LeMonde Job: WMQ2708--0001-0 WAS LMQ2708-1 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0313 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 27 AOÛT 1999

JEAN-CLAUDE ANTHROPOLOGIE GUILLEBAUD Du Maroc à la Sibérie, BOUALEM SANSAL La chronique Bertrand Hell analyse Le Feuilleton de Pierre Lepape JACQUES BELLEFROID MORDECAI RICHLER LA RENTRÉE de Roger-Pol Droit les cultes de possession page II page III page V pages VI et VII page VIII page IX a Au sommaire : bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Lorette Nobécourt, la mémoire à vif Lorette Nobécourt Nous désirions qu’enfin il nous prît Avec Hortense, son dans ses bras en murmurant : je te héroïne, la romancière demande pardon. » A la manière dont les person- questionne une nages de Bibi Andersson et de Liv Ullmann, l’infirmière et la trauma- histoire familiale, tisée, se rapprochent l’une de rois textes avaient fait l’autre au point de devenir sem- de Lorette Nobécourt le peintre du interroge le passé blables dans le film d’Ingmar Berg- corpsT en transes. L’Equarrissage : la man Persona, Hortense se dé- vie comme un abattoir, une ma- du siècle de « Nuit double, projette une autre image chine à broyer les viandes hu- d’elle-même, sa « part innocente » maines, la perpétuelle menace et brouillard » et digne – son reflet nue, couchée d’un génocide (1). La Démangeai- au fond d’un couloir, écartelée, son : l’horreur d’être rongée par un et, fouillant une violée et brûlée au lance-flammes, eczéma couvrant la peau de hiéro- rampante et assoiffée d’être ai- glyphes haineux, la malédiction de enfance sans caresses, mée – avec laquelle elle dialogue devenir la proie de démons hérédi- et qu’elle console, qu’elle nomme taires triturant la chair (2). La demande d’où vient Horsita. Cette victime, dite «ma Conversation : l’insurrection contre phréatique » et « ma trisomie ché- tous ceux qui avortent, suppri- le mal rie », celle dont les regards d’au- ment, ravagent, torturent, tordent trefois « étaient comme des de l’intérieur, et transforment leurs mère (« Cette enfant me rendra éponges perdues en pleine mer », proches en « un torchon gorgé folle »), et le sadisme des sœurs ca- celle qui est frappée de stupeur de- d’eau frappé sur une table de tholiques. Mais, pire que tout, c’est vant le mal, sera étreinte en un MARTINE SIMON POUR « MONDE LE » bois » (3). L’héroïne suppliciée des le père qui lui laboure le cœur, un geste où la narratrice s’ose à la fois et le guide de récits de Lorette Nobécourt gratte père faisant surgir des images-cau- martyre et pietà : « Je me suis prise sodomites symboliques. Il y a sur- voir ou à entendre. Lorette Nobé- pose une beauté et une rigueur de encore ses plaies, et poursuit au- chemars de méduses, poulpes, dans les bras, Horsita, dans mes tout, dans son extase du renonce- court cite Brecht : c’est lorsqu’on a voix, stances alternant le romain et jourd’hui son harcèlement de véri- monstres marins, un père qui voci- bras, c’était toi, c’était moi, mes ment, un culte de la génuflexion, pardonné à ses parents que l’on l’italique, scandées sans autres té avec Horsita : croisade contre le fère et brandit sa cravache, un deux mains d’oiseau plaquées pieuse position qui «laisse la commence à grandir. Et houspille rimes que l’infini effroi. père ; quête de la mémoire – la père certain d’appartenir à la race contre mes propres omoplates, mes conscience roide et nue toute la la littérature. Hortense, son hé- On pense ici, parfois, à la vio- sienne, la nôtre ; cri d’une écor- des seigneurs, un père antisémite, deux mains dans la nuit... » Horsita nuit ». Si chez l’amant, Lorette No- roïne, est de celles qui ont tout vu lence d’une Hilda Hilst, à la chée contre une lâcheté indivi- aux « yeux mouillés à l’eau bécourt adore la douceur du ge- à Hiroshima, que la peau torture, hargne d’une Clarice Lispector duelle et des culpabilités univer- Jean-Luc Douin de source », aux mains qui nou, elle vénère par-dessus tout qui se cognent la tête entre le acharnée à rester vivante, aux selles. s’affolent « comme la vo- « cette génuflexion de l’esprit qui « rien inventé » et le « tout inven- rythmes d’un Lobo Antunes aus- « Je voudrais comprendre com- collectionnant les soldats de lière panique après le coup de pisto- pose le ménisque de l’orgueil à té », sanglotent entre le «tu me cultant les corps déchirés, à la ment le même homme peut être col- plomb, aimant l’ordre des beaux let », est ce corps crucifié que Lo- terre » . Ce vestige d’une éducation tues » et le « tu me fais du bien ». noirceur d’un Beckett pour lequel, laborateur à vingt ans et mon père quartiers, obstiné à défendre son rette Nobécourt n’en finit pas de chez les ursulines (« Le genou fut Elle vit, hagarde, «par halète- quand tout est perdu, il reste la aujourd’hui » : prisonnière de l’une capital, arborant dans sa biblio- vouloir ressusciter. C’est la bles- notre socle quotidien : appui du ma- ments », entre la défiance des pe- Parole, ultime témoignage de la de ces fièvres « qui vous rendent in- thèque un couteau à croix gam- sure, la jeune fille abandonnée, tin dans la chapelle des sœurs, ap- tits trafics du roman, l’impuissance présence humaine. capable de tenir mentalement de- mée. « Qui était cet homme-là ? » l’aphasie de la détresse, l’horreur pui de la sieste quand la punition à décrire « l’horreur du tableau » bout », Hortense, narratrice en dé- Hortense l’interpelle. Echange en plein plexus, la secousse dou- nous conduisait au coin, appui du (« il n’y a pas de narration pos- (1) Recueil Dix, Grasset/Les réliction de ce roman sur la de lettres. « Qu’avait-il donc fait loureuse et la peine capitale, la soir pour dire merci, à qui ? à Dieu, sible » pour ce qu’il est inconve- Inrockuptibles, 1997 barbarie, questionne une histoire (2) J’ai Lu no4 906, 1998 pendant la guerre ? » Elle s’acharne menace de « s’abîmer, chuter, choir, de quoi ? »), on le retrouve dans les nant de dire, ou impossible à (3) Grasset, 1998 familiale, interroge le passé du à « faire tomber les masques et que ne pas se relever », l’hébétude. pages finales, fulgurantes (on transcrire), et la nécessité du verbe siècle de Nuit et brouillard, dis- nous commencions à parler ». Elle C’est la juive qu’Hortense s’est dé- pense au meilleur Léo Ferré), insurgé face au « silence des clo- HORSITA sèque un livre sur le calvaire fouille ses placards, traque son se- couverte en elle (« mais comment lorsque Hortense, ayant débusqué portes ». Son monologue, oratorio de Lorette Nobécourt. d’Hommes et femmes à Auschwitz, cret, ses mensonges (« J’ai toujours diable ai-je pu si longtemps me le mensonge, et appris que son de la déchéance et du rachat, im- Grasset, 246 p., 100 F. fouille une enfance sans caresses, senti que tu me cachais quelque prendre pour moi-même ? »), le juif père collabo ne figurait sur aucune sans baisers, et se demande d’où chose »). Elle sonde le journal in- que chacun porte en soi. Car liste des Waffen SS, allume trois vient le mal. time qu’il écrivit lorsqu’il avait convertie d’office à la religion des cierges dans l’église de Turenne et A l’heure des jupes bleu marine vingt ans en 40, celui qu’il lui a « seigneurs », Hortense se sent tombe à genoux sur les dalles, la rentrée littéraire lustrées, Hortense, « taupe ef- confié (« Tu vois, si j’avais fait, ne poussée d’instinct à changer de ruisselante de larmes, « mes bras frayée », a eu un père qui aboyait, serait-ce que le quart de ce dont tu confession, devenir « pauvre au trop petits, écartelés, mis en un père à la brutalité incontrôlée, parles... »). Elle cherche des fiches, milieu des pauvres », partager le croix... » « et pourtant il disait la splendeur des preuves, au Centre de docu- sort des « gueux », qui ont «des Plus philosophique que propre- du matin, les rossignols, Apollinaire mentation juive contemporaine. bouches si bonnes à embrasser ». ment romanesque, mais enflammé et Dieu, l’amour inouï de Dieu ». Elle a des révélations, des doutes. On a beaucoup parlé, à propos par un lyrisme débordant, Horsita C’était un père qui pleurait en re- Elle tente, surtout, de l’atteindre, de La Conversation, de la veine éro- cahote entre souffrance, honte, gardant Bambi, mais quand il tan- le comprendre : « Car, sans cesse, tique de Lorette Nobécourt et de culpabilité, prise en charge des çait ses filles c’était « Raus, raus ! » nous espérions qu’il baisserait les sa crudité, de l’impudeur de ses crimes commis, repentance d’ap- qu’il hurlait, et quand il voulait les yeux doucement pour dire qu’il ne appétits. On a trop ignoré ses dé- partenir à cette espèce humaine faire rire, c’était « Heil Hitler ! » pensait pas tout cela, non, qu’il était sirs de grâce et sa quête de pardon. qui n’a pu empêcher Auschwitz, qu’il chantait, « torse nu, hilare, simplement fragile comme chacun, Il y a encore, dans Horsita, une pé- impossibilité de croire en l’homme une perruque rousse lui masquant le et que c’était pour lui une façon de nitente « couchée avec un homme comme avant, dilemme filial (a-t- visage (cher Papa) ». A l’affût se défendre, qu’il était si sensible au entre ses cuisses cathédrales », des on le droit de juger son propre d’« un soupçon de tendresse », Hor- fond, qu’il s’en prenait aux autres, bars nocturnes, des femmes souil- père ?), besoin éperdu de preuves, tense a connu l’indifférence de la aux juifs, par ignorance, par peur. lées, des diarrhées par terreur, des preuves de trahison ou d’amour, à

55e ANNÉE – No 16978 – 7,50 F - 1,14 EURO MÉTROPOLITAINE VENDREDI 27 AOÛT 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Les impôts Mafia et corruption : le « Russiagate » en 2000 b L’enquête sur la Bank of New York, infiltrée par la pègre russe pour blanchir l’argent sale, b a Lionel Jospin révèle l’ampleur de la corruption à Moscou La banque aurait servi à détourner certaines b devrait notamment des sommes prêtées par le FMI La justice suisse est sur la piste de la famille Eltsine L’ENQUÊTE sur le blanchiment doutent aussi des connexions pos- privilégier d’argent russe par la Bank of New sibles avec l’argent de la drogue ou York s’étend et provoque des réac- de la Cosa Nostra aux Etats-Unis. des allègements tions politiques. L’affaire, révélée Cette affaire donne des arguments par le New York Times, porterait à ceux qui critiquent la politique de CSG sur 10 milliards de dollars ayant occidentale d’aides versées par le transité sur le compte ouvert dans FMI à une Russie dirigée par Boris cette banque américaine réputée Eltsine, incapable d’imposer des a par la société Benex, liée à Semion réformes et impuissant à limiter

Fiscalité locale : FACCHETTI PAUL Moguilevitch, un Ukrainien natu- l’ampleur de la corruption qui l’en- le gouvernement ralisé israélien qui dirige notoire- toure. Le vice-président Al Gore LES SÉRIES DE L’ÉTÉ ment une des mafias de l’ex-Union – coprésident d’une commission soviétique. Le Wall Street Journal a américano-russe – est en première étudie un geste ajouté, pour sa part, que, sur cette ligne au moment où il brigue la Ecrivains somme, 200 millions de dollars succession de Bill Clinton. Les en faveur proviendraient de crédits du FMI fuites de capitaux russes organi- de 1899 détournés. sées par d’anciens du KGB coopé- des collectivités La ministre de la justice améri- rant avec les oligarques nés autour caine, Janet Reno, a annoncé de l’administration eltsinienne at- 4. Michaux a Dans « Le Monde », qu’elle allait suivre personnelle- teindraient près de 140 milliards de La maison du vieux Namur qui a abrité ment l’enquête menée aux Etats- dollars depuis 1993. le « commencement sans fin de (la) vie Marc Blondel (FO) Unis, au Royaume-Uni et en En Suisse, la justice aurait dé- obscure » du poète belge Henri Mi- Suisse. L’ampleur des sommes en couvert des cartes de crédit au chaux n’existe plus. Mais l’écrivain Oli- question dans ce « Russiagate » nom de Boris Eltsine et de ses filles réclame une baisse commence à inquiéter les Etats- sur des comptes en banque d’une vier Rolin a pu reconstituer l’itinéraire Unis, qui s’interrogent sur la facili- société du Tessin. de ce révolté solitaire, pourfendeur de de la TVA té avec laquelle des sommes aussi la médiocrité du réel et trop épris d’ab- colossales ont transité par le sys- Lires page 2-3 solu pour rechercher la reconnaissance Lire page 6 tème financier américain. Ils re- et notre éditorial page 14 des autres. p. 12-13 Le mensonge des L’armée de terre se campe en « modèle » pour la République L’ARMÉE DE TERRE française se regarde- Ils sont comme un baume pour un corps qui hiérarchie de l’armée de terre démontre en cigarettes légères rait-elle le nombril et, après avoir frisé la dé- pourrait légitimement craindre les effets psy- tout cas qu’on n’est jamais si bien servi que prime pour cause de profonde réorganisation chologiques d’une « révolution culturelle », par soi-même dans l’autofélicitation. Il n’en SELON l’Institut national de ses structures depuis 1996, ferait-elle au- comme on a baptisé la restructuration radi- reste pas moins qu’il faut convaincre les a de la consommation (INC), jourd’hui de l’autosatisfaction, voire de l’au- cale de l’armée de terre décidée par Jacques autres et, singulièrement, les autres institu- les taux de nicotine et de goudrons tocélébration ? On serait tenté de le croire à Chirac et approuvée par le Parlement. On tions de la République soumises, elles aussi, à indiqués sur les paquets de ciga- l’écoute des propos tenus récemment par le n’accède pas sans états d’âme à la profes- de profondes réformes, des éminentes quali- rettes sont très nettement infé- numéro deux de sa haute hiérarchie devant sionnalisation, qui ramène les effectifs de tés du « modèle » militaire. D’où, probable- rieurs à ce qu’inhalent réellement de jeunes officiers. l’armée de terre à moins de 136 000 militaires ment, ce projet dont le major général de l’ar- les fumeurs. L’INC a fait procéder Nouveau major général de l’armée de et 34 000 civils, et à la remise à plat du mée de terre a informé son auditoire à des mesures en postulant que le terre, le général Henri Marescaux, ancien concept d’emploi, qui privilégie les opéra- saint-cyrien : il s’agit de « créer des réseaux fumeur prend une bouffée de élève de Polytechnique et des Ponts et Chaus- tions de soutien de la paix. d’influence », a déclaré le général Marescaux, 45 ml toutes les trente secondes et sées, s’est en effet confié à des saint-cyriens, L’année 1999 est, de ce point de vue, une sans doute pour persuader l’éducation natio- non une bouffée de 35 ml toutes lors d’une rencontre entre « anciens » et année charnière : la réforme passe, ou elle nale, la justice et la SNCF du bien-fondé de REUTERS les minutes, comme le prévoit la « nouveaux » dans les termes suivants : «Je casse. Le chef d’état-major de l’armée de l’opinion de l’armée de terre sur elle-même. MONDIAUX D’ATHLÉTISME norme internationale. Pour cer- crois que l’armée de terre est « la » grande ins- terre, le général Yves Crène, le sait, qui se dit « Il faut, a-t-il expliqué, qu’on sorte de ces taines cigarettes « ultralégères », titution française. Quelle est aujourd’hui l’insti- « raisonnablement optimiste » et qui a averti, images d’Epinal ou de ces opinions complète- Un titre les taux de goudrons sont multi- tution qui se tient aussi bien que nous et que toujours à en croire son major général, le ment décalées par rapport à la réalité d’au- pliés par sept. « Si ces résultats l’on peut présenter comme modèle ? Est-ce que chef de l’Etat en lui disant carrément : «Je jourd’hui. » En conséquence, l’état-major de s’avèrent exacts, ils seraient de na- c’est l’éducation nationale, la justice, la SNCF ? conduirai la réforme de l’armée de terre et je l’armée de terre, a-t-il annoncé, prévoit de à défendre ture à remettre en cause la norme L’armée ne doit pas craindre de l’afficher, de vous garantis qu’elle sera réussie dans la me- rédiger et de distribuer « des argumentaires » Stéphane Diagana disputera, vendredi actuellement en vigueur », déclare l’applaudir. » Et le général Marescaux d’en- sure où l’on aura les moyens qui sont prévus. » destinés à alimenter la réflexion des associa- 27 août, à Séville, la finale du 400 m au Monde la secrétaire d’Etat à la foncer le clou : « L’institution la plus moderne En s’autocongratulant ou en pratiquant la tions ou des relais d’opinions susceptibles de haies avec l’ambition de conserver son santé, Dominique Gillot. de la fonction publique, lance-t-il, c’est l’armée méthode Coué, sans user du mode ironique répandre la bonne parole. titre de champion du monde. Le Fran- de terre. » de l’autosuggestion cher à ce psychothéra- çais s’est concentré sur cet objectif de- Lire page 10 De tels propos sont certes à usage interne. peute français du début du siècle, la haute Jacques Isnard puis le début de la saison. p. 22-23 Mitterrand POINT DE VUE et l’antisémitisme Résolument à gauche par Jack Lang ’orage de printemps privatisées pour financer l’em- qui a déchiré le ciel se- ploi des jeunes, ou encore la ré- L rein de la social-démo- volution de l’organisation terri- cratie européenne ton- toriale (Ecosse, pays de Galles, nera-t-il à nouveau à l’automne ? Londres) ; là (outre-Rhin), l’ins- NASA Souvenons-nous des anathèmes tauration du droit du sol pour alors lancés : archaïsme à la fran- l’acquisition de la nationalité. ESPACE çaise contre dérégulation à l’an- Pourtant, la social-démocratie glo-saxonne. Et chacun de se dé- européenne paraît en panne Mir JEAN D’ORMESSON cerner le brevet du vrai d’imagination. Nos textes et nos socialisme, de camper sur les débats s’ordonnent sempiternel- DANS son dernier livre, Jean hauteurs de ses certitudes. lement et quasi exclusivement sans pilote d’Ormesson révèle des propos de Posons la question taboue. Et autour de la politique écono- Vendredi 27 août vers 20 heures François Mitterrand sur l’affaire si, au-delà des effets de manches mique. On disserte savamment (heure de Paris), les trois cosmonautes Bousquet : « Vous constatez là l’in- et des malentendus sémantiques, sur les rôles respectifs de l’offre encore présents dans la station spatiale fluence puissante et nocive du lobby nous méritions tous d’être logés et de la demande, ou sur le par- russe vont en fermer le sas et la quitter. juif en France. » L’ancien président à la même enseigne : l’absence tage entre secteur public et sec- Ce départ marquera le début du était-il antisémite ? Non, répond au d’une pensée moderne de gauche teur privé. Pour couronner le compte à rebours de la mort de Mir, Monde sa fille, Mazarine Pingeot. qui fût à la fois vraiment de tout, on y instille une pincée de gauche et accordée aux temps social, une cuillerée de culturel qui, en avril 2000, après quatorze ans Lire page 29 nouveaux ? et une petite louchée d’Europe. d’épopée et de déboires, devrait ache- Certes, nos actes concrets res- Funèbre cosmogonie où ver sa course dans l’océan Pacifique. Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, pectifs valent souvent mieux que l’homme, ses espérances, ses Un chapitre de la conquête de l’espace 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; nos déclarations enflammées ou craintes, ses angoisses, sa créati- aura alors pris fin. p. 24 Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, les oripeaux trompeurs de la rhé- vité semblent relégués à l’ar- 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, torique. En France, notre gouver- rière-plan. International ...... 2 Tableau de bord ...... 18 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; nement d’innovation et de jus- Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; France ...... 6 Aujourd’hui ...... 22 Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. tice sociale réussit politiquement Lire la suite page 14 Société...... 10 Météorologie...... 25 et économiquement. En Grande- Régions...... 11 Jeux ...... 25 Bretagne et en Allemagne, les Horizons ...... 12 Abonnements...... 25 décisions courageuses de rupture Jack Lang, ancien ministre, Carnet...... 15 Culture ...... 26 avec la droite ne manquent pas : est président de la commission Entreprises ...... 16 Guide culturel...... 27 ici (Royaume-Uni), la taxation des affaires étrangères de l’As- Communication ...... 18 Radio-Télévision...... 28 des super-profits des entreprises semblée nationale. LeMonde Job: WMQ2708--0002-0 WAS LMQ2708-2 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:31 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0315 Lcp: 700 CMYK

2 ¼ INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999

CORRUPTION L’enquête sur le porterait sur 10 milliards de dollars. NISTRE de la justice américaine, Janet quiéter les Américains et donne des de capitaux russes viennent d’an- blanchiment d’argent russe par la Le Wall Street Journal a écrit de son Reno, s’intéresse personnellement à arguments à ceux qui critiquent la ciens du KGB coopérant avec les Bank of New York s’étend et pro- côté que, sur cette somme, 200 mil- l’enquête menée aux Etats-Unis, au politique occidentale d’aide à une puissants oligarques liés à l’adminis- voque des réactions politiques. L’af- lions de dollars proviendraient de Royaume-Uni et en Suisse. b L’AM- Russie dirigée par Boris Eltsine, inca- tration eltsinienne (lire aussi notre faire, révélée par le New York Times, crédits du FMI détournés. b LA MI- PLEUR des sommes commence à in- pable de se réformer. b LES FUITES éditorial page 14). L’enquête sur le blanchiment d’argent russe prend une dimension politique Les critiques s’amplifient contre la stratégie d’aide à la Russie du FMI et des puissances occidentales. En Suisse, la justice aurait découvert des cartes de crédit au nom de membres de la famille de Boris Eltsine sur des comptes en banque d’une société du Tessin WASHINGTON naturalisé israélien qui dirige une tembre que le FBI et les enquêteurs phistiquées et technologiquement étonné que l’affaire Benex ait fait de notre correspondant des mafias de l’ex-Union sovié- bancaires américains se sont pen- avancées en Russie », cette institu- l’objet d’une longue préparation TROIS QUESTIONS À... Simple scandale financier à l’ori- tique, Benex est gérée par Peter chés sur le compte de Benex, par tion dont la comptabilité était criti- comme le KGB savait les entre- gine, l’affaire de blanchiment Berlin. lequel sont passés 4,2 milliards de quée deux mois plus tard par la prendre, insérant des agents ou uti- THOMAS DAWSON II d’argent russe par la Bank of New dollars en quelques mois. Pour ten- Banque centrale de Moscou. L’en- lisant certains de ces nouveaux York prend des dimensions insoup- UNE LENTEUR SURPRENANTE ter de démêler l’écheveau, ils ont quête a révélé aussi que Benex Russes émigrés aux États-Unis où Selon le Wall Street Journal, çonnées. Dévoilée l’an dernier par Ce citoyen russe a été naturalisé laissé les transferts se poursuivre avait demandé des visas pour des ils font de brillantes études avant 1 200 millions de dollars (188 mil- le FBI, mis au courant par les ser- américain après avoir épousé une jusqu’à ce qu’ils atteignent les proches de M. Moguilevitch et que de poursuivre une carrière tout lions d’euros) détournés des prêts vices spéciaux britanniques ainsi Russe également naturalisée, Lucy 10 milliards de dollars. Une lenteur l’un des contacts de la Bank of New aussi brillante. Tout pourrait donc du FMI à la Russie ont transité par que par des fuites d’une banque Edwards, vice-présidente de la qui surprend Todd Nelson, cher- York avec les clients russes était ne pas être simples coïncidences : le compte Benex à la Bank of concurrente, cette affaire – portant branche londonienne de la Bank of cheur au groupe de travail sur le l’un des principaux actionnaires de le choix de la banque, la rencontre New York. Responsable des rela- sur 10 milliards de dollars (9,5 mil- New York, suspendue de ses fonc- crime organisé du Centre d’études la Bank of New York-Inter Mari- professionnelle de deux ban- tions extérieures du Fonds, étiez- liards d’euros) de transferts en un tions depuis que le scandale a écla- stratégiques et internationales à time en Suisse, Bruce Rappaport quières, leur mariage à des vous au courant ? an – a été révélée par le New York té. Sa supérieure Natacha Gourfin- Washington. Ce n’est qu’à partir de (lire ci-dessous), nommé ambassa- hommes d’affaires aux relations Je n’ai connaissance d’aucune Times. Le Wall Street Journal a affir- kel Kagalovski, vice-présidente de ce moment que la Bank of New deur à Moscou par l’île d’Antigua, pas toujours recommandables... accusation précise. Qu’on me mé que 200 millions de dollars pro- la banque à Wall Street, également York a commencé à coopérer avec dans les Antilles, une région où les Le sort a voulu que le FMI ait hé- donne des détails et nous ouvri- viendraient de prêts du Fonds mo- mafias russes sont très actives. bergé dans ses murs M. Kagalovski, rons une enquête. L’argent prêté nétaire international (FMI) à la même si celui-ci n’a joué qu’un rôle ce mois-ci est resté ici ; celui qui a Russie. Tout cela intervient au mo- « Qui a perdu la Russie ? » LONGUE PRÉPARATION mineur dans la négociation des été débloqué en 1998 a fait l’ob- ment où la politique ouvertement Un tel débarquement du crime prêts à la Russie. Il avait été placé là jet d’une investigation de Price- pro-Eltsine des administrations « Qui a perdu la Russie ? demande le New York Times, qui met en cause la organisé russe inquiète les Améri- par ces réformistes – comme Egor waterhouseCoopers, qui n’a dé- Bush et Clinton fait l’objet de vives politique russe de l’équipe Clinton-Gore, accusée d’aveuglement à l’égard cains. Todd Nelson fait état des Gaïdar – sur lesquels l’Occident couvert aucun coulage. Le Wall critiques. de Boris Eltsine. La Maison Blanche a-t-elle « mis en danger les relations avec liens avec la Cosa Nostra améri- avait parié. Mais pour le FMI, ce Street Journal a repris ce chiffre Janet Reno, l’attorney general la Russie en misant sur Eltsine ? » s’inquiète le Washington Post. « Qui a volé la caine et craint que la Bank of New rapprochement accidentel tombe à dans des dépêches d’agence. (ministre de la justice) s’intéresse Russie ? Al Gore était-il au courant de ces détournements massifs ? » Dans le York ne soit que l’une des banques un mauvais moment. Le récent au- Nous traitons seulement avec les désormais personnellement à l’en- Post, l’éditorialiste Robert Kaiser fait état de dépêches de diplomates améri- utilisées pour blanchir l’argent dit de Pricewaterhouse Coopers a banques centrales, pas avec les quête menée aux États-Unis, au cains en poste à Moscou jetées au panier car elles donnaient de la Russie sale ; plusieurs banques euro- révélé des dérapages qui ont eu banques commerciales. Quand Royaume-Uni et en Suisse. Les au- une image qui ne cadrait pas avec celle que l’on voulait voir de Washington. péennes mises en cause ces der- pour conséquence une spéculation nous prêtons à une banque cen- torités tentent d’estimer le degré Il poursuit : « Avec notre complicité, ou au mieux notre indifférence, des pans en- niers jours ont démenti toute acti- en devises par le biais d’une société trale, nous lui disons ce qu’elle d’implication du crime organisé tiers du pouvoir économique et politique russe sont passés entre les mains d’un vité répréhensible. Il note la facilité nommée Fimaco basée dans les îles peut en faire, combien elle peut russe dans ce que l’on appelle déjà petit groupe d’"oligarques" rapaces largement responsables de la corruption de avec laquelle des sommes aussi co- anglo-normandes. Le directeur gé- verser au budget de l’Etat, qui a le « Russiagate ». Le Congrès n’est la vie publique. Nous avons pressé le FMI de prêter des milliards de dollars à la lossales ont transité par le marché néral du FMI, Michel Camdessus, été approuvé par le Fonds. S’il pas en reste : le président de la Russie pour des raisons politiques, surtout en 1996 et en 1998, alors qu’elle était américain : « Avec cet argent, on s’est défendu dans Le Monde, affir- reste dans les coffres de la commission bancaire de la incapable de remplir les critères du Fonds. » – (Corresp.) peut acheter beaucoup de choses, et mant que des prêts étaient préfé- banque centrale, il est versé dans Chambre des représentants, le ré- de gens. A ce niveau, il ne s’agit plus rables à la faillite de la Russie. les réserves et peut être utilisé publicain Jim Leach, a annoncé son de simple criminalité mais d’une La stratégie du Fonds n’est pas la pour des transactions en devises intention de tenir des auditions sur née en Russie et elle aussi suspen- les autorités. Jusqu’alors, elle question politique et de sécurité na- seule impliquée. Bill Clinton et le dans lesquelles on ne sait jamais à la corruption financière internatio- due, est mariée à l’homme d’af- n’avait eu qu’à se féliciter de tionale .» vice-président Al Gore – copré- qui on vend ou à qui on achète. nale. « La question qui se pose à faires Konstantin Kagalovski. Re- l’agressivité de Mme Kagalovski Une partie de ces 10 milliards de sident de la commission dite Gore- propos de la Bank of New York, a-t-il présentant de son pays de 1992 à dans sa quête de nouveaux clients dollars pourrait donc avoir transité Tchernomyrdine – font aussi l’ob- A la lumière de ce qui vient de déclaré, est de savoir si elle a été une 1995 au FMI – où il a laissé, selon auxquels elle posait peu de ques- par les gangs russes pour le profit jet de féroces critiques dans la 2 se passer, pensez-vous que le victime inconsciente ou si elle a certains qui l’y ont connu, une ré- tions. de tierces parties comme le Cartel presse : ces critiques reflètent un FMI a été assez vigilant à l’égard sciemment apporté son concours. » putation peu recommandable Au fil de l’enquête, on a appris de Cali ou la mafia israélienne, et il changement d’attitude envers une d’un régime peu fiable ? Est-il né- Début 1998, Londres avait infor- d’« escroc » – il est depuis passé à que Mme Kagalovski s’était portée ne s’agirait pas exclusivement de Russie incapable de se réformer et cessaire de renforcer vos mé Washington d’activités dou- la banque Menatep, en cessation garante, en avril 1996, de l’Inkom- capitaux ayant fui la Russie. Todd qui exporte ses méthodes ma- contrôles ? teuses de la société russe Benex à de paiements, puis à la société pé- bank qui voulait ouvrir un bureau à Nelson note que le crime organisé fieuses. Nous savions qu’il serait diffi- travers la Bank of New York. Liée à trolière Yukos. New York. Elle qualifiait de russe a beaucoup recruté parmi les cile de développer un secteur Semion Moguilevitch, Ukrainien C’est surtout à partir de sep- « banque parmi les plus stables, so- anciens du KGB. Il ne serait pas P. de B. bancaire en Russie, mais cela s’est révélé encore plus difficile que prévu. Nous découvrons que, PROFIL la récente nomination de Bruce dans certains cas, nous devons Rappaport comme ambassadeur de Les cartes de crédit de la famille Eltsine en Suisse être plus vigilants que de cou- BRUCE RAPPAPORT, cette île des Caraïbes à Moscou n’a tume, en particulier avec la Russie fait que raviver l’intérêt des enquê- LE MINISTÈRE public fédéral suisse, chargé de firme de Massagno serait la propriété de Silvia F., et l’Indonésie. Nous allons exiger D’ANTIGUA A MOSCOU teurs pour les liens du financier l’enquête sur la corruption en Russie a jugé, jeudi l’épouse d’un ancien banquier qui a rejoint l’entre- plus de transparence, plus d’au- suisse avec la Russie. 26 août, « intéressantes » les informations publiées prise Mabetex, principale bénéficiaire des gros dit, des informations plus fré- En 1988, le nom du financier ge- En tout cas, tant par ses mé- la veille par le quotidien italien Corriere della sera contrats de reconstruction du Kremlin et de nom- quentes. Nous avons déjà adopté nevois Bruce Rappaport avait surgi thodes que par ses coups de poker, qui a lié, pour la première fois, les noms du pré- breux autres grands projets en Russie. des mesures pour durcir ces aux Etats-Unis lors d’une polé- le patron de la Bank of New York- sident russe, Boris Eltsine, et de ses deux filles à l’en- Carla del Ponte, qui se trouve actuellement à La contrôles en avril et en août et, si mique concernant la construction Inter Maritime (BNY-IM) tranche quête. Selon ce journal, la justice suisse a saisi, lors Haye, où elle prendra ses nouvelles fonctions, le nécessaire, nous nous montrerons d’un oléoduc entre l’Irak et la mer sur les manières, traditionnelle- de perquisitions faites en janvier à Lugano des ex- 15 septembre, de procureur du Tribunal pénal inter- aussi fermes avec Moscou qu’avec Rouge dont il était le promoteur. Il ment plus feutrées, de ses collègues traits de comptes de trois cartes de crédit au nom national pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, a fait Djakarta. Mais, après l’affaire Fi- avait été soupçonné d’avoir propo- helvétiques. du président russe ainsi que de ses deux filles : Elena savoir qu’elle ne ferait aucun commentaire au- maco, qui violait nos règles et sé au Parti travailliste de Shimon Agé de soixante-seize ans, Bruce Borissovna Okoulova et Tatiana Borissovna Diat- jourd’hui sur cette affaire. Une source très proche dans laquelle les Russes nous ont Pérès des pots-de-vin en échange Rappaport a rapidement réussi à chenko. du Kremlin a affirmé au Temps que M. Eltsine et ses menti, ils coopèrent totalement de l’assurance qu’Israël ne s’oppo- faire fructifier ses affaires après Le procureur du canton du Tessin, Jacques Ducry, deux filles n’avaient fait qu’un usage parcimonieux avec nous. serait pas à son projet. Allégations s’être installé sans le sou à Genève a confirmé au journal Le Temps de Genève, jeudi, des cartes American Express. Tatiana Diatchenko, démenties de toute part, mais cette au lendemain de la seconde guerre l’apparition du nom du chef de l’Etat russe dans conseillère du président russe, aurait débité le On dit parfois que le Fonds a affaire n’en avait pas moins entraî- mondiale. Le groupe Inter Mari- l’enquête en cours. Le magistrat tessinois avait lui- compte en banque tessinois d’une somme équiva- 3 prêté de l’argent à la Russie né la démission du ministre améri- time, qu’il a fondé, s’est d’abord même assisté à la découverte de documents et de lant à plusieurs dizaines de milliers de dollars... Le pour des raisons plus politiques cain de la justice, Edwin Meese. spécialisé dans l’exploitation de na- relevés bancaires attestant de l’existence de cartes président aurait été, selon les mêmes sources, un qu’économiques... Au début des années 90, le ban- vires, puis a étendu ses activités aux de crédit au nom de membres de la famille Eltsine peu moins dépensier. Le FMI est l’émanation de ses quier genevois avait été mis en raffineries de pétrole, à l’immobi- au cours des perquisitions menées par le procureur A ce stade, précise le quotidien suisse, les investi- membres. Le Fonds et son Conseil cause par l’opposition birmane lier et à la finance. Devenu, dans les de la Confédération helvétique, Carla del Ponte. Les gations ne permettent toutefois pas de savoir à pensent qu’il est important de pour ses relations d’affaires avec la années 80, l’un des principaux ac- investigations, conduites depuis 1998, ont été ou- quel titre le premier personnage de Russie a bénéfi- poursuivre les relations avec la junte de Rangoun. En 1997, il tionnaires de la Bank of New York, vertes à l’initiative du ministère public russe dont cié de ces prestations. Mais il est clair désormais Russie et de soutenir les réformes. s’était retrouvé dans le collimateur il l’a associée, à partir de 1992, à sa les demandes d’entraide judiciaire ont été commu- que les enquêtes menées en Suisse mettent en Nos obligations envers la Russie de la justice américaine pour des propre banque à Genève, en la fai- niquées à Mme del Ponte. cause l’ensemble du clan Eltsine à Moscou. Le pro- sont en baisse, pas en hausse, et dépôts provenant apparemment sant entrer dans le capital de l’Inter Selon le Corriere della Sera, les comptes en banque cureur général genevois, Bernard Bertossa, a ou- nous sommes remboursés. du trafic de drogue auprès d’une fi- Maritime. sur lesquels les cartes de crédit avaient été émises vert une enquête nationale pour blanchiment afin liale de sa banque à Antigua. Af- au nom des Eltsine et de plusieurs autres dignitaires de déterminer quels hauts fonctionnaires disposent Propos recueillis par faire classée faute de preuves, mais Jean-Claude Buhrer russes, appartiennent à une société tessinoise : cette ou ont disposé de comptes en Suisse. Patrice de Beer Près de 140 milliards de dollars seraient sortis de Russie entre 1993 et 1998

