PRÉSENTE / PRESENTEERT

MUIDHOND (TENCH)

een film van / un film de Patrice Toye met / avec Tijmen Govaerts, Julia Brown, Ine Geerts, Greet Verstraete, Line Pillet

gebaseerd op het boek MUIDHOND van Inge Schilperoord adaptation du livre LA TANCHE de Inge Schilperoord

COMPETITION 2019 – PUBLIEKSPRIJS / PRIX DU PUBLIC

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België, Nederland / Belgique, Pays-Bas – 2019 – DCP – Kleur/Couleur – 1.85 – 5.1 OV NL met FR/NL OT / VO NL avec ST BIL - 99’ Distribution / Distributie : IMAGINE SORTIE NATIONALE RELEASE 29/01/2020

T : +32 2 331 64 31 / M Tinne Bral : +32 499 25 25 43 photos / foto's : http://press.imaginefilm.be PRESS : Thijs Verhaeren : [email protected] – +32 491 39 09 77 Riema Reybrouck : [email protected] - +32 486 22 73 23 SYNOPSIS

NL

Jonathan, een zachtaardige jongeman, wordt bij gebrek aan bewijs vrijgelaten uit de gevangenis. Hij keert terug naar zijn moeder die in een klein huis bij de duinen woont. Jonathan wil het verleden vergeten en neemt zich stellig voor een ander, beter mens te worden. Maar ook al houdt hij zich strikt aan de regels, zijn goede intenties worden al snel op de proef gesteld als er een moeder met haar dochtertje naast hem komt wonen.

FR

Jonathan, un jeune homme doux et bienveillant, est libéré de prison faute de preuves. Il retourne alors vivre chez sa mère dans une maison près des dunes. Jonathan veut oublier le passé et est déterminé à devenir différent, meilleur. Bien qu’il respecte scrupuleusement les règles, ses bonnes intentions sont mises à l’épreuve lorsqu’une maman et sa fille s’installent à côté de chez lui.

EN

Jonathan, a kind-hearted young man, is released from prison due to lack of evidence. He returns to his mother who lives in a small house by the dunes. Jonathan wants to forget the past and is determined to become a different and better person. But even though he strictly adheres to the rules, his good intentions are soon put to the test when a young woman moves in next to him with her small daughter.

NOTE D'INTENTION DE PATRICE TOYE (RÉALISATRICE & COSCÉNARISTE)

Dans ce film, je voulais réaliser un portrait humain et profond, celui d’un jeune homme à la personnalité complexe, possédant un bon fond mais aussi des pulsions désastreuses. Pour moi, c’est l’histoire de la lutte d’un homme tiraillé entre le bien et le mal qui cohabitent en lui comme en chacun d’entre nous. Ce film pointe notre extrême solitude quand nous nous débattons dans nos pensées et nos sentiments les plus intimes. Il révèle aussi notre impuissance et notre fragilité. Personne ne se fait tout seul. Nous avons tous dû apprendre à nous accommoder de la manière dont nos gènes et notre environnement social nous ont façonnés. En ces temps où règne le simplisme, où le monde est blanc ou noir, je pense que nous avons grand besoin de nuances. Un monde dans lequel nous considérons l’autre comme rien de plus qu’un étranger m'angoisse beaucoup. Regardons-nous de plus près: nous verrons à quel point nous sommes complexes. L'autre est un miroir dans lequel on peut probablement reconnaître des fragments de soi. Comme l'a dit Kieslowski: comprendre, c'est faire le premier pas. Et essayer de comprendre quelque chose ne signifie pas que vous l'approuvez. MUIDHOND (TENCH) vous embarque dans un voyage inconfortable: vous vous glisserez dans la peau d'un jeune homme doux et bienveillant, qui s’évertue à devenir la meilleure version de lui-même. Mais ce personnage vit avec un poids obscur, secret, sur les épaules, qui le condamne à une profonde solitude. Il sait que s'il dévoilait ce secret, s'il se montrait plus ouvert, il n'en deviendrait que plus seul encore. L'histoire vire au tragique quand Jonathan tombe amoureux. Un amour terrible, impossible. Que faire de vos sentiments quand l'objet de votre désir est un enfant? À qui pouvez-vous en parler? À personne. Jonathan essaie de réprimer de toutes ses forces ses émotions et oscille entre la normalité et ce désir interdit. Un combat contre sa propre nature. Jonathan n'a pas choisi d'être ce qu'il est, mais il peut choisir ce qu'il fait de sa nature. Dans notre société contemporaine, la panique gagne dès que l'on aborde le sujet de la pédophilie. Mère de deux filles, je le comprends parfaitement. Mais stigmatiser les pédophiles, les déshumaniser ou les nier ne résoudra pas le problème. Au contraire. Je souhaite que ce film puisse aider à briser ce tabou. La pédophilie existe et continuera à exister. J'espère que ce film contribuera à ouvrir le débat pour que les abuseurs potentiels osent parler de leur lutte avec leur nature et chercher de l'aide. Peut-être pourra-t-on ainsi éviter de nouvelles victimes. Au moins une, ce serait déjà bien.

