2008- Voyage D Etude L Archéologie De La Mayenne.Pdf
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Haute-Normandie Archéologique, tome 13, fascicule 1, 2008 1 HAUTE-NORMANDIE ARCHÉOLOGIQUE BULLETIN N° 13 Fascicule n° 1 2008 Centre de Recherches Archéologiques de Haute-Normandie Hôtel des Sociétés Savantes, 190 rue Beauvoisine, 76000 Rouen Haute-Normandie Archéologique, tome 13, fascicule 1, 2008 3 SOMMAIRE Gérard BROGLIO et Monique BROGLIO Compte rendu de l’Assemblée Générale. Exercice 2007, p. 5 Pierre WECH La distribution de l’eau sur le site gallo-romain du Vieil-Evreux. Premiers résultats des fouilles 2007 sur le bassin de répartition et le réseau d’aqueducs, p. 9 Jean-Pierre WATTÉ et Monique REMY-WATTE Voyage d’étude : l’archéologie de la Mayenne, p. 19 Jean-Pierre WATTE Le fond du Boscol, à Héricourt-en-Caux (Seine-Maritime) : un gisement paléolithique supérieur final, mésolithique et néolithique, p. 41 Romain PIGEAUD L’art des « grottes de Saulges », p. 57 19 VOYAGE D’ETUDE, L’ARCHEOLOGIE DE LA MAYENNE. Jean-Pierre WATTÉ et Monique REMY-WATTÉ Résumé Programme d’un voyage d’études archéologiques organisé en Mayenne, pour le CRAHN et la Société Géologique de Normandie, permettant de découvrir des sites majeurs de ce département, depuis le Paléolithique jusqu’au XIXe siècle. Mots-clés Mayenne, grotte ornée, menhir, dolmen, oppidum, stèle, temple, théâtre, forteresse, camp, chapelle, église, château, four à chaux, Paléolithique, Néolithique, Tène, Gallo-Romain, Moyen Age. Summury1 Program of an archeological excursion in Mayenne for the Centre Archéologique de Haute-Normandie and the Société Géologique de Normandie, in order to show great sites of this department, from Paleolithic since XIXe century. Key-words Mayenne, ornamented cave, menhir, dolmen, oppidum, gallic stele, temple, theater, fortress, camp, chapel, church, castle, kiln for lime, Paleolithic, Neolithic, La Tene, Gallo-Roman, Middle Ages. INTRODUCTION Depuis plusieurs années, le CRAHN, en partenariat avec la Société Géologique de Normandie et des Amis du Muséum du Havre, organise sur plusieurs jours des voyages d’études à contenu archéologique : 2005, en Bretagne du sud, 2006, en Bretagne du nord, 2007, dans le Périgord. Pour 2008, c’est le département de la Mayenne, avec en outre une incursion dans la Sarthe, qui a été retenu pour son potentiel en ce domaine aussi riche que varié, avec au programme (fig. 1) : - Préhistoire : grottes ornées et chantiers de fouilles de Saulges ; menhirs de Bazougers, la Bigottière, Houssay, Oisseau ; dolmens de Brécé, Chantrigné, Ernée, Saint-Mars-la-Futaie, Sainte-Suzanne, Voutré. - Age du Fer : oppida d’Entrammes, Moulay ; stèles de la Désertine, Evron, Jublains, Avron et Marcillé-la-Ville. - époque gallo-romaine : ville de Jublains (musée, forteresse, temple, théâtre, thermes), thermes d’Entrammes, camp du Rubricaire à Saint-Gemmes-le-Robert. - Moyen Age : camp de Beugy (ou des Anglais) établi par Guillaume le Conquérant à Sainte- Suzanne, chapelles carolingiennes (avec fresques du XIIe au XVe s.) de Pritz à Laval et de Saulges, palais carolingien et château XIe-XVe s. de Mayenne, basilique d’Evron et sa chapelle avec décor arabo-byzantin du XIIe s. et fresques du XIIIe, église N. D. de Saulges, châteaux de Sainte-Suzanne et de Lassay (Lassay- village et Bois-Thibault). - XIXe siècle : four à chaux de Saulges. LA GEOLOGIE Le département de la Mayenne fait partie de la bordure sud-est du Massif Armoricain. C’est un plateau, plus relevé au nord qu’au sud, d’une altitude moyenne atteignant respectivement 180 et 80 m. Le point culminant est au Mont-des-Avaloirs, à 417 m. Ses molles ondulations sont entaillées par des vallées parfois bien encaissées, comme dans le « canyon » de Saulges (fig.8, n° 1). Au Briovérien inférieur (670-590 millions d’années), l’orogenèse cadomienne provoque des remontées de magma dont le refroidissement entraîne la formation de roches granitiques. Au Briovérien supérieur (590-540 millions d’années), l’érosion de ces reliefs donne naissance à des dépôts glacio-marins d’argile qui se transforment en schistes. Au Cambrien (530-500 millions d’années), la région située à l’ouest de la Sarthe s’effondre en un vaste graben où se forment de puissantes calderas qui vomissent d’énormes quantités de laves acides, formant des couches de plusieurs centaines de mètres d’andésite, de dacites ou de rhyolithes. Des strato-volcans explosifs rejettent d’énormes quantités de ponces, tandis que dans les bassins de nouveaux dépôts d’argiles et de sables donnent naissances à des schistes, grès et quartzite ; plus au sud, au Dévonien et au Carbonifère, des calcaires dolomitiques sont déposés. Au début de Carbonifère (à partir de 360 millions d’années), le plissement hercynien entraîne de nouvelles remontées de magma. 1 Traduction Christine Rolland, Ghris, Université de Rouen et Christian Rolland. 