Schéma départemental de prévention des risques naturels de l' mars 2012

2. Bilan des risques naturels dans le département Les risques sont générés par le croisement des aléas et des enjeux. Dans cette première partie destinée à faire le bilan des risques naturels du département, un premier chapitre sera donc consacré à une présentation du département et de ses enjeux et un second aux aléas et leurs caractéristiques (intensité, fréquence, localisation).

2.1. Le département et ses enjeux

2.1.1.Présentation du département

Organisation administrative Région Haute-Normandie Population totale 577 087 hab. (2008) Préfecture Evreux Densité 96 hab./km2 Préfet de département Dominique Sorain Superficie 6 040 km2 Président du conseil Jean-Louis Destans Arrondissements 3 général Cantons 43 Sous-préfectures Les Andelys Intercommunalités 35 Bernay Communes 675

Situation géographique Le département de l’Eure, issu du découpage de l’ancienne province de Normandie, est situé à l’Ouest de la région parisienne. Il forme, avec la -Maritime, la région Haute- Normandie. Ce département est voisin de quatre régions : la Picardie au Nord Est, l’Ile de à l’Est, le Centre au Sud Est et la Basse-Normandie à l’Ouest. Tous ces territoires influent sur son développement, et plus particulièrement ceux de Seine-Maritime et d’Ile de France. Sa situation sur les voies de communication entre l'Ile de France et la baie de Seine accroit les pressions démographique, économique et sur les infrastructures.

- 10 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

- 11 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Paysages et terroirs Partie intégrante du bassin parisien, l'Eure marque une transition entre l'Ile-de-France et la façade littorale normande. Le département est composé de plateaux crayeux (environ 200 m d'altitude) interrompus par des vallées drainantes (vallée de l'Eure, vallée de l'Iton, vallée de la Risle, vallée de la Charentonne et vallée de l'Andelle). La vallée de la Seine est un accident morphologique majeur tranchant les grands massifs crayeux et séparant la Seine Maritime de l'Eure. On remarque aussi de nombreuses forêts qui s'étendent sur un cinquième de la surface totale et font de l’Eure le département normand le plus boisé. Ce taux de boisement est légèrement inférieur à la moyenne nationale (29,2%). On peut cependant remarquer qu'une grande partie de la surface boisée du département est privée (87% contre 75% au niveau national).

- 12 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Géologie Géologiquement, l'Eure se situe dans le nord-ouest du bassin parisien qui possède une architecture tabulaire, d'assise jurassique et Crétacé sub-horizontale. Les surfaces crayeuses du crétacé sont les plus importantes en Haute-Normandie. Ces surfaces forment l'ossature du plateau normand. L'altération superficielle de la craie a formé une couche d'argile à silex quasi continue sur les plateaux. L'épaisseur de ces argiles à silex varie régionalement de 0 à plus de 60 m. La limite entre la craie et l'argile à silex est très irrégulière. Au Quaternaire, des lœss ou des limons ont recouvert l'ensemble de la région. Leurs répartitions et leurs épaisseurs sont très hétérogènes. Ces dépôts éoliens meubles sont principalement composés de quartz. Ils donnent des terres agricoles fertiles de bonne qualité.

- 13 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Climat Le climat de Haute-Normandie est un climat de type océanique, marqué globalement par la douceur des températures et l'humidité. Les températures hivernales sont largement positives : 5 °C en moyenne pour le mois de janvier sur le littoral, et 4 °C à l'intérieur des terres. L'été est frais : 17 °C en moyenne pour le mois de juillet, sur le littoral comme à l'intérieur des terres. En réalité, ces chiffres cachent d’importantes disparités, notamment concernant les précipitations. Si le secteur de Bolbec (Seine-Maritime) enregistre des précipitations annuelles moyennes de l’ordre de 1 000 mm, le sud-est de l’Eure reçoit en moyenne moins de 600 mm soit presque deux fois moins, et des valeurs voisines de celles de Marseille ou Nice (bien sûr, la nature des précipitations et leur répartition au long de l’année ne sont pas les mêmes). Ce secteur du sud-est de l’Eure bénéficie de la protection des collines du Perche sur lesquelles les masses d’air humides épuisent leurs précipitations.

- 14 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Réseau hydrographique Étant donnée la nature généralement perméable des roches, il y a prépondérance de l'infiltration sur le ruissellement, si bien que les ressources en eau sont essentiellement souterraines. Le département de l'Eure se caractérise donc par un réseau hydrographique lâche (environ 0,4% du linéaire national) et de nombreuses vallées sèches. La bordure occidentale du département s'étend sur le haut du bassin de la Calonne (affluent de la Touques) et sur les bassins des deux rivières côtières, la Vilaine et la Morelle. Le reste du département peut se découper en sept unités hydrographiques : – vallée de la Seine ; – bassin de l'Epte, affluent rive droite de la Seine ; – bassin de l'Andelle, affluent rive droite de la Seine ; – bassin de l'Eure, affluent rive gauche de la Seine ; – bassin de l'Avre, affluent rive gauche de la rivière d'Eure ; – bassin de l'Iton, affluent rive gauche de la rivière d'Eure ; – bassin de la Risle, rivière se jetant dans l'estuaire de la Seine. Aucun de ces bassins n'est entièrement compris dans le département. La Risle, l'Avre, l'Iton et l'Eure prennent leur source dans le Perche (Orne), l'Andelle et l'Epte dans le (Seine-Maritime). La partie orientale du bassin de l'Epte se situe dans les départements de l'Oise et des Yvelines. Les affluents sont peu nombreux. Si l'on excepte quelques ruisseaux très courts ou de faible débit, les affluents de premier ordre se limitent à : – Gambon et Oison en vallée de Seine ; – Lévrière et Réveillon pour l'Epte ; – Lieure et Crevon pour l'Andelle ; – Rouloir pour l'Iton ; – Charentonne, Bec, Véronne et Tourville pour la Risle. Les affluents pérennes d'ordre supérieur sont encore plus rares : – Guiel pour la Risle ; – Bonde pour l'Epte.

- 15 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Le linéaire des rivières pérennes est d'environ 810 km.

Les pentes sont souvent fortes, mais la vigueur du courant est contrariée par de nombreux vannages et bien souvent le profil d'origine est transformé en un profil en marches d'escalier. En 1995, on comptait 350 ouvrages sur les rivières du département d'une hauteur variant de 0,7 à 5 m (Un nouveau recensement est en cours). En effet, les cours d'eau ont longtemps constitué la principale source d'énergie utilisable pour les entreprises industrielles et artisanales. La présence d'une chute naturelle ou la possibilité d'en aménager une était alors un facteur prépondérant de l'implantation d'une manufacture. Les vallées de l'Andelle, de la Risle et de l'Iton restent fortement marquées par cette industrialisation. Les vallées sèches, fréquemment rencontrées dans l'Eure, sont de deux types : – les vallées drainées dans leur partie amont par des rivières qui perdent leur débit au profit d'un écoulement souterrain de type karstique lorsqu'elles pénètrent sur la craie, au point de s'assécher complètement en période d'étiage (exemple : sec Iton) ; – les vallées qui, dans leur partie amont sont perchées par rapport à la nappe ; l'écoulement temporaire y est réduit au ruissellement, des émergences apparaissent souvent en aval lorsque le toit de la nappe recoupe la surface topographique (exemple : Gambon, Rouloir, Bave).

- 16 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.1.2.Les enjeux du département

Population et trame urbaine Evreux, la préfecture du département, est un pôle urbain qui souffre de la comparaison avec le pôle urbain voisin à rayonnement national qu'est Rouen. L’aire urbaine d’Evreux compte 97 000 habitants (81ème rang national) mais exerce malgré tout une influence significative sur le Sud et le centre du département. Des pôles urbains de troisième rang dispersés sur le département rayonnent sur des territoires plus restreints et complètent le maillage départemental : on peut ainsi citer Louviers (42 338 habitants, 154ème aire urbaine française), Vernon (35 000 habitants, 184ème rang), Pont-Audemer (20 000 habitants, 260ème rang) et Bernay (18 000 habitants, 273ème rang). Le département de l'Eure est néanmoins un territoire plutôt rural structuré par de nombreuses communes de petite taille avec seulement 6 communes de plus de 10 000 habitants (Evreux, Vernon, Louviers, Val-de-Reuil, et Bernay) et plus de 400 communes (60%) de moins de 500 habitants. Le département de l'Eure connaît un important essor démographique : une augmentation moyenne de 3 500 habitants par an depuis vingt ans. La population progresse en moyenne de 0,7% par an depuis 1990. Le recensement INSEE de 2008 situe le département à un rang moyen à l'échelle nationale (43ème), avec 577 087 habitants. Le caractère périurbain du département s’affirme année après année. L’extension des aires urbaines de Rouen, Elbeuf ou Paris vers l'Eure fait évoluer sensiblement son profil socio-démographique, surtout dans la vallée de la Seine et aux frontières Est du département. Contrairement à d'autres zones en périphérie de la région parisienne saturées, la frange Est de l'Eure continue à se construire sous l'influence de l'Ile-de-France avec une forte vocation à la résidentialisation. Ce territoire qui s'étend du plateau du Normand, au Nord, jusqu'à la communauté de communes de la Porte Normande, au Sud, qui englobe l'agglomération d'Evreux et l'axe de la vallée de la Seine, fait partie de ce que les géographes appellent « les franges franciliennes ».

- 17 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Les bâtiments dans le département – source BD MAJIC 2009 (foncier) On retrouve sur la carte ci-dessus, la localisation des principales zones bâties du département (logements, activités et annexes). Cette carte a été élaborée à partir de la base de données du foncier dans le département. Cette base de données recense pour chaque parcelle, le nombre de bâtiments et leur vocation. La carte ci-dessus représente toutes les parcelles bâties du département qui ont pu être géolocalisées (94% des parcelles de la base de données). Pour chaque parcelle, le nombre de logement est indiqué dans la base de données, il est donc possible à partir de celle-ci de calculer le nombre de logements situés dans une zone géographique donnée et donc par extension la population en prenant une valeur moyenne d'habitants par logement. Dans la suite du document, toutes les estimations de population en zone à risque sont calculées à partir de cette base de données.

La vulnérabilité de la population est provoquée par sa présence en zone à risque. Sa mise en danger survient surtout lorsque les délais d'alerte et d'évacuation sont trop courts ou inexistants pour certains risques. En plus des atteintes aux personnes, les risques naturels peuvent aussi provoquer de graves dommages sur les biens mobiliers et immobiliers.

- 18 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

L'activité économique Au travers de la répartition des entreprises et des zones d'activité dans le département, on retrouve les principaux pôles urbains et les axes structurants du département.

Les entreprises dans le département en 2010 (CCI de l'Eure)

Surfaces aménagées à vocation d'espace d'activité (lotissements industriels, ZAC ou regroupements d’entreprises) au 31.12.2007 (CCI de l'Eure)

- 19 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Les entreprises et leurs employés peuvent être touchés par les risques naturels comme le reste de la population (atteintes aux biens et aux personnes) mais il faut aussi prendre en compte les dommages indirects tels que les pertes d'activité et le chômage technique qui sont souvent plus importants que les dommages directs.