ALORS QUE les enquêteurs amé- les arguments avancés pour acca- nouvel allié, Lev Tchernoï, un des Allant dans le même sens, un devises sur des comptes à l’étran- pour faire sortir l’argent du Parti ricains, britanniques et suisses bler l’adversaire relèvent du vrai- « rois de l’aluminium » russe. Il au- proche de M. Berezovski a récem- ger, malgré les règlements plus communiste, puis de l’administra- taisent le nom du titulaire du semblable pour les familiers du rait, selon le Moskovski Komsomo- ment déclaré au Monde que ce der- stricts introduits au début de l’an- tion eltsinienne ; membres des ma- compte de la Bank of New York sur paysage russe. lets, créé des firmes écrans en Suisse nier cherchait à se désengager de née par la Banque centrale russe. fias, anciennes et nouvelles, conver- lequel 10 milliards de dollars après une rencontre, récente mais ses affaires en Russie, notamment Les réserves de celle-ci, qui auraient tis en entrepreneurs modèles liés – 9,5 milliards d’euros, soit 40 % du FIRMES ÉCRANS décisive, avec M. Berezovski. Sans pétrolières, au profit d’investisse- dû augmenter fortement avec la aux oligarques et autres hommes budget russe – ont transité depuis Selon le quotidien de M. Bere- citer de sources, le journal assure ments à l’étranger. Mais il n’est sans hausse des prix du pétrole, restent d’affaires « démocrates » (du type dix mois, les médias russes ont déjà zovski, le maire de Moscou est lié que de l’argent provenant de doute pas le seul des « oligarques » toujours aussi faibles, signe d’une de M. Kagalovski, époux de l’em- « éclairci » l’affaire. Samedi 21 août, au chef mafieux présumé Semion comptes suisses de M. Berezovski, russes à chercher un refuge pour poursuite alarmante des fuites de ployée suspendue par la Bank of au lendemain des révélations du Moguilevitch, impliqué dans l’af- gelés au début du mois, est passé à ses capitaux hors de son pays. Pra- capitaux. New York) ; mais aussi banques oc- New York Times, le quotidien Novye faire par le canal de la puissante la Bank of New York. tique aujourd’hui menacée ? «Les cidentales qui, devant l’impossibili- Izvestia, contrôlé par l’éminence holding AFK Systema créée par Le quotidien Moscow Times a, de hommes d’affaires russes ont été « PETITS BÂTONS » té de distinguer, en Russie, l’argent grise du Kremlin, Boris Berezovski, M. Loujkov. Son patron, M. Novit- son côté, interrogé un agent retraité avertis que ni leur argent, ni eux- La semaine dernière, l’agence de sale du légitime, ont choisi d’en liait le scandale à son ennemi, le ski, et Semion Moguilevitch se- du FBI, Jim Moody, qui s’occupa du mêmes, ne sont plus les bienvenus en notation internationale Fitch IBCA profiter. Quitte à s’effarer du résul- maire de Moscou, Iouri Loujkov. raient tous deux liés à la mafia de crime organisé en Russie de 1987 à Occident », s’alarmaient vendredi estimait que 138 milliards de dollars tat, comme le faisait un employé de Lundi, le quotidien Moskovski Kom- Solntsevo. Le journal cite une série 1996. « Etant donné l’énormité des les Izvestia, en estimant que la fuite (130 milliards d’euros) sont sortis de la Bank of New York, il y a un an, au somolets, proche de M. Loujkov, ré- de firmes écrans qui les serviraient sommes en jeu, elles sont probable- dont a bénéficié le New York Times Russie entre 1993 et 1998 – soit vu des « petits bâtons » – représen- pliquait en liant le compte de la toutes : Arigon Ltd, Tonalito AG et ment liées au vol des matières pre- était « une mise en garde quasi-offi- beaucoup plus que ce que le pays a tant chacun 1 milliard de dollars – Bank of New York à M. Berezovski. SV-Holding, du magnat de la publi- mières ou des ressources énergé- cielle à l’élite politique russe ». Mais reçu des investisseurs étrangers et que comptait devant lui le chef de Ce dernier tente d’empêcher Iou- cité Sergueï Lissovski. tiques, ce qui tendrait plutôt à les enquêtes, prévient-on déjà dans des organisations internationales. l’administration présidentielle, et ri Loujkov et son nouvel allié, Ev- Selon le quotidien proche du désigner M. Berezovski plus que les capitales occidentales concer- Cette situation résulte d’une dont furent gratifiés ensuite divers gueni Primakov, de s’installer au maire de Moscou, le même Semion M. Loujkov », a-t-il déclaré en préci- nées, risquent d’être fort longues... « bonne » coopération entre divers clans politico-financiers du pays. Kremlin quand Boris Eltsine partira. Moguilevitch est lié à Boris Bere- sant qu’il s’agissait là de « simples En 1999, les gros exportateurs acteurs : anciens du KGB, qui, dès Mais au-delà de ce duel politique, zovski par le truchement de son suppositions ». russes ont continué à cacher leurs 1989, ont mis en place des filières Sophie Shihab LeMonde Job: WMQ2708--0003-0 WAS LMQ2708-3 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:15 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0316 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / 3 Le gouvernement allemand adopte un plan d’économies contesté Les retraites cristallisent la polémique Pour sa première réunion à Berlin, le conseil des mi- bliques. Le gouvernement Schröder doit faire face à de nistres allemand a adopté, mercredi 25 août, un pro- vives réactions de la part de l’aile gauche de son parti, gramme drastique de réduction des dépenses pu- le Parti social-démocrate (SPD) et des syndicats.

FRANCFORT sitions : leur indexation sur l’infla- cuse d’être hostile aux « chômeurs, de notre correspondant tion pour les années 2000 et 2001, retraités, et salariés ». Les occasions Lors de son premier conseil des alors qu’elles dépendent habituelle- de friction se sont multipliées de- ministres à Berlin, le gouvernement ment de l’évolution des salaires puis la publication, à la veille des allemand est entré sans tarder dans nets, provoque une levée de bou- élections européennes, du mani- le vif du sujet : il a entériné, mercre- cliers. Outre la CDU/CSU, qui en fait feste commun du premier ministre di 25 août, un plan d’économies très un thème de campagne à la veille britannique Tony Blair et de Ger- controversé pour les prochaines an- d’une série d’élections régionales, hard Schröder sur l’avenir de la so- nées à venir. L’ensemble des me- les principales fédérations syndi- cial-démocratie. Au moment où le sures est contenu dans quatre pro- cales (DGB et DAG) estiment chancelier allemand, au plus bas des jets de lois, qui seront discutés dans « inacceptables » une telle évolution sondages après ses vacances ita- les prochaines semaines au Parle- des retraites et la baisse de certaines liennes, tente de calmer les polé- Le FMI ne contrôle pas l’affectation ment. allocations chômage. Si elles ne miques de l’été sur les orientations La préparation des différents élé- s’opposent pas à la recherche du gouvernement rouge-vert, le ments de ce « programme pour le fu- d’économies, elles demandent programme adopté risque d’alimen- tur » concocté par le ministre des fi- « une répartition mesurée de la ter les tensions entre l’aile gauche et des sommes qu’il prête nances, Hans Eichel, avait donné charge » entre actifs, inactifs et en- les tenants d’une « modernisation » lieu à de vives tensions en juin au treprises. Sans exclure des mouve- du parti. Les économies concernent LE FONDS monétaire interna- tie de leurs réserves monétaires Dans le cas de la Russie, voici sein de la majorité. Son adoption ments de protestation, mais en vou- avant tout les budgets sociaux, tan- tional (FMI) contrôle-t-il le deve- afin de s’assister mutuellement en comment se sont déroulées les par le cabinet va animer la rentrée lant privilégier le « dialogue dis que les entreprises vont bénéfi- nir des sommes qu’il prête à cha- cas de besoin (selon le système choses : le comité éxécutif du FMI parlementaire berlinoise de sep- politique », les syndicats poussent le cier d’allègements fiscaux. cun des pays qui demandent son dit des « droits de tirage spé- a approuvé le déblocage d’un prêt tembre. Pour l’année 2000, 30,4 mil- aide ? Non, et d’ailleurs il n’a pas ciaux »). Le FMI dispose actuelle- de 4,3 milliards de dollars à la fin liards de deutschemarks (15,6 mil- les moyens de le faire, puisqu’il ment d’un capital de 300 milliards du mois de juillet 1998, juste liards d’euros) d‘économies sont Quatre projets de loi ne dispose pas d’un corps d’« ins- de dollars (283 milliards d’euros). avant la dévaluation du rouble annoncées. M. Eichel a limité très ri- pecteurs » qui seraient chargés de Une fois que le prêt a été décidé qui a mis fin, au moins provisoire- goureusement les enveloppes ac- Le premier projet de loi du gouvernement allemand porte sur ce type de surveillance. Ayant par les instances exécutives du ment, à ce crédit remboursable cordées aux différents ministères, « l’assainissement budgétaire ». Il prévoit en particulier l’indexation pour mission principale d’aider Fonds, le FMI fait un ou plusieurs sur dix ans. Peu après cette date, dont celui du travail et des affaires des retraites sur l’inflation en 2000 et 2001 (soit 0,7 et 1,6 % de les pays à équilibrer leurs chèques libellés en dollars et, en plusieurs versements du FMI ont sociales, le premier poste de dé- hausse). Les salaires des fonctionnaires, les allocations chômage se- comptes extérieurs, le FMI règle générale, ceux-ci ne quittent été effectués sur un compte de la penses de la République fédérale. ront également liés à l’évolution des prix. Suite à un jugement de la « n’impose pas d’affectation parti- pas les Etats-Unis puisqu’ils sont Banque centrale de Russie domi- Cette austérité est rejetée par les Cour constitutionnelle, un deuxième texte réforme les allocations culière des fonds », comme l’indi- le plus souvent déposés auprès cilié auprès de la Réserve fédérale syndicats et l’aile gauche du parti familiales, légèrement augmentées, et élargit les possibilités de dé- quait le directeur général du FMI, d’établissements de crédit new- américaine, à New-York. A partir social-démocrate (SPD). La dis- grèvements fiscaux aux familles. Le troisième projet comporte dif- Michel Camdessus, dans une yorkais pour le compte de la de là, les sommes ont été placées cussion est d’autant plus vive férentes mesures fiscales, dont l’imposition des contrats d’assu- lettre ouverte publiée par Le banque centrale du pays emprun- à Wall Street par les agents des qu’elle rejoint, au fond, le débat sur rance-vie. Il prévoit une réforme de l’impôt sur les sociétés dès 2001, Monde du 19 août. teur. Dès lors, sur le plan banquiers centraux de Russie – le les orientations du chancelier dont le taux sera ramené de 40 à 25 %. Cette mesure complète des ré- En cela, la pratique du FMI dif- comptable, ces sommes font par- plus souvent en achats de bons Schröder et du SPD. ductions d’impôts déjà votées par le Bundestag pour les familles, les fère de celle de la Banque mon- tie des réserves en devises du du Trésor américain – et souvent Sur le plan budgétaire, les petites et moyennes entreprises. Le dernier texte porte sur l’impôt diale ou d’autres banques d’aide pays concerné. confiées à des banques privées. 30,4 milliards d’économies prévues écologique, qui prévoit l’augmentation progressive pendant quatre au développement, qui financent Rien d’anormal à cela : toutes en 2000 (15,4 milliards d’euros) ans des taxes sur les produits pétroliers et l’électricité pour financer des projets spécifiques, identi- les banques centrales du monde doivent être suivies d’environ une réduction des cotisations retraites patronales. fiables sur le terrain et soumis à Moscou a reçu gèrent de cette manière leurs ré- 50 milliards chaque année jusqu’en une surveillance plus attentive. serves en devises étrangères, no- 2003. Le ministre des finances veut Avec le FMI, les choses sont dif- 20 milliards de dollars tamment leurs dollars. Si certains réduire le déficit budgétaire de l’Al- gouvernement à revoir sa copie. « Les modifications sont possibles férentes. Lorsqu’il prête de apparatchiks russes ont choisi de lemagne à 49,5 milliards de Une première rencontre avec les di- mais pas dans les grands principes, ni l’argent à la Russie – comme à depuis 1992 se servir au passage en plaçant de deutschemarks en 2000 (25,3 mil- rigeants du SPD n’a cependant pas dans les grands chiffrages », a préve- n’importe quel autre pays en dif- l’argent dans des paradis fiscaux, liards d’euros), pour un budget de rapproché les points de vue mardi nu Hans Eichel, mercredi 25 août. ficulté –, le FMI veut d’abord et Le rôle du FMI est de soutenir c’est après tout une démarche qui 478,2 milliards de deutschemarks 24 août. En première ligne, le ministre des fi- avant tout s’assurer de l’applica- les pays dont les comptes exté- porte davantage tort aux intérêts (244,5 milliards d’euros), pour arri- nances devait présenter son plan tion effective des réformes de- rieurs sont déséquilibrés et de de la Russie qu’à ceux de la ver à l’équilibre pendant la pro- QUESTION DE PRINCIPE jeudi 26 août devant le groupe par- mandées en échange du prêt, par leur apporter une assistance fi- communauté internationale, chaine législature (contre 53,5 mil- Certaines personnalités social-dé- lementaire du SPD. Des négocia- exemple en matière de réduction nancière en échange de pro- puisque le FMI finit toujours par liards de déficit cette année). «Un mocrates rejettent également ce tions délicates vont désormais s’ou- du déficit budgétaire ou de lutte grammes d’ajustement structurel. être remboursé. mark sur quatre payé par le contri- projet : le ministre-président de la vrir : une loi de finance ne peut être contre l’inflation. Il souhaite par A la date du 30 avril 1999, le FMI Le FMI doit-il pour autant ren- buable est englouti au service de la Sarre, Reinhard Klimmt, un proche adoptée qu’avec l’adhésion des là même, entre autres objectifs, disposait d’un total de créances forcer son contrôle sur les dette », a expliqué Hans Eichel mer- de l’ancien ministre des finances deux chambres du Parlement. Le permettre au pays débiteur de s’élevant à 91 milliards de dollars sommes qu’il prête ? Les débats credi 25 août. Pour le moment, Oskar Lafontaine, a même menacé ministre aura donc besoin, en plus rembourser ultérieurement ses (86 milliards d’euros) dans le en cours, au FMI, ne portent pas seule la Bundesbank salue sans de voter contre lors de l’examen du de celui du SPD, du soutien des dettes. Entre-temps, le pays est monde. Le Mexique, la Russie et sur cette question. Les dirigeants sourciller les efforts du gouverne- projet de loi de finances au Bundes- chrétiens-démocrates au sein du souverain dans l’utilisation qu’il la Corée du Sud ont été, au cours du Fonds ont d’autres préoccupa- ment. Dans son dernier rapport rat, la Chambre haute du Parlement Bundesrat, où la coalition rouge- fait des sommes qui lui sont prê- des dernières décennies, les trois tions prioritaires : ils réfléchissent mensuel, la banque centrale sou- qui rassemble les représentants des verte ne dispose pas d’une majorité tées, à un taux qui se situe actuel- principaux bénéficiaires de prêts surtout aux moyens de mieux ligne que « la volonté claire (du gou- Länder. En pleine campagne électo- absolue. La CDU assure ne pas vou- lement autour de 3,6 % par an. du FMI. En 1995, le « paquet » prévenir les crises, de mieux faire vernement) de suivre une politique fi- rale dans son Land – le scrutin du loir bloquer un programme Comment se déroulent concrè- mexicain s’est élevé à 17,8 mil- en sorte que les investisseurs im- nancière à moyen terme prenant en 5 septembre prochain s’annonce d’économies dont elle reconnaît la tement les opérations ? Lorsqu’un liards de dollars. En décembre prudents ne se reposent pas sur compte les directives du Pacte euro- difficile pour le SPD – M. Klimmt nécessité, mais elle attend en parti- pays en difficulté fait un emprunt 1997, 20,9 milliards de dollars ont une garantie de remboursement péen de stabilité et de croissance est fait du sujet des retraites une ques- culier un compromis sur les re- auprès du FMI, on considère qu’il été accordés à la Corée du Sud. de la part du FMI, et d’éviter les importante ». tion de principe pour le Parti social- traites. « achète » des devises fortes qui L’Indonésie a reçu 11,2 milliards crises sociales souvent déclen- C’est le plafonnement des re- démocrate : il s’en est pris ces der- lui permettront d’équilibrer ses de dollars en novembre 1997 et la chées par les coupes budgétaires traites qui focalise toutes les oppo- niers temps à une politique qu’il ac- Philippe Ricard comptes. Ces devises ont aupara- Thaïlande 4 milliards de dollars prescrites aux pays victimes de vant été mises à la disposition du en août 1997. Quant à la Russie, turbulences financières. Fonds par les 182 Etats membres, elle a reçu plus de 20 milliards de qui mettent en commun une par- dollars du FMI depuis 1992. Lucas Delattre Les nationalistes catalans affrontent des élections difficiles en octobre

Les cabinets d’avocats, maillon faible MADRID gislature, de 34 députés et dont le rité relative de 156 sièges sur 350. de notre correspondante candidat est l’ancien maire de Bar- En échange de ce soutien, vital à la Six mois avant les législatives es- celone, le charismatique Pasqual stabilité politique en Espagne, le de la lutte internationale contre l’argent sale pagnoles, des élections régionales Maragall. gouvernement Aznar s’était no- LONDRES de la fraude fiscale, du paiement de lutte à couteaux tirés entre avocats se dérouleront le 17 octobre en Ca- Lors des élections européennes tamment engagé à transférer vers de notre correspondant à la City commissions occultes, ou du crime d’une même firme pour être promu talogne, puissante région de six du 13 juin, le Parti socialiste cata- les autorités catalanes, qui dispo- Comment le crime organisé russe organisé. au rang d’associé – et devenir mil- millions d’habitants tenue depuis lan (PSC) est arrivé largement en saient déjà d’une très large auto- a-t-il fait transiter des milliards de Le document du NCIS critiquait lionnaire – la compétition acharnée vingt et un ans par les nationa- tête dans la région, obtenant nomie par rapport à Madrid, plu- dollars via la Bank of New York également la facilité avec laquelle pour obtenir les mandats, les hono- listes de la coalition Convergencia 34,58 % des voix, contre seulement sieurs compétences nouvelles, en vers une banque domiciliée dans les « lawyers » montent au moindre raires facturés à l’heure qui de- i Unio (CiU). La convocation de ce 29,28 % pour la coalition nationa- matière de santé, de justice ou de les îles Anglo-Normandes qui a coût des sociétés écrans ou des viennent colossaux quand il s’agit scrutin, aux enjeux cruciaux pour liste de M. Pujol, et 16,88 % pour le sécurité entre autres. prévenu les services secrets britan- boîtes postales protégées par le se- d’opérations complexes dans plu- le gouvernement conservateur es- Parti populaire (PP) de M. Aznar. Le Parlement espagnol doit être niques à l’origine de l’enquête amé- cret bancaire qui prévaut dans les sieurs pays, prêtent à toutes les pagnol de José Maria Aznar, dont Ce qui a incité M. Maragall à augu- renouvelé lors d’élections législa- ricaine ? Peu d’informations ont fil- paradis fiscaux, dont les îles Anglo- tentations. Par ailleurs, le manque CiU est un partenaire obligé, a été rer l’avènement, cet automne, tives au printemps 2000 (la presse tré à Londres sur la pénétration par Normandes. « Les firmes d’avocats de formation financière des avocats faite dans un cadre plus ou moins d’une « future carte politique cata- espagnole avance la date du 2 la pègre russe d’un établissement offrent aux blanchisseurs la légitimité accroît leur capacité de nuisance. inhabituel : au sommet du pic lane dominée par les forces de avril). Tous les sondages donnent financier new-yorkais réputé, mais et la respectabilité nécessaires pour Enfin, le respect du secret profes- d’Aneto, le point culminant de la centre-gauche », et à réfléchir à le Parti populaire vainqueur de ce les experts de la City montrent du opérer des transactions illégales. Ils sionnel est aussi mis en cause : chaîne des Pyrénées. Parvenu, une future alliance avec des petits scrutin, avec une avance plus ou doigt les cabinets juridiques peu re- acceptent de grosses sommes toute évocation des affaires d’un après plusieurs heures d’escalade partis de gauche et avec les moins confortable sur son princi- gardants, spécialistes en création d’argent en liquide sans poser de client en dehors du cabinet est per- en haut de cette montagne, à 3 404 communistes pour essayer de dé- pal rival à Madrid, le Parti socia- de sociétés bidons domiciliées dans questions », concluait le NCIS. En çue comme une violation des prin- mètres d’altitude, le chef du gou- trôner M. Pujol après le 17 octo- liste ouvrier. Mais la formation de les paradis fiscaux opaques qui 1998, l’organisme avait accusé six cipes déontologiques. Cette loi du vernement catalan, Jordi Pujol, a bre. M. Aznar est encore loin d’être émaillent la planète. firmes juridiques basées à Londres silence explique que, sur 14 000 dé- brièvement contemplé le paysage, sûre de rafler la majorité absolue « Les avocats de mèche avec les d’avoir involontairement aidé les nonciations de transactions sus- puis a décroché son téléphone LE PHÉNOMÈNE AUTONOMISTE qui lui permettrait de gouverner criminels ne sont pas légion. En re- barons de la drogue en « sancti- pectes reçues par le NICS en 1997, portable pour annoncer au pré- Les nationalistes de CiU se sont l’Espagne seule, sans l’appui de vanche, un grand nombre de cabi- fiant » leurs profits, comme disent seulement 236 provenaient de sident du Parlement régional de abrités derrière le maigre taux de son allié catalan. nets sont utilisés par la pègre à leur les spécialistes. firmes de conseil juridique. Catalogne, Joan Reventos, sa déci- participation aux européennes Les élections régionales du insu car ils ne se soucient guère de Interrogé à propos de ces accusa- sion de dissoudre la Chambre. (55,5 %) pour justifier leur mauvais 17 octobre en Catalogne ne vérifier l’origine de fonds visiblement « CHASSE AUX SORCIÈRES » tions, un porte-parole de la Law Le détachement pris par M. Pu- score, attribué à l’absentéisme de peuvent, en raison des spécificités suspects. Il s’agit là d’une filière que Comment expliquer le rôle de Society, organisme représentant les jol, qui brigue un sixième mandat ses électeurs. Mais, selon certains de cette région et de l’importance les blanchisseurs d’argent sale ont premier plan de riches avocats dans juristes britanniques, a accusé le à la tête de la Generalitat (exécutif analystes, ils ont chèrement payé du phénomène autonomiste, être appris à exploiter» : comme le sou- la création, en toute légalité, cela va NCIS de « chasse aux sorcières », en catalan), pour annoncer les élec- auprès de leur électorat, tradition- considérées comme un véritable ligne le rapport du National Crimi- sans dire, de sociétés écrans ? Tout expliquant que le volume tions ne saurait masquer les sé- nellement méfiant à l’égard du test de la popularité de M. Aznar nal Intelligence Service, l’agence de d’abord, alors que les banques et d’« argent sale transitant par les ca- rieuses difficultés qu’il risque de pouvoir central espagnol, leur al- en prévision des législatives. Leurs renseignement de la police britan- les sociétés d’audit doivent signaler binets est insignifiant. Les banques et renconter pour conserver, au Par- liance parlementaire avec le gou- résultats permettront surtout aux nique, publié en décembre de l’an toutes les opérations suspectes les entreprises d’audit sont autant la lement régional, sa majorité rela- vernement de M. Aznar. Leurs stratèges politiques de Madrid dernier, les bureaux de conseil juri- sous peine de sanctions, les cabi- cible des criminels que nos tive de 60 députés sur 135. La coa- 16 députés au Parlement de Ma- d’évaluer la capacité de M. Pujol à dique sont le maillon faible de la nets d’avocats échappent au membres». lition nationaliste est menacée par drid soutiennent depuis 1996 l’exé- rester un interlocuteur politique lutte internationale contre le blan- contrôle des organismes britan- l’ascension des socialistes qui dis- cutif conservateur espagnol, qui essentiel sur la scène politique na- chiment, que ce soit des produits nique ou internationaux. Ensuite, la Marc Roche posaient, lors de la précédente lé- ne dispose que d’une courte majo- tionale. – (Intérim.) LeMonde Job: WMQ2708--0004-0 WAS LMQ2708-4 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0317 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 INTERNATIONAL Le chef militaire serbe en Bosnie, Momir Talic, a été arrêté à Vienne Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie l’avait secrètement inculpé pour « crimes contre l’humanité ». Il a été transféré à la prison du TPIY à La Haye. La procureur Louise Arbour se félicite du recul de l’« impunité des puissants » Momir Talic, le commandant de l’armée « crimes contre l’humanité » pour la cam- Mladic. Ne sachant pas qu’il figurait sur appréhendé par le TPIY. Mme Arbour rece- ailleurs protesté contre le manque de coo- bosno-serbe, a été arrêté en Autriche, mer- pagne du « purification ethnique » menée une liste secrète d’inculpés établie par la vant pour la première fois Carla Del Ponte, pération de la Croatie, tandis que le copre- credi 25 août, et transféré à la prison du dans l’ouest de la Bosnie-Herzégovine en procureur Louise Arbour, le général serbe qui lui succédera le 15 septembre au poste mier ministre bosniaque, Haris Silajdzic, a Tribunal pénal international pour l’ex-You- 1992, alors qu’il était le responsable mili- participait à une réunion à l’Académie mili- de procureur, s’est félicitée des « progrès » réclamé une instruction à l’encontre du goslavie (TPIY) à La Haye. Il est accusé de taire régional nommé par le général Ratko taire de Vienne. Il est le 34e accusé à être de la justice internationale. Le TPIY a par président croate, Franjo Tudjman.