Patrice Toye

NOTE D'INTENTION D'INGE SCHILPEROORD (AUTRICE)

On me demande régulièrement pourquoi j'ai choisi le thème de la pédophilie pour mon premier roman. Un thème délicat, en effet. Que voulais-je dire en réalité au travers de cette histoire? L'honnêteté me force à préciser que je n'ai jamais entamé LA TANCHE dans l’idée de faire passer un message particulier. J'ai commencé à écrire parce que je m’intéressais à l’essence d'une catégorie de souffrance spécifique, dont je pense qu'elle est universelle chez l'être humain. Tout a débuté quand dans mon «autre métier», celui de psychologue judiciaire, j’ai travaillé avec un homme pédosexuel. Cet individu souffrait tellement que le regarder ou l'écouter me faisait mal. J’ai réalisé que son combat avec ses démons était le reflet de la lutte que nous menons tous. Une lutte contre nous-mêmes. Contre nos désirs les plus obscurs. Cette lutte est toujours solitaire. Mais imaginez à quel point elle peut l’être si vos désirs sont de nature pédosexuelle, désirs qui, par définition, suscitent la haine et le dégoût? Comment faire autrement que de se haïr? Et comment conserver cette clémence envers soi qui est indispensable pour se réconcilier avec soi-même? Même si la pédophilie reste exceptionnelle, ces questions me paraissent universelles. Patrice l'a compris sans que nous ayons eu besoin d’en parler explicitement. Elle ne m'a pas interrogée sur le message que j'aurais voulu faire passer, ni sur les raisons qui m’ont conduite à choisir ce sujet. Dès notre premier entretien, tout s'est passé comme si nous regardions le monde au travers de la même paire de lunettes. Comme si nous voyions l'être humain. Et je l'ai compris: si quelqu'un devait adapter mon roman au cinéma, ce serait elle. Avec son regard acéré mais plein de compassion sur ce que sont les individus, avec la poésie de son langage visuel, le film qui naîtrait devait être juste. Et c'est le cas. MUIDHOND (TENCH) n'est pas la transposition exacte du livre. Heureusement. Parce que Patrice utilise une autre langue que moi. Une langue basée sur l'image, la langue de Patrice Toye. Selon moi, le film exprime tout ce que j’ai voulu dire dans le roman alors que les mots me manquaient souvent au méta-niveau pour l’écrire. J'en serai toujours reconnaissante à Patrice. Pour le film merveilleux qu'elle a réalisé. Pour l'amour, la tendresse, le soin et la persévérance artistique avec lesquels elle a travaillé. Pour la manière dont elle m'a associée intimement au processus d’élaboration intensif et magnifique qui a transformé le livre en film. Elle m'a impliquée à chaque étape, à chaque décision. Pas comme écrivaine, comme interlocutrice, comme amie. Son amie, une amie du monde que nous partageons. Le monde de Jonathan. J'ai participé étroitement à la création du film, j'ai été dans une grande empathie avec ce travail. Mais sans que cela ne doive être explicité, nos rôles ont toujours été clairement délimités. Je n'aurais souhaité à aucun moment le contraire. Aujourd'hui, on me demande régulièrement si je n’ai pas eu des difficultés à lâcher mon livre pour qu’il puisse devenir un film. Je n'ai qu'une seule réponse à donner, du fond du cœur: «Non!» Non, ce n'était pas difficile. Au contraire. Je ne peux imaginer un plus grand compliment que de voir une réalisatrice aussi intelligente, passionnée et experte que Patrice prendre mes idées comme base de départ d'un film. Et dans ses mains, mon livre LA TANCHE a grandi pour devenir un film inégalable, aussi puissant que tendre. Profondément humain.

