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La taranta (1962, 19 min) Gran premio Festival dei Popoli Nommé aux Oscar pour le meilleur documentaire

La tarentule (ou tarente) est une grosse araignée de la campagne des Pouilles, dont la piqûre procure une enflure douloureuse. A l'époque de la moisson, les paysans qui travaillent pieds nus, sont parfois piqués par la tarentule : ce sont les "tarentolati" (ou tarentati). La piqûre de la tarentule n'est absolument pas venimeuse, mais dans la croyance populaire, où se mêlent des traditions païennes et religieuses ainsi que des composantes subjectives relevant de la phobie sexuelle, celui qui est victime de la contagion est en quelque sorte possédé par le "Mal", par le "Diable" et acquiert avec le temps un véritable statut de malade, comparable au sujet atteint d'hystérie ou d'épilepsie. Dans la tentative de se libérer de la maladie, les "tarantati" s'abandonnent à des mouvements convulsifs (c'est de là que dérive à l'origine de la tarentelle, danse populaire du Midi de l'Italie), accompagnée d'une musique obsédante, dont le rythme devient toujours plus rapide. Le film documente les travaux de l'anthropologue Ernesto De Martino dans la région du Salento. (dans : Archives du cinéma du réel, Paris)

" C’était mon premier film en tant que réalisateur et je m’étais documenté pour longtemps : je suis allé à plusieurs reprises parler avec l’ethnologue Ernesto De Martino, qui avait étudié le phénomène du tarentisme sur lequel je voulais faire mon premier film. Il n’avait pas confiance dans ma capacité de réussite. Il voulait savoir si j’avais lu des livres d’anthropologie. Je lui ai répondu que j’avais lu «Tristes tropiques» de Levi- Strauss et que je sentais que je pouvais faire un bon film. Alors il m’a donné à lire son brouillon du livre à paraître « la terre du remords». Puis, suite à ses conseils et à son aide, je suis allé dans le Salento (dans les Pouilles) pour rencontrer les musiciens qui joueraient la musique utilisée dan le rituel pour la guérison des tarentulés. J'avais passé plusieurs semaines dans le Salento. Mais j’ai du rentrer à pour travailler en tant que assistant- réalisateur de Fellini dans "La Tentation du Dr Antonio » un des épisodes de Boccace 70. Mais j’ai reçu un télégramme du violoniste Stifani (« Venez, Assuntina est en train de danser ») et alors je me sui précipité, j’ai conduit toute une nuit avec un opérateur inconnu trouvé à la dernière minute. C'était Ugo Piccone – c’était son premier contrat -. Je l’ai trouvé grâce au fils de Zavattini (le scénariste de Voleur de bicyclettes). Mais il s'est révélé précieux aussi pour tous mes futurs documentaires. Nous étions presque dans une condition optimale (sans une équipe) car selon l’idée de Jean Rouch c’est la bonne manière de faire un film ethnographique parfait. Et quand nous sommes arrivés à Nardo, dans une maison pauvre, 13 heures après le télégramme, Assuntina dansait encore : ainsi nous avons pu la filmer pour presque 5 heures. On a été très bien accueilli par les gens. Il y avait une certaine curiosité, même si je ne les avais jamais filmés auparavant, j’avais juste pris quelques photos d’eux lors de mes précédents voyages. Ils n'ont montré aucune hostilité. » ( Mingozzi ).

1 Col cuore fermo, Sicilia [Avec le cœur arrêté, Sicile] Italie, 1965, 35 mm, couleur, 30’,

• Leone d’oro al Festival di Venezia 1965 (section documentaires) • Prix Simon Dubrheuil al Festival di Mannheim 1965 • Nastro d'argento 1965

• Selezionato per il premio Oscar 1966

« Les images révoltantes d’un pays sous- développé s’organisent dans une sorte de poème visuel très dense, sans concession esthétique. Le film est divisé en trois parties distinctes comme les trois parties d’un poème : la terre, le soufre, la mafia. Un commentaire de Leonardo Sciascia, des interviews, des arrêts sur images et une insoutenable séquence “des morts de la mafia” sont intégrés par Mingozzi dans ce film qui est plus qu’un documentaire de dénonciation mais aussi la réflexion d’“un cœur arrêté”, un poème engagé qui nous fait découvrir une Sicile sans folklore, celle d’un désespoir quotidien d’une société archaïque et fermée. » Goffredo Fofi

"Je ne sais pas d’où nait cet amour que j’ai pour le sud. Probablement parmi les nombreux voyages que j’ai effectué, c’est justement dans le sud où je me suis toujours senti à l'aise, chose qui n’arrivait pas au nord. Le sud a été immédiatement un livre ouvert et passionnant encore très peu lu, mais avec du contenu : les drames, l'écart entre le nord et le sud, etc. Chaque fois que je suis rentré au sud, c'était comme si je me sentais coupable de cet écart "(Mingozzi).

