Les potiers de et de dans le Finistère : l’histoire d’une communauté et sa production artisanale

Telma Pavanelo Lannilis, le 5 février 2020.

Objectifs de la recherche

Moyens mis en place

Les difficultés

Poêlons – Sauvegarde du Patrimoine de Lannilis – Photo : T. Pavanelo, 2017.

Objectifs

● Réaliser une véritable étude de synthèse sur le sujet

● Trouver les traces permettant de remonter aux origines de la production ou, au moins, le plus loin possible dans sa chronologie

● Comprendre la distribution et l’évolution des ateliers autour de la lande de Lanveur

● Recenser le plus possible de potiers sur les deux communes

● Dresser un inventaire des formes produites

Moyens mis en oeuvre

● Recherche bibliographique : Jacques Cambry ; Alexandre Brongniart ; Louis Le Guennec ; Louis Franchet ; Dan Lailler ; Marie-Renée Chevalier-Kervern et Yvon Le Douget

● Sources d’archives : registres d’état civil (1794 à 1900) ; recensement de la population (1836 à 1911) ; recensement de classe (tirage au sort pour le service militaire, seulement pour la commune de Lannilis, entre 1806 et 1959) ; cadastre Napoléonien (Lannilis 1842 et Plouvien 1830) et états de section ; archives municipales de Lannilis, série J Santé publique (empoisonnement saturnin) ; Archives Départementales du Finistère, série B, inventaires après décès Lannilis XVIIIe

● Sources archéologiques – observation et collecte de mobilier et d’informations sur le terrain

● Témoignages d’anciens habitants du quartier de La Poterie

● Dossier thématique Journées du Patrimoine à Lannilis 2013 et 2014

● Consultation des collections de céramique des musées du Léon et de (Musée des Jacobins), ainsi que de particuliers

Les difficultés :

- un nombre trop important de données à traiter en peu de temps - de pistes intéressantes que prennent beaucoup de temps mais qui n’aboutissent pas - l’impossibilité d’accès à certaines données - beaucoup de parcelles inexploitables pendant les prospections (en herbe, par exemple)

Prospection 2016 :

- à gauche, les ruines de la maison de Guiziou, à Lanveur ;

- à droite, champ labouré à Kerien.

Cadre géographique de la production : - territoire marqué par la présence des deux abers - plateau d’une cinquantaine de mètres d’altitude - du point de vue géologique – massif ancien appelé Cadomien du Léon/Aber Wrac’h, dont les hauteurs sont pourvues de placages limoneux - lande inondée en hiver

Extrait de la carte géologique BRGM – source : Géoportail

Secteur de Lanveur – extrait de la carte IGN au 1/25000° Les origines de la production

● à quand remontent ses origines ? Certains indices font penser que des ateliers en lien à l’exploration de ces gisements d’argile pourraient remonter à l’antiquité : présence d’une voie romaine dans le secteur ; toponymes révélateurs ; trouvaille d’une pièce du IVe siècle en or dans le secteur de la lande de Lanveur.

Portion de la voie romaine à Lanveur. Signalés en jaune Mauguerent et en rouge Kermoguet. Source : Géobretagne.

Solidus de Gratien (367-383). Atelier de Trèves. http://www.comptoir-des- monnaies.com

Une production qui remonte au Moyen Âge ?

Collectif de recherches dirigé par François Fichet de Calirfontaine dans les années 1990 – Publication Ateliers de potiers médiévaux en Bretagne, par Documents d’Archéologie Française – chronologie estimée pour les ateliers de Lannilis remonterait au XIIe siècle. Indices : Pancarte de ; mobilier recueilli sur certains sites finistériens (Motte castrale de Leskelen à , caches médiévales, villages désertés…)

Recherches menées par le groupe de recherche de l’Université de Poitiers « Archéologie du son ». Rencontre des chercheurs grâce à Francis Quiviger. Ils réalisent sur place une étude du bâti et des pots acoustiques de l’Abbaye Notre- Dame-des-Anges à Landéda. Pots insérés dans les murs de l’abbatiale au moment de sa construction (XVe siècle). En analysant des échantillons des pots sur place et les comparant à nos échantillons, ils arrivent à la conclusion que leurs pâtes ont la même composition que celle de tessons recueillis en prospection sur Mauguerent et ramassés par M. Tréguer dans ses champs à Kerdrein. Grâce à cette découverte, on peut donc affirmer que la production de Lannilis remonte au moins à la fin du Moyen Âge.

