Salon De 1857
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Jules Verne SALON DE 1857 Texte intégral établi, présenté et annoté par Volker Dehs 2 Sommaire En guise d’introduction ……………………………………………………. 3 Sources abrégées …………………………………………………………. 4 Préface. Jules Verne critique d’art ………………………………………. 5 Une institution éminemment française………………………………. 7 Les chroniqueurs du Salon……………………………………………. 11 L’exemple de Courbet…………………………………………………. 17 Le premier livre de Verne ?………………………………………….... 21 Peintres et peinture dans les « Voyages extraordinaires »………... 24 M. Verne et les beaux-arts……………………………………………. 30 Chronologie de 1857 ………………………………………………………. 34 SALON DE 1857 Article préliminaire……………………………………………………… 38 Premier article………………………………………………………….. 46 Deuxième article……………………………………………………….. 61 Troisième article……………………………………………………….. 73 Quatrième article………………………………………………………. 87 Cinquième article………………………………………………………. 103 Sixième article………………………………………………………….. 112 Annexes : Portraits d’artistes. XVIII. (Victor Massé)……………………………….. 124 Conseil municipal d’Amiens. Séance du 13 mai 1891……….……….. 130 Liste des illustrations ……………………………………………………… 137 Répertoire des artistes cités ……………………………………………… 139 L’auteur ………………………………………………………………………160 Tous droits réservés. © Volker Dehs, 29 septembre 2008 Dernière mise à jour : 5 novembre 2008 3 En guise d’introduction Le texte suivant de Jules Verne – Salon de Paris , qui se compose d’un « ar- ticle préliminaire » ainsi que de six articles numérotés – a paru pour la première fois dans la Revue des Beaux-Arts. Tribune des artistes (Paris), tome huitième, livraisons 12 à 18 du 15 juin au 15 septembre 1857. Le texte fut imprimé, sans illustrations, sur deux colonnes (représentées ci-après par les lettres a et b) ; la pagination originale de la revue est indiquée entre des parenthèses pointues < > en fin du texte correspondant. Bien qu’il fût signalé dans une bibliographie anglaise parmi les autres publications sur le Salon de 1857 dès 1986 1, ce texte était resté entièrement inconnu de la critique vernienne jusqu’en 2006 lorsque William Butcher lui consacra quelques pages dans sa biographie de Jules Verne. 2 La transcription du texte fut établie sur un exemplaire conservé à la biblio- thèque universitaire de Cologne. 3 J’ai respecté la graphie des noms propres dans le texte en les corrigeant, au besoin, en note. Si j’ai maintenu la plupart des archaïsmes (tels que dénoûment pour dénouement ou le trait reliant très à l’adjectif suivant, orthographe en vigueur jusqu’en 1877) ainsi que l’abondance des points-virgules, j’ai suppléé aux accents erronés et à la virgule dans les cas où son emploi fautif (dû à l’auteur ou à l’imprimeur) gênerait la lecture. Des mots restitués par moi furent mis entre crochets, les quelques changements signalés en note. Les titres des œuvres exposées, cités par Jules Verne dans son texte, ne sont pas toujours complets ou rigoureusement exacts ; au lieu de les corriger en note (sauf quelques exceptions plus importantes), j’indique les titres originaux d’après le Catalogue de l’exposition en annexe dans le réper- toire alphabétique des artistes cités. Je tiens à remercier Lionel Dupuy pour la lecture d’une première version du manuscrit, Bernhard Krauth pour son aide indispensable, la mise en page et pour avoir accueilli le texte sur le site www.jules-verne.eu/ , ainsi que René Paul pour ce qu’il appelle « un coup de main » dans les affaires de haute informati- que qui me dépassent largement... L’édition de cet ouvrage aurait dû être la collaboration de deux auteurs. Par suite d’un différend portant sur le statut juri- dique de l’illustration prévue, cette édition commune n’a pas pu être réalisée et les deux auteurs ont préféré poursuivre indépendamment l’un de l’autre la pré- sentation de cette œuvre ignorée de Jules Verne. Après tout, les lecteurs profi- teront de cette situation puisqu’ils auront désormais à leur disposition deux ap- proches différentes, voire complémentaires du texte. Volker Dehs, 29 septembre 2008 [email protected] 1 PEARSONS & WARD , p. 53 (n° 0318). 2 BUTCHER , pp. 129-131. 3 La revue est relativement rare et ne se trouve apparemment que dans les bibliothèques suivantes : Oxford : Sackler Library (texte de Verne seulement) ; Bourges : Bibliothèque mu- nicipale (abrégée si-après : B.M.), Musée du Berry ; Douai : B.M. ; Limoges : B.M . ; Nantes : B.M. (Centre Jules Verne) ; Paris : Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, Bibliothèque Forney, INHA ; Toulouse : Société Archéologique du Midi. 4 Sources abrégées : BUTCHER , William : Jules Verne. The Definitive Biography . New York: Thun- der’s Mouth Press 2006 CATALOGUE : Salon de 1857. Soixante-dix-huitième exposition des ouvra- ges des artistes vivants. Explication des ouvrages de peinture, sculpture, gra- vure, lithographie et architecture des artistes vivants exposés au Palais des Champs-Élysées le 15 juin 1857. Charles de Morgues frères 1857 [catalogue officiel du salon ; réédition en fac-similé : Paris Salon de 1857 . New York, Lon- dres : Garland 1977] DUMAS , Olivier : Jules Verne . Avec la publication inédite de la correspon- dance de Jules Verne à sa famille. Lyon: la manufacture 1988 e LAROUSSE , Pierre : Grand Dictionnaire universel du XIX siècle . 