LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 31 AOÛT 2001

DOSSIER CLAUDE CHANG-RAE LEE LA RENTRÉE CARLO FRANÇOIS Michel Houellebecq, ESTEBAN page V DES ESSAIS GINZBURG FEJTÖ Marc Trillard, François page IV page VI page VII page IX Jonquet, Clotilde Escalle et Stéphane Zagdanski : les tourments sexuels de la rentrée pages II et III a Houellebecq Houellebecq et l’Occident texte qui se lise d’une seule traite. » Même si la polémique Ce qui a été fait. Est-ce cette capacité à révéler ce engagée autour qui dérange qui a incité Michel Houellebecq à s’installer dans une de « Plateforme » s’est toute petite île (200 habitants), au sud-ouest d’une île qui est elle- i vous aimez la littératu- focalisée sur le tourisme même à l’extrême ouest de l’Euro- re, il serait sage de ne pas écouter sexuel, ce n’est en rien pe, autrement dit en Irlande ? Sceux qui disent : « Michel Houelle- « Non, j’ai toujours eu un rêve d’Irlan- becq pense que… » Car Plateforme de, où je suis venu souvent, répond-il, n’est pas un essai sur le tourisme le sujet principal de ce mais je n’avais pas d’argent. Grâce sexuel (lire nos informations dans aux Particules élémentaires, j’en ai Le Monde daté 26-27 août), ni un roman féroce qui, autour eu un peu. J’ai d’abord habité texte de propagande en faveur de Dublin, puis depuis novembre 2000, cette pratique, ni un réquisitoire d’un amour imprévu, je suis ici, à Bere Island. » contre elle. C’est un roman. On s’est Tous ceux qui se font une idée beaucoup offusqué, en Occident, en nous balade entre ennui, simpliste de ce romancier – il serait 1989, de voir les intégristes musul- un provocateur gratuit, un crypto mans refuser de comprendre que plaisirs frelatés, fasciste ou un stalinien masqué (on Les Versets sataniques de Salman a entendu tout et son contraire), un Rushdie étaient une fiction, et voilà Occidentaux accablés « petit Blanc » déguisé en écrivain à qu’avec des conséquences moins succès – devraient peut-être visiter dramatiques heureusement, cer- et intégristes ce magnifique coin d’Irlande, du tains, aujourd’hui, en France, font de toutes sortes côté de la baie de Bantry (prendre et autres libidos la même chose. Plateforme (drôle de l’avion jusqu’à Cork, une voiture titre, mais Houellebecq avoue sa fas- puis le ferry), pour comprendre que cination pour la trouvaille de Faulk- tion la Thaïlande, on se prépare à Michel Houellebecq ne peut être ner, Pylône) est pourtant bien un l’amour tarifé. Il est donc très facile réduit à ces clichés. Il est déconseillé roman, excellent, dont le sujet n’est de prévoir que tout se terminera de prendre d’assaut sa maison blan- pas principalement le tourisme très mal. Cependant, il faut d’abord che et rouge – il l’a baptisée The sexuel, mais, sur fond d’« état des s’attarder du côté de ce narrateur. Il White House –, bien que ce soit l’an- mœurs en Occident au début du se prénomme Michel, il a la quaran- cien bed and breakfast de l’île et XXIe siècle », l’éternelle affaire des taine, mais ce n’est pas Michel que les numéros soient restés sur relations complexes entre les hom- Houellebecq, contrairement à ce les portes des chambres. Le lieu est qu’on entend dans la rude, les hivers sont sans doute bouche de ses adversai- assez longs et les tempêtes fréquen- Josyane Savigneau res, comme si les mil- tes, pourtant il est très apaisant de lions de paroles pronon- rendre visite à ce drôle d’homme mes et les femmes, de leur perpé- cées pour expliquer que le narrateur qui parle peu, mais joue volontiers, tuel malentendu, annulé, comme de la Recherche n’est pas Marcel en compagnie de son épouse Marie- cela arrive parfois dans une vie, par Proust n’avaient servi à rien. «Le Pierre, avec leur jeune chien, un cor- une vraie rencontre, une sorte de choix du “je” ou du “il” était ma seu- gi affectueux. miracle ou de révolution intime, le vraie hésitation en commençant ce S’il fallait un seul mot pour dési- une histoire d’amour. Inattendue, livre, explique Michel Houellebecq. gner Michel Houellebecq, ce serait mystérieuse, évidente, comme elles J’ai su que je voulais le “je” en décri- sûrement « placidité », et cela le PHILIPPE MATAS/OPALE le sont toutes. vant, dès les premières lignes, le per- rend insupportable à certains car Thaïlande, puisque celui-ci ne devait che, on chercherait en vain un hom- trié en France, va revenir en Thaïlan- Le seul ennui est que Houelle- sonnage. “Je ne me suis pas marié”, cette placidité est présente dans sa s’engager avec personne, ne jamais me à admirer. Les femmes occiden- de pour y disparaître. « Rien ne survi- becq ne fait pas dans le « trouba- dit-il, et il précise qu’il s’est toujours manière de décrire la société, de s’impliquer. Et finalement elle devient tales sont décrites comme demeu- vra de moi et je ne mérite pas que dourisme ». En très bon romancier, “retenu d’acheter un animal domesti- regarder « au milieu du monde » – une héroïne aussi importante que rant « très attachées à la séduction » rien me survive ; j’aurai été un indivi- il regarde la société. Il ne cherche que”. Moi, je suis marié et, justement, expression figurant sur la couvertu- lui. » et affrontées à des hommes qui du médiocre, sous tous ses aspects pas à la juger, mais à la décrire, avec j’envisageais d’acheter un animal re du livre, au-dessus du titre. «“Au Avec Valérie, qui mène une belle « au fond s’en foutent de séduire » et (…) On m’oubliera. On m’oubliera un humour terriblement noir. Alors, domestique, ce que j’ai fait. Alors j’ai milieu du monde”, c’est une sorte de carrière, d’abord à Nouvelles Fron- « veulent surtout baiser ».Pour«bai- vite. » Evidemment, pour le happy a l’image n’est pas forcément plaisan- choisi d’écrire au “je”. Le “je” est vrai- série, que j’ai commencée avec Lan- tières, puis dans un groupe hôtelier ser », payer est plus facile que sédui- end, il faudra repasser un autre jour. te pour tous ceux qui préfèrent « ne ment flexible, on peut avec lui expri- zarote (1). J’ai d’ailleurs écrit ce texte mondial, mais « n’aime pas ce mon- re. Selon le narrateur de Plateforme, Quand on lit cette phrase, on est à pas savoir ». « Je ne hais personne, mer aussi, au mieux, ce qu’on vou- sur Lanzarote en Thaïlande en 1999. de dans lequel on vit », le Michel de le « deuxième sexe » devrait pro- la dernière page d’un excellent précise Michel Houellebecq. Je suis drait ne pas être. » Je pensais faire un livre par pays. Plateforme va, certes, réaliser des gressivement être gagné par cette roman, féroce, qui, autour d’un dans une forme d’éloignement, de dis- La polémique déclenchée par son Mais la Thaïlande demandait de plus « Eldoradors Aphrodite » –lenom tentation : « A mesure que les fem- amour imprévu et menacé, nous a tance. C’est la position normale de précédent roman, Les Particules élé- amples développements. J’ai d’abord parle de lui-même –, mais surtout mes s’attacheront davantage à leur baladés, entre ennui, misère sexuel- Esteban l’écrivain. Je sais qu’il y a une deman- mentaires (Flammarion, 1998), com- envisagé un roman très ambitieux, découvrir… la lune, à savoir qu’«ily vie professionnelle, à leurs projets per- le, plaisirs frelatés, voyages calibrés, de pour que je condamne ce que je me celle qui commence à propos de avec des personnages thaïs, unique- a la sexualité des gens qui s’aiment et sonnels, elles trouveront plus simple, Occidentaux accablés et intégristes décris, notamment le tourisme sexuel. Plateforme, ne suscitent chez lui ment. J’ai même tenté d’apprendre la la sexualité des gens qui ne s’aiment elles aussi, de payer pour baiser. » de toutes sortes. Un concentré de Je n’ai aucun jugement négatif. Ni sur qu’un ennui poli : « J’aimerais que langue, mais je crois que c’est assez pas. Quand il n’y a plus de possibilité Mais ce Michel-là est assez ignorant début de XXIe siècle, un nouveau tel ou tel comportement, ni sur l’hom- ce que je pense, moi, personnelle- difficile et je ne suis absolument pas d’identification à l’autre, la seule en psychologie féminine, sa stupeur « voyage au bout de la nuit », plu- me en général. Dans le pire des cas, je ment, n’ait aucune importance. C’est doué. Puis j’ai lu quelque part que le modalité qui demeure, c’est la souf- en découvrant qu’il peut vivre heu- tôt sinistre, raconté avec une luci- suis compassionnel. » le sens de l’époque qui cherche à tourisme devenait la première activi- france – et la cruauté ». Il est très reux avec Valérie le prouve. Il est dité cruelle. Mais passionnant, sauf En outre, son narrateur, célibatai- m’entraîner dans la polémique. Moi, té économique mondiale et ça a cris- paradoxal, si l’on a lu Plateforme, sidéré de constater qu’elle ne pique à souhaiter, en voulant ne rien voir, re assez léthargique, vivant «dans je crois que j’écris bien et c’est ma tallisé quelque chose. Mais ensuite, d’appeler les femmes à se mobiliser jamais « de ces crises nerveuses vivre de slogans et de préjugés sur un pays marqué par un socialisme vraie fierté. Cela dit, il semble que au fur et à mesure qu’on avance dans contre Michel Houellebecq, comme imprévisibles qui rendent parfois le le bien et le mal. apaisé », fonctionnaire au ministère j’aie une espèce de flair de cochon le récit, les perspectives se modifient, l’a fait Philippe Gloaguen, du Guide commerce des femmes si étouffant, si de la culture, n’est pas vraiment fait pour déceler ce qui va faire mal à la des personnages qu’on voyait comme du routard, offusqué des propos pathétique ». Sa découverte de fem- (1) Flammarion, 2000. pour avoir une existence heureuse société autour de moi. » Et pour le secondaires prennent de l’importan- tenus sur son guide dans le roman mes dépourvues de toute hystérie et vivre un bel amour. Mais plutôt, dire, avec netteté, et un sens très sûr ce. C’est le cas de Valérie dans Plate- (Le Monde du 22 août). Valérie est est comme une révélation… PLATEFORME en effet, pour les voyages organisés de la composition d’un roman. forme, qui, au départ, n’était qu’une en effet une figure entièrement posi- Belle romance, qui finit tragique- de Michel Houellebecq. où se conjuguent des solitudes, et « Oui, j’ai beaucoup pensé à la cons- silhouette dans une galerie de por- tive, pour laquelle le narrateur ment dans un attentat islamiste. Flammarion, 370 p., et autres poésies où, si l’on choisit comme destina- truction, je voulais tenter d’écrire un traits, lors du voyage du narrateur en éprouve amour et estime. En revan- Valérie est tuée et le narrateur, rapa- 20 ¤ (131,20 F). www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17603 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE -- VENDREDI 31 AOÛT 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI

Guerre d’Algérie : neuf harkis Le racisme au cœur d’un conflit Nord-Sud b La Conférence de l’ONU contre la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance s’ouvre portent plainte à Durban b Les pays pauvres y sont fortement représentés, les pays riches peu présents b Certains pour « crimes veulent assimiler le sionisme au racisme b D’autres réclament des dédommagements pour l’esclavage LA TROISIÈME Conférence des d’un nouvel affrontement Nord-Sud gramme d’action qui doivent être tuel : les demandes de dédommage- contre l’humanité » Nations unies contre le racisme, la sur des sujets hautement controver- adoptés le 7 septembre, le sionisme ment de pays africains pour des siè- discrimination raciale, la xénopho- sés qui ne figurent pas forcément à assimilé à du racisme ou, à défaut, cles d’esclavagisme. DES HARKIS ont décidé de faire bie et l’intolérance s’ouvre, vendredi l’ordre du jour. Certains pays partici- une condamnation des pratiques Les réunions préparatoires ont appel à la justice pour faire reconnaî- 31 août à Durban, en Afrique du pants souhaitent, par exemple, voir, israéliennes dans les territoires pales- permis d’expurger le projet de décla- tre leur drame de 1962. Près de quaran- Sud. Elle risque d’être le théâtre dans le document final et dans le pro- tiniens occupés. Autre sujet conflic- ration finale des points les plus te ans après l’abandon par la France de controversés, mais les débats JEAN-LOUP GAUTREAU/AFP ces musulmans qui avaient combattu devraient néanmoins aborder tous pour elle durant la guerre d’Algérie, ces sujets. Treize chefs d’Etat seule- LA CIRCULATION À PARIS neuf d’entre eux devaient porter plain- ment participeront à la conférence, te contre X, jeudi 30 août, auprès du tri- parmi lesquels le président de l’Auto- bunal de Paris pour « crimes contre rité palestinienne, Yasser Arafat, le Les couloirs l’humanité ». Environ 100 000 de ces Cubain Fidel Castro et l’Algérien supplétifs de l’armée française ont été Abdelaziz Bouteflika. En revanche, tués par le FLN après le départ des les pays les plus riches ne seront pas Delanoë Français ; 20 000 seulement ont été représentés au plus haut niveau. rapatriés, pour être maltraités. La plain- Après la décision du secrétaire Le maire de la capitale, Bertrand te veut démontrer l’existence d’un d’Etat américain, Colin Powell, de ne Delanoë (PS), affronte les automobi- « plan concerté » visant à désarmer les pas se rendre à Durban, les Etats- listes. La préfecture a modifié le dispo- harkis en 1962. Au sein de la commu- Unis ont choisi d’envoyer une délé- sitif de couloirs de bus de l’Hôtel de nauté, cet appel à la justice ne fait pas gation de diplomates de rang « inter- l’unanimité. Certains, pour sortir de médiaire », et, pour la France, c’est Ville, qui reconnaît sa précipitation. A l’oubli, préfèrent compter sur la Jour- Charles Josselin, ministre délégué à compter du lundi 3 septembre, la poli- née nationale d’hommage aux harkis, la coopération et à la francophonie, ce devrait faire respecter strictement prévue le 25 septembre. qui participera aux travaux. ces couloirs. La journée sans voiture du samed 22 septembre englobera, Lire page 7, Lire pages 2 et 3 notre éditorial page 13 pour la première fois, tout le centre de et nos autres informations page 24 f www.lemonde.fr/durban Paris. p. 10 et 11 Les 35 heures Le voyage hallucinant d’Alain Madelin au bout de Sangatte SANGATTE (Pas-de-Calais) voici deux ans, à 2 kilomètres de là, sur des han- sur Eurotunnel et sur la Croix-Rouge. dans les hôpitaux de notre envoyé spécial gars appartenant à Eurotunnel. « M. Vaillant n’est jamais venu ici. On ne veut pas « Hallucinant » et « kafkaïen » : tel a été le ver- Patiemment, M. Madelin a attendu que les voir. On cache la poussière sous le tapis », martè- ELISABETH GUIGOU, minis- dict d’Alain Madelin, au terme de son « voyage vigiles délogent, au milieu de dizaines de car- le-t-il, avant d’ajouter : « Jospin a beau insister a tre de l’emploi et de la solidari- au bout de Sangatte ». Pendant cinq heures, tons, deux Macédoniens qui avaient fendu la lors de son intervention télévisée de mardi sur la té, et Bernard Kouchner, ministre dans la nuit de mercredi à jeudi, le président de bâche d’un camion venant d’Allemagne pour se volonté du gouvernement, on ne voit pas, ici, où NAGELEISEND/D.S.F. délégué à la santé, ont relancé, jeudi Démocratie libérale a sillonné, en compagnie du hisser à bord. Un peu plus tôt dans la nuit, il est la volonté. » Cela posé, le président de DL, 30 août, les négociations sur les directeur de la sécurité d’Eurotunnel, les installa- avait assisté, ébahi, au retour d’un convoi rame- qui dit récuser le « tout-humanitaire » comme le FORÊTS ET INSECTES 35 heures avec les syndicats. Ils ont tions du terminal de Calais, plaque tournante de nant une quarantaine de candidats à l’exil qui « tout- policier », reconnaît volontiers que le pro- annoncé la création de quelque l’immigration clandestine vers la Grande-Breta- étaient parvenus, avant d’être rattrapés, à par- blème n’est pas simple à résoudre. Il faudrait, 40 000 emplois sur trois ans, essen- gne où la condition des demandeurs d’asile est courir plusieurs kilomètres à pied à l’intérieur du selon lui, une « solution européenne », passant La bataille contre tiellement pour les personnels soi- meilleure. Le candidat à l’élection présidentielle, tunnel. Adepte des nouvelles technologies et par l’harmonisation des législations sur le droit gnants. Le ministre des finances, Lau- qui n’apprécie rien tant qu’être « là où on ne l’at- familier des discours sécuritaires, le député d’Ille- d’asile, mais aussi une réponse de fond concer- les ravageurs rent Fabius, souhaitait une augmen- tend pas », avait tenu à se rendre compte de visu et-Vilaine a certes mesuré les efforts accomplis nant, cette fois, la question kurde, la liberté en Les populations d’insectes xylophages tation plus modérée des effectifs. de ce que la presse a déjà relaté. pour renforcer la protection du site : contrôle de Afghanistan et le développement en Afrique, augmentent de façon inquiétante. Alors que la réduction du temps de Il a longé les barbelés d’un site désormais CO dans les camions pour y débusquer toute afin de traiter « le mal à la racine ». Cet horizon 2 Après avoir colonisé les arbres abattus travail doit théoriquement entrer en transformé en camp retranché ; rencontré des présence humaine, caméras infrarouges, barbe- est lointain, et M. Madelin, après s’être indigné vigueur le 1er janvier 2002 pour l’en- petits groupes de réfugiés afghans, irakiens ou lés « concertina » – un fil de fer armé de petites que ces questions n’aient pas même été par les tempêtes de 1999, elles mena- semble des fonctionnaires (Etat, col- somaliens, avec lesquels il a parfois échangé lames de rasoir. Mais il a surtout, semble-t-il, été « posées », en revient à l’absurdité de la situa- cent les plantations de résineux des lectivités locales, hôpitaux), un seul quelques mots en anglais. Stupéfaction pour marqué par « l’extraordinaire détermination » tion : « On parque les gens, on les arrête par forêts landaise et vosgienne. La lutte accord – au ministère de la défense – l’un, routine pour les autres qui, après avoir été des clandestins. paquets de douze mais, au fond, on souhaite qu’ils préventive contre ces ennemis voraces a été signé entre les syndicats et interpellés dans leur énième tentative, atten- Comme il fait « aussi un peu de politique », réussissent, car c’est la seule solution pour qu’ils et prolifiques est difficile. Une solution l’Etat-patron. dent paisiblement d’être une nouvelle fois rame- M. Madelin n’a pas manqué de dénoncer une débarrassent le plancher. » nés auprès du millier d’autres réfugiés du centre « démission totale de l’Etat », qui mène une possible : diversifier les peuplements Lire page 5 d’accueil de la Croix-Rouge de Sangatte, créé « politique de l’autruche » en se « défaussant » Jean-Baptiste de Montvalon forestiers. p. 19 La fureur des POINT DE VUE années 1970 Est-il interdit de critiquer Israël ? par Pascal Boniface N m’exprimant sur le nel. Je ne suis ni juif ni arabe ou réaliste, qu’aucune paix durable ne façon ou d’une autre, mon interven- conflit israélo-palestinien musulman. Je ne suis pas non plus peut être établie sur la négation des tion allait susciter approbations (Le Monde du 4 août), je spécialiste de la région. Je pense tout droits d’un peuple. J’estime que le chez les uns (et notamment de nom- Esavais que je défiais les lois simplement, d’un point de vue droit légitime d’Israël à la sécurité breux juifs français), critiques chez de la prudence, qui conseillent d’évi- moral, que les principes universels n’est pas incompatible avec celui des les autres, et aussi insultes, promes- ter, si l’on n’y a pas un intérêt person- ne doivent pas être appliqués de Palestiniens à l’autodétermination. ses de rétorsions professionnelles nel, de traiter un sujet aussi passion- façon sélective et, d’un point de vue Je me doutais bien que, d’une et menaces anonymes sur ma per- sonne. Je n’ai pas été déçu sur ce dernier point. CHRISTOPHE PROFIT Je pouvais m’attendre, pour la partie du texte qui critiquait le gou- ENQUÊTE vernement actuel d’Israël, à ne pas MARVIN GAYE recevoir l’approbation de ses repré- sentants. Je ne m’attendais pas à ce La folie CHEF-D’ŒUVRE de la soul music, que l’actuel ambassadeur d’Israël l’album What’s Going On de Marvin en France, Elie Barnavi, intellectuel du K2 Gaye est réédité trente ans après réputé et qui a joué un rôle incon- sous la forme d’un luxueux double testable dans la recherche de la 5. Une course CD augmenté de mixages inédits. Un paix, écrive (Le Monde du 8 août) concentré de toute la détresse du non pas une réponse à mon point idéale musicien face à la révolte des ghettos de vue, mais une réaction d’une « Des instants d’un rare bonheur » : noirs et au bourbier vietnamien. virulence qui a étonné jusqu’à ceux ainsi Pierre Béghin, le plus grand des qui ne partagent pas mon analyse, himalayistes français, décrit-il ce soir Lire page 21 allant jusqu’à instruire contre moi un procès d’antisémitisme et de hai- du 15 août 1991 où, au terme d’une Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, escalade parfaite, il atteint le sommet 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; Côte d'Ivoi- ne anti-israélienne. re, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 250 PTA ; du K2 avec son compatriote Christo- Gabon, 900 F CFA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, Lire la suite et le point de vue phe Profit. p. 12 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3,30 FL ; Portugal de Michèle Manceaux page 13, CON., 300 PTE ; Réunion, 10 F ; Sénégal, 900 F CFA ; et nos informations page 4 Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; Tunisie, 1,4 Din ; USA International...... 2 Entreprises...... 14 (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. France...... 5 Tableau de bord ...... 15 Société...... 7 Aujourd’hui ...... 18 E est directeur M 0147 - 831 - 7,50 F - 1,14 Pascal Boniface Carnet...... 9 Météorologie-Jeux...... 20 de l’Institut de relations internationa- Abonnements ...... 9 Culture ...... 21 les et stratégiques (IRIS). Régions ...... 10 Guide culturel ...... 22 Horizons ...... 12 Radio-Télévision ...... 23 3:HJKLOH=UU\ZUV:?k@s@d@b@a; f www.lemonde.fr/israel-palestiniens 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001

NATIONS UNIES La troisième lieu à des affrontements sur le conflit (ONG), qui se tient depuis mardi à travaux, parmi lesquels le président te, chercheur au CNRS, revient sur les Conférence mondiale des Nations du Proche-Orient et la polémique sur Durban, a déjà mis en évidence au de l’Autorité palestinienne, Yasser siècles d’esclavagisme et explique unies contre le racisme, qui s’ouvre les réparations pour les victimes de cours de ses débats les tensions Arafat, le Cubain Fidel Castro et l’Al- notamment que les sociétés africai- vendredi 31 août à Durban, en Afri- l’esclavagisme. b UN FORUM d’orga- autour de la réunion. b TREIZE CHEFS gérien Abdelaziz Bouteflika. b DANS nes ont occulté leurs propres formes que du Sud, va sans doute donner nisations non gouvernementales D’ÉTAT seulement participeront aux UN ENTRETIEN au Monde, Roger Bot- internes d’esclavage. Nombreux conflits en vue à la Conférence mondiale contre le racisme Guerre au Proche-Orient, demandes de dédommagement pour des siècles d’esclavage et de colonialisme : la grande réunion organisée par l’ONU à Durban risque bien d’être le théâtre d’un nouvel affrontement Nord-Sud. Les pays riches ne seront pas représentés au plus haut niveau

GENÈVE tiens des Moluques, Tibétains, répandu à travers le monde. Enco- sant, dévoilant du coup la jours les mêmes, continuent d’hy- Mme Robinson, le point le plus de notre correspondant Ouïghours et Mongols dans le car- re faut-il éviter la dangereuse con- complexité des intérêts divergents, pothéquer l’issue de la réunion : conflictuel demeure la controverse Le Sommet de la jeunesse can chinois. fusion qui consiste à utiliser cette soudain mis en lumière. Dans le l’esclavage et le Proche-Orient. autour du Proche-Orient, Israël contre le racisme s’est achevé, lun- Dans l’ambiance d’ordinaire infamante étiquette en l’appli- même temps, les implications à Sur la première question, des étant le seul pays nommément mis di, sans déclaration finale, faute diplomatiquement feutrée des quant sans discernement à toutes plus long terme obligent les res- efforts de conciliation se poursui- en accusation à travers des formu- d’avoir réussi à mettre au point un Nations unies, les responsables les injustices sociales ou aux inéga- ponsables politiques à prendre la vent pour trouver un compromis, lations outrancières aux relents texte se limitant au plus petit des droits de l’homme en viennent lités de traitement dues à des con- mesure pratique d’engagements les pays occidentaux acceptant de antisémites. dénominateur commun. Des mani- à se demander si les honorables ditions historiques spécifiques. éventuels, sans plus recourir à la présenter des « regrets » et d’ac- La violence des propos entendus festants ont même poussé représentants des pays membres Les laborieux travaux prépara- facilité démagogique : à l’heure de corder une aide accrue au dévelop- dans les commissions de travail l’audace jusqu’à interrompre le dis- n’ont pas joué, à l’assemblée géné- toires de la conférence l’ont la communication tous azimuts, il pement de l’Afrique. Malgré les avant la rencontre a fait dire à plu- cours de clôture de Mary Robin- rale, les apprentis sorciers. Le pari démontré, presque chacun a sa devient malaisé de faire illusion affirmations apaisantes de sieurs commentateurs qu’il serait son, qui n’en a pas moins exhorté par le seul artifice des mots. souhaitable de ne pas oublier que son jeune auditoire à combattre La difficulté évidente à dépas- Durban a vu naître et se définir la « le racisme et la haine sans s’abais- Arafat, Castro, Kabila, Bouteflika… sionner les discussions se manifes- La fameuse résolution vision non violente du mahatma ser à l’emploi d’un langage racis- te sur à peu près tous les sujets : Gandhi. C’est de ce symbole, joint te ». Sans l’avoir explicitement sou- Le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, figure par- les ONG en témoignent, qui se de 1975 si contestée… à celui de la victoire de l’Afrique haité, le haut-commissaire des mi les participants à la Conférence mondiale contre le racisme, ainsi sont saisies de thèmes parmi les du Sud sur l’apartheid, que voulait Nations unies aux droits de l’hom- que treize chefs d’Etat, a indiqué, mercredi 28 août, un porte-parole plus brûlants provoquant les réser- L’ONU avait voté en 1975 une se réclamer la « Conférence contre me a ainsi résumé à la fois l’am- du ministère sud-africain des affaires étrangères. Les chefs d’Etat qui ves des gouvernements, pour des résolution assimilant le sionisme le racisme, la discrimination racia- pleur et l’ambiguïté des enjeux de doivent faire le déplacement sont : Fidel Castro (Cuba), Joseph Kabila raisons d’ailleurs aussi diverses au racisme, dont la teneur a refait le, la xénophobie et l’intolérance y la conférence qui s’ouvre vendredi (République démocratique du Congo), Denis Sassou-Nguesso (Répu- que précises. Les Etats-Unis et les surface lors des travaux prépara- afférente ». Mais à trop vouloir 31 août à Durban, dans le sillage blique du Congo), Joso Krizanovic (Bosnie-Herzégovine), Olusegun anciennes puissances coloniales toires de la conférence de Dur- embrasser, le projet de déclaration du Forum des organisations non Obasanjo (Nigeria), Abdoulaye Wade (Sénégal), Yoweri Museveni européennes ne souhaitent pas ban. En 1974, l’Assemblée généra- et celui du programme d’action gouvernementales (ONG) qui en (Ouganda), Frederick Chiluba (Zambie), Abdelaziz Bouteflika (Algé- revenir sur un passé dont les plaies le avait notamment invité l’Orga- ont fini par ressembler à des four- aura été le prélude. rie), Pedro Pires (Cap-Vert), Vaira Vike-Freiberga (Lettonie), Paul sont loin d’être cicatrisées. nisation de libération de la Pales- re-tout où ceux qui parlent le plus En dépit des assurances que mul- Kagamé (Rwanda) et Gnassingbé Eyadéma (Togo). tine (OLP) à participer à ses tra- fort imposent leur vision. D’où les tiplient organisateurs et responsa- La présence de Yasser Arafat donne une indication sur la place que SYMBOLE DE LA NON-VIOLENCE vaux avec le statut d’observateur. frustrations et les récriminations bles, nombre d’observateurs s’ac- risque de prendre la question israélo-palestinienne à Durban. Les Envisager des dédommage- Elle avait réaffirmé les droits ina- de ceux, et ils sont nombreux, qui cordent à dire que la conférence Palestiniens et certains participants arabes souhaitaient voir le sionis- ments pour des époques considé- liénables du peuple palestinien à s’estiment du coup victimes d’ex- de Durban est mal partie, dans me assimilé à du racisme ou, à défaut, ils désirent une condamnation rées aujourd’hui comme peu glo- l’indépendance nationale et au clusion. une atmosphère de tensions à pei- des pratiques des autorités israéliennes en Israël et dans les territoi- rieuses n’entre guère dans leur droit au retour. Ces droits ont Mary Robinson, qui est aussi ne contenues laissant mal augurer res palestiniens. – (AFP.) approche. L’Inde, pour sa part, fait depuis été réaffirmés chaque secrétaire générale de cette confé- des débats. Au Palais des nations à valoir, à tort ou à raison selon les année. La résolution énonçait rence, semble consciente des obs- Genève, en l’absence d’une ébau- critères historiques de chacun, que que « le sionisme est une forme de tacles de taille restant à surmonter che de consensus avant le début est d’autant plus risqué que les propre définition du terme, et les les castes ne sont pas une question racisme et de discrimination racia- pour éviter le fiasco. Au cœur de de la rencontre, d’aucuns n’hési- deux précédentes conférences de souffrances de tous s’expriment de racisme. Et d’ajouter qu’elle le ». Elle avait été adoptée par contradictions exacerbées, elle ne tent pas à parler déjà d’occasion l’ONU contre le racisme, en 1978 en s’y agrippant comme à une n’est pas la seule, et de loin, à pâtir 72 voix contre 35, avec 32 absten- peut se permettre d’oublier qu’elle gâchée et de confusion. D’autres et 1983, avaient déjà montré leurs bouée de sauvetage qu’il n’est pas. des séquelles d’un système plus tions, reflétant les divisions de veut faire entendre la voix des victi- se plaignent que les travaux prépa- limites, capotant sur la question Si le souci de ne froisser personne étendu qu’on ne l’admet d’ordinai- l’époque de la guerre froide. mes, et que les victimes, toutes les ratoires ont été littéralement de l’assimilation du sionisme au est patent afin d’assurer la partici- re même s’il n’est pas partout aus- En octobre 1991, les négocia- victimes, ont droit au même res- « pris en otages » par le problème racisme, et donc boycottées par pation la plus large possible au si visible. Les travaux préparatoi- tions de paix israélo-palestinien- pect et surtout à être entendues, et du Proche-Orient, sans tenir comp- les Etats-Unis. niveau politique le plus élevé, il res n’ayant pas vidé les querelles, nes reprirent lors d’une conféren- que le pays ou le régime qui com- te, par exemple, des autochtones Un constat s’impose toutefois n’en reste pas moins que, passé les ONG entendent prendre le ce historique à Madrid. Deux met ces iniquités soit appelé à en des Amériques, de l’esclavage au d’emblée après l’ouverture de l’engouement initial, le retrait sur relais et en discuter largement, mois plus tard, le 16 décembre, répondre, sans distinction de cou- Soudan, ou de tous les oubliés cette boîte de Pandore : s’il n’est la pointe des pieds de bon nombre sans préjuger de ce qu’il en sera à l’Assemblée générale adoptait leur politique ou de peau. d’Asie – femmes d’Afghanistan, pas le mieux distribué, le racisme de personnalités indique à sa la conférence elle-même. une résolution d’une phrase, montagnards du Vietnam, chré- est probablement le fléau le plus manière combien le terrain est glis- Deux pommes de discorde, tou- révoquant le texte de 1975. Jean-Claude Buhrer Hubert Védrine : Roger Botte, anthropologue, chercheur au CNRS sur l’esclavage « Se concentrer sur ce qui est utile aujourd’hui. « Pouvoirs et élites africains ont été les partenaires actifs de la traite » ANTHROPOLOGUE, chercheur XVIIe siècle, avant de s’achever offi- approche économique et institu- 1978, du mouvement El-Hor – qui tre / esclave, malgré l’abrogation Etre constructif » au Centre d’études africaines ciellement en 1807, mais qui conti- tionnelle à une autre qui abordait veut dire “homme libre” – et à l’ul- juridique de l’esclavage ? (CNRS-EHESS), Roger Botte, nue en fait, illégalement, bien l’esclavage d’un point de vue time abolition, en 1981, de l’escla- – Il faut bien distinguer traite et Dans un entretien accordé au 62 ans, a d’abord travaillé sur les après. moral, dans la tradition des théolo- vage en Mauritanie. esclavage. L’abolition de la traite Figaro du jeudi 30 août, le minis- systèmes étatiques précoloniaux » C’est de cette seule traite tran- giens et des . L’esclave – Ailleurs, l’abolition de l’escla- transatlantique en 1807 par les tre français des affaires étrangè- au Burundi et en Mauritanie. A par- satlantique dont il est question. révolté, dont Spartacus est le vage a été présentée, rétrospecti- Anglais, puis par d’autres nations, res, Hubert Védrine, commente tir de 1984, il étudie l’ancien Etat Or, les deux autres ont été plus pré- modèle, a pu illustrer la fameuse vement, comme une concession ne marque pas la fin de l’esclavage. les polémiques sur les demandes négrier du Fuuta Jaloo, en Guinée. coces, plus durables et leur ponc- proposition sur la lutte des classes. de l’Occident à une pression éman- Pour la France, l’abolition date de de dédommagement pour l’escla- Lors d’une enquête sur les chan- tion démographique – entre dou- Quant au nègre marron, voyez cipatrice émanant de l’Afrique. 1794, puis de 1848, après le rétablis- vage qui seront évoquées à la teurs, musiciens et acrobates de ze et quinze millions de person- Hugo et son admirable Bug-Jargal. N’est-pas plutôt le contraire ? sement de l’esclavage par Bonapar- Conférence mondiale contre le cette région, pour la plupart d’ori- nes – probablement équivalente. Désormais, le nègre marron offre – En Afrique, la France interdit te. Pour l’Afrique, on a vu les ater- racisme, à Durban. « Il serait tout gine servile, il s’oriente vers l’étu- Dans tous les cas, pouvoirs et éli- une autre représentation de l’his- la traite négrière interne en 1902, moiements coloniaux puis les déné- à fait navrant, explique-t-il, que de de l’esclavage interne à l’Afri- tes africains en ont été les partenai- toire de l’esclavage : il manifeste la puis l’esclavage en 1905. Dans les gations de l’ère des indépendances. tous ceux dans le monde qui sont que. A la tête d’une équipe interna- res actifs. En outre, au XIXe siècle, réappropriation de soi. faits, il faut attendre les lois de » En Afrique, la grande différen- d’accord pour combattre le racisme tionale, majoritairement compo- les djihads [guerres saintes] ouest- – La démocratisation en Afri- 1946 sur l’abolition du travail forcé ce avec Rome, où la macule servile se laissent diviser par des sée de chercheurs africains, il a africains ont alimenté une traite que, depuis la chute du mur de et la citoyenneté pour voir l’escla- disparaît au plus tard dès la deuxiè- controverses historiques ou finan- coordonné l’édition du Journal des interne considérable. me génération, tient sans doute au cières. C’est tout à fait contraire à africanistes,paru en avril 2001 sous – L’historiographie de l’escla- fait que le stigmate y est fondé sur ce que nous attendons de cette le titre « L’ombre portée de l’escla- vage est jalonnée de tabous et « Jusqu’en 1946, le colonisateur a appliqué un préjugé biologique : l’individu conférence : se concentrer sur ce vage : avatars contemporains de d’interdits. Comment faut-il s’ex- reçoit de ses ascendants les carac- qui est utile aujourd’hui. Nous l’oppression sociale ». pliquer l’occultation du phéno- avec parcimonie les mesures [d’interdiction tères qui le discriminent et qu’il appelons les participants à être « Des Etats africains réclament mène, en Afrique et dans les transmet à son tour à ses descen- constructifs. » Quant aux pays à l’Occident des “réparations” pays occidentaux ? de la traite et de l’esclavage], dants. D’où, pour ceux-ci, la diffi- arabes qui veulent établir un pour la traite négrière qu’ils – L’occultation de l’esclavage culté indéfiniment renouvelée de parallèle entre le sionisme et le réduisent à la traite transatlanti- interne aux sociétés africaines est essentiellement pour ménager des pouvoirs se faire reconnaître comme person- racisme lors des travaux de la que. Pour justifiée que puisse largement partagée. Je vois deux ne à part entière. conférence de l’ONU, le chef de la être cette revendication, ne se raisons aux connivences qui oblitè- coutumiers pour lesquels l’idée – Finalement, l’esclavage est diplomatie française critique fonde-t-elle pas sur une simplifi- rent le sujet : d’une part, l’abolition un phénomène très moderne. leurs positions. « Nous ne pou- cation du passé ? de l’esclavage est historiquement le d’émancipation était probablement Quels sont les avatars actuels vons pas, estime-t-il, accepter une – En effet, comment évaluer le fait des pouvoirs coloniaux, et les qui existent, en Afrique et en telle assimilation. Compte tenu du préjudice causé par le commerce Africains n’en sont nullement les incompréhensible » Occident ? contexte, le Proche-Orient est un d’êtres humains et dire qui doit acteurs ; d’autre part, avec l’opposi- – En Afrique, outre les formes sujet qui ne peut être évité. Mais on payer – et à qui ? Trois grandes tion colonisé/colonisateur s’est éta- canoniques de l’esclavage, le travail doit l’aborder autrement. » traites ont affecté l’Afrique : deux blie une analogie entre inégalité de Berlin, ouvre-t-elle de nouvelles vage véritablement aboli. Jusque- des enfants est omniprésent et obéit Hubert Védrine ne se rendra traites pratiquées par les Arabes l’esclavage et sujétion politique. perspectives à des segments de là, le colonisateur a appliqué avec rarement à une logique salariale. pas en Afrique du Sud. la France jusqu’au XXe siècle, l’une transsa- Dans des contextes marqués par population auparavant exclus parcimonie les mesures édictées, Une nouvelle traite s’est également sera représentée à la conférence harienne, l’autre orientale ; puis, les luttes pour la décolonisation du jeu politique parce que consi- essentiellement pour ménager des développée qui conduit des milliers des Nations unies par le ministre une traite transatlantique qui est puis par l’idéologie tiers-mondiste, dérés comme étant d’“origine pouvoirs coutumiers pour lesquels d’enfants de pays pourvoyeurs vers délégué à la coopération et à la le fait des Européens à partir de la vision de la domination coloniale servile” ? l’idée d’émancipation était proba- des pays “employeurs” comme la francophonie, Charles Josselin. 1444 et qui s’amplifie au milieu du comme métaphore de l’esclavage – Depuis les années 1990, nom- blement incompréhensible : son Côte d’Ivoire, le Nigeria ou le Came- excluait toute tentative d’étudier bre de groupes d’origine servile universalité, proclamée par les roun. l’esclavage réel. Aujourd’hui, en tentent d’imposer, notamment en nations européennes, échappe à » En France, à côté de l’esclava- parler contredit une certaine image Afrique de l’Ouest, un débat assez des sociétés où la question de la ge des femmes de l’Est obligées de de la modernité africaine incompa- subversif : comment des Etats à licéité de l’esclavage n’est même se prostituer, on trouve, de maniè- tible avec l’opprobre associé à l’es- prétention démocratique peuvent- pas posée. D’ailleurs, mesures re plus souterraine, plusieurs mil- clavagisme. Enfin, comment légiti- ils concilier l’exigence fondamenta- d’abolition et conquête concomi- liers de personnes en situation mer la demande d’une indemnisa- le de la citoyenneté et la persistan- tantes se conjuguent pour nourrir, d’esclavage domestique. Des fillet- tion compensatoire et expiatoire, si ce de systèmes d’inégalité, de presque partout, la résistance : la tes venues du Sud et contraintes l’on reconnaît l’existence chez soi représentations stéréotypées qui dénégation par les pouvoirs afri- au travail qui subissent violences de pratiques serviles ? alimentent un racisme ordinaire à cains du bien-fondé de l’abolition psychologiques et violences physi- – Le marxisme avait érigé le l’égard de l’ancien esclave ou de facilite leur mobilisation contre le ques. On les trouve dans tous les “nègre marron” en une figure ses descendants ? Lors du conflit colonialisme. milieux : diplomates, familles emblématique du révolté bri- opposant la Mauritanie au Front – L’abolition de la traite négriè- immigrées, bourgeois bon chic sant ses chaînes. La fin de la Polisario, l’enrôlement massif re transatlantique, en 1807, n’a bon genre. » guerre froide a-t-elle modifié la dans l’armée mauritanienne d’af- donc pas marqué la fin de l’escla- perception de l’esclavage ? franchis, leur prise de conscience, vage. D’où vient la pertinence Propos recueillis par – Le marxisme a substitué une ont contribué à la formation, en sociale de la relation maî- Stephen Smith INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / 3 En Inde, les « intouchables » ont survécu à un dispositif légal quasi complet NEW DELHI les journaliers. » Le dispositif de lois Rights Watch. Cette organisation de notre correspondante est quasiment complet, mais la plu- non gouvernementale a publié, en en Asie du Sud part ne sont jamais appliquées et, 1999, un remarquable rapport – « Basé à Delhi, un Dhiman brah- très souvent, la police refuse même « Peuple brisé » – sur la violence mane cherche alliance pour son d’enregistrer la plainte d’un dalit contre les intouchables indiens. La fils » ; « Cherche un Gautam ksha- contre un membre d’une caste majorité d’entre eux occupent le triya au teint clair » ; « Union avec supérieure. « Notre système social bas de l’échelle, dans l’ordre social un élégant garçon jat »… Toutes les de valeurs est si fort qu’il surpasse la et économique. Ce n’est pas la pré- castes, y compris les « intoucha- loi », affirme M. Rawat, un activiste sence à la tête de l’Inde d’un dalit bles », qu’on appelle en Inde dalit dalit des droits de l’homme. «De en la personne du président Koche- (défavorisé) et qui sont classés plus, ce système est lié à la religion, ril Raman Narayanan qui y change comme « castes répertoriées » ce qui rend plus difficile son attaque quelque chose. (scheduled castes), ont leur colon- aux yeux de certains. » La volonté politique manque à ne dans les annonces matrimonia- Le gouvernement admet que les tous les échelons pour en finir les du dimanche. La caste reste en lois ne suffisent pas. Un officiel, avec un déni de justice historique, Inde l’appartenance première et qui réclame l’anonymat, affirme : sur lequel jouent aujourd’hui les l’abolition de l’intouchabilité, en « L’éducation et l’éradication de la partis politiques. Depuis l’indépen- 1950, par la première Constitution pauvreté sont les deux armes qui dance, la caste s’est, en un sens, de l’Inde indépendante, n’a pas raffermie. Alors que la Constitu- changé grand-chose dans les faits. tion ne prévoyait des quotas dans Chaque jour, la presse se fait La Barbade a bien l’accès à l’éducation et aux Associations et syndicats sud-africains témoin de discriminations à emplois administratifs qu’aux cas- l’égard des dalit ou rapporte les cri- tenté, lors d’une tes et tribus répertoriées, ceux-ci mes variés commis, en toute impu- se sont multipliés en faveur de nou- nité la plupart du temps, au nom réunion préparatoire, velles catégories, comme les Other critiquent la tiédeur du président Mbeki de la caste. Le plus récent est la Backward Castes (OBC, des castes pendaison publique dans un villa- d’introduire supérieures aux intouchables, mais JOHANNESBURG été assez rudes. L’intervention de tus, qui a accusé le chef de l’Etat ge, à moins de deux heures de Del- défavorisées). A quelques mois des de notre correspondante M. Mbeki n’a pas été plus qu’un d’« hypocrisie » quand il assure que hi, de deux jeunes de quinze et dix- un paragraphe élections en Uttar Pradesh, l’Etat le Pour le président sud-africain, « bon travail de relations publi- son gouvernement travaille à instau- sept ans qui avaient eu le malheur plus peuplé de l’Inde (160 millions Thabo Mbeki, et son gouverne- ques », notait Oupa Luhulere, un rer « la prospérité pour tous ». de s’aimer alors qu’ils n’étaient pas sur les castes, mais d’habitants) et avec le plus grand ment, la Conférence mondiale con- des participants, qui, comme beau- Le gouvernement devra aussi fai- de la même caste. Un crime impar- nombre d’intouchables (30 mil- tre le racisme devait être l’occasion coup, a regretté que le chef de re face aux tensions qui sont appa- donnable pour les gens du village, elle l’a vite retiré après lions) et d’OBC, le ministre en chef de marquer des points dans l’opi- l’Etat ne s’exprime pas sur les rues depuis quelque temps entre qui ont fait justice eux-mêmes. veut encore – dans un but électo- nion publique nationale. Le thème sujets à controverse comme le pro- les musulmans d’Afrique du Sud et A l’approche de la Conférence intervention de Delhi ra l – instaurer une nouvelle catégo- paraissait fédérateur et la mobilisa- blème israélo-palestinien, les cas- la communauté juive, très impor- mondiale contre le racisme de Dur- rie de castes, les Most Backward tion promettait d’être importante. tes en Inde ou « les Africains qui, tante dans le pays. Plusieurs centai- ban, les organisations non gouver- Castes (MBC, les castes les plus Mais loin d’en tirer des bénéfices, chaque jour, sont victimes de violen- nes de musulmans sont attendus à nementales qui demandent depuis peuvent aider dans cette lutte. » défavorisées). le pouvoir sud-africain n’a reçu ces dans les rues d’Afrique du Sud », Durban où ils prévoient de protes- plusieurs mois l’inscription du pro- Toutes deux relèvent du gouverne- « Cinq mille ans de réformes pour le moment que volées de criti- faisant allusion aux mauvais traite- ter contre la politique israélienne. blème des castes à l’ordre du jour ment. Or l’éducation primaire obli- sociales, cinquante ans d’une Consti- ques et pressions de la rue. ments et à la xénophobie dont sont Un certain nombre militent tou- ne désespèrent pas de voir l’affaire gatoire n’est toujours pas un droit tution démocratique n’ont pas réso- La première déconvenue a été l’or- victimes les émigrés africains. jours pour que le sionisme soit qua- débattue malgré l’opposition du fondamental reconnu par la Cons- lu le problème, pensez-vous que ganisation à la veille de l’ouverture M. Mbeki a également été criti- lifié par l’ONU de doctrine raciste. gouvernement. « La caste est histo- titution ; le taux d’enfants dalit deux paragraphes dans une déclara- de la conférence de deux jours de qué par un membre de la commis- Cette mention qui avait été por- riquement une partie de l’Inde. quittant l’école à la fin du primaire tion de 88 pages le résoudront ? », grève générale à l’appel de la puis- sion Vérité et Réconciliation (TRC), tée dans les premiers documents C’est un problème que le gouverne- était de 77,65 % en 1991 (dernier interroge un officiel indien pour sante fédération syndicale, Cosatu Yasmin Sooka, qui a reproché au préparatoires de la conférence a ment reconnaît et de nombreuses chiffre officiel). En outre, selon la justifier l’attitude du gouverne- (Congress of South African Trade lois et mesures ont été adoptées Commission nationale des castes ment à Durban. Certes non. Du Unions), pour protester contre la pour y remédier. Nous ne croyons répertoriées, la plupart des dalit moins les organisations dalit espè- politique économique du gouverne- Un fonds pour financer l’« Initiative africaine » ? pas nécessaire de détourner l’agen- victimes de violences ou d’abus rent-elles, en tentant d’internatio- ment et en particulier les privatisa- da de la conférence de son but prin- sont des paysans sans terre. naliser le problème, pousser le gou- tions. La Cosatu, comme le Parti Le gouvernement sud-africain est soutenu par les membres de l’al- cipal, qui est la lutte contre le racis- « La caste est un instrument d’ex- vernement à agir plus efficace- communiste sud-africain, fait partie liance au pouvoir, dont le Congrès sud-africain des syndicats (Cosa- me », affirme Omar Abdullah, ploitation économique », confiait ment pour simplement faire appli- de l’alliance tripartite au pouvoir tu), sur sa position concernant l’esclavage et les réparations que cer- secrétaire d’Etat aux affaires étran- en 1998, R. Balakrishnan, prési- quer la loi. depuis 1994. Ce mouvement de pro- tains pays africains veulent exiger des pays européens et des Etats- gères, qui conduira la délégation dent régional de la commission testation est considéré comme la cri- Unis. Pretoria plaide pour la constitution d’un fonds qui permettrait indienne à Durban. pour le Tamil Nadu à Human Françoise Chipaux se la plus visible et la plus grave qu’ de financer l’« Initiative africaine », compilation du MAP sud-afri- Le gouvernement n’a pas trop à ait jamais connue cette alliance. cain, le programme du millénaire pour l’Afrique, et du plan sénéga- s’inquiéter, car, souligne Ravi lais « Oméga », présenté lors du sommet du G8 à Gênes. Cependant Nair, directeur du Centre de docu- « RELATIONS PUBLIQUES » tous les pays africains ne sont pas unis sur le principe de réparations mentation des droits de l’homme « Notre grève n’est pas un acte de ni sur la forme qu’elles pourraient prendre. en Asie du Sud, « aucune coalition sabotage de la conférence, comme le Pays hôte, l’Afrique du Sud espère toujours que la Conférence con- de gouvernements importants ne gouvernement voudrait le faire croi- tre le racisme soit un succès et qu’elle s’achève de façon plus positive pousse en faveur de l’inclusion de la re. C’est un hasard de calendrier », qu’elle n’a commencé… – (Corresp.) caste dans le débat ». La Barbade a a indiqué au Monde Zwelinzima bien tenté, lors de la deuxième réu- Vavi, le secrétaire général de la nion préparatoire, d’introduire un Cosatu. « Nous sommes pleinement gouvernement de ne pas s’occuper donné lieu à une fronde israélienne paragraphe sur le sujet, mais elle impliqués dans la conférence et nous du problème des réparations promi- et américaine. Les Etats-Unis qui l’a vite retiré après intervention de participerons le 31 août au côté des ses aux victimes de l’apartheid. Il estiment que la question israélo- Delhi. En l’absence de consensus, autorités à la marche contre le racis- s’agit, notamment, de la redistribu- palestinienne n’a pas à figurer à l’or- seuls la Hollande et le Danemark me », a-t-il poursuivi. Il n’empê- tion des terres confisquées par les dre du jour ont décidé de ne pas étaient en faveur du débat, l’Union che, le président Mbeki est furieux Blancs. A ce jour, à peine 12 000 des envoyer à Durban son plus haut diri- européenne restant dans un pru- et a accusé la Cosatu de faire le jeu quelque 4 millions de dossiers dépo- geant noir, Colin Powell. Des inci- dent attentisme. de la droite. « Quels intérêts servent- sés par les plaignants ont été traités. dents entre représentants pro-pales- Pour avoir le premier en 1996 ils ceux qui abandonnent la moralité Une manifestation des « sans-ter- tiniens et pro-israéliens ont déjà eu introduit aux Nations unies les dis- des révolutionnaires en utilisant les re » est d’ailleurs prévue à Durban lieu lors du Sommet de la jeunesse criminations dues à la caste, Ravi travailleurs comme chair à canon pendant la conférence. « Depuis contre le racisme qui s’est tenue, Nair a été traité en Inde d’« agent pour lancer une offensive visant à trois ans, depuis que la TRC a rendu dimanche et lundi, à Durban. du Pakistan, d’élément antinatio- abattre leur propre mouvement de son rapport, ceux qui ont été privés de L’opposition sud-africaine repro- nal ». Il se bat depuis vingt ans con- libération ? », a lancé le chef de leurs droits sous l’apartheid sont tou- che également au chef de l’Etat de tre toutes les discriminations. Il esti- l’Etat. jours des sans-voix et ils n’ont toujours ne pas parler de la crise au Zimba- me que l’amélioration du sort des Le président Mbeki a également rien », a ajouté Mme Sooka. bwe, où les fermiers blancs sont vic- 170 millions d’intouchables passe déçu les organisations non gouver- Pour Oupa Luhulere, « le prési- times d’une réforme agraire « accé- d’abord par des réformes économi- nementales, réunies en forum à dent Mbeki continue sa campagne lérée », qui se traduit par des saisies ques et sociales. « Si vous voulez Durban, depuis mardi 28 août, en pour faire une place au soleil au clan de terre sans compensation, dans donner la dignité aux dalit, donnez- marge de la conférence. « Déce- de l’élite noire » du pays. Même criti- la violence et entraînant une crise leur la dignité économique, dit-il,et vant », « plat », « hors sujet ». Les que de la part d’un ancien prison- économique sans précédent. pour cela, faites appliquer les lois sur commentaires qui ont suivi son dis- nier politique, combattant anti- la redistribution des terres et le salai- cours à l’ouverture de ce forum ont apartheid, le professeur Dennis Bru- Fabienne Pompey re minimum des travailleurs agrico- La communauté noire américaine divisée sur la question des réparations WASHINGTON Washington ont toujours combattu du Parti républicain refuse de sor- me que les réparations ne sont pas de notre envoyé spécial la volonté arabe et « tiers-mondis- tir de « l’attitude de dénégation des une question d’actualité aux Etats- Devant l’Association nationale te » d’assimiler sionisme et racisme, Etats-Unis au sujet de leur racisme Unis. « La question raciale est cen- des journalistes noirs, réunie pour et le courant antisémite qui existe historique ». M. Kennedy estime trale et n’a jamais cessé de l’être », son congrès annuel à Orlando, en dans la communauté noire américai- que le débat sur les réparations ne dit-il, mais l’idée d’une législation Floride, le chanteur Harry Belafon- ne ne s’est pas fait entendre en cette fait que commencer, aux Etats- comparable à celle qui a indemni- te s’indignait à l’idée que les Etats- circonstance. La question est plutôt Unis, et qu’il naît de la remise en sé les Américains d’origine japonai- Unis soient absents de la conféren- de savoir dans quelle mesure le question de l’« affirmative action », se enfermés dans des camps pen- ce de l’ONU contre le racisme. «Je refus de tout compromis avec des cette politique consistant à com- dant la seconde guerre mondiale n’entends pas la voix de Colin Powell, pays cherchant à faire de l’Etat d’Is- penser par des dispositions spécifi- lui paraît inconcevable dans l’Amé- je n’entends pas la voix de Condo- raël le principal accusé d’une confé- ques l’inégalité des chances liée à rique d’aujourd’hui. Ancien colla- leezza Rice ! », lançait-il, le 24 août, rence mondiale contre le racisme l’origine ethnique. Reconnaître les borateur du démocrate Daniel mettant en cause les deux Africains- n’est pas aussi une excuse commode conséquences de l’esclavage et s’ac- Moynihan, auquel Hillary Clinton Américains les plus en vue dans pour éviter un autre danger : devoir quitter d’une réparation permet- a succédé au Sénat, Peter Skerry, l’équipe de George Bush : le secré- répondre à ceux qui considèrent que trait de rétablir l’égalité morale estime que la question « essaie de taire d’Etat et la conseillère du prési- l’esclavage est un crime contre l’hu- dont la violation par l’esclavage se trouver une place dans le débat dent pour la sécurité nationale. Plu- manité dont les conséquences n’ont prolonge encore souterrainement national », mais constate qu’elle sieurs porte-parole des Noirs améri- donné lieu à aucune réparation. dans la société et dans les esprits. provoque « un désaccord parmi les cains ont regretté, en termes plus Tout le monde ne pense pas dirigeants noirs », ce qui empêche ou moins vifs, le fait que M. Powell UNE POSITION « ODIEUSE » comme le professeur Kennedy, ni qu’elle soit vraiment discutée. ne se rende pas à Durban et que « On peut parfaitement ne pas comme l’avocate Adloa Aiyetoro, Ce n’est pas, en tout cas, une fui- Washington n’y envoie qu’une délé- être d’accord avec l’idée de répara- fondatrice d’une association qui te devant la question de l’esclava- gation de pure forme, dont il n’est tions. Des gens pour lesquels j’ai le fait campagne pour des répara- ge qu’incriminent la plupart de même pas certain qu’elle occupera plus grand respect sont contre. Mais, tions. En dépit du succès du livre ceux qui critiquent la position amé- les sièges réservés aux Etats-Unis au moins, on en discute ! », expli- La Dette : ce que l’Amérique doit ricaine sur la conférence de Dur- dans la salle des séances. L’Améri- que Randall Kennedy. Professeur aux Noirs, de Randall Robinson, ban. Ils y voient surtout une nou- que peut-elle se tenir à l’écart d’une de droit à Harvard, M. Kennedy (éditions Dutton/Plume), et mal- velle manifestation de ce que réunion internationale consacrée à juge « odieuse » la position de gré l’intérêt qui se manifeste sur M. Skerry appelle « la tendance la lutte contre le racisme ? M. Bush, exigeant que la question certains campus universitaires, persistante de l’administration Bush La raison de la décision américai- des réparations ne soit pas posée à David Bositis, du Centre d’études à l’unilatéralisme ». ne n’est pas contestée dans son prin- Durban. Une fois encore, une large politiques et économiques, un cipe. Les gouvernements de fraction de l’Amérique blanche et « think tank » afro-américain, esti- Patrick Jarreau 4 / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 INTERNATIONAL

Le consommateur américain a empêché L’armée israélienne l’économie de sombrer dans la récession s’est retirée de Beit Jala L’investissement des entreprises connaît un recul sans précédent depuis vingt ans Le cessez-le-feu, lié à un arrêt des tirs palestiniens La croissance de l’économie américaine au 29 août, qui ne vont toutefois pas jusqu’à faire mation a empêché une croissance nulle. Or des sur la colonie juive de Gilo, met fin deuxième trimestre a été la plus faible depuis apparaître la récession redoutée : elle a été éva- signes d’affaiblissement de l’indice de confiance huit ans, selon les chiffres annoncés mercredi luée à 0,2 % en rythme annuel. Seule la consom- des consommateurs commencent à apparaître. à une incursion militaire de plus de 48 heures

NEW YORK qu’endettés, les ménages n’ont pas quand le consommateur, qui a tenu L’ARMÉE ISRAÉLIENNE s’est mée israélienne se retirerait de de notre correspondant PIB AMÉRICAIN changé leurs habitudes et ont conti- l’économie à bout de bras, va retirée, jeudi 30 août peu avant cette localité une fois le calme A force de flirter avec la réces- nué à dépenser. La consommation lâcher », résume Anthony Karyda- l’aube, de la localité de Beit Jala, revenu dans le secteur. Le feu vert sion, l’économie américaine va finir 8,3 a augmenté de 2,5 % en rythme kis, un économiste de Banc One. près de Bethléem, qu’elle occu- pour le retrait de l’armée a été par y plonger. La croissance au annuel au deuxième trimestre. Com- La dégradation de la conjoncture pait depuis plus de quarante-huit donné lors d’une réunion noctur- deuxième trimestre, évaluée dans bien de temps cela va-t-il durer ? commence à transparaître dans la heures. Cette opération a été la ne de trois heures du mini-cabinet un premier temps à 0,7 % en ryth- 5,7 Plus très longtemps à en croire plupart des secteurs de l’économie. plus longue incursion militaire israélien à laquelle participaient me annuel, a été révisée mercredi l’accès de faiblesse du moral des Les restaurateurs se plaignent. Pour opérée dans une zone autonome notamment le premier ministre, 29 août à 0,2 %, le rythme le plus fai- Américains. Le Conference Board, la première fois depuis 1991, leurs palestinienne depuis le déclenche- Ariel Sharon, et le ministre des ble depuis huit ans. Si une baisse du un institut de recherche privé new- recettes pourraient baisser en 2001. ment de l’Intifada, il y a affaires étrangères, Shimon Pérès. produit intérieur brut (PIB), redou- yorkais, a annoncé, mardi 28 août, Les ventes d’automobiles, dopées onze mois. « Nos forces ont quitté tée par les économistes, a finale- 2,3 la baisse de son indice de confiance depuis le début de l’année par des Beit Jala en échange d’un engage- ÉTAT D’ALERTE MAXIMAL 1,9 0,2 ment été évitée, le mal est profond. 1,3 1,3 des consommateurs à 114,3 en rabais de plusieurs milliers de dol- ment des Palestiniens à observer le Après la réunion, M. Sharon a Contrairement aux espoirs de la août, son plus bas niveau depuis lars par véhicule et des crédits à calme dans le secteur », a annoncé téléphoné au secrétaire d’Etat Maison Blanche et d’Alan Greens- avril. « La détérioration du marché taux zéro, commencent à fléchir. le porte-parole de l’armée dans américain Colin Powell pour l’in- pan, le président de la Réserve fédé- D M J S D M J du travail a sérieusement refroidi le L’immobilier d’entreprise donne un communiqué. former de la décision. A la suite rale américaine, sept baisses de taux 1999 2000 2001 moral des consommateurs », expli- des signes de faiblesse. Les importa- Le départ des chars et des para- de cet entretien, M. Powell a télé- er depuis le 1 janvier et 40 milliards de Source : Bloomberg que Lynn Franco, directeur du tions, tout comme les exportations, chutistes israéliens a été salué par phoné au président de l’Autorité dollars de rétrocession d’impôts Conference Board. « La poursuite sont en net recul. Seule statistique des manifestations de joie des palestinienne, Yasser Arafat, pour n’ont pas relancé la machine. La pre- détermination à soutenir l’activité. de la dégradation de la situation de réconfortante : la baisse de 38,4 mil- habitants et des combattants lui faire part du retrait israélien. mière économie du monde ne s’est « Les réductions d’impôts déjà accor- l’emploi pourrait se traduire par liards de dollars des stocks des palestiniens qui ont tiré des Le chef de la diplomatie américai- toujours pas remise de l’éclatement dées sont exactement la potion qui moins de dépenses », ajoute-t-il. entreprises au deuxième trimestre. coups de feu en l’air pour fêter ne a exprimé ensuite l’espoir de la bulle Internet et de la fin d’une convient et elles tombent à pic », Cela signifie que si la demande res- l’événement. Les unités israélien- qu’un « cessez-le-feu à Beit Jala période exceptionnelle de prospéri- a-t-il dit. Mais il n’est pas sûr que CHÔMAGE EN HAUSSE te ferme, la production devrait finir nes postées à l’entrée de Beit Jala permette une relance du processus té alimentée notamment par les les chèques de 600 dollars envoyés Le chômage reste à un niveau fai- par redémarrer. restent cependant prêtes à inves- de paix ». records de Wall Street. aux familles américaines soient suf- ble aux Etats-Unis en comparaison Mais Wall Street ne semble pas tir à nouveau la localité en cas de En outre, les forces israéliennes Après être passée soudainement, fisants pour relancer la croissance. des standards européens. Néan- trop y croire et a encore perdu du ter- reprises des tirs palestiniens se sont déployées le long de la l’an dernier, d’une croissance pro- Le moteur de la fin des années moins, le ralentissement a porté en rain mercredi 29 août. L’indice Dow contre le quartier de colonisation frontière libanaise, qui a été pla- che de la surchauffe de plus de 5 % 1990, l’investissement des entrepri- douze mois le taux de chômage de Jones a cédé 1,3 %. Il a abandonné juif de Gilo qui a été touché à plu- cée jeudi en état d’alerte maxi- à un rythme de 1 % (1,2 % exacte- ses, est en chute libre. Il a baissé de 3,9 % à 4,5 % de la population acti- 15 % lors des douze derniers mois. sieurs reprises par des obus de mal, de crainte d’une attaque à ment sur les douze derniers mois), 14,6 % du début avril à la fin juin, un ve et la multiplication des annonces Les analystes sont nombreux à parier mortier palestiniens. « Nos forces grande échelle du mouvement l’économie des Etats-Unis continue recul sans précédent depuis vingt de licenciements par les entreprises aujourd’hui sur une huitième baisse sont déployées tout près de Beit chiite libanais Hezbollah. Le ris- à s’affaiblir. « La reprise est lente à ans. Illustration des malheurs de la ne peut que le faire monter. De cette année du loyer de l’argent par Jala et elles pourraient intervenir que d’une attaque du Hezbollah venir », a reconnu, mercredi, Geor- nouvelle économie, l’achat d’ordina- nombreux économistes s’attendent la Réserve fédérale à l’issue de la pro- de façon différente si les tirs repren- est considéré comme possible en ge Bush, qualifiant le ralentisse- teurs et de logiciels par les entrepri- à voir ce taux atteindre ou dépasser chaine réunion, le 2 octobre, de son nent », a averti, à la télévision, le riposte à l’assassinat, lundi, par ment de « mauvaise nouvelle », ses a diminué dans le même temps les 5 % l’année prochaine. Selon le conseil. Mais l’arme monétaire ne secrétaire général du gouverne- Israël, d’Abou Ali Moustapha, le devant plusieurs milliers d’anciens de 15,1 %. Le pays a échappé à une département du travail, le nombre semble pas très efficace. ment, Gideon Saar. secrétaire général du Front popu- combattants à San Antonio baisse de l’activité – il faut deux tri- de licenciements collectifs (au-delà Israéliens et Palestiniens laire de libération de la Palestine (Texas). M. Bush s’est aussi déclaré mestres consécutifs de contraction de cinquante suppressions de pos- Eric Leser étaient parvenus mercredi à un (FPLP). – (AFP.) « inquiet pour toutes les familles labo- pour parler de récession – grâce à la tes) a augmenté de 47 % en juin. accord de principe de cessez-le- rieuses du pays ». Il a réaffirmé sa résistance du consommateur. Bien « La question cruciale est de savoir f www.lemonde.fr/eco-americaine feu à Beit Jala stipulant que l’ar- f www.lemonde.fr/israel-palestiniens Premier attentat à la bombe à Alger depuis près de deux ans Accrocs diplomatiques TRENTE-QUATRE personnes ont été bles- le), rue Amar El-Kamma, une artère très com- rorisme des groupes armés, entre 1993 et 1995, sées, dont cinq grièvement atteintes, mercredi merçante de la basse Casbah et très fréquentée de nombreux attentats aveugles à la bombe ou à autour du cargo « Tampa » 29 août, dans l’explosion d’une bombe à la Cas- à cette heure, selon des témoins. L’explosion a la voiture piégée avaient frappé Alger. Depuis le bah, la vieille ville d’Alger, selon un bilan fourni eu lieu après qu’un passant eut marché sur un début du mois d’août, plus de 80 personnes ont GENÈVE. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) de l’ONU a de source hospitalière. Les services de sécurité paquet dans lequel la bombe était dissimulée été tuées en Algérie, et plusieurs dizaines proposé ses bons offices, mercredi 29 août à Genève, aux Etats concer- ont confirmé le nombre des victimes, précisant et qui avait été placé devant une confiserie. Plu- d’autres blessées, dans des actions attribuées par nés par le sort de près de 460 clandestins du Tampa, un cargo norvé- que douze blessés avaient pu regagner leur domi- sieurs petits vendeurs de cigarettes ou des mar- les autorités aux groupes armés islamistes, selon gien que l’Australie refuse d’accueillir. Le gouvernement norvégien a cile après avoir reçu des soins. Parmi les person- chands ambulants proches de cette boutique un décompte établi à partir de bilans de presse. saisi l’ONU, l’Organisation maritime internationale (OMI) et la Croix- nes grièvement atteintes, deux ont eu les jambes ont été blessés dans l’explosion. Le Groupe islamique armé (GIA) d’Antar Rouge internationale, en déplorant l’ordre donné par le gouverne- arrachées, selon une source de l’hôpital Maillot, A Alger, longtemps épargnée d’explosions à la Zouabri et le Groupe salafiste pour la prédica- ment australien à ses commandos militaires d’arraisonner le cargo, un des grands hôpitaux d’Alger, situé à Bab bombe, le dernier attentat attribué aux islamistes tion et le combat (GSPC) d’Hassan Hattab refu- entré dans les eaux territoriales. El-Oued, dans l’ouest de la capitale, et proche de armés a visé un policier, qui a été tué par balles sent la politique de « concorde civile » du prési- A bord du Tampa, où les réfugiés ont cessé leur grève de la faim, les la Casbah. Alger n’avait pas connu d’attentat à la en décembre 2000 lors du ramadan, le mois de dent Abdelaziz Bouteflika. – (AFP.) militaires ont demandé au capitaine de regagner les eaux internationa- bombe depuis près de deux ans. jeûne sacré chez les musulmans, à Kouba, un les, ce qu’il a refusé. Ce refus a conduit le premier ministre australien, L’engin a explosé vers 11 heures (heure loca- quartier de l’est de la capitale. Au plus fort du ter- f www.lemonde.fr/algerie John Howard, à évoquer « une situation très grave ». Oslo a répliqué en prévenant Sydney que la prise du contrôle du bateau par les sol- dats australiens créerait une « situation très grave ». – (AFP, Reuters.) En Macédoine, l’OTAN estime avoir collecté un tiers des armes de l’UCK L’ex-vice-présidente de l’entité serbe Les parlementaires vont commencer à débattre de la ratification de l’accord d’Ohrid de Bosnie en liberté provisoire SKOPJE a estimé que l’opération « Mois- sive pour montrer que nous sommes dats, inquiète de moins en moins de notre envoyé spécial son essentielle », fixée à trente un pays crédible et que nous enten- les stratèges occidentaux. Ils consta- LA HAYE. Le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie a L’OTAN a sans surprise atteint, jours, ne pourra être prolongée dons les désarmer. » tent que le millier d’armes collec- décidé, mercredi 29 août, d’accorder la liberté provisoire à Biljana Plav- dès mercredi 29 août, son objectif que de « quelques jours », si besoin Après s’être inquiétée durant tées en trois jours à Kumanovo, Bro- sic, l’ancienne vice-présidente des Serbes de Bosnie et bras droit de Rado- d’obtenir spontanément plus d’un était, et que, « malheureusement, des mois de la progression militai- dec et Gostivar proviennent de tou- van Karadzic, leur chef politique, jusqu’à la tenue de son procès pour millier d’armes de la guérilla alba- un grand nombre d’armes illégales re de la rébellion, l’Alliance atlanti- tes les brigades de l’UCK, et « génocide », en janvier 2002. Mme Plavsic pourrait être un témoin-clé du naise de Macédoine, trois jours se trouvaient dans le pays avant la que est davantage préoccupée par qu’aucun commandant ne désobéit futur procès Milosevic. après le lancement de l’opération naissance de l’UCK » et que « beau- la constitution d’unités paramilitai- à son état-major. Ils notent que l’Ar- Détenue à La Haye depuis sa reddition en janvier, Mme Plavsic, 71 ans, « Moisson essentielle ». L’Armée coup resteront après la démobilisa- res par les « faucons » macédo- mée nationale albanaise (AKSH), avait, durant la guerre de Bosnie (1992-1995), affirmé la « supériorité géné- de libération nationale (UCK) avait tion » des rebelles. niens. « La prolifération des parami- une mystérieuse organisation qui tique » des Serbes sur les Musulmans slaves « dégénérés ». La décision de promis aux soldats de l’Alliance Les « faucons » du gouverne- litaires est un développement néga- avait dénoncé l’acceptation par remise en liberté de Mme Plavsic est intervenue à la veille d’une nouvelle atlantique de déposer, avant le ment, dont le premier ministre, tif qui mine nos efforts pour arrêter l’UCK de l’accord de paix, demeure comparution, la seconde, de M. Milosevic devant le TPI. – (AFP.) 31 août, 30 % des 3 300 armes cen- Ljubco Georgievski, et le ministre la violence », a critiqué M. Robert- silencieuse et ne semble pas être en sées être récoltées en un mois. mesure de troubler les opérations DÉPÊCHES « Un succès », a commenté Geor- de désarmement. a POLOGNE : le premier ministre polonais, Jerzy Buzek, a obtenu ge Robertson, le secrétaire général Le Bundestag approuve l’envoi de soldats allemands la démission de son ministre des finances, Jerzy Bauc, accusé de l’OTAN, qui a visité ce même QUESTIONS CRUCIALES d’avoir informé trop tard le gouvernement du déficit budgétaire à jour un camp militaire macédo- Par 497 voix pour, 130 contre et 8 abstentions, les députés du Bun- « Moisson essentielle » n’est tou- venir (88 milliards de zlotys, soit plus de 20 milliards de dollars). A quel- nien où un bataillon grec rassem- destag (Chambre basse du ) ont accepté que l’Allemagne tefois que la première étape d’un ques semaines des législatives – qui devraient se traduire par une défai- ble les armes à détruire. « Ceux qui envoie 500 militaires participer, au sein de la force de l’OTAN en processus de paix qui paraît encore te du parti du premier ministre et le retour au pouvoir des sociaux- ont promis de désarmer sont en Macédoine, à la collecte des armes de l’UCK. La moitié du contingent fort mal engagé. Les questions cru- démocrates (postcommunistes) –, l’éviction de M. Bauc vient après les train de désarmer », a-t-il noté, viendra directement d’outre-Rhin et l’autre du Kosovo, où un contin- ciales restent le retour des réfugiés limogeages du ministre de la justice, du vice-ministre de la défense, et appelant les parlementaires macé- gent allemand est stationné à Prizren depuis l’été 1999. dans leurs villages et l’amnistie des la démission du ministre de la culture. M. Bauc sera remplacé par Hali- doniens, qui doivent commencer, En dépit de cette large majorité, le chancelier Gerhard Schröder, combattants rebelles n’ayant pas na Wasilewska-Trenkner, vice-ministre et spécialiste du budget. vendredi, un débat sur la ratifica- qui s’est beaucoup impliqué, au nom de la « raison d’Etat », dans l’en- perpétré de « crimes de guerre ». a MAROC : l’ex-agent secret Ahmed Boukhari, soixante-trois ans, tion de l’accord d’Ohrid du voi de la Bundeswehr en Macédoine, n’a pas réussi à mobiliser derriè- Or nul n’imagine des civils accep- a cessé sa grève de la faim, mercredi 29 août, au lendemain de sa 13 août, à tenir compte de ces re lui la quasi-totalité de son propre camp. On note quelques défec- tant désormais de ne pas être proté- condamnation à un an de prison pour des chèques sans provision. « preuves visibles » et à soutenir le tions – environ 25 députés au total – chez les sociaux-démocrates, le gés par une force de police de leur Celui qui a multiplié les révélations sur la répression au Maroc pen- processus de paix. parti du chancelier, et chez les Verts. communauté ethnique et, encore dant les « années de plomb » a mis fin à son jeûne, « en attendant de Mitrailleuses, lance-roquettes, moins, des combattants désarmés voir quel sort va lui réserver la cour d’appel ». – (AFP.) mortiers, des centaines de kalach- descendre impunément des monta- nikov étalées sur le sol poussiéreux de l’intérieur, Ljube Boskovski, son, avant d’affirmer avoir reçu gnes pour participer à la vie politi- du camp de Krivolak, les armes de continuent d’accuser l’OTAN de « l’engagement très clair » de que à Skopje. l’UCK sont minutieusement numé- soutenir l’UCK. Affirmant que la M. Boskovski, soupçonné d’être L’avenir du pays ne dépend donc rotées, puis emballées dans des collecte de 3 300 armes est une l’organisateur des milices, «dene pas de la récolte de 3 300 armes, sacs en toile. « Ces armes qui pour- opération « ridicule », ils clament pas laisser opérer des paramilitaires par un mois de bel été, même si raient tuer ne tueront plus jamais. que l’UCK aurait en sa possession dans ce pays ». Des officiers de c’est la première fois en une décen- C’est un moment historique »,a 60 000 armes. l’OTAN craignent que ces groupes nie de guerres yougoslaves que déclaré Lord Robertson avant de armés, forts de quelques centaines l’on voit des files de combattants quitter la Macédoine, réfutant les UNITÉS PARAMILITAIRES d’hommes, ne s’entraînent afin de remettre volontairement et symbo- accusations du gouvernement sur M. Boskovski a indiqué qu’il pré- briser le cessez-le-feu et de créer liquement leur fusil entre les le fait que l’UCK aurait en sa pos- voyait d’ores et déjà des offensives une situation si tendue qu’elle ne mains d’une organisation interna- session des dizaines de milliers des forces spéciales de la police à permettrait pas au Parlement de tionale. d’armes et que le désarmement ne la fin du mandat de l’OTAN. «La ratifier l’accord de paix. concernerait que des « pièces de mission de l’OTAN ne nous débarras- La guérilla albanaise, qui avait Rémy Ourdan musée ». sera pas des bandits, a-t-il déclaré. déclenché les hostilités en février et Le secrétaire général de l’OTAN Nous devons agir de manière répres- qui comprendrait environ 3 000 sol- f www.lemonde.fr/macedoine 5 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001

SOCIAL Elisabeth Guigou et Ber- tion de quelque 40 000 emplois sur doit entrer en vigueur le 1er janvier se. b LA TENSION reste vive dans cer- LES COLLECTIVITÉS LOCALES, dont nard Kouchner ont relancé, jeudi trois ans. b LES SYNDICATS, qui 2002, mais un seul accord a été conclu taines administrations, où la règle plus de 40 % des personnels sont pas- 30 août, la négociation sur la réduc- dénoncent « un malaise latent », ont entre les fédérations de fonctionnai- des « 35 heures sans création d’em- sés à 35 heures, les fonctionnaires tion du temps de travail dans les hôpi- déjà posé le principe d’une journée res et l’Etat patron. Il concerne le per- plois » édictée par le gouvernement ont parfois obtenu des avancées que taux. Ils devaient annoncer la créa- d’action le 20 septembre. b LA RTT sonnel civil du ministère de la défen- est rejetée par les agents. b DANS l’Etat pourrait remettre en cause. Le gouvernement crée des emplois dans les hôpitaux pour les 35 heures Elisabeth Guigou devait annoncer, jeudi 30 août, la création de quelque 40 000 emplois dans les hôpitaux sur trois ans. C’est une exception dans la fonction publique, le gouvernement ayant décidé que la réduction du temps de travail se ferait sans accroissement des effectifs. Les syndicats restent mobilisés

