Il y a plus de 70 ans, le régime de Vichy raflait et livrait à l’Allemagne nazie des milliers de Juifs de la zone dite "libre". Nous ne les oublierons jamais.

Nous sommes aujourd’hui rassemblés pour rappeler ce que fut l’histoire tragique de ce camp, histoire tragique le Drancy de la Zone Sud, honorer la mémoire des internés, des déportés et des "Justes" qui leur ont porté secours.

Nous sommes ici aussi pour transmettre aux jeunes générations un message de confiance et d’espoir dans l’avenir, car c’est l’objet même de ce lieu : combattre l’oubli, éduquer et éveiller les consciences, lutter contre toutes les formes de xénophobie, de racisme et d’antisémitisme ; rendre à jamais impossible le retour de la barbarie. C’est tout le sens du travail réalisé par les jeunes collégiens de que je veux saluer en cet instant.

L’histoire du camp de Rivesaltes c’est une histoire française. Dans les premiers temps, camps militaire, puis, comme d’autres de la zone non occupée, il devient l’un des rouages de la politique du gouvernement de Vichy, politique du déshonneur, accueillant dans des conditions indignes, dès 1941 des réfugiés de différentes nationalités, dont des espagnols, ainsi que des juifs.

Quand s’engage ce que le régime nazi qualifie de "solution finale", en 1942, le piège se referme sur les milliers de Juifs internés. , chef du gouvernement, accepte de livrer aux autorités allemandes 10 000 Juifs arrêtés en zone non occupée et pousse l’infamie jusqu’à proposer de déporter les enfants, ce que les Allemands eux-mêmes ne demandaient pas.

Le camp de Rivesaltes jouera un rôle particulier, appelé le Drancy de la zone Sud par , la police française organisera des opérations de rafle de tous les juifs présents en zone non-occupée et regroupera ces populations à Rivesaltes, d’où, en moins de trois mois, partiront plus de 8 convois en direction de Drancy, puis des camps de la Mort, soit près de 2250 personnes dont 110 enfants.

Ma présence parmi vous, en ma qualité de parlementaire, est de témoigner de la volonté de la République française de veiller sur la mémoire des martyrs du camp de Rivesaltes, sur la mémoire de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants qui ne sont jamais revenus tout simplement parce qu’ils étaient juifs.

Le camp de Rivesaltes doit être aujourd’hui un lieu de mémoire et de recueillement, car c’est depuis ce lieu que des milliers de victimes qui avaient foi en la , qui croyaient en ses valeurs, qui croyaient en la patrie de la Révolution, patrie des droits de l’homme et des lumières, c’est à partir d’ici qu’ils ont été envoyés à la mort. Confiance trahie, principes bafoués, valeurs piétinées, tâche sombre, des êtres humains voués au néant avant que d’être envoyés à la mort.

Et Primo Levi décrit bien ce néant quand il écrit :

« Plus rien ne nous appartient : ils nous ont pris nos vêtements, nos chaussures, et même nos cheveux ; si nous parlons, ils ne nous écouteront pas, et même s'ils nous écoutaient, il ne nous comprendraient pas. Ils nous enlèveront jusqu'à notre nom : et si nous voulons le conserver, nous devrons trouver en nous la force nécessaire pour que derrière ce nom, quelque chose de nous, de ce que nous étions, subsiste. »

1 Mais dans la noirceur de cette époque il y eut des lumières, heureusement, et je pense à ces Françaises, ces Français, qui pour sauver l’honneur de la France ont entretenu courageusement la flamme de la Résistance, beaucoup ont sauvé des vies, au péril de la leur.

Et en cet instant, je tiens à remercier la Région Languedoc-Roussillon, son Président Christian BOURQUIN, le Département des Pyrénées-Orientales, sa Présidente Hermeline MALHERBE, ainsi que toutes celles et tous ceux qui portent ce beau projet de mémorial, afin que nos yeux et notre mémoire ne puissent oublier ce qui s’est passé sur cette terre.

Je tiens également à remercier, tout particulièrement, l’Association Zakhor Pour la Mémoire et son Président, mon ami, Philippe BENGUIGUI, et tous ses adhérents, qui organisent depuis 2005 cette cérémonie.

La lutte contre le racisme et l’antisémitisme est une priorité du gouvernement. Cela passe par l’éducation, la volonté de combattre les préjugés sur l’autre, celui qui est différent, et je sais bien que la bête immonde n’est pas morte et que restent ancrés dans bien des mentalités des vents mauvais que certains attisent à nouveau.

Mais il appartient à chacun de nous en qualité de citoyens de combattre l’obscurantisme, la haine et l’intolérance. Sachons rester fidèles aux valeurs de la République.

Et dans ce contexte, j’aurai une dernière pensée pour nos soldats qui combattent au péril de leur vie, le commandant Patrice REBOUT en est l’exemple, afin que les valeurs de notre république, de notre démocratie puissent continuer à être un rempart contre les extrémismes quels qu’ils soient.

La tâche est immense, toujours à renouveler, mais je terminerai par une note d’espoir : Si l’histoire du camp de Rivesaltes témoigne des crimes contre l’humanité qui ont été perpétrés au cœur de l’Europe, cette histoire nous enseigne aussi que le meilleur existe aussi dans l’homme.

Vive la République, vive la France !

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