UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE

DEPARTEMENT ECONOMIE

MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETUDES SUPERIEURES SPECIALISEES (DESS)

OPTION : FINANCE

IMPACTS DE LA MICROFINANCE DANS LES ZONES RURALES, CAS DE LA REGION ALAOTRA-MANGORO

Présenté par : Monsieur RATOJONIRINA Manampison Jean Yves

Encadreur Pédagogique : Monsieur RAVELOMANANA Mamy Raoul

Encadreur Professionnel : Monsieur RAMORANDROSON Solofo

Soutenu le 31 mai 2012

Année universitaire : 2011-2012

REMERCIEMENT

Avant toute chose, nous remercions Dieu pour la réalisation de ce mémoire.

Ensuite, nous adressons nos vives reconnaissances au Chef de Département Economie de la faculté DEGS, à tous les professeurs et aux divers responsables du département pour l’accomplissement de cette formation en Diplôme d’Etude Supérieur Spécialisé (DESS)-Option : FINANCE.

Entres autres, nous remercions également tout le personnel de l’OTIV ZAM, de l’URCECAM Alaotra Mangoro, de la région Alaotra Mangoro ainsi que les différents responsables privés et publics dans la région qui ont apporté leur précieux aide dans la réalisation de ce mémoire.

Un grand merci aussi pour la population de la région Alaotra Mangoro pour leur chaleureux accueil durant la réalisation de ce devoir.

Nous adressons un spécial remerciement à :

 Monsieur RAVELOMANANA Mamy Raoul pour sa bienveillance de nous avoir encadrer pédagogiquement,  Monsieur RAMORANDROSON Solofo pour ses volontés de nous encadrer professionnellement,  ma Famille et mes Amis pour leur soutient.

A TOUS GRAND MERCI !!!

PREFACE

Selon les propos de l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Kofi Annan, « rendre les secteurs financiers accessibles à tous a le pouvoir d’améliorer les conditions de vie des populations, en particulier des pauvres. »1. A cet effet, l’organisation des nations unies attribue à la microfinance, le rôle principal de réduire la pauvreté en améliorant les conditions de vie des populations grâce à l’accessibilité des services financiers.

C’est dans ce sens que l’Assemblé Générale des Nations Unies a désigné 2005 comme l’année internationale du microcrédit afin d’éliminer les obstacles qui excluent la population d’une pleine participation au secteur financier. A cette époque, plus précisément en septembre 2005, lors du sommet mondial des nations unies, les chefs d’Etat et de gouvernement ont reconnu la nécessité d’assurer l’accès, des pauvres en particulier, aux services financiers, notamment grâce à la microfinance et au microcrédit. 2

Très conscient de cette nécessité, le professeur Muhammad Yunus a créé le modèle de la microfinance au monde, la « Grameen Bank ».3 Lors d'une séance de travaux pratiques d'un cours d'investissement, Muhammad Yunus propose à ses étudiants d'interroger les fabricants de tabourets en bambou des plus proches villages. Les 42 femmes artisanes ont besoin de 27 dollars au total pour développer leur activité. Or, toutes les banques refusent de financer ce trop faible montant à des clients a priori insolvables. Yunus déclare avoir eu honte de cette situation et prête la somme de sa propre poche. Par ce geste, Yunus a permis aux producteurs d'acheter d'avance le bambou sans subir les variations importantes de prix, de créer des emplois et de le rembourser intégralement.4En analysant l’impact qu’un simple petit prêt de 27 dollars a apporté à ces femmes artisanes, le professeur Yunus a conçu la « Grameen Bank » pour servir les exclus des banques commerciales grâce au microcrédit. C’est ce raisonnement qui se sert de base aux institutions de microfinance.

La microfinance se voit donc comme étant une solution à la croissance de .

1 Construire des secteurs financiers accessibles à tous-livre bleu, Nations unies-New York, 2006 2 Construire des secteurs financiers accessibles à tous-livre bleu, Nations unies-New York, 2006 3 Professeur Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix avec le Gameen Bank, banque qu’il a créée, 13 octobre 2006 4 www.cgap.org LISTE DES ABREVIATIONS

ADMMEC : Association de Développement du Mouvement Mutualiste d’Epargne et de Crédit

AECA : Association des caisses d’Epargne et de Crédit Autogérées

AFD : Agence Française pour le Développement

AGEPMF : Agence d’Exécution du Projet Microfinance

APEM : Association pour la Promotion de l’Entreprise a Madagascar

APIFM: Association Professionnelle des Institutions Financières Mutualistes

BIT: Bureau International du Travail

BMZ: Bündes Minister Für Zusammenarbeit (Ministère Fédéral de la Coopération – Allemagne) BNI : Banque National pour l’Industrie

BOA : Bank Of Africa

BTM : Bakin’i Tantsa Mpamokatra

CAE : Crédit Avec Education

CCNMF : Cellule de Coordination Nationale de la Microfinance

CECAM : Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel

CEM : Caisse d’Epargne de Madagascar

CIREL : Circonscription d’Elevage

CSBF : Commission de Supervision Bancaire et Financière

DAT : Dépôts A Termes

DID : Développement International Desjardins

DSNMF : Document de Stratégie Nationale de Microfinance

EAM : Entreprendre à Madagascar

FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation

FDG : Fond De Groupe

FED : Fonds Européen pour le Développement

FED: Fonds Européen pour le Développement

FERT : Formation pour l’Epanouissement et le Renouveau de la Terre

FERT: Formation pour l’Epanouissement et le Renouveau de la Terre FIDA: Fonds International pour le Développement Agricole

FIFATA : Fikambanana Fampivoarana ny Tantsaha

FFIVE : Fikambanana ho amin’ny Fampisamborana Ifanohanan’ny VEhivavy

FIGAM : Fonds Interrégional de Garantie Mutuelle

GCV : Grenier Commun Villageois

IFM : Institution Financière Mutualiste

IFNM : Institution Financière Non Mutualiste

IMF : Institution de Microfinance

MAP : Madagascar Action Plan

MEC : Mutuelle d’Epargne et de crédit

OTIV ZAM : Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola zone Alaotra Mangoro

PATFR : Projet d’Assistance Technique en Finance Rurale

PMF : Projet de Microfinance

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

SIPEM : Société d’Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar

TIAVO : Tahiry Ifamonjena Amin’ny Vola

UNICECAM : Union Interrégional des CECAM

URCECAM : Union Régionale des CECAM

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

Liste des figures

Figure n°1 : Localisation des caisses OTIV dans la région Alaotra Mangoro………………………….29

Figure n°2: Evolution des membres sociétaires de l’OTIV et l’URCECAM Alaotra Mangoro….50

Figure n°3: Evolution des membres du CAE.………………………………………………………………………..52

Figure n°4: Evolution des groupements féminins…………………………………………………………………53

Figure n°5: Proportion des femmes adhérentes de l’URCECAM Alaotra Mangoro……………….55

Figure n°6: Evolution des dépôts à vue par rapport à l’ensemble des dépôts………………………56

Figure n°7: Evolution des crédits équipements dans la région Alaotra Mangoro…………………60

Figure n°8: Evolution des crédits d’exploitation offerts par les IMF dans la région………………61

Figure n°9: Evolution du prix du paddy à la production (2007).……………………………………………64

Figure n°10: Evolution du crédit GCV…………………………………………………………………………………..65

Figure n°11 : Evolution du remboursement de l’URCECAM Alaotr a-Mangoro……………………72

Figure n°12: Evolution du taux de délinquance CAE…………………………………………………………….89

Liste des tableaux

Tableau n°1 : Période de la microfinance à Madagascar………………………………………………………08

Tableau n°2 : Les différentes zones d’intervention du Réseau OTIV Alaotra Mangoro…………30

Tableau n°3 : Les intérêts d’un DAT dans l’OTIV ZAM………………………………………………………….37

Tableau n°4 : Intérêts encourus par l’épargne « manampy »………………………………………………37

Tableau n°5 : la répartition des activités des membres de l’URCECAM Alaotra Mangoro…….63

Tableau n°6 : Evolution des dépôts des membres de l’OTIV………………………………………………..66

Tableau n°7 : Evolution des dépôts des membres de l’URCECAM………………………………………..67

Tableau n°8 : exemple de gain potentiel sur l’utilisation de GCV…………………………………………68

Tableau n°9 : Listes des institutions financières opérant dans la région Alaotra-Mangoro…..76

SOMMAIRE

INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………………………..01

PARTIE I : Approche théorique de la microfinance et présentation de la région cadre d’étude……………………………………………………………………………………………………………………………….02

Chapitre I : Approche théorique de la microfinance…………………………………………………………….03

Section I : Généralité sur la microfinance…………………………………………………………………03

Section II : Typologie et classification des IMF………………………………………………………….10

Chapitre II : Présentation de la région Alaotra-Mangoro et ses IMF…………………………………....17

Section I : Présentation générale de la région………………………………………………………….17

Section II : Les IMF dans la région…………………………………………………………………………….27

PARTIE II : Impacts de la microfinance dans la région Alaotra-Mangoro et Analyse de la pénétration des IMF dans la région ainsi que les obstacles y afférents..………………………………47

Chapitre I: Impacts de la microfinance dans la région………………………………………………………….48

Section I : Les impacts sociaux………………………………………………………………………………….48

Section II : Les impacts économiques……………………………………………………………………….58

Chapitre II : Analyse de la pénétration des IMF dans la région ainsi que les obstacles y afférant …………………………………………………………………….………………………………………………………..70

Section I : Analyse stratégique des IMF dans la région Alaotra Mangoro……………….…70

Section II : Les obstacles liés aux activités des IMF……..……………………………………………86

CONCLUSION……………………………………………………………………………………………………………………….93

INTRODUCTION

La microfinance est considérée comme une solution contre la pauvreté dans le monde, plus particulièrement, dans les pays en voie de développement tel que Madagascar.

Depuis les années 90, phase d’émergence des institutions de microfinance (IMF) dans le pays, le développement de la microfinance est considérable. La diversification des produits et l’extension géographique des IMF ainsi que les créations des nouvelles IMF nous montrent son importance dans le pays.

Mais des questions se posent sur ses impacts : Est-ce que les IMF ont accompli leur mission de réduction de la pauvreté ? Est-ce qu’elles ont vraiment pour cibles les couches vulnérables de la population ? Et comment réagissent-elles dans le milieu rural ?

Madagascar est un pays étendu dont la superficie est de 587 000 km² avec une faible densité de population (environ 20 000 000 d’habitants), population très majoritairement rurale (80%) avec de nombreuses zones enclavées. La pauvreté touche 70% de la population dont 85% en milieu rural. 5

D’où l’intérêt de ce mémoire intitulé « Impacts de la microfinance dans les zones rurales, cas de la région d’Alaotra-Mangoro », région dans laquelle nous avons effectuée les recherches.

Ainsi, pour mieux rédiger ce devoir, nous allons voir en première partie l’approche théorique de la microfinance ainsi que la présentation de la région Alaotra-Mangoro afin d’en déduire en deuxième partie, les impacts de la microfinance dans la région et les problèmes y afférents.

5 Revue de l’efficacité de l’aide pour la microfinance, CGAP, octobre 2005

1

PARTIE I : Approche théorique de la microfinance et présentation de la région cadre d’étude

Pour faciliter la compréhension de ce mémoire, il s’avère indispensable d’avoir des notion sur la microfinance. Il est aussi indispensable que la région, cadre d’étude, soit présenter. D’où l’intérêt de cette première partie. Nous allons donc cerner théoriquement, en premier lieu, ce qu’est la microfinance en se basant sur le cas de Madagascar et en second lieu, nous allons faire une brève présentation de la région Alaotra-Mangoro.

2

Chapitre I : Approche théorique de la microfinance

Ce chapitre nous permettra d’avoir un aperçu de ce qu’est la microfinance ainsi que son parcours à Madagascar.

Section I : Généralité sur la microfinance

Dans cette section, nous allons, en premier lieu, définir la microfinance, ensuite, voir son historique à Madagascar et enfin cerner les activités que les IMF peuvent entreprendre dans le pays.

1) Définition

Aujourd’hui encore, pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la microfinance se confond avec le microcrédit. Elle désigne les dispositifs permettant d’offrir des crédits de faible montant, microcrédits, à des familles pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises6. Le Microcrédit est donc un des produits offerts dans le cadre des activités de microfinance.

La microfinance peut aussi être définie comme l’offre de services financiers viables à une clientèle pauvre composée notamment de petits travailleurs indépendants ou micro - entrepreneurs, qui n’a pas accès au système bancaire formel7. Selon la loi 2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF, ces services comprennent l’octroi de microcrédit, la collecte de l’épargne et les services connexes à la microfinance que nous allons prochainement voir.

En ce qui concerne l’Institution de Microfinance (IMF), c’est une organisation, légalement établi, offrant des services de microfinance. Elle se compose en Institution Financière Mutualiste (IFM) et Institution Financière Non Mutualiste (IFNM), d’après la loi 2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF. Selon cette même loi, les IMF, mutualiste ou non, doivent être classifiées en trois catégories à savoir

6 WWW.lamicrofinance.org 7 WWW.madamicrofinance.mg

3 l’IMF de niveau 1, L’IMF de niveau 2 et l’IMF de niveau 3. Nous allons entrer en détaille ultérieurement.

En somme, l’IMF est une institution spécialisée sur la microfinance. Notons que la microfinance consiste à offrir des services financiers, dont le microcrédit, aux gens défavorisés.

Si telle est la définition de la microfinance, nous allons maintenant voir son historique à Madagascar.

2) Historique de la microfinance à Madagascar8

L’histoire de la microfinance à Madagascar comporte trois (3) périodes bien distinctes à savoir : l’origine avant 1990, la phase d’émergence des IMF de 1990 à 1995 et la phase de développement et de croissance de 1996 à nos jours.

 Avant 1990 : origine de la microfinance

Avant 1990, il n’y a pas encore d’IMF. Toutefois, la BTM (Bakin’i Tantsa Mpamokatra), banque nationale depuis 1976 et reprise en 1999 par la BOA (Bank Of Africa) dans le cadre de sa privatisation, était la seule banque qui intervenait dans le secteur de la microfinance. Mais ses activités dans le domaine étaient limitées à l’octroi de crédit aux paysans et n’atteignaient qu’un fragment limité de la population rurale. Néanmoins, même après sa privatisation, cette banque a maintenu ses interventions dans le secteur de microfinance.

 1990 à 1995 : phase d’émergence des IMF

Les défaillances du système bancaire en milieu rural ont favorisé la création des IMF à partir de 1990 à Madagascar. Ces défaillances sont dues par :

 L’éloignement géographique : les banques sont rarement présentes hors des grandes villes ;  Les pré-jugement: les pauvres sont perçus comme une clientèle à risque ;

8 WWW.madamicrofinance.mg

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 Les procédures inadaptées : les paysans ne savent pas forcement remplir les processus administratifs de demande de prêts et ils n’ont pas souvent la possibilité d’offrir des garanties matérielles exigées par les banques ;  La logique de rentabilité : plusieurs microcrédits engendrent beaucoup plus de coûts qu’un seul crédit de montant élevé alors que les deux présentent un revenu plus ou moins égal.

A cette période, l’émergence des IMF a été surtout favorisée par la conjugaison des interventions de trois entités à savoir les bailleurs de fonds, le gouvernement et les opérateurs techniques spécialisés.

Les interventions des bailleurs de fonds se manifestent sous forment de financement soit via les IMF, soit par le biais d’autres institutions ayant des relations étroites avec les activités de microfinance comme le gouvernement. Parmi ces bailleurs, nous pouvons citer la Banque Mondiale, l’Union Européenne, l’Agence Française pour le Développement, la Coopération Allemande, l’Inter-coopération Suisse….

Le gouvernement, quand à lui, se manifeste à travers sa politique en faveur du secteur. En l’occurrence, en collaboration avec la Banque Mondiale, le gouvernement Malgache a établi le projet d’exécution PATFR/ADMMEC jusqu’en 1997, puis le Projet MicroFinance (PMF) pour une phase de deux ans (1998-1999) et l’AGEPMF (gestion de programme microfinance) planifié sur quinze (15) ans dont le démarrage officiel a débuté en juin 1999.

En ce qui concerne les opérateurs techniques spécialisés ou agences d’implantation et de développement, leurs interventions sont axés sur l’encadrement technique des IMF. Il s’agit entre autres de DID, FERT, IRAM, CIDR.

Cette phase a surtout été marquée par la création de nombreuses IMF mutualises et non mutualistes dans le pays. A titre d’exemple, pour les IMF mutualistes, nous pouvons citer le CECAM/FERT en 1993 dans la région de vakinakaratra, l’OTIV/DID en 1990 dans la région de Marovoay ; et pour les IMF non mutualistes, nous pouvons donner à titre d’exemple la SIPEM créée en 1990 à Antananarivo ou encore le VOLA MAHASOA/CIDR, créé en 1993 et implanté dans la partie Sud de l'Ile, à Tuléar.

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 1996 à nos jours : Phase de développement et de croissance

De 1996 à nos jours, la microfinance est en phase de développement et de croissance. Cette phase est marquée par des différents événements.

En premier lieu, la consolidation des réseaux existants et l’extension géographique des IMF commencent à prendre de l’ampleur. Les IMF élargissent géographiquement leurs réseaux. Nous pouvons évoquer comme exemple les IMF suivantes :

 OTIV/DID : extension des activités avec l'ouverture de nouvelles caisses dans la zone périurbaine de la capitale (Antananarivo) et du Nord Est (SAVA) en 1996, puis dans la zone urbaine d'Antananarivo en 2000.  CECAM/FERT : une première extension du réseau a eu lieu à partir de 1996 dans les régions d'Amoron'i Mania, Vakinankaratra et Ivon'Imerina sur les Hautes Terres Centrales. Une deuxième extension en 1998 a permis au réseau de s'installer dans le Moyen Ouest (Bongolava et Itasy), le Nord Ouest (Sofia) et sur la Côte Ouest (Menabe).  TIAVO/IRAM : redynamisation du réseau avec l'arrivée du nouvel opérateur IRAM en 1999 et extension du réseau dans le Sud Est à Manakara et Farafangana.  AECA/CIDR : extension du Réseau AECA à Ambato Boeni en 1998.  EAM, Projet appuyé par PNUD/BIT depuis 1990, s'est transformé en Association en 1996. A partir de 1999, EAM s'est érigée en Institution de Microfinance Non Mutualiste.

En second lieu, la mise en place de Cellule de Coordination Nationale de la MicroFinance (CCNMF) et l’élaboration du Document de Stratégie Nationale de MicroFinance (DSNMF) montrent l’importance de la microfinance pour le pays. De concert avec tous les acteurs et intervenants du secteur, la Cellule de Coordination Nationale de MicroFinance (Entité rattachée au Ministère des Finances et du Budget, mise en place en décembre 2003) a validé lors d'un atelier en Avril 2004 le Document de Stratégie Nationale de MicroFinance à Madagascar. Ce document a eu l'approbation du Gouvernement en juin 2004. Ce même document a été révisé et aligné au MAP en octobre 2007. La version révisée

6 du DSNMF (2008-2012) alignée au MAP a été approuvée par le Conseil du Gouvernement le 11 novembre 2008.

En dernier lieu, l’adoption de la nouvelle loi relative à l’activité et au contrôle des IMF a marqué l’épanouissement de l’activité de microfinance à Madagascar. Il s'agit de la loi N° 2005-016 du 29 septembre 2005 dont le décret d'application N° 2007-012 fixant les formes juridiques des IMF et les modalités de leur immatriculation au Registre du Commerce des Sociétés et le décret d'application N° 2007-013 portant fixation du capital minimum des établissements de crédit et de la valeur nominale des titres de participation.

Cette loi est spécialement conçue pour les IMF à Madagascar. Elle complète ses aînées, entres autres la loi n° 95-030 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit et la loi n°96-020 relative à la réglementation des activités et organisation des institutions financières mutualistes.

Les grandes lignes de cette nouvelle réglementation sont :

 La définition des activités de microfinance  La classification des IMF en trois niveaux  Les méthodes de suivi et de contrôle adaptées aux IMF  Et des dispositions diverses.

Ainsi, l’histoire de la microfinance à Madagascar peut se résumer sur ce tableau :

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Tableau 1 : PERIODE DE LA MICROFINANCE A MADAGASCAR

Avant 1990 - 1996 De nos jours  Pas d’IMF  Phase d’émergence  Phase de  BOA  Bailleurs de fonds développement et de  Gouvernement croissance  Agence  Extension d’implantation et de géographique et développement consolidation des  Création des IMF réseaux existants mutualistes et non  Mise en place de la mutualistes. Cellule de Coordination Nationale de la MicroFinance et l’adoption de la Stratégie Nationale de Microfinance à Madagascar (Juin 2004)  Nouvelle loi (2005- 016)

Source : Manuel de participant, Séminaire de formation sur la réglementation de la microfinance

Après avoir vue l’historique de la microfinance à Madagascar, nous allons voir maintenant ses activités.

3) Les activités de microfinance

Selon la loi n° 2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance, dans son article 4 ainsi que dans son exposé des motifs, les

8 activités de microfinance comprennent l’octroi de microcrédit, la collecte de l’épargne et les services connexes à la microfinance.

 L’octroi de microcrédit

La loi n° 2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance, dans son article 5 défini l’opération de crédit. Selon ladite loi, l’octroi de microcrédit est tout acte par lequel une IMF met ou promet de mettre des fonds à la disposition d’un tiers, personne physique ou morale, ou prend, dans l’intérêt de ce tiers, un engagement par signature tel qu’un aval, un cautionnement ou une garantie. Elle intègre le crédit-bail dans l’opération de crédit. Notons que le terme microcrédit désigne un crédit de faible montant.

 La collecte de l’épargne

La loi relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance explique, dans son article 6, ce qu’est la collecte d’épargne. Elle définit l’épargne comme des fonds, sous forme de dépôt, autres que les apports en capital, les droits d’adhésion et les cotisations, reçus de leurs membres par les IMF mutualistes, avec le droit d’en disposer dans le cadre de leurs activités, à la charge pour elles de les restituer. D’après cette loi, les fonds suivants ne font pas partie de l’épargne :

 Les dépôts obligatoires  Les dépôts de garantie  Et les sommes d’argent mises à la disposition de l’institution de microfinance aux fins d’octroi de crédit.

La faculté des IMF à collecter de l’épargne est déterminée par son type, mutualiste ou non, et sa catégorie, IMF1, IMF2 ou IMF3. Cela est indiquée dans l’exposé des motifs de la loi relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance.

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 Les services connexes à la microfinance

La loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance cite les services connexes à la microfinance. Selon elle, les services connexes à la microfinance sont constitués par :

 les opérations de virement interne, pour le compte de la clientèle, effectuées au sein d'une même institution de microfinance ou au sein d'un réseau mutualiste ;  la location de coffre-fort ;  les prestations de conseil et de formation ;  les virements de fonds, non libellés en devises, avec les établissements de crédit habilités à effectuer ces opérations à Madagascar.

Tells sont, en gros, les activités qu’une IMF peut faire légalement à Madagascar.

Madagascar est un pays en voie de développement où la majorité de la population est pauvre. Cette grande partie de la population est exclue du système bancaire traditionnel. De ce fait, pour promouvoir le développement du pays et pour activer sa croissance, le gouvernement Malgache, en partenariat avec d’autres entités, a décidé d’installer des IMF pour offrir aux plus démunis des services financiers. Ces services consistent à octroyer des crédits, à collecter de l’épargne et à offrir des services connexes à la microfinance. Depuis son origine jusqu’à présent, la microfinance n’a cessé d’évoluer à Madagascar.

Après avoir cerné ce qu’est la microfinance et après avoir survoler son historique à Madagascar, nous allons voir maintenant la typologie et la classification des IMF selon les réglementations en vigueur dans le pays.

Section II : Typologie et classification des IMF

L’importance de cette section réside sur le fait qu’elle nous permet de connaître et de cerner les types et les classes des institutions de microfinance à Madagascar, conformément au loi et règlement en vigueur.

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1) Typologie des IMF

Les institutions de microfinance peuvent être mutualistes ou non mutualistes. Les IMF mutualistes sont celles qui obéissent aux principes généraux du mutualisme visés au titre II de la loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF tandis que les IMF non mutualistes sont celles qui ne répondent pas à ces principes.

 IMF mutualiste

Selon la loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF, dans son article 10, « est qualifiée d’institution de microfinance mutualiste, une personne morale fondée sur les principes de coopération, de solidarité et d’entraide mutuelle et ayant principalement pour objet de collecter l’épargne de ses membres et/ou de consentir du crédit à ceux-ci… ».

D’après cette définition, nous pouvons énoncer les principes généraux9 du mutualisme qui sont :

 la libre adhésion des membres sauf restriction prévue dans les statuts;  la non limitation du nombre des membres;  l'égalité des droits et obligations de chaque membre au niveau des IMF de base, chaque membre ayant droit à une voix et à une seule quel que soit le nombre de parts qu'il détienne ;  l'interdiction du vote par procuration sauf dans des cas exceptionnels et dans les limites prévues par le statut ;  la limitation des services financiers aux seuls membres.

