Janvier 2012

Diagnostic du territoire de Lannilis

Résumé du Volet Territoire

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L’édito du maire :

Lannilis est une commune littorale en expansion, chef lieu de canton offrant de nombreux services, dynamique en termes d’emploi, de démographie…

Claude Guiavarc’h, Pour mieux maitriser son développement, la commune Maire de Lannilis élabore aujourd’hui un Plan Local d’Urbanisme qui définira sa configuration pour les prochaines années.

Elle s’engage également/parallèlement dans un Agenda 21, à l’image d’autres collectivités, pour s’inscrire dans la démarche initiée au niveau international pour concilier ce développement et les enjeux futurs (réchauffement de la planète, lien social, cadre de vie, développement économique…).

Son but est qu’au travers des trois piliers du Développement Durable que sont le social, l’environnement et l’économie, on se laisse interpeller, interroger sur les décisions prises ou à prendre, le travail au quotidien …

Pour que toutes les actions de la mairie s’inscrivent sur la voie d’un développement responsable répondant au mieux aux problématiques futures...

Vous trouverez ci-après le résumé du diagnostic du territoire, réalisé en concertation avec les associations, les partenaires de la commune (collectivités, CCI, agences de développement…), les acteurs économiques, des habitants. Ces regards croisés permettent d’avoir une vision parfois surprenante mais réaliste de notre commune, sur laquelle s’appuieront les actions actuelles ou futures que rassemblera l’Agenda 21.

C’est un outil intéressant que je vous invite à parcourir.

Si cela vous intéresse, vous pouvez également consulter le diagnostic complet (125 pages) en mairie, ou en le téléchargeant sur le site internet de la commune.

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I) Le contexte local : éléments de diagnostic

Lannilis… 5 200 habitants, la terre, agricole ; les abers, ostréicoles et touristiques… des entreprises renommées, des commerces vivants… une petite ville attractive dans un cadre de vie exceptionnel, le tout à 20 minutes de Brest… Pourtant, elle est aussi au confluent d’intérêts très diverses, parfois antagonistes… et les années à venir seront déterminantes dans sa trajectoire : des choix de développement devront être faits… Pour réaliser ces choix en mesurant leurs conséquences, quoi de mieux qu’un agenda 21 local ?

Petit retour dans l’histoire…

Si de nombreux vestiges (tumulus, urnes funéraires, ou encore monnaie en or, bronzes, borne milliaire de l’époque romaine) montrent que Lannilis est habitée depuis des millénaires ; le nom de la commune lui-même témoigne de l’installation au cinquième siècle d’une nouvelle sorte d’arrivants : les moines de Grande Bretagne. Chassés par l’invasion saxonne, ils traversent la Manche et viennent fonder les sept grands évêchés bretons et de nombreuses paroisses, qui deviendront les communes à la Révolution. Ils ont laissé une profonde empreinte sur le territoire, ne serait-ce que dans la toponymie (dont Lann Iliz, le territoire où est l’église) et les découpages administratifs. Mais cette empreinte ne peut être réduite à ces deux éléments, elle est beaucoup plus profonde et a marqué également les mentalités et usages bretons, notamment ici, dans le Léon, où la tradition et la religion catholique ont eu – et gardent encore – une importance si grande.

La position de carrefour qu’occupe Lannilis et la présence des deux abers permettant une invasion maritime (anglaise, normande,…) lui donnait depuis toujours une grande importance militaire, ce qui explique le grand nombre de châteaux et mottes féodales du territoire (dont beaucoup ont disparu aujourd’hui). Il y avait une bonne vingtaine de manoirs et autant de chapelles vers 1400 dans la paroisse de Lannilis !

Peu à peu, la noblesse locale s’éloigne de Lannilis pour les grandes villes, permettant aussi à la bourgeoisie, de plus en plus fortunée, de la remplacer dans la gouvernance locale. Potiers, boulangers et tisserands lannilisiens étaient en effet très réputés, et exportaient dans toute la basse Bretagne. L’élevage de chevaux et la culture du lin participaient également à ce dynamisme économique de la commune.

