Génération Zouglou
Yacouba Konate Génération zouglou « Ceux-là Houphouët ne pourra pas les commander ! » Les Congolais avaient leur rumba qu’ils déclinaient à loisir en boucher, kawacha, kwassa kwassa, kayebo, zaïko, avec chaque fois les déhanche- ments encore plus lacifs. Notre problème en Côte-d’Ivoire, n’était pas de ne pas savoir dériver une musique d’une autre, mais de jouer chacun pour notre propre compte, de construire partout et tous les jours des chapelles éphémères. « ziglibity, ziguéhi, zouglou, zoblazo, zogada..., chez nous, tout se danse en z », chantera N’st Coffies. Mais à ce jeu multiplicateur des styles en x ou en z, difficile de construire un courant musical qui dégage un air de famille. Pendant ce temps, chez nos voisins, highlife rythmait et rythme toujours avec Ghana. Sa variation nigériane privilégia tantôt l’accor- déon avec I. K. Dairo, tantôt la guitare solo avec Sunny Ade, mais à travers ces aventures, le highlife resta le highlife. Et le tentemba ? Qui ne connais- sait le Tentemba guinéen internationalisé par le Bembeya Jazz national ? Quant à nous, enfants d’Houphouët-Boigny, nous demeurions sceptiques : quand donc aurons-nous notre musique nationale ? Quel jour plaira-t-il au très haut de nous gratifier d’une musique qui, rien qu’à ses premières notes, évoquera, signalera la Côte-d’Ivoire de l’Ouest à l’Est et du Nord au Sud ? Pendant longtemps, au moins de 1960 à 1990, les mélomanes de Côte- d’Ivoire se sont couchés puis réveillés sur le rude oreiller de ce regret et de cette espérance. Plus la musique leur paraissait essentielle au rayonne- ment des peuples, plus ils avaient le sentiment que la population accusait un certain retard national en cette matière.
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