Charles Maurras Le Nationaliste Intégral Dans La Même Collection
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Olivier Dard Charles Maurras Le nationaliste intégral Dans la même collection Brian Cox, Jeff Forshaw, L’univers quantique. Tout ce qui peut arriver arrive..., 2018 Marianne Freiberger, Rachel A. Thomas, Dans le secret des nombres, 2018 Xavier Mauduit, Corinne Ergasse, Flamboyant Second Empire. Et la France entra dans la modernité..., 2018 Natalie Petiteau, Napoléon Bonaparte. La nation incarnée, 2019 Jacques Portes, La véritable histoire de l’Ouest américain, 2018 Thomas Snégaroff, Kennedy. Une vie en clair-obscur, 2017 Thomas Snégaroff, Star Wars. Le côté obscur de l’Amérique, 2018 Max Tegmark, Notre univers mathématique. En quête de la nature ultime du réel, 2018 Maquette de couverture : Delphine Dupuy ©Armand Colin, Paris, 2013, Dunod, 2019 ISBN : 978-2-10-079376-1 Du même auteur Avec Ana Isabel Sardinha-Desvignes, Célébrer Salazar en France (1930-1974). Du philosalazarisme au salazarisme français, PIE-Peter Lang, coll. «Convergences», 2018. La synarchie : le mythe du complot permanent, Perrin, coll. « Tempus », 2012 [1998]. Voyage au cœur de l’OAS, Perrin, coll. « Synthèses historiques », 2011 [2005]. Bertrand de Jouvenel, Perrin, 2008. Le rendez-vous manqué des relèves des années trente, PUF, coll. « Le nœud gordien », 2002. La France contemporaine, vol. 5, Les années 30 : le choix impossible, LGF, coll. « Livre de poche, Références histoire », 1999. Jean Coutrot, de l’ingénieur au prophète, Presses universitaires franc-comtoises, coll. « Annales littéraires de l’Université de Franche-Comté », 1999. Remerciements Si, selon la formule consacrée, les propos de cet ouvrage n’engagent que leur auteur, ils sont aussi le fruit de nom- breux échanges individuels et de réflexions collectives. Mes premiers remerciements vont à deux collègues et amis, Michel Grunewald et Michel Leymarie, qui ont suivi la rédaction de ce manuscrit et été des relecteurs très précieux. Ce livre doit aussi beaucoup aux différents colloques que j’ai organisés, le plus souvent en collabora- tion, sur Maurras ainsi que les droites radicales françaises et étrangères. Les débats lors des rencontres et les contri- butions qui en sont issues ont nourri ce volume et me conduisent par conséquent à dire ma dette aux nombreux collègues français et étrangers, venus des deux côtés de l’Atlantique et pour certains de façon très régulière. Un grand merci enfin à Vincent Duclert pour sa confiance et sa disponibilité lors de la première édition de ce livre. Introduction L’année 2018 aura été, pour une part, une année riche en débats et polémiques autour de la figure de Charles Maurras, né cent cinquante ans plus tôt et figurant dans le Livre des commémorations nationales publié à la fin de 2017. Le doctrinaire de l’Action française n’y était nullement entré par effraction. En effet, quelques mois plus tôt, une notice de deux pages avait été commandée à l’auteur de ces lignes et validée par le Haut comité. La publication du volume, précédé d’un avant-propos de Françoise Nyssen, alors ministre de la Culture, a suscité finjanvier-début février 2018 des polémiques dans la presse, certains avançant que la présence même de Maurras tendait à réhabiliter ses positions et ses responsabilités. L’ouvrage a été rapidement retiré de la vente. Deux des historiens membres du Haut comité des commémorations natio- nales, Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory, ont alors précisé dans une tribune dans Le Monde que « commémorer n’est pas célébrer : “L’émotion qui entoure l’inscription de Charles Maurras dans le Livre des commémorations nationales pour 2018 exige une explication simple et claire. La mission confiée au Haut Comité aux commémorations nationales est de contribuer, au hasard des anniversaires, à une meilleure prise de conscience des épisodes majeurs du passé. Il en propose une liste à la ministre, à qui il revient de les agréer si elle le souhaite.” 6 Charles Maurras Françoise Nyssen l’a fait d’abord, en l’occurrence, avant de changer d’avis. Sont concernés les personnalités et les événements dont notre pays peut s’honorer, mais pas seulement eux. Commémorer, ce n’est pas célébrer. C’est se souvenir ensemble d’un moment ou d’un destin. Distinction essentielle : on commémore la Saint-Barthélemy, on ne la célèbre pas. On commémore l’assassinat d’Henri IV par Ravaillac, on ne le célèbre pas. On commémore la Grande Guerre, on ne la célèbre pas1. » Quelques semaines plus tard, à l’exception de deux de ses membres, le Haut Comité démissionnait en bloc en adressant le 21 mars à la ministre une lettre rendue publique et préci- sant la position des démissionnaires sur la question générale des commémorations et sur le cas précis de Maurras. Les auteurs commençaient par rappeler sa décision et l’impossibilité dans laquelle ils se trouvaient de continuer à siéger : « La décision que vous avez prise de retirer le nom de