L’expansion et le développement des mutualistes permettent la mobilisation de l’épargne en milieu rural. En étant conscient qu’il est à la fois membre, propriétaire et bénéficiaire, le paysan est plus confiant vis-à-vis de l’institution et n’hésite pas à placer ses excédents d’exploitation. Ce sentiment de rattachement fait parfois bénéficier les mutualistes du fait que les membres se sentent responsable de la survie de l’institution.

9 loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF

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En effet, le mutualisme garantie l’égalité des membres dans la gestion des activités de l’institution et ceci grâce au principe « une personne, une voie » cité ci-dessus.

Toutefois, des problèmes de gestion se posent. Des problèmes qui ont pour origine le système d’organisation de l’institution. En effet, les membres chargés de l’administration, élus par les membres, ne sont pas tous compétents pour mener à bien la conduite des activités, alors qu’un niveau de connaissance en matière administrative et financière est exigé pour une conduite saine et régulière de l’institution.

Il est nécessaire de noter que les institutions financières mutualistes à Madagascar, y compris celles spécialisées dans la microfinance, sont régies par la loi n° 96-020 portant réglementation des activités et organisation des Institutions financières mutualistes.

Afin d'augmenter la capacité financière et l'envergure de l'Institution Financière, les caisses de base se regroupent en union, puis en Fédération, voire même en réseau.

Actuellement les principales Institutions Financières Mutualistes sont composées de cinq réseaux qui sont :

 Association des Caisses d’Epargne et de Crédit Autogérées (AECA)  Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola (OTIV)  Tahiry Ifamonjena Amin’ny Vola (TIAVO)  Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuelle (CECAM)

Mais OTIV/DID et CECAM/FERT constituent les deux plus grands réseaux dans cette catégorie tant en terme de volume d'activités que de couverture géographique.

A part ces mutualistes, il existe aussi des IMF non mutualistes dans la Grande île et nous allons les voir ci-après.

 IMF non mutualiste

En ce qui concerne les IMF non mutualistes, ils n’ont pas de statut particulier, contrairement aux IMF mutualistes. Toutefois, ils sont régis par la loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF. Selon l’article 4 de ladite loi, elles

12 se distinguent des IMF mutualiste dans le sens où elles ne suivent pas les principes de base du mutualisme précédemment cités dans le volet mutualiste.

Les institutions non mutualistes sont composées par les IMF qui ont choisi la forme juridique autre que mutualiste. Ce sont les plus souvent des IMF constituées en société commerciale qui distribuent des crédits individuels plus importants aussi bien en valeur qu’en volume. Pour elles, les objectifs financiers, dont le profit et la rentabilité, restent les plus importants. Ces institutions ont exclusivement un but lucratif.

Néanmoins, à Madagascar, il existe d’autres formes d’IMF non mutualiste. Il s’agit des IMF constituées en association qui ont une vocation plus sociale du faite qu’elles distribuent des microcrédits en fonction des fonds dont elles disposent.

Les principales institutions non mutualistes à Madagascar sont :

 Association pour la Promotion de l’Entreprise a Madagascar (APEM)

 Société d’Investissement pour la Promotion des Entreprises à Madagascar (SIPEM)

 Entreprendre à Madagascar (EAM)

 VOLA MAHASOA

 Caisse d’Epargne de Madagascar (CEM)  MAHAVOTSE

Quelque soit le caractère de l’institution, mutualiste ou non, la loi relative à l’activité et au contrôle des IMF la classifie en trois niveau. C’est l’une des grandes innovations apportées par ladite loi.

2) Classification des IMF

Pour assouplir le régime de suivi et de contrôle des IMF permettant ainsi le développement de l’activité et l’épanouissement des initiatives même les plus petits, le législateur Malgache a adopté la loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF. Cette loi classe les IMF, mutualiste ou non, en 3 niveaux progressifs

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(IMF 1, IMF 2, IMF 3). Le niveau est élevé selon la complexité des opérations, des ressources, de l'organisation, ainsi que le degré d'institutionnalisation et du contrôle. La Commission de Supervision Bancaire et Financière (CSBF), actuel autorité de supervision des établissements de crédit, peut exiger le passage à un niveau supérieur d’une IMF dans le but de mettre les contraintes en proportion avec les risques auxquels s’exposent l’institution, au-delà de certains seuils fixés par instructions.

 IMF niveau 1

L’IMF de niveau 1 est une institution de taille faible avec des activités limitées. Elle doit avoir un système de contrôle satisfaisant en vue de l’obtention d’une « licence » par la CSBF. Cette licence la permet de se livrer à sa première exploitation.

L’article 14 de la loi relative à l’activité et au contrôle des IMF définit les activités que l’IMF de niveau 1 peut faire. Selon cet article, elle peut octroyer des microcrédits à court et à moyen terme dans la limite fixée par instruction de la CSBF. Elle peut aussi effectuer des prestations de conseil et de formation à sa clientèle. Toutefois, elle ne peut pas collecter de dépôt du public.

L’institution doit s’opérer selon une structure de fonctionnement et de contrôle simplifiée avec un dispositif de contrôle. La CSBF effectue la « surveillance » de l’institution à partir de l’existence du dispositif de contrôle et/ou d’analyse des informations.

 IMF niveau 2

Avant de commencer ses activités, l’IMF de niveau 2 doit avoir l’autorisation de la CSBF. Cette autorisation est dénommée « agreement ». Cet agreement donne droit à l’institution de se livrer à ses activités expressément prévues dans l’article 15 de la loi relative à l’activité et au contrôle des IMF.

Selon cet article, l’IMF 2 peut octroyer des crédits à court et moyen termes dans la limite des plafonds fixés par la CSBF. Elle peut effectuer toutes les opérations connexes à la microfinance définies précédemment dans ce mémoire. En ce qui concerne la collecte des dépôts, deux cas se présentent. Le premier, c’est pour les IMF mutualistes. Selon ladite loi,

14 les IMF mutualistes n’ont pas le droit de collecter de dépôt public. Pour le deuxième, les IMF non mutualistes ont le droit de collecter de dépôt public sous une certaine condition. En effet, pour collecter de dépôt public, les IMF non mutualistes de niveau 2 doivent être constituées sous forme de société anonyme à capital fixe à plusieurs actionnaires.

L’IMF de niveau 2 est une IMF de compétence et de risque moyen. En raison de la protection des déposants et de l’intégrité du secteur bancaire, la « supervision » des IMF 2 est faite directement par la CSBF. La supervision consiste à vérifier le respect par les institutions des règles de gestion et des normes de prudence.

A cet effet, l’article 15 de ladite loi exige que les IMF 2 soient dotées d’un dispositif de contrôle interne et externe et qu’elles soient tenues de respecter les règles de gestion et des normes de prudence définies par l’autorité de supervision des établissements de crédit.

 IMF niveau 3

Les IMF 3 ont une structure plus proche des banques traditionnelles en raison de leurs assises financières et compétences techniques avérées. Leurs activités les classent dans la tranche supérieure de la microfinance.

Selon l’article 17 de la loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF, elles peuvent octroyer des crédits à court, moyen et à long termes dans la limite des plafonds fixés par la CSBF. Tout comme les IMF 2, les IMF 3 peut aussi effectuer toutes les opérations connexes à la microfinance citées ci-dessus. Les IMF 3 mutualistes ne peuvent pas collecter de dépôts publics tandis que les non mutualistes peuvent le faire sous la même condition que les IMF 2 non mutualistes.

La CSBF supervise les IMF 3 afin qu’elles puissent respecter les règles de gestion et des normes prudentielles définies à leurs égards. A cet effet, les IMF 3 doivent avoir une structure de fonctionnement et de contrôle développée. L’importance de cette supervision réside sur la protection des déposants et la sécurisation du secteur financier. En effet, le contrôle bancaire efficace garantie la solvabilité, la liquidité et l’intégrité du secteur financier.

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En somme, d’après les lois, concernant les IMF, en vigueur à Madagascar, à l’instar de la loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF, Il existe deux grands types d’IMF dans le pays, à savoir les IMF mutualistes et les IMF non mutualiste. Ces types se subdivisent chacun en 3 niveaux (IMF 1, IMF 2 et IMF 3) selon la taille de l’institution et les risques auxquels elle est exposée.

Pour conclure ce chapitre, nous avons pu constater que le secteur de la microfinance est un secteur en développement massif à Madagascar. Les actions des acteurs de microfinance dont les IMF, la CSBF, le gouvernement, le parlement, les bailleurs de fond…, nous montrent son importance dans le pays. La grande innovation qui a marqué le monde de la microfinance dans le pays est le vote de la loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF. A partir de ce moment, les IMF mutualistes et non mutualistes opérant dans la grande île ont leur propre cadre juridique. Leurs activités sont dorénavant définies, leur gestion est surveillée ou supervisée selon son niveau. Notons qu’elles sont classées en 3 niveaux à savoir l’IMF 1, l’IMF 2 et l’IMF 3. Voilà en ce qui concerne l’approche théorique de la microfinance, voyons maintenant, dans le chapitre suivant, la présentation de la région Alaotra-Mangoro.

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Chapitre II : Présentation de la région Alaotra- Mangoro et ses IMF

Afin que le devoir puisse être effectif, la présentation de la région, cadre d’étude, nous est indispensable. Elle nous permet, d’une part, de mieux connaître la région Alaotra- Mangoro et d’autre part, de faciliter notre analyse sur les impacts de la microfinance dans la région. Ce qui nous ramène à voir les IMF opérant dans la région. D’où l’intérêt de ce chapitre.

Section I : Présentation générale de la région

Dans cette section, nous allons voir en premier lieu, la généralité sur la région Alaotra-Mangoro, et en second lieu, nous allons aborder les activités économiques de la région.

1) Généralité sur la région Alaotra-Mangoro10

Alaotra Mangoro est une fusion des deux anciennes régions Alaotra et Mangoro. Historiquement, Alaotra vient du nom du grand lac Alaotra situé au milieu des districts d’ et d’ tandis que Mangoro est le nom de la rivière principale traversant et Anosibe An’Ala du Nord au Sud.

Pour avoir plus d’information, nous allons voir dans cette rubrique la délimitation géographique de la région, ensuite sa population et enfin son environnement physique.

 Délimitation géographique

La région Alaotra-Mangoro se trouve sur les hautes terres de Madagascar, dans la partie Nord Est. Elle est à environ 110 km de la capitale, Antananarivo. Elle est délimitée au Nord par la région Sofia ; au Nord-Ouest par la région Betsiboka ; Nord-Est par la région Analanjirofo ; à l’Ouest par la région Analamanga ; au Sud et Sud-Est par la région

10 Monographie de la région Alaotra Mangoro/ Alaotra Mangoro-ONE/MO/DOC/38/RSEE/ALM / MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE À MADAGASCAR, Novembre 2010

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Atsinanana, au Sud-Ouest par les régions Vakinankaratra et Analamanga; et enfin à l’Est par les régions Atsinanana et Analanjirofo.

La région Alaotra Mangoro s’étend sur une superficie de 33 441 km². Elle est divisée en 5 districts dont Ambatondrazaka, Amparafaravola, Andilamana, Anosibe an’ala et Moramanga, 79 communes et 719 fokontany. Les 3 premiers districts constituent l’Alaotra tandis que Anosibe an’ala et Moramanga forme Mangoro. Ambatondrazaka est le chef lieu de région.

 Population

La région Alaotra Mangoro a une population, en 2006, de 1 142 059 habitants pour une densité moyenne de 34,15 habitants/km2, inégalement répartie. Le district d’Anosibe an’ala avec ses 10,79 habitants par km² présente la densité la plus faible tandis que le district de Moramanga a la densité la plus élevée avec ses 101,61 habitants par km². La population est composée en majorité de l’ethnie Sihanaka dans le Nord et de Bezanozano et de Betsimisaraka au Sud et à l’Est. Les Merina et les Betsileo sont arrivés dans les dernières vagues migratoires. Ils sont minoritaires, mais présents dans toute la région. La majorité de la population vie dans le milieu rural soit plus de 80%.

En ce qui concerne le niveau intellectuel de la population, l’INSTAT a évoqué en 2005 que 17,6 % de la population en milieu urbain et 34,4 % de la population en milieu rural sont analphabètes. Ce qui est peu par rapport à l’ensemble du pays en cette période. Le taux net de scolarisation pour le primaire en 2004 est de 82%. Plus de 15% des enfants de 6 à 14 ans ne sont pas scolarisés surtout au niveau des zones enclavées comme . Une situation pareille est alarmante et signifie que les enfants entrent très jeunes dans la vie active. Malgré ce résultat, la région comporte 1676 établissements de niveau I dont 236 privés, 119 établissements de niveau II dont 41 privés et 17 établissements de niveau III dont 12 privés.

 Environnement physique

La région Alaotra Mangoro bénéficie d’un climat tropical de basse et de moyenne altitude. Les conséquences de l’altitude et de la latitude avec les effets des vents créent une

18 multitude de climats locaux qui ont des influences sur la pluie. En effet, les versants orientaux exposés aux vents d’Est, alizé, et plus forestiers reçoivent plus de pluie tandis que les parties centrale et occidentale plus élevées subissent l’effet de Foehn11.

En ce qui concerne son relief, la région Alaotra Mangoro est entourée par la falaise de l’Angavo, à l’Ouest, et par la falaise Betsimisaraka à l’Est. Elle se présente ainsi comme une cuvette surmontée par des escarpements de montagnes. Le relief est caractérisé au Nord par les cuvettes de l'Alaotra, d’Andilamena et de qui sont de vastes plateaux intermédiaires. Au Sud et Sud-Est, dans la zone de Moramanga et d’Anosibe an’Ala, les deux falaises se rapprochent et la topographie est homogène, caractérisée par des versants12 à pente forte et des dépressions marécageuses.

Pour la pédologie, les types de sols trouvés dans la région se présentent comme suit : Au niveau des bassins versants de l’Alaotra, les sols sont de type ferralitiques et se caractérisent par la présence, en surface, d’une couche latéritique d’épaisseurs variables. Ces sols sont particulièrement sensibles et favorables à l’érosion lorsque la couche protectrice de l’horizon d’altération est décapée. Sur les plaines fluvio-lacustres, les sols sont de type hydromorphe, hydromorphes moyennement organiques et à texture très argileuse fine aptes à la riziculture et hydromorphes tourbeux ayant une aptitude bonne pour la riziculture inondée et la culture contre-saison sans irrigation. Au niveau de Moramanga, les zones à couverture végétale forestière présentent des sols évolués de type ferralitique. Dans l'ensemble, il s'agit des sols rouges et des sols jaunes sur rouges, caractéristiques des régions chaudes et humides. Sur les glacis-plaines, les sols sont hydromorphes minéraux. Ce sont des sols massifs et compacts engorgés en saison pluvieuse. Sa spécialité reste la riziculture inondée. Dans les reliefs modérés de dissection, on trouve : des sols ferralitiques jaunes ocre/rose difficilement exploitables pour l'agriculture, et des sols ferralitiques jaunes limoneux-sableux, associés à des sols peu évolués d'érosion à sable grossier. Et enfin, plus au sud, les pseudos steppes forment un couvert végétal relativement dense sur des sols souvent cuirassés ou concrétionnés13.

11 Vent du sud, chaud et très sec. 12 Pente d’une montagne 13 Dur et épais

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Enfin pour l’hydrographie, la région Alaotra Mangoro possède un grand potentiel hydrographique caractérisé par un important circuit d’eau douce. Effectivement, la région possède beaucoup de rivières, de lacs et des marécages. Le débit des eaux est fortement lié à la pluie et les rivières réagissent vite à celle-ci. Ce qui explique les crues soudaines et violentes pendant la saison de pluies. De plus, le phénomène de l’érosion facilite les gonflements des cours d’eau.

Après cette brève présentation de la région, nous allons maintenant entamer sur les activités économiques de la région.

2) Les activités économiques dans la région :

Du point de vue économique, la région Alaotra-Mangoro peut être subdivisée en trois zones :

 La zone économique du centre (sous-région Alaotra : districts d’Ambatondrazaka et Amparafaravola) caractérisée par la production rizicole.  La zone économique du Sud (sous-région de Mangoro constituée des districts de Moramanga et Anosibe An’Ala), riche en patrimoine forestier et environnemental.  La zone économique du Nord marquée par l’élevage des bovidés et l’existence de zones de pâturage (Nord d’ Amparafaravola et Andilamena).

D’après cette subdivision, nous pouvons constater que dans la région Alaotra Mangoro, c’est le secteur Primaire qui domine. Ainsi 94,12 % des hommes et 88,01 % des femmes se concentrent dans ce milieu. Ces gens trouvent leurs sources de revenu dans l’agriculture, l’élevage, l’exploitation forestière ainsi que la pèche. Toutefois, les autres secteurs sont représentés. Ainsi, nous pouvons classer à titre de secteur secondaire, dans la région, l’exploitation des industries et l’artisanat et à titre de secteur tertiaire le commerce et prestation de services, le tourisme, les agents de l’Etat, le transport ainsi que la profession libérale.

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Pour mieux traiter les activités économiques dans la région, nous allons subdiviser ce rubrique en trois parties dont les activités agricoles, les industries et artisanats et enfin le tourisme dans la région.

 Activités agricoles

Dans ce rubrique, nous allons tout d’abord voir l’agriculture qui fait la renommé de la région, ensuite nous allons voir l’élevage puis la pêche et enfin nous allons évaluer les ressources forestières de la région.

a) L’agriculture

La région Alaotra Mangoro s’est distinguée dans la culture du riz. Mais outre la riziculture, les milliers d’hectares de terrains cultivables sont propices aux diverses cultures vivrières, maraîchères, industrielles et de culture de rente.

La riziculture fait la renommée de la région. Cette activité se développe surtout dans les plaines autour du lac Alaotra qui sont les districts d’Ambatondrazaka et d’Amparafaravola (Amparafaravola, , , , , ,…), considérés comme les principaux greniers à riz avec plus de 120 000 ha de rizières dont 35 000 ha irrigués. Alaotra Mangoro assure une production annuelle d’environ 300 000 tonnes de paddy et elle est le principal fournisseur du marché interrégional du pays.

Le manioc occupe la deuxième position avec environ 98 000t/an dont 40% de la production proviennent du district de Moramanga. Une féculerie qui occupe une superficie de 6 700 ha est implantée à Marovitsika.

Le maïs suit de loin le manioc avec une production de 4 000 t/an ; cette culture se développe surtout dans le district d’Andilamena.

Les districts de Moramanga et d’Anosibe An’Ala sont propices à la culture de rente (entre autres le café), aux cultures maraîchères et fruitières lesquelles sont favorables au voisinage immédiat des bas fonds et au niveau des vallées intercalées dans les escarpements de montagnes des zones forestières.

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Le niveau d’intensification agricole est encore faible et les surfaces cultivables aménagées sont encore insuffisantes. Cette situation est aggravée par l’ensablement considérable des zones de cultures, en particulier au niveau des bas fonds.

Voila en ce qui concerne l’agriculture, voyons maintenant en ce qui concerne l’élevage.

b) L’élevage

La région Alaotra Mangoro présente un potentiel important d’élevage avec une nette prédominance de l’élevage de bovin. Effectivement, la région possède 264 092 têtes de zébu. Elle possède deux Circonscriptions d’élevage à savoir la CIREL d’Ambatondrazaka qui couvre les districts d’Ambatondrazaka, d’Amparafaravola et d’Andilamena et la CIREL de Moramanga qui couvre les districts de Moramanga et d’Anosibe An’Ala.

L’élevage bovin se présente sous trois formes d’exploitation :

 Au nord, dans le district d’Andilamena et à l’Ouest d’Amparafaravola, il s’agit d’élevage extensif, de faible productivité. C’est une zone de passage qui fournit la plaine d’Ambatondrazaka en animaux de trait.  Au centre, dans la plaine du Lac Alaotra, la partie sud du district d’Amparafaravola et du district d’Ambatondrazaka, l’élevage est surtout destiné à la traction animale requise pour la riziculture sur quelques 40 000 ha. L’effectif du cheptel est ainsi lié aux variations des surfaces rizicoles et non à la densité de population. Les animaux sont mis en pâture dans les rizières en contre-saison.  Au sud, dans le district de Moramanga, l’élevage bovin est moins extensif mais lié aux travaux agricoles, et destiné à la boucherie. Les pâturages sont limités du fait des reboisements et des forêts, les bœufs restent ainsi en semi- liberté à proximité des villages. En contre-saison, ils peuvent brouter les repousses de riz. L’élevage laitier est peu développé.

La région possède une grande richesse en zébus mais cette richesse n’est pas exploitée rationnellement. En l’absence de bonne gestion, le cheptel a tendance à diminuer au lieu de se développer. Ce phénomène est aggravé par les problèmes d’insécurité. Les

22 vastes étendues de pâturage et les ressources en eaux plus que suffisantes dans la région permettent pourtant une intensification et une amélioration considérable de la production de l’élevage bovin ou de vaches laitières et l’exploitation des produits dérivés comme le cuir, la corne et les produits laitiers.

A part l’élevage bovin, il existe d’autres élevages qui marquent la région. En effet, l’élevage de porcin, de caprin et ovin ainsi que l’élevage de volaille se sont intensifiés dans la région. A titre d’exemple, la région est l’une des principales régions qui alimentent la capitale ainsi que d’autre région, comme Atsinanana, en volaille, surtout en oies.

Incluant à part dans l’élevage, la pêche en eau douce fait le prestige de la région Alaotra Mangoro et mérite d’être traitée indépendamment.

c) La pêche

La région est aussi réputée par la pèche en eau douce. Avec les fleuves et les plans d’eaux de la région, la pisciculture commence à être pratiquée dans toute la région et constitue une source de revenus non négligeables. La pêche de type traditionnel est presque toujours associée à d’autres activités agricoles. Les pêcheurs se regroupent en association ou groupement de 15 à 20 membres et leur effectif ne cesse d’augmenter.

Parmi les plans d’eau, le lac Alaotra, d'une superficie de 20 000 ha, est le plus important de la région et même de Madagascar. La pêche constitue une activité importante pour la population riveraine du lac, surtout pour ceux qui n’ont pas de terres à cultiver. Le rendement tourne autour de 2 500 t/an. Les produits sont destinés à la consommation locale, intra et extra régionale, frais, fumés ou séchés selon les marchés. Malheureusement, les menaces d'ensablement se généralisent suite à la forte dégradation des bassins versants. La pollution du lac par les résidus d’engrais et de pesticides est aussi à craindre. La production de poissons du lac stagne depuis cinq années. Une gestion du lac a commencé depuis 2003 et une fermeture d’une durée de 2 mois est effective chaque année. Par ailleurs, le lac Antsomangana dans le district d’Andilamena, la rivière Mangoro avec les écrevisses, les crevettes d’eau douce et les anguilles, constituent d’autres zones de pêche non négligeables dans la région. Dans le marais ou « zetra », les grenouilles de grande taille

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(150 à 500g) sont abondantes d’avril en janvier mais la technique de capture utilisée reste méconnue.

Après l’élevage et la pèche, nous allons faire une étude des ressources forestières de la région.

d) Les ressources forestières

Les parties Sud et Sud-Est des districts de Moramanga et d’Anosibe An’Ala disposent d’une grande potentialité en forêt. Ces zones se distinguent par l’importance aussi bien en qualité qu’en quantité de ses forêts naturelles. Les essences les plus fréquemment rencontrées sont : Hintsina, Nanto, Kijy, Varongy, Rotra, Voamboana, Ramy.… Les sous-bois sont très riches en orchidées.

Malheureusement, ces forêts ne cessent de reculer à cause de la pratique du tavy14 et des exploitations abusives de bois (charbons ou bois d’œuvres). La forêt primaire du corridor forestier de l’Est d’Anosibe An’Ala à est, depuis des années, le siège de concentration d’exploitants forestiers. Cette forêt est riche en essences diverses d'une qualité recherchée, telles que voamboana, hazomainty, varongy, ambora, merana,…. Vu cette richesse, les exploitants illicites se prolifèrent et provoquent ainsi des extractions abusives de bois empêchant la régénération de ce dernier.

A titre indicatif, Moramanga dispose d’une forêt naturelle d’une superficie d’environ 114 000 ha et de plantation de pin de Fanalamanga d’une superficie de plus de 60 000 ha qui s’étend jusqu’à Amparafaravola. Moramanga et ses environs accueillent des coupeurs de bois des hautes terres (Merina, Betsileo) pour les petites exploitations forestières non mécanisées, et des ouvriers semi qualifiés d’Antananarivo et de Toamasina pour travailler dans les unités industrielles. D’autres zones de reboisements privés existent également du coté de Moramanga et d’Anosibe an’Ala. Elles sont composées essentiellement par des Eucalyptus (du coté de Marovitsika par exemple), des Pinus et des Ravintsara (visibles sur la route vers Anosibe an’Ala).

La forêt constitue l’une des principales ressources des habitants dans la région. Elle est renommée dans la production de charbon, bois de chauffe, bois rond, bois carrés et

14 Bruler les arbres pour aménager la terre afin de cultiver

24 autres. Toutefois, l’exploitation sauvage et illicite ainsi que le « Tavy » restent l’un des problèmes en la matière.

La région Alaotra Mangoro possède une grande potentialité en matière de ressources naturelles, il nous reste donc de cerner les industries et artisanats.

