Collection historique : Fascicule 39 MONOGRAPHIES LORRAINES

JOSEPH ROHR

FORBACH

PRÉFACE DE M. FR. DE FOVILLE SOUS-PRÉFET DE FORBACH DU MÊME AUTEUR: GROS-RÉDERCHING ET SES ANNEXES, 1946 SARREGUEMINES ET SON ARRONDISSEMENT (en collaboration) SARREGUEMINES 1949 (épuisé) HAMBACH-ROTH, SARREGUEMINES 1951 PRÉFACE Je suis heureux de présenter l'ouvrage que M. Rohr consacre à l'Arrondissement de Forbach. S'il était naturel qu'il écrive cette mo- nographie après avoir publié celle de l'arrondissement de Sarreguemines, puisque c'est d'une partie de celui-ci qu'à été formée la plus grande part de celui-là, je ne saurais assez cependant le féliciter d'avoir entrepris et mené à bien une telle tâche qui comporte un nombre insoup- çonné d'ingrates difficultés. Ces monographies régionales sont précieuses non seulement pour ceux qui veulent mieux connaître et par là mieux aimer le pays où ils sont nés ou qu'ils habitent, mais encore pour tous ceux qu'intéresse l'étude approfondie d'un coin de terre française, étude qui permet sur des exemples limités et précis d'analyser comment l'homme, par son action de tous les jours, modifie le milieu dans lequel il vit. En lisant les pages qui suivent le lecteur verra comment s'est déve- loppée pour atteindre son visage actuel cette région frontière et tout d'abord combien ses habitants ont dû lutter tout au long des siècles pour la défendre. Puis ce lecteur apprendra comment l'action de ses habitants a transformé cette région qui, de sylvestre et agricole, est devenue d'abord région de petite industrie, enfin à l'époque contem- poraine, dans ses deux cantons nord, essentiellement industrielle, — les deux cantons sud conservant un caractère agricole prédominant — il ap- prendra également à connaître les noms de ceux qui l'ont illustrée. Ainsi enrichi de connaissances, le lecteur trouvera un plaisir renou- velé à parcourir ce pays puisque chaque nom de ville, de village, de lieux- dits, lui évoquera un point d'histoire ou de géographie humaine — et les noms de rues eux-mêmes ne seront plus simplement des noms, mais des évocations de tel ou de tel personnage dont il aura appris ce qu'ils ont été, ce qu'ils ont fait, pourquoi ils ont mérité d'être honorés par leurs concitoyens. C'est dire que je souhaite beaucoup de lecteurs à ce livre parmi les habitants de l'arrondissement, mais je lui en souhaite aussi parmi ceux qui ne le connaissent pas afin de les inciter à y venir. Ils verront ce qu'une population ayant un sens élevé du travail et du devoir a pu faire par son labeur et son industrie, comment cette population a modifié l'aspect de son pays tout en lui conservant une naturel attrayante. Bref ils verront sous leurs yeux un des plus étonnants exemples d'humanisation, pour employer la langue des géographes. Et lorsque, promeneurs attardés, ils apercevront au détour du chemin, en sortant des forêts qui somment les collines, dans le fond de la vallée des installations industrielles d'une ampleur rare et des villes en pleine activité, et que, poursuivant leur route, ils verront tout à coup s'élever en bordure d'un petit village plusieurs fois centenaire, une moderne cité à l'architecture audacieuse, ils saisiront la beauté particulière qui se dégage de ces paysages, beauté faite de la juxtaposition d'une nature toujours présente et de réalisations industrielles et d'urbanisme qui sont parmi les plus hardies du XXe siècle. Et sûrement penseront-ils alors avec moi que ce morceau de France fait honneur à la France. F. R. de FOVILLE Sous-Préfet de FORBACH

CHAPITRE 1er GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET HUMAINE

L'arrondissement de Forbach, d'un périmètre total de 209 km., est limité au nord par le territoire de la Sarre sur une frontière de 35 km ; à l'ouest par l'arrondissement de Boulay sur une longueur de 53 km ; au sud par l'arron- dissement de Château-Salins sur une frontière de 50,500 km et, à l'est, par l'arrondissement de Sarreguemines et le département du Bas-Rhin sur une ligne de 70,500 km. La circonscription mesure du nord-ouest (village de Diesen) au sud-est (village de Kirviller) 35 km et du nord-est (Stiring-Wendel) au sud-ouest (Bru- lange) 47 km. L'arrondissement a une superficie de 70.100 ha ; il compte 102.433 habi- tants, 16.845 maisons avec 28.234 ménages (recensement du 10. 1. 1946).

La Géographie étudie le relief actuel du pays, décrit les hauteurs et les dépressions avec leurs cours d'eau, et s'intéresse avant tout aux couches super- ficielles du terrain. La Géologie plonge ses regards dans les profondeurs de l'espace et du temps ; elle examine les terrains du sous-sol et l'histoire de leur formation. Esquissons les grands traits des données géologiques de notre sol. Toute la croûte terrestre a comme soubassement un socle de granit et de gneiss, situé à des profondeurs variables ; tantôt le socle est caché sous une puissante charge de sédiments (primaires, secondaires, tertiaires et quarter- naires), tantôt le socle affleure, surtout dans l'axe des hautes montagnes (Alpes, Vosges, etc.) quand l'érosion des eaux courantes a, dans le courant de millé- naires, déblayé la couverture sédimentaire. — Le sous-sol de notre région est formé par des terrains de l'ère secondaire. Pendant l'ère primaire, notre pays est longtemps submergé ; sur le socle granito-gneissique se déposent les sédiments des périodes cambrienne, silu- rienne et dévonienne. A l'époque suivante, dite carboniférienne, les plissements hercyniens dressent les hauts massifs de l'Ardenne et des Vosges qui dépas- sent, au début, la hauteur actuelle des Alpes. La région comprise entre ces deux massifs est en partie libérée des eaux ; il règne alors un climat tropical ; la chaleur et les pluies diluviennes favorisent le développement d'une végéta- tion luxuriante de roseaux, de fougères arborescentes et de conifères ; mais l'érosion est fort active ; pendant l'époque permienne (à la fin de l'ère pri- maire) les torrents charrient des masses de sable et de marnes qui enfouissent les terrains carbonifériens ; les plantes recouvertes par ce manteau de sédi- ments, enfermées comme dans une immense cornue, se carbonisent et forment un puissant gisement de houille. Aujourd'hui ces gisements carbonifères affleu- rent presque à l'est de Sarrebruck, mais plongent en profondeur vers le sud- ouest ; dans notre région, ils se trouvent à une profondeur de 300 à 800 m, profondeur qui permet l'extraction par des puits et des galeries (depuis 1856, voir chapitre Industrie du bassin houiller), mais vers Pont-à-Mousson les gise- ments descendent à plus de 1.000 m de profondeur qui rend l'extraction encore trop dispendieuse. Au debut de l'ère secondaire, c'est-à-dire à l'époque du Trias, notre région est tout à tour occupée par des lagunes et des mers peu profondes, puis exondée, libérée des eaux. Les cours d'eau puissants, venant de la région vos- gienne au sud, y déversent des sables et des marnes qui forment le sous-sol actuel. On distingue trois périodes de sédimentation auxquelles on a donné le nom de Trias : 1° Le grès bigarré ou Bundsandstein : les cours d'eau charrient surtout des sables siliceux qui se sont peu à peu agglomérés et qui forment de fortes assises de grès rouge, jaune ou blanc ; 2° le calcaire coquillier ou Muschelkalk : dans une mer peu profonde se déposent, par milliards, les coquilles calcai- res de mollusques (groupe des ammonites) et les grains calcaires de cer- taines plantes (algues calcaires, etc.); les sédiments s'agglomèrent en assises de pierres calcaires, entremêlées de couches de marnes ; 3° les marnes irisées ou Keuper : dans une mer de faible profondeur se déposent surtout de fines particules de marnes, c'est-à-dire des mélanges d'argile et de calcaire, diversement colorées. La température de l'ère secondaire est encore très élevée ; dans les lagu- nes où les eaux subissent une forte évaporation, se déposent alors çà et là le gypse et le sel gemme. Là, où ces dépôts furent recouverts dans la suite par des couches de marnes, le gypse et le sel se trouvèrent à l'abri des eaux d'in- filtration qui les auraient dissous ; ainsi se sont formés les gisements de sel en forme de lentilles, logés dans les terrains du Muschelkalk (Saltzbronn) ou du Keuper (Dieuze). Si les trois formations superposées du Trias s'étaient maintenues en place, la dernière devrait affleurer partout ; mais soit que les couches posté- rieures s'étendissent moins loin que la précédente, soit que la deuxième et la troisième couches fussent par endroits déblayées par l'érosion des eaux cou- rantes, nous voyons aujourd'hui les trois couches affleurer successivement du nord au sud : 1° au nord, une bande de grès bigarré s'étend de St-Avold, Porcelette, L'Hôpi- tal, Hombourg-Haut, jusqu'à Forbach et les hauteurs de Spicheren ; c'est la lisière sud-est du grand triangle de grès bigarré, délimité par les villes de Sarrelouis — St-Avold — Sarrebruck ; c'est un terrain sablonneux, peu fertile, occupé encore au Moyen-Age par la forêt étendue de conifères du Warndt, défriché en partie dans les temps modernes. 2° plus au sud, parallèlement au grès bigarré, s'étend une bande de calcaires coquillier ; lisière peu étendue à l'ouest : Folschviller, Valmont jusqu'à Bet- ting ; mais qui s'élargit vers l'est pour former un triangle, dont le côté nord- est va de Betting vers Folkling, Oeting et le village de Spicheren et le côté sud de Betting vers Farébersviller, Théding et Bousbach. 3° toute la partie située au sud de cette ligne est recouverte par les marnes irisées (Keuper). Postérieurement, à l'époque esquissée du Trias, notre région fut recou- verte par la mer, au moins en partie, à l'époque du Lias (début du Jurassique); mais les sédiments, généralement marneux, furent déblayés par l'érosion ; seu- lement quelques lambeaux subsistent : à savoir la côte de Vahl-Ebersing et une traînée allant de Landroff à Eincheville et Viller. Depuis l'époque du Lias, notre région est restée émergée. Pendant les siècles suivants, l'érosion des eaux courantes a modelé peu à peu le relief actuel et a creusé les vallées au fond marneux. L'histoire géologique nous explique le relief actuel ; notre région pré- sente les caractères du Plateau lorrain mamelonné, décomposé en une série de collines, séparées par les vallées et les vallons de la Rosselle et de la Sarre et de leurs affluents et sous-affluents, grands et petits ruisseaux. Au nord, dans les terrains du grès bigarré et du calcaire coquillier, s'élè- vent une série de collines (hautes de 320 à 387 m.) ; ce sont, en allant du sud- ouest vers le nord-est, la Hauteur de 340 m au nord de La Chambre ; le Mit- tenberg 320 m, à l'ouest de Macheren; le Steigberg, 331 m au nord de Mache- ren ; le Sielberg 360 m au sud-ouest de Betting ; le Vogelsberg 347 m au sud de Béning ; le Hérapel 330 m au nord de Cocheren ; la côte de Théding 373 m au nord du village ; le Hunneberg 372 m à l'est de Gaubiving ; le Kelsberg 387 m au sud-est d'Oeting, le point culminant de notre région ; le Kreuzberg 371 m à l'est de Forbach ; le Pfaffenberg 357 m au nord d'Etzling ; les Hau- teurs au nord de Spicheren 341 m ; le Bettingerberg 363 m à l'est de Bous- bach ; la Hauteur 371 m au nord de Cadenbronn ; le Langheck 339 m à l'est de Nousseviller. Les hauteurs moins élevées se dressent dans le sud-ouest : la Côte de Vahl-Ebersing 323 m, le Wiversberg 328 m à l'est de Freybouse, la Côte de Bis- troff 315 m et le Engelberg 333 m. Les vallées restent supérieures à la côte de 200 m : la Rosselle 235 m, près de Petite-Rosselle. la Rotte 238 m à Brulange, la Sarre 210 m à Sarralbe. Les forêts couronnent les hauteurs : rubans étendus dans la région de la Rosselle, bouquets éparpillés dans la région sud. Le sol calcaro-marneux dans la région du calcaire coquillier et des marnes irisées se prête à des cultures variées et productives (blé, betteraves, trèfle) ; les vallées marneuses tapissées de prairies naturelles, favorisent l'élevage des animaux domestiques ; la région du grès bigarré au nord au sol pauvre en éléments fertilisants, sem- blait défavorisée, mais la richesse de son sous-sol, l'extraction du diamant noir, a fait de cette terre déshéritée la plus riche et la plus prospère; si au début elle a favorisé même la région agricole à laquelle elle demande ses produits de consommation, elle la menace aujourd'hui, en lui enlevant la main-d'œuvre.