LE CHEF de l’armée bosno- du général Talic, Mme Arbour a pré- pour « crimes contre l’humanité ». porté leur assistance à un plan vi- noncé les responsables bosno- parus, a, pour sa part, exigé « la li- serbe, le général Momir Talic, suc- cisé que « la culture de l’impunité Le général Momir Talic avait été sant à expulser les Bosniaques serbes, ait entouré la venue de Mo- bération immédiate du général Ta- cesseur du célèbre Ratko Mladic et des puissants ne fait plus partie du secrètement inculpé par Mme Ar- musulmans, croates et d’autres po- mir Talic à Vienne. « Ni l’OSCE (Or- lic, commandant militaire et interlocuteur militaire de la paysage pour le prochain millé- bour le 12 mars avec le député bos- pulations non serbes » de la région, ganisation pour la sécurité et la premier soldat de la RS », menaçant communauté internationale dans naire ». La procureur avait signé no-serbe Radislav Brdjanin. Les notamment du district de Prijedor. coopération en Europe) ni l’Au- de « demander l’interruption immé- la Bosnie-Herzégovine de l’après- son acte d’accusation le plus spec- deux hommes sont accusés, «en A l’époque de la guerre, les diri- triche n’étaient au courant aupara- diate de toute coopération avec les Dayton, a eu la surprise, mercredi taculaire durant la guerre du Koso- tant que membres du centre de crise geants des « centres de crise » ré- vant qu’il faisait l’objet d’une in- forces militaires internationales en 25 août, d’être arrêté à Vienne. Il vo contre le président yougoslave de la région autonome de Krajina » gionaux étaient les représentants culpation », a assuré un Bosnie ». participait à un séminaire organisé Slobodan Milosevic, premier chef (ouest de la Bosnie), d’avoir «or- directs des chefs politique et mili- porte-parole du TPIY. Informée au La stratégie payante des inculpa- par l’Organisation pour la sécurité d’Etat en exercice à être inculpé donné, mis en œuvre, soutenu et ap- taire de la « République serbe » cours du séminaire qui se tenait à tions secrètes a permis au TPIY de et la coopération en Europe autoproclamée, Radovan Karadzic l’Académie de la défense natio- faire passer en trois ans de 7 à 34 le (OSCE). Inculpé de « crimes contre et Ratko Mladic, inculpés depuis nale, la police autrichienne a été nombre d’accusés incarcérés à La l’humanité » dans un acte d’ac- La Croatie accusée de ne pas coopérer avec le Tribunal 1993 pour « génocide » et « crimes tenue, en vertu des accords inter- Haye. Des dizaines de respon- cusation tenu secret par le Tribunal contre l’humanité » et toujours re- nationaux, d’appréhender le crimi- sables nationaux ou locaux pénal international pour l’ex-You- Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a dénoncé, cherchés par la justice internatio- nel de guerre présumé. manquent cependant à l’appel. goslavie (TPIY), Momir Talic a été mercredi 25 août, la non-coopération de Zagreb, dans une lettre au nale. Concernant la Bosnie-Herzégo- transféré à La Haye et incarcéré à Conseil de sécurité de l’ONU. Le Tribunal reproche à la Croatie de re- Les arrestations de Radislav « AMERTUME » vine, certains ont longtemps béné- la prison de l’ONU. fuser de lui livrer des documents concernant « Eclair » et « Tempête », Brdjanin, le 6 juillet en Bosnie par Arrivé à Banja Luka après son ficié du peu d’empressement de Cette arrestation, majeure les deux offensives qui avaient permis à Zagreb de reconquérir en les soldats de l’OTAN, et de Momir départ précipité de Vienne, le mi- l’OTAN, à l’exception du puisque le général Talic est le plus 1995 des territoires sous contrôle serbe, et de lui livrer Mladen Naleti- Talic couronnent la politique du nistre de la défense bosno-serbe, contingent britannique, à lancer haut responsable militaire de l’ex- lic, alias Tuta, un « parrain » de la mafia croate de Mostar, inculpé secret entourant les actes d’ac- Manojlo Milovanovic, a dénoncé des opérations contre les criminels Yougoslavie à tomber dans les fi- pour des crimes commis durant la guerre croato-musulmane en Bos- cusation signés par la procureur. un acte « incompréhensible », tan- de guerre. Et, concernant le Koso- lets du TPIY, intervient alors que la nie en 1993-1994. En juillet, le gouvernement croate s’était déclaré fu- Les deux personnalités serbes ne dis que le vice-président de la Ré- vo, la situation est pire, puisque les procureur Louise Arbour, qui doit rieux après un réquisitoire du procureur dans lequel il était reproché se savaient pas inculpées et partici- publique serbe (RS), Mirko Saric, accusés sont soit au pouvoir soit quitter son poste le 15 septembre, au général Tihomir Blaskic, poursuivi pour « crimes contre l’humani- paient régulièrement à des réu- exprimait son « amertume » après réfugiés en Serbie, où nulle force recevait mercredi à La Haye son té », d’avoir appliqué « une politique élaborée à Zagreb ». Haris Silajd- nions avec des diplomates et des une arrestation « humiliante ». internationale n’a de mandat pour successeur, Carla del Ponte. Se féli- zic, le copremier ministre bosniaque, a pour sa part estimé, mercredi, officiers occidentaux. Le bureau de L’Organisation des combattants de les arrêter. citant des « progrès » de la justice dans un entretien au journal Jutarnji List, que « la responsabilité [du Mme Arbour a toutefois démenti la République serbe, qui regroupe internationale et de l’arrestation président croate] Tudjman doit être établie par le TPI ».–(AFP.) qu’un « piège », comme l’ont dé- anciens soldats et familles de dis- Rémy Ourdan Les prisonniers kosovars en Serbie, oubliés de la diplomatie BELGRADE condamnés à des peines de plu- toute une série de questions restées difficile voyage vers une ville de Ser- tina. Le CICR a payé pour le trans- soulagement que leur fils avait été correspondance sieurs années de prison. La diploma- en suspens au Kosovo. Celles-ci bie pour se rendre auprès d’un port des corps par une entreprise de localisé dans une prison de Serbie : il Ils sont 1 925, selon une liste dres- tie occidentale les a oubliés. Les vont des problèmes de propriété proche en prison. La plupart des dé- pompes funèbres. Aucun détail n’est avait au moins échappé à l’exé- sée par l’équipe du Comité interna- questions d’échange de prisonniers d’immeubles au système fiscal, en tenus n’ont pas vu de famille ni fourni par le CICR sur la cause de cution sommaire ! Sur une liste de tional de la Croix-Rouge (CICR) ba- du Kosovo n’ont été soulevées dans passant par le code pénal en vi- d’amis depuis des mois. Les condi- ces décès. Par ailleurs, une prison- mille noms de personnes disparues, sée à Belgrade, qui a rendu visite à aucun document : ni dans la résolu- gueur, le contrôle de frontières, le tions de détention, ont indiqué d’an- nière, Flora Brovina, détenue à Po- récemment établie pour la seule ville chacun de ces détenus de juillet à tion 1 244 du Conseil de sécurité de déploiement de policiers, la sécurité ciens prisonniers kosovars libérés fin zarevac en attente de jugement, se- de Djakovica, au total deux cents début août pour les recenser et éva- l’ONU ouvrant la voie à la fin des des lieux de culte, etc. L’« arme » de juin, seraient toutefois relativement rait, selon sa famille, dans un piètre des personnes citées ont été « re- luer leurs besoins. Ils sont albanais bombardements contre la Yougo- Belgrade, dans ces échanges, sera le meilleures en Serbie – où régnerait état physique. Cette pédiatre et mili- trouvées » dans des prisons serbes. du Kosovo, enfermés dans des pri- slavie, ni dans les accords militaires principe proclamé de « souveraineté dans les établissements péniten- tante des droits de l’homme avait « Il faudra du temps, dit un connais- sons de Serbie. Leur sort est bien in- signés en juin à Kumanovo (Macé- yougoslave » sur la province. Le de- tiaires une sorte de rigueur légaliste, été arrêtée par les forces spéciales seur du dossier, des mois de re- certain, car aucun texte internatio- doine) entre les Yougoslaves et venir des quelque 250 Serbes captifs avec des règlements tatillons – qu’au serbes à Pristina, fin avril, devant cherches, de recoupements d’infor- nal, aucun accord conclu par la l’OTAN. « Le CICR regrette qu’il n’y aux mains de l’UCK au Kosovo, se- Kosovo pendant la guerre. son domicile. mations, d’identifications de cadavres Yougoslavie à la fin de la guerre du ait eu dans ces textes aucune mention lon Belgrade, pourrait aussi entrer La semaine dernière, cependant, Des représentants d’organisations et de fouilles de fosses communes, il Kosovo ne les mentionnent. des prisonniers », déclare M. Dufour. en ligne de compte. les dépouilles de deux détenus non gouvernementales soulignent faudra des mois de travail pour déter- Ils ont été arrêtés au Kosovo, A Belgrade, il paraît peu probable morts en détention ont été transfé- que la question des prisonniers sou- miner le nombre exact de disparus au avant ou pendant les bombarde- HYPOTHÉTIQUES NÉGOCIATIONS qu’une loi d’amnistie puisse interve- rées de Serbie vers leurs familles au lève celle, « plus dramatique en- Kosovo. » ments, pour des motifs variés, « dé- Le texte discuté à Rambouillet nir pour les prisonniers albanais. Le Kosovo. L’un était originaire de core », des « disparus » au Kosovo. Il reste que la question des prison- tention d’armes », « collusion avec prévoyait certes que, « après vingt et Parlement serait peu tenté d’en vo- Gnjilane, l’autre de la région de Pris- Bien des familles ont appris avec niers a fait l’objet d’un étrange « ou- des terroristes »..., d’autres entrant un jours, les parties (Serbes et Koso- ter une à l’heure où des élections bli » de la part des diplomates. Lors dans la catégorie des détenus de vars) libéreront et transféreront, en anticipées sont envisagées. Et puis de la négociation des accords de droit commun. Nombre d’entre eux accord avec les normes humanitaires – pourront toujours arguer les auto- Incertitude sur le nombre exact des détenus Dayton sur la Bosnie, cela n’avait ont été transférés en Serbie peu de internationales, toutes les personnes rités –, puisqu’il s’agirait de libérer pas été le cas. Ces textes prévoyaient temps avant le retrait des troupes détenues dans le cadre du conflit ». des Albanais et non des Serbes, une Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a rendu visite à un recensement et un échange, sous yougoslaves du Kosovo. Ils sont au- Mais cette formulation, à laquelle telle amnistie ne reviendrait-elle pas 1925 Kosovars albanais détenus dans des prisons de Serbie. « Nous avons l’égide du CICR, des prisonniers jourd’hui répartis dans une dou- des responsables de l’Armée de libé- à établir une discrimination eth- eu un entretien avec chacun de ces détenus et informé leurs familles », in- serbes, croates et musulmans. Ils zaine d’établissements péniten- ration du Kosovo (UCK) font au- nique entre les détenus ? Reste un dique Dominique Dufour, le chef de la délégation du CICR en Yougo- comportaient aussi une clause où les tiaires de Serbie. Les plus importants jourd’hui référence, n’a pas été re- autre espoir, mince : celui d’une slavie. Une interrogation subsiste cependant sur le nombre exact des pri- parties s’engageaient à « coopérer » sont situés dans les villes de Pozare- prise dans des documents ultérieurs, grâce présidentielle... sonniers. A Pristina, des sources albanaises affirment qu’ils seraient de pour résoudre la question des dispa- vac et Nis. signés par les Yougoslaves. Les détenus kosovars en Serbie 5 000 à 7 000. M. Dufour précise que le chiffre de 1925 concerne les déte- rus – idée également absente des ac- Certains prisonniers sont en at- Le sort des détenus est ainsi ren- ont, en principe, le droit de recevoir nus dans des prisons dépendant du ministère serbe de la justice. Il af- cords sur le Kosovo. tente de jugement, d’autres sous en- voyé à d’hypothétiques négociations des visites, mais rares sont les fa- firme ne pas disposer d’informations sur « l’éventuelle existence d’autres quête, d’autres encore ont déjà été entre la Yougoslavie et l’ONU sur milles à avoir osé entreprendre le centres de détention, notamment militaires – ce que l’on ne peut pas exclure ». Dina Petrovic Les fortes mises en garde de Ramush Hajredinaj, légendaire commandant de l’UCK

BABALOS (Kosovo) la haine de la communauté interna- Alain Le Roy, qui s’est aussi nommé nistre de l’intérieur » du gouverne- kans. Mais Ramush le nie : «On L’ONU a par contre favorisé de bons de notre envoyée spéciale tionale ». maire, a pris comme premier ad- ment formé par l’UCK, dont un était très méfiant, on sait qu’on peut collaborateurs des forces serbes, qui Ramush Hajredinaj, le légendaire Deux semaines à peine après l’en- joint celui qui avait été mis en place représentant local fut exécuté en perdre sa liberté à ce jeu-là. » n’auront jamais l’autorité nécessaire « commandant » de l’ouest du Ko- trée du contingent italien de la par Ramush : Ethem Ceku, un juillet : « Il avait été brutal, il s’était Plus que la mafia, ce qui l’obsède, pour exercer. Les gens s’indignent sovo, n’a que trente et un ans, mais KFOR (force de maintien de la parent du chef militaire de l’UCK. mal conduit », commente sèche- c’est l’avenir de ses hommes. Il «ne aussi de voir arriver des policiers, par des ambitions certaines, au-delà du paix), cet officier de l’UCK avait or- Le préfet français a laissé le drapeau ment le commandant... pense pas aux élections », même s’il exemple, pakistanais, qui semblent pouvoir qu’il exerce déjà dans ganisé une cérémonie de « trans- albanais flotter sur la mairie, au La popularité de Ramush, confir- ne serait pas contre un « grand eux mêmes perdus. Cela nous met en « sa » région. Il aurait eu jusqu’à dix mission du pouvoir aux civils » – les grand soulagement de la popula- mée partout dans la région, semble mouvement qui unifierait tous les Ko- difficulté pour continuer la démilita- mille hommes sous ses ordres du- siens, souvent d’anciens combat- tion. De son côté, Ethem Ceku coo- lui donner les coudées franches et sovars, de l’UCK, de la LDK (Ligue risation. Si nos jeunes sont laissés de rant la guerre menée avec l’OTAN. tants ainsi promus « maires ». L’Un- père avec l’Unmik et accepte même des ailes : « Si on est conscient et dé- démocratique du Kosovo, d’Ibrahim côté, ce ne seront pas des gens faciles Aujourd’hui, l’administration intéri- mik, bon gré mal gré, n’a pu qu’en- sa volonté d’intégrer des représen- cidé, tout est possible », répond-il à Rugova) ou d’ailleurs ». « Je serais pour l’avenir », dit-il. maire de l’ONU au Kosovo (Unmik) tériner ces choix, mais ne s’en plaint tants de Serbes ayant fui la région, une question sur les moyens d’endi- capable de l’organiser, mais pour La menace est sous-jacente, pré- hésite à intégrer ces hommes ; selon guère. Plusieurs de ces mairies sont ou de ceux qui y sont restés : essen- guer l’afflux, dans cette région fron- l’instant les villages rasés et les sentée sous forme de constat. le commandant Ramush, cela place même citées en exemple d’une ad- tiellement, un millier de villageois à talière de l’Albanie, de clans crimi- hommes sans travail suffisent large- Comme celui de la présence crois- l’Armée de libération du Kosovo ministration locale naissante ou- Gorazdevac, protégés 24 heures sur nels du pays voisin. C’est un des ment à m’occuper », dit-il. sante d’ONG islamiques qui distri- (UCK) devant un choix non souhai- verte à des tendances politiques di- 24 par des chars de la KFOR. Cela grands problèmes de l’Unmik : le buent de l’argent « pour reconstruire table : « Créer sa propre police ou verses. n’a pas empêché des inconnus de ti- spectre de la mafia albanaise ache- LES JEUNES « LAISSÉS DE CÔTÉ » les mosquées ». « Nous voulons nous rester une force armée qui cultiverait A Pec, le chef régional de l’Unmik, rer des coups de mortier qui ont fait tant mairies et entreprises au Koso- L’UCK « s’est créée sur le tas, or, rapprocher de l’Ouest, mais il faut quelques blessés dans le village il y a vo. Mais Ramush assure que ses pour une vraie armée, il faut au être deux pour ça. » « Le problème, deux semaines. Mais l’incident ne compatriotes sont vigilants et peu moins trois ans de formation. Pour dit-il encore, ce sont les hommes de s’est pas reproduit : entre-temps, désireux d’avoir « le même visage » que le Kosovo obtienne alors son in- vingt à trente ans », qu’il faut oc- Alain Le Roy avait eu une première, que les frères d’Albanie. dépendance et que la KFOR puisse se cuper pour qu’ils ne cèdent pas à la et pour l’instant unique, rencontre Pour autant, la région de Kukes, retirer, il faut commencer dès main- tentation de voir dans la KFOR les informelle avec Ramush, que ce un bastion de criminalité, « pourra, tenant. Et le mieux est que cela se protecteurs des Serbes. dernier, parfaitement francophone, dit le commandant, rompre son iso- fasse dans la transparence, que l’em- Avec ces derniers, dit-il, les rela- évoque avec sympathie. lement et s’intégrer à l’économie ko- bryon d’armée ait un statut légal, tions ne seront possibles que s’ils sovare »... Ramush est d’ailleurs sans risque de s’effilocher en petits font eux-mêmes « un geste », prou- LE SPECTRE DE LA MAFIA bien placé pour savoir que toute groupes payés par la mafia », plaide- vant qu’ils ont renoncé au passé. Le représentant de l’ONU « s’in- frontière est franchissable : n’ayant t-il. Or l’ONU ne propose encore « Ils pourraient arrêter leurs criminels tègre bien dans la région, même si pu avoir de Bourse pour l’université qu’un « service de protection civile », de guerre, mais, avant, le premier son travail n’est pas facile », déclare de Pristina (« Mon nom seul, celui où les hommes de l’UCK seraient geste avec lequel, déjà, la vie pourrait le « commandant » en recevant Le d’une famille d’opposants, suffisait à des forestiers ou des éboueurs, offi- changer, c’est qu’ils libèrent les Monde à Babalosh, un lotissement m’éliminer ») et profitant d’un pas- ciellement du moins. Les négocia- otages. » Deux mille à trois mille neuf prévu pour des réfugiés serbes seport reçu pour participer à un tions sont en cours, mais le personnes ont défilé la semaine de Croatie mais occupé désormais concours balkanique de mathémati- commandant Ramush s’emporte dernière à Pec pour réclamer, de- par ses hommes – et son épouse ciens, il s’expatria en Suisse dès contre le refus de l’ONU d’embau- vant le siège de l’Unmik, la libéra- finlandaise, qui sert le thé. Cheveux 1991, mais prit l’habitude de revenir cher ses hommes dans la police in- tion des milliers d’Albanais du Ko- ras, taille moyenne et carrure athlé- « presque chaque été, illégalement, ternationale, qui doit compter à sovo transférés dans des prisons de tique (cultivée en Suisse où il fut en- par les montagnes », afin de voir sa terme trois mille recrues locales. Serbie avant que l’OTAN et Bel- traîneur sportif), Ramush est direct famille et préparer le soulèvement « Dans la première fournée, ils grade ne signent des accords dans et précis, contrairement à ses cama- militaire de 1997. Il est vraisem- n’ont pris que six hommes de ma ré- lesquels ces prisonniers furent « ou- rades, les « politiciens de Pristina » blable que ces activités furent finan- gion, sur mille quatre cents proposés, bliés ». dont il déplore les divisions et les in- cées par les trafics, notamment de choisis parmi les deux mille deux trigues. Notamment celles du «mi- drogue, généralisés dans les Bal- cents qui restent sous mes ordres. Sophie Shihab LeMonde Job: WMQ2708--0005-0 WAS LMQ2708-5 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0318 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / 5 Accusé d’être un « menteur », un célèbre La France demande le déblocage de fonds européens à la Turquie intellectuel palestinien contre-attaque JACQUES CHIRAC a écrit au président en exercice du Conseil euro- péen et à la présidence de la Commission européenne pour demander le déblocage de fonds dus à la Turquie afin d’aider à la reconstruction après le tremblement de terre. « Il me paraît indispensable, comme au « Ces diffamations émanant d’un chercheur israélien ont un objectif politique », affirme Edward Saïd gouvernement, qu’en cette occasion l’Union européenne, en tant que telle, marque clairement sa solidarité avec la Turquie », écrit le chef de Edward Saïd, Palestinien-Américain professeur revue américaine Commentary, contre-attaque politique et vise à présenter comme une fiction l’Etat français dans une lettre adressée au président finlandais Martti de littérature comparée à l’Université de Colum- dans des déclarations au Monde. L’objectif de la dépossession des Palestiniens en 1948, après Ahtisaari, rendue publique mercredi 25 août. « Dans ce contexte, le dé- bia aux Etats-Unis, accusé d’imposture dans la ces diffamations, affirme-t-il notamment, est la création d’Israël. blocage du protocole financier offrirait des possibilités d’actions concrètes et rapides à l’UE », poursuit M. Chirac, faisant référence à EDWARD SAÏD n’en est pas à s’était installé dans les années 20. au sérieux tous les autres », qui famille Saïd, et jusqu’à la natio- l’aide prévue pour la Turquie dans le cadre de son union douanière sa première diffamation par la re- M. Weiner dit avoir mené son en- prétendent avoir été dépossédés. nalité de sa mère –, ainsi que des avec l’UE (environ 2,5 milliards de francs), dont le versement est blo- vue américaine Commentary, et il quête pendant trois ans, avoir Vue sous cet angle, la déposses- omissions importantes concer- qué par le veto de la Grèce depuis des années. dénonce en bloc un nouvel article consulté une importante docu- sion des Palestiniens serait donc nant des biens immobiliers dont L’aide à Ankara, au-delà de l’assistance humanitaire d’urgence, de- que ladite revue lui consacre dans mentation officielle et des archi- une fiction. son père était copropriétaire à Jé- vrait être évoquée lors de la réunion informelle des ministres des af- sa livraison de septembre. L’au- ves dans cinq pays sur quatre Commentary en est à sa troi- rusalem et Haïfa, M. Saïd ajoute : faires étrangères de l’UE les 4 et 5 septembre à Saariselka (Finlande). teur, Justus Reid Weiner, cher- continents et s’être entretenu sième diatribe contre M. Saïd. «Il « Tout a été perdu » au moment Selon un nouveau bilan provisoire officiel publié jeudi, le séisme a fait cheur au Jerusalem Center for avec de nombreux témoins. Il en y a vingt ans, rappelle ce dernier, de la création d’Israël. Contraire- 13 009 morts et 26 606 blessés. – (AFP, Reuters.) Public Affairs et maître-assistant conclut que M. Saïd n’est pas un cette même revue, peu lue et mal ment à ce qu’écrit M. Weiner, af- à l’Université hébraïque de Jéru- réfugié palestinien et que « la pa- distribuée, avait consacré un nu- firme-t-il encore, « mon père a DÉPÊCHES salem et à l’Université de Tel- rabole de l’identité palestinienne » méro entier » à le vilipender, bien tenté de récupérer ces biens. a TURQUIE-KURDES : le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, Aviv, accuse M. Saïd, palestinien- qu’il « s’est donné tant de mal à avant de le traiter, « dans un ar- Sans résultats. Car ce que M. Wei- séparatiste) a affirmé, mercredi 25 août, que ses forces armées américain, professeur de littéra- forger pendant des dizaines d’an- ticle paru en 1988 ou 1989, de ner ne dit pas, c’est que tous les avaient entamé leur retrait de Turquie, en avance sur le calendrier an- ture comparée à l’Université de nées » est « elle-même un men- “professeur du terrorisme” ». biens palestiniens ont été décrétés noncé par son chef Abdullah Öcalan. « Nos forces armées ont entamé Columbia aux Etats-Unis et l’un songe – un mensonge astucieux, un Et puis, interroge M. Saïd, biens ennemis » en 1948, et qu’ils leur retrait (...) avant même d’attendre le 1er septembre », a affirmé le des intellectuels palestiniens – si- mensonge très utile et désormais « n’est-il pas extrêmement bizarre ont été saisis en conséquence et conseil de commandement du PKK dans un communiqué. Il n’a pas non le seul – les plus connus et les largement accepté –, mais un men- que l’auteur, qui affirme avoir en- proclamés propriété israélienne. précisé où ses forces se retiraient. – (AFP.) plus respectés dans ce pays, songe quand même ». quêté pendant trois ans et avoir in- « Jamais, s’indigne Edward a MAROC-ESPAGNE : un pirate de l’air marocain, vraisemblable- d’avoir outrageusement menti terrogé quatre-vingts à quatre- Saïd, je n’ai dit que j’étais un réfu- ment un déséquilibré mental, a détourné pendant six heures, dans la sur son enfance. DROIT AU RETOUR vingt-cinq témoins à mon sujet, gié. Au contraire, j’ai toujours af- nuit du mercredi au jeudi 26 août, un avion de la Royal Air Maroc A en croire M. Weiner, les pa- Interrogé par téléphone par n’ait jamais pris contact avec moi, firmé que j’étais un privilégié. C’est vers l’aéroport de Barcelone, avant de libérer tous les passagers et de rents de M. Saïd n’auraient ja- Le Monde, mercredi 25 août, ni avec aucun membre de ma d’ailleurs la raison pour laquelle se rendre. – (AFP.) mais durablement résidé à Jéru- M. Saïd contre-attaque. Pour lui, nombreuse famille élargie, à l’ex- j’ai estimé qu’il était de mon devoir a RWANDA : une cour criminelle de Kigali a refusé, mercredi salem, où ils se rendaient « ces diffamations sont surtout di- ception de l’un de mes cousins, Ro- d’agir pour les opprimés de mon 25 août, d’abandonner les poursuites contre Mgr Augustin Misago, seulement en visite auprès de rigées contre le droit au retour » bert, résidant à Amman et auprès peuple » qui n’ont pas la même évêque catholique accusé de crimes contre l’humanité pour sa partici- leur famille. Edward Saïd n’y au- des Palestiniens dans leur foyers, duquel M. Weiner a sollicité un en- chance, sans oublier le fait qu’au pation au génocide de 1994. Son procès, qui a débuté le 20 août, re- rait jamais lui-même fréquenté alors que la loi du retour s’ap- tretien en lui affirmant, sur le ton printemps 1948, il n’y avait plus prendra le 14 septembre. – (Reuters.) assidûment aucune école, et ni plique à tous les juifs sans excep- de la menace, qu’il ferait bien de un seul membre de la parentèle a ASIE : la Russie, la Chine et trois ex-Républiques soviétiques son père ni lui n’y seraient déten- tion de par le monde. « Leur argu- ne pas refuser ». Saïd en Palestine. Quant aux affir- d’Asie centrale (Kirghizistan, Tadjikistan et Kazakhstan) se sont enga- teurs d’aucun titre de propriété. ment est de dire, ajoute-t-il, que si Relevant plusieurs erreurs fac- mations de M. Weiner – un il- gées, mercredi 25 août à Bichkek (Kirghizistan), à se protéger en- Fils de parents très aisés, M. Saïd, un Palestinien connu comme Ed- tuelles grossières dans l’article en lustre inconnu, insiste M. Saïd – semble contre les troubles sur leurs territoires. Par ailleurs, le gouver- assure l’auteur de l’article, a tou- ward Saïd a menti sur son passé, question – notamment à propos selon lesquelles ce serait pour ré- nement kirghize a annoncé jeudi l’envoi de troupes pour s’attaquer à jours vécu au Caire où son père alors, comment peut-on prendre des liens de parenté au sein de la futer son enquête que ce dernier quelques centaines d’islamistes qui ont pris des otages, dont quatre aurait écrit sa propre biographie Japonais. – (AFP.) (Out of Place) – à paraître en sep- a ÉTATS-UNIS : condamné à une peine de dix à vingt-cinq ans de tembre aux Etats-Unis –, l’inté- prison en mars pour avoir administré une injection mortelle à un pa- Violent incident entre zapatistes et armée mexicaine ressé en rit presque. « Je l’ai tient, le Dr Jack Kevorkian, soixante et onze ans, devra désormais commencée en 1994 et achevée en payer lui-même le coût de son incarcération. Aux termes d’un régle- UN AFFRONTEMENT entre la police militaire jours d’un face-à-face tendu entre zapatistes et mili- septembre 1998 », indique-t-il. ment à l’amiable entre ses avocats et l’Etat du Michigan, le « loyer » mexicaine et des paysans favorables à l’Armée zapa- taires. Les paysans indigènes favorables à l’EZLN, Plusieurs publications, dont la de la cellule du « docteur suicide » au pénitencier de Oaks a été fixé à tiste de libération nationale (EZLN) a fait neuf bles- soutenus par des étudiants venus de la capitale Mexi- New York Review of Books, doivent 364,50 dollars par mois, qui seront prélevés sur sa retraite. Il devra sés, mercredi 25 août, dans le village de San José de la co, s’opposent à la construction d’une route fores- publier prochainement des extra- aussi verser une somme globale de 28 039 dollars. Selon une loi en vi- Esperanza, dans l’Etat du Chiapas. Selon un député tière sur le territoire d’Amador Hernandez. its de cet ouvrage. gueur dans cet Etat, les autorités sont autorisées à faire payer aux dé- de centre-gauche qui se trouvait dans la région, les Selon eux, cet ouvrage est essentiellement destiné tenus les frais entraînés par leur incarcération à hauteur de 90 % de militaires ont été pris à partie par les paysans après à favoriser l’accès de l’armée aux bastions de la gué- Mouna Naïm leurs ressources. avoir arrêté trois militants. Deux villageois ont été rilla. L’armée mexicaine a encerclé les manifestants et blessés par balles et sept militaires à coups de ma- construit autour d’eux une clôture de barbelés. Le chettes. Le gouvernement mexicain a dénoncé une gouverneur du Chiapas, Roberto Albores, a menacé « provocation caractérisée » affirmant que la troupe a d’expulser les étudiants vers Mexico. été agressée « par quarante personnes dont les visages Dans la journée de mercredi, plusieurs milliers de étaient dissimulés par des passe-montagnes ». personnes ont manifesté dans les rues de la capitale leur soutien aux zapatistes, demandant la démission CLÔTURE DE BARBELÉS du gouverneur Albores. San José de la Esperanza est proche des commu- Sur place, un dirigeant paysan a déclaré que la nautés rurales indigènes de La Realidad, où se trouve construction de la route dépendait de l’application le quartier général du « sous-commandant » Marcos, des accords de San Andres, signés en 1996 par le gou- le principal dirigeant de l’EZLN, et d’Amador Her- vernement et l’EZLN afin de garantir les droits et la nandez. Cette région est le théâtre depuis plusieurs culture des populations indigènes. – (AFP.) La Constituante vénézuélienne s’arroge les pleins pouvoirs