 Industrie et artisanat

Dans ce titre, nous allons étudier en premier lieu les industries manufacturières, en second lieu l’exploitation minière et en dernier lieu l’artisanat dans la région.

a) Les industries manufacturières

Au Nord, il y a prédominance de rizeries et d’unités de décortiqué-riz. Elles sont situées en grande partie autour du lac où un grand silo est installé à . Notons aussi l’existence de l’industrie cartouchière du Ministère de la Défense Nationale à Sahafitahana Moramanga.

Dans la partie Sud de la région, l’abondance des ressources forestières explique la prédominance des industries de bois comme Fanalamanga, TIB, Panomad et les petites scieries.

b) L’exploitation minière

Les principaux gisements miniers tels que le graphite, le cobalt et le nickel sont localisés à Moramanga. Le graphite est exploité par les sociétés "Arsène Louys et Cie" et "R. Izouard" avec une production de 2 500 t/an. Un grand projet d’exploitation de cobalt et de nickel est en cours de mise en œuvre dans la zone d’Ambatovy et d’Analamay (Moramanga). Cette zone compterait près de 125 millions de tonnes de minerais, avec une teneur moyenne de 1% de nickel et de 0,6 à 1% de cobalt et une projection de production annuelle de 60 000 tonnes de nickel et 5 600 tonnes de cobalt. Dans le district d’Ambatondrazaka se trouve un gisement de chaux et de pouzzolane d’Ambatosokay. A part les exploitations industrielles, la région dispose d’autres ressources comme le quartz, le cristal, l’or et d’autres pierres précieuses comme le rubis d’Andilamena. Mais parfois, ils sont exploités de manière informelle.

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c) L’artisanat

Les zones rurales de la région, surtout celles qui entourent les plans d’eaux (Alaotra, Torotorofotsy), regorgent de matières premières de vannerie et de tissage, mais elles ne sont exploitées que pour les besoins domestiques et pour la vente sur les marchés locaux. De même, les matières minérales d’ornementation, tel que le quartz et le cristal présentent des gisements à ciel ouvert dans la partie nord d’Ambatondrazaka et Sud d’ Andilamena. Mais seuls de rares exploitants venant de la capitale les exploitent, d’une manière artisanale et informelle.

Pour conclure les activités économiques dans la région, nous allons entamer sur le tourisme.

 Le tourisme

La région Alaotra Mangoro possède des atouts touristiques indéniables. 24 000 touristes visitent en moyenne, chaque année, les 31 sites recensés incluant 4 aires protégées telles que le gîte de Fanihy, le corridor Ankeniheny Zahamena, le lac Alaotra et le corridor forestier d’Anjozorobe Angavo. La beauté exceptionnelle de la nature, la richesse de la biodiversité, la haute endémicité de la faune et de la flore, si elles sont mieux connues et si les infrastructures sont mieux adaptées, peuvent permettre au tourisme de se développer remarquablement. Le développement des activités touristiques et éco-touristiques est confronté à l’insuffisance des capacités d’accueil en infrastructures hôtelières et touristiques. Seuls Andasibe et Zahamena disposent des infrastructures d’accueil de renommée internationale pour les touristes.

La région Alaotra Mangoro est l’une des régions de Madagascar qui possède un grand potentiel économique. Elle est surtout réputée sur ses ressources naturelles surtout en matière agricole. La région est considérée comme le grenier à riz de Madagascar. Elle est aussi vue comme le principal fournisseur en poisson d’eau douce sur le marché interrégional du pays. Avec les potentiels forestiers qu’elle possède, surtout dans la partie de Mangoro, la région alimente le pays en bois et tous ses dérivés. Tout cela confirme la suprématie du secteur primaire dans la région. Toutefois, le secteur de l’industrie et de l’artisanat y compris le secteur minier ne sont pas négligeable, à l’occurrence le projet d’Ambatovy. Tous ces

26 potentiels combinés avec les caractères géographiques de la région donnent une place important au tourisme dans la région.

Malgré cette potentialité économique de la région, faute de ressource financière, la plupart de la population reste pauvre et paysanne, plus de 20% des communes restent enclaver, d’où l’intérêt d’étudier les IMF dans la région.

Section II : les IMF dans la région

De nombreuses institutions financières se sont implantées dans la région Alaotra Mangoro. Effectivement, nous pouvons y trouver des banques commerciales dont la BNI et la BOA, des institutions de microfinance ainsi que des prêteurs informels. Concernant les IMF, elles sont beaucoup à s’opérer dans la région. A titre d’exemple, le réseau OTIV, le réseau CECAM, la SIPEM, Le Microcred,…mais les réseaux OTIV et CECAM restent les seuls à pouvoir couvrir tous les districts de la région. CECAM et OTIV sont donc les mieux placés dans notre recherche d’où l’importance de leur présentation.

1) OTIV

Pour mieux connaître le réseau OTIV Alaotra Mangoro, nous allons faire une brève présentation du réseau et de présenter ainsi ses produits.

 Présentation de l’OTIV Alaotra Mangoro15

Dans ce titre, nous allons premièrement aborder l’histoire de l’OTIV ZAM et deuxièmement, nous allons analyser sa structure.

a) Historique de l’OTIV ZAM

L’OTIV ou Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola est une institution de microfinance mutualiste, membre de l’APIFM. Elle était créée en 1994 à Madagascar, dans la province de Toamasina, et s’est implantée dans la région de Toamasina et Alaotra Mangoro. Le réseau était financé et assuré par l’IDA, le DID ainsi que le gouvernement Malgache. A cette période, l’OTIV ZAM fait encore partie du réseau de Toamasina.

15 OTIV Zone Alaotra Mangoro

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En 2004, l’OTIV qui était rattachée auparavant au réseau OTIV de la zone littorale a eu son indépendance en structure opérationnelle et devenue le réseau OTIV Alaotra Mangoro.

Après la promulgation de la nouvelle loi 2005-16 du 29 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF, l’OTIV ZAM a obtenue l’agreement de la commission de supervision bancaire et financière (CSBF) en 2006. Elle a choisi, conformément à son capital, d’être classée en IMF de niveau 2 en Octobre 2009.

Actuellement, le siège central de l’OTIV ZAM se trouve à Ambatondrazaka, précisément à Avaradrova Sud. Elle possède un capital variable dont le minimum est de 15 000 000 Ariary. Le Réseau compte 5 OTIV avec 24 caisses et 225 employés. Ses membres comptent actuellement aux alentours de 50 000.

Juridiquement, le réseau OTIV ZAM (Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola), zone Alaotra Mangoro, est une mutuelle d’épargne et de crédit ou MEC ayant la forme de société à capital variable, sans but lucratif, régie par la loi n°96 020 du 4 Septembre 1996 relative à la règlementation des activités et organisation des IMF mutualistes.

Le schéma ci-après montre les caisses du réseau OTIV ZAM dans la région Alaotra Mangoro.

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Figure n°1 : Localisation des caisses OTIV dans la région Alaotra Mangoro

Source : OTIV Alaotra Mangoro

D’après ce schéma, nous pouvons dire que le réseau OTIV ZAM couvre littéralement la région Alaotra Mangoro. Il s’est surtout concentré dans les zones productrices de riz.

Pour finir l’historique de l’OTIV ZAM, nous allons vous présenter, dans le tableau ci- dessous, les zones d’intervention du réseau OTIV dans la région Alaotra Mangoro afin d’affirmer sa capacité de couverture dans la région. Notons que l’OTIV ZAM couvre aussi une partie de la région Betsiboka, province de Mahajanga, district de Tsaratànana, qui sont les communes de Brieville et Ambakireny.

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Tableau 2 : les différentes zones d’intervention du Réseau OTIV Alaotra Mangoro

Province Région Districts Communes Nb de caisses

Toamasina Alaotra Ambatondrazaka Ambatondrazaka Urbaine, 8 Mangoro Ambatondrazaka Suburbaine, Ampitatsimo, Feramanga, , , Manakam- bahiny-Ouest, , , , , Manakambahiny-Est, Ampitatsimo, Feramanga, Ambandrika, Ilafy, Manakambahiny-Ouest, Imerimandroso, Amparihintsokatra, , Antsan-gasanga, Didy, Ambohimanjaka

Amparafaravola Amparafaravola, , 8 , Morarano-Chrôme, Andrebakely-Sud, Ambatomainty, Brieville, Ambakireny, , Tanambao-Besakay, Ambohi- mandroso, Andrebakely-Sud, Tanambé, Beanana, Amboa-vory, Andilana-Nord, , Sahamamy, Ambohi-janahary, Anororo, , , Andrebakely- Nord, Vohimenakely

Andilamena Andilamena, , 2 Antanimenabaka

30

Moramanga Moramanga, , Marovoay, 4 Morarano, Anjiro, , , , , , , Ampasimpotsy, , Amboasary

Anosibe An’Ala Anosibe an'ala, , 1 , Longozabé, Ambalaomby, , Ampandroatraka, Niarovana,

Mahajanga Betsiboka Tsaratanàna Brieville, Ambakireny 1

TOTAL CAISSES DE SERVICES 24

Source : OTIV Alaotra Mangoro

Si tel est l’historique du réseau OTIV ZAM, nous allons actuellement voir sa structure organisationnelle.

b) Structure de l’OTIV ZAM

La structure de l’OTIV ZAM se divise en trois (3) parties bien distinctes à savoir l’union des OTIV dans la région, l’OTIV et les caisses de base. Chaque entité a sa propre organisation que nous allons actuellement voir. b-1) L’union

L’Union des OTIV Alaotra Mangoro, comme son nom l’indique, est l’organe central c’est à dire une entité de rassemblement de toutes les OTIV présentes dans la région. Précisément, elle regroupe les 5 OTIV de la région Alaotra Mangoro. Elle se place au sommet de la hiérarchie et c’est le siège social du réseau. Selon la loi 96-020 portant réglementation des activités et organisation des Institutions Financières Mutualistes, l’union doit

31 représenter les institutions qui lui sont affiliées auprès des autorités monétaires, sous réserve des règles propres aux procédures disciplinaires de la CSBF, notamment pour le respect des prescriptions monétaires, prudentielles et statistiques. A cet effet, elle assure en particulier la consolidation périodique des états financiers de ses affiliés. Elle est chargée de veiller à la cohésion de son réseau et d'assurer le bon fonctionnement des établissements qui lui sont affiliés. De ce fait, elle prend toutes mesures nécessaires, notamment pour garantir la liquidité et la solvabilité de chacun de ses affiliés comme de l’ensemble de son réseau. Elle veille à l'application des dispositions législatives et réglementaires propres à ces établissements et exerce un contrôle administratif, technique et financier sur leur organisation et gestion. b-2) L’OTIV

L’OTIV est une entité juridique affiliée à l’union OTIV. Elle assure la supervision et la consolidation de la situation des caisses de bases sous ses tutelles. Elle joue aussi le rôle d’intermédiaire entre l’union et les caisses de base. Notons que l’union OTIV ZAM est composée par cinq (5) OTIV. b-3) La caisse de base

La caisse de base est l’une des structures les plus importantes pour une microfinance. Effectivement, c’est l’organe qui reste, en permanant, en contact direct avec les membres du fait qu’elle effectue toutes les opérations liées à l’épargne et au crédit. C’est l’étendue et le nombre des caisses qui montrent la grandeur d’une IMF. Dans le cas du réseau OTIV ZAM, il possède vingt quatre (24) caisses de base dont chacune est dirigées par un gérant assisté par les agents de crédit et les caissiers.

Nous vous présenterons à l’annexe les organigrammes de ces entités.

Après avoir vu l’historique ainsi que la structure du réseau OTIV ZAM, nous allons maintenant vois ses produits.

32

 Les produits offerts par l’OTIV Alaotra Mangoro16

Selon la loi relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance, les activités de microfinance sont l’octroi de microcrédits, la collecte de l’épargne ainsi que les services connexes à la microfinance. L’OTIV, quant à elle, se consacre surtout sur l’octroi des crédits à ses membres ainsi que la collecte de leurs épargnes.

a) Le crédit

En s’opérant avec une population paysanne, l’OTIV ZAM propose divers types de microcrédit afin de satisfaire ses membres surtout en matière agricole. Effectivement, l’OTIV ZAM met à la disposition de sa clientèle quatre (4) types de microcrédit dont le crédit agricole où le GCV fait partie, le crédit équipement, le crédit commercial incluant le CAE, et le crédit consommation. Afin de mieux comprendre ses microcrédits, nous allons les présenter respectivement. a-1) Le crédit agricole :

Le crédit agricole à pour objet le financement agricole afin d’accroître la production et d’en rentabiliser le prix. Il est composé du crédit spécialisé sur le rizicole, la culture de contre saison et l’élevage et du crédit sur le grenier commun villageois (GCV).

Le premier sert à la production. A titre d’exemple, si un cultivateur, membre de l’OTIV, a des difficultés financières sur la réalisation de son activité, comme l’acquisition de l’engrais, le labourage…il peut demander ce type de crédit. C’est pour cette raison que la durée du crédit est au maximum douze (12) mois. Son taux est de 2,5%, calculé sur le solde restant dû. Toutefois fois, le crédit nécessite un minimum d’épargne de 20% du montant demandé à titre de fond de garantie et une garantie matérielle de 150% du montant demandé.

En ce qui concerne le GCV, c’est un type de crédit qui vise à rentabiliser le prix d’un produit. Il consiste à nantir la production afin que le cultivateur puisse bénéficier du crédit et en même temps, le produit peut être vendu dans un meilleur prix. La durée du crédit est de

16 OTIV zone Alaotra Mangoro

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3 à 6 mois et son taux est de 2,5%, calculé sur le solde restant dû. Le remboursement est fait au moment du déstockage. C’est le type de crédit le mieux adapté dans les zones productrices de riz de la région Alaotra-Mangoro. a-2) Le crédit équipement

Ce type de crédit est réservé spécialement pour l’investissement c’est à dire aux besoins matériels que ce soit matériel agricole, garage, commercial et autres. C’est en quelque sorte une vente location à laquelle l’OTIV achète le bien à son propre nom pour un bénéficiaire. Ce bénéficiaire jouisse du bien et rembourse périodiquement son montant avec l’intérêt. A l’échéance, lors du remboursement effectif du prêt, le titre de propriété du bien est restitué au membre bénéficiaire. La durée du crédit est au maximum 12 mois avec un taux de 2,5%, calculé sur le solde restant dû. Comme le crédit agricole, l’obtention de ce crédit, par un membre de l’OTIV, nécessite la possession d’un minimum d’épargne de 20% du montant demandé à titre de fond de garantie et d’une garantie matérielle de 150% du montant demandé. a-3) Le crédit commercial

Le crédit commercial, comme son nom l’indique est réservé au membre de l’OTIV commerçant c'est-à-dire détaillant, grossiste, collecteur, acheteur et revendeur de produit commerciaux. Ce crédit à pour objectif de promouvoir le commerce. Il a pour durée maximale de 12 mois, un taux de 2,5%, calculé sur le solde restant dû et nécessite des garanties comme le cas précédent.

Une projection du crédit commercial est le crédit avec éducation ou CAE. Le CAE consiste à améliorer les micro-activités des femmes les plus démunies dans la région. A cet effet, il vise à augmenter les revenues et dans un même sens améliorer les conditions alimentaires des familles très pauvres. Le CAE consiste à octroyer des crédits aux femmes et en même temps les enseigner sur la santé/nutrition et l’amélioration d’entreprise. Pour cela, les femmes doivent se regrouper en groupe de solidarité. Le groupe de solidarité est composé de 4 à 6 femmes qui se connaissent personnellement et mutuellement. De ce fait, elles se cautionnent mutuellement dans ses emprunts. L’ensemble des groupes solidaires constituent le groupement des femmes. Le groupement des femmes est une association qui

34 jouisse de la personnalité morale pour l’OTIV. Ainsi, c’est l’association qui est considérée comme un membre de l’OTIV mutualiste. En d’autre termes, c’est l’association qui souscrive dans le capital et qui paye le droit d’adhésion et la cotisation annuelle exigibles pour chaque membre. Par conséquent, c’est l’association qui obtient le crédit et qui le distribue auprès de chaque groupe de solidarité qui, par la suite, distribue les parts de chaque femme, membre du groupe. Le plafond initial du CAE est de 5 000 Ar par personnes avec un intérêt de 4%, payable en un cycle de 4 mois. A part cet intérêt, chaque individu doit payer 2% du prêt à titre de fonctionnement de l’association. Le fond de groupe ou FDG est donc constitué de cet 2% avec la pénalité de retard et le reliquat du droit d’adhésion. Le remboursement du crédit se fait par semaine. En ce qui concerne la garantie, l’épargne initiale de 5% est obligatoire pour le premier cycle et plus pour les suivants. Le CAE nécessite une réunion hebdomadaire de l’association à laquelle se fait le remboursement, l’établissement de règles intérieures de l’association, l’élection de comité de gestion, le renforcement de la solidarité et de possession, l’analyse des prêts et l’éducation. Chaque réunion est animée par une animatrice qui effectue l’intermédiation entre l’association et l’OTIV. La plupart des femmes demandant le CAE ont comme activité le petit commerce, l’élevage et la culture contre- saison. a-4) Le crédit consommation

Ce produit se distingue des autres de par son utilisation. En effet, il est utilisé par les membres, pas pour générer des profits, mais pour des besoins de consommation entre autres, l’habitat, achat des meubles,….Ce crédit dure au maximum 24 mois. Tout comme les autres crédits précités, son taux est de 2,5%, calculé sur le solde restant dû et pour la garantie, la possession d’un minimum d’épargne de 20% du montant demandé à titre de fond de garantie et d’une garantie matérielle de 150% du montant demandé sont nécessaires.

A part ces types de crédits s’ajoute le crédit sur dépôt salaire. Il peut avoir comme objet l’un de ces 4 types de crédit. Sa particularité réside sur la domiciliation du salaire du membre bénéficiaire. Ainsi, le remboursement se fait directement par prélèvement sur le virement du salaire. La durée du crédit est aussi très longue, 60 mois au maximum avec un

35 taux de 1,66% par mois calculé sur le solde restant dû. Comme garantie, il exige l’existence d’un épargne bloqué selon le montant du crédit et l’âge du membre demandeur.

En somme, nous pouvons dire que les types de microcrédits que l’OTIV propose à ses membres sont très variés. Ils ont été conçus pour satisfaire les besoins de ses membres surtout en matière agricole. La plupart de ces crédits ont les mêmes taux et les mêmes conditions de garantie. Pour toutes les caractéristiques, une fiche technique des crédits accordés se trouvera en annexe. Voyons maintenant les informations concernant les épargnes.

b) L’épargne

En ce qui concerne l’épargne, il est nécessaire de noter que l’OTIV, en tant que IMF mutualiste n’a le droit de collecter que les épargnes de ses membres. Toutefois, elle peut proposer divers types de collecte d’épargne rémunérée ou non. Actuellement, l’OTIV met à la disposition de ses membres plusieurs types d’épargne à savoir l’épargne à vue, le dépôt à terme, l’épargne « manampy », l’épargne « mitsimbina » et l’épargne « antoka ». b-1) L’épargne à vue

L’épargne à vue permet aux membres de garder dans un lieu sûr ses argents. Elle leur offre la possibilité de déposer et de retirer de l’argent librement. C’est une épargne non rémunérée. b-2) Le dépôt à terme (DAT)

C’est une épargne des membres déposée dans l’OTIV pendant une période de 6 à 12 mois selon le contrat. Ainsi, elle ne peut être retirée qu’à une échéance prédéterminée et son retrait avant cette échéance nécessite un paiement de pénalité. C’est un dépôt rémunéré. Le tableau suivant montre les intérêts que reçoivent les DAT dans l’OTIV ZAM.

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Tableau n°3 : Les intérêts d’un DAT dans l’OTIV ZAM (%)

DEPOT INTERET ANNUEL 6 – 11 mois 12 mois 100 000 Ar – 199 999 Ar 6% 6% 200 000 Ar – 999 999 Ar 7% 7% 1 000 000 Ar – 9 999 999 Ar 7% 8% 10 000 000 Ar et plus 8% 10%

Source : OTIV Alaotra Mangoro b-3) l’épargne « manampy »

C’est un dépôt mensuel effectué par les membres en vue de prévoir la vieillesse. Ainsi, l’épargne « manampy » s’ajoute au retraite et à cet effet, produit des intérêts. Notons que son taux est étalé sur 3 ans. Le tableau suivant nous montre les intérêts encourus par l’épargne « manampy »

Tableau n°4 : Intérêts encourus par l’épargne « manampy » (%)

DEPOT INTERET POUR LES 3 INTERET POUR LE PREMIERES ANNEES SECOND 1 000 Ar – 4 999 Ar 2% 2% 5 000 Ar – 14 999 Ar 3% 4% 15 000 Ar – 24 999 Ar 4% 5% PLUS DE 25 000 Ar 5% 6%

Source : OTIV Alaotra Mangoro b-4) L’épargne « mitsimbina »

C’est l’épargne fait par un membre emprunteur. Après l’échéance, lorsque le prêt est acquitté, l’épargne « mitsimbina » peut être retirée. L’épargne « mitsimbina » peut augmenter l’épargne « antoka » pour garantir un prêt. C’est une épargne non rémunérée.

37 b-5) L’épargne « antoka » ou garantie

C’est une épargne effectuée à titre de fond de garantie pour un crédit. Pour l’OTIV ALMA, cette épargne doit constituer 1/5 du montant de crédit demandé. Cette épargne, tout comme « mitsimbina » n’est pas rémunérée.

L’OTIV ZAM propose divers types d’épargne à ses membres. Elle leur propose des épargnes rémunérées ou non selon leurs besoins.

D’après ce que nous avons vu précédemment, l’OTIV ZAM est une IMF 2 mutualiste à capital variable. Elle possède 24 caisses réparties dans les districts et communes de la région Alaotra-Mangoro. Elle propose à la population membre des divers produits de microfinance en l’occurrence le microcrédit et la micro-épargne. Notons que pour devenir membre de l’OTIV, il faut payer un droit d’entrée de 2 000 Ar, participer au capital social qui est de 5 000 Ar, payer une cotisation de 400 Ar, apporter 4 photos d’identité et se munir de la carte d’identité nationale pour les 18 ans et plus ou d’une copie d’acte de naissance pour les moins de 18 ans. Après avoir vu l’OTIV ZAM, nous allons maintenant voir la CECAM Alaotra- MANGORO.

2) CECAM

Tout comme l’OTIV ZAM, nous allons faire une présentation de la CECAM et de ses produits afin de comprendre son fonctionnement dans la région.

 Présentation de la CECAM Alaotra Mangoro17

Dans cette rubrique, nous allons présenter l’histoire de la CECAM et analyser sa structure dans la région Alaotra Mangoro.

a) Historique de la CECAM

Au milieu des années 1980, des groupes d’agriculteurs constitués dans le cadre d’un partenariat entre deux ONG, l’une malgache (AVEAMM) et l’autre française (FERT), ont commencé à rechercher des solutions à leurs problèmes de financement. Ils ont tout

17 URCECAM Alaotra Mangoro

38 d’abord créé des groupes de caution solidaire (1986-1989) auxquels l’AVEAMM accordait des prêts, principalement pour financer les dépenses de production (crédits à court terme pour l’agriculture ou l’élevage) puis pour l’achat de matériel (crédits à moyen terme pour des charrues, charrettes, herses, bœufs de trait). La particularité de cette expérience était la forte implication des agriculteurs, au niveau local, pour sélectionner les membres dignes de confiance et pour étudier les projets. Un comité local des crédits, constitué dans chaque village, a permis d’initier une cinquantaine de leaders paysans aux principes du crédit et à l’analyse des dossiers de demande de prêts.

Ces groupes d’agriculteurs se sont ensuite réunis pour constituer une association paysanne régionale (FIFATA, 1989) qui a décidé de mettre en place les premières caisses villageoises d’épargne et de crédit du pays (1990). Cette expérience a suscité l’intérêt de plusieurs donateurs (Banque Mondiale, WARD, 1992) et agences d’aide (FAO, RAKOTONDRAMANITRA, 1990 ; BIT, FRASLIN, 1991). Ceci a permis de mobiliser des ressources humaines et financières pour aider les agriculteurs à développer leur système et à concevoir des services financiers adaptés à leurs besoins : c’est ainsi que de nouveaux produits de crédits ont été testés et mis au point pour financer le stockage des récoltes dans des Greniers Communs Villageois (GCV) et l’achat de matériel en Location-vente Mutualiste (LVM), formule inspirée du crédit bail et plus adaptée au contexte rural malgache que le crédit moyen-terme.

En 1991, le Ministère de l’Agriculture de Madagascar a invité les promoteurs de cette expérience à l’étendre dans de nouvelles régions. Ceci permet, à partir de 1992, l’accès à une ligne de crédit liée à un projet de développement de la culture de maïs (PMMO/FED) jusqu’alors confiée à la banque publique de développement agricole (BTM) qui ne parvenait pas à l’utiliser.

A partir de 1993, les Caisses Villageoises de FIFATA s’organisent de manière plus autonome et prennent le nom de CECAM (Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels). Leur développement continue à être soutenu par FERT, avec l’appui du BIT/ILO grâce à des ressources du Ministère Allemand de la Coopération (BMZ/RFA). En 1995, la Commission Européenne devient le principal partenaire financier des CECAM et le reste jusqu’à maintenant.