ENTRETIEN AVEC PATRICE TOYE (RÉALISATRICE & COSCÉNARISTE) par Peter Vandekerckhove

Comment avez-vous découvert le livre LA TANCHE d'Inge Schilperoord? J'avais lu une interview d'Inge Schilperoord donnée à l'occasion de la parution de son roman. Elle exerce le métier de psychologue judiciaire dans une clinique où les suspects de délits graves sont maintenus en observation. Elle a imaginé son personnage principal sur le modèle d'un individu qu'elle a rencontré dans ces circonstances. Cela m'a intriguée et je suis allée acheter le livre sur-le-champ. Dès les premières pages, j'ai été profondément touchée par la lutte intérieure à laquelle se voue Jonathan, ce solitaire qui est le personnage principal. À ma grande surprise, j'ai développé au fil de ma lecture une certaine empathie pour lui.

Vous étiez surprise? Oui, pour être honnête, j'ai été très étonnée par ma réaction. J'avais auparavant une tout autre vision des hommes pédophiles. Je suis mère de deux enfants et comme la plupart d'entre nous, j'avais une image stéréotypée de ce qu'ils sont. Ma condamnation était prête. Mais pendant que je lisais le roman, quelque chose s'est produit: j'ai commencé à me former une autre idée de Jonathan. Ce renversement intérieur était fondamental. J'ai découvert un être humain là où je ne voyais qu'un monstre. Cette révélation m’a hantée. Une semaine plus tard, je sonnais à la porte de l'écrivaine pour lui acheter les droits cinématographiques de son œuvre.

Comment les contacts avec Inge Schilperoord se sont-ils déroulés? Ils ont été faciles et spontanés. Sans histoire. Nous avons tout de suite senti que nous avions quelque chose en commun. Une cinéaste doit pouvoir conserver sa propre créativité et elle m'a fait confiance. Elle m'a laissé beaucoup de liberté.

Y a-t-il une grande différence entre le roman et le film? Oui, plutôt. Le livre est un long monologue intérieur dans lequel le personnage principal exprime ce qu’il pense et ressent. Impossible à retranscrire au cinéma. Je devais imaginer des actions. La fin aussi est différente. Au terme du livre, le personnage principal semble à nouveau dérailler. Pour ma part, je voulais concentrer le film sur le combat d'un être humain contre ses instincts. Je ne voulais pas montrer ce qui pouvait ou non se passer ultérieurement. D'où mon choix pour une fin ouverte: ce jeune homme continue à se battre contre tout ce qui est en lui. La conclusion permet plutôt d’espérer.

Pour le scénario, vous avez travaillé avec l'acteur et le metteur en scène de théâtre Peter Seynaeve. Pour quelle raison? J'ai appris à connaître Peter pendant la préparation de mon précédent film, LITTLE BLACK SPIDERS. Nous nous sommes rendu compte que nous avions beaucoup de centres d'intérêt communs et nous avons commencé à suivre nos travaux respectifs. Je lui ai dit que j’avais pris une option sur les droits cinématographiques du roman. Au départ, nous avons simplement échangé nos réflexions sur le livre, mais avant que je ne le réalise consciemment, il était devenu coscénariste. Pendant que nous étions en train d'écrire, Peter travaillait comme assistant metteur en scène de Milo Rau, sur la pièce de théâtre FIVE EASY PIECES. C'est une pièce dans laquelle de jeunes enfants reconstituent ce qui s'est passé à l'époque de Dutroux. Il était donc plongé dans un univers pédosexuel et avait effectué beaucoup de recherche sur le

