Neutralité Des Plateformes
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Neutralité des plateformes Réunir les conditions d’un environnement numérique ouvert et soutenable Mai 2014 Rapport du Conseil national du numérique sur la neutralité des plateformes remis au ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique et à la secrétaire d’État chargée du Numérique 2 Sommaire Avis ........................................................................................................................... 5 Volet I - Renforcer l’effectivité des droits sur les plateformes numériques ....... 11 Volet II - Garantir la loyauté du système des données ......................................... 13 Volet III - Pas de compétitivité sans un investissement massif dans les compétences et les connaissances ........................................ 17 Volet IV - Créer les conditions pour l’émergence d’alternatives ......................... 19 Annexes .................................................................................................................... 23 Fiches thématiques .................................................................................................. 25 Fiche 1 – Les ressources du droit au service de la neutralité ............................. 27 Fiche 2 – La loyauté et la soutenabilité du système des données ...................... 33 Fiche 3 – La neutralité positive : réunir les conditions d’un Internet ouvert ......... 43 Rapport d’analyse sur les écosystèmes de plateformes ..................................... 49 Lettre de saisine ...................................................................................................... 109 Liste des personnalités auditionnées ...................................................................... 111 Membres du groupe de travail ................................................................................. 117 3 4 Avis n°2014-2 du Conseil national du numérique sur la neutralité des plateformes 5 6 Par lettre du 3 juillet 2013, le Ministre de l’Économie et des Finances, le Ministre du Redressement productif et la Ministre déléguée en charge de l’Innovation, des Petites et Moyennes entreprises et de l’Économie numérique ont saisi le Conseil national du numérique (CNNum) sur deux questions : l'une portant sur la procédure conduite auprès de la Commission européenne à propos de Google ; l'autre concernant la poursuite de la réflexion entreprise par le CNNum sur la neutralité des plateformes. Une concertation a été conduite de juillet à novembre 2013 par un groupe de travail composé de dix membres du Conseil. Elle a été organisée sous la forme de quatre vendredis contributifs, Préambule temps d’échange et de travail entre les membres du groupe de réflexion du Conseil et des personnalités extérieures reconnues pour leurs compétences ou leur implication sur le sujet. En parallèle, une série de consultations a été menée pour recueillir l’analyse d’économistes, de juristes et de praticiens du Web. L’avis et les documents qui l’accompagnent sont d’abord le fruit de ces sessions riches, qui ont impliqué toute la diversité des parties prenantes et regroupé plus d’une centaine de participants : représentants d’autorités publiques, représentants de grandes plateformes d’Internet, entreprises plaignantes dans la procédure relative à Google, groupements professionnels, entrepreneurs, avocats, chercheurs, etc. Vu le travail réalisé par le groupe Plateformes du Conseil, piloté par Francis Jutand, membre du Conseil et composé de Benoît Thieulin, Président du Conseil, Serge Abiteboul, Nathalie Andrieux, Pascal Daloz, Nathalie Pujo, Lara Rouyrès, Nathalie Sonnac, Marc Tessier, membres du Conseil ; Jean-Baptiste Soufron, Secrétaire général, Yann Bonnet, Rapporteur général, Judith Herzog, Rapporteur adjoint, Charly Berthet, Rapporteur adjoint, avec l’aide de l’ensemble du Secrétariat général, le Conseil émet aujourd’hui un avis sur la neutralité des plateformes afin d’éclairer le gouvernement dans sa prise de décision. Les préconisations élaborées par le CNNum proposent de répondre à la saisine à différents horizons d’action et de réflexion. À court terme, rendre effectif le principe de neutralité en utilisant les ressources du droit autant que celles propres aux dynamiques numériques. À moyen terme, organiser et réguler le système des données. À long terme, se doter des moyens de préparer l’avenir en termes de compétences, de connaissances, de créativité, d’innovation et d’expérimentation pour rester compétitif et garantir les éléments de notre souveraineté collective et individuelle. Le Conseil n’a pas vocation à se substituer aux prérogatives des autorités compétentes ni à s’immiscer dans des échanges relevant de la vie des affaires. Mais son collège entend, par les conclusions et recommandations