Le Marchand De Venise À L'opéra-Comique
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THE,.\TRE N,\TION,,\L ,Al)M I N I S'l'RA.l'EU R (; F.N l--RAI - ROLF LIEBERMANN SALLE RT LE MARCHAND DE VENISE OPERA EN 3 ACTES ET 5 TABLEAUX DE REYNALDO HAHN D'APRÈS LA COMEDIE DE WILLIAM SHAKESPEARE ADAPTATION EN VERS DE MIGUEL ZAMACOIS DIRECTION MUSICALE: MANUEL ROSENTHAL MISE EN SCÈNE : MARC CHEIFETZ DÉCORS ET COSTUMES: BERNARD ARNOULD LE MARCHAND DE VENISE DISTRIBUTION PORTIA MICHÈLE COMMAND MASQUE CHRISTIAN JEAN NÉRISSA ANNICK DUTERTRE DOGE PIERRE NEQUEçAUR JESSICA ELIANE LUBLIN LA VOIX CHRISTIAN JEÀN SHYLOCK CIIRISTIAN POULIZAC AUDIENCIER LUCIEN DALMON BASSANIO ARMAND ARAPIÀN GRAND DE VENISE ÀLAIN CIIARLES ANTONIO MARC VENTO PREMIERVÉNITIEN MICHEL MARIMPOUY GRATIANO LÉONARD PEZZINO DEUXIÈMEVÉNNIEN MICHEL CADIOU LORENZO TTBÈRERAFFALI PREMIERJUIF GEORGESSCAMPS TUBAL JEAN.LOUIS SOUMAGNAS DEUXTEMEJUIF ROBERT TALEC ARAGON JEAN DUPOUY TROISIEMEJUIF JEAN DEGUARRÀ MAROC PIERRE NEQUEÇAUR SERVITEUR MTCHEL TAVERNE SALARINO HENRI PICHON Séquencefilmée du " PRINCED'ARAGON ' Réalisation:YVON GERAULT - Directeurphoto: ALAIN DEROBE - Mise en scène:MARC CHEIFETZ ORCHESTRE PREMIERS VIOI,ONS ALTI TIMBALE - PERCUSSIONS HARPE ANDRÉ HADJAJE FRECHON CORDONNIER KOUSNETZOFF NAVEAU GASTAUD MICHEL SIMON CHEVAL DEPANNEMACKER SAVARD VARRON DILLIES FLTJTES REMY VASSEUR CIPRIANI CANTIN TORCOMIAN DAMBRINE PLUDERMACHER COTTON PHELY CHERET DEJEAN CELLI HAUTBOIS HOFER VARRON PIERLOT CLARINETTES CHEROND MAISONNEUVE BOUTARD SECONDS VIOLONS LACROUTS SAPIN DEPLUS GENTIS LABADIE MAUGRAS C.A. 1 SAXOPHONE GALI ROLAND CARACILLY TROMPETTES BASSONS BASSES MOUCHEL BOUCHER LAROQUE VIEILLE ROLLEZ HARDY DHELLEMES D'ARCO CHABERT HANEUSE DELAGE MATHERN BOURDEAUX KLAM AMAT CORS TROMBONES - TUBA BOURGUE KATARZINSKY COURSIER AMBACH DUBAR FOUCHER FAUCON STACHOWIAK CH(EURS PREMIERS TENORS BARYTONS SECONDS SOPRANI AUZEVILLE TAVERNE DIETZER CADIOU THORON MOREL BRIENS CHARLES MARIMPOUY PILARD PREMIERS ALTI BARD SECONDS TÉNORS BASSES MARTY GRENIER NADAUD PICHON SCAMPSG, SECONDS ALTI DEGUARRA TALLEC ACERRA COQUIER DALMON JOURNEAUX PREMIERS SOPRANI HOLZEM MICHELET ChCfSdC ChANt:THERÈSE COCHET, ANNE-MARIE FONTAINE Chef des chæurs:JEAN LAFORGE Responsablepour la machinerie:CAMILLE PAILLOT - Responsablepour les éclairages:ROGER TEULET Responsablepour les accessoires:PIERRE PION LE MARCHAND DE VENISE RESUMEDE L'ACTION p I our aiderson ami Bassanioà conquérirla belle Portia,Antonio, le mar- chand,a recoursà I'usurierjuif Shylock.Un étrangemarché est conclu: si Antonione peutrembourser sa dette au jour dit, Shylockpourra se payer sur lui d'une livre de chair. Lesamis de Bassaniosont eux aussiamoureux, Gratiano de Nerissa, suivante de Portia,Lorenzo de Jessica,fille de Shylock,qu'il réussità enleveravec I'aidedu " Masque". A Belmont,Portia et Nerissaattendent avec angoisse le résultatde l'épreuve descoffrets à laquelledoivent se soumettretous les prétendantsà la main de Portia. Le Princedu Maroc et le Princed'Aragon échouent. Bassanio, grâce à I'aide d'Antonio, arrive enfin à Belmont. Il déclareson amourà Portia, apprend qu'il est le bienvenuet satisfaità l'épreuvedes coffrets. Lorenzo et jèssica apportentun messaged'Antonio: il est ruiné, poursuivien justicepar Shy- lock, il demandeà revoirson ami Bassanio.Après le départde celui-ôi,portiu