sujet. Tout comme moi d'ailleurs. En vérité, j’étais rassurée de ne pas être obligée de travailler toute seule sur un thème aussi délicat. Peter était aussi mon premier critique et me mettait en garde quand je prenais trop de liberté avec l'histoire. L'une des premières décisions que nous avons prises ensemble concernait l'âge du personnage principal. Dans le livre, Jonathan a 30 ans, mais nous l'avons considérablement rajeuni. Pour moi, cela a été une aide énorme de pouvoir le regarder avec les yeux d'une mère envers son fils. Rapidement, donc, nous en avons fait un jeune homme de 22 ou 23 ans. Nous avons dès lors pu avoir plus d’empathie pour lui. Quant au spectateur, il peut toujours se dire que l'espoir n'est pas mort. Il est vraisemblable, en effet, qu'un homme aussi jeune, toujours en pleine croissance, puisse changer.

Vous avez à nouveau travaillé avec un homme comme chef opérateur, Richard Van Oosterhout. Richard est le chef opérateur de tous mes films, depuis l'école. Il est devenu mon troisième œil. Nous nous faisons confiance totalement. Pour MUIDHOND (TENCH), notre grande source d'inspiration cinématographique a été le photographe américain Todd Hido, en plus de Robert Bresson. Richard a d'ailleurs contacté Todd Hido qui a semblé très intéressé par ce que nous faisions. Il est même venu en Belgique pour prendre quelques photos du tournage. Un homme captivant.

Le metteur en scène sud-coréen Lee Chang-dong parle de votre film comme d’une «truly cinematic experience». Oui, c'est formidable de recevoir un tel compliment de la part d'un cinéaste que j'admire énormément. Nous avons voulu tout raconter par des images. Les dialogues sont réduits, juste pour dire le strict nécessaire. Le style est sobre et minimaliste. Nous forçons le spectateur à regarder les choses au travers des yeux de Jonathan. Par moment, c’est une expérience très prenante. En termes d'inspiration, on peut citer aussi Kieslowski. C'est peut-être lui qui a été le plus formateur dans mon parcours de créatrice. Kieslowski disait qu'il faisait des films pour que les gens se comprennent mieux entre eux.

Le film se déroule dans un territoire désolé: quelques maisonnettes sordides dans la périphérie du port. La localisation du film est importante? Je voulais situer mes personnages à la périphérie de la société, dans une sorte de friche. La mère de Jonathan travaille dur pour survivre. Mère célibataire, elle n’est pas toujours là pour lui. La maman de la petite fille est dans la même situation: elle se dépense sans compter pour nouer les deux bouts. Cela me paraît très courageux et rien que pour cette raison, je n'aimerais pas que l’on condamne mes personnages. Ces quelques cahutes où vivent ces individus sont, littéralement et au sens figuré, à la frontière de la société. Ce qui implique bien sûr qu'il n'y a pratiquement pas de contrôle social. Les gens sont laissés à leur sort, ils sont seuls et ne bénéficient d'aucune prise en charge. Cette problématique, la pédophilie et la pédosexualité, peut bien entendu se rencontrer dans tous les milieux. Mais dans un environnement comme cette sorte de terrain vague, sans beaucoup de monde aux alentours, il est bien sûr plus facile de passer à l'acte sans se faire remarquer.

Une tension sous-jacente traverse tout le film… C'est exact: nous sommes en permanence sur la corde raide. Nous espérons avec Jonathan que tout continuera à aller bien, mais nous sommes sur nos gardes parce