Pots acoustiques photographiés en 2016 à l’Abbaye Notre- Dame-des-Anges, à Landéda.

Ce que les archives nous montrent à partir du XVIIIe siècle :

- les inventaires après décès peuvent nous apporter des informations sur les outils utilisés par les potiers, mais aussi sur leur niveau de vie et l’existence ou non d’une autre activité parallèle ; - les registres d’état civil nous renseignent sur les lieux-dits où on peut trouver les potiers et ils peuvent également donner des pistes sur les liens sociaux au sein de la communauté ; - le cadastre Napoléonien peut apporter des renseignements sur l’organisation des lieux-dits où se trouvaient les ateliers, la localisation de certains fours qu’existaient au moment où les plan ont été dressés et, avec les états de section, la microtoponyme (noms de champs et mention de certaines constructions comme les fours), le nom des propriétaires… - les tableaux de recensement de classe donnent en plus de la profession, l’état de santé des jeunes hommes recensés, le nom de leurs parents et, souvent, le lieu-dit où ils habitent

Les inventaires après décès – Commune de Lannilis

ADF 23 B 153 – Inventaire des biens de Jean Le Guen, décédé en 1723,à Moguéran.

ADF 23 B 153- Inventaire des biens de Jean Le Guen : four à poterie.

Archives d’État civil – communes de Lannilis et de Plouvien

Archives Municipales de Lannilis. Etat Civil. Actes de décès. Décès de François Bervan, ADF 3E249 Etat civil commune de Plouvien. Acte de naissance de Guillaume au 5 floréal l’an 6 de la République (24 avril 1798). Goliès au dix-neuf brumaire l’an sept de la République (9 novembre 1798)

Extrait du cadastre Napoléonien. Section C de Kerbabu, feuillet 3ème. Mairie de Lannilis, secteur d’urbanisme.

Extrait du cadastre Napoléonien. Mairie de Lannilis, secteur d’urbanisme. Le four de Christophe Cloarec est entouré par le cercle rouge. Il se trouve, comme indiqué dans les états de section, sur la parcelle 1280.

Archives Municipales de Lannilis. Série H : Affaires militaires. Recrutement, conscription, recensement des classes. 1H2 1841-1892, carton 115.

Les ateliers autour de la lande de Lanveur

- à partir de quelle date on trouve des potiers sur ces lieux-dits ? - quelles sont les familles qu’y ont vécues ? Lieux-dits situés à Lannilis

Kerdrein (total de 89 potiers)

- activité attestée de 1788 à 1911 ; - premier potier recensé Joseph Léost (inventaire après décès) ; - familles : Léost ; Tréguer ; Simon ; Loussouarn ; Gorven ; Le Tigréas ; L’Abat ; Pellè ; Jaffrès ; Mével ; Cléac’h ; Abarnou ; Pallier ; Jestin ; Le Roux ; Drapet ; Le Bars ; Le Hir ; Cloarec ; Alégoet ; Grojant ; Bourhis ; Le Goff ; Gouez ; Colin ; Le Fourn.

Prat Torchen (total de 54 potiers)

- activité attestée de 1839 à 1911 ; - premier potier recensé Guillaume Cléac’h (déclarant dans acte de décès) ; - familles : Cléac’h ; Le Fourn ; Le Bars ; Tréguer ; Jestin ; Toullic ; Largenton ; Grojant ; Gouez ; Roudaut ; Boulic ; Botquélen ; Bourhis ; Lazennec ; Le Jeune ; Dizerbo ; Alégoet ; Jacq ; Briant ; Le Hir.

Kerizaouen al Lann (total de 25 potiers)

- activité attestée de 1794 à 1911) ; - premier potier recensé Yves Tréguer (déclarant en acte de décès) ; - familles : Tréguer ; Léost ; Botquélen ; Simon ; Aballéa ; Labat ; Le Hir ; Le Dall ; Abarnou ; Grojan ; Guiziou ; Lescour.

Menez Bras ( total de 3 potiers)

- activité attestée de 1821 à 1842) ; - premier potier recensé Jean Tréguer (déclarant en acte de décès) ; - familles : Tréguer et Le Bars.

Menez Bian ( total de 6 potiers)

- activité attestée de 1809 à 1895) ; - premier potier recensé Marie Tigréat (acte de décès) ; - familles : Tigréat ; Pellè ; Cléac’h.

