UNE ANALYSE MEDIAT1QUE D'UNE CONTROVERSE ENVIRONNEMENTALE : LE CAS DU RESTAURANT G1LLIGAN DANS LE PARC PROVINCIAL DE LA PLAGE PARLEE AU N.-B.

THESE PRESENTEE A LA FACULTE DES ETUDES SUPERIEURES ET DE LA RECHERCHE EN VUE DE L'OBTENTION DE LA MAITRJSE EN ETUDES DE L'ENVIRONNEMENT

SEBASTIEN DOIRON

PROGRAMME DE MAITRISE EN ETUDES DE L'ENVIRONNEMENT FACULTE DES ETUDES SUPERIEURES ET DE LA RECHERCHE UNIVERSITE DE MONCTON

JANVIER 2009 Library and Bibliotheque et 1*1 Archives Archives Canada Published Heritage Direction du Branch Patrimoine de I'edition

395 Wellington Street 395, rue Wellington Ottawa ON K1A0N4 Ottawa ON K1A0N4 Canada Canada

Your file Votre reference ISBN: 978-0-494-50668-4 Our file Notre reference ISBN: 978-0-494-50668-4

NOTICE: AVIS: The author has granted a non­ L'auteur a accorde une licence non exclusive exclusive license allowing Library permettant a la Bibliotheque et Archives and Archives Canada to reproduce, Canada de reproduire, publier, archiver, publish, archive, preserve, conserve, sauvegarder, conserver, transmettre au public communicate to the public by par telecommunication ou par Plntemet, prefer, telecommunication or on the Internet, distribuer et vendre des theses partout dans loan, distribute and sell theses le monde, a des fins commerciales ou autres, worldwide, for commercial or non­ sur support microforme, papier, electronique commercial purposes, in microform, et/ou autres formats. paper, electronic and/or any other formats.

The author retains copyright L'auteur conserve la propriete du droit d'auteur ownership and moral rights in et des droits moraux qui protege cette these. this thesis. Neither the thesis Ni la these ni des extraits substantiels de nor substantial extracts from it celle-ci ne doivent etre imprimes ou autrement may be printed or otherwise reproduits sans son autorisation. reproduced without the author's permission.

In compliance with the Canadian Conformement a la loi canadienne Privacy Act some supporting sur la protection de la vie privee, forms may have been removed quelques formulaires secondaires from this thesis. ont ete enleves de cette these.

While these forms may be included Bien que ces formulaires in the document page count, aient inclus dans la pagination, their removal does not represent il n'y aura aucun contenu manquant. any loss of content from the thesis. Canada COMPOSITION DU JURY

President: Yves Gagnon Titulaire de la Chaire K.-C- Irving en developpement durable / Directeur du programme de la Maitrise en etudes de l'environnement Universite de Moncton

Examinateur hors Steve Plante Developpement regional programme : social et territorial Universite du Quebec a Rimouski

Directeur de these Omer Chouinard Departement de sociologie / Maitrise en etudes de l'environnement Universite de Moncton

Co-directeur de these Sebastian Weissenberger TELUQ - Science et technologie Universite du Quebec a

Autre membre du jury : Chedly Belkhodja Departement de science politique Universite de Moncton A Chantal Remerciements

Je tiens a remercier, dans un premier temps, mes directeurs de these, Omer Chouinard et Sebastian Weissenberger, qui m'ont encadre et appuye toute au long de mes etudes a la MEE; ils m'ont apporte une aide inestimable. Je vous manifeste ma reconnaissance pour votre supervision ainsi que vos conseils qui m'ont guide jusqu'a la fin de ce programme. Je veux egalement remercier Marie-Linda Lord de m'avoir aide a mieux comprendre la presse et le travail joumalistique.

Je veux remercier Sylvain de m'avoir encourage a suivre des cours pour me tenir occupe et Andre de m'avoir ecoute parle de la plage Parlee. Je veux egalement remercier toute l'equipe de la Commission Beaubassin pour leur appui constant.

Merci a Mars de m'avoir donne acces aux archives du Pare de la plage Parlee, a Barry qui est toujours la avec les cartes, a Amelie de savoir judicieusement choisir le bon mot, a Ricky d'avoir lu ma these et discute joumalisme avec moi et, finalement, a Maurice de m'avoir encourage a perseverer jusqu'a la fin.

li Abreviations AN - L 'Acadie Noitvelle CAB - Commission d'amenagement Beaubassin CAMEU - Commission d'appel en matiere devaluation el d'urbanisme DSL - District de service local EIE - Etude d'impact environnemental Etoile - L 'Etoile du Sud-Esl, ou L 'Etoile de Shediac GIEC - Groupe intergouvememental d'experts sur 1'evolution du climat LSU - Loi sur I'urbanisme du Nouveau-Brunswick Moniteur - Le Moniteur Acadien SLRNB - « Impacts de Felevation du niveau de la mer et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau-Brunswick » TJ - Telegraph-Journal 7T - Times & Transcript Table des matieres

Remerciements jj Abreviations iii Table des matieres iv Resume vii Introduction 1 Cadre theorique 2

1. L'ENVIRONNEMENTCOMMESUJETMEDIATIQUE 3 2. LA SCIENCE ENVIRONNEMENTALE CONFRONTEE A LA PSEUDO-SCIENCE 4 3. LE GIEC COMME REFERENCE SC1ENTIF1QUE 6 4. LA ZONE COTIERE ET L'INFLUENCE HUMAINE SUR LE DEVELOPPEMENT COTIER 8 Question de recherche 10 Hypothese de travail 10 Revue de la litterature sur le traitement mediatique des questions environnementales 10 Methodologie 15 Chapitre premier 19

HISTORIQUE DU SITE ETUD1E 19 L 'occupation du sol par les Amerindiens 20 L'etablissement des Acadiens jusqu 'a I'incorporation de Shediac 21 La ville de Shediac au temps de la plage Belliveau 23 Le Pare provincial de la plage Parlee 26 Plan directeur 1970 27 Plan directeur 1976 28 Plan directeur 1997 30 Conclusion de I'historique du site etudie 32 SCIENCE ET ZONE COTIERE 33 La science environnementale dans la zone cotiere de la plage Parlee 33 L 'etude « Impacts de I 'elevation du niveau de la mer et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau-Bmnswick » 35 L'elevation de la mer 36 Les ondes de tempetes 37 La modelisation des ondes de tempetes et le systeme de LiDAR 40 L'erosion cotiere 41 Impacts sur 1'ecosysteme 43 Impacts socioeconomiques 44 Strategies d'adaptation 46 L'Association dubassin versant de la baie de Shediac 47 Partenaires et associations 48 Chapitre deux 50

L'ANALYSE MEDIATIQUE DU CORPUS DOCUMENTA1RE 50

iv Le choix des journaux 50 I'identification du corpus documentaire 5/ La frequence de partition et la proximite 53 Autresjournaux 53 Les temps forts de la controverse 54 LE PROFIL, L'ANALYSE ET LES POLITIQUES D'INFORMATION DES JOURNAUX 55 Le Moniteur Acadien 55 L'EtoileduSud-Est 57 L'Acadie Nouvelle 5* Le Times & Transcript 61 Le Telegraph-Journal 64 ANALYSE DES ED1T0R1AUX 66 Le contenu des editoriaux 67 Les positions des journaux telles que presentees dans lews editoriaux 75 Chapitre trois 80

LA NATURE DU TRAITEMENT MEDIATIQUE 80 LES ARGUMENTS ENVIRONNEMENTAUX PRESENTES DANS LES JOURNAUX 83 La nature et l'ecosysteme 83 L'eau 86 Les dunes 87 La plage 88 Les etudes d'impact environnemental 89 LA GOUVERNANCE ET LES INSTITUTIONS 93 Le plan directeur 93 Leselus 94 La Loi sur I'urbanisme (LSU) 97 La Commission d'amenagement Beaubassin (CAB) 99 La saga juridique 101 L' ASPECT SOCIOECONOMIQUE 106 L'economie 107 Le permis d'alcool 107 La privatisation 108 L'opposition 109 La conclusion du debat 110 Conclusion 112

CONCLUSION RELATIVE A L'HYPOTHESE ET AUX OBJECT1FS DE RECHERCHE 112 CONCLUSION RELATIVE A LA NATURE DU TRAITEMENT MEDIATIQUE 113

v Liste des tableaux

TABLEAU 1 L'ENSEMBLE DES ARTICLES TRAITANTDUCASGILLIGAN'S : UN CORPUS DOCUMENTAIRE 52 TABLEAU 2 LE POURCENTAGE D'ARTICLES TRAITANT DU CAS ETUDIE 52 TABLEAU 3 LA FREQUENCE MOYENNE DE PARUTION DES ARTICLES TRAITANT DU CAS ETUDIE 53 TABLEAU 4 LES ARTICLES DU MONITEVR ACADJEN PAR ORDRE DE PRESENTATION, AINSI QUE LE NOMBRE DE PHOTOS 55 TABLEAU 5 LES ARTICLES DE L 'ETOILE DJVISE PAR ORDRE DE PRESENTATION, AINSI QUE LE NOMBRE DE PHOTOS 57 TABLEAU 6 LES ARTICLES DE L'ACADIE NOUVELLE PAR ORDRE DE PRESENTATION DANS LE JOURNAL AINSI QUE LE NOMBRE DE PHOTOS 59 TABLEAU 7 LES ARTICLES DU TIMES & TRANSCRIPT PAR ORDRE DE PRESENTATION DANS LE JOURNAL, AINSI QUE LE NOMBRE DE PHOTOS 63 TABLEAU 8 LES ARTICLES DU TELEGRAPH-JOURNAL PAR ORDRE DE PRESENTATION DANS LE JOURNAL, AINSI QUE LE NOMBRE DE PHOTOS 65 TABLEAU 9 LE NOMBRE DE MENTIONS DANS LES DIFFERENTES SECTIONS DES JOURNAUX A L'ETUDE 66 TABLEAU 10 LE NOMBRE D'EDITORIAUX PAR JOURNAUX DANS L'ENSEMBLE DU CORPUS DOCUMENTAIRE. 67 TABLEAU 11 ORDRE CHRONOLOGIQUE DES EDITORIAUX ETUDIES, PARUS EN 2005 70 TABLEAU 12 TABLEAU DES TROIS GRANDS THEMES PRESENTS DANS LE CORPUS DOCUMENTAIRE 82 TABLEAU 13 UNECHRONOLOGIE DES PERMISET DES APPELS 101

Liste des figures

FIGURE l PHOTO DE LEBLANC ET LEGER, P. 89,2003 25 FIGURE 2 PHOTO DE LEBLANC ET LEGER, P. 91, 2003 26 FIGURE 3 CARTE DE L'ELEVATION RELATIVE DU NIVEAU DE LA MER DANS LA REGION DES MARJTIMES 34 FIGURE 4. RISQUE D'INONDATIONS DES PROPRIETES, NIVEAU D'EAU A 3,0 M AU-DESSUS DU ZERO DU MAN, STRUCTURES EXISTANTES 37 FIGURE 5 SCENARIO D'INONDATION A POINTE-DU-CHENE LE 21 JANVIER 2000, AVEC UN NIVEAU D'EAU DE 2,55 M (MAN). (ENVIRONNEMENT CANADA [2004]) 39 FIGURE 6 LES TROIS GRANDS THEMES RETROUVES DANS LES ARTICLES ETUDIES, ET LEURS SOUS-THEMES. 81

Listes des annexes

ANNEXE 1 CARTE DU DISTRICT DE LA CAB 121 ANNEXE 2 CARTE DU PLAN DIRECTEUR DE 1997 122 ANNEXE 3 LE MON1TEUR ACAD1EN 123 ANNEXE 4 L'ETOILE DUSUD-EST 127 ANNEXE 5 VACADIE NOUVELLE 130 ANNEXE 6 LE TIMES <& TRANSCRIPT 133 ANNEXE 7 LE TELEGRAPH-JOURNAL 136 ANNEXE 8 ZONE DE « PRESERVATION DE L'ENVIRONNEMENT » 138 ANNEXE 9 CARTE DE LA DISTANCE ENTRE LE RESTAURANT ET LA DUNE 141

VI Resume

Cette etude porte sur la controverse qui a entoure la construction du restaurant Gilligan's dans le Pare provincial de la plage Parlee, situe pres des limites de la ville de Shediac dans le district local de Pointe-du-Chene, au Nouveau-Brunswick. Ce restaurant fut erige en 1999 par des promoteurs prives dans un contexte politique particulier, e'est- a-dire alors que le gouvernement de Pepoque voulait creer des partenariats avec des investisseurs prives pour stimuler Pactivite touristique. La decision d'emettre un permis de construction fut portee en appel et les opposants au projet ont obtenu gain de cause devant la Commission provinciale d'appel en matiere d'urbanisme. Cette Commission a juge, en 2000, que le restaurant etait situe dans une zone environnementale qui ne permettait pas ce genre d'amenagement. C'est le debut d'une controverse qui fera couler beaucoup d'encre dans les journaux. La situation ne fut pas resolue par la decision de la Commission d'appel en matiere devaluation et d'urbanisme, car Pautorite locale en matiere d'urbanisme, en l'occurrence la Commission d'amenagement Beaubassin, a emis des permis pour 1'usage du batiment afin que les proprietaires puissent continuer a exploiter le restaurant. Ce cas a cree des divisions dans les communautes entourant le Pare provincial de la plage Parlee.

Les decisions d'emettre des permis ont ete portees en appel a sept reprises entre 1999 et 2005. L'autorite locale d'amenagement a perdu ces appels et le restaurant Gilligan's a pu continuer ses operations grace a une serie de permis qui furent finalement tous revoques. En 2005, le gouvemement provincial a achete le restaurant a la compagnie privee qui l'exploitait. Cet achat a eu pour effet de legaliser Pamenagement du pare, car la province du Nouveau Brunswick n'a pas besoin de suivre les lois regionales d'urbanisme, notamment celles se rapportant au zonage.

vi i Introduction

Cette these abordera la facon donl a ete presentee par les medias la controverse environnementale du Pare provincial de la plage Parlee. Quelle place et quel traitement la presse a-t-elle donne aux multiples acteurs de cette controverse, survenue dans un contexte geographique local donne? Nous chercherons a analyser comment le sujet a ete presente par les joumaux et quelle importance a ete accordee au probleme environnemental, dans un contexte n'ayant aucun porte-parole identifie a l'environriement. L'approche choisie, soit l'etude de cas telle que proposee par Yin (2003), est de voir comment la question environnementale a ete mediatisee en utilisant les articles de journaux comme corpus d'analyse. Cette methode, qui allie les approches qualitative et quantitative, est utilisee dans plusieurs contextes differents. Soulignons la publication recente de plusieurs ouvrages qui proposent des analyses de grande envergure a partir d'etude de cas, comme Climate change and journalistic norms: A case-study of US mass-media coverage, des auteurs Maxwell Boykoff et Jules Boykoff, publie en 2007. L'analyse de la couverture journalistique du rechauffement climatique est un sujet important etant donne 1'impact de cette couverture sur le debat environnemental. Nous verrons ulterieurement comment Pinformation scientifique environnementale n'est pas toujours bien expliquee ni transmise dans les journaux. Nous privilegions l'utilisation des articles de journaux en nous appuyant sur Wang qui explique : « Given the transitory nature of media texts, print news media is a realistic, reliable, and useful source of data » (Wang, 2005, p. 288). La fiabilite du corpus documentaire de la presse ecrite nous aidera a comprendre comment les journaux ont faconne la perception environnementale des lecteurs dans le cas du restaurant Gilligan's.

Au moyen d'une etude de cas, nous voulons comprendre comment la presse a demontre la vulnerabilite du territoire afin de renseigner la population sur les enjeux environnementaux lies au developpement de ce secteur. Cette question est importante car il existe un paradoxe important au niveau de la valeur reelle des terrains situes dans une zone cotiere. D'une part, les terrains vulnerables aux forces de la nature vont etre erodes ou inondes par les effets lies a Pelevation de la mer. D'autre part, ils seront vendus a des prix eleves comparativement aux terrains situes a l'interieur des terres, vu la demande. La population du Nouveau-Brunswick n'est en effet pas differente de celle du reste de l'Amerique du Nord : la majorite de la population tend a vivre au bord de la mer (Politique cotiere, 2002, p. 2). Qui plus est, le pourcentage de gens vivant pres de la mer est a la hausse. « By 2025 it is believed that almost 75% of the U.S. population will be living by the coast » (Hinrichsen, 1999, cite par Beatly, 2002, p. 53).

Ce mouvement demographique suppose le developpement des zones cotieres pour accommoder la population, ce qui implique la participation des organismes responsables de ce developpement. Les problemes associes a la reglementation qui en decoule presentent un defi de taille. Elle implique des employes de differents ministeres federaux et provinciaux ainsi que les autorites regionales, telles les commissions d'amenagement du territoire, dans 1'emission de permis. La multitude d'intervenants rend complexe l'amenagement cotier. Cette complexite est exacerbee par une comprehension defaillante et incomplete des enjeux environnementaux par la societe en general. La situation est done propice aux controverses. Cependant, si la population parvenait a mieux comprendre les problemes lies a la complexite du developpement cotier et a l'environnement, elle pourrait proposer des solutions appropriees qui respecteraient les objectifs du developpement durable.

Cadre theorique

L'approche inductive au moyen de 1'etude de cas simple (Yin, 2003) ne necessite pas de cadre theorique specifique, mais requiert une bonne revue de la litterature du sujet afin de pouvoir utiliser les concepts utiles a la comprehension de Pobjet d'erude. De plus, « Dans le contexte d'une demarche inductive, l'elaboration de la problematique ... se realise dans la formulation iterative de questions a partir du sens donne a une situation concrete.)) (Chevrier, 2006, p. 70). Des concepts provenant des donnees du corpus documentaire seront analyses avec ceux qui sont ressortis de la revue de la litterature. Cette demarche sera utile dans la comprehension du cas et permettra d'affinner ou d'infirmer l'hypothese de ce travail.

2 Les quatre sections qui suivenl peuvent etre qualifiers de cadre theorique. Elles permettront d'aborder le sujet d'une facon globale, c'est-a-dire de verifier rimportance de 1'impact des medias aupres de la population lors de leur transmission ou non des enjeux environnementaux.

1. L'environnement com me sujet mediatique

L'environnement et le rechauffement climatique sont aujourd'hui tres presents dans les medias (radio, television, journaux, internet) ainsi que dans la culture populaire (film, musique, livres). Des prix prestigieux ont egalement contribue a cette mediatisation. Ainsi, le prix Nobel de la paix 2007 a ete remis conjointement aux scientifiques du Groupe intergouvernemental d'experts sur revolution du climat (GIEC), ainsi qu'a l'ancien vice-president americain Al Gore, recompense pour sa lutte contre le rechauffement planetaire, lutte qui s'est traduite en un film, Une verite qui derange, un livre du meme titre et de nombreuses conferences prononcees a 1'intemational.

L'importance du sujet est maintenant incontestable; l'environnement et les ressources naturelles ne sont pas une ressource infinie et les problemes lies a leur utilisation inquietent le grand public qui tente de s'informer de plus en plus au sujet des defis environnementaux auxquels il fait face. Al Gore a repondu a une joumaliste du magazine Rolling Stone qui lui posait la question a savoir quels etaient les enjeux principaux aux Etats-Unis dans les prochains vingt ans : « It is a mistake to think of the climate crisis as one in a list of issues that will define our future. It is the issue » (Wenner, 2007, p. 55). Al Gore poursuit en disant que tous les autres defis americains et globaux devraient etre consideres sous un angle environnemental.

Le role capital des journalistes dans le domaine environnemental est d'informer la population afin que les enjeux ecologiques soient consideres, et ce au meme titre que les enjeux sociaux et economiques. L'importance des medias ne peut pas etre sous estimee

3 comme vecteur de changemenl d'opinion publique. « Les medias exercenl un role politique, c'est-a-dire que leur action influence revolution des rapports de force en societe » (Gingras, 2006, p. 53). La majorite de la population recoit done des medias ecrits ou electroniques son information concernant l'environnement. « Research has shown that newspapers are the public's primary source of information on topics pertaining to the environment »(Wakefield & Elliot, cites par Jensen & McLellan, 2005, p. 1). L'information peut aider la population a faire des choix ecologiques eclaires. On peut egalement dire que l'information recue par les joumaux sert a eduquer le public.

Assogba (2005), qui reprend Goffin (2001), explique ainsi le role des medias d'information :

Ce sont des acteurs de premiere importance dans la mesure ou ils foumissent, tirees de l'actualite, des informations necessaires aux actions educatives. Bien que leurs presentations habituelles soient marquees tres souvent par des effets de dramatisation (et parfois de catastrophisme) et privilegiant les aspects conflictuels, elles proposent quelques-fois des analyses de type scientifique utilisables comme materiel de base pour l'education relative a l'environnement (Assogba, 2005, p. 14).

II faut mentionner ici que l'education scientifique a l'environnement par l'entremise des medias est souhaitable quand le message est campe dans la science veritable. L'auteur de 1'article doit clairement presenter les sources utilisees pour avancer ses propos. Des exemples d'articles parus dans les joumaux pouvant nuire a la comprehension reelle des enjeux globaux seront presenter ulterieurement et feront l'objet d'une discussion a la lumiere de l'information scientifique environnementale.

2. La science environnementale confronted a la pseudo-science

L'existence de doutes vis-a-vis la science environnementale, qui s'interesse au rechauffement climatique ou a l'elevation de la mer, est souvent evoquee par des non- specialistes qui ont lu dans les medias des resultats de recherches pseudo-scientifiques. La dissimulation des propos des scientifiques qui remettent en cause les changements climatiques sert bien les interets economiques de plusieurs grandes entreprises, surtout

4 celles qui oeuvrenl dans le domaine energetique. L'article de S. Weissenberger, Les changements climatiques : y a-t-il vraiment un debat ?, demontre les liens etroits entre le financemenl de certains think tanks, tels le Fraser Institute, le Cato Institute et le Marshall Institute, et les resultats des recherches qui sont publies dans des livres, journaux ou rapports, mais non dans des revues scientifiques. « Leur etude, financee en partie par le American Petroleum Institute, tentait de demontrer que notre siecle n'est pas le plus chaud du millenaire »(Weissenberger, 2005, p. 3).

Ces groupes d'interets nient la realite du rechauffement accelere du climat. Par exemple, P emergence de certains groupes en faveur de l'utilisation du tabac demontre tres bien ces propos. Le groupe The Advancement of Sound Science Coalition, finance par la compagnie de tabac Phillips Moms, a une ligne d'action precise : « A Phillip Morris strategy document calculated that the scientific [credibility] of EPA (Environmental Protection Agency) is defeatable, but not on the basis of environmental tobacco smoke alone » (Farland, Hushka, Small, & Solomon, 2005, p. 44).

Cela est un exemple concret du recours, par de grandes entreprises, a de « pseudo- chercheurs » dans le but de transmettre un message contraire a celui de la science veritable; ainsi on renforce les incertitudes pour semer la confusion. L'idee de la coalition de Sound Science est de faire la disinformation pour semer le doute dans Pesprit du public sur des theses scientifiques generalement reconnues, et de travailler comme outil de propagande au profit de grandes compagnies privees. L'auteur danois Bjom Lomborg, un politicologue ayant une expertise en statistiques, a ecrit un livre intitule The Skeptical Environmentalist, publie en 2001 aux Cambridge University Press, qui a suscite une reaction phenomenale. Le livre de Lomborg etait une critique generate des donnees avancees par des environnementalistes a Pegard des changements climatiques, la surpopulation, Penergie, la deforestation, la perte de biodiversite et les problemes lies au manque d'eau. Lomborg affirmait que certaines evaluations des donnees environnementales etaient exagerees par les environnementalistes pour faire avancer leur cause. Ce livre fut denonce dans plusieurs revues scientifiques, notamment dans le Scientific American de Janvier 2002. La communaute scientifique internationale,

5 donl John P. Holdren, professeur de politique environnementale a la Harvard University, a demontre dans des publications subsequentes les deficiences de ce livre. II faut noter qu'une des raisons principales du grand nombre d'opposants a ce livre est le fait que les propos de Lomborg furent mediatises et cites par un certain nombre de politiciens qui s'opposent a la mise en place de politiques environnementales qui vont dans I'interet general du public.

3. Le GIEC comme reference scientifique

A la lumiere de ces exemples sur la disinformation scientifique des problemes environnementaux dans differents medias, il faut maintenant presenter nos references scientifiques et s'assurer qu'elles sont fiables afin de construire une base solide pour developper notre recherche. Une tres grande proportion des ouvrages environnementaux fait reference au Groupe d'experts intergouvememental sur 1'evolution du climat (GIEC). Ce groupe fut cree a la demande des pays du G7 en 1988 par deux organismes de FONU, soient l'Organisation meteorologique mondiale et le Programme des Nations Unies pour l'environnement. La composition des chercheurs travaillant pour le GIEC est d'envergure intemationale; ce sont des experts de divers domaines accredites par leurs gouvemements respectifs, dont les publications sont arbitrees par les pairs. Les scientifiques travaillant pour le GIEC ont la tache d'analyser et de synthetiser toute recherche produite qui s'interesse aux changements climatiques pour en tirer des rapports credibles. Ce groupe n'est pas un laboratoire de recherche mais plutot un groupe de scientifiques a l'echelle planetaire evaluant l'etat de la science, des technologies et des considerations socioeconomiques relatives au rechauffement climatique du aux activites humaines. Le quatrieme rapport du GIEC fut publie en 2007.

Le processus lie au devoilement d'un rapport est tres exigeant. La revision d'un tel document doit avoir ete terminee au moins une annee, voire souvent deux, avant sa publication pour respecter l'echeancier et recevoir toutes les approbations necessaires. Cela veut dire que les donnees contenues dans ce rapport n'incluent pas les demieres recherches; il s'agit d'un domaine ou la comprehension scientifique progresse

6 rapidement. Apres les verifications, realisees par de nombreux scientifiques, les 192 pays membres du GIEC doivent dormer leur appui au rapport.

Le grand nombre de scientifiques impliques et le processus rigoureux menant a la production des rapports assurent une integrite scientifique communement acceptee comme des faits. Cependant, l'une des critiques les plus persistantes concernant ces rapports reste que les estimations ou projections avancees sont juges conservatrices. Selon certains scientifiques, les enonces du G1EC seraient conservateurs parce qu'ils doivent presenter des consensus. Ainsi, le troisieme rapport avancait timidement : « In the light of new evidence and taking into account the remaining uncertainties, most of the observed warming over the last 50 years is likely to have been due to the increase in greenhouse gas concentrations » (GIEC, 2001, p. 10).

Les rapports du GIEC, bien qu'ils decoulent de compromis et de consensus, representent tout de meme Pautorite principale dans le domaine du rechauffement global. On peut d'ailleurs avancer qu'ils sont constructs sur le principe de precaution pour assurer qu'on ne puisse pas contester leur fondement scientifique. Le rapport de 2007 relate ainsi que le rechauffement planetaire est une certitude et qu'il est grandement du aux impacts des activates humaines. Ce rechauffement de cause anthropogenique contribue a Pelevation du niveau dela mer et depend de l'utilisation des sources d'energie fossile, qui sont toujours a la hausse au Canada. Le quatrieme rapport indique quant a lui que Pelevation de la mer atteindra probablement entre 18 a 59 cm pendant ce siecle. II indique egalement que la hausse moyenne annuelle du niveau de la mer de 1961 a 2003 etait de 1,8 mm tandis que la moyenne entre 1993 et 2003 etait de 3,1 mm. Le rapport indique que les scientifiques ne sont pas certains si Pelevation de la derniere decennie est une nouvelle tendance qui va se poursuivre ou simplement une variance.

On peut toujours interpreter ces declarations sous Pangle du principe de precaution. Soulignons que « [the] Chairman of the Artie Climate Change Impact Assessment, Robert Corell, said before the IPCC's [le GIEC] first report for 2007 was

7 released in February that any prediction in sea-level rise of less than a meter would not be a fair reflection of what we know » (Pearce, 2007, cite par Spratt, 2007, p. 10). Le rapport du G1EC (2007) affirme que les gaz a effet de serre vont continuer a contribuer au rechauffement climatique et a 1'elevation du niveau de la mer pendant les prochains siecles, et ce meme si on arrivait a stabiliser les emissions, car les changements deja en cours sont associes au processus climatique et ses retroactions. L'acrualite fait cependant preuve que nous sommes tres loin de stabiliser nos emissions de carbone au niveau global et national. Le sommet de Bali, qui devait preparer l'apres Kyoto en 2012 et contribuer a la reglementation des emissions de gaz a effet de serre, a eu lieu en novembre 2007, mais n'a pas donne les resultats souhaites par la majorite des pays. Un accord fut signe, mais plusieurs objectifs projetes lors de la demiere rencontre n'ont pas ete atteints. Malgre les succes diplomatiques de la conference de Bali, on peut voir que les emissions sont toujours a la hausse et vont contribuer a l'acceleration du rechauffement climatique.

A cause du rechauffement climatique, qui est responsable de l'expansion thermique de la mer et de la fonte des glaces terrestres, le niveau moyen de la mer mondial devrait s'elever de quelques decimetres au cours du siecle actuel, ce qui correspond a une acceleration des taux historiques d'elevation du niveau de la mer (augmentation du niveau d'eau par rapport a des points fixes du littoral) au Canada atlantique (Environnement Canada, 2006, p. 3).

4. La zone cotiere et 1'influence humaine sur le developpement cotier

La zone cotiere est un milieu dynamique qui bouge et se transforme au fils des saisons. Une zone cotiere n'ayant aucune pression humaine va maintenir un equilibre ecosystemique: « [...] if left alone, natural mechanisms maintain an equilibrium between living things and the natural environment » (Beatly, Brower, Schwab, 2002, p. 3). C'est un milieu offrant aux populations vivant a proximite de la zone cotiere une protection contre les intemperies de l'ocean, comme les tempetes, le vent et les hautes marees. Cependant plusieurs regions cotieres ayant de grandes populations n'ont plus les benefices offerts par la plage, les dunes et les falaises rocheuses, et ce en raison du developpement immobilier sur la cote, qui reste cependant d'une grande importance

8 socioeconomique pour les populations vivant a proximite de la mer ou de I'ocean. L'evolution naturelle de l'erosion sur la cote est acceleree par une elevation de la mer due au rechauffement climatique de la planete qui est, tel qu'indique auparavant, lie a la production des gaz a effet de serre. Ce phenomene qui fait reculer la zone cotiere met en peril un environnement tres important, et touche differents acteurs, tels que les proprietaries de terrains et les gouvemements, qui y ont fait amenager des infrastructures. Ce recul naturel accelere entre en effet souvent en contradiction avec les comportements des populations qui habitent ce milieu; les choix d'amenagement dans un territoire vulnerable deviennent done des enjeux tres importants pour les populations locales.

Les effets cumulatifs de l'activite humaine exercee sur la zone cotiere detruisent ou encore fragilisent 1'environnement cotier. Par la suite, les batiments et les infrastructures sont a risque face au recul naturel de la cote et aux evenements extremes des elements naturels tels le vent, les tempetes, les ondes de tempetes et de l'erosion. « As more projects are permitted in the coastal region and more are concentrated in popular and economically profitable locations, the cumulative impacts will undoubtedly grow » (Beatly et al., 2002, p. 6).

Les problemes lies au developpement cotier et aux effets lies a 1'elevation de la mer sont d'une portee globale. « More than 800,000 new housing units are built each year. Much of this is happening in scattered, wasteful patterns of sprawl, with loss of forests, wetlands, and other natural lands » (Beatly et al., 2002, p. 5). Ces chiffres datent de quelques annees et ont ete compiles aux Etats-Unis, mais la tendance est la meme au Canada. La valeur economique des proprietes situees en zone cotiere demeure tres elevee au Nouveau-Brunswick, malgre leur position vulnerable face aux effets decoulant du rechauffement climatique. A l'echelle de la province, 60 % de la population vit a moins de 50 kilometres des cotes (Nouveau-Brunswick, 2002, p.2). Avec une croissance demographique de 6,5 %, le Grand Moncton est la seule Region metropolitaine de recensement (RMR) des provinces de I'Atlantique a avoir connu une hausse de sa population superieure a la moyenne nationale de 5,4 %. (Canada, 2007). La densification en amenagement dans les zones cotieres ne semble pas etre passee inapercue par le

9 gouvemement canadien qui a investi une soimne financiere tres importante et mobilise plusieurs special istes pour produire une etude approfondie intitulee Impacts de I'elevation de la mer et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-esl du Nouveau-Brunswick. Cette etude sur Petal de la zone cotiere du sud-est du Nouveau- Brunswick va nous permettre d'examiner les enjeux environnementaux specifiques a notre region d'etude.

Question de recherche

La question de recherche de cette these se pose comme suit: « Quelle a ete la nature du traitement mediatique dans 1'affaire du restaurant Gilligan's du Pare provincial de la plage Parlee? »

Hypothese de travail

La couverture joumalistique d'une controverse environnementale locale ne reussit pas a transmettre les enjeux globaux de la science environnementale pour ainsi ameliorer la comprehension du sujet en question.

Revue de la litterature sur le traitement mediatique des questions environnementales

La revue de litterature reprend une partie des lectures necessaires a la redaction de cette these et est essentielle puisqu'elle permettra de presenter les theories et concepts applicables au cas a P etude. Cette revue portera sur le journalisme et, plus precisement, sur Panalyse mediatique lors de controverses environnementales, notamment sur la presentation des acteurs du cas et des differents elements scientifiques le concemant. II s'agira aussi de prendre en compte la litterature portant sur la gouvemance en amenagement et en developpement du territoire.

10 II est important de noter les limites joumalistiques dans un cas rural a petite echelle comparativement a un evenement national qui mobiliserait plusieurs joumalistes et de multiples agences mediatiques. La construction du restaurant Gilligan's n'est pas une catastrophe environnementale comparable aux cas de petroliers echoues dont la cargaison se deverse dans la mer ou encore a un accident nucleaire. Ce sont des joumalistes locaux qui presenteront le cas Gilligan's et il sera interessant de se pencher sur la proximite geographique des joumalistes representant les differents joumaux pour mieux juger de l'impact de cette influence sur la couverture presentee.

Un critere important de l'analyse joumalistique est 1'attention accordee au suivi de la nouvelle. Ainsi, nous examinerons si un seul journaliste a suivi le dossier Gilligan's ou si plusieurs joumalistes ont couvert le developpement du cas. II existe des problemes lies a la continuite quand un journal affecte differents joumalistes au meme cas. Cependant, cela peut egalement souligner l'interet du journal pour l'evenement.

L'analyse des articles, selon Wang (2005), consiste a examiner la hierarchie des articles dans le journal, c'est-a-dire leur situation dans l'ensemble du journal : est-il en premiere page ou non, et si non, ou a-t-il ete place? Wang souligne aussi 1'importance d'examiner le message dans les titres et de compter la frequence des couvertures de l'evenement, en plus de verifier a quel moment de la controverse se situent ces couvertures. La longue duree du cas Gilligan rend necessaire de tenir compte, lors de l'examen de la couverture, du concept du cycle naturel de l'interet du public pour le cas, puisque ce dernier peut changer. « This concept is related to the assumption that ideas have a natural life-cycle leading them from initial public interest to peak awareness, then saturation, and eventually to their fall from fashion (Fig. 1) » (Bene, 2005, p. 596). Bene avance qu'un cas sera traite un peu differemment une fois qu'il a fini son cycle naturel, meme si la controverse etait relancee. Comme le cas Gilligan's a paru dans les joumaux pendant neuf annees, il sera utile d'examiner la couverture mediatique de cette controverse pour l'ensemble de cette periode.

