre le s’agissait là d’interprétations mé- il est illusoire de vouloir se battre, pour la garde de leurs enfants dans un programme de travail – en septembre dernier, alimentées par deuil en fanfare. Clients et lec- morables et contemporaines de comme si de rien n’était, contre de lorsqu’un des deux conjoints re- fait, un simple inventaire «à la les scandales sur les détournements teurs ont répondu avec humour leurs œuvres. Mais, quand même, nouvelles formes de criminalité, tourne dans son pays. Trop Prévert » – adopté en décembre d’argent russe qui pourraient impli- souvent, grogne parfois, à ce qui Mozart coiffé par The Doors et organisées au niveau mondial ou souvent, la tendance des tribu- 1998, lors du Conseil européen de quer les fonds du FMI. Depuis la était un questionnaire fermé. Beethoven devancé par U2, européen, qui exploitent les naux est de donner raison à leurs Vienne. L’espoir est qu’ils parvien- crise asiatique, le FMI est sous le feu 200 livres, 200 disques, 200 films, quelle admirable modernité fut la contradictions entre les législa- nationaux. Un autre exemple est dront à fixer des orientations pré- des critiques. Si techniquement l’ac- un jury, régalien comme tous les nôtre ! cises et qui témoigneront d’un en- tion du FMI est mieux acceptée (les gagement suffisamment crédible pays touchés par la crise financière pour que la Commission et les de 1997 connaissent un redresse- Immigration, criminalité, autres instances de l’Union se ment), c’est le soutien incondition- mettent effectivement au travail. nel du FMI à certains États non dé- Un drame social à Aerospatiale Le plan de marche que les Quinze mocratiques, soutien dicté par ses entraide judiciaire vont s’efforcer de définir distin- actionnaires, qui est aujourd’hui en guera trois domaines : la politique cause. Est-ce par lassitude ou pous- évoqué à l’Assemblée nationale b Asile et immigration. La harmonisation de leurs législations d’asile et d’immigration, la mise en sé par ses nombreux détracteurs communautarisation progressive pour accompagner au plan judi- place d’un espace judiciaire euro- que Michel Camdessus envisagerait INTERPELLÉE sur les licenciements abusifs par André Lajoinie (PC, de ces politiques est prévue par le ciaire la coopération entre les ser- péen et enfin la coopération poli- de quitter Washington plus tôt que Allier), mercredi 13 octobre, lors de la séance des questions au gou- traité d’Amsterdam. Les Etats vices de police. Certains pré- cière. Le nouveau commissaire prévu ? M. Camdessus répond : «Il vernement, Martine Aubry a fait allusion au suicide de la fille d’une membres diffèrent sur le degré de conisent de créer un poste de portugais, Antonio Vitorino, qui ne faut pas que ma présence em- salariée d’un établissement d’Aérospatiale-Matra en cours de restruc- solidarité à atteindre. Le problème « procureur européen » pour coor- est en charge de ces dossiers, a pêche le FMI d’évoluer. » « Il n’est pas turation à Châtillon (Hauts-de-Seine). « Cette tragédie, avait lancé le se pose, notamment, à propos de donner les parquets nationaux dans souhaité, mercredi à Bruxelles, bon que le départ du directeur géné- député de l’Allier, illustre le profond mépris dans lequel les entreprises ce que l’on appelle la protection des domaines d’intérêt communau- que les Quinze donnent la préfé- ral tourne au partage des dé- tiennent les hommes et les femmes qui ont pourtant contribué à leur ri- temporaire de réfugiés en cas de taire. En matière civile, l’effort doit rence aux sujets « ayant une inci- pouilles », ajoute-t-il. Tout porte à chesse. » La ministre de l’emploi et de la solidarité a indiqué que les crise (Bosnie ou Kosovo, par porter sur la reconnaissance mu- dence sur la vie quotidienne des ci- croire donc que M. Camdessus an- salariés concernés par la fermeture d’une partie des activités de cet exemple). Contrairement aux Alle- tuelle des jugements pris par les tri- toyens européens ». noncera son départ. Seule la date établissement seraient reçus par son cabinet et celui du ministre de la mands, les Français et d’autres sont bunaux nationaux, afin d’éviter des reste inconnue. défense, Alain Richard. opposés à l’idée d’une répartition décisions contradictoires qui ne Henri de Bresson et des réfugiés entre les pays. L’accord sont pas suivis d’effets. Philippe Lemaître Babette Stern pourrait se faire à Tampere sur la Le Sénat veut rétablir le principe mise en œuvre d’une solidarité fi- nancière en cas d’afflux dans un pays. Les Quinze discuteront égale- des instructions individuelles ment de normes minimales concer- nant les droits sociaux des immi- LA COMMISSION DES LOIS du Sénat a adopté, mercredi 13 octobre, grés, de l’harmonisation des une série d’amendements remettant en question l’architecture du procédures d’asile. La France, l’Al- projet de loi d’Elisabeth Guigou sur les relations entre les parquets et lemagne et le Royaume-Uni ont la chancellerie, qui sera examiné en première lecture par la Haute As- soumis à leurs pays partenaires des semblée à partir du 20 octobre. Alors que ce projet de loi supprime propositions dans ce sens. toute possibilité, pour le garde des sceaux, de donner des instructions b Lutte contre le crime organi- dans les dossiers individuels, les sénateurs ont rétabli ce principe en le sé. Des décisions sont en attente limitant aux affaires de terrorisme ou aux dossiers touchant aux inté- contre le blanchiment de l’argent rêts fondamentaux de l’Etat. sale. Les bonnes intentions se heurtent à beaucoup de mauvaise volonté quand il s’agit de faciliter la levée du secret bancaire ou de sup- primer les centres off shore opé- rant dans l’Union. Les Quinze veulent continuer également à ren- forcer la coopération de leurs po- lices. A cette fin, Europol, basé à La Haye, est entré en fonction officiel- lement le 1er juillet. On évoque la possibilité de créer des équipes eu- ropéennes chargées d’enquêtes spécialisées. b Espace judiciaire européen. De nombreuses conventions ont été signées en matière d’entraide judiciaire, qui ne sont pas appli- quées. Les procédures de ratifica- tion sont très longues. Elles se heurtent aux lourdeurs administra- tives, à la difficulté de changer des monuments législatifs internes qui reposent sur des décennies de juris- prudence, comme en matière d’ex- tradition. La nécessité de la lutte transfron- tière contre le crime organisé et le terrorisme amène les Quinze à en- courager, en matière pénale, une

Tirage du Monde daté jeudi 14 octobre 1999 : 487 265 exemplaires. 1 – 3 LeMonde Job: WIV4199--0001-0 WAS LIV4199-1 Op.: XX Rev.: 13-10-99 T.: 19:40 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0052 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 15 OCTOBRE 1999

« LE MAGHREB DES LIVRES » LE RÂMÂYANA A l’occasion de la manifestation la chronique de Roger-Pol Droit qui se tient les 16 et 17 octobre, page VI gros plan sur les nouvelles ten- dances de la recherche au Maroc, ANDRÉ GIDE en Algérie et en Tunisie page V ANTONIO LOBO ANTUNES JEAN PAUL II Le Feuilleton de Pierre ALBERT COSSERY page IV page VII Lepape page II page III bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbL’étrange vie de Guy Debord

riences de liberté absolue sont rares, réprimée, aussi bien par le capita- Presque quarante ans que ces graphie impeccable, surtout : «Je et pourtant multiples. Pour les ap- lisme moderne que par le totalita- Ce qui frappe dans ce lignes ont été écrites. Ont-elles pour suis exercé depuis longtemps à mener précier, mieux vaut être aventurier, risme stalinien. Mais le feu couve en- autant vieilli ? une existence obscure et insaisis- ou poète, que journaliste ou univer- core sous la cendre, il suffit de premier volume de Ceux qui ont assisté autrefois, sable. » Ceux qu’une telle œuvre sitaire. « Un homme est défini à ce reprendre l’initiative contre « les dans les temps sombres, à la projec- n’émeut pas ne sont pas doués pour qu’il entend, pratiquement, par poé- niaiseries du commerce artistique correspondance ? tion du film In girum... se sou- l’émotion, voilà tout. Qu’ils parlent P eu importe ce qui va se ensuite d’art ou de littérature n’a sie ; donc ce dont il se contente sous ce pseudo-expérimental », ou les « an- viennent surtout d’une voix passant dire, pendant un certain temps, de nom (ici le mot de Hegel : “A ce dont ciennes mondanités artistiques » (qui L’urgence et la lucidité à travers l’écran des images (1). Là guère d’importance. Ce sont, au Guy Debord. Les discours à son sujet un esprit se satisfait, on mesure la continuent de plus belle de nos était la force, là l’audace : la grande mieux, « des ignorants mystifiés qui se sont déjà nombreux, intéressés, grandeur de sa perte”). » jours, n’est-ce pas ?). Le trafic d’art, politique de l’auteur poésie. Quelqu’un tenait le coup croient instruits », des « analphabètes contradictoires ; ce n’est qu’un dé- La Correspondance, qui commence voilà l’ennemi, il faut l’attaquer dans dans la caverne à hypnose, et n’hési- modernisés » et autres fonction- but, les gloses et les biographies se à paraître, apporte un certain son angle qui dévoile la société tout de « La société du tait pas à parler de lui sur le même naires du Spectacle. Il ne s’agit pas succéderont, toute une époque agi- nombre d’éléments nouveaux. Le entière. Sombre période de la fin des plan que Bossuet, l’Arioste, Li Po, non plus ici de « théorie », rien pour tée et confuse s’étonnera de plus en paradoxe, c’est que personne n’aura années 50, avec, en France, la guerre spectacle » qui est la les colloques, les débats, les plus d’avoir méconnu qu’une autre autant travaillé que l’auteur de l’ins- d’Algérie : « Les espoirs de démocratie Philippe Sollers expositions, les thèses, les façon d’exister parlait à travers cette cription célèbre « Ne travaillez ja- sont maintenant minces. Et le temps même chose que sa vernissages : « Aucune voix étrange. On bavardera beau- mais ! ». Drôle de travail : l’organisa- ne travaille pas pour nous. » Fascisme Dante, Musil, Pascal, Omar époque vivante n’est partie d’une coup sur son caractère, son enfance, tion de la subversion est un plein menaçant, gauche décomposée, sur- passion poétique Khayyam, Shakespeare, la Bible, He- théorie : c’était d’abord un jeu, un ses aventures, le spectre de mai 68, temps de courrier, de voyages, de veillance policière, et cette note gel. Il ne s’agissait pas de « cita- conflit, un voyage. » C’est parce qu’il sa structure sauvage et mélanco- ruses, d’interventions, d’échanges. d’humour : « N’étant pas déclarée, bord qui est la même chose que sa tions » mais de preuves. Quelle in- était un grand poète métaphysique lique, son goût de la boisson, sa On est d’emblée dans l’avant-gar- l’Internationale Situationniste ne peut passion poétique (Lautréamont, Cra- vraisemblable prétention ! Le tour d’un enfer social sans poètes que culture, sa mégalomanie, ses amitiés, disme le plus extrême ayant tiré les être officiellement dissoute. » La van). Rigueur et jeu : « Le problème de force esthétique et moral de De- Debord reste, aujourd’hui même, ré- ses mépris, ses ruptures, son suicide. leçons du passé (notamment du sur- gauche ou l’extrême gauche de est bien l’action commune d’individus bord, dans ses Œuvres cinématogra- volutionnaire : « Ceux qui, un jour, Comme d’habitude, l’Histoire réelle réalisme). Ce qui frappe le plus dans l’époque ? « Ces gens sont mécanistes libres, liés seulement par et pour cette phiques complètes, un des plus beaux auront fait mieux, donneront libre- sera plus ou moins évacuée de ces ces lettres aux nouveaux complices ? à un point effarant. Aussi peu mar- liberté créatrice réelle. » Un groupe livres du XXe siècle, est d’avoir défié ment leurs commentaires, qui eux- considérations. Mais patience : De- Le mot vite. Il faut faire vite, démas- xistes qu’il est possible : ouvriéristes. décidé, radical, pratiquant à la fois la l’énorme industrie du sommeil. Drô- mêmes ne passeront pas inaperçus. » bord est de mieux en mieux publié quer le monde fabriqué de l’art, Cela tourne même à la pensée reli- dérive et l’organisation ouverte, peut lerie sinistre des jugements sur le pu- (certains ont raison de s’en inquiéter pousser les peintres à s’engager da- gieuse : le prolétariat est leur Dieu ca- transformer la vie. Plus tard, dans In blic du cinéma et les « serviteurs sur- (1) Signalons la parution de In girum imus ou de s’en plaindre), ce qui ne veut vantage, nouer des contacts interna- ché. Ses voies sont impénétrables, et les girum... (1), Debord dira : « La for- menés du vide. » Désinvolture nocte et consumimur igni dans une édi- pas dire encore lu. Pour le lire, à vrai tionaux, attirer les architectes, les ur- intellectuels doivent s’humilier, et at- mule pour renverser le monde, nous ne révoltante à l’égard de tous les assis : tion critique augmentée de notes de l’au- dire, il faudrait d’abord savoir vivre banistes, les sociologues, les mettre tendre. Alors, comment admettraient- l’avons pas cherchée dans les livres, « Je me flatte de faire un film avec teur (Gallimard, 154 p., 85F [12,95 ¤]). d’une certaine façon. Comme lui ? en situation d’exception. Une insur- ils que le feu est à la maison ? » mais en errant. C’était une dérive à n’importe quoi ; et je trouve plaisant Mais non, justement. Les expé- rection des années 20 a été oubliée, Il y a une lucidité politique de De- grandes journées, où rien ne ressem- que s’en plaignent ceux qui ont laissé CORRESPONDANCE blait à la veille ; et qui ne s’arrêtait ja- faire de toute leur vie n’importe 1957-1960 (tome 1) mais. » On peut mesurer combien ce quoi. » Panégyrique, déjà, de la « bri- de Guy Debord. genre de pratique pouvait choquer gade légère », en guerre avec la terre Fayard, 280 p., 160 F (24,39 ¤). aussi bien les pouvoirs établis que la entière. Méditation intense sur l’eau langue de bois pseudo-révolution- du temps et le feu du désir. Autobio- ૽ Lire notre dossier pages VIII et IX naire. « Poésie : oui, mais dans la vie. » Et voilà, inquiets de la même façon, les fabricants de poèmes ou d’art décoratif. Bref, le système tout entier est atteint, son mensonge de haut en bas et de bas en haut. C’est le même trucage qui va du travail aliéné à la représentation « cultu- relle ». Le plus grave : aucun popu- lisme, aucun misérabilisme, une joie et une ironie permanentes, s’expri- mant, avec beaucoup d’intelligence et d’art, dans le « détournement ». Non seulement la liberté, mais le luxe : « Je ne sais pas si nous sommes d’accord sur la notion de luxe que, pour ma part, je ne rejette pas simple- ment. Je crois qu’il faut contribuer à créer une conception révolutionnaire du luxe, ennemie à la fois du faux luxe ancien et de l’absence de luxe (le confortable vide fonctionnaliste des maisons et de la vie). » En août 1960, Debord fait le point (encore huit ans à attendre avant de se lancer à l’assaut du ciel) : « Quoique nous soyons très largement dans un état de semi-clandestinité – rencontrant encore une hostilité assez incroyable, mais très honorable à notre avis –, on peut dire que nos moyens ont considérablement aug- menté. (...) Nous sommes maintenant engagés dans l’organisation d’une longue lutte. » « Il faut concevoir et faire une critique qui soit une vie. » « Tant de gens que nous avons vu faire beaucoup de bruit se sont rangés to- talement, de la façon la plus ridicule, parfois la plus ignoble. Ni la liberté ni l’intelligence ne sont données une fois pour toutes. Et leurs simulacres sont naturellement bien plus fragiles, ils se décomposent avec la mode. »

Guy Debord sur le tournage de son film Critique de la séparation

ARCHIVES ALICE HO (septembre-octobre 1960) LeMonde Job: WIV4199--0002-0 WAS LIV4199-2 Op.: XX Rev.: 13-10-99 T.: 19:23 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0053 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 le feuilleton