10 tomes. Paris : Larousse 1864-1877 PEARSONS , Christopher & Martha WARD : A Bibliography of Salon Criticism in Second Empire Paris . Cambridge etc.: Cambridge University Press 1986 SHERARD , Robert H. : « Jules Verne, sa vie et son travail racontés par lui- même. » In Daniel COMPERE & Jean-Michel MARGOT (éd.) : Entretiens avec Ju- les Verne 1873-1905 . Genève : Slatkine 1998, pp. 83-97 VAPEREAU , Gustave : Dictionnaire universel des Contemporains . Paris : L. Hachette 21861, 51880, 61893 5 Préface JULES VERNE CRITIQUE D’ART Après avoir été afficheur, gourmand, traiteur, machiniste, décorateur, etc., me voilà critique de Salon ! Sango de mi, quel travail !… Ce que je veux faire pour égayer le Public, c’est quelques jeux de mots… Ce n’est qu’avec cela qu’on peut se faire une réputation ! « Arlequin au Museum » (farce de 1799) 4 Guidé par le père du capitaine Nemo et du Nautilus à travers une exposition des beaux-arts, dont il nous explique et commente un choix de tableaux – voici une idée qui surprend au premier abord. Elle peut paraître aussi exotique que d’écouter la musique de chambre d’E.T.A. Hoffmann ou de lire une nouvelle fantastique de Berlioz. Toutes ces œuvres-là existent, bien qu’elles soient tom- bées dans l’oubli, ombragées par l’éclat des œuvres principales de leurs créa- teurs ; et pourtant elles sont – par leur caractère à part même – aptes à jeter une lumière enrichissante et complémentaire à l’image traditionnelle. Jules Verne critique d’art, cette perspective inattendue et longtemps ignorée semble justifier le mot du journaliste Ernest-Charles qui écrivit en 1906 : « Tant que Ju- les Verne sera mort, il continuera d’écrire. »5 Ce qui rend la découverte récente du Salon de 1857 particulièrement intéressante, c’est qu’il ne s’agit pas d’un des innombrables inédits posthumes de Jules Verne, qui ont paru pendant un siècle de 1905 à 2005 6 et dont certains attendent toujours la publication, mais d’un texte publié de son vivant, à une époque charnière dans la vie de l’écrivain. Jules Verne était venu à Paris en 1848 pour terminer ses études de droit, mais s’était lancé dans le monde du théâtre où il voulait réussir à tout prix. Les « grandes espérances » furent toutefois déçues, le poste du secrétaire au théâ- tre Lyrique qu’il occupait de février 1852 à octobre 1855 ne lui avait pas suffi- samment mis en relation avec les personnages dont il avait besoin pour placer ses œuvres. Rien ou peu laissait alors pressentir qu’un beau jour Jules Verne irait enchanter le monde avec la série de ses Voyages extraordinaires . Jus- qu’en 1857, quelques nouvelles avaient paru dans la revue Musée des famil- les , mais elles étaient restées presque inaperçues. Sans pour autant abandon- ner le monde des lettres, Jules Verne s’était vu forcé de chercher un emploi dans la finance – travail qu’il détestait et dans lequel, par conséquent, il ne ré- ussissait point – pour assurer l’existence de sa famille qui venait d’entrer dans 4 Cité d’après Andrée SFEIR -SEMLER : Die Maler am Pariser Salon 1791-1880 . Frankfurt a.M. : Campus / Paris : Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme 1992, p. 54. C’est à cette excellente étude sociologique que j’emprunte aussi les statistiques relatives au Salon. 5 J. ERNEST -CHARLES : « Morts et vivants. » In : Gil Blas n° 9.626, 23 décembre 1906, p. 1. 6 Avec les romans remaniés et publiés par le fils du romancier, Michel, entre 1905 et 1919, en passant par Paris au XX e siècle (Hachette 1994) jusqu’au récent Théâtre inédit (Le cherche midi 2005). 6 sa vie dans la personne d’Honorine Morel, jeune veuve avec deux filles, qu’il avait épousée le 10 janvier 1857. Toutefois, Verne espérait que le travail à la Bourse lui laisserait assez de temps pour ses occupations littéraires. Un acompte sur le patrimoine de 50.000 F. (plus de 180.000 euros de nos jours) lui avait permis d’entrer dans la société de l’agent de change Fernand Eggly avec la famille duquel Verne restait en bonnes relations jusqu’à sa mort. Le théâtre n’avait jamais réellement été abandonné et plusieurs pièces étaient encore en attente pour voir les feux de la rampe jusqu’en 1861. En même temps, Jules Verne continuait de faire partie d’un cercle d’artistes – les Onze-sans-femmes , des écrivains, compositeurs, dessinateurs et journalistes – qui se réunissaient les mardi dans un restaurant, à l’exemple des Buveurs d’eau d’Henri Mürger, sans pour autant partager les rites doctrinaires de ceux-ci. Voici en quelques mots la situation du futur romancier lorsque parurent, en été 1857, ses sept articles de critique d’art dans la Revue des Beaux-Arts . 2. Jules Verne, entouré de ses amis 7 Une institution éminemment française L’exposition des tableaux, dessins et sculptures était un des grands événe- ments dans la vie parisienne depuis que « le Salon » du Louvre avait été rendu accessible au grand public par le gouvernement révolutionnaire en 1791.