SAINT-DOMINGUE sont arrogé le droit de « réorgani- aux yeux de la population. Na- de notre correspondant régional ser » les trois pouvoirs de l’Etat. En guère toute-puissante, la Confédé- Le conflit est désormais ouvert matière de justice, la commission ration des travailleurs du Venezue- entre les deux assemblées véné- créée par la Constituante dispose la (CVT) a longtemps servi de zuéliennes. D’un côté, la Consti- de vingt jours pour enquêter sur courroie de transmission aux diri- tuante, élue en juillet, dominée à plus de 3 000 affaires de corruption geants d’AD et administré une plus de 90 % par les partisans du impliquant des magistrats, qu’elle banque qui a fait faillite, laissant président Hugo Chavez. De l’autre, pourra révoquer. Promis par un passif de près de 4 milliards de le Congrès – Assemblée et Sénat –, M. Chavez durant sa campagne dollars. Accusée de corruption, la élu en 1998, avant le président, où électorale, le nettoyage de la jus- centrale syndicale est menacée de les partis traditionnels sont majori- tice répond au souhait de la popu- « restructuration » par l’Assemblée taires. La Constituante a pris, mer- lation d’un pays où plus de la moi- chaviste. Son président, Federico credi 25 août, un décret dépouil- tié des prisonniers attendent d’être Ramirez Leon, a dénoncé auprès lant le Congrès de ses fonctions jugés. de l’Organisation internationale du législatives, lui interdisant de se travail cette « menace contre la li- réunir en session plénière et n’au- RÉSISTANCE berté syndicale ». torisant que la survie d’une Le Congrès tente aujourd’hui Ces multiples fronts ouverts par commission chargée du suivi bud- d’éviter le sort de la Cour suprême. l’Assemblée retardent sa tâche gétaire. L’opposition a dénoncé un Les parlementaires s’étaient mis en fondamentale, la rédaction de la « coup d’Etat ». vacances au lendemain du raz-de- nouvelle Constitution. D’autre Avant le pouvoir législatif, c’est marée chaviste du 25 juillet. Avant part, le climat d’affrontement poli- le judiciaire qui avait été la cible de que la Constituante ne le leur in- tique permanent et la crainte d’un la Constituante. La démission, terdisent, il avaient décidé, mercre- vide juridique sont peu propices à mardi, de la présidente de la Cour di, de se réunir en session extra- la reprise des investissements, suprême de justice, Cecilia Sosa, il- ordinaire et refusent de se alors que le Venezuela traverse lustre le fossé croissant entre deux disperser. l’une des pires récessions de son logiques juridiques et deux Le président de l’Assemblée histoire. conceptions de la démocratie. Se- constituante, Luis Miquinela, a an- Les excès du discours chaviste ne lon Mme Sosa, la Cour suprême noncé qu’une commission enquê- peuvent qu’alimenter « la cam- « s’est suicidée pour éviter d’être as- terait sur les actes de corruption pagne internationale de dénigre- sassinée ». Malgré l’opposition de commis par les parlementaires. ment » dénoncée depuis quinze sa présidente, le haut tribunal a en- « Le pays peut être sûr que ces délits jours par le président vénézuélien. tériné la création par l’Assemblée seront châtiés, on va en finir avec les Il vient de qualifier de « gigan- constituante d’une commission délits sans délinquants », a déclaré à tesque mensonge » un éditorial pu- chargée de « réorganiser » le pou- la télévision ce vieux militant de blié samedi par le New York Times. voir judiciaire, accusé par le pré- gauche qui passe pour être le men- Le quotidien dénonçait les « déci- sident Chavez d’être un nid de cor- tor du président Chavez. sions jacobines » d’un « potentat vé- ruption. « La Cour a violé l’Etat de Action démocratique (sociale- nézuélien ». Une fois n’est pas cou- droit et avalisé l’ingérence de l’As- démocrate) et Copei (chrétien-dé- tume, l’influente Chambre de semblée constituante au détriment mocrate), qui détiennent, avec le commerce américano-vénézué- de l’indépendance du pouvoir judi- parti conservateur Projet Venezue- lienne (VenAmCham) a pris la dé- ciaire », a dénoncé Cecilia Sosa. la, la majorité au sein du Congrès fense du président. Antonio Herre- Elle a fustigé « la trahison du élu en novembre 1998, affirment ra-Vaillant, le vice-président de Congrès et des partis politiques ». que « le processus démocratique au cette association regroupant les in- Faisant fi d’un arrêt de la Cour Venezuela est à l’agonie ». Mais ces vestisseurs américains, a déclaré : suprême qui avait jugé, au mois partis traditionnels, au pouvoir « Jusqu’à présent aucune liberté pu- d’avril, que la mission de la Consti- pendant près de quarante ans, sont blique n’a été violée et nous n’avons tuante devait se limiter à la rédac- en pleine crise. Accusés d’avoir di- constaté aucun abus de pouvoir. » tion d’une nouvelle Constitution, lapidé l’immense richesse pétro- les membres de l’Assemblée se lière du pays, ils sont discrédités Jean-Michel Caroit LeMonde Job: WMQ2708--0006-0 WAS LMQ2708-6 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0319 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999

FISCALITÉ Alors que le premier de la TVA sur les travaux d’entretien ménages modestes. Il pourrait éga- tien au Monde, que le gouverne- RPR et Démocratie libérale sont fa- ministre s’apprête à rendre ses der- du bâtiment, le gouvernement de- lement faire un geste pour les col- ment utilise les recettes fiscales sup- vorables à une baisse générale du niers arbitrages sur le projet de bud- vrait alléger le poids de la CSG. Pour lectivités locales. b MARC BLONDEL, plémentaires pour « soutenir la taux de la TVA, tandis que l’UDF get pour 2000, les pressions se mul- ce qui est des revenus du patri- secrétaire général de Force ouvrière, consommation » et « répondre aux prône d’abord une réduction des tiplient. En plus d’une baisse ciblée moine, cette mesure favoriserait les réclame de son côté, dans un entre- besoins sociaux ». b À DROITE, le charges sociales sur les bas salaires. Budget 2000 : le gouvernement privilégie des allégements de CSG Soumis à des pressions croissantes sur l’utilisation des recettes fiscales, Lionel Jospin doit arrêter ses choix budgétaires avant le 1er septembre. Il devrait faire un geste pour alléger la CSG et pour aider les collectivités locales

LA CROISSANCE provoque des généralisée (CSG) est ainsi à l’étude. riserait les Français disposant de ner le montant de la CSG en des- penche pour cette solution moins pulation a augmenté, à la baisse appétits, et un ulcère. Confronté à Nombre de socialistes, à plusieurs sources de revenus : ils bé- sous de 40 000 francs de revenus onéreuse, n’a pas encore tranché. pour les autres. Pour éviter que cer- des demandes pressantes de redis- commencer par leur chef de file, néficieraient plusieurs fois de l’abat- annuels du patrimoine, voire à faire Le PS fait pression. « Nous souhaite- taines collectivités ne voient leurs tribution de la part de la gauche, le François Hollande, ne cessent de ré- tement. De plus, un tel allégement des abattements sur les non-impo- rions quelque chose de plus significa- ressources diminuer, le gouverne- ministre de l’économie et des fi- clamer depuis longtemps un geste ne se justifie pas vraiment pour les sables. La deuxième, beaucoup plus tif », déclare Didier Migaud, député ment pourrait donc lâcher entre 1 et nances, Dominique Strauss-Kahn, pour atténuer « les effets politiques salariés. Pour toutes ces raisons, ce économique puisqu’elle coûterait (PS) de l’Isère et rapporteur général 3 milliards de francs supplémen- multiplie depuis des semaines les très négatifs » de la CSG appliquée scénario n’a pas été retenu. quelque 350 millions, serait de rele- de la commission des finances de taires. appels à la modération sur l’air depuis 1998 à tous les revenus (sauf En revanche, selon Matignon, le ver le seuil de recouvrement de la l’Assemblée nationale. Vendredi, les négocations iront d’« il n’y a pas de cagnotte ». Dans pour les minima sociaux et principe d’une exonération limitée CSG de 180 francs, son niveau ac- Le gouvernement pourrait aussi bon train : le premier ministre a une tribune publiée jeudi 26 août l’épargne défiscalisée) et qui rap- au patrimoine a été adopté. Sur tuel, à 400 francs comme c’est le cas faire un geste en faveur des collecti- prévu de réunir les principaux diri- par Libération, M. Strauss-Kahn re- porte désormais plus que l’impôt cette base, le gouvernement a tra- pour l’IR. Problème : une telle me- vités locales, comme l’y incite le PS. geants socialistes au cours d’un pe- vient à la charge en se dépeignant sur le revenu (IR). Le poids de la vaillé sur deux hypothèses. La pre- sure provoque forcément des effets « Ce sont non seulement des acteurs tit déjeuner, avant de se concerter sous les traits « d’un cycliste qui at- CSG s’est révélé lourd pour des re- mière, dont le coût est estimé à plus de seuil : à 401 francs, l’exonération importants pour les emplois-jeunes avec les membres du gouverne- teint le col après une longue mon- traités modestes ou des petits épar- de 2 milliards, reviendrait à plafon- ne joue plus. Le gouvernement, qui mais elles sont surtout devenues le ment. Lionel Jospin devra arbitrer tée » peu désireux, pour « le mo- gnants. Les salariés, eux, ont bénéfi- premier investisseur de France, de- face à M. Strauss-Kahn qui ment de mettre pied à terre ». cié d’une compensation grâce au vant l’Etat », souligne M. Sapin. affiche ses priorités : financer les al- La réduction du déficit doit donc transfert des cotisations maladie sur Bercy dénombre 560 000 emplois créés en deux ans Alors que se profilent les munici- légements de charges promis dans « être poursuivie », sachant qu’il fau- la CSG qui leur a fait gagner 1 % de pales de 2001, les collectivités lo- le cadre des 35 heures et drait « définitivement rompre avec pouvoir d’achat. La croissance a fait naître la majeure partie des 560 000 emplois cales sont confrontées à une situa- poursuivre des baisses ciblées de cette vieille et mauvaise habitude qui « Toucher à la CSG serait une solu- marchands créés en France depuis deux ans. Selon le ministère de tion délicate : la dotation générale TVA. consiste à nous demander comment tion plus juste qu’une réforme de l’économie et des finances, au 30 juin 1999, 420 000 emplois ont été de fonctionnement (DGF) que leur M. Strauss-Kahn milite aussi pour dépenser plus quand les recettes sont l’impôt sur le revenu », estime Mi- créés par l’activité économique. Par ailleurs, les allégements de a attribuée l’Etat en 1998, révisée une nouvelle réduction des droits meilleures qu’il était prévu ». Mais le chel Sapin, secrétaire national du PS charges ont permis la création de 80 000 emplois, et la réduction du depuis à la baisse, doit être corrigée de mutation. Une mesure qui n’en- ministre concède aussi qu’il « faut chargé des questions économiques. temps de travail 40 000. En tenant compte des 150 000 emplois- en 2000. L’inflation ayant été beau- thousiasme pas outre mesure le PS. baisser les impôts et les charges sur le Trois pistes ont été étudiées. La pre- jeunes créés, la France compte désormais 315 000 chômeurs de coup plus basse que prévu, elles Rue de Solférino, on précise aussi travail pour donner de l’air à la nou- mière, déjà envisagée dans le passé, moins qu’en juin 1997. La tendance reste bien orientée pour le sont redevables de plus de 600 mil- qu’il n’y aura pas de demande pour velle croissance, pour continuer à la consisterait à introduire un abatte- deuxième semestre 1999. « Les créations d’emplois marchands, depuis lions de francs. Le recensement a les minima sociaux, laissant cette rendre créatrice d’emplois ou simple- ment de 1 000 francs sur toutes les juin 1997, sont presque cinq fois plus nombreuses que de juin 1995 à aussi changé la donne. La DGF, es- revendication aux Verts et aux ment pour faire bénéficier les Fran- catégories de revenu (salaires, re- juin 1997 et environ dix fois plus fortes qu’en 1993-1994 », se réjouit sentiellement assise sur le nombre communistes. çais du fruit de leurs efforts ». En plus traites, capital). Mais outre le coût Bercy, qui ne manque pas de relever que la France a créé plus d’em- d’habitants, doit normalement être d’une baisse de la TVA, un effort en d’une telle mesure, qui dépasserait plois que tous les autres grands pays européens. L’Allemagne a dé- ajustée dans les trois ans, à la Virginie Malingre direction de la contribution sociale les 10 milliards de francs, cela favo- truit 450 000 emplois en 1997-1998 et l’Italie n’en a créé que 80 000. hausse pour les régions dont la po- et Isabelle Mandraud Le produit de l’impôt sur le revenu devrait augmenter de 6,2 % L’opposition tarde à s’engager dans le débat LES PRÉLÈVEMENTS obligatoires français sont les revenu par mois pour un couple avec deux enfants et VIF dans la majorité, le débat parti, sur le fait que le gouverne- préconise d’utiliser les nouvelles plus élevés de la zone euro – ils représentent 46,1 % du plus de 61 820 francs pour un couple avec trois en- sur l’emploi des marges de ma- ment « aurait pu ne pas augmenter marges budgétaires pour baisser produit intérieur brut –, mais leur niveau s’est stabilisé fants. Ce plafonnement était la contrepartie du réta- nœuvre budgétaires supplémen- les impôts » et « ne pas changer le de manière « générale et uni- depuis 1997. S’agissant de l’impôt sur les revenus de blissement, à la demande des associations familiales, taires dégagées en 1999 n’a pas en- quotient familial ». Lionel Jospin, forme » la TVA de 1 point et pour 1998, dont les avis d’imposition arrivent ces jours-ci du principe d’universalité des allocations familiales, core pris la même ampleur dans qui « s’était engagé à abaisser la engager « une réforme de l’impôt dans les foyers, les recettes sont assez dynamiques de- mises sous conditions de ressources en 1997. L’aban- l’opposition. Au reste, qu’une po- TVA d’une manière globale », de- sur le revenu qui favorise l’initiative puis le début de l’année. Le ministère de l’économie don de cette mesure entraîne, selon Bercy, 4,7 mil- lémique s’ouvre à gauche plutôt vrait « tenir sa parole », a ajouté et encourage les familles ». prévoit qu’il rapportera 322,8 milliards de francs liards de francs de nouvelles prestations, versées à que dans leurs propres rangs M. Devedjian, « à moins que l’on Interrogé à son tour, le président (49,21 milliards d’euros), soit 6,2 % de plus que l’impôt 225 000 familles. change agréablement les respon- n’assiste à une nouvelle fourberie de du groupe UDF de l’Assemblée na- payé en 1998 sur les revenus de 1997. Ce chiffre est en L’abaissement du plafond du quotient familial s’est sables de la droite, à peine ou pas Jospin ». Nicolas Sarkozy, secré- tionale, Philippe Douste-Blazy, es- progression, mais il reste plus de deux fois inférieur accompagné de celui du plafond de la pension alimen- encore rentrés de vacances. Pour- taire général du RPR, devait déve- time que « la surabondance de re- aux recettes de la TVA, et le poids de l’impôt sur le re- taire qu’un ou deux parents peuvent verser à un en- tant, à la veille des derniers arbi- lopper ces critiques, jeudi soir, sur cettes est a priori mal utilisée » par venu est moindre que celui de la CSG. Un foyer fiscal fant majeur. Pour le gouvernement, il s’agissait de trages budgétaires, les dirigeants TF 1. le gouvernement. Mieux vaudrait, sur deux ne paie pas d’impôt sur le revenu. rendre fiscalement neutre le choix de rattacher son en- de droite peuvent d’autant moins José Rossi, président du groupe selon lui, « une réduction drastique Pour ceux qui acquittent cet impôt, son augmenta- fant au foyer, en conservant le bénéfice du quotient tarder à entrer dans la discussion Démocratie libérale de l’Assem- des cotisations sociales en faveur des tion globale, en 1999, résulte d’abord du fait qu’ils ont familial, ou de lui donner son indépendance en lui ver- que le chef de l’Etat leur a indiqué blée nationale, a pour sa part sou- emplois peu qualifiés » consistant à gagné plus d’argent en 1998 : alors que l’activité sant une pension. Dans cette logique, le plafond a été la voie dans son intervention télé- ligné que l’« on ne peut pas unique- exonérer de charge les « trois ou économique a progressé de 3,2 %, l’emploi a repris ramené de 30 330 francs à 20 370 francs. Selon Bercy, visée du 14 juillet. L’insistance de ment raisonner sur un excédent quatre mille premiers francs » des (400 000 créations d’emplois), la masse salariale a aug- la moyenne des pensions alimentaires – 19 540 francs Jacques Chirac à expliquer qu’« il y conjoncturel » en dépit duquel «la salaires les plus bas. Il plaide aussi menté (de 3,9 %), les revenus du capital ont progressé – est inférieure à ce nouveau plafond. Enfin, certains a aujourd’hui énormément d’argent situation financière et budgétaire du pour que des dispositions fiscales (de 7 %). Pour certains contribuables, le gonflement de avantages fiscaux réservés à des catégories profes- qui rentre dans les caisses » avait pays n’est pas brillante ». Le res- favorisent « les entreprises inno- la feuille d’impôt est également imputable aux modifi- sionnelles très précises, comme les journalistes, les pi- d’ailleurs suscité une certaine per- ponsable libéral indique d’ailleurs vantes du secteur de la communica- cations intervenues dans la loi de finances de 1999. lotes ou les hôtesses de l’air, ont été réduits. plexité, à droite, devant cette mise au Monde que le débat à gauche ne tion, car les emplois de demain sont Ainsi, le plafonnement du quotient familial à L’impôt sur le revenu n’est pas le seul prélèvement en valeur de ce qui est d’abord une lui paraît pas exempt d’une part de là ». Il appelle enfin de ses vœux 11 000 francs, contre 16 380 francs précédemment, sur les ménages. Au total, selon Bercy, si l’on ne tient bonne nouvelle pour le gouverne- « mise en scène » qui, au terme des mesures permettant « d’éviter touche 425 000 foyers fiscaux, soit 3 % des contri- pas compte de l’effet du plafonnement du quotient fa- ment. d’un « saupoudrage » budgétaire, que les jeunes s’expatrient pour des buables qui payent un impôt sur le revenu, et rappor- milial, la ponction fiscale et sociale directe sur les par- Le porte-parole du RPR, Patrick permettrait à chaque composante raisons fiscales » en Grande-Bre- tera 3,9 milliards de francs supplémentaires à l’Etat. ticuliers baisse, en 1999, de 8,9 milliards de francs. Devedjian, a donc insisté, mercredi de la majorité de satisfaire sa tagne ou ailleurs. Selon Bercy, les contribuables concernés par cette me- 25 août, après la première réunion propre « clientèle ». Au nom du sure sont ceux qui déclarent plus de 48 200 francs de V. Ma. de la commission exécutive de son parti d’Alain Madelin, M. Rossi Cécile Chambraud Marc Blondel, secrétaire général de Force ouvrière « Il faut utiliser les rentrées fiscales pour faire une politique répondant aux besoins » « Quel bilan tirez-vous de l’ac- nement a trop privatisé ? complètement pour avoir une re- jours un hôpital à proximité s’il lui ar- les heures supplémentaires... tion du gouvernement ? – Je pense qu’il a désocialisé la vie traite, il lui faut une allocation rive quelque chose. L’hôpital va être Qu’est-ce qui, selon vous, doit res- – La politique du gouvernement publique. complémentaire. Nous allons vers le l’un des grands sujets de la rentrée. ter dans le cadre de la négociation subit de plein fouet la mondialisation – Dans l’immédiat, le débat est vieillissement de la société à un ryth- – Vous ne créditez pas le gou- collective ou dépendre de la loi ? et la libéralisation. Les feuilletons de ouvert sur l’utilisation des bonnes me soutenu. Il nous faut un pro- vernement de la création de – Tout le problème de la l’été sont, à cet égard, éloquents : rentrées fiscales. Quelle doit être gramme d’action de dix ans – mai- 100 000 emplois grâce à l’applica- deuxième loi, c’est qu’elle est gé- mégafusions bancaires ou pétro- l’utilisation de ces excédents ? sons de retraite, gérontologie, soins tion de la loi sur les 35 heures ? nérale. Alors qu’il faudrait amorcer lières, effondrement de Daewoo... – Il faut faire du keynésianisme, à domicile... – pour ne pas écarter les – Je ne suis pas d’accord avec les une différenciation selon les sec- Nous sommes dans une incontes- c’est-à-dire soutenir la consomma- retraités de la vie. Tout cela est chiffres annoncés par le ministère. Le teurs d’activités, parce que les be- table période de désocialisation. Est- tion en augmentant les salaires ou contradictoire avec la politique ac- côté propagande du gouvernement soins d’une entreprise de produc- ce par complaisance ou parce qu’on en baissant la TVA. Mais il faut aussi tuelle de restriction des effectifs hos- m’irrite de plus en plus sur ce point. tion ne sont pas les mêmes que ne peut pas faire autrement ? Je utiliser cette relative aisance en ma- pitaliers. Quand je vois que Mme Aubry cite ceux d’une entreprise de m’interroge. tière de rentrées fiscales pour es- – Vous ne partagez pas la volon- l’exemple de deux embauches au commerce, qui a des obligations – Etes-vous inquiet ? sayer de mener une politique qui té de réduire le déficit de la Sécuri- Grand orchestre du Nord, à Lille, fi- d’ouverture pour sa clientèle. Ce – Je suis plus qu’inquiet. Tout cela corresponde aux besoins. C’est la MARC BLONDEL té sociale ? nancées par la modération salariale... travail de nuance, c’est la conven- me conduit à être une gêne pour base même de la conception du so- – Je suis contre la gabegie. Le but Moi, je veux bien, mais c’est la souris tion collective qui permet de le ceux qui devraient être mes propres cial ; je ne parle même pas de socia- ductivité n’est pas du tout la même. n’est pas de gérer de manière défici- qui se prend pour un éléphant. Deux faire, parce qu’elle est négociée par amis. lisme. Quand j’entends des gens af- En termes clairs, cela aura des consé- taire. Mais la Sécurité sociale – par emplois, ce n’est pas négligeable, des gens qui connaissent le terrain. – Vous parlez des socialistes ? firmer qu’il faut désengager l’Etat de quences budgétaires, donc un alour- définition – sera toujours plus ou mais il y a quand même trois millions Ce qui m’ennuie, c’est que Mme Au- – Oui. l’économie, je trouve qu’il est déjà dissement, donc l’inverse de l’orien- moins déficitaire. Le seul moyen de chômeurs. Je crois qu’il y a de très bry ferme les possibilités de diffé- – Concrètement, que repro- drôlement désengagé. Je sais qu’il tation économique annoncée. Je d’éviter le déficit, ce serait de déve- grandes difficultés techniques à faire rences selon les secteurs d’activité. chez-vous au gouvernement ? existe non seulement des secteurs rappelle que, d’ici 2010, il y aura lopper à outrance la médecine pré- la part des emplois dus à la crois- Si le fait de déroger à la norme, en – Je lui reproche, par exemple, de d’activités où il n’y a pas assez de 700 000 départs dans la fonction pu- ventive, ce qui coûterait très cher, au sance, à l’effet d’aubaine avec les cré- meilleur ou en pire, doit conduire se désaissir complètement de l’in- fonctionnaires mais qu’il y en a où blique d’Etat. Or c’est maintenant moins dans un premier temps. Le dits et ceux créés par la réduction de automatiquement à la consulation dustrie dans ce pays, de tout sacrifier l’on ne peut pas appliquer la législa- que l’on peut commencer à mettre problème est surtout de savoir quel la durée du travail. Si on ajoute en du personnel, il n’y a pas beaucoup pour que la compétition et la concur- tion du travail, comme dans l’hospi- en route cette noria de remplace- objectif on fixe à la Sécurité sociale. plus la distinction entre les emplois d’organisations qui vont prendre le rence se fassent au niveau mondial talisation, la pénitentiaire, sans par- ments. S’il s’agit de satisfaire les besoins, créés et les emplois préservés, on ne risque de signer un texte. D’une sans son intervention. Je crois que les ler des enseignants et de la police. » Les retraites posent un pro- alors on comble les déficits quand il y peut pas affirmer qu’il y a eu 100 000 manière globale, la loi sur la réduc- socialistes ont le complexe du rôle de – Au risque d’alourdir à nou- blème comparable. Je l’ai dit à Mar- en a. En l’an 2000, par exemple, une emplois créés sans risquer d’être tion de la durée du travail est une l’Etat. Ils sont plus libéraux dans leur veau les déficits budgétaires ? tine Aubry, fin juillet, quand elle m’a ville, quelle qu’elle soit, doit avoir un contesté. C’est ce que j’ai fait, tout occasion manquée. Ce qui devait comportement qu’ils ne le pré- – Ça va être l’heure de vérité. consulté sur ce sujet : quelqu’un qui hôpital. C’est comme le stade, simplement parce que je me rappelle être la satisfaction d’une revendi- tendent. Le patronat français fait la Dans la fonction publique, par a travaillé toute sa vie doit avoir une comme la caserne de pompiers, que les adeptes de ces statistiques cation apparaît maintenant même erreur : en dénonçant le tout- exemple, le problème de la réduc- retraite ou une pension suffisante comme l’école. Le problème n’est annonçaient la création éventuelle comme un risque. » Etat, M. Seillière [président du Me- tion du temps de travail ne se pose pour être pris en charge ou pour se pas d’avoir de la chirurgie fine dans de 700 000 à 800 000 emplois. Ça, def] fragilise au maximum l’indus- pas comme dans le privé. Pour les prendre en charge jusqu’à sa mort, tous les établissements, mais d’assu- c’est de l’idéologie. Propos recueillis par trie. fonctionnaires, qui sont à la disposi- quels que soient les avatars de la vie. rer aux gens que quand un gosse va – La seconde loi devra trancher Alexandre Garcia – Estimez-vous que le gouver- tion des citoyens, la notion de pro- Celui qui n’aurait pas travaillé jouer au foot le mercredi, il y a tou- sur le SMIC, le travail des cadres, et Caroline Monnot LeMonde Job: WMQ2708--0008-0 WAS LMQ2708-8 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0321 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 FRANCE

