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Ciné-Bulles

Gorgées de mélancolie Whisky de et Stéphane Defoy

Volume 23, Number 4, Fall 2005

URI: https://id.erudit.org/iderudit/60773ac

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Publisher(s) Association des cinémas parallèles du Québec

ISSN 0820-8921 (print) 1923-3221 (digital)

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Cite this review Defoy, S. (2005). Review of [Gorgées de mélancolie / Whisky de Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll]. Ciné-Bulles, 23(4), 61–61.

Tous droits réservés © Association des cinémas parallèles du Québec, 2005 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/

This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Bien que le premier tiers du film s'étire en la caméra répond aux situations stagnan­ Whisky raison d'une série de scènes répétitives illus­ tes sur lesquelles repose le film. Le ton de Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll trant le train-train assommant de Jacobo, absurde et le burlesque mélancolique qui le patron taciturne, et de Marta, l'employée se dégagent de Whisky ne sont pas sans soumise, Whisky prend littéralement son rappeler le cinéma d'Aki Kaurismàki Gorgées envol avec l'arrivée du dynamique Her­ (L'Homme sans passé). Comme dans les man. L'approche de Rebella et Stoll repose films du sympathique Finlandais, les pres­ de mélancolie sur une sobriété formelle qui s'articule, tations musicales au goût douteux trou­ entre autres, autour de multiples plans d'in­ vent leur place dans la mise en scène. Ainsi, STÉPHANE DEFOY sertion des objets qui entourent les prota­ le passage où Herman monte sur scène gonistes, venant ainsi renforcer les parti­ pour interpréter une chanson d'amour évo­ hisky : équivalence en espagnol cularités de chacun. De plus, les cinéastes que les mythiques Leningrad Cowboys de du fameux cheese utilisé par le ont réalisé un coup de maître en campant Kaurismàki. Là ne s'arrête pas les compa­ W photographe pour immortali­ la seconde partie du récit dans un hôtel raisons : comme dans les œuvres du cinéaste ser les sourires postiches. Whisky : c'est archaïque où l'aménagement des espaces finlandais, les dialogues sont réduits au d'une bonne rasade qu'aurait besoin le per­ semble tout droit sorti du début des années strict minimum et les situations sont sou­ sonnage principal du film, Jacobo (Andres 1980. Du grand kitsch. On conservera long­ vent saugrenues. Mais, derrière l'humour Pazos), afin d'égayer son existence sans temps en mémoire cette séquence où les absurde qui se dégage de l'ensemble de la remous. Une vie sans aucun chambarde­ deux frères entament une ronflante partie démarche émerge le portrait de person­ ment à laquelle il s'adonne avec complai­ de hockey sur coussin d'air avec comme nages qui, malgré la morosité de leur exis­ sance, avant l'arrivée de son frère Herman spectatrice Marta, vêtue de son manteau tence, finissent par nous toucher profondé­ ment. C'est ainsi que, par petites gorgées. (Jorge Bolani), de passage pour assister rose délavé. En arrière-plan, une patinoire Whisky produit l'effet d'une douce eupho­ aux cérémonies commémorant la mort de la défraîchie où une adolescente affublée rie teintée de mélancolie. • mère défunte. Dès cet instant, Jacobo doit, d'un horrible costume jaune canari se dan­ au même titre que ces couples arborant dine en patins à roulettes. Ajoutez au por­ sur les clichés des rires forcés, camoufler trait la mauvaise musique disco que cra­ Whisky sa triste réalité de vieux garçon au profit chotent des haut-parleurs bon marché et d'une relation de couple factice. C'est Marta vous avez droit à une scène totalement sur­ 35 mm / coul. / 94 min / 2004 / fict. / (Mirella Pascual), une employée de Jacobo réaliste. à son usine de confection de chaussettes, Réal. : Juan Pablo Rebella et Pablo Stoll qui assumera avec brio le rôle de la fausse Scén. : Juan Pablo Rebella, Pablo Stoll Par ailleurs, les réalisateurs ont opté pour et Gonzalo Delgado Galiana épouse. Image : Barbara Alvarez des plans fixes jamais trop appuyés qui Mus. : Pequena Orquestra s'intègrent à merveille dans l'univers tris­ Mont. : Fernando Epstein Le deuxième film (leur première réalisa­ tounet de ces individus qui se complaisent Prod. : Control-Z Films tion s'intitulait ) des cinéastes Dist. : Christal Films dans leur routine. Ainsi, l'immobilisme de uruguayens Juan Pablo Rebella et Pablo Int. : Andres Pazos, Mirella Pascual, Jorge Bolani Stoll s'inscrit tout d'abord à l'intérieur d'un concept maintes fois revisité au cinéma : cacher la vérité à un visiteur de passage pour laisser croire la situation contraire. Cependant, les réalisateurs se détachent rapidement des prémisses du récit pour se concentrer sur les interactions de trois per­ sonnages centraux aux motivations con­ traires. Whisky s'attarde essentiellement sur les caractéristiques qui opposent cha­ cun des membres de ce trio attachant. À commencer par les disproportions physi­ ques (Jacobo, interminablement grand, con­ trairement à Marta, très petite) en passant par de multiples traits de caractère. Whisky

CME3ULLES VOLUME 23 NUMÉRO 4 . 61