L'arrondissement, situé à peu près à égale distance du pôle et de l'équa- teur, a, comme toute la , un climat continental ; son éloignement de la mer le rend souvent très froid en hiver et très chaud en été. L 'arrondissement est entièrement situé dans la zone des vents variables. Le vent du sud-ouest, le plus fréquent, amène des bourrasques, les pluies pro- longées ; les vents d'est sont glacés en hiver, brûlants et secs en été. La température moyenne de l'année est de 9° à 10°. En été, le thermo- mètre monte parfois à l'ombre jusqu'à 35° et en hiver, il descend parfois jus- qu'à 20°, ce qui fait un écart de 55°. L'année a environ 170 jours de pluie, particulièrement en automne et au printemps lors des grands vents d'ouest, et en été quand s'accumulent des nuages orageux au-dessus de la terre surchauffée.

Le plus grand cours d'eau, la SARRE, ne traverse l'arrondissement que sur une longueur de 6 km, près de Sarralbe. L'ALBE, son plus grand affluent dans la circonscription, prend sa source à l'ouest de Rodalbe, croise la ligne de chemin de fer de Metz—Sarrebourg, passe à Neufvillage, Réning, Ueberkinger, Kappelkinger, Wentzviller, Audvil- ler, Le Val de Guéblange, Schweix, Rech, Sarralbe, sur une longueur de 97 km, et se jette dans la Sarre au-dessus de Sarralbe. La MODER, MODERBACH ou MUTTERBACH, a ses sources près de l'ancienne église-mère de Farschviller, coule du nord au sud, arrose Farsch- viller, Loupershouse, Ellviller, Puttelange-les-Sarralbe, Béning-les-St-Avold, Richeling, Ballering, Hirbach, Holving, Hinsing et se jette dans l'Albe, près de la ferme de Lenderhoff, après un cours de 14 km. [Moder est probablement un nom celtique, désignant une rivière, comme la Moder (Bas-Rhin) et la Ma- trona = Marne.] Le ruisseau de ZELLEN ou la Zell (4 km) naît au nord-est de Hellimer, et draine les eaux des hauteurs d'Ueberkinger, de Morsbronn, de Hilsprich, de St-Jean-Rohrbach, de Leyviller, d'Altrippe, de Hellimer et de Petit-Tenquin et se jette dans l'Albe près de Petit-Rohrbach. La ROSSELLE naît dans la forêt de Longeville, traverse l'étang d'Oder- fang, reçoit un émissaire de l'étang de Merbette, passe par les bans de Saint- Avold, Petit-Ebersviller, Hombourg-Haut, Merlebach, Betting-les-St-Avold, Béning-lès-St-Avold, Cocheren, Rosbruck, Morsbach, sur une longueur de 27 km, et se jette dans la Sarre, près de Werden (Sarre). Le ruisseau de MERLE ou la MERLE (5 km), est formé par 3 petits ruis- seaux qui naissent dans la forêt, qui s'étend entre L'Hôpital, Freyming et Mer- lebach ; il traverses les territoires des communes de L'Hôpital, Sainte-Fon- taine, Freyming, Merlebach et se jette dans la Rosselle, presqu'en face de la gare de Béning-les-St-Avold. Le ruisseau la ROTTE sort du petit Bois de Racrange, croise la ligne de chemin de fer de Sarrebourg—Metz, arrose Harprich, Landroff, Suisse, Bru- lange, Holacourt, sur une longueur de 15 km, et conflue, près de Vatimont, avec la Nied française, qui se jette dans la Sarre entre Sarrelouis et Merzig. La NIED ALLEMANDE (81 km) réunit le petit ruisseau de Marienthal et un émissaire de l'étang de Bischwald ; elle traverse dans l'arrondissement les communes de Seingbouse, Marienthal, Biding, Vahl-Ebersing, Holbach, Altviller, Bistroff, Lixing et se réunit à la Nied française à Condé-Northen pour former la Nied Les autres petits ruisseaux sont mentionnés sous les différentes localités. LES ETANGS Trois étangs assez étendus, caractéristiques de la formation triasique des marnes irisées ou keuper, sont situés dans le canton de Gros-Tenquin. L'étang de BISCHWALD (superficie 210 ha), propriété de Mlle Hélène Mérot, à 1.100 km de Bistroff, est alimenté par les ruisseaux Weihergraben (longueur 1 km) qui prend sa source à l'est de Weiler, le Dinkelgraben (2 km) au sud de Bistroff et le Beningerbach (3 km). L'étang est fermé à la lisière nord par une digue de 500 m de longueur avec une écluse d'écoulement le long de la route de Gros-Tenquin à Faulquemont. Il s'écoule par le ruisseau de Bischwald qui se réunit à la Nied allemande, au sud-est de Téting, après un cours de 7,500 km. L'étang de MUTCHE (100 ha), situé à 2,500 km au nord de Morhange et à 800 m de Harprich, est alimenté par le ruisseau Baronvillergraben, tribu- taire de la Nied française, par le ruisseau Berbachergraben qui se jette dans la Rotte, affluent de droite de la Nied, à Harprich. L'étang de VALLERANGE (55 ha), à 700 m au s ud-est du village du même nom, est tributaire de la Sarre par le ruisseau de Vallerange qui se jette dans le ruisseau Lenzbronnbach, affluent de gauche du ruisseau Rottbach, qui va à l'Albe. En dehors de ces 3 grands étangs, il faut mentionner quelques petits étangs, situés au nord-ouest dans la région de St-Avold. L'étang de MERBETTE. (7,33 ha) et l'étang d'ODERFANG (32 ha), sont tributaires de la Sarre par la Rosselle. L'étang de POROELETTE (3 ha) est à 1 km au nord du village du même nom. Emissaire de l'étang, le ruisseau de Diesen s'écoule dans le petit étang de DIESEN, à 1 km au nord de l'étang de Porcellette ; son émissaire s'unit, près de la gare de Creutzwald, au ruisseau de Bisten qui se jette dans la Sarre près de Wadgassen.