Nicolas Sarkozy est considéré au RPR Cinq cents millions de francs comme le principal candidat à la présidence de travaux supplémentaires Les assises prévues en octobre, pour définir un programme, seraient reportées à 2000 sur le « Charles-de-Gaulle » L’« université d’été » des jeunes du RPR, du 27 au ment de tester leur popularité. Face à la candida- Paul Delevoye, François Fillon, Hervé Gaymard, Re- 29 août à Lyon, permettra aux différents candi- ture attendue de Nicolas Sarkozy, les autres naud Muselier et Dominique Perben – cherchent dats, déclarés ou non, à la présidence du mouve- « présidentiables » – Michèle Alliot-Marie, Jean- surtout à se placer dans la future direction. Jacques Chirac visitera le navire le 28 août L’ÉVÉNEMENT risque de blo- ganisation territoriale. Dans l’espoir SELON un document confiden- à niveau technique après essais, quer toute recomposition de la de préserver l’alliance passée avec tiel dont fait état Le Parisien jeudi qui commencera fin septembre, droite, au moins jusqu’au début de les séguinistes en 1997, après l’échec 26 août – il s’agit d’un planning est une investigation globale qui l’an 2000. L’événement, c’est la des législatives et le retrait forcé des travaux établi le 29 juin par la vient compléter les 6 000 observa- compétition ouverte devant les mi- d’Alain Juppé, le secrétaire général direction des constructions na- tions ou réserves déjà enregistrées litants, pour la première fois sous la du RPR a par ailleurs maintenu vales (DCN) de Brest –, une série au cours des essais précédents. A Ve République, pour la présidence François Fillon, député de la Sarthe, d’interventions sur le porte-avions ce jour, 5 000 d’entre elles ont été du mouvement gaulliste. Le 13 dé- dans ses fonctions de conseiller po- nucléaire Charles-de-Gaulle vont « traitées », c’est-à-dire qu’une cembre 1998, l’élection de Philippe litique. Pour autant, M. Sarkozy commencer, fin septembre, pour solution a été apportée aux défail- Séguin à la tête du RPR – qui, déjà, n’entend pas rompre de sitôt le une remise à niveau technique lances constatées. n’était pas une mince affaire – avait jeûne médiatique qu’il s’impose de- après les premiers essais du Ra- Comme ce fut déjà le cas pour le eu une moindre portée dans la me- puis la fin juin. fale, du Super-Etendard amélioré porte-avions Clemenceau, dont le sure où l’heureux élu avait été, fi- S’il a accepté l’invitation de TF 1 (SEM) et de l’avion de guet aérien pont d’envol dut être modifié, à la nalement, candidat unique. Cette au journal de 20 heures de jeudi, Hawkeye, qui viennent d’avoir lieu fin des années 50, pour pouvoir fois, il sont une demi-douzaine, dé- c’est à la condition de ne parler que à son bord. Jacques Chirac visite- accueillir des avions Crusader clarés ou non, sur la ligne de départ, du projet de loi de finances. Il n’a ra, samedi, le porte-avions, qui a achetés par la France aux Etats- et cette perspective en a inquiété pas davantage dévoilé ses inten- été mis en chantier en novembre Unis, le pont d’envol et d’appon- plus d’un, mercredi 25 août, lors de tions lors de la réunion de la 1987 et qui devrait, en principe, tage du Charles-de-Gaulle sera, lui la première réunion de la nouvelle commission exécutive du RPR. Tout être déclaré opérationnel à l’été aussi, remanié. Cette réfection commission exécutive du RPR, juste, son porte-parole, M. Deved- 2000 après de nouveaux essais à la concerne deux opérations : un nommée début août par Nicolas jian, a-t-il laissé tomber au terme de mer. agrandissement de la piste – de Sarkozy. cette réunion que «M.Sarkozy Au total, les réparations à venir 4,40 mètres, au total, pour un pont « Pas d’agression, pas d’attaque, pourrait faire un bon candidat » devraient, en plusieurs périodes, initial de 261,5 mètres de long et nous espérons un débat d’idées afin pour la présidence du mouvement. prendre vingt-sept semaines. Elles 64,4 mètres de large – destinée d’ouvrir un débat intellectuel qui a Le même jour, un autre député a sont estimées à quelque 500 mil- aux manœuvres, dans des condi- besoin d’être largement rénové », a appelé M. Sarkozy à revenir sur lions de francs, une somme qui tions extrêmes, de l’avion de guet recommandé le porte-parole du membres du bureau politique, se- Bouches-du-Rhône, et tous ceux l’engagement qu’il avait pris le doit s’ajouter aux 19,5 milliards de aérien américain Hawkeye en RPR, Patrick Devedjian, après avoir rait ainsi évité. De nouveaux argu- qui ont laissé filtrer dans la presse 14 juin de ne pas être candidat à la francs (2,97 milliards d’euros) re- bout de course ; une protection indiqué que « tous les candidats qui ments, d’ordre financier, ont été leur intérêt pour la présidence du présidence du RPR. Il s’agit de Jean- présentant le coût du Charles-de- spéciale de ce pont dont la pein- se sont déclarés participeront à l’uni- avancés lors de la réunion de mer- mouvement, Michèle Alliot-Marie, Michel Ferrand, député du Vau- Gaulle sans ses armes embarquées ture est abrasée par les catapul- versité d’été » prévue du 27 au credi pour plaider en faveur d’un tel Jean-Paul Delevoye, Hervé Gay- cluse, proche de Charles Pasqua, (avions, hélicoptères et missiles tages et les gaz des tuyères rejetés 29 août à Lyon. Il reviendra en fait report : l’organisation des assises mard, Dominique Perben (lire ci- mais qui a fait le choix jusqu’à ce antiaériens). Ce coût actuel de par les avions à l’envol. au bureau politique, début sep- coûterait de 8 à 10 millions de dessous), animeront l’un ou l’autre jour de rester au RPR. Jeudi matin, 19,5 milliards est déjà supérieur de A la DCN de Brest, on considère tembre, d’arrêter avec précision le francs, l’élection du président 3 des forums de discussion. Le plus Pierre-André Périssol et Eric Raoult 15 % au devis. que ces interventions font partie calendrier et les modalités de la millions. Or, compte tenu de la prisé sera sans nul doute, samedi ont pris le relais. D’autres appels de Pour l’essentiel, les travaux sup- de l’exécution normale du pro- campagne interne dans les fédéra- double campagne menée dans un 28 août, celui qui sera consacré à la ce type sont attendus dans les pro- plémentaires devraient porter sur gramme des essais du Charles-de- tions départementales. La date-bu- premier temps par M. Séguin puis modernisation de la vie politique et chains jours. Ainsi, avant même de des modifications de la piste d’en- Gaulle, qui est en quelque sorte un toir pour le dépôt des candidatures, par M. Sarkozy, les européennes à la reconstruction du RPR. Toute- déclarer formellement sa candida- vol, sur les moteurs électriques qui prototype puisque la France, si qui doivent être accompagnées de ont coûté plus cher que prévu fois, après la trêve estivale, respec- ture – pas avant la mi-septembre –, activent les pompes de la chau- elle a construit des sous-marins quelque 2 500 signatures de mili- (43,4 millions de francs). Du coup, tée comme jamais, le début de la M. Sarkozy se pose en garant de dière nucléaire et sur la radio-pro- nucléaires, n’avait jamais conçu de tants, devrait être fixée au 4 octo- l’exercice 1999 devrait se solder compétition ressemble à une l’unité du mouvement. tection des deux réacteurs de pro- porte-avions nucléaire et n’a bé- bre, ce qui permettrait d’avancer la pour le RPR par un déficit de l’ordre course de lenteur. Après l’initiative Les autres prétendants, qui ne pulsion afin de satisfaire à de néficié d’aucune aide extérieure, date d’un éventuel deuxième tour de 13 millions de francs. En 2000 en jugée malheureuse de M. Muselier, doutent pas des ambitions de nouvelles normes de sécurité en sauf pour ce qui est du système de de scrutin, initialement prévu pour revanche, aucune élection n’est pré- le 26 juin, il s’agit pour chacun des M. Sarkozy, se préparent déjà à Europe applicables à partir de mai catapultage à vapeur, acquis au- le 19 décembre. vue ; le mouvement serait donc un candidats potentiels de ne pas se cette offensive. Certains d’entre eux 2000. Ces aléas techniques ont été près de la marine américaine. Du même coup, le bureau poli- peu plus à l’aise sur le plan finan- découvrir trop vite. peuvent espérer négocier le poste identifiés lors des premiers essais, tique pourrait être amené à décider cier. Très habilement, M. Sarkozy les a de secrétaire général pour prix de au début de l’année. Cette remise Jacques Isnard le report en 2000 des assises, pré- Dans ce contexte, les journées tous intégrés à la commission exé- leur retrait. M. Gaymard souhaite vues en octobre, qui devaient arrê- parlementaires de la fin septembre cutive. Mme Alliot-Marie a reçu en ouvertement qu’il n’y ait qu’«une ter un programme de gouverne- et, dans un premier temps, l’« uni- charge la préparation des élections, seule candidature de renouveau, ment. Le chevauchement du débat versité d’été » de Lyon serviront M. Delevoye la décentralisation et moins professionnelle, plus sponta- L’ONU approuve l’évolution de fond et de la course à la prési- donc de banc d’essai au débat dé- la solidarité, M. Gaymard le projet née » face à M. Sarkozy. dence, qui a toujours suscité beau- mocratique. L’unique candidat dé- social, et M. Perben la réforme de coup d’hostilité chez une partie des claré, Renaud Muselier, député des l’Etat, la fonction publique et l’or- Jean-Louis Saux de la Nouvelle-Calédonie CHEF de la mission d’observation de l’ONU en Nouvelle-Calédonie, Peter Donigi a déclaré, mardi 24 août à Nouméa, que le processus de décolonisation engagé par l’accord du 5 mai 1998 « satisfait pleine- Les autres prétendants jouent les modestes ment » aux attentes des Nations unies. « La Nouvelle-Calédonie a CHUT ! Personne n’est en campagne pour Aujourd’hui, les candidats potentiels annonce déjà « 2 500 signatures dans trente choisi un processus qui, sur une période de quinze ou vingt ans, mènera la présidence du RPR. Mis à part le député adoptent un profil bas. M. Delevoye n’est départements », le compte est bon. «A ma à un référendum d’autodétermination et, de ce point de vue, elle satisfait Renaud Muselier (Bouches-du-Rhône), qui a « pas attentif à tout ça ». Seul compte, aux connaissance, personne n’est en campagne, mis pleinement aux attentes du Comité des vingt-quatre sur la décolonisa- officialisé sa candidature au début de l’été, les yeux du sénateur du Pas-de-Calais, président à part Nicolas Sarkozy, qui est en train d’instal- tion », a affirmé M. Donigi, ambassadeur et représentant permanent autres prétendants – Jean-Paul Delevoye, Do- de l’Association des maires de France, l’avenir ler ses batteries rue de Lille », observe Ros- de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à l’ONU, au terme d’un entretien minique Perben, Hervé Gaymard, Michèle Al- du RPR, dont il a parlé en tête à tête avec leyne Bachelot (Maine-et-Loire). « Il ne veut avec le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, liot-Marie et François Fillon – sont au- Jacques Chirac, au début de l’été. « L’universi- pas le dire, mais il ira », confirme un dirigeant Thierry Lataste. La mission de l’ONU a aussi rencontré le président du jourd’hui fort discrets sur leurs intentions. té d’été du RPR ne permettra pas d’y voir plus gaulliste, à propos du maire de Neuilly, avant RPCR, le député (RPR) Jacques Lafleur, et celui du FLNKS, Roch Wa- Qu’importe si la presse a donné l’impression, clair. En aucun cas ces journées ne sauraient d’ajouter : « Si Perben y va, Gaymard n’ira mytan, et invité le nouveau gouvernement local, présidé par Jean en juillet et en août, que la « guerre de suc- être une tribune pour la présidence du parti », pas », comme si les candidats allaient négo- Lèques (RPCR), à venir s’exprimer devant le comité de décolonisation cession » à la tête du RPR était ouverte, après affirme M. Delevoye, qui ira à Lyon, à la fin de cier un désistement contre une autre respon- de l’ONU. la démission de Nicolas Sarkozy, au lende- la semaine, « se fondre parmi les jeunes ». sabilité au sein du parti (lire ci-dessus). main de son échec aux européennes. Ainsi, Tout juste ajoute-t-il qu’« il y a une forte at- La candidature de François Fillon ? Le dé- DÉPÊCHES pour Valeurs actuelles (du 31 juillet), MM. Per- tente de la part de l’électorat ». « En militant, puté de la Sarthe pourrait y renoncer à la fa- a DROITE : Charles Millon, président de La Droite, qui s’adressait ben, Gaymard et Delevoye incarnaient-ils le cadre – ou président si je suis candidat –, je me veur d’un gentlemen’s agreement entre Ni- aux quelque 170 responsables de son mouvement réunis à Reims « tiercé du renouveau » ; le 18 août, sur RTL, ferai un devoir d’y répondre », dit-il. M. Gay- colas Sarkozy et Philippe Séguin, au terme (Marne), mardi 24 et mercredi 25 août, pour un « forum d’été », a dé- M. Delevoye, président de la puissante Asso- mard, qui, au retour des vacances, a trouvé duquel ce dernier apporterait son soutien claré qu’il était prêt à rejoindre le « premier parti de droite qui pren- ciation des maires de France, dessine le por- « beaucoup de messages de soutien » dans son au premier. Quant à M. Muselier, « il a sur- drait l’initiative de créer une force de gouvernement et d’alternance ou- trait-robot du « futur président du RPR » ; Le courrier électronique, prendra sa décision dé- tout voulu secouer le cocotier », juge un dé- verte aux courants ». Philippe Mathot, ancien député DL aujourd’hui Figaro du 16 juillet brosse le portrait de « Mu- finitive aux alentours du « 10-15 septembre ». puté balladurien. Enfin, Mme Alliot-Marie est délégué général de La Droite, ne dissimulait pas vouloir faire « affaire selier la cigale », et Marianne, quelques jours Au RPR, plus personne ne sait vraiment qui une « bonne candidate », mais il lui sera dif- avec Charles Pasqua » et son Rassemblement pour la France. Le dépu- plus tard (27 juillet), consacre l’adjoint au ira jusqu’au bout de la bataille. Sachant que, ficile de percer dans ce parti pas vraiment té RPR Jacques Myard, le secrétaire général adjoint du groupe Union maire de Marseille « schpountz du RPR », en pour être investi, chaque candidat doit réunir féministe. pour l’Europe des nations à Strasbourg, Pierre Monzani, et le député référence au héros provençal de Marcel Pa- près de 2 500 signatures d’adhérents dans UDF Renaud Dutreil ont assisté à ce forum. gnol. Etc. vingt départements. Pour M. Muselier, qui Clarisse Fabre a MÉDICAMENTS : les remboursements de médicaments, hors hospitalisation, ont augmenté de 8,1 % en 1998 pour le régime géné- ral, notamment à la suite du développement des prescriptions des médecins non libéraux, indique une étude publiée, mercredi 25 août, par la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). Si l’on prend La « rentrée » des Verts : contradictions et mises au point également en compte les deux autres principaux régimes couvrant le LORIENT (Morbihan) qu’une décision favorable à la par exploser ». Dès son arrivée, qu’il en soit organisé un. Je voulais secteur agricole (MSA) et les indépendants (Canam), la hausse des de notre envoyée spéciale commande d’une nouvelle généra- mercredi, Daniel Cohn-Bendit a ex- faire comprendre que nous souhai- dépenses de remboursements a été limitée à 7,4 %, compte tenu Depuis le mardi 24 août, les tion de réacteurs nucléaires entraî- pliqué, à son tour, que les « me- tons un large débat public sur le nu- d’une faible évolution (+ 1,9 %) pour le régime agricole. « journées d’été » des Verts, à Lo- nerait la rupture de la majorité naces » ne servent à rien, ren- cléaire. » a COMMÉMORATION : Lionel Jospin a célébré le cinquante-cin- rient, ressemblent à une sorte de « plurielle », les responsables éco- voyant ainsi dos à dos les amis de « C’est vrai, reconnaît M. Ben- quième anniversaire de la libération de Paris en recevant, mercredi festival d’Avignon où les spectacles logistes n’ont cessé de s’exprimer. la ministre et M. Mamère. Souli- nahmias, il y a une bonne douzaine 25 août, à l’hôtel Matignon, Henri Rol-Tanguy, âgé de quatre-vingt- les plus passionnants et les plus pri- Encore tout gonflés de leur résultat gnant que contrairement à ce de paroles autorisées chez les Verts, onze ans, figure communiste de la Résistance, qui commandait les sés ne seraient pas forcément ceux aux européennes (9,72 %), ils se qu’affirmait un sous-titre du Monde mais tout le monde sait que c’est moi FFI de la région parisienne. Ce dernier s’est ensuite rendu à la céré- qui se jouent dans le cadre officiel, sont dit que jusqu’au discours de du 26 août, il n’a, lui, jamais lancé qui dirige le parti. » Pas évident, en monie organisée par le maire de la capitale, Jean Tiberi, devant l’an- celui du Palais des congrès. Autour Lionel Jospin, dimanche, à la fin de d’« ultimatum » à M. Jospin, le chef réalité : en faisant de Mme Voynet cienne gare Montparnasse, place du 18-Juin-1940. de la « cour d’honneur », où les l’« université d’été du PS », à La de file des Verts aux européennes a son interlocutrice unique, alors troupes répertoriées se succèdent à Rochelle, le temps médiatique était expliqué : « Quand on menace de qu’elle a renoncé dès son arrivée la tribune, c’est à la brasserie Key à eux. Résultat : « C’est simple, sortir, il faut savoir comment on va avenue de Ségur à son poste de Largo ou à la crêperie Les Salines, à confie l’économiste et nouveau dé- rentrer. Il faut dire si on est content porte-parole des Verts, M. Jospin la plage et, surtout, dans la presse, puté européen Alain Lipietz, je dé- ou pas. On ne menace pas de sortir, sait bien qu’il a, d’une certaine ma- qui fait et défait les réputations, barque de Sardaigne et je ne on sort. Et je ne vois pas pourquoi les nière, piégé la ministre, reléguant que la parole « verte », foisonnante comprends rien. » Verts sortiraient aujourd’hui. » dans l’ombre la direction du parti. et luxuriante, volontiers contradic- Dominique Voynet a tenté, mar- Un peu plus tard, Mme Voynet Certains, comme M. Hascoët, vont toire, fait sa rentrée politique. di, de reprendre la main (Le Monde donnait une conférence de presse réclamer de nouveau une réforme Ultimatum sur le nucléaire pour du 26 août). Elle a appelé ses pour expliquer qu’en demandant, des statuts, avec un porte-parole les amis de Dominique Voynet, ul- troupes au calme et, d’une certaine la veille, un référendum sur le nu- unique et une direction politique timatum sur la proportionnelle manière, au silence, les mettant en cléaire, elle ne réclamait pas une resserrée. Chez les Verts, une ré- pour Noël Mamère : depuis que, garde contre ceux qui « espèrent consultation formelle des Français. forme de ce genre doit être adop- profitant des vacances du secré- que les Verts finiront bien par faire, à « En utilisant ce mot, alors que je tée avec 75 % des voix. Autant dire taire national des Verts, Jean-Luc leur tour, leur congrès de Rennes et sais très bien que le référendum est que c’est perdu d’avance. Bennahmias, Denis Baupin a expli- que, comme cela s’est passé avec le réservé, en France, aux questions ins- qué à Libération (daté du 19 août) PSU, Lalonde et Waechter, ils finiront titutionnelles, je ne demandais pas Ariane Chemin LeMonde Job: WMQ2708--0010-0 WAS LMQ2708-10 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0323 Lcp: 700 CMYK

10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999

SANTÉ Selon l’Institut national ce qu’inhalent véritablement les une bouffée de 35 ml toutes les mi- les taux de goudrons sont multi- santé, Dominique Gillot, estime de la consommation (INC), les taux fumeurs. b L’INC CONTESTE les pa- nutes. S’appuyant sur des études, pliés par deux, voire par sept pour que « si ces résultats s’avèrent de nicotine et de goudrons indi- ramètres retenus pour les mesures l’INC estime qu’il faut prendre en certaines cigarettes ultra-légères. exacts, ils seraient de nature à re- qués depuis 1991 sur les paquets de par la norme internationale, qui compte des bouffées de 45 ml b DANS UN ENTRETIEN AU mettre en cause la norme actuelle- cigarettes ne correspondent pas à postule que chaque fumeur tire toutes les 30 secondes. Dans ce cas, MONDE, la secrétaire d’Etat à la ment en vigueur. » Controverse sur les taux de nicotine et de goudrons des cigarettes Une étude de l’Institut national de la consommation (INC) indique que les fumeurs inhalent deux à sept fois plus de goudrons et de nicotine que ce qui est imprimé sur le paquet. L’INC, qui conteste la norme internationale, a défini pour ces analyses de nouveaux paramètres

PLACÉS depuis plusieurs an- nées à côté du message « Fumer Des taux de nicotine et de goudrons parfois 7 fois supérieurs à ceux indiqués sur le paquet nuit gravement à la santé », les chiffres qui, sur chaque paquet CIGARETTES NORMALES CIGARETTES LÉGÈRES CIGARETTES ULTRALÉGÈRES de cigarettes, indiquent les taux 28

de goudron et de nicotine − deux 28,70 27,70 27,70 des substances les plus 27,30 toxiques − ne correspondent pas 21,60 à ce qu’inhalent réellement les 21,40 19,90

fumeurs : telle est la conclusion 18,70 d’une étude conduite par l’Insti- tut national de la consommation 11,20 12 12 12 12 12 12,30 12,10

(INC) et publiée dans le numéro 10 9,82 8 8 de septembre du mensuel 60 mil- 8,90 lions de consommateurs. 7,15 1,98 1,90 1,98 1,59 4,99 1,85 4,90 1,75 1,52 1,26 1,35 1,14 1,31 0,80 0,80 1,01 0,98 0,89 0,80 0,90 0,90 0,79 0,65 0,90 0,70 0,60 0,69 0,70 3,80 0,49 0,44 0,39 0,26 0,19 0,09

Depuis un arrêté de 1991, pris 0,08 2,60 en application de la loi Evin de GAULOISES ROYALE MARLBORO PETER WINSTON GAULOISES ROYALE MARLBORO PETER WINSTON GAULOISES ROYALE MARLBORO PETER WINSTON lutte contre le tabagisme et l’al- brunes filtre extrême STUYVESANT filters légères super medium STUYVESANT lights ultra ultra lights STUYVESANT ultra coolisme et signé par Bruno Du- filter légère extra lights légères légère ultra lights lights rieux, alors ministre délégué à la santé, la mesure des taux en ni- NICOTINE GOUDRONS cotine et de goudron, deux subs- TENEURS ANNONCÉES SUR LE PAQUET (en mg) TENEURS ANNONCÉES SUR LE PAQUET (en mg) tances résultant de la consom- TENEURS MESURÉES PAR TENEURS MESURÉES PAR mation des cigarettes et « 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS » (en mg) « 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS » (en mg) absorbées par l’organisme des fumeurs, sont « imprimées sur la Source : « 60 millions de consommateurs », septembre 1999 tranche latérale des paquets de ci- ment lisibles sur fond contrastant, pondent pas aux concentrations fumeur prend une bouffée de ci- de 28 secondes, ce qui représente rait 15,5 bouffées et avalerait garettes, en caractères parfaite- de façon à couvrir au moins 4 % de de goudron et de nicotine pré- garette de 35 ml toutes les mi- quasiment le double de la norme 868 ml de fumée, soit 37 % de la surface correspondante ». Le sentes dans le tabac mais à celles nutes. Or, l’INC affirme que dix- ISO. plus qu’une cigarette normale. texte précise que ces dosages qui seront inhalées par le huit études montrent que le vo- D’autres études auraient dé- Forts de ces éléments, les res- Les fabricants doivent être effectués par le La- consommateur lorsqu’il fumera. lume de la bouffée de cigarette se montré, selon l’INC, que les ciga- ponsables de l’Istitut national de boratoire national d’essais et La mesure des taux dépend donc situe entre 21 et 66 ml, soit une rettes légères inciteraient le fu- la consommation ont, pour la dénoncent qu’en cas de contestation par le du comportement des fumeurs, moyenne de 43 ml, ce qui repré- meur à prendre des bouffées plus première fois, fait analyser par producteur, le commerçant ou l’exposition aux substances sente 8 ml de plus que la norme nombreuses afin de maintenir sa un laboratoire spécialisé étran- l’« arbitraire » « une association reconnue d’utili- toxiques étant directement liée ger quinze marques de cigarettes té publique ayant pour objet la au nombre et au volume des appartenant aux quatre princi- S’exprimant au nom de l’en- lutte contre le t abagisme », de bouffées. Or, l’Institut national « Les appellations “légères” paux fabricants. Reprenant des semble des industries du tabac, le nouveaux dosages doivent être de la consommation conteste les données établies par une étude Centre de documentation et d’in- réalisés. paramètres de la norme interna- ou “ultra-légères” sont des tromperies. de l’université du Massachusetts, formation sur le tabac (CDIT) a Aujourd’hui, l’Institut national tionale ISO 3308 à laquelle on a les analyses ont porté sur cent ci- souligné, jeudi 26 août, que les fa- de la consommation ne conteste aujourd’hui recours pour éva- Ces appellations devraient être interdites » garettes de chaque marque. Ils bricants de tabac « appliquaient la pas les résultats des dosages ef- luer, a priori, l’exposition des fu- ont retenu, pour cette étude, des réglementation en vigueur ». Le fectué par le Laboratoire natio- meurs aux deux toxiques conte- Gérard Dubois, expert auprès de l’OMS paramètres comportementaux CDIT rappelle que les teneurs en nal mais la méthodologie qu’il nus dans la fumée du tabac. « beaucoup plus proches, selon goudrons et en nicotine sont « vé- met en œuvre. Contrairement à Selon 60 millions de consomma- eux, de la réalité ». L’intervalle rifiées au moins deux fois par an une idée répandue, y compris teurs, cette norme qui est « forte- officielle. Selon elle, le temps sé- dose de nicotine : le fumeur entre deux bouffées a finalement par un laboratoire officiel français, chez les médecins spécialistes de ment inspirée par les fabricants de parant deux bouffées de ciga- d’une cigarette normale tirerait été fixé à trente secondes (au lieu le Laboratoire national d’essais, un la lutte contre le tabac, les indi- tabac » « se révèle bien éloignée rettes a en outre été estimé, par 12,5 bouffées et avalerait 546 ml des 60 secondes de la norme in- organisme public, donc indépen- cations imprimées sur les pa- des habitudes réelles et actuelles vingt-quatre études, entre 18 et de fumée par cigarette, alors que ternationale ISO) et le volume dant de l’industrie du tabac », qui quets de cigarettes ne corres- des fumeurs ». Elle postule que le DOMINIQUE64 secondes, GILLOT soit une moyenne celui d’une cigarette légère tire- d’une bouffée a été établi à 45 ml met en œuvre la norme ISO, «la (au lieu de 35 ml pour la norme seule internationalement re- ISO). Enfin, la moitié du papier connue ». 60 000 décès prématurés par an quelques années, certaines phénomènes (élévation de la qui entoure le filtre des cigarettes « Il reste que les fumeurs ne fu- cigarettes − les Boyard maïs − pression artérielle, accélération du a été obturé avec du scotch afin ment pas tous de façon identique. Il b Mortalité. Selon les données l’augmentation de la mortalité liée pouvaient dépasser 30, voire pouls, augmentation du travail de tenir compte du fait qu’avec en va de même des conducteurs de épidémiologiques, la à la consommation de tabac atteindre 40 mg. L’inhalation de la cardiaque et des besoins en leurs doigts, leur salive et leurs voiture, qui ne conduisent pas tous consommation de tabac est, durera encore plusieurs fumée, dans laquelle le principal oxygène) qui peuvent conduire, lèvres, les fumeurs colmatent de la même façon et qui font ainsi chaque année en France, décennies, les femmes payant un agent cancérigène est le de manière chronique ou aiguë, à une bonne partie de la porosité varier la consommation de carbu- responsable d’environ 60 000 tribut de plus en plus lourd aux benzopyrène, augmente le risque de de graves accidents. du papier-filtre, empêchant de la rant de leur véhicule par rapport décès prématurés, soit, affections dues au tabagisme. cancer du larynx, des bronches et de b Oxyde de carbone. Cette sorte l’évacuation d’une part non aux tests. La méthode en vigueur globalement, de plus d’une mort Elles concernent, pour l’essentiel, la vessie. molécule, présente dans la fumée négligeable de composés permet bien au consommateur de sur dix. C’est dans la population la cancérologie, la pneumologie et b Nicotine. Cette substance, qui se des cigarettes, est rapidement toxiques. faire un choix en mettant à sa dis- âgée de quarante-cinq à la médecine cardio-vasculaire. trouve à l’origine du phénomène de absorbée dans les alvéoles Les résultats sont homogènes position les résultats des tests d’un soixante-quatre ans que le poids b Goudrons. Ces substances dépendance au tabac, est aussi pulmonaires. Elle se fixe sur autant qu’édifiants. Ils mettent organisme public, selon une procé- sanitaire du tabagisme est le plus (benzopyrène) sont responsables directement responsable des l’hémoglobine et réduit le en lumière une situation para- dure normalisée, officielle et important : près de 25 % des décès de l’action cancérigène du tabac. complications vasculaires. transport de l’oxygène par le doxale et inquiétante d’un point constante. Elle est donc préférable masculins sont situés dans cette Aujourd’hui, aucune cigarette ne L’augmentation de la concentration sang. C’est là une cause de vue sanitaire : pour les ciga- au recours à des moyens de contrôle tranche d’âge. Les peut dépasser le taux de en nicotine dans le sang du fumeur importante de maladie rettes légères, voire ultra légères, non certifiés, voire arbitraires. » épidémiologistes estiment que 12 milligrammes, alors que, il y a induit en effet différents coronarienne. les distorsions entre les résultats officiels obtenus par le Labora- toire national d’essais avec la Dominique Gillot, secrétaire d’Etat à la santé et à l’action sociale norme ISO 3308 et ceux qui ont été obtenus, avec les nouveaux paramètres, par le laboratoire « Notre objectif est de faire reculer la consommation globale de 5 % par an » mandaté par l’INC sont les plus forts. La démonstration est parti- « Quelle analyse faites-vous – Si ces résultats s’avèrent sera poursuivi l’année prochaine. des substituts nicotiniques seront culièrement claire dans les des résultats de l’enquête réali- exacts, ils seraient de nature à re- Une campagne nationale d’infor- délivrés gratuitement dans les gammes Gauloises, Winston, Pe- sée par 60 Millions de consomma- mettre en cause la norme mation est menée par le Comité centres d’examen de santé de la ter Stuyvesant et Royale ; dans ce teurs ? ISO 3308 actuellement en vigueur français d’éducation pour la santé Cnamts. Ces produits seront dis- dernier cas, le consommateur – Cette enquête a déjà le mérite dans de nombreux pays et plaide- à destination des préadolescents ponibles dans les établissements d’« ultra légères » absorberait de rappeler les dramatiques raient en faveur de l’indication de d’une part et des femmes d’autre de santé et mis en vente libre en onze fois plus de goudron et conséquences sanitaires de la la teneur en monoxyde de car- part. Les méfaits du tabagisme pharmacie dès janvier prochain. 4,9 fois plus de nicotine que ce consommation de tabac. Je ne bone sur les paquets de ciga- sur le fœtus, le nourrisson, le La prise en charge médicale spé- que laissent supposer les indica- suis pas persuadée que les fu- rettes. Toute norme est soumise à jeune enfant seront exposés par cialisée des personnes dont le se- tions officielles. meurs étudient avec attention la évolution. Je me félicite de tout les médecins et les sages-femmes vrage s’avère difficile doit être « Il nous faut dès maintenant ti- teneur en goudrons et en nicotine ce qui peut informer la popula- lors de la nouvelle consultation renforcée. rer les leçons de ce travail original indiquée sur le paquet de ciga- tion des méfaits du tabagisme, individuelle de préparation à la » Enfin, le premier ministre a et très bien conduit, souligne le rettes. Ils sont nombreux à igno- responsabiliser les fabricants naissance. Les médecins favorise- confié au député Alfred Recours professeur Gérard Dubois (CHU rer que les teneurs indiquées cor- d’un produit particulièrement ront les démarches de sevrage. la mission d’examiner les moyens d’Amiens), expert auprès de respondent aux quantités dangereux à l’origine de la mort Deux cent cinquante emplois- de réduire la consommation des l’OMS en matière de lutte contre inhalées et à rester dans l’illusion d’un consommateur régulier sur DOMINIQUE GILLOT jeunes vont être créés pour ren- tabacs, en particulier par des me- le tabagisme. Il est clair que les d’une faible toxicité des cigarettes deux, et surtout prévenir le taba- forcer les actions de promotion sures relatives à leur prix et à leur mentions légales concernant gou- légères, souvent considérée gisme chez les jeunes. les fumeurs à arrêter et pour dis- de la santé en milieu urbain défa- fiscalité. Son rapport doit être re- dron et nicotine ne correspondent comme un moindre mal, un alibi Quelles actions concrètes le suader les jeunes de fumer. vorisé. Ces jeunes seront formés mis à la fin du mois de septembre. pas à la vérité et que les appella- pour ne pas arrêter. L’enquête gouvernement de Lionel Jospin » Le gouvernement a présenté et encadrés par les spécialistes du Nous en tirerons toutes les tions “légères” ou “ultra-légères” s’appuie sur une méthode nou- compte-t-il conduire dans le do- en mai un plan de lutte qui Comité français d’éducation pour conséquences. Je rappelle que sont des tromperies. Ces appella- velle d’étude du « fumage », qu’il maine du tabagisme ? constitue pour moi une priorité. la santé. nous avons déja pris des mesures tions devraient être interdites, ne est nécessaire d’évaluer avec ri- – La lutte contre le tabagisme, Son objectif est de faire reculer » Le gouvernement mobilise en ce sens en augmentant les prix serait-ce que parce qu’elles gueur. Les résultats seront analy- ennemi numéro un de la santé d’ici trois ans la consommation l’administration et les établisse- des produits du tabac de 5 % en conduisent des fumeurs souhaitant sés avec attention, particulière- publique, est une priorité natio- globale de 5 % par an, de dimi- ments publics et organismes dont moyenne au 1er janvier dernier. Le en finir avec le tabac à consommer ment en ce qui concerne la forte nale. Je vous rappelle que notre nuer d’un tiers le nombre de fu- il a la tutelle en faveur de l’appli- plan triennal de lutte contre la des produits qui les exposent à un distorsion observée avec les ciga- pays est particulièrement touché meurs chez les adolescents et de cation stricte de la loi relative à la toxicomanie et de prévention des risque égal ou plus grand que celui rettes légères. par ce fléau qui fauche 70 000 moitié le nombre de fumeuses lutte contre le tabagisme (loi dépendances démontre la volon- des cigarettes « normales ». Non Quelle suite donnerez-vous à personnes chaque année. On pré- parmi les femmes enceintes, dont Evin). Je serai particulièrement té du gouvernement de lutter seulement les fabricants trompent la demande de l’Institut national voit près de 150 000 décès par an les enfants à naître sont parti- attentive aux actions spécifiques contre l’ensemble des dépen- ces fumeurs mais en proposant de la consommation de réviser dans une génération et une multi- culièrement exposés. Le budget qui vont être menées en milieu dances, y compris bien sûr le ta- une alternative artificielle ils les la norme internationale et d’im- plication par dix des décès fémi- de la lutte contre le tabagisme a scolaire et dans les lieux accueil- bagisme. » maintiennent dans une situation poser une mention obligatoire nins. Cette hécatombe ne sera été multiplié par cinq en deux ans lant du public, où l’interdiction de dépendance. » sur le taux de monoxyde de car- que partiellement évitée par (26,5 millions de francs en 1997 et de fumer est peu respectée. Afin Propos recueillis par bone ? notre combat actuel pour aider 130 millions en 1999). Cet effort de faciliter le sevrage tabagique, Jean-Yves Nau J.-Y. N. LeMonde Job: WMQ2708--0011-0 WAS LMQ2708-11 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0324 Lcp: 700 CMYK