11 Le corpus documentaire sera assujetti a une analyse thematique telle que presentee dans la methodologie; nous pourrons ensuite voir comment l'approche d'Ohkura s'appliquera dans notre etude. II s'agira de determiner quel role a joue la presse pendant la couverture mediatique de I'evenement, en 1'occurrence le cas Gilligan's. Y a-t-elle tenu un role de spectateur qui relate simplement le processus sans porter d'opinion; de chien de garde qui tente d'avertir les lecteurs en les informant du danger potentiel lies au projet de developpement; ou de serviteur de 1'Etat, en proposant des articles qui donnent un aspect positif au projet avance par le gouvemement (Ohkura, 2003, p. 3)? Cette approche du traitement mediatique est utile dans un premier temps pour aider a comprendre la perception de I'evenement mediatique vehiculee au sein de la societe. II s'agit d'une demarche utilisee pour effectuer une premiere analyse des articles traitant le phenomene du Gilligan's.

L'information etant une source de pouvoir, la transparence est vitale pour que tous les acteurs puissent comprendre les enjeux des £venements relates, particulierement lorsqu'ils concement l'Etat et les acteurs publiques (Wang, 2005, p. 278). La transparence mediatique telle que decrite par Wang etablit la relation entre les evenements reels du cas et la couverture mediatique qui a suivi. Cette notion sera utile dans l'examen des procedures vis-a-vis les lois; on pourra noter si les journaux ont choisi de presenter tous les aspects du cas.

Selon l'approche proposee par Ohkura, l'un des roles du joumalisme serait celui de faire office de chien de garde pour assurer a la population une couverture joumalistique qui donne une perspective educationnelle des enjeux environnementaux scientifiques. Les articles mentionnent-ils les differentes positions des differents partis ainsi que toutes les politiques en vigueur? Les arguments scientifiques concemant les enjeux environnementaux sont-ils evoques pour justifier la position des developpeurs ou celle des opposants au projet? La presse n'est cependant pas souvent en mesure d'assumer ce role de chien de garde, puisque : « the press seemed unable to determine what was scientifically right or wrong » (Ohkura, 2003, p. 7).

12 C'est ici qu'entre en jeu I'approche scientifique dans I'analyse mediatique de la controverse environnementale. La litterature sur la science environnementale et les controverses scientifiques seront done abordees dans ce texte. Notre travail en tiendra compte dans I'examen scientifique du corpus documentaire retenu pour I'analyse du cas Gilligan's. En ce sens, la conclusion de la these de maitrise en environnement de Jacques Giguere, qui portait sur « le message oublie »(Giguere, 1998), nous sera utile. II y explique la difficulte qu'ont les joumalistes a transmettre le message scientifique dans le message mediatique lors de controverses environnementales (J. Giguere, communication personnelle, 10 decembre 2006).

La question de la science environnementale a-t-elle ete abordee dans les articles relatant la saga de 1'infrastructure du restaurant Gilligan's? Celui-ci est d'ailleurs toujours percu comme l'instigateur d'une controverse environnementale qui se poursuit, et ce, parce qu'il est construit dans une zone vulnerable nommee « preservation de 1'environnement » selon les cartes de la Commission d'amenagement Beaubassin (CAB). De plus, le restaurant a ete achete par un gouvemement qui, alors qu'il formait l'opposition, s'etait prononce contre sa construction, mais qui, une fois elu, l'a approuvee. Les controverses environnementales entrainent generalement differents acteurs dans le debat, et la tendance generalisee est d'utiliser des elements scientifiques pour legitimer ses positions. « Mais, en univers controverse, les controverses scientifiques alimentent ou rejoignent des controverses sociales, car elles touchent a des interets qui ont une dimension politique ou qui mettent en jeu des responsabilites collectives »(Godard, 1999, p. 40).

Le texte de Margarita Alario et Micheal Brun Uncertainty and Controversy in the Science and Ethics of Environmental Policy Making avance que la science est souvent utilisee pour determiner les politiques publiques, mais que, lors de controverses environnementales, la diplomatic est a privilegier pour arriver a une solution entre les parties en cause. Ainsi, nous voyons qu'il faut prioriser la participation publique dans le processus decisionnel ainsi que la connaissance des enjeux de pouvoir afin de ne pas laisser un discours purement scientifique dominer le processus decisionnel. « It is

13 concluded that actors in the controversy need to address explicitly value judgments and beliefs that go beyond scientific information » (Bengtsson & Tillman, 2004, p. 65).

Le concept d'environnementalisme civique utilise par l'auteur Judith Layzer (2002) provient du principe que les decisions environnementales menant a l'amenagement des terres auraient avantage a etre prises localement. Cela permettrait une participation publique impliquant les acteurs locaux (« stakeholders »), sous la juridiction provinciale ou federale. Ce concept devrait mener a de meilleures solutions pour le developpement durable et un meilleur consensus au sein de la population, selon Layzer. 11 faudra examiner le contexte de la participation publique dans notre cas. Cela est defini dans la Loi sur l'urbanisme (LSU). De plus, il faudra egalement determiner si c'est un pretext e environnemental qui a reuni differents acteurs dans leur opposition a la construction du restaurant. « Ainsi les groupes exclus, pour quelques motifs que ce soit, de ce Ton pourrait nommer une "geographicite sociale" mettent en place des strategies d'appropriation en instrumentalisant des situations de desequilibre socioculturel a leur propre dessein » (Velasco-Graciet, 2002, p. 70). Pour contrer ce probleme, Sarewitz (2004) suggerait une approche ouverte aux valeurs societales et a la science politique afin que ces derniers ne puissent pas se cacher derriere des incertitudes de la science.

L'implication politique de differents acteurs du cas Gilligan's va etre importante pour la comprehension de revolution du cas etudie et nous allons voir jusqu'a quel point les articles des joumaux retenus vont le relater. Le gouvemement est implique au debut de cette controverse par le fait que le restaurant a ete amenage sur un terrain de la couronne. C'est une initiative gouvernementale qui est a l'origine d'une construction commerciale dans une zone environnementale du pare de la plage Parlee.

II faudra voir ici quels acteurs, quels ministeres et quelles lois sont mentionnes dans les textes journalistiques qui portant sur cette controverse. Le role de la province en matiere de reglementation au niveau de l'amenagement, en vertu de la Loi sur l'assainissement de l'environnement, de la Loi sur 1'assainissement de l'eau ainsi que de la Loi sur l'urbanisme et la politique cotiere (2002) devra etre examine afin de voir si les

14 lois ont ete respeclees. Les exigences concemant I'emission d'un permis de construction vont figurer au premier plan. 11 faudra ensuite analyser le role de l'autorite locale en matiere d'amenagement, soit la Commission d'amenagement Beaubassin (CAB), afin de voir comment les reglements relatifs a remission de permis ont ete suivis, ainsi que les differents elements necessaires pouvant determiner la validite d'une demande d'amenagement, tels le lotissement ou le zonage.

Le concept d'obstacle a la bonne gouvemance par les institutions politiques, propose par Hasan (2005), sera egalement utile et permettra d'examiner Pintervention politique dans la controverse, entre autres pour comprendre a quels paliers gouvemementaux les decisions ont ete prises. Le cas etudie, celui du restaurant Gilligan's, s'est rendu devant les tribunaux, notamment devant la Cour du banc de la reine, pour determiner la legalite du permis octroye. « The dependence of district governments and town councils on federal government funds makes them ineffective in challenging or disagreeing with programs and projects that adversely affect their constituencies » (Hasan, 2005, p. 141). La transparence du processus decisionnel devrait pouvoir etre examinee paT l'analyse des articles de joumaux. En effet, si le role de spectateur tel que decrit par Ohkura (2003) fut celui qu'a principalement adopte la presse pour la couverture joumalistique de ce cas, nous devrions pouvoir y lire les etapes legales suivies dans remission du permis afin de voir quelle reglementation aurait du etre suivie.

La revue de litterature va servir a degager des approches et des concepts utiles pour l'analyse des resultats emanant de la methode dont le corpus documentaire a ete choisi. On verra 1'application de certains de ces approches et concepts dans le deuxieme et le troisieme chapitre, ainsi que dans la conclusion de cette etude.

Methodologie

La methodologie utilisee dans cette these preconise 1'etude de cas comme strategic de recherche, tel que presente par Yin. II s'agit d'une methodologie similaire a

15 celle utilisee par I'approche historienne, a laquelle sonl cependant adjointes deux nouvelles sources que I'historien n'utilise pas, soit Pobservation directe et les entrevues. (Yin, 2003, p.8)

La premiere source documentaire examinee dans P elaboration de cette these fut les medias, plus precisement les joumaux. De plus, les principales legislations gouvemementales du Ministere de l'environnement du Nouveau-Brunswick et en particulier la Loi sur l'urbanisme ont due etre consultees a plusieurs reprises. Une bonne comprehension de la LSI) est necessaire afin de situer les enjeux legaux des permis emis pour l'amenagement du restaurant Gilligan.

Etant donne sa proximite, l'auteur de cette etude a pu effectuer plusieurs visites sur le terrain, ce qui a permis, par une observation directe, de mieux apprehender Penvironnement du cas etudie. Cette dimension importante a servi a traiter le cas avec plus de precision, notamment en ce qui concerne la mesure de la distance entre l'amenagement du restaurant Gilligan et la dune, ainsi que Pobservation d'autres elements relatifs a Pecosysteme cotier. La connaissance du milieu a permis de situer certains chalets et maisons appartenant a des acteurs du cas, surtout des opposants a la construction du restaurant Gilligan. Ces informations sont pertinentes quand on reconnait que l'amenagement du complexe bloque une partie de la vue de ces habitations sur la mer, la proximite etant telle que la musique du restaurant peut aussi y etre entendue. La connaissance de ces elements aide a la comprehension des propos avances par les opposants dans les joumaux.

Une autre source a avoir ete utilisee dans cette etude, en plus des documents ecrits et Pobservation directe, sont les entrevues. Elles ont toutes ete faites informellement, certaines a plusieurs reprises. L'auteur de cette etude est employe a la CAB depuis 2003, et cette date correspond au milieu de la controverse du restaurant Gilligan. L'auteur a rencontre la majorite des acteurs mentionnes dans cette these au bureau de la CAB, sauf la plus part des elus du gouvernement provincial. Ces rencontres ont determine en bonne partie la raison d'etre de la these, car cette controverse a

16 provoque un grand debat, au cours duquel se sonl opposes plusieurs opinions differentes. Nous avons eu plusieurs entrevues informelles relatives a 1'amenagemenl du complexe Gilligan, dont avec des gens qui ne s'en informaienl que par le biais des joumaux. L'importance des medias dans cette controverse a amene l'auteur a vouloir examiner le cas par le biais des journaux.

Nous avons choisi de faire une etude de cas en utilisant une strategic, qui consistait a faire une analyse mediatique de la couverture joumalistique.

Comme le cas etudie est typiquement de nature assez limitee, on n'hesitera pas a examiner differentes sources d'information, y compris des personnes, des journaux ou des registres. L'examen de ces sources exigera des instruments de recherche adaptes et done, probablement, plusieurs methodologies. Pour cette raison, on s'entend generalement pour dire que l'etude de cas n'est pas une methode en soi. On dira plutot que e'est une approche ou une strategic methodologique faisant appel a plusieurs methodes (Roy, 2006, p. 161 -162).

Le premier chapitre de cette etude est de nature historique et scientifique; il servira de toile de fond pour contexrualiser l'evenement. L'analyse mediatique forme 1'essentiel du deuxieme chapitre, dont la premiere partie relate les details de la cueillette de donnees. Celle-ci a permis de recueillir un corpus documentaires de 235 articles provenant de la presse ecrite neo-brunswickoise, soit de 3 journaux et 2 hebdomadaires, respectivement : le Times & Transcript, le Telegraph-Journal, L 'Acadie Nouvelle ainsi que L'Etoile et le Moniteur Acadien. Ces journaux sont les trois principaux de la province du Nouveau-Brunswick tandis que les deux hebdomadaires sont publies localement. La creation de tableaux indiquant le corpus documentaire va permettre d'examiner la frequence de parution du cas dans ces medias ainsi que les temps forts de la controverse.

Le profil et l'analyse des politiques d'information vont permettre de degager certaines tendances dans la couverture joumalistique du cas Gilligan. A l'aide d'indicateurs tels des photos, I'ordre de presentation des articles, le suivi apporte au cas ainsi que le type de texte, nous arriverons a determiner l'interet des journaux pour le cas

17 etudie. Tous ces elements, presentes par des tableaux, seront recueillis de facon manuelle a partir du corpus documentaire. La presentation complete de ces resultats se fera en annexe, tandis que nous presenterons le resume de cette recherche dans la deuxieme partie du chapitre deux. La derniere section du deuxieme chapitre consistera en un examen des editoriaux concernant le cas. puisque les editoriaux presentent la position des joumaux face a la nouvelle. Une synthese des editoriaux sera effectue afin de suivre la position des differents joumaux au cours du temps et voir si ces demiers ont change pendant la duree du cas Gilligan.

Le troisieme chapitre reprend une approche methodologique plus traditionnelle, c'est-a-dire 1'analyse thematique. Ceci fut etabli par une premiere lecture du corpus dormant une prise de vue de tous les themes abordes. Par la suite, les themes ont ete classees et analyses. Ce classement a permis de degager trois thematiques principales. soient l'economie, l'environnement, les politiciens et la gouvernance, a partir desquels les sous-themes ont ete regroupes. Nous presentons ces resultats dans un schema d'interrelation entre les themes et les sous-themes. Les lectures subsequentes ont permis de creer un tableau identifiant une comptabilite des references des sous-themes relatifs aux trois themes principaux. La procedure de degager les sous-themes de chaque article et par la suite d'indiquer une reference pour chacun a permis d'etablir un tableau de pourcentage de la thematique environnementale. Cette analyse thematique du contenu des articles des joumaux va permettre de voir comment la preoccupation environnementale est traitee dans un contexte ou agissent differents groupes d'interet. Elle nous permettra de repondre a certaines questions essentielles de cette analyse, notamment par l'etude du sujet et de Tangle de l'article, qui « doit se definir comme la decision et la maniere, propres a un journaliste, d'interroger la complexity du reel, de choisir les questions et leur forme » (Ruellan, 1993, p. 152). Nous regrouperons les themes ainsi que les sous-themes afin de voir leur presentation dans la couverture joumalistique, ce qui permettra de conclure 1'analyse du cas Gilligan et de verifier l'hypothese de recherche.

18 Chapltre premier

Historique du site etudie

Ce chapitre va faire etat de I'historique du site a I'etude afin de cerner les grands changements qui Font transforme a travers le temps, el surtout avant le developpement cotier qui a suscite I'interet de ce travail. En examinant l'utilisation du terrain a cet endroit et les acteurs impliques dans la gestion du site etudie, nous tenterons de comprendre le role important que ce pare provincial occupe dans la region de Shediac ainsi que dans la communaute avoisinante de Pointe-du-Chene (voir Annexe 1). Le site sur lequel est situe Tactuel Pare provincial de la plage Parlee est en constante evolution physique et, avant de l'etudier dans la periode contemporaine et d'identifier les enjeux de pouvoir qui ont determine son developpement, il est important d'effectuer un retour en arriere pour saisir la vocation que lui ont attribue les communautes qui Pont entoure.

La premiere partie de ce chapitre va examiner 1'occupation par les Amerindiens de la grande region entourant la baie de Shediac, en se concentrant sur l'utilisation du sol et surtout de l'ecosysteme par ces premiers habitants. La deuxieme partie du chapitre est pour sa part consacree aux changements provoques par l'etablissement des populations acadiennes dans la region de Shediac, et la troisieme aux grands changements qui ont suivi les premieres installations recreo-touristiques sur la plage Belliveau (ancienne plage Parlee) et son developpement comme centre d'importance sociale. Les voies de communication ont eu une influence dans le developpement de la region. Nous verrons comment les axes routiers et installations marines ont change la region etudiee. La quatrieme partie de ce chapitre va examiner 1'incorporation du pare par les autorites provinciales. Nous allons nous attarder plus longuement sur le developpement du pare de la plage Parlee et egalement sur les plans de gestion de l'endroit etudie, nommes plans directeurs. Finalement, la derniere section de ce chapitre portera sur I'etude « Impacts de l'elevation du niveau de la mer et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau-Brunswick (SLRNB) ». Nous verrons comment cette

19 etude, qui represente les meilleures connaissances locales de la science environnementale, s'applique dans le contexte speeifique de la plage Parlee el dans le developpement d'un nouveau plan directeur qui tient compte de la science environnementale.

L'occupation du sol par les Amerindiens

Les Mi'kmaq occupent une bonne partie du territoire de l'actuel Nouveau- Brunswick depuis plusieurs siecles et leur campement de Shediac etait le plus important, longeant les cotes de la region du compte de Kent jusqu'au Cap Tourmentin selon Brun, LeBlanc et Robichaud (1988), qui ont reproduit la carte de W.F. Ganong (1899). Le nom « Shediac » vient du terme amerindien « Chedaique » qui veut dire « cours d'eau qui entre loin dans les terres ». Ce nom, comme plusieurs autres designes par les Amerindiens, reflete les elements naturels du terrain. Cette appellation servait a communiquer la grande richesse de la baie de Shediac et de sa riviere, dans lesquelles se trouvait profusion de fruits de mer et de poissons. Les auteurs dressent un portrait similaire de l'abondance en nourriture de ce site, dont 1'importance fut primordiale a la survie des Mi'kmaq, qui ne pratiquaient pas ragriculture, mais qui vivaient plutot de la chasse et de la peche ainsi que de la cueillette de fruits et legumes.

Des fouilles de l'archeologue Kevin Leonard appuient la litterature historique qui conclue que la region de Shediac est en effet habitee depuis pres de 10 600 ans par differents peuples precolombiens. Leonard a trouve plusieurs petits vestiges de la presence amerindienne le long de la riviere Shediac, ce qui permet de conclure que cette derniere n'etait pas seulement riche en fait d'alimentation, mais qu'elle servait egalement comme axe routier «... through the Shediac River to present Moncton, and from there down the Petitcodiak River to Point a Beausejour and Beaubassin » (Leonard, 2001, p. 7). Cette ancienne route, deja utilisee par les Amerindiens, fut egalement empruntee par les Europeans.

20 Cette utilisation du sol et des rivieres de la region de Shediac par les Amerindiens, pour leur alimentation et comme points de convergence, n'a cependanl pas entraine de grands changements au niveau du paysage ; 1'occupation du sol par les Amerindiens est, a cette epoque, negligeable. Les vestiges lies a Putilisation de la terre consistent majoritairement en des traces d'activites de chasse et de peche, telles des pointes de fleches ou des tas de coquilles empiles suite a des repas, comme ceux retrouves sur File de Shediac. Contrairement a l'occupation du sol par les Europeens, qui ont marque leur territoire de facon durable en deboisant, en amenageant la terre pour la culture, en batissant des maisons, des eglises, des forts et autres fortifications, les Mi'kmaqs, eux, n'ont pas laisse autant de traces tangibles sur le territoire qui ont perdures dans le temps. Leurs habitations etaient tres souvent formees de perches, habituellement de sapin, qui etaient le plus souvent recouvertes de peaux d'animaux. II semble que l'occupation amerindienne n'aurait pas altere le paysage de facon considerable comparativement a l'occupation du sol par les Europeens.

L'etablissement des Acadiens jusqu'a ('incorporation de Shediac

Selon l'historien Regis Brun (1994), il y a deux periodes importantes a distinguer quant a l'arrivee des Acadiens a Shediac : la premiere etant « Au temps de l'ancienne Acadie (1685-1763) » et la seconde, « L'arrivee des fondateurs a la Batture (1798-1810) ». La premiere periode n'est guere riche en documents, mais les quelques ecrits traitant d'Acadiens installes sur le territoire et retrouves dans les recits des Francais restent tres interessants sur le plan historique. « Selon le lieutenant de Lery, les premiers Acadiens a s'etablir dans la region auraient ete ceux employes a Shediac en 1749 pour construire un fort, des maisons et des entrepots pour le ravitaillement des troupes fran9aises dans la nouvelle Acadie » (Brun, 1994, p. 11). On retrouve d'autres mentions d'Acadiens, notamment associes au fameux Boishebert, un officier Francais qui a participe a plusieurs operations militaires contre les Britanniques dans le but d'arreter leur progression dans l'ancienne colonie francaise. Boishebert est passe a Shediac vers 1755, mais il ne put repousser les troupes britanniques, qui firent bruler tous les etablissements de la region. L'importance accordee a ces documents historiques

21 pour cette etude reside dans le fail qu'ils soulignenl bien Pexistence des premiers batiments dans la zone etudiee et qu*ils confirment Pexistence d'habitants acadiens dans la region. Plusieurs fouilles archeologiques ont ete entreprises au fils des annees, comme celle de Webster et recemment celle de Leonard. Entre autres. les chercheurs ont trouve des traces de la fondation du fort fran9ais construit avec Paide d'Acadiens.

La seconde periode presentee par Brun mentionne d'emblee les fondateurs de la Batture, ce qui renforce Phypothese d'un environnement riche en gibier et en ressources halieutiques. L'ecosysteme cotier assure ainsi 1'alimentation des premiers residants acadiens permanents et de la population mi'kmaq, toujours presente dans la region. La Batture (un secteur de Shediac), comme son nom l'indique, est un endroit du rivage qui se trouve expose a maree basse. « Shediac fut connu sous le nom que les Acadiens donnaient a un banc d'huftres : La Batture » (Brun, 1994, p. 98). Le premier colon acadien s'installe en permanence pres des bancs d'huftres de rendroit en 1798. En 1810, il y est rejoint par des families anglophones qui commencent a s'etablir a cote de la Batture et du Cap-de-Shediac ; ils furent egalement les premiers a s'installer a Pointe- du-Chene.

Environ un demi-siecle apres l'installation des premiers etablissements a la Pointe-du-Chene, les empreintes de structures qui vont modifier l'environnement commencent a apparaitre. C'est une epoque, en 1845, ou Ton voit construire la premiere scierie a vapeur le long de la riviere qui se jette dans la baie de Shediac. La meme annee, un peu plus loin au Cap-de-Shediac, on y construit un quai. La population grandit et les commerces se multiplient, mais la structure qui eut le plus gros impact dans la region etudiee reste certainement le chemin de fer. En 1857, une liaison ferroviaire est etablie entre Saint-Jean et Pointe-du-Chene, et notamment son quai nouvellement construit. L'industrie du bois, de la peche et le developpement de plusieurs metiers complementaires a ces ressources permettent ensuite a la region de se developper (Rioux, 1979). Mais Shediac avait encore plus a offrir, grace a son environnement choye par ses belles plages et ses eaux chaudes. Le tourisme profiterait done aussi de Parrivee

27 du chemin de fer : « Shediac came to be well-known before most other maritime resorts because of the speed and ease of railroad connections » (Belliveau, 1991, p. 135).

Belliveau relate egalement le nombre d'hotels eriges dans la region de Shediac el de Pointe-du-Chene dans les annees qui suivent la construction du chemin de fer. Deja, des touristes provenant de Texterieur de la region venaient profiter de ce nouveau centre de villegiature. Un article paru dans la revue americaine Harper's New Monthly Magazine en mars 1868 relate l'experience d'un touriste en visite a Shediac. qui observe une fete donnee a Toccasion de la consecration d'une nouvelle chapelle. En 1876, le chemin de fer fut relie a Riviere-du-Loup ; c'est a cette epoque que Shediac commence a faire de la publicite pour attirer plus de touristes. Selon Brun (1994) et Belliveau (1991), ce fut un succes en termes du nombre de visiteurs, quoique, meme a la fin du 19e siecle, les gens de Pexterieur confondaient regulierement les plages de Shediac avec celles de Pointe-du-Chene. Belliveau continue d'expliquer la vocation touristique de Shediac : les habitants de Moncton venaient par le train pour faire des pique-niques sur le bord de la cote et profiter de la plage en allant se baigner. « Between 1890 and 1920, railway and church picnics were huge events at the Hanington grovinds [...] who wanted to go swimming and carry them to the Pointe-du-Chene sand beaches » (Belliveau, 1991, p. 135). Nous devons egalement preciser que le quai de Pointe-du-Chene devait sa popularity comme centre de transition du tourisme non seulement au fait que la plage y etait situee, mais egalement parce que c'etait le point de depart pour I'lle-du-Prince- Edouard. La region de Shediac, a cette epoque, continue done a beneficier de la valeur de son ecosysteme cotier et de son axe routier, comme a l'epoque des Amerindiens. Cependant, a partir du milieu du 19e siecle, Shediac a vu naitre, entre autre, une industrie touristique tributaire de son environnement exceptionnel, et a voulu developper cette facette dans sa communaute.

La ville de Shediac au temps de la plage Belliveau

Cette partie du travail vein examiner le developpement cotier a ses debuts, e'est- a-dire de quelques decennies suivant l'implantation du chemin de fer jusqu'au debut du

23 20e siecle. Nous nous attarderons maintenant surtoul a la region qui deviendra le Pare provincial de la plage Parlee, d'ou origine la controverse du restaurant Gilligan's. pour retracer revolution de son amenagement particulier et voir comment I'endroit s'est approprie un caractere specifique relatif a son utilisation. En relatant les changements parvenus sur le site, nous verrons son importance, voire mime sa vocation.

Le paysage de la Pointe-du-Chene est compose de I'ecosysteme cotier et du terrain situe en arriere du sable et les marais. Le changement le plus important, a I'epoque de Pamenagement de la plage Belliveau. est sans doute l'apparition des chalets d'ete. Les gens provenant de Pexterieur restaient habituellement pour une periode determinee tandis que ceux de Moncton venaient plutot pour la journee. « En 1877 les journaux encourageaient les proprietaires d'auberges de la Pointe-du-Chene de construire des cabines de bains (« bathing houses ») pour les estivants » (Brun, 1994, p. 135). Cette logique, diffusee par les journalistes, etait basee sur la retention du tourisme pour aider a 1'essor economique du coin, logique que les gens aises de la region allaient rapidement reprendre a leur compte. Les deux premiers chalets construits a la Pointe-du-Chene datent des annees 1880; ils sont toujours la aujourd'hui, face a la plage. La construction d'une demeure secondaire pour la saison estivale a change l'affectation du sol, etant donne que ces gens avaient un pied-a-terre disponible en permanence pres de la cote, ou il faisait beau a passer l'ete. Vers 1920, il y avait plus d'une cinquantaine de chalets a la Pointe-du-Chene. C'est a cette epoque que la fameuse salle de danse estivale appelee le « Blue Circle Diner and Dance Pavilion » fut erigee. Avec cette construction, sur la plage, la region etudiee devenait reellement une station balneaire.

24 Figure 1 Photo de LeBlanc et Liger, p. 89, 2003.

John Belliveau, originaire de Barachois, avait un tres grand lot de terre sur la cote et decida de le mettre a profit. II acheta d'autres proprietes longeant la cote et construit une cantine sur la plage, en plus de louer les terrains situes en arriere pour les gens qui voulaient louer un lot de terre pour l'ete ou meme pour se construire un chalet. La plage Belliveau occupe une partie de l'emplacement de la future plage Parlee, avec la plage Gould (Doiron), situee un peu plus a l'ouest. La plage Belliveau comprenait quelques edifices sur la plage, dont le « Blue Circle Diner and Dance Pavilion ». John Belliveau avait fonde une entreprise axee sur le tourisme que reprit plus tard et continua a developper son fils Leo. « Un edifice de cent quarante pieds fut construit; il logeait une vaste cantine ou Ton se specialisait dans la vente des patates frites » (Brun, 1994, p. 139). Cette station balneaire en plein essor attirait les gens aises des regions avoisinantes ainsi que les touristes. On peut imaginer que ces gens voulaient profiter de la beaute naturelle et de la vie sociale qui gravitait autour de la plage.

25 Figure 2 Photo dc Leblanc et Lcger, p. 91, 2003.

Le Pare provincial de la plage Parlee

Le pare provincial de la plage Parlee fut cree par l'achat des plages Belliveau et Gould, ainsi que de quelques autres parcelles adjacentes. La province a su s'approprier un endroit deja etabli pour developper son reseau de pares et attirer les touristes dans la region, ce qui allait profiter a Peconomie, tant a Pechelle locale que provincial. Pour la province, assumer le controle de cette region cotiere etait en effet une facon d'assurer la protection du site, dont la fragmentation possible aurait diminue la qualite naturelle.

Le Pare provincial de la plage Parlee vit le jour en 1959. Le pare fut nomme en honneur de Pancien ministre des Affaires municipales, T. Babbit Parlee, decede lors d'un accident d'avion en 1957. Le ministere des Travaux publics et le Bureau de voyage (le futur ministere du Tourisme et Pares) se sont occupes de Pachat et du developpement initial des terrains. L'annee suivante, la gestion du pare fut confiee entierement au Bureau de voyage, avant de passer, en 1963, au ministere des Terres et des Mines, secteur des Pares. La gestion du pare par la province necessitait des changements afin de pouvoir recevoir un nombre grandissant de touristes tout en assurant la protection de

26 Penvironnement cotier pour les generations futures. Trois plans directeurs furent rediges pour repondre aux besoins de la plage Parlee; le premier fut mis en vigueur le 9 mars 1970. le deuxieme fut approuve en principe lors de la reunion publique du 27 fevrier 1975; et le troisieme vit le jour sous sa forme finale le 25 fevrier 1997. Ce travail va tenir compte de ces plans pour voir comment I'administration de la plage Parlee a mis en place les procedures et le developpement de son terrain.

Plan directeur 1970

A l'epoque, le secteur des Pares, qui relevait du ministere des Ressources naturelles, avait la tache de gerer la plage Parlee. Le premier plan directeur fut prepare par Robert B. Armstrong, un forestier qui travaillait a la planification de pares. Ce rapport fait brievement etat de l'histoire, de la geographie physique, de statistiques diverses, du nombre de touristes et du developpement futur. L'auteur du plan directeur decrit plus longuement les amenagements physiques existants et comment les readapter pour qu'ils soient tous en mesure de fonctionner adequatement: le systeme electrique, principalement pour la lumiere, le systeme d'eau pour les salles de bain et les fontaines, les tables de pique-nique, le terrain de camping, le terrain de recreation et le stationnement.

Ce qui retient F attention dans ce document qui sert de guide au developpement du pare est qu'il cree un espace de stationnement dans Farriere-dune, en continuant d'asphalter des terrains deja en utilisation et en en developpant un autre. Le batiment du « Blue Circle Diner and Dance Pavilion », un vestige de Finfrastructure de Fancienne plage Belliveau, fut divise en deux et reamenage : une partie fut deplacee dans Farriere plan du pare et utilisee pour la maintenance, la deuxieme fut restauree a son emplacement original, sur la plage, pour continuer de servir. « When required and monies are available, this building is to be torn down and a complete new building is to be erected housing a canteen, showers, toilets and change facilities » (Armstrong, 1970, p. 12). Le document d'Armstrong ne mentionne rien a propos des dunes. Rien n'est mentionne du recul et de la disparition des dunes, meme aux endroits ou des batiments ont ete eriges sur la dune et la plage.

27 Ce document ne mentionne rien a Fegard de I'erosion naturelle, ni des marais sales et d'eau douce, des especes aquatiques el de toute autre espece habitant en ecosysteme cotier. Ce plan ne fait pas mention de Fintegrite environnementale. Le document fut essentiellement produit afin d'etablir une infrastructure qui etait capable de desservir une population touristique grandissante.

Plan directeur 1976

Ce plan est considerablement plus long et detaille que celui qui Fa precede. II a ete concu par le ministere de FEnvironnement, avec Faide de trois sous-consultants, et fut par la suite revise par sept ministeres provinciaux. La redaction de ce document amorce en 1968, allouait huit ans aux differents intervenants pour examiner tous les aspects de la plage Parlee. Ce plan directeur tient compte de certains problemes environnementaux qui doivent etre rectifies afin de pouvoir conserver Fintegrite des ressources du pare. C'est une prise de conscience environnementale motivee par Feconomie, car le nombre de visiteurs a legerement diminue au cours des demieres annees et F infrastructure du site, notamment le stationnement et certains batiments, semble etre menaces par le recul de la dune. Les auteurs du plan expliquent F erosion des dunes par plusieurs facteurs : les compagnies qui, jusqu'en 1954, prennent du sable pour la construction, la destruction par les visiteurs des vegetaux qui retiennent la dune, et les terrains de stationnement en arriere-dune, obstacle au recul des dunes, qui creent une surface propice a la perte de sable en raison du vent.

Le plan souligne Furgence d'arreter le recul des dunes, de meme que Fimpact nocif d'un grand nombre de visiteurs sur la plage, le manque d'espace en arriere-plage pour des activites connexes ainsi que les problemes lies a Finfrastructure routiere entourant le pare et son entree. Ce plan propose des solutions en phases multiples et des plans de developpement pour Favenir. II propose done d'acquerir d'autres terrains situe en arriere de 1'ecosysteme cotier afin de developper des activites connexes (notamment sportives), de construire une nouvelle route qui entre directement dans le pare pour alleger la circulation des autres voies de communication situee dans la zone du pare et

28 qui permettenl de se rendre aux demeures el aux chalets. Des changements sont egalement apportes aux sites de camping el au centre d'accueil.

Le projet ayant un impact sur le paysage a cote de la plage est la creation d'une dune artificielle en roche et en terre derriere les dunes existantes. Ce projet avait pour but d'arreter l'erosion par le vent et de stabiliser la dune afin qu'elle cesse de reculer. Cette entreprise allait egalement separer 1'activite principale de la plage avec un terrain de cour arriere qui allait permettre d'accrortre la capacite de seuil du tourisme. Ceci repondait aux deux grandes preoccupations environnementales soulevees dans le document.

Le deuxieme grand projet propose par le plan fut celui de remplir le marais sale localise en arriere de la nouvelle dune artificielle pour construire un terrain de stationnement. « Provision of parking lots accessible to the beach zone requires infilling of some salt marsh and a freshwater alder swamps » (, 1976, p. 31). En effet, le document mentionne que cette solution au probleme de stationnement occasionnera un probleme environnemental car la maree ne pourra plus nettoyer la pollution accumulee dans le marais. La justification avancee est que ce probleme reste mineur et qu'il faut faire des compromis pour ameliorer la qualite de la visite des touristes en creant un terrain de stationnement a quelques metres de la plage. Le developpement de terrains de stationnement favorisant l'accessibilite de la plage allait de pair avec plusieurs autres projets d'etablissements touristiques dans la region, comme des hotels, des gites et des sites de camping. On encourageait la construction de ces etablissements autour du pare pour accommoder les touristes et ainsi maximiser une economie estivale liee a Putilisation du pare. Le plan prevoyait stimuler l'economie grace au developpement, mais aucune notion de developpement durable n'etait envisagee dans l'elaboration du plan directeur.