Les infrastructures de transport La carte ci-contre présente les grandes infrastructures de transport en Haute-Normandie. Ces infrastructures sont très sensibles aux risques naturels qu'il s'agisse de transport routier, ferroviaire, fluvial ou même aérien. Leur coupure peut affecter largement l'économie et le fonctionnement d'un territoire et même avoir de graves conséquences pour les personnes lorsqu'elle empêche l'intervention des secours.

Les captages d'eau potable

Les captages d'eau potable dans l'Eure – données ARS 2010 Les captages d'eau potable peuvent être affectés par les risques naturels si ceux-ci conduisent à une rupture de l'alimentation électrique des installations de pompage mais ils sont surtout très sensibles aux inondations qui peuvent augmenter la turbidité de l'eau pompée et ainsi la rendre impropre à la consommation. Le réseau de distribution peut aussi être perturbé si des canalisations viennent à se rompre sous l'effet d'un risque naturel.

- 20 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

- 21 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Les autres réseaux De nombreux autres réseaux sont aussi sensibles aux risques naturels : l'électricité, le gaz, les télécommunications, l'assainissement, le chauffage urbain, l'éclairage public... Ces réseaux qu'ils soient aériens ou enterrés peuvent être perturbés ou interrompus par les risques naturels et constituent des enjeux importants pour le fonctionnement d'un territoire.

Les sites naturels à préserver

Le département comprend aussi de nombreux sites naturels sensibles aux risques naturels qu'il convient de préserver.

- 22 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2. Les aléas Pour dresser le bilan des aléas naturels dans le département, il a été choisi d'adopter la typologie des risques naturels élaborée par le MEDDTL. Cette nomenclature comprend des risques qui sont totalement absents du département mais permet de dresser un bilan exhaustif des risques naturels.

2.2.1.Inondation Une inondation est le recouvrement plus ou moins rapide d'une zone habituellement hors d'eau. Elle peut être due à : – une crue (débordement de cours d'eau) ; – un ruissellement des eaux pluviales ; – une lave torrentielle ; – une remontée de la nappe phréatique ; – une submersion marine ; – la rupture d'un ouvrage de protection.

2.2.1.1.Par une crue (débordement de cours d'eau) a) Définition Une crue est un débordement d'un cours d'eau en dehors de son lit mineur. Le lit mineur d'un cours d'eau correspond au chenal où l'eau s'écoule en temps normal. Il est en général délimité par des berges bien marquées. Le lit majeur du cours d'eau est l'espace qui peut être inondé en période de crue lorsque le cours d'eau déborde de son lit mineur. La limite du lit majeur correspond à l'emprise de la plus grande crue historique. Les crues des cours d'eau du département sont essentiellement des crues de plaine qui se produisent principalement en hiver. Ces inondations sont provoquées par de longues périodes pluvieuses qui ont pour effet de relever le niveau de la nappe phréatique et d'augmenter les débits des cours d'eau, ces derniers étant alimentés principalement par la nappe. La montée des eaux est relativement lente et les zones inondées restent submergées pendant de longues durées. A la suite d'une période pluvieuse prolongée, de fortes pluies ou la fonte des neiges sur les sols saturés peuvent provoquer des crues majeures. Le risque humain est limité mais les dommages matériels peuvent être importants notamment du fait de la durée de submersion. Ces inondations peuvent aussi causer d'importantes pertes économiques en paralysant l'activité des zones inondées.

- 23 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 b) Localisation des zones à risques Le département comporte de nombreux cours d'eau et de nombreux enjeux susceptibles d'être affectés par leurs crues. Des inondations peuvent se produire dans le lit majeur des principaux cours d'eau du département : Seine, Eure, Iton, Avre, Epte, Andelle, Risle, Charentonne... L'emprise du lit majeur des cours d'eau peut être approchée (à l'échelle du département) par la couche géologique des alluvions modernes (Fz). Les alluvions sont des sédiments transportés par les cours d'eau et leur présence en surface témoigne de l'inondabilité d'un secteur. La couche géologique des alluvions modernes définit l'emprise maximale au sein de laquelle peut se produire une inondation par débordement de cours d'eau.

Emprise de la couche géologique des alluvions modernes (Fz) Extrait de la carte géologique harmonisée de l'Eure au 1/50 000 (BRGM)

La population du département dans le lit majeur des cours d'eau est estimée à 60 000 habitants et plus de 24 000 emplois répartis dans plus de 1400 entreprises. Parmi ces entreprises, on recense 15 Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) dont une partie au moins du périmètre est située dans le lit majeur d'un cours d'eau.

- 24 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

La population n'est cependant pas répartie uniformément. Le risque se concentre dans les zones les plus urbanisées. Le risque d'inondation par débordement de cours d'eau est considéré comme majeur pour 231 communes. Les secteurs les plus sensibles sont l'agglomération d'Evreux et la confluence de l'Eure et de la Seine.

Communes identifiées à risque majeur d'inondation dans le DDRM – 2008 c) Données historiques

Atlas des zones inondées par débordement des cours d'eau (enveloppe de crues historiques cartographiées par la DDTM)

- 25 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

• Les crues historiques Les crues les plus marquantes des cours d'eau du département ont eu lieu en janvier 1841, janvier et février 1881, décembre 1966, janvier et février 1995, décembre 1999 / janvier 2000 et mars 2001 et pour la Seine, en janvier/février 1910 et janvier 1955. Les crues de 1841, 1881 et 1910 sont généralement qualifiées de centennales, c'est à dire qui a une probabilité sur 100 de se produire au cours d'une année. Une crue centennale ne se produit pas nécessairement tous les 100 ans. Il est tout à fait possible de faire face à deux crues centennales très rapprochées. En fait la probabilité d'observer une crue centennale sur une période de 100 ans est de 0,634 ( = 1–(99 /100)^100 ) soit environ 2 probabilités sur 3. Les autres crues citées ci-dessus sont des crues trentennales ou cinquantennales (1 probabilité sur 30 ou sur 50 de se produire chaque année) mais elles suffisent à produire d'importants dégâts matériels sur les secteurs urbanisés des vallées. De même que les crues centennales, les crues trentennales ne se produisent pas tous les 30 ans. En pratique, on assiste à des cycles d'années humides pendant lesquelles la nappe se remplit et des cycles d'années sèches pendant lesquelles la nappe se vide. Dans un cycle d'années humides, compte tenu des niveaux de nappe élevés, la probabilité d'avoir une crue trentennale est plus élevée. Ainsi, dans l'Eure, on a subi 3 crues au moins trentennales (1995, 1999 et 2001) en moins de 6 ans.

• Importance de la nappe sur le débit des cours d'eau La relation niveau de la nappe – débit des cours d'eau, caractéristique pour les cours d'eau du département est très bien illustrée par le graphique ci-après représentant le débit de l'Iton à Normanville.

Débit mensuel et niveau de nappe à Normanville (Diagnostic préalable à l'élaboration du SAGE ITON réalisé par ANTEA)

- 26 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Depuis 2004, un cycle d'années sèches a débuté. La recharge hivernale de la nappe est faible et la probabilité d'avoir une crue trentennale est donc bien moins importante. Ce contexte explique en partie l'absence de crue importante lors de ces dernières années.

• Les arrêtés de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle Depuis 1982, les communes sinistrées peuvent faire une demande de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle lorsqu'un phénomène naturel a causé des dommages. Les arrêtés de catastrophe naturelle sont donc un bon indicateur des inondations ayant provoqué des dommages ces vingt dernières années :

Ces arrêtés correspondent aux 7 dernières crues de plaines ayant causé des dommages dans le département. Début de la crue Fin de la crue Durée Cours d'eau 10/02/90 19/02/90 10 jours Avre, Iton et Risle 10/01/93 18/01/93 9 jours Avre, Epte, Iton et Risle 15/12/93 10/01/94 27 jours Andelle, Avre, Eure, Epte, Iton et Seine 17/01/95 31/01/95 15 jours Andelle, Avre, Eure, Epte, Iton, Risle et Seine 20/12/99 06/01/00 18 jours Andelle, Avre, Eure, Epte, Iton, Risle et Seine 06/01/01 08/01/01 3 jours Avre, Eure, Epte, Iton et Risle 20/03/01 03/04/01 15 jours Andelle, Avre, Eure, Epte, Iton, Risle et Seine

- 27 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

On constate que hormis la crue de janvier 2001, il s'agit de phénomènes longs puisque la durée des inondations peut varier de 9 à 27 jours. Les phases de montée des eaux et de décrue sont très progressives. On constate également que ces crues causent généralement des dégâts sur plusieurs cours d'eau à la fois, voire sur l'ensemble des cours d'eau du département pour les crues majeures (1995, 1999 et 2001).

On peut ajouter à ces crues de plaine quelques phénomènes de crues « soudaines » qui se produisent sur des cours d'eau à réaction rapide ou des ruisseaux dont le débit augmente subitement lors de pluies intenses. Début de la crue Fin de la crue Durée Cours d'eau 10/08/83 11/08/83 3 jours Andelle, Fouillebroc et Lieure 04/08/97 05/08/97 2 jours Réveillon 30/10/98 31/10/98 2 jours Risle (autour de Pont-Audemer) et Tourville 03/01/03 04/01/03 2 jours Epte

Les inondations provoquées par ces crues sont bien moins longues et sont localisées à l'échelle d'un petit bassin versant. La montée des eaux est plus rapide que lors des crues de plaine. Ces phénomènes se rapprochent plus des inondations par ruissellement et coulée de boue. d) Facteurs aggravants et évolution probable A l'échelle de la France, on ne constate pas de façon nette une aggravation des crues de plaine en terme de débit. On constate par contre une aggravation des conséquences de ces crues par la multiplication des enjeux en zone inondable. L'urbanisation des fonds de vallée diminue les surfaces d'expansion des crues et aggrave ainsi les risques à l'aval et les nombreuses constructions nouvelles sont autant de nouveaux sinistres lors des crues. On observe aussi que certains aménagements (ouvrages hydrauliques, digues, remblais...) viennent perturber l'écoulement des eaux et aggraver les risques à l'aval. Pour des crues faibles à moyennes, une mauvaise gestion des ouvrages peut aussi contribuer à aggraver les risques. Il s'agit principalement des ouvrages fermés qui provoquent des inondations à l'amont. Pour les crues majeures, l'influence de la gestion des ouvrages est cependant faible lors de la pointe de la crue car le débit est tel que l'eau contourne les ouvrages. Cela peut par contre avoir un impact négatif fort lors des périodes de montée et de descente de la crue. Enfin, si dans le cas des crues de plaine, l'augmentation des surfaces imperméabilisées et la diminution des surfaces enherbées ne conduit pas à augmenter le débit des cours d'eau, ces tendances contribuent à diminuer leur temps de réaction. Par exemple sur l'Iton, le temps de propagation d'une crue de Crulay à Normanville était compris entre 69 et 120 h avant 1987. Pour les crues de 1995, 1999 et 2001, ce temps était compris entre 41 et 82 h.