NOTES SUR UNE MINORITÉ 1965, 58 min, Production : André Belleau ONF

•Premio del Pubblico al Festival di Este 1964

Les Italiens du Canada… En 1965, un demi-million d'Italiens constituent la plus importante minorité ethnique au Canada, pays de 19 millions d'habitants. À Toronto et à Montréal, les Italiens restent attachés aux traditions de leur pays d'origine, dont la nostalgie se lit, à Montréal, sur les façades commerciales du quartier de la Petite Italie; entre les processions catholiques, l'adaptation est difficile, mais les Italiens sont de grands travailleurs, et leurs racines s'enfoncent de plus en plus profondément dans le sol de ce nouveau pays. … vus par un Italien d'Italie Notes sur une minorité est un exercice de cinéma direct par un cinéaste italien, assisté au son comme à la réalisation par un des pilliers du genre, Marcel Carrière. Le réalisateur Gianfranco Mingozzi, né en 1932 près de Bologne, a obtenu un diplôme de réalisation au prestigieux Centro Sperimentale di Cinematografica de Rome et a été l'assistant de , de René Clément et de Philippe de Broca. Dans les années 1960, il s'est rendu célèbre avec une série de documentaires, dont Con il cuore fermo, Sicilia, récompensé à la Mostra de Venise et en lice pour un Oscar à Hollywood. En 1965 et 1966, il a réalisé deux documentaires pour l'Office national du film, tous deux produits par André Belleau : Notes sur une minorité, et Antonioni, document et témoignages, tourné en Italie par Jean-Claude Labrecque. Depuis 1967, il réalise principalement des longs métrages de fiction. (En : le cinéma québécois, Télé Québéc)

2 Autres informations biographiques: Lorsque de sa venue à Montréal en 1964 il a également réalisé le court documentaire, Il sole che muore, présenté au festival de Berlin Synopsis : Caughnawaga, réserve indienne à vingt miles de Montréal: les hommes l'abandonnent à la recherche de travail dans les grandes villes des Etats-Unis. Les dernières communautés indiennes de l'Amérique du Nord sont destinées à disparaître à court terme, à cause de leurs mauvaises conditions de vie et de développement, ainsi que de leurs difficultés à s'intégrer.(Catalogue du Festival du cinéma méditerrané de Montpellier, hommage à Mingozzi). Sa venue à Montréal s’inscrit dans un programme d’échange entre l’ONF et le producteur italien Baldi. Pendant que Mingozzi réalise ses films à Montréal, les Québécois Georges Dufaux et Clément Perron, réalisent à Rome un documentaire sur le néoréalisme : Cinéma et réalité (à voir ici : http://www.onf.ca/film/cinema_et_realite). En 1970 aux É.U. il tourne Pantere nere documentaire sur le mouvement révolutionnaire afro-américaine « The Black panters ».

MINGOZZI Gianfranco (Biographie - Dictionnaire Larousse)

Gianfranco Mingozzi est un réalisateur et scénariste italien, né le 5 avril 1932 à Molinella, province de Bologne en Émilie-Romagne, mort le 7 octobre 2009 à Rome. Après des études de droit, il suit les cours du Centre Expérimental du Cinéma à Rome, puis coréalise deux courts-métrages en Espagne. Il devient assistant notamment de Federico Fellini (La Dolce Vita, Boccace 70) et Gianni Franciolini. Mingozzi commence d'abord une carrière de documentariste qui lui vaut rapidement une grande notoriété (La vedova bianca [épisode du film-enquête « zavattinien » Les femmes accusent], 1961 ; La taranta, 1962 ; Con il cuoro fermo Sicilia, 1965 ; , storia di un autore, 1966). En 1967, avec Trio, il réalise son premier long métrage. Il alterne ensuite documentaires, enquêtes pour la télévision et films de fiction. Dans une production abondante, on peut relever ses recherches sur l'Italie méridionale (Sud e magia, 1978 ; Sulla terra del rimorso, 1983), ses travaux sur la musique (C'è musica e musica, 1970- 1972), série réalisée avec la collaboration du compositeur Luciano Berio ; Fantasia ma non troppo per violino, 1976), ses portraits de cinéastes ou d'acteurs (L'ultima diva : Francesca Bertini, 1982). Il tourne aussi pour la télévision un feuilleton romanesque inspiré de Graham Greene (le Train pour Istanbul [Il treno per Istanbul], 1979). Dans le champ du long métrage, il passe avec aisance des films contemporains : Sequestro di persona (1968), la Vie en jeu (La vita in gioco, 1976 [RÉ 1973]) aux films de reconstitution historique : Flavia la défroquée (Flavia la monaca musulmana, 1974). Mais c'est dans des films très personnels empruntant à la fois à l'archéologie du souvenir, à l'analyse politique et à l'évocation poétique qu'il a donné le meilleur de lui-même : les Trois Derniers Jours (Gli ultimi tre giorni, 1978) et l'Écran magique (La vela incantata, 1982) sont deux œuvres subtiles sur la saisie de l'Italie par le fascisme. Après avoir signé Bellissimo (1985, DOC), il adapte en 1986 le roman érotique de Guillaume Apollinaire, les Exploits d'un jeune Don Juan et en 1988 une très courte nouvelle de Tonino Guerra la Femme de mes amours (Il Frullo del passero). En 1990 il réalise Ma mère, mon amour (l'Appassionata) et travaille ensuite pour la télévision. En 2000, il réalise Tobia al caffè (2000), l'histoire des relations sur une période de dix ans entre un serveur et un riche client du café où celui-ci officie.

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