Ce plan mentionne brievement des elements importants de l'environnement du site, mais ne developpe rien de concret vis-a-vis ces elements. On decrit le climat pour indiquer les temperatures moyennes afin de prevoir les semaines les plus chaudes et

29 ainsi determiner les periodes de pointe de la saison touristique. La geologic est mentionnee en deux paragraphes, qui n'avancent aucun detail lie a l'erosion. Le recul des dunes est percu comme relativement stable apres Tinterdiction d'extraction du sable par des particuliers et des compagnies oeuvrant dans le secteur de construction. Ce plan mentionne que des statistiques compilees a Charlottetown indiquent une elevation de la mer. 11 souligne egalement que les ondes de tempetes peuvent atteindre 7 pieds de hauteur et que cela a deja provoque des problemes au niveau des egouts qui debordent quand l'eau entre dans le systeme. Ces dernieres observations ne sont mentionnees qu'au passage dans le document, et rien n'est planifie pour remedier a ces situations.

Le plan notait de plus d'autres problemes, lies ceux-la a l'environnement social du pare. La gestion du pare devait reconnaitre l'existence d'un probleme d'alcool sur la plage, tant le jour que lors de fetes en soiree, en plus des debris que cela occasionnait inevitablement. Ce dernier probleme a ete souligne dans le plan d'action futur du rapport, qui suggerait la possibility de vendre de la biere dans la journee et en debut de soiree. « Provision of a beer garden could increase the viability of concession operation, extend the period of use of park facilities and decrease the incidence of illegal bottles in the beach zone » (New Brunswick, 1976, p. 51).

Plan directeur 1997

Ce plan a ete concu par Daniel K. Glenn Ltd, en collaboration avec Jacques Whitford Environment Ltd et Porter Dillon Ltd. Ce document offre en grande partie un suivi de celui de 1976, auquel ont ete rajoutees certaines pratiques environnementales courantes, telles que la plantation d'especes indigenes. Ce plan tente d'integrer des pistes de solutions tirees des lecons apprises du plan precedent. Ainsi, il recommande de draguer le fond de l'estuaire et de raser le stationnement pour remettre en valeur le marais sale. L'auteur constate les effets du programme de reconstitution de la plage en remplacant le sable parti a la derive, sans expliquer s'il s'agit d'une pratique nuisible pour l'environnement, car de l'huile et d'autres liquides nocifs provenant des camions affectes a l'engraissement de la plage sont rejetes dans la mer. L'enonce de vision de ce

30 plan mentionne la protection de renvironnement, sans pour autant s'y attarder reellement. L'auteur utilise le terme « developpement durable » dans les principes de fonctionnement. mais n'explique pas comment cela se traduit en realite dans les developpements proposes pour le pare. Ce plan n'identifie pas de nouveaux problemes environnementaux par rapport a celui de 1976. II faut cependanl dire qu'il indique clairement que la dune constitue la protection principale contre les tempetes et I'erosion. A la suite de ces affirmations, l'auteur suggere qu'il est probable qu'avec le temps, un ouragan ou le recul du littoral rendra necessaire le deplacement des installations vers l'interieur. Cette affirmation est la seule dans le document qui relate la constatation que l'environnement cotier fait face a des obstacles naturels serieux et que la planification doit en tenir compte.

Ce plan relate egalement une nouvelle facon de travailler, qui se traduit par une participation accrue du public dans la prise de decision. En tout, les residents du coin ont pu assister a trois reunions ou ils ont pu faire part de leurs recommandations, qui furent prises en consideration lors de l'elaboration du plan d'amenagement. Le plan mentionne brievement de nouveaux acteurs et enjeux. II s'agit de la Commission d'amenagement Beaubassin, qui a prepare le Plan rural de Beaubassin-Ouest et, sous l'6gide du ministere de PEnvironnement, instaure une politique cotiere. L'auteur du rapport ecrit que la «zone de preservation environnementale » designee dans le plan d'amenagement Beaubassin-Ouest dit que le « statut qui autorise la presence de chalets, de casse-croutes, de boutiques, de terrains de jeu et d'aires de stationnement » (Glenn, 1997, p. 17). Le plan en anglais specifie « take out foods restaurant », alors que la version francaise fait reference aux « casse-croutes ». L'auteur fait aussi etat des ebauches de la politique cotiere. Glenn ne mentionne cependant pas comment la Commission et l'ebauche de politique de la zone cotiere vont influencer le developpement futur du pare; il ne fait que mentionner leur existence.

Le plan laisse beaucoup de place au developpement du site puisqu'il revient a sept occasions sur la proposition de la construction d'un restaurant de fruits de mer. On mentionne meme que I'emplacement du restaurant pourrait etre dans le secteur ouest, de

31 facon a avoir un deuxieme regroupement de batiments. ce qui assurerait la repartition des vacanciers. Le site de 1*emplacement du futur restaurant est indique sur le plan de site du plan directeur de 1997 (Annexe 2). line esquisse de ce a quoi pourrait ressembler le restaurant est egalement fournie dans le document, pour s"assurer que le design soit en harmonie avec l'espace de la plage (Glenn, 1997, p. 26). En examinant les strategies d'intervention proposees dans le plan, on peut voir qu'on tente d'apporter des ameliorations au pare en exploitant 1'infrastructure existante et en proposant des ajouts. Le but des interventions environnementales et de la repartition de la population visitant le pare, combinees aux ameliorations proposees, prennent leur sens dans le contexte de l'industrie touristique. L'objectif principal est Faccroissement du statut du pare comme destination touristique pour allonger la duree des visites et agrandir son importance economique dans la region avoisinante.

Conclusion de I'historique du site etudie

La methodologie preconisee par Yin (2003) pour etudier une question a petite echelle, preconise Papport d'un historique global de la region analysee. Cette section du premier chapitre a essaye de demontrer 1'importance de Penvironnement cotier comme fil conducteur a travers le temps pour le territoire etudiee. On realise que Pimportance de Pecosysteme cotier a change avec le temps. II s'agissait au depart d'un environnement facilitant la survie des groupes qui s'etaient approprie le territoire, en raison de son apport en nourriture riche et abondante. La realite actuelle est bien differente. Le site est un endroit de plaisance pour notre societe, et sa preservation represente egalement un enjeu socioeconomique tres important pour les gens de Pointe-du-Chene, de Shediac, ainsi qu'a P echelle provinciale, comme les auteurs des deux demiers plans directeurs de la plage Parlee Pont mentionne dans leur rapport.

Cette section du travail a permis de voir sous un angle historique a quelle epoque a change la vocation cotiere de la region. Le travail suggere que la construction du « Blue Circle Diner and Dance Pavilion », construit par John Belliveau en 1920, a consolide Pidee que la plage etait un centre balneaire. Nous avons aussi pu voir, dans le

32 plan directeur de 1976, que l'endroit etait souvenl frequente par des gens qui fetaient sur la plage et qui consommaient de I'alcool. une pratique qui derangeait certains residants autour du pare. Cette inquietude fut traitee dans le plan directeur de 1997, qui deplace le restaurant dans la partie ouesl du pare, done plus loin des chalets, et qui fixe I'heure de fermeture du restaurant a 22 heures (Glenn, 1997, p. 19). On peut aussi affirmer, suite a cette revue des sources documentaires, que 1'endroit est frequente par une population estivale en vacance d'une facon continue depuis longtemps. Le fil conducteur de notre travail reposait sur I'amenagement de l'environnement cotier du pare provincial de la plage Parlee.

Nous avons egalement pu voir brievement quelques-uns des amenagements physiques du pare, qui nous permettent d'affirmer que le pare est un environnement artificiel et que l'emplacement du Gilligan's a ete concu par des consultants qui n'y voyaient qu'une empreinte negligeable dans Fecosysteme environnemental du pare. Nous allons maintenant examiner des rapports scientifiques traitant specifiquement de l'aspect environnemental de I'amenagement en zones cotieres, notamment l'etude « Impacts de l'elevation du niveau de la mer et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau-Brunswick » (le SLRNB), et d'autres etudes locales afin de determiner les enjeux environnementaux qui sous-tendent le cas de la plage Parlee.

Science et zone cotiere

La science environnementale dans la zone cotiere de la plage Parlee

Les consultants et les agences gouvernementales qui ont participe a la redaction des plans directeurs n'avaient pas Pavantage de travailler avec le SLRNB, qui fut rendu public en octobre 2006. Cette etude va demeurer une reference inconsumable en raison de ses calculs sur l'elevation de la mer, de ses moyennes enregistrees des ondes de tempetes, de la nouvelle technologie appliquee a la cartographie des zones d'inondations et, bien sur, de la methodologie appliquee afin de realiser des calculs quantitatifs et qualitatifs sur les impacts environnementaux touchant les milieux etudies. II faut dire cependant que les arguments et principes scientifiques appliques dans le SLRNB etaient

33 connus avant Tetude el qu'ils ont ete mis en application ailleurs dans le monde. comme le demontrent les citations de Beatly el al. mentionnees dans le cadre theorique. La premiere edition de cet ouvrage remonte a 1994 et deja la vulnerability des cotes y etait relatee. Cette carte regionale, reprise dans l'etude de SLRNB, date de 1991.

Figure 3 Carte de Pelevation relative du niveau de la mer dans la region des Maritimes SLRNB, p.89, 2006.

L'elevation de la mer est un enjeu contemporain, et le ministere de Tourisme et Pare aurait pu consulter le ministere de 1'Environnement afin de s'assurer d'inclure cette argumentation dans 1'elaboration des principes de bases du plan directeur de la plage Parlee. Les consultants prives qui ont redige ce plan en 1996 et qui l'ont publie en 1997 ont quant a eux mise sur d'autres elements, tel que nous l'avons vu anterieurement.

Les journalistes devaient avoir une idee des notions liees a l'elevation de la mer, surtout qu'il existe une diffusion exponentielle de ce type de problemes environnementaux dans les medias. Un journalisme d'enquete aurait exige une rencontre avec un expert pour confirmer quel genre de probleme environnemental impliquait cette

34 controverse. II est tres important que la population prenne connaissance des enjeux environnementaux qui la touche, surtout dans un contexte ou la province du Nouveau- Brunswick diminue son implication directe dans les affaires locales et regionales. laissant ainsi de Pespace aux commissions d'amenagement el a differents organismes tels que les associations de bassin versant.

L'etude «Impacts de I'elevation du niveau de la mer et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau- Brunswick »

Ce projet, coordonne par Environnement Canada, est le resultat d'une collaboration entre divers ministeres federal et provinciaux ainsi que des universites et des colleges communautaires des Maritimes. Real Daigle. d'Environnement Canada, fut le responsable de ce projet. L'equipe de recherche pluridisciplinaire avait comme but de quantifier les impacts du changement climatique dans le territoire cotier du Nouveau- Brunswick entre Escuminac et le cap Jourimain, c'est-a-dire dans ce qui est appele le sud-est du Nouveau-Brunswick. Les grands changements physiques de cet impact climatique sont plus precisement I'elevation de la mer, les ondes de tempetes et P erosion cotiere.

L'etude explique l'impact du changement climatique sur les ecosystemes, sur Peconomie et la societe. On y fait directement mention de la plage Parlee et la Pointe- du-Chene. Le cas de la Plage Parlee est concu comme un amenagement base sur des principes de precaution en vue du developpement durable. Le principe de precaution dans un sens large previent un developpement a risque. C'est sur les bases des previsions presentees par les experts qui ont produit le document SLRNB que nous nous sommes appuyes pour presenter un contexte environnemental a la construction d'infrastructures sur la plage Parlee.

Nous allons reprendre quelques themes abordes dans Pouvrage pour les appliquer specifiquement au cas du restaurant Gilligan's, en relatant egalement de Pinformation

35 des plans directeurs de la plage de Parlee et une etude d'Acer Environmental Services (2002) afin d'avoir un apercu des enjeux souleves par des scientifiques s'interessant a la question environnementale et qui auraient pu aider au developpement d'un nouveau plan directeur.

L'elevation de la mer

L'elevation de la mer est, depuis de nombreuses annees, un phenomene devenu evident pour les populations cotieres. Plusieurs facteurs expliquent cette hausse du niveau marin. Un element repris dans le document SLRNB mentionne la subsidence crustale regionale (c'est-a-dire un processus continu qui subit une evolution tres lente d'une baisse de la terre). mais cet element geomorphologique date des periodes glaciaires. L'element principal qui cause des changements plus evidents a un rythme prononce est sans doute le rechauffement climatique. Ce dernier provoque une expansion thermique de la mer et precipite la fonte des glaciers et des glaces terrestres. ce qui provoque a son tour une elevation du niveau marin (SLRNB resume, 2006, p. 3).

Selon les auteurs du SLRNB, on prevoit une hausse du niveau marin de 35 a 54 cm a Shediac dans le prochain siecle, la hausse la plus probable avoisinant les 60 cm. Ces chiffres, tout comme ceux presenters par le GIEC, sont des estimes conservateurs. II faut ainsi utiliser les chiffres prevus les plus eleves et s'attendre a ce que les zones cdtieres situees sous ce seuil soient submergees avant le debut du 22e siecle. La planification strategique du pare provincial de la plage Parlee beneficierait de Papport d'une carte d'arpentage avec les elevations du terrain pour ainsi prevoir les zones basses qui se retrouveront sous le niveau de la mer dans les annees a venir. Cette information servirait de base pour les amenagements futurs. Le retrait de la cote est inevitable et il faut s'assurer de choisir les installations qui concordent le mieux avec les informations obtenues. Dans les plans directeurs du Pare provincial de la plage Parlee de 1976 et de 1997, Pamenagement de Pinfrastructure etait determinee par la volonte de repartir les visiteurs sur toute Petendue du terrain, afin d'agrandir la capacite d'accueil du site. La

36 science environnementale preconise pour sa pail le developpement durable en tenant compte des elements lies a 1'elevation de la mer.

Les ondes de tempetes

Les chercheurs du rapport du GIEC indiquent que les changements climatiques vont amener une grande probability (plus de 66 %) d'augmentation d'evenements extremes comme des secheresses, des cyclones et de tres hautes marees. « Au Canada, sur la cote atlantique, et plus particulierement dans le sud du golfe de Saint-Laurent, le phenomene des ondes de tempetes devrait done s'accelerer au cours du XXIe siecle, provoquant erosion et inondation » (Chouinard, Delusca, Tramblay et Vanderlinden, 2006, p. 181).

Figure 4. Risque d'inondations des proprietes, niveau d'eau a 3,0 m au-dessus du zero du MAN, structures existantes (SLRNB, 2006, p.536)

37 II existe des enregistrements maregraphiques compiles a Charlottetown depuis 1911; ces derniers sonl inclus dans le rapport SLRNB en raison de la precision des donnees, et que, bien sur. les tempetes frappant la region etudiee touchent les eaux de I'ensemble des cotes bordant le detroit de Northumberland. Toujours selon le SLRNB, les donnees reunies a Escuminac sont moins completes et celles de Pointe-du-Chene ne couvrent qu'une periode plus restreinte. Le but d'analyser ces donnees est d'essayer de reperer les evenements extremes d'ondes de tempetes et les variations du niveau d'eau. Ces ondes de tempetes sont decrites en fonction du nombre d'annees; ainsi Ton parlera de recurrence de tempete de 100, voire de 40, de 10 de 5 ou de 2 ans pour decrire la frequence et l'envergure de l'evenement.

Les chercheurs de l'ouvrage SLRNB ont quantifie les donnees disponibles afin de pouvoir emettre des hypotheses sur les possibilites de la frequence et de la hausse du niveau de l'eau par rapport au niveau zero sur les cartes. Ces ondes de tempetes vont augmenter en intensite, et ce qu'on appelle une tempete de 100 ans (caracterisee par la hauteur des vagues et une inondation terrestre), va se produire plus souvent, car les ondes de tempetes juxtaposees a la hausse du niveau marin produisent de plus grosses elevations d'eau pendant les tempetes. Le tableau des variations du niveau d'eau (Environnement Canada, 2006, p. 7) demontre la hauteur des vagues les plus puissantes ayant frappe la cote dans notre territoire d'etude.

La tempete qui a frappe Pointe-du-Chene le 21 Janvier 2000 a bien ete documentee, entre autres en raison des effets devastateurs produits sur l'ensemble des residences de la communaute (Parkes, Manson, Chagnon et Ketch, 2006, p. 150). Cet evenement a demontre aux gens de la region la force de la mer et que les mesures de protection qu'ils avaient mises en place pour contrer les effets des vagues n'etaient pas suffisants a eux seuls pour les proteger contre un tel phenomene. II faut tenir compte de plusieurs facteurs dans l'amenagement cotier et le resuitat de ces ondes de tempetes demontre qu'il ne faut pas amenager des batiments qui seraient assujettis a l'impact cause par les ondes de tempetes. La tempete de Fan 2000 a cause tellement de

38 dommages aux residences cotieres de Pointe-du-Chene que la direction de la Commission d'amenagement Beaubassin a redige un rapport sur la destruction des maisons et chalets due a I'evenement. Le dommage aux constructions humaines etait tel qu'on a relativement neglige les effets sur les structures naturelles avoisinantes comme la dune et l'interieur du pare de la plage Parlee. « A la suite de I'onde de tempete du 21 Janvier 2000, declaree catastrophe par le gouvernement federal, 198 reclamations pour dommages ont ete deposees devant reorganisation des mesures d'urgences du Nouveau- Brunswick (OMU), et 43 etaient admissibles a un financement, pour un total de pres de 1,5 million de dollars (K.Wilmot, com. pers., OMU, Nouveau-Brunswick) » (DeBaie, Murphy, Martin et Chouinard, 2006, p. 515).

Figure 5 Scenario d'inondalion a Pointe-du-Chene le 21 Janvier 2000, avec un niveau d'eau de 2,55 m (MAN). (Environnement Canada |2004|). (SLRNB, 2006, p.586)

39 La section precedente faisail allusion a l'arpentage pour determiner les elevations du terrain afin d'eviter des amenagements dans les endroits a risque. Nous devons egalement examiner les effets de ces ondes de tempetes pour anticiper les inondations futures dans le pare de la plage Parlee, II faut essayer de predire la trajectoire de I'inondation pour voir ou l'eau va passer; en effet, les percees d'eau dans les endroits moins proteges par les dunes ou autres terrains eleves, vont projeter l'eau avec une plus grande puissance sur les elements situes sur sa trajectoire. La section suivante discute des outils aidant a simuler un evenement d'onde de tempete.

La modelisation des ondes de tempetes et le systeme de LiDAR

La modelisation des ondes de tempetes et des conditions meteorologiques est un travail qui combine 1'analyse des valeurs extremes sur le niveau marin, comme le demontre l'etude SLRNB. Afin de verifier la probabilite de recurrence de niveaux marins extremes avec la modelisation des ondes de tempetes pour la region de la plage Parlee, les donnees maregraphiques de la Pointe-du-Chene ont ete inserees dans le systeme de modelisation. Ces analyses, representees sur un modele altimetrique numerique de carte de LiDAR (Light Detection and Ranging), permettent de visualiser sur des cartes l'etendue de Finondation resultant d'une onde de tempete de 2, 5, 10, 40 et 100 ans en tenant compte de l'elevation du niveau marin actuel et d'un deuxieme niveau marin de 60 cm de plus, ce qui correspondrait approximativement, selon l'etude du SLRNB, au niveau marin de l'annee 2100.

Les evenements de niveau d'onde de tempete de 40 ans dans la baie de Shediac vont se produire a une frequence approximative de 5 ans si l'elevation de la mer atteint les hauteurs predites d'environ 60 cm en l'an 2100. En reexaminant les cartes LiDAR demontrant la zone d'inondation, nous pouvons voir l'etendue d'eau se propager vers l'interieur des terres.

L'utilisation de la technologie appliquee des cartes LiDAR permet de faire la planification sur le terrain. Au premier niveau, il est evident qu'on ne devra pas eriger de

40 structures dans les zones moins elevees, mais on peut egalement anticiper ou I'eau se rendra sur le terrain. Les trois prochaines sections vont permettre d'etablir une carte d'arpentage au niveau de Taltitude du pare, qui delimiterait les terrains a risque. La planification des amenagements et de 1'infrastructure (les lignes d'electricite et les tuyaux d'eau et d'egouts) peut tenir compte des previsions vis-a-vis l'elevation de la mer, les ondes de tempetes et la combinaison de ces elements.

L'erosion cotiere

L'ancien ministere du Tourisme, aujourd'hui du Tourisme et des Pares, a fait faire un plan directeur pour la plage Parlee en 1976, qui avait etabli la necessite d'eriger une dune artificielle. Cette dune fut construite l'annee suivant le plan. Sa raison d'etre etait d'arreter l'erosion des dunes et la perte de la plage. Plusieurs facteurs ont contribue a l'erosion des dunes : la recolte de sable a des fins de construction avait destabilise la dune; les visiteurs du pare marchaient sur la dune et detruisaient les ammophiles qui maintenaient la solidite de la dune; et bien sur d'autres facteurs naturels comme le vent et les vagues de grandes marees.

La creation de la dune artificielle a considerablement ralenti le processus d'erosion et a meme permis une accumulation de sable sur la partie interieure des terres de la dune, partie qui avait disparu en raison des facteurs mentionnes plus haut. Cependant, le temps faisant son ceuvre, l'erosion cotiere reprit son travail et le recul de la plage s'accentua a nouveau en direction de la dune. Cette tendance se poursuivit et la direction du pare provincial de la plage Parlee du trouver une solution pour contrer la perte d'espace sur la plage, ce qui diminuait la capacite du pare a recevoir des visiteurs. La solution retenue fut de nourrir la plage avec du sable provenant de la mer. De la machinerie lourde est amenee sur la plage a maree basse et le sable est transporte sur la dune afin de Palimenter. Depuis 1988, ce processus est repete annuellement et a comme effet de maintenir une plage de grandeur viable pour accommoder les visiteurs du pare.

41 La direction de la plage Parlee fut beaucoup critiquee a regard de ce programme d'ensablement en raison de fuites d'huile el de petrole provenant des camions se retrouvanl sur la plage. Les couts el eves du programme et les plaintes envoyees par certains residents ont incite la direction de la plage a demander l'avis d'une agence environnementale sur le sujet. Le rapport de Acer Environnemental Services Ltd., (2002) a utilise une approche couts/benefices en comparant le programme de nourrir les dunes avec une alternative comprenant de reamenager la forme de la dune. Le rapport indique que la dune est plus haute que les autres dunes dans la region. La hauteur de la dune devrait done etre diminuee et cette derniere poussee en direction de la mer. La logique est que la dune va perdre moins de sable a cause de l'erosion provoquee par le vent, et que la plage beneficierait d'un apport appreciable de sable qui servirait a augmenter le nombre de visiteurs qu'elle pourrait accommoder. Le rapport indique dans son evaluation du risque que ces mesures n'assurent aucunement une solution a long terme et que la perte totale de sable due a l'erosion va necessiter de trouver une autre source de sable ou de recommencer le programme d'ensablement de la plage a partir de la mer. « However, recent studies of beach nourishment projects suggest that the practice is very expensive and short lived » (Beatly et al., 2002. p. 73). II faut mentionner que le rapport d'Acer ne fait pas mention des impacts d'erosion ou d'inondation dus a l'elevation de la mer. Le document SLRNB va en detail dans un profil du trait de cote pour expliquer que sans le programme d'ensablement, on verrait un recul d'environ vingt metres par rapport a la position du trait de cote de 2001 (O'Carroll, Berube, Forbes, Hanson, Jolicoeur et Frechette, 2006, p. 408).

Le rapport d'Acer preconise des travaux qui reduirait la dune a 3 metres de hauteur, ce qui est sous le seuil d'une grande tempete tel que discute auparavant. Ce rapport suggere essentiellement de reamenager les dunes pour une annee et de voir ce qui arrivera, car il indique clairement que ce processus n'enrayera pas la perte de sable due a l'erosion. La direction du pare a choisi de laisser ce rapport de cote pour l'instant et de ne pas reamenager la dune.

42 « Aujourd'hui la plage Parlee irest plus en harmonie avec le conditions "naturelles" du milieu » (O'Carroll el al.. 2006, p. 408). Uenvironnement de la plage Parlee est deja artificiel et depend de Pintervention humaine pour se maintenir. L'erosion cotiere va se poursuivre, mais on ne peut savoir avec certitude a quelle vitesse. surtout dans un contexte de rechauffement climatique qui rend egalement difficile la prevision des couts associes a la preservation de la plage Parlee.

Impacts sur Pecosysteme

A la lumiere des informations du SLRNB, Pecosysteme de la plage Parlee peut done etre decrit comme un ecosysteme artificiel. II faut dire qu'il est difficile de reconcilier un environnement comprime par Pavancement de la mer et une cours arriere tres developpee. En faisant un examen historique des plans directeurs qui constituaient notre source principale d'information pour analyser les impacts sur Pecosysteme de la plage Parlee. nous pouvons noter quelques points importants. Le plan de 1976 relate qu'il y avait auparavant des habitats pour les nids d'oiseaux, mais qu'avec le grand nombre de visiteurs au pare, il n'etait pas possible de maintenir des zones pour leur protection. Le plan de 1997 suggere qu'il faudrait draguer Pestuaire et le nettoyer ainsi que restaurer le marais sale qui fut rempli en 1977 pour faire un terrain de stationnement. Cet amenagement n'a jamais ete realise et pourrait etre propose a nouveau dans un nouveau plan directeur. On pourrait meme aller un peu plus loin en suggerant de continuer la restauration d'un ancien couloir de Pestuaire qui passait en arriere du pare et sous le pont principal de Pointe-du-Chene pour se jeter a nouveau dans la mer. Ces projets serviraient a consolider Pecosysteme, qui a ete endommage dans le passe. « Coastal watersheds generally are less resilient to the force of hurricanes and storms, as urbanization has gradually replaced wetlands, forests, and open land with highways, parking lots, and paved surfaces » (Beatly el al., 2002, p. 85).

II s'agit-la d'un projet ambitieux qui necessiterait des travaux importants, car plusieurs parcelles de terrains compris dans cette trajectoire ont ete remplies par des particuliers qui voulaient agrandir leur cour. « Over time, many coastal watersheds have

43 been seriously overdeveloped and developed in ways that have fundamentally altered natural hydrologic features and dynamics » (Beatly el al.. 2002. p. 85). Ce projel de restauration servirait a redonner vie a un cours d'eau en tenant compte des especes qui vivent dans un habitat cotier; de plus, en agrandissant ce cours d'eau, la possibilite pour ces especes de se propager, grace a une plus grande zone d'interface avec la mer, serait augmentee. Un deuxieme impact de cette restauration sur l'ecosysteme consisterait a faire de ce cours d'eau, lors des inondations, un couloir qui retournerait l'eau a la mer comme c'etait autrefois le cas, avant l'urbanisation intensive de la Pointe-du-Chene. Des efforts concrets sur la rehabilitation des cours d'eau et les marais d'eau douce et salee entourant le site pourraient mener a des impacts positifs.

Les impacts sur l'ecosysteme de la plage Parlee s'accumulent avec le temps, si bien que les « impacts eventuels de l'elevation du niveau de la mer et du changement climatique pourraient etre exacerbes par les pressions du developpement ou des projets de protection des infrastructures » (SLRNB, resume, 2006, p. 21).

Impacts socioeconomiques

Les impacts socioeconomiques de l'elevation de la mer sur les zones cotieres se sont deja fait ressentir a l'echelle du globe. On peut donner plusieurs exemples de tempetes ayant ravage des zones cotieres et detruit enormement ; on a qu'a penser aux ouragans successifs Rita et Katrina, qui furent classes comme les ouragans les plus couteux de l'histoire americaine. Ces couts ont ete evalues a approximativement 100 milliards de dollars americains selon un article publie le 6 septembre 2005 dans le New York Times. A plus petite echelle, nous pouvons retourner au site de la plage Parlee pour examiner l'onde de tempete de Janvier 2000, plusieurs fois mentionnee dans l'ouvrage SLRNB, et dont les dommages materiels se sont chiffres a 1,5 million de dollars en reclamations, tel que mentionne precedemment.

Les plans directeurs rediges pour I'amenagement de la plage Parlee mentionnent a plusieurs reprises Pimportance economique reliee au grand nombre de touristes attires par Shediac et ses environs. Les plans mentionnent la preoccupation des autorites en

44 place (municipale et provinciate) d'augmenter le seuil de capacite de la station balneaire afin d'accommoder le plus grand nombre possible de visiteurs. Un grand nombre de commercants dependent du tourisme pour assurer la viabilite de leur entreprise. Les plans insistent sur 1'importance socioeconomique de la plage au niveau regional, mais ils notent egalement que le pare Parlee est la plus grande attraction touristique du Nouveau- Brunswick. La plage Parlee et ses eaux les plus chaudes au nord de la Virginie attiraient en effet des visiteurs de la Nouvelle-Angleterre, du Quebec et d'ailleurs au Canada bien avant sa designation comme pare provincial.

La volonte politique basee sur 1'impact socioeconomique positif de la plage Parlee va assurer le financement destine a l'entretien du pare. Le defi a relever dans un nouveau plan directeur sera de voir comment prendre des decisions qui vont minimiser les couts associes a l'entretien du pare. C'est a ce niveau que Ton doit prendre des decisions en tenant compte des effets du rechauffement climatique et de tous les facteurs qui en decoulent, car les impacts d'une tempete peuvent entrainer des couts eleves associes aux dommages subis par les residences avoisinantes et a 1'infrastructure rattachee a ces dernieres.

Le contexte socioeconomique de la plage Parlee est lie de pres avec son environnement physique. Un nouveau plan directeur devrait insister sur cette relation comme premisse pour assurer un developpement durable. Malgre 1'environnement artificiel de la plage Parlee, il est financierement viable d'en planifier le developpement a partir de principes environnementaux, en se basant sur les dernieres recherches scientifiques traitant la question, comme celles du document SLRNB.

45 Strategies d'adaptation

Les strategies d'adaptation face au rechauffement climatique et a Pelevation de la mer sont nombreuses car chaque cas peut necessiter des changements particuliers. II existe plusieurs exemples provenant de I'international, La ville de Londres s'est dotee de la « Thames Tidal Barrier». rattachee a un pont qui s'ouvre et se referme afin de controler le niveau de l'eau dans la ville. A Venise, il existe toute une gamme de projets servant a proteger les differentes sections de la ville des grandes marees. En Egypte, la ville d'Alexandrie, etablie sur la Mediterranee, a fait construire des murs de beton immenses, positionnes dans l'eau afin de minimiser 1'impact de Penergie des vagues. Ces exemples d'adaptation reviennent a des couts exorbitants, et servent a proteger des villes antiques ayant un patrimoine universel. A echelle locale, les ingenieurs peuvent arriver a des solutions, mais sont-elles viables financierement pour les petites communautes a faible densite de population qui en ont besoin?

La strategic d'adaptation doit viser Punanimite dans la communaute ou elle est situee, et le processus de participation publique prend de 1'ampleur dans plusieurs regions du monde. Le travail d'une equipe de PUniversite de Moncton, realise sous la direction du professeur Omer Chouinard, en presente un bel exemple a Pechelle locale, soit dans les communautes de Pointe-du-Chene et de Le Goulet, dans le nord-est du Nouveau-Brunswick. Ces deux communautes sont menacees par l'avanc^e de la mer et beneficient des rencontres publiques organisees par les universitaires pour diffuser de Pinformation scientifique de qualite et au cours desquelles est etabli un echange entre les chercheurs et des representants participants des communautes et ce en liaison avec des representants des agences locales afin de trouver des solutions possibles a leur probleme. Cette participation publique comprend les elus et les representants des communautes ainsi que ces citoyens directement touches (proprietaires de terrain). L 'Accidie Nouvelle couvre le progres de ces rencontres et propose a ses lecteurs des entrevues avec les autorites locales. La reussite des strategies d'adaptation depend fondamentalement de leur taux d'acceptation par la communaute concernee, car les implications peuvent etre dramatiques. Un exemple, qui est commun a plusieurs localites, est le retrait total de la

46 population devant l'avancement de la mer. Nous utilisons le terme « commun » car plusieurs communautes doivent choisir un retrait face a l'avancement de la mer vu que les ressources financieres necessaires pour proteger leur cote avec des infrastructures sont sou vent trop couteuses. Et ce ne sont pas que les nations pauvres qui ne peuvent pas se payer des mesures d'adaptation. En temoigne I'exemple d'un pays tres riche comrae I'Angleterre. La cote se fait ravager a un taux incroyable par la mer du Nord et les habitants de plusieurs petits villages doivent laisser leur propriete et demenager a l'interieur des terres (Rosenthal, 2007). Ce choix est souvent determine par les couts associes a la construction d'une infrastructure. Devant une douzaine de maisons d'une valeur d'un million de dollars sur une cote qui s'erode tres vite, on peut difficilement justifier une construction de deux millions en infrastructure.

On ne parle pas des cas d'adaptations dans les plans directeurs de la plage Parlee. La raison d'etre du pare Parlee reste la plage, puisque la majorite des visiteurs y vont pour passer du temps sur le sable. Pour cette raison il devient done important de proteger la plage. Les strategies d'adaptation du pare Parlee ont ete traitees; les prochaines sections vont suggerer des partenariats qui vont conduire a des solutions en matiere d'adaptation.

L'Association du bassin versant de la baie de Shediac

L'objectif des associations de bassin versant est de proteger ce type d'ecosysteme dans son ensemble pour maintenir la qualite de l'eau pour les generations a venir. Ces groupes veulent travailler avec la communaute dans la realisation de plans environnementaux integres visant la protection de l'eau sous toutes ses formes.

Les activites de l'Association du bassin versant de la baie de Shediac s'etendent aux rivieres et aux especes qui y vivent, a la protection des champs de captage pour le systeme d'eau potable, au travail avec les communautes touchees afin de distribuer des fonds pour des systemes d'egouts defectueux pour les citoyens a faible revenu, a effectuer un suivi dans les rivieres, sur les cotes, et un peu partout dans la baie de

47 Shediac. Ce groupe travaille avec differentes associations gouvernementales el locales pour assurer un environnement sain dans le territoire de Shediac. Ce groupe ivest cependant pas lie de pres avec la direction du Pare provincial de la plage Parlee. Les plans directeurs ont ete produits avant la creation de 1'association en 1999.

Le groupe du bassin versant de la baie de Shediac et la direction de la plage Parlee n'ont pas le meme mandat. Le premier est un groupe environnemental issu de la societe civile et oeuvrant au niveau de la qualite de l'eau, alors que l'autre est finance par la province est surtout lie au tourisme et a 1'economic Cependant les strategies pour developper leur interets respectifs peuvent se lier intiment. La collaboration entre ces deux groupes aiderait la communaute a vivre dans un meilleur environnement, qui serait plus attrayant pour les touristes a la recherche de destinations naturelles de qualite.