11 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 La grogne des producteurs de lait bretons Les chasseurs de l’Ardèche rachètent Les exploitants de Bretagne, première région laitière de France, sont frappés de plein fouet par la baisse des cours. Ils mettent en cause la grande distribution, mais aussi les industriels de la transformation le col de l’Escrinet SAINT-GRÉGOIRE LYON Trois grandes régions de production dans l'Ouest grâce à l’augmentation du prix de Jérôme Bédier, ne souhaite pas (Ille-et-Vilaine) la brique de lait UHT (longue s’exprimer sur le sujet. de notre correspondant régional de notre correspondante régionale PRODUCTION DE LAIT DE VACHE PRIX DU LAIT ET DES ALIMENTS conservation). « Les transforma- Il ne vient pas à l’esprit des pro- La fédération départementale POUR VACHES LAITIÈRES Depuis 1984, la taille du trou- NORD- teurs ne peuvent pas aller au-delà », ducteurs de remettre en question des chasseurs de l’Ardèche a rem- HAUTE- PAS-DE-CALAIS « Il n’y a porté, mercredi 25 août, à , la peau d’Alain Lehagre, producteur BASSE NORM. 120 affirme Joseph Lancien. le système des quotas, qui avait -NORM. de lait à Saint-Grégoire, n’a pas va- PICARDIE pas lieu de corriger davantage », pourtant été très décrié lors de sa victoire décisive qu’elle attendait rié. Ses trente-cinq vaches laitières BRETAGNE renchérit Bertrand Posté, directeur mise en place. « Si la production depuis une vingtaine d’années sur partagent une existence routinière. I.-DE-F. CHAMP. LORR. de l’Union des industries laitières était libre, les prix seraient encore les écologistes et les adversaires -ARD. ALS. plus bas » des tireurs de pigeons ramiers. Elle Traite matin et soir. Pâturage le CENTRE BOUR- 100 du Grand Ouest (Unilouest). , reconnaît Jean-Michel GOGNE « C’est déjà un bel exploit d’arriver jour et la nuit, si le temps le per- PAYS Lemétayer. a en effet acquis, pour FRANCHE- DE LA COMTÉ à ce chiffre, compte tenu des met. Les vaches de M. Lehagre LOIRE 646 000 francs, deux lots de ter- POITOU- AUV. contraintes économiques qui pèsent doivent produire 254 000 litres de CH. LIM. RHÔNE-ALPES rains d’une superficie de 53 hec- lait par an. Pas un de plus. S’il dé- sur la filière. » La perte simultanée La perte tares, situés au col de l’Escrinet, sur AQUITAINE 80 la route nationale 104, qui relie Pri- passe ce quota, l’éleveur paie une MIDI- de deux marchés importants a pe- PYRÉNÉES PROV.-ALP.- « De plus, l’affaire de la pénalité de 2,40 francs par litre ex- C. D'AZUR sé lourd. des débouchés russes vas à Aubenas. Ce site, hautement cédentaire. Un tarif dissuasif : le LANGUEDOC- listeria a joué un rôle sur la consom- symbolique pour les chasseurs, ROUSSILLON mation de fromage en France » litre de lait est vendu environ 60 , af- et asiatiques a fait l’est aussi pour les ornithologues, 2 francs aux fabricants de produits France : 22 374 CORSE firme M. Posté. Les producteurs, qui se battent depuis des années 198082 84 86 88 90 92 94 96 98 laitiers. Les quotas ont été instau- de leur côté, disent détenir des pour en faire un terrain d’observa- en millions de litres en 1997 PRIX DU LAIT automatiquement rés au début des années 80, afin de chiffres montrant l’augmentation tion des grandes migrations d’oi- 100 1 000 4 500 PRIX DES ALIMENTS seaux entre l’Europe du Nord et résoudre la grave crise de surpro- POUR VACHES LAITIÈRES de la consommation... plonger le prix l’Afrique. Au début du printemps duction qui sévissait en Europe à Source : Ministère de l'agriculture et de la pêche Autre cible des producteurs : la l’époque. Inconvénient du sys- grande distribution, accusée de ti- du litre de plus et de l’hiver, d’innombrables marti- tème, selon Alain Lehagre : «Les La Bretagne représente 19,4 % de la collecte nationale de lait, qui fait vivre rer au maximum les prix vers le nets, éperviers, hirondelles, bu- situations de 1984 ont été figées. près de 40 000 personnes, dont 25 000 producteurs. bas. Les distributeurs ne parti- de 11 centimes sards, faucons et naturellement pi- Nous ne pouvons pas nous dévelop- cipent pas directement à la fixation geons ramiers franchissent ce col, per. » En contrepartie, les éleveurs affirme Alain Lehagre. L’inquié- transformateurs. Les relations sont du prix, mais leur poids est colos- devenu l’un des enjeux majeurs du ont bénéficié d’un relatif maintien tude gagne en Bretagne, première tendues, ces derniers temps, entre sal. « L’industriel ressemble à un pe- L’accord interprofessionnel de différend entre chasseurs et écolo- des prix. région productrice de lait (19,4 % ces derniers et les producteurs de tit garçon face aux centrales d’achat 1997 sur la fixation des prix n’est gistes de Rhône-Alpes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. de la collecte nationale). Pratique- lait. Pourtant, remarque Joseph de la distribution », regrette Jean- pas non plus contesté. Les produc- La Société d’aménagement fon- Les négociations interprofession- ment un éleveur sur deux possède Lancien, directeur de la production Michel Lemétayer. La concentra- teurs souhaitent obtenir des indus- cier et d’établissement rural (Safer) nelles, destinées à fixer le prix du des vaches laitières, parfois en chez Unicopa-lait, l’une des plus tion des centrales, qui se comptent triels qu’ils appliquent une sorte de Alpes-Cévennes a tranché en ac- lait pour le troisième trimestre complément d’autres productions. importantes coopératives de la ré- sur les doigts d’une main, exacerbe code de bonne conduite en cessant ceptant la proposition des 1999, ont échoué. La baisse de Près de quarante mille personnes, gion, « seul un centime nous sé- la concurrence à la baisse entre de se livrer bataille sur les prix 15 000 chasseurs ardéchois, qui 5,4 centimes par litre proposée par dont vingt-cinq mille producteurs, pare ». La perte des débouchés transformateurs. « 90 % des pro- lorsque les cours sont bas. Ils s’étaient cotisés. Elle a repoussé les transformateurs est « inaccep- vivent du lait dans la région. Ren- russes et asiatiques a fait automa- duits laitiers de grande consomma- veulent également obtenir des l’offre de la Fédération Rhône- table » pour les producteurs. De- tré dans son exploitation près de tiquement plonger le prix du litre tion sont vendus dans les grandes distributeurs des garanties de Alpes de protection de la nature puis l’entrée en vigueur de l’accord Rennes, après la réunion extraor- de plus de 11 centimes. Le chiffre, surfaces. Nous n’avons pas le choix, transparence, notamment sur les (Frapna) de l’Ardèche. Dans l’inca- interprofessionnel de 1997, destiné dinaire de la FNLP à Paris, mardi indexé sur les indicateurs choisis il faut être présents, explique pratiques de « coopération pacité de mobiliser la somme récla- à ajuster le prix du lait à la situa- 24 août, Jean-Michel Lemétayer, par les deux camps en 1997, ne Joseph Lancien chez Unicopa. Je commerciale » – des ristournes mée pour l’achat des terrains du tion du marché, le cours a connu également président de la section peut être remis en question. Cette comprends la colère des produc- consenties par les industriels aux col de l’Escrinet, la Frapna avait fi- des hauts et des bas. 1998 a été lait de la Fédération régionale des baisse, qui coûte 5,9 centimes par teurs qui subissent à la fois la distributeurs lors d’opérations nalement reçu, en juillet, le soutien faste. Depuis le début de 1999, les syndicats d’exploitants agricoles litre aux producteurs comme aux contrôle de la production et la promotionnelles. « Ce qu’on prend financier de la fondation Franz- prix chutent. Une nouvelle baisse (FRSEA), veut mobiliser ses impor- industriels, n’est d’ailleurs contes- baisse des prix. Mais personne ne aux industriels, on le prend aux éle- Weber, installée à Montreux de 5,4 centimes reviendrait à priver tantes troupes pour la semaine na- tée par personne. peut ignorer les difficultés d’expor- veurs. C’est là que nous pouvons ré- (Suisse). Cette dernière s’était en- les producteurs de 10 % de leur re- tionale d’action programmée à Mais ce chiffre doit être corrigé ter, les problèmes de listeria et de cupérer les centimes qui nous gagée auprès de la Safer à partici- venu, selon Jean-Michel Lemé- partir de lundi (Le Monde du en fonction des prix de vente en dioxine. Quant à nous, nous devons manquent, espère M. Lemétayer. Si per au financement d’un projet tayer, président de la Fédération 26 août). France des produits de grande respecter nos engagements vis-à-vis nous y arrivons, nous allons rendre agricole local et à créer une « mai- nationale des producteurs de lait Les premiers à subir la pression consommation : c’est ici que la ba- de nos clients. » La Fédération des service à beaucoup de filières. » son de l’oiseau et des migrations », (FNPL). « Et nous ne gagnons guère des producteurs seront les indus- taille commence. La baisse a été commerces et de la distribution, dans l’un des bâtiments de l’exploi- plus que l’équivalent du SMIC ! », triels de la filière, autrement dit les ramenée à 5,4 centimes par litre, en l’absence de son directeur Gaëlle Dupont tation mise en vente. Mais le combat des écologistes était, semble-t-il, perdu d’avance. D’une part, la Safer a considéré 145 milliards de francs Faut-il « faire le ménage » dans la filière volailles ? que leur proposition lui était parve- nue hors des délais légaux. D’autre RENNES compétitif en produisant du poulet à 5 francs le kilo, part, la pression exercée par les dépensés pour la protection de notre correspondante régionale alors qu’on voit débarquer dans le port de Brest des chasseurs a été très vive pour ob- En dépit de la crise qu’ils subissent depuis un an, poulets brésiliens moitié moins chers ? », tempête tenir ce terrain, devenu « straté- la majorité des éleveurs de volailles bretons ne Denis Boucard, qui réclame des contraintes égales gique » dans leur lutte contre leurs de l’environnement en 1997 veut pas entendre parler de maîtrise de la produc- pour tous les producteurs. adversaires. Courant juillet, les tion. Le rapport Perrin, commandé par le minis- A la crise de surproduction s’ajoute une désaf- écologistes ont tenté de convaincre L’INSTITUT français de l’environnement publie fin août, dans le numé- tère de l’agriculture en mars et rendu public fin fection des consommateurs due à l’affaire de la l’Etat d’exercer son droit de ro 46 des Données de l’environnement, le rapport annuel de la Commis- juillet, conclut à un surdimensionnement de la dioxine. La commercialisation de poulets belges préemption sur la vente afin de sion des comptes et de l’économie de l’environnement. Selon ce rap- production française et préconise la suppression sous la mention « origine France » par la société « protéger cet important couloir mi- port, la dépense nationale pour la protection de l’environnement a – sur la base du volontariat – de 600 à 700 exploita- Pic-Pic, une filiale du groupe Unicopa, implantée à gratoire ». En vain. atteint 145,2 milliards de francs en 1997, soit 1,8 % du PIB, en augmenta- tions. Ces recommandations ont été assez mal ac- Languidic (Morbihan), a accru la suspicion des tion de 4,7 % par rapport à 1996. Deux domaines se sont partagé les cueillies, dans une région qui fournit plus de 40 % consommateurs. Dernier rebondissement en COMBAT PERDU D’AVANCE trois quarts de cette somme : la gestion des eaux usées (60,9 milliards de de la production française. date : une grande chaîne de supermarchés alle- La puissante fédération a annon- francs) et la gestion des déchets (46,4 milliards) tandis que la dépense Interrogé par l’AFP, Francis Ranc, directeur du mande a retiré de ses rayons des volailles fran- cé, aussitôt après la vente, qu’elle pour la lutte contre la pollution de l’air a crû de 10 % en 1997, pour at- développement chez Doux, le leader européen de çaises qui auraient pu être nourries avec des fa- allait transférer ses services, jus- teindre 10,7 milliards de francs. En ajoutant les dépenses pour l’approvi- la volaille, estime que la réduction de la produc- rines animales mélangées à des boues d’épuration. qu’alors situés à Privas, au col de sionnement en eau, la récupération-recyclage et l’amélioration du cadre tion est une solution « très pessimiste » et réclame l’Escrinet. Sur ce lieu, la fédération de vie, la dépense nationale liée à l’environnement dépassait 244 mil- un accompagnement « par des mesures dyna- LA PRESSION DU MARCHÉ compte valoriser l’image de la liards de francs. 304 000 personnes travaillaient, en 1997, dans les activi- miques, afin que la filière du Grand Ouest puisse Intégrés aux grands groupes industriels comme chasse et, affirme un de ses tés directement liées à l’environnement, dont 160 000 dans le secteur maintenir ses parts de marché ». Même scepticisme Doux, Bourgoin, Unicopa, les éleveurs, qui ne sont membres, « reconquérir, par le droit privé. Le chiffre d’affaires de ces activités, incluant les activités inter- chez les représentants des éleveurs. « Nous pas propriétaires de leurs animaux, voient les de propriété, notre droit à chasser le nationales, était de 155 milliards de francs en 1997. La France est ex- sommes d’accord pour fermer les élevages obsolètes, vides sanitaires (la période durant laquelle l’abat- pigeon ramier, comme nous le prati- cédentaire de 2,4 milliards de francs, dans ses échanges internationaux. mais, dans le même temps, on ne peut pas laisser toir est vide) s’allonger et leurs revenus baisser. quons depuis 1848 ». Toutefois, en libre cours au développement des constructions C’est d’ailleurs vers les « intégrateurs », qui fixent principe, les chasseurs devront res- DÉPÊCHES neuves », affirme Denis Boucard, responsable de la la quantité de volailles dont ils ont besoin pour sa- pecter la directive européenne dite a ILE-DE-FRANCE : près d’un millier d’emplois devraient être créés section avicole à la Fédération régionale des syndi- tisfaire leurs clients, que les éleveurs s’étaient « Oiseaux », qui arrête la saison de à Sénart (Seine-et-Marne) par Carrefour et CHS Electronics, a annoncé, cats d’exploitants agricoles (FRSEA). Or les de- tournés au début de l’année, sans résultats. « Ils chasse fin janvier. mercredi 25 août, l’Etablissement public d’aménagement de Sénart. Le mandes de création ou d’extension d’élevage subissent la pression du marché », reconnaît Denis Désormais propriétaires d’une distributeur Carrefour doit construire un bâtiment de 110 000 mètres continuent d’affluer dans les préfectures bre- Boucard. grande partie des terrains du col, carrés au sol, par où transiteront tous ses rayons textile. Cet investisse- tonnes, au même rythme que les années précé- Les professionnels de la filière affirment que la les chasseurs ardéchois devraient ment de 500 millions de francs devrait créer 550 emplois. L’américain dentes. Le responsable syndical préfère réclamer crise est passagère et trouvera sa solution dans le se montrer encore plus « vigilants » CHS Electronics, l’un des plus grands distributeurs informatiques en Eu- « un véritable soutien à l’agriculture, afin de main- marché. Daniel Perrin conclut en revanche que la envers les écologistes. Depuis plu- rope, a également signé l’achat d’un terrain sur la zone logistique Pari- tenir les élevages existants ». « Si l’on continue à di- crise est structurelle. « Pour refroidir une machine sieurs années, les premiers oc- sud à Sénart. Sur les 350 emplois de l’entreprise, 200 seraient des créa- minuer la production, dans dix ans, il n’y aura plus de production, on en passe toujours par des restruc- cupent le col, notamment en mars, tions nettes. d’agriculture en France », soutient-il. turations, constate Gilles Laudren, directeur de la lors des grandes migrations d’oi- a Les services de secours incendie ont réalisé, dans la nuit du mer- Les 5 000 éleveurs bretons traversent une chambre régionale d’agriculture. On élimine les seaux, afin d’empêcher les seconds credi 25 au jeudi 26 août, un exercice de sécurité dans le tunnel de période particulièrement difficile. Confrontés, plus faibles, les moins modernisés, les plus fatigués, de sortir leurs lunettes d’observa- l’A 14, long de 4 kilomètres, qui passe sous le quartier de la Défense comme d’autres secteurs, à la perte du marché ceux qui n’ont pas de successeurs. On fait le ménage. tion. Leur face-à-face se transfor- (Hauts-de-Seine), afin de tester le désenfumage, la fiabilité des sys- russe, mais aussi à celle des marchés allemand et C’est ce qu’on a fait dans la sidérurgie et les chan- mait parfois en affrontements vio- tèmes de sécurité, les procédures d’alerte des secours et leurs temps anglais, qui développent leur propre production, tiers navals. » lents. d’intervention. ils doivent faire face à la concurrence des Améri- cains et des Brésiliens. « Comment voulez-vous être G. D. Claude Francillon LeMonde Job: WMQ2708--0012-0 WAS LMQ2708-12 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 09:04 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0325 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 HORIZONS REPORTAGE

a4 ECRIVAINS DE 1899 Michaux « Commencement sans fin de ma vie obscure » A Namur, la maison natale du poète a été rasée. Tout un symbole pour cet être trop épris d’absolu pour rechercher la reconnaissance des autres COLLECTION PARTICULIÈRE COLLECTION St JAN BERCHSMAN COLLEGE/PHOTO LORETTE : PATRICK

ANS un TGV Mes propriétés où il est question des Henri Michaux enfant bien quelque chose à voir avec crevant des Trèmes, « êtres mystérieux à tête (photo de gauche) et élève l’enfance « en loques ». (Je m’aper- murailles de semblable à celle de la sole, se bas- du collège Saint-Michel çois que toute cette discussion pro pluie succes- culant tout entiers pour manger, de Bruxelles, 1910 (ci-dessus, domo pourrait s’écrire à la manière sives dressées mangeurs de fourmis et autres raviots debout, bras croisés, de Plume : « Alors comme ça vous au-dessus d’un de cette taille ». Alors, les « raviots », à l’extrémité droite vous préparez à gâcher deux pages de pays de collines qu’est-ce qu’elle en disait ? Elle sou- de l’avant-dernier rang). journal avec de frauduleuses reconsti- qui devait être rit. Et, sans attendre, je fis encore Ci-contre : « Emportez-moi », tutions ? D – Oh, moi, vous savez, je passais... le Beaujolais, tourbillonner les pages et lui mis aquarelle peinte par Henri ou le Mâconnais, enfin par-là, une sous les yeux La Nuit des embarras : Michaux en 1943. Cette on m’a demandé... j’ai cru... d’ail- jeune femme assise en face de moi « Et si aux pauvres on offre des tartes aquarelle sera exposée dans leurs, je n’ai rien inventé... ») ne tarda pas – circonstance très à la compote de boulons, qui ne se le cadre de la rétrospective « Cependant parut sur terre une vie rare, hélas ! – à m’adresser la parole, vantera d’être riche ? » Ah ! C’était consacrée par la BNF chétive et près du sol, comme celle et ce fut pour me poser une ques- un peu plus corsé que du Le Clézio, à Henri Michaux d’un rat dont à peine on a su un gri- tion extrêmement inattendue : non ? (Ça, j’étais sûr qu’elle connais- « Peindre, composer, écrire : gnotement, et pas bien certain, et ses est-ce que je m’intéressais à la litté- sait.) Elle sourit assez franchement, me parcourir », du 5 octobre poils et sa fuite ; et de nouveau le rature ? Ça alors... Ce qui lui faisait et eut ce mot qui me récompensa de au 31 décembre 1999, silence » : ainsi débute Le Portrait de imaginer ça, c’étaient les livres de et mes efforts de camelot littéraire : Galerie Mazarine, A. Le jour : 24 mai 1899. Le lieu : sur Michaux étalés sur la tablette « Il sait ce qu’il veut. Il a l’air de site Richelieu. 36, rue de l’Ange, dans la vieille ville qui nous séparait. Sa curiosité était tâtonner, et puis une phrase, soudain, de Namur, à deux pas du confluent d’autant plus audacieuse qu’elle comme une flèche...» Cette fille de la Sambre et de la Meuse. Une n’avait jamais entendu parler de cet savait lire. C’était ça (entre autres), plaque sur ce qui fut une banque COLLECTION PARTICULIÈRE, PHOTO PATRICK LORETTE PHOTO PATRICK COLLECTION PARTICULIÈRE, écrivain, à supposer que c’en fût un, pour moi, Michaux : des mots qui (mais c’était trop beau, elle est en et pourtant elle fréquentait avec ont l’air de rien, l’air modeste et n’évoque ces choses que parce qu’il jeunes années de Michaux (j’en des esquisses d’autoportraits (Le train de déménager) annonce : « Ici constance la librairie de son quar- même presque balourds, et vous ne me semble nullement indifférent aurais eu honte), mais pour discuter Portrait de A), et surtout les « misé- est né le poète Henri Michaux ». Il a tier, à Paris. Je lui confirmai que c’en exécutent à bout portant. que Michaux, tout « apolitique » avec lui de la question, dans son cas, rables souvenirs d’enfance » qu’il fallu attendre sa mort, bien sûr, était bien un, et pas des moindres, Je revenais de Lyon où j’étais allé qu’il fût, soit l’écrivain dont la fré- de la biographie. Il semble qu’il y ait évoque dans Face aux verrous ; il lui pour oser ; lui, on s’en doute, avait et tellement même qu’il n’eût pas rencontrer Jean-Pierre Martin qui quentation s’était imposée, à la fin comme une sorte d’interdit à attri- arrivait tout de même d’en semer nettement dissuadé, par une lettre voulu de ce nom-là, « écrivain », et prépare la biographie d’un écrivain de l’aventure gauchiste, à des buer, à Michaux, une biographie. Il des éclats dans ses textes, mine de que cite Victor Martin-Schmets, qu’au demeurant je m’intéressais un réputé n’en pas avoir. Micheline « enfants en loques » qui s’étaient l’a lui-même implicitement signifié rien. C’était un peu comme l’Eman- dans la revue Sources : « Je voudrais peu, dans la mesure de mes Phankim, amie et ayant droit de crus, eux aussi, « destinés à la sain- en ne consentant à livrer, avec réti- glon : « Il hait le soleil (sauf dans la qu’on n’en fasse rien. Ceux qui m’ont moyens, à cette fameuse et Michaux, m’avait prévenu qu’il teté ». Dans ces années-là, plus d’un cence, que ses Quelques renseigne- forêt où il est en miettes). » Repérer, lu et un peu suivi devraient bien ancienne affaire des lettres. En ce s’agissait d’un universitaire légère- se sentait « né troué », et aurait pu ments sur cinquante-neuf années recoller quelques miettes de ce savoir que je suis opposé à toutes les qui la concernait, m’apprit-elle, elle ment non conformiste, qui avait tra- dire « dans le trou il y a haine (tou- d’existence télégraphiquement rédi- soleil noir de la jeunesse, éparses marques de ce genre. » Comble, la travaillait pour une entreprise belge vaillé en usine dans les années 70, et jours), effroi aussi et impuissance ». gés pour le livre que Robert Bré- dans les œuvres, n’était donc peut- plaque (comme celle de Borges, rue (c’est ainsi) qui louait toute chose je m’en étais réjoui, ayant nourri dès chon lui consacra en 1959. «Je être pas une impertinence majeure. Tucumán) est mensongère : ce n’est louable, « du mammographe au mon jeune âge un respect plutôt IEN ne montre avec plus crache sur ma vie. Je m’en désolida- Et, bien sûr, aucune œuvre n’est pri- pas là. «Là» n’existe plus. semi-remorque », ce fut son expres- méfiant pour l’Université et les uni- d’éclat, me semble-t-il, que rise. Qui ne fait mieux que sa vie ? », sonnière de l’anecdotique malen- sion. Comme elle me priait de lui versitaires. Et puis cette histoire des R écrit-il au tout début de La Vie dans tendu d’une vie, et moins encore ’EST encore Victor Martin- la littérature est une pensée, montrer de quoi il retournait, je lui années 70 me faisait penser que la plus vaste qui soit, puisqu’il lui les plis. Et je me souvenais de que toute autre celle si incroyable- Schmets qui l’explique. Petit tendis « La Pléiade » ouverte à la nous avions pu nous rencontrer l’admirable réponse à Claude Galli- ment libre, si essentiellement, opi- C arrive même d’être pensée de ce homme bien droit, bien net, page de La Nuit des Bulgares, après dans des entreprises extrémistes qui qu’elle ne prétend pas penser. Et mard qui lui proposait, fin 1983, niâtrement évadée, de Michaux. précis, un peu pète-sec, très obli- tout ça se passait dans un train, n’ont plus très bonne presse rien ne fait mieux sentir, non plus, la l’édition de ses œuvres dans « La Néanmoins, les têtes monstrueuses geant aussi puisqu’il s’est déplacé aussi. Cadavres passés par la aujourd’hui. A L’Etoile d’Orient où place très singulière de Michaux Pléiade » (Jean-Pierre Verheggen qui apparaissaient sur ses toiles, depuis le faubourg curieusement fenêtre, têtes battant contre la tôle j’avais rendez-vous avec le bio- dans la littérature – place qui n’en m’en avait montré une copie, à n’écrivait-il pas qu’elles étaient nommé Jambe pour me rencontrer du wagon, etc. Elle lut avec atten- graphe impossible, nous ne tar- est pas une, naturellement, place Bruxelles) : « L’année dernière « sorties de l’obsession, de l’abdomen sous les hauts plafonds ombreux de tion. Ce n’est pas gai, me dit-elle. Eh dâmes pas à constater que nous introuvable, lieu qui est un non- déjà (...), je vous répondis que cela de la mémoire, de mon tréfonds, du la brasserie Henry, place Saint- bien non, mais la littérature, ou l’art avions bien fait partie de la même lieu : passant pour un auteur « diffi- n’était pas pour moi (...). La raison tréfonds d’une enfance qui n’a pas eu Aubain. Il forme avec le poète Jean- en général, essayai-je (non sans rude et poétique bande. « Dans le cile », il ne l’est pas plus que Lau- majeure est qu’il s’agit dans les son compte et que trois siècles de vie Pierre Verheggen, vaste, barbu, lourdeur) de lui expliquer, n’avait secret de ma petite chambre, je pète à tréamont, ses étranges paraboles ne volumes de cette prestigieuse collec- maintenant ne rassasieraient pas » soufflant, prodigieusement chaleu- pas forcément, toujours, partie liée la figure de mon Roi » : c’était une sont pas faites pour les doctes, elles tion d’un véritable dossier où l’on se (Peintures) ? Et si dans la langue des reux, un amusant contraste. avec la rigolade. D’ailleurs, ce phrase qui, à l’époque, avait un sens s’adressent à celles qui aiment lire, trouve enfermé, une des impressions Hacs, en Grande Garabagne, « des L’îlot où se trouvait l’appartement Michaux dont elle n’avait pas (relativement) différent de ceux dans les trains, comme au jeune les plus odieuses que je puisse avoir et éclairs de colère ont été fixés, auprès des Michaux a été rasé, et l’actuelle entendu parler était aussi, je tenais à qu’on pourrait lui prêter par la suite, homme « qui s’élance et n’a de tête contre laquelle j’ai lutté ma vie desquels les astuces mielleuses des place de l’Ange aménagée sur l’élar- ce qu’elle le sût, un auteur terrible- mais... peut-être pas si faux, dans sa que contre les murs ». durant. » Tout ça était intimidant, écrivains étrangers paraissent insi- gissement de l’ancienne rue. Le ment drôle. Et pour preuve je lui simplicité. La simplicité qui man- Si je voulais parler avec Jean- certes, mais d’un autre côté pides », c’est parce qu’ils ont pris le père, Octave, qui était alors chape- refeuilletai à toute vitesse « La quait à nos vies à présent, alors Pierre Martin, ce n’était pas pour lui Michaux lui-même avait laissé, en soin de former dans ce dessein des lier, n’avait pas à beaucoup se Pléiade » et la lui tendis à la page de nous en avions à profusion. Je dérober quelque anecdote sur les plus des Quelques renseignements..., enfants martyrs, et que la poésie a déplacer pour aller travailler du cha- LeMonde Job: WMQ2708--0013-0 WAS LMQ2708-13 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 09:05 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0326 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-REPORTAGE LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / 13

