Décembre 2011

Diagnostic du territoire de Lannilis

Volet Territoire

Sommaire Diagnostic du territoire de Lannilis ...... 1

Introduction...... 4

1. Histoire ...... 5

a) Aux origines de Lannilis… ...... 5

b) De la Renaissance à la révolution : naissance d’une identité communale… .... 6

c) Du 18ème siècle à nos jours ...... 7

d) Antagonismes avec les communes voisines ...... 8

e) Lannilis, terre de prêtres… ...... 10

f) Aujourd’hui ...... 12

Tableau des atouts et faiblesses historiques de la commune ...... 14

2. Géographie et organisation du territoire ...... 15

a) Excentrée mais carrefour… ...... 15

b) Conséquences de la situation de carrefour...... 21

Tableau des atouts et faiblesses géographiques de la commune ...... 31

3. Démographie et vie sociale ...... 32

a) Augmentation démographique : les caractéristiques de la population changent… ...... 32

b) Evolution de l’emploi ...... 36

c) Enjeux de ces évolutions : ...... 40

d) La vie associative ...... 47

Tableau des atouts et faiblesses socio-démographiques de la commune ...... 52

4. Logement et occupation des sols ...... 53

a) Lannilis dans son bassin de vie ...... 53

b) Consommations d’espace : quel équilibre conserver ? ...... 59

c) Des conflits d’usage possibles ...... 66

d) L’aspect environnemental ...... 70

Tableau des atouts et faiblesses des usages du territoire communal ...... 80

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5. Economie ...... 81

a) Lannilis dans le Pays de Brest et la CCPA ...... 81

b) L’emploi ...... 86

c) Le commerce à Lannilis...... 91

d) Le Tourisme ...... 103

e) Agriculture et conchyliculture ...... 108

Tableau des atouts et faiblesses économiques de la commune...... 120

Tableau des Atouts, Faiblesses, Opportunités et Menaces pour la commune de Lannilis ...... 121

Scénarios de développement de la commune ...... 122

a) Lannilis au fil des abers… ...... 122

b) Lannilis : Garder l’équilibre pour ne pas chavirer ...... 123

c) De Lann Iliz à Lann dustrie ! ...... 124

d) Un jolie cœur de cité mais qui bat de plus en plus faiblement...... 125

Annexes : ...... 126

1. Eléments de définitions et classements du SCoT du Pays de Brest : ...... 126

2. Types d’équipements (commerces et services) présents à Lannilis ...... 128

3. Compte-rendu par le CPIE des soirées « café débats » avec la population .. 130

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Introduction

« Il faut savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va »… Ce proverbe non dénué de bon sens s’applique aux démarches de Développement Durables en général, et aux Agendas 21 tout particulièrement. Tout projet de territoire doit en effet se baser sur un diagnostic complet de l’espace concerné, inscrivant celui-ci dans sa trajectoire historique et faisant le bilan de sa situation présente pour déterminer où l’on veut l’amener et comment s’y prendre. Il s’agit également de mesurer les conséquences futures de toute décision prise aujourd’hui.

Or comment regarder vers l’avenir si l’on n’a pas préalablement repéré les constantes du territoire, qu’elles soient structurelles, économiques, sociologiques, psychologiques… Souvent héritage d’un lointain passé, certaines sont positives, il faut pouvoir s’appuyer dessus, d’autres sont négatives. On peut arriver à les faire changer, mais cela se fait uniquement sur le long terme, et ne résulte que d’une volonté forte et persévérante, qui nécessite donc d’avoir bien identifié ces « constantes » du territoire.

Cependant, ce diagnostic ne sera pas un recueil de statistiques, de données… qui feraient le panorama complet de Lannilis. Au contraire, il se veut davantage « pistes de réflexions » et recueil d’avis sur la commune que bilan normatif et exhaustif.

Des diagnostics spécifiques ayant été réalisés sur la commune (étude pour le Fonds d’Investissement dans les Services, l'Artisanat et le Commerce (FISAC) en 2005, diagnostic Conchylicole en 2010, diagnostic agricole à l’occasion de la révision du PLU, étude de l’état des eaux et des bassins versants…), ce diagnostic n’a pas pour but de les reprendre entièrement, mais d’en retirer les éléments essentiels à la compréhension du territoire et de ses enjeux ; qu’il met en relation avec les entretiens effectués durant les six mois de pré- diagnostic, ainsi que les réunions internes aux services de la mairie et avec la population qui ont eu lieu en cette occasion. Le lecteur voulant approfondir l’un des domaines étudiés pourra donc lire le document source plus complet ou les comptes rendus des réunions.

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1. Histoire

a) Aux origines de Lannilis… Les tumulus, clous en or, urnes funéraires et autres vestiges d’anciennes civilisations retrouvés en quantité sur le territoire montrent que Lannilis est habitée depuis des millénaires. De nombreux restes de l’époque romaine ont également été mis au jour : anciens camps fortifiés, monnaie en or, bronzes, borne milliaire et routes romaines attestent d’une intense activité durant les premiers siècles de notre ère. Le nom de la commune lui-même témoigne de l’installation, au cinquième siècle, d’une nouvelle sorte d’arrivants : les moines de Grande Bretagne. Chassés par l’invasion saxonne, ils traversent la Manche et viennent fonder les sept grands évêchés bretons et de nombreuses paroisses, qui deviendront les communes à la Révolution. Ils sont également appelés les « saints fondateurs » de la Bretagne, car ils ont laissé une profonde empreinte sur le territoire, ne serait-ce que dans la toponymie et les découpages administratifs. (Mais cette empreinte ne peut être réduite à ces deux éléments, elle est beaucoup plus profonde et a marqué également les mentalités et usages bretons, notamment ici, dans le Léon, où la tradition et la religion ont eu – et gardent souvent encore – une importance si grande.) Le nom de « Lannilis » est un vestige direct de cette époque, puisqu’il signifie « le Lann (territoire couvert par un moine, ermite, comme « Plou » veut dire territoire couvert par un prêtre, donc paroisse) de l’église ». On retrouve d’ailleurs des textes de 1330 parlant de « Lanna Ecclesiae », nom latin synonyme du « Lann-Iliz » breton, qui corrobore donc sa signification. En fait, il semble que Lannilis ait été le centre d’une paroisse plus grande et ait donc accueilli son église. Cette « paroisse primitive » plus étendue s’appelait « Ploudiner » (paroisse de Diner, sans doute un chef de clan « grand-breton » venu s’installer, que certains identifient comme St Thenenan, mais ces éléments font l’objet de débats entre les spécialistes). Elle était composée de Landéda, Lannilis et Brouennou (paroisse fondue ensuite dans les deux premières, avec des variations de limites communales jusqu’au milieu du 19ème siècle.) La période qui s’étend du 5ème au 15ème siècle est peu connue : périodes de prospérité et de calme alternent avec périodes d’invasions et de guerre…

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b) De la Renaissance à la révolution : naissance d’une identité communale… Il y avait une bonne vingtaine de manoirs et autant de chapelles vers 1400 dans la paroisse de Lannilis, lieu stratégique par les deux abers permettant une invasion maritime (anglaise, normande,…). La position de carrefour qu’occupe Lannilis lui donnait alors une grande importance militaire, ce qui explique le grand nombre de châteaux et mottes féodales du territoire (dont beaucoup ont disparu aujourd’hui). Durant cette période, les guerres de la ligue ont également participé à faire disparaitre une partie de la noblesse locale : tous ne se sont pas placés dans le même camp… et ceux qui n’avaient pas choisi Henry IV ont presque disparu. (A l’inverse des Kerouartz par exemple, qui ont su tirer profit de la situation.) Les grandes familles féodales de l’époque étaient les Kerouartz, les Bellingant de Kerbabu, les Audren de Kerdrel, les Coum, Kerosven, Keraldanet… Ce qui entraina une division et des rivalités assez « claniques » dans le territoire, sous la juridiction des célèbres familles Du Chatel et De Carman. Certaines de ces familles surent passer la Révolution sans grands dommages, tels les Kerouartz ou les Kerdrel, dont plusieurs représentants, le comte Jean de Kerdrel et le vicomte Vincent Audren de Kerdrel, réussirent le tour de force de devenir maires de Lannilis de 1801 à 1814 pour le premier, et de 1815 à sa mort en 1823, après avoir été mousquetaire de Louis XV, puis avoir vécu un passage en prison en 1793, et quelques inquiétudes en 1795 et 1796 pour le second. Des Audren de Kerdrel se succèderont ensuite au poste de maire jusqu’en 1830, puis de 1882 à 1901, et de 1935 à 1947 !

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Peu à peu, cependant, les nobles abandonnèrent la langue bretonne, se rapprochèrent des grandes villes, perdirent de l’importance… ce qui permit au clergé d’augmenter son influence, grâce à de très nombreux prêtres (une vingtaine de curés et de recteurs pour la paroisse) prêchant en Breton (tels le prêtre Lagadeuc de , grand orateur). Cela permit également à la bourgeoisie locale, de plus en plus fortunée, de remplacer peu à peu la noblesse dans la gouvernance locale. Potiers, boulangers et tisserands lannilisiens étaient en effet très réputés, et exportaient dans toute la basse Bretagne. L’élevage de chevaux et la culture du lin participaient également à ce dynamisme économique de la commune. Le grand marché de Lannilis et ses concours de bovins attiraient ainsi beaucoup de visiteurs de toute la côte, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres, et était en concurrence avec celui de . A cette époque, le port de Paluden servait déjà au débarquement de blé, bois, épices, sel… A la fin de l’ancien régime, Lannilis était en tête (avec ), de toutes les paroisses rurales du Léon pour l’impôt du « vingtième », impôt touchant toute la population et correspondant à 5% des revenus. Cependant, la population de mendiants (journaliers ne trouvant pas de travail ou payés trop peu, infirmes, enfants…) était conséquente : 90 familles représentant environ 300 personnes ! Tous les lannilisiens n’étaient donc pas fortunés !

c) Du 18ème siècle à nos jours La place grandissante de Brest dans la contrée à partir du XVIIe siècle changea les usages et attira peu à peu la population et les connaissances vers elle. Les voies de communication rapprochant Lannilis de Brest ne cessent de s’améliorer, et deviennent performantes (elles étaient même cartographiées dès cette époque, alors que celles des paroisses alentour ne l’étaient pas). Elles permettaient notamment de rallier le fort Cézon, construit par Vauban pour surveiller l’entrée des abers, en cas d’invasion anglaise. Cela amènera d’ailleurs un cantonnement de soldats chez l’habitant (et tous les désagréments corollaires) dans cette paroisse en 1750. La Révolution fut assez pacifique dans la commune (un seul guillotiné, deux recteurs emprisonnés et la plupart des autres en exil quelques temps, des enrôlements forcés dans l’armée…), même si la commune était majoritairement favorable à l’église catholique et à l’ordre ancien, refusant par exemple de changer le jour de marché, qui resta donc calculé selon l’ancienne institution, en semaines de sept jours. Le 19ème siècle apportât de nombreux changements à Lannilis : amélioration de la voirie urbaine et rurale, construction d’un hospice, d’une mairie, d’une église, des ponts de Paluden et de Tréglonou, de plusieurs écoles, arrivée de la gendarmerie, de l’éclairage 7 public… Le Docteur Augustin Morvan, maire de 1856 à 1870, conseiller général et député, a marqué la commune durablement pendant cette période. Dans ce même siècle, la culture dans des parcs à huitres fut également développée par l’inventeur de moteur à explosion, Édouard Delamare-Deboutteville. C’est lui qui fonda « Prat ar Coum » en 1898, avec la famille Madec. Il y eut également un chemin de fer entre Brest et l’Aber Wrac’h passant par Lannilis entre 1894 et 1945. Au début du 19ème siècle, la population agglomérée (au bourg) n’était que de 600 habitants environ (sur les plus de 3000 que comptait la commune). Ce n’est qu’au milieu du 20ème siècle que les proportions vont s’inverser et qu’on trouvera une population plus nombreuse au bourg que dans la campagne, notamment grâce à la construction de cités « castors ».

Cette tendance est ensuite renforcée par les lois interdisant les constructions en campagne hors agglomération et hors résidence principale d’agriculteurs à partir des années 1970. On note également depuis cette époque une diminution du nombre moyen d’habitants par logement et des familles nombreuses à la campagne (3,57 personnes par foyer en 1968, 2,64 en 1999, 2,35 en 2012).

Autre fait intéressant : en 1984, on parlait d’édifier une microcentrale marémotrice entre Tréglonou et lannilis (le CELIB dans le télégramme du 15 décembre 1984).

d) Antagonismes avec les communes voisines L’antagonisme entre Lannilis et ne date pas d’hier. Déjà, bien que voisins et liés par de nombreuses relations commerciales, les deux territoires n’étaient pas dans le même pays traditionnel (Lannilis était dans le Bas-Léon, Plouguerneau dans le Pagan) et n’avaient donc pas tout à fait les mêmes règles et traditions. Une certaine émulation a pu naitre de cette situation. 8

En l’an VIII de la révolution (1799), tous deux étaient chefs lieux de leurs cantons respectifs quand la décision fut prise dans la constitution de réduire le nombre de cantons dans le Finistère : ceux de Lannilis et de Plouguerneau devaient fusionner. Dans un premier temps, c’est Plouguerneau qui fut désigné chef lieu de canton. Les édiles de Lannilis écrivirent alors (en l’an IX) aux consuls de la République une longue lettre ventant les qualités de leur ville comparativement à celles de Plouguerneau. Cette lettre fut appuyée par le préfet et, l’année suivante, Lannilis redevenait chef lieu de canton au détriment de Plouguerneau. Il s’avère en effet que Lannilis était alors bien plus influente par son importance commerciale, et la présence de services administratifs : justice, prison, gendarmerie, huissier, notaire, avocat… Cette rivalité s’est en fait exacerbée dans les années 1960-70, lors d’une mobilisation générale contre un projet de 4 voies reliant Brest à Plouguerneau ; les lannilisiens croyant alors qu’on veut les « asphyxier » au profit de Plouguerneau. On retrouve de telles problématiques lors de la construction du pont de Paluden fin 19ème siècle : les lannilisiens ne voulaient pas dépenser le moindre sou pour un pont d’intérêt faible pour eux, mais très fort pour les habitants de Plouguerneau. Les relations ont également été tendues pendant des siècles (jusqu’au 20ème siècle) entre Lannilis et Landéda à propos du droit pour les lannilisiens de ramasser le goémon sur les côtes de Landéda (droit acquis au 14ème siècle lors de la division en trois de l’ancienne

9 paroisse de Ploudiner). Cela fut l’objet de nombreux procès entre les deux communes jusqu’en 1947 !

e) Lannilis, terre de prêtres… La religion catholique a toujours marqué la commune, les écoles étaient dans des chapelles, les enseignants bien souvent non assermentés… Sous l’Ancien Régime, le recteur de la commune était secondé par au moins trois vicaires et quatre prêtres auxiliaires, qui disaient les messes dans les nombreuses chapelles disséminées dans la campagne communale. De même, le nombre très important de vocations nées sur la paroisse (puis sur la commune) témoigne de la ferveur de la plupart de ses habitants.

Pendant la révolution, la population soutint en masse les prêtres réfractaires, et notamment J.Floch, tandis que les curés constitutionnels n’avaient aucun succès. Plus tard, les écoles privées catholiques, créées en réaction à la « laïcisation » de l’école St Antoine au début du 20ème siècle, ont toujours accueilli un plus grand nombre d’élèves que les écoles publiques. La commune a connu 10 grandes « missions » catholiques entre 1662 et 1910. Elles duraient quelques semaines. Un prêtre, connu pour ses talents d’orateur, sillonnait ainsi les campagnes, allant de bourg en bourg, pour présenter des grands tableaux où étaient peintes les « grandes vérités », qu’il expliquait de façon à marquer les esprits. Tous les ans, de nombreuses manifestations jalonnaient les mois : processions du saint sacrement et des rogations, pardons de saint Yves, de sainte Geneviève, du sacré cœur… Les divers associations et groupements catholiques ont également contribué au maintien de la vitalité de la religion dans la commune jusque dans les années 1980 (et encore aujourd’hui jusqu’à un certain point). Ils sont trop nombreux pour être tous cités et l’on ne

10 pourrait être exhaustif : patronage sainte Anne (aussi appelé « la lutte ») pour les associations sportives, de musique, le cinéma, les camps et sorties…, durant la première moitié du 20ème siècle ; congrégations et groupes de piété (saint sacrement, rosaire, enfants de Marie, Trépassés…), Action Catholique (JAC, JACF, JOC, ACE, MRJC…) ; ou encore bulletins paroissiaux (« le petit semeur », « l’écho de Lannilis », la « correspondance militaire »)… ont façonné l’identité de Lannilis, et combattu également l’ « atmosphère corrompue d’un laïcisme destructeur » d’une partie grandissante de la population, dans des joutes verbales, sportives… voir même juridiques ! De tels antagonismes sont encore visibles chez certains habitants (souvent âgés) de la commune. Le catholicisme est en tout cas encore bien présent sur la commune même s’il évolue lui aussi : le nombre de baptêmes demandés est « étonnant » (selon le mot du curé de la paroisse) aujourd’hui encore et stable. Les jeunes « décrochent » ensuite le plus souvent à l’adolescence, mais le nombre de mariages qui se font à l’église est lui aussi très important (mais nous n’avons pas de chiffres par rapport à l’ensemble de la population sur la commune). Beaucoup le font en fait par tradition, mais tiennent à le faire. Toujours selon le recteur : « Le rapport à l’Eglise Catholique de la population a cependant changé depuis des années : les gens ne sont plus « naturellement » chrétiens comme avant, même s’ils sont encore « baignés dans la marmite » chrétienne dès leur jeunesse. Les gens sont plus « libérés », le curé n’est plus un « notable » de la ville comme il l’était auparavant, et c’est une bonne chose. »

Mais quand un deuil survient, surtout de jeunes, il y a beaucoup de gens dans l’église. La paroisse considère qu’elle a un grand rôle d’écoute et d’accompagnement à avoir dans ces moments là. Lannilis a sur ce point un particularisme hérité de l’Histoire et qu’on ne retrouve pas forcément ailleurs (par exemple, la responsable de l’ensemble paroissial vient de , et elle a pu remarquer que la tradition catholique est toujours bien plus présente ici au Léon qu’à Guipavas).

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f) Aujourd’hui Aujourd’hui, même si un certain nombre d’éléments de ce patrimoine riche ont disparu, certains autres demeurent et font l’objet d’une protection particulière :

Source : Porter à connaissance de l'État, révision du plan local d'urbanisme de la commune de LANNILIS, Direction départementale des territoires et de la mer du Finistère, Février 2010

Lors de l’élaboration du PLU, les élus ont décidé de maintenir les protections existantes (qui ont été mises à jour en fonction des découvertes plus récentes), de ne pas modifier la ZPPAU (Zone de Protection du Patrimoine Architectural Urbain) déjà prise en compte dans l’ancien POS (Plan d’Occupation des sols) ; de préserver le patrimoine bâti

12 ancien en centre bourg (maisons bourgeoises, etc.), et ils cherchent des solutions pour encourager l’entretien de ce patrimoine (réflexion sur le fait de demander l’avis d’un coloriste pour tout ce qui touche aux modifications de l’aspect extérieur du bâti en centre bourg ; mise en œuvre des obligations règlementaires, notamment ravalements…) On retrouve également dans le « Porter à connaissance de l'État » pour la révision du plan local d'urbanisme :

« Les sites et monuments historiques Le territoire de la commune de Lannilis est grevé par les servitudes d'utilité publiques relatives à la conservation du patrimoine suivantes: Servitudes relatives à la protection des monuments historiques – AC1 • château de Kerouartz et ses dépendances (ISMH le 18/10/1926) • Chapelle du Bergot (ISMH le 30/12/1976) Servitudes relatives à la protection de sites et des monuments naturels – AC2 • Site classé des Abers (décret du 28/01/1982) • Site inscrit des Abers ( arrêté du 05/10/1982) • Abords du château de Kerouartz et son parc (site classé par arrêté du 29/11/1976) Servitudes relatives à la protection du patrimoine architectural et urbain – AC4 • Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (ZPPAUP) à thématique archéologique (arrêté du 15 juin 1994) »

Et plus loin :

« Sans faire l'objet d'une protection, certains autres éléments présentent un intérêt patrimonial : • L'église Saint-Pierre-et-Saint-Paul (1774-1876) • La chapelle Notre-Dame de Consolation, dite du Roual • La chapelle Saint-Illumina (XVIIème siècle), appellée chapelle de Kerouarts • La chapelle Sainte-Geneviève (XVI-XVIIème siècle) • La chapelle Saint-Sébastien (1641-1644) et l'ancienne fontaine • L'ancienne chapelle de l'Hospice civil, édifiée en 1957 • L'ancienne chapelle de la maternité Saint-alphonse, édifiée en 1958 • Le Manoir de la Motte (XVIème siècle) • Le manoir du Bergot (XVI) • Le manoir de Kerosven (XVI) • Le manoir Kerdrel (XVIII) • La fontaine de Trobérou (XVI) • Les 4 Cairns (environ 12 tombes) de l'île Guénioc) • La borne de Corvée (XVIII) • Le parc à huitres (XIX) • Le phare de la palue et Saint-Antoine (1847) • Le port de Paluden (XVII) • Le Pont Crac'h ou Krac'h (appelé aussi Pont du Diable) • Le Pont de Paluden (1848) 13

• les croix et calvaires du Bergot, de la chapelle Saint-Sébastien dont celle sur le pilastre, les deux croix de Coum, la croix de Kerasan, les croix de Kergarrec, celles de Kerhuzal, croix de Kerléas, de Kerosven, corix du cimetière, la croix de la rue de Kergroas, la croix sud, la croix de Nodé, la croix du Pont Crac'h, la croix de Pouldu, croix de Prat-Ar- Coum, de Troubirou • le bâti ancien en général Le document d'urbanisme (PLU) détermine les conditions permettant d'assurer la sauvegarde des ensembles urbains remarquables et du patrimoine bâti (art. L.121-1 du code de l'urbanisme). »

Le riche passé de Lannilis a donc encore un impact important sur le présent. Dans le cadre d’un Agenda 21, il appartient à la commune de protéger le patrimoine historique et naturel restant sur son territoire, mais également de comprendre quels sont les éléments qui ont forgé l’identité de la commune, qui se retrouvent encore dans les usages et façons de penser de ses habitants… Cela permettra de déterminer lesquels de ces éléments il faut conserver, voire cultiver pour en faire des atouts et des orientations du projet de territoire. Cela permettra également de discerner quels éléments négatifs proviennent du passé, afin de mieux les contrôler.

Tableau des atouts et faiblesses historiques de la commune

Atouts Faiblesses

Disparition ou privatisation d’éléments du Histoire riche, vestiges nombreux patrimoine, peu exploités.

Une tradition de dynamisme et de centre Une tradition d’antagonisme avec les économique communes voisines

Une tradition agricole qui a préservé le cadre Tourne le dos à la mer de vie

Des antagonismes religieux et public/privé (en Carrefour historique des abers atténuation)

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2. Géographie et organisation du territoire

a) Excentrée mais carrefour…

BREST

Située dans la zone d’emplois1 et dans l’aire urbaine2 de Brest, la commune de Lannilis a une géographie très particulière, qui en influence le développement et lui impose un certain nombre de contraintes. Ainsi que le font remarquer les entrepreneurs dont le marché est national ou international, le Nord-Finistère est très excentré par rapport au reste de la Bretagne, encore plus de la ou de l’Europe…. A l’échelle européenne comme à l’échelle française, bretonne et même finistérienne, Lannilis garde donc toujours une position très défavorable d’un point de vue logistique, soit trop à l’ouest, soit trop au nord. La commune est bien loin de l’axe logistique Lille-Paris-Lyon-Marseille ! Cela entraine des contraintes logistiques très importantes, voire

1 Une zone d'emploi est un espace géographique à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l'essentiel de la main d'œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts. Le découpage en zones d'emploi constitue une partition du territoire adaptée aux études locales sur le marché du travail. Le zonage définit aussi des territoires pertinents pour les diagnostics locaux et peut guider la délimitation de territoires pour la mise en œuvre des politiques territoriales initiées par les pouvoirs publics ou les acteurs locaux. Ce zonage est défini à la fois pour la France métropolitaine et les DOM .Le découpage actualisé se fonde sur les flux de déplacement domicile-travail des actifs observés lors du recensement de 2006. La liste des communes est celle donnée par le Code Officiel Géographique (COG) au 01/01/2010. (Source : INSEE)

2 Une aire urbaine est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci. (Source : INSEE)

15 même des surcoûts et des aménagements des horaires des salariés pour les entreprises dont la zone de chalandise dépasse le Nord-Finistère.