Le grand marché de Lannilis et ses concours de bovins attiraient ainsi beaucoup de visiteurs de toute la côte, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres, et était en concurrence avec celui de . A cette époque, le port de Paluden servait déjà au débarquement de blé, bois, épices, sel… La commune avait donc déjà un réel rayonnement dans tout le Nord- Finistère.

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La place grandissante de Brest dans la contrée à partir du XVIIe siècle changea les usages et attira peu à peu la population et les connaissances vers elle.

Le 19ème siècle apportât de nombreux changements à Lannilis : amélioration de la voirie urbaine et rurale, construction d’un hospice, d’une mairie, d’une église, des ponts de Paluden et de Tréglonou, de plusieurs écoles, arrivée de la gendarmerie, de l’éclairage public… Le Docteur Augustin Morvan, maire de 1856 à 1870, conseiller général et député, a marqué la commune durablement pendant cette période. Au début du 19ème siècle, la population agglomérée (au bourg) n’était que de 600 habitants environ (sur les plus de 3000 que comptait la commune). Ce n’est qu’au milieu du 20ème siècle que les proportions vont s’inverser et qu’on trouvera une population plus nombreuse au bourg qu’à la campagne.

A partir des années 1970, les lois interdisent les constructions en campagne hors agglomération et hors résidence principale d’agriculteurs. On note également depuis cette époque une diminution du nombre moyen d’habitants par logement et des familles nombreuses à la campagne (3,57 personnes par foyer en 1968, 2,64 en 1999, 2,35 en 2012).

Lannilis dans son bassin de vie :

Située dans la zone d’emplois1 et dans l’aire urbaine2 de Brest, la commune de Lannilis a une géographie très particulière, qui en influence le développement et lui impose un certain nombre de contraintes.

Ainsi que le font remarquer les entrepreneurs dont le marché est national ou international, le Nord-Finistère est très excentré par rapport au reste de la Bretagne, et plus encore de la ou de l’Europe… ce qui entraine des contraintes logistiques très importantes, voire même des surcoûts et des aménagements des horaires des salariés.

1 Une zone d'emploi est un espace géographique à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l'essentiel de la main d'œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts. Le découpage en zones d'emploi constitue une partition du territoire adaptée aux études locales sur le marché du travail. Le zonage définit aussi des territoires pertinents pour les diagnostics locaux et peut guider la délimitation de territoires pour la mise en œuvre des politiques territoriales initiées par les pouvoirs publics ou les acteurs locaux. (Source : INSEE)

2 Une aire urbaine est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci. (Source : INSEE) 4

Par contre, au niveau local, la position de Lannilis reste privilégiée. Si sa proximité de Brest est un atout important, la qualité du maillage routier qui l’enserre en est un autre, primordial. En effet, au croisement de routes départementales reliant Brest à , ou encore Lesneven au Conquet par Ploudalmézeau, entre Landéda et Plouguerneau… la commune est en fait un véritable carrefour du Nord-finistère. Cette situation stratégique est renforcée par la proximité de la mer : la commune est littorale, même son territoire est en fait un plateau très agricole bordé de deux abers qui lui permettent d’accueillir un port (Paluden) et des ostréiculteurs.

Sa position au sein de la Communauté de Communes du Pays des Abers (CCPA), bassin de vie comportant 38 000 habitants, trois communes de plus de 5 000 habitants, et plusieurs autres entre 3 et 4 000 habitants, lui donne un dynamisme important, et potentiellement de nombreux échanges et collaborations intercommunaux. L’organisation intercommunale est assez multipolaire, aucun « pôle principal » ne s’imposant de lui-même. Au sens de l’INSEE, cette année 2010 a été un tournant dans l’organisation territoriale de la contrée : aujourd’hui, Lannilis et Plouguerneau sont statistiquement une même unité urbaine3.

Cependant, la réalité du terrain n’est pas encore à l’unité des deux communes, et aucune des trois grandes communes de la CCPA (avec ) ne ressort comme pôle principal. La crainte d’en voir un émerger semble d’ailleurs paralyser quelque peu les relations intercommunales, et entraine une dispersion des services, commerces et infrastructures entre les trois pôles… qui en devinennent concurrents. Cette communauté de communes, née de la fusion du SIVOM de Ploudalmézeau et du Syndicat des Abers avec la Communauté de Communes de Plabennec en 1997, semble en fait avoir gardé une optique de mutualisation de services et pas encore de territoire de projet… Son territoire apparait cependant comme pertinent aux yeux de la majorité des acteurs qui le composent.