Charles Maurras de la longue liste de faits mémorables établie par notre Haut Comité au titre de l’année 2018 – après l’avoir d’abord ratifiée par une préface élogieuse – et d’interrompre la diffusion du Livre des commémorations nationales nous rend impossible, à notre vif regret, de continuer à siéger dans cette instance. » Les signataires revenaient ensuite sur les enjeux liés aux deux termes « célébrations » et « commémorations » pour rappeler les décisions prises après l’affaire Céline de 2011 où le ministre d’alors, sur la suggestion de membres du Haut Comité, avait substitué le mot de « commémorations » à celui de « Célébrations », ce qui clarifiait définitivement les choses pour les démissionnaires : « Ce changement affiché, explicite, marquait en soi, aux yeux de tous les observateurs de bonne foi, le parti qui était pris par les pouvoirs publics. Il s’agissait d’associer, dans les propositions qui leur seraient Introduction 7 faites, d’une part l’hommage à des personnages et des évé- nements qui justifiaient une fierté collective et, d’autre part, le rappel d’épisodes ou d’acteurs ayant compté dans notre histoire tout en pouvant susciter rétrospectivement réserves, douleur ou indignation au regard des valeurs de la démocratie républicaine. Toute une sensibilité contempo- raine ne nous encourage-t-elle pas à considérer avec lucidité les “pages noires de notre histoire” ? » C’est ensuite que la lettre précisait quelques lignes plus loin les choses sur Maurras : « Au sein de cette liste [celle de l’ensemble des commémorations qui avaient été pro- posées à la ministre], établie à l’unanimité, la présence de Charles Maurras allait de soi, cette personnalité, ennemie de la République, ayant joué dans l’histoire de notre pays un rôle intellectuel et politique considérable, bien au-delà de sa famille de pensée. » Il ne nous appartient pas de commenter les motivations mises en avant par les auteurs de la lettre. Nous ne pouvons en revanche que souscrire à l’importance qu’ils confèrent à Maurras dans l’histoire de la France contemporaine et sur laquelle nous avions insisté dans un entretien paru dans Libération le 2 février 2018. Tout en soulignant que son antisémitisme était « précoce, profond et constant », nous avions aussi souligné que « Maurras était un personnage important et représentatif de l’histoire française2 ». Ce premier acte a été suivi par un autre, de moindre ampleur. Comme les ouvrages majeurs de Maurras n’étaient plus disponibles, les éditions Robert Laffont et la célèbre collection « Bouquins » avaient prévu, de longue date, de rééditer une anthologie des textes de Maurras avec une pré- face de Jean-Christophe Buisson et une présentation par Martin Motte3. De nouveau l’accent s’est porté sur la figure de Maurras et a relancé le débat sur l’opportunité qu’il y aurait (ou non) à rééditer un auteur largement considéré 8 Charles Maurras aujourd’hui sous le seul angle de son pétainisme et plus encore de son antisémitisme4. Cet antisémitisme est incontestable et perdure chez Maurras après la Seconde Guerre mondiale. On en voudra pour preuve les développements consacrés dans Votre bel aujourd’hui à la « question juive ». Venant après la « ques- tion des métèques » ce passage traduit la continuité de la pensée du chef de l’Action française et sa référence à la nécessité d’un « antisémitisme d’État » que n’ont ébran- lées ni la solution finale ni la création de l’État d’Israël : « La question juive ne se confond pas tout à fait avec celle- ci [celle des métèques] bien qu’elle y confine. J’espère que vous n’allez pas crier au pogrom ? Ni au crématoire ? Ni à la castration légale ? Ni aux lois de Mendel ? En pleine occupation nous avons publiquement dit au professeur anthropologue et philoboche Montandon que nous n’étions pas pour la petite sauce raciste de son “antisémitisme de peau”. Il ne s’agit pas de dire Mort aux Juifs qui ont droit à la vie comme toutes les créatures, mais : À bas les juifs parce qu’ils sont montés trop haut chez nous. Notre antisémitisme d’État consiste à leur reprendre et à leur interdire ce qu’ils ont pris de trop, et en premier lieu, la nationalité française, alors qu’ils en ont une et indélébile, et qu’ils gardent toujours en fait. Qu’elle leur suffise donc ! Elle eut ses gloires et vient de récupérer un territoire au Proche-Orient, ce qui pourrait ouvrir à nos Juifs ce substrat territorial qui manque à leur qualité d’étrangers. La justice exige seulement que les Juifs ayant rendu d’importants services de paix ou de guerre au Pays n’en soient pas frustrés. Leur personne a acquis un droit à notre nationalité ; elle doit en jouir à un titre personnel. Mais sont-ils aptes à le transmettre ? Leur tradition et leur esprit ne sont-ils pas trop particuliers dans leur complexité pour rien garantir contre le rôle centrifuge, ou plutôt gallifuge, de leur cerveau ? Chaque génération juive est admise à gagner et à mériter ce beau grade ; on les y convie de bon cœur5.