Source : « Étude sur la logistique en Bretagne, Rapport final » DRE et DRIRE Bretagne En effet, seule la proximité du littoral aurait pu en faire une commune maritime, et ouverte sur le monde entier (l’entreprise Tanguy matériaux n’a-t-elle pas fait de Paluden, le plus petit port d’importation de bois en Europe, l’un des plus importants en France pour cette activité avec 50 000 m3 soit environ 25 000 tonnes… ?). L’entreprise Lannilisienne SAVEL, leader européen du coquelet et dont les exportations représenteront bientôt la moitié des ventes, est ainsi fortement impactée par ce positionnement excentré. Elle doit donc – de plus en plus – s’appuyer sur sa

16 plateforme de Cholet, ce qui implique des contraintes horaires de plus en plus prégnantes, avec le respect de la chaine du froid en plus, ce que ne doit pas faire une entreprise comme Tanguy Matériaux. L’accessibilité est pour elle un vrai problème : il faudrait que l’accès à la RN 12 et à Brest soit plus rapide (grande rocade vers Bourg Blanc). Cela les aiderait également à attirer des commerciaux par exemple. Le réseau de transports et de transporteurs est également une problématique très importante pour la SAVEL... et le fait qu’il n’y en ait plus sur place est significatif à leurs yeux. L’entreprise ostréicole « Prat-ar-Coum » connait les mêmes problèmes logistiques.

Les dirigeants de Tanguy matériaux se disent pour leur part très satisfaits de la proximité de Paluden, et ne sont pas impactés négativement par le positionnement de Lannilis par rapport à leur zone de chalandise (la Bretagne).

On le voit le positionnement de Lannilis sur des grandes échelles n’est donc pas forcément favorable au commerce et aux échanges en général. Certaines des grandes « entreprises historiques » locales disent d’ailleurs faire preuve de volontarisme pour rester. Or c’est bientôt la quatrième ou cinquième génération qui vont en prendre les commandes, générations qui n’ont souvent pas été élevées à Lannilis… auront-elles toujours ce même volontarisme pour la commune ?

Pour les échanges entre personnes, la proximité de Brest et de donne cependant à la commune une réelle proximité avec un aéroport et des ports internationaux, et donc une ouverture facile sur le monde entier.

Cette proximité de Brest est bien sûr un atout non négligeable, qui façonne le mode de vie des lannilisiens ! Emplois, commerces, services, culture… s’y trouvent en abondance à 15 minutes seulement des frontières communales.

Le risque est alors de devenir une commune uniquement dortoir, perdant sa

17 vitalité économique et culturelle, sa vie. Ses habitants n’y viendraient que pour dormir, travaillant, consommant à Brest, et s’y créant des liens sociaux remplaçant ceux de Lannilis.

L’appartenance au Pays de Brest est également à la fois un atout, puisqu’elle permet de bénéficier des services et des études réalisés à cette échelle… et à la fois un risque, puisque la commune partage alors le Schéma de Cohérence du Pays de Brest, et que la proximité de cette « métropole » relativise forcément quelque peu l’importance de Lannilis dans son bassin de vie. La commune a de ce fait également moins d’autonomie dans ses décisions. Certains habitants et entrepreneurs trouvent ainsi que les décisions importantes ne sont plus forcément prises à Lannilis, mais à la CCPA ou à Brest, que ce soit pour les déchets, l’implantation de commerces, le classement des zones, etc. Certaines de ces décisions leur paraissent bonnes… mais ils ne perçoivent pas toujours l’intérêt immédiat de toutes.

A l’échelle nord-finistérienne (du Léon), et plus encore des Abers, Lannilis est pourtant un véritable carrefour, comme peuvent l’être Lesneven ou Landivisiau.

Au niveau local, sa position reste donc privilégiée. Et si sa proximité à la fois de Brest et de la côte est un atout important, la qualité du maillage routier qui l’enserre en est un autre, primordial. En effet, à la limite entre le pays Pagan, le Haut-Léon et le Bas-Léon, au croisement des routes départementales RD13, reliant Brest à Plouguerneau, que rejoint la RD59 vers ; la RD28 reliant Lesneven au Conquet par Ploudalmézeau, la RD128, entre Lannilis et Landéda, et la RD 113, entre Lannilis et Plouguerneau… la commune est en fait un véritable carrefour du Nord-finistère.

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Sa position au sein de la Communauté de Communes du Pays des Abers (CCPA), bassin de vie comportant 38 000 habitants, trois communes de plus de 5 000 habitants, et plusieurs autres entre 3 et 4 000 habitants, lui donne un dynamisme important, et potentiellement de nombreux échanges et collaborations intercommunaux. Au sens de l’INSEE, cette année 2010 a été un tournant dans l’organisation territoriale de la contrée. En effet, désormais, Lannilis et Plouguerneau sont statistiquement une même unité urbaine. Cela signifie donc que les deux cités se sont rejointes dans une continuité urbaine, avec une distance entre deux habitations n’excédant pas les 200 mètres. Cependant, la réalité du terrain n’est pas encore à l’unité des deux communes, et aucune des trois grandes communes de la CCPA (avec Plabennec) ne ressort comme pôle

principal. La crainte d’en voir un émerger semble paralyser quelque peu les relations intercommunales, et entraine une dispersion des services, commerces et infrastructures entre les trois pôles… qui en deviennent concurrents. Cette communauté de communes née de la 19 fusion du SIVOM de Ploudalmézeau et du Syndicat des Abers avec la Communauté de Communes de Plabennec en 1997, semble en fait avoir gardé une optique de mutualisation de services et pas encore de territoire de projet… même si son territoire apparait comme

pertinent aux yeux de la majorité des acteurs qui la composent. La CCPA est d’ailleurs toujours composée de deux bassins de vie distincts : celui de Lannilis (comprenant Plouguerneau) et celui de Plabennec.

Lannilis est en effet dotée d’un certain nombre de services (maison de retraite, collèges, trésor public, Centre Départemental d’Action Sociale, bureau de poste, gendarmerie, maison de l’enfance, laboratoire d’analyses médicales, services à la personne, marché dynamique…), de commerces renommés et attractifs (« commerces de destination », qui font

20 venir les gens rien que pour eux), de grandes surfaces, etc. qui en font un pôle important drainant un grand nombre de personnes.

De plus, Lannilis propose un nombre d’emplois à peu près équivalent à sa population active… mais les 2/3 des habitants travaillent hors de la commune ! Cela veut donc dire qu’environ les 2/3 des emplois communaux sont occupés par des personnes n’habitant pas la commune… ce qui induit de nombreux déplacements et des routes très fréquentées dans tout ce bassin de vie, d’autant plus que le nombre d’emplois proposés à Lannilis ne cesse de croître et que le pourcentage d’habitants travaillant hors de la commune ne cesse d’augmenter lui aussi !

b) Conséquences de la situation de carrefour Le rayonnement de Lannilis se fait également par ses deux collèges… un tel équipement ne se retrouve qu’à Ploudalmézeau, Lesneven, … ce qui agrandit d’autant le bassin de vie autour de Lannilis. Un lycée aurait pu être également opportun, (plusieurs personnes interrogées en ont soulevé l’idée) puisque les seuls lycées du Pays de Brest sont à Lesneven, Landerneau, Pont de Buis, et Brest… Cela serait un équipement à fort enjeu.

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Cela se retrouve d’ailleurs dans les chiffres : les trois nœuds de circulation ayant observé la plus grosse augmentation du trafic routier la dernière décennie sont Brest, … et Lannilis !

Les routes en forte augmentation de fréquentation partent bien de Lannilis ou y passent : Ploudalmézeau-Lannilis, Lannilis-Plabennec, Lannilis-Plouguerneau, Lannilis- Lesneven… Tariec semblant également un nœud routier important.

Aujourd’hui, cette augmentation a tendance à ralentir, mais la fréquentation des routes départementales de la commune reste très importante.

L’une des conséquences directes de cette évolution est l’équipement en automobiles des ménages : la part des foyers possédant deux voitures est en constante augmentation quand celle des foyers ne possédant aucune voiture diminue d’autant. Dans ce domaine, la comparaison avec les quartiers de Brest est éloquente sur la différence de moyens de locomotion et d’appréciation de la mobilité.

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L’un des indicateurs de l’importance de l’automobile à Lannilis est le poids de la vente de carburant dans le chiffre d’affaires d’une enseigne telle que le centre Leclerc : elle constitue pour le magasin de Lannilis l’un des ratios (part du chiffre d’affaires) les plus importants des centres Leclerc alentour !

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Bien sûr, les habitants de la ville de Brest ont une utilisation moindre de la voiture que les habitants de la périphérie… mais ils n’utilisent pas beaucoup plus les transports en commun ! la différence se fait surtout sur les trajets à pieds. On peut remarquer un nombre de déplacements plus importants pour les habitants de la ville : il semble que la proximité des services entraine donc des déplacements plus fréquents, quand les habitants de zones plus éloignées tentent de mieux rentabiliser chaque trajet. Les habitants de la CCPA effectuent 3 trajets en voiture pour 0,1 trajet à pieds ou en transport en commun ! Il semble que les raisons en soient multiples : manque d’autonomie quand le trajet a été effectué en transports en commun, manque de diversité des points d’arrivée, manque d’amplitude horaire… mais il faut également soulever le fait que si les trajets automobiles augmentent dans toutes les directions autour de Lannilis… les lignes de car, elles, rayonnent uniquement de et vers Brest, et Lannilis n’est pas un carrefour de transports en communs comme elle l’est pour les voitures individuelles. Cependant, avant de songer ouvrir de nouvelles lignes, il faut étudier la demande réelle pour un tel service : si beaucoup aimeraient voir de telles lignes se développer « au cas ou » (ils peuvent potentiellement en avoir besoin), un certain nombre ne s’en servira en fait jamais ! Or les frais engagés sont importants.

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Mais revenons au cas lannilisien… La commune est donc un nœud routier important, avec plusieurs routes départementales très fréquentées… qui passent parfois même par le centre du bourg ! Pour cette raison, des contournements ont été réalisés et d’autres sont en projet, au grand dam de certains commmerçants, qui craignent de voir leur centre bourg déserté.

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Car la plupart des routes du centre bourg ont été tracées au 19ème siècle, et ne sont donc pas étudiées pour la circulation automobile au départ. De nombreux lotissements ont été réalisés depuis, la ville a même englobé l’entreprise Tanguy Matériaux… et l’attractivité de la commune semble poser des problèmes de circulation et de places de parking au centre-bourg. Pourtant, le nombre de places de parking en lui-même est suffisant (500 places disponibles, dont 125 en zone bleue), mais la population n’a pas pris l’habitude de se garer sur les grand parkings prévus en périphérie de l’hypercentre (dans un rayon de 1 km).

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Cette situation stratégique est renforcée par la proximité de la mer : si elle n’est pas littorale à proprement parler, la commune est en effet un plateau bordé de deux abers qui lui permettent d’accueillir un port (Paluden) et des ostréiculteurs. Ces éléments, ajoutés à un environnement encore très préservé car essentiellement agricole, font que la commune offre un cadre de vie privilégié. Ce que notait le notaire de Lannilis : « Les gens qui s’installent ici veulent une « résidence principale secondaire », principale car ils travaillent sur Brest, secondaire car il y a ici la mer et une très bonne qualité/cadre de vie. »

Les deux abers sans littoral « de pleine mer » ont un rôle important dans l’identité de la commune, et pas seulement sur le plan touristique ! Bien que bénéficiant à l’extérieur d’une réputation maritime et ostréicole, Lannilis n’est en fait pas du tout tournée vers la mer, et reste très agricole tant économiquement que dans l’héritage historique. Cette spécificité géographique entraine des contraintes nombreuses, tant sur le plan environnemental que de l’urbanisme. La Loi Littoral, les « coupures d’urbanisation » prévues dans le SCoT du Pays de Brest, la présence de terres agricoles et de zones humides font que le centre du bourg ne peut s’étendre indéfiniment.

La présence de l’ostréiculture fait aussi peser des contraintes fortes sur les agriculteurs du plateau, du fait de son exigence d’une bonne qualité des eaux. Tous ces paramètres se retrouvent dans le Plan Local d’Urbanisme communal, qui devient donc un document d’une

29 importance capitale pour le territoire, et qui rejoint totalement, dans son domaine spécifique, les préoccupations d’un agenda 21 local.

Tous ces éléments géographiques ont eu un rôle prépondérant dans l’Histoire de la commune, et il faut les garder en mémoire quand on étudie la trajectoire suivie au cours des siècles par ce territoire ainsi que son développement actuel. Ils auront encore un impact important dans l’avenir, la question de la gestion de l’espace, du foncier, et de la qualité de l’environnement étant une problématique de plus en plus importante sur toute la planète.

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Tableau des atouts et faiblesses géographiques de la commune

Atouts Faiblesses

Proximité de Brest et de la côte Proximité de Brest

Excentrée à l’échelle départementale, Paluden régionale…

Carrefour routier important Pas réellement littorale

Des équipements importants et attractifs Trop de concurrence entre communes

EPCI: Pas un territoire de projet et comprend Cadre et qualité de vie privilégiés plusieurs bassins de vie

Un bassin de population conséquent Problèmes de circulation, voiture omniprésente

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3. Démographie et vie sociale

a) Augmentation démographique : les caractéristiques de la population changent… La population de Lannilis ne cesse de croitre. Le ressenti de ses habitants, des acteurs socio-économiques du territoire, les statistiques… tout indique que la commune était rurale mais que son bourg est en train de devenir une ville. Un tel changement ne se fait pas sans conséquences… et il importe de les mesurer au mieux.

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La population de Lannilis (5 189 habitants dont 105 « comptés à part », c'est-à-dire dont la résidence principale est ailleurs) est en augmentation faible mais constante depuis des décennies, ce qui n’est pas le cas des communes alentour, qui ont connu plus de variations. Cette augmentation a tendance à s’accélérer ces dernières années, puisqu’elle passe d’une moyenne annuelle inférieure à 1 % à une hausse de population de 1,4 % par an depuis 1999. On peut craindre que cela ne soit dû à la saturation de la première et de la seconde couronne brestoise, et que Lannilis ne devienne à son tour dortoir à terme. Les enjeux de ces variations démographiques sont importants, et il est nécessaire de bien cerner le profil des nouveaux arrivants afin de savoir si l’équilibre de la commune va être modifié. Il importe également de définir une stratégie à plus long terme, pour pouvoir adapter les équipements et infrastructures communales à cette évolution future, ainsi que pour prévoir les moyens de sauvegarde de la cohésion sociale dans ce bourg rural en train de devenir une « ville périurbaine ». Le parc des logements lannilisien est réellement utilisé, le taux de résidences secondaires y étant faible du fait de l’absence d’un réel littoral (la commune comportait moins de 5 % de résidences secondaires en 1999). « Les communes littorales sont bien sûr convoitées sur le marché de la résidence secondaire. La présence des pôles d’équilibre importants, attractifs et équipés que sont Lannilis et Plouguerneau, et un marché du logement (neuf et d’occasion) resté longtemps accessible y ont maintenu un bon équilibre des fonctions : les résidences principales se développent plus vite que le parc secondaire » mentionne ainsi le PLH de la Communauté de Communes du Pays des Abers. « La commune bouge pas mal, il y a beaucoup d’arrivants, surtout de Brest, et quelques départs. Environ 10-15 familles sont renouvelées chaque année, on ne voyait pas trop ça avant) », faisait remarquer un enseignant. Lorsque l’on interroge la population, les commerçants comme les élus, le ressenti est que les nouveaux arrivants sont de jeunes couples avec enfants : « Il y a plus de jeunes qu’il y 33 a 10 ou 20 ans, cette ville est jeune… » Cela apporterait donc un dynamisme à la commune. « La faiblesse du solde naturel peut, en partie, s’expliquer par le fait que la commune attire des jeunes couples qui ont déjà des enfants… » mentionnaient également certains habitants lors des travaux pour le PLU, et la plupart des personnes interrogées pour ce diagnostic. Ce sentiment est corroboré par les propos du notaire de Lannilis, qui considère qu’un grand nombre de jeunes familles cherchent à aménager. L’association « Familles Rurales », centre de loisirs sans hébergement prenant en charge des enfants de 3 à 14 ans, a ainsi vu ses effectifs doubler en 8 ans sans savoir si cela va continuer… Pourtant, la réalité des chiffres semble toute autre :

La part de personnes seules et de couples sans enfants ne cesse de croitre, quand celle des familles avec enfants ne cesse de diminuer. Ainsi, contrairement à l’impression dominante, ce ne sont pas des jeunes familles avec enfants qui s’installent en majorité sur la commune le pourcentage de couples sans enfants augmente, celui de couples avec un, trois enfants ou plus diminue, seule la proportion de couples avec deux enfants augmente… mais le nombre de toutes ces catégories augmente cependant, ce qui explique le ressenti : des familles avec enfants qui s’installent se remarquent plus que des personnes seules ou couples sans enfants.

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Il est vrai que la population communale reste cependant jeune, et qu’il y a un grand nombre d’enfants. La comparaison avec la démographie d’une région comme le Pays Centre Ouest Bretagne est frappante et vient le souligner. Peut être un certain nombre des personnes sans enfants qui s’installent sont-ils donc des jeunes. Cependant il semble que la commune doive quand même prévoir une augmentation certaine de l’âge de sa population dans les vingt ans à venir, car l’analyse de l’évolution des courbes d’âges de la commune montre que le vieillissement global de la population communale a déjà commencé.

Une population jeune… Comparaison avec le Pays Centre Ouest Bretagne :

…mais qui vieillit !

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b) Evolution de l’emploi L’étude de l’évolution des catégories socioprofessionnelles présentes sur la commune révèle elle aussi la mutation d’un bourg rural (même s’il était chef-lieu de canton) en ville : La proportion et le nombre d’agriculteurs continue de baisser (en 1946, on recensait 280 exploitations agricoles. En 1970, 195, pour une « population agricole » de 911 personnes. En 1979, cette « population agricole » n’était plus que de 611 personnes pour 152 exploitations.), la part des artisans-commerçants-chefs d’entreprises diminue, alors que celle des cadres et surtout des professions intermédiaires augmente fortement… de même que celle des retraités !

Il faut pourtant modérer la causalité directe de l’économie locale sur cette évolution des catégories socioprofessionnelles de la population, puisqu’un nombre grandissant de lannilisiens travaille hors de la commune (+ 10 % en dix ans !). Ce phénomène de plus en plus important se retrouve à l’analyse des déplacements sur la commune… et fait craindre de voir la commune actuellement vivante devenir uniquement dortoir de la périphérie brestoise.

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La part des actifs travaillant dans la commune continue donc de baisser de façon significative : 73% en 1975, 55% en 1990, 43% en 1999, 34% en 2007 (contre seulement 31% à Plouguerneau, 22% à Landéda, ou encore 28% à Plabennec) ! La situation de Lannilis n’est donc pas la moins bonne… et cela est sans aucun doute dû à la présence des 4 « gros employeurs » historiquement présents sur la commune : les entreprises Tanguy, Trécobat, Savel et Cargill. L’indice de concentration d’emplois de la commune est en effet assez bon, et permet d’éviter une trop grande pression sur le marché du travail local : 1 926 emplois pour 2 041 actifs.

Le taux de chômage est d’ailleurs assez bas à Lannilis, et le taux d’inactifs est en baisse… mais la part d’élèves et d’étudiants baisse également, pendant que celle des retraités augmente.

La structure de l’emploi local reste sensiblement semblable à celle de la France, sauf pour la part importante de l’agriculture (9,3% contre 2,9 %). Les parts de l’industrie (11,3 contre

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14,7%) et de la construction (11,3 contre 7,0%) cumulés restent dans la moyenne nationale, quand le tertiaire lui est inférieur de 8%.

L’analyse des revenus des ménages montre une assez forte disparité entre les foyers : le revenu net déclaré moyen est supérieur à la moyenne finistérienne… mais le nombre de foyers non-imposables également ! De plus, le revenu moyen ne cesse de baisser, de même que l’impôt moyen… Et ces chiffres sont corroborés par le ressenti des élus et techniciens en charge du CCAS : la population lannilisienne s’appauvrit, et le nombre d’impayés augmente.

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« Il semble qu’il y ait beaucoup de jeunes familles avec enfants qui cherchent à s’installer sur Lannilis. Les jeunes, comme certains retraités, sont souvent peu fortunés. Il y a une échelle des revenus assez large sur la commune, mais il y a un « lannilisien moyen » pas très riche », analysait l’un des commerçants interviewés. Il semble en effet que le niveau de

39 revenus des nouveaux habitants soit plutôt faible par rapport aux anciens, ce qui expliquerait également l’augmentation du nombre de locataires sur la commune (+39 % de locataires entre 1990 et 1999). Aujourd’hui, les propriétaires interrogés pour ce diagnostic craignent cependant la construction de nouveaux logements sociaux, estimant que cela leur a déjà fait perdre des locataires : « Le tissu social de la commune s’est détérioré. Il y a beaucoup de logements sociaux, on continue à en construire… ce qui rend la location d’appartements difficile (sans tenir compte de l’augmentation des non paiements de loyers et d’une négligence de plus en plus grande de l’entretien des locaux par les locataires)... » il y a donc là un réel enjeu et une réflexion à mener pour l’avenir de la commune, de même que la rénovation des nombreuses bâtisses vieillissantes sur le territoire, souvent louées et dont les propriétaires ne peuvent (ou ne veulent) pas réaliser les travaux.

c) Enjeux de ces évolutions : Quel que soit le domaine, toute évolution entraine des ajustements, voire des adaptations si nécessaires. L’accompagnement et la prévision de l’évolution d’une population communale, que ce soit en nombre ou dans ses caractéristiques, n’échappe pas à cette règle. Ainsi, l’augmentation du nombre de retraités peut être l’un des facteurs d’explication de la diminution du revenu moyen, de même que l’arrivée de personnes seules peut expliquer l’augmentation du nombre de locataires… et les deux phénomènes nécessitent une stratégie foncière pertinente, qu’il s’agisse de maitrise de l’expansion de la zone urbaine, de création de logements sociaux, ou de logements adaptés aux personnes âgées et proches du centre-ville… Les équipements doivent également être adaptés à ce changement de la composition des habitants de la commune… Faut-il privilégier le développement d’infrastructures pour les enfants (écoles, crèches, etc.) ou pour les personnes âgées ? L’augmentation de la population ne doit également pas empêcher de maintenir une vraie cohésion sociale et une bonne qualité de vie… Des choix sont donc à faire, en ce domaine aussi, qu’on peut qualifier de « social » au sens large.

L’étude réalisée à l’occasion de la réalisation du PLU en 2010-2011 et les travaux du groupe de pilotage de l’Agenda 21 en 2011 ont montré que l’évolution de la démographie communale est au centre de beaucoup d’interrogations et d’enjeux.

Le PLU a d’ailleurs été l’occasion de fixer les objectifs d’accueil de population pour les années à venir, les travaux réalisés dans ce cadre permettant de constater :

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« Avec une croissance démographique identique à celle des 6/7 dernières années. Deux hypothèses semblent possibles : 1 – Une population d’environ 5500 habitants dans 7 ans. (en 2013) 2 – Une population d’environ 6000 habitants dans 10 ans

Choix validés par les élus en réunion de travail à l’élaboration du PLU :  Quelle augmentation de population sans nuire à l’agriculture, à la capacité des équipements publics, sans oublier les déplacements notamment vers Brest ? + 1 % de la population par an.  En 2006, 5049 habitants. Environ 40 à 50 personnes de plus par an soit environ 500 personnes en plus en 2016  Envisager des équipements pour une population de 6000 habitants. »

M. le Maire indique de plus que la commune doit mettre en œuvre des outils pour maîtriser le foncier, et ne pas « réserver la commune à un certain type de population, qui aurait les moyens de se loger à Lannilis ». Mais quelle que soit la croissance démographique des prochaines années, la commune devra investir dans la rénovation ou la construction de nouveaux équipements, actuellement « saturés ou vétustes », comme les équipements scolaires, socio-culturels, … »

Mme PAGET-BLANC, chef de projet au cabinet Géolitt, en charge de la réalisation du PLU communal, posait alors la question de la capacité d’accueil de la commune, question qui se pose encore, surtout dans une démarche d’Agenda 21, dans laquelle l’avenir de la commune est pensé à 20 ans : y a-t-il un seuil au-delà duquel la croissance démographique ne serait pas « supportable » en termes d’investissements, d’équipements, d’identité, … pour la commune ? Le nombre de 6 000 habitants est il un palier, ou un seuil (symbolique) à ne pas dépasser ?

Peut-être y a-t-il un effort à faire sur l’accueil des nouvelles populations :  Une population qui veut la ruralité sans ses inconvénients,  Une population qui vient de la ville et qui veut les mêmes services,  Une population qui devient individualiste ?  Une population souvent moins aisée...