Partenaires et associations

Le plan directeur de 1997 indique que le plan doit etre incorpore en suivant la reglementation du plan rural du secteur d'amenagement Beaubassin-Ouest, mais cette reference est limitee a une interpretation des reglements du secteur et non un partenariat avec la Commission d'amenagement Beaubassin (CAB) afin d'instaurer les meilleurs pratiques en amenagements possibles. La CAB n'a d'ailleurs pas travaille a la planification des plans directeurs et n'a ete interpellee que pour emettre un permis pour l'amenagement d'une infrastructure parti culierement controversee, le restaurant Gilligan's. Aucun autre groupe de travail ou de partenariat local n'a ete retenu pour participer a la planification strategique du pare. Le ministre responsable de la direction du pare provincial a en effet, sous la Loi provinciale des Pares, la juridiction de faire des amenagements sans le consentement des agences locales; il a cependant prefere obtenir l'implication de la CAB dans un projet sur son terrain. II semble que l'intention etait de demontrer la collaboration et la transparence avec une agence locale. Un deuxieme intervenant est mentionne dans le plan directeur. II s'agit du ministere de I'Environnement provincial, et particulierement sa politique cotiere (2002), qui n'a jamais eu force de loi et donl l'application se fait sur une base volontaire, en

48 consultation avec un fonctionnaire du Ministere Le fait que cette politique cotiere ne fut pas adoptee comme loi provinciate suite a son devoilement a eu des repercussions : « De nombreux intervenants intenoges, y compris des planificateurs, ont indique que le retard dans Tapplication de la politique a cree une ruee de construction pres du littoral dans les zones cotieres, les proprietaires voulant batir avant que la reglementation ne les en empeche» (Nichols, Chouinard, Onsrud. Sutherland et Martin, 2006, p. 564). La revision du plan directeur par les differents acteurs mentionnes, et surtout par le ministere de PEnvironnement, avant son adoption officielle, serait une facon d'assurer une meilleure planification de la gestion du pare de la plage Parlee.

Ayant pose le contexte historique et de la vulnerabilite de la zone cotiere ainsi que des batiments et de 1*infrastructure qui s'y trouvent, nous allons maintenant voir les implications de la construction d'un batiment touristique sur la plage Parlee, telles que presentees par les journaux.

49 Chapitre deux

L'analyse mediatique du corpus documentaire

Les articles retenus pour analyse sont comptabilises par la nature de leur couverture dans le journal. L'importance de la couverture a la premiere page (article a la une) nous permet de determiner Tinteret porte par le journal a Pevenement relate. Une analyse des photos associees au cas d"etude va porter un reflet sur la preoccupation principale du sujet. Les editoriaux d'un journal expriment quant a eux la position du journal par rapport a une nouvelle; leur importance est done non negligeable. L'analyse des editoriaux nous permet de voir les differentes positions des journaux pendant la duree de la controverse ainsi que la qualite des arguments avances pour construire cette opinion.

L'analyse du contenu du corpus documentaire sert a elaborer des tableaux indiquant la nature de la couverture mediatique de chaque journal. La periode d'etude, de 1998 a 2006, est examinee par la frequence annuelle. La frequence des articles dans certain contexte est egalement examinee relativement aux grands evenements du cas d'etude et, parallelement, dans le contexte politique relie aux annees electorates, puisque le cas du restaurant Gilligan est devenu un enjeu lors d'une election provinciale.

Le choix des journaux

La nature locale du cas etudie fait en sorte que tous les journaux ayant publie des articles sur le sujet de 1998 a 2006 ont ete retenus pour analyse. « To exploit the broadest possible impact of the mass media, as many local newspapers as possible were used » (Wang, 2005, p. 289). Le Times & Transcript, le Telegraph-Journal et L 'Acadie Nouvelle sont les trois journaux quotidiens ayant publie des articles sur le sujet. Les hebdomadaires locaux sont le Moniteur Acadien et I'Etoile. Ces derniers ont aussi ete depouilles pour s'assurer que le corpus documentaire contenait tous les articles de journaux locaux relatifs a ce cas.

L'identification du corpus documentaire

L'approche utilisee pour la cueillette de donnees a permis d'assembler le corpus documentaire a partir du systeme electronique de la Bibliotheque Champlain de l'Universite de Moncton. Un tri initial a ete effectue en utilisant les termes cles « Gilligan's restaurant » et « Castle in the Sand »(l'ancien nom du Gilligan's), pour recueillir la majorite des articles. Par la suite, le champ de recherche a ete elargi en utilisant les mots cles « Parlee » et « plage Parlee ». Ces recherches ont ete effectuees en anglais et ont permis de recueillir tous les articles publies dans le Telegraph-Journal, le Daily Gleaner et le Times & Transcript, ainsi que la mention du Chronicle Herald.

Le meme exercice a par la suite ete effectue avec l'engin de recherche Eureka, afin de retrouver des articles en francais, notamment ceux du quotidien VAcadie Nouvelle. Un probleme a surgi lors de cette recherche d'articles, puisque le systeme Eureka, l'homologue francais du FPInformart, ne commence son repertoire d'articles de journaux qu'a partir du 2 juillet 1999. Des microfilms ont done ete consultes a la bibliotheque pour verifier s'il avait des articles sur le cas du Gilligan's avant le 2 juillet 1999. En effet, il avait deja plus d'un an que les premiers articles avaient ete publies a ce sujet. II a ete necessaire de retourner consulter les microfilms pour des articles deja reperes afin d'identifier les pages ou les photos associees aux articles etaient publiees.

La recherche d'articles parus dans les hebdomadaires a l'etude s'est faite manuellement, car les archives de ces journaux n'etaient pas disponibles en microfilm ni dans des banques de donnees electroniques. Les articles du Daily Gleamer et du Chronicle Herald sont relates en un paragraphe, mais ne sont pas retenu pour le corpus documentaire car ils ne presentent que 4 articles, dont l'information est presentee de facon plus detaillee dans les autres journaux.

51 Voila la justification des 235 articles de journaux et d; hebdomadaires retenus pour le corpus documentaire pertinents a Fobjet d'etude. La ties grande majorite d'entre eux est signee par des joumalistes, mais certains sont des opinions du lecteur, chroniques et editoriaux.

Tableau 1. L'ensemble des articles traitant du cas Gilligan's: un corpus documentaire

Annee L'Acadie Times & Telegraph- Le L'Etoile du Total 1 Nouvelle Transcript Journal Moniteur Sud-Est et annuel Acadien Shediac 1998 0 3 1 0 0 4 1999 5 28 18 7 9 67 2000 5 16 2 4 4 31 2001 1 2 1 0 2 6 2002 2 5 1 1 0 9 2003 0 0 0 0 0 0 ^ 2004 9 20 0 j 1 33 2005 14 30 11 5 0 60 2006 4 15 3 3 0 25

total 40 119 37 23 16 235

Le premier tableau presente les differents journaux et hebdomadaires a l'etude ainsi que le nombre d'articles par annee s'interessant au cas Gilligan's. lis forment le corpus documentaire de cette these. Le nombre total d'articles parus dans les cinq journaux, quotidiens et hebdomadaires est de 235.

Tableau 2. Le pourcentage d'articles traitant du cas etudie

L'Acadie Times & Telegraph- Le Moniteur L'Etoile du Nouvelle Transcript Journal Acadien* Sud-Est et Shediac* 17% 50.6 % 15.7% 9.7 % 6.8 %

*Ces deux journaux sont des hebdomadaires

Ce tableau presente le pourcentage, par journaux, du nombre d'article du cas d'etude sur I'ensemble des 235 articles repertories.

52 La frequence de parution et la proximite

Tableau 3. La frequence moyenne de parution des articles traitant du cas etudi£

L'Acadie Times & Te le graph - Le Moniteur L'Etoile du Nouvelle Transcript Journal Acadien Sud-Est et Shediac 70,2 journaux = 24.8 journaux = 82,5 journaux = 20,3 journaux = 29,2 journaux = 1 article du cas 1 article du cas 1 article du cas 1 article du cas 1 article du cas

En calculant le nombre de parutions d'articles traitant du cas Gilligan's dans un journal pendant les 9 annees etudiees ainsi que le nombre de journaux parus dans cette meme periode, nous pouvons effectuer une division pour etablir la frequence du traitement mediatique de notre cas d'etude, ce qui permet de mieux jauger l'interet demontre par le journal par rapport au cas etudie. Ainsi, le tableau 3 demontre que le Moniteur Acadien est l'hebdomadaire qui a demontre la frequence de parution la plus elevee du cas d'etude, avec un taux moyen de 20,3 parutions pour chaque article sur le cas d'etude. Ce calcul demontre effectivement que l'hebdomadaire local a activement traite ce cas et que la proximite de la nouvelle etait tres importante dans ce cas. Le Times & Transcript, situe a Moncton, a suivi la couverture de pres avec la deuxieme frequence de parution la plus elevee.

Autres journaux

Deux articles traitant du cas Gilligan's sont parus dans le Daily Gleaner. Le premier article, publie en 1999, traitait principalement de la relation entre le premier ministre Camille Theriault et son adversaire a la course a la chefferie, Bernard Richard, ainsi que les changements d'allegeance d'Azor LeBlanc, ancien depute de la circonscription du restaurant Gilligan's. Le deuxieme article relate la decision de la Cour d'appel provinciale en matiere d'urbanisme, qui a donne gain de cause aux opposants au restaurant Gilligan's. Le cas d'etude a aussi une mention dans le Chronicle Herald, au mois de juillet 2005. Cette mention relatait que le gouvernement provincial avait fait I'achat du restaurant situe dans le pare provincial de la plage Parlee.

53 Les temps forts de la controverse

Le Tableau 1, reprenant notre corpus documentaire. perniet de determiner les periodes de temps forts de la controverse. En 1999, 67 articles furent publies, ce qui reste la plus forte concentration d'article sur le sujet en une annee. II s'agit de l'annee de construction du Gilligan's et de l'annee de Felection provinciale. Le batiment devint un enjeu politique pour le depute provincial de la circonscription de Shediac/Cap-Pele, Bernard Richard, ainsi que pour la direction des partis progressiste-conservateur et liberal. Ce fut un enjeu d'election, d'abord parce que le chef du parti de l'opposition conservatrice, Bernard Lord, a declare qu'il y avait un manque de transparence dans le dossier et que des etudes d'impacts environnemental et economique auraient dues etre menees avant de commencer le projet. La majorite des craintes environnementales liees au developpement du pare et avancees par les opposants au projet a ete relatee par la couverture joumalistique dans les premiers moments de la controverse, compte tenu qu'elle a dure 9 ans. Des opposants au restaurant ont porte le permis en appel a la fin de l'annee 1999 et le debut de la saga legale s'est poursuivi en 2000, comme en temoigne le quatrieme total annuel d'articles sur le cas.

On peut aussi expliquer le deuxieme total annuel de 2005 par Pactualite : le gouvernement achete a cette epoque le restaurant Gilligan's. L'achat, qui a eu pour effet de rendre conforme 1'usage et 1'existence du restaurant par rapport aux normes provinciales, a suscite une vive reaction dans la presse ecrite de la province, et, en une certaine mesure, a 1'exterieur du Nouveau-Brunswick. La troisieme plus grande quantite d'articles publies annuellement sur le sujet a eu lieu en 2004, suite a un silence l'annee precedente. Les articles relataient en 2004 les resultats des decisions juridiques ainsi que les options du gouvernement et de la CAB dans le processus reglementaire. De 2001 a 2003, la presse relatait que le processus etait devant la Cour d'appel, la Cour du banc de la reine, qui avait deja statue sur le cas, ne presentant que rinformation relative au permis qui permettait au restaurant de demeurer ouvert. Une exception : en 2002, on mentionne l'etude d'Acer Environmental Services a plusieurs reprises, car la rumeur voulait que les consultants proposent de couper les dunes pour que la clientele du restaurant ait une meilleure vue sur la plage.

54 Le profll, I'analyse et les poiitiques d'information des journaux

Le tableau 1 resume la totalite de la couverture du cas Gilligan's dans les journaux d'interet. Par la suite, la couverture de chaque journal a ete analysee a I'aide d'indicateurs, soit la politique d'information du journal ; Tordre de presentation, la quantite et la nature des photos relatives au cas ; le suivi apporte par les journaux (c'est- a-dire que la direction du journal determine le choix de nouvelle que les journalistes doivent couvrir) et finalement le traitement du sujet par le journal par le biais de l'examen du type de texte (editorial, chronique, opinion du lecteur. etc.).

L'analyse de la couverture mediatique du cas selon ces indicateurs a permis de positionner les journaux vis-a-vis la nouvelle. Le traitement de ces indicateurs a ete elabore en detail pour chaque journal afin d'assurer une analyse complete de la couverture pour ainsi presenter la position des journaux. Nous allons presenter le resume du traitement des indicateurs dans cette section. Le lecteur pourra egalement se referer au traitement de ces indicateurs ainsi qu'aux fiches techniques des journaux situees en annexe. Nous allons commencer avec les hebdomadaires et suivre avec les quotidiens.

Le Moniteur Acadien

Tableau 4. Les articles du Moniteur Acadien par ordre de presentation, ainsi que le nombre de photos

Annee ayant A la une p. 2 a 5 p. 6 p. 10 et plus Total d'articles Nombre des articles a9 durant T annee de photos 1999 1 4 - 2 7 6 i 2000 1 j 4 2002 - 1 - - 1 - *» 2004 - 3 - - j 1 i 2005 1 J 1 - 5 4 -> 2006 - 2 1 - j 1 total 3 16 2 2 23 12

55 L'examen des indicateurs de la couverture du Moniteur Acadien

On doit d'abord indiquer que le Moniteur Acadien ne possede pas de politique d'information. Cet hebdomadaire local ayant un tirage modeste d'environ cinq mille copies se veut au service de la communaute qu'il represente et publie des articles provenant du Sud-Est et plus particulierement de la region de Shediac.

Les articles sont souvent accompagnes d'une photo ; plus de la moitie des articles avaient une photo associee a la nouvelle. On peut diviser la totalite des photos en deux regroupements. Le premier comprend le debut de la controverse, en 1999, et sont surtout presentees des photos de l'opposition prises lors des reunions publiques. Le deuxieme regroupement de photos suit le denouement politique et legal de la controverse, entre 2004 et 2006, et sont surtout des photos du restaurant.

L'ordre de presentation des articles demontre que l'hebdomadaire considerait cette controverse importante en terme d'interet pour ses lecteurs, car la majorite d'entre eux etait placee dans les pages reservees a Pactualite importante. Le suivi apporte par les joumalistes du Moniteur demontre egalement l'importance que cet hebdomadaire accordait au cas, puisque seuls trois articles sont des communiques de presse gouvernementaux.

11 est difficile d'evaluer si le Moniteur a pris une position vis-a-vis le cas. On n'y retrouve aucun editorial ou autre type d'articles, sauf du journalisme de spectateur relatant les evenements comrae ils se deroulent. 11 s'agit done essentiellement d'une couverture mediatique presentant les opinions apportees aux forums publics par les intervenants impliques, dans un ordre chronologique.

56 L'Etoile du Sud-Est

Tableau 5. Les articles de I'EloUe divise par ordre de presentation, ainsi que le nombre de photos

Annee La une p. 2 a 5 p. 6 a 9 p. 10 et Total Nombre ayant des plus d'articles de photos articles durant Fannee 1999 1 3 - 5 *(lcom) 9 4 2000 - 4 - - 4 1 2001 1 1 - - 2 1 2004 - - 1 - 1 - total 2 8 1 5 16 6 * Le commentaire de la semaine situe dans la page de F editorial.

L'examen des indicateurs de la couverture de I'Etoile

L Etoile, propriete de Brunswick News appartenu par J.K. Irving, ne possede pas de politique d'information, ce qui sera traite plus en detail dans la section traitant du Times and Transcript. Fonde en 1998,1'Etoile du Sud-Est se regionalise et est scinde en

it t I Etoile de Shediac, I Etoile de Moneton-Dieppe et / Etoile de Kent quelques annees plus tard. Chaque version de cet hebdomadaire a ete consultee dans le cadre de cette etude. L Etoile « se veut le reflet de la communaute, la voix de FAcadie » ; sa mission est done similaire a celle du Moniteur Acadien.

On retrouve une photo approximativement a tous les trois articles, et quatre des six photos illustrent la construction du restaurant a des periodes ou elle etait contestee. Les deux autres photos sont egalement des photos qu'on peut categoriser de promotion du cadre de confrontation, la plus evidente montre le depute et une opposante au projet s'affronter dans une discussion.

57 L'ordre de presentation des articles demontre que Thebdomadaire considerait le cas important, mais un peu moins que le Monileur, puisque les articles sont places moins pres de la une. Le suivi apporte a la nouvelle fut tres bon les trois premieres annees de la controverse, mais un changement du format de l'hebdomadaire a nui a la continuation de la couverture du cas a I'etude. Tous les articles sont des originaux et ils se distinguent par des commentaires tres colores qui exacerbent les points de vue opposes.

Aucun editorial ne relate la position de / 'Eloile mais une chronique par un journaliste donne tout de meme son opinion, puisqu'elle est intitulee : « Le restaurant de la plage : avant tout une guerre commerciale ». Ce journaliste est de l'avis qu'il existe de pires abus de l'environnement ailleurs dans la province. C'est le seul type d'article emettant un commentaire. Les autres articles sont assez bien constants et donnent plusieurs details, mais toujours du point de vue du journalisme de spectateur. On peut avancer que cet hebdomadaire se positionnait surtout pour la vente de journaux, car la presentation de la nouvelle etait axee sur le cadre de confrontation que generait le cas Gilligan's plutot que sur la controverse environnementale comme telle.

L'Acadie Nouvelle

Politique d'information

L'analyse de la politique d'information de chaque journal permet de voir comment il se positionne par rapport a sa couverture mediatique et comment il doit traiter chaque nouvelle. Tel que souligne dans SIRCOME (2000): « L'analyse des strategies communicationnelles deployees par chaque journal nous renseignera sur le sens que ces memes medias accordent a la notion d'environnement et sur la construction publique des problemes ecologiques et de leurs enjeux. » En examinant L'Acadie Nouvelle, un journal provincial publie depuis 1984, nous pouvons verifier la politique de couverture d'actualite a caractere environnemental.

58 Le contenu de la politique d'information indique dans la mission du journal que ce quotidien oeuvre dans un milieu linguistique minoritaire engage a la promotion et a la defense des droits de la communaute acadienne du Nouveau-Brunswick. La deuxieme section dans la politique d'information traite des nouvelles de societes. Elle comprend une section environnementale qui indique que le journal a le devoir d'agir comme chien de garde a l'egard de ces questions. La politique d'information indique egalement que « I'examen des politiques gouvernementales en matiere d'environnement, le respect de ces politiques par les intervenants economiques et la population en generate, la protection de l'habitat et le maintien d'un environnement sain pour la sante publique sont autant d'aspects suivis par le journal » (Politique d'information, 2007, p. 7). Ces affirmations permettent de verifier si les journalistes ont reussi a suivre cette politique d'information par rapport aux questions environnementales.

La politique editoriale du journal se dit au service d'une communaute majoritairement rurale et veut porter une opinion favorable a toute initiative susceptible d'y ameliorer la qualite de vie (Politique d'information, 2007, p. 8). Ces informations permettent d'examiner la position du journal face a la couverture mediatique et le contenu du cas etudie dans les analyses proposees.

Tableau 6. Les articles de L'Acadie Nouvelle par ordre de presentation dans le journal ainsi que le nombre de photos

Annee La une p. 2 a 5 p. 6 a p. 10 Nombre Total Nombre 9 et d'editoriaux d'articles de plus durant photos 1'annee 1999 - 1 4 - - 5 1 o 2000 - j 2 - - 5 2 2001 - 1 - - - 1 1 2002 - - 2 - - 2 - 2003 ------2004 1 3 5 - - 9 8 *> 2005 4 j 1 3 14 8 2006 - - 2 1 1 4 - total 4 12 18 2 4 40 20

59 L'examen des indicateurs de la couverture de /'Accidie Nouvelle

L 'Acadie Nouvelle est le seul journal a I'etude ayanl une politique d'information qui definit la position du journal entre autres face aux nouvelles environnementales. Ce journal independant est le seul quotidien de langue francaise distribue dans toute la province et se definit ainsi comme la voix representant les communautes acadiennes du Nouveau-Brunswick.

En se referant au tableau 6, nous voyons que le pourcentage de photos accompagnant les articles se chiffre a 50 %. ce qui est beaucoup plus eleve que pour les deux autres quotidiens a I'etude. L'examen des photos ne demontre aucune tendance dans la presentation des photos, sauf pour appuyer la nature de 1'article. On remarque cependant que la photo du restaurant reste la plus representative du cas, puisqu'elle est utilisee a neuf reprises. Le restaurant est au coeur de la controverse et cette photo est done associee a differentes opinions, soit Peconomie ou encore 1'incertitude legale et environnementale, entourant son existence.

On peut noter dans 1'analyse du tableau de l'ordre de presentation que les articles n'ont pas fait la une de l'AN au debut de la controverse, bien qu'il s'agissait d'une periode cruciale du cas etudie. Ce premier constat suggere, selon l'ordre de la presentation, que cette nouvelle n'etait pas prioritaire pour le journal. Cependant, comme le suivi fut assure a presque 75 % par le meme joumaliste et que quatre editoriaux ont ete consacres au cas, le journal a effectivement demontre un interet vis-a­ vis la controverse.

En tenant compte de sa politique editoriale, l'AN a reussi a emettre son opinion sur le cas Gilligan's par le biais de ses editoriaux, mais on peut difficilement dire qu'elle a reussi a mener du journalisme de chien de garde sur les questions environnementales. comme le prevoit sa politique d'information. Ce role aurait necessite une position plus affirmee, une plus grande couverture au debut de la controverse et des arguments base sur des principes environnementaux. L'AN a surtout traite la question environnementale

60 en relatant la position du gouvernement el les interets economiques relatifs a cette controverse.

Le Times & Transcript

Politique d'information

Nous avons cherche en vain les politiques d'information du Times & Transcript et du Telegraph-Journal sur le site web de Brunswick News, ou aucune politique d'information n'est affichee. Un suivi telephonique fut effectue aupres du Times & Transcript, mais personne ne pouvait affirmer qu'une politique d'information existait. Un editorialiste du journal a alors confirme qu'il n'y en avait pas. Les memes informations ont ete obtenues en contactant le bureau du Telegraph-Journal. Le redacteur en chef de / 'Etoile, a relate que cet hebdomadaire ne possedait pas de politique d'information, en raison tout simplement du manque de temps pour la rediger.

Est-ce qu'il s'agit d'une coincidence que les journaux appartenant a Brunswick News n'ont pas de politique d'information? Une recherche rapide nous amene a voir ce qui est couramment appele le monopole de l'empire Irving. Cependant, il faut souligner que J.K. Irving est le proprietaire de Brunswick News et non plus de la compagnie d'Irving Group comme c'etait le cas auparavant. Brunswick News est proprietaire de tous les journaux quotidiens anglophones de la province du N.-B., c'est-a-dire de 21 journaux hebdomadaires, et de / 'Etoile qui est utilise dans l'etude de ce cas.

Une etude mediatique menee au Nouveau-Brunswick ne peut pas etre complete sans mentionner le role et Pinfluence qu'exerce le monopole mediatique provincial d'un membre de la famille Irving. Plusieurs articles sur le sujet ont ete publies dans la revue electronique des « Communications Workers of Canada », qui comprend entre autres des contributions d'universitaires, dont la citation de la professeure Erin Steuter, de Mount Allison's University (Sackville, Nouveau-Brunswick). Dans son article intitule « The Irving Media Monopoly in New Brunswick », elle indique :

61 Monopoly media in New Brunswick has resulted in a situation where we are left with generic news content in which contextualised and critical discussions of important social and economic issues that affect the lives and livelihoods of neighbours and families are addressed in a skewered and self serving matter (Steuter, 2003).

Cette affirmation complete Particle, dans lequel sont presentes plusieurs exemples de problemes lies a l'interet prive des compagnies d'Irving avec la presse. L'auteur inclut dans son article qu'un ancien editeur du TJ a relate aux journalistes en 1995 que J.K. Irving telephonait chaque jour pour lui dire ce qu'il aimait et ce qu'il n'aimait pas dans le contenu du journal.

L'inquietude reliee au monopole mediatique n'est pas nouvelle et fut elaboree d'avantage ailleurs : « The Court ruled that Irving indeed controlled the daily newspaper market in New Brunswick. In 1975 a higher court overturned that guilty verdict because the Combines Investigation Act (pre-Competition Act) required criminal burden of proof» (Kierans, 2006, p. 2). A la suite de ces jugements, apparaissent des commentaires qui relatent les deficiences de la loi, suite a l'examen du cas Irving, car il n'aurait pas du avoir gain de cause selon l'auteur. Un comite senatorial a produit un rapport pour le bureau de competition au sujet de l'achat de plusieurs hebdomadaires par Brunswick News en 2002. Ce rapport relatait: « This situation is, as far as the Committee could determine, unique in developed countries», pour expliquer le monopole mediatique de Brunswick News (Kierans, 2006, p. 3).

Le Times & Transcript est distribue dans la grande region de Moncton, mais ne circule pas a la grandeur de la province. Les nouvelles vont done privilegier Pactualite locale, puisqu'il s'agit d'une amalgamation de deux journaux de Moncton.

62 Tableau 7. Les articles du Times & Transcript par ordre de presentation dans le journal, ainsi que le nombre de photos

Annee La une p. 2 p. 6 p. 10 Nombre Nombre Total Nombre a5 a9 et d'editoriaux de lettres d'articles de plus des durant photos lecteurs 1'annee 1998 - 2 - - 1 - 1999 7 4 5 3 2+*lcv 6 28 10+*lcr 2000 2 2 6 - *lcv+*lsl 4 16 2001 - 1 - - - 1 2 2002 2 2 - - 1 - 5 2003 ------2004 5 4 3 1 3 3+*lent 20 2. ^ 2005 3 7 j 1 3+*2ch 11 30 3+ 2006 3 1 - 2 3+*lsl 5 15 - total 22 23 17 7 13+*6 30+*lent 119 18+*lcr ch = Chronique *cv=Cityview * si = Sleuth *ent = Entrevue *cr = Croquis

L'examen des indicateurs de la couverture du Times and Transcript

Nous avons note l'absence d'une politique d'information et positionne le TT en fonction du proprietaire de Brunswick News, J.K. Irving, et de son influence mediatique dans la province. Le TT a demontre son interet par rapport a la controverse en presentant la plus grande couverture du cas Gilligan's de tous les joumaux etudies.

Le TT a insere plus d'une photo par trois articles publies pendant le debut de la construction et Selection provinciale en 1999. Ces photos ont demontre differentes phases de la construction, et la moitie d'entre elles furent consacrees a differents politiciens, ce qui demontre l'enjeu electoral de la controverse. Les annees suivantes, nous remarquons qu'il y a moins de photos accompagnant les articles.

En se referant au tableau 7, nous voyons que la nouvelle fut tres souvent placee en premiere page ainsi que dans les pages suivantes, ce qui indique l'importance que lui accordait le journal, selon l'ordre de presentation. On peut egalement voir que le forum d'opinion publique s'est joue dans le TT par le grand nombre de lettres d'opinion publiees sur ce cas.

63 Le suivi de la nouvelle fut assure par plusieurs journalistes, ce qui peul affecter la qualite du suivi, notamment au niveau des redondances dans 1'information presentee (surtout celle de nature environnementale). Plusieurs journalistes ont surtoul traite la nouvelle a partir d'angles qui ne permettaient pas d'expliciter la question environnementale, tel que le demontrera le troisieme chapitre.

La grande diversite de sections et de commentaires lies a ce cas demontre l'importance que le TT a accordee a ce sujet. Les articles de « City View » et « Sleuth » traitent generalement d'evenements locaux. Le TT se presente comme le journal communautaire de la region du grand Moncton et la multitude de types de textes lies au cas appui cette position. Le TT avait la tres grande majorite des editoriaux, ces derniers seront examines a la fin de ce chapitre pour mieux examiner la position du journal.

Le Telegraph-Journal

i Politique d'information II n'existe aucune politique d'information et nous devons nous referer a la politique d'information du TT sur le monopole d'Irving. Une des particularites du TJ vient cependant du fait que c'est le seul journal qui soit distribue dans toute la province. Le type d'information presente dans le secteur de l'actualite reflete le statut de journal provincial, puisqu'il relate de grandes nouvelles touchant l'ensemble de la province, voir meme du Canada. II faut cependant preciser que la section « City » ainsi que les sports sont axes sur la ville de Saint-Jean, contrairement aux autres nouvelles de nature provinciale.

64 Tableau 8. Les articles du Telegraph-Journal par ordre de presentation dans le journal, ainsi que le nombre de photos

La une p. 2 p. 6 p. 10 Nombre Nombre Total Nombre Annee a5 a9 el cfeditoriaux de lettres d'articles de plus des durant photos lecteurs 1'annee 1998 - - 1 - - - 1 1 1999 - 10 5 - - 3 18 1 2000 - - 2 - - - 2 2001 - 1 - - - - 1 - 2002 - 1 - - - - 1 - 2003 ------2004 ------2005 3 2 1 - 3 2 11 1 2006 - 1 1 - *lcom. - 3 - total 3 15 10 - 3+ lcom. 5 37 3 1 com = commentaire

L'examen des indicateurs de la couverture du Telegraph-Journal

Le TJ se presente comme le plus grand journal de la province, avec un tirage d'environ 35 500. Le TJ indique sur le site web de Brunswick News qu'il est la meilleure source de nouvelles au sujet du gouvernement et des evenements provinciaux importants.

Le TJ a seulement publie 3 photos concernant le cas Gilligan's, ce qui le differencie des autres journaux relativement au premier indicateur. On peut attribuer ce resultat a la distance separant le bureau chef du lieu de la nouvelle. ou a un interet moins important du journal pour celle-ci.

L'analyse du tableau 8 de Pordre de presentation des articles dans le journal demontre que le TJ a traite du cas dans les deux periodes critiques de la controverse, soit la construction en 1999 et l'achat en 2005. Le journal a cependant mise une plus grande importance en 2005 par des articles a la une et par des editoriaux. Ceci correspond avec leur affirmation qu'ils priorisent l'actualite gouvernementale, car c'est Pepoque ou la decision de la part du gouvernement d'acheter le restaurant fut grandement critiquee.

65 Le suivi ful assure par deux joumalistes pendant les temps fort de la couverture. II faut noter qu"un de ces deux joumalistes a fait appel a un specialiste du domaine environnemental afin d'eclairer la question, ce qui fait du TJ le seul journal a avoir utilise cette demarche.

Si le Times & Transcript a ete le journal ou s"est joue le forum public sur la question, en revanche, c'est le TJ qui a su suscite des reactions vives de la part du gouvemement. La ministre provincial de l'Environnement et des Gouvernements locaux. Brenda Fowlie, a emis des commentaires dans 1'opinion du lecteur. On peut suggerer que le prestige du journal et la qualite de ses articles relatifs au cas aurait amene la ministre a emettre son opinion dans ce journal.

Tableau 9. Le nombre de mentions dans les differentes sections des journaux a I'etude

AcadieN. Time and T. Telegraph J. L'Etoile Moniteur A. Editoriaux 4 13 3 - - Chroniques - 6 1 com.* 1 com.* - Une 4 22 3 2 3 Photos 20 19 3 6 10 Lettres - 30 5 - - com* = commentaire a la page de l'editorial

Tableau des editoriaux, chroniques, une et photos de toutes les parutions des journaux

Analyse des editoriaux

L'importance de l'editorial dans un journal est non negligeable car il represente la position du journal vis-a-vis la nouvelle. On peut egalement noter avant l'examen des differents editoriaux sur le sujet que le seul fait qu'un journal consacre son editorial sur une question indique son importance.

66 Tableau 10. Le nombre d'editoriaux par join naux dans I'ensemble du corpus documentaire

Annee ayanl au Times & Transcript Telegraph-Journal L'Acadie moins un editorial Nouvelle 1998 1 - - 1999 2 - - 2002 1 - - 2004 3 - - 2005 ^ 3 J 2006 3 - 1

Le nombre total d'editoriaux traitant du cas Gilligan's ; il est a noter que les deux hebdomadaires n'en ont pas produit.

Le contenu des editoriaux

Le premier editorial au sujet du restaurant de la plage Parlee fut publie en 1998 dans le Times & Transcript, tel qu'indique dans le tableau 10. En 1998, seuls 4 articles relatifs au Gilligan's sont parus, dont un editorial. Les articles ont surtout traite du fait que le gouvernement provincial avait recule, devant une opposition locale, la construction d'un restaurant sur la plage Parlee. L'editorial avait comme titre « Parlee Beach decision fishy » et relatait comment le gouvernement avait donne peu de raisons pour expliquer le fait que la construction du restaurant n'etait pas encore debute. Les raisons evoquees avancaient que la construction allait deranger les utilisateurs de la plage, que le projet etait plus gros que prevu (une reference au plan directeur de 1997) et qu'il existait une opposition de la part des restaurateurs locaux. L'editorial se poursuivait en critiquant la decision du gouvernement de ne pas aller de l'avant avec ce projet, soutenant que Peconomie ne grandirait pas sans competition. L'editorial se termine en demandant si ce ne sont pas des raisons politiques qui empechent le developpement de ce restaurant, au detriment du developpement economique qui, selon Peditorialiste, devrait etre la priorite du gouvernement.

Une annee et un jour plus tard parait le deuxieme editorial du TT au sujet du restaurant de la plage Parlee, intitule « Restaurant Will Enhance Beach ». L'editorialiste est de l'opinion que la controverse n'est pas fondee. En premier lieu, la plage ne sera pas privatisee comme plusieurs le supposent. Deuxiemement, les restaurateurs auraient

67 raison de s'opposer si la CAB avait refuse le permis en invoquant qu'il y avait deja assez de restaurants a Shediac, Troisiemement, malgre la rhetorique que le gouvernement n'est pas a l'ecoute de la population, il Test car ils ont diminue l'envergure du projet. Quatriemement, la consommation d*alcool a la plage Parlee ne constitue pas, selon l'editorialiste, un probleme. Finalement. le restaurant ne va pas detruire le charme naturel, mais plutot le faire mettre en valeur, comme le titre le suggere.

Le troisieme editorial est negatif envers le gouvernement liberal toujours au pouvoir a l'epoque, surtout en ce qui concerne la facon dont il a gere le dossier du restaurant. L'editorialiste maintient la position des editoriaux precedents en affirmant que le restaurant ne constitue pas le probleme, et relate le manque de transparence et de gouvernance de la part du gouvernement dans ce projet. Les points les plus critiques sont que le bail n'a pas ete signe avant le debut de la construction et que le retour financier du projet est presque nul pendant les premieres annees. L'editorialiste continue en disant qu'il semble y avoir du patronage politique lie a ce projet et que 1'opposition a facilement acces a des munitions, en cette periode d'election, en raison de la facon dont a ete mene le projet dans son ensemble.

L'annee 2002 fut une periode relativement tranquille en fait d'editoriaux, comme presente au tableau 10, puisqu'un seul article de ce genre est publie. L'editorial est toujours un peu hostile a l'egard du gouvernement, bien que le gouvernement ait change depuis le dernier editorial traitant du cas du Gilligan's. L'editorialiste precise que le gouvernement va etre scrute a la loupe par rapport a ce projet. Le texte offre egalement la premiere mention environnementale que Ton retrouve dans un editorial sur le sujet. L'editorial traite les consultants Acer Environmental Services Ltd. ainsi que le gouvernement avec mefiance. L'editorialiste mentionne 1'importance des dunes, et qu'elles ne devraient pas etre coupees pour ameliorer la vue d'un certain patio de restaurant. II continue en insistant sur le fait que le processus cotier est vital a l'ecologie de la region et que les dunes ne devraient pas etre modifiees pour des raisons politiques opportunes ; un changement, rappelle-t-il, aura des repercussions sur tout le reste de Pecosysteme.