3 Cela signifie donc que les deux cités se sont rejointes dans une continuité urbaine, avec une distance entre deux habitations n’excédant pas 200 mètres. 5

Le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) du Pays fait de Lannilis un « pôle d’équilibre structurant à consolider », c'est-à-dire qu’il répond « aux besoins habituels d’une population de l’ordre de 15 000 habitants tant pour les services marchands courants que les services de santé, éducatifs (collèges) et commerciaux ».

Au sein de la CCPA, Lannilis a une position assez particulière puisque malgré un nombre d’habitants inférieur à Plabennec, elle a une vitalité économique équivalente.

Le SCoT du pays de Brest considère pourtant que Plabennec a une fonction de « Pôle structurant à vocation urbaine »… Lannilis n’a donc pas une vocation urbaine selon ce schéma de cohérence territoriale. Ce choix paraît avant tout politique quand on compare les deux cités… vraiment semblables !

Economie et commerce…

Lannilis comporte deux pôles commerciaux « de semi-proximité », comme Plouguerneau, tandis que Plabennec est considérée par le SCoT comme ayant deux pôles commerciaux structurants. Cependant, on constate lors des entretiens avec la population et par les Schémas de l’ADEUPa que les habitants de Lannilis ne se déplacent pas vers Plabennec pour effectuer les achats qu’ils ne peuvent faire sur leur commune : ils se rendent directement à « Brest » (incluant et ), voire Lesneven. La zone de chalandise lannilisienne se confond avec celle de Plouguerneau, et s’étend sur les communes périphériques). Cela en fait une zone très dense en commerces, puisqu’elle concentre 44% des commerces de la communauté de communes. 6

Zone de chalandise des pôles commerciaux structurants

Le SCoT du Pays de Brest – Cf. cartes ci-après – dit que la zone de chalandise de Lannilis comprend 7 communes dont Plabennec quand celle de Plabennec en comprend 9, dont seulement la moitié de la CCPA (elle ne comprend pas Lannilis, ni Plouguerneau, Tréglonou, Landéda, Saint-Pabu, )… Si l’on considère que les communes de Saint- Pabu, Guisseny, Plouguin et sont en fait bien présentes dans la zone de chalandise de Lannilis, la justification de la différence entre « pôle commercial structurant » et « pôle commercial de semi-proximité » par le SCoT n’apparait donc pas évidente. Ce qui ressort clairement en revanche, c’est que la CCPA semble regrouper des communes d’au moins 2 bassins de vie différents (voir trois avec celui de Ploudalmézeau) ce qui peut susciter des interrogations.

De manière plus générale, 76 % des dépenses alimentaires des habitants de la CCPA se font sur la communauté de communes. Le quart restant est majoritairement effectué dans la zone de Brest à l’occasion de trajets domicile-travail. Cela, mis en relation avec l’augmentation constante de la part des habitants à travailler hors de leur commune, fait naitre une inquiétude quant à l’avenir de ces commerces à Lannilis : il faut être vigilant sur ce point.

Par contre, l’espace économique de Lannilis, grâce à ses sièges sociaux d’entreprises importantes, reconnues au niveau régional (ainsi que national voire international) et grâce au nombre d’emplois conséquent qui sont liés, est qualifié « d’espace à rayonnement 7 communautaire ». Plouguerneau et Plabennec ne sont considérés pour leur part que comme des « espaces de proximité ». Il est à noter que l’espace « à rayonnement communautaire » comporte également pour le SCoT la notion d’investissements communautaires, c'est-à-dire d’hôtels ou de pépinières d’entreprises… ce qui n’est pas encore le cas à Lannilis. La réalisation du PLU (avec l’extension de la zone économique de Kerlouis) permettra cependant de conforter cette position.