- 28 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.1.2.Par ruissellement et coulée de boue a) Définition Le ruissellement désigne le phénomène d'écoulement des eaux à la surface des sols. C'est un des moteurs de l'érosion : l'eau qui s'écoule entraîne avec elle des particules plus ou moins grosses en fonction de la quantité d'eau en mouvement. C'est également un phénomène pris en compte lors de l'aménagement urbain, car la généralisation des sols imperméabilisés augmente le ruissellement aux dépends de l'infiltration.

Le ruissellement est un facteur d'aggravation des pollutions liées à l'agriculture : les engrais et autres produits de traitement sont entraînés vers les cours d'eau, puis vers la mer, au lieu de rester sur le lieu d'épandage. Les coulées de boue sont constituées de grandes quantités d’un mélange d’eau, d’argile, de sable et de rochers qui dans des conditions spécifiques peuvent s’écouler dans les thalwegs et le lit des torrents et éventuellement s’étaler sur les cônes de déjection torrentiels, générant ainsi une menace importante pour les vies ou les installations humaines. La charge en matériau solide étant très importante (environ ¼ d’eau et ¾ de matériau solide), cela leur confère un comportement intermédiaire entre un solide et un liquide. Lorsque la quantité d'eau diminue, le phénomène est considéré comme un glissement de terrain. b) Localisation des zones à risques La Haute-Normandie est une des régions les plus touchées par les inondations et les coulées boueuses en France. Au sein même de cette région, la répartition des catastrophes et des dégâts n'est pas homogène puisque ceux-ci concernent principalement la Seine-Maritime. 75,3 % des coulées boueuses répertoriées en Haute- Normandie sur la période 1985-95 ont eu lieu en Seine-Maritime. Les 24,7 % restants ont eu lieu dans l'Eure. Dans notre département, le risque d'inondation par ruissellement des eaux pluviales est localement préoccupant principalement dans le nord du département où le contexte se rapproche de celui de la Seine-Maritime notamment dans la vallée de la Seine au profil escarpé. Les sols de ces régions sont constitués de limons épais et de très faible stabilité structurale. Sous l'action de seulement 6 à 10 mm de pluie, les sols ont tendance à se désagréger et à former une croute en surface dite croute de battance qui limite l'infiltration de l'eau. Ainsi, dès que le sol est nu ou trop finement travaillé, le ruissellement apparaît rapidement. En 2002, le groupement d'intérêt scientifique sol (qui regroupe le Ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche, le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du

- 29 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Développement Durable et de la Mer, l'Institut National de la Recherche Agronomique, l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, l'Institut de recherche pour le développement et l'Inventaire Forestier National) a publié un rapport sur l'érosion des sols. Ce rapport présente une méthode pour cartographier l'aléa érosion des sols à partir de données sur la nature des sols, leur occupation, la topographie et l'intensité des précipitations. La cartographie ci-dessous permet d'identifier les secteurs du département les plus sensibles à l'érosion et donc au ruissellement.

Cette cartographie montre bien la sensibilité de la partie nord du département, en particulier le Vexin, aux phénomènes d'érosion et de ruissellement. L'aléa ruissellement urbain est moins connu. De nombreuses communautés de communes ont fait réaliser des études de bassin versant sur leur territoire, études utiles quant à la réflexion sur le développement du bâti à proximité des axes de ruissellement recensés. c) Données historiques Depuis 1982, 223 communes ont fait l'objet d'un arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle dû aux coulées de boue dans l'Eure dont une cinquantaine plusieurs fois, comme le montre la carte ci-après.

- 30 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Ces arrêtés de catastrophe naturelle correspondent à 48 évènements répartis assez régulièrement sur les 28 années d'existence de la procédure de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle soit en moyenne une catastrophe tous les 7 mois. Répartition annuelle des "catnat" ruissellement et coulée de boue 6

5

4

3

2

1

0 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10

- 31 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Cette répartition n'est cependant pas homogène toute l'année et on constate que la plupart des inondations par ruissellement et coulées de boue se concentrent pendant la période estivale, période de l'année la plus propice aux pluies d'orage. On observe néanmoins des inondations par ruissellement et coulée de boue automnales (de septembre à décembre) les années très pluvieuses (1998 à 2000) lorsque les sols sont gorgés d'eau, une pluie plus faible suffit à déclencher une inondation.

Répartition mensuelle des "catnat" ruissellement et coulée de boue 14

12

10

8

6

4

2

0 février avril juin août octobre décembre janvier mars mai juillet septembre novembre Enfin, en observant les dates de début et de fin de ces catastrophes naturelles, on constate que les inondations par ruissellement et coulée de boue ne durent généralement pas plus d'une ou deux journées. Elles sont le fruit d'un orage soudain et durent le temps d'évacuer le volume de précipitations généré par cet orage. Si l'inondation dure plus longtemps, c'est que les ruissellements sont associés à un phénomène de crue ou de remontée de nappe. d) Facteurs aggravants et évolution probable Les risques d'érosion et de ruissellement sont aggravés par les transformations du paysage : • la conversion des prairies en labour, les sols cultivés ont une capacité de stockage moins importante que les sols couverts par les végétaux et favorisent donc le ruissellement ; • l'augmentation des surfaces imperméabilisées qui limitent l'infiltration, concentrent les ruissellements et accroissent les vitesses d'écoulement ; • l'augmentation de la taille des parcelles qui nécessite la suppression d'éléments structurant du paysage tels que haies, fossés ou talus qui jouaient un rôle important dans le cheminement et le stockage de l'eau de ruissellement ; • la disparition des mares et des zones humides qui permettent de stocker d'importantes quantités d'eau et de freiner les écoulements.

- 32 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Les publications de l'agence régionale de l'environnement Haute-Normandie (AREHN) et les statistiques agricoles permettent d'illustrer cette relation entre le paysage et les ruissellements en comparant l'occupation du sol et les inondations par ruissellement constatées en Haute-Normandie au XIXe et XXe siècles. Au XIXe siècle, les prairies permanentes représentaient moins de 10% de la surface agricole de la région. Compte tenu des faibles rendements, les champs labourés occupaient une part importante du territoire. On constatait alors que des inondations catastrophiques se produisaient (notamment en Seine-Maritime) en moyenne tous les 5 à 10 ans jusque dans les années 1920. Les surfaces de prairies étaient faibles mais l'urbanisation était encore réduite et les parcelles de petite taille. Ensuite dans la première moitié du XXe siècle, les surfaces en herbe s'accrurent jusqu'à atteindre plus de 40% de la surface agricole avec un parcellaire encore très découpé, des haies et peu d'urbanisation. Les inondations par ruissellement ne se produisaient plus que tous les 20 ans en moyenne. Au début des années 1960, les surfaces en herbe restaient importantes, on comptait jusqu'à 180 000 ha de prairies dans l'Eure, mais leur surface commençait à décroitre avec le développement de l'élevage hors-sol. En 1980, on ne comptait plus que 137 000 ha de prairie dans l'Eure et 94 000 ha en 1989. On a assisté également entre 1960 et 1989 à une évolution profonde des éléments structurants du paysage : le remembrement a augmenté la surface des parcelles, de nombreuses haies ont été détruites et de nombreuses mares ont été comblées. Cette époque est aussi marquée par une importante extension de l'urbanisation qui a créé de nouvelles surfaces imperméabilisées. On constatait alors des inondations par ruissellement à une fréquence quasi-annuelle. Depuis la fin des années 1990, on constate cependant un ralentissement de ces phénomènes. Les surfaces en herbe se stabilisent même si avec l'augmentation des cours des productions végétales et la suppression des jachères, on peut craindre que des prairies soient remises en culture. Concernant les haies, d'après les enquêtes du service régional de statistique agricole, entre 1995 et 2000, seulement 3% des exploitants en ont arraché alors que 10 % en ont planté pour une longueur estimée à environ 250 km. Le linéaire de haies dans le département était estimé en 1995 à 10 000 km de haies bocagères et 7 000 km de haies ornementales.

- 33 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Ces tendances sont illustrées par le graphique suivant : Evolution de la Surface Agricole Utilisée (SAU) et de la Surface Toujours en Herbe (STH) dans l'Eure Surface en hectares 600000 100%

90% 500000 80%

70% 400000 STH 60% SAU hors STH Pourcentage de la SAU 300000 50% 41%43% toujours en herbe 35%36% 35% 40% 200000 26% 30% 24% 22%21% 20% 100000 5% 7% 10%

0 0% 1801 1837 1908 1929 1942 1956 1966 1976 1988 2000 2010

Source : Recensements agricoles

Le graphique ci-dessous permet de constater le poids de l'agriculture dans l'occupation du sol du département.

Occupation du territoire dans l'Eure en 2009

Surfaces imperméabilisées Surfaces enherbées non agricoles 5% 5%

Forêt, bosquets, landes et friches 23% Surface enherbées agricoles 14%

Zones sous eau 1%

Autres surfaces agricoles 51% Source : Enquête Terruti-Lucas

- 34 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

La répartition des surfaces toujours en herbe n'est pas homogène sur tout le territoire comme en témoignent les cartes ci-dessous qui représentent leur part dans l'occupation du sol en Haute-Normandie par bassins versant :

Ces cartes permettent également de constater la diminution des surfaces toujours en herbe dans le département depuis les années 1970.

Enfin, pour conclure sur les facteurs d'évolution des risques d'inondation par coulée de boue et ruissellement, il faut noter que le changement climatique pourrait également avoir une influence en augmentant l'intensité et la fréquence des pluies « extrêmes » à l'origine de ces inondations.

- 35 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.1.3.Par lave torrentielle (torrent et talweg) a) Définition Une lave torrentielle est un mélange de matériaux solides (blocs, graviers, etc.) transportés par un fluide visqueux (composé de sédiments fins, d'argiles et d'eau) sous l'action de la gravité et, qui prend naissance dans une ravine ou un torrent. Elle se produit en montagne dans les zones où un sous-sol géologique sensible à l'érosion fournit de grandes quantités de matériaux Morphologie et terminologie d’une lave meubles. Pour provoquer une lave torrentielle, torrentielle (adapté de Bardou 2002) il faut de l’eau et une déclivité forte. Ces diverses conditions sont réunies dans un grand nombre de bassins versants des torrents de montagne. b) Localisation des zones à risques Les profils des bassins versants du département ne permettent pas ce type d'inondations. c) Données historiques Sans objet.

2.2.1.4.Par remontée de la nappe phréatique a) Définition

La remontée de nappe phréatique se traduit par la résurgence des eaux souterraines engendrant localement une submersion, favorisée dans un contexte de pluviométrie excédentaire, les mois précédents, sur des sols saturés en eau.

Le département est très sensible à ce type d'inondations du fait de la présence de la nappe de la craie. Cette nappe peut provoquer des débordements en plateaux sur des secteurs où elle est affleurante ou par l'intermédiaire du réseau karstique ainsi que dans des vallons secs occupés par des rivières non pérennes ou à l'amont de cours d'eau alimentés par cette nappe. La nappe de la craie s'écoule vers les vallées où elle alimente les nappes alluviales et indirectement les cours d'eau. Ces nappes alluviales peuvent aussi provoquer des débordements dans les vallées surtout en cas de crue des cours d'eau car les eaux de surface dressent alors une barrière hydraulique aux écoulements souterrains.