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Fin 1996, après la promulgation des lois bancaires et mutualistes, les CECAM se regroupent en six Unions Régionales pour se constituer sous la forme d’Institutions Financières Mutualistes. Elles reçoivent des appuis techniques et financiers de banquiers mutualistes agricoles européens de RABOBANK (NL, 1995) puis du Crédit Agricole Mutuel (FR, 1997-1999). L’Etat Malgache sollicite l’extension du Réseau CECAM dans de nouvelles régions et l’élargissement de ses activités en faveur de l’Elevage. Ces nouvelles actions sont financées par des crédits de la Banque Mondiale (PSE, PATFR, PMF) et des subventions européennes (FED), françaises (AFD) et allemandes (GTZ).

En 1998, les 6 URCECAM réunies créent le réseau CECAM et le Fond Interrégional de Garantie Mutuelle (FIGAM) qui constitue ainsi le mécanisme interrégional de solidarité financière assurant la solvabilité de chaque mutuelle affiliée. Ces 6 URCECAM sont réparties sur la région de Vakinakaratra, Itasy, Bongolava, Amoron’Imania, Ivon’Imerina et Sofia. Notons qu’à cette époque, les CECAM de Menabe et Analamanga restent des antennes.

En 1999, le Réseau CECAM est ainsi devenu la première institution de financement agricole à Madagascar : avec 137 caisses locales réparties dans 8 régions (sur les 28 que compte le pays), il regroupe environ 25 000 membres individuels (dont plus de 90% d’agriculteurs) et une centaine d’associations paysannes ou de coopératives agricoles.

L’année 2000 est marquée par la constitution de l’UNICECAM ou Union Interrégionale de CECAM organe politique qui aura pour but de représenter les URCECAM et de définir les orientations stratégiques du réseau.

Ce n’est qu’en avril 2003 qu’il y avait la création de quelques CECAM dans la région Alaotra Mangoro. La première a été implantée dans la partie d’Amparafaravola, précisément à Ambohitrarivo, et rattachée auprès de l’URCECAM d’Ivonimerina. En mois de juin de cette année, l’UNICECAM prévoit la constitution de l’URCECAM Alaotra Mangoro sous réserve de l’agreement du CSFB (Commission du Supervision Bancaire et Financière). Depuis, l’URCECAM Alaotra Mangoro dévient la 9ème URCECAM dans la grande île. C’est en 2006 que l’URCECAM Alaotra Mangoro a eu son agreement et ait comme siège à Ambatondrazaka.

Après avoir vu l’histoire de l’URCECAM, nous allons maintenant voir sa structure.

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b) Structure de la CECAM

Au dessus de la hiérarchie du réseau CECAM se trouve l’UNICECAM, puis l’URCECAM et les CECAM b-1) L’UNICECAM

L’UNICECAM ou Union Interrégionale des CECAM est l’organe central des CECAM dans tout Madagascar. En effet, c’est elle qui assume directement la responsabilité d'Organe Central du Réseau devant la CSBF et assure la définition des orientations générales du réseau CECAM, la formation des élus du réseau CECAM, la surveillance du respect des règles professionnelles et internes et enfin la représentation du réseau. L’UNICECAM est composée à se tête, du Directeur Général, suivie des six (6) départements dont l’exploitation, le crédit et la garantie, la formation, l’audit et l’inspection, l’organisation et le méthode ainsi que la ressource humaine. b-2) L’URCECAM

L’URCECAM ou l’Union Régionale des CECAM est une organisation mutualiste dotée de la personnalité juridique, dont chaque caisse locale constitue un guichet. Comme son nom l’indique, l’URCECAM regroupe toutes les CECAM s’opérant dans une région et cela selon le cadre légal et règlementaire Malgache pour le secteur bancaire. Le personnel de l’URCECAM se compose de personnel élu par l’assemblé général qui est les membres du comité de contrôle et ceux du conseil d’administration avec leur président respectif et du personnel salarié. Nous allons présenter à titre d’exemple dans l’annexe, l’organigramme de l’URCECAM Alaotra Mangoro. b-3) Les CECAM

Comme il a été évoqué précédemment, ceux sont les CECAM dans une région qui constituent l’URCECAM. A cet effet, elles sont donc sous la tutelle directe d’une URCECAM. La CECAM ou caisse CECAM s’occupe de la relation directe avec les membres. C’est là que toutes les transactions se passent. Elle reçoit la délégation de pouvoir de l’URCECAM dans la fonction de l’octroi de crédit mais à un certain plafond. C’est elle qui collecte ainsi les épargnes de ses membres. A titre indicative, notons que CECAM possède actuellement 15 points de services dans la région Alaotra Mangoro dont 12 affiliés à l’URCECAM Alaotra

41

Mangoro et 3, se trouvant dans le district de Moramanga, font partie de l’URCECAM d’Ivon’Imerina.

Les organigrammes de ces institutions sont présentés dans les annexes ainsi que l’organisation du réseau CECAM.

Après avoir vue la présentation de la CECAM, nous allons maintenant parler des produits qu’elle offre.

 Les produits offerts par l’URCECAM Alaotra Mangoro18

La CECAM ou Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel est une IMF mutualiste de niveau 3, se spécialisant dans le financement agricole. Afin de satisfaire ses membres, l’URCECAM Alaotra Mangoro propose 9 types de crédit et 3 types de dépôt.

a) Le crédit

L’URCECAM Alaotra Mangoro propose à ses membres divers types de crédits à savoir : a-1) Le crédit productif (PRO)

Le crédit productif finance les dépenses de culture (main d’œuvre, semences, engrais, …) ou d’élevage (achat des aliments du bétail, des produits vétérinaires, voire aussi des jeunes animaux à élever) et le cycle du crédit est adapté au cycle de la production (déblocage par tranches selon les saisons de culture, remboursement au cours du mois de récolte). Cette adaptation est gérée au niveau régional et au niveau de chaque sous région agricole. La durée peut varier de 3 à 10 mois avec un taux de 30% l’an soit 2,5% par mois. a-2) La Location Vente Mutualiste (LVM):

Depuis 1992, les CECAM ont testé et mis au point une formule de Crédit-bail ou plutôt de Location-vente. Cette formule concernait d’abord le matériel agricole (charrue, charrette, herses, …) puis a été étendue aux bœufs de trait et aux vaches laitières pour enfin concerner l’équipement d’artisans ruraux (décortiqueuses de paddy, postes à soudure,

18 URCECAM Alaotra Mangoro

42 camionnettes, …) et l’équipement domestique (bicyclettes, machines à coudre, installation d’éclairage solaire, réfrigérateurs, téléviseurs,…).

Quand un membre de la CECAM souhaite acquérir un tel équipement, il commence par présenter une demande pour obtenir l’accord du Comité Local d’Octroi de Crédit puis il choisit lui-même le matériel et verse à la CECAM au minimum 25% de la valeur de celui-ci (premier loyer). L’URCECAM achète alors le matériel puis établit un contrat de bail au profit du membre qui devient ainsi locataire pour une durée de 5 à 36 mois. Quand les revenus du membre le permettent, le paiement du loyer est mensuel mais, le plus souvent, le calendrier de paiement est adapté au cycle des cultures avec trois ou quatre paiements dans l’année. Ces loyers intègrent l’amortissement du capital engagé (au minimum 75% de la valeur du bien) et un intérêt annuel de 24 % pour les matériels agricoles et 30% pour les autres.

Après le paiement du dernier loyer, un acte de cession permet au bénéficiaire de devenir pleinement propriétaire. Dans cette opération, la première garantie est constituée par le bien lui-même qui reste propriété de l’URCECAM jusqu’au dernier paiement. De plus, la garantie d’un groupe de voisins qui se portent caution solidaire peut être sollicitée. Ceux- ci s’engagent à veiller à ce que le bien soit correctement entretenu et qu’il ne soit ni vendu ni détruit avant le paiement intégral. Cette forme de contrôle social du groupe local qui veille à l’intérêt de la CECAM fait partie de l’identité mutualiste de cette Institution Financière. a-3) Le crédit de stockage dans les Greniers Communs Villageois (GCV) :

En s’inspirant d’un produit testé par la BTM dans le projet ODR/FIDA, le Réseau CECAM a développé une offre adaptée au besoin de crédit des agriculteurs pour financer le stockage des récoltes dans des Greniers Communs Villageois (GCV) pour qu’ils puissent vendre à un meilleur prix sans avoir de problème d’argent.

Les agriculteurs sont invités à se regrouper pour stocker leur paddy dans un bâtiment commun. Ce stock nantis constitue une garantie mutuelle qui permet à la CECAM d’octroyer un prêt individuel à chaque membre du groupe. Le crédit n’est pas formellement dirigé, même si les emprunteurs sont encouragés à financer ainsi un élevage de cycle court ou une culture de contre saison. Le montant prêté par kilo de paddy stocké est de 500 Ar. Le remboursement, 5 à 8 mois plus tard, avec un intérêt de 3% par mois, est facilité par la

43 progression des prix entre la récolte et la soudure, laissant aux agriculteurs une valeur ajoutée nette par le stockage. Outre son intérêt économique évident, ce service contribue à maintenir dans les villages des stocks de riz qui contribueront à réguler le marché local et à faciliter la sécurité alimentaire des ruraux. a-4) Le crédit commercial individuel (COI)

C’est un crédit réservé au membre commerçant c'est-à-dire ce qui effectue une activité d’achat et de revente à titre habituel. Elle satisfait les besoins des commerciaux qui ont pour but d’augmenter ou d’améliorer son activité. Le taux de ce crédit est de 4% par mois avec une durée de 5 à 12 mois. a-5) Le crédit social (SOC)

C’est une formule offerte par les CECAM pour financer les besoins de consommation imprévus (dépenses de santé, événement familiaux, …). Il est conçu comme un crédit à très court terme (2 à 4 mois). Le taux d’intérêt varie de 3,5% par mois. La caractéristique principale de ce crédit est son déblocage rapide qui permet ainsi de résoudre les besoins urgents. Les jours d’ouverture de la caisse locale, il peut être obtenu dans la journée par décision conjointe de deux personnes seulement (1 élu et 1 salarié). Les autres jours, le délai maximum est de 48 heures. C’est pourquoi, les membres l’appellent « crédit sauvetage » ou « crédit de dépannage ». Il leur permet d’éviter le recours aux usuriers et leur laisse plusieurs semaines pour trouver la solution qui leur permettra de rembourser la CECAM. a-6) Le crédit construction (CONS)

Comme son nom l’indique, le crédit construction sert à financer la construction d’un bâtiment. A cet effet, il est destiné à un membre qui possède un terrain prêt à bâtir ou d’un bâtiment déjà bâti mais les travaux sont interrompus à cause de manque de financement. Ce crédit est donc un crédit long terme avec une durée de 12 à 60 mois et un taux de 2% par mois, soit 24% par an. a-7) Le crédit d’entretien et réparation immobilier (ERI)

Ce crédit sert à entretenir ou/et réparer un bâtiment ou locaux. Elle a un taux mensuel de 3%.

44 a-8) Le crédit d’entretien et réparation mobilier (ERM)

Tout comme le crédit d’entretien et réparation immobilier, le crédit d’entretien et réparation mobilier a un taux mensuel de 3%, mais ce qui le différentie c’est au niveau de l’objet. En effet, ce crédit à pour objet l’entretien et réparation des matériels mobiles comme camion, charrette… a-9) Le crédit transformation (TRF)

Ce crédit est destiné pour les artisans c'est-à-dire les gens qui travaillent manuellement, pour leur propre compte, avec ou sans aide de sa famille ou des compagnons, afin de transformer un intrant en produit fini. Ce crédit dure entre 5 à 12 mois avec un taux de 3% par mois.

Tous ces crédits, à l’exception de quelques uns comme le GCV, nécessite une garantie ayant une valeur de 150% du montant du crédit. Cette garantie peut être matérielle et/ou foncière. L’URCECAM accepte aussi le cautionnement à titre de garantie.

Tels sont les crédits offerts par l’URCECAM Alaotra Mangoro, voyons maintenant les dépôts.

b) Les dépôts

Les dépôts sont constitués en premier lieu par le dépôt à vue. C’est un dépôt non rémunéré mais le propriétaire est libre de verser ou de retirer son argent.

En second lieu, il y a le dépôt à terme. Il est rémunéré à un certain taux mais la somme ne peut être retirée qu’à l’échéance du terme convenu d’où son nom. Le non respect de cette clause exige le paiement de pénalité.

En dernier lieu, nous parlerons du plan d’épargne. C’est un versement mensuel effectué par le membre pour constituer un capital. Ce dernier peut faire l’objet d’une garantie dans la demande de crédit ou retirer une fois le capital constitué. C’est une manière de cultiver les gens dans l’épargne.

L’URCECAM Alaotra Mangoro est une IMF créée dans la région afin de répondre les besoins de financement en milieu rural. Pour cela, elle propose divers types de crédit et de dépôts. C’est une IMF mutualiste de niveau 3 ayant un capital variable et qui à pour vocation d’aider les gens de la campagne. A l’occurrence, l’URCECAM Alaotra Mangoro possède 12

45 points de service de la CECAM réparties dans la région. Pour devenir adhérant dans la CECAM, il faut s’acquitter d’un droit d’adhésion de 10 000 Ar, souscrire à la part sociale fixe de l’IMF qui est de 30 000 Ar et enfin lors d’un demande de crédit, payé la somme de 2,5% du montant demandé à titre de part sociale variable.

L’OTIV et la CECAM sont les principales IMF dans la région Alaotra Mangoro. Certes, les deux IMF couvrent presque tous les districts et même les communes de la région. La mobilité de ces IMF les surpasse des autres institutions financières dans la région. Toutefois, nous pouvons remarquer que ces IMF sont toutes les deux mutualistes et la question se pose sur la faculté d’agir des IMF non mutualistes à la campagne.

Cette première partie nous a montré ce qu’est la microfinance. Elle a aussi évoquée la potentialité de la région Alaotra Mangoro, potentialité qui est sous - exploitée du fait de la pauvreté de la population. En étant un dispositif permettant d’offrir de très petits crédits « microcrédits » à des familles très pauvres pour les aider à conduire des activités productives ou génératrices de revenus, leurs permettant ainsi de développer leurs très petites entreprises, la microfinance s’est implantée dans la région. Les principales IMF dans la région sont le réseau OTIV Alaotra Mangoro et l’URCECAM Alaotra Mangoro. Ainsi, nous nous demandons quels sont les impacts engendrés par la présence de ces IMF dans la région. D’où l’intérêt d’entamer la deuxième partie du devoir.

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PARTIE II : Impacts de la microfinance dans la région Alaotra-Mangoro et Analyse de la pénétration des IMF dans la région ainsi que les obstacles y afférents.

La microfinance a pour vocation d’améliorer la vie des pauvres grâce à un système financier qui leur est favorable dans un contexte socio-économique. A propos, des question se posent : que serait-il arrivé aux pauvres si la microfinance n’existait pas et comment les IMF affectent-elles la vie de ses bénéficiaires ? L’étude de l’impact permet de confirmer si les IMF ont accompli leur rôle d’intermédiaire financière et économique ou non, d’analyser ses stratégies et d’en déduire les problèmes qui y font obstacles. Ainsi, primo, nous évaluerons les impacts de la microfinance dans la région Alaotra Mangoro, et secundo, nous allons essayer d’analyser la pénétration des IMF dans la région ainsi que les obstacles y afférents.

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Chapitre I: Impacts de la microfinance dans la région

L’objectif de la microfinance se rapporte sur la lutte contre l’exclusion et la pauvreté. C’est pourquoi, dans ce chapitre, nous nous consacrerons sur les impacts sociaux et économiques des IMF dans la région Alaotra Mangoro. Donc, en premier lieu, nous aborderons les impacts sociaux et en second lieux les impacts économiques.

Section I : Les impacts sociaux

Bien des gens pensent que la microfinance n’a que des effets économiques et qu’elle affecte uniquement les revenus de ses bénéficiaires. Alors qu’en réalité, elle affecte la vie sociale et économique de ses membres. Par conséquent, il ne faut pas ignorer les impacts sociaux dans les évaluations, au risque d’avoir des résultats erronés. Aussi, nous allons voir les impacts sur les conditions de vie des membres, sur la mentalité de la population, sur les rapports sociaux et enfin sur la sécurité.

1) Impacts sur les conditions de vie des membres

La condition de vie se rapporte sur le monde de vie d’un individu. Elle décrive la façon dont une personne vie et faire vivre sa famille. Sont inclus, par exemple, la faculté des parents à scolariser ses enfants, à les nourrir, à les soigner…Dans les régions rurales de Madagascar, et même dans les villes, beaucoup de personnes ont des mauvaises conditions de vie. Ces gens sont souvent qualifiés de pauvres et sont exclus des banquiers, malgré la faisabilité de leurs microprojets.

La microfinance permet à ces pauvres de financer leurs microprojets afin qu’ils puissent augmenter leurs revenus. Augmenter les revenus des pauvres entraîne belle et bien des conséquences d’ordre social. En effet, si les revenus augmentent, systématiquement, les moyens de subvenir aux besoins augmentent. A titre d’exemple, une personne gagnant 100 000 Ar par mois ne peut satisfaire les mêmes besoins qu’une personne gagnant 200 000 Ar. Si la première n’arrive qu’à payer sa nourriture, des médicaments et son loyer, la seconde peut acheter quelques vêtements en plus. Tout cela pour affirmer que lorsque le revenu augmente, la condition de vie s’améliore. C’est par rapport à ses moyens que les Hommes puissent subvenir à ses besoins et améliorent en même temps sa vie. Nous allons voir dans la section II de ce chapitre comment les IMF affectent les revenues de ses membres dans la

48 région Alaotra Mangoro. Mais en attendant, essayons d’analyser les impacts de la microfinance à la condition de vie en se basant sur le cas de ladite région.

Dans la région Alaotra Mangoro, les gens sont majoritairement des paysans. Plus de la moitié d’entre eux vivent dans la pauvreté et dans la misère. A l’occurrence, pendant la période de soudure, certains n’arrivaient même pas à tenir jusqu’à la récolte et vendent, à moindre prix, ses cultures avant même d’être récolter. Heureusement que la présence des IMF dans la région a diminué cette pratique qui est qualifiée d’escroquerie.

Pour nous permettre d’apprécier réellement l’impact de la microfinance sur les conditions de vie de la population dans la région, il nous suffit de comparer les conditions de vie des bénéficiaires et celles des non bénéficiaires.

Puisque la région est réputée pour la culture du riz, prenons comme exemple le cas de deux petits cultivateurs de riz où le premier ne bénéficie pas des services de la microfinance tandis que le second en bénéficie.

Le premier souffre pendant la période de soudure. Il a du mal à subvenir à ses besoins et même à nourrir sa famille car ses argents sont tous investis dans la culture. De plus il n’a aucune source de revenu car il n’y a pas encore de récoltes. Par conséquent, faute de moyen financier, en cas de besoin pressant comme la santé, il devient une proie facile des usuriers. La période de récolte est la seule période où il peut se réjouir de son activité. Toutefois, pour cause de besoin financière de sa famille, il sera contraint de vendre très top et donc à bas prix ses récoltes, au lieu de les stocker.

En ce qui concerne l’individu membre d’une IMF, il n’aura que quelques difficultés dans la période de soudure. Il peut faire des crédits pour ses besoins domestiques auprès des IMF. En effet, dans la région Alaotra Mangoro, l’OTIV propose un crédit à la consommation tandis que l’URCECAM offre un crédit social. Il peut aussi faire d’autres activités comme l’élevage pour couvrir la période de soudure et cela grâce à des crédits offerts par les IMF et/ou des montants qu’il a pu épargner dans les IMF. Grâce au GCV, il peut maximiser le prix de sa récolte et augmenter son bénéfice. En plus de ces avantages, concernant son activité, le bénéficiaire de la microfinance peut entretenir ses biens meubles et immeubles ou en acquérir des nouveaux grâces aux différents crédits allouer par les IMF,

49 notamment la location vente mutualiste, les crédits d’entretien et réparation des meubles et immeubles.

L’une des différences fondamentales, du point de vue social, entre ces deux personnes est la faculté de subvenir à ses besoins vitaux. En effet, lorsqu’on n’a pas d’argent en main et que notre source de revenu reste geler, on a du mal à subvenir à notre besoin.

En faisant la comparaison, nous avons pu constater que le cultivateur qui n’a pas eu les services de la microfinance a une mauvaise condition de vie par rapport à celui qui en a bénéficié. Conscient de cette hypothèse, les gens commencent à apprécier les activités de microfinance et s’adhèrent auprès des IMF mutualistes dans la région. Pour argumenter, nous allons apprécier l’évolution des membres sociétaires des deux institutions grâce à la figure ci-après.

Figure n°2: Evolution des membres sociétaires de l’OTIV et l’URCECAM Alaotra Mangoro (2003-2010)

(Membres) 60000

50000

40000

OTIV 30000 CECAM 20000

10000

0 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 (Année)

Source : OTIV/URCECAM Alaotra Mangoro

D’après ce schéma, nous pouvons constater une nette augmentation des membres au niveau de l’OTIV de 2008 à 2010 en allant de 30000 à 50000. De même, la courbe de CECAM est croissante mais montre une faible augmentation. Néanmoins, nous pouvons en déduire que malgré la crise, les gens trouvent des intérêts en s’adhérant auprès des IMF.

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Dans un pays en voie de développement tel que Madagascar, l’exclusion n’est pas seulement bancaire ou financière, les pauvres sont également exclus des services de base tels que l’éducation, la santé. C’est pourquoi la diversification des activités des IMF est plus marquée dans le pays. La microfinance donne des moyens pour améliorer la vie des pauvres. Mais le moyen le plus important est la mentalité.

2) Impacts sur la mentalité

Les IMF changent la mentalité de ses adhérents. En effet, contrairement aux banques commerciales, elles les orientent et les guident dans la réalisation de leurs projets. Par souci d’une asymétrie d’information et par crainte de non remboursement, les IMF s’assurent de la bonne utilisation de ses prêts et n’hésitent pas à faire des descentes sur terrain. En même temps, elles donnent des conseils à ses clients et se placent comme une sorte de cadre dans la réalisation des projets financés. Ceci fait naître une culture d’entreprenariat au niveau des paysans. A titre d’argument, ces gens améliorent leurs projets afin d’avoir des financements auprès des IMF car le premier critère d’évaluation d’un crédit se rapporte sur le projet en question. Notons à titre affirmative qu’il y en a certains sociétaires qui ont obtenu plus de 20 emprunts auprès de l’URCECAM pendant une période de 7 ans, c'est-à- dire environ 3 emprunts par année.

Un grand exemple à ce changement de mentalité est l’innovation apportée par le réseau OTIV dans la région Alaotra Mangoro concernant le CAE ou crédit avec éducation. Lors des réunions hebdomadaires des groupements des femmes, l’animatrice, personnel de l’OTIV, les forme sur la conduite de leurs activités, la gestion de leur trésorerie et même sur la façon d’améliorer leur condition de vie. C’est cette orientation qui manque aux paysans Malgache dans la réalisation de ses activités.

La microfinance apprenne aussi les paysans à épargner et à utiliser ses épargnes grâces aux divers types de dépôt qu’elle propose. Ceci est même prouvé par la présence des épargnes obligatoires dans les IMF. Ainsi, par exemple, les gens se soucieront plus de leur vie future qu’auparavant en souscrivant au plan d’épargne de l’URCECAM ou au épargne « Manampy » de l’OTIV de la région.

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En suite, les services de microfinance engendrent le respect des femmes. En effet, dans les pays en voie de développement tel que Madagascar, il y a un grand écart entre l’homme et la femme. Les femmes sont négligées et parfois considérées comme étant un simple objet. Ce qui explique l’interdiction aux jeunes filles d’aller à l’école ou encore dans certain coutume de Madagascar, les femmes n’ont pas le droit à l’héritage. En offrant des crédits spécialement féminins, les IMF aident les femmes à se ré-estimer et à se valoriser. Plus exactement, elles permettent aux femmes d’avoir des sources de revenus afin d’aider le chef de famille à subvenir aux besoins de sa famille et pour rentrer dans le cadre de la population active. Dans la région Alaotra Mangoro, l’OTIV propose un crédit spécial féminin et permet aux femmes d’améliorer ses petites activités de commerce, de culture et d’élevage. Un tableau contenant les statistiques du CAE montrant son évolution et son appréciation par les femmes se trouve en annexe. Mais dans ce devoir, nous allons vous montrer deux schémas qui montrent l’évolution des membres de la CAE.

Figure n°3 : Evolution des membres du CAE (2006-2010)

(Membres) Membres 6 000 5 000 4 000 3 000 2 000 Membres 1 000 0 2 006 2 007 2 008 2 009 2010 1er (Année) semestre

Source : OTIV Alaotra Mangoro

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Figure n°4 : Evolution des groupements féminins (2006-2010)

(FFIVE) Nombre de FFIVE 400 350 300 250 200 150 Nombre de FFIVE 100 50 0

2 006 2 007 2 008 2 009 2010 1er (Année) semestre

Source : OTIV Alaotra Mangoro

D’après ce schéma, nous pouvons voir que le nombre des femmes et des groupements féminins du CAE augmentent. Toutefois, du fait de la crise, une légère diminution est à constater dans les années 2009 et 2010 à cause de la difficulté d’entreprendre des micro-activités.