Kerien (total de 40 potiers)

- activité attestée de 1759 à 1906 ; - premier potier recensé Jean Kerleroux (inventaire après décès) ; - familles : Kerleroux ; Thépaut ; Guéganton ; Bianic ; Richard ; Rolland ; Le Hir ; Cloarec ; Abarnou ; Perrot ; Jestin ; Uguen ; L’Hour ; Lescour ; Guiziou ; Théréné ; Mével;Le Dall.

Lanmeur ( total de 74 potiers)

- activité attestée de 1815 à 1911) ; - premier potier recensé Jean-Marie Richard (déclarant dans acte de décès) ; - familles : Richard ; Riou ; Thépaut ; Le Maoguen ; Le Hir ; Charreteur ; Kergleus ; Goliez ; Mercelle ; Guiovarc’h ; Jacq ; Jaffrès ; Marzin ; Roudaut ; Guéguén ; Le Guen ; Le Dall ; Abarnou ; Le Goff ; Bellec ; Bian ; Grojan ; Nédelec ; Guiziou ; Marzin ; Boulic ; Colin ; Jestin ; Balcon ; Bergot ; Briant ; Lazennec ; Fourn ; Gouez ; Cuëff ; Cloarec.

Moguéran (total de 24 potiers)

- activité attestée de 1723 à 1896 ; - premier potier recensé Jean Le Guen (inventaire après décès) ; - familles : Le Guen ; Tréguer ; Jacques ; Le Barz ; Le Bian ; Jaffrès ; Dall ; Roudaut ; Colin ; Guiovarc’h ; Cabon.

Kermoguet (total de 10 potiers)

- activité attestée de 1808 à 1900 ; - premier potier recensé Jean Tréguer (déclarant dans acte de décès) ; - familles : Tréguer ; Mercelle ; Thépaut ; Maoguen.

Toulran Bergot (total de 18 potiers)

- activité attestée de 1794 à 1891 ; - premier potier recensé Jean Abarnou (déclarant dans acte de décès) ; - familles : Abarnou ; Mével ; Cléac’h ; Bouchevaro ; Aballéa ; Uguen ; Cann ; Bléas ; Cloarec ; Roudaut ; Tréguer.

Carpont (2 potiers)

- activité attestée en 1900 ; - un couple de potiers qui déclare le décès d’un enfant en bas âge ; - Gabriel Cabon et Marie-Yvonne Mercelle.

Penquer Bergot (35 potiers)

- activité attestée de 1822 à 1897 ; - premier potier recensé François Cloarec (déclarant dans un acte de décès) ; - familles : Cloarec ; Guiziou ; Le Goff ; Apriou ; Maoguen ; L’Hour ; Jaffrès ; Marzin ; Tréguer ; Fourn.

Bergot (47 potiers)

- activité attestée de 1760 à 1892 ; - premier potier recensé Olivier Cloarec (inventaire après décès) ; - familles : Cloarec ; Goliés ; Richard ; Bervas ; Laziou ; Aballéa ; Abarnou ; Tréguer ; Le Jeune ; Thépaut ; Mével ; Le Hir ; Le Bras ; Le Roux ; Le Goff ; Landuré ; Le Guen ; Bléas ; L’Hostis ; Cabon.

Kerabo (19 potiers)

- activité attestée de 1795 à 1861 ; - premier potier recensé Jean Richard (déclarant dans acte de décès) ; - familles : Richard ; Le Hir ; Le Drapet ; Thépaut ; Le Goff ; Charreteur ; Maoguen ; Mével ; Deudé ; Le Guen ; L’Hostis.

Goliès (32 potiers)

- activité attestée de 1794 à 1866 ; - premier potier recensé Anne Richard (acte de décès) ; - familles : Richard ; Conq ; Thépaut ; Abarnou ; Charreteur ; Keronnes ; Bouchevaro ; Boucher ; Jaffrès ; Ropars ; Landuré ; Dizerbo ; Guéguén ; Bléas ; L’Hostis ; Aballéa.