CHAPITRE II. LA VIE ÉCONOMIQUE

La nature du sol conditionne l'exploitation du terroir communal ou finage. La bande de grès bigarré qui s'étend de Forbach à St-Avold, par Béning et Hombourg [voir chap. 1, 2], comprend des terrains peu fertiles à l'état natu- rel, mais favorables à la culture de la pomme de terre et du seigle. Ces ter- rains exigent l'emploi d'engrais pour apporter à la culture les éléments fer- tilisants (potasse et acide phosphorique) qui seuls permettent des cultures riches (blé, betterave, etc.). Plus au sud, les terrains de calcaire coquillier et des marnes irisées et les alluvions des vallées présentent au contraire des terrains excellents de cul- tures variées. L'emploi d'engrais a transformé toutes ces terres en pays de polyculture. Si les emblavures d'orge et de seigle ont pratiquement disparu, celles du blé et de l'avoine prospèrent. Les plantes fourragères, comme la luzerne et l'esparsette, maintiennent leurs positions, alors que les étendues de prairies naturelles clôturées sous forme de parcs, se développent en rapport direct avec l'ampleur de l'élevage de la vache laitière. La culture de la pomme de terre et celle de la betterave fourragère res- tent limitées aux besoins stricts des exploitations. Le régime dominant est celui de la petite propriété, exploitée par les membres de la famille ; de plus le mineur du secteur de Forbach-Merlebach, aussi bien que celui du Val de Guéblange-Holving, s'adonne encore en dehors de ses activités professionnelles, à la culture de quelques arpents de terre et à l'élevage de quelques vaches. Relevons pourtant que dans la région de Gros-Tenquin subsistent encore quelques grandes fermes sur la vaste étendue du Bischwald, déboisée depuis 1820. L'agriculture est donc prospère, surtout dans les grandes exploitations, qui cultivent de bonnes terres et qui peuvent supporter les dépenses néces- saires pour les engrais chimiques et les machines agricoles : mais les petites exploitations sont menacées ; le travail à la mine, pénible il est vrai, mais plus rémunérateur, à horaire fixe, qui n'exige aucun capital (terres, machi- nes, engrais) fait déserter la campagne où le travail ne laisse guère de loisirs, nécessité de grands investissements et reste exposé aux hasards des intempé- ries ; dans plusieurs communes le prix des terres de culture est en baisse et déjà des terrains restent en friche. Le bassin houiller de Lorraine est presque complètement situé dans l'arrondissement de Forbach. L'existence du charbon dans le bassin sarro-lorrain, s'étendant sur une longueur de 200 km, reconnue dès le Moyen-Age, est mentionnée officielle- ment dans les archives en 1429. Mais ce n'est qu'en 1776 que les princes de Nassau-Sarrebruck entreprirent à leur compte l'exploitation des gisements houillers. Après l'occupation de la Sarre par les troupes françaises en 1793, le charbon du bassin, devenu propriété française, fut exploité au profit de la République. L'extraction annuelle était alors de 90.000 tonnes. Par les traités de 1814 et 1815, la Sarre fut enlevée à la France ; il fal- lait explorer de nouveaux gisements, situés au sud de la frontière sarroise. Ainsi l'exploitation du bassin houiller de la Moselle commence seulement au XIX siècle. Les PREMIERES RECHERCHES furent effectuées dès 1816 dans la région de Schœneck par une société, formée par MM. Gangloff, ancien ins- pecteur impérial des Mines de la Sarre, Rupied et Thiriet, sous la surveillance de M. Gargan, ingénieur royal des Mines. Les sondages donnèrent des résul- tats encourageants entre la frontière prussienne et le village de Schœneck. La société déposa une demande de concession qui lui fut accordée en 1820 sous le nom de « Concession de Schœneck ». D'autres fouilles entreprises de 1821 à 1824 dans la région de Creutz- wald, Téterchen et Schœneck, échouèrent à cause du rendement insuffisant de la technique de forage de l'époque. Un essai d'exploitation commencé en 1829 dans le périmètre de Schœneck dut être abandonné par suite du noyage des puits. La société fut dissoute en 1835. La concession, achetée par MM. Gangloff et d'Hausen, fut revendue à la Compagnie des « Usines Sidérurgi- ques de Stiring », fondée par MM. Charles de Wendel, de Hausen et Hain- guerlot.

LES 4 GRANDES SOCIETES (jusqu'en 1946) I° Les Houillères de Petite-Rosselle [groupées sous cette raison sociale depuis 1889 à 1946] La nouvelle compagnie, « Compagnie des Houillères de Stiring », entre- prit en mai 1846 de nouveaux sondages. Le spécialiste, l'ingénieur allemand Kind, auquel s'adressa Charles de Wendel, constata en 1847 et 1849 l'existence d'importantes couches de charbon dans les terrains de Schœneck. Dans la région de Warndt on pratiqua 53 forages. En 1854, la Compagnie des Houillères de Stiring fit foncer le puits Saint- Charles qui en 1856 fournit la première tonne de charbon. Les puits Saint- Joseph, Vuillemin et de Wendel furent foncés en 1866. De 1856 à 1870, la Compagnie des Houillères de Stiring eut son sort lié à celui des usines sidérurgiques fondées à Stiring en 1846 par Charles de Wen- del et le baron de Gargan. Elles devaient comprendre 4 hauts-fourneaux, cha- cun prévu pour une production de 3.300 tonnes de fonte ; 16 fours à puddler, 8 fours à réverbère devaient y être adjoints. Après 1870, le refus des Allemands de garantir un tarif bien réduit pour le transport des minerais par les wagons qui revenaient vers Sarrebruck après avoir transporté les houilles au-delà de Metz, était une des raisons de l'extinction des hauts-fourneaux de Stiring après l'annexion. [Contamine t. 1 p. 241]. L 'activité des usines ralentissait, la Compagnie entra en liquidation et l'ensemble des puits passa en 1889 aux mains de MM. les « Petits-Fils de François de Wendel et Cie » sous le nom de « Houillères de Petite-Rosselle ». Depuis cette époque l'extraction n'a cessé d'augmenter. La production est passée d'un million de tonnes en 1900 à 3 millions en 1924, grâce au con- cours du puits Simon. Elle était en 1938 de 2.200.000 tonnes. II° Les Houillères de Sarre-et-Moselle [groupées sous cette raison sociale de 1919 à 1946) L'exploitation de la partie du bassin qui devenait le groupe Sarre-et- Moselle ne commença qu'en 1853. 1° Concession de Sarre-et-Moselle [raison soc. de 1919 à 46] De 1853 à 1870 les premières sociétés concessionnaires (Cie Houillère de la Moselle, Cie Charbonnière de Hochwald, Société de L'Hôpital, Société Nan- céienne, etc.) ne réussirent guère à surmonter les difficultés matérielles de l'exploitation (abondantes venues d'eau, équipement technique rudimentaire). Au cours de cette période furent foncés le Puits Max à Carling (1855), le Puits IV à Hochwald, les Puits I et II à L'Hôpital (1862). La guerre de 1870/71 devait enlever à la France ce gisement. La réor- ganisation des sociétés existantes, déjà envisagée en 1870, aboutit en 1873 à la fusion des 8 sociétés de recherches qui avaient obtenu les concessions de Carling (1857), L'Hôpital (1857), Hochwald (1857), Falck (1859) Ham (1862), Bou- cheporn (1862), La Forêt (1862) et Dalem (1863), soit au total 15.000 ha, en la « Société des Mines de Sarre et Moselle » au capital de 3.770.000 Taler de Prusse (14.137.500 frcs). Dans cette société, les intérêts français étaient majo- ritaires. L'exploitation fut reprise dans les 2 puits de L'Hôpital ; le Puits 3 est foré en 1874, le Puits 6 en 1888. A Merlebach-Freyming, le fonçage du Puits Vouters est entrepris en 1875, mais par suite de fortes venues d'eau les travaux ont dû être arrêtés en 1879 et n'ont été repris qu'en 1891. En 1900, la Société des Mines Sarre et Moselle passait au prix d'environ 13 millions de marks aux mains de la Saar-und-Mosel-Bergwerks-Aktien- gesellschaft zu Karlingen — constituée par un groupe d'industriels allemands — dont les moyens financiers permirent de pousser l'extraction de 150.000 à 1.200.000 tonnes, chiffre atteint en 1913. On procéda au fonçage des puits de Freyming (1905/06), Sainte-Fontaine (1908/1910) et Peyerimhoff (1909/1912). Sortie indemne de la guerre 1914/18, la Société « Saar und Mosel » fut placée sous séquestre le 10. 1. 1919 par une ordonnance du tribunal de Sarre- guemines ; la nouvelle « Société Houillère Sarre-et-Moselle » fut constituée le 12. 12. 1919 en vue d'exploiter les concessions de Sarre-et-Moselle ayant appar- tenu à la Société allemande. Par contrat, en date du 31. 1. 1920, l'Etat amodie à la Société la concession de Sarre-et-Moselle d'une superficie de 11.821 ha. Le puits Reumaux fut foncé en 1922, les 2 puits Cuvelette en 1930. 2° La Concession de Carlsbronn [en Sarre en 1924] Dès avant la guerre de 1914, l'exploitation du gisement de Merlebach- Freyming atteignit la limite du pays sarrois. Au moment de l'armistice de 1918 et du fait du retour de la Lorraine à la France, les galeries de Freyming et de Merlebach se trouvaient sur la frontière nationale qui formait égale- ment la limite de la concession de Sarre-et-Moselle du côté du territoire de la Sarre. Au-delà, dans la région de Carlsbrunn, le gisement faisait partie de l'ensemble des « Mines Domaniales de la Sarre », attribuées à l'Etat français par le Traité de Versailles, en compensation de la destruction par les Alle- mands des Mines du Nord de la France. Comme les puits existants en Sarre ne permettaient pas, de par leur situation, d'exploiter les couches voisines de la frontière, l'Etat consentit, par contrat du 10. 5. 1924, l'amodiation de 620 ha du gisement de Carlsbrunn à la Société Sarre-et-Moselle ; celle-ci put ainsi prolonger ses galeries sous le territoire de la Sarre. Après le plébiscite sarrois de 1935 et le retour de la propriété des Mines Domaniales à l'Allemagne, une convention passée avec l'Etat allemand le 17. 2. 1935, permit à la Société Sarre-et-Moselle de maintenir l'amodiation du gisement de Carlsbrunn. 3° Concession de La Houve [1858] Les premiers exploitants de la concession de la Houve, groupés en la « Société de la Forêt de la Houve » — concession accordéée par décret du 28. 4. 1858 — cédèrent leurs droits en 1889 à la « Société des Mines de la Houve », fondée par un groupe d'industriels et de banquiers alsaciens. Cette Société fonça en 1895 le Puits I (puits Marie), le Puits II (puits Jules) en 1900, le Puits III en 1908 et le Puits IV en 1923. Par contrat du 14. 1. 1931, la Houve amo- diait pour 25 ans sa concession à la Société Sarre-et-Moselle qui assura désor- mais l'exploitation des 2 concessions voisines. III° Les Charbonnages de Faulquemont [depuis 1936] A Faulquemont, les premiers sondages furent faits en 1914. En 1920, la Société des Charbonnages de Faulquemont entreprit de nouveaux sondages. Les travaux d'aménagement furent commencés en 1930 ; en 1936 on extrayait le premier charbon ; l'extraction régulière commença en 1938. IV° Les Mines de Folschviller [depuis 1929 « Mines de St-Avold »] La compagnie fondée par la Internationale Kohlenbergwerks-Aktienge- sellschaft (Société Anonyme Internationale des Houillères), fut constituée à Cologne en 1906. Le domaine minier de cette Gesellschaft fut acquis de 1907 à 1910. Les concessions primitives furent celles de Berviller (577 ha), de Té- terchen (3.400 ha) et de Folschviller (2.600 ha). En 1911, deux puits entre Valmont et Folschviller creusés jusqu'à une profondeur de 220 m, durent être abandonnés par suite de fortes venues d'eau. L'année suivante en 1912, l'on commença le fonçage des puits de Furst qui sont encore exploités aujourd'hui. En 1928, le domaine des annexes de la commune de Folschviller « Vieux Berfang » et « Furst » fut acquis par la Société Anonyme Internationale de Houillères qui en 1929 fut transformée en « Compagnie des Mines de Saint- Avold ». En 1939, les 2 puits du nouveau siège étaient foncés à 600 m par la Com- pagnie des Mines de St-Avold qui depuis administre et exploite les conces- sions avec une interruption de 1940 à 1944. LES HOUILLÈRES PENDANT LES ANNÉES 1939 à 1945 Abandonnées et noyées en grande partie en 1939/40, les mines furent reprises et exploitées par les Allemands jusqu'à la Libération qui eut lieu pour Faulquemont fin novembre 1944, pour Merlebach, en décembre 1944 et pour la région de Forbach, fin mars 1945. L'exploitation a pu reprendre à Folschviller le 27. 11. 1944, à Faulquemont et Sarre-et-Moselle fin avril 1945. Le régime juridique des mines fut changé par la loi du 17. 5. 1946, rela- tive à la nationalisation des combustibles minéraux. En application de cette loi, un décret du 28. 6. 1946 constitua les Houillères du Bassin de Lorraine et l'ensemble des biens, droits et obligations des anciennes sociétés minières fut transmis au nouvel organisme. EXPLOITATION DEPUIS 1950 La nouvelle répartition des groupes du bassin à partir du 1. 1. 1950 com- prend : 1° Groupe de Sarre-et-Moselle Superficie des concessions exploitées par ce groupe comprend 14 173 ha, dont 620 ha en territoire sarrois. 1. Le siège de Merlebach fournit des charbons flambants gras ; l'extrac- tion s'effectue par 3 puits : Freyming, profondeur 756 m ; Vouters, profondeur 663 ; Reumaux, profondeur 680 m. 2. Le siège Cuvelette produit des charbons gras ; il comporte 2 puits : Cuvelette-Nord, profondeur 455 m ; Cuvelette-Sud, profondeur 545 m. 3. Le siège de Sainte-Fontaine fournit des charbons gras ; le puits des- cend à une profondeur de 705 m. 4. Le siège de la Houve a 2 puits : Puits I, profondeur 425 m ; Puits III, profondeur 500 m. Ce siège fournit des flambants secs. II. Groupe de Petite-Rosselle Les concessions exploitées par ce groupe occupent une superficie de 5.474 ha, dont 327 ha en territoire sarrois. Le puits d'extraction Saint-Charles (profondeur 590 m) produit des charbons gras. Les 3 puits d'extraction : Vuillemin (profondeur 600 m), Wendel (pro- fondeur 770 m) et Gargan (profondeur 450 m) produisent des charbons flam- bants gras. Le puits d'extraction Simon a une profondeur de 390 m et fournit des flambants gras. III. Groupe de Faulquemont-Folschviller Superficie des deux concessions 4.000 + 2.600 = 6.600 ha ; produit des flambants secs ; 2 puits d'extraction : Puits I (Faulquemont), profondeur 680 m et Puits Alexandre-Dreux (Folschviller), profondeur 760 m. EXTRACTION NETTE PAR GROUPE en tonnes