20 Fig. 1. Mayenne. Localisation des communes citées. Fig. 1 Mayenne. Identification of sites mentioned. Les couches de calcaire primaire de la vallée de l’Erve ont connu une érosion qui a engendré un relief karstique : une série de grottes s’ouvrent sur les communes de Saulges, Thorigné-en-Charnie et Saint-Pierre- sur-Erve, au fond du « canyon » de Saulges (fig. 8, n° 1) ; celles-ci ont attiré les hommes du Paléolithique qui ont installé leur habitat sous les porches et leurs sanctuaires au fond des cavités. Les matériaux pour construire menhirs et dolmens n’ont pas manqué au Néolithique : blocs de granite, de quartzite ou de calcaire dur, épars un peu partout, étaient aisément récupérables, tandis que les filons de dolérite ont été exploités pour fabriquer des haches polies –ainsi d’ailleurs que certains éléments architecturaux des monuments mégalithiques (Fromont, et al., 2008)-. De même, une abondante pierraille a fourni facilement les éléments de construction des cairns. Ces conditions sont tout à fait identiques à celles rencontrées en Bretagne : des groupes culturels très proches ont donc pu développer une architecture mégalithique tout à fait comparable. Les roches anciennes de la Mayenne recèlent des gîtes aurifères, aussi bien au nord-est de Mayenne, que dans la région de Jublains et surtout le long d’un filon de quartz qui s’étend d’ouest en est dans la région méridionale du département, depuis La Guerche de Bretagne jusqu’à Château-Gontier ; les alluvions qui résultent de leur érosion contiennent également de l’or, sous forme de paillettes et de pépites. Ces dernières ont été recherchées vraisemblablement dès l’Age du Bronze tandis que les quartz aurifères ont été exploités 21 en carrières depuis la Tène. Le stockage du métal précieux est une des hypothèses avancées pour expliquer pourquoi les Romains ont construit des forteresses à Jublains et au Rubricaire : protéger l’or des convoitises, avant son expédition vers Rome. Par contre, l’absence de formations sédimentaires à silex a contraint les artisans de la Préhistoire à tailler des matériaux difficiles à travailler, comme le quartzite ou à aller rechercher au loin ce silex qui leur manquait. Les Solutréens de Saulges ont aussi utilisé accessoirement le quartz, en particulier le quartz hyalin, dont l’emploi résulte là manifestement d’une recherche esthétique, ainsi que du grès lustré provenant restes de placages éocènes situés un peu plus au nord dans la région d’Ambers. LA PREHISTOIRE Les premières recherches Comme dans les autres régions françaises, les recherches en Préhistoire sont très actives à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, mais là comme ailleurs le souci de collection prime sur l’aspect scientifique… On prospecte les champs, mais avant tout pour recherches les « belles pièces ». La plupart des découvertes restent inédites et peu de matériel en est conservé ; le classement des collections de musée peut néanmoins réserver quelques surprises : c’est ainsi que 18 objets provenant de Mée, à l’extrême sud-ouest du département, ont été retrouvés au Muséum du Havre (inédit) : 6 éclats Levallois (fig. 2, n° 1 à 4), dont un en silex jaspé jaune et brun rouge, 1 lame (fig. 2, n° 5), un racloir double convergent (fig. 2, n° 6) et un casson du Paléolithique moyen, deux éclats, un éclat laminaire en silex tertiaire, 3 petites lames, un couteau lame à dos -très érodé- (fig. 2, n° 9), un talon de hache taillée (fig. 2, n° 7) et une hache polie retaillée (fig. 2, n° 8) du Néolithique. Fig. 2. Mée. 1 à 6 : Paléolithique moyen ; 7 à 9 : Néolithique. 1 à 4 : éclats Levallois ; 5 : lame ; 6 : racloir double convergent ; 7 : talon de hache taillée ; 8 : hache polie retaillée ; 9 : couteau-lame à dos. Coll. Muséum du Havre. Dessins J.-P. Watté. Fig. 2. Mée. 1 to 6 : Middle Paleolithic ; 7 to 9 : Neolithic. 1 to 4 : Levallois flakes ; 5 : blade ; 6 : double convergent scrapper ; 7 : butt end of stone axehead ; 9 : backed blade. Museum of Le Havre collections. Drawings by J.-P. Watté. Bien des dolmens sont vidés, le mobilier mis au jour étant le plus souvent non décrit et perdu aujourd’hui ; il en est de même pour le remplissage des grottes : entre 1875 et 1877, dans le secteur de Saulges, huit d’entre elles sont fouillées sans aucune rigueur. A l’image de ce que fait Coutil en Normandie, ces travaux donnent lieu néanmoins à plusieurs inventaires ; en particulier Ledru propose en 1911 un « Répertoire des monuments et objets anciens préhistoriques, gallo- romains, mérovingiens et carolingiens existants ou trouvés dans les départements de la Sarthe et de la 22 Mayenne ». Des synthèses récentes fournissent un bon panorama de l’archéologie mayennaise (Bouillon, Naveau in Salbert 1984 ; Naveau, 1998, 2000). Le Paléolithique ancien Seuls quelques sites ont été repérés en ramassage de surface, en particulier dans la région d’Hambers (Chellé) et Mézangers : des bifaces, dont un bel exemplaire est présenté au Musée de Jublains, provenant justement du site de Chellé (Naveau, 1998, p. 16-17), des pointes, racloirs, denticulés… ont ainsi été signalés.