LA SILHOUETTE noire d’un de francs. Le chiffre, en deçà des prété comme étant, « enfin »,le malaise, latent, s’est aggravé », accu- les (18 000 infirmières formées en jour au lendemain étant admise, petit homme manipulant avec cir- revendications des syndicats, « signe d’une prise en compte sérieu- se Irène Leguay, responsable de 2002, 26 000 les années suivantes) même si officiellement la durée conspection un sablier a commen- devait être ajusté jeudi matin, se du problème ». SUD-CRC. L’annonce, en août, du risque aussi d’être insuffisant pour légale de travail sera abaissée au cé à se répandre dans les hôpitaux après la série de rencontres bilatéra- Ouvertes le 17 janvier 2001, les recrutement de 8 000 infirmières répondre à ce début de pénurie. 1er janvier 2002, il faudra parler des parisiens. « Le gouvernement cher- les qui se sont déroulées jusque négociations ont, il est vrai, beau- espagnoles, même s’il concerne en Dans ces conditions, le gouverne- compensations pour le personnel. che à nous diviser, à gagner du tard dans la soirée de mercredi. La coup piétiné. Dès 1998, l’ex-minis- priorité les cliniques privées du sud- ment aborde la négociation en posi- Le gouvernement souhaite privi- temps pour gagner de l’argent. Pré- répartition des emplois entre les dif- tre de l’emploi et de la solidarité, ouest de la France, n’a pas calmé tion délicate. « Elle doit porter non légier la création de comptes épar- parons-nous… », peut-on lire sur le férentes catégories des 800 000 Martine Aubry, avait promis que, les esprits. « Nous n’avons rien con- pas seulement sur le nombre [de gne-temps plutôt que les heures tract cégétiste. La CGT, la CFDT et agents hospitaliers, dont la majori- contrairement à la fonction publi- tre, mais c’est totalement margi- créations d’emplois], mais sur la supplémentaires. Il ne manquera FO ont posé le principe d’une jour- té devrait revenir au personnel soi- que d’Etat, les hôpitaux bénéficie- nal », déclare François Chérèque, manière d’organiser l’hôpital de pas de rappeler qu’il a déjà injecté née d’action dans le secteur hospi- gnant, est à débattre, tout comme raient de créations d’emplois pour secrétaire général de la fédération demain, l’hôpital du XXIe siècle. C’est 10 milliards de francs dans les hôpi- talier, le 20 septembre, à laquelle se la période de transition nécessaire faciliter la réduction du temps de CFDT Santé-sociaux. une chance comme jamais nous n’en taux en mars 2000, puis, l’année sont associés la CFTC et SUD-CRC. au passage à 35 heures. travail. Mais jusqu’au bout, Lau- avons rencontrée », a estimé suivante, 2,4 milliards au titre des Préparé, le rendez-vous sur les Promis d’abord en juin, puis en rent Fabius, le ministre de l’écono- CAMPAGNE DE SENSIBILISATION M. Kouchner, mercredi, à la sortie revalorisations des carrières. Ven- 35 heures entre les syndicats, Elisa- juillet, l’arbitrage de Matignon sur mie et des finances, s’est opposé D’autres solutions ont été avan- du conseil des ministres. dredi, une intersyndicale devrait se beth Guigou et Bernard Koucher, les effectifs supplémentaires a fina- aux appétits de la remplaçante de cées. Une campagne de sensibilisa- Au moins sur ce point, les syndi- réunir pour tenter d’adopter une jeudi 30 août, l’a été ! Des deux lement été rendu mardi 28 août, Mme Aubry, tentant de réduire au tion pour inciter à reprendre du ser- cats sont d’accord. L’organisation position commune et confirmer, le côtés. quelques heures avant que Lionel minimum le nombre d’embauches. vice les 50 000 infirmières qui ont des recrutements, des heures de cas échéant, la journée d’action du Pour accompagner la réduction Jospin ne s’exprime sur TF1. La dis- La situation, tendue cet été dans cessé d’exercer leur activité devrait garde, la montée en charge du dis- 20 septembre. La négociation du temps de travail, prévue le cussion « s’appuiera sur un nombre les hôpitaux, a joué en faveur de bientôt voir le jour. Sans grand positif des 35 heures figurent au distincte avec les médecins hos- 1er janvier 2002, les deux ministres considérable de créations d’em- Mme Guigou. « Dans les services d’ur- espoir. En privé, M. Kouchner esti- programme des discussions. L’im- pitaliers commence, elle, le 17 sep- proposent la création de quelque plois », a alors annoncé le premier gence, où il devait y avoir des me entre « 1 500 et 2 000 » le nom- possibilité pour les établissements tembre. 40 000 emplois sur trois ans pour ministre. Ce que les organisations moyens supplémentaires, les person- bre de réponses favorables. Le ren- hospitaliers et médico-sociaux con- un coût d’une dizaine de milliards syndicales ont prudemment inter- nels sont souvent à saturation. Le forcement des effectifs dans les éco- cernés de passer à 35 heures du Isabelle Mandraud Rentrée tendue dans l’ensemble de la fonction publique Un accord à l’équipement a buté LA RÉDUCTION du temps de Des administrations ont déjà pré- Les discussions se focalisent trop des décrets. En outre, M. Périer travail doit théoriquement entrer paré un texte qu’elles présenteront souvent sur des questions techni- refuse que « toute réflexion sur sur le renforcement des effectifs en vigueur le 1er janvier 2002 pour aux syndicats. Si la signature d’un ques, comme le décompte du l’évolution des missions et l’organisa- tous les fonctionnaires, mais elle accord paraît hypothétique dans temps de travail, les administra- tion des services soit passée à la LE MINISTÈRE de l’équipement dès juin 2000 une réflexion sur la risque fort de troubler la rentrée nombre de secteurs, le gouverne- tions cherchant à intégrer des trappe ». Or la règle « la RTT à n’aura pas son accord « phare » sur RTT par « une phase de diagnos- sociale. A quatre mois de l’échéan- ment compte sur la « neutralité congés spécifiques dans la RTT effectifs constants » rend les 35 heures. A l’issue de neuf mois tic ». Les agents réunis en « groupes ce, la fonction publique est loin bienveillante » des syndicats. afin d’atteindre les 1 600 heures « d’autant plus nécessaire un amé- de négociations – et même si syndi- de travail » devaient repenser l’orga- d’être prête à franchir le pas. Michel Périer, secrétaire généra- annuelles prévues dans le décret nagement du temps de travail, cats et direction ont unanimement nisation du travail et tenter d’élimi- Même dans les collectivités loca- le de l’Union des fédérations de d’août 2000. même si cela ne peut suffire à salué la « qualité du dialogue enga- ner les tâches inutiles. « On s’est ren- les, où les négociations sont sou- fonctions publiques CFDT, regret- Gérard Nogues, secrétaire géné- compenser sa réduction », analyse gé » –, aucun texte n’a pu être rati- du compte que certaines étaient déjà vent bien engagées (40 % des effec- te que « la plupart des administra- ral adjoint de la fédération des Hervé Baro (UNSA). fié. Les créations d’emplois ont été effectuées par la préfecture, indique tifs étaient déjà à 35 heures début tions se bornent à une application fonctionnaires FO, prévient qu’il Le principal obstacle reste bien jugées insuffisantes par les syndi- le directeur d’une DDE. En cassant 2001), la loi du 3 janvier 2001 trans- purement arithmétique des 35 heu- n’est pas question « de cautionner celui de l’emploi. Des ministères cats. Ces derniers font valoir que la routine, on peut faire les choses posant à la territoriale le cadre éta- res ». Si un accord a pu être trouvé des dispositifs préalablement arbi- ont obtenu des dégels de postes, 20 000 postes ont été supprimés en plus vite. » Les conclusions de ces bli pour l’Etat a ralenti le proces- à la défense, explique-t-il, c’est trés et incomplets ». La plupart des mais pour les syndicats, le compte vingt ans à l’équipement groupes sont ensuite « remon- sus : désormais, les accords ne que le ministère a pris du temps et cadrages nationaux soumis aux n’y est pas. « L’entêtement du gou- (100 000 agents aujourd’hui). tées » au ministère avant que s’en- peuvent être conclus sur la base « proposé une dizaine de textes » syndicats ne traitent, en effet, que vernement à poursuivre la mise en Sans embauche, les employés gagent les négociations, au mois d’une durée annuelle inférieure à sur lesquels les syndicats ont pu du cycle de travail ; la rémunéra- place des 35 heures à effectifs cons- redoutent une dégradation du servi- d’octobre 2000. 1 600 heures, alors que de nom- discuter. tion des heures supplémentaires et tants menace l’existence même des ce public et l’abandon de certaines Dans la conduite de ces négocia- breuses collectivités se sont enga- Rien de tel ailleurs, déplore-t-il, des astreintes ainsi que le compte services publics », s’alarme Bernard missions. « En hiver, nous ne pour- tions, le ministère a cherché à se gées à descendre en dessous de sauf à l’Equipement (lire ci-contre). épargne-temps sont renvoyés à Lhubert, patron de la fédération rons plus correctement assurer le poser en « vitrine sociale » du gou- cette barre. des fonctionnaires CGT. Un res- déneigement des routes si nous ne vernement. Il a multiplié les signes Pour les fonctionnaires de l’Etat, ponsable d’administration recon- sommes pas plus nombreux. Les com- de bonne volonté en direction des l’échec des négociations globales « Flics » et « profs » oubliés de la RTT naît que la situation est « intena- munes devront alors faire plus sou- agents. A l’automne, le directeur du en 2000 risque de se répéter au ble ». Des gains de productivité vent appel au privé », redoute un personnel a été remplacé, car jugé niveau de chaque ministère, un Deux secteurs échappent à la négociation sur les 35 heures : la police sont possibles, dit-il, mais les agent de la direction départementa- trop hostile aux syndicats et « pas seul accord – pour les personnels (97 000 agents) et les enseignants (667 000). Dans les deux cas, le gouver- agents ne peuvent en faire qu’une le de l’équipement (DDE) de l’Isère. suffisamment ouvert au dialogue civils de la défense – ayant été nement ne peut appliquer la règle qu’il s’est fixée de réduire le temps lecture négative s’il n’y a pas de Autre source d’inquiétude : la dété- social ». Le secrétaire général de la signé à ce jour (Le Monde du de travail sans création nette d’emplois. A l’éducation nationale, Jack création d’emplois alors que de rioration des conditions de travail, CGT-équipement, Bernard Salan- 12 juillet). Michel Sapin se veut Lang a supprimé le groupe de travail sur la question mis en place par nouvelles missions les justifient. car « l’accord ouvre la porte à une dre, reconnaît que « la direction a pourtant serein. En septembre, les son prédécesseur. FSU, UNSA, SGEN-CFDT et FERC-CGT ont appelé à Ce n’est que fin 2002, quand les flexibilité accrue », selon FO. cherché à dialoguer alors qu’elle administrations auront fixé le une journée d’action le 22 septembre. Dans la police, le dossier n’est fonctionnaires feront valoir leur aurait très bien pu claquer la porte ». cadre de leur passage aux 35 heu- pas enterré. Une fois fixé sur son budget 2002, Daniel Vaillant a annon- droit à des congés, que l’heure de « VITRINE SOCIALE » Le 19 juillet 2001, à l’issue d’une res, avant que les négociations ne cé aux syndicats que des négociations s’engageraient en septembre. vérité sonnera. Après l’élection pré- Les syndicats réclamaient la créa- dernière séance de négociations, un s’engagent, à l’automne, dans les Les syndicats voient mal comment la RTT est possible. « Dans l’état sidentielle. tion de 9 000 postes sur trois ans, le texte est proposé par le ministère, services déconcentrés, prévoit le actuel de déliquescence des effectifs de police, les 35 heures sont inapplica- ministère de l’équipement a finale- prévoyant quatre modalités de ministre de la fonction publique. bles », estime Jean-Luc Garnier, secrétaire général du syndicat Alliance. Laetitia Van Eeckhout ment obtenu la création de mise en place des 35 heures. Malgré 300 emplois et le dégel de 1 200 les « avancées et les dispositions favo- autres, qui étaient budgétés mais rables » que reconnaissent les syndi- non pourvus depuis plusieurs cats, ces derniers refusent de signer A Strasbourg, une négociation à petits pas a permis d’aboutir dès septembre 2000 années. Les 3 300 départs à la retrai- le texte, estimant que le volume te de l’année prochaine seront éga- d’emplois est insuffisant. Dès la ren- STRASBOURG quatre-vingts services de la CUS, le concertation, on s’est aussi irrité 120 à 150 emplois statutaires, avait lement compensés. « 1 500 person- trée, ils appellent à des actions pour de notre correspondant travail préparatoire a exploré tous d’une certaine lenteur. « Les petits prévu l’équipe Trautmann. Trop fai- nes en plus sur le terrain, c’est une peser dans les négociations au Le nouveau maire de Strasbourg, les secteurs. Le débat avec les syndi- pas, c’est bien, s’il n’y a pas trop de ble, ont rétorqué les syndicats, qui avancée, lorsqu’on considère que ce niveau local. Afin d’obtenir une Fabienne Keller (UDF), et le nou- cats a tourné sur l’absentéisme, la temps entre deux pas », s’est inquié- en ont finalement arraché 200. Le sera la première fois en vingt ans que application des 35 heures accepta- veau président de sa communauté productivité, les horaires fixes ou té André Henck, secrétaire général processus s’est en effet accéléré : à les effectifs augmenteront », souligne ble et, pour la forme, des effectifs variables, les éventuelles « badgeu- du syndicat CGT, le plus puissant peine 9 % des fonctionnaires de la le ministère. supplémentaires. REPORTAGE ses » électroniques, le régime des de la CUS. Il avait jeté un pavé dans CUS appliquaient les 35 heures en Afin de désamorcer le conflit sur pauses, celui des heures supplémen- la mare dès l’été 1997 en deman- septembre 1998, plus de 90 % y l’emploi, la direction avait engagé Yacine Ben Jannette Dans chaque service, taires, ainsi que les nombreux arran- dant les 35 heures pour tous au étaient arrivés deux ans plus tard. les discussions gements et usages locaux. Des 1er janvier 2000, un an plus tôt que Mais, parallèlement, la tension se sont closes par un règles générales ont été posées. ne le prévoyait le calendrier de l’ad- était montée : les préavis de grève ou plusieurs votes Puis, prudemment, les chefs de ser- jointe au maire Marie-Hélène Gillig avaient fleuri au printemps 2000, vice ont été invités à suivre une for- (PS). La bataille a été rude aussi sur et, à l’appel des six syndicats de la mation à la négociation. Enfin, le le nombre d’embauches nouvelles : CUS, une manifestation avait urbaine de 27 communes (CUS), choix a été fait d’une démarche à même eu lieu mi-mai. Les ultimes Robert Grossmann (RPR), n’auront petits pas, en commençant par sept discussions achoppaient encore à pas à affronter d’âpres négocia- services pilotes, suivis d’une vague Dole veut repasser la direction de l’action sociale sur tions sur la réduction du temps de de treize autres. Un comité de pilo- les horaires des agents de l’action travail de leurs 6 300 agents. Ils ont tage, avec les syndicats, coordon- aux 39 heures décentralisée et les journées de con- trouvé ce dossier presque bouclé : nait l’ensemble de l’opération. gé des personnels éducatifs. Mais l’administration unique de la ville Dans chaque service, les discus- Le maire de Dole (Jura), Gilbert dès le 22 septembre, devant le con- et de la CUS applique les 35 heures sions se sont closes par un ou plu- Barbier (UDF), doit proposer ven- seil de communauté, Mme Gillig fai- depuis le 1er septembre 2000 au ter- sieurs votes. Si c’était oui, le service dredi 31 août, au conseil munici- sait le point d’un dossier à ses yeux me d’une mise en place progressive appliquait tout de suite les 35 heu- pal, de faire passer temporaire- refermé. En même temps que la négociée et menée par l’équipe res. Si c’était non, il repartait pour ment à 39 heures certains des réduction du temps de travail, expli- municipale battue en mars. La déci- un tour de négociations. Ainsi la employés municipaux à 35 heu- quait-elle, l’objectif d’amélioration sion d’instaurer les 35 heures à la voirie a dit « oui » très vite, mais les res depuis 1982. Environ 50 % des du service rendu avec l’élargisse- communauté urbaine avait été pri- espaces verts ont refusé une pre- agents sont à 35 heures, les per- ment des horaires de permanence se par Catherine Trautmann (PS), mière mouture d’accord. Les discus- sonnes embauchées depuis 1992 (de 8 heures à 18 heures) avait été alors maire et présidente de la CUS, sions ont longtemps coincé au servi- travaillent 39 heures à la suite respecté. Pour autant, le « tan- en 1996, au début de son second ce propreté pour savoir ce que d’une décision du maire. Ce pro- dem » Keller-Grossmann n’est pas mandat et avant son passage au devait inclure un service dit « nor- jet, explique la municipalité, est arrivé en terre complètement paci- ministère de la culture. Elle en avait mal » en matière d’heures de nuit destiné à mettre tout le person- fiée : les syndicats ont rappelé dès fixé le cadre : augmenter la qualité ou de week-end. Parallèlement, la nel sur la même base pour assu- leurs premières rencontres avec les du service public, améliorer la vie CUS avait ouvert la possibilité du rer 1 600 heures de travail par an nouveaux élus que certains chan- des agents, créer des emplois, mais compte épargne-temps (CET), qui dans le cadre de l’annualisation. tiers étaient inaboutis, et notam- sans effet sur la pression fiscale. La permet de capitaliser des compen- « Dès janvier 2002, on appliquera ment l’assurance d’une pérennité première phase a donc été une lon- sations calculées en jours, notam- l’ARTT, mais sans création d’em- des embauches liées aux 35 heures. gue étude. Avant de plonger dans ment pour l’encadrement. Côté syn- plois », prévient Michel Gauthe- l’écheveau des douze directions et dical, si l’on a apprécié ce climat de rot, adjoint chargé du personnel. Jacques Fortier 6 / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 FRANCE

La taxe Tobin occupe une place croissante Invité vedette du Medef, dans le débat politique français Claude Allègre ravit Son application semble compromise tant que l’Allemagne et les Etats-Unis y resteront opposés les chefs d’entreprise Une nouvelle fois évoquée par le premier ministre sante par un large éventail de la classe politique, par un consensus international. Le mouvement sur TF1, mardi 28 août, la taxe Tobin, remise en sel- sans pour autant voir le jour. Bercy fait valoir que Attac juge, lui, les déclarations du premier minis- le par les événements de Gênes, est jugée intéres- sa mise en place est très difficile et qu’elle passe tre hypocrites et parle de « dérobade ». Le patronat reçoit aussi M. Chevènement et M. Juppé

DE JACQUES CHIRAC à Lionel té que « l’Union européenne prenne François Mitterrand. Mais Lionel chisse » à l’idée d’une taxe Tobin SA RANCŒUR, à peine dissimu- s’y est opposée, Dominique Voynet Jospin, en passant par Robert Hue, une initiative à cet égard sur le plan Jospin, premier ministre, se « pour la faire avancer dans les ins- lée, a fait les délices de son auditoi- [alors ministre de Philippe Séguin, François Bayrou, international, dans les instances débrouillera toujours pour enter- tances internationales », ajoutant, re. Invité vedette de la troisième l’environnement] parce qu’elle esti- ou encore Yves Cochet, tout le internationales. En 1995, je m’étais rer le sujet. En octobre 1998, un prudent : « Il est évident qu’une tel- université d’été du Medef, qui s’est mait que cela favoriserait l’électrici- monde politique, à un moment ou référé à cette taxe Tobin dans la rapport du Conseil d’analyse éco- le mesure ne peut pas être prise dans ouverte mercredi 29 août à Jouy- té nucléaire. Elle a gagné parce un autre, la trouve très sympathi- campagne que j’avais conduite. nomique lui donne, sous la signatu- un seul espace national. » Deux en-Josas (Yvelines), Claude Allègre qu’elle représentait une composante que. Laurent Fabius la dit même Avant que le mouvement Attac re d’Olivier Davanne, ses premiers jours plus tôt, Laurent Fabius qui, n’avait certes « pas beaucoup envie “machin” », assène M. Allègre. « généreuse ». La taxe Tobin, imagi- [Association pour la taxation des arguments : « Il nous semble que le en 1995, n’était, lui, pas favorable à de reparler de l’éducation nationa- « Merci beaucoup pour l’histoi- née par le prix Nobel d’économie, transactions financières pour crédit de la France, qui n’est pas infi- l’instauration d’une telle taxe, le », mais il n’a pu s’en empêcher. re ! », le complimente, tout souri- le libéral américain James Tobin, l’aide aux citoyens] n’existe. Donc, ni, sera mieux employé à faire pro- ouvre également la porte : « Son Ah, si Lionel Jospin « avait tenu re, le président du Medef, Ernest- dans les années 1970 pour lutter gresser d’autres mesures au bien succès vient de la rencontre entre trois semaines de plus », il l’aurait Antoine Seillière, en l’élevant tan- contre les mouvements spéculatifs meilleur rapport coût/bénéfice. » Le deux idées parfaitement justes : d’un eu sa réforme… Face à une salle tôt au grade de futur « premier de capitaux, a des adeptes dans « Tout en voulant même mois, le « rapport économi- côté, la nécessité de lutter pour le comble de chefs d’entreprises, l’ex- ministre », tantôt à celui de « prési- tous les camps. Même là où on ne que et financier » remis par Bercy développement, de l’autre, la nécessi- ministre était venu parler, aux dent du Medef ». L’organisation les attend pas : le financier Geor- donner l’impression – dont le locataire est alors Domini- té d’une meilleure régulation. » Le côtés de Jean-François Mattéi, pré- patronale, qui devait accueillir ges Soros, qui a empoché plus d’un que Strauss-Kahn – aux parlemen- nouveau ministre de l’économie sident du groupe Démocratie libé- Jean-Pierre Chevènement jeudi, milliard de dollars en spéculant qu’il est favorable à taires relève que la taxe Tobin «ne rencontre même, le 10 juillet, une rale de l’Assemblée nationale, de puis Alain Juppé le lendemain, a contre la livre sterling en septem- pourrait être mise en place que sur délégation d’Attac, à qui il promet Thierry Desmarets, PDG de Total- ainsi programmé toute une série bre 1992, y est aussi favorable. la taxe Tobin, Lionel la base d’un très large accord inter- de parler à M. Jospin de l’action FinaElf, et de Jean-Martin Folz, pré- de débats, fédérés autour du thè- A écouter ce chœur de compli- national », quasiment inenvisagea- que la France, qui vient de prendre sident du groupe automobile PSA, me des « valeurs » et sur des sujets ments, on peut se demander pour- Jospin programme ble. Ce document ajoute même la présidence européenne, pourrait de « l’entreprise, l’homme et la natu- aussi variés que l’art, la « malbouf- quoi, en France du moins, où elle qu’une taxe sur les mouvements de initier en faveur de la taxe Tobin. re ». Mais, s’il a bien commencé fe » ou « les entreprises mondiali- est si appréciée, la taxe Tobin n’a son enterrement », capitaux ne se justifie pas forcé- Beaucoup de bruit pour rien. Le son exposé par les problèmes de sées : acculturation ou ethnocide toujours pas vu le jour. Extrême- ment. Argument avancé : « Même 21 août, M. Fabius transmet un l’eau, M. Allègre n’a pas tardé à culturel ». ment difficile à mettre en place, estime Attac la spéculation peut être stabilisante, rapport à l’Assemblée nationale bifurquer sur l’Etat et son impossi- répondent, à un moment ou un car il existe toujours, sur le marché, dans lequel il écarte l’hypothèse ble réforme. « TESTAMENT » EN PRÉPARATION autre, ces mêmes adeptes. Divers des opérateurs pariant sur le retour de la taxe Tobin. « A l’heure actuel- Un florilège ! Il n’a « pas changé Et tant pis si José Bové ou Alain arguments techniques sont avan- je suis en sensibilité proche de cette des cours à leur niveau normal. » le, aucun consensus n’existe, ni au d’orientation politique », mais il Lipietz ont refusé d’y participer. cés, comme la nécessité de l’envisa- préoccupation ». Au cours de l’été 2000, certains sein de l’Union européenne, ni au regrette « le manque terrible de L’important, pour le Medef, jaloux ger à un échelon international si C’est vrai. Lionel Jospin, candi- peuvent croire que Lionel Jospin se sein du G7, ni au sein de l’OCDE au réflexion politique dans ce pays à un de l’attention portée en ce l’on ne veut pas voir les capitaux dat, propose, dans son programme souvient tout à coup de ses engage- sujet d’une taxation des transac- moment où les changements écono- moment à l’association anti-mon- fuir dans les pays qui ne l’auraient de 1995, que « les mouvements de ments de campagne. Comme en tions de change. La probabilité d’un miques se font à toute allure ».Il dialisation Attac – un de ces « grou- pas adoptée. Et, pourtant, le sujet capitaux supportent une taxe de un écho au rassemblement antimon- tel consensus reste faible. L’introduc- dénonce le « libéralisme de jun- puscules surmédiatisés », selon revient de manière récurrente pour mille qui ne pénaliserait pas les dialisation de Millau, le 1er juillet, le tion d’une telle taxe pourrait entraî- gle », mais il se demande « pour- M. Seillière – est de se poser com- dans le débat politique français. investissements à dix ans mais les premier ministre, qui s’exprime ner une évasion généralisée vers des quoi les entreprises ne feraient pas me un acteur influent sur l’opi- Interrogé sur le sujet sur TF1, mar- placements à dix jours », soutenu devant 400 jeunes socialistes euro- territoires non coopératifs et avoir de suggestion sur la réforme de nion. Sans perdre de vue, toute- di 29 août, Lionel Jospin a souhai- d’ailleurs, dans cette initiative, par péens, « propose » qu’on « réflé- pour résultat paradoxal de renfor- l’Etat ? » Il s’agace du débat récu- fois, ses préoccupations immédia- cer les places financières off-sho- rent sur l’insécurité alors qu’«on tes, notamment son retrait annon- re », tranche le rapport de Bercy. met les policiers dans la rue la jour- cé, le 30 septembre, de toutes les TROIS QUESTIONS À... de 10 milliards de francs par an. envisagé dans le cadre européen. Le sujet est une fois de plus enter- née » et que « les délits ont lieu le caisses de la Sécurité sociale. Il faut ré. Et, à la présidence de l’Union soir ». gérer cette étape importante à ses GUY HASCOËT Les pourfendeurs de la taxe La taxe Tobin, telle qu’elle est européenne, la France ne prend La salle, aux anges, applaudit. yeux. 2Tobin considèrent que cette 3réclamée par les mouvements aucune initiative. « Le ministère de l’environnement En marge des débats, Denis Kes- Vous avez fait allusion, mercre- mesure ne peut être mise en place antimondialisation, a pour voca- Mais les résultats des élections est un petit chien dans les mollets du sler, le numéro deux de l’organisa- 1di 29 août, en sortant du conseil de manière isolée dans un seul tion d’être affectée au développe- municipales, la décision de la Belgi- ministère de l’industrie ou de l’agri- tion patronale, a confié que le des ministres à des propositions pays, au risque de voir tous ses capi- ment des pays en difficulté. Qu’en que d’inscrire à l’ordre du jour de culture. Rien n’a changé », poursuit Medef préparait un « testament » que vous vous apprêtiez à faire, en taux fuir. Vous ne semblez pas est-il dans votre projet ? l’Ecofin des 22 et 23 septembre, à M. Allègre, avant de livrer une ou plutôt une sorte de « legacy » tant que secrétaire d’Etat à l’écono- craindre un tel phénomène… Je propose que les recettes de cet- Liège, cet impôt, et plus encore les anecdote, féroce, qui fait chavirer (legs) dans lequel il livrerait toute mie solidaire, sur la taxe Tobin. De Ma proposition s’inscrit dans un te taxe sur les mouvements spécula- événements de Gênes ont remis en son auditoire. « Quinze jours après sa vision d’une réforme en profon- quoi s’agit-il ? projet de loi, qui, par nature, con- tifs financiers soient affectées à selle la taxe Tobin, devenue l’un la formation du gouvernement Jos- deur de la « Sécu ». Avant de ren- Dans un article de mon projet de cerne la France. Mais mon idée, l’économie solidaire. Et notamment des symboles de l’antimondialisa- pin », raconte-t-il, plusieurs minis- dre ce document public, le Medef loi-cadre sur l’économie solidaire, c’est qu’elle réponde à un cadre au soutien du secteur des services tion. « Tout en voulant donner l’im- tres se réunissent dans le bureau organisera une réunion avec la je propose de taxer les flux finan- plus large qui serait décidé au sein de proximité. Je pense qu’il serait pression qu’il est favorable à la taxe de Dominique Strauss-Khan. On Confédération générale des PME ciers spéculatifs. Il s’agit, bien enten- de l’Union européenne. Vous savez bien qu’une partie de ces recettes Tobin, Lionel Jospin programme son débat de l’équipement des adminis- (CGPME) et l’Union professionnel- du, d’un mécanisme qui respecte- que la présidence belge a mis la soit également consacrée au sou- enterrement », estime Attac, qui trations parisiennes en véhicules le artisanale (UPA), même si cette rait les engagements européens, taxe Tobin à l’ordre du jour du con- tien à l’émergence d’une économie parle de « dérobade ». En propo- électriques. Edmond Alphandéry, dernière n’a pas, elle, l’intention de c’est-à-dire que les échanges intra- seil Ecofin des 22 et 23 septembre à solidaire dans les pays en dévelop- sant de renvoyer le sujet devant les PDG d’EDF, est d’accord pour four- quitter les organismes paritaires. communautaires ne seraient pas Liège. Les travaux vont donc com- pement. Mais cela ne relève pas de « instances internationales », le pre- nir gratuitement l’électricité pen- concernés. De même, les échanges mencer dans le cadre européen. mon domaine. C’est à Charles Josse- mier ministre sait bien que le sujet dant huit ans. « Une seule personne Isabelle Mandraud commerciaux ne seraient pas tou- Mon texte sur l’économie solidaire lin [ministre délégué à la coopéra- risque d’être vite enterré. Du chés. Je suggère que cette taxe soit devrait être examiné en conseil des tion et à la francophonie] de s’en moins tant que des pays comme de 0,05 % : il s’agit de mettre en ministres en décembre. D’ici là, les saisir. l’Allemagne ou les Etats-Unis place un mécanisme visible sans choses auront avancé, l’idée étant seront opposés à la taxe Tobin. M. Bayrou veut unir « la droite qu’il soit pour autant discriminant. évidemment d’harmoniser ma pro- Propos recueillis par Cette taxe pourrait rapporter plus position avec ce qui pourra être Virginie Malingre V. Ma. républicaine et la gauche réaliste » JUGEANT que « la France est “empatouillée” », François Bayrou affirme, M. Hollande (PS), chahuté puis applaudi lors des journées d’été des Verts dans un entretien publié par Paris-Match (daté 6 septembre), que « nous venons de changer de siècle, nous allons changer de monnaie, il nous faut LAMOURA (Jura) Alors que Dominique Voynet reconduction de la majorité plurielle législatives et à tenter d’obtenir aussi changer de système politique ». « Jamais un système n’a été aussi usé, de notre envoyée spéciale avait assuré que « nos parts de mar- en 2002, ce n’est pas un cartel de rai- d’autres signes symboliques de la et Chirac et Jospin, qui en sont les deux piliers, sont tous les deux sortants et Il en a perdu, provisoirement, ché, c’est sur la droite que nous pou- son, faute d’alternative. C’est un part du PS. Ainsi de l’introduction flageolants. C’est le moment de tourner la page. » Le président de l’UDF son sourire. François Hollande, vons les conquérir », M. Hollande a choix stratégique », a martelé la d’une dose de proportionnelle estime encore qu’« il y a six problèmes vitaux, l’Europe, la délinquance, le arrivé, par la faute des Verts, avec rectifié le tir. « Nous ne devons pas secrétaire nationale. Chaque fois dans le scrutin majoritaire, promi- chômage, le vrai salaire du travail, l’éducation, les retraites, que l’on ne pour- près d’une heure de retard à leurs partager les Français en catégories. que la gauche a été divisée, ce fut se dans le cadre d’une vaste réfor- ra résoudre qu’en associant dans une large union la droite républicaine et la journées d’été de Lamoura (Jura), a (…) Partis généralistes, nous devons « pain béni pour la droite », a-t-elle me des institutions, si la gauche gauche réaliste ». Dans un autre entretien, publié jeudi 30 août par Nice- été accueilli, mercredi 29 août, par construire un contrat politique qui relevé, sans se priver de rappeler gagne la présidentielle, a rappelé Matin, M. Bayrou assure que Jacques Chirac « va dans le sens du vent » et des sifflets et des huées. Pour le emporte une large adhésion », a-t-il « la blessure ouverte » de la non- en apparté M. Hollande. Ou dans « qu’il n’a pas de ligne ». premier secrétaire du PS, venu estimé. Sans occulter des divergen- régularisation des sans-papiers, les un avenir plus immédiat, l’examen comme il l’a dit plus tard, « s’entraî- ces « qu’il serait politiquement dan- « atermoiements sur l’extrême-chas- d’éventuelles conditions d’applica- ner à l’exercice de la gauche pluriel- tion de la taxe Tobin comme le Des élus se prononcent en faveur le pour les prochains mois », l’en- demande Guy Hascoët (voir ci- des- trée en matière a été rude. Seule En 1992, les écologistes refusaient 50 circonscriptions sus). Les Verts espèrent aussi « pointure » de la majorité, puis- qu’une niche parlementaire sera d’une consultation des Corses que Robert Hue (PCF) et Jean- Aux journées d’été des Verts de Saint-Nazaire, en 1992, Claude Bar- utilisée au Sénat, pour discuter du Michel Baylet (PRG), s’étaient récu- tolone était venu proposer aux Verts de la part de Laurent Fabius, vote des étrangers aux élections ALORS QUE le premier ministre estime qu’un « référendum en Corse sés au profit de leurs lieutenants, alors premier secrétaire du PS, une cinquantaine de circonscriptions locales. n’est pas possible », plusieurs élus ont réclamé, mercredi 29 août, une M. Hollande a néanmoins réussi à pour les législatives de l’année suivante. « Il y en avait bien trente La publication par Le Nouvel consultation sur l’avenir de la Corse. « Le gouvernement doit renoncer se faire applaudir par cet auditoire gagnables, mais Waechter voulait en rester au “ni-ni”, ni droite ni gau- Observateur, jeudi 30 août, des à présenter au Sénat le projet de loi qu’il a élaboré sur la Corse », déclare de 500 Verts chahuteurs. che. On pensait que l’on pouvait gagner sur nos idées et pas avec un 139 circonscriptions que les diri- Hervé de Charette, président délégué de l’UDF, dans un entretien à Pourtant, il n’a pas fait de pro- accord électoral », témoigne aujourd’hui Andrée Buchmann, porte- geants Verts demandent au PS, ris- Valeurs actuelles à paraître vendredi 31 août. Il « faut que les Corses se messes. Le message du premier parole des Verts de l’époque. que cependant de concentrer le prononcent eux-mêmes », ajoute-t-il. Pour Emile Zuccarelli (PRG), mai- secrétaire tenait plutôt de l’avertis- Le parti socialiste n’était « pas prêt » à entendre les idées des écolo- débat sur l’accord électoral, au re de Bastia, « faute d’un référendum local anticonstitutionnel, de nou- sement amical. « Le bilan de la gau- gistes, estime Mme Buchmann. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, dit- détriment des éléments program- velles élections territoriales permettraient aux Corses d’exprimer claire- che plurielle nous est commun », elle, jugeant « encourageant » le discours de François Hollande. « Mal- matiques. Sur les 139 circonscrip- ment leur choix d’avenir. » De même Roland Francisci, député RPR de a-t-il rappelé, anticipant les criti- heureusement, ce parti ne connaît que le rapport de forces, et si notre can- tions demandées, une cinquantai- Corse-du-Sud, pense qu’« il faut organiser de nouvelles élections. » Le ques des Verts, qui n’ont pas man- didat fait un mauvais score à la présidentielle, nous risquons d’être beau- ne seraient gagnables, selon les porte-parole de Corsica Nazione, Jean-Guy Talamoni, qui estime que qué de survenir, sur les carences de coup moins entendus », ajoute-t-elle. Verts. Dix-sept concernent des sor- la « seule façon d’apaiser la situation en Corse (…) est d’avancer politi- ce bilan. Notamment celles, très tants socialistes. « Cela va mettre quement en démontrant que le processus de paix est irréversible »,a virulentes, d’Yves Contassot, de l’ambiance à La Rochelle », aux déclaré à l’AFP être « favorable à l’idée d’un référendum local » ou à adjoint de Bertrand Delanoë à gereux de nier », le premier secrétai- se, les transports, le nucléaire, l’agri- journées d’été du PS, qui s’ouvrent une dissolution de l’assemblée territoriale. Paris. re du PS veut voir la majorité com- culture ». L’entente sera « fructueu- vendredi, s’amuse un Vert. Dans la période électorale qui me « une synthèse et non pas une se » en 2002, si des concessions Pour sa part, interrogé par les DÉPÊCHES s’ouvre, de « distanciation, fut-elle addition de fractions ». Il s’est dit sont faites a, averti, elle aussi, journalistes après le débat, M. Hol- a RPR : Michèle Alliot-Marie affirme, dans un entretien publié jeudi positive », entre les partenaires de favorable à la réunion périodique Mme Voynet. lande a estimé que si les Verts 30 août par Libération, estime que, dans l’attente de la déclaration de la majorité, il ne s’agit ni de déni- d’un comité permanent des forma- demandaient « 80 à 100 circonscrip- candidature de Jacques Chirac, c’est au RPR de « mener la bataille ». grer le travail commun, ni de lais- tions de la gauche plurielle. Un nou- « COUVERCLE » SUR L’ÉCOTAXE tions, ce serait déjà quantitative- « Tant qu’un candidat n’est pas déclaré, il est normal que ce soit son mou- ser le PS « s’arroger l’essentiel de veau sommet, qu’il appelle pour- Personne n’a soufflé mot de ment impossible pour nous ». Le pre- vement qui prépare la campagne », ajoute la présidente du RPR. l’acquis », a dit M. Hollande. « Si tant de ses voeux, semble compro- l’abandon de l’écotaxe, qui se con- mier secrétaire du PS a jugé a 35 heures : Martine Aubry, ancienne ministre du travail, estime l’on insiste trop sur les insuffisances mis, au moment où les partenaires firme et contre laquelle seul Noël qu’« une soixantaine serait plus rai- que « l’esprit » de sa loi sur les 35 heures « n’est nullement remis en cause et pas assez sur les sauts tout à fait de la majorité entrent, quoi qu’en Mamère a protesté, mercredi soir sonnable, ce qui ferait 15 à 20 sièges par le premier ministre ». « Compte tenu de la conjoncture moins favorable, décisifs qui ont été faits, comment dise M. Hollande, en concurrence. sur LCI. C’est que l’état-major des gagnables ». Les Verts sont encore il souhaite juste donner un peu de mou aux PME », explique-t-elle dans un convaincre les Français d’aller plus Mme Voynet, en bonne partenai- Verts, au-delà des discours de tribu- loin du compte. entretien au Parisien du 30 août. « Ce qui compte c’est de permettre aux loin avec nous tous? », a demandé re, a réaffirmé l’attachement des ne, est fort occupé à engager la PME d’entrer en douceur dans le dispositif », conclut le maire de Lille. le chef de file des socialistes. Verts à la gauche plurielle : « La négociation sur les places pour les Béatrice Gurrey 7 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001

GUERRE D’ALGÉRIE Démar- côtés entre 1956 et 1962, certains de ANCIEN SOUS-OFFICIER de l’armée on peut s’en douter... » b SELON passé et transmettre la mémoire de che symbolique ou ultime recours ceux-ci ou leur famille devaient dépo- française se souvient « comme si MOHAND HAMOUMOU, historien, la guerre d’Algérie ? telle est la ques- contre l’oubli : quarante ans après ser, jeudi 30 août, une plainte avec c’était hier » des harkis « laissés là » la non-assistance de la France « avait tion sur laquelle planchent des ensei- l’abandon par la France des musul- constitution de partie civile pour alors que les camions démarraient. été ordonnée par le pouvoir politi- gnants réunis en colloque. (Lire aussi mans qui avaient combattu à ses « crimes contre l’humanité ». b UN « La suite, on ne la connaît pas, mais que ». b COMMENT enseigner ce notre éditorial page 13.) Des harkis déposent une plainte pour crimes contre l’humanité Avant la journée nationale d’hommage qui leur sera rendue, le 25 septembre, neuf des musulmans qui avaient combattu pour la France pendant la guerre d’Algérie avant d’être abandonnés par elle en 1962 font appel à la justice pour obtenir une reconnaissance officielle de leur drame

C’EST à la fois une démarche sym- alors été tués. Seuls 20 000 d’entre torturé avant d’assister à l’exécution auprès de la Cour de cassation et bolique et un ultime recours. Quaran- eux ont été rapatriés en France à cet- massive de ses camarades à coups de d’inciter cette dernière à revoir sa te ans après l’abandon par la France te époque, souvent entassés dans pioche. La plainte évoque des « actes position. des musulmans qui avaient combat- des camps précaires. Aujourd’hui, d’extermination » et reprend à son tu à ses côtés pendant la guerre d’Al- les harkis ou Français musulmans compte l’estimation haute en comp- « JOURNÉE NATIONALE D’HOMMAGE » gérie entre 1956 et 1962, les harkis d’origine algérienne regroupent l’en- tabilisant 150 000 victimes. Pour « Il s’agit de permettre aux harkis font appel à la justice pour obtenir la semble des musulmans rapatriés qui Me Philippe Reulet, l’un des avocats de ne plus être des victimes, de devenir reconnaissance officielle du massa- se sont battus du côté de la France des harkis, les éléments constitutifs des plaignants qui agissent, de dire cre puis de l’oubli dont ils ont été vic- pendant la guerre d’Algérie, ainsi de crimes contre l’humanité sont réu- enfin ce que pas grand monde n’a vou- times. A la suite de la résurgence du que leurs descendants, soit une nis : « Il y a eu des exécutions sommai- lu entendre jusqu’à présent », expli- débat sur cette période de l’histoire population évaluée à environ res et massives, portant sur des popula- que Me Reulet. « On fait ça pour l’his- provoquée par les aveux du général 400 000 personnes. tions civiles, puisque les harkis ne fai- toire, pour qu’on arrête de nous consi- Paul Aussaresses et à l’initiative du saient plus partie de l’armée, perpé- dérer comme des traîtres et des Comité national de liaison des harkis UN TÉLÉGRAMME trées pour des motifs politiques, l’ap- déchets de la colonisation, souligne (Le Monde du 9 juin), neuf d’entre La plainte pour « crimes contre partenance à l’armée française oppo- Boussad Azni. C’est un besoin de eux devaient porter plainte contre l’humanité » et « complicité de crimes sée au FLN. » reconnaissance et de dignité. » X... avec constitution de partie civile, contre l’humanité » insiste sur la res- Me Reulet reconnaît néanmoins La démarche ne fait toutefois pas jeudi 30 août, pour « crimes contre ponsabilité indirecte des autorités l’existence d’un sérieux « obstacle » l’unanimité au sein de la communau- l’humanité », auprès du tribunal de françaises dans les massacres perpé- à la procédure engagée, à savoir la té harkie. Au nom de l’Association grande instance de Paris. Le groupe trés au moment de l’accès à l’indé- jurisprudence « Boudarel » de la pour la défense et l’intégration des des plaignants est composé d’an- pendance. Elle s’emploie à démon- Cour de cassation. Dans un arrêt en Français musulmans et de leurs amis ciens supplétifs employés par l’ar- trer l’existence d’un « plan concer- date du 1er avril 1993, la haute juridic- (APDIFMA), Ahmed Boualam con- mée française pour combattre le té » destiné à désarmer et à laisser tion a estimé que les persécutions et damne, dans un courrier adressé au FLN algérien et de parents, veuves sur place les harkis, malgré la parfai- traitements inhumains infligés aux Monde, le dépôt de plainte. « En atta- ou fils de harkis. Il comprend égale- te connaissance du danger encouru prisonniers français du Viêt-minh quant la France, ils attaquent leur ment l’Association des Français rapa- par ceux considérés comme des traî- ceux désobéissant aux ordres. « Dès auteurs principaux du crime », esti- pendant la guerre d’Indochine pays », estime-t-il. D’autres misent triés d’origine algérienne (AFRA), tres à abattre par le FLN. La démons- lors, de nombreux harkis accompa- ment les avocats. « L’Algérie a été le n’étaient pas des crimes contre l’hu- sur des avancées à l’occasion de la membre du Comité national de tration s’appuie sur le témoignage gnés de leur famille, parce qu’ils bourreau d’une sentence prononcée manité. Cette notion s’applique uni- Journée nationale d’hommage aux liaison. d’un ancien sous-officier français étaient désarmés et ne bénéficiaient par la France, qui savait qu’on allait quement, pour les faits antérieurs à harkis, organisée pour la première Tous fondent leur action en jus- (lire ci-dessous) ainsi que sur les consi- plus d’aucune protection militaire tout mourir », assène Boussad Azni, l’un la réforme de 1994, aux exactions fois le 25 septembre. Ils espèrent une tice sur un épisode particulièrement gnes de responsables politiques ou en se voyant interdire toute retraite sur des plaignants, fils de harki, respon- commises par les « puissances de reconnaissance solennelle de la tra- sombre de la guerre d’Algérie : le militaires français de l’époque. le sol français, ont été voués à la mort sable de l’AFRA et président du l’Axe » pendant la seconde guerre gédie des harkis et l’annonce de massacre d’une partie des engagés La plainte fait notamment référen- dans des conditions entourées souvent Comité national de liaison. mondiale. Comme la Fédération mesures de réparation. Quoi qu’il en musulmans, abandonnés par les ce à une directive et à un télégram- d’une très grande sauvagerie », souli- Parmi ceux qui portent plainte, cer- internationale des droits de l’homme soit, selon le Comité national de autorités françaises aux représailles me de Louis Joxe, ministre d’Etat gnent les avocats des harkis dans la tains ont été personnellement victi- (FIDH) dans l’affaire Aussaresses (Le liaison, plus de 200 individus et une de l’armée de libération algérienne, chargé des affaires algériennes. Ces plainte pour « crimes contre l’humani- mes des exactions commises par le Monde du 9 mai), les avocats des har- quinzaine d’associations sont prêts à à la suite de la signature des accords documents rappellent que les initia- té ». Accusées de complicité, les auto- FLN. Un ancien supplétif, âgé aujour- kis entendent bien contester cette suivre les premiers plaignants en d’Evian, le 18 mars 1962, qui scellè- tives individuelles visant à rapatrier rités françaises ont « permis sciem- d’hui de soixante-trois ans et demeu- jurisprudence. En cas de refus d’ins- engageant une procédure pour « cri- rent l’indépendance de l’Algérie, en des harkis en France étaient « stricte- ment » le déroulement des massa- rant en Dordogne, affirme avoir été truire la plainte pour « crimes contre mes contre l’humanité ». juillet. Selon les estimations, autour ment interdites » et demandaient cres « alors qu’elles avaient une con- désarmé puis fait prisonnier par les l’humanité », ils se disent prêts à tous de 100 000 auxiliaires locaux ont des « sanctions appropriées » contre naissance claire des intentions des autorités algériennes. Il dit avoir été les recours afin de porter le débat Frédéric Chambon Jack Lang appelle enseignants et chercheurs à « aller plus loin » « On les a laissés là, comme ça. On peut se douter de la suite » BORDEAUX avec leur fusil, les officiers ont demandé une revue d’ar- dans la transmission de la mémoire de la guerre d’Algérie de notre correspondante mes. Alors que les pièces des fusils étaient démontées et Le Comité national de liaison des harkis considère étalées sur chaque lit dans le dortoir, on a sonné le ras- COMMENT enseigner ce « passé pas étudiée dans les classes, ment, enfin, une salle du ministère le témoignage de J. D. – un ancien sous-officier de semblement dans la cour. Les harkis sortis, on a donné qui ne passe pas », selon l’expres- [d’autres] s’indignent à tort que la de l’éducation va être baptisée des l’armée française qui préfère conserver l’anonymat– l’ordre à des soldats, dont moi, de prendre les culasses sion de Henry Rousso, directeur de pratique de la torture ou la répres- noms de Mouloud Feraoun et Max comme « une bombe ». Après avoir écouté une émis- des fusils, ce qui les rendait inutilisables. » l’institut du temps présent du sion du 17 octobre 1961 n’y soient Marchand, enseignants tués en sion à la radio sur le problème harki et le projet de Le dernier jour, à quelques centaines de mètres du CNRS ? Une centaine d’ensei- pas évoqués ».Le« devoir » du mars 1962 par un commando de plainte, ce fonctionnaire à la retraite a envoyé sponta- poste, un détachement de l’Armée de libération gnants et de cadres de l’éducation ministre consiste donc à rappeler l’OAS. nément, le 7 août 2001, une lettre au comité de nationale, armé jusqu’aux dents, en treillis neufs, se nationale ont planché sur la ques- certains faits, a estimé M. Lang. L’université d’été, qui vise selon liaison. Ce témoignage a été joint en annexe de la fige sous un ciel transparent. Après avoir parlementé tion, du 29 au 31 août à Paris, lors « Des historiens travaillent et l’un des ses responsables à « décom- plainte déposée le 30 août. « Un jour, on a envie de entre officiers, les Algériens attendent calmement le de l’université d’été organisée par publient depuis longtemps ». plexer les profs », constitue déjà un parler, et tant que cela ne sort pas on se sent un peu départ du bataillon. « Les camions sont chargés, les sol- le ministère de l’éducation nationa- progrès en soi : la précédente du coresponsable de ce dont on a été témoin », explique dats prêts à monter », se rappelle J. D. De sa Jeep, il a le sur le thème : « Apprendre et LES MANUELS « N’OCCULTENT PAS » genre, organisée en juillet 1999 à ce sexagénaire pour justifier son geste. Pendant qua- tout vu. Un officier dit alors aux harkis d’aller cher- enseigner la guerre d’Algérie et le L’étude de la guerre est inscrite Toulouse, avait abordé la guerre rante ans, il n’a rien dit ou presque. Seuls sa femme cher leur solde dans un bâtiment un peu éloigné. Une Maghreb contemporain ». La dans les programmes des classes de d’Algérie dans le cadre d’un thème et ses enfants étaient au courant. fois les supplétifs partis, il saute dans une Jeep et don- récente « réactivation très polémi- troisième, seconde professionnelle plus large, « Penser, dire et ensei- De septembre 1961 à mai 1962, J. D. est sergent ne l’ordre aux véhicules de démarrer. A ce moment- que et très médiatisée de la mémoire et des terminales depuis au moins gner les drames et les refoulés de l’his- appelé du contingent, membre du 10e bataillon de là, les harkis comprennent la manœuvre et revien- de la guerre d’Algérie » a convaincu vingt ans, même si elle est abordée, toire du temps présent ». Ce type chasseurs à pied. Il se souvient de ce jour d’avril 1962 nent en courant derrière les GMC. Ils s’accrochent au le ministre de l’éducation nationa- non dans un chapitre en tant que d’initiative est appelé par le ministè- « comme si c’était hier ». Il a vingt-deux ans et les bastingage et crient en arabe qu’on ne les abandonne le, Jack Lang, d’intervenir mercredi tel, mais au travers de ceux portant re à déboucher sur d’autres actions accords d’Evian sont signés depuis un mois. Le poste pas sinon ils vont être massacrés. L’officier donne dans ce studieux cénacle. sur la décolonisation et la France de formation continue. « Nous militaire est installé dans la région montagneuse des alors l’ordre aux soldats de les empêcher de monter à « Il n’existe pas, dans notre pays, depuis 1945. Les manuels « n’occul- aurions aussi besoin d’une sorte Aurès, au sud-est de l’Algérie. « Un jour, on nous a dit coups de crosse. « On les a laissés là, comme ça. Et de mémoire établie, recensée, pleine- tent pas » la question de la torture. d’analyse des pratiques des ensei- qu’on devait partir pour Oran. » Au poste de comman- comme la route était sinueuse, la scène a disparu assez ment écrite et reconnue sur la guerre De plus, la question apparaît régu- gnants dans les classes », a ajouté dement, sur les 50 soldats, une vingtaine sont harkis. vite. La suite, on ne la connaît pas, mais on peut s’en d’Algérie », a-t-il constaté, mais des lièrement dans les sujets du bacca- M.Lang. « Deux ou trois jours avant notre départ, il y a eu ce que douter. » « mémoires antagonistes » dont il lauréat. De ce point de vue, a affir- Si tous s’accordent à reconnaître j’appelle une “mascarade”, se souvient l’ancien ser- faut assurer une « coexistence res- mé le ministre, « l’éducation natio- que la demande des élèves – notam- gent. Pour désarmer les harkis qui dormaient presque Claudia Courtois pectueuse ». Sur ce sujet, « qui doit nale est en avance ». Il s’agit cepen- ment ceux issus de l’immigration être traité dans un esprit scientifique dant d’« aller plus loin » en dévelop- maghrébine – est forte pour accé- et de pédagogie ouverte, nous avons pant la recherche historique – le der à cette mémoire, nombre de çais de l’époque : ont-ils minimisé TROIS QUESTIONS À… le devoir absolu de faire parler les gouvernement a annoncé un effort professeurs peinent à trouver le l’importance des massacres, ont-ils uns et les autres, d’entendre leurs d’ouverture des archives – et en moyen adéquat d’y parvenir : peur privilégié le principe de non-ingéren- témoignages. Il n’est plus question améliorant l’enseignement du con- de heurter une histoire personnelle MOHAND HAMOUMOU ce ? Il reste aussi à comprendre pour- d’accepter la moindre réserve ou cen- flit dans le cadre scolaire. La pro- douloureuse, de ne pas savoir quoi la France est allée jusqu’à expul- sure ». messe faite au printemps de déve- répondre à des questions mêlant Vous êtes l’auteur de Et ils sont ser vers l’Algérie des harkis réfugiés En outre, certains « donnent à lopper la langue arabe va dans ce revendications identitaires et con- 1devenus harkis (Fayard, 1993). en métropole. Côté algérien, il fau- penser que la guerre d’Algérie n’est sens, estime M. Lang. Symbolique- testation de l’autorité enseignan- Les aveux du général Aussaresses drait savoir si ces événements ont te… Dès l’IUFM (institut universitai- sur la torture et l’abandon des har- été voulus par le pouvoir pour mas- re de formation des maîtres), « les kis en 1962 font l’objet de plaintes quer des rivalités de clans ou s’ils enseignants s’attendent à être pour « crimes contre l’humanité ». sont d’abord le fait des maquisards confrontés à la question. Nous ne Ce parallèle vous paraît-il possible ? de la dernière heure. leur fournissons que des pistes de Entre les exactions d’une partie de réponses », convient Annie Zwang, l’armée française et le massacre des En intervenant dans le débat sur professeure agrégée d’histoire à harkis après 1962, le seul parallèle, 3la torture, les harkis ne risquent- l’IUFM de Paris : les formateurs c’est que tout le monde savait mais ils pas d’être assimilés aux militaires orientent les stagiaires vers des élé- qu’il a fallu quarante ans pour dépas- français qui l’ont pratiquée ? ments de bibliographie, un ser les tabous. Je me méfie de la Beaucoup d’eux n’ont pas porté CD-Rom réalisé sous la houlette de notion de « crimes contre l’humani- l’uniforme français : certains étaient Benjamin Stora, ou, nouveauté, des té » mais ce que je sais, c’est placés en autodéfense de leur village sites Internet toujours plus nom- qu’autour de 100 000 personnes, des contre la terreur du FLN. Globale- breux. « Ça bouge, même si nous civils désarmés, ont été assassinées ment, la très grande majorité n’ont n’en sommes qu’au tout début », de façon préméditée. Dans cette tra- pas été en contact avec les pratiques résume Annie Zwang. « Les profs gédie, il y a eu une volonté d’extermi- de torture. Il reste que ceux qui ont sont demandeurs d’outils parce ner les musulmans pro-français. Ces servi l’armée peuvent se sentir visés qu’ils sont gênés ; les élèves osent massacres ont été commis alors que par ce débat et mal à l’aise devant désormais poser des questions ; et l’armée française était encore en une généralisation abusive. Que cer- nous disposons d’outils pédagogiques Algérie ; la non-assistance avait été tains soldats ne se soient pas contrô- modernes comme les travaux person- ordonnée par le pouvoir politique. lés face aux horreurs qu’ils vivaient, nels encadrés ou l’éducation civique ce serait hypocrite de le nier. Mais juridique et sociale : ils nous permet- Subsiste-t-il des zones d’ombre transformer en tortionnaires tous les tent d’aborder ces questions difficiles 2sur les responsabilités et les militaires, c’est un peu gros. en étant plus proches des élèves. » causes des massacres de harkis ? Il reste à établir le degré de res- Propos recueillis par Nathalie Guibert ponsabilité des gouvernants fran- Philippe Bernard 8 / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 SOCIÉTÉ Deux nouvelles plaintes déposées contre le groupe Bayer L’instruction de l’affaire des Irlandais DEUX PATIENTS soignés avec des médicaments anticholestérol com- mercialisés par le laboratoire pharmaceutique Bayer ont déposé plainte, de Vincennes est officiellement close mardi 28 août, auprès du procureur de Marseille, contre la firme alleman- de. Ancienne championne de France de course à pied et de triathlon, Alberte Ferraud-Prax était soignée depuis un an au Cholstat, associé à L’unique mis en examen, Paul Barril, devrait comparaître devant un tribunal vingt ans après les faits un hypotenseur. Elle raconte s’être plainte à son médecin de douleurs musculaires dans les jambes, d’étouffements, de paralysie de la mâchoi- L’affaire des Irlandais de Vincennes – la perquisi- antiterroriste de l’Elysée – s’approche de son ter- ne Paul Barril, seul mis en examen dans ce dos- re et d’incontinence urinaire. Un autre patient, soigné au Staltor, a égale- tion menée, le 28 août 1982, au domicile de trois me judiciaire. Le juge de Versailles Yves Madre a sier, devrait comparaître pour « atteinte à la ment déposé plainte contre X... pour « mise en danger d’autrui, blessures nationalistes irlandais, à l’initiative de la cellule signifié la clôture de son instruction. L’ex-capitai- liberté individuelle ». involontaires et défaut d’information ». Les médicaments à base de cérivastatine, soupçonnés d’être à l’origine L’INTERMINABLE feuilleton menée, le 28 août 1982, au domici- moyen de nullité, arguant que l’ins- Dans une « ordonnance explicati- de 52 décès dans le monde et commercialisés en France par Bayer sous que constitue, depuis 1982, l’affai- le de trois nationalistes irlandais, truction aurait dû se dérouler avec ve » adressée le 4 janvier au prési- les noms de Cholstat et Staltor, ont été retirés de la vente le 8 août. Une re des Irlandais de Vincennes, va à l’initiative de la cellule antiterro- l’accord préalable du ministère de dent de la chambre de l’instruction première plainte française avait été déposée le 16 août à Avignon (Vau- enfin connaître son épilogue judi- riste de l’Elysée. la défense, « puisqu’il s’agit d’une de Versailles, qui s’étonnait de la len- cluse) par Jean-Luc Freel, qui vient de créer l’Association de défense des ciaire. Le juge Yves Madre, chargé Cette opération, conduite par opération conduite par des militai- teur de l’instruction, le juge Madre usagers de la cérivastatine (ADUC). d’instruire au tribunal de Versailles Paul Barril, avait débouché sur une res ».Me Vergès estime enfin avait expliqué que « les investiga- (Yvelines) la plainte déposée en affaire d’Etat lorsqu’il était apparu « pour le moins curieux » que son tions nécessaires à la manifestation DÉPÊCHES 1992 pour « attentat à la liberté » que des armes et des explosifs client, qu’il qualifie de « bouc-émis- de la vérité [étaient] particulièrement a JUSTICE : un chauffard qui avait tué un motard âgé de 27 ans à par Me Antoine Comte, l’avocat des avaient été dissimulés – à l’insu de saire », soit la seule personne pour- complexes puisque les faits dénoncés Buc (Yvelines), alors qu’il conduisait sous l’empire de l’alcool, a été con- trois Irlandais arrêtés dix ans plus leurs occupants – dans l’apparte- suivie « alors que des charges autre- mett[aient] en cause d’anciens offi- damné, mercredi 29 août, par le tribunal correctionnel de Versailles à tôt, a officiellement clôturé l’ins- ment de Vincennes occupé par les ment plus étayées pèsent sur ciers de gendarmerie ». « En raison 2 ans de prison dont 18 mois avec sursis. Le même jour, dans une autre truction mercredi 29 août. trois militants de la cause irlandaise. d’autres protagonistes du dossier ». de notre saisine tardive par rapport à affaire, le procureur de la République du tribunal correctionnel de A l’issue d’une ultime confronta- Mary Reid, Michael Plunkett et Ste- la date de la commission des faits, soit Rouen a requis une peine de six à dix ans d’emprisonnement à l’encon- tion, le magistrat a notifié l’arti- phen King avaient été convoqués INEXPLICABLE LÉTHARGIE plus de dix ans et six mois après, et de tre d’un chauffard en état d’ivresse qui avait fauché et tué une jeune cle 175, qui, selon le code de procé- mercredi après-midi afin d’être con- La clôture de l’instruction, qui l’absence d’enquête préliminaire cyclomotoriste de 18 ans le 30 janvier 2000. Au moment des faits, Vin- dure pénale, marque le terme de frontés à M. Barril, chacun étant intervient quelques jours avant effectuée, il était nécessaire d’identi- cent Ducatel, un commerçant rouennais de 36 ans, avait pris la fuite car l’information judiciaire. Les par- invité à livrer une dernière fois sa que le juge Madre prenne ses nou- fier tous les intervenants et toutes les il était ivre et déjà sous le coup d’une suspension de permis. Le tribunal ties à la procédure ont désormais version des faits qui se sont dérou- velles fonctions, au pôle financier personnes qui ont été mêlées de près rendra sa décision en délibéré le 10 septembre. vingt jours pour, si elles le souhai- lés ce 28 août 1982. Cet ultime acte du tribunal de Paris, devrait consti- ou de loin [à l’opération], ainsi que a Un Roumain âgé de 26 ans a été condamné, mercredi 29 août, par tent, demander au juge d’effectuer procédural a toutefois tourné court, tuer un soulagement pour les trois d’obtenir toutes les pièces nécessaires le tribunal correctionnel de Versailles, à un an de prison pour avoir invo- des actes supplémentaires. Le dos- deux des trois Irlandais (MM. Plun- Irlandais, qui avaient fini par déses- à la manifestation de la vérité », ajou- lontairement tué un automobiliste à Conflans-Sainte-Honorine (Yveli- sier sera ensuite transmis au par- kett et King) étant absents. pérer que ce scandale d’Etat puisse tait M. Madre. nes), alors qu’il tentait de se soustraire à un contrôle de police. Le préve- quet, qui communiquera, dans un Interrogé par Le Monde jeudi un jour être jugé. Comme l’avait De surcroît, selon le magistrat, nu, qui se trouvait en séjour irrégulier, a également été condamné à délai de trois mois, ses réquisitions matin, l’avocat de M. Barril, Me Jac- souligné une enquête du Monde « il était impossible de confier entiè- 3 ans d’interdiction du territoire français. au magistrat. Il reviendra alors à ques Vergès, a indiqué qu’il enten- (nos éditions datées 15-16 octobre rement l’enquête à un service de a L’Etat a été condamné à payer 315 000 francs (47 531 euros) d’in- M. Madre de renvoyer l’affaire dait demander « une nouvelle con- 2000), la procédure lancée en police ou de gendarmerie sans ris- demnités, par le tribunal administratif de Rennes, à la famille d’un jeune devant le tribunal correctionnel. frontation » entre son client et les août 1992 – après dix ans d’ater- ques de voir [émerger] des soup- appelé du contingent, mort en février 1994. Fabrice Texier, qui effectuait Unique personne mise en exa- trois Irlandais, qui seraient, moiements judiciaires – par la çons de règlement de comptes ou de son service national au centre parachutiste d’entraînement aux opéra- men par le magistrat versaillais, d’après lui, « en contradiction sur plainte contre X… déposée par copinage ». tions maritimes de Quelern (Finistère), était décédé par noyade à l’occa- l’ex-capitaine Paul Barril – pour- plusieurs points ».Me Vergès Me Comte avait longtemps végété sion d’un transbordement effectué en opération. suivi depuis le 4 avril 2001 pour entend également soulever un dans une inexplicable léthargie. Fabrice Lhomme a RENTRÉE : le collège de Port-en-Bessin (Calvados), où des intoxi- « atteintes à la liberté individuel- cations s’étaient déclarées, début mars, entraînant la fermeture de le » – risque donc de comparaître l’établissement, ne sera pas rouvert à la rentrée, selon un communiqué seul devant le tribunal. Témoin de la préfecture publié mercredi 29 août. assisté dans la procédure, l’ancien Le meurtre du chef de la sécurité de l’Insead trouble a FAIT DIVERS : une quadragénaire sans domicile fixe grièvement commandant de la brigade de brûlée, lundi 27 août, après avoir été aspergée d’essence à Réhon (Meur- recherches de la gendarmerie de the-et-Moselle), a affirmé avoir reconnu sur photo l’un des deux jeunes Vincennes Jean-Michel Beau, qui la quiétude de cette prestigieuse « business school » placés en garde à vue, mardi 28 août, comme étant son agresseur. Une fut le premier à dénoncer à la jus- information judiciaire devrait être ouverte jeudi 30 août par le parquet tice le trucage de la perquisition CERTES, il y a « tragédie » mais nombreuses personnes qui circu- lourde », confie une employée, bra- de Briey pour « acte de barbarie et torture ». conduite au domicile des Irlan- « business must go on ». Les affaires laient dans le hall au moment des vant les consignes de silence. L’im- a MÉDECINE : la mise au point d’un médicament actif contre le dais, ne sera pas renvoyé devant doivent continuer, répète en boucle faits, ainsi que tous ceux, élèves, pro- pact de ce crime sur la réputation paludisme a été annoncée, mercredi 29 août, par Gary Posner, de l’Uni- la juridiction de jugement. Une le directeur, comme pour effacer fesseurs ou personnels, qui souhai- internationale de l’Insead n’est versité Johns Hopkins à Baltimore, lors du congrès annuel de l’American source judiciaire a indiqué au Mon- déjà le fait divers incongru, « abraca- taient répondre à l’appel à témoin qu’une « infime probabilité », que le Chemical society à Chicago. Il est issu de recherches sur l’artémisia, une de que le procès ne devrait pas dabrant », dit-il, dans une école si lancé dans l’école mardi soir. doyen semble néanmoins avoir plei- plante utilisée par la médecine chinoise traditionnelle pour lutter contre intervenir avant 2002, soit vingt prestigieuse, dans un lieu où Les enquêteurs semblent con- nement prise en compte. Les le paludisme. ans après la fameuse perquisition règnent luxe, calme et management. fiants dans leurs chances d’identi- employés et professeurs sont L’Institut européen d’administra- fier rapidement le meurtrier. Sur la muets, les journalistes, rapidement tion des affaires (Insead), une éco- foi des nombreux témoignages et fermement éconduits. Car on le de gestion installée à Fontaine- recueillis, ils estiment détenir «un vient ici du monde entier – les Fran- bleau, dont la réputation a dépas- bon signalement » du suspect, mais çais ne comptent que pour à peine sé la Seine-et-Marne, la France et hésitent à diffuser le portrait- 10 % des élèves –, à 29 ans en même l’Europe, accueillait, mardi robot établi, de crainte que moyenne, après cinq années au 28 août après-midi, en son grand l’auteur du crime, se sachant moins de pratique professionelle, amphithéâtre, la nouvelle promo- découvert, ne prenne la fuite. Ils préparer un MBA en un an, en BALKANS tion d’élèves de MBA (master of semblent privilégier la piste du anglais, pour quelque business administration). Juste règlement de comptes, observant 150 000 francs. L’Insead est la septiè- L’armée américaine avant de commencer son discours que, ces derniers mois, la direction me école de commerce au monde, installe ses bases d’accueil, le directeur était averti de l’établissement avait signifié selon le classement établi par le

E que Marcel Bénard, cinquante- plusieurs révocations susceptibles Financial Times, et la première école 2,74 8 FF / 2001 1 tembre cinq ans, chef du service technique de nourrir de fortes rancœurs. Le située hors des Etats-Unis. u 5 sep août a du 30 N° 565 et de sécurité de l’école, avait été mode opératoire accrédite la thèse Elle s’est d’ailleurs donné toutes victime d’un malaise dans son selon laquelle le crime, commis de les allures d’un campus à l’américai-

www.courrierinternational.com bureau, à quelques centaines de sang-froid, aurait été prémédité. ne. Des bâtiments modernes, mètres de l’amphithéâtre. Peu alliant pierre et verre, sont dissémi- après, les pompiers constataient « LA SYMBOLIQUE EST LOURDE » nés dans un parc de sept hectares, que M. Bénard, découvert par des Gabriel Hawawini, le directeur en bordure de forêt de Fontaine- collègues qui s’inquiétaient de son que l’on nomme ici « dean » bleau : une piscine, une salle de absence, avait été frappé de plu- – doyen –, reçoit au « Cercle interna- gymnastique, deux restaurants, un sieurs coups de couteau, au thorax tional », vaste demeure du XIXe siè- café, une librairie, une agence de et à l’abdomen. Il est mort avant cle. Il se dit « sous l’effet du choc » : voyages... Des étudiants à la mise même son transport à l’hôpital. « Quand je suis devenu doyen, il y a soignée malgré la chaleur, télépho- Seuls le petit panneau « Interdit un an, j’avais pensé à tous les scéna- ne portable en main, devisent en de pénétrer », et de discrets scellés, rios catastrophes. Mais celui là n’était anglais. D’autres travaillent en grou- apposés sur la porte verte du pas sur ma liste ». Jamais d’agression pes, dans le plus grand calme, bureau de M. Bénard, en plein hall à l’Insead, presque jamais de vols. autour des tables en tek installées du bâtiment administratif, rappe- Non, le doyen « ne comprend pas ». dans le parc. Tous ont été avertis du laient, mercredi, le drame de la « Marcel Bénard était un père de décès de M. Bénard par un courrier veille. Etudiants et personnels conti- famille habitant le village voisin électronique du doyen. Mais aucun nuent de circuler librement au cen- d’Ury. Il était très apprécié de l’équipe ne souhaite s’exprimer. Cela «nese tre névralgique de l’Institut. Les poli- de 25 personnes qu’il dirigeait. On ne fait pas de commenter ce genre d’af- ciers de la direction régionale de la fait pas vingt ans de maison sinon. » faires dans la presse ». Et, de toutes police judiciaire de Versailles se « Nous le respections », confirme façons, le temps leur manque déjà. sont installés dans un lieu plus dis- sobrement un membre de l’équipe Business must go on. cret pour interroger les collabora- de Marcel Bénard. « Tuer le respon- teurs directs de la victime, les très sable de la sécurité, la symbolique est Pascale Krémer Maladie de la langue bleue : l’épidémie progresse en Corse APPARUE au début du mois de naires, il les a priés « de tout mettre octobre 2000 . Des traitements des juillet, l’épidémie de fièvre catarrha- en œuvre [...] pour endiguer le dévelop- cheptels ovins par insecticides le du mouton (ou maladie de la lan- pement de cette épizootie ». avaient alors été mis en œuvre, sui- gue bleue) continue sa progression La maladie de la langue bleue est vis d’une vaccination. Mis à disposi- en Corse, où 85 foyers ont été identi- la conséquence de l’infection de l’or- tion par la Commission européenne, fiés et près d’un millier d’animaux ganisme du mouton par un virus de ce vaccin a officiellement été admi- atteints. Ce phénomène apparaît la famille des réoviridés. Ce virus nistré, en Corse, à 102 000 moutons d’autant plus surprenant qu’une lar- pathogène est transmis par Culicoi- sur les 140 000 environ que compte ge campagne de vaccination avait des, une mouche de très petite taille. l’île. 18 F ■ été entreprise durant les premiers Initialement observée en Afrique Cette vaccination a-t-elle été cor- mois de l’année après la première du Sud, cette maladie a progressé rectement effectuée ? Tous les mou- En kiosque épidémie, survenue dans l’île à vers le Nord. Ces dernières années, tons dits vaccinés l’ont-ils effective- l’automne 2000 (Le Monde du les épidémiologistes avaient observé ment été ? Rien ne permet encore 30 octobre 2000). Jean Glavany, une extension du foyer infectieux de comprendre pourquoi l’épidémie ministre de l’agriculture, a chargé, gréco-turc vers la Bulgarie et la Rou- est survenue et pourquoi elle conti- vendredi 24 août, un contrôleur manie. De nombreux pays du nue à progresser chez des animaux général vétérinaire d’évaluer la situa- Maghreb sont également concernés vaccinés. Les épidémiologistes obser- RUSSIE Quand Moscou s’encanaille tion et de proposer des mesures sani- et, il y a un an, une épidémie massive vent toutefois que les cas de maladie taires. Il a également demandé à Isa- s’était déclarée en Sardaigne, suivie de la langue bleue sont moins fré- belle Schmidlin, directrice générale d’une autre dans les îles Baléares. quents dans les élevages vaccinés adjointe de l’alimentation de partici- Pour les spécialistes de l’Agence fran- que dans les autres... CHINE Lutter contre les inondations per, à Ajaccio, à la réunion du comi- çaise de sécurité sanitaire des ali- té régional de lutte que présidait ments (Afssa), tout indique que c’est Jean-Yves Nau Jean-Pierre Lacroix, préfet de région, l’épidémie sarde qui, via Culicoides, le 28 août. Quant aux services vétéri- avait atteint la Corse-du-Sud en f www.lemonde.fr/epizootie CARNET LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / 9

DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Ses enfants, petits-enfants, belles- – Guy et Jean-Louis Noblin, filles et gendres, Dominique Noblin, Naissances Sa sœur, ses neveux et nièces, Inès et Xavier Noblin, ont la tristesse d’annoncer le décès de font part du décès de – Bienvenue au monde, Louis NOBLIN, Sakina BOULAHBEL, Adèle ! dit Jacquot, Francisco Rabal née BENBOUZID, Acteur espagnol, ami et collaborateur de Luis Buñuel lundi 27 août 2001, 5 h 50. dite « Kouna » le 25 août 2001. Sabine et Stéphane Aznar, survenu le mercredi 29 août 2001. L'inhumation a eu lieu au cimetière communal de Pantin. L’ACTEUR ESPAGNOL Fran- lument dans le camp des oppo- ment avec Alfredo Landa, pour ce 55, rue de la Convention, 75015 Paris. cisco Rabal est mort mercredi sants au régime du caudillo. dernier film, dans lequel son physi- Que Dieu ait son âme. Né en 1912. Son père, ouvrier 29 août, après avoir été pris d’un Il tourne avec Gillo Pontecorvo que « de plouc », comme aurait dit agricole, est tué en septembre 1914. malaise dans l’avion qui le rame- (Un dénommé Scorcio, 1957), Anto- Rafael Gil, fait merveille. Rabal – Toute l'équipe de la galerie Polaris, Son enterrement aura lieu le vendredi Déclaré pupille de la nation en 1921, Et les artistes 31 août à 11 h 30 au cimetière parisien sa mère l'élève seule. nait à Madrid. L’appareil a été nioni (L’Eclipse, 1962) ou Jacques tourne également sous la direction félicitent les heureux parents, détourné sur Bordeaux, où le Rivette, qui lui confie le rôle de de Carlos Saura (Los Zancos, 1984) de Thiais (carré musulman). Mobilisé en 1939, prisonnier en 1940, décès a été constaté. Le comé- Dom Morel dans La Religieuse en et de Pedro Almodovar (Attache- La levée de corps aura lieu au il s'évade. Dès 1942, il devient chef de Olivia GAY trentaine dans le mouvement Libération, dien, qui était âgé de soixante-sei- 1966. Malgré quelques collabora- moi, 1989). Malgré l’âge et la bron- funérarium de Vitry-sur-Seine, 49-51, et à Montluçon. ze ans, revenait du Festival des tions marquantes avec Glauber chite chronique dont il souffre, l’ac- Eric LARRAYADIEU, rue Jules-Guesde, le 31 août à 10 heures. A la Sagem, où il travaillait, il avait films du monde de Montréal, où Rocha dans Têtes coupées en 1970, teur ne ralentit pas son rythme. En réuni une équipe qui organisait des pour la venue du petit un hommage avait été rendu à ce il passe presque une décennie en 1999, son interprétation dans Goya 6, allée Maurice-Langlet, parachutages. En juillet 1943, il est collaborateur et ami de Luis apparitions plus ou moins alimen- à Bordeaux, de Carlos Saura, lui Marius, 92220 Bagneux instructeur de groupes francs. Après une Buñuel, qui avait remporté le prix taires dans des productions interna- vaut le Prix Goya (équivalent espa- série de sabotages, il échappe à la Gestapo et gagne le maquis. Dans le d’interprétation à Cannes, en tionales ou américaines comme le gnol des Césars) d’interprétation. le samedi 18 août 2001, à 8 h 28. – Le 28 août 2001, à Paris, 1984, pour Les Saints innocents, de remake du Salaire de la peur par L’année précédente, il avait tourné groupe du commandant Laurent, Simonne BORNONG-VIDAL. « Jacquot » a combattu dans le Cantal, la Mario Camus. William Friedkin en 1977. Pendant avec le Mexicain Arturo Ripstein M. Edouard HUSSON Lorèze, l'Aveyron. En 1944, il est au Francisco Rabal Valera est né le cette période, il réalise plusieurs dans Divine. et mont Mouchet. 8 mars 1925 dans un village pro- courts métrages, dont l’un consacré Homme de gauche, il a récem- Les obsèques auront lieu au cimetière Mme, née Anna REICHEL du Père-Lachaise, Paris-20e, le lundi Après la guerre, il a repris son métier che de Murcie. D’origine modes- à son mentor, le poète Damaso ment raconté à El Pais : « Marcello ont la joie d'annoncer la naissance de 3 septembre. d'ajusteur en militant au PCF, contre la te, il s’installe à Madrid après la Alonso. Mastroianni m’a invité à une soirée guerre d'Algérie. En 1977, il prend sa fin de la guerre civile et y exerce chez lui, à Rome, avec les plus bel- Paul, Rendez-vous à 14 h 30, entrée place retraite. des petits métiers. Il finit par se PRIX D’INTERPRÉTATION les femmes de Rome, je l’ai emmené Gambetta. Il a accepté sa carte d'ancien à Munich, le 6 juillet 2001. combattant, il n'est titulaire d'aucune faire embaucher comme électri- La chute du régime franquiste et à un meeting du PC à Madrid. » décoration. cien aux studios de cinéma Cha- le retour de la liberté de création en Francisco Rabal venait de célébrer Wilhelmstrasse 6, – Théodore de Félice, martin. Rabal a raconté qu’un Espagne lui permettent de trouver ses noces d’or avec l’actrice 80801 München (Allemagne). Et sa famille jour le réalisateur Rafael Gil lui a des rôles plus substantiels. Il tra- Asuncion Balaguer, avec laquelle ont la tristesse d'annoncer le décès, dans – M. Raoul Ouziel, sa quatre-vingt-dixième année, de son époux, demandé de faire la doublure vaille avec Mario Camus à deux il avait présenté ces derniers mois Mariages M. et Mme Gilbert Ouziel, lumière de Fernando Rey, qui reprises pour La Colmena et Les un récital de poésie dans plusieurs Anne-Marie de FÉLICE, M. et Mme Yves Jacquet, – Salindres. Paris. Santiago du Chili. était la vedette du film. Après que Saints innocents. En 1984, le jury du villes d’Espagne. née SCHIESS, ses enfants, Rabal se fut acquitté de cette Festival de Cannes lui attribue un Ses petits-enfants, Regis SEVCIK, le 14 août 2001. Ses arrière-petits-enfants, tâche, Gil dit à son assistant : «Il prix d’interprétation, conjointe- Thomas Sotinel Claire LECYSYN, Ses neveux et nièces, faut lui donner un rôle à celui-là, Pablo et Lorena GHO L'incinération a eu lieu à Lorient. ont la douleur de faire part du décès de un rôle de plouc, parce qu’il a une ont la joie de faire part du mariage de a tête de plouc. » ALAIN LE HETET, ancien cham- cédé sa place à un autre karatéka leurs sœur et frère, 43400 Le Chambon-sur-Lignon. Mme Raoul OUZIEL, Ce premier engagement en pion du monde de karaté, a trou- français pour l’épreuve indivi- née Eva BONAN, entraîne d’autres, et, à la fin des vé la mort, lundi 27 août, dans un duelle. Il avait mis un terme à sa Sylvie et Nicolas, – Rémy Pech, président de l'université années 1940, Francisco Rabal est accident de la route survenu près carrière en 1998 à la suite d’une qui sera célébré le 1er septembre 2001, à Toulouse-Le Mirail, survenu le 18 août 2001, dans sa quatre- acteur à temps plein, se parta- de Pondaurat (Gironde), à l’âge fracture de la cheville. Salindres (Gard). Joël Clanet, directeur de l'UFR vingt-treizième année. geant entre le théâtre et le ciné- de trente-sept ans. Deux fois titré a JOHN NELSON, pianiste de sciences espaces et sociétés, ma. Il participe à la création en 1994 – en poids lourds et par jazz et père du chanteur et compo- Robert Marconis, directeur du – Sa famille, madrilène de Mort d’un commis équipes –, en Malaisie, il exerçait siteur Prince, est mort, dimanche Messages département de géographie, Et ses proches Marie-Christine Jaillet, directrice du ont la tristesse de faire part du décès de voyageur, d’Arthur Miller. Une la profession de sapeur-pompier 26 août, à son domicile de Chan- –A Centre interdisciplinaire d'études apparition dans le film Historias dans le district de Montpellier et hassen, près de Minneapolis (Min- urbaines, de la radio, de José Luis Saenz de était devenu, parallèlement, nesota). Il était âgé de quatre- Vincent, Et tous ses collègues, Clément PIEUCHOT, Heredia, attire l’attention de Luis depuis 2000, entraîneur national. vingt-cinq ans. John Nelson avait 31 août 1984. ont la grande tristesse de faire part du décès de le 26 août 2001, à l'âge de soixante-six Buñuel, qui le fait jouer dans Egalement membre du comité monté un trio dans les années Nous nous sommes salués à ans. Nazarin en 1958. C’est le début directeur de la Fédération fran- 1950 et était un artiste connu loca- Villetaneuse. Depuis, et de ma hauteur, Bernard KAYSER, d’une longue amitié. Le réalisa- çaise de karaté, ce sportif au gaba- lement avant de coécrire avec son scrute l'horizon, tend mon oreille. Ni professeur émérite de géographie Selon ses volontés, on se réunira avant teur fera de nouveau appel à Fran- rit impressionnant (1,90 m pour fils plusieurs chansons, dont cer- silhouette ni bruit. Rêve cueillir à l'université de Toulouse-Le Mirail, l'incinération, vendredi 31 août, à cisco Rabal pour Viridiana et 94 kilos) était surnommé le tains des titres publiés sur l’album ensemble des cerises dans ton panier 15 h 30, au crématorium du Père- pour Belle de jour. Très vite, Rabal « Monstre sacré ». Le diplôme Purple Rain, qui permit à Prince neuf. Tchao. survenu à Toulouse, samedi Lachaise. impose son physique vigoureux d’honneur du fair-play lui avait de connaître un succès mondial. 25 août 2001. FH-B. Ni fleurs ni couronnes. dans toute l’Europe latine, été décerné à la suite des cham- John Nelson avait aussi inspiré Les obsèques ont eu lieu dans d’autant que l’Espagne franquiste pionnats du monde en 1996, où, une figure paternelle dans le film l'intimité familiale. n’offre que des possibilités limi- après un nouveau titre remporté Purple Rain, dirigé, produit et Décès Jean RECHATIN, tées et que l’acteur se range réso- avec l’équipe de France, il avait interprété par Prince. – Stockholm. Locmaria-Plouzané. Université de Toulouse-Le Mirail, 5, allée Antonio-Machado, militant ouvrier dans la JOC, 31058 Toulouse Cedex 1. le syndicalisme, la politique, Inger Bjurström, la vie associative, NOMINATIONS technique au cabinet de Paul Quilès, au lippe Zeller est diplômé d’HEC et ancien élè- Henrik et Kimiko, Christofer et Catherine, me ministère de l’intérieur et de la sécurité publi- ve de l’ENA (1976-1978). Il a été notamment – M. et M Yves Martin, nous a quittés le 29 août 2001, à l'âge de USTICE Solveig, Erik, Lena et Maïlys, M. et Mme Daniel Martin, quatre-vingts ans, entouré de son épouse, J que (1992-1993). Secrétaire général de la pré- en poste aux Seychelles (1984-1986), à Rabat ont la tristesse de faire part du décès de ses enfants, de ses enfants et petits-enfants. Didier Lallement a été nommé fecture de la Marne et parallèlement chargé (1986-1988) et à l’administration centrale du M. et Mme Yves-Marie Martin, directeur de l’administration péni- de mission pour la politique de la ville Quai d’Orsay. Il a été aussi conseiller techni- Carl Gustaf BJURSTRÖM, me M Martine Sibé, La célébration religieuse aura lieu le tentiaire lors du conseil des minis- me auprès du préfet de la région Champagne- que au cabinet d’Hubert Curien, ministre de M. et M François Martin, vendredi 31 août, à 15 heures, en l'église tres du mercredi 29 août. Il succè- Ardenne (1993-1996), il a ensuite été la recherche et de la technologie (1988-1991) survenu le 15 août 2001, dans sa quatre- Mme Brigitte Corbel, me Sainte-Marguerite (Montplaisir), à Saint- de à Martine Viallet, qui a été nom- conseiller technique auprès du délégué à et détaché comme préfet de l’Ariège d’octo- vingt-deuxième année. M. et M René Gaudy, me Etienne. mée trésorière-payeuse générale M. et M Etienne Martin, l’aménagement du territoire et à l’action bre 1997 à juin 2000. Depuis octobre 2000, L'inhumation a eu lieu dans l'intimité Mme Christine Martin, de la Haute-Marne. régionale (Datar) et parallèlement responsa- Philippe Zeller était ambassadeur itinérant familiale. M. Patrice Beaud, Pas de fleurs. Dons au profit de la [Né le 27 août 1956 à Lyon (Rhône), titulai- ble du département Action régionale et déve- délégué à l’environnement.] ses petits-enfants, Ligue contre le cancer. re d’un diplôme d’études supérieures spécia- loppement rural au ministère de l’aménage- Une cérémonie commémorative se Noël, Gaspard Martin, Francine Rechatin, lisées d’administration et gestion des collec- ment du territoire (1996-1997). Conseiller déroulera le 18 octobre, à 15 heures, en Pierre-Yves, Emilie, Martin-Pierre 99, rue de la Richelandière, tivités locales, diplômé de l’Institut supé- technique pour les collectivités locales au JOURNAL OFFICIEL l'église suédoise, 9, rue Médéric, Paris- Martin, 17e. Tom, Antoine, Faustine Gaudy, 42100 Saint-Etienne. rieur de gestion, ancien administrateur terri- cabinet de Jean-Pierre Chevènement, minis- Alexis, Clément Martin, torial, Didier Lallement a été notamment tre de l’intérieur, de juin à décembre 1997, Au Journal officiel du jeudi Cet avis tient lieu de faire-part. Axelle, Audrey, Alison Beaud, secrétaire général adjoint de la ville d’Epinay- puis directeur général des collectivités loca- 30 août sont publiés : ses arrière-petits-enfants, Remerciements sur-Seine (1982-1985), secrétaire général du les (1997-2000), Didier Lallement était préfet b Accords internationaux : un 36, avenue Mathurin-Moreau, Mme Rose Démissy, – Attilly. me syndicat intercommunal d’Epinay-sur-Seine de l’Aisne depuis août 2000.] décret portant publication du pro- 75019 Paris. M Liliane Jullemier, ses belles-sœurs, (1985-1988), chef du cabinet de Roger Bam- tocole additionnel modifiant la Très touchée de la sympathie qui lui a Ses neveux et nièces, été témoignée lors du décès de buck au secrétariat d’Etat à la jeunesse et DIPLOMATIE convention belgo-franco-luxem- – Le président, Ses amis, aux sports (1988-1989), puis conseiller tech- Philippe Zeller a été nommé bourgeoise relative à l’exploitation Et l'ensemble de la communauté de ont la tristesse de faire part du décès de l'abbé Henry de JULLIOT, nique au cabinet de Jean-Michel Baylet, au directeur général de l’admi- des chemins de fer du Grand- l'université Paris-XIII ont la tristesse de faire part du décès de Mme Yvonne MARTIN, secrétariat d’Etat chargé des collectivités nistration au ministère des Duché, signé à Luxembourg le la famille remercie sincèrement toutes affaires étrangères, lors du conseil 17 avril 1946 ; née GUIMONNEAU, locales (1989-1990). Nommé directeur du M. Gérard BLAMONT, les personnes qui ont pris part à sa peine des ministres du mercredi 29 août. - un décret portant publication cabinet du préfet de l’Essonne en mars 1990, maître de conférences en anglais survenu le 28 août 2001, à l'âge de et les prie de trouver ici l'expression de il a ensuite été chargé de mission, puis direc- Il succède à Alain Catta, qui doit de la convention de sécurité socia- à l'IUT de Saint-Denis, quatre-vingt-dix-huit ans. sa profonde reconnaissance. teur du cabinet de Jean-Pierre Sueur au être nommé ambassadeur à le entre la République française et secrétariat d’Etat aux collectivités locales Vienne. la République du Chili, signée à et s'associent au deuil de sa famille et de Les obsèques civiles auront lieu le Anniversaires de décès (1991-1993), étant parallèlement conseiller [Né le 3 octobre 1952 à Lyon (Rhône), Phi- Santiago le 25 juin 1999. ses proches. vendredi 31 août, à 15 h 45, au cimetière du Père-Lachaise (porte Gambetta), Paris-20e, où l'on se réunira. Karl FLINKER, 31 août 1991. F par Vos témoignages de sympathie seront Abonnez-vous au pour seulement 173 mois reçus sur un registre du souvenir. Dix ans, ami de toujours, de ton Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : absence béante et inconcevable. LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex L'inhumation aura lieu dans le caveau de famille. Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 173F (26,37a) par mois par prélèvement automatique. J. et S. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : M. et Mme Yves Martin, Adresse : 11, avenue Lespinasse, – 31 août 1994, 93250 Villemomble. Code postal : Localité : M. et Mme Daniel Martin, Ernest SIMONAZZI. Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPA1 Le Rocamare C, N° NATIONAL D'ÉMETTEUR 71, rue Georges-Clemenceau, « La vie est bien brève Autorisation de prélèvements ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE 06400 Cannes. N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 Le rêve bien long. » J'autorise l'établissement teneur de TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER mon compte à effectuer sur ce dernier – A ses anciens étudiants et stagiaires, les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... A ses collègues des IUT, Formations au journal Le Monde. Prénom ...... Les enseignants, L'Inalco Langues'O N° ...... rue ...... Et le personnel de l'IUT de Cachan, Je resterai libre de suspendre provisoire- propose le CPLCO, Code postal Ville ...... …...... ont la tristesse de faire part du décès de une formation diplômante pour adultes, ment ou d’interrompre mon abonnement à en cours du soir Chaque samedi avec tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT Maurice MEAUDRE, DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) Date :...... Certificat pratique de langue et ...... survenu le jeudi 23 août 2001, à l'âge de culture orientales en arabe littéral, Signature : ...... soixante-deux ans. égyptien, marocain, arménien, chinois, 0123 N° ...... rue ...... japonais, russe, hébreu. Préparation en Code postal Ville ...... DATÉ DIM./LUNDI – Nadja et Sibylle Moreau, deux ans. ses filles IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB ont la tristesse de faire part du décès de Cours du 17 septembre 2001 au retrouvez d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- 28 juin 2002. tion. Il y en a un dans votre chéquier. Dominique MOREAU, Places limitées à vingt personnes. Inscriptions, renseignements et tarifs Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : au Service commun de la formation Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. leur père, continue. LE MONDE Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) survenu à Paris, le 22 août 2001. Organisme de formation n° 1175 “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 PO 16275, 2, rue de Lille, 75343 Paris TELEVISION Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 6, place de Séoul, Cedex 07. Tél. : 01-49-26-42-31/59/81 75014 Paris. E-mail : [email protected] 10 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 Bertrand Delanoë dans les embarras de la circulation parisienne Le maire PS de la capitale a dû accepter que le préfet de police modifie le dispositif des nouveaux couloirs de bus. A l’Hôtel de Ville, la nouvelle équipe reconnaît que la méthode n’était pas la bonne. La Journée sans voiture du 22 septembre concernera tout le centre de Paris

DES FENÊTRES de son immen- Le nouveau dispositif revu par la préfecture de police des camions de livraison sur la se bureau, Bertrand Delanoë sera chaussée, le long des fameuses aux premières loges. Le maire de MISE EN PLACE DES NOUVEAUX COULOIRS D'AUTOBUS banquettes ou des trottoirs, en Paris va pouvoir juger, lundi 3 sep- SCHÉMA-TYPE DE RUE À SENS UNIQUE : RUE DE RIVOLI/BD DE SÉBASTOPOL ET BD DE STRASBOURG face des couloirs, M. Proust a ins- tembre, jour de rentrée générale, tauré une réglementation provisoi- des répercussions sur la circula- re jusqu’au 31 décembre. Les livrai- tion liées aux aménagements des sons sont désormais strictement nouveaux couloirs de bus, réalisés interdites en dehors des aires de pendant l’été à sa demande. Avant stationnement que va mettre en même le retour complet des aoû- place la Ville. Ces espaces devront tiens, la rue de Rivoli, qui longe être gagnés sur les trottoirs, de l’Hôtel de Ville, illustre toute la part et d’autre de la chaussée : un polémique soulevée par la mise en paradoxe au moment où la nouvel- service des 7 premiers kilomètres le politique de la Ville vise à favori- de couloirs de bus protégés. ser les circulations douces, et alors Dès les premières lueurs de PIÉTONS PIÉTONS que la rue de Rivoli est en train de LIVRAISONS VOITURES ET MOTOS COULOIRS DE BUS ET VÉLOS LIVRAISONS (et rollers) l’aube, ce tronçon de l’artère qui (véhicules d'urgence et transp. de fonds) devenir une des premières artères traverse le centre de Paris d’est en Source : Préfecture de Police commerçantes de la capitale. ouest, en reliant la place de la Bas- « Il rentre chaque jour en moyen- tille à celle de la Concorde, offre cher aux fenêtres de sa mairie plus de 5 mètres de large, retrouve qui font face à Notre-Dame, la ques jours après les élections muni- ne 1,5 million de voitures dans un étonnant spectacle. La voirie pour trouver une explication à cet- ses deux files de circulation. « salle de circulation » veille sur le cipales, à suspendre le projet ini- Paris, où seulement la moitié des est divisée en deux parties presque te étrange situation. Partis à bon- Motos et scooters, eux aussi, tré- trafic dans la capitale. Deux murs tial (Le Monde du 25 août). Celui-ci 500 000 véhicules des Parisiens quit- égales par un minitrottoir de ne allure, sur deux files, de la place pignent à côté de la voie presque de vingt écrans chacun permettent avait été conçu très rapidement tent leur place de stationnement 70 centimètres de large appelé de la Bastille, les automobiles ont vide. Après des années de toléran- aux agents d’observer en temps avant l’été par la direction de la pour circuler. On a sans doute cru « banquette ». La chaussée est, commencé une sinusoïde fatale. ce, les agents de police postés à réel la circulation sur les princi- voirie et des déplacements de la que les banlieusards allaient très d’un côté, entièrement couverte Quand la chaussée s’élargit au l’entrée du nouveau couloir interdi- paux axes de la capitale. Des cap- Mairie de Paris, à la demande de vite prendre en compte les difficul- de véhicules pratiquement immo- niveau de la place de l’Hôtel de Vil- sent, courtoisement mais ferme- teurs placés sous la chaussée et M. Delanoë et de Denis Baupin, tés engendrées par les nouveaux bilisés. Sur l’autre voie, recouverte le, les conducteurs s’engouffrent ment, l’accès aux deux-roues moto- 317 caméras, dont une centaine son adjoint (Verts) chargé des couloirs, constate M. Mure. Mais la d’un élégant revêtement gris sou- brutalement sur la troisième file. risés. En revanche, les forces de pour le seul boulevard périphéri- transports et de la circulation. «Il situation est très différente de la rive ris flambant neuf, un cycliste police n’ont pas le temps d’interve- que, indiquent la vitesse et la densi- y avait danger pour les livreurs à tra- gauche. » Sur cette rive, il y a un pédale tranquillement, rattrapé FRONT DE TÔLES nir pour empêcher un camion de té du trafic. « Nous avons tout de verser, à pied avec leur chargement, an exactement, il n’avait fallu que par un bus lancé à pleine vitesse. C’est ce front de tôles qui tente livraison de s’arrêter devant une suite vu ici que les nouveaux aména- des couloirs où les bus peuvent main- quelques semaines aux automobi- Au milieu des voitures arrêtées, de passer en force le premier carre- brasserie. Pendant que le livreur gements de la voirie posaient problè- tenant rouler beaucoup plus vite, listes de banlieue pour s’adapter des motocyclistes renoncent à ten- four d’importance, entre la rue de descend ses caisses de bouteilles, me, raconte le commissaire divi- explique Pierre Mure, directeur de aux nouvelles conditions de circu- ter de se faufiler, faute de place Rivoli et la rue du Renard, descen- bus et taxis doivent quitter leur sionnaire Dominique Ludwig. Sur l’ordre public et de la circulation à lation entre le pont Sully et le pont entre les pare-chocs. « C’est la pre- due du nord de Paris, derrière le couloir pour s’immiscer – difficile- nos images qui donnent une vision la préfecture de police. Et puis, il de la Concorde. Voulue par Jean mière fois de ma vie de motard que centre Georges-Pompidou. Faute ment – dans le flot de circulation. globale de la situation, on a compris est vite devenu évident que la place Tiberi, le prédécesseur de M. Dela- je coupe mon moteur après être res- de respecter les croisillons peints Un concert d’avertisseurs éclate qu’il était strictement impossible de laissée aux voitures, à peine une noë, la suppression de plusieurs té sans bouger aussi longtemps », en jaune qui devraient leur interdi- quand les agents de la circulation, laisser le dispositif tel qu’il avait été voie de circulation en cas de livrai- voies de circulation y avait été témoigne un cadre en casque-cos- re de s’engager dans ce carrefour tout juste descendus de leurs vélo- prévu par la Mairie de Paris. » son, risquait d’entraîner une vérita- d’autant mieux acceptée que le tra- tume-cravate. Dans une camion- sans être certains de pouvoir le moteurs, tentent de remettre en Ce sont avant tout les difficultés ble thrombose dans tout Paris, avec fic y est vite devenu plus fluide. nette, un livreur a sorti son plan de franchir, les automobilistes sont mouvement le maelström mécani- liées aux livraisons qui ont conduit des répercussions sur toutes les voies Mais les livraisons sur la rive gau- Paris : « Cela fait une semaine déjà pris au piège de cette troisième que. Jean-Paul Proust, l’ancien direc- adjacentes. » che n’ont rien à voir avec celles de qu’on est bloqués ici tous les matins. file, véritable entonnoir puisque, L’ordre d’intervenir est parti de teur de cabinet de Jean-Pierre Che- Jeudi 23 août, après avoir fait la rue de Rivoli. J’étudie un autre itinéraire. » de l’autre côté du carrefour, la la préfecture de police. Dans les vènement au ministère de l’inté- constater au maire de Paris les Il suffit à M. Delanoë de se pen- chaussée amputée du couloir de tréfonds des immenses bâtiments rieur, nommé préfet de police quel- conséquences d’un stationnement C. de C.

TROIS QUESTIONS À... alliés Verts de la majorité municipa- Denis Baupin (Verts), adjoint à la circulation, fait son autocritique le. Il ne doit pas accepter n’importe JEAN TIBERI quoi. C’est une politique extrémiste « J’ASSUME mes responsabilités », c’est ainsi cipalité (Le Monde daté 5-6 mars), les techni- donner rapidement des signes forts à son élec- que de vouloir ainsi obliger les auto- que Jean-Paul Proust commente, sobrement, ciens de la préfecture de police ne sont pas torat, M. Delanoë s’étonnait la semaine derniè- Vous étiez favorable à la réduc- mobilistes à ne pas prendre leur voi- son intervention énergique dans le dossier des mécontents de voir à nouveau leur avis et leur re, en défendant les nouveaux couloirs de bus, 1tion du trafic automobile quand ture. J’avais fixé comme objectif une couloirs de bus dans la capitale. En prenant ses expérience sérieusement pris en compte. Beau qu’on lui reproche à la fois d’en faire trop et vous étiez maire de Paris, que pen- réduction de 5 % du trafic automo- fonctions il y a quelques semaines, le nouveau joueur, Denis Baupin, adjoint (Verts) de Ber- pas assez. L’enseignement qu’il pourra tirer de sez-vous de la méthode choisie par bile. Il serait bon de savoir exacte- préfet de police avait pourtant clairement indi- trand Delanoë chargé des transports et de la cir- cette polémique, comme de celle qui a entouré votre successeur pour réorganiser ment où veut arriver la nouvelle qué qu’il préférait recentrer l’action de ses servi- culation, reconnaît qu’il faudra désormais une la fermeture de la voie Georges-Pompidou cet la voirie dans la capitale ? municipalité, et si elle a l’intention ces sur la sécurité et laisser au maire de Paris « coproduction » entre la Mairie de Paris et la été, est bien que le problème se situe ailleurs, Je voulais, moi aussi, un nouvel de multiplier les mesures coercitives. les questions de circulation. « A lui de définir les préfecture de police. « Leur expertise est essen- dans l’absence de réelle concertation et d’une équilibre entre les modes de dépla- grandes orientations, je veillerai simplement à ce tielle, dit-il. On est toujours plus intelligents à plu- information claire. Avec le centre de Paris, la cement. On peut certainement fai- Pourquoi n’avez-vous pas lancé que tout se passe bien, en faisant appliquer la sieurs. » butte Montmartre, le quartier de la Villette, les re mieux que ce que nous avions 3une telle politique de couloirs réglementation, en particulier dans les secteurs bois de Boulogne et de Vincennes en partie réussi à faire pendant mon mandat. protégés durant votre mandat ? stratégiques, comme autour d’une ambassade », DES SIGNES FORTS interdits aux automobilistes pour la journée Mais les difficultés actuelles de Nous avons mis en site propre disait-il alors (Le Monde du 7 juillet) Le couac des couloirs de bus s’explique par la « En ville, sans ma voiture ! » (voir la carte M. Delanoë s’expliquent par un une grande partie de la ligne de Manifestement désireux d’anticiper une volonté des nouveaux élus à la Mairie de Paris p. 11), samedi 22 septembre, un nouveau débat refus total de concertation. On voit Petite Ceinture. Par ailleurs, nous modification de la loi, actuellement en cours de d’obtenir au plus vite des signes visibles du risque d’ailleurs de s’ouvrir. combien celle-ci était indispensable avons fait un réseau de 150 km de discussion au Parlement, qui redonnerait au changement engagé à l’Hôtel de Ville. « Il fal- Avec son adjoint, M. Delanoë s’est donc lan- pour trouver un bon système pour pistes cyclables. J’ai obtenu le maire de Paris les mêmes pouvoirs en matière lait réaliser ces travaux pendant la période creu- cé sur le tard dans une campagne d’explica- les livraisons. Le maire aurait dû dis- financement d’une ligne de tram- de circulation que ceux des grandes villes, se de l’été, reconnaît M. Baupin. Cela nous a tions. Le nouveau dispositif n’a pour but, rap- cuter avec les commerçants et avec way dans le contrat de plan Etat- M. Proust ne se montrait guère jaloux de ses empêchés de mettre en place une expérimenta- pelle-t-il, que de restaurer la qualité de l’air les associations. Heureusement que région, ce qui n’était pas évident prérogatives dans ce domaine. Mais ce sont les tion, et de prendre le maximum de précautions. dans la capitale, en améliorant les transports le préfet de police est intervenu au départ. Pour les bus, nous policiers eux-mêmes qui ont soulevé le problè- Aujourd’hui, nous nous rendons compte égale- en commun et en rétablissant l’équilibre entre pour remettre de l’ordre. avons travaillé avec la RATP pour me des livraisons. Eux aussi, qui constatent sur ment que nous avons pris pour une validation la les différents espaces de voirie. Et M. Baupin de améliorer le réseau existant. Il leurs écrans de contrôle que, faute de signalisa- simple présentation que nous avons faite à la pré- faire appel au « civisme » des automobilistes Accuseriez-vous M. Delanoë de aurait fallu plus de temps, un tion suffisante au sol, les automobilistes s’écar- fecture de police du programme que notre direc- pour que ceux-ci comprennent le message : 2vouloir « pourrir » la vie des second mandat, pour arriver au tent des fameuses « banquettes » en grigno- tion de la voirie et des déplacements avait dû, tout simplement participer à la meilleure circu- automobilistes ? bout de ce programme. tant ainsi sur une précieuse voie de circulation. pour sa part, mettre au point en un temps lation des bus dans la capitale. Dans cette affaire, le maire donne Après avoir fait discrètement part de leur record. » l’impression d’être l’exécutant Propos recueillis par scepticisme sur les projets de la nouvelle muni- Pressé, en particulier par ses alliés Verts, de C. de C. d’une orientation exigée par ses Christophe de Chenay Pour stopper l’invasion de la voiture, il faut exercer une véritable discrimination La nouvelle majorité devra faire œuvre de pédagogie pour accompagner cette opération de longue haleine

IL N’Y A PAS le choix. Si on veut loir frapper un grand coup, chan- donne les moyens de le mettre en souffrent d’une mobilité altérée, des nouveaux couloirs réservés circulation un an avant sa mise en stopper l’invasion de la voiture et ger les habitudes, créer une nou- œuvre, réduire le trafic automobile ne serait-ce que par l’âge : il est atteste de la nécessité de penser place qui, elle-même, a précédé de sauver les villes de l’asphyxie et de velle culture. Mais ils doivent en dans la capitale suppose de mettre impératif que l’accès aux rames de même à des aspects qui peuvent deux ans et demi l’entrée en la mutilation, tout en contribuant à même temps éviter de « pourrir » entièrement le dossier à plat. Cela métro ou aux bus leur soit grande- paraître marginaux. De l’absence service du réseau de tramway. La la lutte contre le réchauffement de la vie des automobilistes qui ne ne peut être fait sérieusement sans ment facilité, sans parler des usa- de solutions satisfaisantes peuvent réintroduction de ce mode de trans- peuvent se passer de leur véhicule. des études dignes de ce nom, pre- gers frappés d’un handicap physi- naître une gêne réelle, un mouve- port dans la capitale alsacienne à ANALYSE La véritable erreur de la majorité nant en compte tous les paramè- que sérieux. Pour les vieilles gens, ment de grogne et, pour tout dire, pris une large part de la voirie jus- plurielle parisienne est d’avoir mis tres. Fatalement, cette opération certains parcours en transports en une réelle incompréhension. Car que-là consacrée à la voiture. Cette La voiture a horreur la charrue devant les bœufs. La fer- de longue haleine n’est pas simple. commun relèvent de la gageure. tout est là. Si M. Delanoë veut vrai- nouvelle répartition a suscité de du vide, meture de la voie Pompidou du Modifier ou fermer une voie impor- ment lutter contre l’envahissement vives réactions mais, aujourd’hui, elle s’approprie tout 15 juillet au 15 août et la refonte tante de circulation (l’expérience RATP ET SNCF AU PIED DU MUR de Paris par l’automobile, il doit elle est entrée dans les mœurs. Les espace libre des couloirs réservés aux bus, aux de la voie rapide de la rive droite l’a C’est ce qui explique leur répu- impérativement préparer ses admi- Strasbourgeois ont même intégré taxis et aux vélos apparaissent com- montré) a des conséquences sur gnance à les utiliser et leur propen- nistrés à une nouvelle culture. Pour le fait qu’ils ne puissent plus traver- me des actions isolées, n’entrant l’ensemble du trafic de l’aggloméra- sion à emprunter la voiture plus ce faire, une longue campagne d’in- ser le centre-ville en voiture. Cer- la planète, il faut exercer une vérita- pas dans un programme global. tion et, donc, sur les axes de dépla- qu’il ne le faudrait. La RATP et la formation et d’explication est tes, Paris n’est pas Strasbourg mais ble discrimination. Les métropoles Sans compter que faire rouler cement. Selon que ceux-ci sont des- SNCF, notamment pour les trains impérative. Les Parisiens doivent la Ville a aussi d’autres moyens, européennes qui ont cru pouvoir ensemble véhicules à moteur et tinés principalement ou exclusive- de banlieue, sont désormais au comprendre la logique de la munici- politiques et financiers. M. Dela- absorber le flux automobile sont cyclistes est effectivement une ment à l’un des modes de déplace- pied du mur : si ces deux entrepri- palité pour ne pas être amenés à se noë doit absolument jouer la carte allées au-devant d’échecs notoires. « révolution » pour le moins dange- ment (voiture, bus, tramways, ses publiques ne consentent pas un demander pourquoi telle artère est de la clarté et la transparence. Pour Bruxelles, par exemple, a ouvert reuse, d’autant plus lorsque l’as- vélos, piétons), la structure de la effort considérable pour offrir interdite à la circulation ou pour- ne pas être soupçonné de démago- des autoroutes urbaines dans les phalte ou le pavé est mouillé. En chaussée ne peut pas être la même. enfin des transports confortables, quoi tels emplacements de station- gie, il doit dire aux Parisiens que années 1970. Les véhicules particu- Allemagne, un modèle en la ma- Ce qui suppose des aménagements rapides, sûrs et à des tarifs compéti- nement sont supprimés. La partie gagner la bataille contre la voiture liers s’y sont engouffrés allègre- tière, les vélos disposent de importants de voirie dans de nom- tifs, M. Delanoë aura du mal à est jouable, même si le maire trou- demande du temps… et beaucoup ment, au début, avant de produire couloirs en site propre avec pleine breux cas. gagner son pari. vera nécessairement sur son che- d’argent. Même si le nouveau mai- bouchons et pollution. La loi est jouissance, même les rollers en De leur côté, les transports Le projet idéal devrait également min, quelle que soit la manière re de Paris, on le sait bien, était simple : la voiture a horreur du sont exclus. publics doivent contribuer à la nou- éviter de pénaliser les professions dont il s’y prend, les pires des con- pressé par les Verts et par la néces- vide, elle s’approprie tout espace Au-delà de cette anomalie, qui velle donne. Pas seulement en ter- (taxis, livreurs, artisans, etc.) qui uti- servateurs et les éternels grin- sité d’une rupture spectaculaire libre dès qu’elle en a l’occasion. peut être corrigée à condition que mes de renforcement de dessertes, lisent nécessairement des véhicules cheux. avec la gestion de Jean Tiberi. C’est pourquoi Bertrand Delanoë la municipalité conçoive un nou- d’horaires et de fréquences mais en automobiles. Le flottement sur la La ville de Strasbourg a « com- et ses alliés Verts ont raison de vou- veau plan de circulation et se pensant aussi aux personnes qui question des livraisons à hauteur muniqué » sur le nouveau plan de Marcel Scotto RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / 11

Déjà 7 kilomètres de couloirs protégés Répression annoncée LES COULOIRS D'AUTOBUS PROTÉGÉS : PROTECTION DE 4,50 M PROTECTION DE 4,50 M Programme 2001 AVEC BORDURETTE AVEC BANQUETTE sur les axes aménagés

AUTRES COULOIRS PREMIÈRE PHASE Août 2001 : RÉALISÉS EN COURS La préfecture de police s’apprê- RÉSERVÉS AUX AUTOBUS te à mettre tous les moyens nécessaires pour faire respecter LIGNE DE PETITE CEINTURE Bassin la nouvelle réglementation. Dès (PC) EN SITE PROPRE de La Villette Butte Montmartre le lundi 3 septembre, les forces 18e 17e de police, longtemps accusées de

19e laxisme, seront présentes en nombre sur les axes protégés.

e « La réussite de cette opération est 9 10e 8e essentielle puisqu’elle constitue la Oberkampf première phase de la réalisation du plan de déplacements 2e 20e urbains », disent les officiers de Bois de 1er e police mobilisés sur le terrain. Boulogne 16e 3 11e Livreurs ou simples particuliers, les contrevenants à l’interdiction 7e absolue de stationner, aussi bien e 4 à l’intérieur qu’à l’extérieur des 6e couloirs, hors des emplacements 15e 5e réservés, seront sanctionnés et 12e envoyés à la fourrière. Les deux- roues motorisés ne bénéficieront plus d’aucune tolérance : « Trop Bois de 13e dangereux de les voir rouler vite e 14 Vincennes au milieu des cyclistes et sur les PÉRIMÈTRE EN PARTIE INTERDIT passages piétons. » Quant aux AUX VOITURES le 22 septembre : adeptes du roller, ils seront priés 1km journée "En ville, sans ma voiture" de rester sur les trottoirs. Sources : RATP, Mairie de Paris « Engager un nouveau partage de l’espace, diminuant fortement celui consacré à l’automobile » Voici les extraits les plus significa- Maréchaux » en commençant par les trottoirs seront élargis au bénéfi- arrondissements) visant à redonner tifs du chapitre « Transports, déplace- la partie sud et en prolongeant vers ce des piétons, poussettes et voitu- toute sa place à la fonction résiden- ments, circulation automobile » du l’est dans la perspective de fermer res de personnes handicapées ; un tielle, à diminuer les nuisances liées contrat de mandature 2001-2007, la boucle avec une opération simul- large espace séparé physiquement à la circulation automobile et à valo- adopté par les listes Delanoë et tanée de requalification urbaine du reste de la circulation sera réser- riser le patrimoine culturel et com- Contassot par la partie sud et en prolongeant vé aux transports collectifs de surfa- mercial. entre les deux vers l’est… ce, véhicules prioritaires, taxis et b Diminution de la circulation tours des élec- b Participation de la Ville à la réa- modes de circulation douce (vélos, des gros camions de livraison grâce tions munici- lisation de tramways ou de trans- rollers, patinettes). C’est ainsi que au développement de plates-for- pales dans le ports en site propre connectés avec seront transformés les axes rouges, mes intermodales à la périphérie de cadre de leur celui des Maréchaux et desservant sources de pollution, de bruit et l’agglomération et d’autres plus fusion. la banlieue nord et sud… Mise à d’insécurité routière. petites au cœur de la zone urbani- b Engager l’étude dès 2001 de la faisabilité de b Création d’un Réseau vert de sée ; développement de l’activité VERBATIM un nouveau l’implantation du tramway en rues réservées aux piétons, cyclis- fluviale pour les transports de mar- partage de l’espace, diminuant for- réseau dans Paris. tes, rollers et transports collectifs. chandises ; réorganisation des pla- tement celui consacré à l’automobi- b Mise en œuvre d’un plan Mise en place d’un vaste réseau ces de livraison ; création des maga- le pour le consacrer aux autres d’amélioration de la qualité de servi- cyclable et « rollable » et d’une poli- sins de quartier (centrales de livrai- modes de déplacement (transports ce et de la sécurité dans les trans- tique globale en faveur du vélo (sta- sons). collectifs, vélo, marche, etc.) ports collectifs : mise en site propre tionnement, aménagements, loca- b Promouvoir activement l’utili- b Diminution du coût journalier des lignes de bus, création de lignes tion, promotion, partenariats avec sation des véhicules « non pol- du stationnement résidentiel… Par- de minibus de quartier, informa- SNCF et RATP) ; transformation de luants » (électriques, gaz, etc.). ticipation de la Ville à la création de tion, développement des services la Petite Ceinture en Coulée verte b Interdiction progressive de la parkings relais dans son aggloméra- en soirée ou le week-end, effort tari- (cheminements piétonniers et cycla- circulation des cars de tourisme tion, situés aux abords immédiats faire en direction de certains bles, espaces verts, jardins fami- dans Paris intra-muros, après con- de dessertes importantes de trans- publics, accessibilité accrue pour liaux, aménagements pour les habi- certation avec les professionnels du ports en commun (gares RER, les personnes handicapées, aug- tants…) ; reconquête des voies sur tourisme. SNCF…). Mise à l’étude de tarifs mentation des fréquences, etc. berge au profit des piétons, cyclis- b Intervention du maire de Paris réduits de stationnement pour les b Aménagement des grands axes tes et rollers. en faveur d’une évolution législati- possesseurs de Carte orange. Dimi- structurants parisiens en « espaces b Création de Quartiers verts ve organisant le transfert des pou- nution progressive du stationne- civilisés » par la diminution des libérés du trafic de transit et du sta- voirs de circulation, de voirie et de ment gratuit. files réservées à la circulation auto- tionnement de surface. Aménage- stationnement du préfet de police b Réalisation du « tramway des mobile. Grâce à cette reconquête, ment du centre-ville (six premiers vers le maire de Paris. Stockholm veut renforcer encore ses transports collectifs STOCKHOLM voies périphériques pour être tra- de la ville. Conséquence : la cons- mobilistes, la société des trans- de notre correspondant versée du nord au sud et d’ouest truction de logements neufs dans ports en commun de la capitale Plus d’un siècle après la mise en en est. Sur certains ponts, il passe Stockholm intra-muros est infé- (SL) va investir 16 milliards de cou- service du premier autobus sur le 70 000 véhicules par jour : dix fois rieure aux besoins et les nouveaux ronnes suédoises (1,7 milliard réseau collectif de Stockholm plus que sur le pont d’Öresund, arrivants vont gonfler les rangs d’euros), en espérant attirer (1899), les élus de la capitale sué- unique liaison routière entre la des banlieusards qui prennent leur 100 000 voyageurs supplémentai- doise restent persuadés que le Suède et le Danemark… Ce réseau- véhicule matin et soir pour se res en cinq ans. développement des transports là est insuffisant et encombré par rendre sur leur lieu de travail et en SL entend développer le réseau publics est le moyen le plus effica- de perpétuels travaux de remise repartir. « Stockholm affiche l’un de bus en site propre, augmenter ce pour limiter la circulation auto- en état, de goudronnage et de des taux d’utilisation des transports le nombre de places de parking mobile en centre-ville et parer à signalisation, qui précipitent en commun les plus hauts d’Europe. aux stations de métro et de trains l’engorgement des voies périphé- automobilistes et routiers dans un Aux heures de pointe, entre 70 % et de banlieue et réduire les incidents riques et pénétrantes. Loin de véritable entonnoir. A cette diffi- 75 % des trajets s’effectuent dans les techniques et les retards. Mais les connaître des embouteillages com- culté s’ajoute l’afflux croissant de transports collectifs. Nous voulons bonnes intentions s’accordent par- parables à ceux d’autres grandes nouveaux résidents : d’ici 2010, maintenir ce niveau », explique fois mal avec les faits. Déjà modes- villes européennes, Stockholm est 190 000 immigrés ou provinciaux Monica Hildingson, chef de la pla- te – avec 38 kilomètres pour l’ag- néanmoins confrontée à une se seront installés dans l’agglomé- nification routière de la ville. glomération dont 14 à l’extérieur aggravation de ses difficultés de ration, qui comptera 2 millions des portes –, le réseau de bus en circulation. Celles-ci s’expliquent à d’habitants. BUS EN SITE PROPRE site propre a récemment été ampu- la fois par l’éclatement géogra- Cet afflux constitue un véritable Les élus, qui préfèrent la pédago- té à plusieurs endroits. Enfin, les phique, la croissance démogra- défi pour les urbanistes munici- gie à la répression, veulent encou- possibilités de combiner les modes phique, la vitalité économique et paux tenants de « l’expansion inté- rager le recours aux transports en de transport sont faibles et le parc la volonté des édiles de préserver rieure ». Ce concept résume la commun, agir durablement sur les de locomotives du métro vieillis- les espaces verts face au béton. volonté des pouvoirs publics de comportements, convaincre les sant. « Toutes les couleurs politi- Fondée sur un chapelet d’îles au recycler, réhabiliter, aménager les automobilistes que les transports ques reconnaissent le besoin de confluent des lacs Maelar et Salts- espaces existants et surtout de collectifs constituent une alter- développer les transports collectifs. joe, la ville requiert un dense loger les habitant sans sacrifier un native plus économique en temps Mais quand il s’agit de réduire l’es- réseau de ponts, de tunnels et de mètre carré du « patrimoine vert » et en argent. Pour séduire les auto- pace de circulation des voitures au profit des bus, les volontés se ramol- lissent », explique Maria Adolfson, porte-parole de SL. Rome mise sur le contrôle électronique Quant au vélo, il ne constitue pas une priorité pour les pouvoirs ROME Mais les problèmes sont nom- crit dans le programme de sortie publics. « Le vélo ne représente que correspondance breux. Apparemment, la liste des du « tout automobile ». Les tram- 2 % du trafic et je ne crois pas qu’il L’électronique a été mise à con- véhicules autorisés – entre 80 000 ways et les bus électriques sillon- puisse jouer un rôle déterminant tribution pour veiller au respect et 85 000 –, qui appartiennent aux nent de plus en plus le centre histo- dans un pays où les températures des règles de circulation dans le résidents et à certaines catégories rique. Bientôt, on verra aussi beau- descendent à 20 degrés au-dessous centre historique de Rome. Des comme les handicapés, les coup de Romains circuler avec des de 0 pendant l’hiver », constate caméras, conçues pour l’occasion livreurs, les médecins, les journalis- deux-roues électriques. La mairie Mme Hildingson. Les ventes de voi- par un designer connu, histoire de tes et les parlementaires, n’est pas en a mis, pour l’instant, quatre tures, au demeurant, ne cessent de bien les insérer dans le tissu encore complète, ce qui rend cents à leur disposition, dans un progresser, stimulées par l’explo- urbain, prennent en photos les pla- impossible les vérifications… parking aux alentours de la via sion de la nouvelle économie au ques d’immatriculation de tous les Veneto. D’autres vont suivre, ainsi milieu des années 1990. Stoc- véhicules qui pénètrent dans le DEUX-ROUES ÉLECTRIQUES qu’un programme d’installation kholm est la région la moins affec- centre. Après vérification sur ordi- Selon la mairie, la solution est de points de recharge pour les bat- tée par les baisses conjoncturelles nateur, les personnes non autori- simple mais, il faut du temps et de teries. Le coût pour une heure de ou saisonnières des ventes de voi- sées reçoivent directement un P-V l’argent pour la mettre en œuvre : parking et la location d’un scooter ture. A l’inverse, la progression par la poste. L’expérience du les véhicules autorisés devront, est de 3 500 lires (1,8 euro). On des immatriculations y est nette- contrôle électronique, qui a débu- petit à petit, être équipés d’un dispo- pourra même réserver par télépho- ment supérieure aux autres té le 11 août, doit entrer en sitif semblable à celui qui sert sur ne son deux-roues écologique. régions de Suède. vigueur de façon définitive le les autoroutes pour les « télépass ». 1er octobre. Ce passage à l’électronique s’ins- Salvatore Aloïse Boris Lévy 12 / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 HORIZONS ENQUÊTE

E K2 est une monta- Vers 8 000 mètres, le matin Ils sont à 7 900 mètres d’altitude. gne photogénique. du 15 août. La petite tente Le lendemain, toute la journée, ils De loin, c’est une (en haut à gauche, dans laisseront de fragiles traces dans la sublime pyramide, les rochers) domine le glacier bulle irréelle des pentes sommi- un diamant, une Godwin Austen, 3 kilomètres tales, effleurant des plaques à vent cathédrale de verre. plus bas. Photos ci-dessous : qu’un murmure ferait glisser en « Inutile de gaspiller Christophe Profit avalanche, brassant jusqu’au ven- son temps et ses mots et Pierre Béghin au sommet. tre dans une neige pulvérulente, pour démontrer la griffant de leurs crampons et pio- grande ressemblance du K2, vu du lets une glace dure comme du Lsud, avec le Cervin », écrivit en Avec le style alpin, un nouvel âge granit. Ils sentiront leurs pieds 1912 Filippo De Filippi, le pre- d’or s’ouvrait dans l’Himalaya. Une devenir deux blocs insensibles, mier géographe à l’observer de nouvelle génération débarquait leurs mains et leurs pensées s’en- près. Lorsque l’on se rapproche sans complexes, emmenée par une gourdir. Au coucher du soleil, encore, la montagne devient plus avant-garde anglaise (Doug Scott, Pierre verra Christophe prendre complexe à déchiffrer. Quelle est Alan Rouse…) mais où brillaient pied sur l’arête. cette face ? Et surtout, comment aussi bien le Français Jean Afa- Dix ans après, Christophe Profit comprendre l’échelle ? Le sommet nassief ou le Suisse Erhard Loretan se souvient de ce moment avec de la montagne, par exemple, a été – qui portera le style alpin à la émotion : « Je marche en sachant très photographié, au couchant, quasi-perfection en gravissant de que plus rien ne pourra faire obsta- dans les premiers nuages de la tem- belle manière les quatorze 8 000. cle, que rien ne peut plus nous rete- pête… Pris ainsi au téléobjectif, L’esprit était iconoclaste, frondeur, nir d’aller au sommet. » Ensuite, il y écrasé par la perspective, le K2 voire libertaire : « Face à l’ampleur a eu ces instants magiques, les apparaît plus massif, moins élancé, himalayenne, théorisait Pierre deux photos : « Il faisait très froid, on lui trouverait plutôt une ressem- Béghin, nous ne voulons compter sans doute - 35 degrés, l’appareil de blance avec l’Eiger, autre monta- que sur nos propres forces, et sur le Pierre était gelé. Ces photos, on les a gne meurtrière. Seulement, cette matériel que nous emportons dans prises pour nous. Puis on s’est serrés nouvelle montagne dont le sque- notre sac à dos. Adieu les lourdes dans nos bras et j’ai pleuré. C’était lette (arêtes, glaciers, couloirs) expéditions dans lesquelles un chef la fin de notre aventure. » retrouve des proportions connues n’est qu’un échantillon, peut-être le quart de l’ensemble. Comme Pour Pierre Béghin et Christophe Profit, l’intelligence humaine ne peut approcher l’échelle des galaxies cette course ne fut sans doute pas très loin que par bonds successifs, le K2 ne se laisse apprivoiser que par por- du Graal de tous les alpinistes. tions digérables. Il est une autre catégorie de pho- Une création limpide, l’art de la fugue. tos qui rendent justice à la dimen- sion colossale du K2 : celles prises « Juste un passage, comme si la montagne depuis la montagne elle-même. Elles ont un signe distinctif qui les ne nous appartenait pas », dit Profit rend reconnaissables entre tou- tes : une sensation palpable de vide, comme des vues d’avion où, – avec ou sans casquette – dirige les Après vingt minutes au sommet, très loin en dessous, les glaciers, opérations. » Plus pratique, l’Aus- Pierre et Christophe se sauvent. soulignés par les échines sombres tralien Greg Child (le seul alpiniste « Je me sentais comme une bête qui de leurs moraines, dessinent les qui, au sommet du K2, ressemble à doit fuir vers le bas, poursuit Profit. lignes de force d’une architecture Gargantua) notait : « Pratiquer la Il faut alors une sorte de folie : seul tectonique. Le K2 étant très raide montagne en style alpin contraint à ton instinct peut te sauver. A la lueur sous toutes ses faces et beaucoup n’emporter qu’un minimum de des frontales, le cheminement était plus haut que tous les sommets choses pour l’ascension, mais rester difficile, les traces du matin effacées qui l’entourent, il est logique que deux mois au camp de base habillé par le vent. On savait sans se le dire la vue plonge sans obstacle. C’est CHRISTOPHE PROFIT avec les mêmes vêtements, c’est qu’il fallait retrouver la tente, notre une sensation que connaît qui- pousser l’éthique aux limites de l’in- maison. On l’a trouvée, on s’est jetés conque, dans les Alpes, a em- nommable. » Et de décrire avec un dedans. Pierre m’a passé les pieds prunté un sentier en balcon. Sauf humour féroce un compagnon traî- au-dessus du réchaud, puis s’est que là, au pied du « balcon », il y a nant devant sa tente en slip avec occupé de sa main. Nous étions 3 000 mètres de vide. une chaussette sur la tête et une sauvés. » La photo qui nous occupe vieille croûte de crème solaire sur Pour Pierre Béghin et Christo- aujourd’hui n’appartient à aucune le nez… phe Profit, cette course ne fut sans de ces catégories. Et pourtant, Aucun rapport, attention, avec doute pas très loin du Graal de c’est un document qu’on n’oublie Pierre Béghin, minutieux, discret tous les alpinistes. La course pas. Elle est un peu floue, et très et observateur lucide des choses de idéale, une création limpide, l’art sombre. A l’arrière-plan, on distin- Une course idéale la montagne. Il avait réussi quel- de la fugue. « Juste un passage, gue « une forêt de montagnes confu- ques coups de maître : en 1984, le comme si la montagne ne nous ses » émergeant d’un clair-obscur, Kangchenjunga en solitaire. En appartenait pas », dit Profit. Pour surmonté d’une bande de ciel 1989, la face ouest du Makalu, où il l’un comme pour l’autre, il n’y aura rouge sombre. Au premier plan, Le 15 août 1991, avait franchi un pas de plus : une sans doute plus rien de semblable accroupi sur une arête de neige qui ascension solitaire sur une voie à ce sommet-là. L’année suivante, absorbe à la fois la lumière du deux alpinistes nouvelle et de haute difficulté. Pierre est reparti pour la face sud flash et celle du couchant, Christo- Aujourd’hui encore, pas plus d’une de l’Annapurna avec Jean-Christo- phe Profit brandit un piolet d’un français, demi-douzaine d’alpinistes peu- phe Lafaille, dont c’était le premier geste un peu las. Sous la cagoule vent se vanter d’avoir réussi cet contact avec l’Himalaya. A rouge, on devine ses traits tirés par champions exploit. 7 200 mètres d’altitude, alors qu’ils la fatigue, et éclairés d’un large Cette année-là, il avait fait la amorçaient leur retraite, Jean- sourire. du style alpin, connaissance de Christophe Profit, Christophe a vu Pierre basculer La photo est prise par Pierre l’un des ténors du nouvel alpinis- dans le vide, sans un mot. Perdu, Béghin, le 15 août 1991 à 18 h 55, atteignent me sportif, encore tout auréolé de seul, sans corde, dans une paroi au sommet du K2. Elle exprime sa trilogie hivernale, qui cherchait immense, Lafaille n’a survécu l’intensité magique de cet instant- le sommet du K2 dans l’Himalaya de nouveaux défis qu’au terme de cinq jours de calvai- là (sur la photo symétrique, par à sa mesure. Christophe, de dix ans re. On n’a jamais retrouvé le corps contre, Pierre Béghin disparaît après une escalade le cadet de Pierre, avait trouvé en de Pierre Béghin. sous sa capuche en duvet et derriè- lui le parrain idéal pour faire son Interviewé par Christine Le re ses lunettes de ski, noyé dans un sans défaut : entrée dans ce nouveau monde. Scanff (Les Aventuriers de l’ex- ciel d’encre). Christophe est en- Au premier essai, le duo s’était trême, Calmann-Lévy), Jean-Chris- core dans le jour, Pierre a basculé rapidité, pureté, cassé les dents sur la face sud du tophe Lafaille a tenté de comparer dans la nuit. Pierre Béghin a décrit Lhotse, le dernier problème de son expérience à celle de Profit : ce moment dans un très beau livre, économie l’Himalaya. Au K2, c’était une cor- « Il a grimpé avec Béghin et il a arrê- Hautes altitudes (Didier et Richard, dée soudée par les dangers surmon- té sa carrière. Je pense qu’il a vécu 1992) : « Brusquement, à la place de moyens. tés en commun. sur le K2 des choses exceptionnelles de la neige, un vide obscur : l’autre avec Pierre Béghin. Quand il en versant du K2 ! Au-dessus, il n’y a Récit d’un moment E 14 août, bien acclimatés, parle, au son de sa voix, tu sens qu’il plus qu’un ciel d’un bleu sombre. ils avalent 1 000 mètres de a fait une course parfaite. Il a été au Tandis qu’à perte de vue, les parfait Cface sans mollir. Le vide se bout de son truc, contrairement à puissants reliefs du Karakoram se creuse, ils découvrent des lam- moi. » noient dans la nuit, un peu de clarté beaux de cordes fixes, un cylindre Pour Christophe Profit, cette s’attarde autour de nous. Ce décor d’oxygène abandonné. Sans doute course fut un « moment sublime ». de crépuscule a pris une dimension pensent-ils à cette énorme décep- Il a commencé une autre vie. Il vit planétaire. Il dépasse ma compré- tion qui les a saisis l’année précé- de son métier de guide qui lui a hension. Malgré les incertitudes de dente au Lhotse lorsque, tombant donné une sérénité nouvelle. Il ne la descente, ce sont des instants de sur une ligne de cordes fixes non désespère pas de revivre un jour rare bonheur. Comme un morceau loin du sommet, ils comprirent que en cordée ce qu’il a vécu avec P. BEGHIN - FOC d’existence coupé de l’existence les Russes les avaient devancés sur Béghin, mais ne semble pas prêt, même. Nous restons là, dans l’oubli 7 000 mètres d’altitude, au camp 1, fruit : tout leur bagage pour cette de l’arête sud-ouest, simple instru- cette voie où ils s’espéraient seuls. dans l’immédiat, à retourner dans de nous-mêmes. » Pierre Béghin, le d’où ils devaient lancer leur ascension éclair est sur leur dos. ment au service d’une tactique de Mais cette fois, ils sont bien l’Himalaya pour de grandes ascen- plus grand des himalayistes fran- assaut, mais par trois fois le siège. Il avait mesuré les effets débi- seuls sur les pentes supérieures du sions engagées. « Peut-être, au K2, çais, était aussi un écrivain. mauvais temps les a repoussés. Le IERRE BÉGHIN est, à qua- litants d’un trop long séjour en alti- K2. Derrière eux, il n’y a ni sherpas ai-je connu d’un coup une trop gran- Lorsqu’ils se prennent en pho- K2, situé 1 300 kilomètres au nord- rante ans, l’un des pionniers tude, et s’était juré de ne plus ni camps d’altitude. Aucun sou- de richesse ? », s’interroge-t-il. to sur le sommet du K2, Pierre ouest de l’Everest, est à l’abri de la Pdu style alpin en Himalaya. retourner en Himalaya que dans le tien, aucun secours possible, Jean-Christophe Lafaille se trou- Béghin et Christophe Profit mousson (c’est pourquoi on y En douze ans d’expéditions, il a eu cadre de petites expéditions auto- hormis le réconfort moral de deux vait cet été au K2. Parti pour une viennent de réussir une ascen- grimpe en juillet et en août). Mais le temps de peaufiner sa technique nomes, légères. C’était le début des amis qui les attendent au camp de tentative en solitaire, il a atteint le sion majeure, de celles qui mar- le colosse domine tous les reliefs – qui est plus que cela, un style pres- années 1980, Reinhold Messner base, avec une radio. C’est ce que sommet le 22 juillet, en compagnie quent durablement l’histoire de alentour et les dépressions d’ouest que un mode de vie. C’est en 1979, venait de frapper un grand coup en les alpinistes appellent l’engage- de Hans Kammerlander. Une ren- l’alpinisme. le frappent avec une violence et déjà au K2, qu’il a connu son montrant que les 8 000 pouvaient ment. Et pour Pierre comme pour contre qui, peut-être, vaut tous les Après neuf jours de marche soudaine. premier contact avec les grandes s’aborder comme des sommets Christophe, c’est un plaisir, une solos. d’approche, ils ont rongé leur frein Le 14 août à 2 heures du matin, montagnes. Il était alors le benja- alpins, sans oxygène ni sherpas. Le joie intense. pendant quarante-trois jours au le grand beau attendu est là. Chris- min d’une énorme expédition, le maître mot était alors la rapidité, En fin de matinée, Pierre et Chris- Charlie Buffet pied du versant chinois, désert tophe et Pierre s’allègent au maxi- dernier dinosaure de l’himalayisme gage de sécurité : plus brève est tophe montent leur petite tente cette année-là. Grimper dans mum et se mettent en route, avec tricolore. Il avait vu une cohorte de l’incursion en très haute altitude, là bleue sur une terrasse ver- l’Himalaya, c’est d’abord savoir un sac de 12 kilos chacun : une 1 400 porteurs remonter le glacier où l’oxygène rare dégrade l’organis- tigineuse, en bordure du glacier PROCHAIN ARTICLE attendre, et digérer les échecs. A tente, un duvet, un réchaud, quel- du Baltoro. Avec un bataillon d’alpi- me, plus grandes sont les chances suspendu qui semble comme un Rencontre sur la voie quatre reprises, ils sont montés à ques vivres de course, pâtes de nistes français, il avait fait le siège d’en revenir. jardin tout en haut de la face nord. des fantômes HORIZONS-ANALYSES ET DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / 13 0 123 par Michèle Manceaux L’engrenage fatal 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F E point de vue de Robert l’Etat hébreu fut créé sur une terre Shoah pour infliger à un autre peu- Palestiniens les a poussés à bout, à Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Badinter « L’angoisse et la occupée par les Palestiniens, il eût ple les exactions ignobles qu’ils ont cette horreur de voir des hommes Internet : http: // www.lemonde.fr paix » (Le Monde du été juste qu’un Etat palestinien fût eux-mêmes subies. Cette folie qui se faire eux-mêmes exploser. L21 août) m’a choquée. institué en même temps. On a s’empare des esprits au Proche- Désespoir total. Ces attentats pré- ÉDITORIAL Comment peut-il, lui, juriste émi- confondu « palestinien » et Orient, mais aussi des esprits dans sagent le pire, une guerre de reli- nent, penser que l’angoisse donne « bédouin », oubliant qu’une socié- le monde entier dès qu’il s’agit du gions, un fanatisme général dans des droits ? Puisqu’il fait l’analogie té palestinienne cultivée habitait désastre actuel, serait-elle l’ultime la région, dont Israël paiera le prix. entre les peuples et les individus, je ces terres depuis plusieurs généra- avatar de la folie hitlérienne ? De Robert Badinter justifie – je le La vérité des harkis me permets d’évoquer en deux tions et à Jérusalem même. Les cette damnation à laquelle le peuple cite : « Le recours à la force qui mots mon histoire. J’ai été une Palestiniens ne constituent pas élu n’échapperait pas ? Contraire- assure le statu quo qui permet au U nom de la recherche furent des parias, gêneurs dont jeune juive angoissée. Cela ne m’a l’ensemble des Etats arabes qui, ment à ce que pense Robert Badin- moins de rassurer (…) les esprits. Jus- de la vérité sur son pas- l’existence empêchait d’oublier la donné aucun droit. Plutôt une gra- d’ailleurs, prouvent leur indépen- ter, il faut résister à la Shoah pour qu’au prochain attentat, jusqu’au sé colonial, au nom des « sale guerre » coloniale. Ceux qui ve névrose. Des années de psycha- dance en n’intervenant dans le con- récupérer la raison et la dignité. prochain mort. » Mais c’est là où Avictimes et de la dignité avaient pu traverser la Méditerra- nalyse m’ont été nécessaires pour flit actuel que par des déclarations. Sinon Israël est perdu. Déjà le lui-même est pris dans cet engre- de leurs familles, il est temps que née se sont retrouvés parqués me libérer de l’empreinte du passé Robert Badinter dit : « Israël est fanatisme s’étend des deux côtés. nage fatal qui lui fait perdre sa luci- la France entende la plainte des dans des camps, encadrés par l’ar- et me trouver moi-même. né de la Shoah. Il ne faut jamais Les Palestiniens, qui espéraient la dité. Il sait pourtant que ce harkis. A la suite des accords de mée, victimes du racisme et de la Ainsi Israël ne trouvera sans dou- l’oublier. » Justement, il faut paix depuis les accords d’Oslo, recours à la force ne peut rien, paix d’Evian en 1962, elle a aban- discrimination. te sa paix que lorsque le souvenir absolument rien. Les Palestiniens donné ces engagés dans l’armée M. Chirac a décrété que le 25 sep- de la Shoah auquel Robert Badin- ne veulent pas la mort de l’Etat française en Algérie à partir de tembre prochain serait une « Jour- ter attribue la cause de l’angoisse Je pleure comme Robert Badinter hébreu. Ils veulent un Etat palesti- 1956 ou cadres de l’administration née d’hommage national » aux har- de ce pays ne sera plus qu’une bles- nien à côté. Ils veulent leur part de coloniale. Quelque 100 000 d’entre kis. Mais certains d’entre eux veu- sure du passé comme nous en de voir Israël en sang et en guerre, Jérusalem. Et ils y ont droit, même eux ont ensuite été massacrés par lent aller beaucoup plus loin pour avons subies tous dans nos vies. s’ils n’ont pas été victimes de la le FLN dans des conditions atro- que la vérité soit faite sur les res- Ainsi Israël ne doit plus chercher mais son analyse du rapport de forces Shoah qui, d’après lui, donne tous ces. L’armée française était encore ponsabilités et les zones d’ombre dans la Shoah une raison à sa peur. les droits. sur place mais elle les a désarmés de cette histoire et pour obtenir Tout visiteur de ce pays en ressent entre les Israéliens et les Palestiniens Il parle d’homme providentiel, puis rejetés, parfois même livrés ; une réhabilitation morale définiti- la constante paranoïa. Peut-être un Sadate, pour résoudre un con- le gouvernement du général de ve. « Nous voulons, pour nous et nos faut-il que de nouvelles généra- n’apporte aucun espoir de paix flit psychologique ! Cela semble Gaulle avait donné des consignes enfants, qu’on arrête de nous consi- tions prennent en main leur destin bien léger. N’est-ce pas un juif qui de ne pas intervenir. Seuls quel- dérer comme des traîtres », disent- pour qu’Israël échappe enfin à la a tué Rabin ? Au lieu d’en appeler ques officiers français en désobéis- ils. Plainte, avec constitution de schizophrénie qui, hélas, saisit le l’oublier et ne pas pardonner aux n’avaient eu aucun geste guerrier à un homme, ne faut-il pas, avant sant ont pu en sauver quelques- partie civile, a été déposée par des pays et parvient aujourd’hui à son Israéliens de se croire tout permis. et Arafat, quoi qu’on en dise, qu’il ne soit trop tard, que la com- uns en aidant leur rapatriement familles et par l’Association des comble lorsqu’il se donne un chef A Genève, depuis longtemps, ils jugulait le fanatisme. Entre 1993 munauté internationale intervien- en France. Français rapatriés d’origine algé- assassin. méprisent les avis de la Commis- et 2000, les Palestiniens ont atten- ne vite et sans appel ? Le rapport Qui étaient-ils ? Certains rienne pour « crimes contre l’huma- Je pleure comme Robert Badin- sion des droits de l’homme, se dési- du la paix dans le calme. De pro- Mitchell est inapplicable quand avaient des intérêts mêlés, sans nité » et pour « complicité de crimes ter de voir Israël en sang et en gnant comme un pays « à part ». messes non tenues en conféren- Sharon refuse même une commis- doute. Mais beaucoup croyaient à contre l’humanité », visant la res- guerre, mais son analyse du rap- Avec la complicité des Etats-Unis, ces inabouties, on les a fait lanter- sion d’observateurs. la France et s’étaient convaincus ponsabilité indirecte des autorités port de forces entre les Israéliens Israël s’arroge le droit d’échapper ner. De Camp David à Taba, on a Tant qu’une instance internatio- que la patrie qu’ils avaient servie françaises. et les Palestiniens n’apporte aucun aux conventions des droits de fait croire au monde entier que nale n’empêchera pas Sharon de ne pouvait les abandonner. Cer- Cette initiative présente des ris- espoir de paix. l’homme en tirant sur les enfants des propositions sérieuses étaient conduire les événements, Israël ira tains refusaient le terrorisme du ques. Celui de renforcer les rangs Israël ne peut survivre qu’en (ce ne sont pas « des balles per- apportées par Barak à Arafat. On à sa perte. Et vous, Robert Badin- FLN. D’autres avaient tout simple- de ceux qui défendent encore reconnaissant l’Etat palestinien dues ») et en se livrant contre les sait aujourd’hui officiellement ter, comme moi, nous serons enco- ment rejoint l’armée française par cette guerre coloniale qui fut une (comme, à Sarajevo, la paix est pas- Palestiniens à des exactions que par les témoins américains qu’il re plus tristes qu’aujourd’hui. hasard, supplétifs sans avoir vrai- guerre injuste et, finalement, inuti- sée par la reconnaissance de cha- des juifs entendus par moi en Israël n’en a rien été et que, pendant ment choisi, emportés par la le. Celui, aussi, de créer des amal- que confession). Robert Badinter qualifient eux-mêmes de fascistes. des années, les colonies se sont guerre civile que fut aussi la games. Mais, quarante ans après trace de l’histoire d’Israël un Quelle tragédie pour les juifs de multipliées. Michèle Manceaux est jour- guerre d’indépendance algérien- les faits, au moment où la France tableau qui tronque la vérité. Si s’appuyer sur le souvenir de la Le marché de dupes offert aux naliste et écrivain. ne. Tous ont été victimes d’un véri- affronte sa part d’ombre algérien- table piège historique. En Algérie, ne avec les aveux du général Aus- ils furent considérés comme des saresses, il faut que le devoir de seul cadre français, ce fut le cas des mettre ce principe en application ? Il n’y a bien sûr pas de solution traîtres et tombèrent, boucs émis- vérité soit complet. Que l’injustice Est-il interdit résistants sous Vichy et des oppo- Si cela est impossible, faut-il en con- idéale au Proche-Orient. Il saires des rivalités entre factions commise envers les harkis soit sants à la guerre d’Algérie. Me faut- clure que les Palestiniens en sont convient de choisir la moins mau- du FLN et de l’ALN. Alger les a connue. Que le rôle au moins pas- il répéter que, pour moi, le droit à congénitalement incapables ou vaise. L’établissement d’un Etat immolés dans la glorification d’un sif du gouvernement français dans de critiquer l’existence d’Israël de vivre en paix que tous les efforts possibles n’ont palestinien dans ses frontières de combat calqué sur le modèle de la leur martyre soit éclairé. Les et en sécurité dans des frontières pas été faits en ce sens du côté d’Is- 1967 est certes un risque pour résistance contre les nazis, où ils 400 000 enfants de harkis en ont reconnues, celles d’avant le conflit raël ? Après trente-quatre ans d’oc- Israël. Il y a en effet moins de pro- auraient tenu le rôle des « collabo- besoin pour devenir de simples Israël ? de 1967, est une évidence absolue ? cupation, comment expliquer que babilités aujourd’hui qu’il y a dix rateurs ». Mais en France aussi, ils citoyens français. Que les attentats terroristes qui les gouvernements israéliens suc- ans que cet Etat palestinien fournis- Suite de la première page frappent Israël doivent être con- cessifs n’aient pas trouvé d’interlo- se au monde arabe le modèle démo- 0123 est édité par la SA LE MONDE damnés fermement, car ils sont à la cuteurs dignes de ce nom ? Et com- cratique dont il aurait besoin, tout Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Cela prouve que ce débat est fois moralement criminels (ils ne ment auraient réagi les dirigeants simplement parce que les extrémis- Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux. encore plus exacerbé et la situation peuvent que frapper des inno- juifs si, après plusieurs années ou tes sont plus forts aujourd’hui Directeurs généraux adjoints : Edwy Plenel, René Gabriel plus dégradée que je ne le pensais. cents) et politiquement néfastes même plusieurs décennies d’une qu’hier. Mais ils le seront encore Secrétaire général du directoire : Alain Fourment Elie Barvani, tout en se plaignant (ils éloignent les perspectives de approbation de principe de la créa- plus demain si l’actuelle politique Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau amèrement du parti pris anti-israé- paix) ? Que les communautés jui- tion d’un Etat d’Israël, la Palestine est poursuivie. Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon lien de la presse française en géné- ves vivant en dehors d’Israël doi- était toujours occupée militaire- Quels sont les choix d’Israël ? Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard ral et du Monde en particulier, peut vent pouvoir vivre en sécurité et ment par la Grande-Bretagne ? Evacuer les Palestiniens des territoi- Rédacteur en chef technique : Eric Azan tranquillement me désigner com- dans le respect de leur identité ? Comment ne pas voir – ce qui res ? C’est impensable. Etablir un Rédaction en chef centrale : Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, me l’adversaire d’Israël, m’accuser Mais tout cela n’empêche pas était parfaitement prévisible – que, régime d’apartheid ? Ça l’est égale- Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre d’antisémitisme sans, bien sûr, pour autant de dire que le sort fait contrairement à ses promesses, ment. Espérer que les Palestiniens Rédaction en chef : Alain Debove (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; apporter aucun fondement à ces aujourd’hui aux Palestiniens est Sharon n’a pas apporté la sécurité se découragent et acceptent la paix Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; graves accusations. Il le fait, de sur- aux seules conditions israéliennes ? Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) croît, en faisant croire que, parallè- C’est impossible. Alors, l’évacua- Médiateur : Robert Solé lement au point de vue modéré J’ose espérer qu’en France le débat reste tion militaire des territoires occu- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg que Le Monde a publié, je suis pés et la création d’un Etat palesti- Directeur des relations internationales : Daniel Vernet l’auteur d’un pamphlet d’une rare possible, y compris pour le Proche-Orient, nien ne sont-ils pas la moins mau- Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président violence, non public, mais qu’il se vaise solution ? Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), garde bien de citer. sans recourir à la diabolisation de ceux Aujourd’hui, tout débat sur le André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Comment qualifier cette métho- Proche-Orient s’arrête au fait que Le Monde est édité par la SA LE MONDE Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. de qui, dans un climat passionné, qui redoutent tout autant les extrémistes trop de gens pensent que ce qui Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, laisse supposer le pire, sans étayer, sera donné à l’un (en l’occurrence Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, car cela lui serait bien évidemment et le terrorisme que vous, Elie Barnavi les Palestiniens) sera pris à l’autre, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. impossible, ces insinuations ? Effec- comme dans les jeux à somme tivement, j’ai envoyé une note à nulle. quelques dirigeants socialistes en immoral, illégal et, par ailleurs, con- à son peuple et risque de déstabili- C’est vrai territorialement, ce ILYA50 ANS, DANS 0123 avril dernier, dont le texte publié traire aux intérêts à long terme des ser plus encore la région, que la n’est pas vrai politiquement. Ces reprend les arguments. J’y indi- deux peuples. politique actuelle du gouverne- deux peuples ont à gagner ensem- quais en outre qu’on ne peut pas se On me reproche de faire un amal- ment israélien affaiblit chez les ble à l’établissement de la paix. Et Au temps où Paris était ville d’eaux dire aujourd’hui de gauche et game pour l’ensemble de la com- Palestiniens les modérés pour ren- j’ose espérer qu’en France le débat accepter le sort fait aux Palesti- munauté juive française. Je dis au forcer les ultras ? reste possible, y compris pour le LE PARIS d’aujourd’hui jouit célébrité. Elle jaillissait au no 6 ter niens, fût-ce pour d’illusoires rai- contraire que ses représentants les La situation, comme toute situa- Proche-Orient, sans recourir à la aux yeux du monde de bien des actuel de la rue de l’Atlas. On en sons électorales. plus lucides et les plus courageux tion stratégique, est certes très com- diabolisation de ceux qui redou- prestiges ; il en est un cependant débita jusqu’à 350 000 bouteilles En souhaitant faire publier une sont les premiers à critiquer le gou- pliquée. Mais le problème principal tent tout autant les extrémistes et que le passé ne lui a pas légué : par an. Comme celles de la rue « Lettre à un ami israélien », je ne vernement Sharon et l’impasse réside bien dans le fait qu’un peu- le terrorisme que vous, Elie Barna- c’est celui que lui dispensait l’ex- des Cascades à Belleville, ses eaux voulais pas utiliser une rhétorique dans laquelle il conduit son pays. ple est occupé militairement et vi. Mais sachez que le maintien du ploitation de ses sources therma- se sont taries, ou ont eu, telle la cachant des sentiments d’hostilité Je n’ai évidemment jamais voulu qu’il ne l’accepte pas. L’évidence statu quo, loin d’affaiblir extrémis- les. La plus ancienne était dans la Bièvre, le triste destin de servir de mais poursuivre publiquement un justifier la résurgence éventuelle que toute l’histoire stratégique tes et terrorisme, ne fait que les banlieue d’alors, au village chasse d’eau aux égouts. débat que j’ai eu à partir de cette de l’antisémitisme que la commu- nous apprend, c’est que l’on peut renforcer. d’Auteuil. Les travaux du métro- Bien d’autres sources ont existé note avec des Israéliens et des nauté juive, dont je connais la conquérir et occuper des territoi- politain l’ont refoulée et condam- ou existent encore à Paris, notam- membres de la communauté juive diversité et l’absence de caractère res, jamais un peuple. Pascal Boniface née à la clandestinité. Mais on ment à Montmartre, aux Ternes, française. Je l’ai fait en raison des monolithique, devrait subir du fait peut voir encore au 6 de la rue de aux Batignolles. Elles n’ont guère inquiétudes que fait naître en moi de sa fidélité à Israël. Je redoute au la Cure, portant les mots « Source de présence que sur les plaques la situation actuelle, faite d’affai- contraire les conséquences d’une AU COURRIER DU « MONDE » d’austérité par Domingo Cavallo. Quicherat », la grille en fer forgé bleues, comme à Auteuil ou à Pas- blissement du camp de la paix en situation où la logique des extrê- Depuis 1998, elle n’a pas pu être qui y donnait accès. sy : rue de la Source, rue des Israël et de montée des extrémistes mes l’emporterait. Je pense que ce LE FMI ET L’ARGENTINE enrayée. Plus célèbres, mais disparues Eaux, rue de la Cure, rue de la chez les Palestiniens. conflit est un conflit de nature poli- Ainsi l’Argentine aurait connu, Un autre point de votre analyse avant elle, étaient les sources de Bonne, etc. Seules les eaux J’ai toute ma vie combattu le tique et qu’il faut combattre toute avant 1997, une croissance excep- mérite d’être relevé : vous escomp- Passy, qui descendaient vers la Sei- d’Auteuil et de La Villette ont per- racisme, sous toutes ses formes ; je tentative d’explication communau- tionnelle (Le Monde du 25 août). tez qu’avec le soutien financier du ne. On allait à Passy prendre les mis au Paris du début de ce siècle défie quiconque de trouver une seu- taire et/ou religieuse. En réalité, la crise s’est développée FMI – grâce au feu vert donné par eaux ; c’était pour la société pari- de faire encore figure de ville le ligne raciste ou antisémite sur les Cependant pourquoi Israël serait- depuis 1995. Dès le début de la cri- George W. Bush – l’Argentine sienne la salubre diversion d’un d’eaux. Et ce temps lui-même est centaines de milliers que j’ai pu écri- il le seul Etat au monde dont il se du peso mexicain, le 20 décem- pourrait surmonter une crise qui petit voyage. A l’autre extrémité révolu. re. Cela va totalement à l’encontre serait interdit de critiquer le gouver- bre 1994, la Bourse de Buenos dure depuis vingt ans. C’est oublier de la capitale, dans le quartier du de ma pensée et de mes convic- nement sauf à être accusé de racis- Aires subit un recul de 24 %. La fui- que, sous le président Menem, l’Ar- Combat, une autre source, analy- Albert Mousset tions les plus profondes. Je trouve me et à recevoir de lourdes mena- te des capitaux prend alors des pro- gentine a bénéficié des largesses sée et autorisée en 1853, eut sa (31 août 1951.) inadmissible le terrorisme intellec- ces de représailles ? portions considérables : officielle- du FMI, de la Banque mondiale et tuel consistant à accuser d’antisémi- Pourquoi le Proche-Orient serait- ment, 1 milliard de dollars ; en réali- des investisseurs étrangers avec tisme toute personne qui critique le il la seule région où les choses sont té, 3 milliards. L’équilibre économi- comme principal résultat l’alourdis- 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS gouvernement israélien, accusa- tellement compliquées qu’il que, tributaire des crédits exté- sement de la dette extérieure ; tion d’ailleurs qui devrait s’appli- conviendrait de ne pas s’exprimer ? rieurs, se trouve compromis. entre 1993 et 1999, la dette a aug- Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr quer aux pacifistes israéliens et aux A-t-on appliqué le même raisonne- Par ailleurs, les taux d’intérêt menté de 28,5 % à 41,7 % par rap- Télématique : 3615 code LEMONDE juifs français qui partagent ce point ment aux Balkans, à la Tchétché- flambent de manière vertigineuse, port au PIB. Depuis 1983, son mon- Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) de vue. nie, au Tibet, à l’Afrique des et le système bancaire se trouve au tant a triplé. Aujourd’hui, elle ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) Je crois au contraire qu’à certains Grands Lacs ? bord de la faillite (Le Monde daté atteint 152 milliards de dollars et moments de l’histoire, ceux qui Elie Barnavi dit que le gouverne- 23-24 avril 1995). La récession constitue le handicap majeur de Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 s’opposent à un gouvernement ser- ment israélien reconnaît lui aussi le atteint – 4,5 % en 1995 et, en 1996, l’économie argentine. (…) vent mieux sa nation et les valeurs droit aux Palestiniens d’avoir un elle ne fléchit pas en dépit de Charles Lancha Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 qu’elle incarne. Pour en rester au Etat. Mais alors, pourquoi ne pas l’adoption de nouvelles mesures Grenoble (Isère) 14 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001

MARCHÉS Des rumeurs de vente, et l’effondrement des valeurs de la tend à une perte pour 2001 de 35 mil- cherchent à proposer des produits filiale commune, alors que le secteur par la Société générale, de sa filiale nouvelle économie. b FIMATEX, lions d’euros. b LE NOMBRE total d’or- bancaires. Mais la viabilité des ban- connaît les mêmes difficultés qu’en de courtage en ligne Fimatex, illus- numéro un français du secteur, avec dres enregistré en France a encore ques en ligne n’est pas non plus prou- France. b AU CRÉDIT LYONNAIS, la trent les difficultés de ce secteur, 104 000 clients, a annoncé le licencie- baissé de 24,4 % en juin par rapport à vée. b EN ALLEMAGNE, Merrill Lynch nouvelle organisation de la salle des frappé par la baisse des transactions ment de 18 % de ses effectifs, et s’at- mai. b POUR SURVIVRE, les courtiers et HSBC étendent les activités de leur marchés suscite des remous. Les courtiers en ligne se retrouvent au cœur de la tourmente boursière Portés il y a quelques mois par l’engouement des particuliers pour la Bourse, les services de transactions d’actions sur Internet sont aujourd’hui victimes du retournement du marché. Les rumeurs de cession de Fimatex, le numéro un français, donnent le coup d’envoi de la restructuration de cette nouvelle activité

