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le magicien d'Oz The wizard of O Z

FFICHE FILM de fiche technique

USA 1938/39 1H40

Réalisateur : Victor Fleming

Scénario : N .Langley F. Ryerson d'après le roman de Franck Baum "The won- derful wizard of Oz"

Musique : Harold Arlen

Interprètes : Judy Garland dans Le Magicien d'Oz Judy Garland Résumé Billie Burke Magaret Hamilton Dorothy est une petite orpheline qui vit et de le ramener à la maison, c’est de avec sa tante et son oncle, qu’elle adore, s’emparer des chaussures rouges de la Ray Bolger presque autant que son chien Toto. Mais méchante fée et d’aller voir le Grand Jack Kaley celui-ci est la bête noire de Miss Peabody Magicien dans son palais d’Emeraude, à Bert Lhar l’institutrice. Et celle-ci de rêver à un Oz. Et la voilà qui part sur la route de monde plus beau, plus coloré, plus heu- pavés jaunes (“The yellow brick road”). En reux, “là-bas, de l’autre côté de chemin, elle rencontre un homme de l’arc-en-Ciel” (“over the rainbow”). Monde paille, qui en a assez d’être un épouvantail dans lequel, à la suite d’une tornade, elle au coin d’un champ et qui voudrait avoir se trouve transportée au pays des un cerveau ; un homme de métal qui vou- Munchkins, créatures minuscules, protégés drait avoir un cœur, et un lion peureux qui par Glinda, la bonne fée de l’Est, mais voudrait avoir du courage. Et tous les constamment menacés par la mauvaise fée quatre, ils partent pour le pays d’Oz. Leur de l’Ouest (le sosie de Miss Peabody). La chemin sera jonché d’embûches tendues seule chance de Dorothy de retrouver Toto par la méchante fée. En chemin, l’homme L E F R A N C E