De plus, la microfinance permet aux gens d’avoir une confiance mutuelle. En étant, au départ, une solution pour l’octroi de crédit sans garantie matérielle, les IMF ont appliqué la caution mutuelle. La caution mutuelle consiste à garantir l’octroi d’un crédit au profit d’un groupement de personnes. Cette somme sera par la suite redistribuée pour chaque membre du groupement. En cas de défaillance d’un membre, tous les partisans du groupe vont rembourser à sa place. Cette technique facilite l’intégration d’une personne dans un groupe. Par conséquent, elle apprend à faire confiance aux autres et de gagner ainsi leur confiance. Notons que ce groupe est fondé dans un caractère d’intuitu personae. Nous pouvons évoquer à titre d’exemple le groupement féminin de la CAE ou encore le groupement en GCV.

Enfin, la microfinance fait disparaître le complexe d’infériorité des pauvres. Du fait de son indépendance au marché financier informel, le paysan se valorise lui-même et vis-à-vis de la société. De plus, après une amélioration de son revenu, la personne se fait confiance

53 en elle-même et aux institutions financières formelles. Mais surtout, avoir confiance aux institutions financières car il y a un temps où les paysans et les banquiers ne se font plus confiance. D’où le rôle d’intermédiation sociale de la microfinance.

La microfinance change la mentalité des gens ou plutôt améliore ses comportements sociaux. En comparant la personnalité d’une personne pauvre à celle d’un pauvre bénéficiant des services de la microfinance, nous pouvons constater une nette amélioration. Ce qui nous amène à dire que la microfinance à aussi des impacts dans les rapports sociaux.

3) Impacts sur les rapports sociaux

Comme il a été toujours évoqué précédemment, la microfinance permet aux pauvres d’augmenter leurs revenus. En réalisant cela, les rapports sociaux s’équilibrent de plus en plus. Les couches vulnérables ne s’éloignent pas trop des couches aisées. Si on se réfère au niveau des matériels agricoles utilisés, grâce à LVM ou au crédit équipement, les paysans pauvres possèdent actuellement des motoculteurs, des tracteurs comme les paysans aisés. En même temps, ces deux couches sociales peuvent même devenir des associés et s’entraident dans le sens où, les membres des IMF mutualistes sont des associés détenant une part du capital. De plus, le mutualisme nécessite l’égalité des membres. Citons à titre d’exemple que parmi les types d’activités qu’exercent les membres de l’URCECAM Alaotra Mangoro, il y a des petits commerçants, des grossistes, des agriculteurs, des éleveurs et même des fonctionnaires et des docteurs. Nous allons présenter en annexe les informations y concernant.

Mais à part, la microfinance permet aussi l’égalité des droits entre l’homme et la femme. Même si l’on déclare partout dans le monde qu’actuellement les femmes ont les mêmes droits que les hommes, ce ne serait jamais possible si elles restent encore un fardeau pour les hommes. Donc pour y faire face, elles doivent appartenir désormais à la population active. La microfinance offre la possibilité, pour les femmes issues d’une famille pauvre, d’avoir des revenus. En effet, comme il a été dit précédemment, la microfinance offre des crédits spécialement conçus pour les femmes afin qu’elles puissent aider leurs familles. A titre d’exemple, en 2006 jusqu’au premier semestre de l’année 2010, le CAE a déjà atteint

54 un montant de 3 931 014 000 Ariary de crédit19. De plus, les IMF ne mettent aucune barrière concernant le sexe pour l’adhésion. La figure suivante montre qu’actuellement, les femmes membres de l’URCECAM Alaotra Mangoro constituent 30,6% de ses membres. Cette proportion marque la volonté des femmes d’entrer dans le monde des personnes actives. De ce fait, elle permet d’aider sa famille sur la question de revenu, mais en plus, elle évoque l’importance des femmes dans la vie sociale.

Figure n°5 : Proportion des femmes adhérentes de l’URCECAM Alaotra Mangoro (%)

30,60%

% des hommes % des femmes

69,40%

Source : URCECAM Alaotra Mangoro

En améliorant les conditions de vie des pauvres, la microfinance se voit comme un facteur permettant de réduire l’écart entre les pauvres et les riches. De plus, elle se place comme accompagnateur dans la lutte pour l’égalité des droits revendiqué par les femmes. Mais le plus important rôle social de la microfinance est son impact sur la sécurité.

4) Impacts sur la sécurité

Dans la région Alaotra Mangoro, les insécurités règnes, surtout en ces temps de crise, en particulier dans les zones enclavées comme Didy. Les attaques à mains armées représentent actuellement aux alentours de 29% de la population carcérale20. La détention d’une somme d’argent à la maison est devenue pratiquement impossible sous réserves

19 OTIV zone Alaotra Mangoro 20 Source : Direction régional de l’administration pénitentiaire, Alaotra Mangoro

55 d’attaques des « Dahalo »21. Pour y faire face, les membres des IMF mutualistes placent leurs argents auprès des IMF pour la raison de sécurité. Ce qui explique l’augmentation des épargnes au niveau des IMF dans la région, en particulier en ce qui concerne le dépôt à vue. Pour en apprécier, nous allons présenter la figure ci-dessous pour analyser l’importance du dépôt à vue par rapport à l’ensemble des dépôts pendant une période de 3 ans.

Figure n°6 : Evolution des dépôts à vue par rapport à l’ensemble des dépôts (%)

(%) 100 90 80 70 60 50 % dépôt à vue OTIV 40 % dépôt à vue URCECAM 30 20 10 0 2008 2009 2010 (Année)

Source : OTIV/CECAM Alaotra Mangoro

D’après cette figure, nous pouvons remarquer l’importance considérable des dépôts à vue par rapport à l’ensemble des dépôts. Nous pouvons aussi remarquer que le dépôt à vue présente une somme énorme. Cela signifie que les gens veulent garder à leur disposition leur argent. Toutefois, le problème de sécurité ne les permet pas. Alors, ils les mettent à titre de dépôt à vue auprès des IMF pour les jouir à tout moment, mais aussi pour se protéger des brigands.

Ensuite, les IMF contribuent aussi sur la lutte contre les vols de bœufs. Ce qui revient à dire que les efforts des IMF dans la contribution sur la mécanisation de l’agriculture diminuent les vols de bœufs. Du faite que les « dahalo » sont attirés particulièrement par les bœufs, les agriculteurs préfèrent actuellement les substituer par les tracteurs et/ou motoculteurs pour labourer ses terres. En offrant des crédits alignés avec ce besoin comme

21 Ou encore « malaso », ce sont des bandits qui volent les biens d’autrui.

56 le crédit équipement, la location vente mutualiste, les IMF participent à la mécanisation de l’agriculture et en même temps sur la diminution du vol de bœufs. A titre d’illustration, l’URCECAM Alaotra Mangoro permet l’acquisition de 80 à 100 motoculteurs chaque année au profit des agriculteurs.

Enfin, la microfinance assure la protection des paysans contre les diverses escroqueries effectuées dans le secteur financier informel. "S'endetter pour survivre", telle semble être la solution extrême à laquelle ont recours un grand nombre de paysans malgaches : une mauvaise récolte, une maladie ou les frais d'une sépulture peuvent précipiter une famille de petits paysans dans une impasse financière. Pour "s’en sortir", ils n'ont pas d'autres solutions que de supplier un parent, un voisin, un commerçant ou un propriétaire de leur avancer la somme d'argent nécessaire pour faire face à l'adversité. Malheureusement, dans la plupart de temps, ses gens sont malhonnêtes, escrocs. Par exemple, la prise de possession immédiate par le prêteur du bien mis en gage est assez fréquente et ne permet plus d'en négocier le prix. Elle est pratiquée par les commerçants ou les propriétaires, généralement désignés par les termes "mpanarivo" ou "mpanambola"22, improprement traduits par "usuriers", et pour lesquels l'octroi de ces prêts informels est une activité courante. Quand l'infortune de l'emprunteur est telle qu'il ne dispose plus d'aucun bien à mettre en gage, le prêt peut encore lui être accordé s'il accepte d'hypothéquer sa prochaine récolte ("vente sur pied") ou une parcelle de terre. Dans ce dernier cas, s'il n'est pas remboursé, le prêteur pourra conserver l'usage de la terre et se rembourser avec les récoltes suivantes, voire se l'approprier définitivement, sans autre formalité que de faire "constater la transaction" par le Fokonolona23. C'est ainsi que le prêt informel peut favoriser le développement du métayage24 et la concentration foncière. De plus, les prêts sont souvent à courte durée mais soumis à un taux excessif. De même, le pratique du « vary maintso » ou « riz vert »25 dans la région est encore une sorte de financement traditionnel sous forme d’escroquerie du fait que la récolte est vendue à bas prix mais pire encore elle est estimée au rendement minimum. Ces pratiques sont qualifiées par les IMF d’escroquerie

22 Usurier très riche 23 “ Fokonolona ” communauté des familles exploitant un même terroir (Fokontany), dirigée par un conseil des anciens (chefs des familles) et dotée de certains pouvoirs administratifs depuis 1972 24 Bail rural dans lequel l’exploitant remet au propriétaire un part de la récolte 25 Technique utilisé par les prêteurs traditionnels qui consiste à acheter à bas prix, bien avant la récolte, les riz encore vert de l’agriculteur dans l’impasse, estimés sur la grandeur de la riziculture.

57 et qu’elles luttent pour les faire disparaître en offrant des produits qui peuvent largement les concurrencer et en essayant de gagner la confiance de la population.

Certes, la microfinance ne possède pas des armes pour lutter contre les insécurités, mais néanmoins elle propose des services qui permettront de les éviter. Comme l’affirme un proverbe Malagasy, « mieux vaut prévenir que guérir ».

A première vue, les services de la microfinance ne donnent que des avantages économiques. Mais cette section nous a montrée que la microfinance peut engendrer des impacts sociaux. Impacts qui ne se présenteront que si la personne bénéficie des services de la microfinance. Toutefois, pris isolement, les impacts social n’ont aucun sens, d’où l’intérêt d’étudier les impacts économiques.

Section II : Les impacts économiques

L’étude des impacts économiques de la microfinance est primordiale car c’est à partir d’elle que nous puissions déduire si le concept permet aux pauvres d’améliorer sa vie et même de les sortir dans la pauvreté. Par conséquent, nous devons voir ses impacts sur la production, sur le prix, sur l’épargne, sur le revenu et sur le chaumage.

1) Impacts sur la production

L’augmentation de la production d’une année à une autre n’est pas le seul fait d’un facteur. Effectivement, cette augmentation est la combinaison de plusieurs facteurs. Toutefois, dans ces facteurs se trouvent le financement, d’où l’entrée en jeu de la microfinance. Et cela se fait dans la manière où elle permette aux paysans d’investir et de financer l’exploitation.

Pour les travailleurs agricoles, l’investissement constitue l’un des fardeaux qui pèsent sur leurs activités. En effet, l’investissement se définit comme l’acquisition des biens nécessaires au plusieurs cycles d’exploitation. Par conséquent, Il est souvent très cher et coûteux. Pour les paysans, l’investissement constitue un goulot d’étranglement dans leurs activités du fait que leurs micro-bénéfices, s’il y en reste, ne suffiront pas pour acquérir ces matériels qui sont souvent très chères. A titre indicative, un motoculteur de puissance 18

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Chevaux neuf, fabrication chinoise, coûte à l’environ d’Ar 3 800 00026. Ce qui explique le retard de la modernisation de l’agriculture et de l’élevage dans les pays en voie de développement.

De plus, pesant avec l’insuffisance de leur autofinancement, les paysans ont du mal à accéder au financement que ce soit formel ou non. En ce qui concerne la finance formelle, il y a un écart entre les paysans et les banques commerciales. En d’autres termes, ils ne se font pas confiance, mais en plus, la faible mobilité des banques limite l’accès des paysans à ses produits.

Pour la finance informelle, elle est souvent onéreuse et par conséquent les gens ne la prendraient qu’en cas de force majeur. De plus, les prêteurs informels n’ont plus la confiance des paysans du fait de leurs mauvaises réputations.

Créée pour solutionner ce problème, la microfinance entre dans le processus de production. Elle permet aux paysans d’investir sur leurs activités grâce à des crédits spéciaux. Citons à titre d’exemple les crédits équipement proposés par l’OTIV ou encore la location vente mutualiste de l’URCECAM. Ces deux crédits ont été conçus par ces IMF pour solutionner les problèmes d’investissement dans les activités des pauvres. Ces crédits correspondent aux attentes des paysans car premièrement, les IMF offrent de services financières de proximité c'est-à-dire dans un lieu plus prêt des paysans. Deuxièmement, les paysans peuvent jouir librement du matériel sans débourser la totalité du prix, en ne payant que son loyer mensuel. Grâce à des nouveaux matériels, les paysans peuvent améliorer ses activités et parallèlement, ils peuvent assurer le remboursement de leur emprunt. Par exemple, labourer une rizière avec un motoculteur procure des avantages, en matière de qualité du travail et du temps, que d’utiliser des bœufs. Notons qu’un meilleur labourage constitue un facteur d’augmentation de la production en matière agricole. Et troisièmement, les paysans ont la faculté de s’approprier du bien lorsque tous les remboursements sont effectifs. A titre argumentatif, nous allons vous montrer un schéma qui marque l’évolution des crédits d’investissement dans la région Alaotra Mangoro.

26 Société Commerciale Occidentale d’Ambatondrazaka SCOA, SARL

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Figure n°7 : Evolution des crédits d’équipements, en Ariary, dans la région Alaotra Mangoro (2006-2010)

(Ariary) 4000000000

3500000000

3000000000

2500000000

2000000000 Crédit LVM crédit équipement 1500000000

1000000000

500000000

0 2006 2007 2008 2009 2010 (Année)

Source : OTIV/URCECAM Alaotra Mangoro

Les courbes montrent un plafonnement des crédits en 2008, une croissance considérable avant cette année et une diminution après. Ce qui montre que les gens se précipitent d’investir durant cette année. Aussi, la courbe nous montre que l’investissement est nécessaire pour plusieurs cycles d’exploitation et qu’un refinancement n’est nécessaire qu’après une longue période. Les matériels acquis sont utilisés pour plusieurs cycles et ils ne vont être changés qu’après leur destruction. Mais ce qui nous importe, c’est l’importance de ces crédits. En effet, en 2008, ils arrivent à atteindre les alentours d’Ar 3 500 000 000, ce qui est énorme dans le milieu rural.

Voila l’importance de la microfinance au niveau de l’investissement. Certes, pour avoir une bonne productivité, un bon investissement est nécessaire. Toutefois, il faut aussi financer l’exploitation.

En ce qui concerne l’exploitation, la microfinance offre des crédits adaptés à cet effet, entre autre le crédit production de l’URCECAM. En apportant ses aides, la microfinance allège les charges des petits producteurs dans le financement du cycle de production. De ce fait, ces producteurs peuvent augmenter ou améliorer leur production d’où l’importance des crédits dans le cycle de production. Ces financements concernent le labourage, l’engrais, la

60 semence… pour les agriculteurs, les provendes, vaccins… pour les éleveurs, l’approvisionnement en matière première pour les industriels et artisans. Notons que l’exploitation ne concerne qu’un seul cycle. Dans le schéma suivant, nous allons présenter l’évolution des financements de l’exploitation par les IMF dans la région Alaotra Mangoro. Figure n°8 : Evolution des crédits d’exploitation, en Ariary, offerts par les IMF dans la région Alaotra Mangoro

(Année) 2010

2009

2008 crédit agricole Crédit production 2007

2006

0 2000000000 4000000000 6000000000 (Ariary)

Source : OTIV/URCECAM Alaotra Mangoro

D’après cette figure, nous pouvons en déduire que les IMF commencent à accorder une importance particulière dans le financement de l’exploitation. Ces octrois présentent des sommes énormes au niveau de l’année 2008. Toutefois, à l’issue de la crise économique et politique de 2009, une légère diminution est à constater.

Afin de bien comprendre l’impact de la microfinance sur la production, prenons par exemple la riziculture qui fait la renommée de la région Alaotra Mangoro. Le rendement d’un récolte de riz dépend de plusieurs facteurs comme le climat, l’eau, engrais, les semences, des techniques utilisés, l’utilisation des matériels modernes…. La rizière donne le rendement maximal lorsque tous ses facteurs sont réunis. Malheureusement, il existe d’autres facteurs qui sont indépendants du travail humain comme l’eau par exemple. Toutefois, les autres peuvent se réaliser mais nécessitent des financements car souvent, ils sont au dessus des moyens des paysans malgaches. C’est là que la microfinance intervient. En effet, la microfinance aide les riziculteurs dans l’amélioration de leur activité en général. Ainsi, nous pouvons cités le financement de la mécanisation de la riziculture comme

61 l’acquisition des motoculteurs, le financement dans l’acquisition des meilleurs semences, des engrais... Notons que selon les riziculteurs de la région, le rendement d’une rizière mal entretenue et cultivée avec les techniques et matériels traditionnels sont largement inferieur à celle modernisée. De plus, à l’aide des crédits, les cultivateurs peuvent protéger ses récoltes contre les prédateurs et la maladie. Plus exactement si la rizière bien entretenue arrive à produire plus de 4 tonnes à l’hectare, celle qui est mal entretenue ne donne qu’environ 2 tonnes à l’hectare. Ce qui nous ramène à dire que les crédits offerts par les IMF engendrent une amélioration de la production de riz dans la région.

Concernant l’augmentation de la production encore, dans la région Alaotra Mangoro, les IMF incitent les gens à augmenter leur production en créant un nouveau cycle d’exploitation. C’est le cas de la culture de contre saison. La microfinance offre, tout comme dans la saison principale, des crédits dans l’exploitation des cultures de contre saison. Ce qui explique l’augmentation considérable de celle-ci. En matière de culture de riz par exemple, la culture de contre saison présente, en 2009, 20% de la production de la saison principale.

L’investissement et l’exploitation sont très couteux. De ce fait, ils nécessitent des octrois de crédit que les petits exploitants rembourseront à chaque fin du cycle de son exploitation. Toutefois, la microfinance reste la seule institution qui a le pouvoir de répondre aux besoins de ces micro-exploitants. D’où l’importance de la microfinance dans la production. Mais pour que les activités des pauvres soient rentables, la production, elle seule, ne suffit pas, il faut aussi un meilleur prix.

2) Impacts sur le prix à la production

La microfinance n’est pas comme les autres financements dans le sens où malgré ses interventions dans la production, elle se souci aussi de la liquidation des biens produits. En effet, elle protège ses membres de la vente à stress27. Vente qui consiste à vendre à bas prix les récoltes pour cause de besoin pressant d’argent.

Nous allons prendre concrètement le cas de la culture du riz pour illustrer cette rubrique du fait que la majorité des membres des IMF dans la région Alaotra Mangoro ont comme activité principales la riziculture. A titre d’informations, nous allons vous présenter

27 Vendre précipitamment les récoltes à cause d’un besoin financier

62 un tableau qui montre la répartition des activités des membres de l’URCECAM Alaotra Mangoro.

Tableau n°5 : la répartition des activités des membres de l’URCECAM Alaotra Mangoro (%)

Activité principale des membres %

Agriculteur 95,83

Artisan 0,38

Association 0,05

Collecteur 0,04

Commerçant 1,00

Eleveur 0,13

Entrepreneur 0,61

Profession libérale 0,05

Exploitant minier 0,01

Industriel 0,14

Pêcheur 0,01

Salarié 1,74

TOTAL 100,00

Source : URCECAM Alaotra Mangoro

D’après ce tableau, nous pouvons constater une nette prédominance de l’agriculture. Dans cette activité, la riziculture domine avec 99,93% c'est-à-dire 95,76% des adhérents.

Le prix de riz à la production varie en fonction de la conjoncture nationale, de la production et de l’importation. Mais dans un temps normal, le prix du paddy à l’agriculteur varie comme nous montre la figure suivante.

63

Figure n°9 : Evolution du prix du paddy à la production 2007 (Ar/kg)

Évolution du prix du paddy

600 575 550 525 500 475 450 Ar / kg / Ar 425 400 375 350 325

300

juil juil

mai jan. mai jan.

fév. fév.

juin juin juin

avril avril

nov. nov.

déc. déc.

oct. oct.

août août août

sept. sept.

mars. mars. Mois

Source : OTIV ZAM

La récolte du riz, pour la saison principale, s’effectue entre le mois de mai et juillet. Le stockage commence donc au mois de juin. Dans ce mois, le prix du paddy est encore très bas, allant d’Ar 350 à 400. Le déstockage s’effectuera dans la période de soudure ou le prix augmente. Normalement, le meilleur déstockage où il y a peut de risque est en mois de novembre. De plus, le nouveau cycle de production commence en mois de décembre.

Grâce au Grenier Commun Villageois (GCV), la microfinance apporte son aide à l’agriculteur pour rentabiliser le prix de ses récoltes. En effet, l’objectif de ce produit est de faire en sorte que les paysans puissent profiter de prix favorable. De ce fait, les IMF doivent leur fournir des liquidités sans qu’ils soient contraints de vendre les récoltes à bas prix à cause des besoins monétaires immédiats et de la réalisation d’autres activités. Par conséquent, le crédit d’intrant rizicoles ayant comme échéance le 15 août est converti en crédit de stockage, en d’autres termes, refinancer le crédit rizicole sur la base de stocks entreposés. Le mécanisme de ce crédit, sur le prix, consiste à retirer les stocks en période de

64 l’abondance pour éviter la chute des prix et à les liquider en période de rareté. Liquider en période de rareté peut éviter ainsi la monter des prix trop haut, d’où la stabilisation du prix du riz au niveau national.

Au niveau du prix, la microfinance assure son rôle d’intermédiation en rentabilisant le prix du produit au profit des agriculteurs et en protégeant le pays contre une hausse importante du prix. Pour illustrer, nous allons vous montrer l’évolution des crédits stockages dans la région Alaotra Mangoro.

Figure n°10 : Evolution du crédit GCV en Ariary

(Ariary) 6000000000

5000000000

4000000000

3000000000 GCV URCECAM GCV OTIV 2000000000

1000000000

0 2006 2007 2008 2009 2010 (Année)

Sources : OTIV/URCECAM Alaotra Mangoro

Ce schéma nous a montré une diminution du crédit dans la période de crise que traverse actuellement le pays. Ce qui explique l’instabilité des prix au moment de la période de soudure. A titre d’exemple, le prix du paddy a atteint les cours d’Ar 1 200 aux mois de novembre et décembre 2010. Les récoltes contre-saisons n’arrivaient plus à stabiliser le cours, alors les autorités sont amenées à importer du riz.

Après avoir vue l’impact de la microfinance sur le prix, nous allons voir maintenant son impact sur l’épargne.

65

3) Impacts sur l’épargne

L’épargne est une fraction de revenu d’un individu qui n’est pas affecté à la consommation. Normalement, elle sert soit à la consommation future soit à un plan d’investissement. Le problème des paysans malgaches réside dans l’incapacité à épargner. En effet, soit ils ont un très faible revenu soit ils ne pensent qu’à consommer.

En étant conscient de ce fait, les IMF présentes dans la région Alaotra Mangoro ont élaboré des plans pour cultiver les gens à s’épargner. Ceci est très important du fait que c’est l’épargne elle-même qui va être redistribuée à titre de crédit. Elle peut aussi servir à constituer des garanties pour des emprunts effectués.

Depuis que les IMF ont existé dans la région, la population rurale commence à avoir la volonté d’épargner. Malgré leurs faibles revenus, les paysans, membres des IMF mutualistes dans la région, déposent leurs micro-épargnes dans ces institutions afin de constituer un capital et/ou permettre l’octroi d’un crédit. De plus, l’insécurité les amène à chercher un endroit sûr pour garder ses argents, alors ils les placent dans une IMF. Ce qui explique l’augmentation des dépôts dans ces institutions, même non rémunérés comme illustrés les tableaux suivants.

Tableau n°6 : Evolution des dépôts des membres de l’OTIV (Ariary)

Epargne en cours 31/12/2008 31/12/2009 31/12/2010

Dépôts à vue (Ar) 4 034 609 000 3 927 053 000 4 819 236 000

Dépôts à terme (Ar) 405 623 000 421 933 000 1 610 924 000

Dépôts spécialisés (Ar) 11 278 000 11 719 000 32 868 000

Dépôts obligatoires (Ar) 2 708 576 000 2 173 507 000 1 239 477 000

TOTAL 7 160 086 000 6 534 212 000 7 702 505 000

Source : OTIV ZAM

66

Tableau n°7 : Evolution des dépôts des membres de l’URCECAM (Ariary)

Epargne en cours 31/12/2008 31/12/2009 31/12/2010

Dépôt à vue (Ar) 53 725 862 95 684 181 109 366 727

Dépôt à terme (Ar) 9 794 153 6 780 000 12 134 668

Plan d’épargne (Ar) 715 000 842 000 1 053 000

TOTAL 64 235 015 103 306 181 122 554 395

Source : URCECAM Alaotra Mangoro

Ces tableaux montrent que les IMF ont pu mobiliser une somme considérable d’épargne. Si l’URCECAM a mobilisé en moyen Ar 15 580, l’OTIV arrive à collecter en moyen Ar 161 467 par membre. Ce qui montre qu’elles ont pour impact la mobilisation et la constitution des épargnes de leurs membres en vue d’une réutilisation future.