LES RUMEURS de rachat, de rumeurs de marché », répondent Depuis quelques mois, les résul- comme en juin, où 2 003 nouveaux taient l’intérêt de la Bourse, sem- la banque néerlandaise ING, qui fusion et de restructurations se en chœur la Société générale et tats du secteur vont de Charybde clients avaient été enregistrés, por- blent peu crédibles pour vendre s’est lancé en France en proposant multiplient dans le petit monde Fimatex. Selon nos informations, en Scylla. En juin 2001, le nombre tant leur total à 478 395 en France. des produits de placements répu- de souscrire à un compte d’épar- des courtiers en ligne, durement plusieurs courtiers auraient déjà d’ordres donnés par les clients des Ces clients sont chèrement tés plus tranquilles. Chez Sicav on gne en ligne, a fait le chemin chahuté par la chute des marchés eu des discussions avec la Société courtiers en ligne n’a été que de gagnés. Selon les estimations des line, on se félicite d’avoir choisi, inverse. Elle a racheté le courtier financiers. Dans son édition de générale. Celle-ci recherche une 599 501, en chute de 24,4 % par rap- analystes de Dexia Securities, le dès le départ, le créneau de la distri- en ligne Abax Bourse et vient de mardi, le quotidien des affaires alle- sortie honorable, notamment pour port au mois précédent, selon l’as- coût d’acquisition des nouveaux bution de sicav et de FCP par Inter- lancer un supermarché des sicav mand Handelsblatt a mis le feu aux ses propres clients, qu’elle a par- sociation Brokers On Line, qui clients s’est ainsi élevé à net. En juin, la petite société a réali- sur Internet. poudres, en annonçant que la fois incité à devenir actionnaires regroupe les 21 premiers acteurs 1 503 euros pour Fimatex au pre- sé 27 % de la collecte de la totalité Mais on peut s’interroger sur la Société générale comptait vendre de Fimatex. « Au moment où Fima- mier semestre, faisant de celui-ci des membres de l’association Bro- pertinence de telles stratégies. Les sa filiale de courtage en ligne Fima- tex a commencé à être commerciali- « le plus mauvais parmi les leaders ker on line. banques en ligne n’ont pas fait la tex avant la fin de l’année. Les trois sée dans le réseau de la Société géné- En juin, le nombre du secteur ». Un résultat « d’autant L’élargissement de l’offre est la preuve de la viabilité de ce con- premiers courtiers en ligne alle- rale, en mars 2000, l’introduction en plus inquiétant que le groupe bénéfi- nouvelle stratégie mise en œuvre cept. Dexia Plus, lancé à la fin mands, Comdirect, ConSors et Bourse a eu lieu. La souscription aux d’ordres passés cie d’un partenariat avec la Société par les courtiers pour survivre. Le 2000, et e Banking, qui a démarré DAB, seraient intéressés, affirme le actions Fimatex a été proposée aux générale censé lui apporter des courtier en ligne Fortunéo, filiale au printemps, ont fermé leurs por- quotidien. clients de la Générale, se souvient par les clients n’a été comptes beaucoup moins chers de l’assureur britannique CGNU, tes, faute de clients. La Banque Numéro un du secteur dans un ancien cadre du groupe. Ceux (autour de 150 euros) ». propose un compte rémunéré. Bipop s’interrogerait sur sa présen- l’Hexagone et présent en Allema- qui ont souscrit ont vu leur mise divi- que de 599 501, Face aux coûts de conquête des Consors a lancé un fonds garanti ce en France. A la Banque Directe, gne, Fimatex compte plus de sée par cinq depuis. » nouveaux clients, certains cour- puis un produit sensé limiter les ris- qui après sept années d’existence 104 000 clients. Frappé par le recul Plus généralement, tous les en chute de 24,4 % tiers en ligne tentent d’abord de ques de perte en Bourse. Certains compte plus de 100 000 clients, cha- de l’activité, il a annoncé cet été le acteurs semblent d’ailleurs avoir rentabiliser ceux qu’ils ont déjà, pourraient aller jusqu’à mettre en que titulaire de compte détient en licenciement de 18 % de ses engagé des discussions, notam- par rapport à mai notamment en leur proposant de avant un service bancaire global, à moyenne quatre produits bancai- 350 salariés, soit une soixantaine ment sur le marché français, où nouveaux produits financiers. l’image du groupe italien Bipop res contre sept pour un établisse- de personnes. Il devrait enregistrer une quarantaine d’enseignes sont « Depuis plus d’un an, la distribu- Carire, qui a racheté iBourse, et ment à réseau ; même si elle cons- une perte semestrielle évaluée à recensées. « On ne négocie pas sur du secteur. « Les premiers résultats tion de sicav, de Fonds commun de offre aussi un compte-chèque, une tate un rythme plus soutenu 22,9 millions d’euros par les analys- la place publique », fait-on valoir concernant les exécutions d’ordres placement (FCP) et d’assurance-vie carte bleue, etc. Filiale de la Caisse d’ouverture de comptes, cette filia- tes de Dexia Securities. Ces der- chez Viel & Cie. Ce courtier, qui en juillet et en août paraissent enco- a été développée par les courtiers en des dépôts, le supermarché de le de BNP-Paribas ne devrait pas niers estiment aussi que les pertes possède Capitol.fr, a aussi racheté re plus mauvais que ceux de juin, ce ligne pour diversifier leur revenus. l’épargne en ligne Véga Finance a être rentable avant 2003. du courtier cette année ne seront mesactions.com à la société de qui n’est pas surprenant vu l’état de Mais cette activité se développe plus ainsi opté pour le statut de ban- pas de 35 millions d’euros, comme Bourse Wargny, et a fait une la Bourse cet été », observe-t-on lentement que les services de courta- que, ce qui lui permettrait de sui- Joël Morio il le prévoit, mais devraient attein- entrée inamicale dans le capital de chez Brokers On Line. Le nombre ge d’actions », analyse Guillaume vre cet exemple. Son concurrent et Adrien de Tricornot dre 41 millions d’euros ! son concurrent Bourse Direct, en de clients serait en revanche resté de Charry, président de Brokers on Cortal, filiale de BNP Paribas, est « Nous ne commentons pas les ramassant plus de 7 % du capital. stable ou en légère croissance, Line. Les courtiers en ligne, qui van- déjà doté de ce statut. De son côté, f www.lemonde.fr/nouvelle-eco La valorisation du secteur a été divisée par deux En Allemagne, HSBC et Merril Lynch LA BOURSE boude ses fournis- La fin de l'euphorie seurs. Portés aux nues il y a encore vont à contre-courant deux ans, les courtiers en ligne ont COURS DE FIMATEX COURS DE CONSORS COURS DE COMDIRECT COURS DE DAB BANK * progressivement vu le cours de en euro en euro en euro en euro FRANCFORT Schmidt, était devenu une des figu- leurs actions se réduire comme de notre correspondant res de la nouvelle économie alle- 11 60 30 peau de chagrin. Depuis le début de 60 Le moins que l’on puisse dire, mande avant de voir pâlir son étoi- l’année, il a été divisé globalement 10 55 c’est que le projet de Merrill Lynch le, a même annoncé des centaines 50 25 par deux. Parfois la sanction est 9 50 et HSBC va à contre-courant : ils de suppressions d’emplois. bien pire. Le titre Fimatex par exem- ont annoncé, vendredi 24 août, la Le numéro trois du secteur, 45 ple, introduit à Paris il y a dix-huit 8 40 20 création d’un nouveau courtier en Direckt Anlage Bank (DAB, pro- mois au prix de 15,7 euros, est tom- 7 40 ligne en Allemagne, sur un marché priétaire de Self Trade en France), bé au plus bas le 26 juin, à 30 13,10 15 6,95 35 où la concurrence est déjà vive. s’il observe une progression du 6 ??? 2,84 euros. Ces sociétés – dont l’acti- 30 Leur ambition est d’autant plus nombre de comptes gérés (près de 5 3,59 20 10 vité dépend uniquement du nom- 25 13,90 surprenante que les grandes ensei- 500 000), a enregistré une baisse bre de transactions boursières – ont gnes germaniques qui dominent le de plus de 20 % du volume de tran- 4 20 été doublement affectées par la 10 5 marché européen sont particuliè- sactions lors des premiers mois de morosité des marchés et la chute 3 15 rement à la peine. « Les difficultés 2001. Il s’apprête à supprimer des valeurs Internet. « Alors que la 2 0 0 10 actuelles sont ponctuelles. Notre 200 emplois et réfléchit à la réorga- communauté financière croyait il y a engagement veut s’inscrire sur le nisation de son système informati- deux ans qu’il y avait dans ce secteur JFMAMJJA JFMAMJJ A JFMAMJJ A JFMAMJJA long terme », plaide Neal Jenkens, que, qui pourrait être sous-traité d’activité un nouveau potentiel, on se porte-parole londonien (venu de ou centralisé dans un seul pays. rend compte aujourd’hui que le cour- * SELF TRADE Source : Bloomberg Merril Lynch) de la filiale A cause du krach boursier, de la tage n’est ni plus ni moins qu’un nou- Les courtiers en ligne se sont développés au moment de l'engouement des particuliers pour les marchés boursiers. commune. dégringolade des valeurs technolo- veau canal de distribution et non pas La baisse des transactions et l'effondrement des valeurs de la nouvelle économie les ont doublement frappés. Après la Grande-Bretagne, l’Aus- giques, des difficultés du marché un nouveau marché », explique Eric tralie et le Canada, Merrill Lynch des valeurs de croissance – le Vanpoucke, analyste chez Global et HSBC estiment indispensable Neuer Markt –, de la fuite des Equities. résultats pour ces sociétés, les ana- sensibilité au cycle boursier des bro- sorerie représente plus de 80 % de d’être présents en Allemagne, qui petits investisseurs et de la crise de S’il traverse une mauvaise passe, lystes de Dexia Securities gardent, à kers en ligne (industrie de coûts sa capitalisation boursière et peut est déjà le marché le plus impor- confiance, l’activité des géants le secteur n’est pas pour autant long terme, leur confiance dans le fixes), ceux-ci seront les premiers à être utilisée pour se développer. tant du continent européen et res- sinistré. « Le courtage en ligne est un modèle économique des courtiers bénéficier d’une reprise des marchés Une opération financière dans le te doté d’un fort potentiel de crois- processus irréversible. Un particulier en ligne. « La conjoncture boursière financiers quand elle aura lieu. » secteur – cession ou OPA – aurait le sance : « Aujourd’hui, environ deux La plate-forme qui quitte une agence pour aller chez ne donnant aucun signe d’améliora- Parmi les valeurs du secteur, mérite de donner de nouveaux repè- millions d’Allemands investissent en un courtier en ligne restera chez ce tion sensible et durable à court terme, Fimatex, qui a terminé la séance de res de valorisation, sans doute bien ligne ; leur nombre devrait doubler pourrait s’adresser dernier. Dans le contexte actuel, il l’intérêt d’acheter des brokers est mercredi à 3,59 euros, et qui fait loin des 45 000 euros par client dans les trois ou quatre prochaines fera moins d’opérations en Bourse. aujourd’hui limité, écrivent-ils dans l’objet de rumeurs de rachat, paraît payés en février 2000 par la banque années, estime Neal Jenkens. Les à « un grand public Mais il reste un client potentiel, une étude. Toutefois, la Bourse alter- la plus pénalisée. « En dessous de italienne Bipop-Carire pour rache- acteurs allemands sont bien établis, même s’il est en sommeil », souligne ne régulièrement des périodes 7 euros, le marché ne valorise même ter le français iBourse. mais notre offre bénéficiera de la aisé », susceptible M. Vanpoucke. Bien qu’ils aient révi- d’euphorie et de démoralisation : pas son fonds de commerce », estime réputation de deux établissements sé en baisse leurs estimations de par conséquent, et compte tenu de la M. Vanpoucke, qui note que sa tré- Cécile Prudhomme internationaux, susceptibles de met- de placer tre à disposition de leur clientèle leurs équipes de recherches et leurs un minimum produits financiers. » Fuite de cerveaux dans la salle des marchés du Crédit lyonnais Face au regain de prudence des de 15 000 euros petits porteurs échaudés par la DEPUIS LE DÉBUT de l’année, l’ambiance changes, où les sources de profits ne sont pas montant des bonus qui avaient été attribués, au débâcle des marchés boursiers, la dans la salle des marchés en charge de l’activité identiques et bien moins nombreuses. «Onne titre des résultats 2000, à deux dirigeants de la plate-forme pourrait s’adresser en européens est en recul. En outre, taux et changes au Crédit lyonnais s’est nette- peut pas appliquer les méthodes des actions aux direction des marchés de capitaux : 65 millions priorité à « un grand public aisé », les grandes enseignes ont du mal à ment dégradée. Une vingtaine de personnes ont marchés de taux et changes. Sur les actions, les de francs pour M. Jeuvell, alors encore responsa- susceptible de placer un minimum récolter les fruits de leur engage- déjà quitté l’équipe depuis le début de cette marges dégagées sont énormes car on s’adresse ble de la salle des marchés actions, et de 47 mil- de 15 000 euros lors de l’ouverture ment européen. La plupart se sont année et dix sont sur le départ parmi la centaine davantage à une clientèle de particuliers, alors lions de francs pour Cyrille Liabeuf, responsable d’un compte, comme c’est déjà le lancées en 2000 dans une politi- de professionnels que comptait la DMTC (direc- que sur les opérations de taux et de change, les des produits dérivés sur actions. cas en Grande-Bretagne. HSBC et que offensive d’acquisitions. Elles tion des marchés de taux et de changes). clients, qui sont des professionnels, auront appelé Pour rassurer ses troupes, la communication Merril Lynch comptent s’appuyer ont dépensé des fortunes pour Principale cause d’une grande partie de ces une dizaine d’autres banques pour faire pression interne a envoyé à tous les opérateurs, le 6 juin, sur la technologie d’un courtier en conforter leur position dans les départs, selon les employés : les modifications sur les prix », indique un trader. une lettre, intitulée Visite d’un champ de ruines, ligne berlinois, Systracom Bank, pays voisins. Cet investissement faites entre la fin de 2000 et le début de cette dans laquelle on peut lire : « Selon un récent bul- qui a déposé son bilan en mai. est souvent survenu au pire année dans l’organisation et l’équipe dirigeante « VISITE D’UN CHAMP DE RUINES » letin publié par le syndicat CGT DMC, l’évolution Cependant, un tel engagement moment, avant le retournement de la salle des marchés. Chantal Lanchon, depuis D’autres se souviennent aussi de la lettre de de l’activité des marchés de capitaux depuis le est un défi risqué par les temps qui boursier. onze ans dans la banque et directrice des mar- bienvenue qui leur avait été envoyée par leur début de l’année est préoccupante, tout spéciale- courent. En 2001 les opérateurs De nombreux experts annon- chés de capitaux, Marc Poli, directeur de la nouveau patron en décembre 2000, et qui se ter- ment dans sa composante taux et change. Cette déjà présents sur le marché accu- cent une phase de concentration DMTC, et Daniel Gautrot, responsable des acti- minait par « s’il n’y a aucun doute que le person- activité contribuant pour une part non négligea- sent le coup, après un exercice du secteur, car les acteurs les plus vités de trésorerie, ont tous trois quitté l’établis- nel de la DMC [direction des marchés de ble aux résultats du Crédit lyonnais, nous avons 2000 euphorique. Les trois leaders modestes n’auront pas les reins sement au tournant de l’année. « Sous prétexte capitaux] a le souci du travail bien fait, en revan- jugé utile de faire un état des lieux et d’aller à la du secteur, qui trustent aussi les assez solides pour traverser sans que l’année 2000 a été mauvaise, toute l’épine dor- che, il m’est apparu nettement que le niveau de rencontre de son responsable Joël Jeuvell ainsi que marches du podium européen, encombres l’actuel trou d’air. sale a été débarquée », estime un opérateur. Mal motivation d’un certain nombre d’équipes du de ceux des desks. » Sous forme d’entretiens, les viennent d’annoncer des pertes Leurs actionnaires commencent à vécus par les salariés, le départ de l’ancienne front-office [les opérateurs de marchés] était changements dans les différentes activités y records pour le premier semestre perdre patience. Preuve de la équipe dirigeante et l’arrivée de leur nouveau insuffisant. La mise en œuvre rapide, ensemble, étaient vantés, la lettre se terminant par une 2001. morosité ambiante, Comdirect patron Joël Jeuvell ont été considérés comme la des conditions définies ci-dessus, devrait permet- déclaration de Joël Jeuvell se disant « consterné Le numéro un, Comdirect, une envisageait, cet été, de se séparer volonté de la direction de « resserrer les bou- tre à tous, je l’espère, de retrouver une ligne claire par ce dénigrement systématique, qui est très sou- filiale de la Commerzbank, a de ses activités européennes défici- lons ». M. Jeuvell est originaire de la salle des et un niveau de discipline plus élevé ». vent connu de la presse ou de nos concurrents, et annoncé un trou de 36,8 millions taires, notamment la filiale françai- marchés d’actions (dont il était le responsable), Ce malaise vécu par la salle des marchés est ne peut que nuire aux intérêts du Crédit lyonnais, d’euros au premier semestre, se. A Paris, on assure que ce projet qu’il a développée et rentabilisée avec succès. relaté depuis plusieurs mois par la lettre interne de la DMC et de chacun de ses collaborateurs ». contre un bénéfice un an plus tôt. a été abandonné. Mais il n’a, selon les opérateurs de la salle, que de la CGT intitulée « chaud devant », qui, sous Son dauphin, Consors, dont le peu d’expertise dans le domaine des taux et des une plume caustique, s’était déjà fait l’écho du C. Pme jeune patron, Karl-Matthäus Philippe Ricard ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / 15 Swissair perd Patrick Le Lay quitte 1 milliard de francs Suzuki et Kawasaki unissent leurs forces la présidence de TPS LE PDG de TF1, Patrick Le Lay, a quitté, mercredi 29 août, la présiden- pour rattraper Honda et Yamaha ce de TPS, dont la Une est co-actionnaire avec sa rivale M6, tout en et supprime restant administrateur du bouquet satellitaire. Emmanuel Florent, directeur général adjoint du développement et de la diversification de Les deux constructeurs japonais, aux troisième et quatrième rangs TF1, lui succède. Selon la direction de TPS, le retrait de M. Le Lay, bien un millier qu’« inattendu », n’est pas lié aux dissensions entre TF1 et M6 sur mondiaux, vont produire des motos en commun. « Loft Story ». La direction évoque des raisons « d’emploi du temps » et de conformité « à une nouvelle réglementation économique qui limite d’emplois Objectif : réduire leurs coûts pour mieux attaquer le marché européen le nombre de mandats de président et de membre de conseil d’ad- ministration ». DEUX MOIS après avoir largué LE PETIT MONDE des fabri- ATV (petits véhicules à quatre notamment au Japon, où les ventes Par ailleurs, Jacques Espinasse a été reconduit à la direction générale AOM-Air Liberté, le transporteur cants de motos vient de connaître roues), tandis que l’apport de n’ont cessé de reculer depuis le pic de TPS et nommé administrateur de TPS pour le Groupe Suez. Le aérien suisse Swissair Group a un accord majeur avec le rappro- Suzuki se fera davantage sur les de 1982 (3,2 millions d’unités). En PDG de ce groupe, Gérard Mestrallet, a démissionné de ses fonctions dévoilé, jeudi 30 août, ses propres chement des numéros trois et qua- 125 cc et les roadsters (grosses 2000, il ne s’est vendu que d’administrateur. La querelle latente entre les actionnaires de TPS résultats. Pour le premier semestre tre mondiaux du secteur, les japo- motos de route). « Nos deux com- 779 877 motos dans l’Archipel. (TF1, M6, Suez et France Télévision Entreprises) avait pris un nou- 2001, l’entreprise affiche une perte nais Kawasaki et Suzuki. Les deux pagnies se sont fixé comme objectif Beaucoup de Japonais ont délaissé veau tour en mai à propos de « Loft Story ». M. Le Lay était opposé à nette de 234 millions de francs suis- constructeurs ont signé, mercredi de développer leur premier modèle les motocyclettes au profit des mini- la diffusion d’images du loft 24 heures sur 24 et en direct sur un canal ses, soit quelque 156 millions 29 août à Tokyo, un accord dont le commun d’ici trois ans », affirme voitures, très en vogue en ce payant de TPS. d’euros (plus d’un milliard de but est de viser « une plus grande Masamoto Tazaki, le président de moment. francs français) pour un chiffre rentabilité par le biais de la complé- Kawasaki. En revanche, les mar- En revanche, la demande reste d’affaires en augmentation de 8 % mentarité des ressources de chacun ques et les réseaux de distribution forte en Europe. Les ventes des qua- Air Liquide prépare la succession à 8,14 milliards de francs suisses et de la collaboration mutuelle », resteront indépendants. tre japonais sont passées de 1 mil- (5,43 milliards d’euros). ont-ils indiqué dans un communi- lion d’unités en 1998 à 1,35 million Cette aggravation de la situation qué commun. UNE CONCURRENCE FÉROCE en 2000. « Le marché européen a de son président, Alain Joly financière, qui n’est pas une surpri- Osamu Suzuki, président de Contrairement à l’automobile, connu une forte expansion ces derniè- se, est liée au changement radical Suzuki, s’est empressé de préciser l’industrie de la moto reste très res années du fait de la modification APRÈS avoir refusé récemment de se rapprocher de Suez et avoir de stratégie adopté par le nouveau qu’il ne s’agissait pas d’une fusion, émiettée. Rien qu’en Europe, on de la réglementation européenne sur manqué le rachat du groupe britannique de gaz BOC, projet bloqué président du groupe, Mario Corti. mais d’un partage des compéten- compte pas moins d’une trentaine les permis de conduire », explique par les autorités de la concurrence américaines, Air Liquide a annon- Celui-ci a entrepris de recentrer ces pour doper la production et de constructeurs. Les Japonais se Philippe Sion, président de la Cham- cé, mercredi 29 août, un changement de structures et d’hommes. Le Swissair sur sa seule activité de abaisser les coûts. Les deux firmes taillent la part du lion en monopoli- bre syndicale internationale de leader mondial des gaz industriels va se doter d’un conseil de sur- compagnie aérienne suisse. L’excé- se fourniront mutuellement cer- sant les quatre premières places l’automobile et du cycle. Depuis veillance et d’un directoire. L’actuel directeur général, Benoît Potier dent brut d’exploitation du groupe tains modèles auxquels chacun mondiales, avec Honda, Yamaha, 1996, les titulaires d’un permis voitu- (quarante-quatre ans, diplômé de l’Ecole centrale de Paris) présidera suisse est de 177 millions de francs pourra appliquer son propre logo. Suzuki et Kawasaki. Si Honda et re (B) de plus de deux ans ont en le directoire, tandis qu’Alain Joly (soixante-trois ans), PDG du groupe suisses avant les pertes et provi- Elles visent à terme le partage de Suzuki font aussi des voitures, effet la possibilité de conduire une depuis six ans, passera à la tête du conseil de surveillance. Cette nou- sions dûes aux filiales. M. Corti a 70 % des pièces de leurs deux- Yamaha est un grand fabricant moto de 125 cc sans examen. En velle structure sera soumise au vote des actionnaires le 14 novembre. dénoué au prix fort ses liens avec roues. Kawasaki est bien position- d’instruments de musique et Kawa- France, les immatriculations ont ain- Le groupe a également annoncé, mercredi, un bénéfice net semestriel le belge Sabena et le français AOM- né sur le moto-cross, les customs saki un sidérurgiste. Dans la moto, si été multipliées par trois en trois en hausse de 11 % à 328,6 millions d’euros. Air Liberté. Il a également annon- (motos de style américain) et les la concurrence est féroce entre eux, ans. cé la suppression d’un millier d’em- Aujourd’hui, l’effet de la directive plois, suite à la réduction du européenne commence à s’émous- Carrefour va fermer quatre sites réseau et au regroupement des Un marché très émietté ser et le marché est en voie de stabi- flottes de Swissair et de sa filiale lisation. Dans ce contexte, si les Crossair. Le démantèlement des b Chiffre d’affaires : les ventes b En Europe, sur un marché total japonais ont connu une hausse de de commerce en ligne activités diversifiées se poursuit. de motos de Suzuki ont atteint de 1,229 million d’unités, Honda a leurs volumes, ils ont aussi vu leurs Swissair a signé un « memoran- 1,92 milliard d’euros au titre de vendu 209 780 unités (17 %), parts de marché reculer. La concur- QUELQUES MOIS seulement après les avoir lancés, Carrefour a dum de négociations exclusives » l’exercice clos le 31 mars 2001, soit Yamaha 207 787 (16,9 %), Suzuki rence des marques européennes et annoncé la fermeture de quatre sites de commerce non-alimentaire pour deux mois avec la société un peu moins de 15 % du chiffre 154 411 (12,5 %), Piaggio 141 766 surtout la cherté du yen par rapport sur Internet pour réorienter leur activité vers Ooshop, le supermarché européenne Candover Partners d’affaires total du groupe. Les (11,5 %), Aprilia 86 798 (7 %), à l’euro ont pesé sur la compétitivi- en ligne du distributeur. Verywine (vin), Carrefour-Beauté, Carrefour Ltd, pour lui vendre la majorité de ventes de Kawasaki se sont Kawasaki 60 510 (4,9 %) et BMW té des motos japonaises. Kawasaki Jardin, et Carrefour Multimédia sont concernés. 150 postes pour- Swissport, sa filiale de maintenan- élevées à 1,37 milliard d’euros. 56 212 (4,5 %). a d’autant plus souffert qu’il est le raient être supprimés, selon la revue spécialisée, LSA. « D’une façon ce d’aéroports. La banque Schro- b Les ventes mondiales de b En France, sur les sept premiers seul japonais à ne pas disposer générale, les sites spécialisés n’ont pas le développement attendu », a der Salomon Smith Barney a été motos produites au Japon par mois de l’année, le marché atteint d’unité de production en Europe. avoué Daniel Bernard, le PDG de Carrefour, lors de la présentation mandaté pour vendre, début 2002, Kawasaki et Suzuki ont atteint, en 123 252 unités de plus de 50 cm3 L’accord signé avec Suzuki, implan- des résultats semestriels du groupe, jeudi. En revanche Carrefour pré- la filiale Nuance Group, gestionnai- 2000, un total de 708 000 unités. dont 30 945 pour Yamaha (25 %), té en Italie et en Espagne, devrait lui voit de doubler ses investissement sur Ooshop. Le groupe a annoncé re de boutiques d’aéroports. Le leader du marché Honda Motor suivi de Honda avec 24 615 (20 %), permettre de combler cette lacune. par ailleurs un résultat net en hausse de 59,3 %, à 441 millions d’euros, en a vendu 877 000 sur la même Suzuki 22 521 (18,2 %) et Kawasaki au premier semestre, et confirmé ses prévisions de croissance de P. Ga. période et Yamaha, 845 000 unités. 7 910 (6,4 %). Stéphane Lauer 15 % de son résultat net en 2001.

EUROPE ASIE - PACIFIQUE TABLEAU DE BORD FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40 TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN 5313,94 5411,60 4840,49 10938,45 11317,54 108,59 6240 5950 5527 13493 13808 110,3 ÉCONOMIE AFFAIRES 6035 5815 5376 12982 13269 108,3 5830 5680 5225 12471 12729 106,3 INDUSTRIES 5625 5545 5074 11960 12189 104,3 George W. Bush aura 5420 5410 4924 11449 11650 102,3 b FORD : le groupe automobile 5215 5275 4773 10938 11110 100,4 du mal à financer son américain prépare une nouvelle [[[ [[[ [[[ [[[ [[[ [[[ restructuration mondiale de ses 30 M. 16 J. 30 A. 30 M. 16 J. 30 A. 30 M. 16 J. 30 A. 30 M. 16 J. 30 A. 30 M. 16 J. 30 A. 30 M. 16 J. 30 A. programme politique activités en plus de la suppression Indices cours Var. % Var. % Indices cours Var. % Var. % de 4 000 à 5 000 emplois aux Europe 9h57 f se´lection 30/08 29/08 31/12 Zone Asie 9h57 f se´lection 30/08 29/08 31/12 LA MOROSITÉ économique et la Etats-Unis, indique son PDG, EUROPE EURO STOXX 50 3827,84 – 0,12 – 19,79 TOKYO NIKKEI 225 10938,45 – 0,38 – 20,65 publication, ces derniers jours, de Jacques Nasser au Wall Street EUROPE STOXX 50 3696,41 0,01 – 18,89 HONGKONG HANG SENG 11317,54 0,67 – 25,03 prévisions qui attestent de la quasi- Journal du jeudi 30 août. Ford va EUROPE EURO STOXX 324 321,12 – 0,20 – 18,04 SINGAPOUR STRAITS TIMES 1623,81 – 0,67 – 15,73 disparition des excédents budgétai- supprimer les bonus financiers de EUROPE STOXX 653 302,14 – 0,12 – 16,02 SE´OUL COMPOSITE INDEX 69,81 – 0,37 10,20 res, à l’exception de ceux générés 6 000 cadres supérieurs, soit PARIS CAC 40 4840,49 0,12 – 18,32 SYDNEY ALL ORDINARIES 3264,90 – 0,71 3,49 par les cotisations aux caisses de 442 millions de dollars PARIS MIDCAC ...... BANGKOK SET 21,88 – 1,49 17,44 retraite fédérales, placent l’adminis- (491 millions d’euros) en 2000. PARIS SBF 120 3316,66 0,06 – 17,55 BOMBAY SENSITIVE INDEX 3303,69 0,09 – 16,83 tration Bush en situation difficile PARIS SBF 250 ...... WELLINGTON NZSE-40 2078,62 – 0,16 9,31 pour financer ses principales réfor- b KYOCERA : le groupe PARIS SECOND MARCHE´ ...... mes. Selon l’office budgétaire du japonais, leader mondial des AMSTERDAM AEX 535,70 0,03 – 15,98 Congrès, M. Bush devra puiser enveloppes en céramique pour BRUXELLES BEL 20 2901,69 0,06 – 4,06 Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro 21 milliards de dollars (23 milliards circuits intégrés, envisage de FRANCFORT DAX 30 5313,94 0,17 – 17,40 Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 29/08 LONDRES FTSE 100 5411,60 – 0,11 – 13,03 d’euros) dans ces excédents au supprimer 10 000 emplois sur un FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4441 cours des trois années à venir, dont effectif de 51 000, essentiellement MADRID STOCK EXCHANGE 8415,60 – 0,12 – 7,62 DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 8,0680 9 milliards cette année, pour finan- dans ses filiales américaines de MILAN MIBTEL 30 35484,00 – 0,30 – 18,84 LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,4250 PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 34,2100 ZURICH SPI 6578,50 – 0,03 – 19,14 cer notamment le budget militaire, télécommunications, européennes ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,7202 qu’il souhaite augmenter de 18 mil- et asiatiques. SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,4053 liards de dollars. Républicains et PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 7,1149 AME´ RIQUES FLORIN NE´ERLANDAIS 2,20371 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NE´O-ZE´LAND 2,0685 démocrates s’étaient engagés à ne SERVICES FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....252,9300 plus utiliser, durant une dizaine MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 27330 NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR 3,40750 1,92503 3,8589 d’années, les surplus générés par b VIVENDI UNIVERSAL : le DRACHME GREC.(100).. DRACHME GREC. (100). ZLOTY POLONAIS ...... les cotisations retraite (153 mil- groupe de Jean-Marie Messier a 10090,90 1843,17 0,907 liards de dollars en 2000). définitivement conclu le rachat de 11175 2264 0,917 Taux d’inte´reˆt(%) Matif MP3.com, dont l’assemblée des 10958 2177 0,901 Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier a Taux 29/08 f Cours 9h57 f FMI : le Fonds monétaire inter- actionnaires a approuvé, lundi, la 10741 2090 0,885 j. j. 3 mois 10 ans 30 ans 30/08 prix prix national n’attend plus que 2 % de fusion avec 99 % d’avis favorables. FRANCE ...... 4,49 4,22 4,92 5,50 Notionnel 5,5 10524 2004 0,869 DE´CEMBRE 2001 1374 90,10 90,23 croissance en 2001 et 2,4 % l’an ALLEMAGNE .. 4,53 4,28 4,81 5,41 10307 1917 0,853 GDE-BRETAG. 5,38 4,86 4,82 4,50 Euribor 3 mois prochain dans la zone euro, selon FINANCES ITALIE...... 4,53 4,25 5,17 5,79 JANVIER 2001 .... NC NC NC la presse italienne du mercredi 10090 1831 0,837 JAPON ...... 0,06 0,01 1,39 2,37 b [[[ [[[ [[[E´TATS-UNIS... 3,53 3,42 4,72 5,42 29 août, qui anticipait un rapport E-TRADE : le deuxième 30 M. 16 J. 29 A. 30 M. 16 J. 29 A. 30 M. 16 J. 30 A. SUISSE ...... 3,38 3,12 3,28 3,96 Retrouvez ces cotations sur le site Web : du FMI à paraître en septembre. courtier en ligne aux Etats-Unis PAYS-BAS...... 4,50 4,25 4,96 5,47 www.lemonde.fr/bourse Indices cours Var. % Var. % va acquérir la firme de courtage Ame´rique 9h57 f se´lection 29/08 28/08 31/12 CHANGES CHANGES a ALLEMAGNE : le ministre de Dempsey, l’un des plus E´TATS-UNIS DOW JONES 10090,90 – 1,28 – 6,45 BOURSES CHANGES-TAUX l’économie, Werner Mueller, importants intermédiaires dans la E´TATS-UNIS S&P 500 1148,60 – 1,11 – 13 table sur une croissance de 1,5 % Bourse de Chicago, pour E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 1843,17 – 1,17 – 25,39 L’INDICE CAC 40 de la Bourse de APRÈS s’être replié contre le dol- cette année, soit moins que la der- 173,5 millions de dollars TORONTO TSE INDEX 7494,34 – 1,11 – 16,11 Paris perdait 0,16 % à 4 827,18 lar la veille, l’euro restait relative- nière prévision avancée par le chan- (192,7 millions d’euros), dont SAO PAULO BOVESPA 13076,99 0,45 – 14,30 points, à l’ouverture jeudi 30 août. ment stable dans les premières celier Schroeder, qui était « entre 153,5 millions (170 millions MEXICO BOLSA 356,14 0,60 12,70 Le DAX de Francfort et le Footsie transactions, jeudi 30 août, à quel- 1,5 % et 2 % ». L’inflation a atteint d’euros) en actions. BUENOS AIRES MERVAL 325,35 1,02 – 21,94 de Londres reculaient de 0,16 % et ques heures de la réunion du comi- 2,6 % en août en moyenne annuelle SANTIAGO IPSA GENERAL 115,09 0,29 19,89 de 0,09 %. En clôture la veille, Paris té de politique monétaire de la Ban- en Allemagne. RÉSULTATS CARACAS CAPITAL GENERAL 6981,04 1,54 2,28 avait gagné 0,40 %, tandis que que centrale européenne. La mon- Francfort et Londres avaient cédé naie unique s’échangeait à a JAPON : la production indus- a Euronext : la Bourse issue de 0,7 % et 0,31 %. Après un début de 0,9088 dollar. Face au yen, le billet trielle a chuté pour le cinquième la fusion des places de Paris, Coursdechangecroise´s séance en hausse, les marchés amé- vert s’orientait en baisse, jeudi mois consécutif en juillet, de 2,8 % Amsterdam et Bruxelles, a ricains ont clôturé, mercredi, en matin, à 119,62 yens. Les marchés Cours Cours Cours Cours Cours Cours par rapport à juin. Le gouverne- annoncé, jeudi, un résultat net en 30/08 9h57 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. baisse de 1,28 % de l’indice Dow obligataires européens s’appré- ment prévoit une hausse de 4,3 % hausse de 6,3 % à 109,4 millions DOLLAR ...... 0,83532 0,90725 0,13831 1,44980 0,59816 Jones, à 10 090,90 points, et de ciaient légèrement en début de de la production pour août par rap- d’euros au premier semestre 2001. YEN...... 119,71500 ..... 108,59500 16,56000 173,60000 71,58500 1,17 % du Nasdaq, à 1 843,17 séance jeudi. Evoluant à l’inverse port à juillet mais une rechute de Sur la même période, le chiffre EURO ...... 1,10223 0,92085 ..... 0,15245 1,59855 0,65915 points. La Bourse de Tokyo a fini du cours des obligations, le taux FRANC ...... 7,23020 6,03930 6,55957 ..... 10,48365 4,32375 3 % en septembre par rapport à d’affaires a progressé de 1 % à LIVRE ...... 0,68975 0,57605 0,62555 0,09535 ..... 0,41245 en baisse de 0,38 % jeudi, l’indice d’intérêt de l’emprunt d’Etat à dix août. 354,4 millions d’euros. FRANC SUISSE ...... 1,67180 1,39645 1,51700 0,23120 2,42410 ..... Nikkei clôturant à 10 938,45 points. ans en France reculait à 4,91 %. 16 / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 FINANCES ET MARCHÉS

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 302,14 3827,84 404 5389 382 5063

VALEURS EUROPÉENNES 305,97 3893,74 305,71 b A Londres, le titre de la société b Le titre du groupe de télécom- 361 4736 3890,05 de services informatiques (SSII) munications Telefonica, principa- 340 302,93 4410 3830,70 3827,84 CMG a bondi de 22,72 %, mercredi le capitale boursière à Madrid, a 302,43

319 302,14 4084 29 août, à 263 pence. La SSII a gagné 1,40 %, mercredi, à 3819,51 annoncé que son bénéfice imposa- 13,05 euros. Selon les analystes 298 3758 [[[[[[[[ [[[[[[[[ ble avant amortissement avait flé- interrogés par l’AFP, Telefonica 30 AOUˆ T28FE´ V. 30 AOUˆ T VLMMJ 30 AOUˆ T28FE´ V. 30 AOUˆ T VLMMJ chi à 17,9 millions de livres sterling doit annoncer, lundi, un bénéfice

(28,5 millions d’euros) au premier net semestriel stable, ou légère- RICHEMONT UNITS CH 2714,27 + 0,39 SKF -B- SE 18,62 .... CASTO.DUBOIS FR e 62 – 0,88 semestre, contre 50,9 millions un ment en hausse, ce qui constituera ROY.PHILIPS ELE NL e 29,85 .... ALIMENTATION ET BOISSON SMITHS GROUP GB 11,98 .... CC CARREFOUR ES e 14,90 – 0,40 an plus tôt. Les analystes avaient un résultat meilleur que les autres RYANAIR HLDGS IR e 11,34 .... ALLIED DOMECQ GB 6,40 – 1,72 SOPHUS BEREND - DK 22,84 .... CHARLES VOEGELE CH 67,74 – 1,67 SAIRGROUP N CH 70,54 – 2,28 ASSOCIAT BRIT F GB 7,53 .... SPIRENT GB 1,98 – 11,43 D’IETEREN SA BE e 192 – 1,23 tablé sur une plus forte baisse, à opérateurs européens. SAS DANMARK A/S DK 9,81 .... BBAG OE BRAU-BE AT e 44,64 + 0,31 STOLT NIELSEN LU e 135 .... DEBENHAMS GB 6,70 .... 13 millions de livres. b L’action du groupe Zurich SEB FR e 51,35 + 0,39 BRAU-UNION AT e 43,35 + 0,46 TELE2 -B- SE 33,37 – 0,16 DIXONS GROUP GB 3,67 .... b A Milan, le titre Alitalia a perdu Financial Services a reculé de SIX CONTINENTS GB 12,08 .... CADBURY SCHWEPP GB 7,45 – 1,27 THALES FR e 42,27 – 0,89 GAL LAFAYETTE FR e 156,10 – 1,82 SODEXHO ALLIANC FR e 53,85 – 1,46 CARLSBERG -B- DK 51,72 .... TOMRA SYSTEMS NO 11,96 .... GEHE AG DE e 46,40 – 0,43 1 %, mercredi, à 1,085 euro. La 2,17 %, mercredi, à 497 francs suis- THE SWATCH GRP CH 89,50 – 0,73 CARLSBERG AS -A DK 47,69 .... TPI ES e 4,70 + 0,64 GUCCI GROUP NL e 86,25 – 1,54 famille Benetton a indiqué qu’elle ses. « Le marché est pessimiste sur THE SWATCH GRP CH 18,99 + 0,52 COCA COLA HBC GR 15,70 + 0,13 TRAFFICMASTER GB 1,05 + 1,54 GUS GB 9,41 + 1,20 n’était pas intéressée à entrer dans ses résultats attendus la semaine TELE PIZZA ES e 1,84 .... DANISCO DK 39,90 .... UNAXIS HLDG N CH 114,39 + 0,58 HENNES & MAURIT SE 21,27 + 1,52 THOMSON MULTIME PA 32,73 – 0,21 DANONE FR e 150 .... VA TECHNOLOGIE AT e 33 .... KARSTADT QUELLE DE e 38 + 1,33 le capital de la compagnie aérien- prochaine », a expliqué Pascal WILSON BOWDEN GB 12,78 – 0,12 DELTA HOLDINGS GR 7,82 – 1,76 VEDIOR NV NL e 13,20 .... KINGFISHER GB 5,85 .... ne. L’action Benetton a reculé de Renaud, analyste chez RBZ Finan- WM-DATA -B- SE 2,48 – 2,90 DIAGEO GB 11,01 – 1,85 VESTAS WIND SYS DK 38,35 – 1,21 MARKS & SPENCER GB 4,24 – 0,37 e e 0,57 %, à 14,95 euros. ce à Genève. WOLFORD AG AT 18,10 – 1,84 ELAIS OLEAGINOU GR 17,58 .... VINCI FR 68,70 + 0,15 MATALAN GB 8,82 + 0,73 WW/WW UK UNITS IR e 1,05 .... ERID.BEGH.SAY FR e 97 .... VIVENDI ENVIRON FR e 47,61 + 0,02 METRO DE e 44,90 + 0,34 f DJ E STOXX CYC GO P 128,95 – 0,06 HEINEKEN HOLDIN NL e 33,55 – 2,04 VOLVO -A- SE 16,34 – 0,65 MFI FURNITURE G GB 2,01 – 0,79 HELLENIC SUGAR GR 9 + 2,97 VOLVO -B- SE 17,14 – 0,62 NEXT PLC GB 15,36 + 0,31 LONZA GRP N CH 673,13 + 0,59 KAMPS DE e 7 – 6,67 WARTSILA CORP A FI e 20,12 .... PINAULT PRINT. FR e 156 + 0,52 Code Cours % Var. NO 47,38 .... KERRY GRP-A- GB 22,41 .... XANSA GB 4,55 .... SIGNET GROUP GB 1,16 + 1,39 30/08 10 h 02 f NORSK HYDRO pays en euros 29/08 RHODIA FR e 11,71 – 1,43 KONINKLIJKE NUM NL e 38,30 – 0,13 ZARDOYA OTIS ES e 10,11 + 0,80 VALORA HLDG N CH 200,42 – 0,33 SOLVAY BE e 63,80 – 0,31 PHARMACIE MONTEDISON IT e 2,73 – 0,36 f DJ E STOXX IND GO P 372,75 – 0,76 VENDEX KBB NV NL e 12,40 – 0,80 W.H SMITH GB 8,57 .... AUTOMOBILE SYNGENTA N CH 55,61 + 4,78 ACTELION N CH 32,14 – 1,52 NESTLE N CH 227,78 – 0,43 e + WOLSELEY PLC GB 8,28 – 0,19 AUTOLIV SDR SE 21,75 – 0,24 TESSENDERLO CHE BE 27,86 + 0,22 ALTANA AG DE e 54,10 .... NORTHERN FOODS GB 2,42 0,66 e ASSURANCES f DJ E STOXX RETL P 309,71 + 0,38 BASF AG BE e 45,82 – 0,82 COLOPLAST -B- DK 67,17 – 1,96 AMERSHAM GB 9,67 – 1,14 PARMALAT IT 3,01 – 1,95 e e + BMW DE e 35,30 .... DEGUSSA (NEU) DE 31,20 + 0,32 ASTRAZENECA GB 52,72 – 0,30 PERNOD RICARD FR 86,40 0,47 AEGIS GROUP GB 1,79 .... e + CONTINENTAL AG DE e 14,80 .... f DJ E STOXX CHEM P 346,07 – 0,52 AVENTIS FR e 81,20 – 0,98 RAISIO GRP -V- FI 1,17 2,63 AEGON NV NL e 33,95 – 0,18 – DAIMLERCHRYSLER DE e 49,10 – 0,71 BB BIOTECH CH 74 – 1,75 SCOTT & NEWCAST GB 8,39 0,19 AGF FR e 61,75 – 0,96 HAUTE TECHNOLOGIE FIAT IT e 25,52 – 0,08 CELLTECH GROUP GB 15,65 – 1,21 SOUTH AFRICAN B GB 8,22 .... ALLEANZA ASS IT e 13,08 + 0,69 ´ e FIAT PRIV. IT e 17 + 0,24 CONGLOMERATS ELAN CORP IR e 57,50 – 2,71 TATE & LYLE GB 4,39 – 0,72 ALLIANZ N DE e 315,20 + 0,45 AIXTRON DE 23,80 + 0,76 TOMKINS GB 2,94 + 0,55 e e – MICHELIN FR e 34,54 + 0,03 D’IETEREN SA BE e 192 – 1,23 ESSILOR INTL FR e 335,70 – 1,29 ASR VERZEKERING NL 81,10 .... ALCATEL-A- FR 18,18 1,99 UNILEVER NL e 65,05 .... e GR 3,86 PEUGEOT FR e 53 – 0,66 AZEO FR e 71,95 .... FRESENIUS MED C DE e 89,60 – 0,55 AXA FR 32,17 – 0,56 ALTEC SA REG. .... UNILEVER GB 9,28 – 0,34 GB 4,66 – PIRELLI SPA IT e 2,34 – 1,27 GBL BE e 300,10 .... GALEN HOLDINGS GB 11,96 + 0,67 BALOISE HLDG N CH 96,42 – 1,18 ARM HOLDINGS 3,63 WHITBREAD PLC GB 9,92 + 0,32 GB 0,89 DR ING PORSCHE DE e 390 + 0,39 GEVAERT BE e 29 – 3,30 GAMBRO -A- SE 7,11 .... BRITANNIC GB 14,66 – 0,11 ARC INTERNATION .... f 243,85 – 0,52 e e – RENAULT FR e 48,10 – 1,23 INCHCAPE GB 8,60 .... GLAXOSMITHKLINE GB 29,40 + 0,27 DJ E STOXX F & BV P CATTOLICA ASS IT 26,15 – 1,28 ASML HOLDING NL 20,85 0,95 NL e 2,62 VALEO FR e 49,30 – 1,40 KVAERNER -A- NO 6,14 .... H. LUNDBECK DK 38,69 – 1,03 CGNU GB 16,54 – 0,77 BAAN COMPANY .... e GB 0,32 VOLKSWAGEN DE e 48,50 .... MYTILINEOS GR 6,84 + 0,59 NOVARTIS N CH 39,92 + 0,08 CNP ASSURANCES FR 36,76 – 0,43 BALTIMORE TECH .... GB 5,36 – f DJ E STOXX AUTO P 219,24 – 0,81 UNAXIS HLDG N CH 114,39 + 0,58 NOVO-NORDISK -B DK 45,81 – 0,58 CODAN DK 18,81 .... BAE SYSTEMS 1,47 BIENS D’E´QUIPEMENT e – ORKLA NO 19,65 .... NOVOZYMES -B- DK 25,79 – 0,26 CORP MAPFRE R ES e 21,81 – 0,86 BROKAT DE 1,32 5,71 e FR e 1,37 SONAE SGPS PT e 0,66 .... ORION B FI e 19,30 – 0,26 ABB N CH 11,80 – 1,38 ERGO VERSICHERU DE 162,80 – 0,12 BULL .... e – BANQUES f DJ E STOXX CONG P 329,98 .... OXFORD GLYCOSCI GB 13,10 .... ADECCO N CH 55,25 – 0,24 ETHNIKI GEN INS GR 12,18 .... BUSINESS OBJECT FR 28,50 0,52 e PHONAK HLDG N CH 3222,57 + 1,94 AGGREKO GB 7,67 .... EULER FR e 49,85 – 0,30 CAP GEMINI FR 75,50 – 0,98 BANK OF IRELAND GB 16,91 – 1,40 e QIAGEN NV NL e 23,55 + 0,47 ALSTOM FR e 29,81 + 0,71 FONDIARIA ASS IT e 5,96 – 0,67 COMPTEL FI 3,48 + 0,29 ABBEY NATIONAL GB 17,83 – 1,06 e ´ ´ ROCHE HLDG G CH 79,94 + 0,21 ALTRAN TECHNO FR e 56,60 – 0,53 FORTIS (B) BE e 30,91 + 0,45 DASSAULT SYST. FR 45,86 + 0,09 ABN AMRO HOLDIN NL e 20,58 – 0,39 TELECOMMUNICATIONS SANOFI SYNTHELA FR e 73,20 – 0,07 ALUSUISSE GRP N CH 830,70 .... GENERALI ASS IT e 35,55 – 0,28 ERICSSON -B- SE 5,73 – 0,92 ALL & LEICS GB 13,05 + 0,25 ATLANTIC TELECO GB 0,18 .... e + + e F-SECURE FI e 0,73 – 5,19 – SCHERING AG DE 58 0,35 ARRIVA GB 5,77 1,40 GENERALI HLD VI AT 160 .... ALLIED IRISH BA GB 19,78 1,74 BRITISH TELECOM GB 7,10 + 0,23 FILTRONIC GB 3,91 + 1,24 e SERONO -B- CH 978,38 – 0,47 ASSA ABLOY-B- SE 13,85 – 0,38 INDEPENDENT INS GB 0,10 .... ALMANIJ BE 42,70 – 0,44 CABLE & WIRELES GB 5,28 – 0,30 e SHIRE PHARMA GR GB 16,24 – 0,29 ASSOC BR PORTS GB 7,07 .... INTERAM HELLEN GR 20,58 + 0,10 FINMATICA IT 13,14 + 2,34 ALPHA BANK GR 24,22 + 0,67 COLT TELECOM NE GB 2,86 – 0,56 e SMITH & NEPHEW GB 5,85 – 0,27 ATLAS COPCO -A- SE 23,45 .... IRISH LIFE & PE GB 13,77 .... GETRONICS NL 3,17 – 1,25 B.P.EMILIA ROMA IT e 33,95 .... DEUTSCHE TELEKO DE e 18,07 + 1,57 SSL INTL GB 9,09 .... ATLAS COPCO -B- SE 22,28 .... LEGAL & GENERAL GB 2,74 – 1,71 GN GREAT NORDIC DK 6,11 + 0,44 B.P.LODI IT e 10,50 .... e – E.BISCOM IT 48,15 0,41 e INFINEON TECHNO DE e 25,70 – 1,15 e SULZER AG 100N CH 220,53 + 4,21 ATTICA ENTR SA GR 6,92 – 0,29 MEDIOLANUM IT 12,69 – 0,86 B.P.NOVARA IT 7,40 – 0,27 EIRCOM IR e 1,34 .... e SYNTHES-STRATEC CH 758,18 – 0,43 BAA GB 10,21 – 0,62 MUENCH RUECKVER DE e 319 + 0,95 INFOGRAMES ENTE FR 17,69 – 0,73 B.P.SONDRIO IT e 11 .... ELISA COMMUNICA FI e 13,30 – 0,37 UCB BE e 46,60 .... BBA GROUP PLC GB 4,53 – 0,35 POHJOLA GRP.B FI e 21,50 + 0,94 INTRACOM R GR 16,36 + 0,25 B.P.VERONA E S. IT e 11,33 – 0,61 ENERGIS GB 1,15 .... WILLIAM DEMANT DK 31,84 + 2,60 BODYCOTE INTL GB 4,18 + 0,77 PRUDENTIAL GB 14,07 – 0,56 KEWILL SYSTEMS GB 0,65 – 2,38 BANCA ROMA IT e 3,50 – 0,57 EQUANT NV NL e 12,80 + 5,61 WS ATKINS GB 11,77 .... BRAMBLES INDUST GB 5,30 – 0,30 RAS IT e 14,78 + 0,20 LEICA GEOSYSTEM CH 282,83 – 2,83 BANK OF PIRAEUS GR 11,78 – 0,17 EUROPOLITAN HLD SE 6,26 – 1,67 ZELTIA ES e 9,29 + 0,98 BUDERUS AG DE e 24,80 – 0,20 ROYAL SUN ALLIA GB 7,88 – 0,40 LOGICA GB 11,33 – 1,25 BANKINTER R ES e 39,14 – 1,16 FRANCE TELECOM FR e 39,90 + 2,05 f DJ E STOXX HEAL 541,77 – 0,75 CAPITA GRP GB 7,62 + 1,92 SAI IT e 15,06 – 0,53 LOGITECH INTL N CH 351,40 .... BARCLAYS PLC GB 34,74 – 1,31 HELLENIC TELE ( GR 17,84 + 0,22 SAMPO-LEONIA -A FI e 9,45 .... MARCONI GB 0,93 – 3,33 BAYR.HYPO-U.VER DE e 47,30 .... KINGSTON COM GB 1,36 + 4,94 (Publicite´) SCHW NATL VERS CH 628,96 .... NOKIA FI e 17,42 – 1,64 BBVA R ES e 14,17 + 0,14 KONINKLIJKE KPN NL e 4,07 – 1,21 SCOR FR e 50,70 – 0,59 OCE NL e 11,55 – 0,86 BCA AG.MANTOVAN IT e 10,11 – 1,08 KPNQWEST NV -C- NL e 8,68 + 2,12 SKANDIA INSURAN SE 8,33 .... OLIVETTI IT e 1,76 – 1,12 BCA FIDEURAM IT e 10,52 – 0,66 LIBERTEL NV NL e 7,90 .... ST JAMES’S PLAC GB 6,17 .... PSION GB 0,96 – 1,64 BCA LOMBARDA IT e 10 + 0,10 MANNESMANN N DE e 204,50 .... À NOS ABONNÉS STOREBRAND NO 8,43 .... SAGE GRP GB 3,38 – 0,47 BCA P.BERG.-C.V IT e 19,21 – 0,21 MOBILCOM DE e 19,88 + 0,91 SWISS LIFE REG CH 617,75 – 1,68 SAGEM FR e 52,40 + 0,67 BCA P.MILANO IT e 4,63 – 1,28 PANAFON HELLENI GR 5,82 + 0,34 SWISS RE N CH 109,77 + 0,45 SAP AG DE e 155,90 + 0,19 B.P.C.INDUSTRIA IT e 10,80 – 0,37 PT TELECOM SGPS PT e 7,12 .... Pour vos changements d’adresse TOPDANMARK DK 30,90 .... SAP VZ DE e 153,99 .... BCO POPULAR ESP ES e 40,20 – 1,28 SONERA FI e 4,97 – 2,55 ZURICH FINL SVC CH 325,03 – 0,80 SEZ HLDG N CH 54,72 .... BCP R PT e 4,41 .... SE 0,69 – 7,14 SONG NETWORKS f 387,86 .... SIEMENS AG N DE e 57,90 – 1,70 e – ou suspensions d’abonnement DJ E STOXX INSU P BIPOP CARIRE IT 3,20 0,62 SWISSCOM N CH 317,11 – 0,31 MB SOFTWARE DE e 0,28 + 21,74 – e BK OF SCOTLAND GB 13,59 0,47 T.I.M. IT 6,02 + 0,17 SPIRENT GB 1,98 – 11,43 e – BNL IT 3,21 0,93 TDC -B- DK 40,77 + 0,83 durant vos vacances STMICROELEC SIC FR e 35,22 – 1,65 e – MEDIAS BNP PARIBAS FR 100,90 0,30 TELE2 -B- SE 33,37 – 0,16 THINK TOOLS CH 11,21 + 9,68 e – e BSKYBGROUP GB 12,31 – 1,91 BSCH R ES 10,32 0,19 TELECEL PT 7,03 .... THUS GB 0,67 .... GR 38,78 – e CANAL PLUS FR e 3,63 – 0,55 COMM.BANK OF GR 0,56 TELECOM ITALIA IT 9,58 – 0,73 un seul numéro TIETOENATOR FI e 25,20 + 3,49 e + e GB 12,28 COMMERZBANK DE 26,80 0,37 TELECOM ITALIA IT 5,43 – 0,73 CAPITAL RADIO .... f DJ E STOXX TECH P 391,57 – 1,32 CREDIT LYONNAIS FR e 44,39 – 0,09 TELEFONICA ES e 13,07 + 0,15 CARLTON COMMUNI GB 5,14 – 2,72 CS GROUP N CH 47,47 + 0,63 TELIA SE 4,83 – 1,30 0825 022 021 DLY MAIL & GEN GB 11,17 .... DANSKE BANK DK 18,94 + 0,36 TISCALI IT e 7,38 – 3,53 ELSEVIER NL e 14,24 .... DEUTSCHE BANK N DE e 77,70 .... VERSATEL TELECO NL e 0,75 + 2,74 (0,99 F TTC/mn) EMAP PLC GB 11,60 .... SERVICES COLLECTIFS DEXIA BE e 17,50 + 0,69 VODAFONE GROUP GB 2,19 + 2,24 FOX KIDS EUROPE NL e 12,75 .... ACEA IT e 7,92 + 0,25 DNB HOLDING NO 5,38 .... f DJ E STOXX TCOM P 433,92 + 0,48 FUTURE NETWORK GB 0,77 .... AEM IT e 2,15 – 0,46 DRESDNER BANK N DE e 44,10 + 0,23 ou par Internet : GRANADA GB 2,54 – 0,63 BRITISH ENERGY GB 4,99 – 0,63 EFG EUROBK ERGA GR 13,96 – 1,69 GRUPPO L’ESPRES IT e 3,88 – 0,77 CENTRICA GB 3,62 .... ERSTE BANK AT e 58,55 + 0,09 CONSTRUCTION GWR GROUP GB 4,31 .... EDISON IT e 11 – 0,99 ESPIRITO SANTO PT e 13,65 .... www.lemonde.fr HAVAS ADVERTISI FR e 10,40 – 0,19 ACCIONA ES e 44 – 0,14 ELECTRABEL BE e 246,90 – 0,20 FOERENINGSSB A SE 12,79 – 0,41 INDP NEWS AND M IR e 2,16 – 1,82 ACS ES e 30,45 – 0,16 ELECTRIC PORTUG PT e 2,91 .... HALIFAX GROUP GB 13,62 – 0,58 INFORMA GROUP GB 4,53 .... AGGREGATE IND GB 1,58 + 1,02 ENDESA ES e 18,39 + 0,44 HSBC HLDG GB 13,18 + 0,12 (rubrique «Services aux lecteurs») LAGARDERE SCA N FR e 54,60 – 0,73 AKTOR SA GR 7,86 + 1,29 ENEL IT e 7,29 – 0,68 IKB DE e 15,50 + 0,65 LAMBRAKIS PRESS GR 6,64 .... AMEY GB 5,22 – 0,91 EVN AT e 41,20 – 1,20 INTESABCI IT e 3,64 – 0,27 M6 METROPOLE TV FR e 28 + 0,36 UPONOR -A- FI e 17 .... FORTUM FI e 5,16 + 0,19 JULIUS BAER HLD CH 365,24 + 2,40 CDB WEB TECH IN IT e 3,61 – 2,17 MEDIASET IT e 8,74 – 1,02 AUREA R ES e 20,80 + 0,19 E´NERGIE GAS NATURAL SDG ES e 20,16 – 0,40 KBC BANCASSURAN BE e 41,36 – 0,34 CGIP FR e 36 – 1,37 MODERN TIMES GR SE 23,87 – 0,22 ACESA R ES e 10,68 – 0,37 HIDRO CANTABRIC ES e 24,80 .... LLOYDS TSB GB 11,52 – 0,96 CIR IT e 1,28 – 0,78 MONDADORI IT e 7,40 .... BOUYGUES FR e 37,76 + 0,16 GB 4,63 – IBERDROLA ES e 15,03 – 0,66 MONTE PASCHI SI IT e 3,43 – 0,29 BG GROUP 0,34 COOKSON GROUP P GB 2,14 + 0,75 NRJ GROUP FR e 17,30 + 0,70 BPB GB 3,94 .... GB 9,44 INNOGY HOLDINGS GB 3,68 – 0,86 NAT BANK GREECE GR 32,28 – 0,06 BP .... COPENHAGEN AIRP DK 80,60 – 0,99 PEARSON GB 16,27 – 0,39 BRISA AUTO-ESTR PT e 10,40 .... ES e 12,85 + ITALGAS IT e 11,15 – 0,54 NATEXIS BQ POP. FR e 101,20 + 0,10 CEPSA 0,78 DAMPSKIBS -A- DK 7455,57 .... PRISA ES e 11,63 – 1,27 BUZZI UNICEM IT e 8,12 + 1 e + KELDA GB 6,21 – 0,51 NORDEA SE 6,79 .... 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HERACLES GENL R GR 15,10 + 0,27 e FENOSA ES e 20,47 – 0,15 e SAIPEM IT 6,46 .... e e BANCO SABADELL ES 17,53 – 0,11 e FINNLINES FI 22,50 .... TF1 FR 32,95 – 0,15 HOCHTIEF ESSEN DE 16,80 – 1,75 SHELL TRANSP GB 9,17 + 0,35 UNITED UTILITIE GB 9,84 – 2,83 f DJ E STOXX BANK P 297,08 – 0,25 FKI GB 2,73 .... TRINITY MIRROR GB 6,28 + 1,03 HOLCIM CH 220,86 – 0,30 TOTAL FINA ELF FR e 162,60 + 0,56 VIRIDIAN GROUP GB 10,24 .... FLS IND.B DK 12,49 .... UNITED PAN-EURO NL e 0,40 – 6,98 IMERYS FR e 115 – 0,35 IHC CALAND NL e 54,75 – 0,82 f DJ E STOXX PO SUP P 320,93 + 0,03 FLUGHAFEN WIEN AT e 37 .... UTD BUSINESS ME GB 11,37 .... ITALCEMENTI IT e 9,12 – 0,55 f DJ E STOXX ENGY P 351,43 + 0,28 PRODUITS DE BASE e VIVENDI UNIVERS FR e 62,30 + 0,32 LAFARGE FR e 102 + 0,39 GAMESA ES 22,48 – 0,53 VNU NL e 36,75 – 0,08 ACERALIA ES e 13,25 – 0,15 MICHANIKI REG. GR 2,59 + 1,17 GKN GB 4,99 – 0,63 WOLTERS KLUWER NL e 24,01 – 0,54 ACERINOX R ES e 33,20 + 1,41 PILKINGTON PLC GB 1,80 .... GROUP 4 FALCK DK 130,30 .... WPP GROUP GB 11,01 .... ALUMINIUM GREEC GR 34,82 – 0,06 RMC GROUP PLC GB 10,88 .... GROUP 4 FALCK DK 130,30 .... e f DJ E STOXX MEDIA P 331,56 + 0,03 ANGLO AMERICAN GB 16,14 + 0,20 SAINT GOBAIN FR e 171,10 – 0,52 SERVICES FINANCIERS HAGEMEYER NV NL 18,83 – 1,47 EURO ASSIDOMAEN AB SE 24,93 + 0,64 SKANSKA -B- SE 9,02 – 2,30 HALKOR GR 4,26 – 1,84 ______BEKAERT BE e 40,50 – 0,49 GB 3,17 + 1,02 HAYS GB 2,60 – 0,61 TAYLOR WOODROW 3I GROUP GB 14,95 – 0,85 BIENS DE CONSOMMATION BHP BILLITON GB 5,36 + 0,90 FR e 158,60 .... HEIDELBERGER DR DE e 56,80 – 0,26 TECHNIP ALPHA FINANCE GR 44,90 .... NOUVEAU AT e 48,06 – – HUHTAMAKI OYJ FI e 34 – 2,72 AHOLD NL e 34,65 + 0,43 BOEHLER-UDDEHOL 0,35 TITAN CEMENT RE GR 39,90 0,05 AMVESCAP GB 15,95 – 1,57 GB 7,19 e + IFIL IT e 6,91 .... ALTADIS ES e 17,73 .... BUNZL PLC .... VINCI FR 68,70 0,15 BHW HOLDING AG DE e 34,20 – 0,29 ´ GB 1,04 e – IMI PLC GB 3,61 .... AMADEUS GLOBAL ES e 8,64 + 0,58 MARCHE CORUS GROUP .... WIENERBERGER AG AT 18,29 0,76 BPI R PT e 2,41 .... GR 4,22 + f – IND.VAERDEN -A- SE 18,14 .... ATHENS MEDICAL GR 4,50 – 0,44 ELVAL 1,44 DJ E STOXX CNST P 231,18 0,02 BRITISH LAND CO GB 8,06 .... SE 22,92 – 0,92 INDRA SISTEMAS ES e 9,12 .... AUSTRIA TABAK A AT e 84,50 .... Cours % Var. HOLMEN -B- CALEDONIA INV.S GB 13,96 .... 30/08 10 h 02 f en euros 29/08 NL e 2,30 INVENSYS GB 1,36 – 1,16 AVIS EUROPE GB 2,84 – 1,66 ISPAT INTERNATI .... CANARY WHARF GR GB 8,45 + 1,92 GB 16,11 INVESTOR -A- SE 13,16 – 1,59 BEIERSDORF AG DE e 136,50 – 0,36 JOHNSON MATTHEY .... CONSOMMATION CYCLIQUE CATTLES ORD. GB 4,56 + 1,06 AT e 54 INVESTOR -B- SE 13 – 1,21 BIC FR e 44,06 + 0,11 MAYR-MELNHOF KA .... ACCOR FR e 43,98 + 1,57 CLOSE BROS GRP GB 13,03 + 1,36 AMSTERDAM M-REAL -B- FI e 7,15 – 0,42 ISS DK 61,66 – 1,08 BRIT AMER TOBAC GB 9,33 – 0,68 ADIDAS-SALOMON DE e 74 – 0,54 COBEPA BE e 64,50 .... AIRSPRAY NV 17,90 .... OUTOKUMPU FI e 9 .... JOT AUTOMATION FI e 0,38 – 2,56 CASINO GP FR e 92,90 – 0,21 AGFA-GEVAERT BE e 14,78 – 0,74 CONSORS DISC-BR DE e 13,10 .... ANTONOV 0,31 – 3,13 PECHINEY-A- FR e 56,70 + 0,18 KINNEVIK -B- SE 21,86 + 1,73 CLARINS FR e 87,30 + 0,11 AIR FRANCE FR e 18,80 + 0,86 CORIO NV NL e 24,85 – 0,60 C/TAC 1,75 .... RAUTARUUKKI K FI e 4,14 .... KONE B FI e 81,10 – 0,12 COLRUYT BE e 46,25 .... AIRTOURS PLC GB 3,92 – 2,77 CORP FIN ALBA ES e 24,62 – 0,93 CARDIO CONTROL 2,30 .... RIO TINTO GB 20,02 + 0,64 LEGRAND FR e 210 + 2,94 DELHAIZE BE e 63,40 + 1,44 ALITALIA IT e 1,08 – 0,92 DAB BANK AG DE e 13,85 – 0,14 CSS 23,90 .... SIDENOR GR 4,30 .... LINDE AG DE e 47,40 – 0,63 FIRSTGROUP GB 5,66 – 1,93 AUSTRIAN AIRLIN AT e 11,45 .... DEPFA-BANK DE e 86,10 – 0,12 HITT NV 7,30 + 1,39 SILVER & BARYTE GR 21 .... MAN AG DE e 24,95 – 0,20 GALLAHER GRP GB 7,48 – 0,21 AUTOGRILL IT e 12,06 – 0,33 DROTT -B- SE 11,41 – 1,38 INNOCONCEPTS NV 19 .... SMURFIT JEFFERS GB 2,39 – 1,96 MEGGITT GB 3,75 – 0,84 GIB BE e 49,15 .... BANG & OLUFSEN DK 22,43 + 1,21 EURAZEO FR e 63,50 + 0,40 NEDGRAPHICS HOLD 4 .... STORA ENSO -A- FI e 13,30 .... METSO FI e 9,80 + 1,03 GIVAUDAN N CH 329,64 – 0,20 BENETTON IT e 14,85 – 0,67 FINAXA FR e 112 .... SOPHEON 0,61 + 1,67 STORA ENSO -R- FI e 13,40 – 0,52 MG TECHNOLOGIES DE e 8 – 0,62 HENKEL KGAA VZ DE e 71,40 + 0,14 BERKELEY GROUP GB 12,25 + 0,52 FORTIS (B) BE e 30,91 + 0,45 PROLION HOLDING 94 .... SVENSKA CELLULO SE 26,21 .... MORGAN CRUCIBLE GB 4,10 + 1,18 ICELAND GROUP GB 2,89 + 1,12 BRITISH AIRWAYS GB 4,83 – 1,62 FORTIS (NL) NL e 30,98 – 0,03 RING ROSA 0,03 .... THYSSENKRUPP DE e 14,97 – 0,86 EXEL GB 11,66 – 0,41 IMPERIAL TOBACC GB 13,77 – 0,23 BULGARI IT e 12,26 – 1,13 GECINA FR e 94,50 .... UCC GROEP NV 7 .... BE e 45,90 – JERONIMO MARTIN PT e 7,85 .... UNION MINIERE 0,26 CHRISTIAN DIOR FR e 40,03 – 0,94 GIMV BE e 33,60 .... PACE MICRO TECH GB 5,69 .... FI e 36,75 – e KESKO -B- FI e 9,25 .... UPM-KYMMENE COR 0,57 CLUB MED. FR e 62,50 .... GREAT PORTLAND GB 4,42 .... PARTEK FI 9,89 .... FR e 12,47 + L’OREAL FR e 76,05 – 0,20 USINOR 0,16 COMPASS GROUP GB 8,53 – 0,74 HAMMERSON GB 7,91 + 0,20 PENINS.ORIENT.S GB 3,75 – 0,42 GR 9,86 – 1,20 e LAURUS NV NL e 4,05 + 1 VIOHALCO DT.LUFTHANSA N DE e 17,35 + 0,58 ING GROEP NL e 35,98 – 0,72 PERLOS FI 7,79 + 0,13 BRUXELLES AT e 33,68 + MORRISON SUPERM GB 3,19 + 1,01 VOEST-ALPINE AG 0,45 ELECTROLUX -B- SE 15,70 – 0,34 LAND SECURITIES GB 14,21 – 1,44 PREMIER FARNELL GB 4,34 .... e ARTHUR 3,30 .... WORMS N FR 19,65 .... e RAILTRACK GB 5,07 – 0,93 RECKITT BENCKIS GB 16,91 + 0,95 EM.TV & MERCHAN DE 2,36 – 0,42 LIBERTY INTL GB 8,52 .... 0,34 .... f 185,64 – 0,26 e SAFEWAY GB 5,44 .... ENVIPCO HLD CT DJ E STOXX BASI P EMI GROUP GB 6,65 – 0,71 MAN GROUP GB 15,27 – 0,10 RANDSTAD HOLDIN NL 12,50 – 1,19 SAINSBURY J. PL GB 6,09 .... FARDIS B 16 .... EURO DISNEY FR e 0,92 .... MARSCHOLLEK LAU DE e 71 + 1,14 RENTOKIL INITIA GB 3,96 + 6,44 STAGECOACH HLDG GB 1,42 – 2,20 INTERNOC HLD 0,07 .... HDP IT e 4,67 – 0,85 MEDIOBANCA IT e 13,22 – 0,23 REXAM GB 5,49 + 0,88 e + INTL BRACHYTHER B 9,05 .... CHIMIE e e + REXEL FR e 67,80 – 1,74 TERRA NETWORKS ES 8,21 0,12 HERMES INTL FR 165,30 – 1,08 METROVACESA ES 15,94 0,19 LINK SOFTWARE B 3 .... e TESCO PLC GB 4,10 – 0,77 AIR LIQUIDE FR e 158,50 – 1,25 HILTON GROUP GB 3,89 + 0,83 MONTEDISON IT e 2,73 – 0,36 RHI AG AT 21 – 1,18 TPG NL e 24,07 – 0,29 PAYTON PLANAR 0,45 .... AKZO NOBEL NV NL e 48,84 – 0,33 HUNTER DOUGLAS NL e 27,70 – 3,65 PROVIDENT FIN GB 10,05 – 0,79 RIETER HLDG N CH 276,90 + 1,94 WANADOO FR e 5,39 – 0,37 BASF AG DE e 45,82 – 0,82 J D WETHERSPOON GB 5,41 .... RODAMCO EUROPE NL e 42,15 – 1,29 ROLLS ROYCE GB 3,33 – 2,34 e + e + e – e – SANDVIK SE 23,55 + 0,45 WELLA AG VZ DE 57,60 0,35 BAYER AG DE 35,95 0,28 KLM NL 16,30 0,31 RODAMCO NORTH A NL 45,10 0,77 f e CODES PAYS ZONE EURO – e – e + SAURER N CH 325,69 .... DJ E STOXX N CY G P 398,36 .... BOC GROUP PLC GB 16,13 0,88 LVMH FR 56,50 0,35 ROLINCO NV NL 25,05 0,60 FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne DE e 22,40 – DE e 41 – GB 13,72 – SCHNEIDER ELECT FR e 61,90 – 1,43 CELANESE N 0,44 MEDION 3,98 SCHRODERS 1,83 IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande CH 70,54 + 0,23 FR e 2,68 – 0,74 FR e 79 + 0,51 SECURICOR GB 2,62 .... CIBA SPEC CHIMI MOULINEX SIMCO N COMMERCE DISTRIBUTION LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche CLARIANT N CH 21,29 – 0,46 NH HOTELES ES e 12,88 – 0,16 SLOUGH ESTATES GB 5,74 + 1,41 SECURITAS -B- SE 18,67 – 1,12 FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. DSM NL e 41,85 + 0,12 NXT GB 3,13 + 0,51 TECAN GRP N CH 86,70 + 1,54 SERCO GROUP GB 5,57 + 0,29 ALLIANCE UNICHE GB 9,36 .... EMS-CHEM HOLD A CH 4802,87 + 0,69 P & O PRINCESS GB 6,21 – 1,27 UNIBAIL FR e 60,50 – 0,25 SGL CARBON DE e 31,80 – 0,62 AVA ALLG HAND.G DE e 39 .... CODES PAYS HORS ZONE EURO ICI GB 6,91 – 1,37 PERSIMMON PLC GB 6,36 – 0,75 VALLEHERMOSO ES e 7,47 + 0,54 SHANKS GROUP GB 2,86 .... BOOTS CO PLC GB 10,83 – 0,73 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de e e e e e KEMIRA FI 6,90 + 1,92 PREUSSAG AG DE 35,45 – 0,70 WCM BETEILIGUNG DE 14,10 .... SIDEL FR 50 .... BUHRMANN NV NL 8,82 + 0,23 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. KON. VOPAK NV NL e 20,20 + 0,25 RANK GROUP GB 3,80 – 0,42 f DJ E STOXX FINS P 273,14 – 0,32 SINGULUS TECHNO DE e 26,45 – 1,23 CARREFOUR FR e 61,10 + 0,99 FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / 17

AIR LIQUIDE...... w 159,40 1045,60 – 0,69 160,50 EULER...... w 49,85 326,99 – 0,30 50,00 PINAULT-PRIN ...... w 156,80 1028,54 +1,03 155,20 w w w Compen- ALCATEL...... 18,20 119,38 – 1,89 18,55 EURAZEO...... 63 413,25 – 0,63 63,40 PLASTIC OMN...... 86,10 564,78 – 1,77 87,65 Cours Cours % Var. sation ALCATEL O ...... 8,05 52,80 – 3,25 ... EURO DISNEY ...... w 0,92 6,03 ... 0,92 PROVIMI ...... w 17,15 112,50 ... 17,15 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALSTOM ...... w 29,79 195,41 +0,64 29,60 EUROTUNNEL ...... w 1,04 6,82 +0,97 1,03 PSB INDUSTRI...... 86 564,12 ...... ALTRAN TECHN .... w 56,45 370,29 – 0,79 56,90 FAURECIA...... w 62,65 410,96 +0,97 62,05 PUBLICIS GR...... w 26,40 173,17 +1,07 26,12 ADECCO ...... 55,80 366,02 +0,54 ... ATOS ORIGIN...... w 86,75 569,04 +0,17 86,60 FIMALAC...... w 40,80 267,63 – 0,68 41,08 REMY COINTRE..... w 34,17 224,14 +0,09 34,14 AMERICAN EXP...... 40,75 267,30 +0,69 ... VALEURS FRANCE ARBEL...... F.F.P. (NY)...... RENAULT ...... w 47,83 313,74 – 1,79 48,70 AMVESCAP EXP...... b Le titre Carrefour s’appréciait de 0,49 %, AVENTIS ...... w 81,25 532,97 – 0,91 82,00 FINAXA ...... 112 734,67 ...... REXEL...... w 67,80 444,74 – 1,74 69,00 ANGLOGOLD LT ...... jeudi 30 août dans les premiers échanges, à AXA ...... w 32,23 211,41 – 0,37 32,35 FONC.LYON.#...... 31,65 207,61 +0,06 ... RHODIA ...... w 11,75 77,07 – 0,25 11,78 A.T.T. #...... 21 137,75 +0,57 ... BAIL INVESTI...... w 130,40 855,37 ... 130,40 FRANCE TELEC ..... w 40,10 263,04 +2,56 39,10 ROCHETTE (LA ...... 7,75 50,84 +1,97 ... BARRICK GOLD...... 17,40 114,14 – 0,63 ... 60,80 euros. Le distributeur a annoncé une BAZAR HOT. V...... 126,50 829,79 – 3,29 ... FROMAGERIES...... 111,20 729,42 +1,09 ... ROYAL CANIN...... w 135,50 888,82 +0,07 135,40 COLGATE PAL...... progression de 5,9 % de son résultat net cou- BEGHIN SAY ...... w 39,85 261,40 +0,13 39,80 GALERIES LAF ...... w 156,10 1023,95 – 1,82 159,00 ROUGIER #...... 59,85 392,59 – 0,08 ... CROWN CORK O...... rant au premier semestre, à 320 millions BIC...... w 44,06 289,01 – 0,20 44,15 GAUMONT # ...... 39 255,82 – 2,50 ... RUE IMPERIAL...... 1695 11118,47 – 0,35 ... DIAGO PLC...... 11,25 73,80 – 0,97 ... BNPPARIBAS...... w 101,30 664,48 +0,10 101,20 GECINA...... w 94,50 619,88 ... 94,50 SADE (NY) ...... DOW CHEMICAL...... d’euros. De plus, le groupe a confirmé sa BOLLORE...... w 255,20 1674 ... 255,20 GENERALE DE...... 19,70 129,22 +0,51 ... SAGEM S.A...... w 52,55 344,71 +0,96 52,05 DU PONT NEMO ... 45,41 297,87 – 0,53 ... prévision d’une croissance de 15 % de son BOLLORE INV...... 54,80 359,46 ...... GEOPHYSIQUE...... w 55,30 362,74 +0,45 55,05 SAGEM ADP...... 35,50 232,86 – 1,93 ... ECHO BAY MIN ...... 1,03 6,76 ...... résultat net courant, et d’une hausse de 8 % BONGRAIN ...... 46,20 303,05 ...... GFI INFORMAT ..... w 15,90 104,30 – 0,63 16,00 SAINT-GOBAIN...... w 171,30 1123,65 – 0,41 172,00 ELECTROLUX ...... BOUYGUES ...... w 37,74 247,56 +0,11 37,70 GRANDVISION...... w 18,72 122,80 – 0,43 18,80 SALVEPAR (NY ...... ELF GABON...... 196 1285,68 +0,56 ... de son chiffre d’affaires pour l’ensemble de BOUYGUES OFF..... w 46,38 304,23 +1,93 45,50 GROUPE ANDRE... 129,90 852,09 +0,15 ... SANOFI SYNTH...... w 73,70 483,44 +0,61 73,25 ERICSSON #...... w 5,66 37,13 – 3,25 5,85 l’année 2001. BULL# ...... w 1,35 8,86 – 1,46 1,37 GROUPE GASCO ... 80,30 526,73 – 1,83 ... SCHNEIDER EL...... w 61,85 405,71 – 1,51 62,80 FORD MOTOR #..... 22,30 146,28 – 1,11 ... b BUSINESS OBJ ...... w 28,85 189,24 +0,70 28,65 GR.ZANNIER ( ...... 87,40 573,31 +0,46 ... SCOR ...... w 50,70 332,57 – 0,59 51,00 GENERAL ELEC ...... 44,80 293,87 – 0,88 ... Le titre Euronext gagnait 0,46 %, jeudi B T P (LA CI...... GROUPE PARTO.... 70,80 464,42 +2,46 ... S.E.B...... w 51,35 336,83 +0,39 51,15 GENERAL MOTO.... 61,60 404,07 – 0,73 ... matin, à 19,49 euros. La société, issue de la BURELLE (LY) ...... 60,60 397,51 ...... GUYENNE GASC ... w 89,50 587,08 – 0,50 89,95 SEITA...... 45,01 295,25 – 1,51 ... GOLD FIELDS...... fusion des Bourses de Paris, Amsterdam et CANAL + ...... w 3,62 23,75 – 0,82 3,65 HAVAS ADVERT ..... w 10,40 68,22 ... 10,40 SELECTIBAIL(...... 15,50 101,67 ...... HARMONY GOLD .. 5,36 35,16 +2,29 ... CAP GEMINI...... w 75,90 497,87 – 0,46 76,25 IMERYS ...... w 115 754,35 – 0,26 115,30 SIDEL...... 50 327,98 ...... HITACHI # ...... 9,56 62,71 +3,35 ... Bruxelles, a annoncé une progression de CARBONE-LORR.... w 41,31 270,98 – 0,22 41,40 IMMOBANQUE ...... SILIC...... HSBC HOLDING .... w 13,20 86,59 – 0,98 13,33 6 % de son résultat net au premier semes- CARREFOUR ...... w 61,10 400,79 +0,99 60,50 IMMEUBLES DE ...... SIMCO...... w 78,50 514,93 – 0,13 78,60 I.B.M...... w 114,60 751,73 – 0,61 115,30 tre, à 109,4 millions d’euros, un chiffre CASINO GUICH...... w 92,90 609,38 – 0,21 93,10 INFOGRAMES E .... w 17,69 116,04 – 0,73 17,82 SKIS ROSSIGN ...... 15,84 103,90 +0,06 ... I.C.I...... CASINO GUICH...... 63,60 417,19 – 2,08 ... IM.MARSEILLA ...... SOCIETE GENE ...... w 67,85 445,07 – 0,22 68,00 ITO YOKADO # ...... 43,58 285,87 – 0,07 ... conforme aux attentes. CASTORAMA DU ... w 62 406,69 – 0,80 62,50 INGENICO ...... w 27,89 182,95 +0,69 27,70 SODEXHO ALLI ...... w 54,10 354,87 – 1,01 54,65 I.T.T. INDUS ...... 49,80 326,67 +1,94 ... b L’action ST Microelectronics reculait de CEA INDUSTRI...... 163 1069,21 – 0,43 ... ISIS...... w 171 1121,69 +0,29 170,50 SOGEPARC (FI ...... MATSUSHITA...... 16,52 108,36 – 3,73 ... w 1,70 %, jeudi matin, à 35,20 euros. Son CEGID (LY) ...... 104,50 685,48 ...... JC DECAUX ...... 13,20 86,59 +1,54 13,00 SOMMER-ALLIB ...... MC DONALD’S...... 33 216,47 +0,76 ... CEREOL ...... w 26,25 172,19 ... 26,25 KAUFMAN ET B..... w 19,55 128,24 +0,05 19,54 SOPHIA ...... w 32,72 214,63 ... 32,72 MERK AND CO...... 74,05 485,74 – 0,07 ... concurrent American Micro Devices, pessi- CERESTAR...... w 28,95 189,90 – 0,17 29,00 KLEPIERRE ...... w 102,90 674,98 – 1,06 104,00 SOPRA GROUP ...... w 58,40 383,08 – 1,02 59,00 MITSUBISHI C...... 8,74 57,33 – 4,48 ... miste sur son activité, a déclaré mercredi CFF.RECYCLIN ...... 46,40 304,36 ...... LAFARGE ...... w 102,10 669,73 +0,49 101,60 SPIR COMMUNI .... w 82 537,88 ... 82,00 NESTLE SA #...... w 228,80 1500,83 – 0,13 229,10 CGIP ...... w 36 236,14 +0,87 35,69 LAGARDERE ...... w 54,80 359,46 – 0,36 55,00 SR TELEPERFO ...... w 21,98 144,18 – 0,09 22,00 NORSK HYDRO...... 47 308,30 ...... qu’il s’attend désormais à dégager une per- CHARGEURS...... LAPEYRE ...... w ...... 55,00 STUDIOCANAL ...... 14,50 95,11 ...... PFIZER INC...... 43,74 286,92 – 0,82 ... te au troisième trimestre de l’année. CHRISTIAN DA ...... 90,70 594,95 – 0,93 ... LEBON (CIE) ...... SUCR.PITHIVI ...... 432 2833,73 – 0,46 ... PHILIP MORRI ...... 52,10 341,75 +0,39 ... b Le titre Vivendi Universal progressait de CHRISTIAN DI...... w 40 262,38 – 0,45 40,18 LEGRAND ORD. .... 210 1377,51 +2,94 ... SUEZ...... w 37,85 248,28 +0,88 37,52 PROCTER GAMB .... 80,90 530,67 – 1,34 ... CIC -ACTIONS ...... LEGRIS INDUS ...... w 56,65 371,60 +0,09 56,60 TAITTINGER ...... RIO TINTO PL...... 0,80 %, jeudi matin, à 62,60 euros. Le grou- CIMENTS FRAN ..... w 52,65 345,36 ... 52,65 LIBERTY SURF...... 3,52 23,09 – 4,09 ... THALES ...... w 42,35 277,80 – 0,70 42,65 SCHLUMBERGER... 56,05 367,66 ...... pe de communication a annoncé, mercredi CLARINS...... w 87,30 572,65 +0,11 87,20 LOCINDUS...... 133,60 876,36 – 0,37 ... TF1...... w 33 216,47 ... 33,00 SEGA ENTERPR...... 16,18 106,13 +8,66 ... soir, avoir conclu définitivement le rachat CLUB MEDITER ..... w 62,50 409,97 ... 62,50 L’OREAL...... w 75,95 498,20 – 0,33 76,20 TECHNIP...... w 158,60 1040,35 +0,76 157,40 SHELL TRANSP ...... CNP ASSURANC .... w 36,76 241,13 – 0,43 36,92 LOUVRE #...... 77,90 510,99 +2,50 ... THOMSON MULT . w 32,80 215,15 ... 32,80 SONY CORP. # ...... w 51,95 340,77 – 0,10 52,00 du distributeur de musique en ligne COFACE...... w 73,50 482,13 – 0,68 74,00 LVMH MOET HE.... w 56,60 371,27 – 0,18 56,70 TOTAL FINA E ...... w 163,30 1071,18 +0,99 161,70 T.D.K. # ...... 56,50 370,62 – 5,28 ... MP3.com. Le montant de cette acquisition, COFLEXIP ...... w 186,60 1224,02 +0,11 186,40 MARINE WENDE... w 65,85 431,95 +0,38 65,60 TRANSICIEL # ...... w 37,99 249,20 – 0,03 38,00 TOSHIBA #...... 5,79 37,98 +2,48 ... COLAS...... w 67 439,49 – 1,03 67,70 MAUREL ET PR...... 15,75 103,31 +0,64 ... UBI SOFT ENT ...... w 40,21 263,76 – 1,93 41,00 UNITED TECHO..... 76 498,53 ...... annoncée le 20 mai, s’élève à 372 millions CONTIN.ENTRE...... METALEUROP ...... 5,04 33,06 +0,20 ... UNIBAIL ...... w 60,50 396,85 – 0,25 60,65 ZAMBIA COPPE...... de dollars (410 millions d’euros). CPR...... 58 380,46 ...... MICHELIN ...... w 34,52 226,44 – 0,03 34,53 UNILOG ...... w 79 518,21 +1,28 78,00 ...... CRED.FON.FRA...... 12,20 80,03 ...... MARIONNAUD P .. 53 347,66 – 1,85 ... USINOR...... w 12,45 81,67 ... 12,45 ...... CREDIT LYONN ..... w 44,40 291,24 – 0,07 44,43 MONTUPET SA...... 15 98,39 ...... VALEO ...... w 49,29 323,32 – 1,40 49,99 CS COM.ET SY...... 7,10 46,57 – 5,33 ... MOULINEX ...... 2,68 17,58 – 0,74 ... VALLOUREC ...... w 55 360,78 +0,36 54,80 ABRE´VIATIONS DAMART ...... 82 537,88 ...... NATEXIS BQ P ...... w 101,20 663,83 – 0,20 101,40 VICAT...... ´ B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. PREMIER MARCHE DANONE...... w 150,10 984,59 +0,07 150,00 NEOPOST ...... w 31,51 206,69 +0,03 31,50 VINCI...... w 68,50 449,33 – 0,15 68,60 ______+ w w – DASSAULT-AVI...... 304,90 2000,01 1,63 ... NEXANS...... 30 196,79 ... 30,00 VIVENDI ENVI...... 47,49 311,51 0,23 47,60 SYMBOLES w w ˆ DASSAULT SYS...... 46,12 302,53 +0,65 45,82 NORBERT DENT ...... VIVENDI UNIV ...... 62,40 409,32 +0,48 62,10 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; JEUDI 30 AOUT Cours a` 9h57 DEVEAUX(LY)# ...... 72 472,29 +1,27 ... NORD-EST...... 27,81 182,42 – 1,38 ... WANADOO...... w 5,39 35,36 – 0,37 5,41 a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; w DEV.R.N-P.CA...... 14,50 95,11 ...... NRJ GROUP...... 17,30 113,48 +0,70 17,18 WORMS (EX.SO...... 19,65 128,90 ...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 24 septembre w w DMC (DOLLFUS..... 9,28 60,87 – 0,22 ... OBERTHUR CAR.... 8,26 54,18 – 2,82 8,50 ZODIAC...... 258,70 1696,96 ... 258,70 d cours pre´ce´dent ; w_Valeur pouvant be´ne´ficier du service DYNACTION ...... 26 170,55 ...... OLIPAR...... ` ´ ´ Compen- w w de reglement differe. Cours Cours % Var. EIFFAGE ...... 75,05 492,30 – 0,53 75,45 ORANGE ...... 7,78 51,03 +5,71 7,36 ...... sation France f en euros en francs veille ELIOR ...... w 13 85,27 – 0,38 13,05 OXYG.EXT-ORI...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : (1) ELEC.MADAGAS...... PECHINEY ACT...... w 56,80 372,58 +0,35 56,60 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : ACCOR ...... w 44 288,62 +1,62 43,30 ENTENIAL(EX...... 33,25 218,11 – 0,45 ... PECHINEY B P ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AGF ...... w 61,60 404,07 – 1,20 62,35 ERAMET ...... w 32 209,91 +0,63 31,80 PENAUILLE PO...... w 59,60 390,95 +1,71 58,60 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AFFINE...... 37,81 248,02 – 0,50 ... ESSILOR INTL ...... w 334,90 2196,80 – 1,53 340,10 PERNOD-RICAR .... w 86 564,12 – 0,46 86,40 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR FRANCE G ...... w 18,75 122,99 +0,59 18,64 ESSO ...... 82 537,88 – 0,61 ... PEUGEOT ...... w 53 347,66 – 0,66 53,35 ......