68 L'annee 2004 voit un regain d'interet dans la saga Gilligan's ; trois editoriaux traitant du cas a I'etude paraissent dans le TT. Le premier editorial, date du 12 fevrier 2004, commence par traiter d'autres sujets. Plus loin dans le texte, on apercoit un titre divisant l'editorial : « End of story ». Les tribunaux ont juge que le restaurant Gilligan a ete construit illegalement, done il ne reste plus qira le detruire et a restaurer I'ecosysteme.

Le 26 fevrier 2004. un editorial du TT est dedie a critiquer le gouvernement pour sa gestion des grands dossiers environnementaux de la province du Nouveau-Brunswick. L'editorialiste mentionne que l'usine Bennett Environmental, une entreprise de traitement des sols contamines et des dechets toxiques situee a Belledune, est devant les tribunaux et risque de faire revoquer son permis de construction. Le dossier de la ferme Metz, une mega-porcherie qui fut presentee par l'ancien gouvemement liberal comme un fait accompli, est aussi rappele. L'editorialiste poursuit en disant que le restaurant Gilligan's fut etabli comme Metz, et que les reglements ont ete plies sans que l'intention de la loi ne soit suivie. L'editorialiste a conclu que la ministre de l'Environnement, Brenda Fowlie, a envoye un message clair: les etudes d'impact environnemental (EIE) prennent trop de temps a se realiser et ne fonctionnent pas efficacement, e'est pourquoi il n'y aurait pas eu d'EIE dans le cas de l'implantation de Bennett Environmental a Belledune. Le gouvernement devrait suivre ses propres reglements ou changer ses lois, selon l'editorialiste.

Le dernier editorial paru en 2004 ressemble aux deux premiers, e'est-a-dire qu'il fait mention et critique les lois de la province en matiere environnementale. L'editorial du 14 juin 2004 porte sur remission des permis de construction. L'editorialiste relate un cas ou la construction d'un motel a ete amorcee avant d'avoir obtenu le permis de construction. II explique que le restaurant Gilligan's etait egalement sous construction avant d'avoir les permis necessaires (selon l'editorialiste). L'editorialiste poursuit en disant que d'autres gens, qui veulent respecter les reglements, se voient refuses des

69 permis ; el que ie systeme provincial de renforcement des permis d'amenagement doil etre serieux el faire demolir les constructions qui ne rencontrent les exigences.

L'annee 2005 est la deuxieme plus importante en termes de nombre d'articles sur le cas d'etude, mais c'est l'annee la plus importante a ce qui attrait aux positions des journaux vis-a-vis la nouvelle. Neuf editoriaux paraissent sur le cas Gilligan's en 2005. Le content] de ces editoriaux sera analyse en ordre chronologique plutot que par journal afin de mieux suivre l'influence des editoriaux et revolution du discours porte par la con tro verse.

Tableau 11. Ordre chronologique des editoriaux etudies, parus en 2005

TT TT AN TJ TT TJ AN TJ AN 28-03- 01-04- 12-04- 27-04- 05-07- 08-07- 12-07- 21-07- 21-09- 2005 2005 2005 2005 2005 2005 2005 2005 2005

L'editorial du 28 mars 2005 relate que la Commission d'appel en matiere devaluation et d'urbanisme (CAMEU) a a nouveau tranche contre l'usage commercial du restaurant Gilligan's et statue que le restaurant etait ouvert illegalement, en zone environnementale dans un pare provincial. L'editorialiste explique ensuite que la demande de rezonage de la part du gouvernement est une facon de contourner la loi. II insiste sur le fait que la province ne peut pas porter deux chapeaux dans ce cas : soit elle protege le site ou « the fragile eco-system of Parlee beach and its sand dunes rather than dabble in the restaurant business. » II continue en disant que la CAB ignore la loi selon la decision de la CAMEU et qu'elle detruit sa propre credibilite. L'editorialiste suggere egalement qu'il faut faire face aux faits : la construction du Gilligan's etait une erreur des le debut; les etablissements commerciaux de ce genre ne devraient pas etre construits dans une «environmentally sensitive area ». On ne veut pas de developpement a la Coney Island, continue l'editorialiste, bien que Ton puisse soupconner que cet exemple est directement emprunte de la lettre d'une opposante principale au projet, publiee anterieurement dans le TT. La solution avancee par l'editorialiste a tous ces problemes est de detruire le Gilligan's, car toutes les autres

70 solutions contournent les lois concernant la planification el le zonage. Contourner les lois ne va que ternir la reputation du gouvernement de la province ainsi que celle de la CAB.

L'editorial du ler avril 2005 commence ainsi : « It is disturbing when neither the provincial government nor local officials on regional planning commissions have to obey the province's own laws on zoning, development and environmental protection. » L'editorialiste questionne l'utilite des lois si elles ne sont pas respectees et donne raison aux critiques de s'inquieter. Si cette situation se poursuit, toutes les zones d'environnement protegees de la province sont a risque, continue l'auteur qui compare le cas du restaurant Gilligan's a celui de la riviere Petitcodiac.

Un troisieme editorial est paru en 2005 dans I'Acadie Nouvelle. Une premiere difference entre celui-ci et ceux que nous venons de voir est que celui-ci est signe, ce que les journaux anglophones ne font pas la plupart du temps. L'editorialiste commence par indiquer qu'il pense que c'est la fin de la saga du Gilligan's : « Ainsi se termine le dernier chapitre de ce roman politico-environnemental qui souleve la controverse depuis la construction de l'edifice, en 1999. » II resume rapidement le cas, puis souligne que l'abandon du rezonage par la ministre du Tourisme Joan MacAlpine signifie la fin du restaurant. L'editorialiste explique que ce cas a fait ressortir un vieux debat opposant la protection de Fenvirormement au developpement economique. II implique le president du DSL de Pointe-du-Chene, Luc Dumont, pour expliquer le debat. Luc Dumont a sa communaute a coeur, ce qui est bien, mais tous les arguments sont de nature economique selon l'editorialiste, qui continue sur l'importance environnementale du lieu en disant qu'il est primordial de preserver l'etat naturel du site. « Si on altere le paysage et Pecosysteme en construisant des edifices sur la plage, qui sait comment reagiront les touristes. » II appuie le gouvernement progressiste-conservateur de l'epoque avant de terminer qu'il ne reste plus qu'a demolir ou a demenager le restaurant sans plus tarder.

L'editorial du Telegraph-Journal du 27 avril 2005 traite aussi de l'environnement et est tres critique a l'endroit du gouvernement. Alors que les citoyens font des efforts en

71 matiere de recyclage. le gouvernement, lui, a une attitude de laissez aller. Le Gilligan's n'est mentionne ici qu'au passage, pour relater que le gouvernement a recule suite a sa demande « honteuse » de rezonage pour legaliser le restaurant, une fois que Vopposition a force des decisions juridiques. Autrement dit, le gouvernement cree des pares et des lois environnementales, mais ne les applique pas, selon Teditorialiste.

Le contenu de l'editorial du 5 juillet 2005 paru dans le TT se resume par son titre : « Province errs on Gilligans; We say : Decision to buy restaurant an outrage ». L'editorialiste voit que la decision prise par le gouvernement d'acheter le restaurant envoie le mauvais message au public en remettant en question la CAMEU et le systeme juridique de la province. II continue en disant qu'au Nouveau-Brunswick. il existe des lois pour prevenir ce genre de developpement commercial dans des zones environnementales fragiles, et que la CAB a defie la LSU en emettant un permis de construction au debut du projet en citant les decisions de la CAMEU. L'editorialiste poursuit que la solution du gouvernement qui consiste a acheter le Gilligan's afin de legaliser l'existence du batiment, etant donne que les terres de la couronne sont exemptes des restrictions de zonage, est deplorable. 11 dit que cela demontre que le gouvernement ignore le processus de zonage, ignore ses propres lois de protection en zones cotieres et qu'il rejette la volonte des citoyens.

L'editorial du 8 juillet 2005 donne le meme son de cloche que celui du TT paru 3 jours auparavant et s'interessant au non respect des lois par le gouvernement. II considere que le ministere du Tourisme peut ouvrir le restaurant au public legalement, maintenant que la province en est proprietaire, mais qu'il n'a cependant pas Pautorite morale pour le faire. L'editorialiste relate le probleme du restaurant en avancant que l'amenagement a ete construit sur « [a] land not zoned for development » et sans consulter le zonage de la region qui indiquent le contraire (Annexe 8).

Le troisieme editorial sur le sujet a paraitre en une semaine provient de l'attention mediatique provoquee par la decision du gouvernement d'acheter ce restaurant controverse. L'editorial du 12 juillet 2005 paru dans VAcadie Nouvelle explique que le

72 nouveau proprietaire du restaurant, le gouvernement provincial, va faire des changements afin de minimiser les consequences nefastes pour les gens vivant a proximite. L'editorialiste indique que le restaurant a ete construit trop pres de la plage et dans une zone designee sensible pour I'environnement. 11 continue en rappelant que la cour d'appel a tranche 7 fois contre le restaurant et que la demande du ministere du Tourisme demandant de rezonage qui en aurait legalise l'usage a ete retiree. L'editorialiste relate que la ministre voit l'achat du restaurant d'un ceil favorable, car il protege la province contre une poursuite provenant des anciens proprietaires et permet de continuer a operer le restaurant en le legalisant, puisque la province est exemptee de la Loi sur l'urbanisme. L'editorialiste est d'accord avec la ministre qu'il est bon d'avoir des services tel le restaurant pour les touristes. mais plus loin dans le texte, il est d'avis que le restaurant n'aurait pas du etre construit « a deux pas de la plage » et que malgre le changement legal, les risques environnementaux demeurent. II dit que les plages et les dunes sont des ecosystemes fragiles qu'il faut proteger et que la reglementation existe pour cette raison. Done la solution est que le littoral soit libere de cette structure et qu'on construise un plus petit restaurant plus loin de la plage.

Le dernier editorial du mois de juillet, periode fort importante en termes d'opinions et de positions sur le cas etudie, est publie dans le Telegraph-Journal. Le titre, « Working toward the greater good », refere au fait que l'achat du Gilligan's, au cout de 780 000$, a evite au gouvernement une poursuite legale. Cependant, le gouvernement s'est oppose a ce qu'un batiment soit donne a la ville de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, qui voulait les transformer en residence de logements abordables, en raison de taxes foncieres de la somme de 28 000$ qui n'avaient pas ete payees. Si l'achat du Gilligan's s'est fait pour le benefice des gens de la province, le gouvernement devrait egalement maintenir ce principe dans d'autres circonstances, selon l'editorialiste.

Le dernier editorial de l'annee 2005 est une mention du restaurant de la plage Parlee, publiee dans / 'Acadie Novvelle du 21 septembre. L'editorial est surtout lie aux enjeux du developpement. L'editorialiste suggere que la confrontation entre promoteurs de projets et environnementalistes est monnaie courante et relate plusieurs exemples

73 dont celui de I'incinerateur de Bennet. des fermes Metz. de la riviere Petitcodiac et bien sur du restaurant Gilligan's. 11 suggere que trop souvent le discours entre les camps, celui des promoteurs et celui des environnementalistes, devient enflamme, ce qui joue au detriment du processus et qui a comme resultat de diviser la population. 11 conclut que tous les developpements ne detruisent pas l'environnement et qu'il faut demeurer sobre et sense pendant la phase de consultation, comme se sera le cas, il l'espere lors du debat sur les espaces verts de la ville de Moncton.

L'editorial du TT du 16 Janvier 2006 se veut contre l'usage du restaurant et implique qu'il est temps que la ministre du Tourisme et des Pares prenne une bonne decision a 1'egard de l'avenir du restaurant Gilligan's. 11 denonce ce qu'il appelle d'hypocrisie du gouvernement a vouloir utiliser le restaurant maintenant qu'il est legal selon la LSU, mais bien qu'il ait ete declare illegal a 7 occasions auparavant. L'editorialiste juge que les sondages entrepris par des compagnies privees a la demande du gouvernement sont discutables, s'appuyant sur des temoignages de residants lui indiquant qu'il n'y a jamais eu d'appui pour le restaurant. L'editorialiste indique que la ministre doit proteger la plage Parlee et mentionne que les 40 000 personnes par jour qui visite la plage chaque ete font assez de dommage a la dune et a l'ecosysteme fragile de l'endroit pour que Ton permette a un etablissement commercial d'y ouvrir, en violation des lois de zonage.

Un mois plus tard, soit en fevrier 2006, un deuxieme editorial du TT paraft, critiquant les decisions du gouvernement et disant que le premier ministre envoie le mauvais message a la population en ne suivant pas la loi (nous supposons que l'editorialiste fait reference a la LSU). L'editorialiste ridiculise le sondage qui etabli que la population est en faveur du restaurant et insiste pour que Ton suive la loi, sinon il faudrait aussi faire un sondage sur les couts de Penergie afin de les diminuer. Comme dans d'autres editoriaux, on retrouve le terme « environnement », mais l'editorialiste n'elabore pas le concept, sauf pour indiquer que Ton contredit les lois de zonage. « It violates zoning laws, including some intended to protect the environment » (Annexe 8).

74 Le dernier editorial du TT qui mentionnera le cas du restaurant Gilligan's se penche surtout sur un autre cas problematique pour la CAB. L'editorialiste avance qu'on a besoin de plus de clarification sur le processus de planification et de ses reglements au niveau de la province, car le probleme de comprehension de la LSU est en train de faire une farce des commissions d'amenagement. Un autre permis de construction avait deja ete revoque a Shediac et la reponse avancee par le directeur de planification a l'editorialiste est qu'il ne s'agissait pas d'une situation noire ou blanche. La meme commission, soit la CAB, a ete melee dans le rezonage controverse du restaurant de la plage Parlee. II conclu qu'il devrait y avoir des reponses claires et precises, et que les decisions prises par la CAMEU devraient etre respectees puisque personne beneficie du fonctionnement du systeme actuel.

La toute derniere mention du restaurant Gilligan sur la plage Parlee fut dans l'editorial de I'Acadie Nouvelle du 18 octobre 2006. L'editorialiste emet l'opinion du journal sur la deuxieme raffmerie proposee pour Saint-Jean et relate sa deception lorsque le ministre de PEnvironnement de la province, Roland Hache, n'a voulu emettre aucun commentaire au sujet de la deuxieme raffmerie Irving. II explique que ce sont toujours les considerations economiques qui sont privilegiees au lieu des considerations environnementales, et que les derniers ministres de l'Environnement sous le dernier gouvernement, n'ont pas bouge sur les grandes questions. Ainsi, ils n'ont pas pris position sur l'incinerateur Bennett, ni sur le protocole de Kyoto, ni les mega-porcheries, la remise a neuf de Pointe Lepreau ou encore le restaurant de la plage Parlee. II conclut que comme le nouveau ministre Roland Hache n'est en poste que depuis deux semaines, il pourra done se demarquer des autres qui l'ont precede.

Les positions des journaux telles que presentees dans leurs editoriaux

1. Times & Transcript II est tres interessant de noter la constante qui se degage des 13 editoriaux du TT qui mentionnent la controverse du restaurant de la plage Parlee : les editorialistes

75 mentioiinent toujours le gouvernement, Au depart, en 1998, le premier editorial du TT s'etait declare pour la construction du restaurant, soit I'annee avant la construction reelle. L'editorial declarait que le gouvernement ne faisait pas ce qu'il devait dans ce cas, c'est-a-dire de promouvoir les interets economiques de la region. L'editorial avancait que la raison pour laquelle la construction du restaurant tardait etait peut-etre politique. Le deuxieme editorial etait toujours en faveur de la construction du restaurant; il indiquait qu'un restaurant ajouterait au charme naturel de la plage Parlee. L'analyse finale de cet editorial reste que le Nouveau-Brunswick ne peut pas se reposer sur ses lauriers lorsqu'il est question de developpement touristique. Le troisieme editorial est toujours en faveur du restaurant, mais contre la facon dont la province a administre le dossier. L'editorialiste relate que le projet a recu le feu vert avant que le bail ou le contrat ne soit signe. Le probleme, jusqu'a present, est lie au manque de transparence de la part du gouvernement, qui a reussi a ternir un projet important, selon l'editorialiste. Le quatrieme editorial traite surtout des dunes de la plage Parlee et de leur importance au niveau environnemental, sans toutefois mentionner que la dune est artificielle. L'editorialiste commente que le gouvernement n'a pas un record en or en ce qui a trait a la protection de l'environnement; la population doit done etre vigilante par rapport aux travaux des consultants de Acer. C'est le premier editorial ne relatant pas une position sur le restaurant.

Le premier editorial de 2004 ne fait que mentionner le Gilligan's et relater que la cours a juge la question. C'est ici que Ton change le fusil d'epaule dans la salle editoriale. Les deux dernieres phrases sont: « All that remains now is to tear it down and restore the ecosystem. It is the right thing to do. » II s'agit de la premiere connotation negative reliee au restaurant de la plage Parlee dans l'editorial du TT. Le sixieme editorial relate quant a lui des enjeux environnementaux de la province entiere sous un angle politique. L'editorialiste est clairement positionne contre le restaurant Gilligan's et specifie que ce projet est similaire a d'autres problemes provinciaux tels Bennett Environnemental a Belledune et a la mega-porcherie Metz a Saint-Marie de Kent, dans le sud-est de la province. L'editorialiste attribue la blame au dernier gouvernement provincial, ainsi qu'a celui qui l'a precede, dans le cas du Gilligan's. Le septieme

76 editorial relate des problemes relies a la mise en application des permis de construction dans la province. II n'y a qu'une mention du restaurant dans cet editorial, qui specifie que le batiment a ete construit avant l'obtention des permis requis. La description du restaurant dans l'editorial est interessante a preciser: « a gigantic restaurant complex ». II a change enormement depuis le deuxieme editorial, qui le decrit comme quelque chose de plus modeste ; « It was scaled back from a two storey structure to a one storey. »

Le huitieme editorial du TT, le premier de 2005, se prononce fortement contre la construction du restaurant dans une zone environnement sensible. L'editorialiste continue a denoncer la position du gouvernement ainsi que celle de la CAB sans comprendre effectivement la LSU, ni savoir qui est responsable de l'application de la loi. L'editorialiste avance que la province et les promoteurs savaient exactement de quoi il s'agissait des le depart, ce qui se demarque du sixieme editorial, qui lui specifie que ce n'etait pas la faute des developpeurs, mais plutot du gouvernement. Le neuvieme editorial s'oppose tres fortement au restaurant. Les propos de l'editorialiste sont bases sur les decisions de la CAMEU done a ce qui a trait a la legalite des procedures entourant ce cas. Le dixieme editorial est specifiquement contre l'achat et la legalisation du restaurant par la province. Cet editorial amene les memes arguments que les deux qui l'ont precede, soit des accusations contre les autorites provinciales et locales, qui n'ont pas suivi leurs propres reglements.

Le onzieme editorial date de Janvier 2006 et l'editorialiste donne son opinion sur l'avenir du restaurant avant que la ministre MacAlpine annonce la decision du gouvernement a ce sujet. L'editorial est contre l'usage du restaurant par le gouvernement et evoque les meme arguments : le zonage n'est pas le bon et les decisions legales prises contre le restaurant sont au centre de I'argumentation. Le douzieme editorial est toujours oppose au restaurant, et souligne que le gouvernement continue a prendre les mauvaises decisions en permettant l'utilisation du restaurant par le secteur prive. L'editorialiste avance que le premier ministre envoie le message que la loi peut etre ignoree si e'est politiquement viable de le faire. Le dernier editorial du TT a ce sujet ne comporte qu'une mention du Gilligan's comme exemple que le processus legal lie a la LSU est

77 trop nebuleux. L'editorialiste relate une conversation avec le directeur de la CAB ou ce dernier dit que la loi n'est pas noire ou blanche, et c'est cette ambigui'te, toujours selon l'editorialiste, qui est la source du probleme.

2. Le Telegraph-Journal L'editorialiste du TJ est contre le restaurant Gilligan's, et blame le gouvernement pour ce probleme en soulignant qu'il cree des pares et des endroits proteges, mais qu'il ne les protege pas. On donne l'exemple de la demande de rezonage par le gouvernement pour legaliser l'usage du restaurant. Le deuxieme editorial s'oppose a I'achat du restaurant par le gouvernement et sympathise avec les opposants au restaurant. L'editorialiste avance que ces derniers ont voulu proteger 1'environnement fragile de la plage tandis que le gouvernement neglige ses lois de planification. Le dernier editorial du TJ par rapport au cas Gilligan's est fidele a sa position, e'est-a-dire qu'il deplore la facon dont le gouvernement a gere la controverse du restaurant. L'editorial se concentre surtout sur la justification donnee par le gouvernement pour I'achat du restaurant. L'argument apporte par la ministre MacAlpine est celui d'un gouvernement qui travaille pour sa population, en voulant eviter une poursuite judiciaire par les anciens proprietaires, done qui a choisi de travailler « toward the greater good » une position mise a Pepreuve par l'editorialiste qui relate des positions contraires du gouvernement dans d'autres dossiers.

3. L 'Acadie Nouvelle Le premier editorial de / 'Acadie Nouvelle, qui a comme titre « Mieux vaut tard que jamais », relate ce que l'editorialiste pense etre le demenagement ou la demolition du restaurant suite a l'abandon du rezonage par la province. L'editorialiste presente les permis lies a la construction ainsi qu'a la demande d'usage comme des permis illegaux et, par ce biais legal, semble etre d'accord avec les opposants a ce projet. Une difference notable avec les editoriaux des autres journaux est qu'il note d'une facon positive le role du gouvernement en matiere environnementale. Selon lui, le gouvernement a deux nouvelles politiques visant a proteger les terres humides. L'editorialiste donne egalement l'exemple d'un entrepreneur local a qui Ton a ordonne de remettre ses terres humides

78 dans leur etat nature] suite a un remblaiement pour la construction d'un chalet. II conclut son editorial en avancant que le demenagement ou la demolition du restaurant epargnera I'environnement sans toutefois expliquer comment. Le deuxieme editorial fut redige suite a l'achat du restaurant par la province. L'editorialiste ne critique pas I'achat et souligne que la ministre peut effectivement contourner la loi si elle juge que Finfrastructure en question est importante pour la population. La position du journal demeure que la structure fut erigee « a deux pas de la plage » et qu'elle doit partir meme si la ministre juge que la demolition ou le demenagement pourrait effectivement causer plus de dommage a I'environnement que de la laisser la (Annexe 9). Un troisieme editorial intitule « Entre Fecorce et le macadam » presente le cas de Gilligan's parmi d'autres comme un probleme situe entre le developpement et I'environnement. C'est un choix difficile mais qui doit etre fait avec discernement, car tous les projets ne detruisent pas notre environnement et notre standard de vie. L'editorialiste ne prend pas de position sur le cas du restaurant de la plage Parlee dans cet editorial. Le dernier editorial qui a mentionne le Gilligan's est celui du 18 octobre 2006. La seule chose relatee specifiquement par rapport au cas d'etude est que les interets economiques sont toujours favorises par rapport aux preoccupations environnementales; le restaurant fut mentionne parmi d'autres exemples a l'appui.

79 Chapitre trois

La nature du traitement mediatique

L'analyse thematique cherche a examiner les differents themes presentes dans les articles de journaux et par la suite a en faire ressortir le contenu. Dans le cas qui nous occupe, nous commencerons d'abord par faire un decompte des differents themes, ce qui va servir a presenter ce que les journaux ont privilegie comme information pertinente par rapport a la controverse du restaurant Gilligan's. « L'analyse thematique consiste a proceder systematiquement au reperage des themes abordes dans un corpus, et, eventuellement, a leur analyse... » (Paille, 1996, p. 186). On sera en mesure de relater les enjeux importants de la presse qui couvre le cas d'etude en decortiquant les differents themes abordes dans les articles. Le corpus documentaire a ete divise en trois groupes principaux, soit l'environnement, la gouvernance et les institutions, et les interets socioeconomiques. Ces trois grands themes contiennent plusieurs sous-themes, identifies et enumeres pour presenter une approximation de l'interet du contenu. Le contenu sera par la suite analyse en tenant compte des differentes facons dont un theme fut presente et 1'information vehiculee au public par le biais des journaux.

Les trois grands themes identifies en caractere gras englobent des sous-themes qui peuvent s'inter-relier. Ce tableau illustre des liens abordes dans les articles des journaux, sauf pour les editoriaux, qui ont deja ete traites.

80 Cours: - bancde la Reine - d'appel Lois : \ Gourvernance - urbanisme \ / CAB: - environnement / - zone et Institutions 1 -rezonage Province : DSL I \ - perm is - pare provincial -^- plan directeur.

/ EIE \. Zone jX^ Politiciens / / \ / Economie : ^^ • emploi Narurel vs Artificiel ^"~*~----^_/ V^- Science J T Tourisme -privatisation -competition Environnement I pla8e 1 Socioeconomique Dune \ .,, / Eau \ Valeur/ Crainte du public: - alcool Ecosysterne - troublerlapaix social ^y

Figure 6. Les trois grands themes retrouvts dans les articles etudies, et leurs sous-themes

L'ensemble des articles de journaux a souvent relate differents themes a l'interieur d'un seul article. Cette premiere demarche dans Panalyse thematique a consiste a etablir un decompte pour dresser un tableau de ces themes et sous-themes. A partir de tous les articles de journaux decrits dans le chapitre 2 (sauf les editoriaux qui ont deja ete traites), nous avons procede a cette identification, representee par le tableau 12.

Cet exercice permet de dresser un bon portrait des preoccupations des journalistes par rapport a la controverse du restaurant de la plage Parlee. Les forces et faiblesses de la demarche pour faire ce tableau sont nombreuses. Un avantage de cette methode reste que plusieurs mentions d'un sous-theme dans un article donne ne seront comptees qu'une seule fois afin d'eviter la repetition. En effet, les articles peuvent utiliser une multitude de mots ou d'expressions en abordant un sous-theme particulier. La procedure utilisee a permis d'identifier les sous-themes meme lorsque les mots usuels

81 n'etaient pas utilises pour le decrire. Par exemple. les articles discutant d'endroits tels Coney Island ou Old Orchard Beach relatent des preoccupations reliees a la privatisation, et le decompte s'est fait en consequence.

Une autre force liee a cette methode d'analyse decoule du processus decisionnel de la categorisation des sujets contenus dans les sous-themes des articles. Par exemple, lorsqu'on parle d'une zone environnementale de conservation, fait-on reference a la zone selon le plan rural ou plutot une facon de decrire l'environnement cotier? Les journalistes ont effectivement utilise la zone environnementale de conservation pour decrire deux concepts differents, mais Fun est associe a la gouvernance et aux institutions tandis que le second l'est a l'environnement. Des faiblesses de la methode peuvent etre l'exactitude du comte des mentions retirees des articles et certains choix qui auraient pu etre faits pour elargir les champs, ^utilisation d'un logiciel qui repere des mots cles aurait assure un compte sans erreur, mais n'aurait pas pu differencier l'utilisation du meme terme pour lui donner des sens differents.

Ce tableau demontre la proportion des themes abordes par les journalistes dans les articles de la controverse Gilligan's.

Tableau 12. Tableau des trois grands themes presents dans le corpus documentaire

Nombre de Nombre de Nombre de % de la references a references a references a thematique l'environnement la l'interet socio- environnementale dans le total des gouvernance economique par rapport aux articles et aux dans le total trois grands institutions des articles themes dans le total des articles L'Acadie 24 72 30 19% Nouvelle Telegraph- 22 82 27 17% Journal Times & 48 262 105 12% Transcript Moniteur 10 58 13 12% Acadien L'Etoile 25 50 19 27%

82 L 'Etoile se distingue dans ce tableau par son pourcentage eleve de mentions environnementales, mais ceci peut etre attribuable au fait que la majorite de la couverture du cas a F etude fut stoppee a la fin de Fannee 2001, sauf un article paru en 2004, lorsque la ministre du Tourisme et des Pares. Joan MacAlpine, a formule une demande pour un permis temporaire pour 1'ouverture du restaurant. L'Etoile n'a done pas presente la couverture d'une periode pendant laquelle l'attention est surtout portee sur les aspects de la gouvernance.

Les arguments environnementaux presented dans les journaux

Nous allons traiter Fensemble des mentions environnementales par sous-theme, tous journaux confondus, afin de voir comment ce sous-theme a evolue dans cette controverse. Cet examen va permettre de constater si les enjeux environnementaux globaux ont ete abordes afin de mieux faire comprendre la science environnementale aux lecteurs, pour qu'ils puissent prendre une position informee face a la controverse.

La nature et I'ecosysteme

Le terme « ecosysteme » dans sa definition de base tiree du Petit Robert englobe plusieurs especes animales et organiques differentes qui forment un milieu vivant souvent nomme « biotope », e'est-a-dire un endroit offrant des conditions d'habitat relativement stables pour qu'un cycle de vie puisse se perpetuer. Cette definition simple est celle qui represente le mieux son utilisation dans les textes de journaux. Le terme « ecosysteme » tel que defini par Joel de Rosnay est « un systeme complexe. II se compose done d'un grand nombre d'entites en interaction locale et simultanee » (de Rosnay, 2008, p. 2). Cette definition integre Factivite humaine dans I'ecosysteme en tenant compte d'autres relations privilegiees, ce qui ne fut pas le cas dans Futilisation de ce mot dans les journaux. Le mot « nature » possede plusieurs sens, mais son utilisation dans les articles de journaux en ce qui a trait a notre sujet d'etude pouvait susciter de la

83 confusion chez les lecteurs. A certaines occasions, on parle d'un endroit naturel, alors qu'a d'autres occasions, il s'agil plutot de la sauvegarde de la nature. Ces termes peuvent aussi etre confondus avec un habitat naturel qui ir a pas ete touche par l'humain. La plage Parlee n'est cependant pas naturelle, mais plutot artificielle, modelee et entretenue par l'humain. L'examen de ces termes dans le corpus documentaire va nous permettre de voir comment la presse a relate le contexte naturel de la plage Parlee et egalement de quel genre d'ecosysteme on pourrait qualifier la plage.

Dans un article publie dans / 'Etoile. on lit : « Pour Blair Leger, un environnementaliste de Barachois, le restaurant detruit l'ecosysteme de la plage, surtout les dunes. » M. Leger est un individu s'interessant a la nature, mais pas un environnementaliste tel que defini dans le dictionnaire (Petit Robert), c'est-a-dire : specialiste de l'etude en environnement. Get exemple est revelateur afin de demontrer comment le sujet environnemental a ete presente dans les articles de journaux, c'est-a- dire comment ont ete utilises quelques mots qui laissent sous-entendre qu'il y a un probleme lie a 1'environnement, sans preciser comment la presence d'un nouveau batiment pres des dunes aurait un impact destructeur. Le meme journaliste de / 'Etoile a egalement ecrit: « II y a cependant la question environnementale qui semble poser probleme, a tel point que les tribunaux seront appele a trancher. » Ces propos ne permettent pas de mieux comprendre les enjeux environnementaux.

Le Moniteur Acadien a cite des affirmations des opposants au restaurant selon lesquelles le restaurant Gilligan's serait nefaste a 1'environnement, egalement que la coalition « Sauvons la plage Parlee » oeuvre pour la preservation de 1'environnement a la plage Parlee. Le probleme ou les dangers environnementaux poses par ce restaurant demeurent toutefois, encore une fois, vagues. Les journalistes n'ont pas cherche a faire elaborer les membres de 1'opposition au projet sur ce qui a trait a 1'environnement.

Le TT a mentionne trois fois l'expression « sensitive ecology » pour definir l'ensemble du pare. C'est vrai que les ecosystemes cotiers sont vulnerables aux changements apportes par les humains, mais surtout dans un contexte d'un site naturel

84 ou peu transforme par les gens. Le pare provincial de la plage Parlee ne constitue pas un environnement cotier naturel, etant donne qu'il a ete cree par la Direction du pare pour accueillir un nombre grandissant de touristes. L'amenagement paysager fut defini par les plans directeurs, comme nous l'avons explique dans le premier chapitre.

L'Acadie Nouvelle a mentionne a 4 reprises dans des articles que l'endroit en question etait une « zone environnementale delicate » pour decrire la zone cotiere du Pare. Ces mentions sont similaires a celles presentees par le TT dans le paragraphe precedant. L'AN a cite Florence MacFarlane, Tune des opposantes au projet du restaurant Gilligan's. Ses propos relataient la « destruction naturelle ». Un article, paru au tout debut de cette controverse, citait la deputee federate de la circonscription de Beausejour, Angela Vautour, qui relatait que la construction du restaurant avait comme effet de detruire la beaute naturelle du site. Ces commentaires n'etaient pas ceux du journaliste mais etaient tout de meme utilises dans les articles de facon a contribuer au cadre de confrontation entres les opposants au projet et ses supporteurs.

Le TJ a publie des mentions similaires a celles de TAN dans ses articles, mais de facon generate, les termes et notions vagues etaient moins souvent presents que dans les autres journaux. Ce journal se demarque des autres par sa decision de s'entretenir avec Armand Bannister, un individu originaire de Shediac qui connaissait la plage Parlee bien avant qu'elle ne porte ce nom. M. Bannister fut l'administrateur de la ville de Shediac entre 1977 a 1989, et a egalement fait des etudes en environnement a l'Universite de Moncton. L'article relate que M. Bannister n'a aucun probleme avec le restaurant Gilligan et avance qu'il faut fournir des services dans le pare provincial de la plage Parlee, car e'est la plus grande destination touristique de la province. Selon l'article, M. Bannister presente l'endroit comme etant faconne par differents groupes, incluant le gouvernement et d'autres, et ce depuis tres longtemps. En relatant que la dune et la plage sont artificielles, M. Bannister se demarque des intervenants choisis par d'autres journaux, et precise l'enjeu environnemental de l'endroit etudie pour mieux comprendre a quel point ce site est un ecosysteme artificiel dependant de l'humain. Certaines

85 composantes d'un ecosysteme cotier ont ete abordees dans les articles du corpus documentaire; nous allons nous pencher sur ces elements.

L'eau

L'un des enjeux les plus importants dans la liste des mentions environnementales citees par les journaux est l'eau potable, et plus precisement la quantite d'eau potable. Les chalets situes autour du pare de la plage Parlee ont un systeme d'egouts commun, mais des puits prives. Les opposants au projet ont avance des le debut que la nappe phreatique pourrait etre affectee par les besoins du restaurant. L 'Etoile a trois mentions de crainte liee a la quantite d'eau, avec l'exception d'une citation venant du depute Bernard Richard pendant une reunion publique sur les plans directeurs et le restaurant « L'etude sur l'impact n'etait pas necessaire, a-t-il affirme. Nous savons que I'impact sur la nappe d'eau sera minime. » Le Moniteur Acadien fait 2 mentions similaires, soit la crainte d'approvisionnement d'eau et les impacts sur la nappe phreatique. L'Acadie Nouvelle compte 6 mentions sur la possibility de problemes lies a la nappe phreatique et 2 autres sur la contamination possible de l'eau en raison des activites du restaurant. II faut preciser que ces mentions sont souvent les commentaires des opposants que les journalistes relatent dans leur article. Le TT a 12 mentions sur l'eau qui portent toutes sur la possibilite de problemes lies a la quantite (« dangerous drawn on watertable , drain water supply, could be a problem... ») La plupart de ces mentions ont ete ajoutees a la fin des articles comme une raison environnementale avancee par les opposants au restaurant.