de Pierre Lepape b le convertir à soi, mais à l’inverse pour effectuer vers lui ESSAIS CRITIQUES le plus long et le plus passionnant des voyages. Quand d’André Gide. Gide proclame, en 1937, que Georges Simenon, est «un Gallimard, « Bibliothèque grand romancier, le plus grand sans doute et le plus vrai- de la Pléiade », 1 406 p., 395 F (60,02 ¤). ment romancier que nous ayons en France aujourd’hui », il jusqu’au 30 novembre, puis 445 F (67,83 ¤). fait le choix de l’écart extrême : entre l’homme de lettres dominant de sa réputation le champ élitiste de la « haute CORRESPONDANCE 1938-1950 Les sommeillantes littérature » et l’auteur à succès de romans populaires. de Georges Simenon et André Gide. Gide tient sous ses yeux un extraordinaire phénomène Omnibus, 232 p., 85 F (12,95 ¤). naturel, un écrivain d’instinct, une bête à écrire dont il admire certes l’originalité musicale : « Aucun épisode, si fortuit qu’il puisse d’abord paraître, aucun dialogue, au- ire, c’est lier. La lecture forme des familles. princesses cune description de paysage même, qui ne joue son rôle et Dans une célèbre conférence prononcée à ne soit, ou ne devienne, un élément indispensable à l’éta- Bruxelles le 29 mars 1900, André Gide parle de blissement de l’accord (ou du désaccord) final. » Mais l’in- la lecture. Il y a, dit-il, tous ces livres qui vous téresse davantage ce que Simenon n’est pas encore, L instruisent, ce trésor des bibliothèques que l’on l’écrivain qu’il va devenir pour peu qu’on l’incite à aller accumule en soi, « toute une encombrante richesse, une au bout de lui-même, à suivre le meilleur de sa pente. fortune précieuse certes comme instrument, mais qui reste- ra différente de moi jusqu’à la consommation des siècles. ’est tout l’enjeu de la correspondance L’avare met ses pièces d’or dans un coffre ; mais le coffre Les lectures de Gide furent guidées par ment des modes, par l’envahissement de l’anticulture. Et qu’échangent le père de Nathanaël et celui de fermé, c’est comme si le coffre était vide ». Et puis, il y des les vrais artistes, hélas, sont enclins à tourner le dos au Maigret. Un jeu curieux de déséquilibres livres – ou quelques phrases, quelques paroles dans un l’obsession de la famille perdue. Une public et à s’enfermer dans la fameuse tour d’ivoire, compensés, d’affection, de réticence, de rete- livre – qui s’incorporent à vous. Leur puissance, dit Gide, aveugles, sourds et muets à la vie. Gide entreprend de C nues suivies de grands lâchers de confidences « vient de ceci qu’elle n’a fait que me révéler quelque par- famille, c’est-à-dire une part de soi rompre ce cercle fatal de la décomposition. Faire de la (1). Au début – jusqu’à la guerre et l’exil de Simenon aux tie de moi-même inconnue à moi-même ; elle n’a été pour critique, fût-ce aux dépens de son œuvre propre, c’est Etats-Unis –, l’écrivain « populaire » est à la fois épous- moi qu’une explication – oui qu’une explication de moi- présente dans l’autre, la ressemblance accepter de jouer ce rôle indispensable d’initiateur : celui touflé par le patronage inattendu de Gide, et vaguement même. (...) Combien de sommeillantes princesses nous por- qui incite les lecteurs à se trouver leur propre famille. inquiet. Ravi d’être introduit à la cour par le roi lui- tons en nous, ignorées, attendant qu’un contact, qu’un ac- dans la différence, l’identité dans Initiateur aussi auprès des auteurs. Gide n’aimerait même et craignant la gaffe ou le faux-pas qui le renverra cord, qu’un mot les réveille ! » pas notre critique à prétention scientifique qui ne s’in- aux écuries. C’est un état d’inquiétude qui plaît bien à De quel sommeil la Belle au bois dormant est-elle ain- l’altérité comme le soulignent ses téresse qu’aux textes et ignore les écrivains. A l’archéo- Gide, propice au mouvement. Pour le maintenir dans si tirée, de quelle léthargie ? Gide y insiste, à deux fois, à logie, il préfère la botanique : entendez que ce qui cette disposition favorable, Gide lui promet un grand ar- quelques phrases d’intervalle : « Cette intime connais- « essais critiques » et sa l’émeut et le meut dans la littérature, c’est l’aventure, ticle, un essai sur Simenon, l’adoubement. Comme une sance, qui n’est plutôt qu’une reconnaissance mêlée toujours particulière de l’esprit − d’autant plus univer- carotte placée devant la bouche du cheval, l’article ne se d’amour − de reconnaissance vraiment ; qui est le senti- correspondance avec Georges Simenon selle qu’elle est particulière. Ni Sainte-Beuve et sa cri- fera jamais. il en demeure un dossier marqué G. S., des ment d’une parenté retrouvée. » Et plus loin : « S’éduquer, tique biographique qui fait de l’œuvre comme un pro- notes, des ébauches, des fiches de lecture, opportuné- s’épanouir dans le monde, il semble vraiment que ce soit se longement de la vie de l’auteur ; mais pas davantage ment publiées avec la correspondance. retrouver des parents. » Les lectures de Gide, immenses, Gide, tout se passe au présent. La parenté, c’est aussi la Proust et sa séparation radicale entre le « moi intérieur » Mais malgré les encouragements, malgré les critiques multiformes, sont guidées par cette obsession de la fa- présence de l’ancêtre dans l’enfant, sa manière d’être qui écrit et le moi extérieur de la vie sociale et quoti- aussi, assenées avec la plus grande franchise, Simenon mille perdue, éparpillée et, par bonheur, parfois reconsti- toujours vivant. La lecture est encore ce qui réveille la dienne. Le livre change celui qui l’écrit et souvent le dé- ne franchit pas ses limites, ou s’il lui arrive de les franchir tuée. Des parents, c’est-à-dire une part de soi présente princesse endormie des textes anciens. La parenté est à passe, mais il éveille aussi l’auteur à ce qu’il est vraiment − au risque de se perdre comme dans Pedigree −, c’est dans l’autre, la ressemblance dans la différence, l’identité double sens. La lecture de Gide incorpore Montaigne et et l’incite à aller plus avant dans sa découverte. L’écrivain pour revenir bien vite sur le terrain connu, balisé et ex- dans l’altérité. le dote d’un frère tout neuf, un tantinet jaloux de est aussi une princesse endormie, doté d’une vie latente, cellent des romans à un personnage. Simenon ne suit Affaire de famille donc, la lecture, et affaire person- La Boétie. d’un trésor de potentialités que le critique a pour devoir pas sa pente, il creuse son trou. Gide n’est pas déçu. nelle. Qu’on ne demande pas à la critique de Gide d’être On dira donc, pour lui en faire reproche, que Gide tire d’éveiller. Dans sa dernière lettre à Simenon, trois mois avant sa objective, ou scientifique, ou historique. Qu’on ne lui de- à lui les auteurs dont il parle. Qu’il profite de Dostoïev- mort, il lui parle encore de « cette sorte d’intoxication qui mande pas même d’avoir une méthode. A juste titre, ski, de Goethe, de Montaigne ou de Wilde pour fignoler u’ importe alors à Gide que tel jeune écri- désempare de soi-même le lecteur dès qu’il ouvre un livre Gide se méfie de ces critiques, déjà nombreux à son et retoucher sans cesse son autoportrait. C’est oublier le vain ne soit pas, comme on dit, de sa bou- de vous. » N’empêche qu’il note sèchement au dos de le époque, qui préfèrent leur méthode à l’œuvre dont ils côté combattant du créateur de la Nouvelle Revue fran- tique. Qu’il se situe aux antipodes esthé- missive que lui envoie Simenon en retour : « Sans inté- parlent. Et qui préfèrent leurs mots et leurs discours à çaise et sa passion de découvreur. Ce gros volume d’es- tiques, morales ou politiques de ses rêt. » La princesse s’est rendormie. ceux des auteurs qu’ils évoquent. Gide lui, cite beau- sais critiques qui rassemble des conférences, des livres, Q opinions et de ses convictions. Plus l’écart coup, énormément. C’est la voix de l’autre qu’il veut mais aussi des chroniques, des articles, des notes, des est grand, au contraire, plus l’aventure est riche. Soutenir (1) En même temps que la correspondance Gide-Simenon, faire entendre, dans sa singularité, dans sa différence, préfaces, des hommages permet de construire un por- des presque semblables, des intellectuels raffinés, des Omnibus republie la belle et étrange Lettre à ma mère dictée afin de mieux faire saisir en quoi cette différence l’émeut trait en mouvement très éloigné des caricatures et des adeptes de la belle phrase musicale, des tenants de la par Simenon en 1974, alors qu’il avait mis fin à son activité et l’anime. Parfois sa « critique » semble vouloir se ré- mythologies de convenance. haute tradition classique française, en bref : des gidiens, de romancier pour se livrer enfin à ces exercices autobio- duire à articuler des citations, à présenter aux lecteurs Il y a d’abord l’importance donnée au public. Les c’est une entreprise sans risque et donc sans sel et sans graphiques dans lesquels Gide lui avait déconseillé de ris- une anthologie signifiante, une sorte de miroir éclairé de grandes périodes de création artistique, dit Gide, sont intérêt. Mais mettre en évidence ce qu’il y a de neuf et quer son talent à « écrire les autres » (Omnibus, 108 p., 59 F sa lecture. Dans son grand texte sur Montaigne, de 1928, aussi celles où les créateurs se sont appuyés sur une cri- d’unique dans les écrits prolétariens de Charles-Louis [8,99¤]). il semble qu’on assiste en direct à une opération de di- tique « outrancièrement dogmatique ». Notre époque ne Philippe ou d’Eugène Dabit, dans la prose virile de Jo- gestion dont le but est posé d’emblée : « Montaigne sau- supporte plus cette rigueur des règles, mais du même seph Conrad ou dans la poésie chrétienne de Charles Pé- ૽ Signalons L’Ecriture d’André Gide, tome II, communi- ra-t-il répondre aux questions nouvelles que nous avons à coup, elle est menacée par le n’importe quoi, par les lois guy, voilà qui oblige à ouvrir grand le compas, à aller cations des rencontres de Cerisy-la-Salle d’août 1996 (ed. lui poser. » Il n’y a pas vraiment d’histoire littéraire pour tout aussi contraignantes du commerce, par l’épuise- chercher l’étincelle du même au loin de l’autre, non pour Lettres modernes Minard).

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Langeais, Les mémoires d’un baron perché Plus fantasmatique que factuel, ce récit « autobiographique » de Jacques Lacarrière rassemble quelques une femme-poème images de sa jeunesse durant la guerre à Orléans et fait la part belle aux digressions du conteur roublante figure féminine pour enlever celle qu’il accuse de lui vie. Il nous dit comment, à l’âge de pas d’Hérodote et des hommes du désert? ». Cette manière de que la duchesse de Lan- avoir donné « le néant ». La duchesse UN JARDIN POUR MÉMOIRE quinze ans, il est tombé amoureux ivres de Dieu. questionner le monde, aussi inso- geais. Elle surgit sur le seuil comparaît devant le « tribunal » de de Jacques Lacarrière. d’Athéna. Il nous apprend com- La prose de Lacarrière donne lite qu’elle puisse paraître, n’a rien de la mort avant même l’amour qui la condamne à la flétris- Nil éd., 208 p., 120 F (18,29 ¤) ment, pour conjurer certains mots, l’impression d’être un assemblage de gratuit. Elle vise – selon un d’avoirT vécu. Carmélite sans âge « en- sure par le fer rouge. il les répète jusqu’à l’usure. Il ra- de morceaux choisis. L’exercice de vieux procédé surréaliste – à frac- sevelie » sous le « linceul » de la reli- Qui est donc cette femme à la fois conte sa première communion et style induit l’exercice de mémoire. turer le réel. gion, elle fut jadis l’idole du faubourg courtisane et dévote, ange et démon ? é à Limoges en 1925, ses premières amours. Il marie Pal- Les jeux de langage permettent à la De fait, Lacarrière, conteur et Saint-Germain. Est-elle toujours Elle l’avoue à son amant : « Maître Jacques Lacarrière a myre et Orléans par le truchement pensée de ricocher. Lacarrière poète, n’en finit pas de conjuguer femme ? Balzac ne tranche pas. C’est pour maître, je voulais un homme passé son enfance et hasardeux d’Aurélien. Il chante la prend les mots au mot (« Le cy- les figures du destin. Il choisit d’ap- Armand de Montri- grand. » Coquette ? son adolescence à Or- Loire et la Sologne. Il fustige les nisme a toujours fait la force des cy- profondir les mystères plutôt que veau, son ancien Peut-être, mais vraie léans.N Si ce n’est dans Le Pays sous marronniers en les accusant d’être négéticiens ») et, au gré du récit, de les résoudre. Il explore les mots amant, qui reconnaît, pourtant à travers cette l’écorce (1), Chemins d’écriture (2), des copies mal dégrossies des châ- s’adonne à son péché mignon : qui s’ajustent miraculeusement au terme d’une longue coquetterie à laquelle la ou Ce bel aujourd’hui (3), cette par- taigniers. A plusieurs reprises, ce- l’étymologie. Souvent, tel un en- aux images. quête amoureuse, celle femme est réduite, et tie de sa vie n’affleure pas dans ses pendant, il revient à la guerre, aux fant-aux-mille-questions, il s’inter- Jacques Meunier dont la voix monacale dont la dépravation reste livres. L’auteur de Gnostiques (4), enterrés vivants et aux postures roge : « Les huîtres dorment- est à l’âme ce qu’est à la « surface du cœur ». de L’Eté grec (5), de Chemin faisant dantesques des morts. Il fait l’in- elles? », « A quoi rêvait alors Or- (1) Seuil. « aux yeux un filet d’or Figures Coupable ? Son igno- (6) et de Sourates (7) a plusieurs ventaire de ses fascinations et de léans endormi? », « Pourquoi ne (2) Plon. ou d’argent dans une de la Comédie rance de l’amour est une fois différé le moment de payer sa ses frayeurs. Ainsi, de proche en suis-je pas mongol? », « Qu’est-ce (3) J.-C. Lattès. frise obscure ». forme d’innocence. Et dette à l’enfant qu’il a été. Peut- proche, par petites touches succes- qu’un mort? », « Pourquoi les mar- (4) Albin Michel. Donc il fut un temps b soudain la mondaine se être y voyait-il une sorte d’impôt sives, en rassemblant les images de ronniers ne sont-ils pas des châtai- (5) Plon. où Paris la célébrait. Un LANGEAIS découvre la noblesse jeunesse, auquel bien peu d’écri- son passé, se dessine un rêve so- gniers? », « A combien de grains de (6) Fayard. temps où, lorsque la ANTOINETTE DE d’un sentiment qui la vains échappent, et n’avait-il pas le laire. Celui qui le mènera sur les sable faudrait-il limiter l’extension (7) Fayard jeune femme apparais- duchesse possède corps et âme. cœur d’ajouter sa partition aux in- sait, tous les yeux Dès lors, il s’agit de nombrables Petit Chose qui étaient sur elle. C’était Née en 1795 vaincre ou de mourir au peuplent nos bibliothèques. Peut- Antoinette, épouse du morte en 1823 monde. Pauvre Montri- être aussi lui fallait-il longuement duc de Langeais, mariée veau, déconcerté et mal- filtrer et remixer ses souvenirs à dix-huit ans, puis dé- Héroïne de habile, face à cette pour, selon l’expression de Gaston laissée. Sans doute ne La Duchesse de femme qui va au-devant Bachelard, « dresser le cadastre de l’a-t-il jamais touchée. Langeais, la fille du de son destin avec une sa campagne perdue». Plus fantas- Mais cette offense, que duc de Navarreins telle grandeur et lui ravit matique que factuel, Un jardin pour Balzac laisse deviner, apparaît aussi dans son rôle : « Si vous voulez mémoire cultive le hors-sujet avec est restée secrète. Aux Le Père Goriot et est ma vie, je vous la donne- délice. Le hurlement des sirènes, le yeux du monde, Antoi- évoquée dans rai, vous ne la prendrez sifflement des fusées éclairantes, nette est « reine de la Ferragus, Les pas. » Il renonce au châ- les bombardements, l’exploration mode », objet de tous Illusions perdues, Le timent corporel, mais des décombres et le secours aux les désirs, souveraine Cabinet des Antiques veut l’éprouver encore. survivants forment l’arrière-fond allégorie de sa « caste ». et Les Secrets de Les lettres de la duchesse dramatique d’un récit tout en dé- Plus profondément, la princesse de suppliciée restent sans rives et en digressions. Il s’agit elle est le « fil d’or », et Cadignan réponse. Lorsqu’elle lui donc moins d’un reportage, d’un aussi la « confusion poé- offre un ultime rendez- témoignage ou d’une chronique tique » en attente de DE BALZAC-PARIS 1842/MAISON J.-L. BISSON vous, Armand arrive que d’un contre-chant à l’été 44. son unité. Montriveau est ébloui par trop tard. La carmélite a relevé la du- L’histoire immédiate fait ici office cette irrésistible comédienne qui dé- chesse. de voix off et met en situation les ploie avec grâce les artifices de la sé- Armand la retrouve cinq ans plus soliloques de l’auteur. Tout se duction. Elle le distingue entre tous. tard. Accompagné des douze autres passe comme si le jeune Lacarrière Or, si Armand brûle d’amour, la du- « démons humains », il a orchestré sa – à la veille de la Libération – ré- chesse ne voit en lui qu’un « délicieux délivrance du monastère. Mais c’est au pondait à un projet tacite ou obéis- présage d’amusement ». Elle refuse de moment où il croit la saisir enfin, sait à une consigne informulée: satisfaire ses « désirs prodigieusement qu’elle se dérobe et meurt ; « souverai- avant de partir ailleurs, il faut faire vulgaires » et lui oppose, malgré les nement femme » à travers cette imper- le plein de son lieu d’origine... « enivrantes voluptés » d’un amour tinence finale, et fidèle à son exigence Dans Orléans occupé, livré à lui- naissant, les « fortifications » de la reli- d’absolu : « Ce n’est plus qu’un même, perché dans un tilleul qui gion ou des convenances. Meurtri, Ar- poème. » fait figure d’initiateur et d’alter ego, mand fait appel au clan des Treize Laetitia Zecchini Jacques Lacarrière fixe le cap de sa LeMonde Job: WIV4199--0003-0 WAS LIV4199-3 Op.: XX Rev.: 13-10-99 T.: 19:51 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0054 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / III b Albert Cossery n’écrira plus Confidences de l’au-delà Nouveau fragment d’un paysage mental, d’un tableau qui dépeint les souks du Caire peuplés de Sur fond de mort, l’étonnant roman d’amour mendiants-philosophes, le roman de l’écrivain d’origine égyptienne marque le point final de son œuvre de Jean Guerreschi

Albert Cossery. Entièrement rédi- la Reine de la nuit venant en LES COULEURS gé à la main, et pas une hésitation, UN MONDE SANS IRIS contrepoint à la vie du composi- DE L’INFAMIE à peine quelques ratures, une écri- de Jean Guerreschi. teur et aux dernières pensées de d’Albert Cossery. ture d’écolier modèle. C’est que Denoël, 220 p., celui qui va devenir « non pas un Ed. Joëlle Losfeld, 134 p., l’écrivain, s’il est dénué de parole, 110 F (16,77 ¤). “esprit” mais... une sorte de concré- 85 F (12,95 ¤). n’en a pas moins un « gueuloir » à tion prélevée sur la substance du la manière où Flaubert l’entendait. e mort qui nous fait part rêve ». lbert Cossery n’écrira La phrase unique qu’il écrit de son arrivée dans l’au- Tout cela pour une Michaela re- plus. C’est fini. C’est chaque jour est mûrie, ressassée, delà, de sa cohabitation baptisée Iris. Ç’aurait pu être lui qui le dit, ou plutôt tombe à pic. Et l’on voudrait en avec un monde des vi- d’autres prénoms. Par exemple qui le chuchote en le faire autant à la lecture, se gueuler vantsL qui ignorent sa présence, de Paulina, en hommage à Pauli- mimantA d’un mouvement de lèvre les phrases pour les réentendre, ses souvenirs du temps de la terre, na 1880, roman qui séduisit le agacé. Car ce contemplatif de les regarder encore, admirables et de ce qui a provoqué son pas- mort par ce dont nous avons au- quatre-vingt-six ans à l’allure d’humour et de perspicacité sur sage au statut de défunt : c’est là jourd’hui tant et trop d’exemples splendide, qui n’a pour autre oc- une société orientale aussi conser- une bien grosse ficelle littéraire contraires, Pierre-Jean Jouve réus- cupation que d’observer les pas- vatrice qu’imprévue, infiniment sur laquelle le cinéma n’a pas sissant « à entrer dans l’intimité sant (e)s à la terrasse des cafés de inventive. Peu importe la drôlerie manqué de tirer. Mais il n’est pas sexuelle d’une jeune femme de vingt Saint-Germain-des-Prés, ne parle de l’intrigue, il suffit de suivre à la de grosse ficelle qui ne s’affine. A ans, et à nous donner de ressentir plus. Une opération de la gorge, il trace ces mendiants-philosophes, condition d’humour et de style. les effets de l’acte sans avoir distrait y a deux ans, l’a définitivement maîtres en dérision dans une ville Pour l’un, avec une subtilité qui une seule phrase de son récit pour le privé de parole, mais qu’on n’aille dont la « déterioration specta- fait fi des effets faciles et attendus, décrire ». Mais ce fut Iris. Rodin et pas s’imaginer que cela le dérange culaire » semble avoir été « spé- Guerreschi y excelle ; pour l’autre, sa jeune maîtresse Gwendolen ne le moins du monde. De son cialement conçue pour aiguiser leur il y montre une maîtrise déjà re- sont pas étrangers à ce baptême. Egypte natale qu’il a quittée il y a sens critique ». marquée dans ses précédents ro- Dire pourquoi serait priver le lec- un demi-siècle, juste après la Le dernier héros d’Albert Cosse- mans qui n’annonçaient pas un tel teur d’une des nombreuses et heu- guerre, dans le seul but d’aller ry, Ossama, est l’un d’eux, « mo- sujet, mais n’est-ce pas l’une des reuses surprises d’un récit où Ca- faire la nouba à Paris, il a gardé un deste voleur aux revenus aléa- principales qualités du romancier mus, Rilke, Courbet, Whistler, les sens singulier de la paresse érigée toires », habillé comme un prince de ne pas s’installer dans un uni- pharaons de la XVIIIe dynastie à la fois en art de vivre et en méta- et qui, plutôt que d’attendre une vers continûment répété ? Et voici passent sans que pèse un instant le physique : une sorte de paresse révolution hypothétique, a pour un roman d’amour, mais des plus poids de l’érudition, mais toujours non paresseuse qui relèverait plu- déontologie de soulager les nantis singuliers. la légèreté de la verve, de la déri- tôt, comme chez Oblomov, de la de leur portefeuille « au cours d’un Le narrateur s’est tiré une balle sion. Il en va de même du chant de résistance aux agitations diverses imperceptible frôlement ». A la dans la tête. Dépit, ou plutôt dé- guerre des Indiens Pawnees qui

et de la contemplation active, et GÉRARD RONDEAU source de son éthique, un simple sespoir amoureux. Ce serait bien ponctue l’arrêt du cœur, lesquels où la prise de parole ne prendrait constat : si les pauvres persistent banal s’il ne précisait : « Je me suis Indiens, dans le Connecticut, ac- qu’une place très superfétatoire. daineté arbitraire le moment du sœuvrement », ce sont ces passants dans leur état de pauvres, c’est tué par amour. Est-ce à dire que cueillent l’amoureux d’Iris après sa Homme sans parole par prin- point final. C’est ainsi qu’il vient ordinaires venus oublier dans le qu’ils ne savent pas voler. c’est l’amour qui m’a tué ? Non. J’ai mort. Il faut bien que l’esprit cipe, Cossery l’est désormais par de poser celui de son dernier livre, haschich et l’humour la misère de L’histoire d’Ossama s’arrête là, seulement voulu tuer l’amour en trouve sa place, et dans ce obligation. Il regarde, écoute et attendu depuis quinze ans, inscrit leur condition. Ce sont, comme sans raison, comme elle avait moi. » Il meurt du silence de l’ai- « Connect-I-cut, connecte-je- – seulement si l’on y tient vrai- dans la continuité des romans pré- Cossery, des personnes vivant de commencé. Et cette fois c’est bien mée et de n’avoir su l’aimer dans coupe » on lui donne pour nom ment – griffonne une réponse sur cédents et qui n’a, comme eux ni rien, si ce n’est de leur obstination fini, Albert Cossery en a assez. une plénitude de chair et d’esprit. Begochidi, c’est-à-dire « Celui-qui- un bout de papier qu’il tend en vrai début ni vraie fin. A l’instar ironique et détachée à observer Tout est dit, estime-t-il, la mine Il a manqué l’osmose de l’amour. Il empoigne-les-seins-des-femmes ». soupirant bruyamment, histoire des pièces de Racine qui les absurdités de la vie sociale. goguenarde au soleil d’une ter- n’a su donner à l’autre « cette part Eros et Thanatos. Ce couple in- de bien faire savoir que l’on em- commencent par « oui », comme « Ouvriers au chômage, artisans rasse de café. Les Couleurs de l’in- de moi indécrottablement investie quiétant a inspiré bien des littéra- piète exagérément sur sa patience. si l’on faisait intrusion dans une sans clientèle, intellectuels désabu- famie seront son dernier mot. en moi ». Et cela change tout. Et teurs. Guerreschi les réunit dans Durant son séjour à l’hôpital, il conversation entamée bien avant sés sur la gloire, fonctionnaires ad- Marion Van Renterghem cela donne au roman une origina- un récit irréel sans être fantas- avait même préparé à l’avance, sur le lever de rideau, les romans de ministratifs chassés de leurs bu- lité que chaque situation va pro- tique, délirant sans extravagances, des papiers, quelques phrases Cossery sont comme les frag- reaux par manque de chaises, (...) ૽ Dans la nouvelle collection de longer, comme il en est de l’autop- étrange sans bizarreries. Point de usuelles pour répondre sans effort ments d’un même paysage men- éternels ricaneurs, philosophes poche des éditions Losfeld, « Ar- sie où un réalisme se développe pathos, mais un joli clin d’œil à la à ceux dont la prévenance inces- tal, d’un même tableau infini. Ce amoureux de l’ombre et de leur canes », paraissent quatre romans parallèlement à un délire qui ne mort dans ce roman sensuel où, sante commençait à l’énerver. sont les souks et les rues du Caire quiétude », ce sont tous ceux qui d’Albert Cossery : Mendiants et or- manque pas de réalité. D’un bout comme chez Jouve, « les pensées Il écrit comme il parle : avec pleines de bruit et de poussière, ce se trouvent à la fois, à son image, gueilleux, Un complot de saltim- à l’autre de la confidence du dé- du sexe d’Iris » nous parviennent parcimonies. Sept livres en sont les foules grouillantes de « mendiants et orgueilleux ». banques, La Maison de la mort cer- funt, chaque scène est imprévi- sans ce vocabulaire voulu osé qui soixante ans et une phrase par l’Orient, variété étonnante de per- A lui seul, le manuscrit des Cou- taine, Les Fainéants dans la vallée sible et forte, ainsi du moment du n’épate plus personne. jour, pas plus, décidant d’une sou- sonnages « pacifiés par leur dé- leurs de l’infamie en dit long sur fertile. suicide que Mozart retarde, l’air de Pierre-Robert Leclercq

