Thesis Reference
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Thesis L'assistance au décès à l'aube du XXIème siècle BURKHARDT, Sandra Esther Abstract L'assistance au suicide est un sujet qui suscite de nombreuses discussions actuellement, que ce soit dans les milieux juridique, éthique ou médical, mais également au sein de la population générale. La pratique du suicide assisté en Suisse, sous sa forme médicalisée, est en pleine évolution, avec notamment la naissance de groupes de travail chargés de définir les modalités de la prise en charge de telles demandes dans divers établissements hospitaliers. Pendant longtemps, cette activité a été exercée dans le silence, et la tendance aujourd'hui est à la transparence et l'officialisation de ce type de démarche. En effet, le suicide assisté est implicitement autorisé en Suisse, selon l'article 115 du Code Pénal, pour autant qu'il ne soit pas lié à un motif égoïste, que la personne accompagnatrice soit de profession médicale ou non. Le suicide assisté est un sujet qui a été peu exploré jusqu'à présent, au niveau médico-légal (par le nombre restreint de cas déclarés), et ce n'est que depuis le début des années 2000 que la prise en charge médico-légale et juridique de ces cas, qui [...] Reference BURKHARDT, Sandra Esther. L'assistance au décès à l'aube du XXIème siècle. Thèse de privat-docent : Univ. Genève, 2011 DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:14584 Available at: http://archive-ouverte.unige.ch/unige:14584 Disclaimer: layout of this document may differ from the published version. 1 / 1 Université de Genève Département de Médecine Faculté de Médecine Communautaire et Premier Recours Professeur J.-M. Gaspoz L’ASSISTANCE AU DECES A L’AUBE DU XXIème SIECLE Thèse d‟habilitation au titre de Privat-Docent à la Faculté de médecine de l‟Université de Genève Dr Sandra Burkhardt-Frank Centre Universitaire Romand de Médecine Légale (CURML) Hôpitaux Universitaires de Genève CMU- Rue Michel-Servet 1 1211 Genève 4- Suisse 1 A ma famille A la mémoire de mes parents Remerciements J‟aimerais remercier les mentors et collègues qui m‟ont enseigné la médecine légale et qui m‟ont aidée et soutenue tout au long de ma carrière professionnelle et de l‟élaboration de ce travail, auquel ils ont également contribué. En particulier : Prof. P. Mangin Prof. T.-W. Harding Prof. O. Fryc Dr J. Sobel Dr M. Ummel Dr R. La Harpe Ainsi que l‟association EXIT-ADMD 2 Table des matières I. Introduction 5 II. Quelques citations en relation avec la fin de vie… 7 III. Définitions 8 IV. Historique 9 1. Concepts d’euthanasie et de suicide 2. Historique de l’article 115 CPS V. Aspects légaux 14 1. Dans le monde 2. En Suisse VI. Rôle du médecin légiste 23 VII. Soins palliatifs 25 VIII. Directives anticipées 36 IX. Euthanasie 38 X. Les associations pratiquant l’assistance au suicide 42 1. EXIT-ADMD Suisse romande 2. DIGNITAS 3. EXIT Suisse alémanique 4. Aide au suicide XI. Quelques cas particuliers 55 XII. Aspects éthiques 64 1. Déclaration des Droits de l’Homme 2. Commission nationale d’éthique 3. Serment d’Hippocrate 3 4. Déclaration de Genève 5. Code de déontologie de la FMH 6. Directives de l’ASSM 7. Avis d’autres instances 8. Autres réflexions éthiques XIII. Diverses prises de position 79 1. Etablissements hospitaliers (CHUV, HUG, EMS) 2. Politiques 3. Opinion publique 4. Accompagnateurs 5. Quelques points de vue individuels XIV. Influence de la religion 98 1. Paganisme antique 2. Eglise catholique 3. Eglise protestante 4. Eglise orthodoxe 5. Islam 6. Judaïsme 7. Bouddhisme 8. Indouisme et jaïnisme 9. Culture inuit XV. Assistance au suicide et suicide : deux notions à ne pas confondre 103 XVI. Parallèle avec l’interruption de grossesse 104 XVII. Etudes effectuées à Genève 107 1. Etude rétrospective : 5 ans d’assistance au suicide 2. La position des médecins romands 3. L’avis des polices cantonales romandes XVIII. Conclusion 119 Bibliographie 122 4 I. INTRODUCTION L‟assistance au décès est au cœur des discussions actuelles dans les milieux tant médical qu‟ecclésiastique et juridique. L‟assistance au décès comprend non seulement la prise en charge des malades en fin de vie par le biais des soins palliatifs, mais également l‟euthanasie, sous les diverses formes qu‟elle peut revêtir, comme nous les détaillerons plus loin, ainsi que l‟assistance au suicide. L‟euthanasie est, en principe, clairement régie légalement dans la plupart des pays. Au contraire, les lois concernant l‟assistance au suicide sont claires dans certains pays et mal définies dans d‟autres, quand bien même elles existent. Lorsque la loi n‟est pas clairement explicite, la pratique médicale en matière de prise en charge des malades en fin de vie est alors essentiellement régie par des considérations