- 36 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Les inondations par remontée de la nappe phréatique touchent en général les sous-sols des bâtiments exposés et dans certains cas exceptionnels les rez-de-chaussée. Ce phénomène peut causer des dégâts matériels notamment lorsque des appareils électriques se trouvent dans les sous-sols mais aussi des dommages à la structure des bâtiments en raison de la durée de submersion qui peut s'étendre sur plusieurs mois. Les voiries et les canalisations peuvent aussi être fortement endommagées par les remontées de nappe. b) Localisation des zones à risques Le BRGM a élaboré une cartographie des zones à risque d'inondation par remontée de nappe qui a été actualisée en décembre 2011.

- 37 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Les principales zones à risque sont les vallées des cours d'eau. Certains plateaux sont également fortement exposés en particulier le Lieuvin, le plateau du Neubourg, le pays d'Ouche, la moitié sud-ouest du plateau de Saint André et une partie du Vexin. c) Données historiques Chaque crue est accompagnée d'un phénomène de remontée de la nappe alluviale d'accompagnement du cours d'eau. On retrouve ce phénomène dans les vallées à chacune des crues significatives listées au paragraphe 2.2.1.1. Des inondations ponctuelles par remontée de nappes ont également été observées en 1970, 1975, 1982, 1988 et 1995 mais c'est surtout en 2001 que s'est produit la remontée de nappe la plus importante après plusieurs années très pluvieuses.

En 2001, la remontée de la nappe a causé de nombreux dommages et plusieurs communes du département ont fait l'objet d'un arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle. Les inondations par remontée de la nappe sont caractérisées par leur très longue durée. Sur les 85 communes touchées en 2001, seules 28 communes ont connu des durées d'inondation comparables à celle d'une crue (de 1 à 3 semaines). Pour les autres, les inondations se sont prolongées de 1 à 5 mois. La durée moyenne d'une inondation par remontée de nappe en 2001 était de 55 jours.

- 38 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

On constate sur cette carte que les remontées de nappe les plus longues se sont produites à l'amont de petits cours d'eau ou ruisseau qui prennent leur source sur les plateaux du département comme la Calonne dans le Lieuvin, la Bonde dans le Vexin ou la Coudanne sur le plateau de Saint André, à la faveur d'une résurgence de la nappe de la craie. Au contraire, dans les vallées des cours d'eau principaux, les remontées des nappes alluviales ont été globalement plus courtes. d) Facteurs aggravants et évolution probable Quelques aménagements peuvent favoriser les remontée de nappe ou limiter les capacités de stockage et d'écoulement des eaux souterraines mais le principal facteur aggravant est l'urbanisation des vallées sèches, des dépressions des plateaux calcaires et la construction de sous-sols dans les zones sensibles.

2.2.1.5.Par submersion marine On parle d'inondation par submersion marine lorsque des secteurs littoraux habituellement hors d'eau sont recouverts par l'eau de la mer. Ces submersions peuvent être provoquées par deux types de phénomènes : – la marée de tempête, conjugaison d'un fort coefficient de marée et de l'action du vent ; – le raz-de-marée qui est une onde provoquée par un mouvement rapide d'un grand volume d'eau.

- 39 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.1.5.1.Marée de tempête a) Définition Les marées de tempête sont causées par la conjonction d'une onde de tempête et de la marée haute. Une onde de tempête est le rehaussement du niveau de la mer sur la côte causé par les vents d'une importante dépression qui poussent sur la surface de l'eau. Il en résulte un empilement de l'eau. En général, ce phénomène est associé aux cyclones tropicaux mais peut également se produire avec les fortes dépressions des latitudes moyennes, surtout celles en développement rapide hivernal. Dans les estuaires, le niveau de la mer lors d'une marée de tempête dépend également du débit du cours d'eau.

b) Localisation des zones à risques Bien que ne disposant pas d'un important linéaire côtier (environ 3 km), le département est cependant bien exposé à des risques d'inondation par submersion marine dans l'estuaire de la Seine et celui de la Risle. Le secteur du Marais Vernier est un ancien méandre de la Seine poldérisé au XVIIe et au XXe siècle. Il est donc particulièrement exposé au risque de submersion. Heureusement il s'agit principalement d'un secteur naturel et peu d'enjeux humains et bâtis sont donc exposés.

Extrait de la cartographie des zones basses au niveau de l'estuaire de la Seine Source : MEDDM - 2010

- 40 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 c) Données historiques Le Grand Port Maritime de Rouen mesure en permanence le niveau de la Seine avec plusieurs marégraphes situés le long du fleuve jusqu'à Honfleur. Ces mesures permettent en observant les coefficients de marée et le débit de la Seine de déterminer les principaux épisodes de submersion marine des dernières années : 1970, 1982, 1988, 1990, 1994, 1995, janvier et décembre 1999, 2002 et 2010. La surcôte la plus importante au marégraphe de Tancarville a été enregistrée en janvier 1999 à l'occasion d'un coefficient de marée de 100 et d'un coup de vent de 108 km/h. Un niveau quasi-identique a également été enregistré le 28 février 2010 lors du passage de la tempête Xynthia. Plusieurs communes ont fait l'objet d'une déclaration de catastrophe naturelle lors de fortes tempêtes de ces 30 dernières années : – en novembre 1984, 4 communes : Quillebeuf-sur-Seine, Saint-Aubin-sur-Quillebeuf, Saint-Samson-la-Roque et Marais-Vernier ; – en février 1990, 2 communes : Saint-Samson-la-Roque et Berville-sur-Mer ; – en janvier 1999, 1 commune : Quillebeuf-sur-Seine ; – en 1999, tout le département a été sinistré ; les communes du littoral ont subi un cumul de la tempête et de la marée. Aucun dégât n'a été recensé lors du passage de la tempête Xynthia en 2010. S'agissant d'un phénomène provoqué par la marée, les inondations par submersion marine sont en général assez courtes (2 jours en novembre 1984 et janvier 1999). Néanmoins, l'eau amenée par la marée de tempête peut parfois avoir des difficultés à se retirer et s'accumuler dans les points bas pendant plusieurs jours (5 jours en 1990). d) Facteurs aggravants et évolution probable Les risques d'inondation par submersion marine sont liés au niveau moyen de la mer. D'après les hypothèses actuelles sur le changement climatique, le niveau de la mer pourrait augmenter de 10 à 22 cm d'ici 2030 et de 40 cm à 1 m d'ici 2100. Compte tenu de la topographie des terrains exposés à ce risque, cette élévation du niveau de la mer ne devrait pas augmenter considérablement la surface inondée mais cela pourrait conduire à des inondations plus fréquentes et des hauteurs de submersion plus importantes.

- 41 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.1.5.2.Raz-de-marée, tsunami a) Définition Le Raz de Marée ou tsunami est une vague isolée et très haute. Elle peut être provoquée par un séisme sous-marin, une éruption sous-marine ou un glissement des fonds marins. La vitesse de propagation de cette vague est de l'ordre de plusieurs centaines de km/h. En arrivant dans les eaux côtières peu profondes, la vague qui ne dépasse guère les 50 cm de hauteur commence à grossir très rapidement et en arrivant sur les côtes elle peut atteindre 15 mètres. La vitesse et la hauteur de la vague en font un phénomène particulièrement dangereux et destructeur.

b) Localisation des zones à risques Le département est situé dans une zone à sismicité faible et dépourvue d'activité volcanique, le risque de tsunami est donc très faible. On ne peut toutefois pas exclure le risque d'un tel évènement qui pourrait être déclenché par un glissement de terrain sous- marin. Les zones basses identifiées au 2.2.1.5.1.b) seraient les plus touchées mais un secteur plus large pourrait être impacté en fonction de la hauteur de la vague. c) Données historiques Le BRGM a réalisé un inventaire des tsunamis observés sur le territoire français. Cet inventaire est accessible sur le site www.tsunamis.fr. Un seul tsunami susceptible d'avoir impacté le département a été recensé. Il a été observé au niveau du Havre en 1845. Il pourrait avoir été causé par un glissement sous-marin. Deux faux tsunamis ont également été recensés au niveau du Havre en 1716 et 1911. Il s'agissait en fait de raz de marée de tempête.

- 42 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.1.6.Par rupture d'ouvrages de protection a) Définition De tout temps, les populations ont cherché à se protéger des inondations. Souvent, cette protection a pris la forme de digues maritimes ou fluviales. Il existe également des barrages de retenue des eaux pluviales destinés à limiter les inondations par ruissellement. Certains ouvrages sont si anciens que les riverains ont oublié jusqu'à l'existence même de ceux-ci, devenus partie intégrante du paysage sans que l'on sache à qui ils appartiennent et qui a la charge de les entretenir. Si la fonction de ces ouvrages est la protection, celle-ci ne peut être garantie dans tous les cas. Sous l'effet d'une surcharge exceptionnelle ou suite à un mauvais entretien, les ouvrages peuvent se rompre. Ces ruptures causent alors des inondations soudaines et violentes. Les phénomènes à l’origine de la rupture d’une digue sont aujourd’hui bien connus, même si leur modélisation est extrêmement délicate. Les deux principaux mécanismes de rupture sont : • la surverse

Le cours d’eau déborde, même faiblement au dessus de la digue vers les terres protégées. La digue est ensuite détruite par érosion régressive.

• l’érosion interne (ou « phénomène de renard »)

Favorisée par la présence de terriers ou de canalisations, l’eau s’infiltre dans le corps de digue le long d’un conduit préférentiel d’écoulement. Une fois la digue traversée, l’érosion remonte le long du conduit.

Il existe deux autres mécanismes de rupture des digues, plus rares : par érosion externe et affouillement (imputable au courant de la rivière) et par glissement du talus de la digue.

- 43 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Les principaux effets dévastateurs de ces ruptures d'ouvrages sont : • L’effet de vague

Les ruptures de digues engendrent de véritables « vagues », car la rupture intervient le plus souvent lorsque la crue est à son maximum, autrement dit lorsque les volumes d’eau contenus dans le lit endigué sont importants. • La fosse d'érosion

La photo ci-dessus a été prise lors de la rupture d'une digue dans l'Hérault en septembre 2002. Sous l'effet d'une surverse de l'ouvrage, la digue s'est rompue sur plusieurs centaines de mètres et l'eau a creusé une fosse d'érosion d'une dizaine de mètres de profondeur et une cinquantaine de mètres de long. D'après le retour d'expérience national en matière de ruptures de digues, on estime qu'une rupture d'ouvrage peut provoquer des destructions importantes derrière l'ouvrage sur des distances comprises entre 100 m et 100 fois sa hauteur.