Prat Lédan (29 potiers)

- activité attestée de 1794 à 1900 ; - premier potier recensé François Julien Thépaut (déclarant dans acte de décès) ; - familles : Thépaut ; Aballéa ; Maoguen ; Donou ; Botquélen ; Le Noan ; Richard ; Le Hir ; Boulic ; Mével ; Jestin ; Tréguer ; Cabon ; Roudaut. Lieux-dits situés à Plouvien

Kerabo (96 potiers)

- activité attestée de 1794 à 1911 ; - premier potier recensé Yves Goliès (déclarant dans acte de naissance) ; - familles : Goliès ; Bozec ; Le Hir ; Maoguen ; Calvez ; Bléas ; Uguen ; Fily ; Jaffrès ; Jestin ; Le Drappet ; Cloarec ; Marzin ; Bouchevaro ; Tanguy ; Le Bec ; Dizerbo ; Pellé ; Le Roux ; Charreteur ; Thépaut ; Le Guen ; Léost ; Coateval ; Le Jeune ; Raguénès ; Richard ; Briant ; Perrot ; Le Goff ; Léon ; Grigiol ; Kergleus ; Guilleram ; Tréguer ; Balcon ;

Poulcaër (6 potiers)

- activité attestée de 1809 à 1863 ; - premier potier recensé Tanguy (témoin dans acte de naissance) ; - familles : Tanguy ; Le Bars ; Gramoullé.

Kerguloc (12 potiers)

- activité attestée de 1802 à 1876 ; - premier potier recensé Jean Lassiou (déclarant dans acte de naissance) ; - familles : Lassiou ; Simon ; Pellé ; Le Guen ; L’Hostis.

Extrait du plan IGN du secteur de Lanveur. Source Géoportail.

Lieux-dits où les potiers sont Lieux-dits où les potiers figurent Lieux-dits où les potiers sont recensés avant 1800 pour la première fois dans les signalés après 1810 archives entre 1800 et 1810 L’organisation du travail dans les ateliers

- les ateliers ont une structure familiale. Les recensements de la population nous renseignent de la présence de domestiques dans certains ateliers. Ils sont dirigés par le chef de famille, mais tout le monde participe à la production. On trouve des traces d’enfants potiers dans les actes de décès ainsi que dans les recensements. De façon générale, les tâches sont partagées de la façon suivante : - les hommes : chercher l’argile sur la lande, la travailler, faire les fournées, vendre les pièces ; - les femmes : modeler les pièces (tournette ou moulage), vernir ; - les enfants : modeler, vernir les pièces.

Mobilier trouvé en prospection en 2016. Parcelle ZD 105, à Kerien, Lannilis.

Source : La céramique primitive, publié en 1911 par Louis Franchet. Photos de Samuel Arnaud.

L’extraction de l’argile (travail réalisé par les hommes)

-l’argile ne peut pas être prise pendant la période hivernale, car la lande est inondée par les pluies pendant l’hiver ; - le potier cherche sur la lande un filon d’argile en creusant un trou d’environ 30 centimètres – si l’endroit est bon, il continue à creuser, sinon il part chercher à un autre endroit ; - les trous « de potiers » mesurent jusqu’à deux mètres de profondeur, et sont la plupart du temps, de carrés ; - on a pu constater une autre forme d’extraction à Forestic Vraz, où les creusements ressemblent plutôt à de petites carrières, moins profondes mais plus grandes en surface ; - selon le témoignage de François Cuëff obtenu par Dan Lailler, un potier avait besoin de quatre charrettes d’argile pour sa production annuelle ; - l’argile récoltée était transportée à l’atelier en charrette ou en brouettes, selon les moyens du potier. Trous d’extraction d’argile encore visibles sur la lande de Lanveur. Photo : T. Pavanelo, 2016.

1 3 4 1. Trou d’extraction. Photo Dan Lailler 1946 2. Traces de roues de charrette et/ou brouettes sur la lande. Photo Dan Lailler, 1946. 3. Trou sur la lande dans un secteur très exploité. Photo 2016. 4. Excavations réalisées en 2017 à la recherche d’argile exploitable pour la réalisation des pots acoustiques de l’abbatiale à Landéda. 5. Carrière d’extraction d’argile à Forestic Vraz. Photo 2016.

2 5 L’organisation spatiale de l’atelier

À Lannilis, les potiers travaillaient dans une pièce à l’extérieur du lieu d’habitation. Cette pièce pouvait être accolée à la maison. L’argile était dans un premier temps stockée dans la cour, où elle pourrissait avant d’être travaillée. Elle était ensuite battue au fléau avant d’être malaxée et travaillée en boules prêtes à être utilisées.

Le four, lui, était loin de la maison pour éviter les risques d’incendies.

Extrait du carnet de croquis de Dan Lailler. MNATP

Cadastre Napoléonien. Mairie de Lannilis, secteur d’urbanisme.

Pièce réalisée par La réalisation des pièces moulage - par moulage ou par montage au colombin

Modelage des pièces par François Cuëff Vernis

Source des images : Dossier 52 du chantier1810 MATP, Dan Lailler.