Il y en fait un certain paradoxe dans le fait que les trois communes les plus importantes de la communauté apparaissent comme économiquement rivales (ce qui peut être vrai pour Plouguerneau et Lannilis, mais peu pour Plabennec)… alors que la compétence économique est communautaire ! Cela ne facilite donc pas les relations entre les communes de la CCPA, et n’entraine pas beaucoup d’objectifs et de problématiques économiques communes, d’autant plus que Plabennec est bien plus proche de la « métropole brestoise » que Lannilis.

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La question, essentielle, se posait également aux élus lors de la mise en place du Plan Local d’Urbanisme (PLU), en 2010 : « Quel futur envisager pour la vie économique de la commune : maintien et renforcement des activités existantes, développement de certaines « branches », création de nouveaux espaces destinés à l’accueil d’entreprises… ? » De cette stratégie dépendra aussi le type d’emplois proposés et donc le profil des nouveaux arrivants sur la commune !

L’une des causes du dynamisme commercial du bourg de Lannilis est le tourisme. En effet, si Lannilis n’est pas une commune touristique à proprement parler (elle n’a pas d’accès direct à la mer ni de site attirant particulièrement les visiteurs, et elle offre relativement peu d’hébergements), sa situation géographique en fait un lieu de passage important pour ceux qui se rendent à Plouguerneau, Landéda ou d’autres communes du Nord Finistère, communes très touristiques pour leur part (port de l’aber Wrac’h, phare de l’île vierge, village de Meneham…) entre Saint-Pol-de-Léon et . Le centre-bourg de Lannilis ayant un réel intérêt (église, maisons bourgeoises de caractère, commerces réputés, marché dynamique…), et offrant un très bon niveau de services, de nombreux touristes s’arrêtent pour y consommer. Si la commune n’a pas des atouts suffisants pour attirer à elle seule les touristes, elle peut pourtant (et doit) faire partie d’un réseau, et être un point de passage intéressant pour le touriste. Souvent négligée voir dévalorisée par la population et parfois même certains élus, l’activité touristique peut donc avoir un impact assez fort sur l’économie de la commune. La comparaison de l’impact direct du tourisme dans les trois communes de Plouguerneau, Landéda et Lannilis permet de se rendre compte du potentiel exploitable mais non valorisé à Lannilis : le Chiffre d’Affaires du tourisme (hébergement, etc.) est en effet dix fois moindre à Lannilis que dans les deux communes voisines 350 000 € contre 3,5 millions d’€ !)…

Le tourisme permet en plus d’injecter dans le circuit économique local de l’argent venant de l’extérieur, qui peut donc être investi ou dépensé localement par les commerçants qui l’ont gagné… ce qui a donc un effet multiplicateur. Cela permet aussi de consolider un certain nombre de commerces locaux et donc d’attirer encore plus de clients.

Sur le plan touristique, il reste donc un grand potentiel non encore totalement exploité. Une stratégie serait à mettre en place si la volonté politique était d’utiliser ce levier de développement. Des possibilités existent, en partenariat avec la communauté de commune qui a la compétence tourisme, avec les communes alentour, avec l’office du tourisme, et avec les associations locales et les professionnels du tourisme.

Cela toucherait à la fois les transports, le commerce, la qualité environnementale, et l’offre de loisirs. Des tensions, à prévenir, sont possibles avec les agriculteurs, les industries, et peut-être certains commerçants ou habitants. 9

Le rayonnement de Lannilis se fait également par ses deux collèges… un tel équipement ne se retrouve qu’à Ploudalmézeau, Lesneven, … ce qui agrandit d’autant le bassin de vie autours de Lannilis. Certains habitants trouvent qu’un lycée aurait pu être également opportun, puisque les seuls lycées du Pays de Brest sont à Lesneven, Landerneau, Pont de Buis, et Brest…

Population et logement…

La population de Lannilis ne cesse de croitre (+0,5 à 1% / an depuis des décennies, +1,4% / an depuis 10 ans). Le ressenti de ses habitants, des acteurs socio-économiques du territoire, les statistiques… tout indique que la commune était rurale mais que son bourg est en train de devenir une ville. Un tel changement ne se fait pas sans conséquences… et il importe de définir une stratégie à long terme, pour pouvoir adapter les équipements et infrastructures communales à cette évolution future, ainsi que pour prévoir les moyens de sauvegarde de la cohésion sociale dans ce bourg rural en train de devenir une « ville ».