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Projections: de plus en plus nombreux… (Depuis 1999: + 1,4 % / an …)

Année 1968 1975 1982 1990 1999 2007 2015 2020 2025 2031

Population 3556 3686 3939 4272 4475 5016 5606 6009 6442 7002

population 8000

7000

6000

5000

4000

3000 population

2000

1000

0 1968 1975 1982 1990 1999 2007 2015 2020 2025 2031

Actuellement, avec ses 5 189 habitants, la commune est en train de changer de visage, passant du bourg « où tout le monde se connait » (avec un poids très grand des rumeurs, du « qu’en dira-t-on ? », qu’on peut encore observer sur le territoire…) à la ville, plus anonyme… Chacune des personnes interrogées lors de la réalisation de ce diagnostic a mis en avant cette croissance démographique, et les changements qu’elle entraine. Certains ajoutaient que cela est bénéfique pour le commerce local… quand d’autres estimaient qu’il faut que Lannilis reste un village (dans l’ambiance, l’état d’esprit) tout en étant une petite ville, craignant de voir se multiplier les « incivilités » et autres désagréments de la ville (le centre- ville connait déjà des problèmes d’insécurité la nuit selon les commerçants de la place du général Leclerc). D’autres encore pensent qu’il faut arrêter les constructions pour sauvegarder la qualité de vie (la proximité de la campagne) et l’agriculture…

L’objectif de la commune, selon le groupe de pilotage de l’Agenda 21, est de pérenniser le développement d’une offre résidentielle adaptée aux jeunes tout en maintenant l’équilibre du territoire. Et c’est visiblement une préoccupation partagée : « Un des enjeux pour la commune est de contrôler son développement pour que les locaux puissent continuer à y vivre », estimait un acteur économique local, ajoutant : « Il ne faut pas s’envoler dans des

42 projets pharaoniques, comme le font certaines communes, mais garder ce côté sympa et dynamique du bourg » C’est justement cet aspect de « dynamisme sympa » que les habitants craignent de perdre, et qui a fait l’objet de nombreuses conversations ces dernières années. « Le bourg est assez calme, sûr, mais quelques « jeunes » commencent à y installer de la délinquance. Il faut que la police municipale sévisse plus et tout de suite » affirmait un chef d’entreprise interrogé. Constat que tempérait un commerçant : « L’augmentation de la population et le changement des habitudes de consommation ont fait évoluer la situation(…) mais le bourg n’est quand même pas devenu ‘’la zone’’, il n’y a pas beaucoup de ‘’dérapages’’... ».

Le fait est que « les jeunes » qui « trainent dans les rues » paraissent être une préoccupation pour de plus en plus d’habitants, et que des problèmes de voisinages ont eu lieu autour de la salle omnisport de Mézéozen à ce propos. « Avant, on connaissait le père, l’oncle, … on allait le voir pour parler de l’adolescent s’il faisait des bêtises. Aujourd’hui, les gens ne se connaissent plus sur la commune » font remarquer beaucoup de citoyens.

L’adjudant de gendarmerie de Lannilis, interrogé pour la réalisation de ce diagnostic, estimait pour sa part que la commune est très calme par rapport aux communes urbaines ou périurbaines. Le seul souci (mais qui est aussi un vrai problème) est en fait le désœuvrement des jeunes et de ceux qui n’ont pas de travail, qui entraine souvent des problèmes d’alcoolisme… et donc aussi des problèmes familiaux. « Si on retire ces problèmes d’alcool, il n’y a presque plus d’interventions à faire », affirmait-il. Mais ces problèmes d’alcool sont en constante augmentation sur la commune, comme le font remarquer également les responsables du CCAS.

Il reconnaissait cependant que les problèmes d’incivilité vont en empirant (mais comme partout ailleurs, il n’y a pas de particularisme en ce domaine à Lannilis). Ce n’est pas encore de la grosse délinquance, mais plus des incivilités qui augmentent, venant de Brest et de ce que les jeunes voient à la télé (feux de poubelles, dégradation de véhicules, tags...) Il estimait cependant que le problème est quand même bien géré à Lannilis, où la gendarmerie a un bon dialogue avec le maire. Ils arrivent ensemble à bien cibler et améliorer la situation.

Landéda et Plouguerneau sont ainsi beaucoup plus mal loties en ce qui concerne ces incivilités car elles ont des discothèques, ce qui augmente fortement le nombre de dégradations quand les jeunes en sortent.

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Les gendarmes observent que ces faits sont commis par des jeunes de plus en plus jeunes : 12-13 ans parfois, avec déjà de l’alcool… Il y a également de plus en plus d’internements, de personnes qui « pêtent les plombs » à cause de l’alcool ou de la drogue. Ils font aussi remarquer un problème d’impunité même quand ceux qui ont fait des dégradations sont pris : ils ne risquent pas grand-chose. Le maire pourrait, par des conventions avec la justice, mettre en place des systèmes de travaux d’intérêt général à effectuer quand des incivilités ont été commises.

L’adjudant a été en poste du côté de Cergy-Pontoise. Les gendarmes y avaient organisé avec le service jeunesse des tournois de foot en salle, de basket… accompagnés de stands de prévention, et précédés d’entrainements avec les gendarmes. Des ateliers avec un système de points à gagner avaient également été imaginés, sur beaucoup de sujets (nutrition, fair-play, conduites à risque…), qui comptaient également dans le résultat du tournoi. Cela permettait aux jeunes de s’occuper… et d’avoir un regard différent sur les gendarmes.

Des actions ont déjà été réalisées en ce sens avec le service jeunesse de la mairie, qui avaient réussi à attirer les jeunes ciblés. Selon lui, « d’autres actions en partenariat avec la gendarmerie sont imaginables. En tout cas, les gendarmes sont disponibles, les écoles seraient sans doute aussi partantes (il y a déjà des actions de prévention mises en place comme le « permis piéton », ou des exposés alcool/stupéfiants qui pourraient être renouvelés et plus fréquents, par exemple des interventions mensuelles dans les collèges sur des points de la loi)…

Il y a également de quoi occuper les jeunes (la mer, le service jeunesse, etc.), il y a même de nombreux cars vers Brest s’ils veulent aller faire un tour en ville… Il y aurait vraiment beaucoup de choses à faire, mais il faut un « fil rouge » qui attire les jeunes. Sinon, ils ne viennent pas aux activités. Il y a pour le moment peu de jeunes « difficiles » à Lannilis, et il reste ici une certaine « peur du gendarme », un respect qu’on ne retrouve pas partout ailleurs… »

Les jeunes sont également une question qui « taraude » (selon leurs propres mots) les responsables de l’ensemble paroissial : « que faire pour eux, comment les occuper ? Quels moyens d’action ? Il y aurait la possibilité de faire des choses : un « cinéma débat », ou autre… » mais il leur manque surtout des moyens humains. Ils remarquent également un investissement de moins en moins fort des parents, comme dans toutes les associations. Ceux- ci amènent leurs enfants mais ne participent pas (ou peu) pour « donner un coup de main ».

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La paroisse ressent un mal être et un désœuvrement chez les jeunes. Certains entrent dans l’église, jouent avec les bougies, font des dégradations dans le porche de l’église… « sont-ils en recherche, ou dans la provocation ? » se demande aujourd’hui le recteur…

Et il rejoint alors la préoccupation d’un grand nombre de personnes interrogées : « Comment occuper intelligemment les jeunes ? Il faut des partenariats (notamment entre les associations et avec la mairie). C’est dommage par exemple qu’il n’y ait pas une piscine pour leur apprendre à nager (et ça fait partie du cadre de vie). Il ne faut pas faire du social uniquement « sanitaire », il faut aussi occuper les jeunes, les faire vivre ».

A l’autre bout de la pyramide des âges, l’augmentation du nombre de retraités sur la commune entraine lui aussi un certain nombre de problématiques. Les personnes âgées sont souvent assez isolées, surtout si elles habitent la campagne. Des moyens de sauvegarde de la socialisation sont donc mis en place et peuvent être encore à développer (Cf. volet interne du diagnostic). Certains territoires ont misé sur une économie basée sur les retraités, très demandeurs de services… est-ce l’objectif de la commune ?

De même, il faut pouvoir préparer les personnes seules à entrer en maison de retraite. « Il n’est pas évident pour elles d’arriver tout d’un coup au milieu de 150 personnes alors qu’elles ne sont plus très sociabilisées. L’EHPAD a donc mis en place avec le CLIC un dispositif pour repérer les personnes isolées, les mettre petit à petit en relation avec d’autres… » mentionne pour sa part le directeur de la résidence Kermaria, l’EHPAD de Lannilis.

L’établissement essaie d’ailleurs d’avoir une offre de prestations cohérente avec les autres associations locales. Par exemple, il existe déjà un accueil de jour à Lannilis, ave les Amitiés d’Armor. L’EHPAD n’y fera donc qu’un projet d’accueil de nuit. A Plouguerneau par contre, il n’existe aucune structure et l’EHPAD fera des projets sur les deux types d’accueil.

La maison de retraite a des relations avec les associations sociales (ADMR, Amitié d’Armor, etc.), avec les libéraux (infirmières, médecins…)

Elle a également de plus en plus de relations avec « Nuit de Noces », la section bilingue de l’école du Sacré-Cœur, la bibliothèque… ce sont les animatrices qui prennent directement contact. De telles relations sont tout à fait dans l’optique du développement durable et ne peuvent qu’être encouragées et favorisées par la mairie.

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« Il y a un bon équilibre des différentes prestations sociales sur le territoire et une bonne coordination entre elles, malgré sans doute un manque de médecins » faisait également remarquer le directeur de l’EHPAD.

Pour lui, la notion de commune n’est plus aussi importante que par le passé et il faut maintenant travailler au niveau de l’EPCI voir plus. Par exemple, les EHPAD vont lancer un GCMS (association) à l’échelle des Abers (de Lesneven à Bourg-Blanc et à l’Iroise) pour pouvoir répondre aux appels d’offre de l’Etat car ils ne pourraient être assez compétitifs seuls pour cela. « De même, toutes les prestations annexes devraient êtres mutualisées : restauration (aussi avec les écoles), blanchisserie (avec pourquoi pas des prestations au public)… au niveau de l’EPCI. On y arrivera forcément et on ne peut pas se permettre ne pas le faire ni que cela se passe mal, il faut donc le préparer. Il faut trouver des mutualisations, et des synergies entre les communes, en privilégiant le local si possible. Sinon, ce sont les grands opérateurs privés nationaux qui prendront le relais » ajoute-t-il. « Déjà, le CLIC travaille sur 13 communes, le SIAD sur 4 et l’EHPAD sur 3… Cela permettrait aussi de lancer des services qui ne peuvent trouver un public dans une seule commune, mais qui seraient utiles quand même, comme par exemple une crèche pour horaires atypiques (dès 6h du matin et dimanches par exemple). Ce sont des réflexions à mener pour le bien du territoire de la CCPA. » Il est vrai que cette dernière proposition trouve un certain écho dans une partie de la population, qui estime qu’il faudrait améliorer les capacités et l’amplitude d’horaires pour la garde des enfants (qui n’est pour l’instant pas adaptée aux restaurateurs ou aux infirmiers, par exemple).

Mais la communauté de commune (et ses élus) est-elle prête à s’engager aussi résolument dans la voie d’un vrai projet de territoire, pour lequel toutes les communes devraient s’entendre et se répartir les services ? Cela ne semble pas encore le cas !

Le vieillissement d’une partie de la population entraine également des réflexions sur le centre-bourg et les moyens de l’adapter à cette mutation : comment créer des logements adaptés aux personnes âgées au centre-bourg, comment donner envie à ceux qui habitent leur maison depuis des décennies de venir habiter au bourg pour laisser des familles habiter dans leur grande maison ? Il y a là une vraie problématique de développement durable à prendre en compte.

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La démographie médicale est elle aussi un enjeu pour la commune. Elle a fait l’objet d’une étude à l’échelle de la CCPA en 2010. Celle-ci concluait au vieillissement et au risque de non remplacement des médecins. Si Lannilis et Plouguerneau accueillent une assez grande diversité de professionnels de santé, l’étude montrait toutefois un manque futur dans les communes alentour et même dans ces deux pôles. De plus, on peut observer une quasi- absence de médecins spécialistes (en cardiologie, gynécologie, ophtalmologie, pédiatrie, radiologie, ORL, dermatologie, psychiatrie…) sur l’ensemble de la CCPA !

Pourtant, la population consulte régulièrement certaines spécialités : 5,3 actes par patient en rhumatologie, 4,9 actes par patient en psychiatrie neurologie, 4,1 en électroradiologie, et 3,7 en pneumologie… pour une moyenne de 2,4 actes par patient. Il y a donc une demande locale non satisfaite localement.

Pour assurer le renouvellement des praticiens partant à la retraite, cette étude préconisait la réalisation d’un pôle de santé à Lannilis et à Plabennec (la mise en réseau des praticiens avec un projet médical, sans avoir forcément une « maison médicale ». Une telle maison peut cependant s’avérer utile pour attirer de nouveaux praticiens).

d) La vie associative L’une des forces de Lannilis est le dynamisme de sa vie associative. Il est vrai qu’avec plus de 80 activités proposées par plus de trente associations différentes (hors donc associations d’entraide, de défense, professionnelles, etc., qui représentent encore une trentaine d’associations), la commune est bien pourvue !

Certaines associations essaient de nouer des liens avec les autres acteurs locaux. Les relations de l’ensemble paroissial avec les associations de la commune sont par exemple assez nombreuses : la paroisse ne pouvant pas utiliser toutes les chapelles, elle les « prête » – elles sont à la mairie, qui doit les entretenir, mais la paroisse en est gestionnaire et a donc son mot à dire – donc aux associations culturelles, pour des concerts ou des expositions de peintures par exemple, ou encore des visites par l’association de sauvegarde du patrimoine. Les associations sportives sont aussi contactées quand la paroisse organise des activités pour les jeunes, afin que les dates et horaires ne se chevauchent pas et qu’il y ait une bonne coordination, des liens existent avec les associations d’anciens, la maison de retraite, son aumônerie Catholique…

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Des manifestations rassemblent également un certain nombre d’associations. Le « Tro ar Barrez », lancé par le comité d’animation, a ainsi été l’occasion de faire travailler ensemble une dizaine d’associations de Lannilis : sportives comme le club de foot ou CC des abers, culturelles comme « des mains créatives » et « a la croisée des abers », « sauvegarde du patrimoine », ou même la FNATH…

Cependant, des relations suivies et des partenariats entre associations semblent assez difficilement envisageables pour l’instant, ce qui est un handicap pour la commune. « Cela a bien marché, mais c’est sans doute car c’est uniquement ponctuel. Il serait difficile d’aller plus loin », analysait l’une des cheville ouvrières du « Tro ar Barrez » avant de relever :

« Un certain nombre de manifestations ont dû être abandonnées par manque de cohésion, à cause d’oppositions, ou de problèmes d’organisation :

 Une « inter associations » avait été créée à Lannilis, mais a été abandonnée par manque d’investissement de tous les acteurs. Un réseau associatif est très difficile à faire vivre… il y a eu beaucoup d’essais, aussi dans les communes alentour, et le résultat est toujours le même : il y en a quelques uns qui tirent, les autres qui montent dans la charrette… et les premiers fatiguent, puis arrêtent, et personne ne reprend.  Une braderie avait été organisée pendant la foire aux moules, mais cela posait des problèmes entre les commerçants : « pourquoi y a-t-il des animations devant chez lui et pas chez moi… »  Une exposition des artisans et commerçants avait également eu lieu il y a quelques années, qui avait bien marché. Ils ont voulu rééditer cela l’année dernière, et n’ont pas pu le faire à cause de trop nombreuses divergences.  Un après-midi récréatif avait été imaginé pour les 24 décembre, avec un père-Noël bénévole pour les enfants. Les commerçants ont trouvé l’idée bonne et ont voulu la commercialiser en engageant un père Noël qui ferait le tour des commerces, les deux pères Noël se sont concurrencé et il n’y a plus rien aujourd’hui.  Le Comité d’animation avait mis en place une diffusion de musique dans les rues l’été au centre-bourg. Des hauts parleurs avaient été installés par les services techniques. La première plainte est venue d’un électricien qui leur disait de faire fonctionner les artisans locaux plutôt que les services techniques, puis des commerçants qui n’avaient pas de haut-parleur juste sur leur pas de porte, puis d’une dénonciation à la SACEM pour diffusion de musique en public, alors que le comité d’animation avait bien payé ce que veut la loi… »

Ce constat est corroboré par un autre responsable associatif : « Il y a un gros frein sur la commune : c’est la difficulté à travailler en partenariat. Nuit de Noces avait lancé l’idée d’un festival sur la commune en 2010, mais personne n’a réagi... »

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Autre témoignage, qui pointe également le problème de la mobilisation des bénévoles, rencontré par toutes les associations : « l’ambiance est moins conviviale qu’il y a 10-15 ans. Lannilis devient dortoir, on est près de Brest les gens s’impliquent de moins en moins dans la vie de la commune et le tissu associatif. Est-ce la nouvelle population, ou la nouvelle génération, qui s’implique moins, est plus consommatrice que constructrice… Jusqu’à peu, la vitalité de la commune ressortait beaucoup par son tissu associatif. Il y a encore beaucoup d’associations, mais le renouvellement est difficile : on retrouve souvent les mêmes personnes dans plusieurs associations, et qui y sont depuis longtemps… »

Il semble donc qu’il y ait dans ce domaine un rôle moteur à jouer pour la mairie, de proposition, de coordination, d’écoute des projets et des besoins des associations…

La création d’un Agenda 21 peut être une opportunité en ce domaine, de même que la réflexion menée en ce moment sur le projet « cœur de ville » : « La municipalité a décidé de réaménager l’espace Lapoutroie, c’est vrai qu’il y a un besoin. Il y a des salles, mais les besoins ont évolué. Il faudrait une bonne salle multifonction, équipée (pas du 1000 places, mais suffisant par exemple pour organiser des concerts en hiver, car les artistes ne se déplacent pas si la salle ne leur convient pas) » mentionne un responsable associatif. Il est vrai que cet espace concerne la bibliothèque, le boulodrome, les locaux municipaux de plusieurs associations, des salles de spectacles… Certaines associations évoquent aussi la possibilité d’une mutualisation de moyens… autant de champs de réflexion possibles dans le cadre d’un Agenda 21.

De même, le dynamisme du marché est un atout important pour la commune. Certaines associations agissent en ce sens : Sauvegarde du patrimoine y a lancé les « mercredis de l’orgue », A la croisée des abers y fait de la danse bretonne, Nuit de noces organisait des animations il y a quelques années… Ne serait-il pas possible de coordonner les associations de la commune pour qu’elles l’animent chacune à leur tour, par exemple une animation par mois, ou plus si possible… ? Une nouvelle exposition des « savoirs faires » des commerçants et artisans lannilisiens pourrait également être envisagée et pérennisée chaque année, ou une exposition de toutes les associations lannilisiennes… cela les rapprocherait peut-être et animerait le marché.

Les associations n’ont pas beaucoup de retours sur leurs actions, pas beaucoup de moyens d’évaluation de leur perception par la population. Et il manque aussi des retours sur les réalisations des différentes associations, même entre elles : elles font donc remarquer un problème de communication sur la commune

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La culture bretonne est forte et bien représentée dans la vie associative de la commune. Les classes bilingues et la signature de la charte « Ya d’ar Brezhoneg » vont dans le même sens… « peut-être la commune pourrait-t-elle s’appuyer encore plus sur ces éléments et en faire une vraie politique de valorisation de Lannilis ? » se demandait l’un des responsables interrogé. Les soirées « Café débats » avec la population corroborent cette demande : « L'interprétation du patrimoine historique local, la mise en valeur de ce patrimoine par une communication sur les caractéristiques historiques des lieux en s'appuyant sur les archives, le cadastre et tout autre document contribuerait à renforcer l'identité communale. Un groupe d'habitants pourrait être constitué sur cet objet » faisaient remarquer les présents. « Mais il faudrait valoriser également la musique actuelle sur place plutôt que de ne faire ici que des festoù noz et que les gens aillent voir au Quartz la musique actuelle » nuance un autre responsable d’association interrogé… « La faiblesse de Lannilis, c’est la salle multifonction de Plouguerneau, la piscine à Plabennec… : il faut des infrastructures attractives à Lannilis ! (et à l’extérieur du bourg pour pas gêner les riverains). Il faut quelque chose d’attractif pour Lannilis, c’est une ville vieillissante dans ses infrastructures, il va falloir qu’elle se bouge si elle ne veut pas devenir dortoir. Lannilis a pourtant la chance d’avoir la mer… mais c’est vieillissant. Il y a plein de choses à faire !… Par exemple, une salle des fêtes manque sans doute à Lannilis. » Même si tous ne sont pas aussi véhéments, il est vrai que ce constat est très largement partagé sur la commune directeurs d’école, associations, particuliers… tous remarquent que la commune n’a pas de salle assez grande pour leurs manifestations, ou pour des festoù noz/deizh. Les salles de sport n’étant pas l’idéal pour cela. Peut-être la réflexion sur les équipements du cœur de ville permettra-t-elle de concilier tout cela ?

Cette problématique de l’espace Lapoutroie débouche souvent sur une réflexion plus large concernant l’aménagement urbain de la commune… et c’est une bonne chose, essentielle même, de ne pas dissocier le projet « cœur de ville » de l’ensemble des dynamiques et des besoins communaux. Une attention particulière semble portée sur le style d’urbanisme : « Aujourd’hui, tous les bourgs se ressemblent, avec leurs pavés autobloquants, leurs jardinières en béton recomposé (encore qu’ici, les jardinières sont en bois, ce qui est déjà bien)… On veut trop s’imiter les uns les autres, et les bourgs n’ont plus d’âme »

« La place Lapoutroie est très jolie comme ça, avec ses pierres de taille apparentes… il ne faut pas forcément la changer et pourtant elle doit être un lieu de vie. »

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Mais aussi sur la circulation dans le bourg :

« La conservation du noyau familial est importante. Dans les lotissements, une famille a besoin d’une certaine intimité : attention de ne pas trop les tasser, avec des jardins minuscules… car on va inévitablement créer des problèmes de voisinage »

« La circulation au bourg n’est pas bonne : il faudrait revoir ça, que l’on donne la priorité aux piétons, aux poussettes, fauteuils roulants… Tout le centre-bourg doit pouvoir se pratiquer à pieds aisément mais il faut surtout rendre le centre aux habitants de Lannilis » « Le gros danger, c’est que les jeunes y circulent quand même en scooter »

Et même les lotissements : « L’évolution des lotissements s’est faite un peu n’importe comment : sans plan, et avec des architectures qui font disparaitre la maison bretonne traditionnelle… »

« Les habitants de Landéda viennent beaucoup consommer à Lannilis, c’est une population souvent âgée et plus riche que celle de Lannilis… », certains faisant même le rapprochement entre les lotissements et l’appauvrissement de la population (dont le lien n’est en fait pas direct, mais qu’il faut prendre en compte)…

Une réelle demande existe dans la population pour des aménagements conviviaux au centre. Les soirées « café débats » l’ont rappelé : « Les espaces de verdure sont à conserver ! Mais il faut aussi aménager des espaces de convivialité, et pas seulement dans le bourg, avec tables, bancs, voir barbecue, etc. de façon à rendre l'espace propice à son appropriation et la rencontre intergénérationnelle et accessoirement pouvant permettre l'organisation de fêtes. La pénétration de la vallée verte dans le bourg est un paramètre à considérer dans le cadre d'un agenda 21 local et les liaisons inter quartiers restent à privilégier ». « De la même façon, l'accueil d'expositions itinérantes pourraient contribuer à dynamiser l'espace Lapoutroie jugé « pas assez vivant ». La fermeture du foyer de jeunes en dehors des vacances scolaires et l'absence d'un animateur jeunesse réduit l'offre d'accueil et d'activités des jeunes aux seules activités sportives (cela est en fait faux : la commune a bien un animateur jeunesse… mais il semble que la communication sur ce point soit insuffisante et entraine un manque de lisibilité. Ce que font également remarquer la coordinatrice enfance- jeunesse et l’adjointe en charge de ce domaine). L'offre d'animations en direction des 30 – 40 ans est, elle aussi, jugée insuffisante. »

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Tableau des atouts et faiblesses socio-démographiques de la commune

Atouts Faiblesses

Augmentation de la population Augmentation forte de la population

Peu de résidences secondaires Vieillissement de la population

Une population encore jeune Appauvrissement de la population

Augmentation de la part des cadres et Diminution des emplois agricoles professions intermédiaires

Un bon indice de concentration de l’emploi Augmentation de la part des retraités

De plus en plus d’habitants travaillant hors de Grande vitalité associative la commune

Beaucoup d’actions intergénérationnelles ou en Des craintes quant à la jeunesse et à la cohésion faveur des jeunes sociale

Réflexion menée sur le « cœur de ville » Difficulté des associations à travailler ensemble

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4. Logement et occupation des sols

a) Lannilis dans son bassin de vie Pour comprendre le fonctionnement du logement à Lannilis, il faut la replacer dans son contexte de ville périphérique du pays de Brest. Si la ville de Brest perd des habitants depuis quelques années, il n’en va pas de même des communes alentour. La première couronne puis la deuxième couronne ont vu leur population et les demandes de logement augmenter de façon spectaculaire. Il s’agissait là de personnes travaillant bien souvent à Brest, mais désireuses d’un cadre de vie plus agréable que celui de la ville. S’ajoutait à cela le prix bien plus intéressant du foncier constructible, qui leur permettait d’acquérir des terrains de grande taille, avec un grand jardin. De plus, l’amélioration des routes desservant Brest réduisait considérablement les temps de trajet… qui devenaient équivalents à ceux que passent dans les embouteillages les habitants de Brest même. Ainsi, pour comprendre la dynamique de l’habitat brestois, il faut désormais sortir des frontières du pays de Brest pour aller jusqu’à Châteaulin voire même . La commune de Lannilis est donc aujourd’hui en situation de porte de Brest… et elle n’a pas échappé à l’augmentation de la demande de logements. Cependant, Brest Métropole Océane s’est saisie du problème et a commencé à mettre en place une politique de revitalisation urbaine, avec par exemple les chantiers du plateau des 53 capucins, du tramway, de nombreuses rénovations sur son parc de logements… et le nouveau SCoT (dont l’enquête publique avait lieu du 11/04/11 au 13/05/11), qui est également destiné à diminuer les possibilités de constructions dans les communes rurales du Pays au profit de la grande ville-centre. De gros efforts sont effectués pour rendre attrayante la « métropole » et pour améliorer son cadre de vie.

