Cercle Vaudois De Botanique 42: 112-135
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Cercle va Notes floristiques vaudoises 2012u d Franco CIARDO, Françoise HOFFER-MASSARD, Christophe BORNAND (éds) o i Ciardo F., Hoffer-Massard F., Bornand C. (éds) (2013). Notes floristiques vaudoises s 2012. Bulletin du Cercle vaudois de botanique 42: 112-135. d Introduction Zaccaria Kacem (ZK) Cette neuvième série des notes floristiques vau- e Roland Keller (RK) doises, commencées sous cette forme en 2003, est Rosemary Lees (RL) particulièrement généreuse: elle comprend les Simon Maendly (SM) observations vaudoises transmises directement Joëlle Magnin-Gonze (JMG) b au Cercle vaudois de botanique (CVB), ainsi que Jean-Louis Moret (JLM) celles qui sont parvenues par un autre biais à Sophie Pasche (SP) o Info Flora et qui ont été intégrées dans sa base de Helder Santiago (HS) données depuis les dernières notes publiées dans Frédéric Turin (FT) le précédent bulletin (Ciardo et al. 2012). Il s’agit t Patrick Veya (PV) essentiellement d’observations de 2012, qui ont a Alexandre Vez (AV) été transmises par 31 botanistes. Sylvie Viollier (SV) n Christophe Bornand (ChB) Jean-Michel Bornand (JMB) Nous avons analysé l’ensemble des notes, en i Gilbert Bovay (GB) sélectionnant pour la publicationq les plus inté- Jean-François Burri (JFB) ressantes selon les mêmesu critères que les années Henri Ceppi (HC) précédentes (Tableaue 1): Franco Ciardo (FCo) Pour la nomenclature, nous avons suivi la François Clot (FCt) seconde édition de l’Index synonymique de la Benoît Delapraz (BD) flore de Suisse (Aeschimann & Heitz 2005). Patrice Descombes (PD) Pour les espèces qui n’y figurent pas, nous avons Michel Desfayes (MD) suivi l’International Organization for Plant Annelise Dutoit Weidmann (ADW) Information (IOPI) et The International Dominique Favre (DM) Plant Names Index (IPNI). Virginie Favre (VF) Françoise Hoffer-Massard (FHM) Résultats 2012 Pierre Hunkeler (PH) Parmi les 6’244 observations analysées, nous Dominique Iseli (DI) publions 570 notes floristiques, concernant 425 Alain Jotterand (AJ) taxons différents. Les nouveautés, redécouver- Philippe Juillerat (PhJ) tes et principaux faits marquants sont présentés Sandrine Jutzeler (SJ) ci-après. Tableau 1: Critères de sélection des notes floristiques pour la publication Catégories d’espèces Observations publiées Type de publication • Espèces rares, menacées ou • Taxon nouveau ou redécouvert Note floristique complète insuffisamment documentées dans un secteur de l’Atlas (statut régional RE, CR, EN, VU • Station nouvelle (= dans un ou DD de la Liste rouge) km2 où l’espèce était inconnue • Espèces nouvelles pour le can- pour la base de données d’Info ton selon Info Flora Flora). Espèces LC ou NT Taxon nouveau ou redécouvert dans Présentation simplifiée en fin d’ar- un secteur de l’Atlas. ticle 112 Nouveautés pour le canton de Vaud nastrum (Lauber et al. 2012), alors que Flora Cette série de notes contient 21 taxons nouveaux Alpina admet une troisième espèce, P. ruriva- pour le canton de Vaud selon Info Flora (Tableau 2). gum (Aeschimann et al. 2004). Depuis quel- ques années, P. arenastrum et P. rurivagum sont Taxons indigènes régulièrement observées dans nos régions (voir Parmi ces nouveautés, 5 sont indigènes en Suisse, Ciardo et al. 2012, ainsi que les notes publiées tout en représentant des situations différentes: ci-après). Dans ces trois espèces, plusieurs flo- espèces subspontanées, sous-espèces non dis- res distinguent différentes sous-espèces, dont tinguées auparavant ou nouvelles venues en pro- notamment P. arenastrum subsp. microspermum, gression en Suisse. la renouée à petits fruits (Jäger 2011, Jauzein La fougère autruche (Matteuccia struthiopte- 2011), qui a été découverte pour la première ris) est une espèce caractéristique des forêts très fois dans le canton en 2012. Cette sous-espèce humides (aulnaie, frênaie) des régions tempérées se différencie du type notamment par ses fruits et froides de l’hémisphère nord (Prelli 2001). mesurant moins de 2 mm et brillants (fruits >2.5 En Europe, elle atteint sa limite occidentale en mm, ponctués ou mats chez P. arenastrum s.str.). Belgique, dans les Vosges et les Alpes piémon- Selon les flores allemandes, il s’agit d’un taxon taises. Elle n’est connue naturellement en Suisse eurasiatique-atlantique, qui pourrait être indi- qu’au Tessin, aux Grisons et en Suisse centrale. gène dans nos régions. Son rang taxonomique Ses qualités ornementales en font une espèce mérite toutefois d’être vérifié. souvent plantée, qui montre une certaine capa- Rumex maritimus a été observé dans une cité à se propager. Elle a ainsi été observée en bassière aux Chenevières de Guévaux, sur le plusieurs stations subspontanées en Suisse alé- lac de Morat. La parcelle venait d’être conver- manique, par exemple dans les cantons d’Argovie tie en jachère spontanée et avait été semée de et de Berne. En 2012, une petite population d’une sarrasin. Plus d’une vingtaine de plantes de ce vingtaine de plantes a été découverte au bord du rumex