que nous avons peur qu'il ne perde le contrôle. Cela rend les choses très intenses. Ce qui m'intéresse, c'est l'être humain qui lutte contre ses démons. Je veux m'enfoncer au plus profond de son âme et montrer ses émotions brutes. Cette plongée empathique est inconfortable et douloureuse bien sûr. Mais elle est plus intéressante qu’une condamnation sans appel. D'accord, le film traite de la pédophilie, mais je pense qu’il ne se limite pas à cette problématique. Dans un monde polarisé, où on pense en noir et blanc, il est difficile d'apporter des nuances, d’apercevoir la dimension humaine des pédocriminels, avérés ou potentiels. Si vous n'en appelez pas immédiatement à la castration, c'est que vous êtes prête à les excuser. Pour que les choses soient claires, je n'approuve rien. Je ne parle pas non plus du pédophile par excellence, qui n'existe pas. De plus, pédophilie et maltraitance des enfants ne recouvrent pas la même chose. Mais ce n'est pas la raison principale qui m'a poussée à faire ce film. Je voulais en premier lieu montrer un être humain qui se bat, qui essaie de toutes ses forces d'être une bonne personne, qui lutte contre un instinct avec lequel il est né. Je voulais que le spectateur ressente ce combat. Jonathan ne veut absolument pas éprouver ces sentiments pour cette petite fille, mais il baisse les bras. Il pourrait être mon fils, ou un ami… C'est surtout cela que je voulais montrer: ces individus ne sont pas nécessairement des monstres mais des êtres humains normaux qui se battent contre leurs démons. Si je peux provoquer cette réflexion, c'est que j'aurai réussi mon projet.

Des débutants comme Tijmen Govaerts (Jonathan) et Julia Brown (la petite fille) ont un jeu très puissant qui porte le film. Comment les avez-vous découverts? J’ai trouvé la petite fille très rapidement et tout à fait par hasard. Je me promenais à Bruxelles quand je suis passée devant le Bronks, un théâtre pour le jeune public. J'ai vu une petite fille courir et j'ai pensé qu'elle devait faire partie de la troupe de ces jeunes comédiens. Mais elle n'avait rien à voir avec eux, elle précédait simplement sa mère. J'ai tout de suite senti qu'elle était faite pour le rôle, mais je savais aussi à quel point le sujet était délicat. Comment pouvais-je convaincre une enfant et sa mère de jouer un rôle dans un film à la thématique aussi lourde? J'ai pris mon courage à deux mains, je me suis dirigée vers elles et je leur ai demandé de se présenter à une audition. Pour le casting, je fais confiance à mon instinct. Je savais que Julia était mon personnage, comme à l'époque je l'avais su avec la jeune actrice de mon film ROSIE. J'ai aussi eu la chance que la maman de Julia ait parfaitement compris mes intentions par rapport au film. Bien sûr, nous avons engagé une psychologue pour enfants qui a assisté et guidé Julia pendant tout le tournage. Elle pouvait toujours s'adresser à elle pour toutes les questions qu'elle se posait. Mais dénicher l'acteur capable de jouer le rôle de Jonathan était une autre affaire. Après de longues recherches infructueuses, quelqu'un m'a conseillé de regarder un court métrage français dans lequel jouait Tijmen Govaerts, PASSÉE L’AUBE de Nicolas Graux. J'ai été très impressionnée, je l'ai appelé et 24 heures plus tard, nous nous rencontrions. Il avait déjà lu le livre. Nous nous sommes regardés droit dans les yeux et j'ai su que j'avais trouvé mon comédien. Tijmen est sans détour: il vous montre ce qu'il pense. C'était très important pour le rôle de Jonathan: le livre est un long monologue intérieur. J'avais donc besoin d'un acteur capable de mettre son âme à nu, qui fasse comprendre ce qui se passe à l'intérieur de lui. Il laisse voir une fragilité, une ouverture, qui sont indispensables pour entrer dans ce personnage. C'est une prestation exceptionnelle qu'il a réalisée. Il est le film.

D'autres films qui traitent d’une identité sexuelle qui n'est pas toujours très bien acceptée par la société se terminent généralement par un moment de gloire pour le spectateur. Il finit par compatir et soutenir le protagoniste parce que ce dernier découvre sa vraie nature et l'accepte, mais… … mon film, c'est tout autre chose. Ici, le spectateur n’a pas envie que le personnage principal accepte sa nature et y cède. Au contraire. Cela dit, j’espère avoir réussi à faire s'ouvrir le spectateur au personnage principal, pour qu’il ressente son combat intérieur, qu’il le vive en empathie avec lui et qu’il espère que Jonathan continuera à se battre pour rester du bon côté. En outre, Jonathan s’occupe aussi de cette petite fille qui est parfois négligée par sa mère. Au moins, il prend ses responsabilités. Je crois qu’il y a suffisamment d’éléments pour que le spectateur puisse se montrer compatissant envers cet antihéros.