CHEMUNEX ...... 0,38 2,49 ... HF COMPANY ...... 52 341,10 +0,10 NEURONES #...... 3,40 22,30 – 2,58 GEODIS...... 37,96 249 – 0,11 CMT MEDICAL ..... 16 104,95 ... HIGH CO.#...... 111,50 731,39 +0,45 NICOX #...... 58,80 385,70 +0,34 GFI INDUSTRI...... 28,85 189,24 ... NOUVEAU COALA # ...... 15,50 101,67 +2,65 HIGH BON DE ...... d 3,25 21,32 ... OLITEC...... 16,70 109,54 +4,31 SECOND GRAND MARNIE .. d 8000 52476,56 ... COHERIS ATIX...... 12,94 84,88 +3,11 HIGHWAVE OPT ... w 6,45 42,31 – 2,42 OPTIMS # ...... 2,19 14,37 +1,86 ______GROUPE BOURB... d 46 301,74 ... ´ COIL...... 17,20 112,82 – 0,29 HIMALAYA ...... 2,22 14,56 – 0,89 ORCHESTRA KA.... 1 6,56 +5,26 GROUPE CRIT ...... 15,45 101,35 +6,55 MARCHE CION ET SYS...... 1,78 11,68 +0,56 HI MEDIA ...... 0,70 4,59 ... OXIS INTL RG ...... 0,17 1,12 ... ´ GROUPE FOCAL.... 71,60 469,67 +10,32 CONSODATA ...... 9 59,04 – 0,88 HOLOGRAM IND.. 7,70 50,51 +2,67 PERFECT TECH .... 8,48 55,63 – 4,72 MARCHE GROUPE J.C.D...... 150,50 987,22 +0,13 MERCREDI 29 AOUˆ T CONSODATA NV.. d 19,50 127,91 ... HUBWOO.COM ..... 2 13,12 – 9,50 PERF.TECHNO...... d 0,28 1,84 ... HERMES INTL...... w 165,30 1084,30 – 1,08 CONSORS FRAN .. 2,67 17,51 – 2,20 IB GROUP.COM .... 3,40 22,30 – 2,30 PHARMAGEST I.... 17,30 113,48 – 0,29 JEUDI 30 AOUˆ T HYPARLO #(LY ...... 34,01 223,09 +2,75 Une se´ lection. Cours releve´sa` 18 h 16 CROSS SYSTEM.... 1,33 8,72 – 0,75 IDP ...... 1,60 10,50 ... PHONE SYS.NE..... d 1,03 6,76 ... IMS(INT.META ...... 7,82 51,30 +0,26 CRYO # ...... 4,16 27,29 ... IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... PICOGIGA...... 6 39,36 – 1,48 Une se´ lection. Cours releve´ sa` 9h57 INTER PARFUM .... 70 459,17 – 0,57 CRYONETWORKS. 1,70 11,15 +7,59 INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... PROSODIE #...... 36,60 240,08 +4,57 JET MULTIMED .... d 34,78 228,14 ... Cours Cours % Var. CYBERDECK # ...... 0,94 6,17 ... INTERACTIF B...... d 0,30 1,97 ... PROSODIE BS ...... d 8,46 55,49 ... Cours Cours % Var. LAURENT-PERR .... 32,50 213,19 ... Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBER PRES.P ...... 12,95 84,95 – 0,38 IGE +XAO ...... 8,44 55,36 – 0,47 PROLOGUE SOF ... 5,91 38,77 – 0,51 LDC ...... 140 918,34 +3,70 ABEL GUILLEM..... 10 65,60 ... CYBERSEARCH ..... 2,12 13,91 +20,45 ILOG #...... 9,60 62,97 – 4 QUALIFLOW ...... 4,50 29,52 ... AB GROUPE ...... 32,50 213,19 ... LECTRA (B) #...... 5,14 33,72 +0,78 AB SOFT ...... 2,30 15,09 – 18,73 CYRANO #...... 0,42 2,76 +7,69 IMECOM GROUP.. 1,81 11,87 +0,56 QUANTEL ...... 4,42 28,99 +1,38 ACTIELEC TEC ...... 5,50 36,08 – 1,79 LOUIS DREYFU ..... 14,01 91,90 ... ACCESS COMME .. 4,65 30,50 – 1,06 DALET # ...... 2,60 17,05 – 3,70 INFOSOURCES...... 0,72 4,72 +2,86 R2I SANTE...... 8 52,48 – 1,23 ALGECO #...... 92,90 609,38 ... LVL MEDICAL...... 17,44 114,40 – 1,64 ADL PARTNER ...... 13,40 87,90 +1,52 DATASQUARE #.... d 1,17 7,67 ... INFOSOURCE B .... d 1,45 9,51 ... R2I SANTE BO ...... d 0,03 0,20 ... ALTEDIA...... 35,50 232,86 – 0,98 M6-METR.TV A...... w 28 183,67 +0,36 ADL PARTNER ...... 6,01 39,42 – 7,54 DATATRONIC ...... 3,60 23,61 – 4,76 INFOTEL # ...... 27 177,11 +2,08 RECIF # ...... 19,05 124,96 – 4,75 ALTEN (SVN) ...... w 19,79 129,81 – 0,05 MANITOU #...... 62,50 409,97 – 0,24 ALGORIEL #...... 5,25 34,44 ... DESK #...... d 0,89 5,84 ... INFO VISTA ...... 3,88 25,45 +4,02 REPONSE # ...... 19 124,63 – 3,06 APRIL S.A.#( ...... 19 124,63 ... MANUTAN INTE... 42,50 278,78 ... ALPHAMEDIA ...... 0,98 6,43 – 1,01 DEVOTEAM #...... w 19,14 125,55 +3,57 INTEGRA...... w 1,08 7,08 +3,85 REGINA RUBEN ... 0,74 4,85 +1,37 ARKOPHARMA # .. 50 327,98 ... PARC DES EXP ...... d 117 767,47 ... ALPHA MOS #...... 4,25 27,88 ... DMS #...... 13,10 85,93 – 1,13 INTEGRA ACT...... RIBER #...... 3,86 25,32 ... ASSYSTEM # ...... 47,99 314,79 +0,38 PCAS #...... d 22,69 148,84 ... ALPHA MOS BO.... d 0,30 1,97 ... D INTERACTIV ..... 2,05 13,45 +1,49 INTERCALL #...... 1,19 7,81 – 8,46 RIGIFLEX INT...... 51,60 338,47 – 2,55 AUBAY ...... 7 45,92 ... PETIT FOREST...... 42,50 278,78 +1,19 ALTAMIR & CI ...... d 122 800,27 ... DIREKT ANLAG .... 14,15 92,82 – 0,07 IPSOS # ...... w 74 485,41 – 3,27 RISC TECHNOL .... 7,30 47,88 – 9,88 BENETEAU #...... 87,05 571,01 ... PIERRE VACAN...... 63,10 413,91 +0,80 ALDETA ...... 4,57 29,98 ... DIREKT ANLAG .... 12,20 80,03 +0,66 IPSOS BS00...... d 1,59 10,43 ... SAVEURS DE F...... 9,50 62,32 ... BOIRON (LY)#...... 82,50 541,16 ... PINGUELY HAU .... w 15,50 101,67 – 0,45 ALTI #...... 8,50 55,76 ... DURAND ALLIZ.... 0,64 4,20 ... ITESOFT...... 1,81 11,87 – 3,72 GUILLEMOT BS .... 9,59 62,91 – 0,62 BONDUELLE...... 47,26 310,01 ... POCHET...... d 115 754,35 ... A NOVO # ...... w 20,58 135 – 2,92 DURAN DUBOI .... 13,70 89,87 +3,95 IT LINK...... 3,70 24,27 ... SELF TRADE...... 2,65 17,38 – 2,21 BQUE TARNEAU... d 88 577,24 ... RADIALL # ...... 66,70 437,52 – 0,15 ARTPRICE COM.... 8,40 55,10 – 6,15 DURAN BS 00 ...... d 0,15 0,98 ... IXO...... 0,69 4,53 +4,55 SILICOMP #...... 23,80 156,12 – 5,93 BRICORAMA # ...... 50,95 334,21 +1,90 RALLYE (LY)...... w 55,65 365,04 +0,27 ASTRA ...... 0,62 4,07 – 6,06 EFFIK # ...... 17,50 114,79 – 2,51 JEAN CLAUDE ...... 1 6,56 +1,01 SITICOM GROU.... 4,95 32,47 – 14,06 BRIOCHE PASQ .... 89 583,80 – 1,11 ROCANI(EX FI ...... d 12 78,71 ... AUFEMININ.CO.... 0,84 5,51 – 3,45 EGIDE #...... 102,50 672,36 +1,18 JOLIEZ REGOL...... 0,90 5,90 +7,14 SODITECH ING .... 5,25 34,44 – 9,64 BUFFALO GRIL..... 10,50 68,88 +0,96 RODRIGUEZ GR ... w 55 360,78 – 1,79 AUTOMA TECH .... 4,30 28,21 +2,38 EMME NV ...... 14,95 98,07 – 0,27 KALISTO ENTE...... d 1,35 8,86 ... SOFT COMPUTI.... 4,10 26,89 +0,49 C.A. OISE CC ...... d 92,90 609,38 ... SABATE-DIOSO ..... 17,26 113,22 ... AVENIR TELEC...... w 1,88 12,33 +1,08 ESI GROUP ...... 16,25 106,59 – 9,72 KEYRUS PROGI ..... 1,51 9,90 – 5,03 SOI TEC SILI...... w 15,79 103,58 – 4,94 C.A. PARIS I...... 65,60 430,31 – 0,23 SECHE ENVIRO ..... d 81,20 532,64 ... AVENIR TELEC...... d 0,20 1,31 ... ESKER...... 4,35 28,53 – 8,42 LA COMPAGNIE.... 6,85 44,93 ... SOI TEC BS 0...... 2,78 18,24 – 4,14 C.A.PAS CAL...... d 149,40 980 ... SINOP.ASSET...... d 19,50 127,91 ... BAC MAJESTIC...... 2 13,12 +1,52 EUROFINS SCI...... 12,24 80,29 – 1,84 LEXIBOOK # S...... 18,80 123,32 +4,74 SOLUCOM ...... 34,90 228,93 +4,21 CDA-CIE DES...... 46,45 304,69 ... SIPAREX CROI ...... 28,95 189,90 – 0,17 BARBARA BUI ...... 16,30 106,92 – 3,83 EURO.CARGO S.... 11,90 78,06 ... LINEDATA SER...... 22 144,31 ... SOLUCOM ACT..... d 47,76 313,29 ... CEGEDIM #...... 54 354,22 ... SOLERI ...... d 230 1508,70 ... BCI NAVIGATI...... 5,70 37,39 ... FIMATEX # ...... w 3,59 23,55 – 0,28 LYCOS EUROPE..... 1,05 6,89 – 2,78 SQLI ...... 1,50 9,84 – 1,32 CIE FIN.ST-H ...... d 133 872,42 ... SOLVING #...... 59,50 390,29 +0,08 BELVEDERE...... 25 163,99 – 1,57 FI SYSTEM # ...... w 3 19,68 +0,67 LYCOS FRANCE..... 2,66 17,45 – 15,02 SQLI ACT.NOU...... d 3,10 20,33 ... CNIM #...... 53,15 348,64 +0,09 STEF-TFE # ...... 59,10 387,67 – 2,31 BOURSE DIREC .... 3,12 20,47 +3,65 FI SYSTEM BS...... d 0,09 0,59 ... MEDCOST #...... 2,44 16,01 – 0,41 STACI # ...... 2,37 15,55 – 5,20 COFITEM-COFI..... d 58,05 380,78 ... STERIA GROUP ..... 35,99 236,08 +0,31 BRIME TECHNO... 37,75 247,62 – 1,18 FLOREANE MED .. 7,80 51,16 ... MEDIDEP #...... 20,60 135,13 +1,03 STELAX...... d 0,50 3,28 ... DANE-ELEC ME.... 2,35 15,41 – 2,08 SYLEA ...... d 47,98 314,73 ... BRIME TECHN...... 0,78 5,12 – 9,30 GAMELOFT COM . 0,83 5,44 – 5,68 MEMSCAP ...... 2,28 14,96 – 2,56 SYNELEC # ...... 15,60 102,33 – 2,50 ENTRELEC GRO ... d 61,85 405,71 ... SYLIS # ...... 25,50 167,27 – 1,96 BUSINESS ET ...... 9,80 64,28 – 0,61 GAUDRIOT #...... 37,72 247,43 – 1,64 METROLOGIC G ... 60 393,57 +0,84 SYSTAR # ...... 4 26,24 – 1,23 ETAM DEVELOP ... 9,90 64,94 – 0,40 SYNERGIE (EX ...... 30 196,79 +0,17 BUSINESS INT ...... 2,49 16,33 ... GENERIX # ...... 24,90 163,33 ... MICROPOLE ...... 6,50 42,64 +0,78 SYSTRAN ...... 2,37 15,55 – 3,66 EUROPEENNE C... 41,85 274,52 ... TEAM PARTNER ... 6,82 44,74 – 0,44 BVRP ACT.DIV...... w 10,26 67,30 ... GENESYS #...... 13 85,27 – 14,47 MILLIMAGES...... 9,60 62,97 +2,02 TEL.RES.SERV...... 1,64 10,76 – 5,20 EXPAND S.A...... 56 367,34 ... TRIGANO...... w 32,92 215,94 +0,52 CAC SYSTEMES..... d 3 19,68 ... GENESYS BS00 ..... 2,22 14,56 – 14,62 MONDIAL PECH ... 4,28 28,07 +9,74 TELECOM CITY..... 3,30 21,65 ... FINATIS(EX.L ...... d 140,70 922,93 ... UNION FIN.FR...... 32,35 212,20 – 1,97 CALL CENTER...... 8,05 52,80 ... GENSET...... w 3,99 26,17 – 2,44 NATUREX...... 14,50 95,11 ... TETE DS LES ...... 1,55 10,17 – 0,64 FININFO...... 33,98 222,89 – 0,06 VILMOR.CLAUS ..... 68,90 451,95 ... CARRERE GROU... 17,04 111,78 ... GL TRADE #...... 35,40 232,21 +0,43 NET2S # ...... 3,31 21,71 – 5,43 THERMATECH I.... 18 118,07 – 2,70 FLEURY MICHO ... 22,52 147,72 – 3,31 VIRBAC...... 100,20 657,27 +0,10 CAST ...... 5,80 38,05 +0,69 GUILLEMOT # ...... 21,43 140,57 – 0,09 NETGEM...... w 3,50 22,96 +0,57 TITUS INTERA ...... 3,65 23,94 – 6,41 GECI INTL...... 12,55 82,32 +1,21 ...... CEREP...... 18,07 118,53 +0,39 GUYANOR ACTI ... 0,23 1,51 ... NETVALUE #...... 1,47 9,64 +0,68 TITUS INTER...... d 2,20 14,43 ... GENERALE LOC.... 21,52 141,16 – 1,96 ......

E´CUR. OBLIG. INTERNAT...... 177,01 1161,11 28/08 CIC ELITE EUROPE...... 132,65 870,13 29/08 CM FRANCE ACTIONS...... 36,65 240,41 29/08 OBLITYS C ...... 112,25 736,31 28/08 E´CUR. TECHNOLOGIES ...... 38,94 255,43 28/08 CIC E´PARGNE DYNAM. C..... 2057,32 13495,13 29/08 CM MID. ACT. FRANCE ...... 33,94 222,63 29/08 OBLITYS D...... 110,49 724,77 28/08 SICAV et FCP E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 273,54 1794,30 28/08 CIC E´PARGNE DYNAM. D .... 1622,71 10644,28 29/08 CM MONDE ACTIONS...... 313,52 2056,56 29/08 PLE´NITUDE D PEA ...... 44,45 291,57 28/08 E´PARCOURT-SICAV D ...... 28,13 184,52 28/08 CIC EUROLEADERS ...... 396,22 2599,03 29/08 CM OBLIG. LONG TERME .... 106,92 701,35 29/08 POSTE GESTION C...... 2599,60 17052,26 29/08 GE´OPTIM C ...... 2303,84 15112,20 28/08 CIC FRANCE C ...... 38,28 251,10 28/08 CM OPTION DYNAM...... 32,16 210,96 29/08 POSTE GESTION D ...... 2304,50 15116,53 29/08 Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 29 aouˆ t Fonds communs de placements CIC FRANCE D...... 38,28 251,10 28/08 CM OPTION E´QUIL...... 53,90 353,56 29/08 POSTE PREMIE`RE...... 7061,51 46320,47 28/08 ` E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 37,71 247,36 28/08 CIC HORIZON C...... 67,38 441,98 29/08 CM OBLIG. COURT TERME .. 163,03 1069,41 29/08 POSTE PREMIERE 1 AN ...... 41996,38 275478,19 28/08 ` E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 34,28 224,86 28/08 CIC HORIZON D ...... 64,98 426,24 29/08 CM OBLIG. MOYEN TERME.. 337,56 2214,25 29/08 POSTE PREMIERE 2-3 ...... 9054,06 59390,74 28/08 e 165,51 1085,67 E´metteurs f Valeurs unitaires Date E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 41,90 274,85 28/08 CIC MENSUEL...... 1435,45 9415,93 29/08 CM OBLIG. QUATRE...... 29/08 PRIMIEL EUROPE C ...... 58,79 385,64 29/08 Euros francs ee cours CIC MONDE PEA...... 30,30 198,75 28/08 Fonds communs de placements REVENUS TRIMESTRIELS ..... 783,28 5137,98 28/08 24,50 160,71 SOLSTICE D...... 362,91 2380,53 28/08 08 36 68 56 55 CIC OBLI COURT TERME C .. 29/08 CM OPTION MODE´RATION . 19,29 126,53 29/08 AGIPI (2,21 F/mn) CIC OBLI COURT TEME D.... 19,45 127,58 29/08 THE´SORA C ...... 186,06 1220,47 28/08 15,23 THE´SORA D...... 155,32 1018,83 28/08 ATOUT CROISSANCE D...... 386,31 2534,03 29/08 CIC OBLI LONG TERME C .... 99,90 28/08 ASSET MANAGEMENT AGIPI AMBITION (AXA) ...... 26,57 174,29 29/08 CIC OBLI LONG TERME D.... 15,04 98,66 28/08 TRE´SORYS C...... 47101,46 308965,32 28/08 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 27,03 177,31 29/08 ATOUT EUROPE C ...... 533 3496,25 29/08 ATOUT FRANCE C...... 206,43 1354,09 29/08 CIC OBLI MONDE ...... 399,28 2619,11 24/08 AME´RIQUE 2000 ...... 127,10 833,72 29/08 Fonds communs de placements 3615 BNP ATOUT FRANCE D ...... 187,06 1227,03 29/08 CIC ORIENT ...... 146,74 962,55 28/08 ASIE 2000...... 69,73 457,40 29/08 DE´DIALYS FINANCE ...... 91,10 597,58 28/08 CIC PIERRE ...... 35,96 235,88 28/08 223,03 1462,98 29/08 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ATOUT FRANCE ASIE D ...... 80,90 530,67 29/08 NOUVELLE EUROPE ...... DE´DIALYS MULTI-SECT...... 67,70 444,08 28/08 ATOUTFRANCEEUROPED.. 185,95 1219,75 29/08 MONEYCIC DOLLAR ...... 1412,17 .... 29/08 SAINT-HONORE´ CAPITAL C . 3585,32 23518,16 29/08 DE´DIALYS SANTE´ ...... 96,68 634,18 29/08 ´ BNP MONE´ COURT TERME.. 2479,28 16263,01 28/08 ATOUT FRANCE MONDE D .. 46,02 301,87 29/08 Fonds communs de placements SAINT-HONORE CAPITAL D . 3287,52 21564,72 29/08 DE´DIALYS TECHNOLOGIES .. 34,72 227,75 28/08 ´ BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13602,88 89229,04 28/08 ATOUT MONDE C...... 54,92 360,25 29/08 CIAL PEA SE´RE´NITE´ ...... 842,09 5523,75 24/08 ST-HONORE CONVERTIBLES 335,60 2201,39 29/08 DE´DIALYS TELECOM ...... 42,05 275,83 29/08 ´ BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11876,62 77905,52 28/08 ATOUT SE´LECTION D ...... 111,61 732,11 29/08 CIC EUROPEA C ...... 11,43 74,98 29/08 ST-HONORE FRANCE...... 59,47 390,10 29/08 POSTE EUROPE C ...... 91,08 597,45 28/08 ´ BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 154907,96 1016129,61 28/08 CAPITOP EUROBLIG C...... 100,10 656,61 29/08 CIC EUROPEA D...... 11,12 72,94 29/08 ST-HONORE PACIFIQUE...... 90,82 595,74 29/08 POSTE EUROPE D...... 86,87 569,83 28/08 ´ BNP OBLI. CT...... 164,43 1078,59 28/08 CAPITOP EUROBLIG D...... 82,58 541,69 29/08 CIC EURO OPPORTUNITE´ .... 520,04 3411,24 28/08 ST-HONORE TECH. MEDIA .. 105,74 693,61 29/08 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 196,65 1289,94 28/08 ´ ´ BNP OBLI. LT ...... 33,88 222,24 28/08 CAPITOP MONDOBLIG C...... 44,52 292,03 29/08 CIC GLOBAL C...... 256,72 1683,97 29/08 ST-HONORE VIE SANTE ...... 381,65 2503,46 29/08 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 180,52 1184,13 28/08 ´ BNP OBLI. MT C...... 152 997,05 28/08 CAPITOP REVENUS D ...... 172,90 1134,15 29/08 CIC GLOBAL D ...... 256,72 1683,97 29/08 ST-HONORE WORLD LEAD. . 95,94 629,33 29/08 REMUNYS PLUS ...... 102,46 672,09 28/08 BNP OBLI. MT D ...... 139,51 915,13 28/08 DIE`ZE C...... 446,85 2931,14 29/08 CIC JAPON ...... 9,16 60,09 28/08 WEB INTERNATIONAL ...... 25,04 164,25 29/08 BNP OBLI. SPREADS...... 184,48 1210,11 28/08 INDICIA EUROLAND D ...... 114,48 750,94 28/08 CIC MARCHE´SE´MERGENTS 1023,65 6714,70 24/08 SG ASSET MANAGEMENT BNP OBLI. TRE´SOR ...... 1948,25 12779,68 28/08 INDICIA FRANCE D ...... 392,30 2573,32 28/08 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 5,87 38,50 28/08 LEGAL & GENERAL BANK Serveur vocal : ´ 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) Fonds communs de placements INDOCAM AMERIQUE C...... 40,70 266,97 29/08 CIC PROFIL DYNAMIQUE..... 24,16 158,48 28/08 INDOCAM ASIE C ...... 18,58 121,88 29/08 ´ BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1817,53 11922,22 28/08 CIC PROFIL EQUILIBRE...... 19,25 126,27 28/08 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 205,87 1350,42 28/08 CADENCE 1 D...... 156,50 1026,57 29/08 INDOCAM FRANCE C ...... 353,10 2316,18 29/08 ´ ´ CIC PROFIL TEMPERE...... 136,07 892,56 28/08 Fonds communs de placements CADENCE 2 D...... 154,35 1012,47 29/08 INDOCAM FRANCE D...... 290,24 1903,85 29/08 CIC TAUX VARIABLES...... 193,84 1271,51 24/08 CADENCE 3 D...... 154,48 1013,32 29/08 BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT STRATE´GIE CAC ...... 6283,40 41216,40 28/08 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 182,97 1200,20 29/08 CIC TECHNO. COM...... 88,63 581,37 28/08 CONVERTIS C ...... 233,34 1530,61 29/08 www.bpam.fr 01 58 19 40 00 STRATE´GIE INDICE USA...... 9343,95 61292,29 28/08 Fonds communs de placements CIC USA ...... 19,14 125,55 28/08 INTEROBLIG C ...... 58,65 384,72 29/08 BP OBLI HAUT REND...... 111,32 730,21 28/08 ATOUT VALEUR D...... 82,55 541,49 28/08 CIC VAL. NOUVELLES...... 320,14 2099,98 29/08 www.lapostefinance.fr INTERSE´LECTION FR. D...... 78,16 512,70 29/08 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 59,85 392,59 28/08 CAPITOP MONE´TAIRE C...... 191,06 1253,27 31/08 GTI PUNCH ...... 102,76 674,06 10/07 Sicav Info Poste : SE´LECT DE´FENSIF C...... 192,36 1261,80 29/08 BP NOUVELLE E´CONOMIE ... 88,27 579,01 28/08 CAPITOP MONE´TAIRE D...... 188,27 1234,97 31/08 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) SE´LECT DYNAMIQUE C ...... 249,37 1635,76 29/08 BP OBLIG. EUROPE ...... 51,47 337,62 29/08 INDOCAM FONCIER...... 99,91 655,37 29/08 www.clamdirect.com SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 170,85 1120,70 29/08 BP SE´CURITE´...... 102377,82 671554,48 29/08 ADDILYS C ...... 106,37 697,74 28/08 INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 282,95 1856,03 28/08 SE´LECT PEA DYNAMIQUE .... 153,14 1004,53 29/08 EUROACTION MIDCAP...... 133,80 877,67 29/08 ADDILYS D...... 105,53 692,23 28/08 MASTER ACTIONS C...... 44,05 288,95 27/08 EURCO SOLIDARITE´...... 227,63 1493,15 29/08 SE´LECT PEA 1 ...... 218,48 1433,13 29/08 FRUCTI EURO 50 ...... 102,05 669,40 29/08 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 26,49 173,76 28/08 MASTER DUO C...... 14,43 94,65 27/08 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 487,99 3201 29/08 SG FRANCE OPPORT. C...... 462,36 3032,88 29/08 FRUCTIFRANCE C ...... 87,61 574,68 29/08 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 25,65 168,25 28/08 MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,55 200,39 27/08 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 426,02 2794,51 29/08 SG FRANCE OPPORT. D...... 432,92 2839,77 29/08 FRUCTIFONDS FRANCE NM 174,37 1143,79 29/08 AMPLITUDE EUROPE C...... 33,98 222,89 28/08 SICAV 5000 ...... 165,76 1087,31 29/08 SOGENFRANCE C ...... 494,11 3241,15 29/08 MASTER PEA D...... 13,39 87,83 27/08 AMPLITUDE EUROPE D...... 32,55 213,51 28/08 SLIVAFRANCE ...... 288,89 1894,99 29/08 SOGENFRANCE D...... 445,27 2920,78 29/08 www.cdcixis-am.fr OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 19,15 125,62 28/08 AMPLITUDE FRANCE ...... 90,45 593,31 28/08 17,96 SLIVARENTE...... 39,32 257,92 29/08 SOGEOBLIG C...... 111,93 734,21 29/08 OPTALIS DYNAMIQ. D...... 117,81 28/08 AMPLITUDE MONDE C ...... 235,25 1543,14 28/08 ´ 18,95 SLIVINTER ...... 153,20 1004,93 29/08 SOGE´PARGNE D...... 45,96 301,48 29/08 OPTALIS EQUILIB. C ...... 124,30 28/08 AMPLITUDE MONDE D...... 211,01 1384,13 28/08 ´ 17,24 113,09 TRILION...... 753,58 4943,16 29/08 SOGEPEA EUROPE...... 233,70 1532,97 29/08 OPTALIS EQUILIB. D...... 28/08 AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 16,90 110,86 28/08 MULTI-PROMOTEURS OPTALIS EXPANSION C ...... 15,81 103,71 28/08 SOGINTER C...... 57,34 376,13 29/08 Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 16,15 105,94 28/08 LIVRET BOURSE INVEST...... 195,12 1279,90 27/08 OPTALIS EXPANSION D...... 15,43 101,21 28/08 ´ ACTILION DYNAMIQUE C.... 185,80 1218,77 29/08 E´LANCIEL EURO D PEA ...... 104,12 682,98 28/08 Fonds communs de placements NORD SUD DEVELOP. C...... 513,14 3365,98 27/08 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 17,86 117,15 28/08 ´ ACTILION DYNAMIQUE D.... 175,01 1147,99 29/08 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 42,71 280,16 29/08 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 16,23 106,46 28/08 NORD SUD DEVELOP. D ...... 396,01 2597,66 27/08 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 15,69 102,92 28/08 ACTILION PEA DYNAMIQUE 70,65 463,43 29/08 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 31,87 209,05 29/08 DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 56,67 371,73 28/08 PACTE SOL. LOGEM...... 78,32 513,75 28/08 Sicav en ligne : ACTILION E´QUILIBRE C ...... 178,40 1170,23 29/08 GE´OBILYS C ...... 120,09 787,74 28/08 DE´CLIC ACTIONS INTER...... 34,12 223,81 29/08 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 83,29 546,35 28/08 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ACTILION E´QUILIBRE D...... 166,80 1094,14 29/08 GE´OBILYS D...... 109,49 718,21 28/08 DE´CLIC BOURSE PEA...... 53,62 351,72 28/08 E´CUR. 1,2,3... FUTUR ...... 54,08 354,74 28/08 ACTILION PEA E´QUILIBRE ... 171,94 1127,85 29/08 INTENSYS C ...... 20,50 134,47 28/08 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 16,80 110,20 28/08 E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 18,60 122,01 28/08 www.cic-am.com ACTILION PRUDENCE C ...... 173,01 1134,87 29/08 INTENSYS D...... 17,42 114,27 28/08 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 17,18 112,69 28/08 E´CUR. ACTIONS FUTUR ...... 68,68 450,51 28/08 ACTILION PRUDENCE D...... 161,22 1057,53 29/08 KALEIS DYNAMISME C...... 223,97 1469,15 28/08 DE´CLIC PEA EUROPE...... 25,79 169,17 28/08 E´CUR. CAPITALISATION C.... 43,74 286,92 28/08 AURECIC...... 100,62 660,02 29/08 INTERLION ...... 230,58 1512,51 29/08 KALEIS DYNAMISME D ...... 217,83 1428,87 28/08 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 64,46 422,83 28/08 E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 45,24 296,75 28/08 CIC CAPIRENTE MT C...... 35,53 233,06 29/08 LION ACTION EURO ...... 93,85 615,62 29/08 KALEIS DYNAMISME FR C.... 83,56 548,12 28/08 FAVOR ...... 346,29 2271,51 29/08 E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 45,55 298,79 28/08 CIC CAPIRENTE MT D ...... 26,68 175,01 29/08 LION PEA EURO...... 96,09 630,31 29/08 KALEIS E´QUILIBRE C...... 203,28 1333,43 28/08 SOGESTION C...... 49,64 325,62 28/08 E´CUR. EXPANSION C...... 14650,27 96099,47 28/08 CIC AME´RIQUE LATINE ...... 107,81 707,19 29/08 KALEIS E´QUILIBRE D...... 196,93 1291,78 28/08 SOGINDEX FRANCE C ...... 555,69 3645,09 28/08 E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 41,91 274,91 28/08 CIC CONVERTIBLES...... 5,74 37,65 28/08 KALEIS SE´RE´NITE´ C...... 190,91 1252,29 28/08 ...... E´CUR. INVESTISSEMENTS.... 55,89 366,61 28/08 CIC COURT TERME C ...... 33,98 222,89 29/08 KALEIS SE´RE´NITE´ D ...... 184,54 1210,50 28/08 ...... E´CUR. MONE´TAIRE C...... 222,42 1458,98 28/08 CIC COURT TERME D...... 26,88 176,32 29/08 CM EURO PEA...... 22,76 149,30 29/08 KALEIS TONUS C...... 74,49 488,62 28/08 LE...... ´GENDE : e Hors frais. ee....A titre indicatif...... E´CUR. MONE´TAIRE D...... 191,81 1258,19 28/08 CIC ECOCIC ...... 386,39 2534,55 28/08 CM EUROPE TECHNOL...... 4,60 30,17 29/08 LIBERTE´ ET SOLIDARITE´ ...... 100,65 660,22 28/08 ...... 18 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001

SPORTS Le championnat d’Europe la compétition dès vendredi face à contretemps : blessures de Yann Abdul-Wahad et de Jérôme Moïso, Français de tenir leur rang. Il a réussi à des nations de basket-ball doit se Israël, compte parmi les favoris. Bonato et de , con- les deux Français de NBA… convaincre in extremis le grand dérouler du vendredi 31 août au b LES VICE-CHAMPIONS OLYMPI- flit avec la Fédération sur les primes b ALAIN WEISZ, le nouvel entraîneur, espoir Tony Parker, dix-neuf ans, sur dimanche 9 septembre en Tur- QUES ont pourtant vu leur prépara- olympiques, départ précipité d’Antoi- espère que leur solidarité et leur le point d’effectuer ses débuts en quie. L’équipe de France, qui entame tion perturbée par de nombreux ne Rigaudeau, absence de Tariq esprit de groupe permettront aux NBA, de participer à l’Euro 2001. L’équipe de France de basket a préparé l’Euro 2001 dans un contexte agité Affaiblis par les blessures de et de Moustapha Sonko, minés par un conflit sur les primes qui a conduit à renoncer à la sélection, les vice-champions olympiques abordent dans des conditions loin d’être optimales le championnat d’Europe, qui commence vendredi en Turquie

IMAGINE-T-ON l’équipe de (FFBB) à propos d’un retard dans retour n’a guère suscité plus d’en- France de football se rendre à la l’attribution des primes olympi- thousiasme au sein des autorités prochaine Coupe du monde sans la ques. fédérales, effrayées à l’idée de moitié de ses meilleurs joueurs ? Le litige prit une telle ampleur devoir débourser une police d’assu- Imagine-t-on les Bleus devoir se que les dirigeants de la FFBB se rance coquette (400 000 francs), passer de Zinedine Zidane tout sim- demandèrent, un moment, s’ils ne proportionnelle au salaire mensuel plement parce que ce dernier, déçu se trouveraient pas dans l’obliga- offert au joueur par sa franchise par le manque d’engouement tion d’envoyer en Turquie une américaine (4,2 millions de francs). autour du football français, aurait équipe de néophytes. La querelle a Jérôme Moïso n’ayant pas sou- décidé de claquer la porte ? Imagi- laissé un joueur sur le carreau, et haité perturber sa préparation ne-t-on, à quelques jours de la com- pas des moindres : Antoine Ri gau- pour la saison à venir avec son nou- pétition, les Bleus tirer à boulets deau. Désenchanté, le joueur veau club (les Philadelphie Sixers), rouges sur les dirigeants de leur emblématique du basket français les Bleus se rendent donc en Tur- propre Fédération, et ces derniers de ces dix dernières années a déci- quie, comme à Sydney, sans les user de propos aussi peu amènes à dé de mettre un terme à sa carrière deux seuls Français ayant foulé les leur égard ? internationale, sans même offrir à parquets de la prestigieuse NBA. Ce tableau fort peu idyllique est ses admirateurs le moindre match Alain Weisz s’est adapté aux cir- celui que connaît l’équipe de d’adieu. constances. L’entraîneur a adoubé France de basket-ball à l’aube de au poste de l’Euro 2001 – le championnat d’Eu- MAL-ÊTRE GÉNÉRAL meneur de jeu et a fait de Stépha- rope – qui se déroule du vendredi Réglé il y a moins d’un mois par ne Risacher un leader offensif. Il a 31 août au dimanche 9 septembre avocats interposés, le conflit a fait rappelé Alain Digbeu sous le en Turquie. Cette compétition est également remonter à la surface maillot bleu et a réussi à enrôler le la première à laquelle les médaillés un mal-être général dont Laurent jeune Tony Parker, alors que celui- d’argent des Jeux de Sydney vont Sciarra s’est fait le porte-parole. ci avait dit non à la sélection pour participer depuis la quinzaine olym- Tout y est passé : l’absence de mieux négocier son baptême en pique. Le paradoxe peut sembler coups de téléphone fédéraux NBA (avec les San Antonio Spurs). important, mais malgré leurs déboi- auprès des joueurs blessés, l’incon- Des victoires probantes lors des res et en dépit du fait qu’ils fort des déplacements, l’absence matches de préparation, notam- n’alignent pas la meilleure équipe de retombées économiques et ment contre l’Espagne et la Russie, possible, les basketteurs français médiatiques après les Jeux de Syd- ont offert à Alain Weisz de nom- comptent parmi les favoris de ce ney, etc. Le climat s’est à peine FRANK PERRY/AFP breux motifs de satisfaction. La tournoi dont le niveau est annoncé apaisé depuis. Aux conférences de Le sélectionneur Alain Weisz (à gauche) peut être satisfait de la préparation des Français. solidarité semble être la marque de comme très élevé. presse ayant eu lieu lors des mat- fabrique de cette équipe sans réelle En succédant, après les Jeux, à ches de préparation à l’Euro, les serait difficile à trouver. Juste l’homme n’a pas reculé devant la libérer car il attend actuellement vedette. « Des gars qui sont capa- l’entraîneur Jean-Pierre de Vincen- joueurs ont réitéré leurs griefs avant l’Euro 1997, organisé en mission imposée par sa fonction : ses papiers pour devenir citoyen bles de faire corps en dehors du ter- zi dont il était l’adjoint, Alain contre leur Fédération, coupable France, la question des primes rallier le maximum de joueurs, et américain. Alain Weisz a surtout rain deviennent plus forts en ren- Weisz pensait-il qu’autant d’obsta- selon eux d’un « manque de profes- avait déjà pollué la préparation des les meilleurs, autour de sa per- constaté que le joueur expatrié est trant sur le parquet », indique le cles se dresseraient sur son che- sionnalisme ». Yvan Mainini, le pré- Bleus. sonne. C’est dans cet esprit qu’il resté la cible d’une profonde ani- capitaine . min ? L’homme a du mérite. Après sident de la FFBB, n’a pas désarmé Un an plus tard, pendant les s’est rendu dans le Colorado afin mosité de la part de certains de ses Alain Weisz, lui, se veut avoir enregistré le forfait de deux non plus : « Ce que veulent les Jeux, il s’en était fallu de peu que de faire revenir Tariq Abdul- anciens coéquipiers qui avaient prudent : « Dans un championnat joueurs majeurs sur blessure joueurs est simple : voir le gâteau certains joueurs rentrent à Paris en Wahad en équipe de France. Les peu goûté son attitude lors de aussi important qu’un Euro, il y a – Yann Bonato et Moustapha Son- grossir pour pouvoir récupérer des pleine compétition, après un pre- explications aujourd’hui fournies l’Euro 1999. En mai, l’intérieur toujours des équipes qui arrivent à ko –, l’ancien entraîneur de Mont- parts plus importantes », lâche-t-il. mier tour décevant. A Sydney, par Alain Weisz et le joueur des déclarait ainsi dans se construire et d’autres qui arrivent pellier et du Mans a été le témoin Drapé dans sa neutralité, Alain Alain Weisz aurait d’ailleurs joué Denver Nuggets pour justifier la l’hebdomadaire Basket News que à se détruire. A nous de ne pas nous muet d’un conflit opposant les Weisz a continué, lui, à travailler un rôle essentiel dans le maintien non-sélection de ce dernier font plusieurs joueurs majeurs, dont lui- tromper. » « héros de Sydney » à la Fédéra- dans son coin. Le technicien savait, d’une cohésion largement fissurée. sourire dans le landerneau : Tariq même, étaient opposés au retour tion française de basket-ball par expérience, que la concorde Devenu sélectionneur national, Abdul-Wahad n’aurait pas pu se de « TAW ». L’éventualité de ce Frédéric Potet Israël pour commencer La fulgurante ascension de Tony Parker Jr, homme de parole et joueur surdoué b Le sélectionneur français Alain Weisz a retenu douze joueurs pour OÙ L’IRRÉSISTIBLE ASCENSION de 1982 et se trouve, très tôt, contaminé par le fait le bon choix. La ligue d’été de la NBA, fois à lui extorquer une promesse : interrom- l’Euro. Tony Parker a remplacé Tony Parker Jr, meneur de jeu du Paris Bas- virus de la grosse balle orange. Il a quatorze organisée peu de temps après, à Salt Lake pre ses vacances si une défection de dernière Laurent Pluvy, blessé, alors que ket Racing (PBR) jusqu’à cette année, recruté ans lorsqu’il intégre le centre fédéral de l’In- City, leur donne raison : Tony Parker réalise minute devait avoir lieu chez les Bleus. Ce qui Vasco Evtimov a été préféré à cet été par la franchise américaine des San sep, dans le bois de Vincennes. Il en a trois de un festival offensif – « J’étais on fire », dit-il – arrive : touché aux adducteurs, Laurent Pluvy Thierry Rupert. Meneurs : Laurent Antonio Spurs et appelé de dernière minute plus lorsque le PSG-Racing (l’ancêtre du accumulant des statistiques remarquables déclare forfait. Sciarra (5), Tony Parker (6) ; en équipe de France pour l’Euro 2001, s’arrê- PBR) lui fait signer son premier contrat. (18,5 points et 9 passes décisives de moyenne Avant de sauter dans le premier avion, le extérieurs : Alain Digbeu (8), tera-t-elle ? Nul ne le sait. Depuis cinq ans, la Le rôle qu’on lui attribue alors – jouer la en 4 matches). Le coach de la franchise jeune homme prend le temps de téléphoner à Makan Dioumassi (9), Laurent progression de ce jeune joueur passé par le doublure de Laurent Sciarra – ne freine qu’im- texane, Greg Popovitch, ne tarit plus d’éloges son père, qui lui déconseille vivement d’aller Foirest (7), Eric Micoud (4), centre de formation de l’Insep (Institut natio- perceptiblement l’ambition de ce petit sur lui et envisage d’en faire son deuxième en Turquie (« Tu n’es pas une machine ! »), Stéphane Risacher (10) ; nal du sport et de l’éducation physique) n’a meneur de jeu nourri de basket américain et meneur pour la saison à venir. Les Seattle puis à un des responsables des Spurs, qui lui intérieurs : Jim Bilba (14), de cesse d’étonner. Quand on demande à l’in- que ses coéquipiers surnomment « TP » Supersonics essayent bien d’acquérir le jeune dit «OK». « Malgré son jeune âge, Tony est un Cyril Julian (12), Crawford Palmer téressé s’il pense franchir à la même vitesse (tipi). Il est désigné « meilleur joueur » du Français en échange de deux joueurs (dont homme de parole », se félicite Alain Weisz. (13), Frédéric Weis (15), les paliers qui l’attendent, un sourire désar- championnat d’Europe juniors remporté par Gary Payton, qui fut le meneur de jeu de « Cela fait partie de la culture américaine de Vasco Evtimov (16). mant éclaire son visage : « Oui, je l’espère, l’équipe de France en 2000. La même année, l’équipe américaine à Sydney), mais les Spurs représenter son pays. Voilà pourquoi je suis b La France, quatrième de répond-il. Je n’ai que dix-neuf ans. » Jamais le club parisien se sépare de Laurent Sciarra refusent. revenu », explique Tony Parker que rien ne l’Euro 1999 et vice-championne insolent, et frais comme l’intérieur d’une noi- et lui confie la responsabilité de diriger le jeu Le 12 août, tout à son émerveillement, semble atteindre, pas même le refus du PRB olympique, évolue dans le sette, Tony Parker Jr (1,82 m, 79 kg) est très de l’équipe première. Tony Parker part en vacances, avec sa fian- de le laisser rejoindre la NBA, en vertu des groupe A, à Ankara, avec Israël, certainement la meilleure chose qui pouvait cée, dans un village du Club Méditerranée au trois ans de contrat qu’il lui reste à honorer à qu’elle rencontrera vendredi arriver au basket français. « TIPI ON FIRE » Sénégal. Avant de prendre l’avion, il rencon- Paris. Après l’Euro, quoi qu’il arrive, le jeune 31 août, l’Ukraine (1er septembre) Son histoire se lit déjà comme un roman. L’Amérique lui tend alors les bras. Fin juin, tre Alain Weisz, l’entraîneur de l’équipe de homme ira chercher un logement à San Anto- et la Lituanie (2 septembre). Les Tony Parker junior n’est autre que le fils de il sort en 28e position de la draft, le système de France, pour lui confirmer qu’il renonce au nio, où il commencera sa préparation physi- autres poules : Espagne, Turquie, Tony Parker, un ancien basketteur américain recrutement des jeunes joueurs mis en place championnat d’Europe 2001, parce qu’il pré- que. « A l’eau claire », affirme-il. Lettonie et Slovénie forment le venu en Europe (Pays-Bas, Belgique, France) par la National Basket Association (NBA). fère se reposer en vue de sa première saison groupe B ; Yougoslavie, Croatie, exercer son métier. L’enfant naît à Bruges en Les San Antonio Spurs sont certains d’avoir en NBA. Malin, Alain Weisz parvient toute- F. P. Estonie et Allemagne le groupe C ; Italie, Grèce, Russie et Bosnie-Herzégovine le groupe D. DÉPÊCHES b Les premiers de chaque groupe En Turquie, le ballon orange ne fait plus recette a FOOTBALL : Beauvais a pris la sont directement qualifiés pour les tête du championnat de deuxiè- quarts de finale, qui se dérouleront ANKARA par rapport à la livre turque et nous bassan Konya dépendent de clubs pour le basket, deuxième sport me division après sa victoire (2-0) mercredi 5 et jeudi 6 septembre. correspondance avons dû renégocier tous nos con- omnisports, résume Aydin Örs. Lors national avec 29 500 licenciés et sur Laval, mercredi 29 août. L’équi- Ils y rencontreront les vainqueurs Des équipes amputées de leurs trats avec les joueurs. Pour la saison des réunions de direction, leur cas 195 clubs, cette passion ne s’expri- pe picarde devance d’un point des barrages qui opposeront lundi meilleurs éléments, des joueurs qui à venir, notre budget – 13,5 millions est discuté en une ou deux minutes, me guère au niveau de la billetterie. Strasbourg, accroché à Niort (1-1), 3 septembre les deuxièmes et préfèrent l’expatriation, des specta- de dollars – est en baisse de 15 %. » car c’est du football que ces structu- Seule lumière dans ce sombre et de deux points Gueugnon, battu troisièmes de chaque groupe. teurs aux abonnés absents… La cri- D’autres clubs, comme Galatasa- res tirent leurs revenus et aucune tableau : l’équipe nationale, «la (1-3) à Créteil, et Ajaccio, défait à Les demi-finales se disputeront se économique qui sévit depuis ray, ont tout bonnement renoncé à d’entre elles ne se soucie vraiment meilleure formation turque de tous Saint-Etienne (1-0), mardi 28 août, le samedi 8 septembre et la finale février en Turquie, pays hôte du recruter des sportifs étrangers. d’investir dans le basket. » les temps », de l’avis unanime des en match avancé de la 6e journée. le lendemain. Les cinq premières championnat d’Europe de basket, a Mais l’absence de stars internatio- spécialistes. Et c’est vrai qu’elle a a TENNIS : le Brésilien Gustavo nations seront qualifiées pour frappé de plein fouet les clubs ana- nales ne facilitera pas forcément LA MEILLEURE SÉLECTION fière allure, l’équipe au croissant et Kuerten, tête de série no 1, et le Croa- le championnat du monde 2002, toliens. Exit le Tofas Bursa, par l’éclosion de nouveaux talents Pour Can Budak, de la Fédéra- à l’étoile, avec ses deux ailiers vedet- te Goran Ivanisevic (no 15) ont réussi qui se déroulera aux Etats-Unis. deux fois vainqueur du champion- turcs : « D’un côté, tous nos joueurs tion turque de basket-ball, les clubs tes, Mirsad Türkcan, l’ex-Parisien mercredi 29 août leur entrée dans b Israël compte sur Yoav Saffar, nat national, sacrifié aux impératifs de haut niveau cherchent à quitter le payent également l’addition d’an- aujourd’hui annoncé au CSKA Mos- l’US Open en disposant respective- meilleur joueur du dernier de restrictions budgétaires de son pays ; de l’autre, les clubs pensent nées de gestion chaotique : «Sion cou, et Hidayet Türkoglu, des Sacra- ment du Tchèque Daniel Vacek (6-4, championnat israélien, pour tenir propriétaire, le joint-venture auto- pouvoir resserrer leur budget en appliquait en Turquie les mêmes mento Kings, avec sa « gâchette » 6-4, 3-6, 7-5) et de l’Américain Hugo son rôle d’outsider. Alain Weisz mobile Fiat-Tofas. Adieu le Troy Pil- rognant sur la formation des jeunes, règles qui ont conduit en France à la Ibrahim Kutluay (Panathinaikos Armando (6-4, 6-4, 6-3). Le Français craint cette équipe imprévisible sner d’Izmir et le Kombassan de explique Aydin Örs, l’entraîneur de relégation du CSP Limoges, tous nos Athènes) et son talentueux rebon- Arnaud Clément s’est également qui avait fini neuvième du dernier Konya, deux clubs de division 1 qui l’équipe nationale. Tout cela va clubs seraient rétrogradés. Ici, tous deur Huseyin Besok (Maccabi Tel- qualifié pour le deuxième tour en Euro, en 1999. La Lituanie, viennent d’annoncer leur retrait du abaisser la qualité de notre cham- les budgets sont perpétuellement en Aviv). Une équipe affûtée, confian- battant l’Espagnol Galo Blanco (6-2, troisième aux Jeux de Sydney championnat. pionnat et d’ici quelques années les déficit et personne ne songe à restau- te et très motivée : « Tout le monde 4-6, 6-3, 6-4). De son côté, l’Austra- (défaite de deux points face aux Même le géant d’Istanbul, Efes effets de ces politiques à courte vue rer l’équilibre. Au contraire, les clubs en Turquie attend quelque chose de lien Patrick Rafter (no 6) a accédé au Etats-Unis en demi-finale), a déçu Pilsen, huit fois champion de Tur- se feront ressentir au niveau de notre distribuent les billets gratuits par cen- nous, explique Aydin Örs. Nous troisième tour après sa victoire sur le lors des matches amicaux et devra quie, vainqueur de la Coupe Korac sélection nationale. » taines, alors qu’on ne voit bien sou- devons être à la hauteur de ces Belge Christophe Rochus (7-5, 6-2, se passer d’Arvidas Sabonis, resté 1996 et troisième de l’Euroligue Les faiblesses structurelles du vent dans les travées que 500 ou espoirs lors des championnats d’Eu- 6-1). Dans le tournoi féminin, l’Amé- aux Etats-Unis. L’Ukraine sera 2001, vacille. « La crise est survenue basket turc expliquent aussi qu’il a 1 000 supporteurs. » rope, pour redonner un peu le souri- ricaine Lindsay Davenport (no 3) a également privée de ses joueurs en plein milieu de la saison, raconte été touché plus sévèrement par la Si les exploits européens d’Efes re à tous ces gens qui souffrent de la battu la Française Emilie Loit (6-0, de NBA, Vitaly Potapenko Engin Özerhun, manager général crise que le football. « Un certain Pilsen et les retransmissions des crise. » 6-2), et Virginie Razzano a été défai- et Stanislas Medvedenko. du club stambouliote. En quelques nombre d’équipes, comme Galatasa- matchs de la NBA ont créé au cours te par l’Autrichienne Barbara mois, le dollar a doublé de valeur ray, Fenerbahçe, Besiktas ou Kom- des années 1990 un engouement Nicolas Cheviron Schwartz (6-1, 7-6 [7/4]). AUJOURD’HUI-SCIENCES LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / 19 IBM annonce Forestiers et chercheurs bataillent contre les insectes ravageurs la réalisation Les arbres abattus par les tempêtes de 1999, dont la moitié sont toujours à terre, ont été colonisés par des xylophages qui menacent aujourd’hui les forêts de résineux, notamment des Landes et des Vosges d’une puce Depuis le début de l’été, les forêts françaises prospéré sur les bois abattus par les tempê- Vosges et la pinède landaise. Pour contrer repérage précoce des zones infestées, par sont victimes de pullulations de scolytes, tes de la fin de l’année 1999, dont une gran- leur offensive, que les méthodes traditionnel- photographie aérienne, pourrait aider à de la taille petits insectes qui creusent des galeries sous de partie n’a pas encore été évacuée. Ils s’at- les (abattage, écorçage ou incinération) ne mieux organiser la lutte. De nouveaux pièges l’écorce des arbres et détruisent leurs tissus. taquent aujourd’hui aux arbres sains, mena- suffisent pas à enrayer, les sylviculteurs et les à phéromones, combinant substances répulsi- Ces xylophages voraces et prolifiques ont çant notamment les massifs d’épicéas des chercheurs explorent de nouvelles pistes. Un ves et attractives, sont également testés. d’une molécule ILS SONT PASSÉS à l’attaque. – alors qu’ils se détournent des UN CIRCUIT intégré cent mille Invisibles mais dévastateurs. En feuillus –, émettent à leur tour des fois plus fin qu’un cheveu vient bataillons innombrables, armés de phéromones dites d’agrégation, d’être réalisé par les chercheurs redoutables mandibules qui, sans qui déclenchent alors chez leurs d’IBM à l’aide d’un nanotube de relâche, rongent les tissus vitaux congénères une attaque en masse. carbone d’un diamètre d’environ des arbres. Et ils ne cessent de pro- L’idée de capturer les insectes 1,4 nanomètre (milliardième de gresser, menaçant de nouveaux dans des pièges à phéromones arti- mètre). Les caractéristiques électri- peuplements. ficielles, testée par le passé, avait ques du nanotube ont été modi- L’ennemi est connu des sylvicul- pourtant été abandonnée : ces fiées pour lui permettre d’assurer teurs : les scolytes, petits – les adul- pièges étaient moins attractifs les fonctions d’un composant logi- tes ne mesurent que quelques mil- pour les insectes que les arbres que tel que ceux qui sont à la base limètres – mais voraces insectes colonisés. des microprocesseurs. coléoptères qui vivent sous l’écor- L’Institut national de la recher- « Nous pensons que les nanotubes ce des arbres. Ils y creusent des che agronomique (INRA) mise sur en carbone constituent maintenant galeries qui, en détruisant le liber une stratégie plus élaborée, « repo- le premier candidat au remplace- (le tissu où circule la sève), entraî- sant sur le principe du push and ment du silicium lorsque les puces nent le dépérissement des végé- pull, c’est-à-dire de la combinaison actuelles ne pourront plus être taux. Ces xylophages, décrit un de substances répulsives et attracti- davantage miniaturisées, une barriè- entomologiste, sont de « vraies ves sur un même site », explique re qui devrait être atteinte dans dix machines à se reproduire » :une Hervé Jactel, responsable de l’équi- à quinze ans », a expliqué Phaedon femelle pond en moyenne cin- pe d’entomologie forestière de Avouris, directeur du département quante œufs, et deux à trois géné- Pierroton, près de Bordeaux. Les Nanometer Scale Science du cen- rations se succèdent chaque scolytes seraient tenus à distance tre de recherche d’IBM à Yorktown année. Cette fécondité leur donne des arbres à protéger, à l’aide de Heights (New York). « Les nano- une formidable force de frappe, solutions extraites des feuilles ou technologies dépassant le silicium dont les premières victimes sont de l’écorce d’essences feuillues pourraient entraîner des progrès ini- les arbres malades ou blessés. naturellement immunisées : chê- maginables en termes de miniaturi- Pour ces ravageurs, les 140 mil- nes, bouleaux ou peupliers. Simul- sation et de puissance des ordina- lions de mètres cubes de bois fau- NAGELEISEN/D.S.F. tanément, pour éviter qu’ils ne se teurs », a-t-il ajouté. – (AFP.) chés dans les forêts françaises par Les multiples galeries creusées par les scolytes sous l’écorce entraînent le dépérissement des conifères. reportent sur d’autres peuple- les tempêtes de la fin de l’année ments, ils seraient capturés dans DÉPÊCHES 1999 ont constitué une manne tes. Sachant que 1 mètre cube de enclenchée, il est très difficile de Pour agir avec une plus grande des pièges mieux localisés et plus a ESPACE : le lanceur de satelli- extraordinaire (Le Monde du bois infesté peut abriter une colo- l’enrayer. On peut simplement efficacité, les experts étudient de puissants que les précédents. tes japonais H-2A, une version 15 mars 2000). Pourtant, jusqu’à nie de 30 000 individus, que les essayer de parer au mieux. » nouvelles pistes, qui ne pourront Cette arme à double détente améliorée du H-2, victime en 1998 ces derniers mois, les exploitants assaillants se comptent donc par Mais comment lutter ? La toutefois déboucher qu’à moyen n’en est encore qu’au stade expéri- et 1999 de deux échecs sévères, a forestiers espéraient éviter le milliards et que 5 000 suffisent à méthode traditionnelle, que conti- terme. mental. Des essais réalisés depuis réussi, mercredi 29 août, son pre- pire : les populations de scolytes faire mourir l’arbre le plus vigou- nue de préconiser le ministère, Ils envisagent ainsi de faire deux ans dans le centre de recher- mier vol d’essai. Développé à étaient peu nombreuses au reux, on imagine l’étendue des consiste, dès que sont détectés les appel à la télédétection par photo- ches forestières de l’INRA mon- grands frais par Mitsubishi Heavy moment des tempêtes, et la forte dégâts que peuvent causer ces hor- premiers symptômes (de minuscu- graphie aérienne, couramment uti- trent que « des piles de bois proté- pour le compte de l’agence spatia- pluviosité des dernières saisons des grignotantes. les trous de perforation dans lisée aux Etats-Unis mais peu usi- gées par des répulsifs sont beau- le japonaise Nasda, le H-2A ambi- l’écorce par où les xylophages se tée en Europe. Le principe est de coup moins attaquées que les tionne de concurrencer les fusées fraient un passage, des écoule- réaliser, à l’aide d’avions de touris- autres », rapporte Hervé Jactel. européenne Ariane-5 et américai- Des champignons antichampignons ments de résine et de sciure), à me ou d’ULM équipés de caméras Les chercheurs ont même consta- nes Delta et Atlas. Il lui reste à fai- abattre les arbres infestés et à les infrarouges, une surveillance des té que la présence, au milieu des re la preuve de sa fiabilité et de sa En plus des insectes xylophages, les sylviculteurs doivent faire face à écorcer, ce qui suffit à tuer les zones à risque. Cette couverture rondins de pin, de simples bran- compétitivité dans un secteur où – la menace d’un champignon, le fomes, à l’origine de dégâts très impor- insectes lorsqu’ils sont encore au photographique, associée à des ches de bouleau, « semble avoir Ariane-5 vient d’en faire récem- tants dans les forêts de conifères. Ce pathogène, qui se développe sur stade de larves ou de nymphes. systèmes d’information géographi- une certaine efficacité ». Une vertu ment la triste expérience –, rien les souches fraîches et profite des blessures causées aux arbres par les Si leur développement est plus que, permettrait de repérer plus apparemment déjà connue des n’est jamais acquis. tempêtes, provoque la pourriture du cœur des épicéas ou même la avancé, il faut en revanche brûler tôt les zones infestées et de suivre forestiers polonais qui, pour pré- a CLIMATOLOGIE : le phénomè- mort des pins. Plus de 500 000 mètres cubes de bois sont ainsi perdus ou broyer l’écorce. Mais les ris- l’évolution des dommages. Il munir leurs plantations de pins ne El Niño, qui donne lieu au tous les ans, la forêt landaise étant particulièrement touchée. ques d’incendie, la difficulté d’un serait alors possible d’intervenir à contre les ravageurs, les entourent développement dans le Pacifique Les mesures de prophylaxie, indique le Centre national du machinis- écorçage manuel ou le coût d’une temps sur les peuplements voisins de haies de bouleaux. ouest d’une énorme bulle d’eau me agricole, du génie rural et des eaux et forêts (Cemagref), coor- intervention mécanique, la multi- et de « cibler les priorités ». Cette expérience pourrait don- chaude qui migre ensuite vers les dinateur d’une étude sur ce sujet, consistent à asperger ou à badigeon- plicité des foyers d’infection, sur- ner du grain à moudre aux parti- côtes chiliennes, devrait être cette ner les souches avec une solution à base d’urée ou de bore. Ces fertili- tout, rendent cette procédure sou- PIÈGES CHIMIQUES sans d’une sylviculture plus diversi- année de faible ampleur. La plu- sants favorisent l’installation d’autres champignons, qui concurren- vent impossible à appliquer. Les scientifiques fondent aussi fiée. « Les forêts aux essences part des experts interrogés par cent le fomes et l’empêchent de se développer, sans risque pour les Autre technique, le traitement de nouveaux espoirs sur le recours mélangées résistent mieux aux insec- l’Organisation météorologique résineux. Cependant, la difficulté réside dans la nécessité d’un traite- insecticide, proscrit en forêt mais à des pièges à phéromones amélio- tes que les forêts uniformes », mondiale (OMM) ne font état ment systématique. autorisé dans des aires contrôlées rés. Les signaux chimiques qu’ils souligne Hervé Jactel. Ne serait-ce d’aucun réchauffement rapide qui de stockage de grumes : les fores- émettent jouent en effet un rôle- que parce qu’ils y sont naturelle- pourrait laisser présager l’appari- tiers des Landes ont mené plu- clé dans le processus de colonisa- ment combattus par une plus tion prochaine d’une nappe avait freiné leur développement. Deux massifs forestiers particu- sieurs campagnes de traitement à tion par les scolytes : quelques grande variété de parasites ou de chaude aussi grande qu’en Mais « la situation s’est retournée, lièrement éprouvés par les tempê- grande échelle, qui ont sans doute éclaireurs, attirés par les substan- prédateurs. 1997-1998, période qui avait été et l’on assiste actuellement à une tes sont pour l’instant les plus ralenti la progression des scolytes, ces odorantes (des terpènes) con- suivie d’importants désordres prolifération », s’inquiète Guy menacés : les Vosges, où les épi- mais sans l’endiguer. tenues dans la résine des conifères Pierre Le Hir météorologiques. Landmann, chef du département céas sont la proie des scolytes a PALÉONTOLOGIE : un troisiè- de la santé des forêts au ministère typographes, et les Landes, où les me crâne humain, doté d’une de l’agriculture. pins maritimes sont celle des sté- face complète et vieux de 1,7 mil- Des épisodes de chaleur intense nographes. C’est par centaines ou Agée de deux jours, l’otarie de l’île Amsterdam lion d’années, vient d’être décou- ont « boosté » la reproduction des par milliers que les forestiers y vert à Dmanissi, en Géorgie. Cette insectes. Surtout, sur l’ensemble observent déjà des taches de con- pièce, associée à un outillage lithi- du territoire, la moitié seulement tamination : une cime rougissan- peut déjà reconnaître la voix de sa mère que très riche et aux restes d’une du bois abattu par le vent a été te, une écorce qui se décolle du faune abondante, s’ajoute à la évacuée jusqu’ici – et beaucoup tronc sont les signes que l’arbre VOLCAN éteint perdu au beau départ de la mère et que celle-ci les cris de la mère pour trouver les mandibule trouvée en 2000 et aux moins dans les zones les plus est perdu. milieu de l’océan Indien, l’île reportait son voyage tant que le paramètres physiques importants de deux crânes et à la mandibule mis touchées, comme la forêt du Amsterdam n’a d’autres habitants petit ne reconnaissait pas sa voix. la reconnaissance vocale, et ce tou- au jour en 1999. Tous appartien- Médoc –, si bien que les chablis PARER AU MIEUX que les oiseaux et mammifères Pour le prouver, les biologistes jours en testant l’animal. Le but est nent à Homo ergaster,unHomo restés à terre sont devenus autant « Nous sommes devant un phéno- marins qui viennent s’y reprodui- français ont enregistré les cris de de décoder le système de signature erectus archaïque. Ces ossements de foyers de pullulation. Et ceux-ci mène qui nous dépasse et qu’il re. C’est sur ce confetti de quel- la mère et, pendant son absence, vocale de l’otarie d’Amsterdam, qui très anciens ont permis d’établir se sont transformés en bases serait illusoire de vouloir maîtriser ques dizaines de kilomètres carrés, les ont repassés au jeune. Ce der- se révèle être du même type que qu’Homo erectus, en provenance d’essaimage. totalement, reconnaît Guy Land- appartenant aux Terres australes nier, s’il réagissait aux appels de celui de certains manchots. » d’Afrique, était arrivé aux frontiè- Car c’est aux arbres sains que mann. Une fois que la mécanique et antarctiques françaises, que n’importe quelle femelle quelques res de l’Europe beaucoup plus tôt s’en prennent à présent les scoly- de multiplication des scolytes est vivent des milliers d’otaries à four- heures seulement après sa naissan- Pierre Barthélémy qu’on ne le pensait. rure auxquelles l’hebdomadaire ce, répondait ensuite de manière britannique Nature consacre un spécifique à celui de sa génitrice. passionnant article dans son édi- tion du 30 août. EFFICACITÉ IMPRESSIONNANTE Ses auteurs, trois biologistes Cette reconnaissance, cruciale français, voulaient découvrir par pour la survie de la descendance et quel miracle la maman otarie, qui de l’espèce, peut être acquise à laisse son petit quelques jours à l’âge de deux jours seulement. L’ef- peine après sa naissance pour aller ficacité du mécanisme impression- se nourrir en mer, réussit à retrou- ne. Une étude au sein de la colonie ver sa progéniture lorsqu’elle a montré que, deux fois sur trois, revient deux à trois semaines plus les premières retrouvailles avaient tard. lieu moins de sept minutes après L’appareil visuel, primordial que la mère fut sortie de l’océan. pour l’homme, est de peu d’aide Dans tous les cas de figure, il faut dans ce processus. La mère dispo- moins de onze minutes à la mère se bien d’un repère géographique et au petit pour s’identifier l’un – elle rejoint la crique où elle a mis l’autre. bas – mais cela ne lui suffit pas « Ces travaux, explique l’un des pour distinguer son « bébé » par- auteurs de l’article, Pierre Jouven- mi la multitude. tin, directeur de recherches au Cen- Elle se met donc à appeler son tre d’écologie fonctionnelle et évo- rejeton. Celui-ci reconnaît alors la lutive de Montpellier (CNRS) et voix de sa mère qu’il n’a pas enten- grand spécialiste de la faune suban- due depuis au moins quinze jours tarctique et antarctique, ne sont et sort du groupe pour la rejoin- qu’un élément d’un ensemble beau- dre. La mère complète ce proces- coup plus important sur les oiseaux sus d’identification en reniflant le et les mammifères marins. Dans jeune, afin de vérifier qu’il a bien d’autres expériences, qui sont une odeur de famille. parues ou vont bientôt paraître, L’étude publiée dans Nature a nous allons plus loin. Comme nous montré que l’apprentissage acous- l’avions déjà fait pour les manchots, tique s’effectuait avant le premier nous avons modifié par ordinateur 20 / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 AUJOURD’HUI ------Beaucoup plus frais 31 AOUT 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. Un front peu actif cir- Poitou-Charentes, Aquitaine, vers 12h00 DU VOYAGEUR cule sur la France. Les nuages devien- Midi-Pyrénées. Ciel très nuageux à nent majoritaires sur la plupart des couvert le matin avec quelques Peu a régions. La fraîcheur s’installe, avec pluies faibles sur le sud, plus variable Belfast nuageux NÉPAL. Le pays a connu une des températures maximales en des- avec des éclaircies sur le Poitou-Cha- Liverpool grande activité maoïste y compris Dublin sous de 20 degrés sur la moitié nord. rentes et la Guyenne. Températures Varsovie Kiev dans la vallée de Katmandou Bretagne, pays de Loire, Basse- maximales : de 20 à 22 degrés. (attentats à la bombe, assassinats Amsterdam Berlin Brèves Normandie. Les éclaircies l’empor- Limousin, Auvergne, Rhône- éclaircies de policiers, menace contre les casi- tent en Bretagne. Le ciel est plus nua- Alpes. Sur le Limousin, nuages nom- Londres nos et les industries d’alcool…). Les 50 o Bruxelles geux sur la Basse-Normandie, l’An- breux en matinée, ciel plus mitigé Prague touristes ne sont pas directement jou et le Maine, où des averses se l’après-midi avec quelques appari- Couvert menacés par ces actions puisque, produisent. Vent de nord-ouest à tions du soleil. Quelques averses sur Paris Strasbourg Vienne jusqu’à présent, ils ne sont pas la 50 km/h près des côtes. Températu- l’Auvergne et Rhône-Alpes. Ciel plus Budapest Brume cible des maoïstes. De plus, un res maximales : 17 à 20 degrés près dégagé sur la vallée du Rhône, au Nantes accord pour une suspension des Berne brouillard de la Manche et le long des côtes sud de la Drôme et en Ardèche. Tem- Bucarest actions violentes, négocié entre les atlantiques ; de 18 à 21 à l’intérieur. pératures maximales : de 16 à Lyon Milan rebelles et le nouveau gouver- Ardennes, Nord-Picardie, Ile-de- 20 degrés du Limousin au Lyonnais ; Belgrade Sofia Averses nement, a pris effet à partir du France, Haute-Normandie, Cen- de 22 à 24 degrés sur le sud de Toulouse Istanbul 23 juillet. Par sécurité, les touristes tre. Ciel nuageux avec des averses, Rhône-Alpes. sont invités par le ministère fran- Pluie plus fréquentes l’après-midi, avec Languedoc-Roussillon, Proven- Rome çais des affaires étrangères à rester une tendance à l’orage. Le thermo- ce-Alpes-Côte d'Azur, Corse. Quel- Barcelone Naples attentifs à l’évolution de la situa- mètre ne dépasse pas 19 degrés. ques orages possibles sur les Alpes 40 o Madrid tion. D’autre part, la compagnie Champagne, Lorraine, Alsace, du sud. Ailleurs, le soleil s’impose len- Lisbonne Athènes Orages aérienne népalaise Royal Nepal Bourgogne, Franche-Comté. Nua- tement après un début de matinée Airlines (RNAC) interrompt ses ges dominants, avec des pluies fai- nuageux. Quelques averses peuvent Séville liaisons sur l’Europe à partir du bles et éparses en matinée et des se produire en Corse l’après-midi. Tunis Neige 2 septembre. Il convient donc de averses localement orageuses l’après- Vent assez fort avec des pointes à Alger vérifier que des mesures de substi- midi. Températures maximales : de 80km/h. Températures maximales : tution ont bien été retenues par les Rabat o o o 16 à 19 degrés. de 25 à 29 degrés. 0 10 20 Vent fort agences de voyage. PRÉVISIONS POUR LE 31 AOUT 2001 PAPEETE 22/28 S KIEV 10/20 S VENISE 18/23 P LE CAIRE 24/34 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/31 S LISBONNE 18/24 S VIENNE 13/22 S NAIROBI 15/25 S et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 19/24 S LIVERPOOL 11/19 P AMÉRIQUES PRETORIA 8/21 P EUROPE LONDRES 12/19 P BRASILIA 18/28 S RABAT 17/25 S C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 14/19 C LUXEMBOURG 12/18 P BUENOS AIR. 11/16 P TUNIS 24/33 S FRANCE métropole NANCY 12/18 P ATHENES 23/33 S MADRID 17/29 S CARACAS 24/32 S ASIE-OCÉANIE AJACCIO 20/25 N NANTES 12/20 S BARCELONE 16/23 S MILAN 18/24 P CHICAGO 17/24 S BANGKOK 27/31 P BIARRITZ 18/22 N NICE 20/28 N BELFAST 10/16 N MOSCOU 8/14 C LIMA 15/17 C BEYROUTH 25/30 S BORDEAUX 17/22 N PARIS 14/19 P BELGRADE 15/28 S MUNICH 12/15 P LOS ANGELES 15/21 S BOMBAY 26/29 S BOURGES 13/19 P PAU 15/21 N BERLIN 14/22 N NAPLES 22/27 S MEXICO 13/18 P DJAKARTA 27/30 P BREST 13/19 S PERPIGNAN 18/25 S BERNE 11/16 P OSLO 10/14 C MONTREAL 18/25 S DUBAI 28/37 S CAEN 13/18 P RENNES 14/19 S BRUXELLES 13/19 P PALMA DE M. 20/28 S NEW YORK 25/28 C HANOI 28/30 P CHERBOURG 13/18 P ST-ETIENNE 13/19 P BUCAREST 10/26 S PRAGUE 11/18 P SAN FRANCIS. 13/20 S HONGKONG 26/28 P CLERMONT-F. 14/19 P STRASBOURG 14/19 P BUDAPEST 12/24 S ROME 22/27 N SANTIAGO/CHI 5/12 C JERUSALEM 23/31 S DIJON 13/19 P TOULOUSE 16/22 N COPENHAGUE 15/18 N SEVILLE 18/33 S TORONTO 16/22 P NEW DEHLI 28/33 P GRENOBLE 14/19 N TOURS 14/20 S DUBLIN 9/16 N SOFIA 12/27 S WASHINGTON 22/29 P PEKIN 19/31 S LILLE 13/18 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 14/22 P ST-PETERSB. 9/14 S AFRIQUE SEOUL 22/29 S LIMOGES 13/18 S CAYENNE 23/31 S GENEVE 13/19 P STOCKHOLM 12/20 N ALGER 22/30 S SINGAPOUR 27/30 C LYON 15/20 P FORT-DE-FR. 24/29 C HELSINKI 11/19 N TENERIFE 23/28 S DAKAR 26/31 S SYDNEY 11/16 S MARSEILLE 20/28 S NOUMEA 19/22 S ISTANBUL 20/26 S VARSOVIE 9/22 S KINSHASA 20/30 S TOKYO 22/24 P Situation le 30 août à 0 heures TU Prévisions pour le 1er septembre à 0 heure TU