Contrairement à l’impression dominante, ce ne sont pas des jeunes familles avec enfants qui s’installent en majorité sur la commune. La part de couples sans enfants augmente, celui de couples avec un, ou trois enfants ou plus diminue, seule la proportion de couples avec deux enfants augmente… mais le nombre de toutes ces catégories s’accroît cependant, ce qui explique le ressenti : des familles avec enfants qui s’installent se remarquent plus que des personnes seules ou couples sans enfants. Il est vrai que la population communale reste cependant jeune, et qu’il y a un grand nombre d’enfants.

La structure des emplois offerts dans la communauté de communes, et encore plus à Lannilis, est assez particulière : l’agriculture et la construction y ont une grande part, alors que l’industrie et surtout les services n’y sont pas très représentées par rapport aux autres Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) du Pays de Brest (le poids du tertiaire est de 62%, au lieu de 83% pour le Finistère et 78% pour le pays de Brest !) Cela montre bien que Lannilis est encore très agricole, et bénéficie de la proximité de Brest pour les services et tout le tertiaire en général. Cependant, ce sont également les secteurs qui ont connu la plus forte croissance du nombre d’emplois proposés à Lannilis ces dernières années… Si on rapporte cela à la baisse constante du nombre d’agriculteurs sur la commune, la situation semble donc en passe de s’inverser, et ce particularisme lannilisien est en train de disparaitre.

La part des actifs travaillant dans la commune ne cesse de baisser de façon significative : 73% en 1975, 55% en 1990, 43% en 1999, 34% en 2007 (contre seulement 31% à Plouguerneau, 22% à Landéda, ou encore 28% à Plabennec) ! Cela s’explique en partie par le déclin de l’agriculture.

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Cependant, la commune offre 1 926 emplois (chiffre en augmentation régulière) pour 2 041 actifs, ce qui lui donne un indice de concentration d’emplois de 0.94, et permet d’éviter une trop grande pression sur le marché du travail local. Cela souligne l’importance de Lannilis comme carrefour, aussi dans le domaine des emplois.

La situation de Lannilis n’est donc pas la moins bonne… et cela est sans aucun doute dû à la présence des 4 « gros employeurs » historiquement présents sur la commune : les entreprises Tanguy, Trécobat, Savel et Cargill. La proximité de Brest fait quand même demeurer (faiblement) le risque de voir la commune devenir de plus en plus « dortoir ». En effet, si le taux de chômage est assez bas à Lannilis, et le taux d’inactifs en baisse… la part d’élèves et d’étudiants baisse également, pendant que celle des retraités augmente ! Même si beaucoup de voyants sont au vert, cette baisse n’augure rien de bon quant au dynamisme de la commune.

L’analyse des revenus des ménages montre également une assez forte disparité entre les foyers : le revenu net déclaré moyen est supérieur à la moyenne finistérienne… mais le nombre de foyers non-imposables également ! Globalement, le revenu moyen communal diminue cependant, montrant un appauvrissement de la population. Cela est corroboré par les observations des adjointes au Maire déléguées à l’action et à la cohésion sociale, qui constatent, par exemple, une augmentation du nombre de personnes laissant des factures impayées.

La problématique de l’incivilité des jeunes semble préoccuper un grand nombre de Lannilisiens, qui craignent de voir s’installer sur la commune les désagréments corolaires au nouveau statut de « ville » qu’est en train d’acquérir peu à peu le bourg de Lannilis. La commune a pourtant, selon les gendarmes, un faible taux d’incivilités par rapport à sa population.

La problématique du vieillissement de la population est elle aussi à prendre en compte, d’autant plus en période de pression sur l’habitat. Certaines de ces personnes habitent seules ou en couple dans des maisons assez éloignées du bourg, ce qui n’est pas toujours souhaité par ces personnes. Des logements plus petits au Centre pourraient leur convenir davantage en libérant des maisons plus spacieuses pour leurs enfants ou pour des familles désirant s’installer sur la commune.