Les fours

Sources : -Potière devant son four – La Bretagne Carnet de croquis de Dan Lailler. MATP. des photographes, Alain Croix. -Croûte de sable – prospection 2016, T. Pavanelo -Poterie de voûte de four - MUCEM L’enfournement des pièces

Photo : Dan Lailler, MNATP.

Empilement des pièces à l’intérieur du four. Carnet de croquis de Dan Lailler. MNATP.

La cuisson des pièces

Source : Dan Lailler, MNATP.

La vente et l’aire de diffusion de la production

- les pièces pouvaient être réalisées sur commande, ou elles étaient proposées aux habitants de la région en porte-à-porte ou sur les marchés ; - pour leur transport, le potier utilisait sa charrette ou la louait à un autre potier s’il n’en possédait pas ; - à Lannilis, le marché se tenait tous les mercredis et le potier avait le droit d’exposer sa marchandise par terre, sur une surface de trois mètres, l’équivalent d’une charge de cheval ; - il fallait qu’il paye un droit pour pouvoir exposer sa marchandise ; - on sait, d’après les sources d’archives et les témoignages, que les poteries de Lannilis étaient commercialisées à , , Châteaulin, Carhaix et St. Pol-du- Léon, mais on trouve mention de ces poteries dans les archives pour ce qui concerne la période de crise d’empoisonnement saturnin à Brest et à .

Rue de La Poterie, à Lannilis. Lieu de vente des marchandises des potiers les jours de marché.

Les formes produites

- Les poteries à usage culinaire :

- stockage 0 15 cm

Pot à lait. Sizun. Don de Michel Le Gentil.

Pot à lait. Datation XIXe-XXe siècles. Photo : T. Pavanelo, 2016. Musée du Léon, ML85120513. Pots à graisse ou marmites. Datation XVIIIe-XIXe siècles. 0 15cm Sauvegarde du Patrimoine de Lannilis . Don de François Tréguer, Kerdrein.

0 15cm

D.A.O. T. Pavanelo Pot à graisse. Datation XIXe. Pot à lait. Datation : XVIIIe-XIXe. Photo : T. Pavanelo. Musée Photo : T. Pavanelo. Musée des des Jacobins, Morlaix 999.8.5 Jacobins, Morlaix. 999.8.2 - récipients pour les préparations

0 15 cm Marmite. XVIIIe-XIXe siècles. Sauvegarde du Patrimoine de Lannilis. Don de François Tréguer, Kerdrein. 0 15 Pots. XIXe-XXe. Prospection 2017. cm Kermoguet et Mauguerent.

Soupière. Musée de Bretagne 899 Jatte ou bassine à anses. 0021 1 XVIIIe-XIXe siècles. Sauvegarde du Patrimoine de Lannilis. Don de François Tréguer, 0 15 cm Kerdrein. 0 15 cm

Fond de bassine. XVIIIe-XIXe. Jatte. Fouilles de Sauvegarde du Patrimoine de Toul Logot, à Lannilis. Don de François Tréguer, . Kerdrein. XVIIIe-XIXe siècles. Association 0 15 cm PHASE – fouilles 2008 à 2010. Terrine à oreilles ou « Kirin ». Datation XXe siècle. François D.A.O. T. Pavanelo Cuëff. Catalogue numérique du MUCEM 1946 91 10 0 15 cm

Lèchefritte ou casse, ou encore plat à far. . XXe siècle. DAO T. Pavanelo Casserole. Datation ? Musée du Léon ML 90 03 09 44

Plat rectangulaire. XXe siècle Musée de Morlaix 2003 01 203

Plats à far avec tenons et becs verseurs. François Cuëff, XXe siècle. Collection Mme Simon. Poêle. XXe siècle. Catalogue numérique du MUCEM 1966 70 2

- récipients pour servir

0 15 cm

Porte-dîner. Datation XVIIIe-XIXe. Sauvegarde du Patrimoine de 0 15 Plat, XXe ? Musée de Bretagne, 899 Lannilis. Don de François Tréguer, cm 0021 2 Kerdrein.

Bol à oreilles. XIXe siècle ? Sauvegarde du Patrimoine de Lannilis. Don de François 0 15 cm Tréguer, Kerdrein.

Bord de Jatte. XIXe siècle. Toulran Bergot. Prospection 2017.