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livraisons b LA NUIT DE FARAMAN, de Christian Liger Comme un pied de nez au crabe Rien d’étonnant à ce que Marco, étudiant italien venu dans un vil- lage français pour ses recherches sur le XIXe siècle, y trouve pour guide une bibliothécaire prénommée Ariane. En réalité, il est là Entre coups de plume rageurs et facéties verbales, Hervé Prudon retrace la chronique de ces mois de pour tirer un long fil au bout duquel se trouve la réponse à une énigme qu’elle l’aide à résoudre et qui n’est pas à l’honneur des vil- souffrances physiques et morales où il a dû lutter contre le cancer lageois. Si peu que l’enquête entraîne des meurtres apparemment inexplicables. Ce pourrait être un roman policier. Les ingrédients y narrateur joue au « papa du di- foie vénéneux...) comme une pa- taoïste. Le livre d’un homme qui sont. Mais seulement en armature d’un récit mené avec brio où COCHIN manche », s’occupe de ses trois rodie d’air de caf’conc (« J’ai la aime les femmes (« surtout la deux psychologies, celle des individus et celle des groupes humains, de Hervé Prudon. mômes (« Vacances scolaires, va- rate/Qui s’dilate... »). La solitude mienne », plus les infirmières) et posent la question de la responsabilité des communautés quand Flammarion, 220 p., cances solaires »), entre l’ivresse ne le fait pas moins suffoquer : les enfants. D’un homme qui elles se laissent aller à l’horreur puis au silence sur ce qui fut. Déve- 104 F (15,85 ¤). d’« une sensation de miel » et le « Il n’y a plus personne, sinon veut léguer ses rêves « comme lopper un tel sujet sans digressions explicatives, le suggérant par la risque de fondre en larmes. Il l’alcool et moi. Et votre absence, on donne à son fils ses petites au- seule force du romanesque, c’est là une belle réussite littéraire qui près un séjour explo- aime la mère, Marie, « mais nos votre abandon. Et Toi, lamma sa- tos de jadis, ses nounours ». Faire conjugue le bonheur de la lecture et une réflexion sur un temps sif (couronné par le peaux ne s’aiment plus, et nous bactani. Et tous, toutes... » Un rat le vide. Etre ciel, vent et pluie, « plein de bassesses et de sacrilèges » qui n’est pas limité au prix Louis-Guilloux nous sommes trop fait la le ravage, lui ronge la cage tho- « autre chose qu’un petit homme XIXe siècle. (Laffont, 270 p., 119 F [18,14 ¤].) P.- R. L. 1996) dans les collec- guerre » ; il se bat contre la racique. Il envoie « des SOS, dans son petit carcan de pensées b GONCOURT 32, d’Eugène Saccomano tionsA estampillées polars (1), mort, elle trouve qu’il n’est homme à la mer, pour recevoir molles, un mollusque parqué dans En 1932, les jurés du Goncourt préférèrent donner leur prix à Hervé Prudon s’est mis à ra- « pas vivable ». des bouées d’épines, des oraisons sa petite vie brève ». Prière uni- Guy Mazeline (pour Les Loups) plutôt qu’à Céline (qui présentait conter sa vie : dérives d’un cher- Il fait pourtant des efforts. En funestes ». Il ne dessoûle pas de verselle. son Voyage au bout de la nuit). Directeur des sports à Europe 1, Eu- cheur d’eldorados, désenchante- évoquant par exemple les homo- sa logorrhée. Le style Prudon Jean-Luc Douin gène Saccomano raconte les magouilles qui engendrèrent cette ments d’un voyageur nymes du fondateur de l’hôpital procède par facéties verbales. Le « grosse bêtise » et imagine comment les deux rivaux vécurent les misanthrope, bilans-vinaigre où on le torture (du dessinateur voilà happé par « la voracité des (1) De Mardi-gris (Gallimard, 1978) heures précédant le verdict. Paradoxalement, outre sa tentative (un d’un homme las de se voir noyer des fêtes de la cour de Louis XV gens, la véracité des faits », entre à Nadine Mouque (Gallimard, 1995), poil laborieuse) de flairer l’air du temps des fiacres et de la NRF, dans une série noire existen- à la ville de l’Inde où mourut « vices de forme » et « formes de une série de livres cultes, écrits au outre sa dénonciation des règlements de comptes éditoriaux, ce tielle (2). Avec Cochin, l’écrivain Vasco de Gama). En relisant Ri- vice, nos vies difformes ». Le ca- stylo mortifère, sur les banlieues de premier roman suscite une petite curiosité lorsque s’allume l’œil dolent retrace la chronique de chard Brautigan et Nicolas Bou- lembour nourrit son homme : violence et de béton. d’un Saccomano jouisseur : dans l’ombre d’un Céline en virée à Pi- ces mois de souffrances phy- vier. En déclinant ses maux « Je maigris, sans m’aigrir. » (2) La Femme du chercheur d’or galle, ou au bord du ring où Mazeline, reporter, traque l’info crous- siques et morales où il affronte (poumons troués, œsophage Cochin est un pied de nez, un (Flammarion, 1997) et Les hommes tillante sur un champion de boxe. (Flammarion, 250 p., 110 F une sale bête : le cancer. Son étranglé, estomac pendouillant, bras d’honneur, un hymne s’en vont (Grasset, 1998). [16,7 ¤].) J.- L. D. texte, bel exemple d’autofiction b LA TRACE, de Claire Fourier éruptive, n’est pourtant pas si- L’oubli est dans la nature humaine. Mais oublier, n’est-ce pas se nistre. Car Prudon, poète du souvenir sans penser ? Bien que « devenus aveugles et sourds », les genre boxeur, ne se laisse pas souvenirs de la narratrice sont présents, douloureusement. Elle a cogner dans les cordes sans ri- beau vouloir ignorer de qui vient cette souffrance, elle n’échappe poster par quelques swings ro- pas aux cicatrices. L’empreinte, comme un sceau ineffaçable, im- mantiques, coups de plume iro- pose sa présence, taraudante, excessive. « Je te parle trop, dit la niques, sursaut de panache. trace... Ne rêve pas, dit la trace, mais multiplie la combinaison de Il lui arrive de broyer de la dé- mots. » Alors, pour à la fois retrouver et exorciser un passé marqué prime, de taper sur quelques sans doute par une déception amoureuse, reste à associer des mots, cibles quand celles-ci ont le vi- à les coordonner. Et l’effort de mémoire devient un texte soumis à sage d’une insupportable vérité, deux antagonismes, la trace et la femme qui écrit. C’est banal ou de menteurs inopportuns. comme le journal que l’on tient et que personne ne doit lire. Avoir un mal de chien vous au- Mais quand il y une telle justesse de vocabulaire, une telle simplici- torise à rugir comme un animal té à dire un trouble complexe, une telle harmonie dans la composi- dangereux. Mais ténébreux dans tion, on est loin de la banalité avec un récit qui impose le mot l’âme (« Il y a en moi cette vio- beauté et rassure : littérature pas morte. (Bartillat, 82 p., 49 F., lence parce qu’on a violé mon en- [7,47 ¤].) P.- R. L. fance et j’ai ce deuil d’avoir sur- b LA GRÂCE DE L’ENNEMI, de Maria Maïlat vécu »), Hervé Prudon conserve Comment vaincre le vertige de la page blanche quand on a vécu une fibre espiègle, un cœur pa- une bonne partie de sa vie en pays communiste et que l’on se re- ternel et des amis fréquentables, trouve dans un univers différent où l’indifférence est la contrepartie tel ce Tonton Christo qui, à de la liberté ? Auteur en 1988 d’un beau roman traduit du roumain l’heure de la sortie des classes, par Alain Paruit, Maria Maïlat décide d’écrire directement en fran- dépose des Carambar dans le çais. Dix ans plus tard, Sainte perpétuité, tableau d’un pays dément, bénitier de l’église Saint- est un coup de maître. Etait-il indispensable de se presser, de chan- Jacques-du-Haut-Pas afin que les ger d’éditeur et de publier aussitôt un autre roman, toujours en enfants continuent à croire aux français ? Entre un boxeur champion et l’athlète géant et tatoué qui miracles. Les pages les plus tou- l’affronte surgit Malvina, belle rescapée. Elle séduit davantage les chantes de Cochin sont celles héros du roman que ses lecteurs. Le piège du deuxième roman par- où, entre deux séjours à l’hosto, donne rarement. (Fayard, 250 p., 110 F [721,55 ¤].) E. R. deux examens douloureux, le LeMonde Job: WIV4199--0004-0 WAS LIV4199-4 Op.: XX Rev.: 14-10-99 T.: 08:29 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0055 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 littératures b BANDE DESSINÉE b par Yves-Marie Labé Mémoires en souffrance Antonio Lobo Antunes prête sa voix aux compagnes des membres d’un groupe d’extrême droite Rêverie littéraire pour relater de l’intérieur les mois agités et sanglants qui suivirent la « révolution des œillets » laissant des syllabes en suspens. Le L’IMMENSE SOLITUDE EXHORTATION texte, cependant, n’est pas anar- de Frédéric Pajak. AUX CROCODILES chique. Il sécrète, de chapitre en PUF, (Exortaçao aos crocodiles) chapitre, une cohérence faite « Perspectives critiques », d’Antonio Lobo Antunes. d’échos, de renvois, de mysté- 332 p., 176 F (26,83 ¤). Traduit du portugais rieuses certitudes. Comme dans par Carlos Batista, La Splendeur du Portugal, l’auteur ans la bonne ville de Turin, qui fut lors du siècle précédent un « pate- éd. Christian Bourgois, 500 p., donne la parole à un personnage lin besogneux » au point que Pauline, la sœur de Napoléon qui en 160 F (24,39 ¤). par chapitre. En l’occurrence les avait la charge, s’en enfuit très vite, Nietzsche perdit définitivement femmes des « crocodiles », ces la raison à l’âge de quarante-quatre ans. A Turin, encore, Cesare Pa- ertains auteurs hommes tout occupés à ourdir un veseD se suicida à quarante-deux ans, à l’Albergo Roma, où il avait réclamé une semblent écrire pour complot qui se dénouera dans le chambre avec téléphone, après que les femmes qu’il avait appelées déclinèrent leurs lecteurs, d’autres sang. A ces femmes, bien sûr, leurs toutes ses invitations. Ville fantasmée et cauchemardée, la cité du Pô sert de pré- contre eux. Les livres compagnons ne disent pas tout et texte à Frédéric Pajak pour déplier une longue rêverie, tissée par les fantômes du d’AntonioC Lobo Antunes, sans même presque rien, les reléguant philosophe allemand et de l’écrivain piémontais, tous deux orphelins très jeunes, doute le plus grand romancier por- dans un mépris qui leur laisse tout tous deux inguérissables de leurs blessures intimes. L’auteur de Martin Luther, l’in- tugais vivant et l’un des plus im- juste leurs yeux pour pleurer. Pour- venteur de la solitude (éd. Aire, 1997), écrit et dessine comme à son habitude les des- portants de l’époque, paraissent tant, ces hommes n’existent pas, tins entrecroisés de ces deux hommes et de l’ancienne capitale de la Maison de Sa- parfois le résultat de la seconde at- ou si peu. L’une des femmes est voie, à l’aide de citations de leurs œuvres, mais aussi d’extraits de lettres de titude. Formidables, donc, mais dif- veuve, l’autre sourde, la troisième Chamfort, de Montesquieu ou de Natalia Ginzburg, en les illustrant de plus de ficultueux, enchevêtrés, serrés vit avec un individu stérile : autant trois cents dessins, en noir et blanc, dans la trame desquels se glissent le trait de comme les taillis autour du château dire que les messieurs sont surtout Chirico et le mentir vrai de Pinocchio. Cette rêverie littéraire, architecturale et hu- de la Belle au bois dormant. Au des personnages gesticulants, qui maine, historique et autobiographique, nourrie aux meilleures sources, forme un bout de trente pages, le lecteur en ne valent pas vraiment la peine livre superbe. vient à éprouver la désagréable im- d’être entendus. ૽ Les dessins originaux de Frédéric Pajak sont exposés à la galerie BFB, 4, rue Cre- pression d’être indésirable. Et se C’est pourquoi le roman ne les tet, 75009 Paris, du mardi au samedi, de 14 heures à 19 heures et sur rendez-vous sent tenté de claquer la porte, entend pas et fait la place aux (tél. : 01-42-80-05-46). convaincu que cette fois c’en est femmes, à leurs angoisses et à cette b ZOÉ, de Christophe Chabouté. trop, qu’on lui doit tout de même morbide obsession de l’enfance qui Il y a chez Chabouté des influences de Didier Comès, auteur belge qui se distin- quelques égards. Erreur ! La prose remonte les livres de Lobo Antunes gua notamment par son fabuleux Silence : l’usage du noir et blanc allié à la finesse antunienne, même de plus en plus comme un courant sous-marin. La des traits, la description d’une atmosphère villageoise enfouie dans ses secrets et escarpée au fil des livres, a cela de parole de ces femmes est tour à celle d’une folie qui poisse murs et visages. Mais le jeune auteur de BD réussit à fascinant qu’elle finit par vous em- tour obscure, sublime, drôle et soli- s’affranchir de ce parrainage, notamment dans la conduite du récit et dans le ryth- barquer presque malgré vous. taire. Car elles ne se répondent pas me qu’il donne à son dessin. Zoé, après avoir purgé une peine de prison, revient Parce qu’ils fonctionnent au ryth- l’une l’autre, fournissant seulement habiter la maison d’une de ses tantes. Elle se lie d’amitié avec un enfant, retardé me d’une logique, d’un humour et en de rares moments des réponses

mental, Hugo, et avec une vieille femme, Amélie, que le reste des habitants consi- d’une poésie extrêmement puis- MARTINE SIMON aux énigmes laissées par les précé- dèrent comme une sorcière. La découverte du pacte qui lie les hommes de ce vil- santes − aussi noirs les uns que les dentes. Le dialogue, paradoxal, se lage vivant encore sur les vestiges et les crimes de la guerre scellera le destin de la autres −, les textes de Lobo An- hortation, une brève leçon d’his- mois agités qui suivirent. Lobo An- fait avec une voix profonde et ré- jeune femme. Une très belle œuvre, au scénario impeccable, hanté par la mémoire tunes procurent aux persévérants toire qui fera grincer quelques tunes, qui a très longtemps exercé currente, matérialisée par des de l’enfermement des corps et des esprits (Ed. Vents d’ouest, 136 p., 118 F [17,99 ¤]). le plaisir que seul engendre le dents. La plupart des livres de Lobo la profession de psychiatre – même phrases en italique dont la succes- b LE CHAT NOIR, d’après Edgar Allan Poe, illustré par Horacio Lalia. talent à l’état pur. Antunes plongent leurs racines après que ses romans ont connu le sion vient régulièrement couper la En guise de célébration du cent cinquantième anniversaire de la mort de l’écri- Sommé, peut-être, de fournir des dans le sous-sol gorgé de sang de succès –, produit des livres littéra- route au texte principal. La voix de vain américain (le 7 octobre 1849), Horacio Lalia a choisi d’adapter et d’illustrer éclaircissements en quatrième de l’histoire récente du Portugal. Les lement habités par l’idée de folie. l’inconscient, peut-être, ou celle du huit de ses nouvelles. Dans un dessin très classique, en noir et blanc, l’Argentin couverture, l’auteur explique : romans parus ces dernières années, Certains ouvrages, à commencer rêve, dont le livre est lourd et souligne la fascination d’Edgar Allan Poe pour le spiritisme, la métempsychose « Après la révolution, il y a eu un cli- pour ne citer qu’eux, rappelaient par les tout premiers (1), portaient comme « enceint », portant dans mais aussi la vengeance. Certaines nouvelles comme « Le Chat noir » – qui donne mat de guerre civile. Un mouvement de façon détournée la dictature sa- même essentiellement sur l’institu- ses flancs un second texte aussi son titre à l’album –, « Le Portrait ovale » ou « Hop-Frog » sont remarquablement d’extrême droite a tué beaucoup de lazariste (Le Manuel des inquisi- tion psychiatrique. D’où, sans souffrant que le premier. réinventées par Horacio Lalia. En revanche, emporté par son talent, l’auteur du gens, notamment le premier ministre teurs, Christian Bourgois, 1996) ou doute, son intérêt très vif pour les Raphaëlle Rérolle Grimoire maudit pèche en soulignant l’aspect fantastique de l’œuvre de ce magi- Sa Carneiro. Pendant un an, ce la guerre d’Angola (La Splendeur époques déréglées, voire chao- cien de l’écriture et de l’âme que fut Poe, aux dépens de la double nature humaine mouvement a été dirigé par l’ex-pré- du Portugal, Christian Bour- tiques, où la collectivité perd la (1) Connaissance de l’enfer et Mémoire qu’il s’attacha à décrypter, cette blanche noirceur qui fascina tant Baudelaire (Albin sident de la République, le général gois, 1998). tête. Comme toujours chez lui, le d’éléphant (Christian Bourgois, 1997). Michel, 90 p, 98 F., [14,94 ¤]). Spinola. Je raconte cette période vue Dans l’Exhortation aux crocodiles, texte se fait le reflet de ce monde b LE RÉDUCTEUR DE VITESSE, de Christophe Blain. par les femmes de ces personnages le romancier s’intéresse à un mo- en morceaux, mêlant les voix et les ૽ Signalons la parution en poche de Le Réducteur de vitesse, c’est une pièce existant sur différents engins, dont les na- masculins, les “crocodiles”.» Voilà, ment charnière : la révolution dites temps, bifurquant brusquement au Le Manuel des inquisiteurs (10/18, vires. Un univers que Christophe Blain connaît bien, pour avoir effectué son ser- pour le soubassement de cette Ex- « des œillets » (25 avril 1974) et les détour d’une phrase ou d’un mot, no 3102).