de cet avis, participer au débat sur la préservation de conditions équitables pour les écosystèmes concernés. En conséquence, le Conseil a décidé d’inscrire les préoccupations relatives à Google au sein des considérations relatives à l’ensemble des plateformes. Celles-ci nourrissent quatre champs d’action prioritaires visant à réunir les conditions d’une garantie du principe de neutralité dans les écosystèmes de plateformes. Elles sont, pour le Conseil, un paramètre essentiel de la soutenabilité du modèle de développement de la société et de l’économie avec le numérique. En complément de ces préconisations, le Conseil publie des fiches thématiques qui approfondissent certaines pistes de réflexion émanant du cours des travaux ; un rapport d’analyse, rédigé par Olivier Le Gall, Inspecteur des Finances et réalisé à partir du travail du CNNum et des nombreuses auditions et réunions ; et la restitution de l’ensemble de la concertation. 7 Avis n°2014-2 du Conseil national du numérique Étant entendu que, Dès son premier avis (n°2013-1), le Conseil national du numérique a considéré la neutralité d’Internet comme un pilier pour l’exercice effectif de la liberté de communication et de la liberté d’entreprendre au XXIe siècle. À cette fin, les réseaux de communication ouverts au public sont considérés comme des infrastructures dont le rôle est essentiel, puisque la non- discrimination des informations qu’ils transmettent permet à chacun d’en être un consommateur autant qu’un contributeur. Le Conseil relevait à cette occasion que la société numérique n’est pas seulement mise en action par des réseaux physiques mais aussi par un ensemble de services, parmi lesquels les plateformes occupent une place centrale. En organisant la mise en relation entre offre et demande, les plateformes participent au développement du commerce et de l’économie. Elles se construisent pour la plupart autour d’une fonction d’usage massivement utilisée par les utilisateurs et deviennent ensuite un espace de rencontre entre une offre de produit ou de service et des clients potentiels. Apple, Amazon, Expedia, Facebook, Google, Microsoft, Netflix, Twitter, Yahoo!… proposent ainsi des espaces numériques d’intermédiation qui s’accompagnent de fonctionnalités de grande valeur. Elles donnent lieu à la création de nouveaux métiers et chaînes de valeur. Elles favorisent en outre l’innovation, directement ou par l’utilisation de leurs revenus en finançant ou en acquérant des entreprises innovantes. Cette fonction de mise en relation offre aussi un support aux différentes formes d’interactions sociales entre les individus. Les opportunités sont d’autant plus larges que ces sociabilités évoluent, se sophistiquent et parfois s’enrichissent avec le développement de la société numérique : échanger des biens et des services, partager des informations et des connaissances, se fédérer et se mobiliser autour de projets, collaborer et créer, débattre et interpeller des décideurs, etc. Les plateformes de services ont suivi une évolution différente des réseaux de communication, en ne connaissant pas l’étape des monopoles nationaux : le faible niveau d’investissement initial nécessaire a permis la constitution rapide de plateformes dominantes, sur des fonctions d'usage propices aux effets de réseau. Un pouvoir qui se maintient tant que cette émergence n’est pas contrariée politiquement ou industriellement. Parce qu’ils sont des vecteurs du développement du commerce, des catalyseurs d’innovation, qu’ils impulsent les interactions sociales dans la société numérique et compte tenu de leur puissance, le Conseil considère que ces acteurs ont un rôle crucial pour atteindre les objectifs de la neutralité d’Internet. En tant qu’intermédiaires, les plateformes peuvent mettre en relation, mais aussi s’interposer et parfois devenir les concurrentes de leurs propres clients. La position d’intermédiaire constitue un avantage concurrentiel de taille pour les plateformes : elle leur permet de collecter à cette occasion un grand nombre d’informations sur les relations entre les deux faces du marché et construisent une connaissance fine sur la consommation et les usages. 8 Cette configuration peut s’avérer problématique lorsque ces entreprises clientes sont entre- temps devenues dépendantes de la plateforme. Après avoir créé de la valeur en rassemblant les usagers autour d’elles par des services d’accès (recherche d’informations, d’offres, mail, vidéo, etc.), et assuré leur monétisation – directe ou indirecte – en valorisant ces espaces de forte visibilité auprès des professionnels (référencement, régies), l’entrée dans cette troisième phase de développement est à l’origine de contestations, plaintes ou autres actions publiques, comme ce fut observé dans la grande distribution, les télécoms ou aujourd’hui avec le cas de