N Nord Sud Sur les plages O E PAS-DE-CALAIS PROVENCE 20˚ 18˚ Le 31 AOÛT 2001 vers 12 heures Nice S LANGUEDOC CÔTE D'OPALE Les nuages sont nombreux de l'Artois au Cotentin avec des averses 30 Marseille St-Raphaël 20 CÔTE D'AZUR localement accompagnées d'un coup de tonnerre. Des côtes bretonnes 20˚ 18˚ La Seyne- Calais sur-Mer 26˚ 28˚ au bassin d'Arcachon les éclaircies prédominent. Le ciel est peu nuageux Cap d'Agde St-Tropez autour de la Méditerranée mais le vent est soutenu. CÔTE D'ALBÂTRE 30 Le Touquet 30 40 PICARDIE ROUSSILLON 30 18˚ 16˚ Perpignan Ouest VAR 45 BAIE ST-MICHEL COTENTIN CÔTE NORMANDE 30 Le Tréport 23˚ 25˚ BAIEDESEINE 19˚ 18˚ 18˚ 17˚18˚ 18˚ Étretat 18˚ 17˚ NORMANDIE 40 Le Havre GARD 40 ROUSSILLON LANGUEDOC BOUCHES-DU-RHÔNE FINISTÈRE NORD 30 17˚ 19˚ 20˚ 25˚ 20˚ 26˚ 22˚ 28˚

Deauville Sud-Ouest 40 30 Granville TEMPÉRATURE Corse CÔTE CHARENTAISE Perros-Guirec NORMANDIE Ile de Ré 18˚ DE L'AIR St-Malo 30 CHARENTES 21˚ 20˚ 30 Crozon 15 VENT CALVI BASTIA Ile d'Oléron DIRECTION ET Concarneau BRETAGNE CÔTE GIRONDINE VITESSE EN KM/HEURE 26˚ 25˚ Calvi 26˚ 27˚ Soulac Bastia Quiberon VENT VARIABLE 45 30 21˚ 21˚ 20 60 POINTE BRETAGNE MER TEMPÉRATURE La Baule Lacanau DE L'EAU 18˚ 19˚ Ajaccio 30 CÔTE LANDAISE Arcachon Calme/belle 16˚ Porto-Vecchio SUD FINISTÈRE VENDÉE 21˚ 21˚ 20 60 LANDES 19˚ 20˚ St-Gilles- Peu agitée 30 Croix -de-Vie CÔTE BASQUE AJACCIO PORTO-VECCHIO Agitée/forte 30 VENDÉE SUD BRETAGNE 26˚ 29˚ 21˚ 22˚ 20 26˚ 26˚ 19˚ 20˚ 20˚ 21˚ Biarritz Très forte/grosse

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123456789101112 8. Eclaire la Vallée des rois. Let- tres d’Edimbourg. - 9. Mitré I rémois. Démonstratif. - 10. Pro- De port en port tections dentaires. Donne du IL FAIT très mauvais lorsque II caractère aux vins et aux froma- Marquet arrive pour la première Albert Marquet ges. - 11. Article. Qui pourra fois à Saint-Tropez au mois de mai III revenir une nouvelle fois. - 12. (1875-1947), 1905, alors que Matisse lui avait Naples, 1909, Baisse générale de régime qui annoncé un déluge de lumière et IV nous touchera un jour. Huile sur toile, une chaleur écrasante. Avec le 37,5 × 42 cm, retour du soleil, sa déception V Philippe Dupuis Collection oubliée, Marquet se met au travail particulière, avec une ardeur folle. Il traque la VI SOLUTION DU N° 01 - 203 France. lumière du soleil couchant, simpli- Actuellement fie son langage, use de plus en plus VII Horizontalement à l’exposition des contrastes d’ombre et de lumiè- « Albert I. Parachutiste. - II. Adagio. re. De Saint-Tropez, il va entamer VIII Iléus. - III. Totalitaires. - IV. Tue. Marquet : un incessant vagabondage dans les Journal Iran. Ite. - V. Ebène. Anes. - VI. ports de la Méditerranée, de Mar- de bord en IX SE. Sébillet. - VII. Drap. On. Etel. seille, à Collioure, à Venise ou à Méditerranée » - VIII. Oen. Su. Bât. - IX. Inaper- Alger. au Musée de X çu. Erg. - X. Etrangleuses. Après la mort de sa mère en l’Annonciade 1907, il est bouleversé et désorien- à Saint-Tropez Verticalement té par la perte de celle qui a tou- jusqu’au HORIZONTALEMENT Facilite les soulèvements. - X. 1. Pattes-d’oie. - 2. Adoubèrent. jours cru à sa vocation de peintre. 1er octobre Méfiez-vous, surtout si vous êtes - 3. Ratée. Anar. - 4. Aga. NSP.Pa. Il part avec son ami Henri Man-

ADAGP, 2001 2001. I. Qui ne s’arrêteront donc sous son charme - 5. Ciliée. Sen. - 6. Hoir. Bourg. - guin visiter l’Italie et découvre le jamais. - II. Belle des montagnes 7. Tarin. Cl. - 8. Tian. Bue. - 9. Ili. port de Naples. Oubliant le pitto- et les pêcheurs, alors qu’au loin se b L’hôtel Sennequier grecques. Dame de cœur. - III. VERTICALEMENT Aléa. - 10. Serinettes. - 11. Tue- resque, il ne veut donner à voir détache la masse sombre du Vésu- b L’hôtel Sube Prêts à faire la foire. Résultat. - tête. Ré - 12. Esses. Legs. que l’essentiel : l’eau, les barques ve. La lumière vibre sur la mer et b L’Hôtel des voyageurs. IV. Fait de l’ombre au cimetière. 1. Où il n’y a pas beaucoup de frappe la grande voile, lui donnant En poste. - V. Bourrées au propre place pour les autres. - 2. Entaille une étonnante présence. Réponse du jeu no 236 paru et au figuré. Marquises en Poly- superficielle. - 3. Pleine au large. C’est Manguin qui invita Mar- dans le Monde du 24 août. nésie. - VI. Cassé pour régler ses Sorties de route. - 4. Se mettre en quet en 1905, dans une villa louée C’est la galerie Maeght à Paris comptes. Terroir de grands crus. route. Succursale de l’ONU. - 5. aux environs de Saint-Tropez. Ce qui présenta à partir du 9 novem- - VII. Force paramilitaire. Cuir Qui conviennent parfaitement. dernier la trouvant trop éloignée, bre 1956, la première exposition côté chair. D’un à six. - VIII. Atta- En surprise. - 6. Achille fut le décida de s’installer dans un hôtel du sculpteur Chillida, accompa- ché à la terre. A vidé les sanato- premier à s’y retirer. Pour se d’où il avait une magnifique vue gnée du numéro 90-91 de la revue riums. Entrent en communion. - mettre à l’ombre en montagne. - sur le port. Comment s’appelait Derrière le miroir avec un texte de IX. Mît son texte au propre. 7. Douteuse dans tous les cas. - cet hôtel ? Gaston Bachelard. 21 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001

MUSIQUE Motown et Universal explore tous les arcanes de ce disque explosif de l’époque, marqué par les le disque l’est aussi pour son label, dans le réservoir de la musique soul, rééditent l’album What’s Going On, historique. b DÉPRESSIF, mal à l’aise brutalités policières, les ghettos en Motown, plus habitué à exalter la suscitent une intense activité de réédi- chef-d’œuvre de Marvin Gaye paru le dans son rôle de play-boy en smo- ébullition, la guerre du Vietnam. joie de vivre, et pour la soul music et tions et de compilations, permettant 21 mai 1971, dans une version enri- king, Marvin Gaye lie dans ce disque b RÉVOLUTIONNAIRE pour son au- la communauté noire en général. la redécouverte de raretés et même chie d’enregistrements inédits qui sa détresse personnelle et le contexte teur, qui change ainsi de personnage, b LES DJ DU HIP-HOP, en piochant le redémarrage de certaines carrières. 1971 : Marvin Gaye exorcise ses démons dans une Amérique en flammes Trente ans après sa parution, l’album « What’s Going On » est réédité dans un luxueux double CD, augmenté de prises et de mixages inédits. D’une splendeur désespérée, ce chef-d’œuvre concentre la détresse du musicien et la fureur des années 1970, entre révolte des ghettos et bourbier vietnamien

« CHEF-D’ŒUVRE incontourna- de percussions, des brassées de cui- (Flyin’High In the Friendly Sky) et à ble de la soul music », « Plus grand vres, pour édifier un mur du son, Dieu (God is Love). La réédition disque de musique noire jamais plus léger, évidemment, que celui offre le premier mixage de l’al- enregistré », et même « Plus grand de Phil Spector. Comme souvent bum, refusé par Gordy : le son y album de tous les temps » (Smokey dans ces grands moments, deux est plus urbain, plus violent, délibé- Robinson). Trente ans après sa accidents se produisent : la célèbre rément tourné vers l’Afrique. parution, What’s Going On pour- phrase d’introduction au saxopho- Autre apport essentiel, le con- rait crouler sous les superlatifs élo- ne est captée au cours d’une pau- cert donné en mai 1972 au Ken- gieux, avec un effet pervers pour se ; le principe de la double voix de nedy Center de Washington. Le le grand œuvre de Marvin Gaye : Marvin Gaye, qui va hanter l’al- chanteur retournait dans sa ville ainsi alléchées, les jeunes généra- bum et devenir la signature du natale pour remonter sur scène tions qui le découvriraient aujour- chanteur par la suite, est retenu après quatre ans d’absence. Il d’hui risqueraient d’être déçues. après que l’ingénieur du son a enterre rapidement l’ancien Mar- La luxueuse réédition en deux CD fondu, par mégarde, deux essais vin au cours d’un medley (mot qui accompagne le trentième anni- de chant en une prise mono. Pas- anglais, mais que l’on préférera à versaire de l’album écarte heureu- sionnante pour les musiciens, la pot-pourri) de ses tubes des sement ce danger. Le temps n’a en prise intitulée The Foundation, qui années 1960, tord la mélodie de I rien érodé la beauté magique de a été ajoutée à cette réédition, Heard It Through the Grapevine What’s Going On. permet de suivre la mise en place pour ne défendre ensuite que son Mieux, cette parution réussit des instruments, du saxophone dernier-né. l’exploit de s’adresser à la fois à aux cordes, en passant par les What’s Going On est le dernier deux publics souvent inconcilia- percussions. grand disque de Motown conçu à bles, celui des spécialistes et celui Gordy refuse de commercialiser Detroit, avant que la compagnie des profanes : complétiste, elle cette chanson qu’il exècre. En émigre à Los Angeles, tente la con- ravira définitivement les fans (qui représailles, Marvin Gaye menace quête de Hollywood et perde son en sont, tout de même, à leur qua- de faire la grève du micro. Le chef âme. Il est aussi le seul album trième achat de l’œuvre), sans des ventes de Motown brave l’in- « politique » de Marvin Gaye, qui s’égarer pour autant dans l’archiva- ge monomaniaque, comme Pet Sounds Sessions, le roboratif cof- « What’s Going On », seul album fret en quatre CD consacré au seul album des Beach Boys. Trente ans « politique » de Marvin Gaye, aura après, What’s Going On fédère tous les publics, blancs et noirs, rap- une influence décisive sur Stevie Wonder, peurs – qui y trouveront des sons mille fois samplés par leurs sur le cinéma de la blaxploitation, héros –, jazzmen – pour la gran- deur d’une musique qui doit énor- sur les rappeurs, qui pilleront les plages mément au gospel et aux Poèmes du ghetto de Duke Ellington –, ama- du disque sans retenir son idéal de fraternité teurs de sophistication orchestrale ou de groove. Cette nouvelle édi- tion explore tous les arcanes d’un terdit : en janvier 1971, le single enregistrera ensuite des œuvres album triplement révolutionnaire : What’s Going On prend la troisiè- érotiques (Let’s Get It On, I Want pour son auteur, pour sa maison me place du classement soul et la You). Son influence sera décisive de disques – Tamla Motown – et deuxième du classement pop. sur l’indépendance de Stevie Won- pour la soul music – donc pour la Opportuniste, Gordy change bruta- der, sur le cinéma de la blaxploita- communauté afro-américaine. lement d’avis et exige un album à tion qui recyclera à l’infini Inner En 1970, Marvin Gaye est plon- enregistrer en un mois. Ce qui sera City Blues pour illustrer des images gé dans la dépression. Il déteste le fait en dix jours dans un studio de Harlem ou du Bronx. Les rap- personnage qui a bâti son succès, enfumé au cannabis. Marvin Gaye peurs, eux, pilleront les plages de « le Prince de Motown », beau gos- met à contribution sa femme et un l’album, sans retenir son idéal de se bourreau des cœurs à la voix de parolier-poète, James Nyx, dont fraternité. velours, séducteur parfaitement les offres de service ont été reje- Garçon bien élevé, Marvin Gaye inoffensif au moment où James MICHAEL OCHS ARCHIVE/PPLM tées par ses pairs. avait remercié, sur la pochette de Brown entend le Black Power et Marvin Gaye, en imper noir, le col relevé, essuie la pluie la tête haute. Le 21 mai 1971, une pochette What’s Going On, ses parents déclare être « noir et fier ». A côté, Photo issue de la séance de poses pour la pochette de « What’s Going On ». ornée d’un portrait splendide – « pour [l]’avoir conçu, eu et pour Marvin Gaye est un playboy au débarque dans les bacs des disquai- [l]’aimer » –, sa femme Anna, ses smoking impeccable, gendre idéal dy Jr., le fondateur de Motown. On sera à la fois journal intime, rebours des productions Motown, res : Marvin, en imper noir, le col amis. Après l’avoir battu dans son façon Sidney Poitier, pour les Son mariage bat de l’aile – pour déclaration d’indépendance artisti- qui exaltent la joie de vivre dans relevé, essuie la pluie la tête haute. enfance, le Révérend Marvin Blancs. Un signe annonciateur de aggraver son cas, il a épousé, en que et chronique sociale. Le thè- les grandes métropoles, What’s Pour la première fois dans l’histoi- Gay Sr., ministre d’une secte chré- sa métamorphose était I Heard It 1961, Anna Gordy, la sœur de son me principal de ce concept-album Going On va bruisser de la fureur re de Motown, les paroles sont tienne ultra-orthodoxe, mettait un Through the Grapevine, en 1968, patron –, et le fisc américain s’inté- est fourni par Renaldo Obie Ben- de l’époque : ghettos en ébul- imprimées, de même que tous les terme à la carrière de son fils avec single le plus vendu de Motown. resse à lui. La disparition, en mars son, du groupe The Four Tops. lition, bavures, bourbier viet- noms des musiciens qui ont partici- une arme à feu, le 1er avril 1984, la Archétype des productions du 1970, de sa compagne de chant, Avec l’aide du parolier Al Cleve- namien. pé à l’enregistrement. What’s veille de son quarante-cinquième label de Detroit, il laissait percer Tammi Terrell, atteinte d’une land, il a dessiné l’ébauche d’une D’emblée, Marvin Gaye se heur- Going On grimpe aussitôt dans le anniversaire. Avant les mortels, sous ses cordes triomphantes une tumeur au cerveau, le rend incon- chanson protestataire, choqué par te à Gordy en revendiquant le top 5 des meilleures ventes d’al- Marvin Gaye avait tenu à louer voix anxieuse, en rupture avec l’op- solable. les brutalités policières commises contrôle de la production pour bums. Toutes les chansons sont Dieu pour cet album. Beaucoup timisme maison. Pendant deux Le génie de Marvin Gaye sera de contre des étudiants pacifistes lors l’enregistrement du titre. Il fait d’une splendeur inouïe et désespé- continuent de voir dans What’s ans, Marvin Gaye vit en reclus, lier sa détresse personnelle, sa d’un concert des Four Tops à San appel à un arrangeur extraordi- rée, entre apocalypse nucléaire Going On une preuve irréfutable seul avec ses démons (drogues, situation inconfortable à l’inté- Francisco. Marvin Gaye mêle à cet- naire, David Van DePitte, qui (Save The Children) et désastres de son existence. autodestruction, culpabilité) et rieur de Motown au contexte te esquisse le récit de son frère débauche les cordes du Detroit écologiques (Mercy Mercy Me), commence à inquiéter Berry Gor- morose de l’époque. What’s Going Frankie, de retour du Vietnam. A Symphony Orchestra, une armée recours aux paradis artificiels Bruno Lesprit

Quelques rééditions Archéologues de la soul music, les DJ contribuent à sa redécouverte de musique soul SOUVENT traités de pilleurs 1970, les chansons de Shaolin Soul sur les artistes présentés. Une nus du grand public. Ce genre de ducteur David Axelrod, star de sans vergogne, les DJ, armés de Episode 2 sont parfois l’œuvre d’in- compilation réussie tient aussi à la démarche a ensuite perduré avec l’avant-garde psychédélique des Compilations leurs platines et de leurs samples, terprètes célèbres (Jackson 5, Al qualité de son livret. Etrangement, l’acid jazz des années 1980 et avec années 1960, n’aurait sans doute b Shaolin Soul, Episode 1 & 2 se sont révélés des archéologues, Green, Ann Peebles…). c’est en Angleterre, plus qu’aux les DJ du hip-hop ou du dub ». plus eu l’occasion de ressortir un (Delabel-Virgin). des archivistes et des éducateurs Mais cette compilation vaut sur- Etats-Unis qu’on trouve le plus de Le vivier semble inépuisable disque comme le tout récent David b Philadelphia Roots hors pair. Ceux du hip-hop, en tout pour sa façon de réhabiliter labels indépendants spécialisés pour ces pêcheurs de perles. Axelrod, si des figures hip-hop com- (Soul Jazz records-Discograph’). particulier, en piochant dans le les étoiles filantes que furent Baby dans les rééditions des rythmes « Même des labels phares de cette me Dr Dre, Mos Def, A Tribe Cal- b Nu Yorica Roots (Soul Jazz réservoir historique de la soul, ont Huey (un bébé de 180 kilos, disci- oubliés de la culture afro-américai- musique, comme Stax ou Hi led Quest ou DJ Shadow n’avaient records-Discograph’). permis la redécouverte d’artistes ple de Curtis Mayfield, mort d’une ne. Pour un Tough City ou un Dus- Records, possèdent leur zone d’om- pas échantillonné ses fusions sin- b New Orleans Funk et de musiques qui n’occupaient crise cardiaque après la sortie de ty Grooves américains, combien bre, explique Ethan Reid. De plus, gulières de jazz, de r’n’b et de gran- (Soul Jazz Records-Discograph’). plus le devant de la scène. Si James son unique album), The Sweet Ins- de petites maisons de disques bri- il y a eu aux Etats-Unis des dizaines deur symphonique. De la même b ESG, A South Bronx Story Brown, Curtis Mayfield, Gil Scott- pirations (l’extraordinaire Why tanniques comme Barely Breaking de maisons de disques qui n’ont eu façon, on doit à Luaka Bop, le (Soul Jazz records-Discograph’). Heron ou George Clinton furent Marry, chanté par Cissy Houston, Even (BBE), Strut, Harmless, BGP, qu’une existence régionale. A nous label de l’ex-Talking Head, David b Soul Spectrum (BBE-Import). les premiers à bénéficier des cita- la mère de Whitney), Syl Johnson Charly ou Soul Jazz Records ? Ega- de retrouver ces disques parfois tirés Byrne, l’exhumation du chef-d’œu- b Funk Spectrum (BBE-Import). tions de la génération rap, une (auteur de plusieurs beaux albums, lement célèbre magasin de disques à seulement quelques milliers vre maudit de Shuggie Otis, Inspira- b I’m A Good Woman myriade d’autres musiciens, repé- qui pâtit de posséder le même londonien (situé dans Soho), cette d’exemplaires. » tion Information. (Harmless-Import). rés par ces échantillonneurs épris timbre qu’Al Green, avec lequel il dernière propose, depuis 1992, un Enregistré en 1974 par le fils de b People Get Up de raretés, suscitent aujourd’hui partageait son producteur, Willie catalogue exceptionnel de compila- DES CARRIÈRES RELANCÉES Johnny Otis (une personnalité du (Harmless-Import). une active industrie de la réédition Mitchell) ou Labi Siffre. tions et rééditions allant de la soul Un travail de recherche qui cons- rhythm’n’blues), cet album de soul rééditions d’albums originaux et de la compilation. de Philadelphie au rock steady titue l’essentiel du temps passé à finement excentrique, contempo- b What’s Going On (Deluxe Il y a quelques mois, le deuxiè- INDÉPENDANTS SPÉCIALISÉS jamaïcain, du funk blanc aux croi- mettre sur pied ces compilations. rain de Sly Stone et précurseur de Edition), 2 CD Motown-Universal. me volume de Shaolin Soul rassem- Anecdote piquante, l’impression- sements latino. Avocats, éditeurs, majors, artistes Prince, ne figurait qu’au panthéon b Un autre classique de Marvin blait ainsi vingt morceaux dont nant morceau (I Got the (Blues))de Selon Ethan Reid, un des respon- sont consultés et rémunérés, les personnel des initiés. A quarante- Gaye, Let’s Get It On, chacun avait fait l’objet d’un sam- ce soulman anglais qui a toujours sables du label Soul Jazz records, morceaux les plus rares étant sou- huit ans, ce guitariste visionnaire, sera réédité en septembre. ple de la part des membres du revendiqué son homosexualité « il existe en Grande-Bretagne une vent les plus chers. Si certains longtemps piégé par l’alcool et b Shuggie Otis, Inspiration Wu-Tang Clan, gang vedette du aura été échantillonné par le fascination traditionnelle pour la musiciens ne verront jamais un l’anonymat, pourrait avoir l’occa- Information (Luaka Bop-Virgin). rap new-yorkais. Avec d’autres Wu-Tang, mais aussi par Dr Dre, soul américaine. Cela date sans dou- dollar de cette nouvelle commer- sion de retenter sa chance. Récem- b Steve Reid, Nova DJ-producteurs comme Premier qui en a fait la base musicale de My te du phénomène northern soul, cialisation, d’autres ne s’atten- ment, au concert-hommage donné (Universal Sound-Import). ou Pete Rock, RZA, le leader du Name Is, le tube international quand, dans les années 1970, des daient plus à profiter d’enregistre- pour la ressortie de son disque, b David Axelrod, David Axelrod Clan est de ceux qui replongent le d’Eminem. fans qui fréquentaient les clubs du ments qui, à l’époque, ne leur Shuggie Otis fit une apparition qui (Mo’Wax-Source-Virgin). plus volontiers dans les arcanes de On pourra reprocher aux volu- nord de l’Angleterre, s’étaient fait avaient parfois rien rapporté. ressemblait à une renaissance. b Tony Allen, No Discrimination la musique noire américaine. mes Shaolin Soul de ne fournir une spécialité de promouvoir des Des carrières individuelles ont For Lagos (Strut-PIAS). Tirées du répertoire des années qu’un minimum d’informations enregistrements parfaitement incon- même pu être relancées. Le pro- Stéphane Davet 22 / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 CULTURE Adieu à l’Orénoque SORTIR PARIS plaques à graver, tirant les épreuves et parfois éditant les œuvres, A Biarritz, une exposition retrace le mode de vie Manuel Rocheman Trio comme celles qui illustrent Grand oublié des festivals de l’été, Le Cocu magnifique (également d’une douzaine d’ethnies éparpillées à la frontière le pianiste Manuel Rocheman est exposées pour cet hommage), l’un des musiciens les plus fins, ouvrage du dramaturge Fernand amazonienne du Venezuela et du Brésil les plus délicats et les plus savants Crommelynck, père de Piero de cette époque : ce qui doit et Aldo. Picasso réalisa avait organisé une exposition péru- expliquer cette mise à l’écart, une soixantaine de portraits ORINOCO, le Bellevue, place vienne en 2000) accueille une partie on imagine, des Disneyland de Piero, dont la silhouette Bellevue, 64200 Biarritz. Tél. : de ces collections. Un demi-millier du jazz. En trio (Stéphane Foucher, apparaît régulièrement 05-59-22-37-10. Tous les jours, de d’objets pour faire le tour d’une dou- batterie ; Michel Zenino, dans les eaux-fortes de la série 10 heures à 20 heures (22 heures zaine d’ethnies éparpillées à la fron- contrebasse), il fait un retour Raphaël et la Fornarina. Musée le vendredi), jusqu’au 7 octobre. tière amazonienne du Venezuela et remarqué en club. Occasion rare national Picasso, hôtel Salé, De 10 F à 35 F (de 1,52 ¤ à 5,34 ¤). du Brésil. de savourer son art de près, 5, rue Thorigny, Paris-3e. Catalogue, Fondation Cisneros/ La première partie de l’exposition, grandeur nature. Mo Saint-Paul. De 9 h 30 ville de Biarritz, 128 p., 100 F sobrement présentée, nous convie à Sunside, 60, rue des Lombards, à 18 heures, tous les jours sauf (15,24 ¤). la rencontre de ces communautés : Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, le mardi, jusqu’au 15 octobre. Bare, De’aruwa, Hiwi, Hoti, Tsase, le 31 août et le 1er septembre. Tél. : 01-42-71-25-21. 26 F (tarif BIARRITZ Warekana ou Yanomami. Avec, à Tél. : 01-40-26-21-25. réduit et dimanches) ; 36 F ; gratuit de notre envoyé spécial chaque fois, un échantillon de leur De 80 F à 100 F. pour les moins de 18 ans Les surfeurs de Biarritz auront-ils production matérielle : vanneries, Hommage à Piero Crommelynck et le 1er dimanche de chaque mois. la tentation de remonter l’Oréno- outils, textiles, armes, ornements, Dans la salle 17 du Musée Picasso, Paco Sery Group que ? Une exposition les convie à instruments rituels ou musicaux. un bref hommage est rendu Paco Sery est un mythe. Paco Sery découvrir le bassin de ce fleuve, le Les Hiwis confectionnent des pote- au graveur Piero Crommelynck, est une légende vivante. quatrième du monde par son débit, ries anthropomorphes, dont les des- décédé le 19 mai 2001. Une grande Ou absente. Paco Sery est qui couvre une grande partie du sins évoquent leurs peintures corpo- toile – Piero à la presse – est l’un des trois meilleurs batteurs Venezuela. Le territoire irrigué par relles. Les De’aruwas fabriquent des exposée en compagnie de six au monde. Paco Sery est africain. l’Orénoque est longtemps resté masques noirs soulignés de blanc à remarquables portraits (jamais Paco Sery aurait pu faire mythique. Jusque dans les années l’occasion de cérémonies célébrant exposés) exécutés au crayon, une carrière géniale, et c’est

1950, ses sources étaient encore mal des rites de la fertilité. EDGARDO GONZALEZ NINO/COLL. ORINOCO-FONDATION CISNEROS au fusain et au pastel, tous réalisés ce qu’il fait. Insoumis, oublieux, connues ; les forêts plus ou moins Un chasseur de la communauté yanomamie. le même jour de septembre 1966. ne se réveillant pas, ou alors parti noyées qu’il traverse, ses multiples PANORAMA DE L’INGÉNIOSITÉ Le profil du graveur, avec sa un jour trop tôt. Peu importe, bras, ses rapides, ses chutes en ren- On voit aussi les outils du cha- sions, où il ne manquerait que les plus merveilleux », écrivait le géogra- barbiche, lui rappelait son père, même les concerts qu’oublie Paco daient l’exploration difficile. Pour le man, présent dans toutes ces socié- individus derrière les vitrines. Elle phe Alexandre de Humboldt, qui disait Picasso. L’amitié entre Sery sont des concerts spéciaux. plus grand bonheur des populations tés. Le mobilier est rare : mortiers, recense en effet les différents remonta le fleuve vers 1804. Et il les deux hommes était née En club, plusieurs soirs de suite : amérindiennes qui vivaient à proxi- bancs sculptés, rapes à manioc éléments de la culture matérielle de ajoutait, évoquant son compagnon en 1963, quand les frères faire comme tout le monde, venir mité du cours d’eau. ornées de figures stylisées. La plu- ces populations. C’est une sorte de de voyage, un botaniste français : Crommelynck, Piero et Aldo, tous les soirs. Exceptionnel. Après les géographes et les bota- part de ces objets sont fragiles com- panorama de l’ingéniosité néces- « Bompland perdra la tête si les ouvrirent à Mougins un atelier Sunset, 60, rue des Lombards, nistes vinrent les chercheurs d’or ou me les plumes multicolores qui les saire pour vivre partout de peu, merveilles ne cessent bientôt. » Que à l’usage exclusif du vieux peintre. Paris-1er.Mo Châtelet. 22 heures, de caoutchouc, les missionnaires, ornent souvent. Certains sont d’une avec quelques fibres végétales, une reste-t-il de ces « merveilles » ? Une Jusqu’à la mort de ce dernier, le 31 août et les 1er,2,4,5,6,7et les commerçants et trafiquants de réelle beauté, d’autant plus émou- pièce de bois, un bloc de kaolin, la poignée d’objets dont la splendeur les Crommelynck alimentèrent 8 septembre. Tél. : 01-40-26-46-60. toutes sortes. Ce sanctuaire sylves- vante qu’elle est éphémère : colliers sève d’un hévéa, un pan d’écorce, se fane derrière une vitrine. Que « la route du cuivre », apportant les De 80 F à 100 F. tre s’est peu à peu ouvert au « mon- de coquillages retenus par un fil, quelques mètres de cordes tressées reste-t-il des ces populations, créo- de moderne ». Et les fragiles civilisa- vanneries légères à motifs géométri- à la main, un pagne, un hamac, des lisées, clochardisées ? De pieux tions qui perduraient ici tant bien ques, amulettes confectionnées à récipients en vannerie. ethnologues sont venus recueillir GUIDE que mal se dissolvent de plus en partir d’une griffe de jaguar, d’un Mais ce classement plus « scientifi- les dernières miettes de renseigne- plus vite. Dans les années 1970, la morceau de quartz enduit de résine que », cette approche comptable ments leur permettant de complé- Fondation Cisneros, émanation et d’une touffe de plumes de colibri, réduisent finalement une culture à ter leur fiches, juste avant la ferme- CINÉMA - FESTIVAL Brecht, mise en scène de Michel d’un puissant groupe multimédia charmes en poil de paresseux… une poignée d’objets dérisoires. ture. Claude Lévi-Strauss ne s’y était Allemandou. e Blaye (Gironde). Chapelle des Minimes, américain, a collecté de nombreux La seconde partie du parcours Cette comptabilité peut-elle rendre pas trompé en rédigeant ses Tristes 7 art et patrimoine Tigre et dragon, d’Ang Lee (France, citadelle de Vauban. 16 heures, le objets auprès de ces populations. reprend cet inventaire de manière palpables la réalité, la douceur (ou tropiques voilà un demi-siècle. er 1991). Projection gratuite et en plein 1 septembre; 19 heures, le 2. Tél. : Biarritz qui semble avoir un pen- plus systématique, à la façon d’une la dureté) de ces vies ? « Nous som- air dans l’une des prairies du parc pay- 05-57-42-12-09. De 60 F à 100 F. chant pour l’Amérique latine (elle sorte d’encyclopédie en trois dimen- mes ici dans le pays le plus divin, le Emmanuel de Roux sager. Chamarande (Essonne). Domai- Arena Voz ne départemental de Chamarande. de la Compagnie Babylone. Laval ( Mayenne). Rues. 16 heures, le RER C Chamarande. 21 h 30, le 31. 1er septembre. Tél. : 02-43-49-43-08. Tél. : 01-60-82-25-32. Entrée libre. A Salzbourg, « La Chauve-souris » bat de l’aile mais ne capitule pas TROUVER SON FILM Boom de et par la Compagnie Chapertons Pas une trace de champagne dans cette œuvre On pensait sortir du spectacle en se disant : Tous les films Paris et régions sur le et le Comic Teatre de Barcelone. Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : Laval ( Mayenne). Rues. 22 h 30, le LA CHAUVE-SOURIS, de Johann Strauss. Par qui s’achève sur un toast au Roi « Champagne « chauve qui peut… », mais on n’est qu’à peine er 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). 1 septembre. Tél. : 02-43-49-43-08. Mireille Delunsch (Rosalinde), Jerry Hadley Premier », mais une véritable chaîne de fâché, car la débauche brouillonne de détourne- 30 F. (Alfred), Christoph Homberger (Eisenstein), cocaïne ; le directeur de prison est habillé d’un ments finit par engloutir la cible du délit, au lieu ENTRÉES IMMÉDIATES Bruno Moon’s Dale Duesing (Frank), David Moss (Prince rideau de douche (qui le fait ressembler à un d’opérer sur elle une critique finement et perver- de Bruno Robert, mise en scène d’Eva Orlofsky), Olaf Bär (Falke), Elisabeth Trisse- gros gâteau) ; les prisonniers à moitié nus se mas- sement subversive. Plutôt que de dénoncer les Le Kiosque Théâtre : les places de cer- Moussey, avec Bruno Robert. tains des spectacles vendues le jour Laval (Mayenne). Rues. 20 h 30, le naar (Frosch), Chœur Arnold Schoenberg, turbent devant Adèle lorsqu’elle passe son failles de La Chauve-souris, Neuenfels les a colma- même à moitié prix (+ 16 F de commis- 1er septembre. Tél. : 02-43-49-43-08. Orchestre du Mozarteum de Salzbourg, Marc « audition » ; les Eisenstein martyrisent leurs tées d’une épaisse logorrhée. sion par place). Place de la Madeleine Entrée libre. Minkowski (direction), Hans Neuenfels enfants (personnages inventés), qui finissent par Nonobstant, les musiciens se sont tirés avec élé- et parvis de la gare Montparnasse. De GIGN (mise en scène), Festival de Salzbourg, se suicider ; Orlofsky est au bord de l’overdose gance de ce fourbis : Marc Minkowski reproduit 12 h 30 à 20 heures, du mardi au de Carnage Production. samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le Laval (Mayenne). Rues. 11 heures et Felsenreitschule, le 28 août. et interrompt le spectacle à vingt minutes du l’excellent travail qu’il avait fait sur La Belle Hélè- er 14 h 30, le 1 septembre. Tél. : finale de l’acte II. Etc. ne, au Châtelet, et se révèle d’une subtilité cares- dimanche. Abel Fortin (violon), Elsa Fortin (piano) 02-43-49-43-08. Entrée libre. SALZBOURG sante, mais sans trop d’affèteries (dans ce réper- Œuvres de Fauré, Brahms, Bartok, Sara- La Glacière de notre envoyé spécial ÉPAISSE LOGORRHÉE toire, comme dans l’art de servir le champagne, il sate, Bloch. avec la Compagnie A vous d’voir. Laval (Mayenne). Rues. 22 h 30, le Ce soir, La Chauve-souris aura pris un sérieux Une grande partie du texte parlé, réécrit par faut savoir ne pas faire déborder la mousse), suivi Cathédrale Sainte-Croix-des-Arméniens, er 6, rue Charlot, Paris-3e.Mo Saint-Sébas- 1 septembre. Tél. : 02-43-49-43-08. coup dans l’aile. C’est du moins ce qu’espérait Neuenfels, est dévolue à Frosch, le gardien de en cela par un orchestre du Mozarteum en gran- Entrée libre. Gérard Mortier en demandant à Hans Neuenfels prison, qui se mêle à l’action, fait d’incessants de forme. Bons acteurs comédiens en général (à tien-Froissard. 20 h 30, le 31. Tél. : 06-10-16-24-02. 70 F. Petit Boulot pour vieux clown de (dé) monter le symbole parfait de cette « Vien- apartés, harangue les spectateurs, fait des blagues l’exception de David Moss, qui refait son éternel Szaszcsavas Gipsy Band, Ssorssely de Pierre Dumur, mise en scène de ne éternelle » qu’il déteste. Afin d’en révéler la grossières, etc. Le talent de la comédienne Elisa- numéro « Sequenza de Berio », Orlofsky ridicule Quartet Macadam Phénomène. Laval (Mayenne). Rues. 22 h 30, le pourriture intérieure, comme le corps de cette beth Trissenaar ne parvient pas à faire taire le de cabotinage psychédélique), avec la Rosalinde Cabaret sauvage, parc de La Villette, er e o 1 septembre. Tél. : 02-43-49-43-08. Paris-19 .MPorte-de-La-Villette. noyée révèle un nid de rats, dans le poème expres- public : on entend des huées et des interpella- fine de Mireille Delunsch dont la fameuse Entrée libre. 20 h 30, le 31. Tél. : 01-40-03-75-15. sionniste de Gottfried Benn, lu en plein spectacle, tions, parfois assez drôles. Ainsi, quand Frosch czardas montrait cependant qu’elle n’est pas, ou The Best-Habbe et Meik De 80 F à 100 F. lorsqu’il est question des « rats » (entendez : dan- dit : « Mesdames, Messieurs, avant que le niveau ne pas encore, tout à fait à la mesure du rôle. de Hartmut Ehrenfeld, Michael seuses) au bal du Comte Orlofsky, la production descende… », un spectateur rétorque, du tac au Aufenfehn et Indiar Sonnadara. RÉGIONS Laval (Mayenne). Rues. 20 h 30, de Neuenfels va accumuler les provocations. tac, « Impossible » ! Renaud Machart er Faites comme si… (je n’étais pas là) le 1 septembre. Tél. : 02-43-49-43-08. de Nadège Szczepinski et Arlène Péli- 30 F. bossian, avec La Valise dans le Marigot. Tranches de vie DÉPÊCHES INSTANTANÉ swing à l’orgue), Marc Fosset (guita- (le Lionel-Hampton). Il n’est pas si Blaye (Gironde). Hôpital de siège, de la Compagnie Jo Bithume. a DANSE : le Français Frédéric riste gaucher d’indéfectible présen- fréquent que l’on se trouve face à Citadelle de Vauban. 18 heures, le 1er Laval (Mayenne). Rues. 10 h 30, 12 heu- res, 15 h 30, 17 h 30 et 18 h 30, le Olivier, ancienne étoile des CLAIRE-LISE VINCENT ce), Hervé Meschinet (flûte, saxo- cette vérité du corps, de la voix, de septembre ; 15 heures, le 2. Tél. : er 05-57-42-12-09. 60 F. 1 septembre. Tél. : 02-43-49-43-08. Ballets de Monte-Carlo, a été nom- phone, tous chorus exactement la modestie et de la gaieté. Claire- Entrée libre. mé directeur du Ballet de la Scala dans l’esprit), plus une rythmique Lise Vincent dit, comme toutes les La Luna negra CHANTE LE JAZZ de Rémy Boiron, avec la Compagnie Il Seminario musicale Œuvres de Clérambault, Brossard, de Milan pour la saison 2001-2002. portée par les basses de l’orgue : chanteuses de cœur l’ont fait, sa vie, humaine. Charpentier. Gérard Lesne (direction). Agé de quarante ans, il est entré à Deux ou trois choses que l’on suit Richard Portier (batterie) et Philip- ses peines, ses ressources et ce qui Blaye (Gironde). Hôpital de siège, cita- er La Chaise-Dieu (Haute-Loire). Abbatia- l’Opéra de Paris en 1977. En 1985, il de Claire-Lise Vincent depuis sept pe Nalry (percussionniste antillais, s’en va. On n’a pas à en savoir plus. delle de Vauban. 15 heures, le 1 sep- er le. 14 h 30, le 1 septembre. Tél. : rejoint les Ballets de Monte-Carlo, ans : elle chante bien, net, elle chan- détourné de la salsa). On donne On le sait. On le voit. Elle est encore tembre ; 18 heures, le 2. Tél. : 04-71-00-01-16. De 360 F à 410 F. où il restera jusqu’en 1993. Après te des airs de jazz et de bossa-nova. leurs noms, parce que les chanteu- de celles qui contribuent à l’illusion 05-57-42-12-09. 60 F. Salvatore Accardo (violon), Giorgia avoir travaillé ensuite à l’Opéra de Elle affirme et affine un sens vocal ses sont soit (simplement) accompa- de face : sans tricher avec la chan- Hamlet-Machines Tomassi (piano). de Heiner Müller, mise en scène de Hambourg, il devient maître de bal- qui ne va pas de soi : la précision, la gnées, c’est souvent l’affaire ; soit son, avec le chant, les musiciens, ni Œuvres de Franck, Beethoven. Juliette Mézergues, avec la Compagnie La Chaise-Dieu (Haute-Loire). Salle let à Zurich avant d’être nommé mise en place, la joie de chanter. mises à l’épreuve par des musiciens avec la musique. Elle s’habille de er le Pet de Satan. Cziffra. 17 h 30, le 1 septembre. directeur du Ballet du mai florentin Elle ne cherche pas à donner le chan- qui ne renoncent pas à leur partie, chanteuse (lamé or). Elle bouge Blaye (Gironde) . La Poudrière, citadel- er Tél. : 04-71-00-01-16. 270 F. de Florence, puis premier maître de ge. C’est un travail sur soi. Elle va c’est le cas. comme une chanteuse (ni danse ni le de Vauban. 17 heures, le 1 septem- Philharmonie nationale d’Ukraine ballet à la Scala de Milan. – (AFP.) droit. Elle s’expose. Elle le fait avec Claire-Lise Vincent s’aligne sans dandinement). Elle a la voix grave bre ; 14 heures, le 2. Tél. : 05-57- Œuvres de Verdi. Chœur Dumka, 42-12-09. 60 F. a CINÉMA : l’opération « Cinéma témérité. Elle le fait dans l’idée des craindre : Tonight, O Felicidade, de celles qui ont vécu. On s’incline. Mykola Dyadyura (direction). Personne ne sera sauvé La Chaise-Dieu (Haute-Loire). Abba- chanteuses qui lui ont donné, Introspection, The Song of Delilah er au clair de lune », projection de d’après Howard Barker, mise en scène tiale. 21 h 15, les 1 et 2 septembre. films en plein air dans divers sites au-delà des mers, des temps et des (qu’elle vient de redécouvrir sur un Francis Marmande de Marie Pourroy, avec le Théâtre de Tél. : 04-71-00-01-16. De 65 F à 490 F. parisiens, a connu « un grand succès airs, l’envie de chanter, Sarah Vau- enregistrement de Bobby Hutcher- l’Œuf. Chœur de chambre Accentus ghan, Carmen McRae, Shirley Horn. son), des standards, des composi- e Jazz-club Lionel-Hampton, jus- Blaye (Gironde). La Poudrière, citadelle Œuvres de Daniel-Lesur, Canat de populaire » et sera reconduite en er 2002, a annoncé l’Hôtel de Ville. Elle conduit un orchestre qui la tions. Sur quatre thèmes, elle se fait qu’au 1er septembre 2001, 81, bou- de Vauban. 14 heures, le 1 septem- Chizy, Burgan, Poulenc. Laurence Equil- bre ; 17 heures, le 2. Tél. : 05-57- bey (direction). Cette opération a attiré « une relance. Cet orchestre est une petite doubler d’un surprenant contre- levard Gouvion-Saint-Cyr, 75017 42-12-09. 60 F. Poitiers (Vienne). Palais de justice, moyenne de 1 000 spectateurs cha- tribu de musiciens que l’on vient chant (Pascaline Wegener). C’est un Paris. Tél. : 01-40-68-30-42. 140 F Quelques paroles dans la tourmente place du Palais. 21 heures, le 1er septem- que soir » du 10 au 28 août. retrouver : Philippe Petit (orage de des clubs prestigieux de la capitale (21,3 ¤). de Jean-François Révand, d’après bre. Tél. : 05-49-47-13-61. 100 F. RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / 23 JEUDI 30 AOÛT GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 21.05 Splendeurs naturelles de l'Afrique. 20.20 Monsieur Choufleuri. 15.55 Le Destin aa TÉLÉVISION ARTE Curiosités naturelles : la genèse. TV 5 Œuvre de Jacques Offenbach. Youssef Chahine (France - Egypte, % 21.00 Faisons vivre 21.40 Thema. Enregistré en 1999. 1997, 130 min) . Ciné Cinémas 2 19.00 Voyages, voyages. Buenos Aires. Avec Maryuko Karasawa, soprano ; aa TF 1 les « natures mortes ». Forum Bové en campagne contre burger. Arte 16.50 Faubourg Montmartre 19.45 Météo, Arte info. Fernand Fédronic, ténor ; Raymond Bernard (France, 1931, Zimbabwe, Emmanuel Olivier, piano. Mezzo 20.15 Reportage. Champions par tradition. 22.00 Peindre l'abstrait. Forum 22.00 Un autre regard. 90 min) &. Ciné Classics 16.20 Passions. Guatemala et Espagne. Voyage 20.45 Thema. 23.00 La Restauration 21.00 Monteverdi. Les Vêpres vénitiennes. 18.20 Emilia Galotti aa 17.10 Beverly Hills. 22.10 Thema. Les Cultivateurs Enregistré en 1998. Le monde paysan dans l'ornière. Martin Hellberg (Allemagne, 1958, 18.00 Sous le soleil. 20.46 Les Paysans et des tableaux. Forum du toit du monde. Arte Avec Susan Hemington Jones, & soprano ; Tessa Bonner, soprano ; v.o., 95 min) . Ciné Classics 19.00 Le bigdil. la Spirale de la mondialisation. 22.15 Journal d'un globe-trotter. Robert Harre Jones, alto ; 19.05 Le secret de Nimh aa 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 21.40 Bové en campagne MAGAZINES contre burger. Yukon. Odyssée Robin Tyson, alto ; Charles Daniels, Don Bluth (Etats-Unis, 1982, 20.50 Tel père, telle flic. ténor ; Julian Podger, ténor ; 85 min). Disney Channel 22.10 Les Cultivateurs du toit 20.50 L'Eté d'« Envoyé spécial ». 22.15 Méditerranée. Patmos, La fille qui croyait au père Noël. du monde. Brésil. France 2 l'île de la Révélation. TMC Steven Harrold, ténor ; Robert Horn, 20.30 Pile ou face aa aa ténor ; Neal Davies, basse ; 22.30 Photos interdites. 22.40 Les Petites Fugues 22.20 Des femmes de bonne volonté. Robert Enrico (France, 1980, Téléfilm. Gail Harvey %. Film. Yves Yersin. 23.25 Rien à cacher. Simon Grant, basse. Muzzik % Christophe Dechavanne. RTL 9 [2/2]. Le temps des luttes 105 min) . Ciné Cinémas 2 0.15 Très chasse. Le cerf en Ecosse. 1.05 Arte info. et des désillusions. Planète 21.55 Beethoven et Brahms. 20.45 Les Zozos aa 23.40 Courts particuliers. Concerto n˚3, de Beethoven, Pascal Thomas (France, 1973, Lambert Wilson. Paris Première 22.45 Orson Welles. et Concerto n˚1, de Brahms. & FRANCE 2 M6 What Went Wrong. Paris Première Enregistré en 1973. 110 min) . Cinéfaz 0.35 Zone interdite. 20.45 Les Trois Jours du Condor aa & 17.30 L'Etalon noir &. Petits génies et enfants terribles. M6 22.50 Les Grandes Batailles du passé. Avec Arthur Rubinstein, piano. 16.25 Nash Bridges . Par l'Orchestre du Concertgebouw Sydney Pollack (Etats-Unis, 17.55 Le Clown &. Gettysburg, 1863. Histoire ème 17.10 La Famille Green. d’Amsterdam, dir. B. Haitink. Mezzo 1975, 120 min). 13 Rue 18.55 Le Caméléon &. DOCUMENTAIRES 0.35 Transboréal. France 3 aa 18.00 Le Groupe. 22.30 et 23.25 Saül. Oratorio de Haendel. 20.50 Les Enfants 18.30 Hartley, cœurs à vif &. 19.50 et 0.30 L'Eté de Loana. 19.00 Voyages, voyages. Buenos Aires. Arte Enregistré en 1994. Par le Gabrieli Marguerite Duras (France, 1984, SPORTS EN DIRECT Consort Choir and Players, 95 min) &. Téva 19.20 Secrets d'été. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 19.00 Ils ont fait l'Histoire. Guillaume dir. Paul Mc Creesh. Muzzik 19.50 Un gars, une fille. 20.05 Madame est servie &. le Conquérant. La Chaîne Histoire 16.45 et 1.00 Tennis. US Open (4e jour). 20.00 et 1.00 Journal, Météo. 20.40 Passé simple. A Flushing Meadow. Eurosport a 19.15 Spetsnaz. TÉLÉFILMS 20.50 L'Eté d'Envoyé spécial. 20.50 Pas très catholique Chiens de guerre. Histoire Film. Tonie Marshall &. DANSE 20.30 La Petite Absente. 23.00 Laurent Gerra. 20.00 Les Aventuriers de l'altitude. % 22.45 The Crow, Stairway to Heaven. José Pinheiro . Festival 1.20 Nikita. Un élément du passé %. Rendez-vous en enfer %. [3/6]. La tour de Moïse. Planète 17.45 et 20.35, 23.00 Aunis. 23.45 Gesualdo, le prince. 23.35 Les forces du mal &. 20.15 Reportage. Champions par tradition. Chorégraphie de Jacques Garnier. Colin Nears. Mezzo [6/6]. Yougoslavie : les géants Enregistré en 1994. FRANCE 3 0.35 Zone interdite. du basket. Arte Avec Kader Belarbi, Wilfried Romoli, 0.00 La Mal Aimée. Jean-Claude Cappara. Mezzo Bertrand Arthuys. Festival 16.55 C'est toujours l'été. 20.30 Histoires d'avions. 18.25 Questions pour un champion. Les chasseurs russes. Planète RADIO MUSIQUE SÉRIES 18.55 Le 19-20 de l'information, Météo. 20.45 Thema. Les Paysans et la Spirale 20.15 Tout le sport. de la mondialisation. Arte 18.55 Le Caméléon. FRANCE-CULTURE 17.50 Le Quatuor Takacs joue Schubert. & 20.25 C'est mon choix ce soir. 20.50 Africa. Enregistré en 1998. La clé du passé . M6 20.00 A la poursuite de Nicolas Bouvier. [1/8]. Les Léopards de Zanzibar. La Jeune Fille et la Mort , quatuor 0.40 New York District. Les hirondelles 20.55 Le Gendarme en balade ème & 21.00 Microfilms (rediff.). [2/8]. Les amoureux du Sahel. Canal + à cordes en ré mineur, D 810. Muzzik du Nigeria (v.o.). 13 RUE Film. Jean Girault . 22.40 Météo, Soir 3. 21.40 Départ en lignes. 23.10 Le Moustachu 22.10 Carnet de notes (rediff.). & 21.00 Johnny Guitar aaa Film. Dominique Chaussois . 22.30 Les Cinq Temps de l'amour. Nicholas Ray. Avec Sterling Hayden, 0.35 Transboréal. 23.30 A voix nue (rediff.). Joan Crawford, Mercedes 0.05 Du jour au lendemain (rediff.). leur croissance est trop lente. Sans McCambridge (Etats-Unis, 1954, CANAL + 0.40 Fiction (rediff.). Canal + Arte v.o., 105 min). Paris Première subventions européennes… on parle 21.00 Pecker aa 16.40 Hantise FRANCE-MUSIQUES 20.50 Africa 20.45 Thema : de les supprimer…, la race disparaî- John Waters (Etats-Unis, 1998, Film. Jan de Bont %. 80 min) %. Canal + Vert f La série « Africa » ignore les guerres le monde paysan dans l’ornière tra. Mais s’il n’en reste qu’un, il sera En clair jusqu'à 20.46 20.00 Prélude. 21.35 Florence est folle aa & 20.30 Prom's de Londres. et la misère sans réussir le pari an- En trois documentaires, deux Alle- celui-là, au nom de la nature et de la 18.30 Les Simpson . Georges Lacombe (France, 1944, 18.55 + de cinéma. Par l'Orchestre du Gewandhaus noncé…‚ « montrer la vie du continent mands, Uli Koglin et Achim Tacke, au qualité. Dans les plaines du Kansas, 95 min) &. Ciné Classics de Leipzig, dir. Herbert Blomstedt, aa 19.30 Le Journal. Truls Mörk, violoncelle. africain telle qu’elle se conjugue dans cours d’un voyage à travers l’Europe Dana Hauck est fier de montrer que, 22.25 Jennifer 8 Bruce Robinson (Etats-Unis, 19.45 Le Zapping. Œuvres de Mendelssohn, Haydn, Dvorak. les villes, les villages et les milieux et les Amériques, avant d’aboutir au sans subventions, ses veaux sont 1992, 125 min) &. Cinéstar 1 19.55 Les Guignols de l'info. 23.00 Soirée privée. naturels ». Les deux volets de ce soir Népal, répondent à la plupart des prêts pour l’abattoir en dix mois au 22.55 Un si joli village aa 20.05 Burger Quiz. se réduisent à des scènes de cartes interrogations que provoquent lieu de quatorze en Europe. Mais on Etienne Périer (France, 1978, 20.50 Soirée Africa. Africa. RADIO CLASSIQUE 115 min) &. Ciné Cinémas 3 Les Léopards de Zanzibar &. postales commentées par une voix aujourd’hui les mots agriculture et peut constater que ses champions aa 21.45 Les amoureux du Sahel. &. 20.40 Les Rendez-vous du soir. 23.55 L'Ile aux baleines Par l'Orchestre de Paris, off qui parle à la place des Léopards mondialisation. Quelles belles bêtes, sont encore plus systématiquement Cleve Rees (Grande-Bretagne, 22.35 Bulworth aa & & dir. Yakov Kreizberg, Vadim Repin, de Zanzibar (une équipe de pêcheurs- ces blondes Aubrac ! Or, Michel Bos piqués que certains coureurs cyclis- 1989, 100 min) . Ciné Cinémas 1 Film. Warren Beatty (v.o.) . violon. Œuvres de Tchaïkovski, Mahler. aa 0.20 Dick, footballeurs) et des Amoureux du nous explique qu’elles n’ont plus leur tes. Pour finir, un portrait de José 0.05 Des gens sans importance 22.18 Les Rendez-vous du soir (suite). Henri Verneuil (France, 1955, les coulisses de la présidence a Œuvres de Mozart, Schubert, Weber, Sahel (des bergers du Mali). place dans l’agriculture moderne ; Bové, moins réussi que l’enquête. 100 min) &. Cinétoile Film. Andrew Fleming (v.o.) &. Mendelssohn.

VENDREDI 31 AOÛT GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.35 Les Mystères de la Bible. Moïse 21.00 James Carter. 13.45 Torrents d'amour aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE au Mont Sinaï. La Chaîne Histoire Deutsches Jazz Festival 1994. Muzzik John Cassavetes (Etats-Unis, & 21.00 Les Félins. Forum 20.50 Les Fils de lumière. Odyssée 22.55 Here, there and everywhere. 1984, 140 min) . Cinéfaz 13.45 Le Journal de la santé. Royal Albert Hall de Londres, en 1999. 14.20 L'Ile au trésor aa TF 1 22.00 Bêtes de concours. Forum 21.00 Les Grandes Batailles du passé. 14.00 Planète Terre. Avec Des'Ree ; Faithfull ; Raoul Ruiz (France, 1985, 15.00 Navires de légende. 23.00 Le Retour du loup. Forum Mafeking 1899-1900. Tom Jones ; Chrissie Hynde ; 115 min) &. Cinéstar 1 13.50 Les Feux de l'amour. Tsushima 1905. Histoire 15.55 Cirque. Elvis Costello ; Sinead O'Connor ; 15.20 Rocambole aa 14.40 Croisière à haut risque. MAGAZINES 22.00 Sous la mer. La Mer Rouge. Voyage George Michael ; Jacques de Baroncelli (France, Téléfilm. Brian Trenchard-Smith %. 16.50 C'est le goûter ! Les Frères Flub. 22.25 Les Musiques Paul McCartney. Canal Jimmy 1947, 125 min) &. Cinétoile 16.20 Passions. 17.05 Alf. 23.20 Mascagni. 17.30 100 % question 2e génération. 13.05 Faxculture. Nids d'aigle. TV 5 de James Bond. Planète 15.20 L'Amant sans visage aa 17.10 Beverly Hills. Intermezzo de L'Amico Fritz. Par Vincent Sherman (Etats-Unis, 18.05 A la recherche 17.00 Les Lumières du music-hall. Quatre mariages 18.00 Sous le soleil. 22.30 Correspondances. l'Orchestre philarmonique de Berlin, 1947, v.o., 115 min). TCM des animaux perdus. Ivan Rebroff. et un enlèvement. Voyage dir. Herbert von Karajan. Mezzo 19.00 Le bigdil. Johnny Hallyday. Paris Première 16.05 Le Secret de Roan Inish aa 18.57 Météo. 22.30 Tueurs en série. Kenneth McDuff, 23.45 Katia Kabanova. 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. 17.10 Ecolomag. Montagne et parcs ème John Sayles (Etats-Unis, 1994, 19.00 Tracks. le tueur au balai. 13 RUE Festival de Salzbourg 1998. Avec & 20.50 Rêve d'un soir. naturels : solution aux problèmes de l'Orchestre philharmonique tchèque, 100 min) . Ciné Cinémas 3 19.45 Météo, Arte info. 22.55 On the Trail of E.T. Odyssée 23.05 Sans aucun doute. cohabitation entre tourisme et dir. Sylvain Cambreling. Mezzo 16.05 L'Honneur d'un capitaine aa 20.15 Reportage. Du venin dans le sang. écologie ? Invités : Corinne Lepage ; 23.00 Les Femmes aux J.O. Pierre Schoendoerffer (France, 0.55 Les Coups d'humour. Yves Paccalet. LCI 0.05 Luke Slater. Eurockéennes, & 20.45 Quatre femmes à marier. [3/3]. Les temps changent. Histoire Belfort 2000. Paris Première 1982, 115 min) . Cinéfaz aa Téléfilm. René Heisig. 20.55 Thalassa. Escale au Cap-Vert. France 3 23.00 Enquêtes médico-légales. 16.40 Florence est folle FRANCE 2 22.15 Grand format. 21.00 Rock Press Club. A un cheveu près. 13ème RUE THÉÂTRE Georges Lacombe (France, 1944, Une synagogue à la campagne a 95 min) &. Ciné Classics & Les Rolling Stones. Canal Jimmy 23.20 Geoffrey Oryema. Muzzik 13.50 Maigret . Film. Franz Rickenbach. & 21.00 Recto Verso. 23.40 L'Amour foot. 18.15 Le Mystérieux 15.30 L'As des privés . 23.25 Timeless, Bottomless, 23.20 Les Aventuriers de l'altitude. Pièce de Robert Lamoureux. Festival aa & aa Charles Berling. Paris Première [3/6]. La tour de Moïse. Planète Docteur Korvo 16.20 Nash Bridges . Bad Movie Otto Preminger (Etats-Unis, 1949, 17.10 La Famille Green. Film. Jang Sun-Woo (v.o.). 23.50 Histoires d'avions. TÉLÉFILMS v.o., 95 min) &. Ciné Classics DOCUMENTAIRES Les chasseurs russes. Planète 17.55 Le Groupe. 23.50 Une histoire de la médecine. 18.15 Maria, fille de Flandre. 18.30 Hartley, cœurs à vif &. M6 16.50 Les Churchill. [1/3]. Philippe Triboit &. TV 5 Aristocrate et aventurier. Odyssée [7/8]. La médecine, conquérante 19.20 Secrets d'été. 13.35 Une famille en détresse. ou conquise ? Histoire 18.55 La Couleur du base-ball. 19.50 Un gars, une fille. Téléfilm. Neema Barnette &. 17.25 Le Rendez-vous Kevin Ridney Sullivan &. CinéCinémas 23.50 Mémoire vivante. 20.00 et 0.55 Journal, Météo. 15.20 Demain à la une &. de Caluire. La Chaîne Histoire Le familistère de Guise ou l'utopie 19.05 Mission secrète sur Internet. 16.10 et 1.20 M comme musique. réalisée. La Chaîne Histoire Eric Champnella. Disney Channel 20.50 Une soirée de polars. 17.35 Anciennes civilisations. Boulevard du palais. 17.30 L'Etalon noir &. [13/13]. La Chine. Planète 0.00 Pilot Guides. 19.10 La Marche de Radetzky. Le Prix d'un enfant &. & Cuisine du monde : Vietnam. Voyage Axel Corti. [1/2] &. Histoire & 17.55 Le Clown . 17.50 Le Zoo, toute une aventure. 22.30 La Crim'. Le saigneur . 18.55 Le Caméléon &. Zurich. Monte-Carlo TMC 0.25 Le Pouvoir de l'arc-en-ciel. Odyssée 20.35 Une image de trop. 23.30 A la Maison Blanche. & 19.50 et 1.15 L'Eté de Loana. 18.00 Le Musée du Prado. 0.50 Jean-Loup Sieff, Jean-Claude Messiaen . TMC La première dame sonne la cloche. 20.45 Prise d'otage sanglante. 0.15 Réparations. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Francisco De Goya peintre photographe. Canal Jimmy de l'insoutenable. Odyssée Jack Bender. RTL 9 20.05 Madame est servie &. 18.00 Les Légendes vivantes. L'oiseau SPORTS EN DIRECT 20.45 Quatre femmes à marier. FRANCE 3 20.40 Politiquement rock. indicateur des Ndorobos. Voyage René Heisig. Arte 20.50 Erreur médicale. 13.25 C'est mon choix. & 18.00 Histoires secrètes. 15.45 Basket-ball. Euro 2001 ( Poule A) : 20.50 Erreur médicale. Téléfilm. Laurent Carceles . & 14.25 Le Rêve impossible. % Dimanche sanglant. Chaîne Histoire France - Israël. Pathé Sport Laurent Carceles . M6 22.35 Profiler. Planète intacte . Téléfilm. Waris Hussein. 23.25 Modus operandi %. 18.05 A la recherche des animaux 16.45 et 1.00 Tennis. 20.50 Alien Nation. e 16.00 L'Ile fantastique. US Open (5 jour). Eurosport Kenneth Johnson. Série Club aaa 0.25 Burning Zone, perdus. Les kangourous 18.50 Brigadoon 22.05 Les Secrets du passé. Vincente Minnelli. 16.50 C'est toujours l'été. menace imminente. chez les Papous. La Cinquième 18.00 Basket-ball. Euro 2001 (poule C) : Traitement fatal %. Croatie - Yougoslavie. Pathé Sport Michael Lindsay-Hogg. Festival Avec Cyd Charisse et Gene Kelly 18.25 Questions pour un champion. 18.25 Cinq colonnes à la une. Planète (Etats-Unis, 1954, 115 min). TCM 20.15 Basket-ball. Euro 2001 (poule D) : 23.15 La Maison du désir. 18.55 Le 19-20 de l'information, Météo. 18.25 L'Actors Studio. Grèce - Italie. Pathé Sport Lucky Charleston. TF 6 20.10 Tout le sport. Sidney Lumet. Paris Première RADIO 20.45 Athlétisme. Golden League. 20.20 C'est mon choix ce soir. 18.30 Un siècle de musique d'orchestre. Meeting de Berlin (All.). Canal + COURTS MÉTRAGES 20.55 Thalassa. Escale au Cap-Vert. [3/7]. Couleur. Mezzo FRANCE-CULTURE 2.00 Court-circuit. 22.05 Météo, Soir 3. 18.30 Correspondances. Quatre mariages DANSE Louise. Nicolas Revoy. Arte 22.35 ONPP vu de la loge. 19.00 Concert (rediff.). et un enlèvement. Voyage 0.15 Les Envahisseurs. Labyrinthe. Iran :Aïcha Redouane. 19.00 Ils ont fait l'Histoire. 17.45 et 20.35, 23.30 Susto. SÉRIES 20.00 A la poursuite de Nicolas Bouvier. Pythagore. La Chaîne Histoire Chorégraphie de Jiri Kylian. Par le Nederland Dans Theater. Mezzo CANAL + 21.00 Microfilms (rediff.). 19.15 De mystérieuses 17.10 Beverly Hills. 21.40 Départ en lignes. 21.55 Roméo et Juliette. Celle qui criait au loup. TF 1 f En clair jusqu'à 13.40 22.10 Carnet de notes (rediff). civilisations disparues. Chorégraphie d'Angelin Preljocaj. 18.20 Hill Street Blues. L'ombre du Colisée. Planète Musique de Serge Prokofiev. L'ange déchu &. Monte-Carlo TMC 13.25 Le Zapping. 22.30 Les Cinq Temps de l'amour. Par le Lyon Opera ballet. Mezzo 19.45 Les Mystères de l'histoire. 18.30 Les Simpson. 13.40 Encore + de cinéma. 23.30 A voix nue (rediff.). Dossiers secrets La pilule qui rend sage &. Canal + 14.00 La Bostella a 0.05 Du jour au lendemain (rediff.). de J. Edgar Hoover. Chaîne Histoire MUSIQUE & 18.55 Le Caméléon. Affaire de famille. M6 Film. Edouard Baer . 0.40 Fiction (rediff.). 19.55 Journal d'un globe-trotter. 17.00 Le Trio Wanderer et Florent Héau. 15.35 Surprises. 1.00 Les Nuits (rediff.). Yukon. Odyssée 20.35 Sauveur Giordano. & Enregistré à la Cigale, à Paris, en 1999. Femmes en danger &. TSR 15.50 La Légende des animaux . 20.00 Pilot Guides. Cambodge. Voyage Quatuor pour la fin du temps, 20.50 Boulevard du palais. 16.20 Jet-Set FRANCE-MUSIQUES 20.05 Sur la route avec Ray Brown. de Messiaen. Muzzik & 20.30 Chronique & Le Prix d'un enfant . France 2 Film. Fabien Onteniente . 18.07 Sur tous les tons. Entre les lignes. Muzzik 18.05 Transclassiques 2000 (n˚9). des pauvres amants aa % 22.30 La Crim'. Le saigneur &. France 2 18.05 Lain. Weird . 20.00 Les Schubertiades. 20.15 Reportage. Du venin dans le sang. Arte Trio en la mineur pour piano, violon Carlo Lizzani. Avec Gabriele Tinti, f et violoncelle, opus 50, de Tchaïkovski. 23.35 Deuxième chance. Antonella Lualdi (Italie, 1954, En clair jusqu'à 20.41 Thomas Quasthoff, baryton, 20.30 Pierre Mendès-France. Planète Par le trio Wanderer. Muzzik Moving on (v.o.). &. Téva v.o., 105 min) &. Ciné Classics 18.30 Les Simpson &. Justus Zeyen, piano. Œuvres de Schubert, Schulze, von Goethe. 21.00 Mille milliards de dollars aa 18.55 + de cinéma. 23.00 Soirée privée. Henri Verneuil (France, 1982, 19.30 Le Journal. 130 min) &. Cinétoile 19.45 Le Zapping. 22.20 Tarzan, l'homme-singe aa RADIO CLASSIQUE WS Van Dyke (Etats-Unis, 1932, 19.55 Les Guignols de l'info. 100 min). TCM 20.05 Burger Quiz. 18.30 Intermezzo. Odyssée Ciné Classics Arte 22.40 Deux aa 20.45 Athlétisme. Golden League. 20.40 Les Rendez-vous du soir. Claude Zidi (France, 1988, Meeting de Berlin Salomon, violoniste et impresario. 95 min) &. Ciné Cinémas 2 Œuvres de Haydn et Salomon, 16.50 Les Churchill 20.30 Chronique 22.15 Une synagogue 22.45 Minute en +. J.S. Bach, C.P.E. Bach, Mozart, Les Anglais ont l'art de traiter les des pauvres amants aa à la campagne a 23.20 La Maison de l'horreur aa 23.00 Le Talentueux Monsieur Ripley Haydn, Cherubini, Beethoven. William Malone (Etats-Unis, Film. Anthony Minghella %. grandes figures de leur histoire A Florence, en 1925, Mario, jeune Ils ne sont plus que sept, sept petits ? 22.40 Les Rendez-vous du soir. 1999, 90 min) . Canal + Vert 1.15 Un sac de billes a Œuvres de Berlioz, Saint-Saëns, avec un singulier mélange d'admi- typographe, loue une chambre vieux de Delémont (bourgade de 23.25 Timeless, Bottomless, Film. Jacques Doillon &. Ravel, Fauré. ration, de familiarité, de distance chez le maréchal-ferrant d'une rue Suisse romande), pour maintenir mauvais film aa Jang Sun-Woo (Corée, 1997, et d'ironie, qui n'appartient qu'à populaire. C'est l'époque où le parti coquette leur synagogue mangée par v.o., 120 min). Arte SIGNIFICATION DES SYMBOLES eux et convient parfaitement au fasciste impose son pouvoir par la le salpêtre. Partis à « l'étranger »... 0.00 Passion fatale aa Les codes du CSA Les cotes des films légendaire Winston Churchill. Une violence. D'après un roman de c'est-à-dire à Bâle, toute proche..., Robert Siodmak (Etats-Unis, & Tous publics aaa On peut voir série en trois volets (suite les Vasco Pratolini, le cinéaste commu- leurs enfants ne prendront pas la relè- 1949, v.o., 120 min). TCM % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer 0.15 Les Oiseaux aaa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique semaines prochaines), qui dresse niste Carlo Lizzani a fait revivre ve. La communauté israélite de Delé- Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1963, ? ? ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + le portrait du « Vieux Lion » passé une période noire de l'histoire ita- mont s'éteint. Sur un ton pudique et 120 min) . Ciné Cinémas 2 ! Public adulte DD Dernière diffusion à la postérité pour son rôle pen- lienne. Avec Marcello Mastroianni tendre, Franz Rickenbach fait revivre 0.50 La Maison du diable aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Robert Wise (Etats-Unis, 1963, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants dant la période 1940-1945. et Giuliano Montaldo. l'histoire de ce petit monde. 110 min) ?. Canal + Vert 24

VENDREDI 31 AOÛT 2001 Grève à la SNCF en région Guerre d’Algérie : François Mitterrand a approuvé PACA après une agression plus de trente exécutions de militants du FLN Deux jeunes auraient tenté de défenestrer une agente Selon une enquête du « Point », l’ex-garde des sceaux n’a demandé la grâce que de 7 condamnés sur 45

LES CONTRÔLEURS SCNF de alors produite, les suspects refu- EN 1981, François Mitterrand, tion, à l’ancien registre des grâces trice des Français d’Algérie, chauf- que réel, et les avis du ministre de la région Provence-Alpes-Côte sant d’obtempérer, puis prenant président de la République, faisait de la chancellerie – dans lequel fée à blanc, réclame ouvertement la justice, comme ceux du ministre d’Azur ont déclenché une grève la fuite de voiture en voiture. Les abolir la peine de mort en France. figure, à partir de 1950, le nom de l’exécution des condamnations à de la défense, également consulté, de vingt-quatre heures après jeunes gens auraient ouvert une En 1956, François Mitterrand, gar- l’ensemble des condamnés à mort des combattants pour l’indé- engagent pleinement le gouverne- l’agression d’une agente, mer- porte et menacé de sauter. Au de des sceaux, approuvait les pre- mort – ainsi qu’à 141 dossiers de pendance. Après une période d’hé- ment. Selon Le Point, sur les 45 exé- credi 29 août, vers 9 h 30, à bord cours de l’empoignade, l’un d’en- mières exécutions capitales de mili- condamnés exécutés. A partir de sitation, relatée par l’historienne cutions qui ont eu lieu pendant d’un train entre Marseille et Tou- tre eux aurait saisi le bras de la tants du FLN pendant la guerre ces documents, ils ont procédé à Sylvie Thénault dans son livre Une son passage à la chancellerie, Fran- lon. Deux jeunes, dont un mineur contrôleuse pour essayer de la d’Algérie. Une enquête du Point,à un « décompte » des combattants drôle de Justice - Les magistrats çois Mitterrand a émis sept avis de quinze ans, ont été interpellés pousser hors du train, avant que paraître dans ses éditions du exécutés pendant la guerre d’Algé- dans la guerre d’Algérie favorables à la grâce – qui n’ont en gare de Toulon et devaient les fraudeurs récalcitrants soient 31 août, révèle que l’ancien prési- rie, en excluant les musulmans con- (éd. La Découverte), le gouverne- pas été suivis. Six autres avis sont être déférés, jeudi, au parquet à maîtrisés. dent, alors ministre de la justice damnés par des cours d’assises civi- ment Mollet décide de faire appli- manquants – dont celui sur la con- l’issue de leur garde à vue au com- Les syndicats CGT et CFDT des dans le gouvernement de Guy Mol- les pour des crimes de droit com- quer la peine capitale. Le 19 juin damnation de Fernand Iveton, mili- missariat central. Ils devaient être contrôleurs ont appelé à un arrêt let, ne s’est pas opposé aux premiè- mun, ainsi que les membres de 1956, les premiers « rebelles » tant communiste, le seul Européen mis en examen pour « tentative de travail de vingt-quatre heures, res mises à mort des combattants l’OAS. Il ressort de ces dossiers, – Abdelkader Ferradj et Mohamed parmi tous ces condamnés à mort, d’homicide volontaire, violences à partir de 19 heures mercredi, musulmans. « Sur 45 dossiers d’exé- parfois extrêmement sommaires Ben Zabana – sont conduits à dont le dossier ne figure pas – ou volontaires et tentative de vol ». pour protester contre cette agres- cutions lors de son passage Place – « quelques feuillets, deux ou trois l’échafaud. plus ? – aux archives. Selon les déclarations de la victi- sion « intolérable ». Ils réclament Vendôme, François Mitterrand ne bristols griffonnés » –, que 222 mili- Au final, ce sont donc 32 exécu- me – une contrôleuse âgée de qua- davantage de filtrage dans les donne que 7 avis favorables à la grâ- tants du FLN auraient été soit COUP D’ENVOI AUX REPRÉSAILLES tions auxquelles François Mit- rante-trois ans qui a bénéficié trains et les gares ainsi que l’em- ce (6 autres avis étant man- guillotinés, soit fusillés entre 1956 De l’avis des historiens, ces exé- terrand ne s’est pas opposé en tant d’une interruption de travail de bauche de contrôleurs et quants) », écrit l’hebdomadaire. et 1962. cutions donnent le coup d’envoi que garde des sceaux. Un simple huit jours –, l’un des jeunes gens d’agents de surveillance. Ils esti- Avant la célébration des vingt ans Les premières exécutions corres- des représailles du FLN et signent « avis défavorable au recours » ou aurait tenté de la jeter hors du ment que l’incident de mercredi de l’abolition de la peine capitale, pondent au passage de François l’escalade de la violence. De son « recours à rejeter » signé de sa train après l’avoir frappée. « montre à quel point les condi- le 9 octobre 1981, cette enquête, Mitterrand au ministère de la jus- bureau de la Place Vendôme, à main suffisait à sceller le sort des Quelques instants plus tôt, les tions de travail se sont dégradées » établie sur des archives inédites du tice, du 1er février 1956 au 12 juin Paris, François Mitterrand ne s’op- condamnés. L’hebdomadaire en deux garçons – de jeunes et rappellent que plus de ministère de la justice, constitue 1957. Une année charnière de ce pose pourtant qu’à très peu d’exé- publie un fac-similé, où l’on peut errants – avaient été contrôlés cinquante agressions ont eu lieu un nouvel éclairage accablant sur qui ne s’appelait pas encore la cutions. Certes, la décision de gra- reconnaître, comme un testament sans titre de transport, et une depuis le début de l’année dans l’attitude de l’ancien chef de l’Etat guerre d’Algérie, où le gouverne- cier un condamné à mort revient, posthume, son écriture haute et voyageuse avait signalé la pré- les trains de la région Provence- pendant la guerre d’Algérie. ment fait voter les « pouvoirs spé- en dernier recours, au président de tremblée, si caractéristique de l’an- sence de voleurs aux trois contrô- Alpes-Côte d’Azur. Les auteurs de l’enquête, les jour- ciaux » et où la justice civile cède le la République, René Coty. Mais, cien président de la République. leurs, deux femmes et un homme. nalistes François Malye et Philippe pas devant la justice militaire. A sous la IVe République, le pouvoir Une première altercation se serait f www.lemonde.fr/securite Houdart, ont accédé, après déroga- l’époque, la frange ultra-conserva- du président est plus honorifique Cécile Prieur Des restes de pesticide dans les melons et les choux-fleurs LE MOUVEMENT pour les droits Commission européenne pointe du et le respect des générations futures doigt les risques de toxicité aiguë liés (MDRGF) dénonce à nouveau la pré- à l’absorption de certains de ses pro- sence de pesticides dans les légu- duits : « Les informations pour le mes. Cette association avait déjà sou- méthamidofos sur les poivrons mon- ligné les résultats inquiétants de la trent qu’il y a des raisons de craindre première partie d’une enquête de un danger pour la santé, notamment l’office alimentaire et vétérinaire de pour les groupes à risque comme les la Commission européenne, selon jeunes enfants. » laquelle la moitié des fruits, légumes Le MDRGF demande donc que et céréales consommés en France soient retirés au plus vite du marché présentaient des résidus de pestici- « ces pesticides particulièrement dan- des (Le Monde du 8 août). Dans un gereux et que soient mises en place des communiqué publié mercredi pratiques agricoles plus respectueuses 29 août, le MDRGF analyse les résul- de l’environnement et de la santé tats de la deuxième partie de cette humaine ». En réponse à la publica- enquête qui porte sur la présence de tion de la première partie de cette vingt pesticides dans les choux- enquête, le ministère de l’agriculture fleurs, les grains de blé, les poivrons avait relevé que l’échantillon retenu et les melons. pour la France, notamment des poi- Selon cette enquête, certains pesti- vrons d’Espagne et des poires de cides ont été retrouvés dans un pour- Belgique, n’était pas « représentatif centage important des échantillons : de la consommation nationale ». l’endosulfan dans 31,7 % des poi- Cette polémique intervient alors que vrons et 27,3 % des melons, le la Commission européenne a prévu manèbe dans 28,9 % des choux- d’interdire d’ici à 2003 près de la fleurs, et le methamidofos dans moitié des pesticides actuellement 20,7 % des poivrons. Le rapport de la utilisés dans l’agriculture. Perquisitions en Belgique chez les antimondialisation DES PERQUISITIONS visant, semble-t-il, des militants antimondialisa- tion ont eu lieu à Liège et à Bruxelles, mardi 28 août. Officiellement, les enquêteurs de la police fédérale belge agissaient à la suite d’une plainte de la Société des transports publics bruxellois (STIB) visant le Collectif sans ticket, un groupement qui incite les usagers du métro et des auto- bus à voyager sans titre de transport. A Liège, les policiers auraient tou- tefois saisi, à l’occasion de leur visite, toutes les données de l’association Barricades, qui coordonne les rencontres antimondialisation qui se tien- dront lors du sommet des ministres européens des finances les 21 et 22 septembre. Ecolo, l’un des six partis du gouvernement, a estimé qu’il y avait « abus de pouvoir » et « parti pris » de la part de la police. Cet inci- dent survient alors que le premier ministre, Guy Verhofstadt, tente de calmer les esprits avant les futures réunions européennes qui vont se tenir dans son pays. – (Corresp.) DÉPÊCHES a ESPACE : une fusée Ariane 4, dans sa version 44L, a mis sur orbi- te, jeudi 30 août, le satellite de télécommunications Intelsat 902 pesant près de 5 tonnes. C’était le 143e vol du lanceur européen, le sixième cet- te année. Le prochain vol du lanceur lourd est prévu fin novembre. a POLLUTION : le seuil des 180 microgrammes d’ozone par mètre cube d’air par heure a de nouveau été enregistré, mercredi 29 août, dans le nord-est des Bouches-du-Rhône et dans l’ouest du Vaucluse, notamment autour de l’étang de Berre et à Avignon. Nîmes (Gard) et sa région ont aussi connu des pics de pollution. La « période d’alerte » a cependant été levée sur Nîmes dès 22 heures. a TROISIÈME AÉROPORT : le conseil général de la Marne a offi- ciellement déposé la candidature de l’aéroport de Vatry (Marne) pour accueillir la nouvelle plate-forme aéroportuaire internationale dans le Grand Bassin parisien. a TUNNEL DU MONT-BLANC : le ministre des transports, Jean- Claude Gayssot, a annoncé jeudi, sur Radio-Bleue - Pays de Savoie, que quatre réunions publiques auront lieu à l’initiative du préfet de la région Rhône-Alpes à Annecy, Chambéry, Chamonix et Saint-Jean-de-Maurien- ne, afin de préparer la table ronde qu’il doit présider le 1er octobre à Lyon sur la réouverture du tunnel du Mont-Blanc. Lors du référendum offi- cieux du 19 août dans trois communes de Savoie, 97,23 % des votants avaient dit « non » au retour des camions dans la vallée de Chamonix.