Pour les exclus du service bancaire, conserver de l’argent chez soi est difficile. Il y a bien sur le risque de vol mais aussi de dépenses du simple fait de la détention de l’argent. Le service le plus demandé par les pauvres c’est de pouvoir déposer le peu d’argent dont ils disposent en toute sécurité et de pouvoir le récupérer à tout moment.

Si tel est l’impact de la microfinance sur l’épargne des membres, voyons maintenant son impact sur le revenu.

4) Impacts sur le revenu

Le revenu est considéré comme le montant gagné par une personne après avoir effectué une activité quelconque. Dans une région rurale tel qu’Alaotra Mangoro, les principales sources de revenus de la population sont l’Agriculture, l’élevage et les petits commerces.

Comme il a été cité précédemment, la microfinance apporte des moyens pour augmenter la production. Et comme le revenu est considéré comme l’aspect monétaire de la production, il varie en proportion avec celle-ci. A titre d’exemple, si un riziculteur a produit 10 tonnes de paddy, son revenu est estimé à Ar 2 000 000 sur un prix d’Ar 500 le kilo. Pour

67 ce même prix, s’il a produit 15 tonnes au lieu de 10, son revenu augmentera d’Ar 1 000 000, soit 3 000 000 d’Ar.

Mais l’augmentation de prix du bien produit peut aussi influencer le revenu d’une population rurale. En effet, si on peut vendre un produit à un prix supérieur, c’est sûr qu’on gagnera plus. Comme il a été précédemment évoqué, la microfinance affecte les prix. Grâce à des crédits comme le GCV, elle influence le prix d’un bien à la production et en même temps le revenu de l’exploitant. Prendrons par exemple le cas du paddy.

Tableau n°8 : Exemple de gain potentiel sur l’utilisation de GCV

SANS STOCKAGE AVEC STOCKAGE

Mois de vente Juillet Novembre

Quantité (kg) 10 000 9 800 (-2% de perte)

Prix du paddy (Ar/Kg) 350 500

Chiffre d’affaire (Ar) 3 500 000 4 900 000

Source : OTIV ZAM

Ce qui donne une différence d’Ar 1 400 000 (4 900 000 – 3 500 000). En stockant la récolte, le cultivateur bénéficie d’un crédit d’Ar 245 par Kg et reçoit 2 450 000 Ar (245*10 000) pour assurer ses besoins financiers. Ce crédit nécessite le paiement d’un frais de dossier qui est de 2,5% du son montant (2 450 000*2,5% = 61 250) et des intérêts de 2,5% par mois pendant 4 mois (2 450 000*4*2,5% = 245 000). En total, le crédit nécessite le paiement d’Ar 306 250 (61 250 + 245 000) en charge. En utilisant le crédit avec stockage, le riziculteur gagne réellement 1 093 750 d’Ar (1 400 000 – 306 250). En d’autres mots, le revenu de l’agriculteur a augmenté d’Ar 1 093 750 s’il a choisi d’utiliser le crédit stockage des IMF.

En apportant des moyens nécessaires à l’augmentation de la production et à la rentabilisation des prix, les IMF ont des impacts positifs sur le revenu de leurs membres. Mais avant tout, il ne faut pas oublier que la microfinance est un processus qui sert à financer les microprojets des pauvres, d’où son impact sur le chômage.

68

5) Impacts sur le chômage

La microfinance est définie comme un système financier destiné à financer les microprojets des pauvres. C’est dans cette optique, les IMF entre dans la réduction du taux de chômage. En effet, le financement des microprojets donne l’occasion aux pauvres et même aux gens aisés qui ont fait des études mais qui n’arrivent pas à trouver du travail, d’avoir une source de revenus. A l’aide des crédits offerts par les IMF, ils peuvent entreprendre des micro-activités comme le petit commerce, l’artisanat, l’élevage intensif… pour gagner leur vie. Il y a des fois où un microprojet délivre plusieurs personnes du chômage. A titre d’exemple, la création d’une usine de rizerie entraîne un revenu pour le propriétaire mais aussi des salaires pour ses futurs employés.

La microfinance procure des avantages économiques pour ceux qui l’utilisent. En effet, ces produits permettent l’augmentation de la production et de l’épargne, la stabilité du prix ainsi que la diminution des personnes dans la situation de chômage. Ces impacts économiques entraînent des impacts sociaux comme l’amélioration des conditions de vie de ses membres, de leur mentalité ainsi que les rapports sociaux dans la vie rurale et diminue ainsi l’insécurité dans la région. Tels sont donc les impacts de la microfinance dans la région Alaotra Mangoro. Pour finir ce devoir, nous allons détecter les failles qui bloquent l’amélioration de ces impacts dans la région.

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Chapitre II : Analyse de la pénétration des IMF dans la région ainsi que les obstacles y afférents.

Ce chapitre sera axé sur l’analyse stratégique des IMF dans la région Alaotra Mangoro et sur l’identification des problèmes qui bloquent le fonctionnement et la croissance des IMF dans cette région.

Section I : Analyse stratégique des IMF dans la région Alaotra Mangoro

Une analyse stratégique sera indispensable pour l’effectivité de ce mémoire. En effet, nous allons voir dans cette section l’évaluation des stratégies adoptées par les IMF dans la région ainsi que l’adéquation entre ses produits et les besoins des paysans.

1) Evaluation des stratégies des IMF dans la région

La première rubrique que nous allons analyser dans cette évaluation sera le mutualisme du fait que seules les IMF mutualistes ont la faculté de couvrir toute la région. En suite, nous allons étudier les mesures prises par ses IMF pour faire face à la concurrence et pour atteindre ses clientèles. Enfin, nous allons analyser les limites de la microfinance.

 Le mutualisme

D’après ce qui était précédemment cité dans la première partie, CECAM et OTIV constituent les deux grandes IMF qui dominent dans la région. Effectivement, ces deux IMF possèdent les plus grands réseaux, avec 24 caisses28 pour l’OTIV et 1529 pour CECAM, réparties dans les différentes communes de la région. Ils possèdent actuellement 55 569 membres dont 7 86630 pour la CECAM et 47 70331 pour l’OTIV. Rapprocher avec le dernier recensement de la population en 2006 qui dénombre 1 142 059 habitants32, le taux de pénétration de la microfinance (IMF mutualiste) est environ de 4,8%. Ce qui est encore très faible. Associer avec le taux de bancarisation de la population qui est aux alentours de 10%33

28 OTIV zone Alaotra Mangoro 29 CECAM Alaotra Mangoro 30 CECAM Alaotra Mangoro 31 OTIV zone Alaotra Mangoro 32 Monographie de l’Alaotra Mangoro, 2006 33 Mr RAMORANDROSON Velona Solofo, ADJOINT AU DIRECTEUR DE L’OTIV ZAM

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, ces chiffres montrent l’importance de l’opportunité du secteur financier dans la région et du nombre de gens qui n’ont pas encore accès aux services financiers. De plus, ils sous entendent que ces IMF mutualistes (OTIV et CECAM) détiennent à peu près 48% de la population bancaire. Ce qui est énorme d’où l’importance d’analyser la relation mutualiste et population rurale. Pour finaliser cette analyse, nous allons voir l’impact du fondement mutualiste sur ses clients, l’importance du structure mutualiste et enfin la limite du mutualisme.

a) L’impact du fondement mutualiste

Une IMF mutualiste est une personne morale fondée sur les principes de coopération, de solidarité et d’entraide mutuelle34.

Tout d’abord, la coopération est une méthode d’action économique par laquelle des personnes ayant des intérêts communs constituent une entreprise où les droits de chacun à la gestion sont égaux et où le profit est réparti entre les seuls associés35. Dans notre cas d’espèce, l’IMF est crée selon la volonté des gens qui ont un intérêt commun dans l’institution. Notons que pour devenir membres sociétaires d’une IMF, il faut participer au capital de l’institution. Ce qui donne droit au titre d’associé et participe ainsi à la gestion de l’institution. De cette remarque découle le principe d’égalité de droits et d’obligations des membres dans la gestion de l’institution. En effet, chaque membre ou associé n’a droit qu’à une voix sans considération du nombre de parts sociales détenues par chacun, ni de la date d’adhésion36. Même sens avec le principe de coopération, l’institution mutualiste n’a le droit d’offrir ses services qu’au profit de ses membres37.

En suite, concernant le principe de solidarité, il accentue la dépendance mutuelle du membre de l’institution. En effet, la solidarité est un sentiment qui pousse les hommes à s’accorder une aide mutuelle38. Dans une institution financière, l’aide mutuelle se présente comme suite : les membres à capacité de financement aident les autres membres à besoin de financement par l’intermédiaire de l’institution. En effet, les gens à capacité de

34 Loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF/loi 96-020 portant réglementation des activités et organisation des institutions financières mutualistes. 35 Nouveau petit LAROUSSE, 1971 36Loi 96-020 portant réglementation des activités et organisation des institutions financières mutualistes. 37 Loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF 38 Nouveau petit LAROUSSE, 1971

71 financement à besoin de placer ses surplus tandis que ceux à besoin de financement veulent emprunter pour financer ses activités. C’est ainsi que par l’intermédiaire de l’IMF mutualiste, ses membres sont solidaires d’où le principe d’entraide mutuelle.

Enfin, le principe d’entraide, comme il est indiqué précédemment n’est que le prolongement du principe de solidarité. Entraider s’est aider mutuellement39.

Le choix du mutualisme dans un milieu rural se rapporte sur ces fondements. Effectivement, les gens de la campagne se préoccupent de l’emplacement de ses argents. Cela peut être la conséquence de leur méconnaissance du métier de la banque mais en tout cas, ils se méfient. Vue que les IMF non mutualistes ont une allure identique à celle de la banque commerciale, elles ont du mal à pénétrer dans un lieu rural. Contrairement, les mutualistes gagnent de plus en plus la confiance des paysans. Rien que le simple fait où les paysans se sentent propriétaires de l’institution grâce au principe de coopération, rend leur confiance aux institutions financières. De plus, le sentiment d’appartenance que le paysan a envers l’institution diminue le taux de délinquance. Ce qui nous amène à voir le taux de délinquance dans une IMF mutualiste de la région. Le schéma suivant montre le taux de remboursement ainsi que le taux de délinquance des prêts de l’URCECAM Alaotra Mangoro.

Figure n°11 : Evolution du remboursement URCECAM Alaotra Mangoro (%)

(%)

100 0,056 0,06 0,06 99,95 0,11 0,16 99,9 0,2 % délinquance 99,85 99,94 99,94 99,94 % remboursement 99,8 99,89 99,84 99,75 99,80

99,7 2006 2007 2008 2009 2010 2011 (Année)

Source : URCECAM Alaotra Mangoro

39 Nouveau petit LAROUSSE, 1971

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Dans l’URCECAM Alaotra Mangoro, le taux de délinquance varie de 0,2 à 0,05. De même, il est décroissant. Toutefois une petite augmentation en 2010 qui est sûrement le fait de la crise, heureusement que le taux commence à se redresser en 2011. En effet, la crise a un effet sur le rendement de l’activité d’où la difficulté dans le remboursement.

Ce qui nous montre que vis-à-vis de l’institution, ses membres sont conscients de l’importance du remboursement de leurs emprunts. Ceci est dû au fait même du mutualisme car les gens de la campagne sont protecteurs et préservateurs. En étant membre de l’institution, ils vont la protéger et même convaincre, aider et même forcer les autres de rembourser ses dettes. A titre d’exemple, comme nous avons vu plus haut, les femmes membres de la CAE s’entraident et se convainquent pour honorer ses emprunts effectués auprès de l’institution.

Les principes d’entraide et de solidarité améliorent la relation entre les gens et l’institution financière. Le mécanisme est que la culture malgache d’entraide et de solidarité a encore une grande place dans le milieu rural. Toutefois, Dans la vie actuelle, surtout en ce temps de crise où l’insécurité règne, il est plus difficile de distinguer les hommes biens et mauvais. Alors, l’institution financière mutualiste se voit d’être le meilleur solution. De plus, en participant dans la gestion de l’institution, les gens suivent l’utilisation de leur capital contrairement dans le cas de l’institution non mutualiste.

Ces arguments qui nous amène à confirmer que le fondement du mutualisme est l’un des ressources qui procurent à l’institution un avantage concurrentiel dans le milieu rural. Il permet aussi à l’institution de coopérer facilement avec les paysans. D’où la faculté des institutions financières d’élargir leur réseau surtout dans les campagnes. L’histoire de l’OTIV et de CECAM dans la région Alaotra Mangoro, qui est précédemment présenté, prouve cette énorme évolution des IMF mutualistes. Mais ceci n’explique pas seulement cette réussite, il y a aussi d’autres facteurs comme la structure mutualiste.

b) La structure mutualiste

Pour renforcer la situation financière des IMF mutualistes, la loi 2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l'activité et au contrôle des institutions de microfinance prévoit une structure qui leur procure un avantage concurrentiel au niveau du marché financière

73 surtout dans le monde rural. En effet, cette loi stipule que les IMF mutualistes peuvent se regrouper.

Ce regroupement permet une meilleure gestion des IMF de base affilées à l’organe centrale du groupement. Effectivement, l’organe centrale est autorisé à inspecter les institutions financières affilées, les exercer un contrôle administratif, technique et financier et les fournir une assistance technique40. Il doit ainsi réaliser la consolidation du compte du réseau, assurer sa cohésion et sa promotion, le représenter au niveau national et international et définir les grandes orientations d’un code de déontologique à suivre ainsi que les normes que le réseau doit respecter selon les dispositions légales et réglementaires en vigueur.41 Sur le plan financier, l’organe central doit veiller au maintient de la structure financière du réseau et de ses membres.42 Pour cela, il doit fournir des services financières au réseau dans la limite de son autorisation43. Ces dispositions ont été créées pour le renforcement de la gestion des IMF mutualistes. Le but des législateurs malgaches est de promouvoir le développement et la croissance des IMF mutualistes. Ceci est dû à sa préoccupation sur la mobilisation de l’épargne en milieu rural grâce à l’expansion et au développement des mutuelles d’épargne et de crédit44.

Cette structure permet aussi de faciliter l’activité de contrôle effectuée par les autorités monétaires telles que la CSBF. En effet, c’est l’organe central qui assure la représentation du réseau auprès des autorités monétaires. Comme il est le responsable, c’est envers lui que les autorités monétaires vont exercer le contrôle. A titre d’argument, la CSBF exerce directement sont autorité sur l’organe centrale d’une institution de microfinance mutualiste mais non aux institutions affilées. Par exemple, la CSBF attribue un agrément collectif au profit d’une union ou de fédération d’IMF mutualiste45.

Enfin, l’un des grands avantages des IMF mutualistes affilées dans un regroupement est qu’elles sont financièrement solidaires dans la limite de l’équilibre financier globale du

40 Loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF 41 Loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF 42 Loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF 43 Loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF 44 96-020 portant réglementation des activités et organisation des institutions financières mutualistes. 45 Loi 96-020 portant réglementation des activités et organisation des institutions financières mutualistes.

74 réseau46. Ce qui signifie que par l’intermédiaire de l’organe central, les IMF membres du groupe s’entraident financièrement. Lorsqu’un membre a un problème financier, il aura l’appui de tous les autres membres. D’où la solidité de la structure mutualiste.

Comme nous avons précédemment cité dans la partie I, l’OTIV zone Alaotra Mangoro ainsi que l’URCECAM Alaotra Mangoro possèdent cette structure mutualiste. La seule différence est que l’OTIV Alaotra Mangoro possède son organe central dans la région tandis que l’URCECAM Alaotra Mangoro est affilée à l’UNICECAM. Notons que l’UNICECAM est le regroupement de l’URCECAM dans le pays. A titre d’information, nous allons présenter dans l’annexe l’organisation du réseau CECAM.

La propagation des institutions mutualistes dans le milieu rural est le fait que le mutualisme même apporte des avantages à l’institution. De plus, les fondements du mutualisme ont des impacts positifs sur les paysans que celles des banques commerciales ou des institutions financières non mutualistes. Ce qui est prouvé dans le tableau suivant qui montre la répartition des institutions financières dans la région Alaotra Mangoro.

46 Loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF

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Tableau n°9 : Listes des institutions financières opérant dans la région Alaotra-Mangoro

Points de Sigle Région District Commune services ACEP Madagascar ALAOTRA-MANGORO MORAMANGA MORAMANGA CU 1 Réseau CECAM (ZONE ANALAMANGA) ALAOTRA-MANGORO MORAMANGA ANJIRO 1 Réseau CECAM (ZONE ANALAMANGA) ALAOTRA-MANGORO MORAMANGA MANDIALAZA 1 Réseau CECAM (ZONE ANALAMANGA) ALAOTRA-MANGORO MORAMANGA MORAMANGA 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA AMPITATSIMO 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA MANAKAMBAHINY 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA AMBATONDRAZAKA 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA AMBOHITSILAOZANA 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA ANDREBAKELY 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA DIDY 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMPARAFARAVOLA AMBOHITRARIVO 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMPARAFARAVOLA 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMPARAFARAVOLA AMPARAFARAVOLA 1 MORARANO Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO AMPARAFARAVOLA CHROME 1 Réseau CECAM ALAOTRA-MANGORO MORAMANGA ANDAINGO 1 EAM FINANCES ALAOTRA-MANGORO AMPARAFARAVOLA AMPARAFARAVOLA 1 Microcred Banque Madagascar ALAOTRA-MANGORO MORAMANGA MORAMANGA 1 Réseau OTIV ALAOTRA- MANGORO ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA AMBATONDRAZAKA 8 Réseau OTIV ALAOTRA- MANGORO ALAOTRA-MANGORO AMPARAFARAVOLA AMPARAFARAVOLA 8 Réseau OTIV ALAOTRA- MANGORO ALAOTRA-MANGORO ANDILAMENA ANDILAMENA 2 Réseau OTIV ALAOTRA- MANGORO ALAOTRA-MANGORO MORAMANGA MORAMANGA 4 Réseau OTIV ALAOTRA- MANGORO ALAOTRA-MANGORO ANOSIBE AN'ALA AMBALANOMBY 1 Réseau OTIV ALAOTRA- MANGORO BETSIBOKA TSARATANANA BREVILLE 1 SIPEM ALAOTRA-MANGORO MORAMANGA MORAMANGA 1 BOA ALAOTRA-MANGORO MORAMANGA MORAMANGA 1 BOA ALAOTRA-MANGORO AMPARAFARAVOLA AMPARAFARAVOLA 1 BOA ALAOTRA-MANGORO AMPARAFARAVOLA TANAMBE 1 BOA ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA AMBATONDRAZAKA 1 BNI ALAOTRA-MANGORO AMBATONDRAZAKA AMBATONDRAZAKA 1

Source : Région Alaotra Mangoro, OTIV ZAM et CECAM Alaotra Mangoro

76

Dans ce tableau, nous pouvons en déduire que les IMF mutualistes dépassent largement celles non mutualistes si on se réfère aux points de services. En effet, l’OTIV possède 24 sur 48, soit 50%, des points de services financiers opérants dans la région tandis que CECAM détient 15 sur 48, soit 31,25%. Les autres institutions financières non mutualistes dont BNI,BOA, EAM finances, Microcréd, ACEP Madagascar, et la SIPEM, ne possèdent que 18,75% des points de services dans la région. Malgré ces différents avantages, le mutualisme a ses limites.

c) Les limites du mutualisme

Malgré la réussite en matière d’extension géographique des institutions financières mutualistes, le mutualisme a des limites.

Premièrement, les gens riches refusent de partager leurs argents à des pauvres. Cette différence de couche sociale nuise à l’expansion et au développement de l’institution mutualiste. Certes, parmi les paysans, il y a les pauvres, les très pauvres et les riches.

Dans la région Alaotra Mangoro, les riches sont ceux qui possèdent beaucoup de terrain surtout rizières et forêts. Ils sont souvent propriétaires de grands magasins ou de grandes sociétés et pratiquent l’activité de collecteur dans la région. Ils emploient les pauvres et les très pauvres dans la réalisation de leurs activités. Ils produisent pour vendre contrairement aux autres couches. Ce sont des gens à capacité de financement et la principale raison pour laquelle ils utilisent les services des institutions financières est la sécurité de leurs argents.

Quant aux pauvres, ils ne possèdent que peu de terrains pour cultiver et leurs récoltes sont souvent destinées à l’autoconsommation. Ils sont souvent soumis à des problèmes de financement dans leurs activités et nécessite l’aide des institutions de microfinance.

Enfin, pour les très pauvres, ils n’ont pas de terres à cultiver ou en possèdent mais très petits. Ils ne possèdent que quelques bêtes destinés à être consommés comme les oies, les poules…Ils travaillent comme main d’œuvre à la couche riche. Ils n’ont pas d’accès à la microfinance car ils n’ont pas de garantie matérielle. Ils sont très nombreux et sont souvent victimes de la malnutrition.

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Cet écart entre les différentes couches cause souvent des problèmes aux institutions financières mutualistes. Le fait que le mutualisme est fondé sur les principes de coopération, de solidarité et d’entraide mutuelle47 n’attire pas trop les paysans riches. Certes, pour eux, il est quasiment impossible de partager leurs argents aux pauvres. En plus de leur complexe de supériorité, ils craignent que les pauvres aillent faire disparaître leurs argents. La seule raison qui les motive à utiliser les IMF mutualistes est qu’elles sont les seules à opérer dans le milieu et qu’ils ont besoins d’une institution financière pour garder leurs argents.

Deuxièmement, la promotion de l’égalité des membres dans la gestion des activités avec « une personne, une voix » est contestée. Ainsi, les riches n’acceptent pas d’être classés au même niveau que les pauvres. Notons que ce sont eux qui possèdent la majeur partie des dépôts dans les institutions financières et que ces dépôts vont être utilisés par les institutions en titre de crédit offerts aux pauvres. Donc, si les riches refusent, les institutions perdront une partie de leurs sources de crédit. Les pauvres, quant à eux, sont complexés. Même s’ils sont les plus nombreux dans l’assemblée générale, leurs décisions sont influencées par les riches.

Troisièmement, les IMF mutualistes sont quelques fois confrontées à des problèmes de gestion. Ceci est dû à leur organisation qui est basée sur la démocratisation de l’administration des activités. En effet, les membres chargés de l’administration sont constitués d’élus et ne disposent pas toujours des compétences nécessaires pour mener les activités de l’institution. Aussi, la conduite d’une institution financière exige un certain niveau de compétences surtout en matière administrative et financière. Heureusement que les IMF mutualistes dans la région prévoit des formations aux élus.

Pour conclure, la forme mutualiste est la mieux adaptée pour une institution financière désirant opérer dans un milieu rural. L’exposé des motifs de la loi n°96-020 portant réglementation des activités et organisation des institutions financières mutualistes le confirme. Néanmoins, il faut faire face à ses limites pour la croissance et le développement de l’institution. Le mutualiste est un groupe d'entraide, des coopératives de crédit, ainsi qu'une variété hybride de structures comme les associations de services

47 Loi n°2005-016 du 19 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des IMF/loi 96-020 portant réglementation des activités et organisation des institutions financières mutualistes.

78 financiers et les Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit Autogérée. Comme les prestataires informels, ces associations mutualistes sont généralement de petites structures bien implantées au niveau local, ce qui implique qu'elles auront une bonne connaissance du contexte financier des uns et des autres et pourront offrir des services personnalisés et flexibles. Comme leurs gestionnaires sont pauvres, les coûts d'opérations seront bas. Par contre, ces amateurs ne sont pas toujours très compétents dans le domaine financier et peuvent paniquer lorsque la situation économique s'obscurcit ou que les opérations deviennent trop complexes. Comme ils sont effectivement encadrés, ils peuvent être sous l'emprise d'un ou deux leaders influents et les membres peuvent perdre leur argent.

Après avoir évalué le mutualisme, nous allons maintenant étudier les mesures prises par les IMF mutualistes dans la région pour faire face à la concurrence et pour atteindre ses clients.

 Les stratégies utilisées par les IMF dans la région

Pour faire face à la concurrence et pour atteindre ses cibles, les IMF adoptent des stratégies afin qu’elles puissent bénéficier un avantage concurrentiel pour se maintenir et se développer sur le marché. Ces stratégies sont la différentiation, la focalisation et la spécialisation.

a) La stratégie de différentiation

La différenciation permet de distinguer les produits de l'entreprise des produits concurrents48. Elle consiste à mettre en œuvre des moyens autres que le prix (par exemple, la qualité du produit, sa fiabilité, les options, etc.) pour créer une offre distincte de celle de la concurrence. L'organisation cherche à obtenir un avantage concurrentiel en mettant en avant une compétitivité hors-prix. Ce qui va bien évidemment avec la segmentation du marché afin de combler les besoins du client cible. Pour les IMF, les clients cibles sont les pauvres exclus des banques traditionnelles. Il existe plusieurs formes de différenciation. D'une manière générale, on distingue :

48 Les choix stratégiques de bases (axes stratégiques), Michel B

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 la différenciation par le haut : le prix du bien proposé par l'entreprise est plus élevé que celui de ses concurrents, mais l'offre proposée est supérieure ;

 la différenciation par le bas : les consommateurs perçoivent l'offre de l'entreprise comme inférieure à celle du marché, mais les services proposés amènent un confort suffisant et en relation avec le prix proposé.