La problématique de l’espace

A Lannilis, les constructions dans le bourg sont assez espacées, « aérées », comme dans les communes rurales bretonnes. Il reste cependant un certain nombre de « dents creuses », c'est-à-dire de terrains constructibles dans le périmètre urbain. La surface de ces

11 terrains non bâtis est estimée à une vingtaine d’hectares, ce qui ferait un nombre encore considérable de maisons individuelles, voire de lotissements collectifs, ou autres…

Mais cela montre en tout cas que construire en étendant le bourg n’est pas une nécessité à Lannilis, d’autant plus que cela nuit à l’agriculture. Pour bien gérer tous ces paramètres, le nouveau PLU sera bien sûr un outil non négligeable, qui devrait être appuyé par une vraie stratégie municipale pour le foncier (avec constitution de réserves) et une vision à long terme de l’utilisation de ce foncier, des zones que l’on veut voir habitées, ou artisanales, industrielles, ou agricoles… avec une cohérence dans l’articulation de ces zones entre elles. La commune est dans une étape charnière, elle ne peut se permettre d’agir en fonction des seules opportunités, d’autant plus qu’elle accueille des activités très consommatrices d’espace, avec des usages des sols parfois contradictoires. Pour le moment, 70 % de la surface de la commune est en SAU (surface agricole utile), et toutes les personnes interrogées à l’occasion de la réalisation du diagnostic trouve que le territoire a ainsi un bon équilibre des différentes activités. Le nouveau Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) qui accompagne le PLU communal a justement pour problématique : « Comment conforter le statut de « petite ville » de Lannilis, pôle d’équilibre du Pays de Brest, tout en maintenant l’identité rurale et l’environnement de qualité de la commune ? »

Cependant, cet équilibre est de plus en plus menacé : En effet d’une part, l’agriculture est toujours demandeuse de terres (surtout à cause des normes d’épandage) ; d’autre part, l’urbanisation, a consommé près de 75 hectares en 20 ans… et les demandes en logement continuent d’affluer. La gestion de l’espace communal et l’équilibre des activités sur son territoire apparait donc aujourd’hui comme un enjeu primordial pour tous.

A Lannilis, des conflits sont possibles sur le littoral entre population, touristes, conchyliculteurs, et activités nautiques. Il existe également une relation directe entre conchyliculteurs, agriculteurs et industries, par l’impact des deux dernières activités sur la qualité de l’eau des abers (pollutions potentielles pour l’industrie, épandages pour l’agriculture).

Sur la partie non littorale de la commune, des conflits peuvent également surgir entre industries et riverains (nuisances), entre agriculteurs et industries ou habitants à la recherche de terres urbanisables, et entre touristes (notamment randonneurs) et industries ou agriculteurs (qualité de la vue, odeurs des épandages…)… On peut rajouter à ces différents acteurs les associations de défense de l’environnement, qui peuvent intervenir sur tout sujet qui les interpelle…

2 types de conflits sont alors possibles : 12

 Les conflits pour l’occupation : espace sur les abers conchyliculture/plaisance, SAU/urbanisation, terre agricole/espaces naturels…  Les conflits à cause des conséquences de l’usage pour d’autres : « pollutions » visuelle, olfactive, biologique… (notamment sur les habitants, les randonneurs, etc.)

De même, l’intensité du conflit peut être très variable, allant de la simple gêne (visuelle, de confort ou autre), à la perte de chiffre d’affaires ou au coût supplémentaire… jusqu’à la remise en cause de l’activité d’un des acteurs… voire même jusqu’à la remise en cause de l’existence de l’un d’eux ! Il convient donc également de hiérarchiser les réponses aux problèmes qui peuvent surgir, et de bien les prendre en compte dans toutes les décisions politiques pour la commune !