Le TJ compte 4 mentions similaires a celles du TT, mais un article relatant les commentaires de Linton Carr. A Pepoque, celui-ci travaillait pour le ministere de PEnvironnement et avait assure le suivi d'une demande envoyee par la CAB afin de determiner si la construction necessitait une etude d'impact environnemental (EIE). L'article du TJ citant les propos de M. Carr devant la Cour d'appel fut publie le 24 novembre 1999 :

86 Mr. Carr said that even if he had previously know (which he didn't at the time, he said) that the restaurant would draw as much as 10,000 gallons of fresh water a day out of the local water table, and diminish the local wells, he still wouldn't have thought it necessary to have an environment study on the project.

Cette citation ne pouvait guere inspirer la confiance des lecteurs du TJ envers les demarches entreprises par le ministere d'Environnement. Dix milles gallons reste une grande quantite, mais il se referait probablement a la phrase « tous travaux hydrauliques comprenant une capacite de plus de cinquante metres cubes d'eau par jour » de l'Annexe A des projets devant etre enregistres en vue d'une EIE, car le chiffre de 10 000 gallons donne approximativement 45,5 metres cubes. Le journal n'a pas specifie s'il s'agissait d'une discussion sur la reglementation qui declenche une EIE. II s'agit d'un autre exemple de journalistes ecrivant en utilisant l'approche du cadre de la confrontation pour relater la nouvelle.

Les dunes

La premiere declaration precise que la dune est une composante environnementale relative a la zone cotiere. Le depute Bernard Richard a mentionne que la construction allait tenir compte de l'ecologie du site, ceci incluant la dune. Une multitude de commentaires et de mentions au sujet de la dune ont suivi. Un article dans le TJ relatait que le restaurant avait ete construit sur les dunes. L 'Etoile a mentionne une fois que le promoteur aurait creuse 30 pi2 dans la dune, tandis que le Moniteur Acadien a egalement publie une mention que la dune avait ete creusee. La distance a change avec d'autres mentions, tel un commentaire dans le TJ selon lequel le probleme est que le restaurant est trop pres de la dune, suivi de 2 mentions voulant que le developpement allait detruire « the sand dune ecosystem ». Dans ce cas, le TJ a clairement identifie que le journaliste s'est entretenu avec Armand Bannister, et que ce dernier a relate que la dune avait ete construite artificiellement. Le TT compte 2 mentions selon lesquelles le restaurant est trop pres de la plage (Annexe 9). Les commentaires portant sur la dune sont nombreux dans I'Etoile ou la mention « endommage les dunes » apparatt a 5

87 reprises, « danger pour les dunes », « nuire a la conservation des dunes » et « erosion des dunes » ont ete mentionnes dans une perspective environnementale. La dune et la plage se confondent dans le TT en relatant « harm to the beach or dunes ». bien qu'il mentionne moins les dunes que d'autres journaux.

L 'Acadie Nouvelle possede le moins de mentions concernant la dune; celles-ci varient cependant, comme par exemple : « destructions des dunes », « preserver les dunes » et meme « qu'un trou se forme dans la dune car le vent est affecte due a Pemplacement du restaurant, » selon Emery Landry. M. Landry fut le gestionnaire du pare de la plage Parlee a deux reprises pour de nombreuses annees dans les annees 1980 et 1990, et fut presente comme un expert en exposant son hypothese selon laquelle le restaurant affecterait le trajet naturel du vent, causant ainsi un vortex de vent qui menera a l'erosion de la dune. L 'Acadie Nouvelle a toutefois mentionne que la dune etait artificielle vu qu'elle etait maintenue par le processus d'ensablement; on y trouve meme une mention voulant que la dune ait ete creee.

La plage

II y a bien sur plusieurs mentions de la plage dans les articles etant donne que e'est la raison d'etre du pare. Les arguments concernant la plage se divisent en deux groupes. Le premier englobe les mentions relatives a la deterioration de la plage, decrites avec des termes vagues tel « fragile beach area ». Le deuxieme regroupement se compose de reference au groupe « Sauvons la plage Parlee », qui a avance que la plage subissait l'erosion et que le restaurant etait en train d'avoir un impact negatif sur la ligne cotiere. Le groupe avance en outre qu'il n'est pas contre la commercialisation, mais ne veut pas que le developpement «interfere with the preservation of our beach ». Ce groupe poursuit qu'il se bat pour la ligne de cote, en relatant que la plage est la pour tout le monde. Ce groupe ne mentionne pas le fait qu'il s'agit d'une plage artificielle entretenue ainsi depuis de nombreuses annees, tel que presente dans la section « Plan directeur 1976 ». La porte-parole du groupe est au courant du programme annuel d'ensablement, car elle etait candidate aux elections provinciales de 1999 et avait utilise

88 le dossier Gilligarfs pour essayer de gagner des votes contre le depute Bernard Richard. Le programme d'disablement est mentionne a plusieurs reprises dans les pages du TT en 2002. La speculation publique sur la nature du travail des consultants d'Acer Environmental Services a paru dans les journaux et ces derniers ont aborde la question du processus d'ensablement. Le groupe « Sauvons la plage Parlee » choisit done de ne pas parler des aspects artificiels du pare Parlee. mais plutot de mettre l'accent sur 1'aspect naturel de la region cotiere.

Les etudes d'impact environnementat

La mention d'une etude d'impact environnemental (EIE) dans les articles des journaux consultes est le point le plus important en ce qui a trait a la question de recherche dans la mesure ou on reconnait la complexity liee a tous les enjeux environnementaux entourant la zone cotiere. Une des raisons pour lesquelles on a parle des EIE dans cette etude de cas est due au fait qu'elles ont ete presentees comme un element necessaire au tout debut de la construction du restaurant, par la deputee federale Angela Vautour. On retrouve la position de la deputee dans l'Acadie Nouvelle du 16 avril 1999 : « la depute neo-democrate deplore qu'il n'y a pas eu devaluation d'impact environnemental dans cette affaire. » Le groupe d'opposition a adopte la position de la deputee federale en reclamant qu'une EIE soit faite avant la poursuite de la construction du restaurant. Le chef de l'opposition provincial. Bernard Lord, a donne ses commentaires a ce sujet au raerae journal moins de deux semaines plus tard : « Moi, je n'aurais pas construit le restaurant comme il est la. Les travaux y ont ete autorises sans qu'aucune etude d'impact environnemental ne soit entreprise et sans contrat liant le promoteur au gouvernement. » Les propos de M. Lord ont ete fort mediatises; les trois journaux quotidiens ont relate au debut mai 1999, en pleine campagne electorate, que ce dernier n'aurait pas autorise la construction du projet sans EIE.

L 'Eloile compte 7 mentions d'EIE, la premiere relatant qu'il n'a pas eu d'EIE car le gouvernement n'en exigeait pas. On retrouve egalement deux articles qui mentiortnent que les opposants au projet et la deputee federale veulent poursuivre le gouvernement

89 car il n'a pas autorise une etude alors qu'elle etait necessaire. Le journal a presente d'autres mentions de Topposition qui soulignait qu'une EIE aurait due etre effectuee. Enfin, on mentionne que la CAB allait demander qu'une EIE soit realisee avant la demande de rezonage, mais que la decision revenait au ministere de l'Environnement et des gouvernements locaux. La CAB n'a qu'un pouvoir de recommandation en ce qui touche a l'application des lois provinciales autres que la LSU.

Le Monitew Acadien s'est contente de faire quelques mentions au sujet d'EIE dans les articles portant sur la controverse. La premiere est a l'effet qu'aucune EIE ne fut faite avant la construction du restaurant; deux autres textes ont note l'absence d'EIE dans ce dossier controverse. Le Moniteur Acadien a done seulement fait mention des EIE, sans elaborer la question.

L 'Acadie Nouvelle compte seulement 3 articles sur les EIE, ce qui aurait pu etre determinant pour pousser le debat environnemental plus loin. Le premier article est celui relate precedemment, selon lequel la deputee Angela Vautour deplore le fait qu'aucune EIE n'avait ete effectuee. Elle est cependant allee beaucoup plus loin dans ses affirmations en declarant « ... que le gouvernement provincial ne respecte pas les politiques internes dans 1'affaire de la construction d'un restaurant a la plage Parlee. » Elle souligne que « l'argent et les interets de certains individus ont eu preseance sur la preservation de l'environnement et des ressources naturelles ». Le deuxieme article est le meme que celui du premier paragraphe de cette section, qui relatait la position de M. Lord au sujet d'une EIE. L'article a cite M. Lord : « Nous ne vivons plus a Pepoque ou les ententes etaient conclues avec une poignee de main derriere des portes fermees », en faisant reference a la facon dont le gouvernement liberal a donne les approbations liees au restaurant. La derniere mention des EIE dans l'AN se retrouve en avril 2004, alors que le president de la CAB a repondu au journaliste qu'il ignorait si un EIE serait necessaire dans le processus de rezonage demande par la province. Le president repondait a la question car le directeur de la CAB a demissionne de son poste pendant cette periode.

90 Le Telegraph-Journal propose 6 articles faisant mention des EIE, tous publies en 1999. Les premieres mentions viennent des opposants au restaurant. Le premier article indique de facon tres breve qu'il allait y avoir des impacts sur 1'environnement du au restaurant mais ceci ne reposait sur aucune etude. La deuxieme mention d'une EIE fut « What about the impact on the environnement ? », qui faisait reference aux etudes d'impact environnemental. Le TJ a ensuite publie un article relatant la position du chef de l'opposition, qui deplorait Fabsence d'une EIE ou d'une etude d'impact economique. M. Lord a affirme que le pare de la plage Parlee est le principal attrait touristique de la province et que les liberaux etaient prets a le risquer sans faire une EIE. M. Lord ajoute que ce gouvernement n'a pas de contrat avec les promoteurs et que cela va a l'encontre de l'avis de l'auditeur general. Quoique ces commentaires soient importants et legitimes, ils ne constituent pas un argument environnemental, mais demontrent plutot les lacunes dans la gestion de ce dossier par le gouvernement.

Le quatrieme article du TJ est intitule « Restaurant study was necessary, official testifies ». Ce titre peut laisser entendre que quelqu'un ayant Pautorite de determiner qu'une EIE aurait due etre effectuee a manque a ses responsabilites. Cependant, l'officier en question est le directeur de la CAB, qui n'a aucun pouvoir sur un processus gere par le ministere de 1'Environnement. L'article relate le temoignage du directeur de la CAB, Armand Robichaud, devant la CAMEU. Suite a une interrogation des avocats de l'opposition, le directeur de la CAB aurait dit, selon Particle du TJ, qu'une EIE aurait probablement due etre effectuee. Cet article relate d'autres commentaires venant de la CAMEU, de la part des opposants. Un exemple interessant est de noter que M. Murphy et Mme MacFarlane emettent des commentaires sur le developpement prive, le bruit, Podeur venant de la cuisine et les activites commerciales. Mme MacFarlane a mentionne le nom de la zone dans laquelle la plage est situee en disant que les activites commerciales sont exclues de cette zone (Annexe 8). Done l'accent de Particle, malgre le titre, ne fut pas sur les EIE, mais plutot sur d'autres elements de la CAMEU. Un article publie le mois suivant resume que le juge de la CAMEU avait besoin de plus d'information afin de trancher la question. Les propos du directeur de la CAB, qui a avoue qu'il y aurait probablement eu lieu d'effectuer une EIE afin de- determiner

91 comment le restaurant allait affecter la plage et la communaute voisine, furent mentionnes, ainsi que les preoccupations des opposants relates ci-haut. Le 24 novembre 1999, au lendemain de la deuxieme session de la CAMEU sur le cas Gilligan's, le dernier article du TJ mentionnait specifiquement les EIE. Cet article a relate les commentaires de Linton Carr. urbaniste environnemental senior du ministere de rEnvironnement, qui determine si une EIE est necessaire pour un developpement quelconque. Tel que cite plus tot (voir la section sur I'eau), M. Carr a determine qu'une EIE n'etait pas requise et avance que le gouvernement a gere le dossier de facon adequate.

Les mentions d'EIE furent les plus nombreuses dans le TT avec 9 mentions en 1999 et 4 a d'autres reprises. Les premieres mentions font reference au fait qu'il n'y a pas eu d'EIE, suivi des propos du chef de l'opposition tel que relate dans les autres journaux. Dans une lettre envoyee a l'editeur le 26 mai 1999, Stephane O'Carroll, geomorphologue de formation, allegue que les journalistes auraient pu s'informer et remettre en question les arguments presentes en faveur d'une EIE. Cette lettre va beaucoup plus loin que le contenu presente par les journalistes dans leurs articles et cerne la question essentielle a la comprehension de ce cas et des autres cas touchant le developpement cotier. « As a populated coastal province, the long-term problem we face is the current relative sea level rise. At an estimated rise of 45 cm per century, will our steadily developing coastlines increase the challenges end the costs of their management? That is the question. »

Les deux articles qui suivent cette lettre sont des memes dates que ceux du TJ les lendemains des cours d'appel. L'article suivant la premiere audience devant la cour est similaire a celle du TJ ou le directeur de la CAB a admis au conditionnel qu'avec un recul, il considere qu'une EIE aurait du etre faite. L'autre article suivant la deuxieme seance a la cour d'appel relate que les opposants au restaurant ont dit que la CAB a ignore ses reglements et ceux de la province en emettant un permis pour le restaurant. L'article se poursuit alors que les opposants reiterent qu'une EIE aurait du etre faite puisqu'il s'agit d'une modification'a un pare provincial. La CAMEU ne peut pas porter

92 de jugement sur le fait qirune EIE aurait du etre faite ou non ; cette cour ne peul qu'appliquer les reglements de la LSU. Ce qui est interessant a noter cependant, c'est que cet article du TT ne mentionne pas le temoignage de Linton Carr, qui reste le personnage cle par rapport aux EIE. Contrairement au TJ, les lecteurs n'ont pas le point de vue du specialiste representant le gouvemement au ministere de l'Environnement. Les autres mentions d'EIE du TT sont attributes aux opposants qui pensent qu'il y aurait du y avoir une EIE. 11 n"y a eu aucun article suivant ces dernieres mentions relativement aux EIE dans le TT.

Un des objectifs de cette these est d'expliquer la nature du traitement mediatique dans l'affaire du restaurant Gilligan. Nous venons d'analyser le traitement des enjeux environnementaux dans le corpus documentaire pour saisir les themes abordes et la facon dont ils ont ete traites. Nous allons continuer l'examen du corpus documentaire en analysant les mentions de la gouvernance et des institutions.

La gouvernance et les institutions

Le tableau de mentions des differents themes (figure 1) illustre bien la proportion des interets accordes par les journalistes dans une nouvelle. Le theme de la gouvernance sous toutes ses formes, que nous allons maintenant elaborer, fut le theme central dans cette controverse de nature environnementale. Le nombre de mentions reliees au theme de la gouvernance et des institutions est fortement superieur au reste des themes presents dans les journaux. Les journalistes se sont penches d'avantage sur l'aspect legal de l'amenagement et les acteurs dans ce dossier, c'est-a-dire ceux mentionnes dans les sous groupes de la figure 1.

Le plan directeur

En considerant que la gouvernance est la coordination des acteurs qui sont a la base des prises de decision (Beuret & Pennager, 2002, dans Chouinard, Plante et Martin, 2008, p. 387), nous pouvons voir 1'importance du plan directeur (1997) de la plage

93 Parlee. Ce document fut finance en vertu de P Entente Canada/Nouveau-Brunswick et prepare pour le ministere du Developpement economique et du Tourisme du gouvernement du Nouveau-Brunswick. L'auteur Daniel K. Glenn avance dans son introduction que : « Les resultats de ce processus dynamique de planification refletent les objectifs strategiques du Ministere du Developpement economique et Tourisme et respectent la volonte de la population locale. » La publication dans les journaux d'une consultation publique ainsi que des invitations ont ete envoyes pour assurer que tous les acteurs locaux puissent participer et assurer une presence aux trois audiences publiques qui ont precede l'adoption du plan. Ce plan tel qu'explique dans le premier chapitre indiquait clairement 1'intention de construire un restaurant dans le pare afin de mieux y desservir la clientele.

Le depute Bernard Richard a mentionne a maintes reprises lors d'entretiens avec des journalistes 1'existence de ce plan ainsi que les consultations publiques qui ont precede son adoption. M. Richard avancait cela pour contrer les arguments avances par l'opposition que tout avait ete decide en secret et que le public n'avait pas ete consulte. M. Richard a egalement ajoute a plusieurs reprises qu'une seule compagnie avait envoye sa soumission pour obtenir la construction et 1'operation du restaurant. Sous la pression exercee par l'opposition en cette periode d'election, le depute a meme tenu une reunion a porte-ouverte pour dormer des precisions quant au plan directeur qui, selon lui, justifiait la presence de la nouvelle construction.

Les elus

Les elections provinciales de 1999 ont contribue au taux eleve de mentions provenant de politiciens dans le corpus documentaire. Le cas Gilligan's est rapidement devenu un enjeu electoral et cela nous permet de comprendre pourquoi ce fut le plus grand nombre d'articles publies dans une annee. Le depute local Bernard Richard, membre tres influent du parti liberal et aspirant a la chefferie juste avant les elections de 1999, etait, a ce moment, au centre de la controverse. Les commentaires faits par les politiciens et par les opposants au projet sur la facon dont le bail du terrain fut emis et

94 sur celle dont fut gere le droit de construction a la plage Parlee, allaient pouvoir alimenter la controverse, surtout en periode electorale. L'ancien depute Azor LeBlanc a fait couler beaucoup d'encre en se ralliant aux progressistes-conservateurs, alors qu'il avait auparavant ete elu a trois reprises sous la banniere liberate. II avancait que Bernard Richard avait mine le pare provincial en permettant la creation de ce restaurant, surtout du fait qu'il y aurait de l'alcool. II faut noter que le TT a declare, dans un article du 24 novembre 1999. que M. LeBlanc avait des liens avec un restaurant existant dans la proximite de la plage. Cependant, bien avant cette publication, l'ancien depute voulant aider la campagne conservatrice a qualifie le chef de l'opposition, Bernard Lord, d'homme d'integrite de la trempe de Louis J. Robichaud, qui ne permettrait pas la realisation d'un tel projet (restaurant licencie) qui mettait en peril l'aspect familial de la plage. M. Lord, en campagne electorale a l'epoque, a profite de la controverse qui touchait le parti liberal en emettant des commentaires a l'effet que le gouvemement manquait de transparence dans le choix des promoteurs et que la gestion de ce dossier etait risquee due a l'absence d'une EIE ou d'une etude economique, ce qui aurait pu mettre la destination touristique la plus importante de la province en peril. La candidate locale, Odette Babineau, a profite du passage du chef du parti progressiste-conservateur pour augmenter sa visibility et continuer sa campagne contre l'amenagement du restaurant a la plage Parlee. On doit noter le fait que Mme Babineau est proprietaire du restaurant situe le plus pres de la plage Parlee. Suite a sa defaite aux elections provinciales, elle a poursuivi son engagement dans ce dossier en lancant le groupe « Sauvons la plage Parlee ».

Les deux autres politiciens les plus souvent mentionnes dans cette controverse sont la ministre du Tourisme et des Pares, Joan MacAlpine, et la ministre de l'Environnement et des Gouvemements locaux, Brenda Fowlie. Leur role dans la controverse avant 2004 a ete limite. Cependant au moment ou le restaurant Gilligan's du fermer ses portes suite aux ordonnances de la CAMEU, une demande de permis temporaire et de rezonage par la ministre du Tourisme et des Pares fut envoyee a la CAB, qui devait donner ses recommandations au ministere de l'Environnement et des Gouvemements locaux a l'egard du rezonage. II faut preciser qu'il s'agit uniquement de

95 recommandations et qirultimement c'est une demande d'un ministere a un autre qui s'est faite pour legaliser l'existence du restaurant. A ce meme moment, le depute liberal local Victor Boudreau, elu en 2004. etait hien place pour critiquer la demarche du gouvernement progressiste-conservateur, etant donne qu'il n'avait jamais ete implique dans la controverse. Les journalistes ont presente ses commentaires a plusieurs reprises, surtout en 2005 au moment ou le gouvernement a achete le restaurant.

Les representants locaux du DSL de la Pointe-du-Chene peuvent aussi etre places dans cette section, car ils sont effectivement des elus locaux. Des elections sont tenues lors d'assemblies publiques et les elus represented le DSL pour une periode de deux ans. Ils forment un comite consultatif compose d'au moins trois membres, avec un president, un vice-president et un secretaire. II faut preciser que les representants des DSL n'ont pas les memes pouvoirs et responsabilites que les elus dans une municipality, car c'est le ministre de l'Environnement, qui selon la LSU, possede les pouvoirs d'un conseil municipal. Le comite consultatif n'a aucun pouvoir financier ou contractuel, mais doit agir comme comite de consultation dans les questions d'urbanisme. II n'a done pas de pouvoir decisionnel.

Au debut de la controverse en 1999, Florence MacFarlane etait la presidente du DSL de Pointe-du-Chene. Le 11 avril 2000, un article dans le TT citait Luc Dumont et Ron Robichaud, deux ex-membres du DSL de cet endroit, qui avancaient que le comite consultatif du DSL de Pointe-du-Chene sous le mandat de Florence MacFarlane, determinait seul ce que les citoyens voulaient, sans les consulter. Luc Dumont et Ron Robichaud ont done lance une petition pour que les residants permanents, e'est-a-dire ceux qui habitaient cette region toute l'annee, puissent s'exprimer sur l'existence du restaurant. Luc Dumont avait quitte le comite consultatif depuis quelques mois avant de lancer sa petition, mais fut reelu comme president du DSL en 2004. M. Dumont a toujours appuye l'existence du restaurant a la plage Parlee et s'est assure de laisser une trace de cet appui, sous la forme d'une petition ou encore d'interventions mediatiques Pour lui, le restaurant etait un atout important pour l'economie de Pointe-du-Chene. M. Dumont avait declare aux journalistes que les opposants au projet etaient

96 majoritairement des gens qui se servaient de leur chalet uniquemenl pendant la saison estivale et non des residants permanents. Suite a son election comme president en 2004. il a fait des recommandations a la CAB afin de soutenir la presence du restaurant.

La Loi sur I'urbanisme (LSU)

La LSU du Nouveau-Brunswick fut adoptee en 1972. Cette loi a ete creee afin d'etablir une structure et des reglements definis qui assurent un controle sur l'amenagement et le developpement dans l'ensemble de la province. La LSU designe l'attribution des pouvoirs et le processus d'election et de nomination dans la hierarchie des pouvoirs conferes par cette loi. La division de la province en regions - dites districts d'amenagement - permet de former des commissions ayant le mandat de planifier I'amenagement sur le territoire de l'ensemble de la province. Toutefois, certaines villes ou municipalites ont etabli leur propre departement en matiere d'urbanisme. Les regions rurales qui ne sont pas constitutes en municipalites sont placee sous l'« attribution au lieutenant-gouverneur en conseil et au Ministre du droit d'agir en matiere d'urbanisme et l'attribution au Ministre des pouvoirs administratifs relatifs a ces parties non-constituees en municipalites » (LSU, paragraphe 2[c]).

La province paie les couts associes a l'etablissement des plans regionaux et une partie des depenses liees a la planification des secteurs non incorpores des commissions. La forme et la nature des plans sont differentes pour les villes, les villages ou les communautes rurales incorporees selon la volonte de leur conseil dans « l'adoption d'arretes relativement au zonage, aux lotissements, a la construction, aux elargissements differes de rues et aux rues a acces limite » (LSU, paragraphe 2[k]). Le plan rural contient les dispositions liees au zonage, tandis qu'un plan municipal ne contient que les principes et propositions accompagnes d'un arrete comprenant les dispositions de zonage. Les plans des endroits incorpores ou dans des districts d'amenagement ont soit un directeur attitre ou un agent d'amenagement qui est charge de 1'application du fonctionnement et des reglements lies a la LSU. Les regions rurales non incorporees qui

97 n'etaient pas situees dans un district d'amenagement en 1995 ont ete regroupees pour former le district d'amenagement rural.

Le plan d'amenagement qui s'applique a notre cas d'etude est le plan rural pour le secteur non incorpore de Beaubassin-Ouest, un secteur faisant partie du district d'amenagement de la CAB. Le plan rural de Beaubassin-Ouest comprend plusieurs DSL, dont Scoudouc, Cap-de-Shediac et Shediac Bridge ainsi que Pointe-du-Chene, ou est situe le Pare provincial de la plage Parlee. Ce plan rural a ete adopte en 2000 par le ministre. Cette section explique le type de gouvernance en fonction et l'autorite en place pour assurer le fonctionnement du developpement en matiere d'urbanisme.

L'emission d'un permis doit etre faite par un agent d'amenagement de la CAB, qui se refere a la LSU et aux arretes qui en decoulent. Cependant 1'agent doit s'assurer que le requerant consulte les autres ministeres qui peuvent etre impliques dans son projet d'amenagement afin de ne pas emettre un permis qui contreviendrait a des reglements emis par un autre ministere. Par exemple, un agent d'amenagement pourrait emettre un permis pour une construction qui se situe dans un marais sans realiser qu'il s'agit effectivement d'un marais. Une erreur d'inattention ou de cartographie peut etre a l'origine de situation comme celle-la. Le ministere de l'Environnement doit envoyer un agent qui determine qu'aucun amenagement n'est possible a cet endroit. Le proprietaire peut intenter une poursuite pour remission du permis de construction, car une autre loi provinciale interdit Pamenagement a l'endroit choisi. Cet exemple ne s'applique pas au cas de la saga juridique du Gilligan's, car les lois environnementales provinciales furent toutes verifiees. Les fonctionnaires provinciaux qui ont ete cites dans les journaux affirment que tous les reglements provinciaux ont ete suivis, par exemple M. Carr qui en a temoigne devant la CAMEU.

Le paragraphe 7(1) de la Loi sur l'urbanisme indique qu'« une commission est une corporation dotee des seuls pouvoirs que lui confere la presente loi ». C'est ici qu'on retrouve la reference relatant les limites d'une commission. La CAB etait done dans une position non enviable par rapport a la perception vehiculee dans les articles de journaux

98 qui laissaient entendre que eel organisme etait en mesure d'appliquer des lois environnementales, perception elaboree dans la premiere partie de ce troisieme chapitre. Le 13 juillet 2000, un article de I'AN donne un resume de la situation suivant la decision de la cour d'appel qui avait donne raison aux opposants : « Le petit groupe de protestataires et la Commission d'appel ont juge qu'il s'agissait la d'une zone environnementale sensible ou un tel commerce n'avait pas sa place. » Les amenagements dans la zone cotiere sont reglementes au niveau provincial par le ministere de l'Environnement. La politique cotiere est un instrument utilise par les fonctionnaires de la province pour determiner si un amenagement peut etre construit dans cette zone. II faut dire que la politique cotiere n'est pas une loi, et que plusieurs individus et promoteurs recoivent une permission du ministere de l'Environnement, permission qui est requise avant de pouvoir construire en zone cotiere.

La premiere mention de la LSU est apparue dans / 'Etoile du 25 aout 2001 suite a la derogation accordee la meme annee pour permettre l'ouverture du restaurant au public suite a l'appel sur la decision de la CAMEU. Ce furent des references aux articles precis qui permettaient la CAB d'emettre le permis. Aucune autre mention specifique a la LSU n'est apparue avant 2004 ou les mentions de cette loi furent associees a la demande d'un rezonage ainsi qu'au fait que la province n'est pas soumise aux restrictions de zonage en vertu de 1'article 96 de la LSU. Ces derniers elements (rezonage et article 96) ont ete relates par tous les hebdomadaires.

La Commission d'amenagement Beaubassin (CAB)

La CAB est l'autorite regionale en ce qui concerne les questions d'urbanisme et de developpement dans la region entourant le Pare provincial de la plage de Parlee. La CAB fut creee a partir de la LSU (97-139) et doit assurer une multitude de services professionnels lies a la planification a ses partenaires.

Au debut de la controverse, les opposants tenaient le depute provincial responsable de la construction du restaurant Gilligan's. Cependant, les opposants n'ont

99 pas reussi a renverser le depute Bernard Richard pendant les elections de 1999, malgre un effort soutenu de leur part dans les journaux. Les opposants ont change leur cible principale suite a 1'election et se sont concentres sur Tappel du permis de construction emis par la CAB. Done les interventions dans les journaux par les opposants misaient principalement sur la reglementation. A plusieurs reprises, le terme«zone environnementale » fut mentionne. On peut se demander si la fa9on dont les commentaires ont ete formules dans les articles de journaux a nui a la comprehension du lecteur. La zone de « preservation de l'environnement », dans un plan d'amenagement, est une zone qui permet certains amenagements (Annexe 8). Les autres formes d'appellation dans les journaux signifiaient un endroit comme une zone cotiere, par exemple. L'editorial du 7 juillet 2005 de TAN, relate dans la section d'analyse des editoriaux, le demontre bien. Un autre exemple fut la description de la premiere decision de la cour d'appel tel que presentee par le TT, le 14 juillet 2000 : « The Provincial Planning Appeal Board originally rejected the building permit issued by the planning commission on the grounds that a restaurant-bar cannot be built on environmentally protected land. » Au depart, il n'etait pas clair a savoir qui etait responsable de la zone environnementale. Certains decrivaient que la CAB avait contrevenu a ses propres reglements et a ceux de la province. Dans le TT du 21 septembre 1999, on pouvait lire : « The residents charge that the Beaubassin Planning Commission ignored provincial environmental regulations and its own regional plan when it issued a building permit to the owners of the restaurant earlier this year. » II faut noter que la CAB a recu les differentes autorisations du ministere de rEnvironnement, tel qu'indique dans certains articles, et que le directeur de l'epoque a presente aux journalistes qu'il a utilise le plan rural de Beaubassin-Ouest pour arriver a son interpretation des usages permissibles dans la zone.

Le mandat de la CAB comprend la creation de plans qui doivent servir pour l'utilisation du sol sur le territoire de ses partenaires. Ces plans doivent etre conformes a la LSU et a son champ d'application, e'est-a-dire qu'aucune autre loi ne peut etre appliquee par la CAB. Ces plans contiennent des principes et propositions ainsi qu'un arrete, qui consiste en plusieurs zones indiquant les differents usages qui y sont permis.

100 Le Pare provincial de la plage Parlee fait partie du plan rural de Beaubassin-Ouest, el la zone ou il se situe est nommee « preservation de l'environnement » (Annexe 8), zone qui perniet plusieurs genres d'amenagements. On a presente des exemples qui demontrent la deformation du titre de la zone ainsi que des erreurs par rapport a ce qui est permis dans cette zone. Tel que discute precedemment, le fait de suggerer que rien ne peut etre construit dans cette zone est faux. La majorite des propos relies a la CAB, sauf les commentaires venant de son directeur et les jugements provenant des cours de justice, ont ete des allegations d'activites illegales (TT, 24 novembre 1999): « They accuse the Commission of bending the rules to accommodate the owners and the provincial government. » Plusieurs mentions de permis illegal se retrouvent dans tous les journaux ainsi que des mentions selon laquelle la CAB a agi illegalement. II faut noter que les interpretations du plan rural de Beaubassin-Ouest et de la LSU telles que relatees par Armand Robichaud, Tancien directeur de la CAB, furent emises afin de dormer aux journalistes la position de la CAB pendant les appels devant CAMEU ainsi que devant la Cour du banc de la reine.

La saga juridique

Tableau 13. Une chronologie des permis et des appels

25 mars 1999 ler permis emis 4 fevrier 2004 Decision 2e appel a CAMEU 23 avril 1999 ler appel a CAMEU 16 mars 2004 Ministre demande rezonage et 3e permis temporaire 25 novembre 1999 Decision deler appel 21 avril 2004 3e permis emis a CAMEU 21 juin2000 ler permis 28 avril 2004 3e appel a CAMEU temporaire emis 17mai2001 2e permis 24 mars 2005 Decision de 3e appel temporaire derog. a CAMEU 25 mai 2001 2e appel a CAMEU 9 avril 2005 Province retire sa demande de rezonage 26 fevrier 2002 Appel de CAB - 5 juillet 2005 Province achete banc de la reine restaurant 29 octobre 2002 Decision de cour 2 septembre 2005 4e appel refuse par banc de la reine CAMEU

101 Les opposants du restaurant Gilligarfs ont gagne a 4 reprises des decisions qui ont ete devant la CAMEU et devant la Cour du banc de la reine. Ce fait non negligeable fut mentionne a plusieurs reprises dans les articles de journaux. La complexite liee a ces procedures et aux decisions pourrait devenir une etude en soi. La saga legale sera relatee de facon chronologique, ainsi que les opinions exprimees dans les journaux a ce sujet.

Le premier permis emis par la CAB a ete porte en appel par Florence MacFarlane et Gregory Murphy. Le directeur de la CAB envoie des documents a la cour d'appel indiquant qu'il a des objections quant a la legalite de la demande faite par les appelants. Les objections furent jugees inconsequentes par W. Grant, president de la CAMEU. Une date est done fixee pour l'audience. La Commission d'appel donne raison aux appelants et revoque les permis. Le directeur de la CAB veut porter la decision en appel devant la Cour du banc de la reine suite a une consultation avec un avocat, cependant, la CAB, qui ne possede pas les ressources financieres pour proceder a cet appel, s'est vu refuse des fonds par le ministere des Gouvernements locaux pour le faire. Un permis temporaire fut donne pour que le restaurant continue a operer en 2000 pendant que les avocats analysaient la situation. Le permis temporaire prit fin le 31 mai 2001 et les promoteurs tiennent la CAB responsable de legaliser l'existence du restaurant. Une derogation fut accordee pour permettre 1'octroi d'un permis pour assurer l'ouverture du restaurant pour l'annee 2001. La derogation fut portee en appel par les opposants MacFarlane et Murphy. L'avocat de la CAB repond a la CAMEU qu'ils n'ont pas le droit d'entendre la cause car on ne peut pas porter une derogation en appel, mais seulement un permis (LSU, 86.2.). Le president de la CAMEU dit qu'il ne s'agit que d'une erreur de formulation dans la requete et qu'il va entendre 1'appel. L'avocat de la CAB porte cette decision en appel a la Cour du banc de la reine. Celle-ci entend l'appel le 26 fevrier 2002 et le juge Creaghan donne sa decision le lendemain, permettant a la CAMEU d'entendre l'appel du permis emis par derogation. L'avocat de la CAB a porte cette decision du juge Creaghan en appel devant la Cour d'appel du Nouveau-Brunswick pour faire renverser la decision. Cette cour rejette l'appel de la CAB en octobre 2002, et renvoie la CAB devant la CAMEU. Cette cour, en raison de modifications legales, fonctionnait au ralenti : la CAB ne s'est retrouvee devant la CAMEU que la troisieme

102 semaine de Janvier 2004. Le creux d'articles presentes sur le sujet en 2003 est du a la lenteur du processus des differentes cours.

