Alfred Latour, Redécouverte D'un Artiste Majeur
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PAYS :France RUBRIQUE : Culture PAGE(S) :16 DIFFUSION :94673 SURFACE :81 % JOURNALISTE :Jean-Claude Rasp… PERIODICITE :Quotidien 20 avril 2018 - N°41082 CULTURE Alfred Latour, redécouverte d’un artiste majeur t L’œuvre de ce graveur, affichiste, graphiste, publiciste, peintre et photographe, longtemps célèbre, que louaient cut pendant trois décennies, n’ac- les critiques d’art, ceptant qu’à de rares occasions matière. Sesphotographies oscillent avait sombré dans l’oubli. d’être exposé en France et en Italie. entre le dépouillement, l’influence t Trois belles expositions, du surréalisme, l’humanisme et à Eygalières et Arles, « Pour Alfred l’humour. » reconstituent, avec ferveur, À Eygalières, Alfred Latour fi- son regard, son travail, Latour, la création lait souvent à moto ou en 2 CV sur ses influences, son style, était un exercice les routes sinueuses, le long des l’étendue de sa palette champs d’oliviers, cap vers le Ven- et de son héritage. de disparition. » toux ou les ruelles de Saint-Rémy- de-Provence, tout proche. Il ren- Eygalières et Arles (Bouches-du-Rhône) De notre envoyé spécial trait le soir les sacoches chargées Libéré de toute obligation, il se de dessins, d’aquarelles délicates et Sur les hauteurs pentues du beau consacrait à son œuvre de peintre, d’huiles sur papier où les paysages village d’Eygalières qui, depuis des nourrie de ses photographies que des Alpilles se dressaient dans une lustres, attire créateurs et prome- le graphiste suisse Werner Jeker et abstraction figurative, comme au- neurs, la Maison des consuls (an- le commissaire d’exposition Pierre tant d’esquisses préparatoires à cienne mairie), fraîchement ré- Starobinski ont découvertes par ha- sesfuturs tableaux. « Alfred Latour novée, abrite une exposition de sard dans des cartons à chaussures, sesavait peintre et sut le devenir » , photographies de l’un de ses an- stupéfaits par la composition et la constate Pierre Starobinski. ciens habitants. Plus connu là-bas beauté de ces images. Homme libre, Alfred Latour le pour sa modestie et sa discrétion Que virent-ils ?Un prodigieux té- restera en toutes circonstances. que pour l’ampleur de son héritage moignage de son époque, dans les Blessé, miraculeusement rescapé artistique. avenues de Paris et leurs vitrines, de la Grande Guerre, il entrera Très célèbre dans les années sur les quais de la Seine, les grèves dans la Résistance, sous l’Occupa- 1920 et 1930, loué par les critiques de Bretagne, les plages de Norman- tion, avec son fils Jacques, déporté d’art, soudain las de la gloire et des die en 1936, les places, les mas et à Dachau, futur conservateur du honneurs parisiens, Alfred Latour les champs d’Eygalières. Une vi- Musée Réattu. (1888-1964), graveur, affichiste, gra- brante fresque en noir et blanc. Alfred Latour n’avait laissé ni in- phiste, publiciste, peintre et photo- « Ce qui frappe, souligne Werner dications, ni journal, ni catalogue. graphe, avait quitté les lumières de Jeker, c’est un mélange de rigueur, « Il appliquait une règle : le silence la ville. Pour se fondre dans l’ombre de discipline et de sensualité de la et la méditation, il pratiquait l’as- venteuse de cette Provence où il vé- Tous droits de reproduction réservés PAYS :France RUBRIQUE : Culture PAGE(S) :16 DIFFUSION :94673 SURFACE :81 % JOURNALISTE :Jean-Claude Rasp… PERIODICITE :Quotidien 20 avril 2018 - N°41082 cèseet l’épure, souligne Pierre Sta- buts, Alfred Latour s’est peu à peu leurs sur les tissus et ses gammes robinski . Pour lui, la création était détourné de cette contrainte pour chromatiques tellement mo- un exercice de disparition. » Un long baguenauder à sa guise et saisir dernes. « Parallèlement à une travail de chartiste a permis aux de magnifiques instantanés. « Il œuvre picturale majeure, insistent deux commissaires de ces trois ex- a l’œil d’un peintre, s’émerveille les deux commissaires, Alfred La- positions, à Eygalières et Arles, de Pierre Starobinski. Sesimages, très tour créa pendant des années des redécouvrir l’ampleur de cet artiste construites, très équilibrées, sont tissus remarqués par les acteurs majeur dont une partie des œuvres l’une des sources d’inspiration de de la haute couture, participa au est exposée au Centre Pompidou, sestableaux. » renouveau du graphisme, par la au British Museum et chez maints L’Arlésien Christian Lacroix création de motifs typographiques collectionneurs. avoue que s’il l’avait connu plus exceptionnels, et de la publicité en Fils d’un compositeur typo- tôt, Alfred Latour lui aurait servi France comme en Europe. » graphe à l’Imprimerie nationale, de maître par ses recherches gra- Les tableaux exposés à l’Espace photographe de presse à ses dé- phiques, son traitement des cou- Van Gogh, comme ses superbes photographies en noir et blanc « Alfred Latour. Photographies. sur les cimaises du Musée Réattu repères Cadrer son temps ». confirment la constance et la co- Musée Réattu, Arles. hérence de sa manière que résume Trois expositions Jusqu’au 30 septembre. l’historien d’art Nicolas Raboud : Tél. : 04.90.49.37.58. « Liberté des couleurs et rigueur du « Alfred Latour. Eygalières trait, stylisation aux frontières de dans l’objectif d’un peintre ». Deux catalogues l’abstrait, géométrie des volumes, Maison des consuls, Eygalières. simplicité des formes. » Jusqu’au 30 septembre. Alfred Latour , Replié à Eygalières, jouissant Rens. : www.alfred-latour.org une monographie d’une solitude propice aux exer- Tél. : 04.90.95.91.01. richement illustrée. cices spirituels, Alfred Latour sou- Éd. Actes Sud, 254 p., 39 €. haitait que la postérité se désinté- « Alfred Latour. Les gestes resse de lui et que l’oubli lui assure d’un homme libre ». Espace Alfred Latour, photographies. le repos éternel. Il devra attendre Van Gogh, Arles. Jusqu’au Cadrer son temps . encore un peu… 2 mai. Tél. : 04.90.49.39.39. Éd. Actes Sud. 132 p., 29 €. Jean-Claude Raspiengeas Tous droits de reproduction réservés PAYS :France RUBRIQUE : Culture PAGE(S) :16 DIFFUSION :94673 SURFACE :81 % JOURNALISTE :Jean-Claude Rasp… PERIODICITE :Quotidien 20 avril 2018 - N°41082 Paris vu par Alfred Latour. L’un des clichés découverts par hasard dans des cartons à chaussures. Fondation Alfred-Latour Tous droits de reproduction réservés.