Le but est donc de voir cette tendance à l’expansion de l’urbanisation s’inverser pour obtenir une « re-densification » de la population à Brest. La flambée des prix du pétrole risque d’augmenter cette tendance en rendant plus coûteux les trajets de ceux qui habitent en zone périurbaine.

Cela aura-t-il des conséquences sur la demande en logements à Lannilis ? Sans doute en partie, mais la commune n’est pas aussi dépendante de Brest que ne le sont des villes comme Guipavas, , ou même Plabennec. L’augmentation de population est stable depuis des siècles à Lannilis, et la commune a su rester agricole jusqu’à présent. A cela s’ajoute un niveau d’équipements attractif, la proximité du littoral, et un bon nombre d’emplois sur place… autant d’éléments qui risquent de faire se continuer le mouvement et s’installer des personnes en recherche d’une certaine qualité de vie. Ces atouts ont maintenu à Lannilis un bon équilibre des fonctions : les résidences principales se développent plus vite que le parc secondaire.

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Le SCoT du Pays de Brest justement, dans son PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable), désigne Lannilis comme « pôle d’équilibre à consolider » ; c’est à dire « répondant aux besoins habituels d’une population de l’ordre de 15 000 habitants tant pour les services marchands courants que les services de santé, éducatifs (collèges) et commerciaux (Lannilis, Plouguerneau, Ploudalmézeau, ). »

Et en effet, Lannilis possède un niveau d’équipements tout à fait satisfaisant. Le PADD communal réalisé à l’occasion de la révision du PLU de Lannilis posait ce diagnostic et pointait déjà un certain nombre d’enjeux : « Lannilis possède également la particularité de disposer d’équipements structurants, ayant un rayonnement qui dépasse les frontières communales.

De par son histoire de chef-lieu de canton, la commune propose une forte concentration de services et d’équipements. Au-delà des structures que l’on retrouve sur de nombreuses communes, Lannilis se distingue par des équipements d’une « certaine rareté », notamment au niveau administratif, scolaire, social et médical… Lannilis doit relever de nombreux défis pour, d’une part, conforter son dynamisme en matière de vie économique et

55 sociale et, pour, d’autre part, répondre aux nouvelles attentes en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire : gestion économe de l’espace, densification des zones urbaines, mixité sociale, développement des modes de transports alternatifs à la voiture… »

Ces travaux pour la révision du PLU ont aussi permis de prévoir que « la commune devra faire face, dans les années à venir, à un renouvellement/une modernisation de ses équipements, voire à la création de nouveaux équipements : école, salle polyvalente, piscine, terrain de camping ?, terrain des gens du voyage, cimetière, … Les équipements existants correspondent-ils aux besoins des Lannilisiens ? Quels nouveaux équipements envisager pour mieux répondre aux attentes des habitants ? » Cela sera à confronter avec les chiffres de la rubrique « démographie » de ce diagnostic, mais il est certain que de tels investissements doivent entrer dans une vision à long terme de Lannilis, ce que fait actuellement la commune dans le cadre de cette démarche Agenda 21. Déjà, lors de la révision du PLU, les élus ont indiqué qu’ils souhaitent que les futurs projets de logements soient pensés globalement par grand secteur et non au coup par coup : « passer d’une juxtaposition de projets à un projet

56 global ». Ils souhaitent que les opérations à caractère social : locatif ou accession, soient « dispatchées » sur l’ensemble des opérations et en petites unités, pour produire une réelle mixité sociale. Les élus précisent que les opérations destinées aux personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite doivent être réalisées le plus près possible du centre bourg. Or l’étude démographique de la commune montre qu’il y a justement une part de population âgée de plus en plus importante.

Au stade actuel de développement du « bourg » (doit-on dire « de la ville » ?) de Lannilis, la commune doit faire des choix. Sa taille est « entre deux », entre le gros bourg, chef-lieu de canton avec des services limités à l’administratif, et la ville, qui rayonne sur les communes alentours par l’attractivité de ses services à la personne, de ses commerces, écoles et collèges (cf. partie économie du diagnostic)… Cependant, la commune est encore agricole, et la plupart de ses habitants estiment qu’elle doit le rester : cela fait aujourd’hui partie de son identité.

En effet, la commune a été plus préservée de l’urbanisation, et donc de l’artificialisation de terres agricoles, que ses voisines littorales. La SAU communale a très peu évolué ces 30 dernières années.

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Il est cependant à noter que ce qui apparaît sur cette carte reflète la situation en 2 000, or (selon le Programme Local de l’Habitat de la CCPA) le marché du logement s’est emballé de 2004 à 2007 :

« De 1990 à 1995, 130 logements étaient en moyenne construits chaque année [sur la CCPA]. Cette moyenne est passée à 300 logements par an de 1996 à 2004, puis à 480 de 2005 à 2007! » On retrouve sur la période des proportions à peu près égales de constructions d’appartements (une centaine de constructions ayant été lancées chaque année de 2004 à 2007, pour un total de 2 051 logements) et de maisons individuelles sur lots libres (plus de 2 300 maisons construites de 2000 à 2007). Durant cette période, le prix du terrain à bâtir a plus que doublé et « le prix de la maison d’occasion, longtemps contenu en moyenne à moins de 120 000 €, augmentait de 50 % ». La CCPA, longtemps terre d’accueil des primo- accédants brestois, est donc en train de perdre cette fonction et de devenir un espace réservé aux plus riches. A cause de la crise, les mises en chantier ont pourtant diminué de 40 % en 2008 (ce qui pose d’ailleurs des problèmes au secteur de la construction, très présent à Lannilis). « Parallèlement, le parc social de la CCPA n’a augmenté que d’une quarantaine de logements depuis 2002, et n’offre que 523 logements en 2006, malgré 275 demandes confirmées ». C’est pourquoi on retrouve le logement social comme l’une des priorités de ce nouveau Programme Local de l’Habitat de la Communauté de communes (effectué en 2008 par l’ADEUPa, il fait un diagnostic du parc de logements de la CCPA et définit les orientations et les actions à mener pour les 6 années à venir). Cependant, la construction de logements sociaux a aussi un effet négatif sur la location dans la commune : plusieurs propriétaires qui louent des appartements ont mentionné qu’il y a une concurrence entre les deux types de logement, et qu’ils ne louent plus que difficilement et souvent pour peu de temps, en attendant que les locataires aient un logement social.

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b) Consommations d’espace : quel équilibre conserver ? De plus, le diagnostic intercommunal met en exergue une consommation d’espace qui menace l’équilibre des fonctions du territoire, et préconise une diminution drastique de la taille des terrains. (en 2006, une construction consommait environ 1000 m2, ce qui signifiait plus de 230 hectares pour les 2 300 maisons construites entre 2000 et 2007. « A ce rythme, les secteurs urbanisés identifiés dans les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) en zone U et 1 AU assurent la production d’un mandat, le secteur 2 AU en assure un second. Ensuite la préservation des zones agricoles, potentiel économique majeur d’un territoire où près d’un quart des emplois relèvent de l’agriculture ou de l’agroalimentaire, et des zones naturelles, potentiel écologique et touristique, sera directement menacée » conclut le PLH.

Evolution des surfaces artificialisées entre 1984 et 2005 :

La cartographie de l’évolution des surfaces artificialisées montre bien que le phénomène touche davantage la côte… et que Lannilis a donc été relativement préservée.

Les 4 Orientations du PLH sont donc en adéquation avec les problématiques rencontrées à l’échelle communautaire… et finalement très semblables à celles de Lannilis :

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 Retour à un développement assagi et durable de l’habitat (baisse du nombre de permis, économie de foncier par densification, intégration de ces notions aux PLU, améliorer la qualité des opérations d’habitat – notamment environnementale – et rationnaliser l’utilisation du foncier par les communes…)  Retrouver la mixité sociale à laquelle ne pourvoit pas le marché (faire en sorte que le coût d’accession au foncier baisse, augmenter la part de logements sociaux de 4,2 à 7%, création d’un programme communautaire d’action foncière pour cela, et création de nouveaux logements d’urgence…)  Apporter des réponses appropriées aux besoins des personnes âgées (Adapter les logements sociaux, faire connaitre les dispositifs existants, développer les partenariats entre acteurs intervenant dans la gérontologie…)  Mettre en œuvre une politique communautaire de l’habitat (par une gouvernance communautaire et une conférence annuelle de l’habitat)

Exemple d’actions mises en œuvres dans le PLH : le PASS FONCIER (les critères d’attribution sont décidés par les communes)

On peut remarquer qu’il n’y a pour l’instant aucune condition environnementale à Lannilis.

Le PLH prévoit pour la commune la construction de 33 logements par an, ce qui représenterait une augmentation de 200 habitations pour les 6 ans du PLH… de même, il prévoit une part de 7 % de logements sociaux à Lannilis, ce qui représenterait la création de 80 logements sociaux sur la commune... En 2011, 46 logements ont été réalisés ou sont en cours de création sur Lannilis. Le rythme est donc soutenu. 60

Le PLU de Lannilis prend en compte les orientations du SCoT et du PLH, qui correspondent très bien aux enjeux communaux.

A Lannilis, les constructions dans le bourg sont assez espacées, « aérées », et il lui reste donc un certain nombre de « dents creuses », c'est-à-dire de terrains constructibles dans le périmètre urbain. La surface concernée par ces terrains « dents creuses » est estimée à une vingtaine d’hectares, ce qui ferait un nombre encore considérable de maisons individuelles, voire de lotissements collectifs, ou autre… Mais une autre problématique surgit lors des réunions avec la population : « L'accès à la propriété et au logement locatif semble difficile alors qu'il existe un nombre important de logements inoccupés sur la commune, ou de maisons très anciennes en centre bourg. Ces dernières peuvent revêtir un caractère de vétusté et devenir source d'inquiétude pour la sécurité et l'esthétique du bourg » mentionnent les habitants. Cela pose la question de la promotion du logement collectif urbain d'une part et celle de la rénovation urbaine d'autre part. Des interrogations sur le poids du décideur public face aux projets des promoteurs immobiliers ont également été posées : comment agir pour faire respecter des normes d'habitat conformes aux principes du développement durable (avec ses trois piliers) et quels moyens se donner ? Un cahier des charges imposé serait-il la solution ?

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Mais cela montre en tout cas que construire en étendant le bourg n’est pas une nécessité à Lannilis, et nuit à l’agriculture. Pour bien gérer tous ces paramètres, le nouveau PLU sera bien sûr un outil non négligeable, qui devrait être appuyé par une vraie stratégie municipale pour le foncier (avec constitution d’une réserve) et une vision à long terme de l’utilisation de ce foncier, des zones que l’on veut voir habitées, ou artisanales, industrielles, ou agricoles… avec une cohérence dans l’articulation de ces zones entre elles. La commune est dans une étape charnière, elle ne peut se permettre d’agir en fonction des seules opportunités, d’autant plus qu’elle accueille des activités très consommatrices d’espace, avec des usages des sols parfois contradictoires.

Ce nouveau PLU est justement accompagné d’un PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable) qui prend en compte toutes ces problématiques. Il a pour problématique : « Comment conforter le statut de « petite ville » de Lannilis, pôle d’équilibre du Pays de Brest, tout en maintenant l’identité rurale et l’environnement de qualité de la commune ? »

Trois grandes orientations s’en dégagent :

 Conforter le dynamisme économique tout en préservant le statut de « petite ville » de Lannilis, pôle d’équilibre du pays de Brest,

 Pérenniser les espaces agricoles mais également maintenir et valoriser l’identité rurale de la commune,

 Agir pour une meilleure protection de l’environnement, du cadre de vie et poursuivre la mise en valeur des espaces naturels.

Le PADD a donc pour objectif de maintenir l’identité rurale de la commune, que ce soit le nombre d’exploitations ou la particularité paysagère d’une commune dont 70 % de la surface est en SAU, et de garder l’équilibre entre développement urbain et maintien de la vie rurale.

En effet, cet équilibre est de plus en plus menacé : d’une part, l’agriculture est toujours demandeuse de terres (surtout pour des normes d’épandage) ; d’autre part, l’urbanisation, a consommé près de 35 hectares en 10 ans. Cela a conduit les élus à mentionner dans le PLU : « pas de possibilités d’urbanisation si cette dernière remet en cause une exploitation agricole (mise en péril) et que des mesures compensatoires ne sont pas trouvées (échanges de terres) »

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Voici la répartition de l’usage des sols sur la commune selon le diagnostic du PLU :

UTILISATION LIEUX SURFACE % DU (surface totale=2 352 ha) TERRITOIRE COMMUNAL

Pôle urbain principal Le bourg (surface totale) 250 ha 10,5 %

Pôles urbains Kerveur, Paluden, Kergounoc, Prat ar coum 68 ha 3 % secondaires

Sites d’activités éco : ZA Kerlouis+ Leclerc 13 ha (estimation des surfaces ZA Mesmerchou 1 ha urbanisées ou ZA Petit Paris 1 ha artificialisées) ZA Croas an Drep 2,5 ha ZI Ménez Bras 15 ha Savel 1 ha Tanguy 4,5 ha Future extension de Kerlouis-Kerveur 20 ha TOTAL 58 ha 2,5 %

Linéaire littoral Les abers (zone littorale, bande des 100 m) 266 ha 11 %

Zones naturelles Zones de préemption ou déjà au CG29 200 ha 7,2 % + bois

Maisons en zone rurale mitage 68 ha (avec 1250 m2/maison) 3 % (et 20m autour) 108 ha (avec 2000 m2/maison) 4,6 % 136 ha (avec 2500 m2/maison) 5,8 %

Espace rural total 1 900 ha 80 % dont SAU 1 600 ha 68 %

Voies carrossables (estimation, en cours de recensement) Entre 100 et 150 ha 5 %

Bâtiments communaux 2,5 ha

Projections: de plus en plus serrés…

Année 1968 1975 1982 1990 1999 2007 2015 2020 2025 2031

Densité de population 151,2 156,7 167,5 181,6 190,3 213,3 238,4 255,5 273,9 297,7 (Hab/Km2)

densité moyenne 350

300

250

200 densité moyenne 150

100

50

0 1968 1975 1982 1990 1999 2007 2015 2020 2025 2031 63

Si l’équilibre actuel est satisfaisant, la compensation de tout changement d’affectation d’une terre est de fait la seule manière de le conserver. Sinon, il faudrait autoriser la construction uniquement dans les « dents creuses ».

C’est d’ailleurs ce que prévoit le PLU, puisqu’il donne la priorité de développement « au centre-bourg et à l’agglomération pour l’accueil de l’habitat, mais aussi du commerce de proximité et les équipements structurants. En dehors de l’agglomération, l’objectif est de limiter les possibilités de constructions, en maintenant uniquement des possibilités de construction en dents creuses dans les entités qui peuvent être qualifiées de « hameau » au titre de la Loi Littoral : Paluden, Kergounoc, Prat Ar Coum et Gorrequear Coum, qui est la continuité de l’urbanisation de Landéda sur Lannilis. »

Ces décisions sont de toute manière rendues quasi obligatoires par l’application de la Loi Littoral sur la commune !

L’un des enjeux majeurs relevés par le PLU qui va dans le même sens touche les constructions en elles-mêmes : « Trouver des alternatives à un modèle « pavillonnaire » non durable »… o Quels types de logements (individuels, collectifs, sociaux, écologiques…) produire pour s’adapter aux besoins des Lannilisiens et accueillir les futurs habitants ? o Quels sont les espaces à privilégier pour accueillir les nouvelles opérations de logements ? Le PLU a également été l’occasion de recueillir l’avis de la population sur le devenir de la commune. Pour cela, cinq ateliers participatifs avaient été organisés en février 2010 :

Atelier 1 Logement Atelier 2 Déplacements Atelier 3 Environnement Atelier 4 Vie économique et sociale : commerces, services, équipements Atelier 5 Espaces ruraux et agricoles

Voici dix des principaux enseignements de ces ateliers :

o Ne pas laisser construire n’importe où : uniquement en continuité de l’existant, en diminuant la surface des terrains (orientation du SCOT pour un pôle d’équilibre comme Lannilis 12 logements/ha) => Souhait de tous de consommer moins de terre agricole mais chacun veut sa maison et son terrain… o Agriculture = activité économique importante qu’il faut maintenir, inquiétude par rapport aux anciens corps de ferme et maisons d’exploitants. o Construire demain : faire autrement, mieux, plus durable, pour le même développement démographique.

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o Avec le maintien de l’agriculture, prévoir des routes adaptées pour le déplacement des engins agricoles = que les engins agricoles puissent traverser la Commune (voies de contournement du bourg…). o Economie locale dynamique, commerces également (mais manquent une petite épicerie de proximité au centre et un magasin de vêtements) o Les logements sont souvent grands : beaucoup de grandes maisons avec des familles qui globalement diminuent en nombre, ou trop grands avec des personnes vieillissantes… o Offre locative en majorité chez des privés mais logements peu adaptés aux besoins – trop chers, charges importantes, mauvais état, mal isolés – offre locative du logement social insuffisante (4 %) : nécessité d’une offre plus importante ; la demande pour le logement social est liée à l’état de l’offre locative dans le privé peu intéressante. o Inquiétudes sur la qualité de l’eau (eau potable, pollutions, talus et boisements, zones humides…) o Nécessité de garder un cadre de vie vert et arboré aussi dans le bourg o La circulation dans le bourg pose problème.

Des entretiens ont été effectués avec plus de 70 acteurs socio-économiques majeurs de la commune. Ils recoupent tout à fait les observations faites par les participants aux ateliers thématiques du PLU. Voici cependant dix renseignements supplémentaires qui revenaient de façon récurrente : o Une vie associative très riche et diverse, mais des associations en recherche de bénévoles et presque sans liens entre elles. o Des entreprises, artisans, commerçants, etc. impliqués pour leur territoire, lui véhiculant une image de marque, de qualité et de dynamisme o Une prise de conscience du besoin de coordination et d’équilibre entre les différentes activités du territoire, avec peut-être des synergies à trouver o Des inimitiés présentes entre les différents acteurs (souvent dans la même branche d’activité, qu’elle soit économique ou associative) qui peuvent être handicapantes pour des actions communes o Un sentiment dominant que les incivilités augmentent du fait de la perte du lien social auparavant présent dans le bourg o Une position géographique privilégiée (Brest/littoral) à utiliser o Un manque de cohésion, de stratégie et de vie intercommunale o Un manque de stratégie communale à long terme o Un centre-bourg à dynamiser, avec un espace Lapoutroie sous-utilisé o Des relations généralement bonnes avec la mairie, mais dont la communication pourrait être bien meilleure.

La gestion de l’espace communal et l’équilibre des activités sur son territoire apparait aujourd’hui comme un enjeu primordial pour tous.

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c) Des conflits d’usage possibles L’Agence de Développement et d’Urbanisme du PAys de Brest (ADEUPa) a synthétisé les conflits possibles d’usage du littoral sur le Pays dans un tableau des relations entre acteurs… qui peut également s’appliquer à Lannilis :

A Lannilis, les conflits possibles sur le littoral sont entre population, touristes, conchyliculteurs, et activités nautiques. Il existe également une relation directe entre conchyliculteurs, agriculteurs et industries, par l’impact des deux dernières activités sur la qualité de l’eau des abers (pollutions potentielles pour l’industrie, épandages pour l’agriculture). Certains ostréiculteurs aimeraient donc un audit de la commune débouchant sur des procédures claires de gestion des risques et des crises qui peuvent subvenir à tout moment (pollution accidentelle, incendie, erreur humaine…).

Sur la partie non littorale de la commune, des conflits peuvent également surgir entre industries et riverains (nuisances), entre agriculteurs et industries ou habitants à la recherche de terres urbanisables, et entre touristes (notamment randonneurs) et industries ou agriculteurs (qualité de la vue, odeurs des épandages…)…

La SAVEL est ainsi limitée dans son extension : pas de réserve foncière, enclavée entre 2 chapelles, les habitations, la vallée verte… « S’il y a du développement à faire, il ne se fera pas à Lannilis » faisait remarquer l’un de ses responsables. L’installation est en plus classée, elle a donc des normes et précautions à prendre très importantes. L’entreprise Tanguy se

66 retrouve pour sa part « coincée » dans l’enceinte même du bourg, et doit se déplacer. Cela pose beaucoup de questions dans la population (« que va devenir le terrain en centre-ville ? ») et chez les agriculteurs (« pourquoi prendre encore des terres cultivées pour l’industrie ? »)… Ce qui met en exergue un besoin de communication accrue sur toute décision prise. Ce manque de communication municipale (sur les projets ou actions, sur le territoire…) a été pointé par plusieurs des personnes interrogées, et les remarques de la population aux soirées « Café débats » soulignent à nouveau le problème. « On ne boit pas l'eau du robinet mais on s'interroge sur la qualité » y était une affirmation récurrente. Elle renvoie à de nombreuses inquiétudes quant aux pratiques agricoles en œuvre sur le territoire mais aussi quant aux pratiques de la collectivité et des particuliers. Ainsi, il était jugé nécessaire de mieux connaître et de renforcer le lien avec les agriculteurs pour travailler avec eux à la réduction des intrants. On retrouve des interrogations similaires sur la pollution des entreprises sur la commune : elles font aujourd'hui partie du paysage (à l'exception peut-être de Cargill, qui semble moins visible). Un lien affectif a même pu être noué avec certaines d'entre elles, car elles offrent de l'emploi, font appelle à la sous-traitance, ont des besoins de technicités fines ou d’artisans locaux… Cependant, la méconnaissance demeure là aussi et des questions subsistent sur leur impact environnemental et sur le territoire, la préoccupation des ressources locales. Quelle maîtrise des effluents de CARGILL par exemple ? Comment gérer la concurrence pour l'occupation de l'espace et la surface foncière ? Comment inciter ces grosses entreprises locales a intégrer les préoccupations du développement durable ? Comment mieux faire connaître ces entreprises par la population ? Le mode d'assainissement, collectif ou individuel et la capacité des stations d'épuration étaient aussi questionnés… domaines pourtant bien maitrisés par la collectivité ! L’on peut rajouter à ces différents acteurs les associations de défense de l’environnement, qui peuvent intervenir sur tout sujet qui les interpelle.

On peut ainsi distinguer 2 types de conflits possibles :

 Les conflits pour l’occupation : espace sur les abers conchyliculture/plaisance, SAU/urbanisation, terre agricole/espaces naturels…

 Les conflits à cause des conséquences de l’usage pour d’autres : « pollutions » visuelle, olfactive, biologique… (notamment sur les habitants, les randonneurs, etc.)

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De même, l’intensité du conflit peut être très variable, allant de la simple gêne (visuelle, de confort, ou autre), à la perte de chiffre d’affaire ou au coût supplémentaire… jusqu’à la remise en cause de l’activité d’un des acteurs… voire même jusqu’à la remise en cause de l’existence de l’un des acteurs ! Il convient donc également de hiérarchiser les réponses aux problèmes qui peuvent surgir, et de bien les prendre en compte dans toutes les décisions politiques pour la commune !