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de paille fera preuve d’intelligence, Henri Béhar plutôt Chirley Temple ! Grâce à Dieu, la l’homme de métal de cœur, et le lion de Le film référence de la carrière de 20th Century Fox ne "la prêta pas". Du courage, et peu importe si le magicien Judy.Une double identification : la petite moins pas pour ce film ! J'ai demandé à d’Oz n’est qu’un savant imposteur. Se fermière du Kansas, jeune fille américai- Harold Arlen et 'Yip'Harburg d'écrire la réveillant de son évanouissement (car ne saine, et la chanson "Over the musique. "Over the Rainbow" fut retiré Rainbow" symbolisant la quête de l'inac- tout cela n’était qu’un rêve) Dorothy du film après une présentation aux pro- cessible . comprend que le bonheur est parfois à A l'origine,ouvrage de littérature enfan- fessionnels, mais je décidai de la portée de la main et qu’il n’est pas tou- tine (déjà adapté à Hollywood en 1925 remettre avant la sortie du film." jours nécessaire d’aller le chercher dans une version muette), le conte se Ext. de Judy Garland ailleurs, de l’autre côté de l’arc-enciel. prête à diverses interprétations : méta- de J. Morella et E.Z. Epstein physique (la recherche de l'absolu), fan- éd. Henri Veyrier tastique (l'arc-en-ciel ,c'est "l'autre côté du miroir").Prudent ,le studio se garda Analyse de développer l'aspect psychanalytique en faisant émerger très vite Judy de son Après le succès colossal, au début de Jouant à fond la féérie, Le magicien univers onirique, peuplé de créatures 1938, de Blanche-Neige et les sept d’Oz, noir et blanc jusqu’à la tornade, perverses .Dorothy est convaicue à tout nains, premier long métrage de Walt devient film en couleurs dès que l’on jamais que "rien ne vaut un bon chez Disney, qui combinait les formules du passe de “l’autre côté de l’arc-en-ciel” soi!" En 1972, John Boorman fit référen- conte pour enfants, du récit fantastique où l’on se retrouve dans un monde ce à cet univers occulte dans son film et de la comédie musicale, la MGM va proche du dessin animé, autant que cela Zard Oz (anagramme du titre original, essayer de conquérir le même public est possible avec des acteurs. Même The Wizard of Oz.) avec ses moyens propres. C’est Arthur liberté du “tout peut animer” lorsque Judy avait 17 ans lorsque le film sortit Freed, auteur de Iyrics pour la firme et l’imagination est au pouvoir. Décors en 1939. Elle obtient une récompense futur producteur associé du Magicien peints à la main (la serpentine “route de spéciale pour ce rôle jugé : "la meilleure d’Oz, qui conseillera à Louis B. Mayer briques jaunes” est devenue légendaire interprétation enfantine de l'année".La d’acquérir les droits des histoires de L. - l’expression fait partie du langage M.G.M. n'avait pas lésiné sur le budget Frank Baum célèbres à travers toute commun ; on dit de quelqu’un : “il est de l'entreprise : photographie en noir et l’Amérique (elles avaient d’ailleurs fait aussi droit que la ligne de briques blanc et en couleur (pour symboliser le l’objet de plusieurs adaptations à jaunes” pour signifier qu’il est faux jeton rêve) ,et un décor fabuleux pour recréer l’époque du muet). L’autre apport déter- comme pas deux), personnages exem- la terre magique d'Oz. On n'oubliera pas minant d’Arthur Freed au film sera de plaires et mythiques : l’épouvantail, le les personnages féériques rencontrés défendre contre vents et marées le lion, l’homme de métal. sur la Yellow brick road: les minuscules choix de Judy Garland pour le rôle prin- Le message “le bonheur est au pas de Munchkins interprétés par une troupe de cipal. Très vite la préparation et la votre porte” n’est pas asséné, mais sim- comédiens de vaudeville, l'épouvantail : pré-production du film indiquent que Le plement et astucieusement mêlé à la Ray Bolger, l'homme de fer : Jack Haley Magicien d’Oz sera placé, comme un trame dramatique et musicale (ce n’est et Bert Lahr en lion peureux.Mention peu plus tard Autant en emporte le pas un hasard si ce film est sorti aux spéciale pour la vilaine sorcière : vent, sous le signe du gigantisme (65 USA en 1939). Ce film, qui devait défini- Margaret Hamilton. décors, 4 000 costumes pour I 000 inter- tivement lancer Judy Garland a failli se Arthur Freed déclare à propos du tourna- prètes, 136 jours de tournage, un coût faire sans elle, la MGM souhaitant ge:"Lorsque Louis B. Mayer me parla de final de 2 700 000 dollars) et de la mul- engager Shirley Temple pour ce rôle de la possibilité de devenir producteur, tiplication des difficultés. La plupart des Dorothy, allant jusqu’à proposer à la j'achetai à Sam Goldwyn The Wizard postes de production et des principaux Warner Bros, qui tenait Shirley Temple of Oz . Il détenait les droits depuis plu- rôles seront tenus par une succession sous contrat, de leur prêter en échange sieurs années. Je commençai par être de protagonistes plus ou moins provi- Clark Gable et Jean Harlow. Exemple producteur associé du film, mais le bud- soires. Si le scénario est signé par trois type de film de producteur ou de film de get était tel que Louis B.Mayer me sug- auteurs, une dizaine de rédacteurs tra- studio : les réalisateurs se sont succédé géra de prendre pour producteur Mervin vaillèrent à son élaboration et à ses - et si le film est signé Victor Fleming, la Le Roy. Mervin et moi voulions tous diverses versions (parmi lesquels séquence où Judy Garland chante “Over deux Judy pour le rôle de Dorothy.Mais Herman Mankiewicz, Samuel the rainbow” est, elle, de King Vidor. les financiers du studio conseillaient Hoffenstein, Ogden Nash, John Lee L E F R A N C E SALLE D'ART ET D'ESSAI CLASSÉE RECHERCHE 8, RUE DE LA VALSE 42100 SAINT-ETIENNE RÉPONDEUR : 77.32.71.71 2 77.32.76.96 Fax:77.25.11.83 D O C U M E N T S