maniganceavec Nerissa de se rendre au procès sous un déguisementd'avocat. Le procèsqui opposeShylock et Antonio prend, grâceà I'interventionde Portia,un tour inattendu;non seulementShylock est déboutéillégalement. maisencore Portia fait en sortequ'il soit spoliéde sesdroits les pËr fonda- mentaux. .,Je suisjuif... Un juif a-t-il pas des \ewc? un juif a-t-il pus desmains, des organes,des proportions, dessens, des émotions, des passions? Est-il pas nouri de mêmenourrilure, blessédes mêmesarmes, sujet à mêmesmaladies, guéri par mêmesmoyens, réchaufféet refroid.ipar mêmeété, mêmehiver, (omme un chrétien? Si vousnous piquel, ne saign,tÀs-noispas? Si vous nous empoisonnez,ne mourrons-nouspas ? Si vous nousfaites torl, ne nous vengerofis-nourpas ? Si nous vous ressemblonsdans Le resle,n(,us vous 16semblons aussi en cela... Si unjuiffuit tort à un chrétien, oii estI'humenité de celuïci ? Dans lavenpe(rnce.Si un chrétienfqit tort à unjuif, oir estla patiencede ce dernier selonI' exemplechrétien ? Eh bien, dansla vengedn(e . Lq ;ile nie a ue vous m'enseignezje la pratiquerdi je yeu.x et ce sero dur, mais surpassermes maîtres." WTLLtAM SHAKESPEARÈ I,E MARCHAND DI] VENISE.IO. I. 4A.6I ITRAD. J. GROSJEAN) A PROPOSDU MARCHAND DE VENISE TEXTE INÉDIT DE REYNALDO HAHN r Ite Marchand de Venise, qui va être J'ai toujourscru qu'il n'y a pas,en musi- ment du style infiniment mobile et chan- représenté dans quelques jours, à que, d'autre critérium de grandeur et de geantde Shakespeare.C'est ainsi qu'aux I'Opéra, la même semaineque Malvina, noblesse que ce mystérieux consente- épisodesdramatiques, dont le juif est le à la Gaîté-Lyrique, a occupé mon esprit ment, que ceffe cohésion spontanéede ffiste héros, s'opposent des scènes, et mes heuresdurant de longues années. I'auditeur à une trouvaille mélodique ou amoureuses ou frivoles, qui aèrent la Enfant, je lisais Shakespearedans le harmonique, dont le sortilège émeut tout partition, tout en restant fidèle au livret. texte original et c'est peu dire que je le à coup son inconscient, en lui imprimant J'espèreavoir réussi à écrire une musi- savais par cæur. J'en jouais des scènes un choc qui le fait vibrer tout entier. Ce que exemptede laideur et d'ennui: c'est avec mon père et mes sæurs,je m'amu- genre de miracle est tout à fait indépen- déjà ça ! Amoureux de la voix humaine, sais à le traduire en français et en espa- dant des styles, des genres, des gram- j'ai veillé à ce que jamais I'orchestrene gnol. Bref, Shakespearefaisait partie de maireset des syntaxes.Un thème de so- couvrît les interprètes. Mérite mineur? mon univers intime, il m'a accompagné nate ou de symphonie n'a, dans ce do- Sansdoute - mais, enfin, mérite, tout tout au long de mon existence.Il est, sans maine, aucune supériorité sur le refrain de même! aucun doute, I'auteur de théâtre le plus d'une chanson,et une tragédielyrique ne étonnant qui ait existé, parce que le plus possède,en ce sens,aucun privilège sur varié. L'homme qui aécritHamlet etLe une opérette. Mozart I'a prouvé cent fois -F Songed'une nuit d'été, Macbeth et Le en nous laissant des ariettes à la fois Marchand de Venise, mariant le drame enfantineset immortelles. Yoyez la fin à la comédie, la poésieà I'invective, les de Don Juan: le séducteur;qui vient de larmes au sourire, n'a pas eu son pareil braver