- 44 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 b) Localisation des zones à risque Un recensement des digues et barrages intéressant la sécurité publique est en cours. Dans l'Eure, seul le système de digues de Navarre a fait l'objet d'un arrêté préfectoral de classement. D'autres ouvrages sont connus et devront faire l'objet d'un classement : digue de Croth, digue d'Ezy-sur-Eure, digue de Saint-Pierre-du-Vauvray à Poses et les digues de l'estuaire de la Seine. Il existe également un ouvrage de rétention des eaux de pluie à Saint-Amand-des-Hautes- Terres et de nombreux barrages de navigation. c) Données historiques Lors des grandes crues du siècle dernier, certaines digues ont subi des dommages sans que cela ait provoqué de rupture. d) Facteurs aggravants et évolution probable Le principal facteur aggravant est l'absence d'entretien des ouvrages. Cette absence est souvent accentuée par l'absence de maîtrise d'ouvrage unique. On peut donc s'attendre à trouver des ouvrages de plus en plus fragiles. Néanmoins, la procédure de classement lancée par les service de l'État devrait permettre d'améliorer la situation dans les années à venir en identifiant les maîtres d'ouvrage et en précisant leurs obligations en matière d'entretien et de contrôle.

- 45 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.2.Mouvement de terrain Un mouvement de terrain est un déplacement plus ou moins brutal du sol et/ou du sous- sol, fonction de la nature et de la disposition des couches géologiques. Il est dû à des processus lents de dissolution ou d'érosion favorisés par l'action de l'eau et celle de l'homme. En plaine, les mouvements de terrain peuvent se traduire par un affaissement plus ou moins brutal des cavités souterraines naturelles ou artificielles, par des phénomènes de retrait ou de gonflement liés aux changements d’humidité des sols argileux ou par un tassement des sols (vase, tourbe, argile...) du fait de la surexploitation des terres. Ils se manifestent en vallée sous la forme de glissements de terrain ou d’éboulements de falaises.

2.2.2.1 – Affaissements ou effondrements La nomenclature des risques naturels élaborée par le MEDDTL distingue les effondrements et les affaissements. Dans le département, ces deux types de mouvements de terrain sont liés à la présence de cavités souterraines, ils sont donc traités ensemble au sein de ce paragraphe. a) Définitions Les affaissements sont des mouvements de terrain lents et continus. Les sols s'affaissent sous l'effet de surcharges (constructions, remblais) ou en cas d'assèchement (drainage, pompage). Ces affaissements peuvent être liés à des cavités mal remblayées ou à l'évolution de cavités dont la chute est amortie par la souplesse des terrains superficiels. Les effondrements sont des mouvements de terrain rapides et discontinus. Il s'agit de déplacements verticaux instantanés de la surface du sol par rupture des cavités souterraines pré-existantes avec ouverture d'excavations cylindriques.

Schéma d'un effondrement

- 46 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Cavités anthropiques (carrières) Les cavités anthropiques sont creusées par l’homme pour extraire des matériaux (carrières souterraines), pour s’abriter de dangers divers (abris, caches, muches, boves...) ou pour des besoins militaires ou stratégiques (sapes, souterrains linéaires). On trouve dans le département de nombreuses carrières souterraines résultats de l'exploitation passée du sous-sol pour l'extraction de matériaux. Les plus nombreuses sont les marnières qui se comptent en milliers. Elles étaient exploitées pour extraire de la craie (marne) destinée à l'amendement des sols agricoles.

L’exploitation de la craie se faisait à partir d’un puits de 1,50 à 2 mètres de diamètre qui devait atteindre la première couche de craie exploitable. Certains puits de marnières pouvaient ainsi atteindre une profondeur de 50 mètres. A la base du puits, on réalisait des galeries horizontales donnant accès aux chambres d’exploitation. L’exploitation terminée, le puits était le plus souvent obstrué à l’aide de madriers à 5 ou 6 mètres de profondeur, puis remblayé jusqu’au niveau du sol. Ainsi, de nos jours, de nombreuses carrières souterraines ne sont plus localisables et l'urbanisation peut s'être développée au-dessus. La détérioration plus ou moins lente des cavités peut alors causer des dommages en surface. Le département de l'Eure n'est pas concerné (ou très peu) par le creusement de sapes de guerre, de muches, grottes ou boves que l'on retrouve principalement dans le nord de la France.

Cavités naturelles Les affaissements et les effondrements peuvent aussi être provoqués par des cavités naturelles. Dans le département, la craie est fortement altérée : l’eau entraîne une dissolution progressive de la roche qui creuse peu à peu des bétoires. Celles-ci sont reliées entre elles par des anfractuosités qui permettent la circulation souterraine de l’eau. Comme les marnières, les bétoires peuvent s’effondrer.

- 47 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 b) Localisation des zones à risques L'ensemble des communes du département sont concernées par les risques liés aux cavités souterraines à l'exception de quelques communes en vallée où l'affleurement de la nappe phréatique rend trop difficile l'exploitation souterraine.

Communes concernées par des cavités souterraines connues (DDRM - 2008)

Nombre de marnières recensées par commune (DDTM – Novembre 2010) Le nombre de marnières est estimé à 60 000 dans le département dont seulement 8 000 sont recensées et localisées précisément.

- 48 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 c) Données historiques De nombreux sinistres ont été enregistrés dans le département. Le plus ancien remonte à mars 1982 sur la commune de Vitot. Le printemps 1995 fut ensuite marqué par de nombreux effondrements. En 2001, un accident mortel a frappé la commune de la Neuville-sur-Authou. On enregistrait alors au moins vingt effondrements par jour. Quotidennement, deux à trois habitations étaient évacuées de leurs occupants.

Effondrement à la Neuville sur Authou en 2001 Chaque année, on enregistre encore des effondrements en particulier lors des périodes les plus pluvieuses de l'année. d) Facteurs aggravants et évolution probable La plus grande partie des marnières, qui constituent les cavités souterraines les plus nombreuses dans le département, ont été creusées au XIXe siècle. Elles sont victimes d'une dégradation naturelle causée par l'action répétée de l'eau au fil des années. Les marnières se dégradant progressivement, il faut s'attendre à de nombreux effondrements dans les années à venir. Globalement, on estime que la moitié des marnières se seront effondrées dans les 100 ans à venir. En plus de l'action des éléments naturels, l'urbanisation est un facteur aggravant qui vient modifier les écoulements en surface et peut provoquer une accélération de la dégradation des cavités souterraines. On constate ainsi régulièrement des effondrements qui se produisent au droit d'un lotissement 20 à 30 ans après l'implantation de celui-ci. Enfin, de nombreux effondrements se produisent à l'occasion d'épisodes pluvieux intenses, ces épisodes pourraient devenir plus intenses et plus fréquents sous l'effet du changement climatique ce qui pourrait augmenter le nombre d'effondrements.

- 49 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.2.2 – Éboulements a) Définition L'évolution des falaises et versants rocheux engendre des chutes de pierre (volume inférieur à 1 dm³), des chutes de blocs (volume supérieur à 1 dm³) ou des écroulements en masse (volume pouvant atteindre plusieurs millions de m³). Les blocs isolés rebondissent ou roulent sur le versant, tandis que dans le cas des écroulements en masse, les matériaux « s'écoulent » à grande vitesse sur une très grande distance. b) Localisation des zones à risques On trouve de nombreuses falaises dans le département situées principalement en vallée de Seine. La fédération française de la montagne et de l'escalade évoque essentiellement des falaises autour des Andelys pour la pratique de l'escalade (Amfreville, Le Thuit, Port- Mort, La Roquette, Les Andelys). On trouve également des falaises le long des autres principaux cours d'eau tels que l'Eure à Ivry-la-Bataille et l'Iton à Evreux.

Localisation des pentes dont le dénivelé peut entraîner des éboulements Source : MNT de la BD Topo

- 50 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 c) Données historiques Le BRGM a recensé, dans sa base de données accessible sur le site www.mouvementsdeterrain.fr, 40 éboulements ou chutes de pierres pour le département de l'Eure dont 18 ont provoqué des dommages matériels et aucun n'a causé de victime.

Les éboulements recensés par le BRGM ne font pas tous état du volume concerné par l'éboulement. Toutefois, les données dont on dispose font état d'éboulements restant dans des volumes de quelques centaines de mètres cubes. d) Facteurs aggravants et évolution probable Le développement de végétation (racines), l'absence d'entretien, l'instabilité des entrées latérales de falaises et l'occupation des cavités en pied de falaise sont les principaux facteurs qui peuvent fragiliser les falaises et aggraver les risques d'éboulement. Concernant l'évolution de ce risque dans les années à venir, le changement climatique pourrait augmenter les phénomènes d'érosion et ainsi aggraver les risques d'éboulement de falaises.

- 51 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.2.3 – Glissements de terrain a) Définition Les glissements de terrain sont des mouvements de terrains lents et continus. Ils se produisent généralement en situation de forte saturation des sols en eau. Ils peuvent mobiliser des volumes considérables de terrain, qui se déplacent le long d'une pente. b) Localisation des zones à risques Il n'existe pas dans l'Eure d'étude générale sur la sensibilité des sols au glissements de terrain permettant de localiser les zones à risques. On sait que les sols les plus sensibles sont les argiles les plus plastiques qui correspondent à l'aléa fort retrait-gonflement des argiles (voir paragraphe 2.2.2.5) mais d'autres paramètres tels que la pente et les écoulements d'eaux entrent en compte. c) Données historiques Le BRGM a recensé, dans sa base de données accessible sur le site www.mouvementsdeterrain.fr, 27 glissements de terrain dans l'Eure dont 15 ont provoqué des dommages matériels et aucun n'a causé de victimes.

- 52 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 d) Facteurs aggravants et évolution probable Comme pour la plupart des risque naturels, les phénomènes de glissement de terrain pourraient s'aggraver sous l'influence du changement climatique.

2.2.2.4 – Avancée dunaire a) Définition L'avancée dunaire est un déplacement du sable le long du littoral avec progression du front de dunes vers l'intérieur des terres. Le département de l'Eure n'est pas concerné par ce risque naturel.

2.2.2.5 – Les tassements différentiels – retrait gonflement des argiles a) Définition Les tassements par retrait/gonflement des argiles résultent de la diminution de volume de certains sols (vases, tourbes, argiles,…) sous l’effet de charges qui leur sont appliquées, de l’abaissement du niveau de la nappe phréatique (lié par exemple à une surexploitation par pompage) ou de phénomènes de retrait des argiles en période de sécheresse (dessiccation). Ces phénomènes prennent plus ou moins d’ampleur selon les contextes. Le retrait et gonflement des argiles est un risque naturel qui ne cause pas de victimes mais peut engendrer des désordres importants sur le bâti. C'est l'un des risques naturels les plus couteux avec les inondations. b) Localisation des zones à risques Une carte d’aléa a été établie par le BRGM à partir de la carte synthétique des formations argileuses et marneuses, après hiérarchisation de celles-ci en tenant compte de la susceptibilité des formations identifiées et de la probabilité d’occurrence du phénomène. Sur cette carte, les zones d’affleurement des formations à dominante argileuse ou marneuse sont caractérisées par trois niveaux d’aléas (faible, moyen et fort), qui ont été déterminées par comparaison avec les cartes établies dans d’autres départements avec la même approche et les mêmes critères.