Dans le cas de la microfinance dans la région Alaotra Mangoro, les IMF telles que l’OTIV ZAM ou encore l’URCECAM Alaotra Mangoro pratique cette stratégie de différenciation. Dépassées par les banques en matière de coûts, les IMF proposent à ses clients des produits à prix élevés mais largement supérieur à ceux des banques primaires. Supérieur du point de vue qualité car ses produits sont spécialement conçus pour répondre aux besoins des clients pauvres contrairement aux banques traditionnels. En effet, en matière bancaire, les risques de non remboursement d’un client pauvre est beaucoup plus supérieur à celui d’un client riche, d’où le phénomène d’exclusion. Alors qu’effectivement, les gens de la campagne, à Madagascar, sont majoritairement pauvres, d’où la qualité des produits de la microfinance au niveau rural. A titre d’exemple, l’intérêt d’un crédit productif de l’URCECAM est de 30% par an49 alors que celui des banques est largement inferieur. Toutefois, le crédit productif est compatible à l’exploitation et à la faculté du paysan. Les IMF utilisent donc une stratégie de différenciation haute. Après la différenciation, les IMF utilisent la focalisation.

b) La stratégie de focalisation :

La focalisation ou concentration ou encore « l’effet de loupe » est une stratégie par laquelle on développe un avantage concurrentiel sur un petit nombre de segments ou sur un segment unique50. Elle va donc en même sens avec la différenciation. Il s'agit de sélectionner une zone géographique ou une clientèle particulière ou un produit spécifique sur lequel l'entreprise valorisera ses potentialités distinctives telles que le coût, le service, l'image de marque....

49 URCECAM Alaotra Mangoro 50 Les choix stratégiques de bases (axes stratégiques), Michel B

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Poussée à l'extrême, la stratégie de focalisation devient une stratégie de niche : dans ce cas, l'entreprise exploite un couple produit/marché très pointu qui répond à un besoin très précis. L'entreprise est spécialiste sur un domaine d'activité qui n'intéresse pas les grandes entreprises car il est trop limité et ne permet pas une production de masse. En général, cette stratégie est donc menée par des PME. L'avantage est de pouvoir pratiquer des marges élevées, car l'offre est réduite, et la concurrence faible.

Les IMF ont choisi comme cibles les pauvres. Les grandes sociétés, entre autres les banques commerciales, ont peur des risques présentés par ces clients. Alors, elles les laissent aux spécialistes de la microfinance. Face à la réticence des concurrents, les IMF ont l’avantage de pouvoir pratiquer des marges élevées.

Comme la focalisation est une mise en œuvre de la stratégie de spécialisation, nous allons voir la spécialisation.

c) La stratégie de spécialisation

La stratégie de spécialisation rime avec l’expansion de l’entreprise. C’est la stratégie par laquelle une entreprise limite son activité à des produits ou elle se concentre tous ses efforts sur un domaine d’activité particulier. Elle cherche à atteindre le meilleur niveau de compétence possible et d’en faire un avantage concurrentiel décisif grâce à l’expérience et savoir faire51. La spécialisation a pour objectif d’augmenter les parts de marchés au détriment de ses concurrents : stratégie offensive ou stratégie d’acquisition. A cet effet, l’entreprise peut étendre ses zones d’exploitation pour pénétrer dans un nouveau marché. Ainsi, la recherche des nouveaux clients est primordiale. La spécialisation est utilisée par les IMF dans la mesure où elles se concentrent sur la microfinance. La nécessité national qu’international de donner aux pauvres des services financiers et le besoin constant d’acquérir des nouveaux clients poussent les IMF à élargir leurs réseaux. Cela peut aussi être la conséquence du principe de finance de proximité appliqué par les IMF. En tout cas, la spécialisation permet aux IMF de pousser ses produits vers les clients. A titre indicative, les IMF dans la région Alaotra Mangoro décident d’élargir

51 Les choix stratégiques de bases (axes stratégiques), Michel B

81 leurs réseaux en couvrant les points clés de la région. Comme il a été précédemment cité, l’OTIV ZAM possède 24 caisses tandis que l’URCECAM en a 15.

En somme, pour être viables dans un milieu rural, les IMF dans la région Alaotra Mangoro applique les stratégies de différentiation, de focalisation et de spécialisation. Ces stratégies leur donnent une force de pénétration dans une région rurale et d’en accomplir leur mission qui est d’offrir des services financier aux pauvres. Toutefois, la microfinance a des limites.  Les limites de la microfinance

Les limites de la microfinance sont constituées par les obstacles qui empêchent l’offre des services financiers aux pauvres.

Tout d’abord, lorsque nous avons observé les données des IMF, nous avons constaté que le taux de crédit est très élevé. Ses taux mensuels varient de 2 à 4% selon le type de crédit choisi que se soit pour l’OTIV ou pour CECAM. Ces taux représentent un coût d’exploitation énorme pour l’institution. Nous pouvons cités à titre d’exemple le coût d’extension, le coût de financement dont les rémunérations des dépôts font parties, les dépenses de fonctionnement...Mais le plus important qui explique ce taux élevé est le degré de risque que présente les crédits offerts aux pauvres.

Ensuite concernant le risque, l’une des raisons pour lesquelles les banques commerciales ont exclus les pauvres est qu’ils représentent un risque énorme. Ce risque qui se traduit par l’incapacité des pauvres à rembourser ses dettes, fait qui nuise à la vie même de la banque. En choisissant les pauvres comme cibles, les IMF sont obligées de supporter ces risques, d’où l’augmentation du taux d’intérêt. Mais à part le taux d’intérêt les IMF sont aussi obligées d’exiger des garanties matérielles.

Enfin, pour la garantie, les IMF sont obligées d’exiger des garanties pour éviter le risque de non remboursement des crédits. En effet, si les IMF n’exigent pas des garanties matérielles, le risque de non remboursement sera élevé. Les emprunteurs vont volontairement omettre les payements de remboursement. Ce qui conduira à la fermeture

82 de l’institution. Comme nous avons vu un peu plus haut, l’OTIV et CECAM exigent une garantie matérielle d’une valeur de 150% du crédit demandé.

En somme, les IMF sont obligées d’appliquer des taux élevés et d’exiger une garantie matérielle élevée pour éviter le risque de non remboursement de ces prêts. Toutefois, les clients pauvres ne possèdent pas toujours des garanties matériels et que leurs conditions de vie ne les permettent pas de rembourser des taux d’intérêt élevé. Ce qui constitue des goulots d’étranglement à la réalisation de l’objectif de microfinance et à la croissance des IMF.

D’après cette rubrique, nous avons vu que le mutualisme permet au IMF d’intégrer facilement le marché financier dans un milieu rural. Aussi, accompagné par d’autres stratégies, le mutualisme propulsera les IMF dans le chemin du développement et de la croissance. Toutefois, il faut soulever les failles qui font obstacles à la réalisation de l’offre de services financiers aux pauvres. Après avoir fait l’évaluation des stratégies adoptées par les IMF dans la région Alaotra Mangoro, nous allons maintenant voir l’adéquation des produits des IMF avec les besoins des paysans.

2) Adéquation entre produits et besoins des paysans

Pour analyser l’adéquation entre les besoins et offres de financement aux paysans, il nous faut connaitre les besoins financiers des paysans et les offres que proposent les IMF.

 Les besoins des paysans en matière financière

L’un des facteurs qui bloque la croissance de l’agriculture Malgache est l’absence de services financiers. Pour analyser les besoins financiers des paysans, nous allons étudier ses besoins en matière de crédit ainsi que ses besoins en termes d’épargne.

a) Les besoins de crédit des paysans

Tout d’abord, vu que la majorité des paysans sont pauvres, ils veulent des crédits qui ont des taux d’intérêt proportionnels à leurs vulnérabilités. Pour eux, le taux d’intérêt actuel appliqué par les IMF est trop élevé. Ils veulent des taux inférieurs ou égales ceux des banques traditionnelles.

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Ensuite, l’exigence des garanties matérielles n’est pas favorable pour eux, surtout pour les très pauvres qui sont les plus nombreux dans le monde rural. En effet, ils sont souvent dépourvus de bien matériel. Certes, leurs terres, s’ils en possédaient, ne sont pas titrées alors que sans l’acte de propriété, les IMF n’accepteront pas le gage. De plus, les paysans, étant un partisan extrême de la culture Malgache, refusent de gager leurs biens. Pour eux, gager leurs biens est comme les vendre. Ainsi, les très pauvres qui devraient être le premier cible de la microfinance sont exclus d’office.

Enfin, les paysans veulent des crédits qui sont compatibles au cycle d’exploitation de ses activités. En effet, si par exemple le crédit est en retard ou s’il est en avance, il n’aura pas d’impact sur la production. C’est pourquoi, dans le cas de la riziculture, si le crédit est en retard par rapport au calendrier de culture, les récoltes vont être mauvaises, et le risque de non remboursement sera élevé. Si, par contre, le crédit est obtenu trop en avance, l’argent risque d’être utilisé sur d’autre finalité ou risque d’être exposé sur l’insécurité.

En somme, les paysans veulent des crédits compatibles avec leurs activités et qui ont des taux peu élevés et n’exigeant pas de garanties matérielles. Aussi, l’accompagnement de ses crédits est fortement sollicité par les paysans surtout en matière technique. Tels sont les attentes des paysans en matière de crédit, voyons maintenant ceux des dépôts.

b) Les besoins de dépôt des paysans

Les paysans en autant besoin de placer ses argents tout comme les riches. Ainsi, même si les IMF ne rémunèrent pas leurs épargnes, ils en font quand même. Cela peut être les conséquences de plusieurs facteurs.

En premier lieu, pour cause de la sécurité de leurs avoirs, les paysans vont les déposer auprès des institutions financières. En effet, dans la campagne, les services de microfinance permettent aux gens de garder leurs argents à l’abri.

En second lieu, les pauvres ont besoin d’épargner. L’inexistence de l’épargne dans le monde rural caractérise les paysans Malgaches. Sans l’aide des institutions financières, pour placer ses épargnes, les paysans ont tendance à les dépenser.

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En troisième et dernier lieu, la présence de placement rémunéré motive les gens à placer leur épargne. Associé aux deux premiers facteurs, la rémunération des épargnes incite de plus en plus les paysans à épargner et de garder leurs argents dans les IMF et non sous le matelas. Toutefois, ils constatent que le taux du placement est largement inferieur au taux du crédit.

A cause de ces facteurs, les paysans n’ont pas de préférence en matière de dépôts. Néanmoins, la présence des comptes de dépôts et d’épargne sont réclamés et la présence d’un compte d’épargne rémunéré est sollicitée.

Mais que ce soit pour les crédits ou pour les épargnes, les paysans ont fortement besoin des services financiers de proximité. En effet, pour raison de sécurité et de coût, les paysans veulent que l’institution financière soit implanté dans leur village c'est-à-dire tout près d’eux. La mobilité des IMF contribue à leur réussite dans le milieu rural.

Si telles sont les informations concernant les besoins financiers des paysans, qu’en est il de son adéquation avec les offres des IMF.

 Adéquation entre offres et besoins financières des paysans

Comme nous avons vu dans la première partie, les offres de services financiers proposés par les IMF sont multiples. En effet, les IMF proposent divers types que ce soit en termes de crédit ou de dépôts. Ceci est dû à la volonté des IMF de répondre aux besoins des paysans. De plus, elles essayent de faire son possible pour offrir des services financiers de proximité aux paysans en élargissant son réseau. Toutefois, des inadéquations entre les offres de l’institution et les besoins des paysans sont constatés.

Premièrement, concernant le taux d’intérêt, les IMF ne peuvent pas satisfaire les paysans en diminuant les taux car les coûts sont élevés. De plus, l’offre de crédits aux pauvres présente un risque élevé et par conséquent les IMF sont obligées de répercuter ce risque dans le taux d’intérêt.

Deuxièmement, la garantie matérielle est la seule assurance qui assure les IMF que l’emprunteur va honorer ses dettes. Sans cette garantie, les IMF auront du mal à se faire

85 rembourser. Présentant un risque élevé, les paysans doivent constituer des garanties matérielles pour rassurer l’IMF.

Enfin, en ce qui concerne l’écart entre le taux de crédit et le taux de rémunération des dépôts, le seul revenu que possède l’IMF est cet écart. En effet, il faut en déduire dans cet écart les coûts de fonctionnement ainsi que les coûts de refinancement de l’institution. Donc pour être pérenne et viable, les IMF sont obligés d’appliquer cet écart. De ce fait, les dépôts sont peu rémunérés.

Malgré ces inadéquations, l’utilisation des paysans des services de microfinance commence actuellement de prendre de l’ampleur. Autant dire que les IMF restent les seules à pouvoir satisfaire les paysans en termes de service financière.

En somme, cette section nous a permis d’analyser les stratégies utilisées par les IMF pour pénétrer et survivre dans un milieu rural ainsi que ses limites. Nous avons aussi vu les rapports entre les offres de services financiers et les besoins des paysans. Pour finaliser le devoir, nous allons essayer de détecter les problèmes qui constituent des failles pour les IMF.

Section II : Les obstacles liés aux activités des IMF

Cette section nous permettra d’identifier les problèmes qui bloquent le fonctionnement des IMF dans la région Alaotra Mangoro. En effet, les blocages existent au niveau des IMF elles-mêmes mais aussi au niveau de la population.

1) Les blocages au niveau de l’institution

Les problèmes qui posent tant de discussions au niveau des activités des IMF concernent le taux d’intérêt et la garantie des emprunts. Alors, d’après les données que nous avons pu collecter, nous allons les traiter un à un dans cette section.

 Le taux de crédit élevé

La microfinance applique des taux de crédit élevés. Ceci est dû aux risques élevés qu’elle encourt en empruntant aux pauvres. De plus, l’octroie de microcrédit engendre des coûts supplémentaire, donc des impacts négatifs sur la rentabilité. Obliger d’y faire face, les

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IMF les répercutent dans les taux d’intérêt, d’où des taux de crédit élevés. La microfinance est donc obligée d’appliquer des taux de crédit élevés que le système bancaire traditionnel. A titre d’illustration, nous allons vous présenter un exemple précis afin de mieux comprendre ce problème. Pour un même taux, prêter une somme de 10 000 Francs à une seule personne peut engendrer un même revenu que l’octroie de 100 Francs à 100 personnes. Toutefois, au niveau des coûts, le premier prêt engendre des coûts largement inferieurs que ceux des microcrédits. En effet, dans le premier cas, les études se concentrent sur une seule personne, tandis que dans le deuxième, elles seront accès sur les 100 personnes. Si l’institution dépensera par exemple 5 Francs pour étudier le dossier d’une personne, le premier cas n’engendre que 5 Francs tandis que le second nécessite le décaissement de 500 Francs soit 450 Francs de coûts supplémentaires. A ce termes, les agents de crédit doivent rendre visite au client à son domicile ou sur son lieu de travail, évaluer sa solvabilité sur la base d’entretien avec la famille, le voisinage, et une fois le prêt accordé, effectuer un suivi rapproché et fréquent par le biais de visites pour renforcer la culture de remboursement. De plus, le risque de non remboursement est élevé pour le deuxième cas. D’où la supériorité des taux d’emprunt de la microfinance.

Mais la question se pose sur la réaction des soi-disant pauvres face à ce taux d’intérêt élevé. L'expérience prouve que les clients sont prêts à payer des taux d'intérêt assez élevés pour s’assurer un accès permanent au crédit. En effet, généralement le retour sur les investissements réalisés grâce au capital obtenu peut s’avérer bien supérieur au taux d'intérêt du crédit. A titre d’argument, un cultivateur de riz, habitant à Ambalabako, Ambatondrazaka, que nous avons questionné, affirme qu’il préfère payer un intérêt mensuel de 2,5% pour les crédits agricoles qu’il a empruntés afin améliorer son rendement. En effet, cet agriculteur possède environ 3 ha de rizière et récolte, avant son accès au crédit, à peu prêt 4,5 tonnes de paddy. Pour lui, le problème concerne surtout le financement de l’exploitation comme par exemple en matière d’engrais, ou encore l’acquisition des produits contre les prédateurs et la maladie. Après avoir obtenu des crédits auprès de l’OTIV Ambatondrazaka, il a récolté environ 8 tonnes. Ce qui lui a permis de rembourser l’IMF et d’augmenter en même temps son bénéfice.

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Les paysans reconnaissent aussi que les alternatives, faire appel par exemple aux prêteurs sur gages, aux usuriers du secteur financier informel, ou l’absence de toute source de crédit sont beaucoup plus pénalisants. A titre d’exemple, les taux d'intérêt dans le secteur informel peuvent atteindre 10 % par jour pour certains vendeurs sur le marché. De plus, leur accès aux banques commerciales est pratiquement limité, alors ils préfèrent les crédits offerts par la microfinance peu importe le taux d’intérêt. De plus, il faut se rappeler que les crédits accordés sont de faibles montants, et qu’un taux d’intérêt même élevé se traduit par un montant faible ; si le mode de remboursement est adapté aux capacités de l’emprunteur (paiement de petites sommes fractionnées le plus souvent), ce dernier pourra bien rembourser son crédit et payer ainsi le taux d’intérêt y afférant. Notons que le taux de crédit appliqué par les IMF dans la région Alaotra Mangoro varie de 2 à 4% par mois.

Toutefois, il y a beaucoup de personnes qui n’arrivent pas à payer ce taux d’intérêt du crédit et décident de ne pas effectuer d’emprunt . Il y en a même ceux qui démissionnent après avoir constaté l’incompatibilité des produits à ces besoins. Notons à titre d’information que 1,01% des membres, dont 0,95% des femmes et 1,04 des hommes, de l’URCECAM ont démissionné. Certes, c’est peu mais l’importance réside dans le fait que les produits, y compris le taux, ne sont pas compatibles à leurs besoins. Donc, nous pouvons conclure qu’il y a encore de l’exclusion, par le fait de taux, au niveau des IMF. De plus, le problème de garantie le confirme.

 Problèmes de garantie

Le problème de garantie engendre des polémiques concernant la microfinance. Normalement, la microfinance ne doit pas exiger de garantie car elle est considérée comme un système financier pour les pauvres et que souvent ces pauvres sont dépourvues des biens.

Dans le cadre de la région Alaotra Mangoro, L’OTIV exige dans presque tous ses crédits une garantie matérielle d’une valeur de 150% du montant du crédit demandé et d’un minimum d’épargne bloqué de 20% du crédit sollicité. A son tour, l’URCECAM exige, pour un octroi, une garantie matérielle ayant la valeur de 150% du crédit demandé majoré des intérêts.

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Le fait d’exiger des garanties est la conséquence du risque de non remboursement élevé. En effet, si les IMF n’exigent pas de garantie, le taux de non remboursement sera énorme. Les paysans vont refuser de payer car ils n’ont à rien à perdre, au contraire ils s’approprieront du montant octroyé. Ce qui nuise à la viabilité de l’institution. Notons que la microfinance n’est pas une œuvre de charité ni un organisme non gouvernemental, mais c’est un système financier formel destiné aux pauvres. De ce fait, l’institution se doit d’être pérenne. En utilisant ce système de garantie, le taux de remboursement de l’URCECAM Alaotra Mangoro varie de 97 à 100%.

Le problème est que ce n’est pas la totalité des paysans qui possèdent ces garanties exigées. Certains ne possèdent même pas de terrain à cultiver. D’autres en possèdent mais n’ont pas de titre de propriété légale pour les faire gager. Il est à noter que pour une superficie d’un hectare, les frais pour avoir un titre s’élèvent entre Ar. 200 000 à Ar. 500 000 et la durée de traitement des dossiers étant de 60 jours.

De plus, la mentalité et la culture font que les gens refusent de gager leurs biens. Pour eux, gager signifie vendre ses biens et ils ne l’accepteront pas. Il est donc évident qu’une personne qui a gagé ses biens est mal vue par la société.

Face à ces problèmes, la seule solution réside dans la caution solidaire. Le CGV ou encore le CAE évite le problème de garantie et rassure les IMF sur le remboursement des crédits. C’est ce que le schéma suivant nous montre.

Figure n°12 : Evolution du taux de délinquance CAE (%)

Taux de déliquance 1,50%

1,00%

0,50% Taux de déliquance

0,00% 2006 2007 2008 2009 2010 (Année)

Source : OTIV ZAM

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Le taux d’intérêt excessif ainsi que l’exigence des garanties matérielles constituent des blocages aux impacts de la microfinance dans la région Alaotra Mangoro. De ce fait, les pauvres des pauvres vont être exclus car effectivement, la faculté des pauvres est limitée selon leur situation. Néanmoins, les IMF ne cessent d’innover afin de remédier à ces problèmes.

2) Les blocages au niveau de la population

Une autre hypothèse montre que c’est la population elle-même qui bloque l’amélioration des systèmes financiers qui lui sont destinés. C’est ce que nous allons analyser dans cette rubrique en étudiant le problème de mentalité et de formation des gens pauvres.

 Problèmes de mentalité

L’un des problèmes que rencontrent les IMF dans la région est le problème de mentalité des gens. En effet, il y a des gens qui sont traditionnalistes et il y a ceux qui sont malhonnêtes.

Les traditionalistes se réfèrent toujours à la tradition et s’enferme dans cette idéologie. C’est l’un des principaux caractères des paysans malgaches. Comme ils ne se réfèrent qu’à la tradition, ces gens refusent catégoriquement l’innovation et la modernisation. A titre d’exemple, en matière de riziculture, ils préfèrent encore utiliser les anciens techniques que ses ancêtres ont utilisés dans leurs temps. Malheureusement, les rendements sont inferieurs à celui des techniques modernes. Donc malgré la pauvreté, ils préfèrent se passer de la microfinance. De plus, ils refusent catégoriquement de gager leurs biens.

En ce qui concerne la malhonnêteté, cela se traduit par la dissimulation des informations par les bénéficiaires de crédits. Ce qui entraîne, pour les IMF, des difficultés dans le recouvrement des crédits. Notons qu’il existe 3 types d’asymétries d’information notamment l’asymétrie d’information ex-hante, l’asymétrie d’information « on going » et l’asymétrie d’information « ex-post ».

Tout d’abord, l’asymétrie d’information ex-hante ou risque d’anti-sélection ou encore sélection adverse se traduit par la volonté délibérée de l’emprunteur à tromper son

90 cocontractant en dissimulant les informations significatives au préteur, afin de pouvoir obtenir le crédit.

En suite, l’asymétrie d’information « on going » se traduit par l’incapacité du prêteur à s’assurer de l’usage des fonds distribués. En effet, certains emprunteurs changent l’utilisation du crédit une fois que celui-ci est octroyé. Autant dire qu’il est difficile de surveiller et d’inciter l’emprunteur à respecter ses engagements une fois le crédit octroyé.

Enfin, l’asymétrie d’information ex-post consiste à dissimuler les résultats réels de l’opération. Effectivement, le banquier est soumis à l’opportunisme de l’emprunteur qui peut être amené à déclarer un résultat inferieur à celui effectif de manière à minimiser le montant de ses remboursements.

Mais pour y remédier, les IMF dans la région ont adopté une technique de descente sur terrain. Les agents de crédit font des descentes pour évaluer l’exactitude des informations déclarées par l’emprunteur. Pour cela, les IMF acquièrent de nombreuses motos pour faciliter les déplacements.

Mais à part ces problèmes, il y aussi le problème de formation.

 Problèmes de formation

L’un des problèmes qui bloquent les paysans dans les pays en voie de développement tel que Madagascar réside dans la formation. En effet, la modernisation de techniques utilisées dans le milieu rural nécessite des formations. Ces formations sont souvent coûteux et presque inexistant, d’où leur insuffisance dans le milieu rural.

L’importance, pour les IMF, d’avoir des clients formés est que ces clients maîtrisent leurs activités. Ces demandes de crédits seront optimales avec une garantie de résultats. Et de ce fait, le taux de remboursement sera maximum. En l’occurrence, une personne ayant reçu des formations sur la pisciculture connaît très bien les enjeux de cette activité. De ce fait, il lui est facile d’obtenir de financement auprès des établissements de crédit et de le rembourser après.

En revanche, si les clients n’ont reçu aucune formation, ils ne savent même pas quoi faire de ces crédits. Ils feront juste ce que fait les autres et ceci est dangereux pour le

91 remboursement des crédits. C’est le problème par exemple de l’utilisation des engrais chimiques qui détruisent les rizières. En effet, ce n’est pas exactement l’engrais qui endurcie la terre, mais son utilisation doit précéder d’une étude. En l’occurrence, il faut déterminer au préalable le type de culture et les besoins nutritionnels de cette culture ainsi que la composition de la terre avant de choisir le type d’engrais chimique à utiliser.

Le problème du manque de formation des paysans posent des problèmes sur les activités de microfinance. En effet si les gens ont reçu une bonne formation, l’utilisation du crédit sera optimale, le remboursement sera assuré et enfin les impacts sont tangibles.

Tels sont les problèmes qui constituent des failles pour l’amélioration des activités de microfinance dans la région Alaotra Mangoro. Notons que les membres de l’OTIV et de l’URCECAM Alaotra Mangoro ne constituent qu’environ 10% seulement de la population agricole. En tenant compte de ses problèmes, les IMF dans la région présentent encore de grande perspective dans le développement de ses activités et en même temps de ces impacts sur la population.