Mahin, etc.). Vu dans ses grandes tenir la partie musicale - pourtant res- permanente à l’esprit que la firme lignes, ce scénario présente par rapport treinte - de son rôle. On peut penser - entendait donner au film. Tant d’efforts à l’œuvre originale quelques différences quitte à scandaliser les inconditionnels financiers, techniques et humains abou- notables qu’on peut attribuer à l’esprit de Judy Garland - qu’elle aurait été une tirent, dès la sortie, à un succès triom- précautionneux et bien pensant de la Dorothy plus vivante et au jeu plus varié phal qui ne se démentit pas lors des Metro. Le voyage au Pays d’Oz est pré- que celle que nous connaissons. Dans le deux grandes ressorties des années 40 senté dans le film comme un rêve, alors rôle du Tin Man (I’Homme en fer blanc), et 50 puis lors des nombreux passages qu’il est une réalité chez L. Frank Baum; Buddy Ebsen laissa la place, à la fin des à la télévision. (En France, la réputation et toute la violence, la monstruosité des deux semaines de tournage avec du Magicien d’Oz est surtout d’ordre personnages et des péripéties qu’il avait Richard Thorpe, à Jack Haley et le film cinéphilique et date de sa ressortie en inventés ont disparu de l’intrigue. La n’y gagna sûrement rien. Mais le regret circuit art et essai, il y a une vingtaine première altération a au moins eu majeur est sans doute que W.C. Fields d’années.) Mais pour les Américains, il l’avantage d’engendrer l’idée de l’utili- n’ait pu tenir, comme il en avait été fait partie de leur culture populaire et sation du sépia pour le prologue et question, le rôle du magicien. Certes de leur vie même. Par l’intermédiaire de l’épilogue dans la ferme, qui mettent en Frank Morgan est un acteur remarquable la télévision, ses personnages, comme valeur le Technicolor employé dans les dans les registres du réalisme et de ceux de Casablanca ou d’Autant en autres séquences et permettent de don- l’émotion (cf. sa magistrale interpréta- emporte le vent sont présents plu- ner un double rôle et une sorte d’ambi- tion dans The Mortal Storm et dans sieurs fois par an à la table de chaque guité minimum à un certain nombre de The Shop Around the Corner) mais il famille et y jouissent d’une hospitalité personnages. En ce qui concerne la est ici un peu terne. La véritable vedette d’autant plus chaleureuse que les mise en scène, Mervyn Le Roy aurait du film, et celle qui lui donne son ton le enfants en raffolent. Sur le plan esthé- vivement souhaité en être chargé. Mais plus original, dans un savant dosage de tique, le film, dans son résultat comme Louis B. Mayer estima que la produc- caricature, d’humour et de relief un peu dans les différentes étapes de sa génè- tion suffirait à l’occuper. Norman terrifiant pour les plus jeunes, est évi- se, est évidemment le contraire d’un Taurog, le spécialiste des enfants à la demment Margaret Hamilton dans le film d’auteur et d’une œuvre personnel- Metro, fut d’abord pressenti pour diri- rôle de la Méchante Sorcière de le. En tant que comédie musicale, ses ger le film, avant que Richard Thorpe ne l’Ouest. Avant elle, on avait pensé à mélodies et sa chorégraphie (si on peut passe aux commandes pendant deux Edna May Oliver (la Betsey Trotwood du parler de chorégraphie) ne dépassent semaines. Aucun plan de lui ne fut David Copperfield de Cukor et la pas le niveau d’une honnête revue de conservé. Il laissa la place à George pionnière dure à cuire de Drums Along music-hall. Sur le plan plastique, il y a Cukor, lui-même remplacé après the Mohawk de Ford), mais elle fut autant de différence entre le Magicien quelques jours par Victor Fleming qui rejetée car il était notoire pour le public d ‘Oz et, par exemple, Brigadoon réalisa l’essentiel du film, avant d’aller qu’elle était bonne comme le pain (ce qu’entre une bonne affiche publicitaire remplacer à nouveau... Cukor sur le pla- qui en dit long sur les critères de cas- et un tableau de maître. Par contre, le teau d’Autant en emporte le vent . ting dans le cinéma hollywoodien). Gale film bénéficie d’une utilisation remar- C’est enfin King Vidor qui fut chargé de Sondergaard fut aussi sur les rangs et quable des effets spéciaux pour la réalisation pendant le dernier mois de elle aurait sans doute donné une sorciè- l’époque. Elle était rendue très périlleu- tournage. La principale intervention de re inquiétante et fascinante à souhait. se par l’adoption du procédé, relative- Cukor consista à retirer à Judy Garland En ce qui la concerne, Margaret ment nouveau, du Technicolor trichrome la perruque blonde qu’elle avait arborée Hamilton resta fidèle, mais avec un (le premier long métrage réalisé inté- pendant ses deux semaines de travail immense brio, à l’imagerie traditionnel- gralement avec ce procédé, Becky avec Thorpe. Pour plusieurs des princi- le de la méchante sorcière des contes Sharp de Mamoulian, date de 1935). paux rôles, différents noms furent pour enfants: chapeau et visage poin- Quant aux conventions morales qui avancés et, contrairement à ce qui se tus, teint verdâtre, ricanements, etc. caractérisent l’esprit du film, elles ne passe dans la plupart des superproduc- Pour la petite histoire, il faut rappeler sont transcendées (ou contredites) par tions hollywoodiennes, ce n’est pas que les différentes tribus de nains, si aucune originalité picturale ni par aucun toujours le choix final qui paraît le plus difficiles à rassembler (ils sont au total développement fictionnel un peu auda- convaincant. Shirley Temple et Deanna 350) laissèrent un très mauvais souvenir cieux. En définitive, le film mérite de Durbin furent envisagées pour le per- dans les studios de la Metro à cause de rester dans les mémoires pour la cocas- sonnage de Dorothy. Le talent vocal de leur comportement violent et lubrique se humanité du personnage du Lion la première fut jugé insuffisant pour qui fut, dans la coulisse, une insulte froussard et surtout pour l’extraordinaire