Dieu, s'est à peine englouti dans sur terre. les flammes de I'enfer qu'un ensemble Au mois d'août 1906, me trouvant à vocal, léger comme une plume, clair Salzbourgoù - sur I'intervention de Lili comme le jour, tire gaiement la moralité Lehmann, que j'avais eu le bonheur de d'un drame terrible. diriger à Paris dans desæuvres de Mozart C'est cette dualité, par définition inimi- - j'avais été invité à conduire Don table, que j'ai eu la témérité de me pro- Juan, j'eus soudain I'idée de traiter en poser pour modèle en écrivant mon opéraLe Marchand de Venise. Il m'ap- Marchand de Venise. Certes, le cadre parut que I'architecture du théâtre musi- de I'Opéra est vaste et je me fusse cal de Mozart, celle de Don Juan en contenté de celui, plus intime, de particulier, convenait parfaitement à une I'Opéra-Comique.Mais JacquesRouché comédie-féerie telle que le Marchand. ayant retenu mon ouvrage pour le Palais Je supposaiqu'en utilisant la souple et Garnier, je ne pouvais guère me dérober rapide déclamation du recitativo, les à une aussi flatteusesollicitation. L'im- airs, les duos et les ensembles,on pou- portant était, à mon gré, de ne pas me vait traduire très exactement les scènes laisser intimider par I'immense scèneet dialoguées,les épisodesd'action et les des décors faits à sa mesure. Pourquoi zones pure d'émotion du texte de Sha- faire " grand " à tout prix ? Je ne suis pas kespeare.Il me sembla,de mêmequ'à la Wagner. D'ailleurs, Wagner lui-même faveur des récitatifs, la pouvait musique sut faire " gai " dans la scènede David et refléter les moindres nuancesdu mot, la des apprentis (Maitres Chanteurs). plus fugitive expressionde physionomie Persuadéque I'opéra n'est pas nécessai- des personnages: sourires, minauderies, rementun genreennuyeux, j'ai cherché, haussementsd'épaules, pirouettes ou en écrivant la musique du Marchand, à clins d'æil: ce que la musique s'inspirât à tout mo- Un mot du livret. Je me suisadressé, tour Deux points de détail, pour finir. C'est J'eux à peine le temps de mettre mes à tour, à quatre " spécialistes" de ce au front, en Argonne, durant la guerre de manuscrits dans une valise de carton, de genre difficile. L'un après I'autre. Fer- 14-18, que j'ai commencéla composi- courir dans la nuit avec mes camarades, nand Nozière, Fernand Gregh et René tion du Marchand, sur une esquissede sousla pluie, et d'emménagerDieu sait Fauchoisse sont récusésou ne sont pas Fauchois. Vraincourt, Auzéville, Ba- où. Les petitsjournaux de I'arrière n'en - je venus à bout de leur ffavail. MiguelZa- raincourt ces noms défilent sombre- écrivaientpas moins que " passaismon pleinement j'écrivais macoisa essayéet il a réussi. ment dans ma mémoiie, et plus gaie- temps à composer", alors que Son livret reproduit très fidèlement le ment, les silhouettesde Pierre Brisson et mespetits morceaux sur mesgenoux, à la drame de Shakesp€tre,en prenant I'es- de Roland Dorgelès, mes camaradesde sauvette,entre deux coupsde main. Il me sentiel, laissant de côté le superflu et tranchées.Il faisait un froid terrible, pas fallait, pour évoquer Venise, consentir féerisant le tout, grâce à sa plume de questionde nous laver, nous mangionsà de rudes efforts d'oubli et d'imagina- poète.Composer sur sontexte m'a étéun I'infortune du pot. Un soir,je quittai mon tion ! constantplaisir, au sensélevé du terme.