Pour conclure, où situez-vous MUIDHOND (TENCH) dans votre œuvre? Certaines choses reviennent systématiquement dans mes films. Ils contiennent toujours une part existentielle, des individus qui se débattent avec leur identité. Prenez ROSIE, qui aurait voulu en fait être quelqu’un d’autre. Autre thème récurrent: j’observe ce que les autres refusent de voir, les sujets tabous. Je pense être devenue plus adulte avec ce film. J’ai atteint la maturité suffisante pour ne plus tourner autour du sujet mais pour le montrer avec toutes ses nuances et ses côtés sombres. MUIDHOND (TENCH) est sans aucun doute mon meilleur film jusqu’à présent.

BIO-FILMO

PATRICE TOYE (RÉALISATRICE & COSCÉNARISTE)

Patrice Toye a décroché son diplôme de mise en scène de cinéma à la haute école Sint-Lukas à Bruxelles en 1990. Elle a réalisé plusieurs courts métrages, des documentaires et des émissions de télévision pour la VRT, VTM et VPRO. Son premier film, ROSIE, est sorti en 1998. Il a été acclamé par le public et la critique, en Belgique comme à l'étranger. Le film a été distribué dans douze pays, aux États-Unis, en France et au Japon notamment. Il a aussi été sélectionné et récompensé dans de nombreux festivals internationaux, parmi lesquels Berlin, Toronto, Valladolid, Thessalonique, Gand, Vancouver, New York, Angers, Mulhouse, Bergame, Sotchi, Helsinki, Édimbourg, Montréal, et bien d'autres encore. En 2005, Patrice Toye a réalisé un téléfilm, GEZOCHT: MAN, qui a aussi été sélectionné pour le Festival international du film de Rotterdam. Son deuxième long métrage, (N)IEMAND, a été projeté en première mondiale au Festival du film de Venise en 2008. Il a remporté le NHK International Filmmakers Prize du Festival du film Sundance et a bénéficié du soutien personnel de Wim Wenders. Le film a été sélectionné par de nombreux festivals, parmi lesquels ceux de Sao Paulo, de Gijón, de Corée du Sud, de Prague, de Montréal, d'Hambourg et de Copenhague. LITTLE BLACK SPIDERS, le troisième long métrage de Patrice Toye, a été projeté en ouverture du Festival du film d'Ostende en 2012. Il a été sélectionné par plusieurs festivals internationaux, parmi lesquels Montréal, Copenhague et l'AFI FEST 2013 à Los Angeles. Ce film a remporté le Best Director Award à Arras et le prix du meilleur scénario, du meilleur long métrage de fiction et de la meilleure mise en scène à Vancouver. Patrice Toye s'engage aussi en faveur des jeunes talents en donnant des cours d'arts audiovisuels à la LUCA School of Arts de Bruxelles.

FILMOGRAPHIE TOUT CE QU’ELLE VEUT (1990, court métrage) VROUWEN WILLEN TROUWEN (1992, court métrage) L’AMANT DE MAMAN (1997, téléfilm) ROSIE (1998) GEZOCHT: MAN (2005, téléfilm) (N)IEMAND (2008) LITTLE BLACK SPIDERS (2012) MUIDHOND (TENCH) (2019)

PETER SEYNAEVE (COSCÉNARISTE)