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présence de la Sorcière de l’Ouest qui, rences hollywoodiennes. C’est donc suelles de Rita Hayworth ou d’Ava elle, appartient de plein droit au folklore pour plus de commodité que nous privi- Gardner, ponctuées de rythmes et à l’inconscient collectif des enfants légions ici l’exemple hollywoodien, le sud-américains, mimaient avec génie du monde entier. plus significatif quant aux racines et des chansons interprétées par d’obs- Jacques Lourcerelles aux constantes du genre - même si pour cures doublures : peu importe, ce type Dictionnaire du cinéma nous Le printemps d’Alexandrov d’imposture révèle l’une des forces du (URSS), Zouzou de Marc Allégret, Le genre ; dans le musical chanté, c’est le million et Quatorze juillet de René flacon qui fait l’ivresse. C’est l’image qui La comédie musicale : Clair et French cancan de Renoir chante, et non la piste sonore : les chan- (France), Subarnarekha de Ritwik sons sont des chorégraphies vocales. Ghatak Mother India de Mehboob Elles servent d’ailleurs souvent d’étape Qu’est-ce qu’un musical ? Les exégètes Khan (Inde) sont d’authentiques fleu- intermédiaire avant la danse, première n’en ont pas fini de discuter la défini- rons du genre, avec leurs spécificités rupture de tension entre la réalité de la tion même du genre. Il est évidemment culturelles précises, mais aussi une narration et la stylisation de l’expres- des films qui ne prêtent pas à confu- volonté formelle commune de transcen- sion musicale. La chanson naît du dia- sion; Quarante-deuxième Rue, der l’espace et la durée par le moment logue. Règne du play-back, suavité des Swing Time et Un jour à New York musical.(...) crooners : I’illusion du naturel est le plus sont des comédies musicales au sens La comédie musicale résulte de la syn- beau cadeau des ingénieurs du son à la traditionnel des historiens du cinéma: thèse de plusieurs espaces: visuel, magie du musical. système hollywoodien, interdépendance sonore, narratif. L’espace narratif du musical est l’un des de la narration dialoguée et des parties -L’espace visuel du musical est lié, de sujets favoris des exégètes les plus musicales, importance partagée des prime abord, à la danse. Mais pas récents du genre. On y décèle des thé- chansons et des danses—autant de n’importe comment : le ballet classique, matiques récurrentes qui, pour s’épa- signes de reconnaissance qui bannis- la danse contemporaine, la plupart du nouir, ont bien entendu besoin des sent toute équivoque. Mais la réalité du temps, s’accommodent mal du cinéma. genre n’est pas si monolithique. séquences chantées ou dansées. Une danse filmée doit nécessairement Prenons le cas de Jacques Demy: Les Certains types de récits se prêtent sans avoir été conçue (ou du moins adaptée) parapluies de Cherbourg ou Une effort à une réalisation musicale, pour le cinéma. La composition du chambre en ville sont des films entiè- comme en attestent quelques remakes cadre donne une autre forme aux figures rement chantés, mais sans chansons d’œuvres non musicales " happées" par de ballet, les mouvements de caméra proprement dites, donc sans cette dia- le genre. D’une manière très générale, instaurent un dialogue avec les corps lectique du "numéro musical" et du récit une narration basée sur un conflit entre dansants, le montage change la dyna- dramatique si chère aux critiques la vie privée / affective /amoureuse/fami- mique des chorégraphies, en modifie le modernes comme Rick Altman... et qui liale d’une part, et la représentation rythme et la durée. Un décor, un acces- plus est, réalisés en France. Ces deux publique/sociale/professionnelle d’autre soire, un éclairage métamorphosent de films auraient pu être filmés tels quels part peut servir de schéma de base à un manière radicale l’image dansée. en remplaçant les parties chantées par musical cohérent. Le numéro musical -L’espace sonore du musical est relati- des dialogues. On les a rapprochés de devient alors un moment privilégié du vement peu étudié. Il y aurait là matière l’opéra filmé, genre qui, pour les aficio- récit : libération des pulsions, mise en à une nouvelle réflexion. On s’est sou- nados, n’a rien à voir avec le musical représentation des conflits, relecture vent gaussé de ces orchestres "invi- (Don Giovanni de Losey n’en est pas sublimée de l’action dramatique, visua- sibles" qui surgissaient sur la bande un, tout le monde en convient. Mais Les lisation des psychologies, reflet des son, dès que les protagonistes se pre- contes d’Hoffmann de Powell et contradictions internes des personnages naient d’une envie de pousser la roman- Pressburger et Carmen Jones d’Otto et, dans le cas le plus optimiste, résolu- ce. Mais il ne s’agit là que d’une exten- Preminger en sont, indubitablement, de tion dans l’euphorie. sion bien peu choquante de la notion de quoi s’y perdre). Les demoiselles de La narration de Chantons sous la musique de film: si une partition peut Rochefort, du même Demy, est un film pluie, le musical le plus célèbre, parle ponctuer bagarre, poursuite ou moment qui se réclame des formes plus clas- de la vocation même du genre, ce n’est d’émotion, pourquoi pas une chanson ? siques du musical, comme en témoigne pas un hasard : c’est de cinéma qu’il L’emploi cinématographique de la voix la présence de Gene Kelly et George s’agit, mais aussi de révolution tech- chantée est l’un des atouts maîtres de Chakiris: il entérine un dogme selon nique (le passage du muet au parlant), la comédie musicale. Les bouches sen- lequel le musical a besoin de réfé- qui se double d’une révélation amoureu- L E F R A N C E SALLE D'ART ET D'ESSAI CLASSÉE RECHERCHE 8, RUE DE LA VALSE 42100 SAINT-ETIENNE RÉPONDEUR : 77.32.71.71 4 77.32.76.96 Fax:77.25.11.83 D O C U M E N T S