La decision de la cour d'appel fut donnee le 4 fevrier 2004 : elle donne raison aux opposants en citanl une mauvaise application de la loi. Tout au long de ce processus, la CAMEL1 trouve la CAB responsable de mauvaises applications de la loi, mais aucun permis ou activite illegale n'est declare dans les jugements officiels. Cependant les journalistes ont utilise le terme « illegal » a plusieurs reprises pour decrire le permis, ce qui peut laisser entendre que sa mauvaise application fut premeditee, et qu'elle n'etait pas, tout simplement, une erreur de bonne foi.

Le 16 mars 2004, la ministre du Tourisme et des Pare, Joan MacAlpine, formule une demande a la CAB pour obtenir un permis temporaire afin que le restaurant Gilligan's puisse ouvrir. Le meme jour, Mme MacAlpine envoie egalement une demande de rezonage a la ministre de l'Environnement et des Gouvernements locaux, Brenda Fowlie, qui, en Pabsence d'un Conseil elu, detient tous ces pouvoirs. La CAB a demande un avis legal avant d'emettre ce permis. Suite a la consultation, le permis temporaire fut emis. Les opposants ont porte le permis en appel. La CAMEU s'est rencontre en Janvier 2005 pour traiter du dossier. La decision ne fut rendue publique qu'au mois de mars. Cela provoqua les memes resultats que precedemment. Les opposants ont gagne l'appel et le permis fut revoque. Toutefois, la CAB avait une reunion mensuelle la semaine suivante, la demande de rezonage pour le terrain du Gilligan's etant a l'ordre du jour de la reunion. Ce processus, initie a la demande d'un ministere provincial, allait effectivement legaliser la situation du restaurant. Les commentaires dans les articles de journaux lies a la demande etaient majoritairement opposes a ce processus, qu'ils qualifiaient d'une solution de porte d'en arriere utilisee par le gouvernement, qui ridiculisait la LSU ainsi que les cours de la province, et particulierement la CAMEU. Soulignons ici que tous les jugements rendus par les differentes cours ont ete determines par une interpretation legale du contexte de la Loi vis-a-vis les permis et que les jugements n'ont pas ete determines par une juridiction du contexte environnemental de l'amenagement du Gilligan.

103 Les joumaux ont publies des articles relatant le scenario de cette demande de rezonage, qui avait comme requerant un ministere faisant une demande a la CAB, mais dont un autre ministere du raeme gouvernement allait decider du sort. Les journaux ont vite donne les commentaires des opposants au projet, qui qualifiaient cette situation de conflit d'interets. La premiere page du TT du 9 avril 2005 annoncait que la province se retirait du processus de rezonage. L'article citait la ministre du Tourisme et des Pares, Joan MacAlpine, qui disait que les prochaines etapes viendraient des promoteurs. C'est a ce moment que le forum des lecteurs du TT fut le plus actif, presentant a la fois des lettres pour la sauvegarde du restaurant et pour sa destruction.

Le 5 juillet 2005, tous les quotidiens annoncaient la nouvelle que le restaurant avait ete achete par la province. Les lecteurs apprirent la nouvelle avec surprise, car aucun article n'avait aborde cette option au prealable. Au contraire, les derniers articles laissaient sous-entendre que la province voulait que la CAB ou que les promoteurs entreprennent la prochaine etape, suite a 1'abandon du rezonage par la province. L'achat du Gilligan's a permis de legaliser la presence du restaurant, mais la ministre fut evasive sur son usage futur. La ministre MacAlpine a ensuite relate que 1'achat allait assurer ce service attendu par la population et qu'il y aurait aussi l'amenagement d'une section destinee a l'information touristique. Les commentaires des journalistes vis-a-vis l'achat furent similaires a ceux qui avaient touche le rezonage, e'est-a-dire qu'ils etaient negatifs envers le gouvernement. Le TT etait categoriquement contre l'achat, et demandait quel genre de message le gouvernement envoyait a la population et aux petites entreprises. Le TJ etait moins critique et s'est penche sur les raisons de l'achat, alleguant que le gouvernement provincial voulait sauver la population d'une poursuite par les promoteurs de ce restaurant, dont le bail etait de 25 ans. Le gouvernement a egalement precise que les ententes avec les promoteurs avaient ete signees par l'ancien gouvernement, qui avait laisse ce probleme au gouvernement actuel. L'AN donnait le meme son de cloche que le TT, mais ajoutait que le ministere du Tourisme et des Pares allait ouvrir le restaurant dans les plus brefs delais pour repondre a la demande des

104 touristes, mais qu'une consultation populaire allait avoir lieu a l'automne pour determiner l'avenir du restaurant.

Le restaurant Gilligan's s'est fait rebaptiser le Restaurant Parlee Beach, et le service de restauration a ete assure par la province pour la saison estivale de 2005. Le ministere du Tourisme et des Pares a retenu les services de deux compagnies de consultants afin de realiser des sondages pour determiner la volonte de la population au sujet du restaurant. Les resultats du sondage presentes dans les medias a l'automne 2005 indiquaient que la majorite souhaitait maintenir les services du restaurant, mais de permettre l'operation de ce dernier par le secteur privee. Un article est paru le 2 septembre 2005 dans le TT sur le dernier appel fait par les opposants au projet. Ceux- ci ont porte en appel 1'usage du restaurant, mais cette fois la CAMEU a rapidement emis une decision. En moins d'une heure, 1'appel fut refuse parce qu'il n'y avait pas de permis a contester et que la juridiction de la CAMEU etait limitee a la LSU uniquement. II s'agit de la derniere partie de la saga juridique du restaurant sur la plage Parlee, bien que le TT, l'annee suivante, soit revenu sur cet aspect une derniere fois.

L'editorial du 15 mai 2006 a deja ete analyse dans le deuxieme chapitre de cette etude, ainsi que dans la section qui porte sur la position des joumaux. Nous voulons reprendre cet editorial a caractere legal pour tenter de mieux comprendre comment des urbanistes professionnels peuvent arriver a des conclusions erronees devant la CAMEU. L'editorialiste relate que les problemes lies aux processus de planification et de zonage peuvent etre evites en s'assurant que les agents d'une commission soient bien formes et, egalement, bien informes. II relate que la CAB s'est a nouveau fait revoquer un permis par la CAMEU, et que e'est la meme Commission qui etait fautive dans le cas du restaurant Gilligan's. L'editorialiste a base son commentaire sur le resultat de la CAMEU pour determiner le probleme. Le permis revoque fut porte devant la Cour du banc de la reine et la decision fut renversee. Le juge a alors donne son opinion sur le jugement de la CAMEU : «[...] l'objet de la Loi est de favoriser un bon amenagement urbain [...] A mon avis, Farticle de la Loi sur l'urbanisme ne donne pas lieu a 1'interpretation que la Commission semble lui avoir donnee. Non seulement la

105 conclusion est erronee en droit, mats elle est aussi deraisonnable » (Juge Paul S. Creaghan, 2006, Institut canadien d'information juridique). 11 faut noter que la personne presidant la CAMEU etait la meme qui avait traite le cas d'appel sur le permis du restaurant en 2001.

Un des objectifs de cette these est d'expliquer la nature du traitement mediatique dans l'affaire du restaurant Gilligan. Nous venons d'analyser le traitement des enjeux de la gouvernance et les institutions dans le corpus documentaire pour saisir les themes abordes et la facon dont ils ont ete traites. Nous allons continuer l'examen du corpus documentaire en analysant les mentions socioeconomiques relatives au cas.

L'aspect socioeconomique

Les sous-themes representant l'aspect socio-economique selon la figure 1 demontre l'interet exprime par les journalistes a l'egard du cas Gilligan's. Cette representation des differents themes trouves dans les articles de joumaux nous donne une indication de la nature du traitement mediatique sur ce cas precis. En examinant le tableau 12, on voit que l'interet socioeconomique a recu, dans chaque journal, plus de mentions que celui de Penvironnement. Deux des trois quotidiens, soit le TJ et l'AN, ont demontre sensiblement le meme interet pour les causes socioeconomiques que ceux de l'environnement, sauf le TT qui a le double des mentions socioeconomiques. On peut attribuer ce resultat au fait que le TT a ete le journal local qui a le plus suivi les details de cette controverse et que le forum publique fut publie dans les pages d'opinion du lecteur. Les opinions des lecteurs ont suivi les moments forts de la controverse; certains s'y prononcaient en faveur du restaurant, citant les aspects positifs decoulant de l'entreprise, et d'autres se rangeaient contre le projet. Les opposants ont formule plusieurs raisons decoulant d'arguments autres que ceux lies a l'environnement et a la gouvernance et aux institutions, qu'on a qualifiers d'enjeux socioeconomiques. Les sous-themes des enjeux socioeconomiques sont, d'abord, l'economie, qui englobe la majorite des arguments avances (c'est-a-dire les emplois, la competition et la privatisation), ensuite, du cote des elements sociaux, l'alcool entre autres.

106 L'economie

[/argument economique est celui qui a recu le plus de mentions, provenant surtout de la part des gens qui etaient en faveur du restaurant Gilligan's. L'entreprise fournissait des emplois pour les gens vivant dans la region avoisinante. On a mentionne a plusieurs reprises le nombre de postes necessaires au bon fonctionnement du restaurant. On parlait aussi de creation d'emplois. Plus tard, on parlait de sauver des emplois suite aux decisions juridiques des differentes cours. Le discours politique a souvent porte sur 1'importance economique du pare et de la demande de plusieurs usagers voulant des services de restauration autres que les cantines qui y etaient situees. Certains relataient 1'argument que l'environnement est toujours secondaire par rapport a l'economie, mais il faut noter que personne n'a demontre la veritable deterioration environnementale telle que presentee dans la premiere section de ce chapitre. D'autres ont avance les bienfaits economiques en precisant qu'il n'y avait pas de problemes environnementaux. Un argument avance dans le TJ par le depute Bernard Richard, le 9 avril 1999, voulait que l'ajout du restaurant etait un element-cle du plan provincial pour l'amelioration du pare comme attraction touristique. Dans ce meme article, qui se situe chronologiquement au debut de la controverse, le depute declare que lors de portes ouvertes organisees l'annee precedente par le gouvernement au sujet du plan directeur, aucune opposition ferme contre le restaurant ne fut evoquee, mais plutot: « They were concerned about the other issues. » Nous allons ainsi examiner ces autres elements.

Le permis d'alcool

L'alcool fut le deuxieme element le plus mentionne, apres l'economie, dans les articles de journaux concernant le cas Gilligan's. Le fait que le restaurant allait obtenir un permis d'alcool etait un element important pour les opposants du restaurant. « Ms. Babineau said local residents have many concerns over the development, chiefly the repercussions of allowing alcohol to be served to patrons in Parlee » (TJ, 9 avril 1999). II faut preciser que la nature de cette argumentation est specifiquement liee aux aspects sociaux du cas et qu'un jugement de valeur fut porte au sujet d'alcool. Plusieurs passages relatent que si l'alcool est rendu disponible, les gens vont se souler et

107 causer des problemes, que les soulards vonl tout simplement detruire l'atmosphere familiale de la plage, que les gens qui vont y boire vont rendre la vie plus difficile aux agents de securite du pare... Et la liste continue dans ce sens, laissant planer I'idee de danger et de violence associee a Palcool. Dans certains articles, les opposants indiquent aussi qu'ils n'approuvent pas que des parents boivent a la plage puis qu'ils conduisent leurs enfants a la maison, rajoutant ainsi des arguments d'autorite morale au debat. Une chronique de Dave Francis dans le TT du 13 avril 1999 a ridiculise les arguments lies a la consommation d'alcool. 11 donnait plusieurs exemples de destinations tres populaires, par exemple la Nouvelle-Orleans et Puerto Rico, ou l'alcool est vendu directement sur la plage afin d'attirer les touristes, sans que cela ne mene pour autant a des problemes sociaux ou ne trouble la paix sociale. II offre une solution, a la fin de sa chronique, avec un peu d'humour : It will not be, I suggest, the end of the world as we know it. We need to encourage an attitude of respect and tolerance for others. And we do not need to ban alcohol to accomplish that. All we really need to do is ban men's Speedo bathing suits (TT, 13 avril 1999).

La privatisation

Les articles de journaux ont aussi relate les inquietudes des opposants au Gilligan's face a ce qu'ils appelaient le debut de la privatisation du Pare, et qu'annoncait, selon eux, l'implantation du restaurant. Des le debut de la controverse, les opposants ont fait reference a Old Orchard Beach ou a Coney Island, aux Etats-Unis, pour exprimer leur crainte que la region ne perde son charme et sa beaute en raison d'une multitude de commerces qui envahiraient la cote. Cette inquietude est abordee par le depute Bernard Richard des le debut de la controverse. II retorque ainsi qu'il ne s'agit que d'un partenariat entre le prive et le public (le gouvernement), qui comble les besoins des touristes visitant le pare, et qu'il n'y a aucun fondement a cette idee qui circule au sujet de la privatisation du pare. Le depute ajoute qu'il est d'ailleurs contre la privatisation du pare. II a aussi note que les cantines, la boutique touristique et le camping etaient deja exploites par des entreprises privees. Cependant le pare doit demeurer competitif avec les autres lieux touristiques situes dans la zone cotiere comme , relate le depute.

108 La controverse qui avait entoure la decision du gouvernement de laisser une compagnie britannique gerer le pare provincial de Hopewell Rocks en 1998 fut mentionnee par un journaliste du TT, mais cette piste d'argumentation ne fut par retenue par les opposants. Ceux-ci n'ont pas allegue que le restaurant menerait a plus de tourisme ou que la nouvelle infrastructure engendrerait une augmentation des couts pour Pacces au pare, comme ce fut le cas aux rochers Hopewell. II faut dire egalement que la plage est une destination touristique depuis tres longtemps, comme on a pu le voir dans le premier chapitre. Les opposants etaient plutot preoccupes par une perte de tranquillite et une competition en matiere de restauration.

L'opposition

Dans P introduction de la section consacree aux aspects socioeconomiques, nous avons indique que le forum public fut maintenu dans le TT. C'est egalement dans ce forum que Ton retrouve des commentaires de citoyens qui doutent de la sincerite des raisons avancees par les opposants au projet. Au debut de la controverse, on a vu les proprietaires de restaurant dire que e'etait un avantage injuste que de permettre a certains promoteurs de s'installer dans le pare; ils craignaient de perdre de leur clientele au profit de ce nouveau restaurant. Le theme de la competition s'est retrouve dans les journaux pendant une tres longue periode de temps. Des opposants au projet qui n'etaient pas proprietaires de restaurant, ou encore ceux qui avaient des preoccupations pour leur terrain sont aussi vises comme en temoigne cette citation :

The second point the anti-Gilligan's group are trying to use in there effort to restore Parlee Beach to its pristine former condition and in so doing, enhance their own ocean views and property values, is by saying that Gilligan's is damaging the local ecology and the water table (13 avril 2005, lettre de Keith J. Tindale, TT).

La tres grande proportion des opposants qui ont emis des commentaires dans les journaux a Pegard des problemes socioeconomiques sont les memes qui ont evoques des raisons environnementales pour valider leur opposition au restaurant. Plusieurs elements

109 qui se retrouvent dans les articles ainsi que dans les lettres envoyees a I'editeur peuvenl laisser sous entendre que les opposants du restaurant ont compris que l'opinion publique ne serait pas receptive a des interets personnels, mais qu'une cause environnementale saurait rejoindre une bonne partie de la communaute. Plusieurs articles de journaux relatent que le permis fut revoque par la CAMEU a plusieurs reprises car le restaurant se trouvait dans une zone sensible a renvironnement ou que cette zone interdisait la construction d'immeubles. Cette lutte legale fut gagnee sur une base de preservation de renvironnement par les opposants. Par contre, la CAB n'a pas l'autorite ou le mandat d'appliquer aucune loi environnementale. Certaines lettres envoyees a I'editeur mentionnaient le Blue Circle Diner and Dance Pavilion et presentait l'histoire du site, qui a toujours ete exploite pour des fins touristiques. D'autres lettres presentaient les differentes phases de transformation artificielle que la plage avait subies pour arriver a maintenir le pare comme site touristique par excellence de la province, mais aucune des lettres des opposants ne mentionnent ces faits.

La conclusion du debat

Le chroniqueur regulier du TT, W.E. (Bill) Belliveau, explique son point de vue suite a 1'achat du restaurant par la province :

In my view, the takeover and operation of Gilligan's has effectively conveyed the message that there is no environmental issue with the Gilligan's, the residents of Parlee beach have no (environmental) grounds for opposition to its operations and the Appeals Board had no reason for denying an operating permit to the original owners of Gilligan's (6 aout 2005, TT).

Cette chronique resume ce qu'on peut appeler un pretexte environnemental utilise par les opposants au restaurant. L'ancien premier ministre Bernard Lord avait raison en 1999 quand il a dit qu'une EIE aurait due etre effectuee, car on aurait examine les enjeux globaux sous Tangle de la science environnementale afin d'adapter le restaurant a son site, ou du moins le placer plus loin a l'interieur des terres, pour donner un exemple de developpement durable. Une EIE aurait presente les enjeux globaux de la science

110 environnementale au lieu de permettre a des non-specialistes du domaine d'y aller de speculations qui furent diffusees dans les journaux. Le premier ministre Lord a resume en 2005 ce qui a ete presente dans les journaux quand on parle de la controverse environnementale du restaurant Gilligan's:

It's the permit that's wrong. That's really the issue. We do all sorts of things - we bring sand to the beach, we groom the beach, using heavy equipment at times. There are thousands of people who go swimming there everyday. It changes the environment (26 juillet 2005, TT).

Le premier ministre defendant le role de son gouvernement qui avait herite de cette controverse quand il est arrive au pouvoir. 11 pouvait bien pretendre que le permis etait le probleme, puisque les medias ont delaisse la controverse environnementale pour se pencher sur les aspects legaux du cas. Au moment de ces commentaires, cinq ans s'etaient ecoules depuis la construction du restaurant Gilligan's et aucun des arguments environnementaux avances par les opposants dans les journaux ne semblaient avoir de merite. Personne n'avait de probleme d'eau, la dune etait aussi en sante qu'auparavant suite au processus d'ensablement, la plage n'avait pas subi de dommage lie au restaurant et finalement, l'ecosysteme du pare de la plage Parlee etait demeure le meme, mis a part le gazon, qui manque maintenant a l'endroit ou Ton retrouve l'empreinte du restaurant.

Ill Conclusion

Conclusion relative a I'hypothese et aux objectifs de recherche

Rappelons d'abord I'hypothese de travail que nous avions avancee au debut de cette etude : « La couverture journalistique d'une controverse environnementale locale ne va pas reussir a transmettre les enjeux globaux de la science environnementale pour ainsi ameliorer la comprehension du sujet en question. » Tout au long de notre etude, nous avons vu des aspects importants de la science environnementale, telle qu'elle s'applique dans le cadre de zones cotieres, dans le premier chapitre, puis, dans le troisieme chapitre, telle qu'elle ressort de l'analyse des arguments environnementaux presenters dans les journaux.

La disparite entre les themes developpes dans les journaux et les enjeux de la science environnementale est tres importante. Nous validons ainsi notre hypothese de travail et avancons que la couverture de cette controverse environnementale telle que presentee par la presse neo-brunswickoise n'a pas contribue a mieux faire comprendre aux lecteurs les enjeux environnementaux du developpement cotier. La repetition des arguments environnementaux et surtout les references aux ecosystemes et a la nature fragile par les journalistes ainsi que par les editorialistes pendant toute la duree de la controverse demontre qu'il n'y a pas eu de suivi ou d'evolution en ce qui a trait aux inquietudes environnementales. La lettre envoyee par Stephane O'Carroll n'a par exemple jamais suscite de suivi de la part des journalistes ou des editorialistes, bien que ces propos aient ete au coeur du vrai probleme lie a la construction d'un restaurant. Abordant la question sous Tangle du rechauffement climatique global, il se demandait si 1'emplacement du restaurant representait un developpement durable dans le contexte de l'elevation de la mer ? Le gouvernement aurait pu creer un modele a suivre en amenagement, et faire du restaurant un exemple d'adaptation dans le contexte du developpement cotier. Mais la raison d'etre du restaurant etait d'abord et avant tout economique, et non environnementale.

112 Les journalistes ont publie des articles en consultant des gens locaux qui n'ont aucune formation dans le domaine environnemental. lis ont done recueilli des commentaires qui n'ont pas de fondement scientifique et qui ne contribuent pas a ('education des lecteurs des joumaux. Le TJ a ete le seul journal a avoir consulte quelqu'un qui avait une formation en environnement ainsi qu'une tres bonne connaissance de l'endroit, Armand Bannister, qui a deja ete directeur-general de la ville de Shediac. Les commentaires de M. Bannister n'ont pas change le discours des editorialistes et des journalistes, car ces derniers relataient qu'il fallait preserver un environnement fragile. Les journalistes et les editeurs n'ont jamais clarifie la distinction entre le paysage artificiel de la plage Parlee et d'autres ecosystemes naturels. Cette distinction aurait pu contribuer a retablir les faits sur le site a F etude ainsi qu'a repondre aux enjeux de valeur dans Famenagement d'un endroit artificiel. Les journalistes auraient pu consulter des specialistes universitaires afin de reellement traiter la question environnementale, surtout quand on constate la proximite de Funiversite de Moncton et de Mount Allison a Sackville par rapport au pare de la plage Parlee. Pour conclure Fargument de la presentation de la science environnementale par les journaux, nous soulignons que la presse n'a pas evoque une mention de certains autres aspects fondamentaux de Fenvironnement, comme la pollution, la destruction ecologique d'une espece ou d'un ecosysteme, les especes menacees, le developpement durable, le rechauffement climatique, 1'elevation de la mer ou encore tout autre element lie aux enjeux scientifique de Fenvironnement. La presse n'a done pas contribue, dans le cas de la controverse entourant le restaurant Gilligan's, a informer le public au sujet des enjeux environnementaux lies au developpement cotier.

Conclusion relative a la nature du traitement mediatique

Les temps forts de la controverse, tels que presentes dans Fanalyse du corpus documentaire, nous permettent de jeter un regard sur la nature du traitement mediatique du cas du restaurant Gilligan's. Le fil conducteur de cette controverse est axe sur Fenvironnement, comme nous Favons vu dans le developpement de cette these. Cependant, Fanalyse de la couverture journalistique nous amene surtout a voir la

113 richesse de details apportes par les journalistes et les editeurs dans le domaine de la gouvernance et des institutions. Le resultat de ce cas d'etude appuie done la these de Jacques Giguere, qui faisait reference au « message oublie », e'est-a-dire a I'evacuation de la science dans les articles de nature environnementale. car la complexite liee a cette science n'est pas a la portee des journalistes ou des editorialistes. 11 faut noter que cette affirmation, dans le contexte de la presente etude, est cependant liee au journalisme local et provincial.

Le corpus documentaire nous a permis de constater la position du depute local dans ce partenariat public-prive qui devait permettre d'appliquer le plan directeur 1997 dans le but d'investir dans le pare pour assurer sa viabilite au sein de l'industrie touristique regionale. Les autorites locales, dont le directeur de la CAB, ont participe aux seances publiques sur le plan directeur. Ni le depute ni le directeur de la CAB ne pouvaient se douter que la CAMEU revoquerait ce permis. Armand Robichaud, directeur de la CAB, a maintenu dans les journaux que la province n'avait pas besoin d'un permis, mais qu'elle avait choisi d'en demander un de toute facon pour maintenir la transparence etablie par le processus des reunions publiques sur le plan directeur. 11 a egalement indique que, selon lui, le restaurant etait un usage accessoire au pare, qui est l'usage principal. Cette interpretation etait indiquee en partie dans le plan directeur de 1997 (p. 17). La CAMEU a decide dans son jugement que les promoteurs n'etaient pas des agents de la Couronne et qu'ils avaient done besoin d'un permis; le jugement relatait en outre que e'etait une mauvaise application de la loi.

En resume, la province veut creer un partenariat avec un promoteur prive pour construire un restaurant. Une entente est signee entre le gouvernement et les promoteurs qui n'ont qu'un bail d'une duree determinee pour 1'exploitation du restaurant. 11 faut souligner que le gouvernement est toujours le proprietaire de la terre et du batiment, en vertu du bail. La CAB emet un permis pour satisfaire a la demande d'un ministere et se retrouve dans un dilemme juridique suite a la decision de la CAMEU, sur l'appel depose par un groupe d'opposants pour des raisons environnementales. La CAMEU ne tient pas compte que le permis ne fut emis que pour maintenir une transparence dans

114 I'amenagement des pares par la province; la legalite de cette intervention est tres discutable et pourrait faire l'objet d'une etude en soi. Le droit de la Couronne sur ses terres tel qu'indique dans la LSU ou specifiquement la Loi sur les pares, lui donne le droit de proceder a tous les amenagements qu'elle juge necessaires sur ses terres.

La presse a done insiste sur Timportance de la gouvernance en relatant surtout les details des decisions rendues par la CAMEU; le cas Gilligan fut presente selon un journalisme de spectateur. qui relatait les evenements comme ils arrivaient, sans proposer d'enquetes ni de consultation d'experts. L'approche du cadre de confrontation pour rendre la nouvelle plus attirante a souvent ete la methode choisie pour la transmettre. L'un des resultats emanant de la nature du traitement mediatique est qu'il a contribue a exacerber la mefiance de la population envers les politiciens et les fonctionnaires ainsi qu'envers la Commission d'amenagement Beaubassin (CAB).

115 Bibliographie

Acer Environmental Services Ltd. (2002). Cost Benefit Analysis and Review of (he DNRE Proposal for Dune Re-shaping at Parlee Beach Provincial Park at Shediac New Brunswick. Fredericton : Prepared for NB Department of Tourism and Parks.

Mario, M. & Brun, M. (2001). Uncertainty and Controversy in the Science and Ethics of Environmental Policy Making. Theory and Science, 2 (1). http://theoryandscience.icaap. org/content/vol002.001/02alariobrun.html.

Armstrong, R.B. (1970). Master Plan for Parlee Beach Provincial Park. Fredericton : For the New Brunswick Department of Natural Resources, Parks Branch.

Association du bassin versant de la baie de Shediac. (2006). Etat de la baie de Shediac et de son bassin versant - Rapport aux communautes. Shediac : ABVBS, www.sbwa- abvbs.net.

Assogba, H. (2005). Jnteret et importance des questions environnementales dans la presse francophone : Elements d 'analyse a partir d 'une etude de cas des quotidiens montrealais Le Devoir, La Presse et he Journal de Montreal. Memoire de fin d'Etudes Professionnelles Approfondies inedite, Universite Senghor d'Alexandrie [En ligne]. Disponible : http://www.memoireonline.com.

Beatley, T., Brower, D. J., & Schwab, A. (2002). An Introduction to Coastal Zone Management Second Edition (1st ed. 1994). Washington, DC : Island Press.

Belliveau, J.E. (1991). Running Far In Story of Shediac (lre ed. 1977). Hantsport, N.-E. : Lancelot Press Limited.

Bene, C. (2005). The Good, the Bad and the Ugly: Discourse, Policy Controversies and the Role of Science in the Politics of Shrimp Farming Development. Development Policy Review, 23(5), 585-614.

Bengtsson, M. & Tillman, A. (2004). Actors and Interpretations in an Environmental Controversy: the Swedish Debate on Sewage Sludge use in Agriculture. Resources, Conservation and Recycling, 42, 65-82.

Boudreau, B. & Boudreau, G. (1999). Guide de presentation d'une these. Moncton, Faculte des etudes Superieures et de la Recherche, Universite de Moncton.

Brun, R. (1994). Shediac l'histoire se raconte. Sackville : The Tribune Press Ltd.

Brun, R., LeBlanc, B. & Robichaud, A. (1988). Les Bailments Anciens de la Mer Rouge. Moncton : Michel Henry.

116 Boykoff, T & Boykoff, J. M. (2007). Climate Change and Journalistic Norms: A Case Study of US Mass-Media Coverage. Geoforum, 6, 1190-1204.

Canada. Statistique Canada. (2007). Portrait de la population canadienne en 2006 : Dynamique de la population infraprovinciale. [En ligne]. Disponible http://wwwl2.statcan.ca/francais/census06/analysis/popdwell/Subprov3.cfin

Chevrier, J., dans Gauthier, B. (dir.). (2006). Recherche sociale : de la problematique a la collecte des donnees. (4e ed.). Quebec : Presses de l'Universite du Quebec.

Chouinard, O., Plante, S. & Martin, G. (2008). The Community Engagement Process : A Governance Approach in Adaptation to Coastal Erosion and Flooding in . Revue canadienne des sciences regionales, vol. XXXI : 3

Chouinard, O., Delusca, D., Tremblay, M., & Vanderlinden, J-P. (2006). Enjeux de la gouvernance environnementale locale dans les communautes cotieres du sud-est du Nouveau-Brunswick. In A. Magord (ed.), Etudes canadiennes no 3 Adaptation et innovation: Experience acadiennes contemporaines. (p. 181-193). Bruxelles : Presses Interuniversitaires Europeennes.

Chouinard, O., Martin, G. (2007). A Community Plan for Adaptation in Pointe du Chene, New Brunswick: Combining Science, Values and Local Knowledge in Designing a Climate Change Adaptation Plan. Draft. Moncton : Universite de Moncton.

Claudio, L. (2002). The Hudson: a River Runs Through an Environmental Controversy. Environmental Health Perspectives, 770(4), 184-187.

Creaghan, P. (2006). Commission d'amenagement Beaubassin contre Janis Realty Ltd., 2006 NBBR 414 (CanLII). Institut canadien d'information juridique. [En ligne]. Disponible : http://www.canlii.org/fr/index.php

Glenn, D. : Daniel K.Glenn Ltd & Porter Dillon Limited & Jacques Whitford Environment Limited. (1997). Plage Parlee Plan Directeur. Prepare pour Le Ministere du Developpement economique et Tourisme, Gouvernement du Nouveau-Brunswick

DeBaie, L., Murphy, K., Martin, G., & Chouinard. O. (2006). 4.7.1.2.3 Impacts sur les caracteristiques de la communaute. Impacts de la hausse du niveau marin et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau-Brunswick. Rapport prepare par Environnement Canada.

De Rosnay, J. (2008). Ecologie et approche systemique. [En ligne]. Disponible : http://utime.unblog.fr/tag/auteur/joel-de-rosnay/

Environnement Canada. (2006). Impacts de I'elevation du niveau de la mer et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau-Brunswick. Sommaire. Rapport prepare par Environnement Canada.

117 Farland, W, H., Hushka, L., Small, M. J., & Solomon, G. (2005). Defining Sound Science. Environmental Forum, 2/(6), 38-44.

G1EC. (2007). Climate Change 2007: the Synthesis Report [En ligne]. Disponible : http://www.ipcc.ch/index.htm.

Giguere, J. (1998). Le message oublie : I'ecologie el les medias d'informations : la couverture mediatique du renflouage de I'Irving Whale. These de maitrise inedite, Universite de Moncton.

Gingras, A.-M. (2006). Medias et Democratic : le Grand Malentendu. Quebec : Presses de l'Universite du Quebec.

Godard, O. (1999). De l'usage du principe de precaution en univers controverse. Futuribles, 239(40), 37-60.

Hasan, A. (2005). The Political and Institutional Blockages to Good Governance: the Case of the Lyari Expressway in Karachi. Environment & Urbanization, 77(2), 127-141.

Jensen, E.T. & McLellan, S. L. (2005). Beach Closings: Science versus Public Perception. An ActionBioscience.org original article [En ligne]. Disponible : http://www.actionbioscience.org/environment/Jensen_McLellan.html.

Joyner, C. C. & Walters, K. Z. (2006). The Caspian Conundrum: Reflections on the Interplay Between Law, the Environment and Geopolitics. International Journal of Marine and Coastal Law, 21(2), 173-216.

Kierans, K. (2006). Media Concentration in Atlantic Canada: Media by Monopoly. Journalism Ethics for the Global Citizen, School of Journalism, University of British Columbia [En ligne]. Disponible : http://www.joumalismethics.ca/feature_articles/media_concentration_Atlantic_Canada.

Layzer, J. (2002). Citizen Participation and Government Choice in Local Environmental Controversies. Policy Studies Journal, 30(2), 193-207.

LeBlanc, R. G. & Leger, M. A. (2003). Shediac Historique (Images de notre passe). Halifax : Nimbus Publishing Limited.

Leonard, K. (2001). A survey for French Military Supply Depots Built in 1749-50 at the Port of Shediac and on the Shediac River / research conducted for the Shediac Bay Watershed Association by Kevin Leonard. Shediac Bridge : Archeoconsulting.

Leonard, K. (2002). Jedaick (Shediac, NB): A Nextds through time / by Kevin Leonard for the Shediac Bay Watershed Association. Shediac Bridge : chez l'auteur.

118 Lidskog, R. (2005). Sitting Conflicts - Democratic Perspectives and Political Implications. Journal of Risk Research, 8(3), 187-206.

Lomborg, B. (2001). The Skeptical Environment a list : Measuring the Real State of the World. Cambridge University Press.

Nichols, S., Chouinard, O., Onsrud, H., Sutherland, M., & Martin, G., (2006). 4.8.3.4 Resultats de la participation des communautes. Impacts de la hausse du niveau marin et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau-Brunswick. Rapport prepare par Environnement Canada.

Nouveau-Brunswick. Departement de Tourisme. (1976). Parlee Beach Master Plan. Fredericton : Departement du Tourisme, Branche des services techniques.

Nouveau-Brunswick. Ministere de 1'Environnement et de Gouvemements locaux. (2002). Politique de protection des zones cotieres pour le Nouveau-Brunswick. [En ligne]. Disponible : http://www.gnb.ca/elg-egl/0371/0002.

Nouveau-Brunswick. Ministere de 1'Environnement. (2008). Etude d'impact environnemental au Nouveau-Brunswick. Projet devant etre enregistres en vue d'une E1E : Annexe A [En ligne]. Disponible : http://www.gnb.ca/0009/0377/0002/0006-f.asp.

Nouveau-Brunswick. Ministere de l'Environnement. (2008). Loi sur I'urbanisme. Chapitre C-12. [En ligne]. Disponible : http://www.gnb.ca/0062/PDF-acts/c-12.pdf.

O'Carroll, S., Berube, D., Forbes, D.L., Hanson, A.R., Jolicoeur, S., & Frechette, A., (2006). 4.5.3.2.5 Evolution recente de la Plage Parlee. Impacts de la hausse du niveau marin et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau- Brunswick. Rapport prepare par Environnement Canada.

Ohkura, Y. (2003). The Roles and Limitations of Newspapers in Environmental Reporting. Case Study: Isahaya Bay Land Reclamation Project Issue. Environmental Management of Enclosed Coastal Seas, 47(1-6), 237-245.

Parkes, G. S., Manson, G.K., Chagnon, R. & Ketch, L. A., (2006). 4.2.9.1. Evolution recente de la Plage Parlee. Impacts de la hausse du niveau marin et du changement climatique sur la zone cotiere du sud-est du Nouveau-Brunswick. Rapport prepare par Environnement Canada.

Paille, P. (1996). De 1'analyse qualitative en general et de Panalyse thematique en particulier. Revue de I'Association pour la Recherche Qualitative, 15,179-196

Pielke, R. Jr. (2004). When Scientists Politicize Science: Making Sense of Controversy Over the Skeptical Environmentalist. Science & Policy, 7, 405-417.