Tasse et soucoupe. XXe ? Musée du Léon ML 87 05 07 77 / 87 05 DAO T. Pavanelo 07 80

- autres formes culinaires Couvercle ou galettière. Sauvegarde du Patrimoine de Lannilis. Don François Tréguer, Kerdrein.

0 15 cm

Couvercles. Sauvegarde du Patrimoine de 0 15 Lannilis. Don cm François Tréguer, Kerdrein.

Couvercle ou plaque de cuisson. XIXe-XXe siècles. Musée du Léon ML 98 08 10 82 0 15 cm

DAO T. Pavanelo Les objets du quotidien

Pot pour jeu casse-pots. Dessin Marie- Renée Chevalier-Kervern.BSAF 1935

Repassoir, milieu XIXe. Catalogue de ventes Adjug’art – , 2013.

Chaufferette. XIXe-XXe ? Collection Yvon Le Douget.

Pot à tabac. Carnet de croquis de Lan Lailler. MNATP Suspension à fleurs. François Cuëff, XXe. Collection Françoise Couppey. Pots de fleur et cache-pots

Fonds de pots de fleur.

En haut, fond provenant d’une parcelle à Kerdrein. Sauvegarde du Patrimoine de Lannilis. XVIIIe- XIXe ?

En bas, fond provenant des Cache-pots. Collection Debellescize. Photos : Francis Quiviger, 2017. 0 15 prospections à Mauguerent en cm 2017. DAO T. Pavanelo

Statuette de dévotion

Cache-pot fait par François Cuëff. XXe siècle. Collection Mme Simon. Statuette de Sainte Barbe. Moulage. XIXe siècle. MUCEM 1946 93 1

Les céramiques architecturales

Tuile faîtière. Catalogue numérique MUCEM 1946 91 19

Mitre de cheminé. Sauvegarde du Patrimoine de Lannilis.Don de M. Bescond. Photo : T. Pavanelo.

Épis de faîtage. Musée du Léon ML 92 01 09 98

Brique réfractaire. François Cuëff. Sauvegarde du Patrimoine de Lannilis. Don de Marcelle Henry.

Le déclin de la production

- cause : l’empoisonnement saturnin

- 25 octobre 1858, le Dr Lefèvre, directeur du service de santé de la marine, informe le maire de Brest de que plusieurs personnes atteintes d’intoxication saturnine avaient été reçues dans son service à l’Hôpital de la Marine

- intoxication due à l’usage habituel d’une boisson dite « piquette » (eau, eau-de-vie, mélasse, tilleul et houblon fermentés), « préparée dans des vases en terre recouverte d’un vernis dû à un composé plombique » - poteries dites de Lannilis

- les échanges de courrier commencent entre le préfet du Finistère et le ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, Eugène Rouher, visant proscrire de façon définitive l’usage de ces poteries si celles-ci continuent à avoir un vernis à base de plomb

- Le Dr Augustin Morvan, maire de Lannilis, conscient des difficultés que tels changements imposent aux potiers, prend leur défense

- les propositions de vernis suggérées par les chimistes ne conviennent pas aux poteries de Lannilis

- les potiers continuent à fabriquer leurs poteries et à les commercialiser malgré les arrêtés et interdictions

- procès du 10 mars 1897 – potiers condamnés à un franc d’amende et aux dépens

- situation de misère des potiers aggravée par les restrictions

- situation empirée par l’arrivée sur le marché des ustensiles en fer blanc, plus résistants et bon marché

- la production s’adapte et les potiers commencent à fabriquer plus de céramiques architecturales ou décoratives

- on commence à « se débrouiller » : on fait la guerre à la place de quelqu’un d’autre qui avait été tiré au sort (Alégoet 14-18), capture de renards ...

Gouez devant son four en ruines. MNATP

Source : Musée de Bretagne.

Conclusion

- chronologie attestée pour cette production allant de la fin du XVe siècle au milieu du XXe

- 570 potiers recensés sur les deux communes pour la période couverte par les archives (1723-1911)

- des familles de potiers (et donc probablement des ateliers) retrouvées sur 15 lieux-dits à Lannilis et sur 3à Plouvien

- une grande variété de formes répertoriées grâce aux collections de particuliers, mais également, aux collections muséales

Ce travail a pu être réalisé grâce à l’aide des maires des deux communes, aux habitants qui ont collaboré avec leur précieux témoignage, au soutien de L’UBO et de la DRAC Bretagne, et des passionnés d’histoire et de céramique et de tous ceux qui m’ont soutenu dans mes recherches. Un grand merci à tous ceux qui se sont battus pour garder vive leur mémoire ...