Peter Seynaeve a terminé en 1996 ses études de comédien au Studio Herman Teirlinck. Il a fait ses premiers pas dans le marathon théâtral de Luk Perceval,TEN OORLOG. Il a joué ensuite notamment pour plusieurs compagnies, comme Laika, tg Stan et HETPALEIS. Pendant cinq ans, il a fait partie du noyau permanent d'acteurs de la compagnie Het Toneelhuis, où il a travaillé avec Luk Perceval (ANDROMAK, DOOD VAN EEN HANDELSREIZIGER), mais aussi avec Titus Muizelaar (STRINDBERG), Gerardjan Rijnders (TIM VAN ATHENE), Eric Devolder (AU NOM DU PÈRE), Inne Goris (PRIDE AND PREJUDICE), Lotte van den Berg (HET BLAUWE UUR, BEGIJNENSTRAAT 42, GERUCHT), Stefan Perceval (SWEET BIRD), Tom Van Dyck (KATHALZEN) et Guy Cassiers. Il a fait ses débuts dans la mise en scène avec une production pour la jeunesse, AS YOU LIKE IT. Depuis, il a écrit et mis en scène JE NE COMPRENDS PAS, THIERRY, CEMENT, MONDAYS et BETTY & MORRIS pour la compagnie JAN. A suivi VICTOR chez Campo. En 2013, Peter Seynaeve est retourné travailler comme acteur au théâtre NTGent dans les productions PLATONOV et FRONT de Luk Perceval. En 2016, il a participé au projet FIVE EASY PIECES (Milo Rau / IIPM/ Campo) comme comédien et assistant à la mise en scène. Par ailleurs, Seynaeve a aussi joué dans des séries télévisées, comme notamment STILLE WATERS et CHAUSSÉE D’AMOUR, et dans des longs métrages, comme LITTLE BLACK SPIDERS et VELE HEMELS BOVEN DE ZEVENDE.

CAST

TIJMEN GOVAERTS (JONATHAN) Tijmen Govaerts (né en 1994 à Malines) a étudié la littérature et les arts de la scène au Conservatoire royal d'Anvers. Il a joué au théâtre et à l'écran (cinéma et télévision). Pour son rôle dans le court métrage PASSÉE L’AUBE de Nicolas Graux, il a remporté le Prix d’Interprétation du Festival international du film de Namur en 2017. LA TANCHE de Patrice Toye est son premier grand rôle dans un long métrage. On verra prochainement Tijmen Govaerts dans d'autres projets: HOLIDAY, le nouveau court métrage de Michiel Dhont, la série de VTM DE KRAAK, et KOM HIER DAT IK U KUS de Sabine Lubbe Bakker et de Niels van Koevorden, l'adaptation au cinéma du roman éponyme de Griet Op de Beeck.

FILMOGRAPHIE LES PREMIERS, LES DERNIERS – (2015) PASSÉE L’AUBE – Nicolas Graux (2016, court métrage) POOR KIDS – Michiel Dhont (2018, court métrage) WIJ – René Eller (2018) GIRL – (2018) KURSK – Thomas Vinterberg (2018) MUIDHOND (TENCH) – Patrice Toye (2019) HOLIDAY – Michiel Dhont (2019, court métrage)

INA GEERTS (LA MAMAN DE JONATHAN) Ina Geerts (née en 1965) travaille depuis 1988 comme actrice pour le théâtre, le cinéma et la télévision. Elle est également compositrice et interprète. Elle a fini ses études de théâtre, le Studio Herman Teirlinck en 1988. Elle est arrivée en 1993 à Bruxelles où elle vit et travaille depuis lors. Elle a joué notamment dans plusieurs productions de Needcompany (Jan Lauwers) et a tourné avec la compagnie de danse Ultima Vez de Wim Vandekeybus. Dans le film EEN ANDER ZIJN GELUK (, 2005), Ina Geerts interprète le rôle principal qui lui a permis de remporter l'Alexandre d'Or pour la meilleure actrice du Festival du film de Thessalonique. Son rôle dans BO (Hans Herbots, 2010) lui a également valu plusieurs prix: elle a remporté l'Ensor de la meilleure actrice dans un rôle secondaire au Festival du film d'Ostende. Sur le petit écran, elle a joué de nombreux rôles dans des séries télévisées.