EXTRACTION NETTE PAR SIÈGE en tonnes

EXTRACTION NETTE PAR SIÈGE en tonnes IV. Groupe des industries de la Houille Le siège de ce groupe se trouve à Saint-Avold. Avant de livrer le charbon brut extrait de la mine à la consommation, il faut le débarrasser des schistes stériles, le trier par grosseur et qualité. De 1 000 kg de charbon brut remonté du fond, on retire en moyenne : 200 kg de stériles (pierres ou schistes), 40 kg de mixtes (charbon et schistes mélangés), 45 kg de schlamms (poussiers de charbon et argile se présentant sous forme de boue), 40 kg de pulvérulents, 675 kg de produits marchands. L'utilisation des bas-produits (mixtes, schlamms, pulvérulents cendreux) est réalisée dans les industries de la houille, qui comprennent les centrales électriques, les cokeries et usines de semi-carbonisation et les fabrications d'engrais azotés de synthèse. 1. La production d'électricité La puissance actuelle installée atteint environ 160 000 kw, répartis entre sept centrales (à Merlebach, Sainte-Fontaine, Petite-Rosselle, Faulquemont, Folschviller, Carling et Creutzwald-la-Croix). Toutes les centrales, hormis la centrale Paul Weiss à Carling datant de 1935, très anciennes, sont appelées à disparaître dans les prochaines années. Les 2 nouvelles centrales modernes : la Centrale Emile Huchet, se com- posant de 2 groupes, a démarré en 1952 et celle de Grosbliederstroff, égale- ment de 2 groupes, en 1954. La production de l'ensemble des centrales du bassin a été de 2 328 216 MWh en 1955. Les combustibles utilisés dans ces centrales sont des bas-produits à 35/40% de cendres (schlamms, mixtes, pulvérulents). 2. La Carbonisation (les cokeries) La forte consommation de coke par la sidérurgie lorraine oriente l'in- dustrie de la houille dans le bassin lorrain vers la production massive de coke. La cokerie de CARLING, carbonisant avant-guerre 800 tonnes de char- bon par jour, produisait surtout du cocke domestique. Depuis 1949 cette cokerie produit principalement du coke métallurgique fabriqué suivant la formule mise au point dans cette cokerie. Les mélanges utilisés à cette fabrication comprennent 65% de flambants gras lorrains, 10% de poussiers de coke et 25% de charbon d'appoint (charbon gras de la Ruhr ou du Pas-de-Calais). La construction de nouveaux fours (20 fours mis en service en 1950 et 40 en décembre 1952) et la reconstruction des batteries arrivées à limite d'usure, permirent de réaliser en 1952 : 1 000 tonnes jour d'enfournement et en 1953 (2e semestre) : 2 500 tonnes jour d'enfournement. Par la mise en ser- vice en avril 1955 d'une nouvelle batterie de 41 fours, construite par la Société Disticoke, la cokerie de Carling atteint maintenant une capacité de près de 3 500 tonnes de charbon carbonisé par jour ; c'est la plus importante cokerie française. A MARIENAU, près de Forbach, une station expérimentale a été cons- truite en 1947/49 avec la participation de l'Institut de Recherches de la Sidé- rurgie, de la Régie des Mines de la Sarre et des Charbonnages de France pour étudier les conditions de carbonisation des charbons sarro-lorrains. Une cokerie de 2 200 t/jour est déjà en place ; l'emplacement permet d'y implanter une cokerie de 6 000 t/jour. La production globale de coke pour l'ensemble des cokeries a passé de 417 805 t en 1953 à 911 051 t en 1955. 3. Fourniture de gaz Par contrat passé le 7. 6. 1951 avec Gaz de France, les Houillères du Bassin de Lorraine fournissent du gaz à la région parisienne. La production de gaz a passé de 310 Mm3 en 1954 à 464 Mm3 en 1955. Synthèse. L'usine de synthèse à Carling a produit en 1955 : ammoniac anhydre 42 204 t, acide nitrique 67 208 t, nitrate d'ammoniaque 31 271 t, nitrate de chaux 1 537 t, ammonitrate 47 781 t, engrais complexes 4 291 t. Les Houillères de Lorraine, qui ont considérablement souffert pendant la guerre, sont, grâce à la modernisation et aux efforts du personnel portées au premier rang des bassins européens, en ce qui concerne la productivité. Leurs réserves représentent la moitié de celles de tous les charbonnages fran- çais réunis. [D'après les industries de la houille — les houillères du Bassin de Lorraine et l'équipement et la mise en valeur du Bassin Houiller de Lorraine, documentations envoyés par les Charbonnages de France, IX FORMATION PROFESSIONNELLE La Formation professionnelle a pour but de dispenser un enseignement général et professionnel aux apprentis-mineurs, aux ouvriers spécialisés du Jour et du Fond et aux agents de maîtrise du Fond. Le jeune apprenti-mineur est soumis à une formation générale et tech- nique pendant environ 10 mois, répartis sur les 3 années de son apprentissage (1 mois la première, 2 mois la seconde et 3 mois la troisième année). Durant la 2 année, lorsque l'apprenti atteint l'âge de 16 ans, il com- mence à travailler dans un « quartier école » au fond de la mine pour par- faire son apprentissage minier après lequel il passera son C. A. P. (Certificat d'Aptitudes Professionnelles). Les apprentis spécialistes du fond et du jour (artisans) sont sélection- nés après un examen passé à la fin de la première année d'apprentissage. Leur formation dure 3 ans pour les électro-mécaniciens du fond et 2 ans pour les autres. Les agents de maîtrise du fond sont recrutés et formés à partir des meilleurs éléments du personnel ouvrier. Les cours de formation durent un an et comprennent des stages dirigés au fond, des cours techniques et d'orga- nisation ainsi que des cours d'instruction générale. Plus de 2 000 agents passent tous les ans par les différents centres du Groupe de Petite-Rosselle et du Groupe de Sarre-et-Moselle à Merlebach. REALISATIONS SOCIALES DES HOUILLERES 13. 10. 1955 HOPITAUX : 1° Hôpitaux de Sarre-et-Moselle (appartenant à la Société de Secours Mi- nière) : Hôpital de Freyming (361 lits) ; Hôpital de Creutzwald (102 lits). 2° Hôpitaux de Petite-Rosselle : Hôpital de Petite-Rosselle (187 lits) ; Hôpital Sainte-Barbe à Forbach (138 lits). 3° Hôpitaux de Faulquemont-Folschviller : Hôpital de Créhange (72 lits). CENTRE DE READAPTION FONCTIONNELLE DE FORBACH : Le Centre a commencé à fonctionner en 1954. Il reçoit 45 mineurs acci- dentés du travail, qui restent au Centre pendant le temps nécessaire à une réadaptation fonctionnelle. La durée de séjour est en général d'un mois, mais peut être supérieure suivant les cas. COLONIES DE VACANCES : 1. Groupe de Sarre-et-Moselle. Colonies de Cannes et de Virieu-le-Grand (Ain) : 665 enfants. Placement d'enfants dans diverses colonies n'appartenant pas à la mine : 650 enfants. 2. Groupe de Petite-Rosselle. Total des enfants ayant été envoyés en colonies de vacances : 1 353. Ces enfants étaient répartis dans 3 Centres appartenant à la mine (Bains-les-Bains, Trémonzey, Thiétry). Les Centres n'appartenant pas à la mine sont situés en Alsace, dans les Alpes, en Bretagne et sur la Côte-d'Azur. 3. Groupe de Faulquemont-Folschviller. Colonie de St-Brévin (Loire-Inférieure) : 200 enfants. Colonies de Chilly- le-Vignoble (Jura) : 200 enfants. Nota : La Colonie de vacances de Cannes du Groupe de Sarre-et-Moselle fonctionne en hiver, pour l'ensemble du Bassin, comme colonie sanitaire et reçoit à ce titre une centaine d'enfants pour un séjour de 3 mois. GOUTTES DE LAIT : 1. Groupe de Sarre-et-Moselle. Merlebach : 1 400 biberons par jour ; Creutzwald : 450 biberons par jour. 2. Groupe de Petite-Rosselle. Stiring-Wendel : 750 biberons par jour. 3. Groupe de Faulquemont-Folschviller : 400 biberons par jour. CONSULTATIONS DE NOURRISSONS : Moyenne mensuelle des nourrissons présentées : au groupe de Sarre-et-Moselle : 543 ; au groupe de Petite-Rosselle : 350 ; au groupe de Faulquemont-Folschviller : 200. CRECHES ET GARDERIES D'ENFANTS : Moyenne journalière des enfants gardés : au groupe de Sarre-et-Moselle: ler180 : ; 24.au groupe de Petite-Rosselle : 225 ; au groupe de Faulquemont-Folschvil- ECOLES MENAGERES : 230 élèves.Groupe de Sarre-et-Moselle 2 (Merlebach et L'Hôpital) avec au total total 235Groupe élèves. de Petite-Rosselle 2 (Petite-Rosselle et Stiring-Wendel) avec au 60 élèves.Groupe de Faulquemont-Folschviller 1 à Créhange-Cité, avec au total ARBRES DE NOEL : Nombre d'enfants ayant reçu un jouet à la fin de l'année : Groupe de Sarre-et-Mosellequemont-Folschviller : 16 000: 5 700.; Groupe de Petite-Rosselle : 14 250 ; Groupe de Faul- CITES OUVRIERES Nombre des Logements construits — Situation le 14. 10. 1955 à Petite-Rosselle à Marienau : Cité Wendel-Sud : Cité Marienau : de 1905 à 1908 et en 1921 .. 428 en 1948/49 61 depuis 1946 21 Cité Wendel-Nord : à Schœneck : de 1880 à 1894 ; de 1909 à Cité Ferme de Schœneck : 1914 et en 1922 376 en 1948 247 Cité St-Charles : de 1866 à 1872 et de 1902 à à Merlebach 1908 148 Cité Gargan : Cité Cuvelette : en 1874 ; de 1906 à 1910 et en 1927 429 vers 1927/28 86 en 1946 78 Cité Urselsbach : Cité Ste-Barbe : en 1874 ; de 1906 à 1910 et avant 1914 et en 1927 369 vers 1927/28 101 Cité Centre : Cité Quatre-Vents : avant 1914 345 en 1947 65 Cité Cayenne : à Merlebach et Cocheren : en 1947 54 Cité Belle-Roche : de 1947 à 1949 824 à Stiring-Wendel Cité Ste-Stéphanie : à Freyming : de 1921 à 1929 630 Cité Hochwald : Cité Verrerie Sophie : avant 1914 et en 1928 454 maisons isolées 86 Cité Habsterdick : Cité Reumaux : en 1927/28 765 en 1926 295 de 1947 à 1955 712 Cité Ste-Barbe : Cité Village : avant 1914 et en 1927 438 de 1854 à 1860 708 Cité Ste-Fontaine : depuis 1946 26 en 1914 ; en 1922 ; en 1948/49 96 à Forbach à Freyming et Hombourg Cité Creutzwald : Cité La Chapelle : en 1926 et de 1947 à 1955 .. 373 en 1946/47 706 Cité Simon III : à Hombourg-Haut en 1947/48 59 Cité Schœneck : Cité Rivièra : en 1947 213 en 1949 55 Cité Simon-Sud : Cité des Chênes : en 1948 209 1949 et en 1955 279 Cité Bruch : en 1948 553 à L'Hôpital Cité Usines de Marienau : Cité Puits III : en 1947 53 avant 1914 95 Cité Caserne Guise : Cité Bois Richard : en 1947/48 108 avant 1914 496 Cité Rosselmont : Cité La Colline : en 1948/49 21 en 1947/49 ...... 409 à Betting à Créhange Cité de Betting : Créhange-Cite en 1946 42 avant 1946 547 à Creutzwald depuis 1946 167 Cité Siège I : avant 1946 101 à Faulquemont Cité Siège II : Faulquemont-Cité : avant 1946 527 avant 1946 50 Cité Neuland : depuis 1946 438 avant 1946 380 depuis 1946 32 à Folschviller Cité Belle-Vue : Cité Fürst : depuis 1946 249 de 1930 à 1938 132 Cité Beau-Site : depuis 1946 284 depuis 1946 100 Cité Nassau-Les Genêts : à Valmont depuis 1946 397 Valmont-Cité : Creutzwald-Cité : en 1908 49 depuis 1946 48 à Ham-sous-Varsberg à Carling Cité Siège II : Cité Carling : avant 1946 148 depuis 1946 16 à Falck à Grosbliederstroff Falck-Cité : Cité Sablonnière : avant 1946 204 depuis 1946 24 Cité Chalets : à Diesen depuis 1946 5 Cité Diesen : en 1948 et en 1954 94 à Rouhling à Saint-Avold Cité Rouhling : Cité Jeanne d'Arc : depuis 1946 364 en 1928/30 609 à Farébersviller depuis 1946 162 Cité de Farébersviller Cité Emile Huchet : (1 tranche, en voie d'achè- en 1952/54 419 vement) en 1955 ..... 518