jusqu’à ce qu’ils aient obtenu des mieux ». A la poétesse et drama- (notamment sous l’influence de réactions certaines et fixes ». Les turge Liliane Wouters, il ira jusqu’à Lautréamont), donne à nombre de fourmis ne quitteront pas Michaux, dire qu’il a songé à écrire en fla- ses textes l’apparence sarcastique elles grouilleront dans ses écrits et mand, mais que « Gezelle était le d’une « prophétie déchue » («Là je ses dessins. « Nous sommes plus que grand bonhomme. J’ai tout de suite vis les véritables yeux des créatures, jamais entourées de fourmis », écrit senti que je ne pourrais jamais l’éga- tous, d’un coup ; enfin ! » : cela la jeune femme D’un pays lointain. Je ler. Au plan de la langue, bien sûr ». commence comme une Apocalypse. fus d’abord déçu de ne pouvoir fou- Que Michaux, tout jeune qu’il fût Et puis : « Tout ça est bon pour la ler l’herbe de ce lieu qui devait être alors, se soit senti écrasé par la sta- marmite, dit une voix »...) le seul où l’enfant muré, sombre, ture du curé poète Guido Gezelle, Il ne sera donc pas un saint. Mais refusant la parole et la nourriture, se voilà tout de même qui aujourd’hui il lui faut tout de même être « ail- trouvait chez lui dans la compagnie fait sourire. leurs », loin de tout ce qui pèse et muette des insectes. Puis je songeai Jan Veyns a dû se résoudre à fer- contraint, betteraves, parents, ren- que c’était peut-être mieux ainsi : la mer le pensionnat, il y a seize ans. tiers, « sottes rues satisfaites ». Loin seule vision que j’aurais du temps Cela revenait trop cher, et les des livres, il ne faut pas croire qu’ils où il rêvait « d’être agréé comme parents ne pouvaient plus payer. Il vaillent mieux, ceux-là : « Les livres plante », ce serait cette lumière verte l’a transformé en salle des fêtes, et à sont ennuyeux. Pas de libre circula- tremblant à travers des vitres sales. présent les affaires marchent bien. tion. » Très bien, il sera marin. «Un Dans Le Portrait de A., Michaux « Michaux ne s’est pas beaucoup plu jour, à vingt ans, lui vint une brusque décrit en des termes méticuleuse- ici, je crois », dit-il en riant. C’est le illumination. Il se rendit compte, ment admirables ce qu’il appelle ail- moins qu’on puisse dire. Souvenir, enfin, de son anti-vie, et qu’il fallait leurs « sa nature de gréviste» : dans Qui je fus, de réveils horribles essayer l’autre bout. Aller trouver la « Jusqu’au seuil de l’adolescence, il (encore !), au son des cloches, et terre à domicile et prendre son départ formait une boule hermétique et suffi- une partie de l’âme reste à errer du modeste. Il partit. » Il embarque à sante, un univers dense et personnel dans les dortoirs pendant que le Boulogne, « comme matelot, sur un et trouble où n’entrait rien (...). Il était corps va, et « ces enfants se morce- cinq-mâts schooner ». La fin de la sans doute destiné à la sainteté. Son lant ainsi chaque nuit se trouvent à la jeunesse de Michaux, je voulais aller état était des plus rares, déjà. Il se fin du premier trimestre réduits à une la saluer à Boulogne, mais Boulogne soutenait comme on dit avec rien, portion d’âme tellement petite que n’est plus aujourd’hui un port d’où sans jamais faiblir, s’en tenant à son bientôt il n’y en aura même plus assez l’on part pour les sept mers, juste minimum mince mais ferme, et sen- pour faire un imbécile » : une des une gare à ferries. Je me rendis donc tant passer en lui de grands trains premières expériences de la disper- à Dunkerque, une des rares villes d’une matière mystérieuse. » Pour sion de soi, du soi en pièces déta- des côtes françaises à avoir gardé vaincre sa résistance, on l’envoie chées, éparpillé dans le monde, qui quelque poésie maritime, qu’accen- « au loin, dans la foule étrangère de tiennent une telle place dans l’écri- tue encore son délabrement gran- petits gredins de paysans puants ». Ce ture de Michaux. diose. Ce qu’il me fallait, c’était un fut le pensionnat Van der Borght, à lieu fait pour les départs, les Putte-Grasheide, en Flandres, où il UTOUR, monotonie des révoltes. Dunkerque, port des fut élève de 1906 à 1910. Putte-Gras- Flandres, « paysages pour désastres, est de cette trempe-là. heide se trouve près de Mechelen, A Paysage élémentaire, verticales des abolir les cris, paysages que nous appelons Malines, ville comme on se tire un drap sur la grues, cheminées, torchères, située entre Bruxelles et Anvers et tête ». « Il y avait aussi le froid et le pylônes, portiques, clochers et bef- fameuse par ses cloches et ses den- vent du nord, qui est dur et souverain frois, fumées, horizontales des pipe- telles (je n’irai pas jusqu’à soutenir, dans ce pays parfaitement plat où il lines, lignes électriques, quais, bien que cela me tente, qu’un loin- passe comme un rasoir. » Et com- digues, sous les nuages feuilletés, les tain écho en résonne dans le vers ment savoir si la description d’une rayonnements laiteux, nacrés, fuligi- « Je suis gong et ouate et chant nei- lutte à mort, dans le Voyage..., ne se neux. Des méduses azurées palpi- geux »). Outre beaucoup de vaches souvient pas de raclées infligées par taient dans l’eau sombre des bas- blanches et de grosses églises de les rudes petits paysans : « Et ce qui sins. Je savais (pour la première fois) brique, la région possède un parc arrive toujours arriva : un sabot dur et que j’étais en plein dans le vrai, dans particulièrement fourni de nains de bête frappant une tête » ? Jan Veyns le départ du matelot Michaux. jardin, ainsi que de ces extrava- me montre des cartes postales de « Pour moi, je retourne à l’eau de gantes boîtes aux lettres d’un mètre l’époque illustrant les activités de l’océan. Adieu/J’ai entendu le clac- de haut représentant des angelots plein air qui faisaient la réputation querin des paquebots, j’embarque. » ou des sonneurs de trompe à cheval de l’établissement : gamins à vélo Toujours dans ses livres, la mer, sur un tonneau (où l’on glisse le par les routes sableuses, portant la revenant incessante, menaçante courrier, je le précise à l’intention de casquette aux initiales VDB (mais rarement, plutôt ouverte comme un ceux qui n’ont jamais vu la chose). l’uniforme se limitait à cela), gamins espace sans fourbi blessant. «La Lorsque j’arrivai dans le gros bourg bêchant leurs « jardinets indivi- grande fenêtre.. » « J’avais la mer en de Putte, on célébrait la victoire, duels » (la photo évoque plutôt une moi, la mer éternellement autour de dans le dernier concours de cocori- colonie pénitentiaire), gamins à moi. » Une étendue calme et douce cos, du coq de Kris Dierckx qui demi immergés, immobiles, dans comme le sommeil, peut-être, où s’était fendu de cent cinquante-six l’eau plate et quadrangulaire d’un l’on pourrait égarer le malheur, «et coups de clairon d’affilée. L’ancien bassin (on dirait des pièces posées puis parfois cette grosse eau se fait si PAUL FACCHETTI, 1950 FACCHETTI, PAUL pensionnat à présent Feestzaal (salle sur un échiquier). Je lui demande, à calme et comme agonisante, on se peau : son commerce se trouvait pour le bétail et pour toute cette race couche avec aussitôt» ; lit où l’on des Fêtes) est une grosse maison de tout hasard, s’il y a dans la région sent profondément heureux ». « au numéro 77 (actuellement 87) » mangeuse de farineux, autant qu’il se patine et plonge avec ardeur, lit où brique, à tourelle d’angle, striée de des gens qui lisent Michaux. Il part Fumées industrielles montant dans de la même rue, « à l’emplacement peut et de lourdeurs. » « Race au nez le malade effaré voit un scarabée bandes blanches, évoquant assez un d’un bon rire : « Non, ici, personne le ciel gris, évanescentes, rosées un de la partie droite du magasin luisant ! », continue-t-il dans cette s’avancer vers son œil, lit où on se pigeonnier géant. Sur des carreaux ne le connaît. » Voilà qui, sûrement, peu d’abord, puis saumonnées, vite Rubica, à côté du magasin Inn » ; pure, étincelante, vacherie qu’est En forme à la « technique de la mort au de mosaïque au-dessus des fenêtres lui aurait plu. perdues, d’autres plus drues et pom- j’extrais ces méticulosités de l’article Belgique : « Race infecte qui pend, lit », il serait possible de faire une très fleuries de géraniums, il est écrit Retour à Bruxelles, en 1911. melées, d’un blanc de marbre. précité de Victor Martin-Schmets, je qui traîne, qui coule, voilà la race au étude de son œuvre à partir de ce « Arbeid adelt, Deugd verheft » : «Le Michaux constate qu’il s’y trouve « L’air est devenu tout vide, Lorellou/ tiens à le souligner puisqu’il affirme milieu de laquelle il est né. » On ne thème multiple et obsessionnel). Travail anoblit, la Vertu élève. » Der- mieux qu’à Putte : « Les préférences Mes mains, quelle fumée ! » Un cargo les offrir volontiers « aux biographes s’aventure pas trop en disant que la Bref : « J’ai été la honte de mes rière, en lisière du parc, l’ombre commencent. Attention, tôt ou tard, appareillait, coque bleu cobalt, port et aux exégètes d’aujourd’hui et de violence froide qui habite l’écriture parents. » « On n’avait rien à se dire. capiteuse des grands tilleuls, vrom- l’appartenance au monde se fera » d’attache Singapour. Glissait lente- demain, dussent-ils me piller sans de Michaux doit avoir trouvé un On n’a jamais rien eu à se dire. » bissante d’abeilles. (Quelques renseignements...) Com- ment sur l’eau laquée, vert bronze. même me citer, ce ne serait pas la premier stimulant dans le mépris Quant au frère aîné, Marcel, il Jan Veyns est le petit-fils de Jan mence aussi une période de « lec- « Oh ! glissement dans l’eau ! Oh ! première fois ». J’ajoute que le pour le pays de ses origines. Pour- n’apparaît guère en tant que tel : Baptist Van der Borght, le fondateur tures en tout sens. Lectures de l’admirable glissement ! » Les ponts magasin Inn, qui vend des vête- tant, le côté « bon enfant par-dessus mais le géant Barabo et son frère et directeur de l’école du temps de recherche pour découvrir les siens, se levaient à son passage, comme ments comme Rubica, porte au-des- tout, pas vedette pour un sou » dont il Poumapi qui s’arrachent oreilles, Michaux, dont le buste et le portrait épars dans le monde, ses vrais dans la Pétrograd d’Eisenstein. sus de sa moderne vitrine un vieux se moque dans ce fulgurant pam- mâchoires et fesses (pour commen- trônent au salon (il ressemble un parents, pas tout à fait parents non Hommes immobiles sur les ailerons fronton surmontant un bandeau où phlet, il en parle avec nettement cer), ne laissent rien présager de peu à Lénine, en plus affable tout de plus cependant ». Et là il fait la ren- et les coursives, défilant le long de il est écrit « Charcuterie pari- moins de cruauté dans sa Lettre de bon, non plus que le combat à mort même). Je dois reconnaître qu’il ne contre intellectuelle d’un des rares l’écluse, qu’on eût aimé saluer mais sienne », ce qui suscite (de ma part, Belgique – texte de jeunesse, il est de deux autres frères dans la boue m’aurait pas déplu de trouver en Jan qu’il reconnaîtra pour maître, Ruys- on ne le faisait pas, et eux qui s’en cette fois), les deux remarques sui- vrai : cette « phobie de la prétention, des marais de la Grande Gara- Veyns le type du calotin flamand broeck dit « l’Admirable », un mys- allaient avaient peut-être aussi ce vantes : la passion de la « sape » et surtout de la prétention des mots bagne : « La vieille haine, venue de légèrement fascisant, mais appa- tique flamand du XIVe siècle (bien désir retenu : cette envie presque semble avoir remplacé, chez dits ou écrits », fait selon lui des l’enfance, remontait en eux petit à remment il n’en est rien. C’est un plus tard, dans un poème de La Nuit toujours réprimée qu’ont les êtres l’homme occidental, celle du saucis- poètes belges « des virtuoses de la petit, tandis qu’ils passaient l’un sur petit homme chauve aux beaux remue, il évoquera « les copains de humains de se reconnaître et se son ; le magasin d’Octave Michaux simplicité » : serait-il alors, éminem- l’autre la lèpre gluante de la terre... » yeux bleus, très cordial et presque génie/que j’ai tant aimés, Ruysbroeck saluer (ou bien c’est moi seule- était flanqué d’un comptoir de ment, un poète belge ? Oh... Non, cela ne dit rien de bon. rieur, comme sa considérable et toi Lautréamont »). La lecture de ment ?). Ce qui devait lui plaire, cochonailles qui évoque inévitable- Le cadre de ces aménités fami- femme. Et même, le français, qu’il Ruysbroeck avait pareillement aussi, au matelot Michaux, c’est la ment, pour l’amateur de belgitude ÈS 1900, ses parents liales existe toujours, au 69, rue parle difficilement, n’a pas l’air de frappé de stupeur Maurice Maeter- belle lenteur de ces mouvements fin de siècle, les fameux « char- quittent Namur pour Defacqz. Quartier bourgeois, mai- lui écorcher trop la gueule. Ses linck, qui régnait sur les lettres portuaires : glissement méticuleux cutiers dangereux » du peintre James D son bourgeoise, à deux étages et grands-parents, me dit-il, étant insti- des coques, douce rotation des Bruxelles. De chapelier belges à l’époque de la jeunesse de Ensor. Non loin de là, rue de la qu’il était, le père devient rentier, un balcons, jouxtant une maison art tuteurs, voulaient fonder une école Michaux (et fut alors un des écri- grandes roues dentées. Graves, Croix, la magnifique église Saint- destin. Les parents, on n’en sait pas nouveau due à l’architecte Paul ou, si ça ne marchait pas, un maga- vains « appréciés » par lui). longs appels de sirène. Aux anti- Loup, où Michaux fut baptisé, et grand-chose, mais enfin lorsqu’ils Hankar (Bruxelles était au début du sin. Un magasin de quoi ? De « Jamais, écrira-t-il à un ami, je n’ai podes de l’agitation. On n’est pas sous la nef rose, noir et ivoire de apparaissent fugitivement dans siècle une des capitales de l’art nou- n’importe quoi. Mais ça a marché. éprouvé une joie ni un étonnement des Mobylette. Des tourbillons de laquelle Baudelaire, qui la comparait l’œuvre (et c’est assez souvent), on pareils, c’est l’homme de génie fumée noire jaillissent de la chemi- à « un terrible et délicieux catafal- ne peut pas dire qu’ils fassent très absolu » : et l’auteur de Serres née, les remorqueurs larguent les que », fit en mars 1866 une chute qui bonne figure. Dans Le Portrait de A. : « Un jour, à vingt ans, lui vint une brusque chaudes et de Pelléas et Mélisande aussières, l’eau retournée par les marqua le début de son intermi- « Son père avait ceci pour idéal : se traduira en Français les Noces spiri- hélices gonfle comme du lait qui nable agonie. retirer. Jamais il n’eut rien d’offrant. Il illumination. Il se rendit compte, enfin, tuelles, l’un des traités du prieur de bout, « déjà l’océan aux voix confuses Baudelaire et les notes souvent était prudent, très prudent, d’humeur Groenendael. La recherche inté- s’écarte avec souplesse, déjà l’océan assez basses, il faut bien le dire, de égale et triste. Il s’effaçait parfois de son anti-vie, et qu’il fallait essayer rieure de « l’obscur silence en quoi les dans sa grande modestie s’écarte sa Pauvre Belgique, ont créé une tra- comme une tache. » Dans Poteaux amants sont perdus », du « tourbillon avec bonté, refoulant sur lui-même dition dans laquelle je me garderai d’angle, Michaux relate un rêve : N. l’autre bout. Aller trouver la terre à domicile sans fin de la simplicité », il n’est pas ses longues lèvres bleues... » De gros bien de m’inscrire, ayant toujours gravit une cime et sa mère, « réveil- trop difficile d’entr’apercevoir en pataugeurs, sur la plage infinie qui trouvé (au moins) autant de gens lée d’entre les morts pour au dernier et prendre son départ du modeste. Il partit » quoi ces notions qui se rapportent à se confond avec l’eau qui se perd spirituels là-bas que chez nous. Il moment lui barrer la route », se jette l’union avec Dieu pouvaient fasciner dans le ciel, regardent le cargo. De faut remarquer cependant que cer- sur lui, « possédée d’une rage, une un jeune homme violemment porté leurs deux mains ils tiennent taines de ses observations semblent rage faite de cent colères et dégoûts veau). Victor Martin-Schmets, tou- Les bourgeois francophones de à l’absolu, et qui dira plus tard avoir remonté, sur leurs grosses cuisses, du pur Michaux, ainsi : « Les Belges accumulés dans une vie entière ». Ici, jours lui, a pu la visiter, il m’affirme Bruxelles envoyaient là leurs enfants été « trop impressionné par les Saints leur short : s’aventurant prudem- ne savent pas marcher. Ils remplissent c’est la mère qui se réveille, et de avoir vu dans le cellier les toises, pour la vie saine et disciplinée qu’on pour prendre les autres hommes et ment vers ce qui s’en va. Cravatés toute une rue avec leurs pieds et leurs quel profond sommeil, mais d’habi- marquées par les parents, de Barabo y menait, et aussi, selon Jan Veyns, leurs écrits au sérieux ». Je peux le de lourds fanons, et les yeux couleur bras. N’ayant aucune souplesse, ils ne tude elle apparaît dans le rôle et son frère Poumapi. Moins chan- pour qu’ils apprennent le flamand, deviner, mais le penser vraiment et d’asperge cuite, sûrement : mais on savent pas se garer, s’effacer ; ils odieux de celle qui secoue, repro- ceux, je tirerai en vain toutes les tous les enseignements étant don- le dire, non, et se payer de mots ne les voit pas, les yeux, tournés vers heurtent l’obstacle, lourdement» : il y chante, le paresseux qui dort et que sonnettes. Par les fenêtres de nés dans les deux langues. Ce point serait se montrer bien indigne de ce qui s’éloigne, se dérobe sur la a la drôlerie incongrue de l’image, l’école attend : la violence répétée l’entresol, on aperçoit des appareils est controversé, certains trouvant Michaux. Déjà plus facile à mer, vers la sérénité. Derrière la ces membres jetés comme tenta- de cet arrachement à la paix, au de musculation et une table de peu plausible que des bourgeois comprendre est son attirance pour digue du Braeck, il y a le gronde- cules de poulpes urbains, et aussi repli en soi, est évoquée à plusieurs ping-pong (les locataires, apparem- wallons fassent apprendre à leurs ce que Ruysbroeck nomme « l’état ment des usines, les tas de minerai l’idée, si obsédante chez Michaux, reprises, par exemple dans Mes Pro- ment, n’étant pas du genre « Sportif enfants ce qui n’était alors que la infime » : il y était de lui-même par- couleur de cendre et de rouille. d’un espace encombré par «les priétés : « Les gens s’acharnent sur les au lit »), par d’autres les arbres du langue des paysans. Mais, selon le venu, ayant « pris d’un coup pour Devant, le pays silencieux des puissances environnantes du monde paresseux. Tandis qu’ils sont couchés, jardin où Michaux, à douze ans, poète flamand Geert Van Istendael, toujours », dit Le Portrait de A., pâleurs, des sillages. Symbolique hostile » qui ne cessent de vous bles- on les frappe, on leur jette de l’eau organisait s’il faut l’en croire des « il y avait à cette époque une sorte de « l’idée implacable de son insuffi- naïve d’un Jugement Dernier. ser, voire de vous traverser. D’ail- fraîche sur la tête, ils doivent vivement combats de fourmis. La spécialité patriotisme belge ; or, si on ne parlait sance ». L’intransigeante religiosité « L’âme adore nager. » leurs Michaux lui-même n’a guère ramener leur âme. Ils vous regardent des Hacs, « ce sont les combats d’ani- que le français, à quoi bon être qu’il dit avoir vécue dans ces été plus bienveillant avec « ce pays alors avec ce regard de haine que l’on maux. Tout animal qui a la moindre belge ? » En tout cas Michaux men- années-là, Michaux s’en séparera Olivier Rolin triste et surpeuplé où il a vécu » : connaît bien, et qui se voit surtout disposition au combat (et lequel n’en tionne « étude en flamand » dans vite. Mais pas, mais jamais de cette « N’importe où l’on plonge la main chez les enfants » (Que de lits chez a ?), ils le mettent en observation, sur- Quelques renseignements..., et aspiration à l’anéantissement. Et PROCHAIN ARTICLE : on en tire une betterave, ou des Michaux ! Lit qu’on emmène avec veillent et expérimentent ses antipa- affirme même, dans une lettre à Jean-Pierre Martin a raison je crois Kawabata pommes de terre, ou un navet ou un soi dans la rue, « et quand une thies pour les centaines d’autres René Bertelé, avoir parlé cette de noter à quel point la langue des « Un homme complètement tordu » rutabaga ; de la bourre d’estomac ; femme me plaît, je la prends et espèces qu’ils ont encagées à cette fin, langue « comme le français, sinon mystiques, détournée et minée LeMonde Job: WMQ2708--0014-0 WAS LMQ2708-14 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 10:42 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0327 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 HORIZONS-ANALYSES ET DÉBATS 0 123 Essai sur la concentration et ses divers inconvénients 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F C’EST EN GÉNÉRAL au mo- tous les gouvernements, chefs rects ou les « déséconomies » ex- sous-développement. Là où l’équi- Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 ment où la pollution atmosphé- d’entreprise et sociologues tentent ternes engendrées par le mouve- libre est rompu, là où le mélange Internet : http : //www.lemonde.fr rique (due en partie aux gaz régulièrement d’affronter, est une ment centrifuge, qui concernent n’est plus possible, là où la pro- d’échappement des voitures) at- fois encore posée sans qu’aucun l’ensemble de la société et portion raisonnable est dépassée, ÉDITORIAL teint des pics inquiétants que les début de réponse concrète n’ap- échappent à la stricte comptabilité les inconvénients collectifs dé- constructeurs automobiles an- paraisse. Et c’est parce que ces d’entreprise, sont souvent très passent les avantages immédiats noncent avec fierté des résultats concentrations de voyageurs et de lourds : usines qui tournent au ra- escomptés. Questions au FMI exceptionnels. En quelque sorte, le clients représentent pour certains lenti, désorganisant la production, Il serait absurde de prôner une désagrément des uns s’analyse à salariés en conflit avec leur patron dossiers administratifs « en politique systématique d’émiette- ÉBUT août, Le qu’il faut se défier des amalgames l’aune des cris de victoire des une occasion rêvée, à un moment rade », reports d’échéances, trans- ment des activités sur le territoire, Monde, comme au- et éviter, en mêlant tout, du blan- autres. Sans qu’on puisse formel- stratégique, pour faire basculer un ferts massifs de population sur d’idéaliser des campagnes ver- D jourd’hui le New chiment de l’argent par la mafia lement établir un parallèle quanti- rapport de forces, que des grèves certains sites mal préparés à ac- tueuses face à des villes tueuses, York Times et le Wall russe à la corruption des élites tatif entre le niveau des immatri- comme celle d’AOM sont déclen- cueillir des hordes de touristes, dé- de nier le phénomène naturel de Street Journal, a publié plusieurs postsoviétiques, de jeter un op- culations et les teneurs en oxyde chées. gradation des paysages, pollutions regroupement ethnique entre articles sur les relations entre la probre général sur le travail du d’azote ou en ozone, la concomi- Concentration des hommes, des de toute sorte, comme celles, agri- communautés, de décider régle- Russie et le Fonds monétaire in- FMI en Russie. L’argument ne tance des phénomènes conduit à activités, des richesses, des terri- coles, imputables à une agri- mentairement que tous les Fran- ternational (FMI). Nous affirmions nous paraît pas recevable, précisé- s’interroger sur une caractéris- toires et de ce que les aménageurs culture qui épuise les sols, acci- çais ne doivent pas partir en va- qu’une partie des fonds – des mil- ment parce qu’il s’agit de la Russie tique majeure des sociétés de cette appellent maintenant les bassins dents de la route... Ici, le cances à la même période. liards de dollars – prêtés par le de Boris Eltsine où tout est lié, po- fin de siècle : la concentration. de vie... Les règles de l’économie trop-plein pendant trop long- Pourtant, la plupart des expé- FMI à la Russie avait pu être dé- litique, finance et mafia. Les pas- C’est la concentration des capitaliste nous ont appris que temps ; là, le vide économique, dé- riences fondées sur l’alternance, tournée au profit de quelques oli- serelles sont établies entre la « fa- grands départs et des grands re- l’approche accumulative des mographique ou territorial qui l’écrêtement des pointes, le redé- garques russes organiquement mille » Eltsine, qui tient le tours, depuis ou vers les métro- moyens financiers, techniques et tourne parfois à l’hivernage forcé ploiement, la décentralisation, la liés au Kremlin. Nous critiquions Kremlin, et certains oligarques fi- poles et leurs banlieues, rassem- humains de production était une dix mois de l’année ou à la déserti- subsidiarité, les usines à la cam- le laxisme du Fonds dans l’affecta- nanciers, comme M. Berezovski, blant toujours plus d’habitants ou source d’économie d’échelle, fication irréversible. pagne, le « non » aux tours et tion à la Russie eltsinienne de et des ponts existent aussi entre d’actifs, qui provoque embouteil- comme disent les experts, la barres HLM, les loisirs de contre- sommes énormes prélevées sur la ces derniers et d’éminents repré- lages et émission de vapeurs nau- masse critique une fois atteinte GESTION BIEN TEMPÉRÉE saison ont, en général, été couron- bourse des contribuables occiden- sentants du crime organisé russe séabondes et dangereuses. C’est permettant de réduire les frais gé- La concentration dans le temps nées de succès et bien accueillies taux. Dans ce travail journalis- ou ukrainien, comme Semion Mo- l’insuffisant étalement des dépla- néraux et les coûts de fabrication et l’espace provoque ainsi des par l’opinion. L’amélioration tique, difficile compte tenu de guilovitch. cements – parce que le temps de et de valoriser au mieux les profits. grincements et des ruptures. On considérable des transports depuis l’opacité du système politico-fi- Et c’est précisément parce que travail et son corollaire, le temps Intensification, productivisme et débat souvent de la « fracture so- vingt ans permet maintenant une nancier russe, nous avons pu le pouvoir russe est corrompu, libre et celui des congés, sont gé- regroupement allant parfois jus- ciale », de la société à deux vi- bonne « irrigation » de la France commettre des erreurs. Dans nos constitué de ce triptyque de forces rés de manière trop rigide – qui qu’au gigantisme – les pétroliers tesses, des ghettos de population et une beaucoup plus grande flui- éditions du 19 aôut, Michel Cam- mélangées, que nos questions à entraîne la densification des trans- géants de 300 000 tonnes et d’origine étrangère qui contrarient dité des déplacements en Europe dessus, le directeur général du l’adresse du FMI étaient et sont lé- ports sur des créneaux horaires plus ! – sont des mots différents l’intégration, comme on a pu op- et dans le monde. La gestion bien Fonds, condamnait notre dé- gitimes. Nous les réitérons : le étroits et l’irritante congestion des pour exprimer la même réalité et poser dans les années 70 les pays tempérée du temps, des affaires et marche ; il disait son désaccord « cas » russe ne mérite-t-il pas un moyens et des axes de circulation. le même but : la recherche de la développés accaparant les ri- de l’espace mérite d’être réinven- avec nos conclusions et corrigeait traitement particulier, plus soup- La sempiternelle question du profitabilité maximum. chesses et le savoir et la masse du tée. certaines de nos informations. çonneux que partout ailleurs ? « creux du mois d’août », comme Mais l’économie moderne nous tiers-monde se débattant dans les Depuis, le New York Times a ré- Comment expliquer aux bailleurs celle des « ponts » de mai, que apprend aussi que les coûts indi- affres de la spirale de la dette et du François Grosrichard vélé qu’une des plus importantes de fonds, les contribuables occi- banques des Etats-Unis, la Bank of dentaux, que ce pays auquel il New York, a pu être utilisée pour faut prêter, tous les six mois, des réflexion. Une société qui tourne- première et peut-être seule ri- mal sanctionnés. La réforme de la blanchir des milliards de dollars sommes astronomiques, est, an- rait le dos aux valeurs de marché chesse est le capital humain ? procédure pénale ne mettra pas un du crime organisé russe. Le Wall née après année, exportateur net Résolument sans en entraver le fonctionne- Pour le premier ministre français terme aux abus de la détention Street Journal et la presse britan- de capitaux ? Comment expliquer ment devrait faire retour à l’idéal et la majorité parlementaire, le so- provisoire ni aux atteintes à la di- nique ont repris certaines hypo- aux mêmes bailleurs que cet Etat parfois oublié de la gauche de tou- cialisme est d’abord un modèle de gnité des personnes, encore moins thèses de travail des enquêteurs, russe doit être sans cesse renfloué à gauche jours : bousculer l’ordre injuste civilisation. Nous avons amorcé à cette situation scandaleuse, notamment que la Bank of New parce qu’il se refuse à collecter Suite de la première page des choses par le recul des inégali- des réformes qui dessinent un che- unique en Europe : le justiciable à York a pu servir à détourner l’impôt auprès d’oligarques liés au tés, mettre le pays en mouvement. min nouveau : la réhabilitation de l’audience, seul, face à trois ac- 200 millions de dollars sur des pouvoir politique, qui préfèrent Plus grave encore, la social-dé- Sur le front des inégalités, le la recherche, le plan Jospin sur les cusateurs, le parquet, le président prêts du FMI à la Russie. Enfin, la placer leurs milliards à l’étranger ? mocratie européenne donne par- gouvernement français a ouvert la nouvelles technologies, le PACS, la du tribunal, la partie civile. justice suisse enquête sur des af- A ces questions, le conseil d’ad- fois le sentiment de vivre dans voie d’un réel changement : loi sur naissance de nouveaux métiers L’administré ne doit plus rester faires de corruption, pouvant re- ministration du FMI, où les gou- l’instant et de naviguer à vue. Sans l’exclusion, couverture maladie grâce aux emplois-jeunes. démuni face à l’Etat. Plus que ja- monter jusqu’à Boris Elstine, liées vernements occidentaux ont la mémoire ni vision du futur, elle universelle, réforme des cotisa- Sur cette bonne voie, d’autres mais se fait jour la nécessité de aux activités du financier Boris part belle et qui est comptable de tend à rompre avec ses racines his- tions sociales. Mais telle une crue changements sont impatiemment créer la fonction de supermédia- Berezovski dans la Confédération. l’argent des contribuables, n’a pas toriques et à ignorer les utopies indomptable, le flot des inégalités attendus : la métamorphose du teur, un ombudsman à la française, On dira que ces affaires sont répondu. D’où nos soupçons, et concrètes. Aux oubliettes les luttes continue à enfler, à grossir et à in- temps libéré par les 35 heures en instance de dernier recours qui of- distinctes les unes et des autres, leur légitimité. héroïques d’antan ou les person- filtrer, à miner le terreau social. Le un temps riche et créatif, un nou- frirait aux victimes des abus de nages phares qui ont marqué son fossé se creuse entre, d’un côté, vel élan de la politique de la jeu- droit une chance de réparation et histoire : pas un mot, par exemple, une classe privilégiée de plus en nesse et de la culture, une refonte de sanction contre les fonction- 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani sur le travaillisme d’Harold Wilson plus riche et, de l’autre, les exclus, audacieuse de l’audiovisuel naires fautifs. Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; ou le SPD de Willy Brandt dans le les exploités, les humiliés. Fléau conforme à l’esprit de nos engage- Les droits des citoyens sont eux Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint document Blair-Schröder. insupportable au riche pays de ments électoraux. aussi trop chichement mesurés. Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Seul paraît compter le présent France ! Une grave menace pèse en Eu- Accélérons la mise en application Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau Directeur artistique : Dominique Roynette immédiat ou, au mieux, le pro- Au Parti socialiste français de se rope sur notre imaginaire collec- de nos projets sur la rénovation de Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment chain horizon électoral qui tient porter à l’avant-garde d’un chan- tif : la colonisation de l’âme hu- la démocratie. Finissons-en immé- Rédacteurs en chef : lieu de frontière intellectuelle. Ra- gement radical de cap là où les in- maine par le système marchand diatement avec l’anomalie des Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; rement, ces documents sociaux- justices sont les plus criantes : le mondialisé et, en particulier, la longs mandats et ramenons à cinq Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; démocrates se projettent hardi- chômage de longue durée, la for- vampirisation insidieuse des es- ans, dès l’automne prochain, la Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) ment vers l’avenir dont ils cher- mation, la fiscalité. Et en urgence, prits des jeunes générations par la durée des fonctions des conseils Rédacteur en chef technique : Eric Azan cheraient à déchiffrer les ce chantier dans l’impasse : la poli- philosophie du vide. Les premières municipaux et des conseils géné- Médiateur : Robert Solé linéaments : les filles et les garçons tique des banlieues au bord de victimes de cette aliénation mar- raux. Plus largement, transfor- Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg d’aujourd’hui ne sauront rien du l’explosion. chande sont une fois de plus les mons nos concitoyens en coau- Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre type de société que la gauche eu- Tout est ici à revoir : l’organisa- plus pauvres, les plus démunis, les teurs de leur destin et sollicitons Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président ropéenne leur prépare pour la dé- tion, les conceptions, les finance- plus mal armés pour résister au leurs sentiments à travers des dé- cennie à venir. Faute d’une grille ments. Le ministère de la ville, à décervelage. En Italie, nos amis so- bats nationaux sur les sujets de so- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) de lecture de notre civilisation en présent dirigé par un homme de cialistes ont payé très cher aux ciété les plus brûlants ; les bouleversement, nous continue- talent et de courage, est à ériger au élections européennes et locales drogues, l’euthanasie, la bioé- Le Monde est édité par la SA Le Monde Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. rons à avancer à l’aveugle, à tâ- plus vite en ministère de premier leur difficulté à opposer des thique. Ces problèmes contempo- Capital social : 1 003 500 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, tons, sans anticipation et subirons, rains ont besoin d’une parole nou- Fonds commun de placement des personnels du Monde, sans l’avoir voulu, la suzeraineté velle, elle ne peut venir que du Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, intellectuelle de l’ordre mercantile Pour les socialistes, il y a toujours une place cœur même de la société. Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. mondial. L’écoute des aspirations parfois Trop souvent, certains de nos en politique pour la « liberté libre » contradictoires du peuple n’inter- partis sont devenus des machines dit pas aux dirigeants des partis ILYA50 ANS, DANS 0123 électorales coupées de la vie réelle et la fulgurance des élans du cœur d’indiquer avec hardiesse leurs et notamment des aspirations de convictions plutôt que de se la jeunesse. Puissent-ils retrouver conformer à la doxa des anciens Les maisons préfabriquées de Noisy-le-Sec leur vocation première de labora- rang doté de pleins pouvoirs inter- contre-feux idéologiques à la Grecs : l’opinion moyenne sans sa- toire d’idées, de ruches bourdon- ministériels et d’un commande- « berlusconisation » des veur ni couleur. Il leur appartient QU’ADVIENT-IL de l’expérience de palissades croulantes, de plâtres nantes d’analyses et de proposi- ment direct sur l’urbanisme, le lo- consciences orchestrée par un ex- par la pédagogie et la maïeutique de Noisy-le-Sec, dont le ministère moisis, de maisonnettes étroites tions. Le Parti socialiste français s’y gement (dont la politique est à pert en illusion médiatique. En Al- collective de contribuer aux pro- de la reconstruction avait jeté les cernées de grilles, et l’on arrive tout emploie depuis 1995 avec Lionel refonder sur des bases nouvelles), lemagne, nos camarades risquent grès de la conscience civique. Ainsi plans dès 1946 et qui devait être à la à coup devant une sorte de ma- Jospin, puis avec François Hol- les discriminations éducatives, so- de connaître en octobre les mêmes que le confirme une récente en- fois une exposition permanente et quette grandeur nature d’un village lande. ciales et humaines. déconvenues aux élections régio- quête d’opinion, le courage intel- un laboratoire d’épreuve de la mai- de la campagne anglaise ou ber- Avec patience, obstination et ri- A situation exceptionnelle, nales s’ils ne retrouvent pas la lectuel finit par porter ses fruits. son familiale préfabriquée ? noise, où les arbres sont verts, les gueur, nous avons le devoir de tra- moyens exceptionnels : triplement confiance de la jeunesse alle- Aujourd’hui, une majorité de Nous sommes allés visiter ce rues nettes, les maisons riantes, et vailler jour après jour à la réinven- de la dotation de solidarité ur- mande, Bref, une formidable ba- Français approuve la suppression vaste quartier naguère consacré où, oh ! miracle, il n’y a pas de clô- tion d’un projet de transformation baine, affectation d’une fraction taille mondiale est engagée pour la de la peine de mort ou la lutte aux cultures maraîchères et où s’est tures, où l’on peut voir chez les voi- profonde de la société. Ouvrons ici des milliards donnés au patronat conquête non plus des territoires, contre la xénophobie ou encore la édifiée une cité sans doute unique sins comme ils voient chez vous ; quelques pistes d’un défrichage de pour de prétendues créations mais des intelligences : de la dé- décision du gouvernement Jospin au monde : cinquante-six pavillons, mais où, à perte de vue, on jouit de longue haleine. d’emplois. C’est à ce prix et par faite ou de la victoire d’un système sur le PACS. Crions-le haut et fort : cinquante-six modèles de pavillons l’espace de jardins mi-pelouses mi- D’abord, finissons-en avec le une croisade de chaque instant de développement fondé sur l’épa- pour les socialistes, il y a toujours plutôt, cinquante-six prototypes, potagers, entrecoupés seulement parler faux. Ainsi de cette schizo- que sera vaincue la malédiction nouissement des capacités de une place en politique pour la « li- présentant chacun sur un même de haies basses de troènes et de pe- phrénie typiquement française qui des ghettos. création et des valeurs d’huma- berté libre » et la fulgurance des thème – l’habitation d’une famille tites barrières blanches comme des censure de nos programmes le vo- Tout aussi grave que la persis- nisme dépend notre déclin ou élans du cœur. de Français moyens – une variation jouets d’enfant. cable de « privatisation » tandis tance des inégalités sociales est notre renaissance économique et On aimerait enfin que les partis originale à la fois sur le plan des On se croit subitement transpor- que, dans la pratique et avec rai- l’abandon par une partie de la politique. de la gauche européenne fassent matériaux, de la conception, de té sous un autre climat, presque son, les cessions d’actif se multi- gauche européenne de l’autre di- Pour endiguer ce phénomène de retentir plus fortement leur voix l’équipement. dans un autre monde, tant l’aspect plient pour le plus grand bien de mension de son combat : la mise rabotage de nos cultures, il ne suf- chaque fois que la démocratie est On quitte le quartier ravagé de la de l’habitation influe sur l’humeur notre tissu industriel. Ayons le en mouvement de la société, de fit pas de brandir le drapeau de bafouée dans le monde. On gare, on suit quelques rues sem- des hommes. courage d’appeler un chat un chat. ses imaginations, de ses intelli- l’exception culturelle. Une analyse comprendrait mal qu’ils aient blables, hélas ! à trop de rues des C’est une exigence de probité et de gences, de ses élans de générosité et une politique de gauche conduit avec succès une guerre du banlieues parisiennes, faites de cet A. C. clarté. Réjouissons-nous plutôt de et de ses énergies inventives. manquent au rendez-vous, qui ou- droit au Kosovo et qu’ils de- affreux désordre de terrains vagues, (27 août 1949.) la libération des forces de création « L’économicisme » paraît avoir vriraient à la jeunesse des aven- meurent silencieux sur le sort infli- économique engendrée par l’im- tout dévoré. Comme si cette tures collectives exaltantes et la gé aux Kurdes, aux Tibétains ou à pulsion modernisatrice de nos gauche « sérieuse » ne s’assignait détourneraient des mirages de la de nombreux peuples africains. Ici 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS gouvernements. plus qu’une ambition première : fi- société du profit immédiat et de la encore, foin des prudences et des Télématique : 3615 code LEMONDE Ensuite et surtout, recentrons- gurer en bonne place au tableau consommation passive. complaisances. Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC nous plus que jamais sur la re- d’honneur des bons gestionnaires. Ce nouvel art de vivre doit se Aux socialistes européens de ou 08-36-29-04-56 conquête de l’identité de la gauche Vive alors le marxisme d’antan fonder aussi sur le culte des droits maintenir vivante la flamme de Le Monde sur CD-ROM : 01-44-88-46-60 diluée dans l’inévitable pragma- qui, lui au moins, savait distinguer humains. Le gouvernement fran- l’espérance, de retrouver « l’état Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 tisme de l’action quotidienne. entre les infrastructures – le sou- çais a ici encore fait preuve d’inno- d’esprit du soleil levant » cher à Re- L’heureuse formule de Lionel Jos- bassement économique – et les su- vation : la parité hommes-femmes, né Char et de construire une philo- Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE pin – « Oui à une économie du mar- perstructures – les croyances, les la réforme de la justice. Pourtant, sophie de l’avenir. Résolument Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr ché, non à une société du marché », mentalités, les mythes et les rêves ! nous sommes encore loin du moderne. Résolument de gauche. Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 reprise par le texte Blair-Schrö- Oublierait-elle, cette gauche en compte. Les arbitraires adminis- der – peut offrir l’ossature de cette quête de respectabilité, que notre tratifs ou judiciaires sont toujours Jack Lang LeMonde Job: WMQ2708--0015-0 WAS LMQ2708-15 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0328 Lcp: 700 CMYK