vice militaire dans la marine. Cette pièce mécanique sert d’objet de fantasmes à la bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb communauté d’un cuirassé, le Belliqueux. Sam le bosco, Louis (double de l’auteur) et Georges, deux timoniers, vont courir des risques en descendant à fond de cale pour le découvrir. Un taille-crayon, un sous-marin qu’on devine et qu’on attend comme dans un Désert des Tartares version maritime, constituent les pierres d’achoppement de ce milieu claustrophobique où les classes sociales s’exaspèrent (timoniers contre fusiliers, « pacha » contre matelots) en préfiguration d’une Colum McCann en manque d’Eire catastrophe due à une cause minuscule. Le dessin proche de la caricature de Chris- tophe Blain, ses à-plats de couleur qui exagèrent les couleurs franches donnent un ton audacieux et obsédant à cette histoire de mer et de menaces (Ed. Dupuis, Après le succès de ses premiers romans, retour en arrière avec la parution de ses écrits initiaux. Un recueil « Aire libre », 80 p., 79 F [12,04 ¤]). b GERONIMO L’APACHE, de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud. de nouvelles où l’on discerne déjà les thèmes et le style de cet héritier d’Edna O’Brien et John McGahern Vingt-sixième épisode des aventures de Mike S. Blueberry, toujours immobilisé dans sa chambre, en haut d’un saloon, sous la garde attentive de la très sexy Dorée cits se situent en Irlande, et le pre- des laveries automatiques. On McGahern, McCann est sans doute Malone. Récit dans le récit, ce dernier chapitre des errances du (plus très) jeune LA RIVIÈRE DE L’EXIL mier, Sœurs – qui est aussi l’un des pressent dans ces nouvelles ce qui aujourd’hui l’une des voix les plus lieutenant s’intéresse aux oublis de sa propre vie et resserre les maillons d’une (Fishing the Sloe-Black River) plus poignants – donne au recueil fera la force des romans, et l’on innovantes du jeune roman anglo- chaîne, ceux de l’histoire de la conquête de l’Ouest et d’une saga vertigineuse. (Ed. de Colum McCann. sa tonalité : « J’en suis venue à voir s’en convaint une nouvelle fois : phone. Dargaud, 48 p., 59 F [8,99 ¤]). Traduit de l’anglais (Irlande) nos vies aux couleurs de cet endroit héritier d’Edna O’Brien et de John Florence Noiville par Michelle Herpe-Voslinsky. – la sienne, comme du chanvre de Belfond, 216 p., 85 F (12,96 ¤). tourbière, la mienne, aussi noire que l’eau rencontrée par les hommes vec seulement trois s’ils creusent trop profond dans le livres, le jeune Irlan- sol. » La perte de l’Irlande coïncide dais – new-yorkais avec celle de l’enfance – « Je me re- d’adoption – Colum vois à quinze ans (...) pédaler vers la McCannA a réussi sa percée dans les salle de bal à travers ces marécages, lettres anglo-saxonnes. Remarqué mes chaussettes jaunes toutes par la critique, il n’a pas tardé à propres aux pieds. » Mais le véri- être salué par ses pairs – Jim Harri- table deuil est celui de la sœur, de- son s’est dit « remué » par le tra- venue religieuse et retrouvée mou- vail de ce styliste doué. rante, des années plus tard. Ce C’est vrai. McCann n’a pas portrait-là dit à lui seul le talent en trente-cinq ans, et ses deux pre- germe chez le jeune McCann. miers romans comptent déjà par- Quelques phrases suffisent, quel- mi ceux dont on se souvient. Réa- ques images, pour fixer le visage et liste et violent, Les Saisons de la le corps de cette anorexique, si nuit (Belfond, 1998 ; « Le Monde proche, si lointaine, et désormais des livres » du 11 septembre) en- perdue. « J’ai vu plus de graisse sur traînait le lecteur dans les en- le couteau d’un boucher que sur trailles de New York, dernier re- votre sœur », prévient quelqu’un à fuge des sans-abri, et révélait un la porte de l’hôpital. « Je vais vers le art consommé de la construction. lit. Ses yeux sont ouverts, mais elle Plus intime et peut-être plus subtil, n’est pas à l’intérieur. (...) L’âge a Le Chant du coyote (Marval, 1996 ; assailli ses pommettes. (...) J’ai peur réédité par 10/18) tentait de cerner, de poser la main sur elle, je pourrais par petites touches, une impos- briser des os. (...) Ses dents sont sible relation d’amour-haine entre friables comme de la craie (...) Je un père et un fils réunis autour marche doucement vers le bout du d’une mère disparue. lit et je soulève les draps. Ses pieds Or voici que Belfond, encouragé sont bleus et très froids (...). Je les sans doute par l’accueil fait à ces frotte, lentement d’abord. Je me sou- deux ouvrages, réédite le tout pre- viens quand nous étions enfants, très mier livre de McCann, un recueil jeunes, avant tout ça, nous tenions de nouvelles paru au Royaume- des boutons d’or sous le menton Uni en 1993. Périlleux retour en ar- l’une de l’autre, au bord de champs rière à une époque où l’auteur, à de terre brune, pour savoir si nous vingt-huit ans, faisait encore ses aimions le beurre. Je veux que ses gammes ? Sans doute. Mais en dé- pieds me disent qu’elle aussi se sou- pit de quelques fausses notes, l’in- vient. » térêt majeur de ce livre vient sur- Poésie du souvenir, sensibilité tout de ce que l’on y peut entendre insolite, langue sèche, sans fiori- déjà les thèmes chers à l’écrivain – ture, voilà ce qui frappe dès souvenir de la terre natale, déraci- l’abord. On retrouvera tout cela nement, voyage... – et reconnaître dans l’histoire de l’énigmatique Ja- ce qui fait la singularité de son ponais poseur de papier peint, ou écriture, son âpreté, sa vigueur. dans celle de l’ancien boxeur vo- Exil, donc. La plupart de ces ré- lant des vêtements de femme dans LeMonde Job: WIV4199--0005-0 WAS LIV4199-5 Op.: XX Rev.: 13-10-99 T.: 19:23 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0056 Lcp: 700 CMYK

maghreb des livres LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / V b Que recherchent les chercheurs ? Si, pour des raisons 1999) et élève du « grand pionnier de il n’y a pas eu beaucoup de retours », couvert d’anonymat, les inhibiteurs « Son travail constitue la meilleure la sociologie rurale » que fut Paul souligne Mme Remaoun. Durant ces politiques pèsent terriblement. La vie déconstruction de la loi musulmane. politiques Pascon (mort en 1985), s’en réjouit. dernières années, « il fallait conti- intellectuelle est sinistrée, marquée Et c’est la première fois que Selon lui, les chercheurs, eux aussi, nuer à faire l’effort de raison et pous- par l’absence de débat. » D’autres quelqu’un donne une solution consti- et économiques, ont changé : « On n’a plus ce regard ser à l’écriture ceux-là mêmes qui, se citent, sans commentaires, la der- tutionnelle à la laïcité, dans un puritain du lettré, qui n’observe que le sentant menacés, à tort ou à raison, nière liste des ouvrages tunisiens contexte musulman », insiste nombre de disparités licite et l’orthodoxe. » Le thème de la ont dû s’exiler à l’intérieur d’eux- « indisponibles » en Tunisie. Elle M. Filali-Ansary. « La religion est un U début, les travaux de première rencontre organisée, en mêmes ou à l’extérieur de leur propre comprend notamment, Femmes objet de débat, voilà la grande révo- recherche sur la question des femmes, subsistent entre mai, à Casablanca, par l’association pays », ajoute Daho Djerbal, qui d’ordre ou désordre de femmes (Noir lution ! », assure-t-il. Un avis que ne çaA faisait rigoler, c’était mauvais pour des anthropologues de la Méditer- anime, à Alger, la revue Naqd. sur blanc, juin 1999, Tunis), de la démentiront pas les membres du la carrière. Aujourd’hui, chez les uni- le Maroc, la Tunisie ranée – animée notamment par A chaque pays ses contraintes, sociologue Ilhem Marzouki et Islam Groupe de recherches islamo-chré- versitaires, c’est presque devenu une Mohamed Tozy, le Tunisien Moha- ses travers et ses espérances. Tandis et liberté (Albin Michel, 1998), du tien (GRIC), installés à Rabat et à rente – et tant mieux, si cela signifie et l’Algérie dans med Kerrou et l’Algérien Abderrha- qu’en Algérie chercheurs et intellec- juriste Mohamed Charfi, ancien Tunis, et qui œuvrent, depuis plus que l’on prend enfin ces travaux au mane Moussaoui – s’intitulait, signe tuels rêvent d’une renaissance aux ministre de l’éducation. Deux autres de vingt ans, en faveur du «dia- sérieux », s’exclame la sociologue le champ scientifique, des temps, « Nouveaux objets, nou- contours encore incertains, en Tuni- livres, en langue arabe, ont aussi logue interreligieux ». Les livres qu’ils Dorra Mahfoudh, présidente de velles méthodes ». sie certains regrettent « l’absence de connu des déboires. N’ayant pas publient (dont Pluralisme et laïcité, l’Association des femmes tuni- il reste que « Au milieu des années 80, les pro- b chrétiens et musulmans proposent, siennes pour la recherche et le déve- blématiques ont eu tendance à paru en 1996, aux éditions Centu- loppement (Afturd). Les femmes, l’émergence de s’orienter dans le sens de l’analyse des programme rion) ne touchent qu’un public nouveau sujet à la mode chez les problèmes sociaux et des mouvements limité, mais, plaide le père Jacques chercheurs maghrébins ? Ou simple nouveaux thèmes qu’ils suscitent », notait, dans une Organisée, dans le cadre de « Lire en fête », par l’association Coup de Levrat, « nous avons apporté du « caprice de bourgeoises », comme étude publiée, en février 1998 à soleil, en partenariat avec le Centre national du livre, Le Monde et neuf, et nous avons montré que des le dit, agacé, ce spécialiste français d’études montre bien Tunis, par Correspondances, le bulle- Beur FM, la 6e édition du « Maghreb des livres » aura lieu les 16 et croyants, qui se sont opposés durant du monde arabe ? « Le thème des tin de l’Institut français de 17 octobre à la mairie du 20e arrondissement de Paris, 6, place des siècles, pouvaient réfléchir femmes est passé de la scène mili- une véritable recherche sur le Maghreb contem- Gambetta, et a pour but de mettre en valeur l’ensemble des ouvrages ensemble, travailler ensemble, et tante au champ de la recherche, porain (IRMC), la sociologue tuni- édités en 1998-1999 dans le Maghreb et en France. La manifestation interpeller leurs communautés ». A rétorque la professeur Mahfoudh. renaissance sienne Lilia Ben Salem. « Depuis le avait accueilli 3 000 personnes l’an dernier. moins que le «neuf»ne se situe ail- C’est une tendance durable, que l’on début des années 90, la tendance est Trois tables rondes rythment ces deux journées : le 16 à 14 h 30, sur le leurs, comme le pense Lilia Ben retrouve partout au Maghreb. La de ce secteur à l’analyse des groupes, aux enquêtes thème « Les écrivains de la 2e génération » (animée par Thierry Leclère, Salem : « Ce ne sont plus des théolo- demande des étudiants, filles et gar- approfondies sur des populations res- avec Vincent Colonna, Mohand Hamounou, Tassadit Imache et Maya giens ou des “spécialistes de l’islam” çons, est très forte. » Et pas seule- treintes, au recours à l’observation Nahum), le 16 à 17 heures autour des « Ecrivains marocains » (animée qui en parlent, mais des historiens, ment en Tunisie − n’en déplaise aux gées par Aïcha Belarbi, Fatema Mer- anthropologique. Le changement, par Philippe Vallet, avec Nadia Chafik, Jean-Pierre Koffel, Fouad Laroui des juristes – y compris des personnes mandarins. nissi et F. Z. Zryouil, figurent à son conclut-elle, est analysé au niveau et Abdelhak Serhane) et le 17 à 15 heures, « Mémoire et histoire » qui ont une réputation de laïcs. La Au Maroc, une unité formation et catalogue. microsociologique. » Une tendance (animée par Sophie Bessis, avec Fethi Benslama, Leïla Sebbar, nouveauté est là. » recherche (post-maîtrise) d’« études Mais il est vrai que, comparé aux qui s’observe, presque à l’identique, Benjamin Stora et Daniel Timsit). 80 auteurs seront présents pour dédi- Il y a encore trente ans, ce type féminines » a été créée, et une chaire autres pays du Maghreb, le Maroc en Algérie et au Maroc. « L’illusion cacer leurs livres. Parmi les écrivains annoncés : Tahar Bekri, Slimane d’historiens et de juristes n’existait « femmes et développement » fait figure d’exception. Les années du transfert est morte », estime Benaïssa, Jamel-Eddine Bencheikh, Maïssa Bey, Mohamed Charfi, pas. « Jusqu’en 1970, on ne comptait devrait bientôt voir le jour à la noires de la répression sont loin. La l’algérienne Nouria Benghabrit Zakya Daoud, Jean-Luc Einaudi, Fouad Laroui, Albert Memmi, Jean- qu’une douzaine d’historiens à l’uni- liberté d’expression, qui Remaoun, qui dirige, à Oran, le Pierre Millecam, Jean Pélégri, Sapho, Leïla Sebbar, Abdelhak Serhane, versité », rappelle le marocain Abde- Catherine Simon manque tant à la Tunisie, et Centre de recherche en anthropolo- Benjamin Stora, Daniel Timsit... lahad Sebti. Sa consœur Halima le climat de paix et de gie sociale et culturelle (Crasc). Les Rens. : 01-45-08-59-38. Ferhat, spécialiste du Moyen Age et faculté de droit de Rabat. « Beau- sécurité, auquel aspire désespéré- sommaires de sa revue, Insaniyat, directrice de l’Institut des études coup d’étudiants, en maîtrise et en ment l’Algérie, commencent, ici, à reflètent cet état d’esprit, marqué africaines de Rabat, envisage l’ave- troisième cycle, font leur thèse sur la porter leurs fruits. « Depuis cinq ou par le désenchantement : « Paysans cadres institutionnels pour la trouvé éditeur en Tunisie, ils nir avec un optimisme mesuré. question des femmes », confirme la six ans, des thèmes nouveaux sont algériens ? » (janvier-avril 1999), recherche de haut niveau ». C’est le viennent d’être publiés au Maroc, Certes, il reste encore des géographe Rabea Naciri, membre apparus. Ils font maintenant partie « Familles d’hier et d’aujourd’hui » cas de l’économiste Azzam Mah- chez Le Fennec, dans la collection « blancs », voire des tabous, dans la de l’Association démocratique des du paysage : la société civile, les (janvier-avril 1998), « Mémoire et joub, auteur prolifique, de réputa- « Islam et humanisme » que dirige recherche historique au Maghreb. femmes au Maroc (ADFM) et prin- femmes, le mouvement associatif, les histoire » (hiver 1997). Fin tion internationale, qui se désole du M. Filali-Ansary. Le premier, Houriat Mais les choses progressent. cipale animatrice du Collectif Magh- droits de l’homme, la revendication novembre, le Crasc devrait organi- faible volume des publications tuni- al mouataquad fil islam, est une « Jusqu’ici, nous étions très nombri- reb-égalité, créé à l’occasion de la berbériste... C’est une sorte de bouil- ser, à Timimoun, au sud du pays, un siennes. « Les recherches existent, étude historique sur l’apostasie, réa- listes. Maintenant, on commence à conférence onusienne de Pékin de lonnement continu, un peu confus, colloque international dont l’inti- mais l’édition ne suit pas », précise- lisée par une jeune professeur s’ouvrir. On s’intéresse à l’Afrique et à 1995. Sur la rive sud de la Méditerra- mais très positif et stimulant pour la tulé, « Quel avenir pour l’anthropo- t-il. « Contrairement à l’Egypte, au d’arabe de la faculté de lettres de la Méditerranée. Les jeunes cher- née, comme ailleurs, les temps ont recherche », estime le politologue logie en Algérie ? », traduit, à lui Liban et, dans une moindre mesure, Tunis ; le second, Al insan wal quo- cheurs travaillent dans plusieurs changé. La patronne des éditions Le Mohamed Tozy. Loin de s’en offus- seul, l’inquiétude ambiante. C’est au Maroc, où la tradition du débat ran wajhan li wajh, sorte de « Que langues – malgré la dureté des condi- Fennec (Casablanca), Leyla quer, l’auteur de Monarchie et islam par centaines que les scientifiques scientifique et intellectuel est sais-je ? » des commentaires du tions matérielles ou la difficulté pour B. Chaouni, ne s’y est pas trompée : politique au Maroc (Fondation algériens ont quitté leur pays, ancienne, en Tunisie, ajoute-t-il, mal- Coran, est l’œuvre d’un professeur avoir les visas. » Le Maghreb quatre « Collections Femmes », diri- nationale des sciences politiques, depuis 1993. « En sciences humaines, gré la qualité des chercheurs, ce de théologie à l’université Zitouna commence peut-être à poser sur lui- débat reste embryonnaire. » Certains de Tunis. même un regard lucide, grâce aux de ses confrères résument les Le patron de la revue Prologues a nouvelles générations de cher- choses de manière plus crue : «En d’ailleurs l’intention de traduire en cheurs qui s’éloignent des dogmes Le succès grandissant des revues Tunisie, explique l’un d’eux, sous arabe le livre de Mohamed Charfi. d’antan. ujourd’hui, au Maroc, la les auteurs marocains et musul- de l’économie, la Revue tunisienne revue marche bien. Mieux mans de langue arabe, Prologues se d’économie et la Revue de l’associa- que le livre. Il est, en effet, veut le plus ouverte possible. Les tion des économistes tunisiens. Au plus aisé de [faire] pro- signatures les plus diverses s’y Maroc, les vénérables Annales duireA plusieurs articles qu’un seul croisent. Signe des temps : la revue marocaines d’économie devraient texte long », remarquait l’écono- Prologues a reçu, le 2 octobre, à prochainement disparaître pour miste Nourredine El Aoufi, dans Rabat, le Prix du Grand Atlas de laisser la place à une nouvelle une courte synthèse parue dans les l’édition, financé par la France. revue, Critique économique, se Cahiers marocains de recherche en Plus austères, mais non moins réclamant d’une « position politique sciences sociales (Abhath), en 1987. prestigieuses, certaines publica- de gauche ». Souvent liées aux Ce qui était vrai il y a douze ans ne tions, comme la revue Hespéris, facultés, qui les parrainent et les s’est pas démenti. Moins chères fondée en 1927, au Maroc, ou la financent, nombre de publications que les livres (surtout les livres revue Ibla, lancée par les Pères souffrent d’être devenues des français, qui restent des objets de blancs en 1937, en Tunisie, ont « revues-boîtes aux lettres », selon le luxe pour la plupart des Maghré- réussi à traverser le siècle, sans mot d’un intellectuel tunisien. Les bins), les revues dites « de sciences (trop) perdre en qualité et en exi- universitaires, « contraints de humaines » connaissent un succès gence. Consacrée à l’histoire, Hes- publier un nombre donné de pages grandissant, au Maroc et en Algérie péris est un outil de « haute tenue afin d’assurer leur carrière », les uti- notamment. intellectuelle », selon le mot d’un de lisent « comme un vulgaire outil de A Casablanca, la revue trimes- ses fidèles. Quant à Ibla, elle conti- promotion interne ». Au détriment, trielle Prologues, dirigée par Abdou nue à perpétuer ce que l’histo- hélas ! de tout critère de qualité. Filali-Ansary, tire à 5 000 exem- rienne Kmar Mechri-Bendana Rien de tel avec la revue Naqd, plaires, performance que reven- appelle une « plate-forme d’infor- fondée en Algérie en 1991. Le dique également Fikr wa naqd, mation bibliographique ». L’origina- groupe d’intellectuels qui se lance revue mensuelle en langue arabe, lité d’Ibla réside dans le fait qu’elle dans l’aventure veut ouvrir « la voie créée par l’universitaire Mohamed est née « à la croisée de plusieurs d’une pensée rationaliste et cri- Abed Jabri. « Il y a une soif de disciplines » : l’islamologie, l’étude tique », explique Daho Djerbal, débats au Maghreb et une aspiration de la langue et de la littérature actuel directeur de la rédaction. Un à la démocratie bien réelle, insis- arabes, et l’ethnologie. Considérée, pari vital et dangereux – «au tante », estime le patron de Pro- de plus en plus, comme une revue moment même où le pays était logues, qui décèle, chez les Maghré- d’abonnés, elle a cependant perdu, emporté par la déraison et submergé bins, « de nouvelles attitudes ces vingt dernières années, beau- par une vague de folie meurtrière ». vis-à-vis du passé, du patrimoine coup de ses lecteurs. En 1990, son Malgré les mille et une difficultés religieux, culturel ». tirage plafonnait à quelque 850 qu’affronte la petite équipe algé- Lancée il y a six ans, à l’initiative exemplaires. roise, Naqd survit. Plus prospective d’un groupe d’intellectuels maro- qu’académique, la revue fait appel cains, Prologues, revue maghrébine REGAIN POUR L’ÉCONOMIE à des auteurs algériens et étrangers. du livre rend compte des parutions De naissance plus récente, les Dans le dernier numéro, paru en nationales ou étrangères les plus Cahiers de Tunisie et, surtout, la juillet, est publié un rapport inédit, récentes. Chaque numéro s’orga- Revue tunisienne des sciences attribué à un des principaux diri- nise autour d’un dossier théma- sociales, ont été longtemps les geants de la guerre d’indépen- tique. Le dernier en date (no 17) publications phares de la sociologie dance, Abane Ramdane. Le texte, s’intéresse aux « Langues et tunisienne. Mais ce sont surtout les « mis à jour par l’historien Moha- cultures au Maghreb ». Contraire- revues d’économie qui ont le vent med Harbi », est « daté de 1957, soit ment à Fikr wa naqd, qui privilégie en poupe. En Tunisie, les Annales quelques mois avant son élimination physique par ses compagnons d’armes ». En quelques semaines, le numéro a été épuisé. Dernière-née de la scène algé- rienne, la revue Insaniyat, installée à Oran, est dirigée par la sociologue Nouria Benghrabrit Remaoun. L’objectif d’Insaniyat, explique la chercheuse, est d’être « une vitrine des travaux anthropologiques, sociaux et culturels » en cours en Algérie. Cet objectif, bien sage et bien classique vu de France, s’avère, dans un pays meurtri par sept années de guerre, un travail titanesque. C. S. LeMonde Job: WIV4199--0006-0 WAS LIV4199-6 Op.: XX Rev.: 13-10-99 T.: 19:23 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0057 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 la chronique de Roger-Pol Droit b