médico-éthiques. C‟est en particulier le cas en Suisse en ce qui concerne l‟assistance au suicide, qui consiste à mettre à disposition de la personne qui souhaite mourir les moyens lui permettant de se suicider sans violence1. La législation suisse accepte l‟idée que l‟on puisse assister une personne désirant mettre un terme à sa vie, pour autant que cet acte ne soit pas l‟objet d‟un mobile égoïste. Les demandes d‟assistance au suicide émanant de patients se fondent d‟une part sur la liberté de conscience et les valeurs morales individuelles et, d‟autre part, sur l‟évolution dramatique de certaines pathologies. Les débats2 sur la mort provoquée (euthanasie, assistance au suicide) sont notamment en lien avec l‟essor des soins intensifs; les notions de directives anticipées et de lutte contre l‟acharnement thérapeutique en témoignent. L‟essor des soins intensifs, dans les années ‟60, a soulevé un nombre important de questions, en permettant une survie de plus en plus prolongée de patients auparavant condamnés à un décès rapide. Mais l‟acharnement thérapeutique guette, bien entendu, ces pratiques. De plus, il s‟agit, en général, de situations où le patient n‟est plus en mesure de s‟exprimer sur les mesures thérapeutiques à envisager, posant des problèmes éthiques parfois difficiles à gérer. C‟est dans les années ‟70 que les professionnels de la santé et l‟opinion publique commencent à se pencher sur cette problématique. C‟est ainsi que l‟Académie suisse des sciences médicales (ASSM) édicte, pour la première fois en 1976, des directives concernant l‟attitude à adopter dans ce genre de situation. Elles seront ensuite revues à plusieurs reprises et adaptées à l‟évolution de la pensée générale. Les demandes d‟assistance au décès se font de plus en plus fréquentes dans notre société, où l‟homme tente de s‟autonomiser et refuse donc l‟ingérence de la religion dans plusieurs domaines, tels que la sexualité, la contraception, l‟avortement et, depuis peu, aussi la gestion de la fin de vie3. Il n‟accepte plus que ceux qui ont un respect religieux de la vie imposent leurs principes à ceux qui ont un respect scrupuleux de leur autonomie individuelle. En effet, 5 pendant longtemps le passage de la vie à la mort était abandonné d‟abord à la religion, puis à la médecine. Aujourd‟hui, les nouvelles conceptions morales évoluent. Ainsi, chacun doit à autrui un respect mutuel pour son développement personnel, sa dignité, sa liberté et même le choix de sa fin de vie. En effet, de plus en plus de personnes sont d‟avis que, vu que c‟est le patient qui va mourir, lui seul peut juger si la qualité de vie qui lui reste mérite ou non de poursuivre la lutte. Le droit à la vie demeurant un droit fondamental, il apparaît tout aussi fondamental de pouvoir choisir sa propre mort. Devant les différentes formes d‟évolutions dégradantes de maladies incurables4, malgré les moyens mis à disposition pour prolonger la vie, de plus en plus d‟êtres humains, dans notre société, souhaitent avoir la possibilité de prendre une part active à leur fin de vie afin de mourir dans la dignité. La mort est la seule certitude de la vie de chacun3. La question que se posent judicieusement nombre de personnes est celle du « comment mourir ». Le médecin est confronté à cette problématique dans sa pratique professionnelle, puisqu‟il a à charge la mort, même s‟il ne l‟a pas choisi, avec tout le poids émotionnel que cela implique, ainsi que, bien sûr, un renvoi à sa propre mort. Il est, à ce titre, comme chacun, un individu vulnérable, qui possède sa subjectivité, son émotivité, un vécu propre et une éthique personnelle, basée notamment sur des croyances religieuses et/ou philosophiques. Nous savons bien qu‟il n‟y a pas d‟âge pour mourir et que la mort peut frapper à chaque instant. Ces départs imprévus, prématurés, soudains nous bouleversent à juste titre et nous laissent un sentiment d‟injustice et d‟incompréhension. Bien entendu, tant que la maladie peut être combattue, il est du devoir du médecin de tout tenter pour guérir le malade. Mais lorsque, manifestement, la bataille est perdue, que la maladie est incurable et qu‟elle aura, à plus ou moins long terme, raison des forces du patient, alors il faut se rendre à l‟évidence et l‟acharnement doit faire place à une réflexion plus profonde, en toute connaissance de cause. Le devoir du médecin est alors d‟accompagner son malade jusqu‟à sa mort, avec empathie, dans le respect du choix et des convictions du patient. L‟alternative à laquelle on pense en premier lieu est, bien sûr, de proposer les soins palliatifs, qui, tels qu‟ils sont pratiqués de nos jours, rendent le plus souvent la fin de vie du patient suffisamment confortable pour lui permettre de mourir naturellement, sans trop de souffrances.