Tirage du Monde daté jeudi 30 août 2001 : 509 765 exemplaires. 1-3 VENDREDI 31 AOÛT 2001

DOSSIER CLAUDE CHANG-RAE LEE LA RENTRÉE CARLO FRANÇOIS Michel Houellebecq, ESTEBAN page V DES ESSAIS GINZBURG FEJTÖ Marc Trillard, François page IV page VI page VII page IX Jonquet, Clotilde Escalle et Stéphane Zagdanski : les tourments sexuels de la rentrée pages II et III Houellebecq et l’Occident

texte qui se lise d’une seule traite. » Même si la polémique Ce qui a été fait. Est-ce cette capacité à révéler ce engagée autour qui dérange qui a incité Michel Houellebecq à s’installer dans une de « Plateforme » s’est toute petite île (200 habitants), au sud-ouest d’une île qui est elle- i vous aimez la littératu- focalisée sur le tourisme même à l’extrême ouest de l’Euro- re, il serait sage de ne pas écouter sexuel, ce n’est en rien pe, autrement dit en Irlande ? Sceux qui disent : « Michel Houelle- « Non, j’ai toujours eu un rêve d’Irlan- becq pense que… » Car Plateforme de, où je suis venu souvent, répond-il, n’est pas un essai sur le tourisme le sujet principal de ce mais je n’avais pas d’argent. Grâce sexuel (lire nos informations dans aux Particules élémentaires, j’en ai Le Monde daté 26-27 août), ni un roman féroce qui, autour eu un peu. J’ai d’abord habité texte de propagande en faveur de Dublin, puis depuis novembre 2000, cette pratique, ni un réquisitoire d’un amour imprévu, je suis ici, à Bere Island. » contre elle. C’est un roman. On s’est Tous ceux qui se font une idée beaucoup offusqué, en Occident, en nous balade entre ennui, simpliste de ce romancier – il serait 1989, de voir les intégristes musul- un provocateur gratuit, un crypto mans refuser de comprendre que plaisirs frelatés, fasciste ou un stalinien masqué (on Les Versets sataniques de Salman a entendu tout et son contraire), un Rushdie étaient une fiction, et voilà Occidentaux accablés « petit Blanc » déguisé en écrivain à qu’avec des conséquences moins succès – devraient peut-être visiter dramatiques heureusement, cer- et intégristes ce magnifique coin d’Irlande, du tains, aujourd’hui, en France, font côté de la baie de Bantry (prendre la même chose. Plateforme (drôle de de toutes sortes l’avion jusqu’à Cork, une voiture titre, mais Houellebecq avoue sa fas- puis le ferry), pour comprendre que cination pour la trouvaille de Faulk- tion la Thaïlande, on se prépare à Michel Houellebecq ne peut être ner, Pylône) est pourtant bien un l’amour tarifé. Il est donc très facile réduit à ces clichés. Il est déconseillé roman, excellent, dont le sujet n’est de prévoir que tout se terminera de prendre d’assaut sa maison blan- pas principalement le tourisme très mal. Cependant, il faut d’abord che et rouge – il l’a baptisée The sexuel, mais, sur fond d’« état des s’attarder du côté de ce narrateur. Il White House –, bien que ce soit l’an- mœurs en Occident au début du se prénomme Michel, il a la quaran- cien bed and breakfast de l’île et XXIe siècle », l’éternelle affaire des taine, mais ce n’est pas Michel que les numéros soient restés sur relations complexes entre les hom- Houellebecq, contrairement à ce les portes des chambres. Le lieu est qu’on entend dans la rude, les hivers sont sans doute bouche de ses adversai- assez longs et les tempêtes fréquen- Josyane Savigneau res, comme si les mil- tes, pourtant il est très apaisant de lions de paroles pronon- rendre visite à ce drôle d’homme mes et les femmes, de leur perpé- cées pour expliquer que le narrateur qui parle peu, mais joue volontiers, tuel malentendu, annulé, comme de la Recherche n’est pas Marcel en compagnie de son épouse Marie- cela arrive parfois dans une vie, par Proust n’avaient servi à rien. «Le Pierre, avec leur jeune chien, un cor- une vraie rencontre, une sorte de choix du “je” ou du “il” était ma seu- gi affectueux. miracle ou de révolution intime, le vraie hésitation en commençant ce S’il fallait un seul mot pour dési- une histoire d’amour. Inattendue, livre, explique Michel Houellebecq. gner Michel Houellebecq, ce serait mystérieuse, évidente, comme elles J’ai su que je voulais le “je” en décri- sûrement « placidité », et cela le PHILIPPE MATAS/OPALE le sont toutes. vant, dès les premières lignes, le per- rend insupportable à certains car Thaïlande, puisque celui-ci ne devait che, on chercherait en vain un hom- trié en France, va revenir en Thaïlan- Le seul ennui est que Houelle- sonnage. “Je ne me suis pas marié”, cette placidité est présente dans sa s’engager avec personne, ne jamais me à admirer. Les femmes occiden- de pour y disparaître. « Rien ne survi- becq ne fait pas dans le « trouba- dit-il, et il précise qu’il s’est toujours manière de décrire la société, de s’impliquer. Et finalement elle devient tales sont décrites comme demeu- vra de moi et je ne mérite pas que dourisme ». En très bon romancier, “retenu d’acheter un animal domesti- regarder « au milieu du monde » – une héroïne aussi importante que rant « très attachées à la séduction » rien me survive ; j’aurai été un indivi- il regarde la société. Il ne cherche que”. Moi, je suis marié et, justement, expression figurant sur la couvertu- lui. » et affrontées à des hommes qui du médiocre, sous tous ses aspects pas à la juger, mais à la décrire, avec j’envisageais d’acheter un animal re du livre, au-dessus du titre. « “Au Avec Valérie, qui mène une belle « au fond s’en foutent de séduire » et (…) On m’oubliera. On m’oubliera un humour terriblement noir. Alors, domestique, ce que j’ai fait. Alors j’ai milieu du monde”, c’est une sorte de carrière, d’abord à Nouvelles Fron- « veulent surtout baiser ». Pour « bai- vite. » Evidemment, pour le happy l’image n’est pas forcément plaisan- choisi d’écrire au “je”. Le “je” est vrai- série, que j’ai commencée avec Lan- tières, puis dans un groupe hôtelier ser », payer est plus facile que sédui- end, il faudra repasser un autre jour. te pour tous ceux qui préfèrent « ne ment flexible, on peut avec lui expri- zarote (1). J’ai d’ailleurs écrit ce texte mondial, mais « n’aime pas ce mon- re. Selon le narrateur de Plateforme, Quand on lit cette phrase, on est à pas savoir ». « Je ne hais personne, mer aussi, au mieux, ce qu’on vou- sur Lanzarote en Thaïlande en 1999. de dans lequel on vit », le Michel de le « deuxième sexe » devrait pro- la dernière page d’un excellent précise Michel Houellebecq. Je suis drait ne pas être. » Je pensais faire un livre par pays. Plateforme va, certes, réaliser des gressivement être gagné par cette roman, féroce, qui, autour d’un dans une forme d’éloignement, de dis- La polémique déclenchée par son Mais la Thaïlande demandait de plus « Eldoradors Aphrodite » – le nom tentation : « A mesure que les fem- amour imprévu et menacé, nous a tance. C’est la position normale de précédent roman, Les Particules élé- amples développements. J’ai d’abord parle de lui-même –, mais surtout mes s’attacheront davantage à leur baladés, entre ennui, misère sexuel- l’écrivain. Je sais qu’il y a une deman- mentaires (Flammarion, 1998), com- envisagé un roman très ambitieux, découvrir… la lune, à savoir qu’«ily vie professionnelle, à leurs projets per- le, plaisirs frelatés, voyages calibrés, de pour que je condamne ce que je me celle qui commence à propos de avec des personnages thaïs, unique- a la sexualité des gens qui s’aiment et sonnels, elles trouveront plus simple, Occidentaux accablés et intégristes décris, notamment le tourisme sexuel. Plateforme, ne suscitent chez lui ment. J’ai même tenté d’apprendre la la sexualité des gens qui ne s’aiment elles aussi, de payer pour baiser. » de toutes sortes. Un concentré de Je n’ai aucun jugement négatif. Ni sur qu’un ennui poli : « J’aimerais que langue, mais je crois que c’est assez pas. Quand il n’y a plus de possibilité Mais ce Michel-là est assez ignorant début de XXIe siècle, un nouveau tel ou tel comportement, ni sur l’hom- ce que je pense, moi, personnelle- difficile et je ne suis absolument pas d’identification à l’autre, la seule en psychologie féminine, sa stupeur « voyage au bout de la nuit », plu- me en général. Dans le pire des cas, je ment, n’ait aucune importance. C’est doué. Puis j’ai lu quelque part que le modalité qui demeure, c’est la souf- en découvrant qu’il peut vivre heu- tôt sinistre, raconté avec une luci- suis compassionnel. » le sens de l’époque qui cherche à tourisme devenait la première activi- france – et la cruauté ». Il est très reux avec Valérie le prouve. Il est dité cruelle. Mais passionnant, sauf En outre, son narrateur, célibatai- m’entraîner dans la polémique. Moi, té économique mondiale et ça a cris- paradoxal, si l’on a lu Plateforme, sidéré de constater qu’elle ne pique à souhaiter, en voulant ne rien voir, re assez léthargique, vivant « dans je crois que j’écris bien et c’est ma tallisé quelque chose. Mais ensuite, d’appeler les femmes à se mobiliser jamais « de ces crises nerveuses vivre de slogans et de préjugés sur un pays marqué par un socialisme vraie fierté. Cela dit, il semble que au fur et à mesure qu’on avance dans contre Michel Houellebecq, comme imprévisibles qui rendent parfois le le bien et le mal. apaisé », fonctionnaire au ministère j’aie une espèce de flair de cochon le récit, les perspectives se modifient, l’a fait Philippe Gloaguen, du Guide commerce des femmes si étouffant, si de la culture, n’est pas vraiment fait pour déceler ce qui va faire mal à la des personnages qu’on voyait comme du routard, offusqué des propos pathétique ». Sa découverte de fem- (1) Flammarion, 2000. pour avoir une existence heureuse société autour de moi. » Et pour le secondaires prennent de l’importan- tenus sur son guide dans le roman mes dépourvues de toute hystérie et vivre un bel amour. Mais plutôt, dire, avec netteté, et un sens très sûr ce. C’est le cas de Valérie dans Plate- (Le Monde du 22 août). Valérie est est comme une révélation… PLATEFORME en effet, pour les voyages organisés de la composition d’un roman. forme, qui, au départ, n’était qu’une en effet une figure entièrement posi- Belle romance, qui finit tragique- de Michel Houellebecq. où se conjuguent des solitudes, et « Oui, j’ai beaucoup pensé à la cons- silhouette dans une galerie de por- tive, pour laquelle le narrateur ment dans un attentat islamiste. Flammarion, 370 p., où, si l’on choisit comme destina- truction, je voulais tenter d’écrire un traits, lors du voyage du narrateur en éprouve amour et estime. En revan- Valérie est tuée et le narrateur, rapa- 20 ¤ (131,20 F). II / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 dossier b

Jean-Pierre Enjalbert, Nelly Arcan, Catherine Clémenson (« Le Monde L’extension du domaine de la lutte des livres » du 24 août), Michel Houellebecq, Marc Trillard, contre le chaos sexuel Clothilde Escalle, u sexe dans la littératu- presse anglaise qualifie le roman de ne Deforges en savent quelque oubliettes le tentateur qui a donné de ce qu’il a refoulé dans son incons- re, il y en a toujours eu. « fosse d’aisances »). chose), sont bannis L’Epi monstre de par l’écriture et l’imprimé une sorte cient. D.H. Lawrence disait que Stéphane Zagdanski Aristophane chez les C’est masqués qu’Apollinaire Nicolas Genka en 1961, Oh ! Violette de laissez-passer à des conduites jus- « personne ne sait ce que le mot obs- Grecs, Catulle, Horace publie Les Onze Mille Verges et Ara- ou la politesse des végétaux de Lise que-là impensables ou tenues pour tel- cène veut dire » : à cause, selon Hen- et d’autres auteurs etD Ovide chez les Romains, Boccace gon Le Con d’Irène, et si Marcel Jou- Deharme en 1969. C’est sous pseu- les, même s’il démontre qu’elles sont ry Miller, du vide impossible à com- et Chaucer au Moyen Age, l’Arétin à handeau fait paraître (en « édition do que, la même année, André Har- funestes, ou s’il les condamne ouverte- bler entre « l’art qui devient de plus témoignent de la Renaissance...C’est à partir de la confidentielle ») son sulfureux Tiré- dellet (Steve Masson) publie Lour- ment. » C’est dans cet éternel conflit en plus sensationnel et la vie qui Réforme, quand les Luthériens con- sias, si Jean Genet fait de Notre- des, lentes et Bernard Noël (Urbain entre l’individuel et le collectif, entre devient de plus en plus ennuyeuse et l’importance damnent le péché de luxure, que la Dame-des-Fleurs un grand livre de d’Orlhiac) Le Château de Cène. l’artiste et la société dans laquelle il désespérée » (2). répression commence à s’abattre la littérature homosexuelle, Henry Auteur (sous le pseudonyme de vit, que l’Ulysse de James Joyce a cho- Ainsi va la guerre. D’un côté les de la libido dans la sur ce type d’écrits. Auteur d’un trai- Miller, à l’appétit sexuel trop insatia- Pauline Réage) d’Histoire d’O, apolo- qué, que Philip Roth s’est vu repro- « situationnistes de l’intime », ceux té De la Dignité des braguettes,le ble pour les Etats-Unis, voit interdi- gie du plaisir sexuel dans la soumis- cher les symptômes du complexe de qui parlent librement, exaltent com- rentrée littéraire. misogyne Rabelais est condamné re sa Crucifixion en rose. En France, sion et les châtiments corporels Portnoy, que l’évocation du sexe me Catherine Millet un désir « plus par la Sorbonne parce qu’il mêle où selon l’avocat des années jugée « immorale » en 1954 par la apparaît pour l’écrivain comme l’un chaud que le néant » ou dénoncent Plutôt que d’une guerre des considérations anticléricales à 1950-1960 Me Maurice Garçon, « il Commission du livre, Dominique des passages obligés de ce qu’il a crûment comme Houellebecq ou ses indécences. A partir de 1625, n’y a pas de livres interdits, il n’y a Aury exalta dans La NRF le Lolita de urgence à dire de ses perceptions Sollers (3) la misère sexuelle et le des sexes, date du procès de Théophile de que des éditeurs condamnés » (Eric Nabokov dans ces termes : «La physiques, et pour le corps social cynisme érotique du monde mar- Viau, accusé de libertinage, les Losfeld, Jean-Jacques Pauvert, Régi- société offensée prétend jeter aux comme une odieuse manifestation chand ; en face, les « grands désillu- ils sont le symptôme ouvrages « érotiques » ne peuvent sionnistes », ceux qui voient d’un plus être édités que clandestine- sale œil les audaces d’un art voué à de la guerre éternelle ment. Le XVIIIe siècle est considéré franchir les interdits (« obscénités comme l’âge d’or du libertinage sans limites », tonne Paul Virilio), de l’artiste contre le français, mais c’est anonymement les adversaires d’une jouissance à que Diderot publie ses Bijoux indis- bas prix, les profanateurs impu- corps social crets en 1748. Des censeurs royaux dents d’un ordre où le mâle réfrène veillent à prohiber toute exaltation ses pulsions en public et où la fem- de l’art de jouir...et favorisent le tra- me reste figurante des ébats. «La fic illicite de ces livres, vendus société libérale avancée, c’est le « sous le manteau ». Diderot racon- mariage discret du Proxénète et du te que « plus la proscription était Puritain, écrivaient Pascal Bruckner sévère, plus elle haussait le prix du et Alain Finkielkraut dans Le Nou- livre, plus elle excitait la curiosité de veau Désordre amoureux. On interdit le lire, plus il était acheté, plus il était moins et on tolère davantage; mais la lu» (1). C’est à cette époque que le permissivité est cette forme de censu- fait l’apologie des re qui autorise les déviances à condi- libertines que «le vice amuse », que tion qu’elles se résignent à leur sta- Restif de la Bretonne conçoit l’Anti- tut. » Justine en réaction aux textes du ter- A l’heure du Viagra, la littérature rifiant marquis et afin de « préserver française est-elle en proie à des les femmes du délire de la cruauté». émois incontrôlables ? Elle est en Le XIXe siècle découvre l’érotolo- phase avec le monde qui la produit, gie orientale et le Kama Sutra, mais ici digne de ce qu’elle prône ou c’est dans la clandestinité que circu- dénonce, parfois contaminée par lent les ouvrages truculents de Théo- une télé-peep-show et une mode phile Gautier. Les Fleurs du Mal de du trash à profit (4). Baudelaire est condamné en 1857 Jean-Luc Douin pour « offense à la pudeur », pen- dant qu’en Angleterre, Swinburne (1) Lettre sur le commerce de la librairie. ou Sellon publient leurs odes à la fla- (2) L’Obscénité et la loi de réflexion. gellation sans être inquiétés. Sacher- (3) Voir Femmes, sur le manège alié- Masoch exalte en toute impunité La nant de la comédie sociale et sexuelle, Vénus à la fourrure et les « batteuses et Passion fixe, sur une certaine sexuali- d’hommes ».LeXXe siècle sera celui té post-sida. du développement de la littérature (4) Ce n’est pas le cas de Catherine érotique féminine (de Colette à Breillat qui, dans le très osé Pornocra- Anaïs Nin), des scandales initiés par tie (Denoël), plonge son héroïne dans Pierre Louÿs, de D.H. Lawrence, un huis clos avec un homosexuel pour « prêtre joyeux » de l’amour, dont la éradiquer ses létales pulsions masculi- Lady Chatterley découvre l’orgasme nes et l’initier à la sacralisation du sexe avec un garde-chasse (en 1928, la féminin. BERNARD DESCAMPS Le dérapage de Stéphane Zagdanski Ardeurs et fureurs tropicales Son propos : célébrer le corps, la voix, le sexe de la femme africaine. Mais loin Charge contre le colonialisme et, insidieusement, contre les fantasmes sexuels des qualités de ses livres précédents, le romancier sombre dans le banal et la pesanteur des Occidentaux, le roman de Marc Trillard est une célébration de la « femme universelle »

en image, on devient de plus en Une belle Blanche garde l’impéné- chasser les jeunes filles, les voir dan- dans Les Mystères de Paris. La jeune NOIRE EST LA BEAUTÉ plus perplexe. Quand Antoine trabilité de la pierre précieuse (…) CAMPAGNE DERNIÈRE ser à l’orée du plaisir, contempler maîtresse du spahi de Pierre Loti de Stéphane Zagdanski. observe des filles dans une boîte C’est probablement parce que de Marc Trillard. leur sexe « dans le chien et loup du n’était autre qu’« un fruit savoureux Ed. Pauvert, 308 p., de nuit, regardant une piste de l’Odalisque d’Ingres échappe à cet- Phébus, 296 p., 19,50 ¤ (127,90 F) crépuscule ». Le corps des gamines du Soudan, mûri hâtivement par le 18,75¤, (123 F). danse – « On dirait des héliotropes te luminosité pétrifiée que Baude- insolentes le ravit, il en nourrit ses printemps tropical ». Sans oublier la aguichés par les ondulations d’un laire supposa qu’il avait pris “une oujours en quête d’eldora- rêves sur le plancher de sa varangue. « maîtresse esclave » exaltée par n peintre, Antoine pur soleil sonore qui dilate la scène négresse” pour modèle. J’ai saisi, dos, et vigilant quant aux Sigismond Hass, lui, le haut fonc- Maupassant, « cachée dans le fond Lomazzo, né à Paris en en une clairière où elles se rassem- à force d’observer Marie lustrer enfers qu’ils peuvent tionnaire de la République nommé de ma maison, à la façon des femmes 1943, et qui, soudain, blent maintenant. » A la page 100, son corps avec de l’huile d’amande sécréter, Marc Trillard par la Rue Oudinot, Paris 7e,a des harems ». se voit « vieilli »,ren- on est déjà désespéré : « Sa fines- douce, la profondeur de la remar- T(prix Interallié 1994) imagine un îlot d’autres ambitions. C’est un commis Prosterné devant Albertine, « nue contreU une belle Centrafricaine, se d’esprit s’était acérée comme un que de Baudelaire (“certaines svel- perdu sous les tropiques, « particule de l’Etat musclé, qui succédant à un sous la robe d’initiée que le miel et Marie. Il découvre non seulement glaive à la meule du malheur, se tesses”, avec la trouvaille inouïe volcanique émergée au large du conti- préfet aux champs débonnaire et l’eau-de-vie collent à son ventre », une voix et un corps singuliers, polissant sous les impitoyables étin- du pluriel) ». Là, fugitivement, on nent originel africain », terre françai- tolérant, affirme en gants blancs sa offerte à des délices que n’auraient une autre manière d’être au mon- celles de mille meurtrissures. » Et croit avoir retrouvé Stéphane Zag- se où l’on parle babiamento, un volonté de faire respecter la souve- point désavoué Cendrars, Segalen de, mais aussi un autre univers, puis, quelques lignes plus loin : danski, puis on retombe dans la savoureux créole. Un bureau de pos- raineté nationale sur un sol sidéré. ou le jouisseur Gauguin, qui surent, en plein Paris, celui des Africains. « Je la pénétrai le plus doucement pesanteur. Jusqu’à une fin mélo- te, une mairie, une brigade de la gen- (Le protocole de son intronisation, eux, exalter des Africaines ou Tahi- « Aucun personnage de ce roman possible, sa vulve humide happa dramatique – altercation avec des darmerie nationale : Manatara, le vil- avec reptilienne réception officielle, tiennes la « distinction et la nobles- n’est inventé. Ils existent tous, mais mon sexe comme une bouche qui policiers, cécité du narrateur-pein- lage de brousse où habite son héros, est une somptueuse satire.) Obsédé se »,la« pureté solide » et l’« harmo- ailleurs, autrement », précise Zag- cherche son air au moment de s’as- tre, après un coup de matraque Victor Levantin, médecin, « pourrait par l’ordre, ce pharisien ne va pas nie raphaélique », Victor Levantin danski – on se demande bien phyxier. » sur la tête, Marie renvoyée en être une quelconque commune de tarder à réprimer une culture qu’il est un amant respectueux des rites pourquoi – juste avant le prolo- Afrique où elle mourra du sida… Basse-Normandie ou des Deux- prétendait respecter. Il proscrit l’en- locaux. Nul mépris ici pour la sauva- gue du livre. Mais, si l’on a aimé QUESTION DE STYLE Mais qu’est-il donc arrivé à Sté- Sèvres ». Sauf qu’il y fait épouvanta- registrement en mairie des prénoms geonne en quête de rut, la négresse ce qu’écrit cet écrivain depuis dix Bien sûr, il faut dire que c’est phane Zagdanski pour qu’il déra- blement chaud, que la végétation d’origine indigène, bannit le babia- « à croupe tendue » décrite jadis par ans déjà (et c’est son dixième un texte qui veut célébrer le pe ainsi ? Où est passée son allé- dévore les édifices, qu’une Jeep res- mento des lieux publics, interdit la Paul Morand, mais un accord de livre), si l’on a pensé qu’il était corps, la voix, le sexe de la femme gresse de ton, son goût du para- te encore une attraction susceptible danse dite du mapouka, « parade corps et d’âme avec la population l’un des plus doués des moins de noire et entraîner le lecteur dans doxe, son humour, sa revendica- d’attirer meute de chiens et bandes d’amour et pantomime du coït ». bafouée. En décidant de tracer une quarante ans (il est né en 1963), un monde inattendu et inconnu tion d’être « un juif glorieux » (De de gosses, exaltés par la mécanique Avec maestria, Marc Trillard use route de béton à travers l’île, de on n’est pas au bout de ses pei- des Blancs. Mais qu’est-ce qu’un l’antisémitisme, Julliard, 1995). du sorcier. Le lieu, ce paradis d’ordi- de sa formidable veine romanesque souiller l’éden, le préfet déclare la nes. roman en dehors de la manière Serait-ce votre faute, lecteurs, naire ville morte à 1 heure moins le en terrain miné. D’un côté, il dénon- guerre, têtue, et la répression, mor- Comment, derrière ce bon titre, dont il est écrit ? Voilà une ques- qui, en dix ans, ne l’avez pas quart de l’après-midi, vit une effer- ce une politique coloniale, l’obscu- telle. Levantin va s’installer dans le Noire est la beauté, Stéphane Zag- tion sur laquelle les critiques se reconnu ? S’est-il dit qu’il fallait vescence inhabituelle : le journal rantisme de la bonne conscience de quartier indigène, rejoindre le camp danski a-t-il pu écrire un roman si divisent. Certains pensent que cesser d’être ce « premier de la local annonce l’arrivée d’un nou- l’homme blanc acharné à porter la de sa Lolita insoumise, adopter le lourd, et banal, en dépit du des sujets passionnants ou des classe », virtuose, ironique, féro- veau préfet. (sa) civilisation outre-mer. Il revisite combat des insurgés « nés-pays ». sujet ? On lui connaissait une ten- personnages bouleversants peu- ce, décapant – vitaminé à l’éner- Victor Levantin est en exil volon- toute une mentalité conquérante, le Et goûter l’euphorie des « nuits de dance à la préciosité, mais quand vent faire passer le style au gie de ses « pères », celui de l’inté- taire. La métropole l’ennuie. Il se credo de l’homme blanc persuadé sève, de formation séminale, de multi- il usait de métaphores, c’était très second plan. Mais comment être rieur, Philippe Sollers, et celui de sent délié de son mariage, peu d’affi- que les mœurs occidentales sauve- plication dans le ventre de la jun- calculé, comme dans Miroir amer ému par « des personnages » qui l’extérieur, Philip Roth et affir- nités avec ses concitoyens, pas le ront les « terres vierges » de la bar- gle ». A la fin du massacre qui (Gallimard, 1999). Il qualifiait lui- ne sont que mots si l’écriture est mant « avoir plus d’un tour dans moins du monde concerné par barie. De l’autre, il semble entrete- endeuille une ethnie (Campagne der- même le style de ce roman de cacophonique ? son Œdipe » –, pour écrire un l’identité française. Il s’est installé là nir le cannibalisme sexuel des Euro- nière est aussi une formidable épo- « métallisé, métaphorique et Il y a toutefois dans Noire est la roman populaire ? Si cette histoi- où l’enchantent les feuilles de bana- péens en goguette dans les contrées pée), Trillard célèbre le triomphe de froid » (« Le Monde des livres » beauté quelques beaux passages, re pouvait plaire à ceux qui n’ont nier, dans un recoin de jungle où il « païennes ». Il y eut, souvenons- « la femme. Universelle, rédemptrice, du 29 janvier 1999). Rien de tout dont celui sur les Noires et les pas encore lu Zagdanski, on en peut savourer la douceur de vivre et nous, toute une littérature attisant implacable ». Non sans auto-ironie cela ici. Dès le début du récit, Blanches : « Disons que l’expres- serait heureux. Sans doute un suc- cultiver la volupté. Il confesse que la le fantasme de l’Européen pâmé par sur sa luxuriance verbale. « Dianes quand le narrateur se brosse « les sion une belle plante semble avoir cès lui ferait-il le plus grand bien, raison première de son séjour ici est la femme prompte à l’étreinte sous négresses, mulâtresses, métisses d’épi- dents à la lueur goguenarde d’une été inventée pour les premières. Les pour qu’il revienne enfin, tel son goût de la rumba dans les dan- l’ardeur des climats. « Tout le monde ces… Non. Pas ça. Manque la sobrié- bougie d’appoint », on est très Noires appartiennent au règne qu’en lui-même. cings, de la peau des femmes prises a entendu parler de ces vampires té… » inquiet. De page en page, d’image végétal, les Blanches au minéral. Jo. S. de diablerie. Il n’aime rien tant que enchanteuses », écrivit Eugène Sue J.-L. D. littératuresLE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / III b Satyricon à Paname La mémoire intime et collective de Colette Fellous Avec « Jenny Bel’Air » Thierry Jonquet évoque Le long de l’avenue centrale de Tunis, l’auteur du « Petit Casino », poursuit une enquête très originale l’une des divas du Paris gay des années 1970 sur sa famille et l’histoire d’une colonie, signant assurément son livre le plus accompli

fié à l’écrivain. Un devoir de noire », écrit Miss HH 007 qui la sur- AVENUE DE FRANCE mémoire et d’honnêteté. JENNY BEL’AIR, nomme (dans Libération) « Jessie de Colette Fellous. Cette mémoire, Colette Fellous Une créature Norman du rire ». Elle chante Fun- Gallimard, 16,95 ¤ (111,18 F). lui donne souvent la forme de de François Jonquet. ny Girl en play back, sur des patins à l’énumération, au sens où la poé- Pauvert, 380 p., 19,81 ¤ (130 F). roulettes, avec des « mimiques de olette Fellous a écrit sa tesse argentine Silvina Ocampo bouche sataniques » : un tabac ! « chambre claire ». avait intitulé un de ses recueils oqueluche des cabarets Travesti troublant, la métisse aux Comme Roland Bar- Enumération de la patrie. Citer les interlopes de la belle épo- maquillages extravagants devient thes, dont un immense choses, les noms, les lieux, les per- que (celle des années une star de la nuit, tour à tour Divi- portraitC orne une affiche, annon- sonnes, les assembler pour trans- 1970, avant la Saint-Bar- ne suceuse et Notre-Dame-des- çant une exposition, elle ponctue former en ordre apparent le cha- thélémyC du sida), Jenny Bel’Air Fleurs, princesse du caniveau et clo- son livre, qui est une remontée os de la vie, ses tragédies, ses joue plusieurs personnages dans le charde de la jet-set, impératrice du dans un siècle de colonisation en résurrections. A son chemine- très bon livre que lui consacre Fran- Tout-Paris encanaillé, muse de Kol- Tunisie, de photos intimes ou ment littéraire, Colette Fellous çois Jonquet. Sublimant même par tès et Copi, grande gueule des publiques, dérobées à un imagi- met deux bornes : au début, 1879, ses airs de pitre, sa mine bitch, ceux punks, sœur noctambule de Grace naire collectif ou à un trésor fami- son grand-père, enfant, rendant qu’elle n’interpréta pas de son Jones et Alain Pacadis. Le diable au lial. Des couples sensuels : Laura une pomme tombée à un Français plein gré (enfance pas du tout rose corps, enduite de pancake nº24 de Antonelli et Giancarlo Giannini, qui le remercie, ne comprend pas bonbon, misère sociale et viols ; chez Max Factor, elle orchestre des dans L’Innocent, Sylvia Bataille et si l’adulte, un colon, lui dit « Mer- racismes, deuils et dépression). Cer- happenings branchés. Elle fait par- son partenaire dans La Partie de ci » ou « Voleur » et décide d’ap- née au fil d’une « joyeuse cacopho- tie des Gazolines, groupe de trave- campagne, sont là pour figurer le prendre la langue française. A son nie », son histoire (ses histoires, los hystériques engagées près du couple originaire, primitif, idéal, terme, 1967, l’un des quatre frères devrait-on dire) surgit du chœur de Fahr (Front d’action homosexuelle l’amour qui donne naissance, de l’auteur, étudiant en médeci- ses proches, des échos de ses fras- révolutionnaire). Elle squatte, para- au-delà des mots, dans cet espace ne, découvre, à ses dépens, que la ques, puis de son propre récit : un site magnifique, à la Goutte d’Or, visuel et intérieur que chacun por- Tunisie est devenue un Etat poli- crescendo poignant. « une médina chatoyante où l’on sor- te en soi et que la littérature, par- cier, ce qui ne cessera de s’aggra- Mi-biographie mi-autobiogra- tait dans n’importe quelle tenue sans fois, comme dans le cas présent, ver, comme on le sait, avec les phie, ce recueil de témoignages par- se faire emmerder ». Puis ce sera dans des moments privilégiés ans. Mais les réminiscences les fois dissonants, ce portrait d’une l’aventure du Palace, dont elle est d’inspiration qu’une œuvre peut plus fortes concernent « l’enfant

« créature » tour à tour « mondai- la mythique videuse : c’est elle qui heureusement réserver, restitue BRUNO GARCIN-GASSER de la peur », ce frère conçu pen- ne et militante, manipulatrice et naï- filtre les entrées, « habillée en super- avec un succès envoûtant. dant la guerre et sur lequel une ve », « capable des pires coups tor- doudou-concierge-star ». Miss HH C’est donc vers cet irréel amour trie qu’elle évoque ici encore avec La sensualité est partout présen- terreur de leur mère enceinte, au dus »et« vibrant comme une mère 007 (alias Helène Hazéra, Gazoli- que Colette Fellous commence précision, Le Petit Casino [1], sur te, et si bien résumée par un por- cours d’un bombardement, aura poule », dessinent le décor où se ne) raconte : « J’ai vu des lueurs affo- par se tourner. D’où vient l’en- ses vacances initiatrices à La Gou- trait d’une autre Tunisienne des conséquences tragiques, et, réfugia le milieu gay de la fin du siè- lées dans les yeux des malheureux fant qu’elle fut, de quelle associa- lette). emblématique, Claudia Cardina- inévitablement, un premier cle dernier, le cocon des ivresses, bourgeois venant de se faire refuser tion sentimentale et familiale ? Née au milieu du XXe siècle à le, arrachée par sa beauté excep- amour, auquel est mêlée la trahi- avant d’écouter une voix : hors du la porte d’un endroit chic par un tra- Ses parents se rencontrèrent par Tunis, dans une famille dont le tionnelle à la colonie italienne de son du père. « cimetière de l’absurde », la reine velo-nègre-en-charentaises. » Et la un mariage arrangé, situation qui fondateur ne parlait pas français Tunis pour régner sur l’écran et se L’Avenue de France, artère sym- des extravagances tombe le mas- fameuse nuit vénitienne de Karl n’était pas rare dans leur classe et dans son enfance, elle interroge fondre dans l’imaginaire des plus bolique qui traverse la ville colo- que pour raconter « une détresse, Lagerfeld où elle apparaît en mar- en leur temps. Il faut alors recons- autant l’histoire de la colonisa- grands cinéastes (Fellini et sur- niale et s’arrête au seuil de la ville une fantaisie, une caresse, une dou- quise portée sur une gondole par tituer, à partir de cet accommode- tion que son passé individuel. Cer- tout Visconti, dont un mer- arabe, est une voie intérieure leur, une fragilité, un élan de vie, des pompiers torse nu. ment matériel et social, qui fonde tes, des événements essentiels veilleux photogramme de Sandra qu’emprunte l’écrivain, témoin une vibration. La permanence des Cet immense Satyricon débou- un foyer, une autre forme de ont marqué la constitution de sa est reproduit). Mais c’est aussi un bienveillant, attendri, mais aussi choses ». Jenny Bel’Air s’est appe- che sur une révision déchirante. nécessité. L’auteur s’y emploie, personnalité : elle les raconte, vieil homme respirant un bou- perspicace et parfois cruel, d’un lée Alain Sepho à l’heure où elle Jenny évoque les disparus, la recon- sur un ton nostalgique, mais luci- avec cet art de l’évocation poéti- quet de jasmin, un enfant qui passé qui la poursuit, jusqu’au avait un père bagnard à Cayenne, version loin de la cour des « crèmes de, en cela si fidèle à son maître que que les auditeurs de son émis- joue malicieusement de l’accor- cœur de Paris, près de tous les une mère noire tombée dans le ruis- d’andouille », le changement de Barthes. Car il faut aller plus loin sion, le « Carnet nomade » (sur déon derrière une porte à demi déclassés, vendeurs à la sauvette, seau et l’alcool, à l’âge où elle vie. Branchée sur France Musique, que la complaisance autobiogra- France-Culture), lui connaissent, close et, encore, cette image pre- clochards, propriétaires éphémè- côtoyait les poules de la Porte Jenny ne sort plus que très peu de phique, Colette Fellous le com- mais chaque fait est immédiate- mière : Béatrice, la mère de la nar- res de bazars, quand la nuit tom- Maillot, habillée par l’abbé Pierre, chez elle, du côté de la rue des prend, comme, du reste, elle l’a ment rattaché à un horizon plus ratrice, si belle sur ce cliché fripé, be, quand il n’y a plus d’heure. où elle fait la folle à l’école, devient Abbesses, « boule de toc déguisée prouvé dans ses précédents vaste. Il n’est pas d’histoire singu- saisi par un photographe ambu- René de Ceccatty orpheline, s’enfuit de la DDASS, en reine de Saba ». Confession récits, presque tous issus d’expé- lière qui ne soit le reflet, et par- lant, éclatante d’un bonheur fait la manche, et se retrouve dans d’une déviante : « Au bout du comp- riences intimes, du travail de la fois même la conséquence direc- volontaire que démentent toute- (1) Parus respectivement à L’Arpen- un club de la rive gauche pour te, aux fidèles de la paroisse Saint- mémoire (Rosa Gallica, sur sa te, d’un environnement politique fois les souvenirs de l’enfant, teur (1989), chez Julliard (1992), chez homos, à singer Nicole Croisille : Jean, je préfère les prostituées des mère, Frères et sœurs, sur cette fra- et social. mais détentrice d’un pouvoir con- Gallimard (1999). « Et je me suis sentie femmmm- films de Fellini qui courent à l’église me… » Elle copine avec Jacques un cierge à la main et qui savent, Chazot, fascine par ses performan- elles, que Jésus était très tendre avec ces et sa méchanceté gouailleuse, ceux qui, à l’époque, étaient déjà ses numéros de Madame Loyale, dans le collimateur. Je préfère la cha- ses imitations cocasses d’opérettes pelle Sainte-Rita, où les “causes françaises ou de Judy Garland. désespérées” trouvent de quoi se Roman, état limite Roman(ce) « Elle danse, elle jacasse, elle fait un rafraîchir l’âme. » fashion-show, elle fait de la magie J.-L. D. Comme les précédents livres de Marie Darrieussecq, « Bref séjour chez les vivants » est hanté par l’absence. Mais l’entrée dans son univers est sévèrement défendue... en Super 8 avec une acuité magistrale, scru- D’ailleurs, il s’agit bien, encore une Les corps ivres BREF SÉJOUR taient l’horizon, celui dont la fois, d’une perte, d’une absence et L’AGRUME CHEZ LES VIVANTS mémoire et le désir dessinent la de ses conséquences dévastatrices de Valérie Mréjen. de Marie Darrieussecq. ligne. Au-devant de celle-ci, l’éten- dans l’esprit de ceux qui restent. La Ed. Allia, 80 p., 6,10 ¤ (40 F). Dans un roman empreint d’une sombre humanité, POL, 312 p., 19,06 ¤ (125 F) due était maritime, c’est-à-dire hors disparition est celle d’un enfant, de mesure, porteuse d’angoisse. Pierre, mort noyé. Autour de cette ncienne étudiante aux Clotilde Escalle oppose la sensualité à la décomposition arie Darrieussecq Darrieussecq avait, à l’intérieur de béance, la mère et les trois sœurs de Beaux-Arts de Cergy-Pon- avait prévenu : elle ne la conscience, déniché un lieu mou- Pierre – « trois filles, trois mystè- toise, Valérie Mréjen s’est Clotilde Escalle a appris à domp- referait pas sans fin le vant d’observation. Ce qu’on voyait res » : Jeanne, l’aînée, qui vit à Bue- déjà fait un nom comme OÙ EST-IL CET AMOUR ? ter ses cris. Et sous l’ironie glacée même livre. A quoi de ce point, ce qui était montré, nos Aires, avec Diego ; Anne est à Avidéaste, auteur de courts-métrages de Clotilde Escalle. aux phrases acérées perce une bonM ? Le succès spectaculaire de avait l’instabilité d’un paysage deve- Paris, trop loin de la mer et de sa que les critiques comparent aux tra- Calmann-Lévy, 184 p., humanité exigeante. Si lourds son premier roman, Truismes,en nu intérieur, métamorphosé, ou mère ; Nore (diminutif d’Eléonore) vaux de Sophie Calle. Elle a déjà 13,90 ¤, (91,20 F). soient-ils, elle aime tous ses person- 1996 (chez POL, comme les autres), mieux : anamorphosé, par les sensa- vit encore dans la maison de sa publié un texte remarqué, Mon nages, y compris Léonard, un gros le motif de ce succès et tous les tions et le vécu de l’observateur. mère, avec le nouveau mari de celle- grand-père (1), dont elle tira une ’écris pour mettre de l’ordre garçon flasque qui entraînera Eve malentendus, les paroles inconsidé- Ici, dans Bref séjour chez les ci, le père, John, étant parti un beau exposition photographique (« L’Ap- dans ma sensualité », affir- dans des jeux érotiques sadomaso- rées, blessantes, qui l’avaient vivants – titre superbe et parfaite- jour à Gibraltar. Toujours ces partement de mon grand-père »), mait Léon-Paul Fargue. Clo- chistes. La jeune fille se déflorera accompagné étaient mis de côté, ment adapté –, un degré supplé- points de rencontre et d’extrême chronique cocasse, audacieuse, tilde Escalle arpente, elle, les avec une bouteille avant de lui livrer oubliés, dès le deuxième titre, deux mentaire est franchi. Mais c’est plus avancée de la terre dans la mer… d’une vie de famille sans tabous J territoires du désir. Son qua- un corps dont il jouira avec une ans plus tard. Naissance des fantô- qu’un degré, c’est l’échelle dans son Les quatre femmes ne forment en sexuels. trième roman affirme un talent tota- satisfaction porcine. Eve donne l’im- mes n’exploitait pas un filon, fût-il entier ! La dunette mentale a elle- rien un chœur à l’antique. Leurs L’Agrume, chronique d’une auto- lement maîtrisé, qui n’a rien perdu pression de se détruire. En fait, elle scandaleux : bien au contraire. On même disparu d’où l’on comptabili- voix, qui ne s’unifient pas en une victimisation, reprend la « techni- de son insolence. Une fois encore, se construit au gré d’étreintes dont passait à autre chose, sans craindre sait les « grains de conscience ou de belle lamentation, sont discordan- que » originale de Valérie Mréjen : le Maroc offre l’hospitalité à l’uni- elle n’est pas dupe, mais qui la font de décevoir le public nombreux qui mémoire ». Il n’y a plus de lieu, plus tes. Rien ne les relie, sinon quelques un défilé de paragraphes, notes vers si particulier de cette romanciè- naître à sa liberté de femme. Léo- s’était pressé auprès de la truie par- d’appui, même fragile, pour consta- bribes de souvenirs, des images, des impassibles où les dialogues sont re. La fusion charnelle lui semble nard n’aura été qu’un instrument, fumeuse. Et donc de le réduire. Le ter et décrire les distorsions du réel. pensées. Le deuil même n’est pas ridiculisés, où sont traqués l’affect et être la seule opposition possible à un vulgaire objet, dont elle se débar- Mal de mer (1999), sur la même lan- On est en leur milieu, exposés aux commun. Parfois l’espagnol que le commentaire, et qui se succèdent la lente décomposition des corps. rassera à la première occasion. cée, apportait la confirmation de mêmes déformations, à de sembla- l’on parle en Argentine, ou l’anglais, comme séparés par ce qu’au cinéma La chair contre la charogne. Clotil- Eve se voudrait mante religieuse, cette volonté, tout en assurant les bles dérives. L’audace est de taille, la langue du père, surgit. Ce que on appelle le fondu au noir. C’est en de Escalle n’écrit pas pour choquer mais c’est sous les traits d’un cafard lecteurs qui avaient bien voulu et le lecteur est, c’est le moins qu’il Marie Darrieussecq a tenté d’écrire, femme d’image qu’elle décline, com- ou déranger, mais pour apaiser sa qu’elle se voit lorsque lui revien- accompagner Marie Darrieussecq puisse ressentir et avouer, dérouté c’est « ce degré ultime de disponibili- me en une série de plans fixes très respiration. nent en mémoire ses terreurs enfan- dans sa démarche, qu’une œuvre de ses voies ordinaires. Où donc té au monde qui est d’être, où qu’on brefs, montés sans effets, les séquen- Une adolescente, Eve, explore les tines. Khadija, la vieille domestique était bien en train de se construire, sommes-nous ? soit, dans son centre… s’atomiser ces du joli temps perdu par une ciné- mystères de son corps jusqu’à l’ivr- arabe, est la seule à connaître les de se révéler. Une œuvre qui ne dans la lumière, nulle part et partout, phile amoureuse d’un maniaque qui esse. Elle ne se cache pas et espère caresses qui l’apaisent et l’empê- devait rien à personne – même si la UNE PHYSIQUE DU MENTAL être un filtre à monde, une éponge ». ne pense qu’à la beauté des gestes même qu’on la surprendra alors chent de sombrer dans la démence culture littéraire de l’auteur est A l’intérieur des têtes, des cons- Pour tenter de mieux décrire ce esthétiques. L’Agrume est un petit qu’elle ondule « le sexe ouvert, enco- où les siens continuent de riche, indéniable –, qui avançait sur ciences, des esprits. Avant, on très étrange roman – on aura com- roman super-huit, à l’ironie très dis- re virginal, mais vicieux, paraît-il, si s’ébrouer. Clotilde Escalle dit magni- son propre chemin, le dégageant à aurait dit des cœurs ou des âmes. pris qu’il n’est pas question de le crète et l’émotion très fugitive, sur vicieux, ça se lit sur son visage ! ». fiquement le sursis dont chaque mesure, sans crainte des ornières ni Mais Darrieussecq est une clinicien- raconter –, on peut se figurer les pro- une double fascination : celle, sans C’est la seule manière qu’elle a trou- être dispose à condition de demeu- des accidents du terrain. Bref séjour ne qui ne se contente pas d’à-peu tagonistes, ces quatre femmes muet- issue, d’une fille pour un garçon qui vée pour résister à l’oppression fami- rer maître en toutes circonstances chez les vivants démontre avec éclat près. La poésie, s’il faut entendre tes, lèvres closes, gardant les ne l’aime pas, et celle d’un solitaire liale : le grand-père vautré dans ses de son destin ou de ce qui en tient que l’avancée de l’écrivain n’a rien par là le flou entretenu, n’est pas entrées du livre – au point de nous qui s’extasie devant un champ de pollutions nocturnes ; la grand-mère lieu. de prévisible, de convenu ou de fa- dans sa manière. Ce qui se passe ne empêcher, souvent, d’y pénétrer ! navets, collectionne les citrons moi- folle au point d’espérer que la mala- C’est en spectatrice désormais cile, rien qui puisse répondre à une se passe que là, dans l’espace sans Une savante machine romanesque sis, coupe les coccinelles en deux, die viendra au secours de son cer- qu’Eve assistera à la danse macabre demande de lecture confortable. contours où le mental devient physi- enregistre leurs pensées, leurs senti- étale ses pantalons à plat par terre veau ; le père gynécologue aux familiale. L’agonie de la grand-mère Mais si ces trois derniers livres que. Ce passage exige un langage ments, sans chercher à les reconsti- avant de dormir. Le couple s’échan- mains tremblantes qui traite ses en sera le morceau de bravoure. sont différents, dans la forme com- singulier, une syntaxe, une manière tuer mais en les livrant en l’état, pris ge des peaux de cacahouète, écoute patientes comme du bétail ; la mère, Chacun voudrait en avoir fini avec me dans la thématique, une hantise de dire… Qu’à cela ne tienne : l’écri- dans leur sphère propre. Cela don- Boby Lapointe, communique par qui en a assez de vivre dans « les cris, celle qui n’est déjà plus qu’une sor- commune les habite. C’est celle de vain les invente, avec ses lois : ne parfois les apparences de la sketches des Deschiens, multiplie les les vomissures, le pus, le sang »,et te de mauvais souvenir. Le grand- l’absence, du trou que laissent une «…son intérieur est aussi son exté- confusion. La ponctuation participe silences prolongés… jusqu’à la ruptu- rêve de trouver « la terre des écri- père prendra des photos obscènes personne, un corps, lorsqu’ils se rieur ; continuité : suivre le ruban de du désordre, celui auquel une bana- re, chute en vaudeville, comme dans vains » pour s’y précipiter ; Claire, de sa femme avant que la Camarde sont retirés ou évanouis. En nous soi comme celui de Moebius ». le syntaxe ne pourrait rendre jus- un Laurel et Hardy filmé par la nou- enfin, la sœur cadette, image de la accomplisse son œuvre, comme s’il qui avons charge de présence, quels La narration, au sens traditionnel tice. Mais rien n’est banal dans ce velle vague. perfection triste qu’Eve aimerait aspi- voulait emporter avec lui son ulti- effets ces défaillances dans le tissu mais aussi à tous les sens possibles, Bref séjour… que l’écrivain nous J.-L. D. rer dans ses fantasmes. « Mon Dieu, me désir. du monde produisent-elles ? Nais- est en phase d’implosion. Pas invite à partager. Inconfort assuré ! faites qu’ils meurent tous ! », dit-elle. Pierre Drachline sance des fantômes et Le Mal de mer, moyen d’y reconnaître ses petits. Patrick Kéchichian (1) Allia 1999. IV / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 littératures b Claude Esteban, poète du partage Essayiste, traducteur, passeur de poésie étrangère, spécialiste de littérature espagnole. Autant de registres qui ont nourri son œuvre riche et multiple. En témoignent trois ouvrages : un important recueil, et deux livres « jumeaux » qui empruntent la forme du poème ou de l’essai bref pour des hommages croisés

u fond de l’allée qui lon- ment le bilinguisme – cette « névro- Bouchet, Jaccottet, Deguy, Roubaud, aussi bien que, dans des traduc- ge des ateliers, il y a tou- se de Janus » qu’il évoque dans une affirme-t-il, ont mis autant de force, tions qui niaient la « malédiction de jours le cerisier du passionnante autobiographie lin- de conviction dans leurs traductions Babel », Jaccottet à Gongora, Japon, autrefois planté guistique, Le Partage des mots. Une que dans leur propre écriture. » Les Schneider à Akhmatova. Apar un ami de Foujita. Depuis tren- mère française, un père journaliste, premiers recueils d’Esteban, com- On doit à Esteban de nombreux te ans, au fil des saisons, Claude républicain espagnol : « La mesure me Terre, travaux du cœur, réconci- essais sur la peinture : L’Immédiat Esteban observe cet arbre, son n’était pas la même. Le français liaient l’homme et l’humus. Dans et l’Inaccessible, Traces, figures, tra- « honorable voisin », qu’une fugace m’environnait, mais la vie était scan- Critique de la raison poétique, il ima- versées, et un ouvrage récent, Trois floraison empourpre au printemps. dée par des proverbes du Quichotte ginait des « Géorgiques de l’impro- Espagnols, où il analyse, « fasciné », En revanche, il déplore, sur le socle relié à tranche dorée que mon père bable ». La couverture d’Argile,illa les écrits de Picasso en français. Il vide de la place Denfert-Roche- relisait chaque année. Ensuite le fran- confiait au peintre Ubac, « l’hom- va réunir des études sur Greco et reau, l’absence provisoire du Lion, çais l’a emporté haut la main quand me des sillons ». Aujourd’hui, dans sur Sanredam, « un peintre hollan- autre voisin familier dont il obser- je suis allé chez les jésuites, j’ai fait Morceaux de ciel, presque rien, il y a dais peu connu du dix-septième siè- vait récemment la patte gauche du grec, du latin. L’espagnol s’est plus d’impalpable : comme des pol- cle, qui a peint des églises vides ». tatouée de graffitis. Dans la mai- réduit à une sorte de secret un peu lens qu’emporterait un vent léger, Une démarche différente anime les inavouable. J’ai finalement décidé de sur « La dernière lande », hantée poèmes dédiés, dans Etranger portrait lui rendre sa dimension propre, et en par le Roi Lear. Dans l’admirable devant la porte, au sculpteur Chilli- même temps de l’écarter de moi, en « Fayoum », les morts « aux yeux da, à qui il avait consacré une mono- « La traduction, pour sorte que cela n’apparaisse plus dans peints » conservent, apaisés, les sen- graphie, et au peintre Bazaine, moi, c’est une manière mon expression personnelle. sations des vivants. « Lors de l’expo- dont une syntaxe brisée tente de de remercier ceux qui » Après l’Ecole normale, l’agréga- sition au Louvre, j’avais été boulever- restituer la manière. tion d’espagnol, c’est à Tanger que sé par ces visages qui semblaient « J’ai voulu approcher ces images m’ont beaucoup j’ai commencé assez tardivement, à émerger de l’ombre – un vieillard, peintes avec une sorte de sympathie apporté : les poètes du vingt-quatre ans, à écrire sans même une jeune femme parée de bijoux, un d’écriture. Ce n’est pas un commen- Siècle d’or espagnol, savoir que cela allait devenir de la enfant. J’ai senti le besoin de leur taire, mais un exercice parallèle. poésie, et la langue française s’est donner la parole .» J’avais déjà fait cela avec d’autres Jorge Guillén puis imposée immédiatement. C’est tou- Les deux volumes d’Etranger artistes comme Sima, dans le poème Octavio Paz » jours dans une seule langue que l’on devant la porte accompagnent, Cosmogonie. De même, les proses pense, que l’on ressent les choses. J’ai « avec d’autres signes », les par- de Soleil dans une pièce vide étaient son, des livres, des tableaux de toujours été très étonné des chemine- cours singuliers de poètes et de un accompagnement de tableaux de Sima, Szenes, Tal Coat, Ubac. ments de Cioran, de Beckett, de peintres. Pour saluer une relation Hopper, sans distance critique. Je ne « C’est triste, dit-il, d’être environné Nabokov, qui ont quitté leur langue « plus qu’amicale, vitale » avec fais plus autant de différence d’amis morts. » maternelle pour aller vers une autre. Dupin et du Bouchet, Esteban, qu’auparavant entre ces textes et Amis des artistes, peintres et poè- Cette langue, ils ont décidé de la outre des essais, leur dédie des poè- mes poèmes. La forme est différente, tes, qu’il a réunis, de 1973 à 1981, prendre, de l’apprendre en toute mes. « Ce n’est pas un pastiche, mais mais le « motus animae » est le dans la superbe revue Argile, pas- conscience, ce n’était pas dû à cette une manière de jouer un peu dans même. C’est une écriture qui investit seur de poésie étrangère, qu’il a tra- espèce de partage qui était le mien. leur tonalité. Dans Hommage et pro- la prose comme dans un chemine- duite et donnée à traduire aux plus » D’ailleurs, quand Beckett a com- fanation, Paz était parti d’un sonnet ment poétique. » grands poètes, découvreur de tex- mencé à écrire en français, il a refusé de Quevedo. C’est ce que j’ai voulu Monique Petillon tes qu’il a publiés dans la collection de se traduire lui-même en anglais. faire à ma façon avec Vallejo, un poè- GILLES LOULON POUR « LE MONDE » Poésie/Flammarion, Esteban a com- C’est une chose que je peux compren- te péruvien, déchiré, christique, que (1) Ceux de Diario inmovil, publié à muniqué, dans cette « belle expé- dre. Quand après plusieurs mois de Esteban à traduire, tant d’années Aujourd’hui, vingt ans après ses j’aime beaucoup, aussi bien qu’avec Milan en 1987. rience » éditoriale, les passions qui mutisme total, parce que le français durant, c’est le dessein, plus « pas- Poèmes parallèles, Esteban prépare Michaux, sur un mode un peu sarcas- orientent son œuvre personnelle était devenu pour moi la langue du sionnel » que littéraire, de rassem- un nouveau recueil où la « palette tique qui était parfois le sien. » MORCEAUX DE CIEL, de poète et de critique. On retrouve deuil, de la cassure, quelques poè- bler des voix qui lui ont rendu la linguistique » s’élargit : outre le cata- Des études évoquent Char, Rever- PRESQUE RIEN ces différents registres dans trois mes (1) me sont venus en espagnol, saveur du sensible, et donné le lan de Gimferrer, le portugais de dy, des « poètes qui ont maintenu un de Claude Esteban. ouvrages : un important recueil, et d’autres que moi ont traduit – Jac- goût d’une parole partagée. « La Pessoa, il y aura le galicien de Lor- dialogue permanent avec la peintu- Gallimard 192 p., 11,43 ¤ (75 F). deux livres « jumeaux » qui emprun- queline Risset en italien et Emma- traduction, pour moi, c’est une ca, le latin de Virgile, enfin l’an- re » – une tradition de la poésie tent la forme du poème ou de nuel Hocquard en français – ces poè- manière de remercier ceux qui m’ont glais, avec Eliot, « des langues, préci- française qu’ont poursuivie l’Ephé- ÉTRANGER DEVANT l’essai bref pour des hommages mes qui sont les miens et me sont beaucoup apporté : les poètes du Siè- se-t-il, auxquelles j’ai accès par moi- mère et Argile, éditées par Maeght, LA PORTE croisés. étrangers. C’est une parenthèse, qui cle d’or espagnol, Jorge Guillén plus même ». Il rappelle, dans de nouvel- différentes des « revues de manifes- de Claude Esteban. Ce spécialiste de la littérature s’est refermée avec Elégie de la mort tard, puis Octavio Paz, que j’ai con- les réflexions sur « l’acte fonda- te pur et dur qu’étaient Tel Quel et I Variations espagnole, ce « questionneur de poé- violente. » nu pendant trente ans. J’étais heu- teur » qu’est la traduction de poé- Change ». Dans Argile, Zao Wou-ki II Thèmes sie » a d’abord été un enfant né peu « Bien plus qu’un bilinguisme de reux de faire ces traductions qu’il sie, le précédent de Chateaubriand, répondait à François Cheng, Vieira éd. farrago, 96 p., 14,63¤ (80 F) et avant la guerre, vivant douloureuse- rencontre », ce qui a poussé Claude appréciait. » Nerval, Mallarmé. « Bonnefoy, du da Silva à Pessoa, Adami à Montale 96 p., 14,63 (80 F).

livraisons b L’HOMME DE MA VIE, de Jacques Bertoin « Poétique Les voix antérieures Nommer « Je » son héros : une certaine façon de raconter, avec l’auto-ironie d’une distance faussée, les heures chaudes d’une exis- tence soucieuse des effets de style. Jacques Bertoin révise à la Régine Detambel a créé un surprenant dialogue entre une femme hausse son parcours d’idéaliste de gauche en se dépeignant digne d’une « proposition d’écriture », inlassable rebelle et militant du des vécus » qui attend de naître et un homme qui va mourir plaisir à gogo. Apologue de l’émeutier insaisissable, de « l’élu qui remet en jeu son mandat », cet hypocondriaque rêve par écrit de Natacha accepte d’abord cet rent où se joue l’identité d’une fem- « botter le cul des petits chefs » et d’« investir les palaces habillé com- BLEU COBALT LA CHAMBRE D’ÉCHO étrange chemin de croix où souffrir me (de l’auteur ?). Cette « réhabili- me un pauvre ». On le suit de 68 au Chili d’Allende, on le voit émi- de Laure Fardoulis. de Régine Detambel. séparément supplée la fatalité de la tation » de Natacha est un autre grer de sa librairie de Saint-Germain-des-Prés à un centre culturel Ed. Joëlle Losfeld, 94 p., Seuil, 176 p., 13,56 ¤ (89 F). mort dont la grandeur ne rachète texte qu’accentue l’interprétation à Tunis. Un récit savoureux dont les femmes tissent une bonne par- 12 ¤ (80 F). rien. Elle est dépossédée de toute strictement professionnelle de la tie de l’intrigue, prismes de « souvenirs impubiques » (Julliard, ne scène brève clôt La possible compassion ou tendresse, psychiatre qui usurpe le rôle du lec- 226 p., 18,10 ¤ [118,73 F]). J.-L. D. ur la couverture du livre, la Chambre d’écho, le nou- d’éventuelle fusion sexuelle, de sa teur et le prive ainsi de sa participa- b LES MUSCLES, de Patrice Robin reproduction d’un portrait veau roman de Régine part d’existence. La sonnerie d’un tion subjective. Natacha sculpte Grand-père forgeron à la force légendaire, père aux épaules d’Her- d’homme de David Hockney. Detambel. Natacha, une téléphone gris tremble dans le silen- son destin comme elle sculpte son cule : le petit Victor grandit avec une idée fixe, changer son sque- Sans que l’on puisse dire pour- jeuneU femme de trente et un ans, ce de l’appartement où Natacha se corps et son œuvre picturale. La lette de sardine en carcasse d’athlète. D’un complexe, le gamin quoi,S il est parfaitement à sa place, avec déverse dans une bétonnière les recroqueville. Le téléphone devient troisième partie de La Chambre tire motivation existentielle et règle de vie. Tout lui est bon pour ce regard qui plonge dans un passé signes matériels des trois années le truchement du cérémonial impo- d’écho échappe à la fiction. C’est obtenir qu’un jour, son papa soit fier de lui. Enfance vouée aux inconnu, scrute « une solitude définitive qu’elle vient de vivre : photogra- sé par le mari. Leur amour est sus- un essai sur la solitude blessée séances de musculation, culte du sport, amours aux limites du et sans recours ». Comme La Piscine phies et radiographies, carnets inti- Kâma Sutra, naturisme et entretien régulier des trapèzes, deltoï- Molitor, le premier récit de Laure Far- mes et lettres… La psychiatre – qui Régine Detambel des, triceps et quadriceps… L’exercice tourne à l’hypocondrie lors- doulis (« Le Monde des livres » du veille sur la fiction – dirait qu’elle Découverte en 1990 par Christian Bourgois et que le père est rongé par un cancer généralisé. Hanté par la grais- 25 août 2000), Bleu cobalt raconte un enterre son amour sans issue pour Elisabeth Gille, Régine Detambel (trente-huit se superflue, rythmé comme un footing, souffle régulier, le récit apprentissage. Mais nous ne sommes Ferenc, son jeune mari. Mais cet ans) a déjà publié quarante ouvrages. Romans, de Patrice Robin est construit autour des obsessions du héros (les jamais que des « débutants immémo- exorcisme transforme la mort en essais (chez Stock, son remarquable Colette. efforts, les blessures, les soins), la terreur du genou qui craque ou riaux » et la leçon a un goût de cendres, socle de vie. Le béton ne sera pas Comme une flore, comme un zoo), poésie, livres du rein en compote. Victor en vient à écrire son nom à coups d’ab- de deuils, qui n’est pas amer cependant. total oubli. Avec l’aide de son nou- pour enfants, tout intéresse cette marathonien- dominaux, jambes tendues traçant les lettres d’un patronyme con- Le frère, le père – l’écrivain Michel Far- veau compagnon, Pascal, elle cons- ne de l’écriture. Les mots sont jouissance, cap- damné à apprendre que le plus beau des muscles s’appelle le cœur doulis-Lagrange dont « l’âme ludique » truit une table de ciment – lourde tation du monde, structuration de soi. La litté- (POL, 112 p., 11,43 ¤ [75 F]). J.-L. D. peuple « la vie d’événements improba- d’une mémoire muette – où elle s’ac- rature est sa passion (elle anime des ateliers b PLUS MARINE QUE LA MER, de Claire Fourier bles et sensationnels comme de fulgurants coudera désormais, libérée, rendue d’écriture). Douze de ses romans, dont La Ver- La petite musique de Claire Fourier, écrivain amoureuse de passages de réalités secrètes » –, sont à elle-même et à sa vocation de pein- rière, Le Ventilateur, Le Long Séjour, L’Amputa- l’amour, de la lettre d’amour, du vague à l’âme épistolaire et du encore présents. tre. tion… ont été édités chez Julliard ou chez Galli- « trajet amoureux stylo en main » (« J’écris à, donc je suis ») nous Laure Fardoulis s’adresse à un hom- La Chambre d’écho est l’un des mard. Le treizième, La Chambre d’écho, est revient avec ce journal de chevet d’une femme en proie au désir, me, Thomas, qu’elle a aimé, afin plus audacieux romans de la ren- publié au Seuil. « délectable tourment ». Terrassée par « les bouffissures de la conju- « d’abolir ces années tout à coup béantes trée. Au départ frémissante de con- galité », meurtrie par la mort d’un amant, Viola, sa narratrice, est entre nous ». En séquences brèves, les solations romanesques (l’amour pendu aux échanges vocaux. Régi- d’une jeune femme qui refuse de charmée, ensoleillée, par un homme rencontré dans une salle des souvenirs font surface, avec les figures serait plus fort que la mort !), l’histoi- ne Detambel insère un surprenant ressembler à « celles qui ont fini par ventes. Son texte, piquant, qui ne craint ni l’envolée romantique qui les ont habités. Des figures atta- re de Natacha et de Ferenc bascule récit dans ce qui était déjà un devenir amateurs éclairés de leurs ni la métaphore poétique la plus crue, exhale le charme d’une chées à des lieux et à des années : Paris, insolemment dans l’insolite. Ferenc, grand roman d’amour. La perfec- propres échecs ». Régine Detambel spontanéité frondeuse. Flux et reflux d’émotions, rythme marin, Villerville, le Luberon, Lisbonne ; les atteint d’un cancer incurable, décide tion de son travail d’écrivain décrit la quête d’un jumeau qui celtique, pour des confessions à peine déguisées sur le rapport années 1970… Ce n’est pas un exercice de s’isoler dans un lieu inconnu de – métaphores subtiles, images tiendrait compte de l’autoérotisme complice ou dévastateur avec l’amie, la mère, sur le cancer, l’élan, de nostalgie nourri d’images immobiles tous : « J’en ai marre de tes récon- vives, phrases décapantes, décryp- de sa partenaire mais lui donnerait les enlacements (éd. Jean-Paul Rocher, 196 p., 16,77 ¤ [110 F]). que l’on observerait du surplomb de forts en forme de mots d’esprit. J’ai tages cruels – explose dans ce dialo- la chaleur d’un corps frère (« Elle J.-L. D. l’âge adulte : « Les temps sont “proches” besoin d’une consolation qui m’illumi- gue tendu au-dessus de la mort. Le voulait une femme ou un adoles- b CE LIVRE N’EST PAS A LIRE, de Laurent Gervereau de nous. Immédiats. » ne. » Peut-il mieux dire qu’on est titre du roman trouve sa raison cent. »). Ferenc meurt. Pascal est Se voulant expérience et manifeste, « cet ouvrage décrit un temps Bleu cobalt est un beau livre d’amitié seul face à la mort et que la santé d’être. La voix devient chair. Le l’homme idéal qui affirme relatif. Il lance une littérature relative, celle d’un monde en mor- et de fidélité, le contraire d’un constat des vivants devient injurieuse. La sommeil du malade est écouté sur qu’« aucun homme n’est tout pour ceaux ». L’auteur de ce premier roman veut traduire la discontinui- de défection ou de déception. Il a la fra- première partie du roman dresse les la pointe de l’angoisse, ses soupirs une femme ». té du réel en imbriquant une dizaine de trajectoires et invite le lec- gilité de ce qu’il évoque et qui a fui. colonnes fissurées d’une tragédie sont piégés, la jouissance orale (et Ecrivain surdouée, affamée de teur à s’y promener, libre de suivre chaque histoire isolément ou Sans bruit, sans excès de langage, Laure antique. Présent mais déjà mort, digitale), deux fois solitaire, n’est vérité, Régine Detambel a fait de zapper : entre une Chinoise exilée en Australie, un couple de Fardoulis dessine le paysage d’années vivant mais déjà absent, Ferenc veut- plus que chuintements et chuchote- coexister son personnage et elle- Saint-Pétersbourg, les malheurs d’une Portoricaine, les aventures orphelines, avec ses mots échangés, ses il épargner la femme aimée, mainte- ments. même dans un récit suffisamment d’une aubergiste du Tyrol, etc. Le roman-somme revient ici sous illusions partagées, ses idéaux défaits. nir leur amour à son zénith ou infli- Régine Detambel ne se contente dense pour que cette confusion forme de bribes d’existence qui se succèdent, se croisent, tentent, Elle ne prend pas le lecteur à témoin ger à Natacha une douleur équiva- pas de ce roman à deux faces. Elle finale n’entache pas un roman rassemblées, de rendre la diversité tout comme l’ennui de la vie. pour lui vanter les mérites d’un passé lente à la sienne ? Le lecteur s’inter- exige de la fiction qu’elle soit superbe de violente lucidité : «… on L’intérêt de l’ouvrage ne se réduit heureusement ni à sa présenta- révolu, mais adresse à ceux et à celles roge, mais redoute que la psychiatre rédemptrice. Natacha cesse de par- peut impunément insulter l’âme des tion ni à sa structure (originale sans être révolutionnaire) ; il est qui voudront bien se reconnaître dans (ce personnage abusif rôde tou- ticiper à un rituel qui l’annule. Elle morts et des vivants, et des presque porté par un style alerte malgré quelques dérapages, et quelques cette évocation un salut affectueux, jours) ne parle de sadomasochisme : abandonne son mari. Jusque-là ber- morts et des presque vivants, sans réflexions bien vues. Pour qui ne manque ni de curiosité, ni de pour « ne pas achever l’histoire ». « Quitter quelqu’un est la pire chose cés par le duo d’amour, nous som- retenue aucune, ni bienséance… » patience… (éd. Sens & Tonka, 440 p., 18 ¤ [118 F]). St. L. P. K. qu’on puisse lui faire subir. » mes rejetés dans un univers diffé- Hugo Marsan littératures LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / V b Chang-rae Lee ou les figures grimaçantes du passé Emigré aux Etats-Unis depuis la guerre, M. Hata a tout de l’homme tranquille. Aimable, discret, sociable, malgré la solitude dans laquelle l’a plongé le départ de sa fille adoptive. Mais vont surgir de douloureuses et terrifiantes réminiscences

sa fille adoptive, Sunny, « deman- que sa maison. Une fort belle fait du mal, autrefois, ou que tu as LES SOMBRES FEUX de toujours la permission »,un maison, dans un style néo- trahie… », une autre bien plus DU PASSÉ « voisin idéal » qui cherche à Tudor, spacieuse, avec une vaste implacable de Sunny elle-même, (A Gesture Life) « évaluer le niveau exact de répon- pelouse et des massifs de fleurs, au plus fort de sa rébellion : «Je de Chang-rae Lee. se que l’on attend » de lui et ne se qu’il entretient seul et une pisci- n’ai pas besoin de toi. Je n’ai Traduit de l’anglais (Etats-Unis) départit jamais « d’une aimable ne dallée dans laquelle il nage jamais eu besoin de toi. Je ne sais par Jean Pavans, discrétion », quitte à acquérir avec grand plaisir, chaque jour. pas pourquoi, c’est toi qui avais Ed. de l’Olivier, 364 p., une sorte de « transparence physi- Tout cela, le lecteur le sait dès besoin de moi. Mais ça n’a jamais 21,34 ¤ (140 F). que ». Toujours d’accord en faça- les premiers chapitres, vague- été vrai dans l’autre sens. » de, il met fin ainsi à toute tentati- ment alarmé par cette apparence Et c’est du milieu de la guerre eXXe siècle avec ses guer- ve de discussion pour ne pas trop lisse, alerté par quelques élé- que va surgir par bribes le récit res et ses catastrophes, prendre parti, ne pas contrarier, ments « qui ne collent pas » : l’in- refoulé depuis si longtemps : l’ar- ses pays privilégiés et ne pas se retrouver en por- compréhension entre lui et sa rivée de cinq jeunes Coréennes – ses contrées dévastées, te-à-faux, il ne se permet jamais fille, cette histoire d’amour avec des « femmes de réconfort » – Laura fait naître une littérature de le geste qu’il aurait dû faire, par- Mary Burns qui a tourné court, battues, violées, contraintes à se l’immigration sans précédent. ce qu’il tient à sa réputation mais sans raison apparente. Il suffira prostituer, dans le camp militaire On connaît bien aujourd’hui cel- surtout parce qu’il n’ose pas, par- d’un incident – un incendie qu’il où il était affecté comme officier le des juifs de la diaspora, mais ce qu’il craint de bouleverser a lui-même malencontreusement de l’armée japonaise. Installées on découvre depuis quelques l’autre. Sociable, affable, il noue provoqué – pour déchaîner des dans des sortes de comparti- années celles d’autres popula- facilement des contacts, mais forces irrépressibles : les souve- ments, sans fenêtre, avec au tions déplacées ou parfois deve- muré dans sa conduite irrépro- nirs sont moins faciles à contrô- milieu une planche « faite pour nues étrangères sur leur propre chable, il est profondément seul. ler qu’un comportement ; ils vien- qu’on s’y allonge sur le dos, les jam- sol comme les Indiens d’Améri- nent heurter de plus en plus vio- bes écartées, en prenant appui sur que, avec chaque fois une nouvel- PEU ROMANTIQUE lemment la retraite de ce vieux les pieds ; elle était étroite à un le approche des mêmes interroga- Seul, il ne l’a pas toujours été. monsieur affable et circonspect, bout, s’élargissait là où devaient se tions : identité, appartenance, Dans les années 1970, ayant surgissant comme la tête du poser les épaules, puis se rétrécis- retour aux sources, assimilation, pourtant dépassé la cinquantai- nageur qui refait surface après sait au niveau de la tête. C’est dans intégration, reniement, trahison, ne, il a adopté une petite fille un plongeon, brisant le miroir cette position que les filles devaient culpabilité… coréenne. Non sans mal, on ne d’eau de la piscine. Comme il l’a recevoir les hommes ». Le lieute- Chang-rae Lee, arrivé à l’âge confie pas facilement un enfant fait, un petit matin frais, comme nant Kurohata – comme il s’appe- de trois ans aux Etats-Unis, en à un homme mûr et célibataire, l’a fait Mary Burns, la dernière lait encore – était chargé de « véri- 1968, quand sa famille a quitté et il lui a fallu soudoyer l’em- fois qu’ils se sont parlé. fier qu’elles restaient en état d’ac- Séoul, a magnifiquement abordé ployée de l’agence qui s’était complir leur devoir avec les hom- cette singularité, dans son pre- occupée de l’adoption. Mais Sun- A DISTANCE OU PRESQUE mes du camp ». Maladroit, ingé- mier roman, Native Speaker, ny est partie à l’adolescence, et il Ni son tempérament ni son édu- nu, absurde, empêtré entre ses paru en 1995, et non encore tra- est sans nouvelles d’elle, depuis cation ne le portent à l’introspec- sentiments pour l’une d’entre duit. A partir du récit du narra- treize ans. Il avait bien été tenté tion, il ne relate que des faits, elles et la rigidité militaire, la sien- teur de son deuxième roman, à une époque par l’idée de lui sans chercher à les interpréter, ne et celle des officiers japonais, M. Hata, un Américain d’origine trouver une mère : « J’avais incapable d’analyser et encore il s’égarera dans cette abomina- japonaise, ayant plus de soixante- essayé de me faire indiquer une moins de se remettre en ques- tion, mais ni le temps ni l’espace dix ans, installé depuis 1963, femme convenable par d’anciens tion. Même avec sa mémoire, il n’auront effacé sa stupidité, sa

dans une petite ville de l’Etat de amis retournés au Japon, m’en JERRY BAUER s’évertue à garder ses distances. culpabilité particulière ni sa hon- New York, il dépeint avec une remettant à un petit réseau de Mais cela n’est pas possible et te. Il lui faudra arracher le mas- cruauté d’une délicatesse extrê- camarades de guerre pour m’obte- véritable accord, une authentique filles, enjouée, vive, intelligente, petit à petit, sur le même ton que, perdre cette face impassible, me, le souci obsessionnel d’un nir un contact honorable, mais intimité s’installe entre nous ; car sensible, délicate, bien élevée… qu’il prend pour raconter son pour se libérer enfin des sombres homme, qui a mené une vie très peu de Japonaises d’un milieu il ne fallait pas que l’enfant souf- d’elle non plus, il n’avait plus de petit déjeuner, il dévoile des feux du passé. « d’obligations et de politesse », A correct ou aisé étaient désireuses fre d’une mauvaise entente entre nouvelles quand il a appris un zones de souffrance, une remar- Martine Silber Gesture Life, comme le dit le titre de quitter leur pays, surtout en cet- ses parents. » Toujours aussi rai- jour qu’elle était malade, puis que un peu acide de Mary Burns original, perpétuellement sou- te période de boom économique. sonnable et bien peu romanti- qu’elle était morte sans qu’il ait à propos de Sunny, « On dirait e Pour plus d’informations sur les cieux de faire ce qu’il faut pour Mon seul véritable espoir était de que. Cette femme, pourtant, il a été la voir. Il a vendu son com- que tu lui es redevable, et ça, je ne femmes coréennes victimes d’escla- « être adopté comme citoyen, col- tomber sur une veuve sans eu la chance de la rencontrer… merce d’appareillage médical qui parviens pas à le comprendre. Je vage sexuel : witness.peace- lègue ou partenaire ». Un homme enfants, à qui l’adoption d’une c’est elle, bien sûr, qui l’a abordé lui a valu son surnom de « doc- n’en vois pas la raison. Tu l’as net.or.kr/kindex.htm et Le Monde qui ne se fâche pratiquement petite fille paraîtrait une raison en premier. Une Américaine, teur » bien qu’il n’ait jamais été recueillie. Tu l’as adoptée. Mais tu des 30 juillet et 5 septembre 1992, jamais, qui essaye d’être bien suffisante pour venir aux Etats- Mary Burns, veuve, une femme médecin, à un jeune couple et agis comme un coupable, comme 16 avril et 6 août 1993, et 17 août avec tout le monde, qui même à Unis, en souhaitant aussi qu’un de son âge avec deux grandes depuis sa retraite, il ne lui reste si c’était une créature à qui tu as 2001. Retour en Irlande Pionnière de l’ombre et des Lumières Après « Les Saisons de la nuit », son beau roman « américain », Colum McCann Elisabetta Rasy emprunte les voies de la fiction pour tracer retourne au pays avec des nouvelles. Un genre où il déploie un style des plus subtil le portrait de l’Anglaise , figure de l’émancipation féminine