FILMOGRAPHIE MEISJE – Dorothée Van Den Berghe (2002) HET ZUIDEN – Martin Koolhoven (2004) BLUSH – Wim Vandekeybus (2005) EEN ANDER ZIJN GELUK – Fien Troch (2005) BLIND – Tamar van den Dop (2007) DE LAATSTE ZOMER – Joost Wynant (2007) LOFT – Erik Van Looy (2008) BO – Hans Herbots (2010) ADEM – Hans Van Nuffel (2010) DE BEHANDELING – Hans Herbots (2014) HIN UND WEG – Christian Zübert (2014) MUIDHOND (TENCH) – Patrice Toye (2019) DE BEHANDELING – Hans Herbots (2014) HIN UND WEG – Christian Zübert (2014) MUIDHOND – Patrice Toye (2019)

JULIA BROWN (BES) Julia Brown (née en 2009 à Uccle) est la fille d'une mère belge et d'un père écossais. MUIDHOND (TENCH) est son premier film. À cause de la difficulté du sujet, Julia a été suivie pendant tout le tournage par une pédopsychologue. Les hobbys de Julia sont le théâtre, la danse moderne, l'organisation de jeunesse Chiro, la natation et le bricolage.

FILMOGRAPHIE MUIDHOND (TENCH) – Patrice Toye (2019)

PRIME TIME (PRODUCTEUR PRINCIPAL) Antonino Lombardo a fondé Prime Time en 1987. Diplômé de l'EAVE (1994), il a été sélectionné en 1997 pour le programme Fastlane de Polygram Filmed Entertainment à Los Angeles. Antonino Lombardo a produit ou coproduit plus de 40 films, parmi lesquels ANTONIA’S LINE de Marleen Gorris qui a remporté en1996 l'Oscar du meilleur film étranger. Parmi les productions de Prime Time, on peut relever ROSIE (1998) et LITTLE BLACK SPIDERS (2012) de Patrice Toye, de même que quatre films mis en scène par Fien Troch: EEN ANDER ZIJN GELUK (2005), UNSPOKEN (2006), KID (2013) et HOME (2016). Il faut y ajouter des séries télévisées comme MOEDER, WAAROM LEVEN WIJ? (1993) et WOLVEN (2012). Parmi ses récentes (co)productions, on peut relever BRIMSTONE de Martin Koolhoven, CONTINUER de , et HOME de Fien Troch, qui a remporté le Best Director Award au Festival du film de Venise dans la section Orizzonti. Sortiront prochainement en salle les films FILLES DE JOIE de Frédéric Fonteyne et MUIDHOND (TENCH) de Patrice Toye.

SÉLECTION DE FILMS SAILORS DON’T CRY – (1989) MANNEN MAKEN PLANNEN – Marc Didden (1992) BECK – Jacob Bijl (1993) ROSIE – Patrice Toye (1998) OLIVETTI 82 – Rudi Van Den Bossche (2001) EEN ANDER ZIJN GELUK – Fien Troch (2005) UNSPOKEN – Fien Troch (2006) WOLF – Stef Desmyter & Rik Daniels (2010) LITTLE BLACK SPIDERS – Patrice Toye (2012) KID – Fien Troch (2013) HOME – Fien Troch (2016) ZOMERREGEN – Miwako Van Weyenberg (2017) MUIDHOND (TENCH) – Patrice Toye (2019)

CAST Jonathan Tijmen Govaerts Bes Julia Brown La maman de Jonathan Ina Geerts La maman de Bes Greet Verstraete Chantal Line Pillet Vera Jackie Gilles Le patron de la société de pêche Dominique Van Malder Le psychologue judiciaire Rashif El Kaoui

CREW Mise en scène Patrice Toye Scénario Peter Seynaeve Patrice Toye (adaptation du livre LA TANCHE de Inge Schilperoord)

Chef opérateur Richard Van Oosterhout Décors Vincent De Pater Costumes Manon Blom Coiffure & maquillage Scarlett Kraidy Conception sonore Michel Schöpping Montage Ewin Ryckaert David Verdurme Mixage Benoit Biral Musique John Parish Produit par Antonino Lombardo (Prime Time)

Coproducteurs Hanneke Niens Hans De Wolf (Keyfilm) Jacques-Henri Bronckart (Versus Production) Christophe Toulemonde (Belga Productions)