LE RÂMÂYANA Des monstres, On y découvrira à mesure une de Valmiki. foule d’indications éclairantes, en Traduit du sanskrit des combats héroïques, particulier sur les raksasa, leur ori- et publié sous la direction gine et leur signification. Il est en de Madeleine Biardeau de sidérants effets Cœur épique effet suggéré que, sous ces et de Marie-Claude Porcher. monstres, se cachent les boud- Gallimard, « Bibliothèque spéciaux. Sans oublier dhistes. Le Râmâyana serait une de la Pléiade », 1 842 p., manière de transposer la menace 445 F (67,83 ¤) jusqu’au une grande histoire qu’ils firent peser sur la religion 31 décembre, brahmanique et d’en exorciser le puis 495 F (75,46 ¤). d’amour, une armée danger. Quoi qu’il en soit, les lec- teurs francophones peuvent dé- ui sont les raksasa (pro- de singes et d’ours, sormais plonger dans ce fleuve noncer « rakchacha ») ? sans craindre les contresens. Ils y Pas commode à savoir. la fidélité à la parole découvriront non seulement une Q Inde « éternelle », mais aussi l’une Des monstres, évidem- ment. Des boules de donnée. Ce n’est pas des références majeures de l’Inde haine, des amas de chair mé- présente. Râma naît et grandit en chants, des puissances nocives que « La guerre des étoiles », effet dans la ville d’Ayodhya, deve- rien ne peut amender ni apaiser. nue ces dernières années le lieu On ne saurait imaginer un raksasa mais la geste de Râma. majeur de l’affrontement entre doux, ni adouci. Il peut être occis, hindous et musulmans. trucidé, brûlé, dépecé, charcuté, Œuvre maîtresse On notera enfin que l’engoue- mais en aucun cas sauvé de sa ment pour ce texte, en Europe, ne propre malfaisance. Un bon raksa- de la culture indienne, date pas d’hier. En 1808, dans la sa est un raksasa mort, tout sim- première anthologie de pages tra- plement. Ce trait majeur mis à ce récit d’aventures est duites du sanskrit en allemand, part, il n’est pas commode de les Friedrich Schlegel s’enthousiasme reconnaître. Ils sont en effet petits aussi un voyage spirituel pour le Râmâyana. Et plus tard Mi- ou gros. Certains volent, d’autres chelet, lisant la première traduc- pas. Ils changent de forme. Certes, tion française élaborée par leur nourriture préférée est le du héros : flèches porteuses de H. Fauche en 1854-1858, ne se sent sang, se gaver d’entrailles fu- foudre, rayons fulgurants, dards plus de joie. Qu’on relise La Bible mantes est leur distraction favo- « pareils à des serpents venimeux », de l’humanité, parue en 1864 : rite, et ils perturbent les sacrifices. capables de démanteler à distance « L’année 1863 me restera chère et Mais quelques-uns d’entre eux ont le corps des plus puissants raksasa. bénie. C’est la première où j’ai pu plusieurs têtes, et la plupart une Le Râmâyana, vaste poème issu de lire le grand poème sacré de l’Inde, seule. Ils sont nombreux (dans une l’Inde antique, peut apparaître de manière continue les leçons de de leurs vies, la fidélité exemplaire singes aussi bien que les plantes et le divin Râmâyana. » Et puis les seule forêt infestée de raksasa, Râ- d’abord comme le récit à rebon- sagesse aux scènes de combat et de Sita. Quand Râma est injuste- les êtres inanimés – qui vient clore grandes effusions : « La Grèce est ma en tue 14 000 !) et se déplacent dissements d’une guerre cos- les perspectives infinies à la ment exilé, elle décide de le suivre. pour toujours les grandes joutes petite : j’étouffe. La Judée est sèche : par familles entières. Une ville mique. La ruse du roi des rois rak- grande histoire d’amour de Râma Sita parvient à convaincre son risquées : « Personne dans ce cor- je halète. Laissez-moi un peu regar- lointaine – terrible, imposante, sasa lui a permis de devenir et de son épouse Sita. C’est une époux d’accepter qu’elle partage tège ne connaissait la tristesse, le der du côté de la haute Asie, vers le métallique, funeste – n’appartient presque invulnérable. Il a obtenu œuvre-monde, à la fois superbe, ses privations. Et, quand elle- découragement ou le désespoir ; profond Orient. J’ai là mon immense qu’à eux et résonne, sans cesse, de en effet de ne pouvoir être vaincu palpitante, déroutante, familière, même est enlevée par le roi des tout le monde exprimait une joie poème, vaste comme la mer des leurs cris effarants. Bref, les raksa- par aucun dieu ni aucun être divin. inépuisable... bref, indienne. On raksasa et qu’il manifeste son in- prodigieuse, inouïe. » On signalera Indes, béni, doué du soleil, livre sa sont des puissances qui, laissées Seuls les hommes, pauvres créa- prendra donc tout ensemble, tention de l’épouser, Râma croit enfin que le texte lui-même est d’harmonie divine où rien ne fait à elles-mêmes, sont maléfiques. tures incapables de se mesurer à quitte à varier ensuite indéfini- mourir. censé attirer à son lecteur toutes dissonance. Une aimable paix y Râma, donc, les combat. Il a les lui, ont été oubliés de la liste. C’est ment les angles de lecture. L’un in- Il est possible également de sortes de bienfaits : « Celui qui ré- règne, et même au milieu des épaules larges, l’esprit aussi. Il est ainsi que Vishnou se fait homme, sisterait sur le fabuleux kitsch et à considérer le Râmâyana comme citera ne fût-ce qu’un seul quart des combats une douceur infinie, une évidemment superbe, suprême- en la personne de Râma, pour dé- grand spectacle : l’immense oiseau une méditation sur la parole don- vers de ce poème engendrera un fils fraternité sans borne qui s’étend à ment, autant que vertueux, avisé barrasser l’univers de la menace étincelant servant de monture à née, la loyauté envers les engage- s’il n’en a pas encore, obtiendra de tout ce qui vit, un océan (sans fond et courageux. « Il est profond d’une malfaisance immortelle. Vishnou, l’antilope magique in- ments pris, le nécessaire respect l’argent s’il en est démuni, sera déli- ni rive) d’amour, de pitié, de clé- comme l’Océan, ferme comme l’Hi- Derrière les affrontements tita- ventée par les monstres, l’armée des devoirs respectifs de chacun. vré de ses fautes s’il en a commis. » mence. J’ai trouvé ce que je cher- malaya, héroïque comme Vishnou, nesques se dessine donc bien plus des singes et des ours attaquant la On ne saurait oublier toutefois la Voilà qui constitue un motif chais : la Bible de la bonté. » beau comme la Lune, terrible dans que des histoires de héros et de capitale des raksasa, les créatures perspective métaphysique qui ne supplémentaire de se réjouir de la sa colère comme le brasier de la fin monstres. Ce grand récit à la fois cracheuses de feu et celle qui en- cesse d’habiter le récit, l’équiva- publication du remarquable travail (1) Ont collaboré à cette traduction des temps, patient comme la populaire et mystique, qui consti- gloutit des bataillons entiers, leur lence souvent suggérée des appa- conduit par Madeleine Biardeau et Philippe Benoît, Brigitte Pagani, Ber- Terre (...). » Des armes extraordi- tue, comme le Mahâbhârata, un roi à dix têtes et vingt bras qui pa- rences et de l’illusion, la réconcilia- Marie-Claude Porcher pour la nard Parlier, Jean-Michel Peterfalvi, naires sont mises à la disposition pilier de la culture de l’Inde, mêle raît invincible. Une autre approche tion des vies animales et des vies « Bibliothèque de la Pléiade » (1). Alain Rebière. insisterait sur le coup de foudre humaines, et le cortège pacifié de entre le jeune prince et sa future l’existence – suivant le héros victo- épouse, l’accord immédiat et total rieux à jamais, rassemblant les

bbbbbbbbbbbbbbbbbbb Vocations Madeleine, Alain et Jean Daniélou : trois destins singuliers retracés par Emmanuelle de Boysson

pape » chahuté par Témoignage LE CARDINAL chrétien, mais aussi le partisan des ET L’HINDOUISTE femmes-prêtres et l’avocat des Le mystère maos saccageurs de Fauchon –, le des frères Daniélou jésuite académicien et surmédiati- d’Emmanuelle de Boysson. sé, qui adore la « bagarre », n’hési- Albin Michel, 320 p., tant pas à pourfendre la déchristia- 140 F (21,34 ¤). nisation ou le stalinisme de Garaudy. a seule évocation du nom Mais Jean Daniélou est, et l’au- de Daniélou suscite encore teur a raison d’y insister, aussi et L trop souvent sarcasmes et avant tout un savant, précurseur rictus convenus. Daniélou, dans le renouveau des études pa- ce serait d’abord l’« Affaire », la tristiques comme dans la remise à mort insolite d’un cardinal, chez l’honneur de l’Eglise primitive et Mimi, danseuse de cabaret de son des sources judéo-chrétiennes ou état, au quatrième étage d’un im- dans le dialogue interreligieux (avec meuble parisien. En ce sens, le pre- le Cercle Saint-Jean-Baptiste et la mier mérite du livre d’Emmanuelle revue Axes). C’est enfin un péda- de Boysson est de dépasser l’anec- goque et un guide, érudit, rieur et dote et de restituer au « clan Danié- disponible, toujours à l’écoute des lou » ce qui fait sa vraie singularité, sévriennes à qui il transmet une son « mystère », via les biographies conception dynamique de la foi. croisées de Madeleine Daniélou et On saura gré à Emmanuelle de de ses deux fils, Jean et Alain. Trois Boysson, arrière-petite-fille de Ma- itinéraires spirituels, trois exis- deleine Daniélou, d’avoir retracé tences « servantes », trois vocations. cette saga triangulaire, tendre et Au moment même où la IIIe Ré- discrète, et d’avoir pour ce faire publique sépare l’Eglise de l’Etat, mené une enquête de longue ha- Madeleine incarne un combat sans leine qui vient rendre à ces figures relâche pour la formation intellec- de passeurs intellectuels tout leur tuelle des jeunes filles chrétiennes, poids d’humanité. Pour autant, la fondation de l’Ecole normale ca- l’historien regrettera l’imprécision tholique et des collèges Sainte-Ma- des références, le philosophe pen- rie, dans un esprit tant d’indépen- sera que, à vouloir coûte que coûte dance vis-à-vis du clergé que de trouver « passerelles » et « points de fidélité à Mme de Maintenon et à convergence » entre le cardinal et Henri Bergson. Alain, lui, fera le l’hindouiste, on passe à côté d’une choix d’une vie itinérante à travers réelle confrontation de leur rapport l’Inde, entre exaltation de l’homo- respectif à la vérité, et le théologien sexualité comme « révélation di- sera déçu de voir une nouvelle fois vine », yoga et initiation au tan- l’engagement mystique réduit à de trisme shivaïte. Autodidacte purs facteurs psychologiques, selon solitaire et volontiers provocateur, un schéma par trop prévisible : Ma- indianiste marginalisé par ses ho- deleine la mère « castratrice », Jean mologues universitaires, ethnomu- le « bon fils » qui réussit par sa foi à sicologue passionné et traducteur « sublimer ses élans », et Alain, le infatigable (il maîtrisait tamoul, mal aimé, l’« âme damnée » fuyant hindi et sanskrit), Alain Daniélou au bout du monde dans le poly- aura constamment à cœur la sauve- théisme hindou. Mais, en refermant garde des musiques traditionnelles. le livre, le lecteur n’aura pas oublié Jean Daniélou, de son côté, sera le que la foi se passe de démonstra- compagnon de Maritain, de Mou- tion et qu’au sens spirituel du terme nier et du père de Lubac, le cardinal tout ministère est « mystère ». aux mille facettes – l’« homme du Jean Birnbaum LeMonde Job: WIV4199--0007-0 WAS LIV4199-7 Op.: XX Rev.: 13-10-99 T.: 19:51 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0058 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / VII b Karol Wojtyla ou la culture comme « moteur » de l’histoire Sortie mondiale le 20 octobre de la première biographie autorisée du pape par l’Américain George Weigel. C’est l’explication de l’intérieur de la personnalité de Jean Paul II, qui voulait conduire l’Eglise vers le troisième millénaire, et d’un pontificat qui entre dans sa vingt-deuxième année

terme que récuse George Weigel, chrétienne pervertie. Qui, près du prisme de ses premières années. les poètes polonais qu’il joue sur message dans des petits pays dont JEAN-PAUL II qui a bénéficié de conditions de tra- roi-commandeur des croyants, a Mais dans le récit qui nous est fait, scène. Grâce aux ressources de sa il fait des pièces-maîtresses pour témoin de l’espérance vail exceptionnelles, mais n’a pas chanté avec quatre-vingt mille tout se tient comme pour un destin culture et de sa foi, la Pologne a l’avenir de la civilisation : le Liban de George Weigel. demandé d’imprimatur. Parlons jeunes musulmans dans un stade étonnant et singulier. Comme si, gardé une place dans l’histoire, en au Proche-Orient, la Bosnie dans Traduit de l’anglais (Etats-Unis) plutôt alors de première biographie de Casablanca chauffé à blanc. Qui, par une malice de la Providence dépit des dépeçages dont elle a été les Balkans. par Philippe Bonnet, Sabine « de l’intérieur » d’un pontificat en sillonnant la planète en tous – « qui n’aime pas les coïnci- victime par ses voisins, russe et al- Mais que vaut la liberté d’un Boulongne, Valérie Rosier, controversé et d’un homme au des- sens, a ouvert de nouvelles pers- dences » –, Karol Wojtyla avait été lemand. peuple, d’une nation, d’une minori- Floriane Vidal, tin exceptionnel, où le portrait in- pectives misssionnaires à une chré- prédestiné à devenir pape. Comme Cette résistance culturelle té si elle n’est pas rapportée à un éd. Jean-Claude Lattès, 1 200 p., time croise la chronique des an- tienté essoufflée. s’il n’y avait pas de rupture entre commande toute l’approche wojty- principe moral supérieur, à cette 198 F (30,18 ¤). nées, où le récit des voyages et des Ou le pape consacrait son temps l’enfant doué élevé par son père lienne de la géopolitique et de norme imprescriptible qui s’impose jeux diplomatiques s’entremêle à à « se colleter » à la Curie romaine. veuf, le jeune étudiant compensant l’évangélisation. Jean Paul II y puise aux Etats eux-mêmes ? A cette Vé- arol Wojtyla occupait la l’argumentaire théologique. Ou il « défiait le monde en incarnant les rigueurs de l’Occupation par sa son militantisme en faveur des rité divine dont il fait la Vérité de cellule 91 du conclave un style de ministère de pape fondé folle passion du théâtre, l’arche- droits de l’homme. Il fait un crime l’homme. Ce discours est moins ac- K d’octobre 1978 et, pour VISIONNAIRE sur la pastorale et sur l’Evangile ». vêque de la capitale culturelle (Cra- de tout viol de la liberté de cessible à l’oreille de ses contempo- tuer le temps à la cha- Si la biographie d’un pape cano- conscience et de religion. Et au rains mais, souligne Weigel, le pape pelle Sixtine, pendant les scrutins, il nisé de son vivant ne peut éviter le George Weigel concile Vatican II (1962-1965), jeune le tient aussi bien dans les pays op- feuilletait une revue de philosophie genre hagiographique, le maître- C’est en décembre 1995, au cours d’un dîner dans évêque venu de derrière le rideau primés que dans les sociétés marxiste ! A son voisin qui lui de- ouvrage de Weigel s’impose toute- les appartements privés du pape, que George de fer, fils du catholicisme le plus d’abondance. De ses encycliques de mandait si une telle lecture était fois. D’abord, pour rendre justice à Weigel, théologien et journaliste catholique amé- traditionnel, déjà il se distingue 1993 et 1995 sur la vérité ou sur la convenable en un tel lieu et en un une personnalité qui, au-delà des ricain, spécialiste du droit international, de dans le débat sur la liberté reli- défense de la vie remonte une cas- moment si crucial pour la vie de rumeurs, des passions et des l’éthique et de la doctrine sociale de l’Eglise, s’est gieuse et les rapports de l’Eglise sure avec la société moderne qu’il l’Eglise, le jeune archevêque de contestations, est en passe de réali- vu confier la rédaction d’une biographie complète avec le monde : il n’est pas de so- accuse de confondre liberté et li- Cracovie (cinquante-huit ans) qui, ser le pari insensé que lui avait fixé, et autorisée, riche de quelque deux mille cinq ciété juste sans liberté de cence.Il pourfend l’autonomie de quelques heures plus tard, devien- dès l’élection de 1978, son primat et cents notes. Il a bénéficié de plus d’une vingtaine conscience et d’action. Tous ses l’éthique et de la raison. Comment drait pape sous le nom de son aîné, le cardinal Wyszinski : te- d’heures d’entretien avec Jean-Paul II et d’un ac- dialogues avec les confessions chré- concilier la vérité morale révélée Jean Paul II, répondit qu’il avait la nir jusqu’à l’an 2000 et faire fran- cès à ses archives privées. Il a interrogé quelque tiennes et non chrétiennes, avec les avec les exigences d’une consience « conscience tranquille » ! La monu- chir à l’Eglise le cap du troisième quatre-cents personnes. Il est l’auteur de L’Eglise croyants comme avec les agnos- libérée ? Il alerte les individus mentale biographie que vient de millénaire. Ensuite, pour dépasser de la résistance et la chute du communisme (1992). tiques, s’enracinent dans cette re- comme les Etats sur les risques publier George Weigel regorge la caricature qui limite son œuvre à connaissance que, depuis l’incarna- d’une liberté qui serait à elle-même d’anecdotes savoureuses, de ces ses rapports complexes avec le bloc Très vite, Jean Paul II a fait le bon covie) et le pape de Rome rompant tion du Christ, aucun homme n’est sa propre loi, sur les limites d’une fioretti qui en disent plus sur communiste, avec la morale per- choix, explique son biographe amé- avec les usages et les routines, étranger à l’Eglise. C’est ce qu’il démocratie qui se passerait de l’homme que ses plus longs dis- sonnelle et avec la société mo- ricain : il ne se laissera pas empri- voyageant, recevant, vitupérant, sé- écrit dès sa première encyclique Re- toute norme éthique et d’une cours. Et Dieu sait si Karol Wojtyla derne. Enfin, pour comprendre sonner dans la « cage dorée » du duisant, indifférent aux modes et demptor Hominis (1979), charte- culture où aurait disparu tout sens a parlé, écrit, commenté, publié des mieux la volée des hommages qui, Vatican. Weigel rapporte cette aux critiques. programme du pontificat. moral, toute capacité à discerner le discours, homélies, lettres aposto- d’Helmut Kohl à Mikhaïl Gorba- confidence à des missionnaires po- Cette continuité vaut pour l’une bien et le mal. liques, encycliques, motu proprio, tchev, font de Jean Paul II le lonais lors d’un voyage au Zaïre : des intuitions centrales de ce pape POLARISATION SUR L’HOMME Le livre de George Weigel est un bulles, bref l’ordinaire d’un pape « géant » et le visionnaire du der- « Il est temps pour l’évêque de Rome que souligne justement Weigel : De cette conviction, découle son document indispensable pour qui, au-delà d’une longévité record nier quart de siècle. de devenir le successeur non seule- c’est la culture – avant les rapports engagement en faveur de la démo- comprendre l’histoire du dernier (vingt et un ans le 16 octobre), a re- Géant ? Weigel décrit un homme ment de Pierre, mais aussi de Paul économiques ou politiques – qui cratie dans des pays communistes quart de siècle. Mais cette mise en nouvelé la fonction comme aucun « à la profonde intériorité et à l’intel- qui, comme on le sait, ne pouvait ja- est « moteur de l’histoire ». La dont il dénonce les mensonges. A scène mondiale de la papauté sou- de ses prédécesseurs n’avait osé le ligence aiguë » qui, des heures en- mais rester en place. » culture, c’est-à-dire « le pouvoir de commencer par la Pologne de Ja- lève une vraie question théolo- faire. tières, dans sa chapelle privée, On n’avait jamais lu pareille dé- l’esprit humain », l’histoire, les ruzelski dont les voyages de 1979, gique. Une telle polarisation sur Comme si plus d’une trentaine s’abîme en prières, avant de faire la monstration de la « fusion » entre droits propres à un homme ou à 1983, 1987 sont précédées de ba- l’homme risque d’occulter une ins- de biographies – déférentes ou dis- leçon aux puissants de la Terre. Qui, Karol Wojtyla et Jean Paul II. Entre une nation, son art de croire et de tailles épiques que Weigel raconte titution et un peuple catholiques tantes – ne suffisaient pas, ni les ra- en Pologne, vénérée comme «le son passé de jeune homme tour- vivre. Autrement dit, l’homme n’est par le menu. A finir en 1998 par le dont des pans entiers ont été aussi rissimes interviews à la presse in- Messie souffrant des nations », s’est menté, l’histoire de son pays-mar- pas réductible à sa dimension pro- Cuba de Castro. Entre-temps, il fragilisés depuis vingt ans. Elle cho- ternationale, ni le livre de frotté aux deux grands totalita- tyr, son personnalisme philoso- ductive. L’un des événements qui a mène le même combat, de manière quera aussi en dehors de la sphère questions-réponses donné à Vitto- rismes du siècle. Qui, après le règne phique, son style d’évêque polonais le plus frappé le jeune Wojtyla dans aussi efficace qu’oubliée, dans les catholique, notamment dans l’or- rio Messori en 1994, Jean Paul II in- incertain de Paul VI, ce pape « fati- rusant avec un pouvoir commu- Cracovie occupée, c’est la ferme- dictatures familiales comme le Haï- thodoxie, pour qui l’Eglise est collé- nove une fois de plus en « autori- gué d’amour », a restauré l’autorité niste et, devenu pape, sa manière ture de son université Jagellon − la ti des Duvalier ou les Philippines giale, non monarchique. Tel est le sant » une biographie de mille deux mondiale du catholicisme. Qui, le de gérer l’universel. Certes, le Sorbonne des Polonais − et la dé- des Marcos. paradoxe : plus le pape de Rome cents pages qui vaudront à l’avenir premier comme évêque de Rome, a risque de toute biographie est d’in- portation du corps enseignant. Aux Le biographe américain fait un met en avant son rôle mondial, plus pour Mémoires ou pour testament. franchi le seuil de la synagogue et terpréter le passé à la lumière de ce actions de sabotage contre l’oc- récit désopilant de la façon dont le il fait reculer les chances de l’unité C’est du vivant d’un pape la pre- demandé pardon aux juifs pour les qui est arrivé. Ou d’analyser le cupant nazi, il préfère alors une ré- pape évite à Manille la scandaleuse chrétienne. mière biographie « autorisée ». Un crimes commis au nom d’une foi présent d’un homme au seul sistance « culturelle », convoque Imelda Marcos. Il répète le même Henri Tincq