se (boy meets girls, etc.), dans le cadre Filmographie d’un spectacle à réussir (un film, bien Le chant du loup 1929 sûr). Une célèbre réplique, lancée The Virginian 1929 comme une formule magique, va per- 1920 mettre aux protagonistes de sauver une Cauchemars et superstitions Common Clay 1930 entreprise incertaine: "Et si on en fai- 1920 Renegades 1930 sait une comédie musicale ? "... Une poule mouillée N . T . Binh Around the World in 80 minutes CinémAction N° 68 Mama’s Affair 1921 With Douglas Fairbanks 1931 Voyage autour du monde Woman’s Place 1921 1932 1922 Victor Fleming L’émigrée Red Dust 1932 La belle de Saigon Réalisateur américain.1883-1949. 1922 L’appel de la vallée Ce n’est pas n’importe qui. Non parce The White Sister 1933 La sœur blanche qu’il a signé Autant en emporte le The Lane That Had No Turning 1922 vent, son plus mauvais film d’ailleurs. Bombshell 1933 D’autres, Cukor et Wood notamment, 1923 Mademoiselle Volcan ont été mêlés au tournage, mais n’ont The 1923 pas figuré au générique, laissant à Treasure Island 1934 L’île au trésor Fleming le soin de gagner un oscar tout To the Last Man 1923 a fait immérité. Mais si cet ancien cou- Reckless 1935 reur automobile, qui fut opérateur de 1923 Imprudente jeunesse nombreux films de Dwan et de Griffith 1924 et filma le président Wilson lors de son The Farmer Takes a Wife 1935 voyage en Europe, mérite attention, 1924 Captains Courageous 1937 c’est que sa filmographie, qui s’étend de Capitaines courageux 1920 à 1948, comprend plusieurs films Adventure 1925 dignes d’intérêt. Ce n’est pas rien que Aventure Test Pilot 1938 Pilote d’essai d’avoir dirigé Douglas Fairbanks dans The Devil’s Cargo 1925 l’une de ses œuvres les plus attachantes Le cargo infernal The Wizard of Oz 1939 Cauchemars et superstitions, Gary Le magicien d’Oz Cooper dans un très beau western hélas 1925 méconnu, The Virginian, d’avoir réuni Gone with tthe Wind 1939 Lord Jim 1925 Clark Gable et Joan Harlowe dans Red Autant en emporte le vent Dust, d’avoir signé la meilleure des ver- 1926 Dr. Jekell and Mr. Hyde 1941 sions de L’île au trésor où Wallace Docteur Jekyll et M.Hyde Beery est un extraordinaire Long John Mantrap 1926 Silver, et peut-être la meilleure, en tout Tortilla Flat 1942 The Rough Riders 1927 Tortilla Flat cas l’une des meilleures versions de L’escadron de fer Docteur Jekyll et M. Hyde, et d’avoir 1944 rendu convaincante Ingrid Bergman en The Way of All Flesh 1927 Un nommé Joe Jeanne d’Arc dans un film qui ne méri- Quand la chair succombe tait nullement, les sarcasmes dont Adventure 1945 Hula 1927 L’aventure l’abreuvèrent certains critiques Citons Hula enfin le succès remporté par la reprise Joan of Arc 1948 de sa comédie musicale, Le magicien The Awakening 1928 Jeanne d'Arc d’Oz. Voilà un cinéaste à prendre en considération. Abie’s Irish Rose 1929 Mon curé chez mon rabbin

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