- 53 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Carte départementale de susceptibilité au retrait-gonflement des sols argileux BRGM - 2008 Le sol du département est à 92% fait d'argile ce qui en fait un département concerné dans sa quasi totalité par le phénomène de retrait gonflement des argiles. Cependant seul 1,18 % de son territoire est considéré comme exposé à un aléa fort. Il est très difficile pour ce risque naturel d'évaluer la population exposée car des sinistres peuvent se produire aussi bien en aléa faible qu'en aléa moyen ou fort. C'est surtout les caractéristiques constructives des bâtiments et leur environnement qui définissent leur sensibilité à ce risque. c) Données historiques Dans le département de l'Eure, à la date du 26 juin 2008, 30 communes ont été reconnues au moins une fois en état de catastrophe naturelle au titre de mouvements de terrain différentiels consécutifs à la sècheresse et à la réhydratation des sols, pour des périodes comprises entre mai 1989 et septembre 2003. Au total, 20 arrêtés interministériels successifs reconnaissant l'état de catastrophe naturelle sécheresse ont été pris à ce jour dans le département de l'Eure, dont les dates s'échelonnent entre le 4 décembre 1991 et le 11 juin 2008. En terme d’indemnisation, l’Eure est en 53ème position des départements français après la sécheresse 2003, avec un coût indemnisé au titre des catastrophes naturelles sécheresse de 4,2 millions d’euros.

- 54 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Une enquête faite auprès des communes du département en 2008, fait état de 403 sinistres recensés (étude BRGM sur la cartographie de l'aléa retrait-gonflement des sols argileux dans l'Eure). La commune d'Evreux concentre à elle seule plus du tiers des sinistres du département (113). D'un point de vue géographique, les sinistres se répartissent quasi exclusivement sur la moitié Est du département. Elle est étroitement liée aux zones d'affleurement de certaines formations géologiques.

Extrait de l'étude sur l'aléa retrait-gonflement des sols argileux

- 55 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 d) Facteurs aggravants et évolution probable Tous les éléments de nature à provoquer des variations saisonnières d’humidité du terrain (arbre, drain, pompage ou au contraire infiltration localisée d’eaux pluviales ou d’eaux usées) augmentent le risque de retrait-gonflement des argiles lorsqu'ils sont à proximité d'un bâtiment. On constate que les constructions récentes semblent plus résistantes face à ce risque mais les épisodes de sécheresse se font de plus en plus fréquents ce qui conduit à augmenter le nombre de sinistres et cette tendance pourrait se poursuivre sous l'influence du changement climatique.

2.2.3.Séisme a) Définition Un séisme ou "tremblement de terre" est une fracturation brutale des roches en profondeur, due à une accumulation d'une grande quantité d'énergie, créant des failles dans le sol et se traduisant en surface par des vibrations du sol transmises aux bâtiments. Un séisme est donc le résultat du jeu soudain d'une faille. b) Localisation des zones à risques Le décret n°2010-1255 du 22 octobre 2010 portant délimitation des zones de sismicité du territoire français, classe le Département de l'Eure en aléa très faible.

- 56 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 c) Données historiques Le site du BRGM – sisfrance, évoque l'absence d'épicentre connu à ce jour dans le département de l'Eure. Cependant, quelques localités de l'Eure ont ressenti des séismes.

2.2.4.Avalanche a) Définition

Une avalanche est une masse de neige qui se détache et dévale un versant de montagne ou, suite à une rupture d'équilibre dans le manteau neigeux, le mouvement sur la pente d'une masse de neige.

b) Localisation des zones à risque Compte tenu du relief du département et de son altitude, il n'existe aucune zone comportant un risque d'avalanche. c) Données historiques Sans objet.

- 57 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.5.Éruption volcanique a) Définition Une éruption volcanique est le résultat d'une remontée en surface du magma profond. Les manifestations en surface de cette activité volcanique sont nombreuses : Les coulées de lave, dont la température moyenne est de 1000°C ; Les nuées ardentes qui sont des émissions brutales et dirigées d'un mélange constitué de gaz brûlants transportant des roches à plus de 800°C ; Les émanations de gaz au niveau de la gueule du volcan et sous forme de fumerolles sur les flancs.

Des phénomènes annexes s'ajoutent parfois aux éruptions. Le plus important d'entre eux, la coulée de boue ou lahar, est la conséquence d'un fort apport d'eau sur des cendres volcaniques. b) Localisation des zones à risques Les volcans les plus proches du département de l'Eure sont situés dans le massif central. Il n'y a donc aucun risque de dommages humains ou matériels. Néanmoins, les retombées aériennes des volcans peuvent avoir des conséquences néfastes bien au-delà de leur périphérie immédiate. c) Données historiques Lors de l'éruption volcanique de Eyjafjöll en Islande en 2010, un gigantesque nuage de cendres s'est propagé sur toute l'Europe. Ce nuage de cendres a paralysé le trafic aérien.

- 58 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.6.Feux de plein air a) Définition Un feu de plein air est un incendie qui se propage en zone naturelle. Il peut être d'origine naturelle (dû à la foudre ou à une éruption volcanique) ou humaine (intentionnel et criminel ou involontaire et accidentel à partir de feux agricoles ou allumés pour l'entretien de layons ou des zones ouvertes pour la chasse). Les forêts sont particulièrement exposées aux feux de plein air. On parle d'incendie de forêt lorsque le feu concerne une étendue boisée et qu'une partie au moins des étages arbustifs et/ou arborés (parties hautes) est détruite. Un incendie est un phénomène qui échappe au contrôle de l'Homme, tant en durée qu'en étendue.

Propagation d'un feu – MEDDTL Les feux se déclarent en général au sol (tesson de bouteille transformé en loupe, mégot jeté par terre, feu de camp non maîtrisé, étincelle d'un engin forestier ou agricole...). Ils se propagent par la végétation basse et forment des incendies lorsqu'ils atteignent les parties hautes des arbres par propagation le long des branches basses ou sous l'effet du vent. b) Localisation des zones à risques En France, les zones les plus concernées par les incendies de forêt sont la région méditerranéenne et la Corse avec quatre millions d'hectares de maquis et garrigue, et les Landes avec un million de forêts de pins. Cependant tout le territoire peut être soumis à cet aléa en particulier après des tempêtes importantes (1999, 2009) ou des sécheresses marquées (1976, 1989, 1990, 2003). Avec plus de 132 775 hectares de surfaces forestières, l’Eure est le département le plus boisé de Normandie. Si les feuillus représentent la grande majorité des essences (85%) avec une prédominance du chêne suivi par le hêtre, on recense aussi des résineux (15%). Les conditions météorologiques enregistrées ces dernières années avec des épisodes récurrents de canicule et de sécheresse, augmentent le risque d’incendie aggravé par les dégâts encore visibles de la tempête de 1999. Les chablis constituent en effet un potentiel inflammable non négligeable et compliquent la progression des engins de lutte contre l’incendie. Les zones où les risques sont les plus importants sont les principaux massifs constitués par les forêts de Vernon, des Andelys, de Conches-en-Ouche, d’Évreux, de Merey et d’Ivry-la-Bataille, de Beaumont-le-Roger, de Lyons-la-forêt, de Montfort-sur-Risle, de Bord ainsi que de Breteuil.

- 59 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Les zones les plus critiques sont celles qui cumulent une probabilité d'occurrence forte, des enjeux importants (notamment humains par une fréquentation importante) et une défendabilité faible. Les secteurs forestiers péri-urbains enrésinés et qui disposent de fougères aigles en sous-étage (notamment la forêt d'Evreux) présentent les risques les plus élevés.

Les incendies se produisent en général au cœur des forêts. Il existe du mitage mais les constructions sont situées essentiellement dans des forêts de feuillus, les risques de propagation vers des bâtiments sont donc limités. Le département, compte tenu de son importante surface de labour, est également exposé à des risques de feu de moisson. En période estivale lorsque les cultures sont très sèches, des incendies peuvent se déclarer et se propager rapidement.

- 60 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 c) Données historiques

Les régions françaises les plus touchées par les incendies de forêt de 1992 à 1998 (Source : SCEES) L'Eure fait partie des départements français les moins touchés par les incendies de forêt. Depuis 2009, les incendies de forêt sont enregistrés dans une banque de donnée nationale. En 2009 et 2010, 6 incendies ont été enregistrés pour une surface totale incendiée de 20,45 ha. Aucun des incendies enregistrés ne s'est propagé vers des constructions.

- 61 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

L'été est la saison privilégiée des incendies mais ils peuvent également se produire en hiver et surtout au début du printemps en zone boisée. Par exemple, les fougères encore sèches qui n'ont pas repris leur cycle de végétation sont extrêmement inflammables. Ainsi parmi les 6 incendies enregistrés en 2009 et 2010, 5 se sont produits en avril. En 2011, compte tenu de la période de sécheresse entamée au mois de mai, les risques d'incendie étaient élevés. Le 25 mai, un incendie a détruit 1 Ha de sous-bois en forêt de Bord. 17 départs de feux d'origine malveillante ont également été recensés à Evreux. Ces incendies ne sont pas encore enregistrés dans la banque de données nationale. d) Facteurs aggravants et évolution probable Le principal facteur aggravant des risques d'incendie est le manque d'entretien des forêts. L'absence d'élagage ou de rabattage des fougères sèches augmente considérablement les risques par la présence d'une végétation basse inflammable. L'imprudence des personnes en forêt et les comportements inadaptés sont aussi un facteur aggravant, la plupart des départs de feux étant accidentels. Les risques de départs de feux accidentels sont d'autant plus importants que les forêts sont fréquentées. Les tempêtes augmentent les risques d'incendie de forêt car les chablis constituent un potentiel inflammable important. Les plantations de résineux sont plus sensibles aux risques d'incendies que les plantations de feuillus. Les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents et cette tendance pourrait se poursuivre sous l'effet du changement climatique, ce qui augmente sensiblement les risques d'incendie. Enfin, si les pratiques de gestion forestière qui conduisent à laisser sur place les déchets de coupe peuvent augmenter légèrement les risques de départ de feux, le risque de propagation d'un incendie reste néanmoins faible en l'absence de végétation basse inflammable suite à l'entretien.

- 62 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.7.Phénomènes liés à l'atmosphère Les phénomènes liés à l'atmosphère regroupent toutes les manifestations exceptionnelles du vent, des précipitations et de la foudre. On parle en général de tempête ou d'orage.

2.2.7.1 – Les vents violents Le vent peut provoquer de nombreux dommages par la pression qu'il exerce sur les structures, en projetant des éléments au sol ou en projetant des débris sur des biens ou des personnes (chutes d'arbres en particulier). Les vents violents sont le résultat d'une dépression atmosphérique. Le terme dépression s'applique à toute circulation autour d'un centre fermé de basse pression et reçoit le nom plus général de cyclone. Quand il est utilisé seul, le terme cyclone est cependant le plus souvent réservé aux cyclones tropicaux : des dépressions des tropiques de fortes intensités (connus également comme typhons et ouragans). Dans le langage courant, on utilise le terme dépression pour les systèmes des latitudes moyennes (30 à 60 degrés de latitude), qualifiés d'extratropicaux, et ceux de faible à moyenne intensité aux Tropiques. Il y a aussi des dépressions polaires dont la formation est très proche de celles des cyclones tropicaux. Lorsque la vitesse du vent dépasse 90 km/h, on parle de tempête. Les cyclones tropicaux et les tempêtes sont des dépressions de grand diamètre (plusieurs centaines de kilomètres) au contraire des trombes et des tornades qui sont de faible diamètre (de quelques dizaines à plusieurs centaines de mètres) et qui provoquent également des vents violents.