Pour cadrer l’usage des sols et l’harmoniser sur tout le territoire du Pays de Brest, le Document d’Orientation Générale du SCoT a prévu des zones à usage réservé à une activité : zones artisanales, commerciales, industrielles, agricoles, zones protégées… que l’on retrouvera dans le PLU. Ainsi, la mise en œuvre de la Loi Littoral au niveau du Pays prévoit des coupures d’urbanisation. A Lannilis, une coupure doit demeurer « entre le bourg et Paluden pour éviter la constitution d’un ensemble unique et un futur développement vers le rivage de l’Aber Wrac’h. »

De même, lors de la révision du PLU, une réunion s’est tenue avec les services de la Direction Départementale de l’Equipement et de l’Agriculture concernant l’application de la Loi Littoral sur la Commune : la définition des zones reconnues comme urbanisables par l’Etat est très stricte : la seule véritable zone constructible pour les années à venir est le Bourg. Même Paluden et Prat ar Coum, par exemple, sont considérés comme des hameaux. Il n’y a donc pas de possibilités de l’extension de l’urbanisation, mais ils peuvent être maintenus. Gorrequear Coum et Kerveur ne sont même pas considérés par l’Etat comme des

68 hameaux. Il n’y a donc aucune possibilité de nouvelle construction là-bas. De même, la ZI de Ménez Bras n’étant pas une agglomération, un village ou un hameau, les futurs projets compris dans le périmètre existant de la zone pourraient être contestés : pas d’extension possible… Des « continuités vertes et bleues » ont également été prévues dans le SCoT pour préserver des espaces naturels de qualité. Lannilis n’est touché par ce dispositif que dans sa

partie littorale. La future Vallée Verte aura en plus la même fonction, le long du bourg, le raccordant également aux sentiers de randonnée.

Cependant, les contraintes environnementales dues à la zone littorale de la commune sont fortes du fait des deux abers qui l’entourent. Ainsi, une bonne partie de la commune est considérée comme « espace proche du rivage », et est couverte par de nombreux dispositifs de protection : Loi Littoral, zone Natura 2000 (Pas délimitée précisément), Zone Spéciale de Conservation, Sites inscrits ou classés…

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d) L’aspect environnemental

Tous ces classements entrainent une certaine complexité administrative pour les dossiers concernant ces zones.

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La révision du PLU a été l’occasion de reporter par un zonage spécial sur les cartes communales (zonage Azh ou Nzh) le nouvel inventaire des zones humides réalisé par la CCPA et complété par la commune. Cet aspect est donc au point sur Lannilis à la fin 2011. De la même façon, le Conseil Général vient de revoir ses zones de préemption le long des abers considérés comme des zones naturelles remarquables, à protéger. Les priorités en terme d’acquisition de terrains se situent, pour l’Aber Wrac’h, entre Landéda et Paluden et pour l’Aber Benoît, entre Prat ar Coum et la route de Tréglonou. Pour intégrer cette étude dans le PLU, la commune de Lannilis a retenu les principes suivants:  quand la zone de préemption est inférieure à la limite des espaces remarquables de la Loi Littoral, la commune maintient la limite des espaces remarquables, sans réduction de leur emprise ;  quand la zone de préemption est plus étendue que la limite des espaces remarquables, la commune étend la limite des espaces remarquables.

Il existe également à Lannilis un Zonage de Protection du Patrimoine Architectural Urbain et Paysager (ZPPAUP) pour protéger les maisons bourgeoises du bourg et les constructions traditionnelles en zone rurale. Lannilis accueille des entreprises assez polluantes : Cargill a récemment augmenté ses rejets de matières organiques de 23% notamment en voulant diminuer ses rejets de matières en suspension de 25 % (ce qu’elle a réussi). L’entreprise fait partie des 5 plus gros producteurs bretons de rejets dans le milieu avec une évolution des volumes de rejets globalement à la hausse pour la plupart des polluants selon le SCoT du Pays de Brest. La SAVEL et Cargill sont soumises à déclaration annuelle de rejets de polluants dans l’eau, et dans l’air également (NOx) pour Cargill.

Il est difficile d’évaluer la pollution agricole : les exploitants sont soumis à des normes drastiques, que ce soit pour l’épandage, pour l’application des produits chimiques, ou leurs installations. Cependant, il n’y a pas beaucoup de moyens de contrôle… et si certains jouent le jeu à fond, il semble que certains ne le fassent pas vraiment.

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Lannilis semble être dans la moyenne en ce qui concerne la résorption des nitrates d’origine agricole, elle se rapproche des objectifs fixés par la « directive nitrates » de l’union européenne, mais elle n’est pas non plus dans les communes les plus avancées en ce domaine.

Une large part de la population estime que l’agriculture communale n’est pas adaptée au cadre de vie à cause de la pollution qu’elle génère. Elle leur semble trop intensive… Certains demandent l’implantation d’une ou de plusieurs unités plus petites, capables de faire de la vente directe, voir du bio. Mais le problème agricole est délicat, les frais engagés par les agriculteurs sont conséquents, leur situation économique est instable… et la mairie n’a pas beaucoup de moyens pour influer sur les installations. La solution n’est pas aisée à trouver.

L’activité conchylicole pollue très peu (« risques d'auto pollution très faibles à quasi nuls tant au niveau de l'assainissement que des hydrocarbures et autres produits, pas d'utilisation de pesticides, plastiques pas brûlés mais partant en déchetterie avec début de recyclage pour les poches, coquilles très souvent récupérées (pour l’agriculture etc.), bon environnement paysager de chantiers, pour la plupart très bien entretenus » mentionne le diagnostic conchylicole des bassins versants), mais est très dépendant de la pollution des autres sur les abers. Or l'eau des Abers n’est pas vraiment de bonne qualité : l’agriculture, l’industrie et les assainissements rejettent des bactéries malgré tous les efforts déployés, et les algues vertes prolifèrent, peut-être du fait de la pollution agricole par les nitrates ?… Il apparait en tout cas que l’eau des abers Wrac’h et Benoit est celle qui contient le plus de nitrates du Pays de Brest.

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Par contre, ces deux abers ne sont pas de ceux qui reçoivent le plus d’algues vertes. Il ne semble donc pas y avoir un lien direct entre les deux sur la commune.

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Il est à noter que l’apparition de Phytoplanctons toxiques, dont les raisons ne sont pas encore connues, cause aussi des fermetures des bassins à la récolte des coquillages. Les abers semblent de plus en plus touchés par ce phénomène.

La problématique de l’eau est donc très présente à Lannilis, d’autant plus au vu de l’importance économique (en termes d’emploi et d’image) de l’ostréiculture sur la commune. Mais cette problématique ne peut être traitée que conjointement avec les communes voisines, notamment au niveau des bassins versants.

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Les zones urbanisées ont également une part importante dans la pollution des abers (outre les assainissements défectueux), puisqu’elles facilitent le ruissellement des eaux de surface vers les vallées, entrainant les diverses bactéries et substances chimiques directement dans le milieu naturel. C’est aussi pourquoi le projet de Vallée Verte comprend des bassins de rétention des eaux pluviales. Une étude des talus et zones boisées de la commune a été réalisée dans le même but : la mairie entend favoriser le reboisement et la reconstruction ou le maintien des talus, dans une double optique de rétention des eaux pluviales et paysagère. A cela s’ajoute une dimension faunistique et floristique : Les talus permettent, en effet, les circulations d’espèces animales et végétales. Lors de l’élaboration du PLU, cette problématique a été abordée, avec de nombreuses questions encore sans réponse : faut-il préserver tous les talus, ou uniquement ceux qui présentent un intérêt hydraulique, paysager, historique… ?

Il a été décidé de réaliser l’inventaire puis « d’établir des priorités en fonction de la valeur hydraulique, paysagère… des talus ». Le travail sur la préservation du bocage devrait intégrer la dimension de continuité écologique… et concerne directement les agriculteurs, qui doivent donc être associés à la réflexion.

Le Bassin Versant a classé les zones à risque fort de pollution de l’eau en rouge, risque moyen en orange et faible en vert… Lannilis a des zones de vigilance, notamment au Sud, vers Tréglonou :

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Pour ce qui est des boisements, la commune en est très peu pourvue. Lors de travaux pour le PLU, les élus ont validé en réunion de travail interne un certain nombre d’orientations :  Bien identifier les zones boisées. Préserver les espaces boisés classés (quel devenir pour l’espace boisé de Kerlouis ?). Définir de nouveaux espaces boisés classés ?  Encourager le boisement sur certains secteurs de la Commune ; réintégrer l’arbre dans la ville notamment au niveau des parkings communaux (réflexion sur les essences pour faciliter l’entretien) et d’une manière plus générale sur les espaces publics : politique paysagère ;  A la campagne : veiller à la préservation des talus, voire encourager leur boisement, ainsi que la création d’autres talus  Maintenir l’écran végétal prévu entre la zone artisanale de Kerlouis et la RD13.

Le port de Paluden pourrait également réduire son impact sur l’eau de l’aber Wrac’h : l’AUPP rencontre aujourd’hui un souci pour le nettoyage des bateaux, et leur carénage. Il y a des installations très lourdes pour le carénage au port de l’aber Wrac’h, mais le nettoyage peut se faire à Paluden. Cela pose cependant des questions sur le plan environnemental (un bateau est nettoyé tous les 2-3 mois alors qu’il n’est même pas caréné tous les ans). L’investissement dans un système de traitement des eaux de nettoyage est trop important pour le budget de l’association, qui n’a d’ailleurs pas encore d’actions « développement durable » ni de

76 démarche environnementale. Elle attend d’un projet de territoire tel que l’Agenda 21 qu’il facilite la vie de l’association et l’utilisation des bateaux par les membres de l’association. Un équipement permettant de nettoyer les bateaux de façon plus respectueuse de l’environnement pourrait tout à fait rentrer dans ce cadre.

La question de l’énergie avait également été abordée lors de la révision du PLU… Mais la commune n’est pas très avancée dans ce domaine ! Elle commence à intégrer cette problématique pour les bâtiments publics (rénovation, construction, entretien…) un diagnostic énergétique des bâtiments communaux a ainsi été effectué. Les travaux d’entretien ou de rénovation de l’existant se font toujours dans le sens d’une diminution de la dépense énergétique (meilleure isolation, installation d’ampoules basse consommation, de détecteurs de présence, expérimentation de LEDs pour l’éclairage public...). Une réflexion plus globale sur la rénovation ou le remplacement des bâtiments est en cours… mais elle pourrait être étendue à l’ensemble du parc immobilier présent sur la commune, avec l’encouragement de la prise en compte de cette même problématique pour les particuliers, une réflexion sur les panneaux solaires, les panneaux photovoltaïques, la méthanisation, ou d’autres sources d’énergie à l’échelle communale voire intercommunale. Ainsi, certaines des personnes rencontrées lors de la réalisation de ce diagnostic proposaient de réfléchir sur des sources d’énergie tenant compte des spécificités de la commune : hydroliennes dans les abers, énergie solaire avec une zone de panneaux photovoltaïques autour du captage de Lanveur, pourquoi pas en visant l’autonomie énergétique ?

D’autres proposaient « l’herbe à éléphants », ou « Miscanthus géant », qui pousse très rapidement, peut servir de combustible (en granulés) ou de biocarburant, voire même pour des usines électriques. L’ « herbe » (3m de haut) s’accommode à tous les sols (même ceux pollués par des métaux lourds), à tous les climats, est non invasive, vit 15 ans. Cela pourrait également être produit sur le site de Lanveur par exemple. Avec une récolte au printemps, 70 tonnes chauffent 1 magasin, 3 maisons, 1 école, 1 cinéma. 1 ha cultivé (15-25 tonnes) = 7 500 L de fuel en énergie et se vend 200 à 250 € la tonne. Cependant, il faudrait alors travailler sur toute la filière de production et d’utilisation de ces « Miscanthus ».

L’un des comptes-rendus des travaux pour le PLU mentionnait : « La Commune peut, voire doit, engager une réflexion pour réduire les consommations d’énergie. Des leviers simples existent : définir des règles pour l’implantation des

77 constructions, proposer des formes urbaines plus compactes et plus denses, mettre en place une politique de déplacements doux, etc. La Commune peut également se lancer dans des projets plus ambitieux : éco-lotissement, éco-quartier, rénovation d’équipements publics ou de logements labellisés HQE… L’enjeu n’est pas de faire de la concurrence aux aménageurs privés, mais bien de proposer une autre offre que celle qu’ils proposent, en termes de coût, de qualité… »

Si la réflexion sur les cheminements doux a progressé, de même que la réduction des consommations d’énergie, les « projets plus ambitieux » et même l’utilisation des « leviers simples » mentionnés ne sont pas encore à l’ordre du jour… ils pourront l’être à l’occasion de la mise en place de l’Agenda 21 communal.

Pour le moment, la commune est très peu performante en ce qui concerne l’utilisation d’énergies renouvelables :

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La comparaison avec l’EPCI, le pays de Brest ou encore le département n’est pas flatteuse… nul doute qu’un effort pourrait-être réalisé en ce sens. Peut-être même cela pourrait-il être l’occasion de partenariats avec les acteurs économiques locaux, et de les sensibiliser également à cette problématique.

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Tableau des atouts et faiblesses des usages du territoire communal

Atouts Faiblesses

Un SCoT défavorable à Lannilis au profit de Peu de dépendance à Brest Plabennec

Un sentiment « d’équilibre » des fonctions du Un certain nombre d’équipements vieillissants territoire partagé par tous

De plus en plus de pression foncière: équilibre Artificialisation modérée du territoire menacé

Très peu de critères environnementaux dans les Un parc de logements sociaux abondant constructions

Beaucoup de « dents creuses » disponibles à De nombreuses inimitiés et des conflits d’usage l’urbanisation sur le territoire

Une vraie richesse environnementale Des contraintes environnementales très fortes

Une problématique de l’eau et de l’agriculture

en souffrance

Très peu de boisements et d’énergies

renouvelables.

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5. Economie

a) Lannilis dans le Pays de Brest et la CCPA Comme l’a montré l’étude géographique et historique de la commune, la position de carrefour de Lannilis lui a toujours donné un rôle important à jouer dans le maillage économique du nord-Finistère et du Léon. On lui retrouve encore aujourd’hui une importance similaire au sein de la Communauté de Communes du Pays des Abers… et même également (mais de façon moindre) pour le Pays de Brest.

Ainsi, le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) du Pays fait de Lannilis un « pôle d’équilibre structurant à consolider », c'est-à-dire qu’il répond « aux besoins habituels d’une population de l’ordre de 15 000 habitants tant pour les services marchands courants que les services de santé, éducatifs (collèges) et commerciaux ». C’est le cas de son centre-ville (qualifié « d’hypercentre » par le SCoT) et de la zone économique de Kerlouis (qualifiée « d’espace à rayonnement communautaire »). La zone de Menez Bras est pour sa part qualifiée de « pôle de proximité ».

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Au sein de la CCPA, Lannilis a une position assez particulière puisque malgré un nombre d’habitants inférieur à Plabennec, elle a une vitalité économique équivalente.

Le SCoT du pays de Brest considère que la zone urbaine de Lannilis a une fonction de « Pôle d’équilibre » quand Plabennec est classé « Pôle structurant à vocation urbaine »… Lannilis n’a donc pas une vocation urbaine selon ce schéma de cohérence territoriale.

Avec deux pôles commerciaux « de semi-proximité », comme Plouguerneau, la commune semble moins attractive que Plabennec, qui est considérée comme ayant deux pôles commerciaux structurants. Cependant, on constate lors des entretiens avec la population que les habitants de Lannilis ne se déplacent pas vers Plabennec pour effectuer les achats qu’ils ne peuvent faire sur leur commune : ils se rendent directement à « Brest » (incluant Guipavas et Gouesnou), voire Lesneven. Cela ne facilite pas les relations entre les communes de la CCPA, et n’entraine pas beaucoup d’objectifs et de problématiques économiques communes. D’autant plus que Plabennec est bien plus proche de la « métropole brestoise » que Lannilis. Il y a là un certain paradoxe, puisque les trois communes les plus importantes de la communauté se considèrent comme économiquement rivales (ce qui peut être vrai pour Plouguerneau et 82

Lannilis, mais peu pour Plabennec)… alors que la compétence économique est communautaire ! Certains entrepreneurs et commerçants font d’ailleurs remarquer le manque de stratégie économique intercommunale, son manque « d’agressivité » pour attirer de nouvelles entreprises… Surtout dans un contexte de grande concurrence avec d’autres EPCI alentour !

source : ADEUPa

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Par contre, l’espace économique de Lannilis, grâce à ses sièges sociaux d’entreprises importantes, reconnues au niveau régional (ainsi que national voire international) et grâce au nombre d’emplois conséquent qui sont liés, est qualifié « d’espace à rayonnement communautaire ». Plouguerneau et même Plabennec (dans une moindre mesure car la ZI de Penhoat, sur la commune de Plabennec mais limitrophe de Gouesnou), est considérée « à rayonnement communautaire »…) ne sont considérés pour leur part que comme des « espaces de proximité », comme , Bourg Blanc ou encore . Il est à noter que l’espace « à rayonnement communautaire » comporte également pour le SCoT la notion d’investissements communautaires, c'est-à-dire d’hôtels ou de pépinières d’entreprises… ce qui n’est pas encore le cas à Lannilis. L’une des personnes interrogées proposait de créer une telle structure en s’appuyant davantage sur l’identité bretonne de la commune, et en essayant de trouver des synergies en Cornouaille anglaise ou au Pays de Galles.

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b) L’emploi La commune de Lannilis est donc remarquable au niveau de la Communauté de Communes du pays des Abers par le niveau de ses services, mais également par le nombre d’emplois qu’elle offre, et le nombre d’entreprises importantes dont elle accueille le siège social : Tanguy matériaux (150 à 200 emplois), les constructeurs de maisons Trécobat (une soixantaine d’emplois) ou encore les abattoirs de volailles Savel (environ 80 emplois)… l’unité de production du groupe américain Cargill emploie également de 60 à 80 personnes (selon la saison) sur Lannilis.

Le taux d’emploi du Pays des abers est bon par rapport aux taux du Finistère, ou du Pays de Brest : sa population active totale est de 16 872 actifs dont 93,1% ont un emploi, contre 91,6% pour le Finistère, et 90,0% pour le Pays de Brest. Mais la communauté de communes ne dispose que de 9 264 emplois sur son territoire… ce qui induit donc beaucoup de migrations pendulaires ! La situation semble pourtant aller en s’améliorant, puisque le nombre d’emplois offerts sur la CCPA a augmenté de 14,8 % de 1999 à 2006 (1 200 emplois supplémentaires). A titre de comparaison, sur la même période, le nombre d’emplois augmentait de 10,8 % en France, de 9,3 % sur le Pays de Brest, 7,9 % à BMO… et 3,9 % au pays de Lesneven Côte des légendes

Lannilis participe activement au dynamisme économique puisqu’elle est le second pôle employeur de la CCPA avec 1 851 emplois en 2006 et 1 927 emplois en 2007… pour 2 041 actifs (!) selon l’INSEE. Cela représente donc un indicateur de concentration d’emplois de 94,4, ce qui est assez bon. (À titre de comparaison, le même indicateur est de 50,6 à Plouguerneau, 69,9 à Ploudalmézeau, 86,5 à Plabennec, 116 à (Finistère) Lesneven, 146 à Brest). Cependant, 66 % des actifs lannilisiens travaillent à l’extérieur de la commune… ce qui signifie donc que plus de 1 100 emplois sur la commune de Lannilis sont occupés par des personnes venues de l’extérieur. Cela confirme une fois de plus le statut de véritable « carrefour des abers » de la commune, et son importance dans l’économie locale.

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Nombre d’emplois par commune (CCPA, 2006) : Loc-Brévalaire 16 Tréglonou 44 Coat-Méal 119 Saint-Pabu 192 Le Drennec 284 313 Kersaint-Plabennec 318 Landéda 538 Plouvien 814 Bourg-Blanc 866 Plouguerneau 1 246 Lannilis 1 851 Plabennec 2 662

TOTAL 9 264

Elle est d’ailleurs la commune qui a créé le plus d’emplois dans les 5 principaux secteurs ces dernières années (plus de 250).

L’EMPLOI : 5 secteurs d’activités créateurs d’emploi (dans lesquels plus de 100 emplois ont été créés)

•Éducation, santé, action sociale : + 370 emplois Lannilis (130), Plouguerneau (70), Plabennec (50)… •Industrie : + 228 emplois (agroalimentaire, biens intermédiaires et d’équipement) Plabennec (125), Plouguerneau (80) •Commerce : +203 emplois Lannilis (70), Plabennec (60), Bourg-Blanc (40)… •Administration : +156 emplois Plabennec (60), Bourg-Blanc (40) •Services aux entreprises : + 131 emplois Bourg-Blanc (60), Lannilis (50) Source : INSEE, 2006

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Total des créations d’emplois dans la CCPA :

La structure des emplois offerts dans la communauté de communes, et encore plus à Lannilis, est assez particulière : l’agriculture et la construction y ont une grande part, alors que l’industrie et surtout les services n’y sont pas très représentés par rapport aux autres EPCI du pays de Brest (le poids du tertiaire y est de 62%, contre 83% pour le Finistère et de 78% pour le pays de Brest !) Cela montre bien que Lannilis est encore très agricole, et bénéficie de la proximité de Brest pour les services et tout le tertiaire en général. Cependant, ce sont également les secteurs qui ont connu la plus forte croissance du nombre d’emplois proposés à Lannilis ces dernières années… Si on rapporte cela à la baisse constante du nombre d’agriculteurs sur la commune, la situation semble donc en passe de s’inverser, et ce particularisme lannilisien est en train de disparaitre.

Territoire = Lannilis, Zone de comparaison = Bretagne.

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c) Le commerce à Lannilis « Le réaménagement du centre-ville l’a rendu harmonieux, a montré où est le cœur de la ville, un vrai cœur, central. Un certain nombre de personnes veulent une maison « près du centre » pour pouvoir tout faire à pieds. Il faut donc garder cette densité de commerces au centre, au même endroit, c’est très important. » C’est ainsi que le notaire de Lannilis résumait la situation commerciale du centre lannilisien. Ce sentiment est en effet partagé par l’ensemble des personnes rencontrées à l’occasion de ce diagnostic. Il faut remarquer que Lannilis est particulièrement bien pourvue en commerces, dont certains ont acquis une renommée régionale, voire nationale et internationale (que ce soit la Maison du Boulanger, l’Auberge des Abers, Prat ar Coum, etc.). Ces « tête de pont » participent à faire connaitre la commune, et lui donnent une image de marque, de qualité. Il faudrait en attirer d’autres, de ceux qui font venir les clients de loin rien que pour eux : ceux qu’on appelle les « commerces de destination ». Leur impact se ressent sur les autres commerces de la commune. Mais c’est aussi tout son dynamisme commercial qui est également remarquable. Cela tient aussi du particularisme des grandes entreprises locales : « la priorité absolue d’un point de vue économique et écologique, c’est de garder Tanguy sur la commune. Il amène beaucoup de gens dans les restaurants locaux le midi, il crée beaucoup d’emplois ; fait travailler les artisans… et combien de personnes viennent au travail en vélo, alors qu’ils prendront leur voiture si l’entreprise déménage ? » avant d’ajouter : « L’écologie viendra par l’économie : il faut qu’elle soit rentable, et tout le monde y viendra ».

Ce dynamisme du bourg a un impact direct sur la vitalité démographique de la commune. Ainsi, le notaire faisait remarquer que les gens qui viennent le voir ne veulent surtout pas habiter à Bourg-Blanc ou Ploudalmézeau, considérés comme « morts » : ils veulent Lannilis. Plabennec est également assez vivant, comme Lannilis, mais n’a pas autant de commerces de qualité. Par exemple, il n’y a pas de charcutier… alors celui de Lannilis y va avec un camion, régulièrement. Les commerçants faisaient également remarquer que l’augmentation de la population et le changement des habitudes de consommation ont fait évoluer la situation : les gens étaient plus sédentaires et plus fidèles à leur commerce dans le passé, ce qui rendait la situation du commerçant plus stable, moins aléatoire.

L’étude pour le Fonds d'Investissement dans les Services, l'Artisanat et le Commerce (FISAC) de 2005 montrait une offre commerciale assez complète sur la commune : 75

91 commerces à Lannilis dont 55 au centre-bourg ; avec deux zones commerciales distinctes : le centre-bourg et sa pénétrante Est-Ouest, et Zone de Kerlouis. L’offre était jugée qualitativement bonne (avec une moyenne de 13,25 /20, contre 12,79 à Plabennec, 12,70 à Saint Renan, 12,25 à Plouguerneau ou encore 11,60 à Ploudalmézeau), mais avec une attractivité contrastée suivant l’enseigne. Les offres alimentaire, d’équipement de la personne et de santé étaient les trois moteurs commerciaux, tandis que l’offre de loisirs semblait réellement « à la traine ».