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Périls économiques Fausse Bruno Lussato dénonce les sept dangers de l’économie de masse transparence

tion ». « L’informatisation accélérée LA TROISIÈME RÉVOLUTION et sa contrepartie médiatique L’OMERTA FRANÇAISE de Bruno Lussato. éloignent de la proximité des êtres et de Sophie Coignard Plon, 214 p., 125 F (19,05 ¤). des choses », sans parler de la vo- et Alexandre Wickham. lonté forcenée de rationalisation. Albin Michel, 364 p., es pieds dans le plat. Bru- Puis vient ce que notre auteur ap- 120 F (18,29 ¤). no Lussato avait déjà pelle « l’ère des simulacres ». La près d’autres, Sophie Coi- prouvé qu’il connaissait promotion de la banalisation ré- gnard et Alexandre Wick- L pond à la logique de rentabilité, ham dénoncent les conni- l’exercice. Notamment A lorsqu’il avait combattu contre les mais il existe une limite au-delà de vences qui, selon eux, « gros chaudrons » de l’informa- laquelle elle pourrait s’inverser. Le unissent les élites françaises. Ce n’est tique pour promouvoir les micro- consommateur veut se personnali- pas « l’excès de transparence », ordinateurs (1). Au moment où le ser par les produits. Les Goliaths disent-ils, qui menace la France mais capitalisme accouche de géants in- créent alors des simulacres, des la « loi du silence » – ce qu’on ap- dustriels, commerciaux et finan- marques qui récupèrent une ten- pelle en Sicile l’omertà – dont les ciers, sous l’effet d’un dopage fré- dance d’abord minoritaire. La membres de la nomenklatura se font nétique, notre auteur ouvre en chute du niveau culturel est un un rempart pour protéger leur pou- grand le robinet d’une douche gla- autre danger de l’intégrisme capi- voir. Les auteurs entendent cée. taliste, mais notre auteur insiste combattre cette « censure invisible », Certes, il n’est pas le premier à surtout sur « la trahison du pacte exercée par « le club des étouffeurs », condamner l’insatiable soif du sur- technologique ». en racontant ce qu’ils disent avoir profit et de la productivité à tout Ce pacte peut se définir ainsi : découvert. va, mais, lui-même ingénieur en les postes perdus sont reconvertis Qu’ont-ils découvert ? Que des organisation et consultant de en emplois high-tech, en services hommes politiques ont des maî- nombreuses sociétés internatio- sophistiqués, en embauches dans tresses, parmi lesquelles des journa- nales, il voit de plus près les ra- le Sud-Est asiatique ou en Amé- listes. Que de grosses sommes vages. rique latine. Or il n’est pas besoin d’argent circulent clandestinement Le chiffre 7 ayant gardé sa puis- d’interroger les chômeurs de dans les milieux politiques. Que des sance d’attraction mythique, c’est longue durée, qui sont le fléau de médias se laissent manipuler par le compte des dangers du modèle l’Europe, pour savoir que ce pacte d’habiles communicateurs. Que l’ad- prométhéen mondial que Bruno n’a pas été tenu. ministration, la justice, le Parlement, Lussato fera. En route pour le défi- A tous ces maléfices du paradig- l’édition même freinent les enquêtes. lé. En tête, voici l’« effet de me économique d’aujourd’hui, Que la vie de François Mitterrand masse ». Il fournit les leviers du Bruno Lussato répond par des pro- n’a suscité qu’une curiosité tardive. pouvoir aux prédateurs les plus ef- positions : un mode de vie plus hu- Le problème est que, à quelques ficaces dans plusieurs dimensions : main, un retour au concret, à l’au- détails près, ces « découvertes » ne politique, financière, médiatique, thentique, à la personne, au sont pas originales. Les auteurs ne le pivot demeurant l’argent. La développement culturel, à l’artisa- révèlent aucune affaire qui n’ait été rentabilité immédiate est soutenue nat. L’Europe, patrie de la diversi- largement traitée dans la presse. Ils notamment par la banalisation des té, n’est pas mal placée, pense-t-il, s’en prennent notamment au produits (constitution d’un « hyper pour mener cette croisade du bon Monde, dont ils critiquent, sur un moule ») et la réduction des effec- sens, tout comme les associations mode expéditif, la façon dont il a tifs appelés à les fabriquer. (qui ont réussi à lutter efficace- couvert l’affaire du sang contaminé, Deuxième danger, l’effondrement ment contre certains lobbies), afin la campagne d’Edouard Balladur ou des classes moyennes, du fait de la de retrouver les valeurs de l’huma- les événements de Corse. S’ils ont bipolarisation observée : les riches nisme. Vœu pieux ? Notre auteur raison de dire que beaucoup reste à deviennent de plus en plus riches exprime sa foi (« qui renverse les faire pour assurer plus de transpa- et les pauvres de plus en plus ex- montagnes ») en cette révolution, rence, il n’est pas sûr qu’ils y contri- clus. Voici ensuite « les rigidités ». la troisième, dit-il, après celle de la buent d’une manière très heureuse Le technocrate essaie d’évaluer, naissance de l’hypermarché et de en jugeant « archaïque » la coupure avec des méthodes adaptées à des la micro-informatique. On ne lui entre la vie privée et la vie publique, performances techniques, les qua- reprochera pas, en tout cas, de vi- en se faisant l’écho d’informations lités les moins mesurables de son ser haut. souvent approximatives ou en s’ap- personnel, comme l’imagination, Pierre Drouin puyant sur des sources anonymes l’ouverture aux autres, l’humilité, pour justifier leurs affirmations. etc. Non loin de là : « l’abstrac- (1) Le Défi informatique (Fayard, 1981). Thomas Ferenczi LeMonde Job: WIV4199--0008-0 WAS LIV4199-8 Op.: XX Rev.: 13-10-99 T.: 19:46 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0059 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 dossier b Debord en miroirs Outre la publication du premier tome « La vérité, mais rarement tout entière... » de sa « Correspondance » (voir page I), Alors que Jean-Marie Apostolidès croise livres et mythes à travers le féminin, Christophe Bourseiller dresse un portrait Guy Debord est l’objet par trop imparfait de l’auteur de « In girum... » tion : mauvaise. Succès : compli- de la « vie ». Du moins ne nous Resté debout. » (Roulement de exemple, ou Ivan Chtcheglov, dit d’une biographie, VIE ET MORT qué ; très vivement attaqué de fait-on pas le coup du « déjà tout tambour ?) Beaucoup plus inté- Gille Ivain, qui, du fond de Sainte- DE GUY DEBORD tous côtés (« J’ai mérité la haine petit, le petit Guy, etc. » Pas trop ressants que l’analyse très courte Anne, écrit les Lettres de loin : tandis que de Christophe Bourseiller. universelle... »), il semble au- non plus celui de l’indicible, de ce des œuvres sont la reconstruction « Sur l’exclusion, que dire d’autre ? Plon, 462 p., 149 F (22,71 ¤). jourd’hui adulé de toutes parts. qui ne s’atteint que dans le mys- des idées, la datation des notions, Ces exclusions devraient cesser. Je l’Internationale LES TOMBEAUX Incitation permanente : l’ivresse. tère de l’absence. On ne va repro- des concepts, l’apparition des sais que ce n’est pas facile. » DE GUY DEBORD Antécédents voulus : les mora- cher à personne de n’être pas Ste- mots et le générique des époques. L’archéologie des mouvements, Situationniste, de Jean-Marie Apostolidès. listes et polémologues, Marx, da- fan Zweig, mais on peut le Plus prévisible, malgré les pré- la dimension internationale, les Ed. Exils, 162 p., 90 F (13,72 ¤). da plus que le surréalisme, Henri regretter. cautions, reste la contribution à « Strasbourgeois », les Enragés, dont il fut l’un Lefebvre, Lukács, Korsch, le let- L’amour des sœurs ? Note, l’édification du mausolée. On lui Nanterre, le tableau de mai 68 uel besoin a-t-on de trisme, Cobra, Socialisme ou bar- page 350 : « Sur Michèle Labaste dit que les textes non signés de (rien sur les « Katangais »), les des membres fondateurs, “faire un portrait” de barie. Pratique : le cinéma, la cita- [sa demi-sœur], un chapitre de la telle brochure, tels articles collec- procédures de décolonisation de moi ? N’ai-je pas fait tion, le détournement, le biographie de Guy Debord mérite- tifs, sont de Debord seul ? Il écrit : la vie quotidienne, les expéditions suscite des ouvrages moi-même, dans mes scandale, la terreur, le grand style. rait d’être ouvert. Mais le temps « Debord seul. » En revanche, il ne punitives, la terreur, les erreurs, la Q écrits, le meilleur por- Puissant contresens : « Derrière le n’est pas encore venu de prendre en manque pas un témoin, une théo- rencontre de Jacques Baynac, alias « dérivés », et que trait que l’on pourra jamais en reproche plutôt délirant d’écrire compte cet aspect. » Pardon ? C’est rie, une expérimentation, ni les Marensin (tiens, tiens), tout s’y faire, si le portrait en question pou- comme les classiques, je sais que sur ce point qu’Apostolidès, qui moments cuisants. Endurons donc trouve. Souvent émollient (l’ana- Raoul Vaneigem vait avoir la plus petite nécessité ? » l’on m’a envié plus souvent de les n’est pas « biographe » mais écri- les naïvetés psychologisantes, lyse des œuvres), réducteur (sur- Note de quatrième de couver- avoir lus et d’avoir eu parfois la li- vain, va évidemment plus loin. Les tout ce qui touche à l’amitié, à la prenante incompréhension des lance un appel ture rédigée par ses soins, en sep- berté de raisonner comme eux. » « situs » écrivaient sur les murs : rupture, à l’homosexualité (pitto- chansons de Gainsbourg et de Du- tembre 1971, pour Champ libre : Genre : agitateur sans visage, me- « Rien n’est vrai, tout est per- resque paragraphe de réhabilita- tronc, p. 247), de seconde main à « une révolution « Guy Debord. Se disant cinéaste. neur de l’ombre. Principes : le se- mis. » On a l’impression, devant tion, p. 102), et les phrases invo- (sur la philosophie), mais vaste, Membre de l’Internationale Situa- cret, l’exclusion, la stratégie. Mys- les quatre cent soixante pages do- lontairement comiques dont on scrupuleux, panoramique... En de la vie quotidienne ». tionniste, dont il a été l’un des fon- tère : l’amitié avec Gérard cumentées de Bourseiller, que dirait des légendes d’un dessin de 1979, Debord traduit les Stances dateurs en 1957. (...) A publié en Lebovici, maître du « spectacle » tout n’est pas faux, mais pas for- Sempé : elles concernent toutes le sur la mort de mon père, de Jorge Debord est-il mort 1967 La Société du spectacle. L’an- au sens ancien (théâtre, cinéma), sexe, l’intimité, la vie de Manrique, dont un couplet est née suivante, a figuré parmi les me- éditeur, mort assassiné le Francis Marmande famille, les ruptures et le gravé sur la tombe de Lebovici. ou vivant ? neurs du courant le plus extrémiste 5 mars 1984 dans un parking. mariage. En une semaine Les trois suicides successifs en lors des troubles de mai 1968. A la cément permis. D’un solide travail de vins, de délires et de baisers, à quelques jours de Debord, Gérard « Le Monde suite de ces événements, ses thèses FIL CONDUCTEUR d’investigation, le découpage tient Coso d’Arroscia, l’Internationale Voitey (le notaire qui fonda Quai ont acquis une grande influence Debord se suicide à l’arme à feu la route : l’enfance heureuse ; De- situationniste est fondée. Traduc- Voltaire) et Roger Stéphane, sont des livres » publie dans l’ultragauchisme européen et le 30 novembre 1994 ; ses cendres bord en dandy au Quartier latin ; tion : « Encore le terme de confé- deux fois mis en relation, mais américain. Né en 1931, à Paris. » sont répandues par sa seconde l’argent et le travail ; les lettristes rence paraît-il impropre à décrire sans plus de relation, en fait, que les avis, divergents, Preuve du « spectacle » générali- femme, Alice Becker-Ho, à la et la vie même comme huitième la ludique conférence estivale. » la remarque touchant à la demi- sé, intégré, diffus, concentré, vitri- pointe du Vert-Galant (1). art ; les débuts de l’IS ; la « société Nombre de répétitions et d’ap- sœur Michèle Labaste. En fin de de Daniel Bougnoux fié dans le faux sans réplique et en Dans l’abondante bibliographie du spectacle » ; mai 68 puis proximations sont mal relues : compte, on se dit, comme l’au- un perpétuel présent : l’état du qu’a déjà suscitée le situation- Champ libre, « l’engrenage final ». pourquoi cette inutile erreur de teur, qu’une partie de la biogra- et de Vincent Kaufmann vaste monde. Arguments : le mar- nisme, le livre de J.-M. Apostoli- La brûlure des rencontres fortes, calcul sur les dates de grossesse de phie reste à faire : mais celle-ci est ché, l’image, mai 68 (« J’ai pris dès est un des plus conducteurs. la violence des ruptures qui la mère (p. 19, p. 435) ? Intéres- déjà longue. part à ces troubles... »). Réputa- Apostolidès croise livres et échappe au biographe (il en sant... Le biographe n’en revient Dans Panégyrique II, une photo mythes à travers le féminin. Il pro- souffre), les dates, les titres, rien pas que Debord n’ait pas son per- de Debord prise boulevard Saint- duit une intéressante « dérive » ne manque. Si : la déclaration ra- mis de conduire ; enfin, chaque Michel en 1953 est recadrée, par des textes. Il retourne aux deux joutée in extremis sur le premier fois qu’est annoncée une « phrase ses soins, en plan américain ; dans romans de Michèle Bernstein, pre- numéro de l’IS (1958) contre le sibylline » (quatre fois), suit une La Tribu, elle est reproduite en- Ralph Rumney : mière femme de Debord : Tous les putsch de De Gaulle (essentiel). Et citation lumineuse et irrésistible. tière : à côté de Debord, on voit chevaux du roi (Buchet-Chastel, ceci : en 1968, l’IS ne fait pas partie Mais au moins une mise en rela- Pierre Feuillette ; en couverture 1960), et, l’année suivante, La des dix organisations gauchistes tion de taille : c’est dans Nietz- des Tombeaux de Debord, Feuil- Nuit, tous deux publiés par souci dissoutes. Ce qui mériterait un sche, l’information vient de Fran- lette disparaît dans un flou artis- la part des autres d’argent. Il s’y dit sur le jeu, brin de réflexion. çois Vezin, qu’apparaît la notion tique, mais on le devine ; Vie et l’amour des sœurs et la place des Pour le reste, peu de nouveauté de spectacle (« Une émeute, un mort de G. D., toujours la même intelligents autour de lui, et son pères ce dont on n’a pas le dernier touchant à l’essentiel : sauf journal de grande ville, est de fond photo, grossièrement retouchée LE CONSUL charme était magnétique. » Version mot. L’aura-t-on jamais ? De- l’amour de l’Espagne, traversée en comble “spectacle, absence (le Kremlin faisait mieux), plus de Ralph Rumney. de la conférence fondatrice de Co- bord : « Je ne dis que la vérité, mais mille fois avec Alice Becker-Ho en d’authenticité” », automne 1880). une correspondance (Fayard) sans Entretiens avec Gérard Berréby. sio d’Arroscia en 1957 (la « ludique rarement tout entière. » « aficionados sans qualités », et la En revanche, rien sur le « délire » correspondant ni index, ne reste Ed. Allia. 128 p., 98 F. conférence estivale » d’un Debord, A force de rencontres, de lec- fréquentation des Gitans dont elle essentiel dans la dérive des villes, plus que Debord : Debord seul. « qui semble concevoir l’amitié sur le tures et de listes, la biographie de étudie la langue. Peu de chair. Un qui aura pourtant beaucoup oc- es éditions Allia publient mode à la fois vibratoire et utili- Christophe Bourseiller (Vie et mort style dont la dernière phrase dit cupé la bande. Aucune hiérarchie (1) Celle-ci, dernière compagne de Guy archives, documents et té- taire », est-il dit dans Vie et Mort de de Guy Debord) se lit dans les tout : « Par-delà la mort, Guy De- des événements. Une série de por- Debord, curieusement est totalement moignages autour de l’In- G. D.): « J’étais en correspondance notes et les citations autant que bord reste jusqu’au bout fidèle à ses traits fouillés, abondants, mais absente du cahier photo de la ternationale situation- avec Debord, Wolman et d’autres. J’ai dans le récit volontairement plat idées, à ce qu’il est. Un homme. sans aller au bout. Asger Jorn, par biographie. niste.L Plusieurs titres, dont La Tribu été invité à Cosio (...). Nous sommes (entretiens de Jean-Michel Mension restés saouls pendant une semaine. avec Gérard Berréby et Francesco C’est ainsi que l’IS a été créée (...). Milo, voir Le Monde du 22 juin 1998) Pour donner une apparence interna- et ce Consul, de Ralph Rumney. La tionale au mouvement, j’ai suggéré : il L’irréfutable transcription est particulièrement faut mentionner la participation du soignée. Beau papier, maquette élé- Comité psychogéographique de Debord a produit une œuvre dont le sens le plus profond est de réfuter et de récuser celui qui l’approche gante, vignettes dans les marges. Londres. » Qu’ont-ils inventé à Co- Berréby : « On est prompt à exagérer sio ? « Rien qui n’existait déjà. En- l’âge où, bac en poche, d’autres dé- prise de l’autre, l’aliénation sous toutes ses liberté et son détachement susciteront toujours l’importance de Debord, qui n’en a semble, on a fait une synthèse en par- cident qu’ils seront écrivains, philo- formes : n’être l’employé de personne, et rester l’hostilité plus ou moins condescendante de ceux pas besoin. S’il en a une, aussi, c’est tant de Rimbaud, Lautréamont, et sophes, secrétaires de parti et plus maître de sa propre image, c’est-à-dire aussi la qui préfèrent par exemple le pouvoir à cette li- de s’être entouré de gens qui en- quelques autres comme Feuerbach, tard ministres, Guy Debord choisit de dérober à l’autre, ne pas se conformer au regard berté, ou de ceux qui ont cru que certaines de ses semble ont donné le meilleur d’eux- Hegel, Marx, les futuristes, dada, le vivreA sous le signe des « enfants perdus », soldats du pouvoir (à ce qu’il va appeler le spectacle), lui positions étaient négociables. Ils susciteront aus- mêmes. » surréalisme, les Vandales chers à voués aux missions impossibles, dont on ne re- refuser tout droit de regard. Le goût de la guerre si, et cela revient peut-être au même, beaucoup La publication de matériaux à Jorn. On a su combiner tout ça. » vient pas. Lui, ce sera la guerre ou rien, à condi- et de la perdition est inséparable chez Debord d’admiration bavarde chez ceux, doctes profes- quoi il œuvre avec une extrême Vingt ans plus tard, après croise- tion de pouvoir s’y perdre, de ne jamais en reve- d’un art de la disparition. Il a su disparaître seurs en « société du spectacle », qui conjurent probité restitue ces voix, ces pré- ments (Bataille, Burroughs), dérives nir, et bien sûr d’y engloutir ses troupes comme personne, il a longuement pratiqué l’art ainsi leur impuissance en matière de liberté, s’ils sences et la tentative de restitution et accidents de la vie (suicides, pas- (lettristes, puis situationnistes : il dira après mai de la clandestinité dans les villes où il a habité. Au ne sont pas simplement incapables de lire De- d’une musique d’époque. Le sage à La Borde grâce à Félix Guat- 68 qu’elles étaient faites pour cela). Il est exem- moment de l’affaire Lebovici, les photographes bord. Mais qu’importe au fond puisque d’avance « Consul », c’est le surnom de Rum- tari), Rumney retrouve Michèle plairement celui qui n’est jamais revenu sur sa qui le traquent à Arles ne lui arrachent qu’une son œuvre récuse les jugements les plus hostiles ney, en souvenir de Malcolm Lowry. Bernstein, dont la place dans le dis- rupture initiale avec une société qu’il juge mau- méchante image floue, prise au téléobjectif. Et il comme les fausses complicités ? Jamais Debord Rumney, peintre aux œuvres per- positif est centrale, vit avec elle – au vaise, ni sur toutes celles qui ont nécessairement est significatif également que toutes les images n’a cherché le dialogue avec ses contemporains. dues, potlatch ambulant, fils d’un point que Debord, violemment, les suivi. Il n’a jamais fait la paix avec personne, il a que nous avons de Debord aient été choisies par Jamais, ne les reconnaissant pas, il n’a cherché à prolo anglais devenu pasteur ; fu- chasse : « Comment devient-on Guy refusé tous les compromis et toutes les conces- lui, et qu’il ait fait de ce choix un acte « litté- être reconnu d’eux. On dira qu’il y a quand même gueur, lecteur de livres défendus à Debord ? Je suggère timidement que sions. Il est l’homme de l’irrémédiable. raire », notamment avec le tome second de Pané- ses livres et ses films : mais qui a la (fausse) naïve- une époque où, pour y accéder, à la réponse est dans son vécu, dans Tel est l’initial défi auquel Debord se tiendra gyrique. A un autre niveau, c’est aussi tout l’enjeu té de croire qu’on écrit ou qu’on filme pour Halifax, il fallait être majeur, justi- son honnêteté réelle derrière les dans l’ensemble jusqu’à la fin de sa vie, ainsi du premier tome de Panégyrique : faire son communiquer ? Debord en tout cas n’intervient fier d’une recherche et lire sous le masques qui lui rendaient l’insuppor- vouée à la perdition, au deuil du monde le plus que pour répéter son défi, pour le maintenir. Il a regard d’un délégué de l’archevêque table vivable. » Le Consul : des voix passionné qu’on puisse imaginer. Cela ne fait pas Vincent Kaufmann conçu ses livres et ses films littéralement pour de Canterbury qui tournait les sans influence, des témoins sans de lui un monstre ni un misanthrope, mais sim- qu’il n’y ait rien à redire. Il a produit une œuvre pages. Debord ? « D’abord il y avait mausolée, des narrateurs sans sur- plement un homme épris de liberté absolue – propre éloge sans la moindre réserve, c’est une qui se veut irréfutable, une œuvre dont le sens le sa voix, et puis ses phrases étaient veillance, nul délégué pour tourner une liberté qui échappe à toute règle et à toute façon d’éblouir le lecteur jusqu’à l’aveugler, c’est plus profond est du même coup de réfuter et de toujours élégantes (...). C’était un les pages sur leur épaule : c’est la loi, qui n’est pas négociable. Debord, c’est lui dénier tout regard critique, c’est s’en déclarer récuser celui qui l’approche. C’est parfaitement homme généreux et apparemment part des autres. l’homme absolument libre, qui aura mesuré ses entièrement libre. D’ailleurs Debord fait à peine explicite avec un film comme Réfutation de tous disponible (...). Il avait besoin de gens F. M. rapports à ses semblables à l’aune de ses seules son éloge : ce serait encore trop, ce serait cher- les jugements, tant élogieux qu’hostiles, qui ont été passions (mais celles-ci sont justement sans me- cher de l’assentiment, de la reconnaissance. Il dit jusqu’ici portés sur le film “La Société du spec- sure, elles peuvent durer un jour ou une vie). Son simplement qu’étant ce qu’il est, il a fait ce qu’il a tacle” », et ça l’est à peine moins avec des livres deuil du monde l’affranchit de toute obligation fait, et qu’il ne pouvait en être autrement. « Je ne comme Considérations sur l’assassinat de Gérard mondaine. Il ne sera jamais l’obligé de personne. me suis identifié qu’à moi-même », écrit-il un peu Lebovici, Cette mauvaise réputation..., Panégyrique, N’ayant jamais rien demandé, il ne doit rien à plus tard dans « Cette mauvaise réputation... » : il etc. Quant à La Société du spectacle, tout porte à personne. C’est la raison pour laquelle il publie n’a jamais eu de maître, il s’est affranchi non seu- croire – les réactions des lecteurs comme les par exemple les contrats passés avec Gérard Le- lement du regard de l’autre, mais de tout modèle, commentaires ultérieurs de Debord lui-même – bovici pour la production de ses films : pour de tout idéal du moi auquel se mesurer – vieux qu’il s’agit d’un livre conçu pour être irréfutable, montrer qu’il s’agit de contrats n’impliquant au- stade du miroir, je te salue. pour dire non seulement tout ce qui est, mais cune obligation pour lui. Il ne marche pas au Dans un monde où l’allégeance au regard de tout ce qui un jour sera. La société du spectacle contrat, mais au don, au potlach années 50 l’autre semble la chose la plus naturelle (c’est procède d’un très orgueilleux. « Ce que Debord (c’était le nom de la première revue qu’il a ani- fondamentalement cela, la « société du spec- écrit dure éternellement. » Qui d’autre, au cours mée au cours des années 50, jamais vendue à tacle », dont Debord invente le concept pour s’en des dernières décennies, aura pris le risque d’un personne, envoyée gratuitement à ceux qui faire l’ennemi privilégié, pour lui échapper), une tel défi ? Il y a si longtemps que les poètes ne étaient jugés dignes de la lire). Etre lié à Debord, telle liberté est difficilement tolérable. Elle repré- sont plus des guerriers. mais aussi être son lecteur, c’est être sans re- sente une différence trop absolue. Debord a cours, c’est être en face de quelqu’un qui jamais choisi d’être le moins semblable de tous les sem- ૽ Vincent Kaufmann est professeur à l’Ecole des ne vous concédera aucun droit sur lui. blables, de s’en distinguer radicalement. Et hautes études économiques de Saint-Gall. Il pré- On a dit de Debord qu’il haïssait l’image, à tort. comme on ne pardonne qu’à ses semblables, il y pare un ouvrage sur Guy Debord à paraître aux Ce qu’il refuse, mais alors à tout prix, c’est l’em- a peu de chances qu’on pardonne à Debord. Sa éditions Fayard. LeMonde Job: WIV4199--0009-0 WAS LIV4199-9 Op.: XX Rev.: 13-10-99 T.: 19:28 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0060 Lcp: 700 CMYK