2.2.7.1.1 – Cyclones tropicaux / Ouragans a) Définition Un cyclone tropical est une perturbation atmosphérique tourbillonnaire, de grande échelle, due à une chute importante de la pression atmosphérique. On le rencontre dans les régions tropicales ; il est caractérisé par des pluies diluviennes et des vents très violents (jusqu'à 350 km/h), tournant dans le sens des aiguilles d'une montre (hémisphère sud) ou dans le sens inverse (hémisphère nord) ; les vents les plus violents se rencontrent autour de l'œil, qui est une zone de calme. Divers termes sont employés dans le monde pour désigner ce phénomène : typhon, hurricane, kamikaze... Dans l'Atlantique nord, on parle d'ouragan. b) Localisation des zones à risques Le monde est très inégalement menacé par le risque cyclonique. Compte tenu des conditions thermiques et dynamiques nécessaires à sa formation et à son développement, ce phénomène ne concerne que sept zones géographiques, avec comme région la plus active le Pacifique nord-ouest. La France métropolitaine n'est pas exposée, contrairement aux départements antillais, à l'île de la Réunion, Wallis et Futuna, la Nouvelle-Calédonie et les territoires polynésiens.

- 63 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.7.1.2 – Tempêtes a) Définition Une tempête est un phénomène violent à large échelle, avec un diamètre compris en général entre 200 et 1000 km, caractérisé par des vents rapides (supérieur à 90 km/h) et des précipitations intenses. Elle peut être accompagnée d'orages donnant des éclairs et du tonnerre ainsi que de la grêle mais la force du vent suffit à elle seule à provoquer de nombreux dommages. b) Localisation des zones à risques En France, ce sont en moyenne chaque année quinze tempêtes qui affectent nos côtes, dont une à deux peuvent être qualifiées de « fortes » selon les critères utilisés par Météo France. La France est exposée à ce risque en raison de sa position géographique située dans l'axe de la trajectoire empruntée par une grande partie des tempêtes d'hiver (axe Sud-Ouest / Nord-Est).

Source : Météo France Les régions les plus concernées sont le quart nord-ouest du territoire métropolitain et la façade atlantique. Le département de l'Eure est donc exposé de par sa position géographique aux risques de tempêtes.

- 64 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 c) Données historiques De nombreuses tempêtes balaient le département de façon régulière. Les plus récentes ont eu lieu en octobre 1987, janvier et février 1990, décembre 1999, mars 2008 et février 2010.

Trajectoires et vitesses maximales du vent de quelques tempêtes ayant touchées l'Europe

En plus des autres risques générés par les tempêtes (submersion marine, ruissellement...), la force du vent cause de nombreux dommages : un mort en mars 2008 et en décembre 1999, un mort et d'importants dégâts matériels. A l'occasion de la tempête de décembre 1999, l'ensemble des communes du département ont fait l'objet d'un arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle. d) Facteurs aggravants et évolution probable D'après les études en cours, le changement climatique pourrait conduire à une augmentation de l'intensité des tempêtes voir à une augmentation de leur fréquence mais les modélisations actuelles ne sont pas encore assez précises pour avoir des certitudes.

- 65 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.7.1.3 – Tornades a) Définition Les tornades sont des tourbillons atmosphériques de petite taille (exceptionnellement jusqu'à quelques centaines de mètres de diamètre), d'une durée de vie limitée (jusqu'à quelques dizaines de minutes dans la majeure partie des cas) et elles parcourent rarement plus de 40 km (sauf dans le cas des tornades américaines, qui peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres). Lorsque le phénomène se forme au-dessus de l'eau, on parle alors de trombe ou de trombe marine. Le terme trombe est également utilisé parfois pour désigner une tornade de faible intensité. Formation d'une tornade Les tornades se forment quand l'air chaud des basses altitudes rencontre l'air froid des hautes altitudes. Alors un cumulo-nimbus se forme jusqu'à une très haute altitude et crée un violent orage. Le plus souvent la tornade apparaît à la périphérie de cet orage, aspirant assez d'air chaud pour engendrer le mouvement giratoire qui les amorce. Les tornades sont classées en fonction des dégâts qu'elles produisent sur l'échelle de Fujita (ou échelle de Fujita améliorée qui prend en compte de façon plus précise la diversité des dommages) :

Vitesse des Catégorie Dommages Description vents estimée Certains dommages sont subis par les cheminées, les antennes de F0 Légers 60 – 120 km/h télévision, les bardeaux, les arbres, les enseignes et les fenêtres. Les automobiles sont renversées, les abris pour automobiles détruits et 120 – 180 F1 Modérés les arbres déracinés. km/h Les toits sont arrachés par le vent, les hangars et les dépendances sont 180 – 250 F2 Importants démolies et les maisons mobiles sont renversées. km/h Les murs extérieurs et les toits sont projetés dans les airs, les maisons et 250 – 330 F3 Considérables les bâtiments de métal s'effondrent ou subissent des dégâts importants, km/h les forêts et les récoltes sont abattues.

Même dans les habitations solides, l'essentiel des murs, sinon tous, 330 – 420 F4 Dévastateurs s'effondrent ; tels des missiles, de gros objets en acier ou en béton sont km/h projetés à grandes distances.

Les maisons sont rasées ou projetées sur de grandes distances. Les tornades F5 peuvent causer des dommages très importants à de grosses 420 – 510 F5 Incroyables structures telles que les écoles et les motels et peuvent arracher les murs km/h extérieurs et les toits

- 66 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 b) Localisation des zones à risques Les tornades se produisent dans de nombreuses régions du monde. Il existe une corrélation entre la localisation des zones agricoles et l'occurrence de tornades. Elles sont également plus nombreuses dans certaines zones au climat subtropical humide cependant les plus puissantes ne sont pas nécessairement dans les milieux les plus humides. Les États-Unis subissent le plus grand nombre de tornades et elles ont tendance à y avoir une très forte intensité mais d'autres régions du monde sont concernées dont le nord de l'Europe.

Distribution mondiale des tornades (points rouges) et des zones agricoles (vert) Source: NOAA (agence américaine responsable de l'étude de l'océan et de l'atmosphère) En France, le phénomène est relativement rare mais il existe. Selon une étude de Jean Dessens du laboratoire d'aérologie de l'Université Paul Sabatier et de John T. Snow du département des sciences de la Terre et de l'atmosphère de l'Université Purdue (États- Unis), durant la période de 1680 à 1988 on a recensé en France 107 tornades de classe F2 et plus dans l'échelle de Fujita. On les retrouve surtout de juin à août entre 16h et 19h. La région à plus fort risque se situe dans le quart nord-ouest de la France, avec un deuxième secteur plus restreint près de la côte méditerranéenne. La moyenne est de deux tornades de ce type chaque année et le risque en un point du territoire français est environ 15 fois plus faible que dans les grandes plaines des États-Unis. Naturellement, la fréquence des tornades de plus faible intensité est plus grande. Le phénomène est surtout observé dans les zones côtières pendant la saison froide de novembre à mars, et dans l'intérieur du pays pendant la saison chaude d'avril à octobre. c) Données historiques L'Observatoire Français des Tornades et des Orages Violents est une organisation indépendante à but non lucratif qui publie sur son site internet (www.keraunos.org) une base de données sur les tornades observées en France.

- 67 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

Cette base de données fait état de 9 tornades recensées dans le département de 1727 à nos jours avec des intensité de F0 à F3.

Les tornades recensées les plus récentes sont : – une tornade d'intensité F0 à Romilly-sur-Andelle le 17 mai 2008 ;

- 68 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

– une tornade d'intensité F3 à Cormeilles et Evreux le 4 mai 1961, il s'agit de la tornade la plus importante jamais recensée dans le département.

La tornade d'intensité F3 du 4 mai 1961 à Evreux Les autres tornades recensées dans le département sont toutes antérieures à 1935. d) Facteurs aggravants et évolution probable D'après les études en cours, le changement climatique pourrait conduire à une augmentation de l'intensité des tempêtes voir à une augmentation de leur fréquence ce qui pourrait conduire à une augmentation de l'intensité et de la fréquence des tornades mais les modélisations actuelles ne sont pas encore assez précises pour avoir des certitudes.

2.2.7.2 – La foudre a) Définition La foudre est un phénomène naturel de décharge électrostatique disruptive qui se produit lorsque de l'électricité statique s'accumule entre deux nuages ou entre un nuage et la terre. La différence de potentiel électrique entre les deux points peut aller jusqu'à 100 millions de volts et produit un plasma lors de la décharge, causant une expansion explosive de l'air par dégagement de chaleur. En se dissipant, ce plasma crée un éclair de lumière et le tonnerre.

La foudre est un éclair qui atteint la surface de la terre ou un objet. La foudre est universellement reconnue comme un phénomène dangereux, susceptible de faire fondre les parties métalliques des matériaux touchés (la température de la foudre atteint 30 000 °C) ou bien l'éclatement ou la vaporisation de leurs éléments de surface. La foudre est la cause de nombreux courts-circuits, mais aussi d'incendies de forêt et de mort de bétail. Les brûlures et commotions électriques provoquées lorsqu'elle frappe un être humain peuvent être mortelles.

- 69 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 b) Localisation des zones à risques

Une carte de niveau kéraunique (nombre de jours d'orage par an) a été réalisée récemment pour la France sans que la source de données soit précisée. Elle est encore utilisée dans le cadre de la normalisation de la protection contre la foudre mais cette carte ne semble plus mise à jour depuis plusieurs années.

Niveau Kéraunique Nk par département

La société Météorage, filiale de Météo-France, détecte depuis 1987 les impacts de foudre sur le sol français. Ces mesures ont permis de cartographier la densité de foudroiement (coups de foudre par km² par an) en France.

Le risque lié à la foudre est faible dans le département.

c) Données historiques Il n'existe pas de base de données suffisamment renseignée sur les dégâts dus à la foudre.

- 70 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 d) Facteurs aggravants et évolution probable D'après les études en cours, le changement climatique pourrait conduire à une augmentation de l'intensité des tempêtes voir à une augmentation de leur fréquence ce qui pourrait conduire à une augmentation de la densité de foudroiement mais les modélisations actuelles ne sont pas encore assez précises pour avoir des certitudes.

2.2.7.3 – Grêle a) Définition La grêle est un type de précipitation qui se forme dans des orages particulièrement forts lorsque l'air est très humide et que les courants ascendants sont puissants. Elle prend la forme de billes de glace (grêlons) dont le diamètre peut varier de quelques millimètres à une dizaine de centimètres.