Sarralbe se trouve à l'extrémité N E du gisement salifère qui s'allonge sur 70 km de Tonnoy (au sud de Nancy) par Dombasle, Dieuze, Château-Salins jusqu'à Sarralbe. Un puits salé de SALTZBRONN est déjà connu au 12 siècle. On se sert de ses eaux pour la fabrication de sel dans 7 chaudières jusqu'au temps des gabelles. En 1200, Albert, seigneur de Dagsbourg, comte épiscopal de Metz, fait don à l'abbaye cistercienne de Sturzelbronn d'une chaudière de sel, à prendre dans la saline d'Albe (Saltzbronn). Cette donation, confirmée en 1224 par la fille Gertrude, n'est reconnue qu'en 1260 par l'évêque Jacques de Lor- raine, suzerain de la région de Sarralbe, confirmée de nouveau par ses succes- seurs, en 1276, par l'évêque Laurent, en 1308 par l'évêque Renaud de Bar et enfin, le 2. 3. 1330 par l'évêque Adhémar de Monteil. [J. B. Kaiser, Die Abtei Sturzelbronn, p. 56/60.] En 1258, l'évêque Jacques de Lorraine donne au chapitre de Hombourg- l'Evêque 20 mesures de sel à prendre chaque année aux salines de Sarralbe. [R. Dupriez, Etude sur l'histoire de la Ville et de la Collégiale de Hombourg- l'Evêque, p. 10.] En 1308, l'évêque Renaud de Metz afferme à vie et « um 60 Sester Klein oder 30 Sester Gross mass (Frucht), Metzer Währung », une chaudière de sel au couvent de Herbitzheim cédée au couvent le 2. 1. 1200 par Albert, seigneur de Dagsbourg, comte épiscopal de Metz. [Coblenz, Konigliches Staatsarchiv, Urkundenbuch, Kirchen betreffend MCXLVI, N° 31 — Grandidier, Oeuvres historiques inédites, III, p. 45.] Lors d'un différend entre les abbayes de Sturzelbronn et de Herbitzheim au sujet des chaudières à Sarralbe, l'évêque Renaud de Bar cherche à régler l'affaire ; en 1319, l'évêque Henri Dauphin (1319-1325) doit de nouveau inter- venir : il arrive à contenter les 2 abbayes et profite de cette occasion pour s'associer pour le tiers des recettes des salines « en reconnaissance lesdits Abbé et Abbesse l'associent pour un tiers dans leurs poëls ». [Dom Calmet, Hist. eccl. et civ. de Lorraine, III ; Dissertation sur les salines, XXVIII ; Notice de Lor- raine, I, Suppl. p. 168, Nancy, Collection Dufourny, t. I, p. 126.] En 1539, le duc Antoine de Lorraine achète à Henri Bayer de Boppart 1/6 et à l'abbaye de Sturzelbronn 1/3 de la saline. [Arch. dép. Meurthe-et- Moselle, B 2023.] En 1544, l'Abbesse du couvent de Herbitzheim, Amélie d'Altroff, dite Wollenschlägerin, cède au comte Jean Louis de Nassau-Sarrebruck sa part à une chaudière de sel, « am Sodt zu Salzbrunnen » pour 2 000 florins. [Schmitz, Die Reformation in den Nassau-Saarbrück'schen Landen, p. 17.] Par des échanges en 1539, 1544, 1581 [Cuny, Der Vertrag vom 2. 8. 1581, Jahrb. der Ges. für lothr. Gesch. 1901, p. 152], les ducs de Lorraine devien- nent seuls propriétaires de la saline de Saltzbronn. Par le traité du 23. 8. 1581 le duc de Lorraine, Charles III, cède annuel- lement au comte Philippe de Nassau-Sarrebruck 16 muids de sel (1 muid = 800 livres) de la saline de Saltzbronn et subsidiairement, de celle de Dieuze. [Arch. de Wiesbaden, fonds Herbitzheim.] Au cours du 16e siècle, les ducs de Lorraine s'assurent la possession de toutes les salines de Lorraine;; ils se réservent le monopole de l'extrac- tion et de la vente. Des entrepôts de sel, « greniers de sel » se trouvent à Sar- ralbe, Forbach, Faulquemont, Sarreguemines et Bitche. [H. Hiegel, p. 240.] Pour mieux surveiller l'extraction le nombre de puits est réduit à trois : Châ- teau-Salins, Dieuze et Moyenvic ; l'extraction à Saltzbronn cesse en 1591 et les bâtiments tombent en ruines. [H. Hiegel, Aperçu sur l'histoire de la Ville de Sarralbe, p. 58.] Le comte Philippe de Nassau-Sarrebruck et ses successeurs, au mépris du traité de 1581, font creuser sur le ban de Herbitzheim, leur propriété, au sud de Saltzbronn, un puits, qui devait par des voies souterraines détourner la source des puits de Saltzbronn pour alimenter une nouvelle saline. Malgré les protestations du duc de Lorraine, le comte de Nassau-Sarre- bruck renouvelle ce procédé ignoble en juillet 1737. [Durival, Description de la Lorraine et du Barrois II, p. 247/248.] Ce n'est que par le traité du 3. 7. 1742 entre le roi de France, Louis XV, et le comte de Nassau-Sarrebruck que ce dernier renonce « tant pour eux que pour les héritiers Successeurs à tout usage du puits Salé d'Herbitzheim, lequel sera comblé. « Le roi s'engage à fournir annuellement 400 muids de sel et paie 10 000 Livres, argent de France. [Archiv Wiesbaden, fonds Herbitzheim.] En 1779, le roi de France, Louis XVI, ordonne la reprise de l'exploita- tion du puits de Saltzbronn, mais les travaux échouent. [H. Hiegel, Aperçu sur l'histoire de la ville de Sarralbe, p. 58.] Déclaré par la loi du 28 ventose an IV (18. 3. 1796) bien national, ce puits est racheté, comme le reste du Haras, le 4. 4. 1801, par Marc René Voyer, fils de l'ancien propriétaire, Marquis Voyer d'Argenson, qui le vend le II mes- sidor an X (30. 6. 1802) au Baron de Kalb, ancien président de la Chambre de Finances de Saxe-Weimar, résidant à Mannheim. Le 30. 6. 1807, le puits avec ses dépendances est acquis par MM. de Thon. Jean Guillaume de Thon, directeur des salines dominales de Wurttemberg, forme le 12. 11. 1826 la « Société de Thon, Dorr et Cie » au capital de 480 000 fr. Une ordonnance royale, en date du 28. 12. 1826, autorise de Thon de créer une nouvelle saline. [Ancelon, Hist. de l'exploitation du sel en Lorraine, Ac. de Metz 1877/78.] En 1826 un sondage atteignit à 55 m de profondeur des eaux mar- quant 7 à 8 degrés de salure. L'eau de deux nouveaux sondages à 220 et 243 m de profondeur avait 18 à 22 degrés de salure. Ces sondages prouvè- rent que le dépôt salifère de Saltzbronn n'appartient pas, comme celui de Vie et de Dieuze au terrain des marnes irisées, mais au terrain plus ancien (voir chapitre I, 2) du Muschelkalk. Une coupe poussée jusqu'à 243 m de profon- deur signala les matériaux suivants : Terre végétale, épaisse de 1,50 m Sable et gravier d'alluvion 3,00 m Marnes irisées (Keuper) avec gypse 69,18 m Calcaires coquillier (Muschelkalk) 115,84 m Gypse et argile salée 14,83 m Anhydrite ou gypse anhydre 7,24 m Argile fétide et bitumineuse avec gypse 7,90 m Argile rouge et verte avec nids de sel orangé fibreux 2,08 m Sel gemme, en 5 bancs séparés par de minces lits de gypse gris .. 19,40 m Gypse 2,03 m Total : 243,00 m [N. Box, Notice sur les pays de la Sarre et en particulier sur Sarreguemines et ses environs, tome I, p. 571.] L'exploitation commença le 15. 10. 1827. La compagnie de Thon et Dorr, dont l'exploitation était autorisée jusqu'à concurrence de 2 400 tonnes, chercha à conserver le monopole dans la région de Sarralbe, en prétendant y avoir découvert le sel gemme. Le ministre des Finances, Humann, grand actionnaire des salines de Dieuze, l'approuva et fit procéder par le sous-préfet de Sarreguemines, accompagné d'une com- pagnie d'infanterie, à la fermeture d'une saline concurrente ouverte à Sar- ralbe par Aubert, Gouvy et leurs associés. Cet acte arbitraire fit relever les bénéfices scandaleux que le régime du monopole permettait : les actions de Saltzbronn passèrent en quelques années de 4 800 à 25 000 francs, bien que la production n'y eût jamais dépassé 2 000 tonnes [H. Contamine, tome 1, p. 189.] En 1890, la société en commandite « de Thon, Dorr et Cie » se trans- forme en société par actions sous la dénomination « Saline de Saltzbronn jadis de Thon et Cie », au capital de 360 000 Mark et 32 années plus tard, le 25. 7. 1922, en société anonyme de droit français au capital de 450 000 Francs. En 1954, la société (directeurs en 1826 M. de Thon Jean-Guillaume ; en 1830 M. Palm ; en 1832 de Herzog Georges ; en 1890 M. le baron de Schmid Xavier ; en 1904 MM. Held Joseph et Coureau Olivier ; en 1915 M. Jaeckel Ferdinand ; en 1919 M. Seiler Louis ; depuis 1953 M. Hazotte Emile) fusionne avec la Compagnie des Salines de Sainte-Valdrée à Laneuveville-devant- Nancy. La direction générale de la nouvelle société décide la fermeture de la saline de Saltzbronn le 30. 6. 1955. [Communication de M. Louis Seiler, Sar- ralbe.] L'abolition du monopole de sel (loi du 17. 6. 1840) et le succès des de Thon provoquent la création de 3 salines au 19 siècle : la SALINE DU HA- RAS (commune de Sarralbe) en 1843 (directeurs : en 1843 MM. Burgun, Lorin, Gust, Rouge; en 1891 M. Loth Auguste; depuis 1940 M. Loth René); la SALINE DE SARRALBE, GAGNEROT & Cie en 1844 (directeurs : en 1844 MM. Aubert Louis, Gouvy ; en 1880 M. Gagnerot Alexandre ; en 1916 M. Gagnerot Léon ; depuis 1940 M. Wilhelm Auguste) ; et la SALINE SOLVAY & Cie. [Commu- niqué par M. René Loth, Sarralbe.] La saline de Sarralbe ferma ses portes le 1-1-1956. La SALINE SOLVAY fournit les matières premières à la soudière, construite en 1884 sur le ban de Willerwald par la Société « Deutsche Solvay- Werke », succursale de la Société belge Solvay et Cie (créée en 1863 par l'in- génieur Ernest Solvay). Directeurs : en 1884 M. Masson Joseph ; en 1902 M. Gielen Emile ; en 1908 M. Emerich Frédéric ; en 1914 M. Meyer Théophile ; en 1919 M. Cattenoz Albert ; en 1935 M. Beaussier Louis ; depuis 1950 M. Merry Robert. Outre le carbonate de soude, l'usine produisait des cristaux de soude, de la soude caustique et de l'alcali volatil ammoniaque. Aujourd'hui elle ne produit plus que le carbonate de soude. [H. Hiegel, Aperçu o. c.] La fabrica- tion du sel dans la saline Solvay est arrêtée depuis le 15. 12. 1948. [Communi- qué par M. René Loth, Sarralbe.] La production en sel raffiné dans les années 1938 et 1953 : 1938 1953 Saline de Saltzbronn 11 000 tonnes 6 000 tonnes Saline du Haras 12 869 » 13 226 » Saline de Sarralbe 5 000 » 5 000 » Solvay et Cie 4 457 » — » [Renseignements de MM. René Loth et Louis Seiler, Sarralbe.]