dossier LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 / IX b Requiem pour une civilisation Malgré un tableau très noir de la société, Raoul Vaneigem mise sur « le parti de la vie » où je suis, n’y ayant aucun homme ex- bale, le repliement sur soi, la xénopho- POUR UNE cepté moi qui n’exerce la marchandise bie, la haine de l’autre – qui est INTERNATIONALE (entendez le commerce), chacun y est seulement l’autre face de la haine que DU GENRE HUMAIN tellement attentif à son profit que j’y l’on se porte. Etrange confusion de la de Raoul Vaneigem. pourrais demeurer toute ma vie sans être postmodernité avec les pires ar- Le Cherche Midi, 184 p., jamais vu de personne. » A présent, dit chaïsmes, que l’on croyait révolus de- 98 F (14,94 ¤). Raoul Vaneigem, l’argent « règne sans puis l’avènement des « libertés mar- es beaux commencements : partage » sur l’ensemble de la planète. chandes »... certains livres semblent Il corrompt « tout ce qui se pouvait Ce livre marque le retour de la cri- inaugurer quelque chose et manger, boire, respirer, aimer ». Alors, tique radicale. Mais avait-elle vraiment l’on brûle de connaître la pourquoi cette passivité et cette rési- disparu ? En tout cas, cela nous change suite,L comme jadis avec les romans gnation ? Que nous est-il arrivé depuis des eaux tièdes de la pensée unique. d’aventure de l’enfance... « Nous le printemps 1968 ? Voilà sans doute le premier état des n’avons jamais cessé de confier le sort de Selon Vaneigem, déjà triomphante lieux de cette maussade fin de siècle. nos libertés à ceux qui se flattaient le dans les années 60 – où la logique de la C’est le requiem pour une civilisation. mieux de nous en dépouiller. Ainsi n’y a- rentabilité faisait « consommer n’im- La peinture d’une société suicidaire, t-il pas d’infortune que nous n’ayons sol- porte quoi » –, la valeur d’échange menacée d’« implosion » comme l’Em- licitée sinon de façon délibérée, du remporte maintenant une victoire ab- pire romain, jadis. « Les triomphes du moins par une résignation quotidienne solue. Elle a presque totalement évincé capitalisme ne sont que les défaites que où se trouvait bafouée et ridiculisée la la valeur d’usage. Et la société de l’humanité s’inflige à elle-même », écrit volonté d’influer sur le cours du monde consommation, qui enrichissait le ca- Vaneigem. Cependant, il donne à ses et sur la destinée », écrit Raoul Vanei- pital en améliorant la survie du prolé- lecteurs des raisons de ne pas désespé- gem au début de son dernier ouvrage, rer. Depuis quelque temps, les Pour une internationale du genre hu- François Bott mœurs et les mentalités se ré- main. C’est l’allure de Descartes dans le forment. Les signes d’une Discours de la méthode. C’est le ton de taire, a laissé place à la société de spé- « mutation » se précisent avec la dé- La Boétie dans le Discours de la servi- culation. A présent, plutôt que des fense de l’environnement, les combats tude volontaire. Du reste, Vaneigem se marchandises, l’argent préfère pro- écologiques, l’exigence de la qualité, la pose les mêmes questions que l’ami de duire de l’argent. Le chômeur, le SDF (timide) réhabilitation de la valeur Montaigne : pourquoi les gens se deviennent invisibles comme Des- d’usage et le procès des diverses dicta- laissent-ils asservir depuis si longtemps cartes dans les rues d’Amsterdam. Eli- tures. alors qu’ils sont nés pour être libres ? minés de la société, rejetés dans le A moins que ce ne soit les « habits Dans les années 60, Raoul Vanei- néant parce qu’ils représentaient des neufs » du « néocapitalisme » qui s’an- gem faisait partie de l’Internationale si- obstacles pour le profit maximal. nonce, la dernière ruse du système tuationniste. Il était de ces mousque- Raoul Vaneigem parle d’« un gigan- pour rompre avec une logique désas- taires dont les idées agitèrent la France, tesque brigandage visant à dépouiller les treuse et trouver de nouvelles sources et qui furent à la fois les précurseurs et citoyens de leurs maigres revenus et à ali- de profit. Raoul Vaneigem cite les inspirateurs de Mai 68. L’année pré- menter la caisse d’un casino mondial où l’exemple des « multinationales qui in- cédente, il avait publié le Traité de sa- les flambeurs en tout genre jouent à la vestissent sous le label écologique ». voir-vivre à l’usage des jeunes généra- roulette informatisée l’argent qui se suffit N’empêche, il met ses espérances tions. Ce fut le livre le plus dérobé dans à lui-même ». « Partout, dit-il, les spé- dans ce qu’il nomme « le parti de la les librairies. Les jeunes générations cialistes en management s’abattent sur vie ». La seule question, dit-il, est de sa- étaient dépourvues de moyens d’exis- des entreprises encore florissantes (...), voir si les individus jugés « inutiles » tence, mais elles ne manquaient ni réduisent les salaires, imposent l’austéri- par le capitalisme s’estimeront perdus d’audace ni de sujets de mécontente- té et finissent par licencier le personnel. pour l’humanité. Raoul Vaneigem pa- ment. Elles rêvaient de dissiper le ma- Ils perçoivent des émoluments exorbi- rie pour le contraire. Appelant à « une laise de la civilisation. Celui-ci dure en- tants pour ruiner le dynamisme d’une révolution de la vie quotidienne », il es- core, et le bonheur reste une idée entreprise, programmer sa faillite et tirer quisse les traits d’une société fondée neuve, malgré les boniments de la pen- de son démantèlement l’argent néces- non pas sur le travail et la servitude, sée politiquement correcte. saire à la spéculation. » mais sur la création, sur l’autogestion Notre époque manque toujours au- Dès lors, la peur devient le senti- et sur la gratuité de l’existence – qui tant de savoir-vivre. Pourtant, nous ment le plus ordinaire. Et, parce qu’il cesserait d’être utopique avec le déve- sommes plus avertis que jadis. Car, est perçu comme une fatalité, «ce loppement des nouvelles technologies même si les divers intégrismes s’ef- pouvoir abstrait qui prétend régenter la et l’utilisation des « énergies naturelles forcent de retarder le déclin des reli- terre entière selon les cours de Bourse re- renouvelables »... Sans oublier une gions, le ciel a été débarrassé de ses trouve, mutatis mutandis, les conditions école tournée vers le principe de plaisir « fantômes divins ». Nous ne sommes originelles d’une tyrannie divine ». Cela et les bonheurs de la connaissance. plus « dupes des mystères » dont s’en- ranime l’obscurantisme et favorise une Ainsi, « le monde de l’enfance » serait touraient les anciennes sociétés pour déprime générale, conduisant parfois amené à découvrir « l’enfance du masquer leur ultima ratio : la logique à l’autodestruction. Avec le renouveau monde », écrit Vaneigem pour du profit. Et nous savons les absurdités du « vieil esprit apocalyptique », la ré- conclure, puisque les situationnistes et les malheurs qu’entraîne cette lo- surgence des réflexes de protection tri- adorent le renversement des génitifs. gique, même si, après avoir pillé les peuples, on leur envoie des ambu- lances humanitaires. Curieusement, on retrouve René Descartes là encore,