Politique d'information. (2007). L'Acadie Nouvelle : Le Quotidien des francophones du Nouveau-Brunswick. Caraquet, Acadie Presse.

119 Rioux, F. (1979). Shediac, Nouveau-Bnmswick : Analyse socio-economique (1851- 1871). These de maitrise inedite, Universite de Moncton.

Rosenthal, E. (2007). As the Climate Changes, Bits of England's Coast Crumbles. New York Times [En ligne]. Disponible : http://www.nytimes.com/2007/05/04/world/europe/04erode.html.

Roy, S. N., dans Gauthier, B. (dir.). (2006). Recherche sociale : de la problematique a la collecte des donnees. (4e ed.). Quebec : Presses de l'Universite du Quebec.

Ruellan, D. (1993). Le professionnalisme du flou: identite et savoir-faire des journalistes francais. Grenoble : Presse universitaires de Grenoble.

Sarewitz, D. (2004). How Science Makes Environmental Controversies Worse. Science & Policy, 7, 385-403.

SIRCOM. La construction mediatique de l'environnement. Cet article est issu des travaux d'une recherche de 3eme cycle A. Nedjar, These de doctorat de 3e cycle, Le theme de I 'environnement dans les medias generalistes : I 'analyse des cadres discursifs, ENS Lyon, these soutenue le 22 decembre 2000. [En ligne]. Disponible : http://www.sircome.fr/7La-construction-mediatique-de-l.

SLRNB - voir Environnement Canada.

Spratt, D. (2007). The Big Melt: Lessons From the Artie Summer of 2007. [En ligne]. Disponible : http://www.carbonequity.info/PDFs/Arctic.pdf.

Steuter, E. (2003). The Irving Media Monopoly in New Brunswick. Your media: The Irvings Overview. Communications Workers of America, Canada. [En ligne], Disponible : http://www.vourmedia.ca/modules/irving/overview/overview.shtml

Velasco-Graciet, H. (2002). Chronique d'une controverse environnementale : Pexemple du territoire souletin, Geographie et Cultures, 43, 67-85.

Wang, Q.-J. (2005). Transparency in the Grey Box of China's Environmental Governance: A Case Study of Print Media Coverage of an Environmental Controversy from the Pearl River Delta Region. The Journal of Environment & Development, 14(2), 278-312.

Weissenberger, S. (2005). Les changements climatiques : y a-t-il vraiment debat ?, FrancVert Le Webzine environnemental, 2(3). [En ligne]. Disponible : http://www.francvert.org.

Wenner, J. S., (2007). Al Gore. Rolling Stone, 15, p. 55-58.

Yin, R. K. (2003). Case Study Research: Design and Methods (3e ed.). California: Sage Publications, Inc.

120 Annexe 1 Carte du district de la CAB w~ Detroit dc Northumbrian

121 Annexe 2 Carle du plan directeur de 1997

SHEDIAC BAY

- WflMW CMffSN

fci&. ten nu **w ••»(»»

£t MASTER PLAN ! ttANIM K. i:i#NN I.TT. ; *-jfew PARLEE BEACH ) mmnx HHTFOKI* i 1>Otf1f.M MMUN

122 Annexe 3 Le Moniteur Acadien

Fiche technique

Lieu de publication : Shediac Editeur et directeur general: Gilles Hache Association : Association de la presse francophone Independant depuis : Selon leur site web (http://journaux.apf.ca/lemoniteuracadien) : « C'est en 1983 que paraissait la premiere edition de l'hebdomadaire du Sud-Est du Nouveau-Brunswick que Ton connait maintenant. Le 14 fevrier 1985, le journal devient incorpore au nom des Editions du Moniteur Acadien. Gere par un conseil d'administration, il appartenait a ses abonnes. L'entreprise a but non lucratif employait une moyenne de cinq a six personnes. En 1989. Le Moniteur Acadien devient une entreprise privee. En aout 1990, de nouveaux proprietaries en font l'acquisition. » Tirage : 5 000 Distribution : Selon leur site web : « II est maintenant vendu par une equipe de camelots dans plus d'une dizaine de municipalite du sud-est du Nouveau-Brunswick et compte aussi des abonnes un peu partout dans la province ainsi qu'ailleurs au pays, aux Etats-Unis et outre-mer. »

Les indicateurs par journal Photos : En 1999, il est interessant de noter que 1'ensemble des photos comprend celles de gens opposes a la construction du restaurant Gilligan's, alors nomme Chateau sur le sable. Une photo a la premiere page presente une reunion tenue a l'eglise de la Pointe- du-Chene avec l'une des porte-paroles principals (Florence MacFarlane) de l'opposition a la construction du restaurant. Une deuxieme photo, prise a l'interieur, montre les gens dans la salle lors de cette reunion. Deux autres photos de citoyens concernes pendant une autre reunion publique ont ete publiees, ainsi qu'une photo de Mme MacFarlane s'exprimant a un lutrin. La derniere photo est celle du chef du parti progressiste-conservateur Bernard Lord qui s'entretient avec l'ancien depute liberal de la circonscription de Shediac/Cap-Pele, Azor LeBlanc, qui a change d'allegeance en raison

123 de la controverse Gilligan's. La photo ful prise pendant la campagne electorale dans la region de Barachois, ou Bernard Lord est venu appuyer la candidate locale.

La seule photo de 2004 presente le restaurant vu de pres. En 2005, il y a 5 photos, comprenant une photo du restaurant publiee 2 fois et une troisieme photo du restaurant dans un angle different. La quatrieme photo presente en premiere page une vue de la plage bondee de visiteurs, avec la mention que ces derniers sont decus que le restaurant ne soit pas ouvert. La derniere photo de l'annee montre un sous-ministre accompagne de deux groupes representant des compagnies de sondages. Les photos de 2004-2005 ne sont pas de la raeme tendance que celles presentees au debut du cas en 1999. Les photos nous amenent a visualiser le restaurant dans son environnement et sont prises de sorte qu'il parait etre en harmonie avec son milieu. La derniere photo fut publiee en 2006 et montre l'executif de la CAB, soit le president et les commissaires, apparemment tres contents que la controverse entourant le restaurant Gilligan soit terminee.

L'analyse du tableau de l'ordre de presentation des articles : Ce tableau resume Pinteret demontre par l'hebdomadaire le Moniteur Acadien par rapport au cas etudie : trois articles a la une, accompagnes de photos representant le cas. Ces articles apparaissent pendant les trois annees de couverture plus importante, soit les annees 1999, 2000 et 2005. Les pages 2 a 5 contiennent la majorite des articles, ce qui est tres revelateur car la premiere page de cet hebdomadaire ne contient qu'un seul article avec commentaires et photo. Les pages 2 a 5 sont done aussi l'endroit ou sont presenter les articles importants.

Le suivi apporte aux articles du cas etudie : La journaliste Mireille E. LeBlanc a redige 7 articles concernant le cas Gilligan's ; 4 autres sont du journaliste Gerard Lessard, et Carole Landry en a redige un, qui est surtout de nature politique mais qui concerne le cas en question. Le reste des articles ne mentionnent pas le journaliste affecte a la nouvelle. Sont donnes, dans certains cas, les initiales de l'auteur (presentees comme suit: C.L.[correspondance locale]) et l'endroit d'ou provient la nouvelle : Fredericton 3, Shediac 4, Cap-Pele 1, Memramcook 1,

124 Pointe-du-Chene 1, Moncton 1. II faut noter ici que les articles provenant de Fredericton sont des communiques gouvernementaux et non des articles independants ou des textes originaux de journalistes.

Le type de textes retrouve dans le Moniteur Acadien : Les articles recenses dans cet hebdomadaire sont majoritairement des articles relatant les evenements comme ils se deroulent. 11 n'y a pas de journalisme d'enquete ou de journalisme d'opinion qui citeraient des recherches pour presenter le cas dans un contexte particulier. Les articles ne depassent pas ce qui a deja ete dit et ce qui s'est passe sur place. II faut tout de merae dire ici que cette couverture mediatique a su situer les acteurs locaux et leurs positions face a la controverse. II n'y a pas d'editoriaux ou de chroniques rediges au sujet du cas Gilligan. II faut noter egalement qu'aucune lettre d'opinion ne fut publiee relativement au cas. II s'agit done essentiellement d'une couverture mediatique presentant les opinions apportees aux forums publiques par les intervenants impliques, dans un ordre chronologique.

Resume des articles : Les themes exposes dans ces articles semblent suivre une evolution qui est rattachee a l'opinion publique. Au debut de la controverse, on presente deux individus qui sont oppose au projet du restaurant Gilligan's et qui mobilisent plusieurs personnes contre la construction. Ces opposants avancent que e'est un probleme environnemental et s'en prennent surtout a la province et au depute local, qualifiant le projet de cadeau politique. Le depute tient une reunion pour donner les details du plan directeur de la plage Parlee de 1997 pour confirmer au public qu'il avait eu 1'occasion de donner son opinion sur le developpement futur du pare. La journaliste ecrit au sujet de Bernard Richard, le 6 mai 1999 : « II a en effet avoue qu'avant de proceder a de tel developpement, il serait preferable d'effectuer plus d'etudes d'impact, meme si la loi ne le present pas. » M. Richard faisait face a l'ensemble des opposants a la reunion publique lorsqu'il aurait fait ces commentaires.

125 L'annee suivant la decision de la Cour d'appel, le regard du journaliste se porte sur la CAB. On presente un groupe de residants qui se positionnent en faveur du restaurant, pour se concentrer ensuite sur le denouement juridique de 1'affaire et sur le positionnement de la CAB vis-a-vis les appels remportes en justice par le groupe s'opposant au restaurant. On evoque toujours que la construction est faite dans une zone environnementale ainsi que les inquietudes de certains residants, qui craignent que le restaurant utilise trop d'eau et que son emplacement soit susceptible de detruire la dune. Un nouvel organisme nomme « Sauvons la plage Parlee », cree en 2004 par une representante qui s'etait portee candidate aux elections de 1999, constitue l'avant-dernier article qui fera reference a 1'aspect environnemental du cas. En 2005-2006, les articles soulignent le taux eleve d'acceptability du restaurant par la population locale et les touristes se rendant a la plage. Le denouement de l'affaire est presente lors de l'achat du restaurant par la province, suite a un sondage par des consultants.

126 Annexe 4 L'Efoile du Sud-Est

Fiche technique

Lieu de publication : Dieppe Date de fondation : La premiere partition est le 11 mars 1998 Directeur general: Richard Thebeau Tirage en 1999 : 30 000 / 2 editions Tirage en 2008 : 39 820 / 3 editions Publie par : Brunswick News appartient a J.K. Irving Politique d'information : Aucune politique formelle, mais suit les principes du journalisme de respect, ainsi que de liberte d'opinion (Communication orale avec le redacteur en chef Mario Tardif, fevrier 2008). Voir egalement la politique d'information du Brunswick News {Times & Transcript). Mission du journal: Se veut le reflet de la communaute, la voix de PAcadie.

Les indicateurs par journal Photos : Les premieres photos du cas Gilligan en 1999 demontrent la construction du restaurant a trois differentes phases. La premiere est celle de la preparation de la fondation, suivie par une photo de 1' assemblage structurel. La troisieme photo associee au cas est celle d'un depute provincial s'entretenant avec une opposante au projet, qui se retrouve egalement dans 1'opposition a 1'election provinciale, quelques semaines plus tard. Cette photo illustre Pinteret des journalistes pour le concept du cadre de confrontation qui permet d'attirer Fattention du lecteur sur la controverse. La photo demontre bien un echange verbal chaud, avec des visages tendus. La derniere photo de 1999 presente le restaurant qui demontre que la construction est presque achevee. La seule photo du cas a P etude en 2000 est la meme que la derniere de Fannee precedente. La derniere photo, qui date de 2004, montre Florence MacFarlane et Greg Murphy assis dans un restaurant. Ce sont les deux opposants principaux au restaurant de la plage Parlee. Ce sont eux qui ont fait deposer les appels contre la construction du Gilligan's ainsi que contre les permis d'operation subsequents.

127 L'analyse du tableau de l'ordre de presentation des articles : On peut noter que 10 articles, sur un total de 16. sont situes dans une section importante du journal, c'est-a-dire pres de la premiere page. II est egalement important de mentionner qu'un article de la section de l'editorial, appelee « Entre nous » et sous-three « Commentaires », fut redige au sujet du restaurant. Cet article relate l'opinion du journaliste vis-a-vis la nouvelle et demontre ainsi l'importance du sujet en question, a ce moment, pour le journal (12-05-1999). Le titre relate bien le point de vu d'Andre Pepin : « Le restaurant de la plage : avant tout une guerre commerciale ». Ce journaliste est de l'avis qu'il existe de pires abus de l'environnement ailleurs dans la province. II est en faveur de l'etablissement du restaurant a Parlee et, selon lui, 1'argumentation contre le restaurant Gilligan est deraisonnable.

Le suivi apporte aux articles du cas etudie : La journaliste Josee Descoteaux a suivi le dossier Gilligan fidelement en en redigeant les douze premiers articles. Andre Pepin a ecrit un commentaire sur le sujet, comme nous venons de le voir. Andre Wilson propose aussi un article, tres colore : « Ca brassait mercredi dans la salle de conseil de Cap-Pele ou avait lieu la reunion mensuelle de la CAB. » En relatant les evenements tels que presentes par les gens dans la salle, il cite les opinions sans emettre de commentaires de sa part. Les deux autres articles ont ete ecrits par Christine Aube. Tous les articles publies sur le cas etudie dans I'Etoile sont des originaux. II faut noter que le suivi de la nouvelle fut influence par le changement du format, tel que presente un peu plus loin.

r Le type de textes retrouve dans VEioile : Les articles accordent une importance aux details relates lors des reunions publiques, et le suivi des journalistes permet une bonne comprehension du cas. Les differentes interventions de la part de la province et de la CAB sont bien presentees, on a meme relate que le ministere de l'Environnement est Pautorite qui determine si une etude d'impact environnemental devrait avoir lieu. Une importance a ete accordee au processus legal puisque Ton relate les interventions de la CAB et les decisions de la

128 Cour d'appel. Deux articles mentionnent que la Commission d'appel en matiere devaluation et d'urbanisme (CAMEU) a declare que le permis n'aurait pas du etre octroye s'il avait ete su qu'une etude d'impact environnemental aurait du etre faite avant son emission. Les articles permettaient au lecteur de comprendre qu'il existe une complexity liee au processus decisionnel et a Pemission d'un permis de construction dans un pare provincial. Le tout fut presente dans un journalisme de spectateur, relatant ce qui a ete dit sans l'analyser, selon l'approche d'Ohkura.

Changement de format du journal : La couverture du cas Gilligan's, bien amorcee, ne s'est pas poursuivie pendant la duree entiere de la controverse. En 1999. I'Etoile presente plusieurs articles sur le sujet et un bon suivi, mais on remarque apres un certain temps un manque de suivi. Suite a une discussion avec le redacteur en chef, Mario Tardif, nous avons appris que le journal a subit une restructuration de format vers la fin octobre, debut novembre 2001. Apres cette date, on ne voit plus de couverture reelle du cas etudie, sauf une mention en 2004. L 'Etoile du Sud-Est a choisi un format plus volumineux, mais a reduit le nombre de ses journalistes et change de philosophic journalistique, ce qui a eu pour effet de diminuer le nombre de pages dediees a la couverture du cas. Le changement le plus important est lie a l'abandon des actualites qui sont de facon generate couvertes par les journaux quotidiens. L'Etoile a voulu se specialiser dans les nouvelles communautaires et delaisser la couverture des grands enjeux de la politique provinciale et des autres elements de Factualite. Un autre changement majeur pour le journal : sa regionalisation, en 2003. On voit alors l'apparition de la nouvelle formule selon laquelle des centres d'interets locaux se sont dotes de leurs propres hebdomadaires, soient I'Etoile de Shediac, I'Etoile de Moncton-Dieppe et I'Etoile de Kent.

129 Annexe 5 L 'Acadie Nouvelle

Fiche technique

Siege social: Caraquet Bureau situe a proximite de la nouvelle : Moncton, puis Dieppe Date de fondation : La premiere parution est en 1984 Tirage : Plus de 20 000 copies en semaine et plus de 23 500 copies le samedi Publie par et appartient a : Editions de L'Acadie Nouvelle (1984) Ltee Politique d'information : Achevee d'imprimer a Acadie Presse, fevrier 2007

Les indicateurs par journal Photos : Les journalistes de / 'Acadie Nouvelle on prit plusieurs photos en rapport avec le cas Gilligan's ; dans 50 % des cas, l'image est associee a un article. Lors des trois premieres annees du 1'affaire, quatre photos sont presentees, dont une de la plage avec en sous-titre que certains residants de Shediac ne sont pas contents de la presence d'un restaurant a la plage Parlee. Les prochaines photos montrent le restaurant, la premiere le represente ferme pour l'hiver, la seconde fait voir la terrasse du restaurant. La derniere photo parue pendant la periode 1999-2001 est celle du depute local Bernard Richard et de deux ministres de l'opposition repliquant a des accusations de favoritisme.

En 2004-2005, le dossier du restaurant Gilligan's fait l'objet d'une periode mediatique accrue, auquel correspond le nombre eleve d'articles et de photos illustres ci-dessus. Un total de 16 photos accompagne 23 articles, dont 3 sont des editoriaux auxquels on ne rattache habituellement pas de photos. Cette observation amene a constater le pourcentage plus eleve de photos associees aux articles de 1'Acadie Nouvelle pendant toute la couverture du cas etudie. Une des photos du restaurant reste la plus representative du cas, puisqu'elle est utilisee a neuf reprises. Le restaurant est au coeur de la controverse et cette photo est done associee a differentes opinions, soit Peconomie, 1'incertitude legale et environnementale entourant son existence. Le reste des photos du restaurant peuvent etre associees a differents themes, dont voici des exemples : l'une de ces photos peut etre associee a 1'environnement vu sa proximite de la cote, une

130 deuxieme, sa proximite des dunes, une troisieme, a Teffet du vent sur le batiment qui aurait un effet sur l'erosion de la dune, selon 1'ancien directeur de la plage, et une derniere faisant directement allusion a renvironnement et a I'erection d'une cloture anti- erosion dans la dune. On retrouve encore dans cet eventail une photo du president de la CAB, une photo du president du district de services locaux, une photo aerienne presentant le toit du restaurant - qui a ete peinture afin de servir d'enseigne - et une photo des residants opposes au restaurant. Ces quatre demieres photos presentent certains des acteurs cles du debat, la photo aerienne pouvant etre directement liee a la CAB, puisqu'il aurait fallu un permis pour pennettre cette enseigne.

L'analyse du tableau de l'ordre de presentation des articles : On remarque d'abord, en examinant le tableau, que 1'affaire Gilligan's n'a pas fait la une au debut de la controverse, bien qu'il s'agisse d'une periode cruciale du cas etudie. Ce premier constat suggere, selon l'ordre de la presentation, que cette nouvelle n'etait pas prioritaire pour le journal. La majorite des articles la concernant se situent en effet en pages 6 a 9. L'interet grandit cependant avec le temps : en 2005, le cas est presente 3 fois en une et 4 fois dans les premieres pages du journal, sans compter que 3 des 4 editoriaux relatifs au cas sont publies cette meme annee.

Le suivi apporte aux articles du cas etudie : Le suivi apporte au cas de l'etude fut assure par Robert Gaudreau, qui a ecrit 27 des 40 articles sur le cas Gilligan's. Steve Hachey en a redige trois, Real Fradette deux, tandis que trois autres journalistes ont ecrit un article chacun. Le journal a egalement fait paraitre un article de la presse canadienne, en plus des deux editoriaux de Gaetan Chiasson et de ceux de Jean Saint-Cyr et de Francois Gravel, qui en ont signe un chacun.

Le type de textes retrouv£ dans L 'Acadie Nouvelle Parmi les articles faisant reference au cas Gilligan's, notons les suivants. Deux references au cas Gilligan's se sont retrouvees dans la revue de l'annee du journal. Nous avons aussi retrouve deux mentions de ce cas dans des articles traitant de problemes lies

131 a l'amenagement ainsi que deux autres mentions dans des editoriaux qui portaient surtout sur l'environnement.

132 Annexe 6 Le Times & Transcript

Fiche technique

Lieu de publication : Moncton Date de fondation : En 1983, le Moncton Times et le Moncton Transcript sont amalgames afin de creer le Times & Transcript. Les deux journaux avaient vu le jour sous differents noms dans la deuxieme moitie du 19e siecle. Tirage : Le TT publie approximativement 40 000 journaux pour son edition quotidienne, ce qui constitue le plus grand tirage de la province. Publie par : Brunswick News et appartient a J.K. Irving Politique d'information : Aucune, voir l'information indiquee dans la politique d'information du TT sur le monopole dTrving.

Les indicateurs par journal Photos : Le total de photos pour l'annee 1999 est de 11, ce qui eclipse la representation visuelle retrouvee dans tous les autres journaux en un an. II est interessant de noter que le premier article de 1999 etait accompagne d'un croquis de ce a quoi devait ressembler le restaurant selon le plan directeur de 1997, ainsi que d'une photo de la plage. Une photo de la preparation de la fondation fut suivie deux semaines plus tard par une photo de 1'assemblage structurel du restaurant. La cinquieme photo presente un depute provincial, et est situee a cote d'une autre photo de la construction du restaurant. La sixieme reprend le meme theme, suivi le lendemain de celle de Raymond Frenette, un ancien premier ministre provincial du Nouveau-Brunswick. D'autres photos de politiciens ont suivi celles de M. Frenette. soit celle de Bernard Lord, chef de Popposition, puis celle de Camille Theriault, qui succeda Raymond Frenette comme chef. La derniere photo de 1999 presente des visiteurs assis sur la terrasse du restaurant Gilligan's, dont la construction est terminee et qui est ouvert au public.

Pendant les trois annees suivantes, une seule photo est reprise par annee. En 2000, la nouvelle refit apparition en avril et montre la rencontre entre les opposants au restaurant

133 et les proprietaires. En 2001, on voit une photo du restaurant comprenant la dune afin de demontrer leur proximite. En 2002, le journal publie une photo du processus d'ensablement annuel de la dune de Parlee.

En 2004, deux photos montrent le restaurant placarde pour l'hiver, faisant reference au statut legal qui n'est pas encore regie. Le journal se pose en effet la question a savoir si le restaurant va ouvrir durant la periode estivale. Les trois dernieres photos relatives au cas sont presentees en 2005. II y en a deux du restaurant et une des opposants Greg Murphy et Helen Hall. C'est la fin pour les opposants, qui ont lutte contre cet amenagement dans le Pare provincial de la plage Parlee. On peut noter qu'il n'y a aucune photo du president, des commissaires ni des employes de la CAB dans 1'ensemble des photos publiees par le Times & Transcript.

L'analyse du tableau de l'ordre de presentation des articles de journaux : Tel qu'indique dans le tableau 7, on voit qu'une proportion elevee du total des articles sont situes a la une du journal et que le suivi accorde par le journal se retrouve dans les premieres pages de ce dernier. Ceci demontre 1'importance accordee a la nouvelle de la part du journal. L'addition des deux premieres colonnes du tableau donnent un total de 45 articles avec une parution significative par rapport aux 24 articles situes dans les colonnes 3 et 4 qui represented des articles situes apres la page 6, done ayant un importance moins elevee.

En comparant le tableau des articles parus dans le TT par rapport a celui du reste du corpus documentaire, on remarque que la couverture par le TT de la controverse environnementale du cas Gilligan's represente la moitie de ce corpus documentaire. L'ensemble des quatre autres journaux ayant traite de ce cas ne represented que la moitie du corpus documentaire et environ la moitie des totaux annuels. Une analyse du tableau 7 permet d'apprecier le grand nombre de lettres d'opinion publiees sur ce cas, et de determiner que le forum d'opinion publique s'est joue dans le TT.

134 Le suivi apporte aux articles du cas etudie : Le TT a fait appel a plus de vingt journalistes afin cTassurer le suivi du cas etudie. Certains journalistes ont assure un suivi de plus pres en relatant des details de reunions publiques par exemple, tandis que d'autres ont redige des articles de nature plutot politique. Lors de la premiere periode de couverture importante, soit celle de 1999-2000, au debut de la controverse, on voit que Krista Peterson (6 articles), Frank Carroll (5 articles), Dave Francis (3 articles et 1 commentaire, dans City Views) et Chisholm Pothier (3 articles) ont assure la couverture de la controverse. Ces 4 journalistes ont redige au-dela de 75 % des articles lors de cette periode. Par la suite et surtout au deuxieme temps fort de la nouvelle, soit en 2004-2005, differents journalistes ecrivent sur le Gilligan's, mais un bon suivi des nouvelles fut assure par James Foster (17 articles), Daniel McHardie (8 articles) et Rod Allen (5 articles). La couverture assuree par ces trois journalistes represente plus de deux tiers des articles relatifs au cas pour la deuxieme periode indiquee.

Le type de textes retrouve dans le Times & Transcript Le TT a utilise plusieurs sections de son journal pour traiter de la question du Gilligan's. Le journal s'est entre autres positionne sur la controverse environnementale en faisant paraitre un nombre eleve d'editoriaux. Le forum public s'est passe dans le TT tel que le tres grand nombre de lettres envoyees a l'editorial le demontre. Soulignons egalement que ces lettres ont souvent ete des repliques aux opinions du journal et a celle de d'autres lecteurs ayant envoye leur opinion sur le cas auparavant.

Notons egalement que des commentaires provenant des journalistes sont apparus dans les sections « City Views » et « Sleuth » a deux reprises. Le journal a choisi un des opposants du cas Gilligan's pour une entrevue et a deux reprises, il y eu des chroniques dans la section de l'editorial par des journalistes invites. La grande diversite de sections et de commentaires lies a ce cas d'etude demontre l'importance que le TT a accorde a ce sujet.

135 Annexe 7 Le Telegraph-Journal

Fiche technique

Siege social: Saint-Jean Bureau situe a : Fredericton Date de fondation : 1923 Tirage : approximativement 35 500 Publie par Brunswick News et appartient a J.K. Irving Politique d'information : Aucune, voir l'information indiquee dans la politique d'information du TT sur le monopole d'Irving.

Les indicateurs par journal Photos : Le Telegraph-Journal n'a publie que trois photos du cas Gilligan. La premiere est une photo de la plage lors d'une journee tres occupee en 1998, soit avant la construction du restaurant. La deuxieme photo montre le restaurant pendant la construction. La derniere photo, en 2005, est une photo de la ministre provinciale du Tourisme Joan MacAlpine, a l'epoque ou le gouvemement achete le restaurant en declarant que c'est dans le meilleur interet des citoyens de la province, car le gouvemement veut eviter une poursuite par les anciens proprietaires.

L'analyse du tableau de l'ordre de presentation des articles : En examinant le tableau, nous voyons que le Telegraph-Journal a surtout traite de ce sujet lors des deux annees charniere du cas, c'est-a-dire 1999 et 2005. En 1999, on voit le plus grand nombre d'articles consacres a cette nouvelle. La controverse est a son debut et est alimentee par Selection, done le journal presente une couverture plus importante de politiciens emettant leur opinion sur le cas. On peut soupconner que le journal voulait accorder plus d'importance a la politique qui entoure cette controverse. L'annee 2005 se souligne egalement, car c'est la deuxieme annee la plus importante en termes de nombres d'articles. Cependant, elle accorde une couverture plus importante que l'annee 1999 dans le sens ou 3 articles se retrouvent a la une et ou 3 editoriaux

136 relatifs au cas Gilligan's sont publies. A travers ses editoriaux, on peut voir la position du journal en ce qui a trait au cas d'etude.

Le suivi accorde par les articles du cas etudie : Neuf journalistes differents ont couvert la controverse Gilligan's pour le TJ, dont voici les plus importants. Mike Tenszen et Mark Reid ont chacun signe 4 articles et ont assure le suivi au debut de la controverse. Janice Harvey a redige un editorial en 2005, ainsi que 2 autres articles. Nina Chiarelli a egalement ecrit 3 articles pour assurer le suivi avec Harvey pendant la periode ou le gouvernement achetait le restaurant aux anciens proprietaires.

Le type de textes retrouve dans le Telegraph-Journal Le TJ a publie des editoriaux, des lettres et un commentaire sur la controverse Gilligan's. Le journal a done traite la nouvelle de facon diversifies La qualite des textes publies dans ce journal a suscite des reactions vives dans l'opinion du lecteur. La ministre provinciale de PEnvironnement et des Gouvernements locaux, Brenda Fowlie, a envoyer une replique a un article signe par Janice Harvey dans lequel la journaliste amenait une critique sur la credibility du ministere de l'Environnement dans ce dossier.

137 Annexe 8 Zone de « Preservation de I'environnement »

BEAUBASS1N WEST PLANNING AKEA RURAL PLAN REGI.EMENT DU PLAN RURAL DU SECTEUR REGULATION D'AMENAGEMENT DE BEAUBASSIN-OUEST

SECTION 7 - MIXED ZONES ARTICLE 7 - ZONES MIXTE

Not applicable Sans objet

SECTION 8 - OPEN SPACES ZONES ARTICLE 8 - ZONES D'ESPACES LIBRES

E Zones - Environment Conservation Zones E - Preservation de I'environnement

Permitted Uses Usages permis

8(1) In an E zone, any land, buildings or structures 8(1) Les terrains, balimenls ou constructions d'une may be used for the purposes of, and for no oilier zone E ne peuvent servir qu'aux fins purpose than

(a) one of the following main uses: a) d'un des usages principaux suivants :

(i) a public or community park, i) un pare public ou playground or playing Held, or n site communautaire, un terrain de jeu ou for a statue, monument, cenotaph, de sport, ou un site pour statue, fountain or other ornamental monument, cenoiaphe, fontaine ou structure. autre structure omementale,

(ii) a passive recreational ii) une activite recreative activity, passive,

(»ii) a community use, iii) un usage communautaire,

(iv) a hobby farm, iv) une activite agricole

artisanale, (v) a forestry use, v) un usage sylvicole, (vi) a one family dwelling, vi) une habitation unifamiliale, (vii) a rooming house, boarding vii) une maison de chambres, house or furnished accomodation; une pension ou un garni;

(b) the carrying on of a home occupation b) de I'exercice d'une activite in compliance with section 10.25 as a profcssionnelle a domicile en confonnite avec secondary use; and Particle 10.25 comme usage secondaire, et

(c) an accessory building, accessory c) d'un baliment, d'une construction ou structure or accessory use to the main use of d'un usage accessoire d I'usage principal du Ihe land, building or structure, if this section terrain, du baliment ou de la construction, si permits such main use. le present article permct cet usage principal.

138 BEAUBASSIN WEST PLANNING AREA RURAL PLAN REGLEMEN T DU rLAN RURAL DU SECTEUR REGULATION DAMENAOEMENT DE BEAUBASSIN-OUEST

1(2) One of the main uses of the following land or 8(2) Un des usages principaux de terrains ou de •uildings having a surface area of 279 square metres or bailments suivants ayant uue superficie maximale de ess shall be permitled only if it has been approved by 279 metres cartes, n'esl permis que s'il a recu he Commission under paragraph 34 (4) c) of the Act, 1'approbation de la Commission en vertu de I'alinea 34 ind satisfies the terms and conditions that the (4) c) de la Loi sur I'urbanisme et satisfait aux Commission may establish, and have at least a 30 modalites el conditions que celle-ci peut etablir, et ait nelre setback from watercourses, lakes, ponds and une marge de recu I d'au moins 30 metres des cours seashores: d'eau, lacs, etangs et bords de mer :

(a) the following home industry uses: a) les usages industriels arlisanaux suivants :

(i) a carpentry workshop, i) un atelier de meiiuiserie,

(ii) a cabinet-making workshop, ii) un atelier d'ebenistcrie,

(iii) a craft workshop, iii) uu atelier d'artisanat,

(iv) a pottery workshop, and iv) tin atelier de polerie, et

(v) a re-upholstering workshop; v) un atelier de rembourrage;

(b) the following home businesses: b) les commerces a domicile suivants :

(i) an art gallery or studio, i) une galcrie d'art ou un

studio, (ii) an antique shop, ii) une boutique d'antiquilc, (iii) a craft shop, iii) une boutique d'artisanat, (iv) a gin or souvenir shop. iv) une boutique de cadcaux ou

(v) a museum, and de souvenirs,

(vi) a bed-nnd-breakfast or v) un musec, et tourist home; vi) un gite du passant ou une (c) the following neighbourhood maison de touristes; businesses: c) les commerces de voisinages

suivants : (') a convenience store, i) un depnnneur, (ii) a pastry shop, ii) une patisserie, (iii) a fruit and vegetables market, iii) un marche de fruits et legumes, (iv) a fish matket, iv) un marche de poissons,

(v) a dairy products market, and v) un marche de produits laitiers, et 40

139 BE.AUBASS1N WEST PLANNING AREA RURAL PLAN REGLEMENT DU PLAN RURAL DU SECTEUR REGULATION D'AMENAGEMENT DE BEAUBASSIN-OUEST

(vi) a lake-out foods resiauranl; vi) un restaurant de mets a emporter;

(d) an accessory building, accessory d) un batiment, une construction ou un structure or accessory use to the main use of usage accessoire a I'usage principal du the land, building or structure, if this section terrain, du batiment ou de la construction, si permits such main use; and le present article permel cet usage principal; et

(e) integrated development units e) des unites d'amenagemenl integres including condominiums and residence- incluant des condominiums et des collage clusters. regroupements de residences et de chalets.

8(3) Under paragraph 34 (4) c) of the Community 8(3) Sous reserve de I'alinea 34 (4) c) de la Lot sut Planning Act, the uses referred to in subsection (2) may I'urbanisme, les usages menlionnds au paragraphe 2 be considered secondary uses, subject to section 10.25 peuveni etre considdres comme usages secondares, pertaining to home occupations with necessary sujet a Particle I0.2S relatif aux activiies adjustment. professionnelles a domicile, avec les ajustemenis qui s'imposent.

SECTION 9 - RURAL ZONES ARTICLE 9 - ZONES RURALES

RD Zones - Resource Development Zones DR - Dcvcloppcmcnt des rcssourccs

Permitted Uses Usages permis

9.1(1) In a RD zone, any land, buildings or structures 9.1(1) Les terrains, bailments ou constructions d'une may be used for the purposes of, and for no other zone DR ne peuveni servir qu'aux Tins purpose than

(a) one of the following main uses: a) d'un des usages principaux suivants :

(i) an intensive agricultural i) une activite agricole activity, intensive,

(ii) a forestry activity, ii) une activite sylvicole,

(iii) a one family dwelling, iii) une habitation unifamiliale,

(iv) a two family dwelling, iv) une habitation bifamiliale,

(v) resource extraction, where v) I'extraction des ressources the Commission may impose terms pour laquclle la Commission peut and conditions under section 34(4)c) i in poser des modaliles et conditions of the Community Planning Act, and en vertu de I'article 34(4)c) de la Loi sur I'urbanisme, et

(vi) a park, playground oi vi) un pare, un terrain de jeu ou playing field; un terrain de sport; 41

140 Annexe 9 Carte de la distance entre le restaurant et la dune CHEZ GILLIGAN'S BAR & GRILL PARC PROVINCIAL PARLEE BEACH

Scale/Echelle 1:2000

approximative dimensions dimensions approximatives