LES ETABLISSEMENTS DOURSON FRERES Les établissements DOURSON FRERES, situés AU VAL DE GUEB- LANGE, datent de l'année 1924. A cette date, les frères Dourson : Jean, Marie, François, Aurélie et Lucien décident d'exploiter en commun la menuiserie de leur père décédé et de la développer sous forme de société industrielle. Jean, l'aîné, maître ouvrier, avait une connaissance approfondie du métier. François, occupé dans le service technique du bâtiment de la S.N.C.F., était initié aux problèmes du bois et de la menuiserie du bâtiment. Lucien avait fait des études commerciales et acquis, à la tête de divers services commerciaux, une solide expérience des affaires. Cette équipe de 3 frères réunissait ainsi les compétences complémen- taires requises pour la création d'une menuiserie mécanique promue à un grand développement et à une grande activité. En 1924, construction du premier atelier : 5 machines à travailler le bois de marque « Guilliet » y sont installées, actionnées par un moteur à essence. En 1926, construction d'un deuxième atelier, où le premier poste de haute tension est mis en service. En 1927, le premier atelier est agrandi, et les premières voies Decau- ville sont posées sur le chantier en bois. Près de l'atelier de menuiserie est installée la première machine de scierie, une scie alternative d'occasion à une lame, d'abord installée à ciel ouvert, puis protégée par une hangar en bois. En 1928, la menuiserie subit une métamorphose complète. Un nouvel atelier de menuiserie est construit pour les machines, avec installation d'aspiration des poussières et copeaux ; de plus, le premier han- gar à bois est monté. En 1929 sont construits un atelier pour le débitage des bois et les deux premiers séchoirs. En 1930, construction d'un nouveau hangar à bois, complété en 1931 par un hangar symétrique, sur l'emplacement du premier qui est transféré près de la scierie. En 1936 sont construits l'atelier de la parqueterie et quatre nouveaux séchoirs. La parqueterie existe encore aujourd'hui sans modification. Le nombre d'ouvriers passe de 4 au début à 30 en 1931, et à 65 en 1939. La guerre impose l'évacuation de toute la région. L'armée utilise l'usine avec ses machines et ses matériaux. En 1940, l'usine est envahie par l'eau, par suite des inondations provoquées dans la vallée de l'Albe à des fins mili- taires. Les autorités militaires avaient, auparavant, autorisé le déménagement des principales installations. Sous l'occupation, l'atelier occupe 10 ouvriers seulement. En 1944, les combats d'arrière-garde livrés par les Allemands provo- quent de gros dégâts. L'artillerie américaine bombarde l'établissement qui est atteint par 33 obus de gros calibres. Après la guerre, l'exploitation et la modernisation de l'usine repren- nent lentement. Dès 1945, un grand hangar provisoire en bois abrite 3 grosses machines de scierie. En 1947, l'ancienne scierie démolie par la guerre est reconstruite. Puis il s'agit de produire l'énergie et la vapeur et assurer l'émination des déchets de bois, si importants dans toute industrie du bois. En 1948 et 1949 est construite la centrale à vapeur produisant le cou- rant électrique et fournissant la vapeur qui permettra de réaliser de nou- veaux progrès. En 1950, l'installation du chauffage central dans divers ateliers et en 1952 construction d'un atelier de collage et remplacement des anciens séchoirs à air chaud pulsé, d'un nouveau atelier de débitage et d'un atelier de serru- rerie permettant la fabrication des huisseries métalliques. En 1954-1955 furent reconstruits sur des plans modernes, les nouveaux ateliers de menuiserie qui transforment complètement la physionomie de l'en- semble. L'atelier, pourvu de machines modernes, permettra de suivre la ca- dence accélérée que notre région a prise dans le domaine de la construction immobilière. L'effectif ouvrier gravite d'ailleurs autour de 150. La direction est assurée depuis la création de la société par M. Lucien Dourson, assisté jusqu'en 1953, année de leur décès, par ses frères Jean et François, François Dourson avait surtout étendu le rayon d'action de l'En- treprise à Metz, où il a créé un bureau qui est resté le centre commercial le plus important. En 1955, on construit une installation moderne de bains-douches, ves- tiaires et W.C. La centrale thermique assure le chauffage et fournit l'eau chaude à volonté. Est en projet : la construction d'un garage, d'un ensemble social avec cantine, salle de réunion, chambres pour célibataires et d'un groupe d'habi- tations. L'évolution au point de vue technique reste conditionnée par le mar- ché du travail, toujours exposée à des fluctuations qui ne permettent pas de prévoir avec précision l'orientation que prendra la menuiserie du bâtiment. [Communication de M. Fr. Steffens, ingénieur-architecte E. T. P., Val de Guéblange.] INDUSTRIE DU BOIS SYLVAIN DEBRAS A RECH Elle fut fondée en 1898 par le maître-menuisier Michel Mély, beau-père du propriétaire actuel, M. Sylvain Debras. Ce dernier a su donner à son En- treprise, qui comprend les 4 sections : Scierie, Parqueterie, Menuiserie, Ebé- nisterie, une extension remarquable grâce à ses hautes capacités profession- nelles et à son esprit d'initiative. M. Debras occupe, en ce moment, 35 ouvriers. Diplômes obtenus : Mé- daille d'Or et Grand Prix (1931) en Lorraine ; 2 Grand Prix, obtenu au Con- cours du Meilleur Artisan (1933) en Alsace. LA MENUISERIE ET SCIERIE LORRAINE DE MORHANGE La menuiserie et scierie lorraine, société à responsabilité limitée, située près de la gare de Morhange, mais sur le ban de la commune de Racrange, a été fondée en 1890. La menuiserie (directeur-gérant M. Louis Grandvaux) tra- vaille surtout pour le bâtiment ; elle occupe 45 ouvriers.