étaient dispersées dans les zones les plus lac de Morat, dans la roselière terrestre embuis- humides et temporairement inondées de la par- sonnée près de l’embouchure de la Broye (Fig. 1). celle. Le rumex maritime est une espèce annuelle La proximité d’un lotissement de vacances et formant des plantes buissonnantes atteignant de jardinets laisse penser que l’espèce s’en est 80 cm de hauteur (Fig. 2). Il est caractéristique échappée. Elle n’était pas connue à ce jour à l’état du Bidention, la végétation des grandes plan- subspontané dans le canton (Mingard 2008). tes annuelles nitrophiles des zones humides et Polygonum arenastrum subsp. microsper- riches en éléments nutritifs en climat chaud. mum. La renouée des oiseaux (Polygonum avi- Ces conditions correspondent parfaitement à la culare aggr.) représente un complexe de taxons station du lac de Morat. Cette nouvelle localité fixés par autofécondation (Jauzein 2011) dont la n’en est pas moins étonnante en raison de son reconnaissance diffère selon les flores. En Suisse, fort éloignement des autres localités connues en le « Binz » ne connaît que l’agrégat (Aeschimann Suisse. En effet, le rumex maritime est rare dans & Burdet 1994), alors que Flora Helvetica prend notre pays, cantonné au Jura (région de Bonfol), à en considération P. aviculare s.str. et P. are- Bâle et autrefois à Schaffhouse et à St-Gall (Hess Tableau 2: Taxons nouveaux pour le canton de Vaud Taxons indigènes Néophytes subspontanés Espèces cultivées ou d’origine horticole Matteuccia struthiopteris Amaranthus emarginatus Asperula neilreichii Polygonum arenastrum subsp. Beta trigyna Brunnera macrophylla microspermum Digitaria sanguinalis subsp. Chionodoxa forbesii Rumex maritimus pectiniformis Cymbalaria pallida Tragopogon pratensis subsp. minor Sporobolus africanus Dichondra argentea Veronica hederifolia subsp. lucorum Sporobolus neglectus Lamium galeobdolon subsp argentatum Muscari armeniacum Peganum harmala Quercus cerris Quercus palustris Schivereckia hyperborea 113 Carte 1. Rumex maritimus: distribution en Suisse Carte 2. Tragopogon pratensis subsp. minor: distribution en (©Info Flora/GEOSTAT – 3.2013) Suisse (©Info Flora/GEOSTAT – 3.2013) et al. 1976-80) (Carte 1). Sa présence au bord du Quoiqu’elle soit distinguée dans nos flores cou- lac de Morat peut difficilement s’expliquer par rantes (Aeschimann & Burdet 1994, Lauber et une impureté de semences, car son écologie est al. 2012), elle est si rarement notée par les bota- très différente de celle du sarrasin semé sur la nistes, qu’Info Flora ne connaît aucune donnée parcelle. Il est plus probable que les limicoles vaudoise. En Suisse, elle figure pourtant dans la aient joué un rôle: ils étaient en effet nom- plupart des grands inventaires floristiques récents breux dans ces bassières, les années précédentes de Bâle, Fribourg, Zurich et Genève (Brodtbeck déjà. Le rumex était encore bien présent durant et al. 1997, Purro & Koslowski 2003, Landolt l’été 2013. Son évolution ces prochaines années 2001, Theurillat et al. 2011). Hess et al. (1976- mériterait d’être suivie. Il s’agit en effet d’une 1980) la considèrent comme fréquente et la liste espèce en danger d’extinction en Suisse (Moser rouge comme non menacée (Moser et al. 2002). et al. 2002), considérée comme prioritaire par la La véronique des bois se distingue de la véroni- Confédération. que à feuilles de lierre notamment par ses fleurs Tragopogon pratensis subsp. minor. Le sal- plus pâles et plus petites (diam. 4-6 mm au lieu sifis des prés (T. pratensis s.l.) comporte dans de 6-9 mm pour V. hederifolia s.str.), son style notre pays trois sous-espèces: le salsifis orien- plus court (0.3-0.7 mm au lieu de 0.7-1.2 mm) tal (subsp. orientalis), à larges capitules jaunes, et par ses pédicelles fructifères dont la longueur fréquent dans les prairies mi-grasses de tout le atteint 7 fois celle du calice (contre 4 fois pour pays, le salsifis des prés au sens strict (subsp. pra- V. hederifolia s.str.) (Fig. 4). Les intermédiaires tensis), à fleurs ligulées égalant les bractées, plus ne sont pas rares (Jauzein 2011). L’écologie de dispersé en Suisse, dans des prés plus maigres, la véronique des bois est également différente: et le petit salsifis (subsp. minor), à fleurs ligulées c’est une espèce tolérant l’ombre, qui croît dans nettement plus courtes que les bractées (Fig. 3). les forêts humides à sols riches, les haies et les Ce dernier taxon, nettement plus rare (statut EN lisières, alors que la véronique à feuilles de lierre selon Moser et al. 2002), était encore inconnu trouve son optimum dans les cultures (Delarze dans notre pays au début du XXe siècle (p. ex. & Gonseth 2008). Les recherches sur le terrain Schinz & Keller 1900). Au début des années permettraient de compléter facilement la distri- 1980, Hess et al. (1976-1980) et l’Atlas de Welten bution de cette espèce dans le canton. & Sutter (1982) ne l’indiquent qu’à Schaffhouse. La comparaison avec sa distribution actuelle Néophytes subspontanés (Carte 2) montre son expansion récente vers le Beta trigyna.