natal. L’Irlande, dès les premières s’entraîne à se déplacer en chemise tical Review où elle a rencontré d’émancipation que lui prodigue AILLEURS, EN CE PAYS lignes, prend le lecteur à la gorge. de nuit dans l’obscurité de sa mai- LA CITOYENNE DE L’OMBRE William Blake et ; Mary. Elle est d’autant plus éton- (Everything in This Country C’est l’été, les rivières sont en crue, son et qui, chaque soir, plonge une (L’Ombra della luna) elle a aussi défrayé la chronique née lorsqu’elle voit celle-ci renon- Must) « l’eau sent l’herbe », l’orage est couette dans la baignoire, empor- d’Elisabetta Rasy. par sa relation avec le peintre suis- cer à tous ses principes pour de Colum McCann. imminent. « J’étais dans la grange, tant la masse dégoulinante au pied Traduit de l’italien par se Füssli. Les Fillietaz, le couple l’amour d’un jeune Américain. Et Traduit de l’anglais (Irlande) j’attendais que des gouttes d’eau tom- de l’escalier puis la posant le long Nathalie Bauer, Seuil, qui l’héberge rue Meslay à Paris, c’est Marguerite, la narratrice qui, par Michelle Herpe-Voslinsky bent sur ma langue par le trou du de la porte, « au cas où la rue pren- 208 p., 18,29 ¤ (120 F). sont de braves gens mais qui ont avec un mélange de bon sens pay- Belfond, 144 p., toit », note la jeune narratrice du drait feu ». trop de biens au soleil pour ne pas san et d’éducation révolutionnai- 14,10 ¤, (92,50 F). premier récit. De Galway à Derry, Une réserve cependant : la tra- ans l’étonnante galerie avoir à redouter les tumultes de la re, fait de Mary un portrait les personnages de McCann sont duction, pourtant parfaite dans les de portraits féminins Révolution. En accueillant Mary contrasté. Elle la voit tantôt uel rapport entre aussi humbles et déshérités que la précédents livres, est ici souvent, que trace, livre après qui est une amie de Babeuf et de comme une image de la liberté tan- McCann et Leibniz ? terre qui les porte. Menuisiers, pay- imprécise et lourde, parfois même livre, Elisabetta Rasy, et qui fréquente tôt comme une victime en proie à Aucun assurément, mais sans, prisonniers, malades cloués aux limite du compréhensible. celuiD de Mary Wollstonecraft, « la certains chefs révolutionnaires, ils ses accès de mélancolie. Q à la lecture du jeune au lit, chanteuse à la petite semaine Que signifie par exemple, page 69 : citoyenne de l’ombre », occupe une espèrent bénéficier d’une protec- C’est vrai que Mary est double, Irlandais, l’interrogation tirant le diable par la queue : ils ne « Une pendule tictaquait avec une place à part. Parce que l’auteur de tion efficace. elle en convient : « J’ai essayé de fameuse du philosophe s’insinue parlent pas vraiment, ils sont là délibération douloureuse sur une La Revendication des droits de la Le calcul n’est pas très avisé puis- vivre dans la lumière du jour, mais doucement, puis s’impose peu à femme, paru en 1792, est une des que par ces temps troublés, il est je constate que mon cœur lui préfè- peu comme un leitmotiv : pour- Colum McCann grandes figures de l’histoire du assez mal vu d’entretenir des rela- re son mystérieux envers, et je suis quoi y a-t-il quelque chose plutôt Colum McCann est né en 1965 dans la banlieue féminisme et que toute l’œuvre tions avec des étrangers, particuliè- citoyenne des ténèbres de la nuit. » que rien ? Pourquoi y a-t-il un texte de Dublin. Après des études de journalisme, il d’Elisabetta Rasy tourne plus ou rement des Anglais. Du reste ils ne Mary Wollstonecraft considérée là où la phrase semble si lisse, si travaille pour l’Evening Herald puis devient cor- moins autour de cette question. comprennent rien à cette vieille comme une des figures fondatri- banale ? Comment fait-on une his- respondant de l’Evening Press, à Dublin. A dix- Mais à peine a-t-on dit cela qu’il Anglaise excentrique (elle a trente- ces à la fois du féminisme et du toire avec des miettes de vies misé- neuf ans, nourri de Jack Kerouac et de Gary Sni- convient de nuancer le propos car quatre ans), cette « souillon philoso- romantisme anglais, déchirée rables, trois bouts de chandelles der, il s’embarque pour l’Amérique avec, pour Elisabetta Rasy n’est ni une histo- phique », qui passe son temps à entre les lumières de la raison et sa psychologiques, et le tic-tac d’une tout bagage, un sac à dos et une bicyclette. rienne ni une essayiste, elle possè- noircir du papier dans sa chambre propre part d’ombre, elle qui pendule qui n’en finit pas ? Si l’arte Après avoir traversé le pays à vélo et exercé mil- de la faculté de choisir un thème ou à courir Paris au mépris du dan- rêvait de réformer le monde se povera existait en littérature, le petits métiers, il se lance dans l’écriture. Son ou un genre littéraire et de le sub- ger pour prendre des notes sur le retrouve « capturée par un damoi- McCann en serait un digne repré- premier livre, La Rivière de l’exil, un recueil de vertir complètement pour en faire vif ou discuter avec les cercles de seau, un aventurier aux cravates sentant – du moins pour ce qui con- nouvelles (Belfond, 1999 ; 10-18, 2001), reçoit un usage très personnel. Pas plus la rue Helvetius. voyantes » qui aura vite fait de cerne ses nouvelles, dont le charme le prix Rooney de littérature irlandaise (1994). que La Première extase, le livre l’abandonner seule avec la fille subtil et l’économie stricte font Mais ce sont ses deux premiers romans, Le qu’elle a consacré à Thérèse de DILEMME AMOUREUX qu’elle a eue de lui. quelquefois penser à un maître du Chant du coyote (éd. Marval, 1996 ; 10/18, 1998) Lisieux, n’est un ouvrage mystique L’atmosphère de ces temps révo- Après deux tentatives infruc- genre, irlandais lui aussi, William puis Les Saisons de la nuit (Belfond, 1998 ; ou La Fin de la bataille un roman lutionnaires est particulièrement tueuses de suicide, Mary se résou- Trevor. 10/18, 2000) qui marquent sa percée dans les historique, La Citoyenne de l’ombre bien rendue, la peur par exemple dra à épouser William Godwin, Autant dire la difficulté de rendre lettres anglo-saxonnes. Colum McCann vit n’est ni un essai sur l’histoire du et les différentes façons de l’affron- elle qui avait tellement combattu compte des trois récits qui compo- actuellement à New York. féminisme, ni une biographie litté- ter. « M. Fillietaz a peur, il est com- l’institution du mariage, et mourra sent ce livre. Les résumer serait raire. C’est un roman qui se coule me le chat qui s’immobilise à la vue à trente-huit ans quelques jours immanquablement les trahir. comme pour donner la réplique petite étagère au-dessus du four- dans le moule classique du genre du chien, ignorant s’il doit fuir à après avoir donné naissance à une Quoi ? Un cheval bloqué dans une aux narrateurs, des adolescents eux- neau » ? Ou, page 54 : « Il lui sem- tel qu’il était en vogue au XVIIIe siè- droite, à gauche, en haut ou en bas. seconde fille. Maria, ou le malheur rivière ? La fabrication de hampes mêmes peu loquaces, mutiques par- bla que les oiseaux faisaient paraî- cle (un voyageur empêché par (…) Les femmes, en revanche, d’être femme ! C’est le titre du der- de bois ? Un adolescent impuissant fois, en proie aux angoisses sour- tre la faim facile » ? Ou encore, l’orage rencontre dans une auber- savent où s’enfuir, ou tout au moins nier roman de Mary Wollstone- devant la grève de la faim entamée des que cause la violence alentour. page suivante : « La caravane gîta ge de campagne une femme qui, croient le savoir… » Pourtant le craft. Faut-il y voir la leçon qu’il par son oncle ? Derrière la minceur Impalpables elles aussi, la colère et gémit dans la fugue de vent qui tout au long de la nuit, lui fait le danger ne vient pas d’où on l’at- faut tirer du portrait de cette pion- de ces intrigues, il faut tendre et la fureur qui baignent ces pages. s’élevait de l’eau » ? On pourrait récit de ses malheurs) pour analy- tend. Au cours de son séjour pari- nière du féminisme victime de la l’oreille aux silences de McCann Des défilés orangistes aux marches multiplier les exemples. En ser à travers le destin d’une femme sien, Mary Wollstonecraft se lie guerre des sexes ? Pas si sûr. Car pour entendre ce qu’ils recou- de protestation, en passant par les anglais, la prose de McCann a cer- singulière un moment aigu dans la d’amitié avec une servante, Mar- sa seconde fille, prénommée vrent : lourds secrets de famille, combats désespérés des détenus tes des accents lyriques, mais est- prise de conscience de la condition guerite, qui ne comprend pas très comme elle Mary (la première se blessures de deuils tues à jamais, politiques, la haine des « Angli- ce une raison pour laisser passer féminine. bien pourquoi sa maîtresse tient suicida à vingt ans), devait lui drame d’une nation déchirée, vio- ches » est partout sensible, de ici des équivalents poétiques aussi Lorsqu’elle arrive à Paris fin tant à lui expliquer les aléas de la apporter une belle revanche pos- lence, colère, humiliation d’un pays même que la dureté des années douteux ? Hormis cela, en roman- 1792 pour suivre de près la Révolu- condition féminine. « Entendait- thume en passant, à son tour, quel- en guerre. Thatcher surnommée par l’un des cier américain comme en nouvellis- tion française, Mary Wollstone- on expliquer à une feuille de châtai- ques années plus tard à la postéri- Après Les Saisons de la nuit, le protagonistes « culotte de fer ». te irlandais, Colum McCann reste craft est un écrivain célèbre en gnier sa condition de feuille de châ- té, sous le nom de Mary Shelley, beau roman « américain » qui l’a Mais, encore une fois, tout cela pas- décidément un écrivain à décou- Angleterre, elle a publié des taignier ? » Marguerite pourtant l’inoubliable auteur de Franken- fait connaître, Colum McCann se en pointillés. La peur gît dans les vrir. romans, des Réflexions sur l’éduca- n’est point sotte et profite rapide- stein. renoue en effet avec son pays détails. Comme celui de la mère qui Florence Noiville tion des filles, collaboré à The Analy- ment des leçons d’anglais et Gérard Meudal VI / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 programme b Au tableau de la rentrée... suite et fin Essais-documents ériode préélectorale obli- Lecasble chez Grasset). Un Atlas des ge : la rentrée sera chargée médias dans le monde (Autrement). aux rayons politique et Du côté de la sexualité : Petite his- P des « affaires » : La Vérité toire de la nymphomanie, de Carol sur l’affaire Elf, par Loïk Le Floch-Pri- Groneman (Stock) ; le rapport d’An- gent et Eric Decouty (Cherche dré Bejin sur Les Fantasmes et la vie Midi) ; Jean-Christophe Mitterrand sexuelle des Français (Payot) ; une signe son autobiographie (Mémoire étude de Suzanne Kepes sur les trou- blessée, Plon) ; le préfet Bonnet pro- bles de la sexualité (Syros). La pédo- pose sa Contre-enquête sur une affai- philie reste d’actualité : Jean Nicolas re d’Etat en Corse (Flammarion). Pas- récapitule Le Dossier Dutroux (Flam- cal Krop analyse les ambiguïtés du marion), Laurence Beneux et Serge pouvoir (Mensonges d’Etat, Flamma- Garde ont enquêté sur Les Réseaux rion). D’Allain Guillou, ex-avocat de pédophiles. Les CD-Rom de la honte Dominique Strauss-Kahn, Ils ont vou- (Cherche Midi). lu me liquider (Albin Michel). Mais Dans les essais plus « pointus », c’est surtout Lionel Jospin qui est au programme chargé en philosophie, centre de beaucoup d’interroga- avec notamment : Heidegger en tions que les ouvrages de Serge Raf- France, de Dominique Janicaud fy (Fayard) et de Claude Askolo- (Albin Michel, deux volumes) ; et le vitch (Grasset) prolongeront (Le cours de 1924-1925 de Heidegger Monde du 29 août) ; dans quelques sur Le Sophiste, de Platon (Galli- semaines, le directeur des rédac- mard). Au Cerf, le volume XLV des tions du Monde, Edwy Plenel livrera Œuvres complètes d’Ernst Cassirer. à son tour ses réflexions sur le par- De Ian Hacking, philosophe des cours politique de l’hôte de Mati- sciences, qui vient d’être nommé gnon et sur son propre passé dans professeur au Collège de France, Secrets de jeunesse (Stock) ; enfin, la Vous avez dit constructivisme ? (La Fondation Copernic se demande si Découverte) ; un essai de Jean-Fran- le gouvernement Jospin mène une çois Rey sur Emmanuel Levinas politique de gauche (La Découver- (Michalon) ; Le Régime des passions, te). Jacques Chirac de son côté inspi- de Clément Rosset (Minuit) ; La re des Chroniques interdites à Lau- Méthode V, d’Edgar Morin (novem- rent Valdiguié (Albin Michel), un bre), paraîtra en même temps, au ouvrage sur la cohabitation à Marie- Seuil également, une biographie Eve Malouines (Fayard), et deux étu- d’Edgar Morin, de Françoise Bian- des, l’une sur Les Dimanches du pré- chi ; Le Principe d’humanité, de Jean- sident (Eric Mandonnet, Grasset), Claude Guillebaud (Seuil). Du côté l’autre sur Les Rituels du président des situationnistes : deux textes du (Denis Fleurdorge, PUF). Céline Declerck sur les clochards parisiens la mutation de la Russie ; Shlomo (Plon) ; Edouard Zambeaux s’interro- (éd. de l’atelier). Mais ce n’est pas peintre Asger Jorn, Pour la forme et Edwards-Vuillet raconte l’itinéraire (Plon, « Terre humaine »). Ben Ami s’interroge sur l’avenir d’Is- ge sur les Ados en prison (Denoël), seulement la santé physique qui est La Genèse naturelle, sur les rapports d’Alain Juppé, le joker (Seuil), et Tho- L’école fait toujours beaucoup raël (PUF) ; Henri de Bresson analy- Louis Mermaz sur la détention des menacée ou atteinte... Rayon psy- entre hommes et femmes et un livre mas Hofnung celui de Georges Mar- parler d’elle : J’ai connu sept ministres se La Nouvelle Allemagne (Stock) ; immigrés clandestins (Stock), Fran- chologie et psychanalyse : Quartier sur lui au Cercle d’art ; un essai de chais (l’Archipel). Raymond Barre de l’Education nationale (Plon), de Marc-Antoine Pérouse de Montclos çois Samuth, Pierre Lumbroso et Lacan, une série d'entretiens avec Vincent Kaufmann, Guy Debord. La comme Valéry Giscard d’Estaing Monique Vuaillat, secrétaire du fait un état des lieux de l’aide huma- Christian Seranot sur la prison consi- des analystes qui ont été ses pro- révolution au service de la poésie font des livres d’entretiens (Flamma- SNES pendant dix-sept ans ; et quel- nitaire (Complexe) ; Pierre Moscovi- dérée comme Une machine à tuer ches, d’Alain Didier-Weil (Denoël) ; (Fayard). rion). ques brûlots alarmistes : Mauvaises ci interroge L’Europe après l’euro (Rocher), tandis qu’Arléa publie les Freud au pays des soviets, de Martin L’actualité religieuse sera mar- Les Verts affichent des contribu- pensées d’un instit de banlieue,de (Seuil) ; Israel W. Charny dirige une Lettres du couloir de la mort de Miller (Les Empêcheurs de penser en quée par la nouvelle traduction de la tions de Dominique Voynet et Brice Laurent Ott (Albin Michel) ; Les Encyclopédie mondiale des génocides Joseph Kitchens, exécuté en mai rond) ; enfin, Philippe Pignarre pose Bible par une escouade d’écrivains Lalonde (l’Archipel). A l’opposé, Enseignants entre plaisir et souffrance, (Privat) ; Bernard-Henri Lévy publie 2000. Philippe Broussard et Danielle cette question : Comment la dépres- secondés par des relecteurs et diri- Guy Sorman s’en prend aux « enne- de Claudine Blanchard-Laville un essai, Le Génie du mal, reprenant Lang retracent le calvaire de La Pri- sion est devenue une épidémie ? (La gés par Frédéric Boyer (Bayard). mis du progrès » (Fayard). Yves (PUF) ; Ecole des riches, école des pau- notamment ses reportages parus sonnière de Lhassa, une religieuse Découverte). Ce n’est pas seulement Nathan Wachtel, dans La Foi du sou- Lenoir dénonce les idées reçues à vres, de Nestor Romero (Syros) ; Vio- dans Le Monde (Grasset). Au chapi- bouddhiste de vingt-trois ans incar- de psychanalyse que s’entretiennent venir, s'engage dans les « labyrin- propos du réchauffement de la pla- lences à l’école et politiques publiques, tre mondialisation : La Récolte confis- cérée depuis 1992 (Stock). Jacques Derrida et Elisabeth Roudi- thes marranes » (Seuil). nète (Favre), Hervé Le Treut et Jean- d’Eric Debarbieux et Claudine Blaya quée, de Vandana Shiva (Fayard). Le La santé : Paul Benkimoun pro- nesco (De quoi demain... Fayard). Terminons par l’art qui console et Marc Jancovici exposent les change- (éd. ESF) ; Les Rythmes de l’enfant : Grain du monde, de José Bové et pose une réflexion sur la santé mar- Les sciences: Aux origines de l’hu- réjouit : Mozart est fêté par Philippe ments climatiques dus à l’effet de pourquoi il faut changer d’école,de François Dufour (Plon), les effets de chandise (Morts sans ordonnance, manité, d’Yves Coppens et Pascal Sollers (Plon), Peter Gay (Fides) et serre (Flammarion), Nayla Farouki François Testu et Roger Fontaine la mondialisation sur l’identité politi- Hachette Littératures) ; Emmanuel Picq (Fayard) ; Le Collier de Néander- Marie-Françoise Vieuille (PUF). fait état des Progrès de la peur (Le (Calmann-Lévy) ; Sauver les lettres, que de la gauche par Zaïki Laïdi (éd. Amara et Philippe Moreau évoquent tal. Nos ancêtres à l’ère glaciaire, de Michel Poizat s’interroge sur «la Pommier), Alexis Roy analyse le cas sous la direction de Danièle Sallena- de L’Aube) ; Mondialisation et régula- le scandale de L’Industrie du sang Juan Luis Arsuaga (Odile Jacob) ; Les jouissance de l’amateur d’opéra » des plantes transgéniques (PUF). ve (Textuel) ; Le Dressage des élites, tion. Europe et Japon face à la singula- (Félin) ; Philippe Even raconte les Origines animales de la culture, de (L’Opéra ou le cri de l’ange, Métailié). Sur le front du social,laCFDT de Marie-Laure de Léotard (Plon) ; rité américaine (La Découverte) ; Le scandales de l’hôpital Pompidou et Dominique Lestel (Flammarion) ; La Picasso fait l’objet d’une enquête mène l’enquête sur les mutations La Sélection des élites en crise, d’Alain Grand Bluff capitaliste, de Michel des hôpitaux de Paris (Cherche Matière dans tous ses états, de Pierre d'Olivier Widmaier-Picasso (Dessine- du travail (Syros) ; et aussi : le rap- Garrigou (La Découverte) ; Les Husson (la Dispute) ; les contribu- Midi) ; d’Henri Atlan, Miguel Bena- Papon (Fayard) ; L’Univers dans une moi Picasso, Ramsay) tandis que port au premier ministre de Jean Secrets de famille de l’université,de tions des représentants syndicaux et sayag et Françoise Gaspard, un coquille de noix, de Stephen Haw- Marina Picasso, sa petite-fille, mal- Pisani-Ferry sur le plein-emploi (La Judith Lazar (Les Empêcheurs de associatifs à Porto Alegre, réunies autre regard sur le monde médical king (Odile Jacob) ; Un Dictionnaire mène sa légende (Grand-père, Découverte), celui de Jean-Paul penser en rond). par Attac (Mille et Une Nuits). (Vous avez dit santé ?, éd. Le Bord de culturel des sciences, dirigé par Denoël). Balthus a écrit des lettres à Fitoussi sur l’enseignement de l’éco- Alarubrique internationale, Justice et prison restent en ques- l’eau) et de Jean-François Mattéi, un Nicolas Witkowski (Seuil) ; au Seuil Antoinette de Watteville entre 1928 nomie (Fayard) ; un Eloge des fonc- Jean-Pierre Tuquoi cherche à percer tion : une réflexion sur la philoso- pamphlet contre La Santé publique encore, un collectif sous la direction et 1937 (Buchet-Chastel), laissé un tionnaires de Pierre Bitoun (Cal- le mystère du nouveau roi du Maroc phie de la peine (Et ce sera justice !) et ses absurdités (éd. Anne Carrière) ; de Michel Blay et Efthymios Nico- « testament » à Alain Vircondelet mann-Lévy) ; une étude de Jean Gar- Mohamed VI (Grasset) ; plusieurs d’Antoine Garapon, Frédéric Gros et Luc Perino, médecin, dénonce la laïdis, sur L'Europe des sciences. (Rocher), des entretiens à Costanzo rigues sur Le Cinquième Pouvoir. L’in- auteurs enquêtent « sur les dessous Thierry Pech (Odile Jacob). Un dos- surconsommation des actes (éd. Les médias. Une biographie d’An- Costantini (Noir sur blanc), et fluence politique des grands patrons de la fortune de Silvio Berlusconi » sier coordonné par Jean-Pierre Pétrelle), Martin Winckler dit tout ce dré Rousselet (signée Nicole Vulser, inspiré un essai à François Rouan (Perrin). Un Ernest-Antoine Seillière (Fayard) ; Michel Gurfinkiel (Odile Mignard et Alain Vogelweith sur la que l’on ne nous avait jamais dit sur Calmann-Lévy) et deux ouvrages sur (Galilée). Michel Ragon raconte Cin- de Jean Bothorel et Philippe Sassier Jacob), Paul Klebnikov (Laffont), Justice pour tous (La Découverte), la contraception (Au diable Vau- l’aventure de Canal+ (le premier de quante ans d’art vivant, 1950-2000 (Laffont). A l’autre bout de l’échi- Andreï Babitsky (Laffont) et Alain l’autobiographie professionnelle de vert), Claude Béraud signe une Petite Jacques Buob et Pascal Mérigeau (Fayard). quier social : un dossier de Patrick Buer (éd. du Cavalier bleu) analysent Gisèle Halimi, Avocate irrespectueuse encyclopédie critique du médicament chez Fayard, le second de Valérie J.-L. D. et P. K. Histoire : une rentrée studieuse st-ce la proximité de l’anni- Signalons deux autres « grands » mois après Christian Duverger lippe Bourdrel, à compléter avec le reurs et sénateurs, étudiés par Yves versaire de la manifesta- sur des genres plus singuliers : Alain [Fayard], Bartolomé Bennassar pro- gros plan d’Alice Kaplan sur le pro- Roman (Fayard), ne surent rien de tion sanglante dont Jean- Corbin livrant chez Textuel, où sort pose un Hernan Cortès chez Payot, cès Brasillach (Intelligence avec l’en- très sûr. Même surprise avec Juan E Luc Einaudi révise l’histoi- un épatant Piercing, de Denis Bru- qui publie en parallèle le singulier nemi, Gallimard). Le versant interna- Luis Arsuaga et Le Collier de Néan- re officielle (Octobre 1961, na (lire p. VII), sa vision de L’Hom- travail d’Anna Lanyon à la recher- tional n’est pas oublié : outre la con- dertal (Odile Jacob), et un rendez- Fayard) ? Toujours est-il que La me dans le paysage, et Mona Ozouf che de Malinche l’Indienne, tandis troverse attendue avec Une autre vous prometteur orchestré par Mau- Guerre d’Algérie est au cœur des qui, tout comme le sinologue que Mao, anniversaire oblige, mobi- Suisse. Un bastion contre l’Allema- rice Lever entre Théâtre et Lumières programmes éditoriaux de l’autom- Simon Leys (Protée et autres essais, lise Larousse [Claude Hudelot] et gne nazie, de Jean-Pierre Richardot (Fayard). Moins pittoresques que ne, avec deux maîtres livres, Une Gallimard), s’écarte de son champ Fides [Jonathan Spence]). Quelques (Félin), Abel Paz, qui livre ses pro- Les Barbaresques, de Jacques Heers drôle de justice de Sylvie Thenault de prédilection pour nous faire par- personnages moins connus aussi : pres souvenirs de Barcelone 1936 (Perrin), on sera attentif à la synthè- (La Découverte) et La Torture et l’ar- tager ses analyses littéraires (Dans Séverine, l’insurgée, de Paul Coutu- (éd. La Digitale), campe Les Libertai- se de Catherine Rollet sur Les mée pendant la guerre d’Algérie, de l’arrière-pays des lettres, Fayard). riau (Rocher) ou Le Docteur Méné- res dans la révolution espagnole Enfants au XIXe siècle (Hachette), Raphaëlle Branche (Gallimard), à Moins connus, mais cela devrait trel, éminence grise de Pétain,de (éd. de Paris-Max Chaleil). Tandis au travail de Michel Fievet sur Les accompagner d’Algérie 1956. Livre changer dès cet automne, Elisabeth Bénédicte Vergez (Perrin). Un genre que L’Atelier annonce un collectif Enfants pauvres à l’école (Imago) et blanc sur la répression, documents Crouzet-Pavan (La Première Renais- toujours prisé, auquel on n’aura gar- important, Komintern : l’Histoire et plus encore au travail d’Olivier réunis par Denise et Robert Barrat sance italienne, Albin Michel), Anne- de d’assimiler la somme de Jan Ass- les hommes, Sabine Dullin s’intéres- Faron sur les orphelins de la Grande (éd. de l’Aube) et la reparution Emmanuelle Demartini (L’Affaire mann sur Moïse l’Egyptien, confron- se à Des hommes d’influence. Les Guerre (Les Enfants du deuil,La de Notre Guerre, de Francis Jean- grâce au film d’Eric Rohmer, L’An- Lacenaire, Aubier) – à la figure de tation symbolique de deux univers Ambassadeurs de Staline en Europe Découverte). Une rentrée studieuse son, dont Marie-Pierre Ulloa signe glaise et le Duc (éd de Paris-Max l’assassin fameux répond celle du religieux (Aubier). 30-39 (Payot) ; Barbara Trimbur- en somme. chez le même éditeur la première Chaleil) et le Journal parisien bourreau célèbre (Anatole Dei- Sans surprise l’histoire contempo- Lambauer s’interroge, elle, sur les Ph.-J. C. biographie (Berg Int.) – le livre 1797-1799 de Humboldt (Solin- bler, de Gérard A. Jaeger, Félin) – et raine est très présente : avec la gra- relations franco-allemandes dans la d’Annie Rey-Goldzeiguer, Aux origi- Actes Sud). Parmi les historiens Didier Le Fur, auteur d’un intelli- ve réflexion de Raul Hilberg (Holo- période (Otto Abetz et les Français, nes de la guerre d’Algérie 1940-1945 très attendus, citons Carlo Gin- gent Louis XII (Perrin). Car les ama- causte. Les sources d’une histoire, Fayard). (La Découverte), ne paraîtra qu’en zburg (A distance, Gallimard, lire teurs de biographies auront naturel- Gallimard) et la somme de Serge On aura la curiosité d’arpenter novembre. p. VII), Steve Kaplan (Le Retour lement, traité avec plus ou moins Klarsfeld (La Shoah en France,4 des terrains moins parcourus : telle Temps fort moins médiatique, la du bon pain, Perrin), Alain Bou- d’originalité, leur lot de têtes cou- tomes, Fayard) ; avec aussi le sulfu- cette Histoire de l’Adriatique, diri- reprise d’un classique décisif, reau (La Loi du royaume, Belles ronnées (Louis XI, de Jean Favier, reux travail de Pierre Abramovici et gée par Pierre Cabanes (Seuil). Recherches sur le développement de Lettres), Michelle Perrot (Les qui assure la relève de Paul Murray Carine Mournaud sur Monaco Même l’histoire des villes, souvent la pensée juridique et morale en Grè- Ombres de l’Histoire, Flamma- Kendall, Les Derniers Valois, cam- entre 1940 et 1945 (Un rocher bien bien sage, affiche quelques promes- ce ancienne, qui est le grand œuvre rion), René Rémond (La Vie politi- pés par Janine Garrisson, ou L’Impé- occupé, Seuil), Les Policiers français ses : si Jean-Yves Boriaud revisite, de Louis Gernet (Albin Michel) – que en France I., 1879-1939, ratrice Marie-Thérèse, de Jean-Paul sous l’Occupation, de Berlière pour Fayard, une Histoire de Rome signalons au chapitre des réédi- Fayard) et Claude Mossé, qui Bled, tous trois chez Fayard), de & Chabrun (Perrin), une Histoire souvent tentée, Autrement annon- tions le fameux Manuel des inquisi- signe sa première biographie ministres et de politiciens (Joachim du marché noir de Paul Sanders ce un Beyrouth et publie Carmen teurs, dans la traduction de Louis (Alexandre le Grand, Payot), à com- Fest s’attache à Albert Speer dans l’intéressante collection « Ter- Bernand, qui scrute à Buenos Aires Sala-Molins (Albin Michel), le Jour- pléter par le recueil de sources Les [Perrin] et Laurence Chatel de Bran- re d’histoire » de Perrin, Oradour, 1880-1936 un mythe des confins. Le nal de ma vie durant la Révolution Historiens d’Alexandre qu’annon- cion à Cambacérès [Perrin]), de figu- de Jean-Jacques Fouché (Liana même éditeur nous fera rêver aux française,deGrace Elliott, exhumé cent Les Belles Lettres. res quasi légendaires (quelques Levi), L’Epuration sauvage, de Phi- anciens Scythes, dont les Empe- essais LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 / VII b La rhétorique et la preuve En neuf essais qui explorent la tension entre morphologie et histoire, Carlo Ginzburg poursuit une quête plus intime, lui qui est « juif né et élevé en pays catholique ». D’ou ce patient travail sur le lien ténu qui relie connaissance critique, exigence éthique et mise à distance

ces figures comme le résultat d’une d’un phénomène absolument différent À DISTANCE transmission culturelle ? Mais com- et nouveau : l’émergence de l’image Neuf essais sur ment insérer dans cette série les cultuelle chrétienne. » le point de vue en histoire momies des empereurs incas qui, La juste distance que recherche de Carlo Ginzburg. comme les effigies des rois anglais et Carlo Ginzburg dans cette série d’es- Traduit de l’italien par français, désignent une dignité qui sais est donc, en premier lieu, celle Pierre-Antoine Fabre survit à la mort ? Faut-il penser que qui lui permet de mieux comprendre Gallimard, « Bibliothèque le double mortuaire est une réponse ce que signifie le fait d'« être juif né et des histoires », à l’exigence, commune à toute l’hu- élevé en pays catholique ». C’est à par- 272 p., 20,95 ¤ (137,42 F) manité, qui fait transformer le fait tir de cette quête que doivent être En librairie le 5 septembre biologique du trépas en un rituel compris les deux textes qui explo- social ? Mais n’est-ce pas alors igno- rent le lien, fragile mais nécessaire, cchiacchi di legno a été rer la « fracture profonde » du chris- entre connaissance critique, exigen- publié en italien en 1998. tianisme qui bouleverse le statut des ce éthique et mise à distance. Dans J’en avais fait alors un images ? Le dogme de la transsubs- le premier, Ginzburg établit la généa- O compte rendu dans Le tantiation proclamé par le concile de logie du modèle épistémologique et Monde. Relire le livre, trois ans après, Latran de 1215, établit, en effet, une esthétique qui fait de l’écart pris par dans la traduction rigoureuse et élé- différence radicale entre la présence rapport aux représentations commu- gante de Pierre-Antoine Fabre, m’a réelle et corporelle du Christ dans nes l’instrument privilégié d’un convaincu que je ne l’avais sans dou- l’hostie et les images qui sont des savoir critique. La chaîne des textes te pas tenu à la bonne distance. La représentations, désinvesties de tou- associe le « paysan du Danube » tentation était trop forte de retrou- te puissance sacrale. Un tel partage d’Antonio de Guevara, les Brésiliens ver dans les neuf essais réunis dans n’a pas toujours été clairement per- de Montaigne, les « animaux farou- l’ouvrage les thèmes majeurs repris çu par des fidèles, vieux chrétiens ou ches » de La Bruyère, les « sauvages de livre en livre par Carlo Ginzburg : récents convertis, toujours prompts d’Europe » de et les paysans la tension entre morphologie et his- à l’idolâtrie. C’est lui qui, néanmoins, de Tolstoï. En brisant les perceptions toire, la relation entre la rhétorique fournit la matrice théologique de l’ef- ordinaires, tous produisent « l’estran- et la preuve, le statut de la fiction, figie mortuaire des souverains gement des choses » qui, comme l’in- entre discours faux et vérité, ou enco- anglais et français. dique Chlovski, permet d’en dévoiler re la réfutation du relativisme et du Le dogme de la transsubstantia- la vérité. Le second essai porte, lui, néoscepticisme. Lu de trop loin, tion ne concerne pas seulement la sur le rapport entre les passions et la Occhiacci di legno (devenu aujour- différence entre présence et image. Il distance. Suivant, selon une manière d’hui A distance), semblait proposer fut également la raison de grandes qui lui est chère, le réemploi d’une une série de variations sur des thè- souffrances : le lien est fort, en effet, même histoire (celle du meurtrier mes déjà en mémoire. Les « gros entre « le miracle eucharistique et la qui fait taire sa conscience en fuyant NATIONAL GALLERY OF SCOTLAND/BRIDGEMAN/GIRAUDON yeux » de l’œuvre de Ginzburg regar- persécution des juifs ». Faite comme Allégorie de l’Ancien et du Nouveau testament par Hans Holbein le jeune loin de son crime, comme chez Dide- daient son lecteur avec une telle en passant, la remarque renvoie à ce rot, ou en le faisant commettre à dis- intensité que celui-ci ne pouvait qui est l’obsédante question de tout rapport à la culture grecque que par sa distinction pour condamner les dépassement, ne doit pas masquer le tance, comme chez Chateaubriand), qu’être hypnotisé. le livre, à savoir l’« ambivalence » ou rapport à la tradition juive. Ginzburg idoles et légitimer les images. La rôle matriciel de celui-ci. A preuve, le Ginzburg nous invite à réfléchir sur D’autant que, dès la préface, l’« ambiguïté » du christianisme par le montre à propos de l’image, avec seconde rupture du christianisme lien étroit existant entre la littérature « les limites culturelles de la compas- Ginzburg endort sa vigilance : « J’ai rapport à la tradition juive. L’enjeu le réemploi, contre l’iconophobie jui- concerne la manière de concevoir le prophétique juive, les récits des Evan- sion ». Sa conclusion n’est guère opti- retrouvé une nouvelle fois l’opposition n’est pas qu’intellectuel pour un ve, de la distinction introduite par rapport au passé. A la remémoration giles canoniques et l’iconographie miste : « Le domaine de ce qu’Aristote entre la morphologie et l’histoire, thè- homme qui déclare : « Je suis un juif Origène dans ses Homélies sur l’Exo- rituelle du judaïsme, à l’historiogra- chrétienne qui, dès les Ve et VIe siè- appelait la loi générale semble être me inépuisable et qui me passionne né et élevé en pays catholique ; je n’ai de entre l’idole, qui « n’est rien dans phie grecque, il oppose la mise à dis- cles, s’éloigne des représentations devenu beaucoup plus vaste. Mais l’ex- depuis longtemps. » De fait, le thème jamais reçu d’éducation religieuse ; le monde » parce qu’elle représente tance du passé qui est, comme l’écrit des miracles de Jésus pour privilégier tension de notre compassion aux êtres est au cœur de l’essai qu’il consacre mon identité juive est largement le « ce qui n’existe pas » (un homme à Augustin, « lié aux lieux, aux temps et les visions mystiques. Les images qui humains les plus lointains reste, je le à la question du double mortuaire fruit de la persécution. Je me suis, pres- tête de chien, un visage à deux aux personnes », mais qui, égale- donnent à voir le Christ, la Vierge ou crains, pure rhétorique. Notre capa- dans les rituels funéraires (kolossoi que à mon insu, mis à réfléchir sur la faces), et la figure, par laquelle «on ment, se trouve investi d’une « pers- Jean-Baptiste mobilisent l’ancienne cité de contamination et de destruc- de bois ou d’argile des cités grec- tradition multiple à laquelle j’appar- modèle des traits de ce qui existe au pective historique », d’un sens pro- formule messianique, reprise par les tion du présent, du passé et du futur ques, images de cire des empereurs tiens, en cherchant à la voir de loin, ciel, sur terre ou dans les eaux ». Pour phétique qui justifie la lecture figu- évangélistes et traduite dans la Bible demeure incomparablement supé- romains, mannequins, appelés d’un regard critique, autant que possi- Origène, fidèle au deuxième com- rée du texte biblique et fait considé- des Septante comme « Ecce » – « voi- rieure à notre pauvre imagination « représentations », des souverains ble ». mandement mosaïque, idoles et figu- rer la nouvelle foi comme le dépasse- ci ». Et Ginzburg de conclure : « Par morale. » anglais et français) qui donne à voir Une telle réflexion suppose, res étaient également condamna- ment de l’ancienne loi. un paradoxe extraordinaire, un trait C’est à bonne distance, je le crains, le substitut d’un cadavre dissimulé. d’abord, de reconnaître le christianis- bles, mais la tradition chrétienne, La relation chrétienne au judaïs- récurrent de la littérature prophétique que Carlo Ginzburg nous regarde. Faut-il considérer les parentés entre me comme rupture, aussi bien par dès le VIIe ou le VIIIe siècle, reprend me, qui énonce la rupture dans le juive a constitué l’un des prémices Roger Chartier Intérieurs romains Marques et démarques Après les édifices publics, Pierre Gros poursuit son étude Le piercing est aujourd’hui un acte volontaire et revendicatif. L’essai de Denis Bruna de l’architecture romaine à travers les demeures privées. De la belle ouvrage replace cette pratique souvent réprouvée dans une continuité historique méconnue

tout. Partant de la forme canoni- ques domaines de pur loisir com- limier, Denis Bruna a donc cherché non consentie, puisque les archives L’ARCHITECTURE ROMAINE que de la maison romaine et itali- me le furent les villas de Sperlonga PIERCING dans les productions artistiques les judiciaires attestent régulièrement DU DÉBUT DU IIIe SIÈCLE que à atrium, Gros montre com- et Capri (Tibère), de Castel Gandol- Sur les traces précurseurs du « body piercing ». des résistances à ces mesures discri- AV. J.-C. À LA FIN ment elle s’est enrichie dans les fo (Domitien) ou Tivoli (Hadrien). d’une infamie médiévale Partant de l’observation serrée minatoires. DU HAUT-EMPIRE trois derniers siècles de la Républi- Soucieux de paraître, les riches de Denis Bruna. des huiles représentant Le Christ Sur les traces de Michel Pastou- 2. Maisons, palais, que en adoptant des traits emprun- Romains ne s’inquiètent pas moins Textuel, 160 p., 25,15 ¤ (165 F). devant Pilate, Le Portement de Croix, reau étudiant les rayures et les tis- villas et tombeaux tés à la Grèce comme le péristyle, de leur commémoration post mor- En librairie le 12 septembre l’Ecce Homo (Bosch), La Nativité sus rayés dans L’Etoffe du diable de Pierre Gros. en ajoutant des éléments de tem. Le plus grand nombre devait (Daret) ou d’autres scènes sembla- (Seuil, 1991), Bruna se concentre Picard, 528 p., 88,42 ¤ (580 F) confort comme un bain, mais aussi se contenter d’une épitaphe au-des- utilation ou ornementa- blement édifiantes – loin de porter sur l’anneau qui pénètre la chair, jusqu’au 30 septembre, 103,67 ¤ en s’élargissant pour répondre aux sus d’une fosse, mais quiconque en tion corporelle ? La d’abord une information documen- fait verser le sang, compromet en (680 F) ensuite. besoins d’une vie politique condi- avait les moyens tenait à édifier un vogue persistante du taire, l’image remplit surtout une l’altérant l’idéal corporel divin. tionnée par la réception incessante monumentum, « ce qui sert à rappe- M piercing rencontre mission pédagogique –, l’historien Reprenant chaque détail des près un premier tome con- des clients. Le chef populaire Clo- ler » au sens littéral. Les lois somp- encore souvent une vive réproba- établit une typologie succincte des œuvres qu’il a sélectionnées, il y lit sacré aux Monuments dius ne considérait-il pas l’ensem- tuaires prises jusqu’à Auguste indi- tion. Est-ce simplement l’indice du personnages dont le corps percé l’Oriental, l’étranger, le mécréant ou publics (Picard, 1996), Pier- ble de la plèbe romaine comme sa quent assez les excès redoutés, refus d’une violence faite au corps arbore anneaux, chaînes et autres l’infidèle avec des nuances qui attes- A re Gros complète son étu- clientèle ? elles furent impuissantes à limiter humain, du rejet d’une marque pendeloques. Les bourreaux du tent de la précaution de son inter- de de l’architecture romaine de L’instauration de l’Empire suppri- le faste des sépultures. Curieuse- ostentatoire de singularité, qui Christ, les juges qui l’ont condam- prétation. Noir, saint Maurice n’a manière tout aussi somptueuse en me ces contraintes et c’est désor- ment, note Gros, le changement menacerait la cohésion sociale (les né, la foule hostile qui l’accompa- pas d’anneau à l’oreille, alors que le se penchant sur les édifices de la mais la seule maison du prince qui des rites, incinération puis inhuma- premiers adeptes de cette écriture gne au calvaire portent ce qui sem- mage africain, Balthasar, porte tou- sphère privée, même si le terme répond à cette fonction de récep- tion, n’eut que peu d’influence sur corporelle singulière se recrutant ble bien se réduire à une marque jours quelque ornement au lobe. convient mal aux demeures aristo- tion et d’ostentation. La maison les édifices eux-mêmes. Cela lais- parmi les punks, les milieux sadoma- d’infamie, reprise même, pour dissi- C’est que l’un est canonisé et l’autre cratiques ou palais impériaux. aristocratique se contente d’abri- sait la place à la variété et même à sochistes, les communautés, hip- per toute erreur d’interprétation, non. De plus le peintre sédentaire a Dans cet ensemble, la maison, du ter une large maisonnée, de four- la fantaisie, comme en témoigne la pies naguère, gays aujourd’hui) ? en blason sur un bouclier du Porte- sans doute envers les codes méditer- palais à l’immeuble collectif, tient nir le cadre raffiné des banquets célèbre pyramide de Cestius à C’est à cette question délicate que ment de Croix de Bosch, juxtaposé à ranéens une défiance que le dis- la place essentielle, le reste étant entre amis : le péristyle et le jardin Rome. D’où la difficulté d’élaborer tente de répondre le bref essai de l’image du Sauveur sur le linge de cours ecclésiastique renforce enco- consacré à d’autres demeures, cel- apportent la fraîcheur, tandis que une typologie où émergent cepen- Denis Bruna. L’historien a su croiser Véronique. re. Incarnation de l’infamie, l’an- les de l’éternité. Deux chapitres de les décors témoignent de la culture dant tombeaux-autels et tom- les regards et conjuguer les sensibili- neau reste le plus simple – et le plus conclusions définissent ce qu’est et du bon goût du propriétaire. beaux-tumuli, avant que ne triom- tés par-delà les siècles pour com- L’INFAMIE INCARNÉE didactique – des indices pour l’édifi- l’ordre corinthien romain et quel- Gros ne néglige pas les habitats phent les tombeaux-temples ali- prendre l’histoire souterraine d’une Elargissant le champ d’investiga- cation des fidèles. La rémission les furent la formation, les compé- modestes, les immeubles à étages gnés le long des routes. différentiation physique proche de tion au-delà de la seule Passion, Bru- qu’offre le retour des valeurs tences et les modes d’action des ni les soupentes des boutiques, où En ce domaine, plus sans doute l’exclusion. na constate que ceux qui ne croient antiques (exemptes du tabou de l’at- architectes. s’entasse la famille de l’artisan. qu’en celui de l’habitat, l’attrait des D’entrée la marque antisociale, pas au message de l’Evangile, com- teinte au corps, ce qui autorise le sui- Gros s’attache donc à l’habitat, A l’autre bout de l’échelle socia- modèles italiques s’exerça dans les que les couturiers (Jean Paul Gaul- me ceux qui persécutent ses apô- cide) et la découverte du Nouveau souvent délaissé par les archéolo- le, il analyse la constitution des provinces, y compris dans les pro- tier) ou les pop stars (George tres, sont pareillement marqués de Monde (là l’homme au corps percé gues comme par les touristes. Plus demeures impériales, conglomérat vinces d’Asie mineure pourtant Mickael) entraînent sur le terrain cette parure qui mutile l’intégrité et paré y est une réalité et non plus que la description de l’évolution de maisons, sanctuaires, portiques riches de traditions. Car, là comme moins sulfureux de l’audace esthéti- corporelle voulue par Dieu. En un une illustration pédagogique), déter- des formes et des techniques, il et édifices divers, avant de trouver, ailleurs, « les classes dirigeantes que, est présentée en regard des tro- mot, c’est là le stigmate de l’infidèle, minante pour l’élégance féminine, nous livre une passionnante histoi- sous les Flaviens, la cohérence [manifestent] la volonté d’annexer gnes grimaçantes et des rudes faciès dénoncé aux naïfs qui alimentent ne sera que de courte durée pour re sociale, politique, culturelle, reli- architecturale du palais : l’architec- à leur profit les éléments religieux, complaisamment rendus par Jérô- une piété inquiète, voire morbide à l’homme, Van Dyck portraiturant le gieuse du monde romain. Car la ture affiche enfin la conception mais aussi palatiaux et triomphaux me Bosch. C’est que le projet de Bru- la fin du Moyen Age, à de tels sup- dernier roi à boucle d’oreille. maison participe de tout cela, monarchique d’un pouvoir qui de l’architecture impériale romaine, na est d’établir le lien entre les for- ports de dévotion. A la fin du XIIe siè- De nos jours, le bijou corporel dit reflet des hiérarchies sociales, des s’est longtemps voulu républicain. et de bénéficier ainsi, en vue d’une mes visibles de la marge sociale de cle, la vive réaffirmation du pouvoir le même écart social, à cela près modes de vie et des influences cul- Rome invente aussi un type d’habi- héroïsation posthume revendiquée l’automne médiéval avec celles de l’Eglise, qui entend régir l’Occi- qu’il est désormais volontaire. Mais turelles. Certes, si on connaît bien tat aristocratique rural, la villa,àla avec redondance, [du] prestige que d’aujourd’hui, hâtivement tenues dent avec une stricte orthodoxie le plus saisissant, c’est que les empla- les grandes maisons aristocrati- fois centre d’exploitation, résiden- ces structures et ces décors sont cen- pour nouvelles, ou empruntées à un chrétienne, a déjà conduit à adopter cements choisis (lobe, nez, lèvres, ques, Gros montre comment un ce de loisirs et moyen privilégié de sés véhiculer ». La réussite de Pier- primitivisme exotique. des signes distinctifs pour retenir sexe) retrouvent les options des effet d’imitation en fait retrouver distanciation sociale. Dégagés des re Gros tient à cette capacité cons- On objectera certes que la boucle aux marges les prostituées et les jon- sociétés dites « primitives » – dont certains éléments dans des demeu- contraintes d’un parcellaire urbain tante de mêler l’analyse des formes ou l’anneau métallique fixé sur gleurs, les hérétiques et les juifs, les certains piercés se veulent pro- res plus modestes, voire franche- où leur domus se trouvait enchâs- et les conclusions historiques et à l’oreille percée rappelle une parure lépreux et les bourreaux, dont le ches –, où ces portes du corps sont ment populaires. Car si, comme le sée, les riches propriétaires pou- l’art de réfléchir sur les contraintes féminine tenue pour classique ; contact avilit, corrompt à hauteur ainsi protégées, l’anneau-amulette note Vitruve, les pauvres n’ont pas vaient enfin donner libre cours à du pouvoir comme du sacré. C’est mais l’homme qui l’adopte, marin, de sa fascination. Insignes, vête- disant l’intégration au groupe, besoin d’atrium puisqu’ils n’ont leur goût du luxe et de l’ostenta- en cela que ce manuel – puisqu’il pirate, Tzigane ou bagnard, échap- ments, couleurs spécifiques – les l’identité incarnée. De la difficulté pas de clients à recevoir, cela n’em- tion dans d’immenses résidences, se présente comme tel – est avant pe au canon social et esthétique du signes n’ont cependant pas alors de lire la revendication derrière le pêche pas le goût pour le péristyle où les bâtiments d’exploitation tout un grand livre d’Histoire. monde dont il s’inscrit à la marge. l’uniformité des codes contempo- signe. à la grecque de se développer par- agricole disparaissent dans quel- Maurice Sartre Avec la patience et la minutie d’un rains –, font l’exclusion, subie et Philippe-Jean Catinchi VIII / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 essais b Vibrato psychologique La génération des intermittents de l’intellect Ils sont hyperactifs dans le domaine des arts et des lettres Selon Michel Lacroix, le culte du moi et le déficit mais leur mode de vie échappe aux logiques classiques. Enquête sur un « ovni social » d’espérance expliquent l’hyperémotivité de la société bord. » Qui pourrait soupçonner usé », en thèse de philo à Nanter- alimentaires et personnels, mais sionnelles et sociales on limite l’ex- LES INTELLOS PRÉCAIRES qu’il gagne entre 2 000 et 4 000 F re, qui travaille pour divers édi- encore ses commandes pour l’ave- LE CULTE DE L’ÉMOTION pression des émotions négatives d’Anne et Marine Rambach. par mois et habite dans un 25 m2 à teurs scolaires, non sans avoir nir, « l’obtention de ses paiements de Michel Lacroix. pour se montrer cool, détendu, Fayard, 330 p., 18,25 ¤ (119 F). la limite du taudis, dans le 18e ou le auparavant exercé le métier de (parfois plus épuisante que le travail Flammarion, 190 p., sympa ; 2) un travail sur soi et En librairie le 4 septembre. 19e arrondissement de Paris par « nègre » pour Harlequin. lui-même) », sans oublier l’entre- 15 ¤ (98,40 F). d’abord sur le corps (désir de ne exemple, où l’on trouve de vérita- Un des aspects les plus réussis tien de ses réseaux. pas vieillir, exercices sensoriels, res- ux Etats-Unis, on les dési- bles « gisements » de précaires ? du livre réside dans la stupéfiante Il y a enfin les cauchemars de ’en avise-t-on assez ? La piratoires, etc.) ; 3) l’accès aux psy- gne déjà sous le terme de C’est dire que le fossé est immense justesse, exempte de tout ressenti- l’I. P. Comme de répondre à la recherche de la sensation chothérapies verbales (psychanaly- gypsie scholars, « cher- entre la reconnaissance qui l’en- ment, avec laquelle les deux redoutable question : « que faites- forte fait partie de la pano- se) ou non verbales (bioénergie A cheurs nomades ». En toure et sa condition réelle. auteurs restituent le monde pro- vous dans la vie ? » ; ou encore de S plie des comportements d’Alexander Lowen, Cri primal France, où le sujet reste tabou, ils On touche ici la seconde explica- pre – au sens quasi philosophique remplir un formulaire administra- d’aujourd’hui. Que nous sommes d’Arthur Janov, gestalt-thérapie de n’avaient pas encore de nom. Du tion de son invisibilité. Car « intel- – des intellos précaires. Ainsi leur tif. Au-delà de la souffrance mora- loin des attitudes d’antan ! « Ô sen- Fritz Perls, etc.). Nous aboutissons moins jusqu’à cette rentrée. Grâce lo précaire », c’est un peu comme rapport spécifique à l’espace, mar- le engendrée à la longue par cette timent ! Sentiment ! Douce vie de à un renversement complet de la au remarquable essai d’Anne et « ingénieur pâtissier » : sa situa- qué par l’effacement de toute fron- dissociation entre activité rémuné- l’âme », s’écriait Saint-Preux dans notion de catharsis. Dans l’Antiqui- Marine Rambach, entre l’enquête tion étant quasi inconcevable, lui- tière entre vie privée et profession- ratrice et identité sociale – « je suis La Nouvelle Héloïse. On dirait té il s’agissait de se purifier, de et la chronique d’une génération, même a du mal à se penser, sinon nelle. Une caractéristique que fondamentalement sociologue et sta- aujourd’hui « Ô émotion ! Emo- chasser (notamment par le théâ- on les appellera désormais les en se dépréciant. N’est-il pas voué reflète leur habitat, à la fois tutairement standardiste », dit l’un tion ! Vie tumultueuse de l’âme. » tre) les émotions considérées com- « intellos précaires ». Contrastant d’eux –, les auteurs n’omettent pas C’est Michel Lacroix qui propose me des poisons. Aujourd’hui «le avec les Intellocrates d’il y a vingt extrait d’évoquer le coût sanitaire consi- cette paraphrase de Rousseau but n’est pas de se libérer de l’émo- ans et ne partageant guère avec « C’est la crise. Nous passons plusieurs heures à imaginer tout ce que dérable d’une condition qui échap- dans un livre d’une grande pénétra- tion mais de la libérer ». les plus récents « bobos » ou bour- nous aurions dû faire pour ne pas vivre cette vie : passer le concours pe aux normes et aux classements, tion et, ce qui ne gâte rien, d’une Faisons-nous toujours un bon geois bohèmes que le second épi- de la Poste, réussir l’agrégation, nous constituer des réseaux au sein les I. P. n’ayant souvent ni couver- belle clarté sur Le Culte de l’émo- usage de l’émotion ? Hélas non, thète, que recouvre donc cette de l’université (…). Dresser l’inventaire des gens idiots et incompé- ture sociale, ni droit aux Assedics. tion. constate Michel Lacroix. La bouli- étrange « tribu invisible » ? Hybri- tents que nous connaissons et qui sont des salariés on ne peut mieux Alors, oui, les intellos précaires Il n’a pas grand mal à trouver mie des sensations fortes conduit des culturels très diplômés, qui rémunérés. Faire un bilan rapide des compétences sans nombre que sont pour la plupart des hypercréa- dans la publicité, les fictions ou les à une dégradation de la sensibilité tous exercent des activités liées à nous avons acquises et qui ne nous empêcheront pas de finir à l’hospi- tifs. Mais il y a le revers de la informations télévisuelles, le et à une altération des relations l’écriture ou à la recherche, aux sta- ce. Sombrer. Nous morfondre. Nous reprendre. (…) Il nous vient brus- médaille – la dépression, les crises sport, les épreuves inventées par inter- individuelles. Elle se manifes- tuts néanmoins bancals et aux quement une nouvelle idée : ce livre. » (p. 9) d’anxiété, l’humiliation. les entreprises pour le développe- te aussi bien dans la recherche de revenus inférieurs au smic, ils cons- Coincé entre une législation qui ment personnel de leurs cadres, transe chez les jeunes avec la musi- tituent bien, montrent les auteurs, à demeurer un presque journa- bureau et chambre à coucher, où l’ignore et des employeurs qui le des illustrations de son propos. A que techno ou les jeux vidéo que une « nouvelle classe », forte de liste, presque prof, presque édi- « entre une lampe de chevet macu- payent scandaleusement peu pour quelle sorte de besoin répond ce dans le côtoiement de la mort chez dizaines de milliers de représen- teur ? Cette « grosse nébuleuse » lée de taches de café et un réfrigéra- des tâches requérant des compé- « vibrato » psychologique que l’on les aventuriers de l’extrême, ou tants. répond pourtant à un profil socio- teur branlant », il n’est pas rare, tences très pointues, le destin de veut trouver dans sa vie personnel- dans la jouissance perverse du cri- D’où le premier paradoxe de logique assez stable. Les I. P. ont remarquent-elles, de tomber sur l’I. P. serait-il sans issue ? Si les le ou dans des manifestations col- minel devant la peur de sa victime. ceux qu’on serait tenté de dési- entre 25 et 35 ans. Ils sont issus de « une perle, le trésor dans l’huî- auteurs ne prétendent pas donner lectives ? Michel Lacroix estime Michel Lacroix oppose l’émo- gner sous les initiales d’« I. P. » la moyenne bourgeoisie, ont fait tre » : un Macintosh ou un PC der- de solutions, elles n’en relèvent que le déficit d’espérance ou tion-choc, qui s’avère être un piè- tant ils forment une espèce à ce de brillantes études et leur voie nier modèle. Point capital, en pas moins quelques dysfonctionne- d’idéologie explique en partie cet- ge, à l’émotion-contemplation (de jour non identifiée du genre I. F. aurait été toute tracée si la crise effet, l’ordinateur constituant ments majeurs. Ainsi, au palmarès te attitude. la nature, d’un tableau, d’une musi- (« intellectuel français »), titre du n’était passée par là, avec pour « l’outil de survie » par excellence du mépris, trois secteurs, selon L’émotion n’a pas qu’un rôle que), affinant un sentiment de lon- dernier ouvrage de Régis Debray. conséquences la raréfaction des de l’I. P. On reconnaîtra d’ailleurs elles, se distingueraient : le multi- compensateur. Elle répond surtout gue durée. Le bon usage de l’émo- Les intellectuels précaires ont en contrats à durée indéterminée et un I. P. jusque dans sa mobilité à média, la télévision et, last but not à un culte du moi en apparaissant tion demande une disponibilité, effet ceci de particulier qu’on les une cruelle pénurie de postes dans ce qu’il ne partira jamais en least, l’Etat. Une chose est sûre : à l’homme contemporain comme un sens du choix et un désintéres- côtoie partout sans les voir. Ils han- le supérieur. La catégorie n’en « vacances » – notion bien incon- une nouvelle tribu est née, compo- un moyen d’être soi-même. On sement. Notre auteur, on le voit, tent les universités, les laboratoi- demeure pas moins disparate. Il y grue ici – sans un article à terminer sée d’individus « trop bourgeois tourne le dos à la rationalisation. extrait peu à peu une éthique du res, les maisons d’édition, les a l’I. P. par choix, comme Hélène, ou un livre à écrire. Pour ce qui est mais trop prolos. Décalés. Institu- Le cogito cartésien se transforme bon exercice de la sensibilité. «Le rédactions. Ils sont chercheurs 41 ans, agrégée normalienne, de son rapport au temps, il tient tionnellement nulle part ». On dira, en « je sens donc je suis ». moi n’est pas riche par lui-même indépendants, pigistes, rewriters, aujourd’hui chorégraphe, danseu- en un mot : « naviguer à vue », ses dans la langue des sciences socia- Selon l’auteur, cette libération mais par ce qu’il prend au monde, enseignants vacataires, webmas- se, chercheuse sur les questions perspectives ne s’étendant jamais les, que l’intellectuel précaire est émotionnelle se déroule en trois par son butinage émotionnel. » ters, guides-conférenciers, voire liées au féminisme, archiviste, au-delà de la rentrée, voire de la celui qui a accédé à un « capital temps : 1) une étape sociologique : Descartes rangeait l’admiration tout cela à la fois selon les jours de mais aussi militante associative – à semaine suivante. Au quotidien, symbolique » propre aux classes la contestation des interdits pluri- au premier rang des « passions de la semaine. Mais le propre – par- l’instar d’ailleurs de nombreux ce temps-là, toutefois, « ne se scan- élevées tout en partageant la relati- séculaires. La relecture des l’âme ». Michel Lacroix, notre phi- fois le drame – de cette singulière I. P. Il y a également l’I. P. par de pas, il déboule, il écrase ». Sur- ve misère des groupes défavorisés. « manuels de savoir-vivre » de la losophe, voudrait comme lui res- créature est d’être indétectable à nécessité, le plus répandu. C’est le tout, il est « multicouche », l’I. P. A propos, que font les « sociolo- fin du XIXe siècle suffit à caractéri- taurer cette vertu en la faisant jail- l’œil nu. Car l’I. P. ne baigne pas cas de Benoît, 28 ans, « cheveux étant obligé de gérer simultané- gues critiques » ? ser la rupture. Rupture au reste lir du culte de l’émotion. dans la tragédie. « Il est juste au mi-longs, T-shirt informe, jean ment ses divers travaux en cours, Alexandra Laignel-Lavastine sélective : dans les relations profes- Pierre Drouin Aux sources du Portugal Maroc : d’une monarchie à l’autre Peu étudiée jusqu’alors, la région d’al-Andalus De l’analyse du long règne d’Hassan II à celle de la nouvelle « démocratie royale » de Mohammed VI a trouvé en Christophe Picard un brillant historien et à ses perspectives, plusieurs essais permettent d’appréhender un pays en transition

part, une force centripète accompa- ’est une bonne nouvelle : cratique ». De son côté, constitu- med VI, dans l’espoir, ou la crainte, milieux de leur vie quotidienne, de LE PORTUGAL MUSULMAN gne un processus d’acculturation en France, on s’intéresse à tionnaliste spécialisé sur le d’un aggiornamento au royaume leurs soucis, de leurs rêves et décep- (VIIIe – XIIIe siècle) des élites traditionnelles. « Toutes nouveau au Maroc. Après Maghreb, Bernard Cubertafond chérifien, il est bon de revenir sur tions. Pour un auteur qui, au L’Occident d’al-Andalus les grandes familles qui prennent le C le très long règne de Has- décortique l’actuelle « démocratie les trente-huit années du règne de départ, vise à « mieux faire la diffé- sous domination islamique pouvoir dans la région (…) se condui- san II, où tout s’était figé vers la fin, royale, c’est-à-dire subjuguée par le Hassan II. rence entre ce qui ressort du système de Christophe Picard. sent comme des potentats musul- une fois le « jardin secret » de la roi ». Il espère, lui aussi, la fin d’un Au début du protectorat, en et ce qui ressort de l’homme », le Ed. Maisonneuve & Larose, mans ayant assimilés les pratiques de répression dépeuplé, des auteurs et pouvoir « cruel et punisseur », mais 1912, le Maroc comptait trois mil- jugement sur le défunt roi est sévè- 424 p., 33,85 ¤ (220 F). l’Islam dont elles se réclament. » Dès des éditeurs regardent d’un œil rappelle la « diffusion mimétique » lions d’habitants, dix fois moins re, à l’arrivée. « Tout cela témoigne le IXe siècle, le ciment d’une identité neuf un pays auparavant réduit à de la culture autoritaire tradition- qu’aujourd’hui. A la veille de l’indé- d’un mépris souverain pour le peu- ntre l’Atlantique, « océan arabo-andalouse prend puis, de Cor- quelques clichés, avec des sous- nelle : « briser après avoir été brisé ; pendance, en 1955, trente-six méde- ple, à l’image du fonctionnement ténébreux où l’on ne pénètre doue aux provinces les plus recu- entendus involontaires, pénibles soumettre après avoir été soumis ». cins – « dix-neuf musulmans et dix- pendant près de quatre décennies de sinon par accident », et lées, un modèle politique arabo- pour qui connaissait la réalité : « la Avec pertinence, il analyse les insti- sept israélites » – exerçaient au ce monarque d’une autre époque. » E Séville, s’étend, entre 711 et musulman se diffuse. La ville, cen- terre des contrastes », « l’empire tutions d’un pays qui vit au futur royaume. A présent, ils sont 11 000, Mais il a suffi d’enlever le nom de 1250, le Gharb al-Andalus, l’Occi- tre politique par excellence et sym- des sens »… A présent, derrière ces antérieur, parce que le présent y soit par tête d’habitants neuf fois Hassan II de la couverture de l’édi- dent ibérique. Contrairement au res- bole de la civilisation islamique, paravents folkloriques, réapparaît est en même temps « un passé revé- moins qu’en Espagne. Le plus tion marocaine pour que le livre te de l’Andalousie islamique, cette avec sa mosquée et ses bains un royaume qui reste à découvrir, cu et un futur anticipé ». grand hôpital du Maroc dispose soit autorisé à la vente au royaume. région, véritable zone de confins, publics, se développe, attirant éli- un « emboîtement de microsociétés Où va le Maroc ? A cette ques- d’un budget équivalent, hors salai- 1961-1999. Une espérance brisée. loin du pouvoir central de Cordoue, tes, marchands et artisans. « L’espa- partageant le même territoire, mais tion, Ignace Dalle répond par un res, à celui du SAMU d’Amiens. En Expurgée du responsable qu’il dési- est restée peu étudiée. Les données ce urbain reflétant seul l’univers men- vivant dans une ignorance mutuel- gne, la vérité d’Ignace Dalle est tolé- léguées par les auteurs chrétiens tal des intellectuels musulmans », le ». Pierre Vermeren, agrégé d’his- Le supplice du rire rée au « nouveau » Maroc de comme par les poètes, chroni- ceux-ci délaissent l’étude des cam- toire qui enseigne au Maroc et qui Dix ans enfermé pour délit d'opinion, de 1974 à l’après-Hassan II. On ne saurait pas queurs et géographes arabes sont pagnes, dans cette société pourtant consacre à ce pays « en transition » 1984, Salah El Ouadie, devenu membre fonda- mieux résumer la transition en lacunaires et souvent partiales. Ces très majoritairement agraire. un livre bien documenté et subtil, teur de l'Organisation marocaine des droits de cours. élites, préférant graviter dans la Le Gharb-al-Andalus présente de ajoute : « Certes, des passerelles exis- l'homme et du Forum vérité et justice, a écrit un Ancien communiste, toujours sphère du pouvoir, dédaignaient cet- grandes disparités suivant que les tent, mais on ne se mélange guère. petit livre plein d'humour et de candeur: un révolutionnaire, le poète Abdellatif te région, sauf quand l’intérêt des régions ont été conquises par trai- L’entre-soi social est souvent érigé en recueil de lettres qu'un prisonnier adresse à sa Laâbi, qui vit en France depuis puissants y était en jeu. C’est un véri- tés de paix ou par capitulation. Il mode de vie et d’existence. » mère, ne sachant plus de qui il devrait rire. «Et 1984, après huit ans de prison et table défi à la recherche et à l’histo- concentre aussi deux formes de soli- D’autant que le Maroc, depuis la voilà que mon corps se trouvait branché sur le sec- quatre ans d’attente d’un passe- riographie que relève Christophe darité, l’une de cousinage, héritée colonisation, ne cesse de migrer teur national avant que ne le fussent bien des villa- port, a rassemblé ses écrits politi- Picard, spécialiste de l’Occident isla- de l’Antiquité, et l’autre de type tri- vers le littoral où s’étend aujour- ges et douars de mon cher pays. »(Le Marié. Can- ques. Têtu, il veut croire que «le mique et de la navigation musulma- bal, véhiculée par les conquérants d’hui, sur 150 km, de Kénitra à Al dide au pays de la torture, Ed.Paris-Méditerra- laminoir de la répression » n’a pas ne. Voguant dans ces eaux troubles, arabes et berbères, sans que cela Jadida en passant par Rabat et née, 125 p., 12, 19 ¤ [80 F]). écrasé la foi en des lendemains il s’appuie notamment sur l’archéo- débouche pour autant sur une socié- Casablanca, une conurbation pres- meilleurs. « Les victimes, du fait de logie luso-arabe pour compléter ces té « seigneuriale »ni«tributaire ». que continue. Cet archipel de la bilan du règne de Hassan II. Son 1971, lors du premier putsch de l’ar- l’oppression qu’elles subissent, sont sources parcellaires et dégager la Cette région, toujours en résistance prospérité, composé d’îlots plus ou livre renoue avec une ambition que mée, douze des quinze millions de en situation d’être les gardiennes du spécificité historique, culturelle et face au pouvoir central, est mar- moins riches, émerge d’un hinter- le despotisme de l’actualité, de l’ins- Marocains étaient encore analpha- rêve de justice », estime-t-il. «Le sociale de cette région, d’où naîtra, quée par la permanence de grands land de plus en plus abandonné à tantané sans relief, a ensevelie sous bètes. La décennie 1970, la période sens de l’humain est leur seul capi- à force de conquêtes, le Portugal. clans et la « durée de ses lignages au la misère. des « événements » dont l’un chas- la plus sombre des « années de tal. » S’il a raison, l’avenir du Par le biais d’une étude histori- sommet de la hiérarchie sociale ». Pierre Vermeren veut reconsti- se l’autre. L’ancien correspondant plomb », était celle de la plus forte Maroc ne manquera pas d’investis- que, puis d’une analyse géographi- Pour réduire la puissance des chefs tuer le puzzle d’un « pays bien plus à Rabat de l’Agence France Presse croissance économique, 7,5 % en seurs. que et sociale, l’auteur met en évi- de clan et contribuer au dévelop- complexe qu’on veut le voir en Euro- (AFP) établit un état des lieux aussi moyenne. En 1955, 51 000 touristes Stephen Smith dence les spécificités du Gharb pement économique de ces régions, pe ». Il y parvient en fournissant les vivant que détaillé. A une généra- ont visité le pays des casbahs et des al-Andalus. Parmi elles s’inscrit la le pouvoir central avait pris le pari clés indispensables au décryptage tion d’intervalle, son livre fait pen- zelliges. En 1999, ils étaient 2,35 mil- e Le Maroc en transition, de Pierre double dynamique politique qui a d’une vaste démilitarisation de la d’une actualité plus nourrie, aussi dant à l’ouvrage de Simone et de lions, toujours deux fois moins Vermeren (La Découverte, 250 p., forgé cette région. D’une part, la région, assurant ainsi une paix et en contradictions, depuis que Jean Lacouture, Le Maroc à l’épreu- qu’en Tunisie. 8 % des Marocains 18,29 ¤ [120 F]) ; La Vie politique au conquête arabe n’y a pas endigué une prospérité, mais induisant la Mohammed VI a accédé au trône. ve, qui, en 1957, dressait l’inventai- vivent aujourd’hui dans des bidon- Maroc, de Bernard Cubertafond une histoire dominée par les dissi- propre faiblesse militaire d’Al-Anda- L’auteur n’impose aucun parti pris. re du protectorat en se demandant villes mais, malgré un exode rural (L’Harmattan, 180 p., 13,72¤ [90F]) ; dences. Il a fallu deux siècles au clan lus face aux troupes chrétiennes. S’il laisse vivre les espoirs qu’a sus- vers où allait évoluer, doté ou han- ininterrompu, leur nombre a été Le Règne de Hassan II, 1961-1999, Une omeyyade pour circonvenir l’Al- Agnès Devictor cités l’avènement du « jeune roi » dicapé par l’héritage colonial, le divisé par deux entre 1980 et 2000… espérance brisée, d’Ignace Dalle (Mai- Andalus et les élites locales, arabes chez les Marocains, dont les trois Maroc tout juste indépendant. Au On peut tout faire dire aux chif- sonneuve & Larose et, au Maroc, éd. et berbères mais aussi les grandes e Signalons aussi Al Andalus, quarts sont nés après l’indépendan- lendemain de l’indépendance, il fres, qui sont aussi ambigus que la Tarik, 310 p., 19,81 ¤ [130 F]) ; Les familles wisigothes souvent conver- 711-1492, une histoire de l’Andalousie ce en 1956, il n’exclut pas non plus était bon de dresser le bilan des réalité, selon le point de vue choisi. Rêves sont têtus, écrits politiques, ties, restent puissantes, toujours prê- arabe, de Pierre Guichard (Hachette une restauration autoritaire du pou- quarante-quatre années de présen- Celui d’Ignace Dalle est éminem- d’Abdellatif Laâbi (éd. Paris-Méditer- tes à profiter du moindre affaiblisse- Littératures, « Pluriel », no1009). En voir royal « sous les traits de la légiti- ce coloniale. Alors que l’on guette ment sympathique, parce qu’il fait ranée et, au Maroc (éd. EDDIF, ment du pouvoir central. D’autre librairie le 12 septembre. mité historique et du masque démo- les faits et les gestes de Moham- parler des Marocains de divers 200 p., 16,76 ¤ [110 F]). X / LE MONDE / VENDREDI 31 AOÛT 2001 actualités b L’inflation éditoriale rencontre l’embellie économique Plus de 1000 livres en deux mois ! Pour la première fois depuis longtemps, la surproduction s’inscrit dans un net regain d’activité de l’édition

a rentrée croule sous les Un bon millésime 2000 née suivante. Le plus alarmant, en 2000 reste inférieure à celle de livres et les chiffres. Cha- c’est que cette inflation a eu lieu 1998, alors que les ventes et les que année, ou presque, CHIFFRE D'AFFAIRES PRODUCTION EN TITRES PRODUCTION TOTALE en pleine récession. Le tirage recettes sont supérieures (voir gra- les éditeurs envoient de en millions de francs 60 en unités 450 en millions d'exemplaires moyen d’un livre n’a cessé de bais- phique). Même lors de la rentrée plusL en plus de livres, en espérant 422,86 ser, passant entre 1995 et 2000, de littéraire, la plupart des grandes 51 877 décrocher des prix littéraires, s’ins- 389,85 8 991 exemplaires à 8 151 exem- maisons ont stabilisé leur produc- 14 994 50 taller dans les listes de meilleures 42 997 400 plaires. tion. L’accroissement des chiffres ventes ou proposer le livre surpri- PRODUCTION Cette année pourtant, les chif- est dû de plus en plus à l’arrivée se de l’année. Beaucoup se lamen- D'EXEMPLAIRES 353,58 fres inflationnistes s’inscrivent dans la course de petits éditeurs, 14 382 40 tent de cet afflux, et, a priori, rien 14 289 dans un contexte différent, puis- qui espèrent obtenir des succès de 14 129

14 093 350 ne change. Les chiffres sont vertigi- 14 019 que l’édition connaît une véritable vente. Ceux-ci bénéficient de struc- 30 25 832 300,45 neux. Plus de 1 000 livres grand 21 998 embellie. La chose est inhabituel- tures de distribution – générale- public paraissent en deux mois, le, tant le déclin du livre semblait ment rattachées à des édi- 300 parmi lesquels, près de 500 docu- 20 VENTES inexorable. Un responsable du teurs – qui leur donnent les ments et 575 romans, dont dont NOUVEAUTÉS D'EXEMPLAIRES monde de l’édition, habitué à égre- moyens d’être présents lors de ces

369 romans français, selon les chif- SNE ner des litanies de mauvaises nou- rentrées. 10 250 fres publiés par le magazine pro- velles, avouait l’an dernier : «Jene « Le livre retrouve la place qu’il fessionnel Livres Hebdo. Sans sais pas comment faire, les chiffres perdait depuis dix ans. On assiste à 1995 96 97 98 99 2000 1995 96 97 98 99 2000 1995 96 97 98 99 2000 Source : compter les livres pratiques, les sont bons ! » un retour au livre, dans le public », bandes dessinées, etc. Bien peu 2000 a été une année exception- explique Serge Eyrolles, président seront élus, bénéficieront d’arti- va gagner et qui va être éclopé. Ça raient volontiers d’autres périodes (La Documentation française, nelle pour l’édition. Les statisti- du SNE. Le mouvement s’est pour- cles de presse et verront leurs ne sert à rien de s’en lamenter. » de lancement de livres pour désen- 2000), la richesse de l’offre fait par- ques publiées par le Syndicat natio- suivi depuis le début de l’année livres placés en évidence chez les « Tous ces livres qui arrivent d’un gorger la rentrée, notamment tie de la dimension de l’offre. Elle a nal de l’édition (SNE) pendant 2001. De juillet 2000 à juin 2001, la libraires. Mais tout le monde veut coup, c’est vrai que ça fait mal, avant l’été, mais le pas est difficile une valeur économique. On propose l’été montrent une hausse du chif- vente de livres a augmenté de en être. explique Jacques Fourest, de la à franchir. Flammarion n’a pas des livres qu’on attend et aussi fre d’affaires de 4,3 %, avec près 6 % – alors que celle du commerce Beaucoup courent d’ores et déjà librairie Géronimo de Metz, mais songé à avancer la parution du qu’on n’attend pas. Evidemment, de 15 milliards de francs (2,28 mil- non alimentaire n’est que de pour les places d’honneur. Car c’est le système qui est comme ça et Houellebecq. « Tout le système tour- cela ne doit pas justifier certaines liards d’euros). Le nombre d’exem- 3 % –, selon Livres Hebdo, qui note cette année la première place est c’est assez excitant. Il y a toujours ne autour de la rentrée. Nous som- dérives. » plaires vendus a augmenté de que cela « constitue un record prise d’emblée – de loin – par des livres inattendus qui émergent, mes frileux. Personne n’a le courage Derrière cette profusion de 6,2 %, alors que la production ne depuis la création de notre baromè- Michel Houellebecq. La demande qui sont choisis par le public. Ce qui de sortir les livres avant l’été », livres peut en effet se cacher une progresse que de 2,8 %. Cela indi- tre mensuel il y a neuf ans ». Réajus- du public et des libraires est consi- est terrible c’est de penser aux car- reconnaît Alain Flammarion, direc- inquiétante fuite en avant, qui per- que qu’au-delà du miroir défor- tement, embellie, retournement dérable. Après un premier tirage à tons de retour qu’on préparera en teur d’Union-Distribution. met à des éditeurs d’améliorer mant de la rentrée littéraire appa- de conjoncture ? En 2002, l’édition 60 000 exemplaires, Flammarion a octobre. » « La surproduction éditoriale lors leur trésorerie et leur chiffre d’af- raît un mouvement de limitation devra à la fois affronter le passage déjà réimprimé plusieurs fois pour Denis Bénévent, patron des de la rentrée romanesque n’est pas faires sur le dos des libraires qui de la production. L’année à l’euro et une année électorale, atteindre 170 000 exemplaires, librairies L’Arbre à lettres, est plus le phénomène le plus grave, tempè- payent les livres deux mois après 1999 avait même été marquée par généralement peu propice au com- moins d’une semaine après la mise réservé, en constatant que « sep- re François Rouet, auteur du Livre, leur réception, mais ne sont rem- une forte réduction, en titres com- merce du livre. en vente, vendredi 24 août. tembre est un petit mois pour la mutations d’une industrie culturelle boursés en cas de retour que l’an- me en exemplaires. La production Alain Salles Mais Houellebecq est bien sûr librairie » : « On a gardé un calen- une exception. La plupart des drier qui fonctionne depuis de nom- livres de la rentrée auront à peine breuses années, qui est calqué sur la accès aux tables des libraires. rentrée scolaire mais qui ne corres- Claude Cherki, PDG du Seuil, tran- pond à rien. Nous avons de plus en che : « Chaque année, c’est pareil, plus de clients pendant l’été, les il y a 20 livres qui s’en sortent, gens ont du temps pour lire et 50 qui surnagent et 150 qui ne décol- aucun livre ne paraît à ce moment- lent pas, mais on ne sait jamais qui là. » Plusieurs éditeurs envisage-

A L’ETRANGER :

b MEXIQUE : un jury pur et dur pour le prix Joaquín Mortiz Le premier Grand Prix du roman des éditions Joaquín Mortiz n’a pas pu être attribué cette année. Le jury, composé des écrivains Carlos Fuentes, Jorge Volpi, Ignacio Padilla et Silvia Molina, et de l’éditeur Jesús Anaya, n’ayant pas trouvé parmi les œuvres présen- tées celle qui aurait réuni toutes les conditions nécessaires, a demandé à la maison d’édition de reporter à l’an prochain les 250 000 pesos prévus (30,172.26 ¤) pour avoir le temps de conti- nuer à rechercher « le grand roman qui refléterait le mieux la riches- se et la vitalité de la littérature mexicaine actuelle ». Le prix du Pre- mier Roman avait eu le même sort l’an passé pour sa cinquième édition, et c’est ce qui avait donné lieu à son remplacement par le Grand Prix du roman.

b ÉTATS-UNIS : Chicago à l’heure de l’oiseau moqueur A l’initiative de la Bibliothèque publique, tous les habitants de Chicago sont invités à lire To Kill a Mockingbird, l’unique roman de Harper Lee (« Tuer un oiseau moqueur » traduit en français sous le titre Alouette, je te plumerai) qui a obtenu en 1960 le prix Pulitzer et a été un immense succès. Ce roman, qui retrace la vie d’un villa- ge en Alabama pendant les années 1930 et pose avec acuité le pro- blème du racisme, fait partie des « classiques » de la littérature américaine. On peut d’ailleurs regretter qu’il ne soit plus disponi- ble en français. Cette opération aura lieu pendant la Semaine du livre (du 8 au 14 octobre) qui a pour objectif d’inciter tous les habi- tants d’une même ville à lire, vivre et commenter le même ouvra- ge. Un exemple à suivre ?

L’EDITION AGENDA FRANÇAISE b LES 6, 7 ET 8 SEPTEMBRE. ÉTONNANTS VOYAGEURS. A Mis- b Nouveau directeur général soula (Etats-Unis), pour la deuxiè- pour Flammarion. Gilles Haéri, me année consécutive, auront lieu ancien directeur général adjoint de les rencontres Etonnants voyageurs Dunod et Dalloz, est nommé direc- de Saint-Malo, dirigées par l’écri- teur général des éditions Flamma- vain Michel Le Bris, dans le cadre du rion. Il remplace Danièle Nees, qui Montana Festival of the Book. Huit avait quitté ses fonctions fin février écrivains francophones participe- (« Le Monde des livres » du ront aux débats, lectures et ateliers 2 mars). Diplômé de l’Ecole centra- avec leurs homologues américains. le de Paris, titulaire d’un mastère Une journée spéciale leur sera HEC et agrégé de philosophie, consacrée le 6 septembre (rens. : Gilles Haéri a commencé sa carriè- 02-23-21-06-21). re chez Dunod en 1996, où il a occu- b LES 7, 8 ET 9 SEPTEMBRE. pé des responsabilités éditoriales et CLAUDEL. Au château de Bran- dans le développement. Il a égale- gues (38) se déroulent les rencon- ment travaillé à la direction de la tres claudéliennes sur le thème stratégie de Vivendi Universal « Paul Claudel et le Japon » avec Publishing. Il est placé sous la res- conférences, table-ronde, exposi- ponsabilité de Frédéric Morel, direc- tion et théâtre inspirés par l’œuvre teur général de l’ensemble du grou- et le séjour de l’écrivain au Japon. pe Flammarion (Casterman, J’ai lu, (rens. et inscriptions auprès de l’As- etc.), qui a été racheté par l’italien sociation des amis du Château de Rizzoli en octobre 2000. Brangues : 04-74-80-55-16). b Martin Winckler en feuilleton b DU 7 SEPTEMBRE AU 20 OCTO- sur Internet. POL lance sur son BRE. POÉSIE CONCRÈTE. A Mar- site Internet un nouveau feuilleton seille, au Centre international de signé Martin Winckler, Légendes, poésie de Marseille (CIPM) se tien- qui sera en ligne quotidiennement dra une exposition sur la poésie – et gratuitement – à partir du 3 sep- concrète brésilienne présentant les tembre, pendant 173 jours. POL va œuvres d’Augusto de Campos. Le publier en octobre une version aug- CIPM et le Web Art proposent un mentée de son précédent feuille- spectacle « verbivocavisuel » de ton, La République de Mek-Ouyes, l’écrivain brésilien : Poésie est risque de Jacques Jouet. Le livre de Martin (à 20 heures, Web Bar, 114, rue de la Winckler devrait sortir en République, 13002 Marseille ; rens. : mars 2002 (www.pol-editeur.fr). 04-96-11-65-11 ou w.w.w.webbar.fr)