La fabrique de tabatières, fondée par Mathias Adt en 1739, à Ensheim (Palatinat) et développée par ses descendants, a été transférée en partie à Forbach en 1844. Après une courte interruption (de 1847 à 1853) pendant la- quelle elle fonctionnait à Sarreguemines, elle fut rétablie définitivement à Forbach, où elle existe encore. Les tabatières étaient d'abord fabriquées en bois, puis en carton laqué. Bientôt d'autres articles ont été faits et l'usine a pris une grande extension : articles de ménage, de bureau, de luxe richement décorés avec de l'or, de l'ar- gent, du nacre ; des boutons, des articles sanitaires, industriels et techniques. En 1914, le nombre d'ouvriers s'élevait à 1 150. Le carton était fabriqué à Marienau ; cette partie de l'usine a été détruite complètement en 1944 et ne fut pas reconstruite. Après 1900 le carton a été remplacé (en grande partie) par des fibres de bois et les articles se font aujourd'hui en fibrolaqué. Comme beaucoup d'ouvriers de nationalité allemande ont quitté For- bach en 1918, le nombre des ouvriers est tombé à 850. D'ailleurs, beaucoup d'articles de luxe et de bureau sont devenus démodés, et l'importance de l'usine a diminué. Pendant l'occupation, une grande partie des machines et des installa- tions ont été enlevées et pendant la bataille de Forbach les immeubles ont beaucoup souffert. La fabrication est donc partie de zéro en 1945 et n'a pas encore atteint une grande importance. La succursale fondée en 1880 à Blénod- les-Pont-à-Mousson est devenue la maison principale.

L'entreprise Killian et Philippe fut fondée en 1945 par Philippe, comp- table, et J. Killian, ingénieur. Le travail ne manquait pas et les qualifica- tions respectives de MM. Philippe, comme directeur commercial, et Killian, comme directeur technique, firent prévoir un essor immédiat de l'entreprise. En moins de 6 mois, l'atelier loué et installé devint absolument insuffisant et dut être renforcé par une deuxième, ayant 3 fois sa superficie. Par l'augmentation progressive des commandes et du personnel, il fut possible d'acquérir un terrain à la limite de Forbach, en proximité de l'Usine de Marienau. Des ateliers, bureaux, magasins ont été construits qui permet- tent un travail plus rationnel dans des conditions beaucoup plus favorables. Ces nouveaux locaux furent aménagés en juillet 1954. Malheureuse- ment M. Philippe, décédé le 25. 3. de la même année, ne devait plus voir le couronnement de tous ses efforts. Actuellement M. J. Philippe tient avec Mme Vve Philippe la gérance de l'entreprise. L'augmentation du capital social actuel (12 millions) a été remise jusqu'à l'achèvement définitif de toutes les constructions. Le nombre du personnel varie actuellement entre 190 et 210. La fabrica- tion est principalement matériel de mines pour le fond et le jour, accessoire- ment serrurerie de bâtiment. Les principaux clients sont les Houillères du Bassin de la Lorraine, de la Loire et de la Sarre. Propriétaires : Mme Philippe 3 000 parts de 1 000 Frs, Mlle Philippe 3 000 parts de 1 000 Fr, M. Killian 6 000 parts de 1 000 Fr. [Communication de l'Etablissement.]

LE MOULIN DE SARRALBE Le Moulin de Sarralbe, construit sur la rivière de la Sarre, au dehors des murs de la Ville, est mentionné au 14 siècle comme possession des Evê- ques de Metz, souverains régaliens et seigneurs haut-justiciers, qui avaient « le droit de prendre dans les bois communaux de Sarralbe les bois nécessai- res aux réparations du moulin qui existait de ce temps ». [Arch. mun. Sar- ralbe.] Par lettres patentes de 1618, le duc Henry de Lorraine — depuis 1581 la Lorraine avait acquis la ville de Sarralbe — affecta spécialement aux répa- rations du moulin de Sarralbe une partie de la forêt de Nassenwald qui lui appartenait. [Arch. mun. Sarralbe.] Détruit pendant la guerre de Trente Ans, Nicolas Crantz put en 1688 reconstruire le moulin, moyennant un fermage de 220 litres. Le 14. 2. 1729, Etienne Wolff, administrateur du Haras, afferma ce mou- lin avec celui de Hinsmühle et leurs dépendances à Jean-Pierre Binger, qui l'exploitait déjà avant cette date. Sa veuve, Catherine Dorkel, renouvela pour elle et ses quatre enfants mineurs le bail pour 20 ans, du 1. 1. 1736 au 31. 12. 1755, sous les conditions suivantes : « Payer annuellement à la recepte du haras de S. A. R. [= Son Altesse Royale, le duc de Lorraine] par quartier et d'avance la somme de 2 650 livres au cours de Lorraine, de moudre gratis tous les grains pour la brasserie du haras, et de façonner aussi gratis toutes les huiles pour la con- sommation du même haras, de fournir et entretenir le porq masle pour la part de S.A.R., de même que le torreau aux troupeaus de Sarralbe » etc. [arch. mun. Sarralbe.] Un arrêt de la Chambre des comptes de Lorraine et Barrois, en date du 16. 9. 1747, écrit au sujet du moulin: « Un moulin construit sur la rivière de la Sarre, dans la ville de Sarralbe, qui a trois tournants, cuisine, chambre, poële et greniers avec droit de banalité. Une huilerie à côté dudit moulin qui a un tournant, un foullant q ui a un tournant sous la même toiture, une écurie attenant le dit moulin d'une part et Jean Becker d'autre et une Isle qui est entre les deux vannes dudit moulin, en nature de jardin de la contenance d'environ d'un demi-jour. » [arch. mun. Sarralbe.] Plus tard les descendants de la veuve Dorkel, André Bluth de Saarwer- den de 1769 à 1788 et Pierre Bluth de 1785 à 1793 firent tourner les roues du moulin. Pendant la Révolution, tout le domaine connu sous le nom du Haras de Sarralbe, dont fit partie le moulin, est déclaré propriété nationale, par la loi du 28 ventôse an IV (18. 3. 1796) ; il fut loué au citoyen Cerf Ber contre un canon annuel de 70 000 Fr. Ce domaine, réduit des biens de déshérence, fut vendu, d'après l'acte N° 1495 du 14 germinal de l'an IX (4. 4. 1801), à M. Marc-René-Marie Voyer, propriétaire, demeurant aux Ormes (Vienne) pour la somme de 453 396 Fr. Le procès-verbal d'estimation donne la description sui- vante du moulin : « Le moulin de Sarralbe consiste en un bâtiment conte- nant un logement pour le meunier, un faux grenier, un comble en tuiles, une cage renfermant trois tournants à moudre du grain. A gauche du logement sont les écuries ; derrière, une cour où sont d'autres écuries et greniers à fourrage. A droite de la rivière est un bâtiment renfermant une huilerie et un foulant à drap. Dépendances : un petit pré entre 2 digues rapportant envi- ront un demi mille de foin et un petit jardin de 3 quarts de jour, fermé de haies à l'extrémité au couchant de la ville, et 3 jours de terre en deux piè- ces. » [arch. dép. série Q.] Le 11 messidor de l'an X (30. 6. 1802) le citoyen Voyer vendit à Jean- Auguste Baron de Kalb, ancien Président de la Chambre des Finances de Saxe-Weimar, résidant à Mannheim, le domaine appelé le Haras de Sarralbe, consistant dans les bâtiments, terres, prés, jardins, clos et autres dépendan- ces du Grand Haras, la ferme et la tuilerie de Willerwald, la ferme Tenscher- hof, le puits de Saltzbronn et les terres y adjacentes, le moulin de Sarralbe, le moulin de Niederau et ses dépendances et le moulin .ruiné de Hinsmühle. Ne pouvant payer son vendeur, Marc-René-Marie Voyer, les citoyens Jacques Seiller, directeur de la verrerie et Louis Lorrain de Muntzthal, Nicolas Bet- ting de Saverne, Chrétien Wack, Henri Karcher et Louis Dischheim, demeu- rant à Sarre-Union, tous garants vis-à-vis du vendeur, forcèrent le baron de Kalb à vendre par adjudication, le 3 floréal de l'an XII (23. 4. 1804) toutes les acquisitions du 11 messidor de l'an X. Le moulin de Sarralbe et les trois jardins en dépendant revinrent pour 29 222 fr. à Jean Guerber fils, proprié- taire à Puttelange, qui condamné par un jugement sur folle enchère, le 8 juillet 1811, dut céder le moulin au baron Christian de Deux-Ponts, résidant à Munich, fils de Marianne, la dernière comtesse de Forbach. Déjà le 14. 12. 1814 le baron Christian de Deux-Ponts vendit à Pierre Villeroy, propriétaire, résidant à Metz, ce moulin, qui, de son côté, le passa pour 24 000 fr. le 3. 8. 1817 à Christian Seiler, propriétaire à Sarralbe. Le 18. 6. 1820, François Seiler, marchand de bois et teinturier, et son épouse Catherine Mem en devinrent les propriétaires pour 30 100 fr. Ils le vendirent le 11. 12. 1824 à Michel Humbert, officier en disponibilité, et à la dame Marie-Anne Seiler, domiciliés à Sarralbe. La Société Schmidborn, propriétaire des forges de Goffontaine (Belgi- que), acheta le 25. 10. 1831 pour 50 500 Frs. le moulin qu'elle avait déjà loué le 4. 10. 1824 pour y installer une petite aciérie, une succursale de l'aciérie montée en 1754 par l'ingénieur belge Pierre Gouvy sur le ban de Scheidt (Sarre), appelée Goffontaine, en souvenir de son pays natal. Le moulin se composait à cette époque « de 3 tournants à farine à gauche du canal et d'un vaste bâtiment tout en pierres à droite, converti aujourd'hui en une aciérie en plein rapport. » Le 23. 2. 1937, cette Société laisse à titre de bail pour 3, 6 ou 9 ans le moulin de Sarralbe à Pierre Rigaux, pensionnaire d'Etat, demeurant à Saltz- bronn, et à Barbe Buzin, sa femme. Voulant agrandir en 1845 l'aciérie à Sarralbe, Henry et Alexandre Gouvy durent y renoncer à cause de l'opposition du Conseil municipal et de l'Evêché de Metz, parce que les bruits de l'usine dérangeraient les offices à l'Eglise. [Touba, Sarralben, p. 83.] En 1861, l'usine ferma ses portes, et le 18. 3. 1862 Henry Gouvy, gérant de la Société Gouvy frères et Compagnie, cessionnaire des droits de la So- ciété aux termes d'une licitation du 17. 4. 1850, vendit le moulin pour 63 500 fr. à Paul Rigaux, meunier, et Julie Jammes. Par décision du Président du district de la Moselle (Bezirksprâsident), en date du 26. 8. 1896, Victor Dubach, gendre de Paul Rigaux, devenant pro- priétaire du moulin le 6. 4. 1899, fut autorisé à modifier les 5 canaux d'ame- née et à installer une turbine en remplacement d'une partie des roues qui constituaient l'appareil moteur de son usine hydraulique. En novembre 1930, M. Paul Dubach, fils du précédent, qui dirigeait le moulin après la mort de son père (1915) et en devint propriétaire le 11. 7. moulin.1924, installait une deuxième turbine hydraulique pour les besoins de son La minoterie, occupant en 1914 8 et en 1955 25 employés et ouvriers, écrasenes par journellement an. 20 tonnes / 24 heures. Le contingent est de 4 536,5 ton- [D'après des documents communiqués par M. P. Dubach, Sarralbe..] LE MOULIN DE DIEBLING Le second moulin de l'arrondissement, encore en activité, le moulin Bas ou Untermühle, mentionné pour la première fois dans les archives commu- nales en 1723, était à cette date en possession de Hein Christophe (épouse Fran- çoise Pefferkorn), en 1780 de Hein Barthélemy (Marie-Madeleine Decker), en 1797 de Hein Nicolas (Anne-Marie Weislinger de Cadenbronn), en 1809 de Kaas Nicolas (Marguerite Hein), en 1885 de Bour Jean-Nicolas (Marie Kaas) et depuis 1928 de Bour Nicolas (Marie Meyer). Le moulin fut complètement réinstallé en 1947. [Renseignements de M. N. Bour de Diebling.]