Offre au centre-bourg : (CHR= Cafés/Hôtels/Restaurants)

Aujourd’hui, la commune compte sur tout son territoire 35 artisans (maçons, plâtriers, peintres, menuisiers, charpentiers, serruriers, plombiers, couvreurs, chauffagistes électriciens, entreprises générales du bâtiment…), 35 établissements de service à la personne (coiffeurs, vétérinaires, restauration avec service à la table, agences immobilières, blanchisserie- teintureries, soins de beauté…), 4 grandes surfaces, 20 commerces, 52 établissements de santé, etc. (Cf. Annexe)… la commune est donc bien servie, même si l’offre de loisirs reste assez faible et que la poissonnerie a disparu. Les élus faisaient également remarquer lors de la révision du PLU qu’un manque se fait sentir en magasins de vêtements et de meubles. Au contraire, l’augmentation du nombre de professions de santé était notée, même si l’offre de services à caractère social mériterait d’être augmentée (ce qui sera peut-être le cas avec la réalisation prochaine du « pôle social ».)

La zone de chalandise se confond avec celle de Plouguerneau, mais est assez restreinte : elle ne comprend que Lannilis, Plouguerneau, Landéda et Tréglonou (en fait elle 92 s’étend un peu plus loin sur les communes périphériques). Cela en fait une zone très dense en commerce, puisqu’elle concentre 44% des commerces de la communauté de communes. Il est intéressant de noter que les deux communes de Lannilis et de Plouguerneau développaient à l’époque de l’étude FISAC une offre complémentaire, avec peu de duplication d’activités. Ainsi, on retrouvait une offre « bricolage » et « jardinage » à Lannilis, quand Plouguerneau développait plutôt une offre de textile et d’électroménager. Pourtant, ce constat est en train de devenir dépassé, avec par exemple l’ouverture du « Bricomarché » à Plouguerneau. Cela ne dépend pas beaucoup de la volonté des communes, mais bien plutôt de la CDAC (commission départementale d’aménagement commercial), qui autorise ou non l’implantation de nouveaux commerces, et de la communauté de communes, qui a la compétence économique. Et encore : la libre concurrence empêche d’interdire l’ouverture d’un commerce sous prétexte qu’il y en ait déjà un. Il n’en demeure pas moins que voir les deux communes se positionner de plus en plus de façon concurrentielle et non plus en terme de complémentarité ne peut qu’inquiéter, notamment si l’on considère la taille, somme tout restreinte, de la zone de chalandise (à laquelle s’ajoute la déperdition de clients qui font leurs achats sur leur lieux de travail, qui n’est pas forcément compensée par les personnes extérieures travaillant sur la commune).

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Zone de chalandise des pôles commerciaux de semi-proximité.

Zone de chalandise des pôles commerciaux structurants

Source : SCoT du Pays de Brest

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La zone de chalandise de Lannilis comprend donc 7 communes dont Plabennec quand celle de Plabennec en comprend 9, dont seulement la moitié de la CCPA (elle ne comprend pas Lannilis, ni Plouguerneau, Tréglonou, Landéda, Saint-Pabu, Plouguin)… La justification de la différence entre « pôle commercial structurant » et « pôle commercial de semi-proximité » n’apparait donc pas évidente. Ce qui ressort clairement en revanche, c’est que Saint-Pabu et Plouguin ne sont pas du tout tournés vers la CCPA puisqu’ils ne font partie d’aucune de ces 2 zones de chalandises. On peut alors s’interroger sur la réelle cohérence du périmètre de la communauté de communes, qui semble regrouper des communes de 3 bassins de vie différents.

De manière plus générale, 76 % des dépenses alimentaires des habitants de la CCPA se font sur la communauté de communes. Le quart restant est majoritairement effectué dans la zone de Brest à l’occasion de trajets domicile-travail. Cela, mis en relation avec l’augmentation constante de la part d’habitants travaillant hors de leur commune, fait naitre une inquiétude quant à l’avenir de ces commerces à Lannilis : il faut être vigilant sur ce point. On retrouve ce phénomène dans les dépenses de jardinage : seulement 34% sont effectuées sur place (dont 21% à Lannilis)… contre 43% dans la zone brestoise ! Les chiffres sont encore plus frappants dans le domaine de l’équipement de la personne (21% sur la CCPA, dont 12% à Lannilis, contre 56% sur Brest), et de l’équipement de la maison (63% des achats de ce secteur sont faits sur le pôle brestois en 2005… avant donc la venue d’Ikéa !). A noter que les ouvriers et employés sont beaucoup plus enclins à consommer sur Brest (les chiffres approchent voire dépassent les 90 %) ; de même que la population de moins de 40 ans et les nouveaux arrivants (habitant la communauté de communes depuis moins de 10 ans).

Quelques cartes tirées de l’étude FISAC présentent de façon synthétique ces phénomènes de fuite de clients :

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Les principaux éléments positifs mis en avant par la population de Lannilis interrogée lors de cette étude pour le FISAC étaient la proximité des commerces du centre-bourg, et le fait que c’est un lieu de rencontres. Cela souligne l’importance d’un centre-bourg accueillant et commercial. Les trois handicaps principaux qui en ressortaient étaient le manque de mise en valeur des commerces, leur manque de dynamisme et d’animation, ainsi que la difficulté pour circuler à pieds dans le centre-ville (trop de voitures, trottoirs trop étroits…). Ces éléments se retrouvent aujourd’hui, même si le marché est parfois dynamisé par des événements… La disparition de l’association des commerçants est un frein très fort à des animations propres à faire venir les clients, mais il semble impossible qu’elle revoie le jour à court terme. Une association des commerçants à l’échelle du pays des abers côte des légendes avait pourtant aussi failli voir le jour… mais cela n’a pas plu à tous les commerçants de la zone, et l’idée a été abandonnée. Or il est indispensable aujourd’hui de se regrouper pour du lobbying, de la publicité groupée, etc. et il y a une vraie attente de la population envers eux pour l’animation commune du centre-bourg (et ça concurrencerait les grandes surfaces). Autre exemple : le reproche le plus grand qui est fait aux commerçants est le prix de leurs produits… or ils ne sont pas forcément plus chers que les grandes surfaces dans leurs entrées de gamme. « Il y a donc sans doute un problème de communication (dû à un manque de moyens). Le BIM peut être un bon moyen, il faudrait retravailler cela »… ce qui se fait plus facilement à plusieurs ! Pourtant, « Actuellement, un fossé semble se creuser entre les professionnels du commerce », affirmait un commerçant lannilisien rencontré pour un entretien...

La rénovation du centre bourg est actuellement généralement perçue comme réussie et bien faite par les personnes interrogées. Il demeure cependant un problème de circulation et de places de parking, au moins dans le ressenti de la population (puisque le nombre de places de parking est largement suffisant mais elles sont en périphérie du centre-bourg).

Toute modification de la configuration du centre risque pourtant de rencontrer de vives oppositions, car les avis sont très divergents même au sein des commerçants, entre ceux qui voudraient un centre-ville piéton, ou à sens unique, ou à double sens,… de même, la rénovation de l’espace Lapoutroie apparait comme une bonne chose. Il peut en effet participer à la redynamisation du centre, s’il parvient à devenir lieu de vie (il faut pour cela y implanter un lieu d’activité attirant du monde en permanence : terrasse de café, bibliothèque, jeux pour enfant… ?). Il apparait clairement que la place de la voiture en centre-ville est à réétudier. Les nouveaux habitants le font tous remarquer, quand les anciens sont dans une position plutôt

99 opposée, pointant du doigt le manque d’adaptation du centre aux voitures… Cette dernière affirmation parait logique au vu de l’ancienneté des routes du centre-ville… créées au 19ème siècle !

Les demandes et attentes les plus récurrentes de la population sont une salle multifonctions, une piscine et un cinéma. Il est vrai que de tels équipements participent au dynamisme d’un centre-ville et à son rayonnement/attractivité.

L’étude pour le FISAC donnait trois axes à travailler pour le commerce en centre-ville :  Favoriser la fréquentation des commerces pendant les travaux (réfection de la place centrale)  Optimiser l’image du centre-bourg  Fidéliser et conquérir la clientèle de la zone de chalandise. Les deux derniers points sont toujours d’actualité… il faudrait sans doute y ajouter la relation centre/Kerlouis et la problématique des déplacements. Les commerçants du centre de Lannilis ont en effet une grande crainte de voir la zone de Kerlouis s’agrandir et accueillir de nouveaux commerces. Les quelques déménagements du centre vers Kerlouis (pompes funèbres, vétérinaire, institut de beauté, peut-être implantation d’un restaurant ?) semblent conforter ces craintes. Le SCoT du Pays de Brest ne prévoit pourtant dans cette zone que des industries, des artisans, et des commerces de gros. Les quelques emplacements de commerces qui restent vides suscitent également des inquiétudes… plusieurs craignant même que les vitrines laissent place à des logements. Ces deux problèmes (rivalité centre/Kerlouis et préservation du dynamisme commercial du centre) avaient déjà été pointés lors de la révision du PLU, une préemption municipale sur les fonds de commerce du centre-bourg avait même été évoquée. Il semble donc qu’une clarification de la situation et la mise en place d’une stratégie bien définie pour chaque zone soient aujourd’hui indispensables… Surtout avec l’agrandissement prévu de la zone de Kerlouis pour accueillir l’entreprise Tanguy et la future plateforme multimodale. Les commerçants veulent aussi qu’on n’aille pas vers des grandes surfaces de 5 ou 7 000 m2.comme à Ploudalmézeau ou Plouguerneau. « Elles n’ont aucun intérêt sur le plan commercial, social, humain… » et signifieraient la mort du centre-ville dynamique. Les artisans n’ont pas réellement de besoins ni d’attente vers la mairie… sauf peut-être justement agrandir la zone de Kerlouis. Ce qui les arrête cependant, c’est le prix du m2 de terrain. Or on s’aperçoit que la zone est pleine… mais on n’y trouve que 2 ou 3 artisans sur les 20 ou 30 que compte la commune ! Il emble y avoir une bonne cohésion entre les artisans

100 de la commune, qui ne se concurrencent pas vraiment. Ils ont monté il y a 3 ans un salon de l’artisanat au centre-ville, avec l’aide de la mairie et de la CCPA. Cette initiative avait très bien fonctionné et ils souhaitent la réitérer, mais ils se heurtent à un problème : les relations difficiles entre certains commerçants. Pour y remédier, ils ont actuellement la volonté de créer une association et de refaire un salon, mais il faut pour cela un noyau prêt à le faire et tout relancer, pour mettre en avant le savoir-faire local. Peut-être l’Agenda 21 communal pourrait- il les aider dans cette tâche ?

Certains commerçants estiment que les élus viennent peu souvent dans leur établissement, ce qui rend aussi nécessaire une concertation plus grande entre commerçants et mairie. Cependant, ceux des artisans ou commerçants qui ont pu travailler pour la mairie (repas, réponse à des marchés publics, etc.) sont très satisfaits, et se sentent reconnus dans leurs compétences au niveau local. Tous ou presque ont envie de renouveler l’opération. Il y a par contre divergence d’appréciation de l’impact d’événements tels que le « Tro Bro Léon » ou la foire aux moules… Certains n’y voyant qu’une perte de chiffre d’affaires en pleine période de ventes, quand d’autres estiment que c’est un coup de projecteur sur le dynamisme de la commune.

Dernier élément non négligeable dans la vie économique communale : beaucoup des artisans, commerçants et entrepreneurs locaux participent à la vie locale par le sponsoring d’associations. Cela permet donc de réinjecter localement une partie des gains de ces établissements. La révision du Plan Local d’Urbanisme, qui sera adopté début 2012, a été l’occasion d’un premier bilan sur le tissu économique local, et de dégager des orientations pour la commune :

LE TISSU ECONOMIQUE

Choix validés par les élus en réunion de travail interne  Pérenniser les entreprises existantes (Tanguy, Trécobat, Cargill…) et assurer leur développement, notamment dans le cadre de mises aux normes.  Renforcer les zones industrielles et artisanales déjà existantes (Mesmerc’hou, Croas An Drep…) pour éviter de disséminer les entreprises sur tout le territoire. Séparer les zones dédiées à l’habitat des zones d’activités, en prévoir une nouvelle (pour le déplacement de Tanguy, locomotive pour d’autres entreprises).  Développement des activités autour de 2 grandes entreprises : Trécobat, Tanguy.  Proposer du soutien aux entreprises (formations, conseils techniques, informations (CCI…).  Création de pépinière d’entreprises / ateliers relais : compétence CCPA.  Maintien, voire augmentation, des commerces et des services de proximité en centre bourg. Favoriser les implantations : non remplacement des commerces par des logements et à l’inverse transformation de logements en rez-de-chaussée en commerces

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 Favoriser le développement de certains services (médico-social, spécialistes ? hôtellerie ? autre type d’hébergement ?…) et de certains types de commerces (habillement ?) manquants ou peu développés sur la Commune. Nécessité d’identifier les besoins. Il y a sur la Commune un potentiel économique mais services à développer  Eviter la dispersion de petites zones commerciales.

Une question essentielle se posait aux élus : Quel futur envisager pour la vie économique de la commune ? Maintien et renforcement des activités existantes, développement de certaines « branches », ou création de nouveaux espaces destinés à l’accueil d’entreprises… ? L’entreprise SAVEL verrait d’un bon œil la création d’un pôle d’entreprises agro- alimentaires, quand Cargill proposait de mutualiser les besoins en maintenance pour faire s’installer une entreprise dans ce domaine (actuellement, ils font appel à des entreprises de Brest). Autant de sujets qu’ils apprécieraient de discuter avec la mairie lors d’une rencontre annuelle (mais pas plus fréquentes, les responsables d’établissement n’ayant déjà, pour la majorité d’entre eux, pas le temps de s’investir dans des clubs d’entrepreneurs et autres clusters.)

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d) Le Tourisme

L’une des causes du dynamisme commercial du bourg de Lannilis est le tourisme. En effet, si Lannilis n’est pas une commune touristique à proprement parler (elle n’a pas la mer ni de site attirant particulièrement les visiteurs ; elle offre donc relativement peu d’hébergements), sa situation géographique en fait un lieu de passage quasiment obligatoire pour ceux qui se rendent à Plouguerneau, Landéda et dans les autres communes du Nord Finistère, communes très touristiques pour leur part (port de l’Aber Wrac’h, phare de l’Île Vierge, village de Meneham…). Le centre-bourg de Lannilis présentant un réel intérêt (église, maisons bourgeoises de caractère, commerces réputés, marché dynamique…), et offrant un très bon niveau de services, de nombreux touristes s’arrêtent pour y consommer. Souvent négligée voire dévalorisée par la population et parfois même certains élus, l’activité touristique peut donc avoir un impact assez fort sur l’économie de la commune. Elle permet en plus d’injecter dans le circuit économique local de l’argent venant de l’extérieur, qui peut donc être réinvesti ou redépensé localement par les commerçants qui l’ont gagné… ce qui a donc un effet multiplicateur (théorie économique dite « de la base ») qui peut compenser en partie les achats que les habitants de Lannilis vont faire à l’extérieur.

La comparaison de l’impact du tourisme dans les trois communes de Plouguerneau, Landéda et Lannilis permet de se rendre compte du potentiel exploitable mais non valorisé à Lannilis. Sur le plan de l’intérêt touristique pur, la commune n’a pas des atouts suffisants pour attirer à elle seule les touristes. Elle doit donc faire partie d’un réseau, et être un point de passage intéressant pour eux. De plus, ses nombreux manoirs sont privés et non visitables (sauf celui de Kerouartz), ce qui est un réel handicap. Le patrimoine est pourtant assez riche pour intéresser une partie des visiteurs (ceux qui ne viennent pas uniquement pour la plage…). L’association locale « Sauvegarde du patrimoine » a justement pour but de retrouver et mettre en valeur ces éléments historiques dont regorge la commune, mais qui sont parfois totalement oubliés ou inconnus. Parmi ces éléments patrimoniaux, citons donc les manoirs de Kerbabu, de la Motte, du Bergot avec la chapelle St Yves, le château de Kerouartz et sa chapelle ; le site Notre Dame de Troubirou avec sa fontaine, sa table d’autel ; la chapelle Saint Sébastien ; le pont Krac’h (ou pont du diable), l’église et son orgue classé, des moulins, calvaires, fontaines et lavoirs en grand nombre (plus d’une vingtaine de chaque), et beaucoup de tumulus, dépôts et sites datant de l’âge du bronze, non valorisés…

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Pour exister sur le plan touristique, elle fait de l’animation de marchés, est dans un réseau de chapelles (avec des expositions thématiques, ou un concert d’orgues à l’église pendant le marché l’été par exemple), ou propose des « coups de cœur » gastronomiques… et il est vrai que c’est par ces mises en réseau que la commune pourra finir par fidéliser le visiteur, le faire rester quelques temps sur place pour qu’il ait le temps d’y consommer. Cela peut passer par des boucles de randonnées sur la commune, projet bien avancé, qu’il faut relier à d’autres circuits plus touristiques. Si les boucles locales sont bien entretenues, mettent en valeur le patrimoine local, ont un angle d’approche intéressant, voire une thématique, et passent par le centre (peut-être via la Vallée Verte)… il peut y avoir par là une réelle possibilité de développement. D’autant plus qu’en lien avec l’office du tourisme, la CCPA, et indirectement l’agence de développement des abers, la mairie s’implique dans des projets de labellisation « tourisme et handicap » de certains sites. Cela entre également dans l’optique d’une démarche de Développement Durable. L’offre d’hébergement est aussi un moyen direct de dynamisation de l’économie locale, puisque la nuitée a un tarif en elle-même, et qu’un touriste consomme sur place à partir du moment où il reste plus d’une journée au même endroit. Un tourisme de passage (en moins d’une journée) n’a pas du tout le même impact. Dans ce domaine, le contraste entre Lannilis et ses voisines réellement littorales est frappant :

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Commune Lannilis Landéda Plouguerneau  6 maisons proposent 14  5 maisons pour 14  11 maisons pour 29 chambres d’hôtes, 33 chambres d’hôtes et 32 chambres et 63 places places maximum places  10 gites, 48 places  36 gites pour 186 places  61 gites pour 307 maximum maximum places

 1 hôtel, 20 places  3 hôtels, 110 places  1 hôtel, 47 places maximum maximum Hébergements (informations  1 Bar  2 bars  3 bars tirées du site de l’office du  0 camping  3 campings, 300  3 campings pour 200 tourisme) emplacements environ places  0 centre d’hébergement  2 centres d’hébergement  2 centres collectif collectif, 170 places d’hébergement environ collectif, 70 places  2 aires pour camping-  2 aires aux campings  1 aire payante + 3 cars gratuites aires aux campings

 8 restaurants  11 restaurants  9 restaurants

TOTAL : un peu plus de 100 798 places 687 places places Bien sûr, pour augmenter les capacités d’hébergement, encore faut-il avoir une demande suffisante ! Selon les travaux pour le PLU, de récentes études économiques montrent peu de viabilité pour des installations. Les élus estimaient d’ailleurs que l’offre réelle est encore plus importante que celle qui est généralement mesurée, et qu’elle correspond à la demande. Ils n’en faisaient donc pas un enjeu majeur. Un commerçant de Lannilis en donnait une explication : « Lannilis est dans une zone touristique et les commerçants en voient l’impact (certains voient leur chiffre d’affaires doubler en aout). Mais c’est un tourisme familial (une famille qui vient dans sa famille), et il faudrait trouver le moyen de développer ce tourisme, trouver des circuits, réussir à les faire consommer sur place… » analysait-il, de façon pertinente. En effet, il faut trouver de nouveaux moyens pour augmenter l’impact du tourisme, qui ne progresse plus depuis 2005 selon le responsable de l’une des grandes surfaces Lannilisienne : « Jusqu’alors, la fréquentation augmentait d’une année sur l’autre en juillet-aout, ce qui ne se produit plus, alors qu’elle continue à croître l’hiver. » Les entretiens, notamment avec les entrepreneurs locaux, révèlent cependant une attente (et un manque) d’hôtellerie-restauration de bon standing, ainsi qu’une demande de camping. Peut-être faudrait-il envisager un petit hôtel (ou autre) de qualité, ou orienter l’offre en fonction de stratégies bien définies : relais pour randonneurs, camping ludique ou à thème,

105 tourisme durable… Le Chiffre d’affaire du tourisme n’est en effet pas à négliger ! Et il est dix fois moindre à Lannilis que dans les deux communes voisines…

Source : diagnostic des conchyliculteurs des abers.

Sur le plan touristique, il reste donc un grand potentiel non encore totalement exploité. Une stratégie serait à mettre en place si la volonté politique était d’utiliser ce levier de développement. Des possibilités existent, en partenariat avec la communauté de communes qui a la compétence tourisme, avec les communes alentour, avec l’office du tourisme, avec les associations locales et les professionnels du tourisme. Cela toucherait à la fois les transports, le commerce, la qualité environnementale, et l’offre de loisirs. Les tensions possibles, à prévenir, sont avec les agriculteurs, les industries, et peut-être certains commerçants ou habitants. Une communication beaucoup plus ambitieuse et stratégique serait alors à mettre en place, pour faire connaitre la commune (et ses voisines) au niveau national. Il est vrai que la crise économique qui frappe nos pays fait peser un risque sur l’avenir du tourisme de masse… mais cela peut aussi être bénéfique à Lannilis si la population française (et bretonne) choisit de passer ses vacances en France – et en Bretagne – plutôt qu’à l’étranger. De plus, le type particulier de tourisme à Lannilis (ce qu’on appelle parfois le « tourisme intelligent », culturel, ou de randonnées) se développe par des aménagements qui profitent à toute la population, puisqu’ils sont avant tout amélioration du cadre de vie (mise en valeur du patrimoine, création de voies douces, etc. Ce ne sont donc pas des investissements « perdus » si le tourisme venait à diminuer. Lors des travaux pour la révision du Plan Local d’Urbanisme, les élus se sont également penchés sur la question du tourisme, et avaient pris des décisions en ce domaine :

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 Maintien des 2 aires d’accueil des camping-cars.  Création du GR 34 pour assurer sa continuité (après étude Natura 2000 et mise en place de la servitude littorale) et développement de l’hébergement associé.  Intégration des boucles de randonnée communautaires (fascicule prévu pour juin 2010), mise en valeur de boucles de randonnées plus courtes situées à proximité de sites remarquables et réalisation de liens entre le bourg et les sentiers de randonnée.  Amélioration de la signalétique pour les sites à vocation touristique, voire davantage.

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e) Agriculture et conchyliculture

Lannilis est une commune agricole, depuis des siècles. En bordure du plateau légumier du Léon, elle s’est davantage tournée vers la production animalière : la volaille, puis aujourd’hui le porc et le lait. Cette partie du diagnostic économique de la commune n’a pas

108 pour but de reprendre les éléments du diagnostic agricole de la commune, document de 16 pages que le lecteur peut consulter s’il veut de plus amples informations.

Elle vise simplement à apporter d’autres éléments de réflexion tirés entre autres des entretiens passés avec les différents acteurs socio-économiques de la commune, dont des agriculteurs.

« Le développement de l’agglomération gène les agriculteurs, car il réduit les surfaces cultivables et coupe en 2 la commune : ils sont obligés de passer par les zones habitées avec leurs engins. De même pour aller à Landéda, il faut passer par le bourg. De plus, les contraintes environnementales sont de plus en plus lourdes, et les agriculteurs sont constamment montrés du doigt comme de gros pollueurs, responsables des algues vertes… Tout cela ne peut pas susciter beaucoup de vocations ! » C’est le premier constat qui est fait quand on interroge les agriculteurs lannilisiens. En effet, la situation est critique : au moins 12 exploitations agricoles ont disparu sur Lannilis depuis le recensement de 2 000. Plusieurs possibilités se dégagent alors pour envisager l’avenir. Tous partagent la même vision : on risque d’assister dans les années à venir à une nette diminution du nombre d’agriculteurs, ceux qui partiront en retraite n’allant probablement pas être remplacés. Ce sont alors les

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exploitations voisines qui se partageront les terres, avec des exploitations de plus en plus étendues, de plus en plus mécanisées, etc. Et en effet, la SAU moyenne était de 31 Ha en 2 000, elle est aujourd’hui de 47 Ha, ce qui est encore dans la moyenne basse.

1000 900 800 700 nombre 600 d'exploitations 500 400 SAU/exploitation 300 200 population 100 agricole/UTA 0 1946 1970 1979 1988 1999 2011 2020 2030

(Les chiffres en rouge sont des données INSEE ou diagnostic agricole 2010, les autres ont été calculés ou estimés à partir des tendances données par les chiffres INSEE).