ARCHIVES ALLIA puisque, en 1631 déjà, dans une lettre Pierre Feuillette et Guy Debord sur le boulevard Saint-Michel en 1953. d’Amsterdam adressée à Guez de Bal- Sur la couverture de la biographie de Christophe Bourseiller, Pierre Feuillette est grossièrement effacé zac, il avait écrit : « En cette grande ville Eloge têtu du spectacle Sous la virulence du propos se dissimule, selon Daniel Bougnoux, une pensée molle, datée et dépassée elire Debord ? Ecrasés sous leurs nom d’une préférence très classique pour la pré- propres, plus près du corps ou de l’intimité de propres redites, ses textes paraissent sence à soi, l’action ou le « dialogue », (« Le spec- chacun. Au fond, le bon vieux spectacle nous aujourd’hui terriblement situés, mar- tacle (...) est le contraire du dialogue. Partout où il protégeait. Sa distance dénoncée par Debord qués par une époque où l’on croyait ya représentation indépendante, le spectacle se agissait comme pare-chocs, et toute scène se dé- encoreR au grand seigneur en philosophie, aux reconstitue », etc.), il ne voit pas que cette mise à signait du doigt : Regardez-moi, je suis un spec- vertus de l’incantation, à la « pratique théo- distance, inhérente en effet au spectacle, fonde tacle, proclamait naïvement le théâtre, mais aussi rique » et autres rutilantes mécaniques qui n’ont ce qu’on appelle l’ordre symbolique en général. la messe, les musées, les cérémonies officielles, jamais marché et qui rouillent depuis dans les Partout où intervient la coupure sémiotique (qui les défilés, le rituel judiciaire ou la pub... En cas- casses... sépare la scène de la salle, le représentant du re- sant de mille et une façons la distance représen- A qui en imposent ces phrases ronflantes ? présenté ou le signe de ce qu’il désigne), cette tative et les convergences du regard, en multi- Elles donnent un alibi pour survoler les pro- distance représentative apporte une frustration pliant les écrans commandés par des claviers, des blèmes sans jamais s’abaisser aux enquêtes de sans doute, mais aussi un dressage sans lequel souris ou des zapettes, les technologies numé- terrain, là où l’étude de cas permettrait de déci- point d’éducation ni de culture dans son en- riques accélèrent le démantèlement du spectacle, der, en se laissant elle-même empiriquement dis- semble. désormais distribué à domicile comme l’eau (et cuter. Le charme de Debord est d’être irréfutable On rêvait autour de 1968 d’immédiateté, avec par les mêmes opérateurs), privatisé, domestiqué et d’échapper au débat, mais c’est aussi son infir- une impatience primaire. Nous aurions tendance puis remonté par chacun dans la clôture de son mité. Le bel exemple de pensée inoffensive, telle- aujourd’hui à mieux considérer les représenta- propre monde. La société du spectacle supposait ment radicale qu’elle ne fait de mal à personne ! tions majestueuses et sages issues de l’ordre du un regard frontal ; notre contemporaine société Quel politicien, quel consultant en communica- livre, à proportion que ces représentations de contact contourne ce regard et préfère tion refusera de réciter : « La séparation est l’al- s’éloignent, c’est-à-dire en réalité se rap- d’autres manipulations moins visibles. Elle faufile pha et l’oméga du spectacle... Tout pouvoir séparé prochent. Car la mise à distance, la mise en sym- ses stimuli au plus près du corps, jouant « la a donc été spectaculaire... », ou bien : « A mesure bole, en représentation ou en différé... sont dé- vie » contre la vue. Les terminaux relationnels de que la nécessité se trouve socialement rêvée, le rêve la téléphonie mobile, d’Internet, des jeux vidéo devient nécessaire. Le spectacle est le mauvais rêve Daniel Bougnoux ou des nouvelles télévisions ne relèvent guère du de la société moderne enchaînée, qui n’exprime fi- spectacle ; comme la prothèse du film Existenz, ils nalement que son désir de dormir » ? Grâce à De- sormais menacées par les toujours nouvelles se branchent directement sur les nerfs. Cette dé- bord, l’imprécation devient décorative, la révolte « technologies de la communication », et c’est régulation du capital symbolique n’est pas forcé- se porte en sautoir. l’autre erreur de Debord, ou sa myopie chro- ment une catastrophe, et elle accompagne par- Le consensus qui l’entoure désormais fait nique : appeler de ses vœux une certaine fin de la tout la montée de l’individualisme – que les soupçonner, sous la virulence superficielle des représentation quand elle est en train d’arriver, spectacles retardent. L’intelligence de ces phéno- phrases, une pensée molle propice au confor- mais du mauvais côté de l’histoire, avec les ty- mènes passe par l’histoire des médias de trans- misme. Debray a bien montré dans la revue Le rannies du direct, les tyrannies de l’intimité ou de mission et de communication, où l’individu, le Débat (no 85) la structure profonde des textes de la présence, qui constituent autant d’effondre- spectacle, le réel ou l’Etat se trouvent pris – mais Debord : ils démarquent littéralement Fuerbach ments symboliques. Une culture décline, organi- de cette histoire-là Debord n’a cure. et les jeunes hégéliens, et ce n’est que par igno- sée depuis quatre siècles autour de la forme dis- L’auteur de La Société du spectacle (1967) a réé- rance historique, et philosophique, qu’on oppose tante et sévère du livre, dont l’efficacité dité son texte en 1994 sans y changer une virgule. aujourd’hui aux marxistes forcément « ar- symbolique s’étendait aussi aux arts de la scène ; Notre société serait-elle immobile, ou ce livre in- chaïques » une pensée que Marx lui-même avait elle se trouve déclassée par la nouvelle vidéo- flexible aurait-il tout dit ? Ceux qui se contentent renversée. Sur la forme, Debord n’innove donc sphère, laquelle correspond moins au règne des d’une pensée close ou d’un survol métaphysique pas, mais recule. Quant au spectacle, il confond images qu’à la montée en puissance du direct, du continueront à le psalmodier ; les autres laisse- tout. live, de l’interactivité, du toucher ou des formes ront Debord enterrer Debord, et pour des outils Une véritable critique du spectacle devrait immédiates de mille manifestations. véritablement critiques ils iront se fournir ail- commencer par trier entre les types très chan- Généralement dirigées contre la simple vue et leurs. geants de manifestation ou de représentation « au nom de la vie », celles-ci s’affairent à rapa- (qui diffèrent grandement). Sur le spectacle, De- trier les représentations esthétiques, politiques, ૽ Daniel Bougnoux est professeur à l’université bord a deux fois tort : quand il le définit par la re- culturelles ou publicitaires en deçà de la coupure Stendhal de Grenoble, et rédacteur en chef des présentation pour en passer condamnation, au sémiotique pour les infiltrer dans les mondes Cahiers de médiologie (Gallimard). LeMonde Job: WIV4199--0010-0 WAS LIV4199-10 Op.: XX Rev.: 13-10-99 T.: 20:05 S.: 111,06-Cmp.:14,08, Base : LMQPAG 39Fap: 100 No: 0061 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 15 OCTOBRE 1999 actualités b L’EDITION FRANÇAISE L’ambition résolue des Rendez-vous de Blois b Sélection pour le Grand Prix du roman de l’Académie fran- A l’occasion d’une édition consacrée aux « Nourritures terrestres » (22-24 octobre) s’inventent aussi les nouveaux outils de l’historien çaise : Le Cœur de Marguerite, de V. Alexakis, et Anielka, de F. Tail- vant même que ne ler scientifique permanent, le Prix Augustin-Thierry, qui cou- manqueront pas à nouveau (de La culture et de la recherche à ce vaste landier (Stock) ; Laissé pour conte, s’ouvrent vendredi 22 Maurice Sartre, d’imposer, même à ronna l’an dernier Servir l’Etat fran- Kermesse héroïque, de Jacques Fey- projet qui pourrait officiellement de S. Doubrovsky, et Les Quatre les deuxièmes Rendez- ceux qui ne font pas le voyage de çais, de Marc-Olivier Baruch, le der, au Festin de Babette, de Gabriel débuter à l’automne 2000, au Vies du saule, de Shan Sa (Gras- vous de l’Histoire de Blois, ce forum singulièrement am- choix du jury s’est porté sur le Axel, ou Peau d’Ane, de Jacques terme d’un colloque international set) ; Stupeur et tremblements, de Blois,A consacrés aux « Nourritures bitieux. maître ouvrage de Françoise Wa- Demy – avec, en avant-première, le fondateur. A. Nothomb ; Une désolation, de terrestres », les librairies se Rien de moins qu’un lieu où se quet, Le Latin ou l’empire d’un signe film d’Atom Egoyan, Le Voyage de Plus proche sans doute des Y. Reza, et Damiel ou les indiffé- mettent à l’heure de ce nouveau conjuguent sans exclusive toutes (Albin Michel – lire « Le Monde des Félicia), de nouveaux rendez-vous curiosités du grand public, l’autre rents, de A. Tubeuf (Albin Michel) ; festival d’automne, né à l’initiative les façons d’aborder l’Histoire, des livres » du 8 janvier 1999), mais une attendent les festivaliers : des « ca- nouveauté qui devrait prolonger la La Cathédrale de cristal, de H. Bon- du maire de la ville, Jack Lang. monographies érudites aux revues sélection plus large a permis de re- fés historiques », calqués sur l’ar- ferveur du rendez-vous blésois est nier (Rocher) ; Servantes de l’œil, Grâce à un bref recueil publié par spécialisées – universitaires ou non lever les mérites de six autres paru- chétype des cafés philosophiques, une sorte d’observatoire de la bio- de M. Cerf (Actes Sud) ; Une seule une petite maison d’édition de –, des réalisations cinématogra- tions : Naissance du Panthéon, de où, sous la houlette d’animateurs graphie. L’objectif est de faire de femme, de P.Hebey (Gallimard) ; et Loire-Atlantique, Pleins Feux, qui phiques aux interprétations scé- Jean-Claude Bonnet (Fayard), Les avisés, chacun pourra disserter sur Blois l’occasion d’un point annuel Violante, de A. Veinstein (Mercure propose un retour sur Blois cru 98. niques, des confrontations sa- Mystères du gynécée, de Françoise le sel, le chocolat, les gibiers et ve- sur les apports et les problèmes de France). Le prix sera décerné le Ce court volume reprend en effet vantes aux expositions accessibles Frontisi-Ducroux, François Lissa- naisons, mais aussi sur l’histoire spécifiques que le genre pose à 28 octobre. le texte des conférences pronon- à tous. Comme pour souligner le rague et Paul Veyne (Gallimard), La des fromages ou le lien entre ali- l’historien. Sans discrimination de b Deuxième sélection du prix cées au Centre européen de pro- grand écart assumé entre grand Question de Palestine, d’Henry Lau- mentation et colonisation ; volupté genre – tout personnage étant, Renaudot : La Cathédrale de cris- motion de l’Histoire par Jean La- public et cénacle de spécialistes, rens (Fayard), Frontières de France, plus immédiate, on servira aussi quelle que soit son activité, un té- tal, d’H. Bonnier (Rocher), Le Por- couture, Dominique Kalifa, Marc Blois voit décerner deux distinc- de Daniel Nordman (Gallimard), des repas thématiques (trois for- moin de son temps, ce temps fort tique, de P. Delerm (Rocher), Fo- Ferro, Jean-Luc Domenach et René tions littéraires. Le Prix du roman La Création des identités nationales, mules : antique, médiévale & re- pourrait s’organiser selon une raine, de P. Fournel et Le Merle Rémond autour du sombre sujet historique 99 revient au beau ro- de Anne-Marie Thiesse (Seuil) et naissante ou cuisine bourgeoise du triple entrée : des conférences pu- bleu, de M. Gazier (Seuil), Stupeur retenu pour l’édition inaugurale, Le man que Jacques Baudoin a consa- Naissance de la noblesse, de Karl XIXe). bliques, confiées par le comité et tremblements, d’A. Nothomb Crime et le Pouvoir (éd. Pleins Feux cré au Père lazariste et musicien, Ferdinand Werner (Fayard). scientifique à des biographes ré- (Albin Michel), L’Enfant léopard, de [9, boulevard Merot-du-Barré Teodorico Pedrini, parti en Chine Pour importantes qu’elles soient, PROJETS cents – ou des chercheurs encore à D. Picouly (Grasset), Le Serment 44230 Saint Sébastien-sur-Loire – convertir le Fils du Ciel à l’esthé- ces distinctions comptent moins Mais le forum ouvert de Blois l’ouvrage ; un colloque scientifique des barbares, de B. Sansal (Galli- tél/fax : 02-40-34-28-49], 128 p., tique de l’Occident à défaut de sa toutefois que l’écoute et l’investis- veut être plus qu’une fête : un véri- sur certains points précis de mé- mard), La Petite Fille qui aimait trop 85 F [12,8 ¤]). Sans doute est-ce là religion, Le Mandarin blanc (Lattès, sement du public, des profession- table tremplin pour mobiliser les thodologie ; les éditions succes- les allumettes, de G. Soucy (Boréal), une traduction précoce de la vo- 374 p., 129 F [19,66 ¤]), et qui suc- nels comme des simples amateurs, énergies, animer actions ou ré- sives laissant augurer une publica- Anielka, de F. Taillandier (Stock). lonté des organisateurs, le direc- cède au jeune palmarès aux Vices qui avaient marqué l’édition 98. Si flexions méthodologiques. D’où tion synthétique au terme d’un Le prix est décerné le 8 novembre. teur, Francis Chevrier, et le conseil- Rois, de Gérard de Cortanze). Pour les rendez-vous cinéphiliques ne l’idée de promouvoir un centre eu- lustre ou deux, un recueil qui b Troisième sélection du prix ropéen de l’histoire de l’alimenta- puisse faire référence et circuler Goncourt : Vive l’enfer, de Ch. Ba- bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb tion, dont on espère la mise en bien au-delà de l’audience directe taille, et L’Offrande sauvage, de J.- place entre la deuxième et la troi- du festival. Vu ses engagements P.Milovanoff (Grasset) ; Stupeur et sième édition des Rencontres. Cet éditoriaux, la maison Fayard s’est tremblements, de A. Nothomb, et organisme, qui vise à coordonner d’ores et déjà montrée très intéres- Une désolation, de Y. Reza (Albin l’ensemble des équipes qui tra- sée par le projet qu’elle s’apprête à Michel) ; La Demande, de M. Des- vaillent aujourd’hui en Europe sur parrainer. Sans bien sûr exercer le bordes (Verdier) ; Je m’en vais, de Scandale au Vatican ce champ, entend à la fois structu- moindre contrôle d’une mission J. Echenoz (Minuit) ; Le Merle bleu, a censure obtient souvent l’inverse de l’effet A sa parution, ce gros pamphlet passe presque ina- rer et dynamiser le chantier, en se qui ne relève que du strict ressort de M. Gazier (Seuil), et Les Causes escompté. C’est le cas en Italie où, depuis perçu. Néanmoins, grâce au bouche-à-oreille, les li- proposant aussi d’accroître les du conseil scientifique que dirige perdues, de J.-C. Rufin (Gallimard). plusieurs semaines, un livre caracole en tête brairies religieuses en écoulent sept mille exem- moyens engagés, et contribuer à de fait Maurice Sartre. Prochaine sélection le 2 novembre. des classements des meilleures ventes (plus plaires en trois mois, surtout à Rome où le monde de diffuser les travaux sitôt leur achè- Sans impatience mais avec une b Deuxième sélection Femina. deL cent mille exemplaires vendus), alors que le Vati- la Curie en analyse attentivement chaque para- vement. Les organisateurs de la détermination résolue, Blois « Romans français » : Le Serment can a tout fait pour le faire disparaître des librairies. graphe. Pour le petit éditeur milanais, c’est déjà un manifestation, qui ont rêvé cette semble vouloir s’imposer non seu- des barbares, de B. Sansal, et Pre- Mais c’est justement en le condamnant et en enga- bon succès. Mais c’était sans compter avec le tribunal formule fédérative, assignent cinq lement comme une adresse pour mière Ligne, de J.-M. Laclavetine geant un procès contre l’auteur que le Saint-Siège a de la Sacra Rota qui, en juin, à la suite d’une plainte missions au futur organisme : une des « états généraux » de l’Histoire (Gallimard) ; Je m’en vais, de offert une publicité inespérée à un ouvrage dont le en diffamation, décide d’intervenir et de condamner mise en réseau des chercheurs, un – le choix royal qu’en fit Henri III à J. Echenoz, et Loin d’eux, de succès était plutôt confidentiel. publiquement le livre en sommant Mgr Luigi Mari- soutien actif des rencontres et deux reprises l’y incite peut-être –, L. Mauvignier (Minuit) ; Anchise, L’histoire commence au mois de mars, lorsque Kaos nelli, indiqué comme l’auteur présumé, de le retirer confrontations nécessaires, l’enca- mais comme une matrice où forger de M. Desbiolles, et Le Merle bleu, Edizioni, un petit éditeur milanais plutôt anticlérical de la vente et d’en empêcher toute traduction à drement matériel de cette re- les outils dont l’historien d’au- de M. Gazier (Seuil) ; Le Postier, de et spécialisé dans les pamphlets explosifs, publie ce l’étranger. cherche grâce à des appels d’offres, jourd’hui a déjà besoin. F. Henri (Calmann-Lévy) ; Roman tome de 320 pages au titre hollywoodien (Via col vento Ayant passé trente ans au Vatican, Mgr Marinelli des subventions et des bourses, Philippe-Jean Catinchi fleuve, de A. Piazza (éd. du in Vaticano – « Autant en emporte le vent au Vati- – dont l’anagramme est... I Millenari – est depuis peu l’adoption d’une politique édito- Rouergue) ; Violante, de A. Vein- can »), et signé d’un pseudonyme – Millenari – en le à la retraite avec le titre de protonotaire apostolique. riale qui passe par la naissance ૽ Partenaire de ce deuxième ren- stein (Mercure de France) ; Agar- présentant comme l’œuvre d’un groupe de prélats du Il a bien reconnu être un des auteurs de l’ouvrage d’une revue périodique, l’ouverture dez-vous blésois, Le Monde propose agar, de E. Adely (Stock). « Ro- Vatican voulant « dénoncer les déformations qui se ré- mais s’est refusé à obtempérer au tribunal de la Sacra d’un site Internet ou la possibilité dimanche 24 de 14 heures à 15 h 30 mans étrangers » : Les Heures, de pandent à l’intérieur de la Curie romaine comme une Rota. Et lorsque celui-ci l’a convoqué en juillet pour de coéditions, le pilotage, enfin, de autour des « images de l’abondance, M. Cunningham (Belfond) ; La Ré- mauvaise herbe qui infeste le trône de Pierre ». Le livre, la première audience d’un procès où il risque la « sus- la mise en place d’un centre de do- images de la pénurie » une table colte douce des larmes, de E. Danti- qui avait été proposé sans succès à un éditeur catho- pension a divinis », il a déclaré qu’il refusait d’être ju- cumentation européen dont ronde qui réunira Olivier Christin, cat, et Ce royaume t’appartient, de lique, est un acte d’accusation violent contre certaines gé et que Via col vento in Vaticano n’était autre qu’un l’adresse physique reste à définir. Julia Csergo, Madeleine Rebérioux, A. Estevez (Grasset) ; Duc d’Egypte, pratiques illicites se nichant dans les coulisses du cri d’alerte dans l’intérêt de l’Eglise, pour éradiquer L’équipe de Blois souhaite dès à Philippe Salvadori et Aïda Zahar (à de M. de Moor (Seuil) ; La Décou- Saint-Siège, aussi bien sur le plan moral que politique. certaines pratiques que « tout le monde connaît au présent associer les ministères l’amphi 1 de l’antenne universi- verte du ciel, de H. Mulish, et Con Il révèle les péchés d’évêques et de cardinaux, en dé- Vatican ». La presse s’étant emparée de l’affaire, le français de l’agriculture, de la taire). brio, de B. Svit (Gallimard) ; Les nonçant un monde dominé par la soif du pouvoir, le livre a été découvert par le grand public en devenant Nuages, de J.J. Saer (Seuil) ; Les Sai- carriérisme et le favoritisme, et où ne manquent ni les une affaire nationale. Depuis trois mois, il a été réim- sons de Giacomo, de M. Rigoni pratiques sexuelles hétéro et homosexuelles, ni les en- primé plusieurs fois et l’éditeur en rupture de stock a Stern (Robert Laffont) ; Le Boud- torses aux lois, ni les rites maçonniques et les messes du mal à répondre à la demande, surtout que le pro- dha blanc, de H. Tsuji (Denoël) ; sataniques. Les pages fourmillent d’anecdotes plus ou cès n’est pas terminé. Mgr Marinelli va être jugé par Mourir l’été, de W. Trevor (Phébus). moins croustillantes, parfois avec les noms des prota- contumace au cours d’une nouvelle audience qui au- « Essais » : Etoile bleue, chapeaux gonistes, parfois en utilisant des pseudonymes facile- ra probablement lieu dans les prochaines semaines. noirs, de J. Alia (Grasset) ; La Neu- ment identifiables pour les experts des choses vati- L’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre, la Hollande et vième de Beethoven, de E. Buch, et canes. Ceux-ci d’ailleurs, tout en signalant quelques la Grèce annoncent la traduction du livre tandis L’Ingratitude, de A. Finkielkraut inexactitudes ou exagérations, considèrent le contenu qu’en France les tractations sont toujours en cours. (Gallimard) ; Colette, de du livre comme assez fiable. Fabio Gambaro M. del Castillo (Stock) ; Cap au Grand Nord, de A. Cojean (Seuil) ; bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb La Comtesse de Ségur, de Gh. de Diesbach (Perrin) ; Eloge de la fic- AGENDA de la résistance et de la déportation Portnoy et son complexe, par Alain tion, de M. Petit ; Pourquoi la psy- Edmond-Michelet, 4 rue Champana- Finkielkraut (Cité du livre, 8-10, rue chanalyse ?, de E. Roudinesco, et b LES 15 ET 16 OCTOBRE. REN- tier, 19100 Brive tél. : 05-55-74-06-68). des Allumettes, 13100 Aix-en-Pro- Les Ecrivains et la Guerre, de G. Sa- CONTRES. A Chambéry, rencontre b LE 16 OCTOBRE. SUISSE. A Pa- vence ; tél. : 04-42-26-16-85). piro (Fayard). Prochaine sélection avec Robert Bober (le 15) et débat, ris, à l’occasion de la sortie de son b LE 22 OCTOBRE. PAUL NIZON. le 27 octobre. animé par Gérard Meudal, sur la fic- numéro intitulé « La Suisse d’ail- A Paris, le Centre culturel suisse or- tion aujourd’hui (le 16). (Rens. : 04- leurs », la revue Le Nouveau Recueil ganise une « lecture hors limites de 79-60-04-48). et le Centre culturel suisse orga- l’œuvre de Paul Nizon » (à 20 h 30, Rectificatif b LES 16 ET 17 OCTOBRE. ART ET nisent une rencontre avec les cinq au Centre culturel suisse, 38, rue des RECHERCHE. Les 2es Rencontres auteurs ayant participé à ce dossier : Francs-Bourgeois, 75003 Paris. Ré- b La Correspondance (1936-1968) internationales de l’édition d’art et Yvette Z’Graggen, Jacques Chessex, servations au 01-42-71-38-38). de Hannah Arendt et Heinrich Blü- de recherche se tiennent au Palais Giorgio Orelli, Fabio Pusterla et b LES 23 ET 24 OCTOBRE. CINÉ- cher, publiée chez Calmann-Lévy des congrès de Marseille. (Rens. : Markus Hediger. Les textes seront MA. Le 8e Salon du livre de cinéma (« Le Monde des livres » du 8 octo- Atelier vis-à-vis, 04-91-33-20-80). lus par Denis Podalydès (à 20 h 30, se déroule à l’Ecole nationale supé- bre), ne sera en librairie que le b DU 15 AU 17 OCTOBRE. LIRE EN Centre culturel suisse, 38, rue des rieure des beaux-arts, 14, rue Bona- 21 octobre. FÊTE. Dans toute la France, l’opé- Francs-Bourgeois, 75003 Paris. Ré- parte, 75006. Rencontre avec Bill ration « Lire en Fête » sera l’occasion servation au : 01-42-71-38-38). Krohn, auteur d’Alfred Hitchcock au de nombreuses manifestations b LES 16 ET 17 OCTOBRE. RE- travail (le 23 à 15 heures), table (rens. : 0810-170-170). VUES. A Paris, l’association Ent’re- ronde sur le thème « Littérature au b LES 15 ET 16 OCTOBRE, vues organise la neuvième édition cinéma, de Balbec à Houellebecq » COMMEMORATION. A Paris, à du Salon de la revue. Expositions, (le 23 à 16 h 30). Débat sur l’ouvrage l’occasion du centenaire de la nais- débats et lectures (Espace Tapis de Dominique Noguez, Eloge du ci- sance d’Edmond Michelet (1899- rouge, 67, rue du Faubourg-Saint- néma expérimental (le 24 à 1970), ancien résistant et déporté, Martin. Rens. : 01-53-34-23-23) 15 heures), et table ronde sur l’ou- garde des sceaux du général De b DU 21 AU 24 OCTOBRE. PHILIP vrage coordonné par Christian De- Gaulle, un colloque est organisé au ROTH. A Aix-en-Provence, de lage, Serge Daney, itinéraire d’un ci- Sénat, palais du Luxembourg, à Paris nombreux débats sont organisés au- né-fils (le 24 à 16 h 30). Le 23, de (VIe arrondissement). Une exposition tour de Philip Roth et de son œuvre. 15 h 30 à 17 heures, le service péda- retraçant sa vie se tient également à Par ailleurs, France-Culture propose, gogique de la Cinémathèque fran- Paris (IXe), à l’espace Georges-Berna- le 16 octobre de 15 heures à 17 h 30, çaise organise un atelier pour le nos (rens. : Centre national d’Etudes une émission consacrée à l’auteur de jeune public.