Les IMF dans la région applique des stratégies pour atteindre ses clients. Ses stratégies sont en premier lieu le mutualisme car c’est le type le plus adapté dans un milieu rural. Mais elles adoptent aussi d’autres stratégies pour avoir des avantages concurrentiels. Toutefois, des blocages gênent le métier.

Pour conclure cette partie, nous avons vu que la microfinance est important pour les paysans. En effet, elle donne l’occasion d’améliorer leurs activités, et à la même occasion, d’améliorer leurs conditions de vie. Toutefois, les IMF doivent faire face à de nombreux obstacles d’où l’intérêt d’élaborer des stratégies pour optimiser la pénétration dans le marché rural.

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CONCLUSION

La microfinance est définie comme une offre de services financiers viables à une clientèle pauvre qui n’a pas accès au système bancaire formel. Ces services financiers sont le plus souvent le microcrédit et l’épargne, mais il peut s’agir aussi d’autres services spécialisés.

Les pauvres constituent la vaste majorité de la population dans la plupart des pays en développement comme Madagascar. Ils sont souvent constitués par des paysans qui vivent dans des milieux ruraux. Or, un nombre considérable d’entre eux n’ont toujours pas accès à des services financiers de base. D’où l’importance de la microfinance.

La région Alaotra Mangoro est une région qui a une énorme potentialité surtout en matière d’agriculture, spécialement la riziculture. Pour promouvoir cette potentialité, la présence des IMF lui est importante dans le sens où elle finance les microprojets des paysans. Notons que dans la région, deux IMF, qui sont mutualistes, couvrent littéralement la totalité de ses districts. Ces IMF sont L’Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola OTIV (mutuelle d’épargne et de crédit) et la Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole mutuelles CECAM. Ces IMF ont apporté des changements positifs d’ordre économique et social dans la région. A titre d’exemple, elles donnent des avantages à la région sur l’augmentation de production du riz. Pour cela, elles ont adopté des stratégies pour faciliter la pénétration dans le marché. Toutefois, des problèmes constituent des blocages pour la relance des activités de ces IMF. En effet, ces blocages sont dus aux activités de microfinance elles-mêmes et de certains membres de la population dans la région.

L’accès à des services financiers viables permet aux pauvres d’accroître leurs revenus, de se doter d’actifs et de se protéger dans une certaine mesure des chocs extérieurs. La microfinance permet aux ménages pauvres de ne plus avoir à lutter au quotidien pour simplement survivre mais de faire des plans pour l’avenir et d’investir afin d’améliorer leurs nutritions, leurs conditions de vie, la santé et l’éducation de leurs enfants. Ce sont, en gros, les impacts socio-économiques de la microfinance.

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MEMOIRES ET THESES

 RAKOTOMALALA H., Etude des opportunités d’utilisation du certificat foncier comme garantie auprès des institutions financières dans la commune d’Amparafaravola, Mémoire d’Ingéniorat, Université d’Antananarivo, ESSA, Département Agro- Management, Juin 2004, 42 pages  RANDRIANTAHIRY T.H., Place de la supervision bancaire et financière dans les activités des IMF Malagasy, Mémoire DESS, Université d’Antananarivo, Faculté DEGS, Département Economie, Aout 2010, 86 pages

TEXTES JURIDIQUES

 Loi n°2005-016 du 29 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance

 Loi n°95-030 du 22 février 1996 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit  Loi n°96-020 du 02 décembre 1999 portant réglementation des activités et organisation des institutions financières mutualistes.  DECRET N° 2007- 012 fixant les formes juridiques des institutions de microfinance et les modalités de leur immatriculation au Registre du Commerce et des sociétés  DECRET n° 2007- 013 portant fixation du capital minimum des établissements de crédit et de la valeur nominale des titres de participation.

RAPPORTS

 ADECHOUBOU M./WOODFIN J. (USM/FENU), en collaboration avec : RANOROVOLOLONA L. (PNUD)/RAKOTOMANGA J.(Consultante)/ANDRIAMAHENINA M. (PAMF/PNUD-FENU), Le secteur de microfinance, diagnostic et analyse des opportunités d’investissement, rapport principal, septembre 2003  FAO/PAM, Mission FAO/PAM d’évaluation de la sécurité alimentaire à Madagascar, Rapport spécial, Antananarivo, Novembre 2010  MEFB/INSTAT, Situation Economique au 1er Janvier 2004 (siteco), Rapport annuel, Antananarivo, Décembre 2004  MEFB/INSTAT, Situation Economique au 1er Janvier 2005 (siteco), Rapport annuel, Antananarivo, Septembre 2005  MEFB/PNUD, Délégation de Madagascar « Sommet Global du Micro-crédit », Rapport de Mission, Canada du 12 au 16 novembre 2006  MEFB/USAID/INSTAT, Enquête Périodique auprès des Ménages (EPM) 2005, Antananarivo, Juin 2006  MEI, Conjoncture économique premier semestre 2010, Antananarivo, Novembre 2010  MEI/INSTAT, Enquête Démographique et de Santé Madagascar 2008-2009, Antananarivo, Avril 2010  MEI/INSTAT, Situation Economique au 1er Janvier 2010 (siteco), Rapport annuel, Antananarivo, Avril 2010

 Ministère de l’Economie, du Plan, du Secteur Privé et du Commerce/INSTAT, Situation Economique au 1er Janvier 2006 (siteco), Rapport annuel, Antananarivo, Mars 2007  Ministère de l’Economie, du Plan, du Secteur Privé et du Commerce/INSTAT, Situation Economique au 1er Janvier 2008 (siteco), Rapport annuel, Antananarivo, Mars 2009  REGION ALAOTRA MANGORO, Monographie de la région Alaotra Mangoro, Rapport régionale, 2006  REGION ALAOTRA MANGORO, ONE/MO/DOC/38/RSEE/ALM, Région Alaotra Mangoro, 2008  REGION ALAOTRA MANGORO, Profils de pauvreté villageois et étude régionale, Rapport d’analyse régionale, 2006

SITES WEB

 http://etudesrurales.revues.org/document613.html  http://ravinala.pagesperso- orange.fr/docu/madmicro/madagascar_analyse%20du%20cadre%20juridique%20et %20reglementaire%20pour%20la%20microfinance.pdf  http://wfp.org/food-security/reports/CFSAM  http://www.afd.fr  http://www.afd.fr/jahia/webdav/site/afd/shared/PORTAILS/PAYS/MADAGASCAR/20 10%2010_Interview%20microfinance.pdf  http://www.banque-centrale.mg  http://www.bni.mg  http://www.boa.mg  http://www.cerc.gouv.fr  http://www.cerise-microfinance.org  http://www.cgap.org/p/site/c/  http://www.fao.org/giews/  http://www.instat.mg  http://www.iram-fr.org  http://www.kbs-frb.be

 http://www.lamicrofinance.org  http://www.lexpressmada.com/microfinance-madagascar/20701-hausse-du-taux-de- penetration.html  http://www.madamicrofinance.mg  http://www.rhone-alpes.sante.gouv.fr  http://www.sobika.com/v2/interview/2010/afd_2010.php

ANNEXES

ANNEXE 1 : région Alaotra Mangoro

PRODUCTION AGRICOLE SPECULATION SUPERFICIE (ha) PRODUCTION (t) RENDEMENT (t/ha)

RIZ 127.429,12 421.047,48 3,30

MAIS 11.805,00 3.698,26 31,33

MANIOC 10.808,70 86.321,54 11,08

ARACHIDE 3.889,15 5.676,49 1,46

HARICOT 2.545,15 4.038,33 1,58

OIGNON 157,00 1.096,00 6,98

VOANJOBORY 345,70 438,08 1,27

TOMATES 38,50 403,50 10,48

PATATES DOUCES 829,25 2.550,50 3,07

BANANES 10.098,00 40.458,00 4,01

GINGEMBRE 126,00 978,00 6,80

CANNE A SUCRE 900,00 20.420,00 22,68

CAFE 800,00 2.045,00 2,55

AVOCAT 1.000,00 10.420,00 10,42

LETCHIS 690,00 6.440,00 9,33

ANANAS 200,00 900,00 4,50

Source : CIR AGRI des Districts de la Région ALAOTRA MANGORO

STATISTIQUES D’ELEVAGE ET D’ABATTAGES INSPECTES

DISTRICT BOVIN PORCIN OVIN VOLAILLES ABATTAGES INSPECTES CAPRIN BOVIN PORCIN

AMBATONDRAZAKA 74.410 2.103 139.118 93.573 3.005 3968

AMPARAFARAVOLA 37.966 1.104 900 20.473 2.465 1.808

ANDILAMENA 69.544 1.308 30 44.000 492 372

ANOSIBE AN’ALA 9.000 11.000 80 1.000.000 138 930

MORAMANGA 43.200 10.000 250 500.000 2.812 3.441

REGION 234.120 25.515 140.378 1.658.046 8.912 10.519

Source : CIREL Ambatondrazaka

STATISTIQUES DE PECHE

DISTRICT PLAN GROUPE PECHEURS PRODUCT CONSOM % COMMERCN % D’EAU PECHEURS (tonne) (ha)

AMBATONDRAZAKA ALAOTRA 62 1.777 325.890 6,6 93,4 20.000 AMPARAFARAVOLA 143 3.660 445,331 26,46 73,54

ANDILAMENA ND ND ND ND ND ND

ANOSIBE ANAL ND ND ND ND ND ND

MORAMANGA ND ND ND ND ND ND

REGION ALAOTRA 205 5.437 326.335,331 16,53 83,47

Source : CIRPRH Ambatondrazaka

ANNEXE 2: OTIV Alaotra Mangoro

Organigramme de l’Union

ASSEMBLEE

GENERALE

CONSEIL COMITE

D’ADMINISTRATION DE CONTROLE

FONCTION AUDIT ET

CONTRÔLE

DIRECTEUR DU RESEAU

SECRETARIAT

DIRECTEUR-ADJOINT

CONTRÔLE DE GESTION

DEPARTEMENT DEPARTEMENT

ADMINISTRATION ET FINANCE EXPLOITATION

SERVICE TECHNIQUE SERVICE ADMINISTRATION ET GESTION DES RESSOURCES SERVICE GENRE ET HUMAINES ANIMATION MUTUALISTE

SERVICE SERVICE FINANCE ET COMPTABILITE ENCADREMENT DE CREDIT

Organigramme d’1 OTIV

ASSEMBLEE

GENERALE

DES MEMBRES CONSEIL D’ COMITE

ADMINISTRATION DE CONTROLE

RESPONSABLE

DE L’OTIV

AGENT AGENT AGENT SUPERVISEUR

D’EXPLOITATION ADMINISTRATIF DE CREDIT

CAISSE 1 CAISSE 2 CAISSE 3 CAISSE …

- Gérant - Gérant - Agent de crédit et - Caissier Principal de recouvrement - Caissier - Agent de crédit avec éducation

Organigramme d’1 Caisse de service

COMITE

DE GESTION

GERANT

AGENT DE CREDIT ET CAISSIER PRINCIPAL AGENT DE CREDIT

DE RECOUVREMENT CAISSIER AVEC EDUCATION AGENT DE SECURITE

Statistiques des trois dernières années :

Désignations 31/12/2008 31/12/2009 31/12/2010

Nombre des membres 29 646 39 405 47 703

Nombre d’employés 200 204 225

Nombre d’emprunteurs 11 588 12 088 8 066

Crédit en cours 15 435 391 000 12 362 049 000 8 257 736 000

Octrois de crédit durant l’année 2008 2009 2010

5 432 477 000 3 785 260 000 2 953 525 000 - Crédit agricole 3 500 856 000 720 715 000 322 253 000 - Crédit d’équipement 3 111 016 000 2 815 598 000 2 161 863 000 - Crédit commercial 3 004 660 000 1 439 218 000 1 007 535 000 - Consommation 2 919 571 000 2 958 146 000 1 679 503 000 - Crédit GCV TOTAL 17 968 580 000 11 718 937 000 8 124 679 000

Epargne en cours 31/12/2008 31/12/2009 31/12/2010

4 034 609 000 3 927 053 000 4 819 236 000 - Dépôt à vue 405 623 000 421 933 000 1 610 924 000 - Dépôt à terme 11 278 000 11 719 000 32 868 000 - Dépôts spécialisés 2 708 576 000 2 173 507 000 1 239 477 000 - Dépôt obligatoires TOTAL 7 160 086 000 6 534 212 000 7 702 505 000

CARACTERISTIQUES de PRODUITS CREDITS

TYPE OBJETS MODALITES DE DUREE TAUX D’INTERET GARANTIE REMBOURSEMENT

-Rizicole 12 mois au maximum 2,5% mensuel, calculé . Remboursement . Minimum d’épargne de Crédit -Contre Saison sans toutefois sur le solde restant dû période fixe (capital 20% du montant sollicité dépassée le 30 juillet et intérêts), ou (fonds de garantie Agricole -Elevage de l’année mutualiste).

. Remboursement . Garantie matérielle : périodique (capital 150% du montant de fixe et intérêts crédits demandés. courus), ou

. Remboursement unique à l’échéance.

- Grenier 3 à 6 mois au 2,5% mensuel, calculé . Au moment du . Produits nantis et gagés Communautaire maximum sans sur le solde restant dû déstockage avec dépossession, Villageois (GCV) dépassée le 15 (2 déstockages au matérialisée par des Décembre de l’année plus). certificats de mise en gage enregistrés du Centre Fiscal ou au Greffier en Chef du Tribunal.

Crédit - Matériel Agricole 24 mois au maximum 2,5% mensuel, calculé . Remboursement . Minimum d’épargne -Appareil sur le solde restant dû mensuel fixe bloqué de 20% du équipement électroménager (capital et intérêts), montant sollicité. -Matériel ou commercial

-Matériel de . Remboursement . Garantie matérielle : transport périodique fixe 150% du montant de -Matériel Garage (capital et intérêts), crédit demandé. Etc…. ou

. Remboursement . Matériel acquis au nom périodique (capital de l’OTIV et restitué fixe et intérêts aux membres après courus). remboursement effectif du prêt.

Crédit -Commerce détail 12 mois au maximum 2,5% mensuel, calculé . Remboursement . Minimum d’épargne sur le solde restant dû commercial -Grossiste mensuel (capital bloquée de 20% au -Collecte produits fixe et intérêts montant sollicité. locaux courus), ou -Achat et revente des produits commerciaux

. Remboursement . Garantie matérielle : périodique fixe 150% du montant de (capital et intérêts), crédit octroyé. ou

. Remboursement périodique (capital fixe et intérêts courus).

Crédit avec Cycle de 4 mois 4% mensuel . Remboursement hebdomadaire . 5% du montant demandé éducation(CAE) pour le premier cycle et plus 5% à chaque cycle à partir de 2ème

Crédit -Habitat 24 mois au maximum 2,5% mensuel, calculé . Remboursement . Minimum d’épargne -Acquisition terrain sur le solde restant dû périodique fixe bloquée de 20% du consommation à bâtir (capital et intérêts), montant sollicité. ou -Appareil . Garantie matérielle : électroménager . Remboursement 150% du montant de -Achat meubles périodique (capital crédit octroyé. fixe et intérêts courus), ou . Remboursement mensuel fixe (capital et intérêt), ou . Remboursement mensuel (capital fixe et intérêts courus). . Remboursement unique à l’échéance.

Crédit sur dépôt salaire Sur les 4 types de 60 mois au maximum 1,66% mensuel calculé . Prélèvement direct . Epargne bloquée suivant crédits sur le solde restant dû. sur le virement : le montant et l’âge du membre demandeur . Remboursement mensuel fixe (capital et intérêts). . Salaire domiciliée . Remboursement (depuis au moins 2 mois). mensuel (capital fixe et intérêts courus).

STATISTIQUES SUR 5 ANS DU CAE OTIV 2010 1er ANNEE 2 006 2 007 2 008 2 009 semestre

Epargne 20 203 564 93 512 095 127 213 627 142 555 038 135 512 412 816 739 1 010 283 1 162 683 Octroi 398 640 000 000 000 000 542 669 000

Membres 3 706 4 684 4 907 4 745 4 457

Emprunteuses 3 449 3 593 4 109 3 621 3 342 267 251 En cours de crédit 206 989 304 904 347 937 210 369 197 440 369 604 828

Crédit en retard 2 439 304 1 532 904 2 352 210 1 645 860 2 980 828

Taux de délinquance 1,18% 0,57% 0,68% 0,45% 0,81%

Nombre de FFIVE 178 267 326 372 370

ANNEXE 3: URCECAM Alaotra Mangoro

ACTIVITE DES MEMBRES SOCIAITAIRE DE L’URCECAM ALAOTRA MANGORO

Total agriculteur 7538 Total artisan 30 Total association 4

Total collecteur 3

Total commerçant 79 Total Eleveur 10 Total Entrepreneur 48 Total exerçant une profession libérale 4

Total Exploitant minier 1

Total industriel 11

Total pêcheur 1 Total salarié 137

Total général 7866

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS

PREFACE

LISTE DES ABREVIATIONS

LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

SOMMAIRE

INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………………………..01

PARTIE I : Approche théorique de la microfinance et présentation de la région cadre d’étude……………………………………………………………………………………………………………………………….02

Chapitre I : Approche théorique de la microfinance…………………………………………………………….03

Section I : Généralité sur la microfinance…………………………………………………………………………….03

1) Définition…………………………………………………………………………………………………………………03

2) Historique de la microfinance à Madagascar……………………………………………………………04

 Avant 1990: origine de la microfinance……………………………………………………….04  1990 à 1995: phase d’émergence des IMF…………………………………………………..04  1996 à nos jours: Phase de développement et de croissance………………………06

3) Les activités de microfinance………………………………………………………………………………….08

 L’octroi de crédit………………………………………………………………………………………….09  Collecte de l’épargne……………………………………………………………………………………09  Les services connexes à la microfinance……………………………………………………….09

Section II : Typologie et classification des IMF……………………………………………………………………..10

1) Typologie des IMF……………………………………………………………………………………………………11

 Les IMF mutualistes……………………………………………………………………………………..11  Les IMF non mutualistes………………………………………………………………………………12

2) Classification des IMF………………………………………………………………………………………………13

 IMF niveau 1…………………………………………………………………………………………………14  IMF niveau 2…………………………………………………………………………………………………14  IMF niveau 3…………………………………………………………………………………………………15

Chapitre II : Présentation de la région Alaotra-Mangoro et ses IMF…………………………………....17

Section I : Présentation générale de la région……………………………………………………………………..17

1) Généralité sur la région …………………………………………………………………………………………..17

 Délimitation géographique…………………………………………………………………………..17  Population……………………………………………………………………………………………………18  Environnement physique……………………………………………………………………………..18 2) Les activités économiques dans la région…………………………………………………………………20

 Activités agricoles…………………………………………………………………………………………21 a) L’agriculture…………………………………………………………………………………………………………….21 b) L’élevage………………………………………………………………………………………………………………….22 c) La pêche…………………………………………………………………………………………………………………. 23 d) Les ressources forestières………………………………………………………………………………………..24  Industrie et artisanat……………………………………………………………………………………25 a) Les industries manufacturières………………………………………………………………………………..25 b) L’exploitation minière………………………………………………………………………………………………25 c) L’artisanat……………………………………………………………………………………………………………….26  Le tourisme………………………………………………………………………………………………….26

Section II : Les IMF dans la région………………………………………………………………………………………..27

1) OTIV…………………………………………………………………………………………………………………………27

 Présentation de l’OTIV Alaotra Mangoro……………………………………………...... 27 a) Historique de l’OTIV ZAM…………………………………………………………………………………………27 b) Structure de l’OTIV ZAM………………………………………………………………………………………….31  Les produits offerts par l’OTIV Alaotra Mangoro…………………………………………..33 a) Le crédit…………………………………………………………………………………………………………………..33 b) L’épargne…………………………………………………………………………………………………………………36

2) CECAM…………………………………………………………………………………………………………………….38

 Présentation de la CECAM Alaotra Mangoro…………………………………………..……38 a) Historique de la CECAM…………………………………………………………………………………………..38 b) Structure de la CECAM……………………………………………………………………………………………41  Les produits offerts par l’URCECAM Alaotra Mangoro………………………………….42 a) Le crédit…………………………………………………………………………………………………………………..42 b) Le dépôt…………………………………………………………………………………………………………………..45

PARTIE II : Impacts de la microfinance dans la région Alaotra-Mangoro et Analyse de la pénétration des IMF dans la région ainsi que les obstacles y afférents..………………………………47

Chapitre I: Impacts de la microfinance dans la région………………………………………………………….48

Section I : Les impacts sociaux…………………………………………………………………………………………….48

5) Impacts sur les conditions de vies des membres……………………………………………………..48 6) Impacts sur la mentalité…………………………………………………………………………………………..51 7) Impacts sur les rapports sociaux………………………………………………………………………………54 8) Impacts sur la sécurité……………………………………………………………………………………………..55

Section II : Les impacts économiques…………………………………………………………………………………..58

6) Impacts sur la production………………………………………………………………………………………..58 7) Impacts sur le prix……………………………………………………………………………………………………62 8) Impacts sur l’épargne………………………………………………………………………………………………66 9) Impacts sur le revenu………………………………………………………………………………………………67 10) Impacts sur le chaumage…………………………………………………………………………………………68

Chapitre II : Analyse de la pénétration des IMF dans la région ainsi que les obstacles y afférents..………………………………………………………………….………………………………………………………..70

Section I : Analyse stratégique des IMF dans la région Alaotra Mangoro……………….……………70

3) Evaluation des stratégies des IMF dans la région……………….…………………………………….70  Le mutualisme………………………………………………………………………………………………70 a) L’impact du fondement mutualiste………………………………………………………………………….71 b) La structure mutualiste……………………………………………………………………………………………73 c) Les limites du mutualisme……………………………………………………………………………………….77  Les stratégies utilisées par les IMF dans la région………………………………………..79 a) La stratégie de différentiation………………………………………………………………………………….79 b) La stratégie de focalisation………………………………………………………………………………………80 c) La stratégie de spécialisation……………………………………………………………………………………81

 Les limites de la microfinance………………………………………………………………………82

4) Adéquation entre produits et besoins des paysans………………………………………………….83  Les besoins des paysans en matière financière…………………………………………….83 a) Les besoins de crédit des paysans……………………………………………………………………………83

b) Les besoins de dépôt des paysans……………………………………………………………………………84  Adéquation entre offres et besoins financières des paysans………………………..85

Section II : Les obstacles liés aux activités des IMF………………………………………………………………86

1) Les blocages au niveau de l’institution…………………..………………………………………………..86  Le taux de crédit élevé.…………………………………………………………………………………86  Problèmes de garantie………………………………………………………………………………….88 2) Les blocages au niveau de la population………………………………………………………………….90  Problèmes de mentalité…………………………………………………………………..………….90  Problèmes de formation………………………………………………………………………………91

CONCLUSION……………………………………………………………………………………………………………………….93

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXE

RESUME

Madagascar est un pays en voie de développement. De ce fait, la majorité de sa population habite dans les milieux ruraux. La pauvreté touche 70% de la population total dont 85% en milieu rural.

La microfinance est un système financier qui permet d’offrir des services financiers aux pauvres. Avant 1990, seule la BTM, actuellement BOA, a pratiqué ce système, mais avec des activités très limitées. A partir de 1990, de nombreuses IMF sont implantées à Madagascar. Elles sont spécialisées dans la microfinance et constituent une sorte de remède aux « échecs » des banques commerciales dans l’offre des services financiers destinés aux pauvres. Notons qu’elles se divisent en deux types dont celles mutualistes et celles non mutualistes. De cette date jusqu’à nos jours, des divers changements, améliorations et adaptations de la microfinance au contexte Malgache ont vu le jour. A titre d’exemple la création de la loi n° n°2005-016 du 29 septembre 2005 relative à l’activité et au contrôle des institutions de microfinance. Néanmoins, la question se pose sur les impacts de ce système sur la vie économique et sociale du pays.

Nous avons pris la région Alaotra Mangoro comme base de notre étude. Une région rurale qui a comme activité principale l’agriculture, spécialement la riziculture. Notons que la région est considérée comme le grenier à riz du pays. Mais à part l’agriculture, la région possède aussi d’autres potentialités comme l’élevage, le tourisme,….Malheureusement, la manque de financement au niveau de la population freine le développement de la région, d’où la nécessité de la microfinance. Effectivement, la région comporte actuellement plusieurs IMF, néanmoins, les plus importantes sont l’OTIV et la CECAM du fait de l’immensité de leur réseau.

L’OTIV et CECAM sont des IMF mutualistes. A cet effet, elles offrent, seulement à ses membres, des activités de microfinance dont le microcrédit, l’épargne et les services connexes à la microfinance. Soucieux des impacts qu’elles sont censées produire dans la région, elles sont obligées de chercher l’alignement de ses produits aux besoins de la population.

Ces impacts sont d’ordre économique et sociale. En effet, la présence de ces IMF dans la région engendre l’amélioration de la vie sociale et le développement économique de la population. Toutefois, il y en a encore des blocages, au niveau des IMF et de la population, qui empêchent le développement effectif de la microfinance dans la région.