SAU totale SAU/exploitation en hectares Années nombre disparitions/an (y compris les population d'exploitations (hectares) terres sur agricole/UTA d’autres communes)

1946 280 7 1900

1970 195 3,54 10 1900 911

1979 152 4,78 13 1900 611

1988 89 7 19 1901 212

1999 61 4,55 30 1959 122

2058 (réelle 2010 49 1,2 47 95 communale:1600)

2020 37 1,2 51 1900 60

2030 25 1,2 76 1870 30

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C’est en fait la réaction vis-à-vis de ce risque futur qui diffère selon les agriculteurs, et même au sein de la population. Beaucoup sont attachés à ce nombre conséquent d’exploitations sur la commune, et voudraient trouver les moyens de garder une agriculture « à taille humaine ». D’autres trouvent au contraire que l’agriculture actuelle est beaucoup trop intensive, et voudraient voir diminuer la taille du cheptel de la commune, et même voir s’installer des producteurs biologiques, qui seraient soutenus par la commune. D’autres enfin, parfois après avoir longtemps soutenu la première position, se demandent si le mouvement amorcé de réduction du nombre d’agriculteurs n’est pas inéluctable, si l’augmentation de la Surface Agricole Utile (SAU) de chaque exploitant n’est pas un paramètre à prendre en compte tout simplement, sans lutter contre car elle leur permet d’être plus compétitifs. Tous, habitants comme agriculteurs, considèrent de toute façon que l’agriculture fait partie intégrante de l’identité communale. Et il est vrai, comme le fait remarquer le PLU, que Les paysages de campagne sont prépondérants à Lannilis. « Ils se caractérisent principalement

par des grands espaces de culture, très peu rythmés par des éléments d’accroche visuelle. Ces paysages très ouverts constituent des paysages « emblématiques » du plateau du Léon, espace façonné par les pratiques agricoles, où les éléments végétaux sont très rares : talus, boisements, vallées… ». Particularité intéressante : Les nouveaux habitants comme les

111 personnes « de passage » à Lannilis sont étonnés d’apprendre le nombre d’élevages de porcs de la commune : « on ne les voit pas ! » font-ils tous remarquer… Or, comme le faisaient remarquer les personnes présentes aux soirées « café débat », « les produits ne sont pas destinés à être écoulés localement puisque les exploitations dépendent toutes de regroupements agricoles. Il en découle que ces produits sont quasiment invisibles pour les habitants et une absence de lien entre les producteurs et les consommateurs. Cela renforce la méconnaissance des contraintes et interrogations des uns et des autres. Dans ce contexte, comment pourrait-on favoriser d'autres formes d'agriculture relocalisée en favorisant l'installation ou la reconversion, y compris vers la production maraichère biologique, qui n'existent pas sur la commune ? »

Pour le moment, la commune garde une population d’agriculteurs relativement jeunes, et dynamiques, qui se regroupent pour acheter le matériel. Ils étaient prêts à travailler ensemble, et sont de ce fait bien équipés. C’est aussi important moralement. Les agriculteurs de la commune ont des relations assez fréquentes entre eux : surtout par les CUMA, mais aussi par les syndicats. Les deux CUMA ont assez peu de relations entre elles. (Il y a une « entente cordiale », et des échanges ponctuels de matériel). Ils forment un groupe assez homogène, car il n’y a pas de grandes différences dans la taille des exploitations (environ de 30 à 120 ha.) La main d’œuvre y est surtout familiale, plus quelques salariés. Les quelques agriculteurs qui arrêtent ne le font pas pour cause de faillite, mais en général pour partir en retraite, ou par lassitude de la pression environnementale (et sociale qui l’accompagne).

Pour l’avenir, certains trouvent indispensable de nouvelles installations de jeunes. « Sinon, il y aura toujours de l’agriculture, mais plus d’agriculteurs (2 ou 3 pour la commune). Actuellement, il y a beaucoup de 45-55 ans. Il ne faut pas décourager les jeunes : même quelqu’un qui n’est pas issu du milieu peut se lancer, surtout s’il se « greffe » à un GAEC (sinon, c’est très dur, les banques n’ont pas confiance). 25 à 33% des exploitations de la commune sont en GAEC… » (Tous ces éléments ont été recueillis auprès des agriculteurs eux-mêmes).

L’agriculture est aujourd’hui un problème cornélien pour la commune de Lannilis : quand faudra-t-il arrêter de construire des habitations et refuser les agrandissements d’industries locales pour préserver des terres agricoles ? Faut-il une réelle stratégie agricole communale ? Il semble que les bassins versants n’aient pas un grand rôle ni une grande audience auprès des agriculteurs. Comment diffuser et faire adopter les préoccupations

112 environnementales ? N’est-ce pas le mode de production, trop intensif, qui est en contradiction avec la qualité environnementale exceptionnelle de la commune ?

Source : diagnostic agricole de la commune.

Pourtant, tous les agriculteurs considèrent qu’ils ont actuellement des raisonnements de développement durable, car les trois pôles y sont : ils essaient de concilier l’économie et l’environnement, le social y est par les emplois induits et l’implication dans la vie de la commune. Les nouvelles techniques de culture, comme les Techniques Culturales Simplifiées, l’Engagement de Progrès Agronomique, les contrats d’objectifs, etc. ont cependant du mal à se développer, même si quelques uns s’y sont mis avec succès. De même, la totalité des agriculteurs interrogés n’envisage pas de diversifier leur activité par de la vente directe ou de l’accueil à la ferme, car ce sont des occupations très différentes, qui nécessitent beaucoup de temps, du personnel spécifique, et toute une organisation ne cadrant pas avec leur mode de production actuel. De plus, la demande ne pourrait sans doute pas écouler l’offre de plus d’un producteur en vente directe, et les coopératives interdisent à leurs adhérents de vendre ailleurs une partie de leur production (par contre, ils ne sont pas contre l’idée que quelques uns se mettent en circuit court, car ils peuvent mettre en valeur la production de tous).

Les contraintes environnementales sont réellement fortes. Elles concernent le périmètre de protection du captage d’eau de Lanveur, la Loi Littoral, la proximité des abers, les périmètres conchylicoles et le classement en zone Natura 2000, les mises aux normes… Les limitations d’épandage qu’elles imposent causent de gros problèmes aux exploitants, dont la surface épandable est souvent top faible pour écouler toute leur production de déchets organiques (3 000 ha non épandables sur la zone littorale de Landéda, Tréglonou, Lannilis et Plouguerneau). Ils doivent donc investir dans des stations d’épuration au coût non négligeable. La plupart des agriculteurs conteste aussi le bien fondé de ces zones non-

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épandables, craignant le lessivage des sols et estimant que l’application des produits chimiques à la place du lisier n’est pas forcément si bénéfique pour l’environnement. 4 millions auraient ainsi été investis dans la mise aux normes et le traitement du lisier sur la commune, mais les produits ne sont pas vendus plus cher. (Exemple de la concurrence allemande et importations de produits agricoles du monde entier sans les règles de production de l’Union Européenne, de la France, et surtout bretonnes !). Or le consommateur ne regarde que le prix… Le projet d’unité de méthanisation à grande échelle LSE (Lannilis Service Environnement) avait aussi pour but de faire disparaitre ce problème… mais il n’a pas pu voir le jour. Les crispations autour de ce projet, encore fortement palpables aujourd’hui chez ses partisans comme chez ses détracteurs, dénotent de la sensibilité du sujet environnemental sur la commune, et du besoin d’une plus grande concertation et recherche de consensus pour des solutions communes à un problème commun. L’entreprise Cargill serait par exemple intéressée pour travailler avec la mairie, les agriculteurs et d’autres entreprises sur cette problématique.

Il y avait auparavant des élevages de volaille dans le secteur de Lannilis, ce qui n’est plus le cas… ce que regrette la SAVEL, qui en fait toujours vivre une centaine dans la région.

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Certains mettent en relation ces disparitions avec l’intégration des élevages à des grands groupes… ce qui signifie que l’exploitant agricole ne maitrise plus rien dans sa ferme. C’est alors une situation très difficile. Selon eux, le porc risque de connaitre le même sort (de même que les autres types d’élevages intensifs à Lannilis, aussi à cause du prix des aliments pour le bétail)… Certains habitants de la commune appellent à un changement de type d’agriculture… peut-être qu’une complémentarité entre éleveurs et légumiers pourrait être davantage recherchée. Il y a pour le moment très peu de légumiers sur la commune.

Il est vrai que Lannilis est excentrée par rapport au grand bassin légumier du Léon. Les échanges sont donc moins faciles avec les autres producteurs de même type de production (échalote, choux fleur…), les informations leur parviennent moins rapidement, la logistique pour livrer les récoltes aux stations est plus complexe…

Depuis 5 ans environ, les légumiers de Lannilis perçoivent une baisse de leurs prix à cause de cet éloignement : les acheteurs leur font payer la distance lorsqu’il n’y a pas assez de production. Au contraire, ils sont les premiers à avoir des invendus quand il y a surproduction.

Cela a contribué à faire diminuer le nombre de légumiers sur la commune : 33 dans les années 80, 10 en 1996, quelques uns aujourd’hui. De même au niveau cantonal : lorsque la station de Plouguerneau a ouvert vers 1998, elle regroupait 118 producteurs. Ils ne sont plus que 46 aujourd’hui, après avoir perdu 10% de leurs effectifs chaque année

Cependant, être excentré a aussi des côtés positifs : il y a moins de pression sur le foncier, de maladies, ils peuvent faire des échanges avec les éleveurs (plan d’épandage commun, échanges de terrains pour reposer les sols…) on peut très bien planter des choux fleurs entre une année de blé et une de maïs : ça entretient la terre et n’utilise pas du tout les mêmes nutriments.

Parallèlement, ils ont fait des frais pour reconstruire des talus, certains sont dans une démarche de certification, etc. L’aide des Bassins versants est parfois considérée comme utile

115 dans ce domaine, mais uniquement car elle donne des pistes de réflexions. Chaque agriculteur considère connaitre son champ et adapte ensuite ses méthodes comme il le sent.

Les conchyliculteurs sont à l’autre bout du circuit de l’eau. Leur principale préoccupation est la qualité de l’eau. Ils subissent de plein fouet la moindre pollution des abers, devant alors fermer l’exploitation en attendant des prélèvements meilleurs… mais la confiance de la clientèle ne se regagne pas si facilement, et les investissements sanitaires sont assez coûteux ! Les algues vertes empêchent les huitres de bien se nourrir en bouchant les trous des poches, et une forte mortalité des huitres est apparue soudainement il y a quelques années, toujours inexpliquée. Elle semble toucher particulièrement les naissains naturels. Un ostréiculteur ne peut pas connaitre son avenir à quelques années : trop de paramètres ne dépendent pas de lui et peuvent varier très rapidement. Si la quasi-totalité des ostréiculteurs reconnait que les agriculteurs ont fait de très gros efforts pour diminuer leurs pollutions… les avis divergent quand à la restauration de la qualité de l’eau. Pour certains, tous ces efforts (et également ceux qui touchent l’assainissement non collectif, pour lequel la collectivité a un grand rôle à jouer) n’ont produit aucun effet. Pour d’autres, il ne se verra que plus tard… pour d’autres encore, ces efforts portent déjà des fruits : les coques recommencent à se reproduire, ce qu’elles ne faisaient plus, les coquilles des huitres de l’aber étaient déformées à cause des peintures au TBT, elles ne le sont plus…

Les ostréiculteurs sont donc des observateurs attentifs de la qualité de l’eau des abers, et leur avis est très intéressant à écouter. Certains ont ainsi remarqué que le curetage des fossés est mauvais pour l’ostréiculture, car l’eau dévale alors vers les abers sans être préalablement filtrée et y amène de la terre. Il faut donc laisser de l’herbe dans les fossés. Ils sont également prêts à rencontrer régulièrement les agriculteurs pour des échanges constructifs (mais certaines réunions publiques sans vrai débat possible les ont échaudés). Ils apprécieraient également que des protocoles soient mis en place pour prévenir les risques industriels et y faire face.

La plupart des producteurs réfléchit également à une diversification possible, ou la pratique déjà pour certains (coquilles Saint Jacques, ormeaux, moules…) afin de diminuer l’incertitude liée à une monoproduction ; mais ils sont confrontés à une levée de boucliers dès que l’un d’eux veut innover ou s’agrandir… Il y a pourtant environ 100 hectares sur lesquels il serait possible de faire de l’élevage à Landéda, sur les 1 500 hectares qui se découvrent à

116 chaque marée. C’est une commission des affaires maritimes qui donne les concessions… or les maires présents sont – d’après les conchyliculteurs interviewés – défavorables à la conchyliculture, et les ostréiculteurs n’ont pas de poids au niveau politique

Le milieu ostréicole est en effet très individualiste, même s’il y a des syndicats bien structurés depuis le niveau local jusqu’au niveau national, et un fort lobby européen. Localement, il reste des mésententes entre professionnels, ce qui les empêche de se fédérer et diminue d’autant leur possibilité de se faire entendre. Les ostréiculteurs n’ont pas de relations particulières avec la mairie car ils ne demandent rien. Une réunion avec tous les usagers des abers une fois par an pourrait être une bonne chose, mais il est très difficile de dialoguer avec les opposants à l’ostréiculture : des réunions ont déjà été faites, les producteurs estiment qu’ils n’ont même pas pu y parler vraiment. Selon eux, il n’y a aujourd’hui plus d’installations possibles à cause de toutes les « associations de défense » qui fleurissent partout (pêcheurs à pieds, plaisanciers…) et ils ne sont toujours pas bien perçus, leur activité ne datant que d’un siècle.

L’un d’eux analysait ainsi la situation, différente entre Lannilis et Landéda : « Les communes de Lannilis et Landéda ont une appréhension très différente de l’ostréiculture, et le contexte démographique, politique, social, économique… est lui aussi très différent. Ainsi, la population de Landéda est plutôt âgée et aisée, des retraités qui veulent la tranquillité, et donc le moins possible d’activités économiques… Face à cela, la politique de la municipalité a été d’accueillir le plus possible de population, d’accepter une urbanisation assez anarchique, qui n’a plus laissé de place à l’agriculture. Or le mitage coûte cher en infrastructures. Mais contrairement aux prévisions, il y a eu aussi de jeunes familles à s’installer (malgré le prix élevé de la location sur la commune), ce qui a nécessité d’agrandir les infrastructures dont l’école, tout cela a été fait rapidement, au coup par coup, sans stratégie. Dans ce contexte, les ostréiculteurs gênent, sont considérés par beaucoup (population et élus) comme « monopolisant » du littoral… et ils sont très peu considérés et pris en compte. On leur met des bâtons dans les roues à chaque occasion. Pourtant, le récent diagnostic effectué par l’agence de développement a montré (à la surprise générale) l’importance du poids économique de la conchyliculture sur le territoire.

Lannilis a par contre mieux géré l’arrivée de population : elle a limité le mitage, laissant une bonne place à l’agriculture. Cependant, l’augmentation de la population a été plus importante que prévu, et il y a aussi des infrastructures (surtout les établissements

117 scolaires) à agrandir. Mais Lannilis n’est pas un grand pôle employeur, il n’y aura donc pas une croissance indéfinie de la population, car il n’y aura pas non plus d’arrivées de grosses entreprises, qui sont le long des axes routiers. Beaucoup de gens travaillant sur Brest n’ont pas intégré le coût de transport quand ils ont construit à Lannilis, et vont sans doute retourner sur Brest. L’axe Plouguerneau –Brest est d’ailleurs très encombré, et les transports en commun ne règleront pas le problème : ce serait trop compliqué de satisfaire les besoins de tous, ils sont trop différents.

En tout cas, Lannilis et Landéda deviennent tous deux des territoires dortoir et pour retraités… c’est une vraie tristesse. »

Cette analyse est intéressante et pointe des éléments importants, comme le choix à faire par les municipalités du modèle de développement : résidentiel et touristique (mais avec quel type de résidentiel et de tourisme ?) ou industriel et entrepreneurial, quelle place pour l’agriculture et la conchyliculture… ? Elle soulève aussi le fait que les résultats des politiques menées ne sont pas toujours ceux attendus !

Il semble que les débouchés ne manquent pas en ce qui concerne l’ostréiculture: chaque producteur vend sa production par ses propres canaux de distribution, sans trop de problèmes. Cela se fait sur les marchés, aux GMS, aux poissonneries, en gros (la majeure partie de la production) et sur place. Par contre, il n’y a pas assez de passage pour rentabiliser une dégustation sur place ou une « baraque à moules-frites ». Prat-ar Coum vient cependant d’ouvrir sur place un petit restaurant. N’étant pas du tout en situation de crise de débouchés, avec de nombreuses possibilités d’extensions et de diversification, des conditions d'exploitations privilégiées dans les abers (presque tout se fait en tracteur, parcs à proximité…) cette activité a donc un fort potentiel de développement.

Certains ostréiculteurs font visiter leurs installations à des groupes, des entreprises, etc. Peut-être y aurait-il également un développement possible dans ce sens, à étudier en fonction des demandes et possibilités des professionnels du secteur.

Tableau extrait du diagnostic conchylicole du bassin versant de l’aber Benoit et aval de l’aber Wrac’h :

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On retrouve en nombre d’emplois le même rapport entre les trois activités qu’avec le chiffre d’affaires (cf. tableau de la rubrique « tourisme ») : avec 7,5 millions d’€ et 87 équivalents temps plein, la conchyliculture a un poids équivalent au tourisme (7,1 millions d’€ et environ 90 ETP maximum) et à peu près 1/3 du poids de l’agriculture (23 millions d’€ de chiffre d’affaires et 303 ETP). L’activité ostréicole n’est donc pas à négliger dans ces trois communes, y compris à Lannilis, où les deux entreprises créent quand même 41 emplois, où le tourisme a moins de poids que chez ses voisines… et qui bénéficie à fond de l’image de marque de l’ostréiculture, que la population le perçoive ou non !

Les discussions à l’occasion de la révision du PLU avaient débouché sur des choix de la part des élus sur l’agriculture:  Maintien et préservation de l’agriculture sur la Commune. Compromis à trouver entre activités agricoles et activités industrielles/artisanales et l’habitat/équipements.  Maintien des sièges d’exploitation : environ 40 exploitations sur la Commune avec en moyenne 1,6 emplois/exploitation soit plus de 60 emplois auxquels il faut ajouter les services associés (bâtiment, réparations agricoles, travaux agricoles) également générateurs d’emplois.

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Tableau des atouts et faiblesses économiques de la commune

Atouts Faiblesses

Présence de « gros employeurs » historiques Difficultés de l’association des commerçants

Dynamisme économique et commercial SCoT défavorable dans le domaine commercial

Agriculture en grande difficulté: perte d’identité SCoT positif dans le domaine économique communale?

Développement du secteur tertiaire Attraction de la zone de Kerlouis sur le centre

Un pôle des métiers du bâtiment Fort potentiel touristique sous-exploité

Point de passage et de consommation obligé pour Manque de liaisons vertes les touristes

Image de marque offerte par des commerces et Ostréiculture: secteur important mais mal apprécié artisans de renom

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Tableau des Atouts, Faiblesses, Opportunités et Menaces pour la commune de Lannilis

ATOUTS FAIBLESSES

• Position géographique entre Brest et la mer • Excentrée aux échelles départementale, régionale, nationale et européenne. • Carrefour dans les abers • Nombreuses contraintes environnementales • Niveau d’équipement et de commerces attractif • 2 pôles importants dans l’EPCI

• Nombre d’emplois important • Tensions entre acteurs socio-économiques du territoire • Cadre de vie privilégié • la commune n’a pas été classée « pôle • Bon équilibre des activités et usages du structurant » dans le SCoT territoire (agriculture, conchyliculture, industrie, commerces, services, habitat) • Pression foncière

• Richesse et dynamisme associatif • Appauvrissement et vieillissement de la population • Image de marque, de qualité • Circulation • Economie très dynamique et pluri-sectorielle • Manque de projet global de territoire

OPPORTUNITES MENACES

• La réflexion sur le cœur de ville : • « Dortoir » de Brest dynamisation • Rupture de l’équilibre du territoire, déséquilibre • Trouver des synergies entre associations et soit par augmentation de la population soit par entre acteurs économiques développement de l’industrie

• Réseau de cheminements doux et tourisme • Dévitalisation du centre au profit des zones périphériques • Un moment charnière pour prendre en compte le développement durable • Quel avenir pour l’agriculture?

• Densité de population encore maitrisable : • Risque de perte du pouvoir de décision (CCPA, qualité des relations sociales pas encore Pays de Brest…) vraiment remise en cause. • Décalages entre problématiques différentes dans • Création d’un pôle économique important à une EPCI contenant plusieurs bassins de vie l’échelle du Pays de Brest • Altération de la cohésion sociale • Pôle économique potentiel sur le bâtiment (présence de plusieurs corps de métiers)

• Développement par les services

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Scénarios de développement de la commune

Les Scénarios sont effectués pour mettre en relation les différentes « opportunités et menaces » du territoire (et leur évolution) en fonction de ses atouts et faiblesses, ainsi que des politiques publiques possibles. Ils ne sont pas normatifs ni exhaustifs, mais permettent de mieux visualiser par des exemples les enchainements de conséquences des options prises aujourd’hui. Ils illustrent donc le diagnostic en ouvrant des pistes de réflexion.

a) Lannilis au fil des abers… Aucune stratégie à long terme n’ayant été établie, la commune prend les décisions au fur et à mesure qu’elles s’imposent. Les tendances actuelles se renforcent donc : le nombre d’habitants et de demandes de permis de construire ne cessent d’augmenter. Cela se fait au détriment de l’agriculture et de la conchyliculture, activités considérées comme « gênantes » par une grande partie de la population en recherche de terres et d’accès aux abers. La qualité du cadre de vie ne cesse de décroitre, puisqu’en seulement 20 ans, la population passe de 5 000 à 7 000 habitants, soit une augmentation de plus de 80 habitants au km2. De plus, la richesse moyenne de la population continue à diminuer, la pression foncière augmente considérablement… Les contraintes du SCoT et du PLU sont vécues de plus en plus difficilement. L’identité du « bourg » de Lannilis change : insécurité, perte de la convivialité d’antan, la rénovation du cœur de ville n’ayant pris en compte que les besoins des associations, elle n’a pas vraiment ouvert l’espace Lapoutroie à la population. On s’aperçoit qu’elle a été faite sans tenir compte d’un projet global pour toute la commune. Les infrastructures à peine inaugurées sont donc déjà trop petites, certaines adaptations qui auraient dû être pensées dans le même temps (accessibilité de la mairie, dynamique commerciale du centre, salles de spectacle…) ne peuvent plus être effectuées… La zone d’activité de Kerlouis, plus proche de la route départementale, vide le centre de ses commerces. L’image de marque du centre-ville disparait peu à peu, la commune devient avant tout un dortoir de Brest, même s’il reste un certain nombre d’emplois sur place (mais qui ne croit pas en fonction de la population). Par manque de stratégie intercommunale et d’anticipation municipale, les entreprises locales ne peuvent se développer comme elles le souhaitent. Certaines s’en vont, la nouvelle génération des chefs d’entreprises historiques ayant grandi à Brest, Rennes...

Lannilis devient alors une ville banale mais assez importante en termes de population, en concurrence rude avec Plouguerneau et Plabennec.

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b) Lannilis : Garder l’équilibre pour ne pas chavirer

Tous les acteurs du territoire s’accordant à trouver que la commune jouit actuellement d’un bon équilibre des activités et des usages de son sol, la priorité municipale est de sauvegarder cet atout en développant ses points forts pas encore exploités. Elle mise donc sur le cadre de vie, le tourisme et l’identité du bourg. Elle espère ainsi renforcer son image de marque, de qualité, en densifiant les services à la population, en travaillant à développer la culture bretonne, le patrimoine et les particularismes lannilisiens. Dans ce cadre, la rénovation du cœur de ville a été pensée globalement, à long terme… c’est une réussite, au vu du nouveau dynamisme ainsi créé. Des partenariats trouvés entre les associations permettent de dynamiser davantage encore la vie du bourg et du marché, les commerçants, artisans et industries apprennent à travailler ensemble pour communiquer, trouver des synergies… La zone d’activité de Kerlouis ayant retrouvé sa vocation d’accueil des « industries, artisans et commerces de gros », elle ne concurrence pas les commerces du centre-ville.

L’urbanisation ne se faisant plus que sur les « dents creuses » dans l’enceinte du bourg, l’agriculture peut demeurer, mais la mairie travaille avec les agriculteurs pour trouver des partenariats et se diriger vers une plus grande durabilité.

Le cadre de vie, déjà privilégié sur la commune, s’en trouve bonifié d’autant. La mise en relation des boucles de randonnées communales avec les boucles plus vastes et les circuits de grande randonnée permettent le développement d’un certain type de tourisme « vert » et engendre un engouement nouveau des randonneurs pour le territoire. Un établissement d’hébergement original permet au centre-ville d’être un point d’étape incontournable pour ces nombreux randonneurs venus découvrir les charmes du territoire.