Le ban de Saralbe est bien doté sur la rive droite de la Sarre de gise- ments de sable assez importants, mais le sable ne représentait pas la compo- sition exigée pour la construction des fortifications de la ligne Maginot, et il fallut faire venir les matériaux de Metz ou de Strasbourg. Le transport revenant plus cher que la marchandise transportée, M. Paul Dubach, minotier à Sarralbe, fit exécuter des sondages dans la rivière de la Sarre; les matériaux retirés de cette rivière s'avérèrent d'excellente qualité. En 1936, il fonda une Société à responsabilité limitée qui prit de suite un essor insoupçonné ; une grande partie des fortifications de la ligne Magi- not fut construite avec les matériaux dragués dans la rivière de la Sarre. La Société occupe aujourd'hui une vingtaine d'ouvriers et produit 150 à 200 tonnes de matériaux par jour. [Communication de M. P. Dubach, Sarralbe.] LA CIMENTERIE DE SARRALBE Tandis que la rive gauche de la rivière de la Sarre est surtout argi- leuse, les terres de la rive droite sont plutôt sablonneuses et à certains endroits p. ex. à Keskastel, on trouve du très beau sable. Deux Allemands, les frères LATERNSER, essayèrent aux environs de 1900, de tirer profit de ces gisements de sable en installant sur le ban de KESKASTEL une petite fabrique de tuyaux en béton destinés à la construc- tion de canalisations. Dès le début, l'entreprise rencontra de graves difficultés financières et pour éviter le pire, les frères LATERNSER décidèrent de former en 1906 une Société à responsabilité civile au capital de 115 000 Mark. Les sociétaires étaient : MM. François Bur, maire et industriel à Sar- ralbe ; Ernest von Schlumberger, propriétaire, habitant le château de Guten- brunnen ; Edouard von Jaunez, conseiller d'Etat et industriel, à Sarregue- mines ; Ferdinand von Langenhagen, industriel à Sarre-Union ; Edouard Dommel, industriel à Saarwerden. Dénomination de la Société : « Gebrüder Laternser, Bau- und Zement- warengeschäft G. M. B. H. — in Saaralben. » Le gérant de la Société était : M. François Bur, maire de Sarralbe. Mais cette société n'eut pas une longue durée. Déjà en 1908 les Socié- taires cédèrent leurs parts à un nouveau consortium qui se composait de MM. Hermann Laternser, François Laternser, Alexandre Gagnerot, Charles Muller, Johann Port-Bihl, Dr. Joseph Kirch, Eugène Bur, Victor Dubach. Sous la direction de M. Port-Bihl, l'entreprise progressa rapidement, mais lorsqu'en 1933 son fils Charles Port prit la Direction, elle périclita et, en 1935 la Société se trouvait dans une situation très fâcheuse. M. Charles Port fut destitué de ses fonctions et remplacé par M. Paul Dubach. — Depuis, l'en- treprise ne fait que prospérer et occupe aujourd'hui une centaine d'ouvriers. [Communication de M. P. Dubach, Sarralbe.]

Le 13 mai 1758, Stanislas Leszczynski, ex-roi de Pologne, dernier duc de Lorraine et de Bar, accensait à Charles de Wendel, fils de Martin de Wendel, propriétaire de la forge de depuis 1704, l'emplacement du foulon et de la scierie de Hombourg pour y établir une forge de fer. Exploitée d'abord par la famille de Wendel, elle passa le 20. 12. 1799 avec la fonderie de Creutzwald, la platinerie de Saint-Louis et la forge de Sainte- Fontaine à Ignace-Charles de Hausen, neveu de Madame de Wendel, pour un tiers, à Baudinet Courcelles pour un tiers et à J.-F. Trotiane, Victor Simon et Jacob pour le reste. Après quelques années d'exploitation commune, de Hausen racheta le 31. 3. 1806 leurs parts à Courcelles, Simon et consorts. Par la mort de Charles de Hausen (25. 3. 1824) et le partage des biens du 13. 9. 1826, Hombourg et ses dépendances furent dévolus à Charles-Théo- dore de Hausen. Après des pourparlers avec Charles-Théodore de Hausen, les 2 frères, Henri et Alexandre Gouvy, entrèrent par acte du 27. 4. 1850 en pos- session de la vieille forge de Hombourg ; la Société Gouvy Frères et Cie fut constituée au capital d'un million de francs. En juin 1852, un premier four à puddler fut installé et quelques mois plus tard, on commença la fabrication des socs effilés. En 1854, l'usine se composa de 3 feux d'affinerie et de 4 de raffinerie, d'un four à puddler, de 2 fours à réchauffer, d'un marteau de 1 200 kg et des martinets, d'un laminoir, d'un four à cémenter, de plusieurs fours de fusion, de 2 chaudières chauffées par les chaleurs perdues du four à puddler et d'un four à réchauffer et fournissant la vapeur à une machine de 45 chevaux. La production annuelle passa en 4 ans de 90 à 371 tonnes. Deux années plus tard en 1856 on montait 3 feux de raffinerie, un deu- xième four à puddler, un four à réchauffer, 18 fours de fusion, un deuxième laminoir, et un peu plus tard, 2 chaudières et 2 machines-vapeur. Un décret impérial, en date du 17. 7. 1856, permit la transformation de la forge en aciérie. En 1860, la forge commença la fabrication des ressorts de chemin de fer ; en 1862, le capital fut porté à 2 millions de francs. En 1867, on entreprit la fabrication de pelles et en 1874 celles des bêches en tôle. Après la désastreuse guerre de 1870, une nouvelle usine fut créée à Dieulouard, au sud de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), qui commença à produire dès février 1873. En 1874, la fabrication des ressorts des chemins de fer fut remplacée par celle de ressorts de carrosserie et en 1899 par la fabrication des ressorts pour automobiles. On ajouta après l'incendie de la sciérie, en 1880, un atelier de manches avec plusieurs scies et 3 tours en 1882/83. ARRONDISSEMENT DE FORBACH

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal. Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒ dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.