Les deux abers sans littoral « de pleine mer » ont un rôle important dans l’identité de la commune, et pas seulement sur le plan touristique ! Bien que bénéficiant à l’extérieur d’une réputation maritime et ostréicole, Lannilis n’est en fait pas du tout tournée vers la mer, et reste très agricole tant économiquement que dans l’héritage historique. Cette spécificité géographique entraine des contraintes nombreuses, tant sur le plan environnemental que de l’urbanisme. La Loi Littoral, les « coupures d’urbanisation » prévues dans le SCoT du Pays de Brest, la présence de terres agricoles et de zones humides font que le centre du bourg ne peut s’étendre indéfiniment.

« Le développement de l’agglomération gène les agriculteurs, car elle réduit les surfaces cultivables et coupe en deux la commune : ils sont obligés de passer par les zones 13 habitées avec leurs engins. De même pour aller à Landéda ; il faut passer par le bourg. De plus, les contraintes environnementales sont de plus en plus lourdes, et les agriculteurs sont constamment montrés du doigt comme de gros pollueurs, responsables des algues vertes… Tout cela ne peut pas susciter beaucoup de vocations ! » Tel est le premier constat quand on interroge les agriculteurs lannilisiens. En effet, la situation est critique : au moins 12 exploitations agricoles ont disparu en 10 ans à Lannilis depuis le recensement agricole de 2 000. Plusieurs possibilités se dégagent alors pour envisager l’avenir. Tous partagent la même vision : on assistera encore dans les années à venir à cette diminution du nombre d’agriculteurs. Ce sont les exploitations voisines qui se partageront les terres, avec des exploitations de plus en plus étendues, de plus en plus mécanisées, etc. En effet, la SAU moyenne était de 31 Ha en 2 000, elle est aujourd’hui de 47 Ha (ce qui est encore dans la moyenne basse).

C’est la réaction vis-à-vis de ce risque futur qui diffère selon les agriculteurs, et même au sein de la population. Beaucoup sont attachés à ce nombre conséquent d’exploitations sur la commune, et voudraient trouver des moyens de garder une agriculture « à taille humaine ». D’autres trouvent au contraire que l’agriculture actuelle est beaucoup trop intensive, et voudraient voir diminuer la taille du cheptel de la commune, et même s’installer des producteurs biologiques, qui seraient soutenus par la commune. D’autres enfin, parfois après avoir longtemps soutenu la première position, se demandent si le mouvement amorcé de réduction du nombre d’agriculteurs n’est pas inéluctable, si l’augmentation de la Surface Agricole Utile de chaque exploitant n’est pas un paramètre à prendre en compte tout simplement, sans lutter contre car elle leur permet d’être plus compétitifs. Tous considèrent de toute façon que l’agriculture fait partie intégrante de l’identité communale.

L’agriculture est aujourd’hui un problème cornélien pour la commune de Lannilis : quand faudra-t-il arrêter de construire des habitations et refuser les agrandissements d’industries locales pour préserver des terres agricoles ? Faut-il une réelle stratégie agricole communale ? Il semble que les bassins versants n’aient pas un grand rôle ni une grande audience auprès des agriculteurs. Comment diffuser et faire adopter au plus grand nombre les préoccupations environnementales ? N’est-ce pas le mode de production, trop intensif, qui est en contradiction avec la qualité environnementale exceptionnelle de la commune ? Les contraintes environnementales sont en effet réellement fortes, mais sont également un marqueur de la qualité du cadre de vie sur la commune. Elles concernent le périmètre de protection du forage d’eau de Lanveur, la Loi Littoral, la proximité des abers (sites classés), les périmètres conchylicoles, le classement en zone Natura 2000, les zones humides, les mises aux normes… (Tous ces classements entrainent d’ailleurs une certaine complexité administrative pour les dossiers concernant ces zones, même pour les services communaux.) Les limitations d’épandage qu’elles imposent causent de gros problèmes aux exploitants, dont 14 la surface épandable est souvent top faible pour écouler toute leur production de déchets organiques (3 000 ha non épandables sur la zone littorale de Landéda, Tréglonou, Lannilis et Plouguerneau). Ils doivent donc investir dans des stations d’épuration aux coûts très élevés.

Les conchyliculteurs sont à l’autre bout du circuit de l’eau… qui est d’ailleurs leur principale préoccupation ! Ils subissent de plein fouet la moindre pollution des abers, devant alors fermer l’exploitation en attendant des prélèvements meilleurs… mais la confiance de la clientèle ne se regagne pas si facilement, et les investissements sanitaires sont assez coûteux !