La croissance de la population n’est donc pas immense (un nombre idéal de 6 000 habitants ayant été fixé) comparativement aux communes voisines (Plouguerneau, Landéda et Plabennec) ; mais la qualité de vie et de services permettent à Lannilis de préserver son équilibre tout en jouant pleinement son rôle de territoire carrefour des abers.

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c) De Lann Iliz à Lann dustrie !

Profitant des grandes entreprises historiquement installées sur son territoire, Lannilis décide de se développer par l’économie. Pour cela, la commune doit donc collaborer étroitement avec la CCPA : les bâtiments relais et autre pépinière d’entreprise prévus dans le SCoT (qui place la commune en zones économique « à rayonnement communautaire ») en dépendent. Des synergies entre entreprises locales doivent donc être trouvées, un pôle des entreprises du bâtiment (durable ?) peut même être créé grâce à l’action de la mairie.

Ces nouvelles entreprises remplissent même l’extension de la zone de Kerlouis, appelant de nouvelles extensions…au détriment de l’agriculture (qui continue sa décroissance sur la commune) et du cadre de vie. Mais la commune offre alors un grand nombre d’emplois, et les investissements sont faits dans les routes selon les besoins logistiques, dans la préparation des terrains pour les entreprises et dans l’arrivée du très haut débit, en lien constant avec le département et l’EPCI. Par contre, le développement commercial ne peut pas suivre : les zones commerciales lannilisiennes ne sont classées que « de semi-proximité » par le SCoT, le développement des zones périphériques court-circuite le centre-ville, et ses bâtiments se dégradent sans que les propriétaires n’effectuent de travaux.

Les nombreux emplois induisent une forte demande de logements. La population moins fortunée essaye de se loger sur Lannilis même, où le cadre de vie s’altère mais où la pression foncière se fait cependant sentir. Les plus fortunés (les dirigeants d’entreprises) préférant rechercher le long de la côte, vers Landéda, Plouguerneau, etc.

Mais désormais, cela n’a plus guère d’importance : les trois communes sont désormais une même unité urbaine !

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d) Un jolie cœur de cité mais qui bat de plus en plus faiblement...

Lannilis se réfère au célèbre « small is beautifull » et décide de rester un bourg pour ne pas subir les désagréments de la ville. La commune freine donc sa croissance au maximum, préférant miser sur la qualité de vie de ses habitants. Cela passe par une diminution drastique des permis de construire, la politique du logement étant concentrée sur la réalisation au centre-bourg de logements pour personnes âgées vivant jusqu’à présent dans des grandes maisons, sous-utilisées. Un accent particulier est mis sur l’achèvement des projets en cours : vallée verte, pôle social, maison médicale, forage de Lanveur, opération « cœur de ville », pistes cyclables, voies de randonnée… donnent à la commune un niveau de vie exceptionnel. Le centre-bourg est vivant, commercial grâce aux seniors venus y habiter, quand les grandes maisons laissées vides sont occupées par des familles. Cependant, la population continue à vieillir rapidement dans la commune et la pression foncière augmente du fait de la non délivrance de permis de construire. La mairie se constitue peu à peu une réserve foncière grâce à son droit de préemption sur le bourg. Elle met également beaucoup de moyens dans l’accompagnement de l’agriculture pour l’aider à s’adapter aux contraintes environnementales. Elle développe aussi les circuits courts.

En revanche, les entreprises se développent de plus en plus difficilement, car le manque de dynamisme de l’économie essentiellement résidentielle de la commune n’est pas – ou peu – propice au développement économique.

Le nombre d’habitants n’augmentant plus que très faiblement, la commune ne peut plus accueillir de nouveaux services à la population. Bientôt, le nombre d’habitants des communes voisines est suffisant pour que des services similaires à ceux qu’offre Lannilis s’y installent.

Lannilis perd donc peu à peu son statut de carrefour des abers, pour avoir uniquement une image de commune où il fait bon vivre… mais où il y a très peu de logements disponibles, et bientôt peu de services.

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Annexes :

1. Eléments de définitions et classements du SCoT du Pays de Brest :

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2. Types d’équipements (commerces et services) présents à Lannilis

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(source : INSEE 2009)

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3. Compte-rendu par le CPIE des soirées « café débats » avec la population

VALLEE DE L’ELORN

Le Lannilis de demain se prépare aujourd’hui… Avec vous !

Quatre soirées, quatre thèmes différents !

Compte rendu des réunions publiques

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Trame des réunions

Intentions: multiplier les regards, récolter des contributions.

Objectifs:

recueillir les perceptions partager et enrichir le diagnostic enrichir la grille MOFF imaginer des perspectives

Déroulement:

Mot d'accueil et présentation de la soirée: Maire + Chargé de mission Agenda 21

L'organisation de la soirée, le rôle du CPIE ( son expérience, sa mission dans le COPIL et ces réunions publiques) les "règles du jeu": CPIE

Exposition du diagnostic + focale thématique: Chargé de mission Agenda 21 animation des réactions et transition vers le temps suivant: CPIE

Animation du photo-langage: CPIE photos support échanges dans les groupes restitution des groupes et échange entre participants synthèse en lien avec les objectifs et les éléments enrichissant le diagnostic

Clotûre: Maire + Chargé de mission Agenda 21

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SOIREE 1

Un territoire, des activités multiples: quel partage de l'espace?

Jeudi 29 septembre 2011

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RAPPEL DES PHOTOS SUPPORTS

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Compte-rendu de la soirée 1: Un territoire, des activités multiples: quel partage de l'espace?

28 personnes présentes, y compris les élus et deux membres du CPIE

Idées-forces ressortant de la réunion:

L'idée générale, assez bien partagée par l'assistance, est que Lannilis est un véritable bassin de vie, possédant une identité, contribuant au bien vivre et développant chez ses habitant un sentiment d'appartenance. Mais face à une demande croissante d'espaces pour concilier les usages et répondre aux besoins de chacun (habitants, acteurs économiques) dans un espace par nature contraint, l'enjeu est de maîtriser le développement et de rester maître de l'occupation des sols.

L'Habitat et le logement:

L'emprise au sol de l'habitat individuel est importante (pavillon + jardin en général) par rapport à l'habitat collectif. La demande en habitat individuel semble répondre à un mode de vie qui garantit un espace de liberté face au voisinage (bruit, intimité, contact visuel,...).

Le sujet de l'architecture et de son harmonisation n'a pas été abordé,....

L'accès à la propriété et au logement locatif semble difficile alors qu'il existe un nombre important de logements inoccupés sur la commune, ou de maisons très anciennes en centre bourg. Ces dernières peuvent revêtir un caractère de vétusteté et devenir source d'inquiétude pour la sécurité et l'esthétique du bourg. Cela pose la question de la promotion du logement collectif urbain d'une part et celle de la rénovation urbaine d'autre part.

D'une manière générale, la question du poids du décideur publique face aux projets des promoteurs immobiliers est posé: comment agir pour faire respecter des normes d'habitat conformes aux principes du développement durable (avec ses trois piliers) et quels moyens se donner ? un cahier des charges qui s'imposerait est-il la solution ?

L'aménagement du centre-bourg:

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La gestion des dents creuses évaluées à une vingtaine d'hectares en lien avec le point précédent.

Sans vouloir minorer la place des activités de l'entreprise TANGUY sur la commune, les conséquences de son déménagement soulèvent des questions:. L'espace Tanguy et son devenir, mais aussi les responsabilités et obligations de chacun face à un éventuel départ et consécutivement les usages possibles de l'espace libéré.

La circulation et la place de la voiture et des piétons est un sujet polémique: pour les uns la voiture est bien pratique en centre ville. Pour les autres, elle prend trop de place alors qu'il y a nombre de places de parking à proximité du bourg,...mais aussi dans le bourg. Ainsi par exemple, l'accueil de voitures sur la place Leclerc est interrogé.

Les espaces de verdure et l'espace public en général:

Les premiers sont à conserver ! Mais il faut aussi aménager des espaces de convivialité, et pas seulement dans le bourg, avec tables, bancs, voir barbecue, etc.. de façon à rendre l'espace propice à son appropriation et la rencontre intergénérationnelle et accessoirement pouvant permettre l'organisation de fêtes. La pénétration de la vallée verte dans le bourg est un paramètre à considérer dans le cadre d'un agenda 21 local. Les liaisons interquartiers restent à privilégier.

L'imperméabilisation des surfaces:

Lannilis est situé sur un plateau bordé par deux abers, les eaux de ruissellement éventuellement chargées de polluants parviennent donc rapidement aux eaux estuariennes.

Agriculture:

Lannilis garde une image de commune agricole malgré le grignotage des terres dans un contexte où le nombre d'exploitations diminue mais où le besoin de surfaces reste toujours présent. La constitution de réserves foncières peut permettre de garantir des compensations de terre. Cependant il est aussi question de plans d'épandage.

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SOIREE 2

Evolutions de population: Comment bien vivre ensemble demain?

Jeudi 6 Octobre 2011

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RAPPEL DES PHOTOS SUPPORTS

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Compte-rendu de la soirée 2 : Evolutions de population : comment bien vivre ensemble demain Idées-forces ressortant de la réunion : L'idée générale, assez bien partagée par l'assistance, est que Lannilis conserve aujourd'hui son caractère de lieu de vie répondant aux besoins quotidiens de ses habitants. Loin d'être devenue une cité dortoir, cette inquiétude existe cependant pour l'avenir. Il convient d'être collectivement vigilants pour préserver cette qualité de vie qui a parfois disparue dans certaines communes périurbaines. Augmentation de la population, équipements et jeunesse: Accueillir plus de gens suppose plus de logements. L'occupation de nouveaux espaces pour le logement ou les activités commerciales se fera au détriment des terres agricoles sauf à privilégier un habitat collectif à quelques étages, d'occuper les nombreux logements vides sur la commune et de favoriser des éco-lotissements qui intègreraient des espaces de convivialité afin que les gens se connaissent. Les gens semblent cependant préférer la maison individuelle, le pavillon avec jardin. Il faudra une vigilance par rapport au mitage sur l'espace ainsi que par rapport à l'architecture. Il y a aussi des bâtisses inoccupées voir abandonnées, d'anciennes fermes: pourraient- elles revivre? S’il y a plus d'enfants, il faudra les équipements ad hoc et plus de services en général. L'absence actuelle de certains équipements comme une piscine, un cinéma ou une salle polyvalente ouverte sur l'extérieur et assurant le brassage générationnelle sont énoncés comme des manques pour les habitants. De la même façon, l'accueil d'expositions itinérantes pourraient contribuer à dynamiser l'espace Lapoutroie jugé « pas assez vivant ». La fermeture du foyer de jeunes en dehors des vacances scolaires et l'absence d'un animateur jeunesse réduit l'offre d'accueil et d'activités des jeunes aux seules activités sportives. L'insuffisance de l'offre d'animations en direction des 30 – 40 ans est, elle aussi, jugée insuffisante. L'interprétation du patrimoine historique local, la mise en valeur de ce patrimoine par une communication sur les caractéristiques historiques des lieux en s'appuyant sur les archives, le cadastre et tout autre document contribuerait à renforcer l'identité communale. Un groupe d'habitants pourrait être constitué sur cet objet. L'importance du marché le mardi fait l'unanimité. Lieu de rencontres, de brassage social et générationnel donc de lien social, ce marché est de qualité avec des produits variés et des animations malgré des prix supérieurs au commerce traditionnel. Il contribue à maintenir un centre bourg dynamique et attractif. La présence de commerces de proximité, de producteurs locaux, la vente directe, participent eux aussi à garder un bourg vivant avec ses cafés et ses terrasses. Des questions restent cependant posées sur la fréquentation effective et la reprise d'activités même si ceux-ci semblent bien résister. Des participants regrettent l'absence d'un magasin de vêtements 138

« classiques » de type seniors ainsi que d'autres types de commerces particuliers, obligeant à faire ces achats jusqu'à Lesneven. Une ZAC peut faire concurrence au centre bourg. Ainsi, malgré la bonne situation géographique du Casino, la plupart des gens vont au centre Leclerc. La bonne soixantaine d'associations présente sur la commune témoigne du dynamisme de ce tissu qui favorise le sens du collectif. Si la question du renouvellement des bénévoles de ces associations se pose aussi à Lannilis, ce tissu associatif dense reste un bon moyen pour les nouveaux arrivants de s'intégrer à la vie locale. Une commune à taille humaine ayant préservée une certaine ruralité qui caractérise Lannilis permet de conserver des solidarités de voisinage naturelles même si celles ci doivent être confortées. Vieillir: Vieillir en autonomie est possible à Lannilis grâce à l'existence d'un CLIC (Centre Local d'Information et de Coordination) et à des initiatives d'associations pour organiser des sorties, éviter l'isolement et l'enfermement. Il faut continuer à créer du lien avec les autres structures de vie. L'organisation de journées spécifiques autour de conférences thématiques ou de mise à niveau en terme de conduite automobile sont autant d'exemples d'actions citées à valoriser. Il existe des initiatives ailleurs où des personnes âgées autonomes se regroupent pour habiter ensemble. On peut aussi se poser la question de savoir si la maison de retraite est la seule et la meilleure solution quand beaucoup de gens préfèrent rester seuls chez eux tant qu'ils le peuvent. Les services à domicile, d'aide à la personne doivent permettre aux personnes âgées de continuer à vivre chez elles, mais la nuit, un développement des systèmes de téléalarme serait sécurisant. Cependant, il serait intéressant de développer les liens avec la maison de retraite. L'organisation de cheminements doux et pistes cyclables permettant aux marcheurs de relier différents points de la commune en toute sécurité favoriserait la rencontre et donc la convivialité. La question des modes d'entretien des fossés, haies, talus de bord de routes reste posée.

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SOIREE 3

Lannilis dans son bassin de vie : Quelles dynamiques ?

Jeudi 13 octobre 2011

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RAPPEL DES PHOTOS SUPPORTS

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Compte-rendu de la soirée 3 :

Lannilis dans son bassin de vie : Quelles dynamiques ?

23 personnes présentes y compris des élus et deux membres du CPIE Idées-forces ressortant de la réunion

L'idée générale, assez bien partagée par l'assistance, est que Lannilis, commune agricole et dynamique, joue un rôle de carrefour structurant accueillant des services au delà des besoins des seuls lannilisiens. Sa situation géographique excentrée est à la fois une faiblesse par l'isolement qu'elle pourrait entrainer et une force par l'attractivité qu'elle développe.

Les déplacements:

Le bourg est centralisateur et donc attractif malgré des routes parfois dangereuses et donc une vitesse excessive. La voiture prend beaucoup de place. Celle-ci est confortée par la bonne dotation en places de parking (500 places).

La sécurisation des déplacements motorisés exigerait de développer des ralentisseurs, des avertisseurs de vitesse, les lignes blanches.

Pour maîtriser la prépondérance de l'automobile, il conviendrait d'inciter :

–aux déplacements collectifs par l'aménagement d'aires de covoiturage, l'organisation de navettes vers les plages, l'utilisation des transports en commun vers Brest qui est, pour le transport scolaire d'une durée de 35mm et donc plus long en transport en commun classique. –Aux déplacements en vélo par l'aménagement de parcs à vélos, de circuits sécurisés, de pistes cyclables dédiées en veillant à éviter le grignotage des terres agricoles. –Aux déplacements à pied par l'aménagement de circuits sécurisés et la pose de bancs. –A la cohabitation automobile,cycliste, pédestre.

L'organisation, par un fléchage adapté, d'itinéraires maillant le territoire communal contribuerait à cette diversification des modes de déplacement. La route de Prat ar Coum pourrait être aménagée en ce sens. Des cheminements doux interquartiers pourraient permettre de redécouvrir des chemins initiaux aujourd'hui disparus ou abandonnés et contribuer au désenclavement de certains quartiers décentrés du bourg.

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La voie verte, ancienne voie ferrée, devant relier l'Aberwrac'h à Brest est une réalisation valorisant l'image touristique de la commune.

L'attractivité:

Afin de conforter l'attractivité du centre ville, il est utile de privilégier les terrasses de cafés, importantes pour les lannilisiens et les touristes.

Le développement du marché du samedi vers l'espace Lapoutroie pourrait permettre une fréquentation par les gens travaillant le mardi. Il participerait à la valorisation des petits commerces locaux qui malgré la perte de la poissonnerie conserve une certaine diversité et représente une complémentarité avec les grandes surfaces.

L'existence de savoirs faire et de commerces de « prestige » mérite d'être reconnue par les habitants et valoriser pour l'image positive qu'ils donnent.

L'équilibre à trouver entre piétons, vélos, voitures favoriserait le plaisir de fréquenter le bourg, ses commerces, ses services et ses espaces publics.

Au delà de l'activité commerciale, la mise en valeur d'un circuit d'interprétation des chapelles et l'image fédératrice des abers sont des atouts à développer .

Les activités culturelles, les coutumes:

La culture locale du pays de Lannilis et ses environs est faite de traditions culturelles assez austères. La pratique de la danse, par exemple, était proscrite. Néanmoins, certaines manifestations comme la fête de la moisson, les jeux bretons ont aujourd'hui disparues.

La disparition d'une salle de cinéma ou le manque d'activités sur le port de Paluden sont regrettés.

La grange de Bébert, vécue comme lieu de vie authentique, mériterait d'être soutenue, même si aujourd'hui elle est peu viable à cause des normes de sécurité exigées.

Les jeunes apprécient d'aller à Brest. L'organisation de transports collectifs nocturnes aiderait à répondre à l'attractivité culturelle de cette ville.

Le Bulletin d'Informations Municipales pourrait être modernisé.

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La question de l'eau:

« on ne boit pas l'eau du robinet mais on s'interroge sur la qualité » est une affirmation qui renvoie à de nombreuses inquiétudes quant aux pratiques agricoles en œuvre sur le territoire mais aussi quant aux pratiques de la collectivité et des particuliers.

Ainsi pour réduire les intrants, il est jugé nécessaire de mieux connaître et de renforcer le lien avec les agriculteurs pour faire avec eux.

Le mode d'assainissement, collectif ou individuel et la capacité des stations d'épuration sont questionnés.

La commune pourrait développer des actions innovantes, exemplaires et démonstratives :

–l'installation de toilettes sèches le long de chemins de randonnées ou ailleurs aiderait à montrer et promouvoir cette technique même s'il convient de maîtriser la question de l'épandage et du coût de fonctionnement. –Les jardinières publiques, aujourd'hui gourmandes en eau pourraient utiliser l'eau pluviale récupérée à cet effet. Même si le fleurissement du bourg est appréciée pour les couleurs qu'il apporte, d'autres types de plantations privilégiant des vivaces pourraient être privilégiés. Le coût du fleurissement est lui aussi questionné. –L'utilisation de récupérateurs d'eau de pluie pour l'arrosage des terrains de foot est évoquée. –Le maintien de la gestion de l'eau en régie directe est plébiscité et la protection du captage reste à finaliser. –Les jardins familiaux et tout type de jardins collectifs seraient des supports pour l'intergénérationnel et la sensibilisation à l'économie et à la qualité de l'eau.. –soutenir l'agriculture biologique et favoriser l'installation de ce type de production pourraient faire l'objet d'un axe de l'agenda 21. La place de l'action éducative visant à informer, sensibiliser, innover, expérimenter dans l'ensemble des sujets évoqués lors de cette soirée est jugée centrale.

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SOIREE 4

Quel type d'économie pour le futur?

Jeudi 20 octobre 2011

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RAPPEL DES PHOTOS SUPPORTS

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Compte-rendu de la soirée 4 : Quel type d'économie pour le futur ?

22 personnes y compris des élus et deux personnes du CPIE

Idées-forces ressortant de la réunion

L'idée générale assez bien partagée par l'assistance est que Lannilis détient un tissu économique relativement dense, varié et équilibré entre les secteurs de l'industrie, de l'agriculture, des services et de la distribution.

La production locale:

L'agriculture conventionnelle, très présente sur le territoire, est demandeuse d'espace. La demande en Surface Agricole Utile est en constante augmentation. Cependant, les produits ne sont pas destinés à être écoulés localement puisque les exploitations dépendent toutes de regroupements agricoles. Il en découle que ces produits sont quasiment invisibles pour les habitants et une absence de lien entre les producteurs et les consommateurs. Cela renforce la méconnaissance des contraintes et interrogations des uns et des autres.

Dans ce contexte, comment pourrait-on favoriser d'autres formes d'agriculture relocalisée en favorisant l'installation ou la reconversion y compris vers la production maraichère biologique qui n'existent pas sur la commune ?

La réhabilitation de talus de manière économique par la production de bois de chauffage serait aussi une hypothèse à approfondir.

Le développement d'une politique de réserve foncière communale serait une idée à creuser.

D'un point de vue prospectif, quelle est l'avenir de l'agriculture à Lannilis dans 20 ans ?

Les grosses entreprises locales font aujourd'hui partie du paysage à l'exception peut-être de la CECA, entreprise de traitement des algues, qui semble moins visible. Du lien affectif a pu être noué avec certaines d'entre elles. Elles offrent de l'emploi, appellent à la sous-traitance et ont des besoins de technicités fines. Cependant, la méconnaissance

148 demeure là aussi et des questions subsistent sur leur impact sur l'environnement et le territoire, la préoccupation des ressources locales. Quelle maîtrise des effluents de CARGILL par exemple ? Comment gérer la concurrence pour l'occupation de l'espace et la surface foncière ? Comment inciter ces grosses entreprises locales a intégrer les préocupations du développement durable ? Comment mieux faire connaître ces entreprises par la population ?

Lannilis bénéficie de la présence de nombreux artisans. Ils contribuent parfois à leur intégration dans la vie locale en sponsorisant les clubs sportifs. Mais, ils souffrent aussi d'un manque de visibilité par la population qui peut faire appel à des artisans plus éloignés alors que la ressource existe localement. afin de les faire connaître, de valoriser leur activité, il conviendrait de favoriser cette connaissance de services disponibles par la création d'un pôle artisans ou l' édition par exemple d'un annuaire des entreprises, artisans et commerçants oeuvrant sur le territoire communal. L'existence d'un réseau énergie habitats qui regroupe 20 artisans (rénovation BBC, diagnostic énergétique) mériterait d'être valorisé.

La consommation:

Même si les bistrots déclinent, ils restent nécessaires à la convivialité et contribuent à maintenir l'image d'une ville qui sait accueillir ses visiteurs. Malgré des absences comme un cordonnier, une poissonnerie ou un magasin de surgelés, la présence d'un bon nombre de commerces de proximité est à préserver en synergie avec les marchés hebdomadaires.

Lannilis n'échappe pas à la précarité sociale. En complément des restos du cœur dont la fréquentation peut parfois être vécue comme culpabilisante, il serait utile de réfléchir à la création d'une épicerie sociale et solidaire en partenariat avec le CCAS. Ce lieu pourrait devenir un pôle social réunissant les organismes sociaux pour mélanger la population, maintenir la dignité et développer des ateliers favorisant l'échange autour de thèmes comme la cuisine, la gestion d'un budget, etc...

Au delà de cette solidarité locale, des actions communales en faveur du commerce équitable pourraient être un support témoignant de l'engagement des lannilisiens en faveur de la solidarité internationale.

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Le développement touristique:

Lannilis, carrefour touristique, possède un patrimoine sous-valorisé. Ayant tendance à « tourner le dos à la mer », Lannilis pourrait pourtant développer une offre touristique en direction d'un public en quête d'un tourisme de qualité, enraciné dans sa culture locale. Elle pourrait s'appuyer pour cela sur son activité conchylicole et son port de Paluden.

Si la réalisation d'un inventaire du patrimoine aiderait à définir des potentialités, des besoins et des produits, plusieurs freins sont dès à présent identifiés :

–la quasi inexistence de chambres d'hôtes attachées aux exploitations agricoles et la faiblesse de l'hébergement touristique en général. –Les conditions de compatibilité de l'accueil touristique avec les activités agricoles actuelles. –L'absence d'une agriculture paysanne de terroir ouverte sur l'accueil à la ferme. –Une signalétique insuffisante, inadaptée et donc à revoir.

Les déchets:

Compétence communautaire, il n'en reste pas moins que la question de la production et du traitement des déchets est un problème qui engage chacun dans ses habitudes.

Ainsi, a réduction des déchets à la source pourrait conduire à :

–initier des actions en direction des supermarchés locaux. –promouvoir l'usage du « stop pub ». –créer une ressourcerie pour favoriser le ré-usage des objets. –Développer des animations visant à responsabiliser l'acte d'achat. –Se réapproprier l'eau du robinet et abandonner l'eau en bouteille plastique. –Valoriser les déchets verts et le compostage à domicile.

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