Le phénomène des giboulées survient habituellement entre février et avril, souvent associé à un flux de nord-ouest ou nord en altitude. Les giboulées peuvent même s'observer jusqu'au mois de mai, correspondant parfois aux chutes de neige tardives. Sur les continents, elles sont plus nombreuses et plus actives en journée, lorsque le soleil a accentué le réchauffement des basses couches, augmentant ainsi l'instabilité. Les nuages responsables de ces giboulées sont le siège de puissants courants ascendants qui favorisent le grossissement des cristaux de glace et permettre le développement du grésil ou de la grêle. De plus, l'air étant très froid en altitude, lorsque les précipitations se déclenchent, la température chute brutalement au niveau du sol. Si cette baisse est suffisamment importante, la neige peut même remplacer la pluie. La climatologie des giboulées peut s'estimer à partir des observations de grêle. Ces précipitations accompagnent en effet principalement les giboulées (hormis quelques orages puissants d'été). La fréquence des giboulées reste toutefois supérieure à celle de la grêle. Les précipitations de grêle sont rares comparées aux précipitations de pluie et, du fait de leur caractère ponctuel, elles restent un phénomène difficile à évaluer. La grêle tombe à toutes les saisons et notamment en hiver et au printemps mais c’est entre le mois d’avril et le mois d’octobre qu’il existe un risque de dommages importants à la fois aux cultures et aux bâtiments. C’est durant cette période que les medias rapportent les évènements les plus marquants pour l’opinion publique.

- 71 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

L'ANELFA (Association Nationale d’Etude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques) propose une échelle d'intensité permettant de caractériser les dommages causés par la grêle :

Classe A0 A1 A2 A3 A4 A5 Diamètre maximal < 1 1 – 1,9 2 – 2,9 3 – 3,9 4 – 4,9 >= 5 des grêlons en cm Terme Grésil, Bille, grain de Oeufs de pigeon, Noix, balle de Oeuf de poule, usuel petit pois raisin, cerise pièce de 2 euros ping-pong balle de Golf Dommages Accidents Dommages Dommages Dommages sur Animaux tués, Événement types de la route, aux vignes, importants aux toutes cultures, vitres personnes blessées, extrêmement fleurs vergers céréales, cassées, voitures avions au sol dangereux, coupées légumes, arbres endommagées endommagés risque mortel b) Localisation des zones à risques Dans son livre sur le risque grêle en Agriculture, Freddy Vinet a pu dresser une première carte des régions françaises les plus concernées par ce risque.

Selon cette carte, le département de l'Eure, bien que régulièrement touché par le phénomène d'orage gréligène, ne fait pas partie des départements français les plus à risque.

- 72 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 c) Données historiques D'après un recensement amateur des orages gréligènes d'un diamètre supérieur à 4 cm sur la période 1989-2009 (http://metamiga.free.fr/grelon.htm), on retrouve la trace récente de 2 épisodes importants de grêle dans le département : – le 14 mai 2008 à Mouflaine ; – le 25 mai 2009 à La Haye du Theil. On peut également citer un épisode de grêle en 1983 qui marqua les esprits en détruisant les verrières de la cathédrale d'Evreux. d) Facteurs aggravants et évolution probable D'après les études en cours, le changement climatique pourrait conduire à une augmentation de l'intensité des tempêtes voir à une augmentation de leur fréquence ce qui pourrait conduire à une augmentation de l'intensité et de la fréquence des épisodes de grêle mais les modélisations actuelles ne sont pas encore assez précises pour avoir des certitudes.

2.2.7.4 – Neige et pluies verglaçantes La neige et les pluies verglaçantes sont des précipitations qui ne causent pas de dégâts par leur chute mais qui modifient les conditions d'adhérence du sol et viennent ainsi perturber nos déplacements, allant parfois jusqu'à provoquer des accidents de la circulation et des pertes économiques. La neige peut aussi par son accumulation causer des dommages par surcharge sur les structures.

2.2.7.4.1 – Neige a) Définition La neige est une précipitation solide qui tombe d'un nuage et atteint le sol lorsque la température de l'air est négative ou voisine de 0°C. Ces cristaux de glace s'agglomèrent et forment des flocons. Leur forme varie en fonction de la température : étoiles (entre -16°C et -13°C), plaquettes (vers -12°C), aiguilles ou colonnes (vers -6°C). Sous nos latitudes, la neige tombe en plaine par une température sous abri comprise entre 1°C et - 5°C. La température est le paramètre clé de la prévision des chutes de neige. Pas seulement la température de l'air près du sol, mais aussi celle du sol et de la masse d'air sur plusieurs kilomètres d'altitude. D'autres paramètres entrent également en jeu et déterminent la nature de la neige : l'humidité de l'air, à savoir sa teneur en eau, le vent et son effet de refroidissement, plus ou moins rapide et intense. Sur les massifs montagneux, il peut commencer à neiger fin août-début septembre au dessus de 2000 m. En plaine, on rencontre fréquemment des épisodes de neige dès le mois de novembre et parfois jusqu'au mois de mai. Depuis une cinquantaine d'années environ, on constate cependant que ces épisodes sont plus tardifs dans la saison.

- 73 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 b) Localisation des zones à risques Le département n'est pas soumis à des risques d'avalanche mais est régulièrement victime d'épisodes de neige en plaine. Toutefois, les normes de constructions des bâtiments classent le département de l'Eure en zone A1, soit la moins contraignante sur les 8 classes qui composent la norme.

Source : normes françaises de construction pour les bâtiments face à la surcharge due à la neige

Nombre de jours avec neige par an (moyenne de 1961 à 1991)

Source : www.meteopassion.com

c) Données historiques Chaque hiver, le département connaît un ou plusieurs épisodes de froid qui se traduisent par des chutes de neige ou l’apparition de verglas. En décembre 2010, la neige a provoqué une coupure d'électricité dans 3000 foyers du département.

- 74 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012 d) Facteurs aggravants et évolution probable Selon certains scénarios, le changement climatique pourrait conduire à une augmentation de l'intensité des épisodes neigeux voir à une augmentation de leur fréquence mais les modélisations actuelles ne sont pas encore assez précises pour avoir des certitudes.

2.2.7.4.2 – Pluies verglaçantes a) Définition La pluie ou la bruine peut rester liquide par température négative (état dit « de surfusion »). Lorsque ces gouttes d’eau surfondue se déposent sur un sol (ou un objet) dont la température en surface est inférieure ou égale à 0°C, elles gèlent instantanément et forment un dépôt de glace compact et lisse : le verglas. La pluie verglaçante peut causer des dommages similaires aux épisodes neigeux. Elle est cependant peut-être plus dangereuse que la neige car plus difficile à détecter sur la route. Source : Ministère de l'environnement du Canada En France, les épisodes de pluies verglaçantes se produisent généralement durant une période de transition, lorsqu’un redoux succède à un temps froid persistant. Lors de ce changement de temps, l’air froid, situé dans les premières couches de l’atmosphère au contact du sol, stagne. Cet air plus dense a du mal à s’évacuer alors que l’air se radoucit en altitude. En tombant, les gouttelettes se refroidissent considérablement en traversant la pellicule d’air froid jusqu’à atteindre l’état de surfusion. Le verglas cause des perturbations en rendant le réseau routier impraticable, en causant des chutes d'arbre et des ruptures de réseaux par accumulation sur les branches et les fils électriques, en empêchant les avions de décoller... Les observations de surface par des stations météorologiques humaines et automatiques sont la seule façon de confirmer directement la présence de pluie verglaçante. Ces données sont cependant limitées. On peut néanmoins déduire l'occurrence de celle-ci sur un plus large territoire grâce à certains indices sur les radars météorologiques. b) Localisation des zones à risques Il n'existe pas d'information sur des zones où le risque de pluie verglaçante serait plus ou moins important qu'ailleurs. c) Données historiques Chaque hiver, le département connaît un ou plusieurs épisodes de froid qui se traduisent par des chutes de neige ou l’apparition de verglas. En janvier 1983, une "tempête de verglas" a paralysé le quart Nord-Ouest de la France. Les déplacements ont été impossibles, en véhicule tout comme à pied. 500.000 personnes ont été privées d'électricité.

- 75 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.2.8.Radon a) Définition

Gaz radioactif naturel s'exhalant des sous- sols granitiques et volcaniques, le radon peut se concentrer dans les espaces clos et accroitre le risque de cancer du poumon. Pour la population française, l'exposition au radon constitue, avant l'exposition médicale, la première source d'exposition aux rayonnements ionisants.

Source : http://www.pq.poumon.ca b) Localisation des zones à risques

La France est touchée comme les autres pays. Dans certaines régions granitiques, comme la Bretagne ou le limousin, on atteint des taux alarmants. Une carte de France à été établie afin de mettre en évidence les régions Françaises plus exposées, cela est lié à la nature du sol. Du fait de la géologie du sous- sol, le risque est faible dans le département.

c) Données historiques Un arrêté du 22/07/2004 établi une liste des départements prioritaires dans lesquels les propriétaires des bâtiments recevant du public (enseignement, sanitaires recevant un hébergement, thermaux et pénitentiaire) doivent faire procéder à des mesures du taux de Radon. L'Eure ne fait pas partie des départements concernés.

- 76 - Schéma départemental de prévention des risques naturels de l'Eure mars 2012

2.3. Conclusion Les risques naturels majeurs dans le département sont : • les inondations par débordement de cours d'eau qui concernent une population importante, peuvent provoquer des dommages importants aux biens et paralyser les vallées pendant plusieurs semaines ; • les effondrements et affaissements de cavités souterraines qui concernent la quasi- totalité du territoire et peuvent provoquer des dommages importants aux biens et aux personnes ; de plus c'est un risque souterrain dont la localisation est bien souvent inconnu ; • les tassements différentiels par retrait-gonflement des argiles qui concernent la quasi-totalité du territoire et peuvent provoquer des dommages importants aux biens. Le bilan des aléas naturels du département ne remet pas de façon évidente ce classement en question mais il permet d'identifier d'autres risques naturels dont l'évolution est à surveiller : • les inondations par ruissellement et coulée de boue qui restent des phénomènes locaux mais qui peuvent causer des dommages importants aux biens et aux personnes ; • les inondations par remontée de nappe qui peuvent provoquer des dommages importants aux biens par la durée importante des submersions ; • les inondations par ruptures d'ouvrages de protection qui peuvent provoquer par leur soudaineté de graves dommages aux personnes ; • les éboulements de falaises qui peuvent dans les vallées du département provoquer des dommages importants aux personnes ; • les tempêtes, la neige et les pluies verglaçantes qui sont des épisodes climatiques fréquents susceptibles de causer des dommages importants aux biens et aux personnes et qui peuvent aussi paralyser le fonctionnement du département tout entier. Parmi l'ensemble des risques naturels, il en existe certains qui sont présents dans le département mais qui ne sont pas prioritaires compte tenu de leur faible intensité, de leur fréquence exceptionnelle ou de la faible population exposée. Il s'agit des inondations par submersion marine, des glissements de terrain, des séismes, des feux de plein air, des tornades, de la foudre, de la grêle et du radon. Enfin, il existe certains risques qui sont totalement absents du département : inondation par lave torrentielle, avancée dunaire, avalanches, volcans et cyclones.

- 77 -