Les conchyliculteurs estiment souffrir d’une image assez négative auprès de certains élus et des usagers des abers. Pourtant, on retrouve en nombre d’emplois et en chiffre d’affaires le même rapport entre les trois activités que sont l’agriculture, le tourisme et la conchyliculture sur les communes de Landéda, Lannilis et Plouguerneau : avec 7,5 millions d’euros et 87 emplois en équivalents temps plein, la conchyliculture a un poids équivalent au tourisme (7,1 millions d’€ et environ 90 ETP maximum) et à peu près le tiers du poids de l’agriculture (23 millions d’€ de chiffre d’affaires et 303 ETP). L’activité ostréicole n’est donc pas à négliger dans ces trois communes, y compris à Lannilis, où les deux entreprises conchylicoles représentent 41 emplois, et où le tourisme a moins de poids que chez ses voisines… La commune bénéficie aussi pleinement de l’image de marque de l’ostréiculture, ce que la population ne perçoit pas toujours !

Lannilis accueille par ailleurs des entreprises qui, par leurs volumes ou leur production, pourraient être assez polluantes par leurs rejets. Cargill fait partie des 5 plus gros producteurs bretons de rejets dans le milieu avec une évolution des volumes de rejets globalement stables pour la plupart des polluants. Comme la SAVEL, Cargill est astreint à déclaration annuelle de rejets de polluants dans l’eau (traités à la station d’épuration communale), et dans l’air également (NOx) pour Cargill.

Il est difficile d’évaluer la pollution agricole : les exploitants sont soumis à des normes drastiques, que ce soit pour l’épandage, pour l’application des produits chimiques, ou leurs installations.

Tous ces éléments auront encore un impact important dans l’avenir, la question de la gestion de l’espace, du foncier, et de la qualité de l’environnement étant une problématique de plus en plus importante sur toute la planète… La question des relations entre toutes les activités de la commune (agriculture, ostréiculture, plaisance, industrie, artisanat, commerce, habitation…), et des relations entre communes voisines, notamment par l’intercommunalité, est un levier de plus en plus incontournable du développement du territoire et de l’amélioration du cadre de vie.

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II) Tableau des Atouts, Faiblesses, Opportunités et Menaces pour la commune de Lannilis

ATOUTS FAIBLESSES

• Position géographique entre Brest et la mer • Excentrée aux échelles départementale, régionale, nationale et européenne. • Carrefour dans les abers • Nombreuses contraintes environnementales • Niveau d’équipement et de commerces attractif • 2 pôles importants dans l’EPCI

• Nombre d’emplois important • Tensions entre acteurs socio-économiques du territoire • Cadre de vie privilégié • la commune n’a pas été classée « pôle • Bon équilibre des activités et usages du structurant » dans le SCoT territoire (agriculture, conchyliculture, industrie, commerces, services, habitat) • Pression foncière

• Richesse et dynamisme associatif • Appauvrissement et vieillissement de la population • Image de marque, de qualité • Circulation • Economie très dynamique et pluri-sectorielle • Manque de projet global de territoire

OPPORTUNITES MENACES

• La réflexion sur le cœur de ville : • « Dortoir » de Brest dynamisation • Rupture de l’équilibre du territoire, • Trouver des synergies entre associations et déséquilibre soit par augmentation de la entre acteurs économiques population soit par développement de l’industrie • Réseau de cheminements doux et tourisme • Dévitalisation du centre au profit des zones • Un moment charnière pour prendre en périphériques compte le développement durable • Quel avenir pour l’agriculture? • Densité de population encore maitrisable : qualité des relations sociales pas encore • Risque de perte du pouvoir de décision vraiment remise en cause. (CCPA, Pays de Brest…)

• Création d’un pôle économique important à • Décalages entre problématiques différentes l’échelle du Pays de Brest dans une EPCI contenant plusieurs bassins de vie • Pôle économique potentiel sur le bâtiment (présence de plusieurs corps de métiers) • Altération de la cohésion sociale

• Développement par les services

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