CARNET LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / 15

DISPARITIONS a ANNICK GOUTAL, créatrice de a GEORGES BOULOGNE, ancien parfums, est morte à l’âge de cin- sélectionneur de l’équipe de France quante-quatre ans, vendredi 20 août de football, est mort lundi 23 août, à à Paris. Musicienne de formation, l’âge de quatre-vingt-un ans. Né en Annick Goutal s’était découvert un 1917 à Haillicourt (Pas-de-Calais), cet Yann Goulet ancien instituteur et joueur amateur talent de nez à la fin des années 70, alors qu’elle travaillait dans une so- à Amboise, Saint-Dizier, Gand et Vi- Un autonomiste breton, ancien collaborateur, exilé en Irlande ciété artisanale de produits de beau- try, était entré à la Fédération fran- té. Elle ouvre une boutique, en 1981, çaise de football (FFF) en 1958, en YANN GOULET, figure de geant comme Raymond Dela- pays dont il prendra la nationa- exposé à la Chambre des à Paris, pour présenter son premier qualité d’instructeur national. Il avait l’autonomisme breton, surtout porte, Célestin Laîné ou Olivier lité. Pour avoir cru, comme Communes, à Westminster. parfum, Folavril. Signés d’un bou- ensuite eu la charge, pendant onze pendant les années d’Occupa- Mordrel qui s’illustreront dans d’autres nationalistes bretons, A la fin des années 60 et au dé- chon en forme de papillon, ses fla- ans, des équipes de France juniors. tion, est mort, près de Dublin, la collaboration. que l’Allemagne nazie les « dé- but des années 70, Yann Goulet cons emballés dans des aumônières En mars 1969, Georges Boulogne dimanche 22 août, à l’âge de Yann Goulet est alors aux livrerait » de la France, il est avait donné quelques soucis au de gaze s’inspirent de l’ambiance avait été nommé sélectionneur, en quatre-vingt-cinq ans. Il avait commandes de Bagadou Stourm condamné à mort par contu- gouvernement irlandais en se gourmande de la confiserie de son remplacement de Louis Dugauguez, été condamné à mort par contu- (les groupes de combats) du Par- mace, en 1947, par la cour de présentant comme le porte-pa- père. Pleines de poésie, ses fra- démissionnaire. Sa prise de fonc- mace en 1947 par la justice fran- ti national breton (PNB) et rêve justice de Rennes pour collabo- role, sinon l’animateur, du Front grances délicates puisent dans les tions s’était soldée par un revers à çaise. d’en faire une milice armée. Si ration. de libération de la Bretagne odeurs de sa vie, de Sables, imaginé Wembley contre l’Angleterre (0-5). Il Né le 20 août 1914 à Saint-Na- les nazis encouragent les sépa- (FLB) qui commettait des atten- sur les grèves de l’île de Ré, à l’Eau restera en poste jusqu’en mai 1973, zaire (Loire-Atlantique), Yann ratismes, ils se méfient de la AUTORITÉ CONTESTÉE tats en France contre des bâti- du ciel, aux accents bucoliques. En avant de quitter ses fonctions au Goulet avait fait l’Ecole natio- propension de leurs auteurs à se Une seconde vie commence ment administratifs. Dans une 1985, la créatrice s’associe à la famille lendemain d’une défaite à Moscou nale des beaux-arts à Paris d’où lancer dans une militarisation alors pour lui qui ne reniera ja- lettre de revendication envoyée Taittinger, au sein du Groupe du (0-2) contre l’URSS, qui privait la il était sorti avec le premier prix de ces mouvements. Pour au- mais ses engagements. Re- au général de Gaulle, il se pré- Louvre. A la suite de désaccords, An- France de la Coupe du monde 1974. de sculpture et le deuxième prix tant, Yann Goulet sera l’un des nouant avec sa formation aux sentait comme le « secrétaire gé- nick Goutal revend ses parts en 1988 Il fut alors remplacé par le Roumain de peinture. Partisan résolu d’un dessinateurs des insignes, des beaux-arts, il devient un néral en exil du Comité pour la et quitte la société, pour finalement Stefan Kovacs. Resté à la FFF, renouveau de l’art celtique, il uniformes – chemises noires et sculpteur renommé dans son Bretagne libre ». Il est probable revenir, en 1992, en tant que direc- Georges Boulogne créa la direction fait partie d’un groupe d’artistes bottes de cuir – et du drapeau pays d’adoption. Jusqu’en 1989, qu’il s’accordait alors une im- trice artistique. Malgré une distribu- technique nationale, qu’il dirigea – il joue du biniou – envoyé aux blanc à croix noire centrée d’un il réalise de nombreuses œuvres, portance politique qu’il n’avait tion assez confidentielle en France, jusqu’au début des années 80. A ce Jeux olympiques de Berlin, en triskell de ces formations. Les SS notamment des statues évo- plus et son autorité était contes- ses dix-sept parfums rencontrent poste, il participa largement au dé- 1936, pour y représenter la Bre- breton, comme ils seront appe- quant la lutte des Irlandais tée jusque dans les rangs des au- d’étonnants succès aux Etats-Unis, veloppement des structures de for- tagne parmi d’autres provinces lés, ne rassembleront jamais contre les Anglais. Il est l’auteur, tonomistes bretons qui le sur- où la marque est dans le trio de tête mation des jeunes. Il fut notamment françaises. Mobilisé en 1939, fait plus de 300 à 400 éléments qui dans le centre de Dublin, d’un nommaient « Tonton Yann » du circuit sélectif. L’Eau d’Hadrien un des instigateurs de l’Institut na- prisonnier, il est rapatrié en iront jusqu’à affronter la police monument à la gloire de ces pour les plus affectueux, et reste son grand classique, rejoint de- tional du football. Georges Bou- France, fin 1940, en sa qualité re- vichyssoise en 1943. combattants, le Custom House « Général Micro » pour les plus puis peu par Petite Chérie, composé logne était encore secrétaire de vendiquée d’autonomiste. Précédant la défaite, Yann Memorial. Il sculpte aussi le ironiques. pour sa fille en 1998. Annick Goutal l’Union nationale des éducateurs et Dès janvier 1941, il s’engage Goulet part se réfugier au pays buste d’une figure de l’autono- venait d’achever une nouvelle créa- des cadres techniques du football dans le séparatisme intransi- de Galles, puis s’exile en Irlande, misme irlandais, Charles Parnell, Olivier Biffaud tion, qui doit sortir en septembre. français (Unecatef).

AU CARNET DU « MONDE » Décès – Marie-Rose Coullaud, – Denise Varenne, Anniversaires de décès – Le 27 août 1988, Dieu rappelait à Lui son épouse, son épouse, – Olga Rosen Bakchine, – Le jeudi 27 août 1998, Anniversaires de naissance Yvette Auriac, Olivier et Béatrice Varenne, Simonne et Daniel Dumont, sa fille, Mme Adrien GOUTEYRON, – Bon anniversaire, François Varenne, Michèle et Paul Wagner, Franck Auriac, François BRETEAU née Rosie JULIEN. ses enfants, Les familles Coullaud, Auriac, ses enfants, William et Anna-Lisa, Olivia et Yves, Bressand, Nicolas, Sophie et Matthieu Varenne, Houbby. quittait le monde. Une messe sera célébrée pour elle en Ariel, Juliette et Serge, Aude, Julien, ont la douleur de faire part du décès de ses petits-enfants, l’église de Rosières (Haute-Loire), ce ses petits-enfants, ont la douleur de faire part du décès de 27 août 1999. Avance en eau profonde. Charlotte, Alexandre, Sarah, Samuel, Gabriel COULLAUD, Que ceux qui l’ont connu et aimé se Alice, Joséphine, ancien maire de Portes-lès-Valence, souviennent de lui. ses arrière-petits-enfants, ancien conseiller général de la Drôme, Max VARENNE, De la part de ont la douleur de faire part du décès de 26 août 1911-23 août 1999. Doudie, Luce, Tomtom et Albinou. survenu le 24 août 1999. – Le 23 août 1997, Mme Rébéka BAKCHINE, Les obsèques ont eu lieu à Cavalaire née BECHAR, dans l’intimité familiale. Les obsèques auront lieu le vendredi Denise FAURE. Jean POPEREN, 27 août, à 15 heures, au cimetière Mariages survenu le 24 août 1999, dans sa quatre- Yvette Auriac, intercommunal de Chevilly-Larue. Messe à Conflans-Sainte-Honorine, ce vingt-quinzième année. 12, rue Ferdinand-Fabre, l’homme qui ne lâchait pas, a quitté les 29 août 1999, à 10 h 30. siens. Le docteur J.-P. FARINOLÉ, 34090 Montpellier. Cet avis tient lieu de faire-part. ancien champion de France Les obsèques auront lieu le vendredi de ping-pong, 27 août, à 11 heures, au cimetière En souvenir de mon épouse, d’une – Le conseil d’administration, 15, rue du Rouergue, merveilleuse maman et de la meilleure En ce jour d’anniversaire, que tous ses et son épouse, de Fontenay-sous-Bois, 114, boulevard amis et ceux qui l’ont apprécié se Gallieni (Val-de-Marne). Et toute l’équipe du cabinet SDRH 94550 Chevilly-Larue. des mamies. ont la joie de faire part du mariage de leur ont la tristesse d’annoncer le décès de souviennent et aient une pensée pour lui. fille, Ni fleurs ni couronnes. Pascale DELQUEUX, Karine consultante associée, avec Stages Nicolas DÛCHATEL. survenu le 20 août 1999. SOUTENANCES DE THÈSE ATELIERS D’ECRITURE Elisabeth Bing 83F TTC - 12,65 ¤ la ligne – Marie-José Peccatier, Week-ends de sensibilisation Marie-Claire Vart, dite Marion Loran, Programme 1999-2000 – Ils ont dit oui, oui pour la vie, Thierry Laurent, le 28 août 1999. Tarif Etudiants 99 sur simple appel : ses enfants, 01-40-51-79-10 Ainsi que tous ses petits-enfants www.club-internet./frperso/atecbing Marjorie et arrière-petits-enfants, ont la grande tristesse de faire part et Nos abonnés et nos actionnaires, du décès de Pierre-Alain HUART. bénéficiant d’une réduction sur les insertions du « Carnet du Monde », Mme Renée LAURENT, 49, rue des Saules, sont priés de bien vouloir nous com- née DESCARPENTRIES, muniquer leur numéro de référence. 75018 Paris. survenu le 22 août 1999, dans sa quatre- vingt-dix-huitième année.

La cérémonie des obsèques a eu lieu le 25 août, dans l’intimité familiale en l’église Notre-Dame de Boulogne (Hauts- de-Seine).

Cet avis tient lieu de faire-part.

20, avenue Robert-Schumann, 92000 Boulogne.

– Mme Diane Boucher-Ledebt, Annick et Yann Ledebt, Loïc Trabut, Et toute la famille, font part du décès de Philippe LEDEBT.

La cérémonie religieuse aura lieu le vendredi 27 août 1999, à 15 heures, en l’église de Biviers (Isère).

Condoléances sur registre.

Cet avis tient lieu de faire-part et de remerciements.

576, chemin des Arriots, 38330 Biviers.

0123 Au sommaire CARNET DU MONDE du numéro DOSSIERS & DOCUMENTS - TARIFS 99 - de septembre TARIF à la ligne DÉCÈS, REMERCIEMENTS, AVIS DE MESSE, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS 136 TTC - 20,73 ¤ 1939-1945 : Le feu et la cendre TARIF ABONNÉS 118 F TTC - 17,98 ¤ La folie d’un homme, la décivilisation NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, d’un peuple, la destruction des juifs MARIAGES, FIANÇAILLES d’Europe, la collaboration de l’Etat 520 F TTC - 79,27 ¤ FORFAIT 10 LIGNES français... Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 ¤ Ce mois-ci, un seul dossier consacré THÈSES - ÉTUDIANTS : à la deuxième guerre mondiale. 83 F TTC - 12,65 ¤ COLLOQUES - CONFÉRENCES : Nous consulter Chez votre ట marchand 01.42.17.39.80 + 01.42.17.29.96 de journaux Fax : 01.42.17.21.36 Plus : LES CLÉS DE L’INFO ¤ Les lignes en capitales grasses 12 F - 1,83 sont facturées sur la base de deux 4 pages pour décoder l’actualité lignes. Les lignes en blanc sont obligatoires et facturées. LeMonde Job: WMQ2708--0016-0 WAS LMQ2708-16 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 10:58 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0329 Lcp: 700 CMYK

16 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999

ÉNERGIE Très morcelé, avec ses CONCURRENCE instaurée en avril de 30 %. b LES GRANDS OPÉRA- TER à cette nouvelle donne, les pro- d’origine. b UNE CONCENTRATION 900 producteurs, le secteur de l’élec- 1998 avait, jusqu’à présent, bénéficié TEURS lancent maintenant une vaste ducteurs modifient leurs stratégies. industrielle se profile, alors que des tricité en Allemagne subit une trans- aux seules entreprises. Certaines offensive commerciale auprès des Le numéro un, RWE, limite sa diversi- concurrents étrangers, parmi les- formation profonde sous l’effet d’entre elles ont pu, en renégociant particuliers, avec des baisses de tarifs fication dans les télécommunications quels le français EDF, cherchent à s’im- d’une libéralisation poussée. b LA leurs contrats, réduire leurs factures allant jusqu’à 20 %. b POUR S’ADAP- pour se concentrer sur son métier planter sur le marché allemand. La guerre des prix de l’électricité profite au consommateur allemand Depuis seize mois, l’Allemagne a instauré une libéralisation plus poussée que d’autres pays européens, dont la France. Après avoir démarché les entreprises, les grands producteurs lancent une offensive commerciale tarifaire auprès des particuliers FRANCFORT 1998. Elle a choisi d’anticiper et livrer du courant aux quatre coins core survenue. Le français EDF, de notre correspondant Les principaux opérateurs allemands d’appliquer sans restriction no- du pays. Les différents acteurs ont candidat au rachat d’au moins 25 % C’est la dernière mode sur le VENTES DE COURANT ELECTRIQUE EN 1998 table la directive européenne, en- tendance à protéger leur territoire d’EnBW, pourrait tirer son épingle marché allemand de l’électricité. trée en vigueur en février, afin de en fixant pour leurs équipements du jeu. La décision de son action- en milliards de kWh Les uns après les autres, les grands libéraliser le secteur. Mais, jusqu’à des tarifs de passage (Durchleitung) naire, le Land du Bade Wurtem- producteurs lancent des offensives 1 RWE (Essen) 138 présent, « les particuliers n’étaient qui renchérissent le prix du kilo- berg, qui vend ses propres parts, de charme auprès des particuliers, pas concernés par le mouvement », wattheure. Certains ont même re- devrait être prise avant la fin de leur promettant de spectaculaires 2 VEBA (Hanovre) 106 rappelle le patron d’une toute fusé, comme dans la région berli- l’année. baisses de tarif. Après seize mois jeune société d’achat de courant en noise aux dépens de l’américain Les professionnels s’attendent à 3 VIAG (Munich) 73 de libéralisation, la concurrence gros. Enron, de louer leurs réseaux à des une vague de concentration sans pourrait enfin commencer à profi- 4 EnBW (Karlsruhe) 51 Ce sont d’abord les industriels nouveaux venus, une attitude qui a précédent. Actuellement, différents ter aux petits consommateurs : les qui ont pu bénéficier de la concur- incité l’Office allemand des cartels anciens monopoles régionaux, qui 5 VEAG (Berlin) 47 rence. Pour conserver ou pour ga- à intervenir. se partageaient le marché, se sont gner ces gros clients, sur un mar- Ces pratiques « sauvages » pour- Les Français décidés à briser un tabou : ils 6 VEW (Dortmund) 35 ché en très légère progression, les raient néanmoins se normaliser pe- sortent de leurs chasses gardées opérateurs ont dû concéder des tit à petit, les producteurs devant ne choisiront pas pour aller chercher les clients dans 7 HEW (Hambourg) 17 baisses de tarifs proches de 30 % se mettre d’accord dès la fin du l’ensemble du pays. sur certains contrats. Rares sont mois de septembre pour assurer 8 14 leur fournisseur Le numéro un du secteur, RWE NWS (Stuttgart) aujourd’hui les grands noms de davantage de souplesse et de Energie, a franchi le pas le premier. 9 BEWAG (Berlin) 13 l’industrie allemande à ne pas avoir transparence au réseau. Par ail- Entrée en vigueur le 19 février, Depuis le 1er août, il propose au renégocié leur approvisionnement. leurs, une Bourse du courant de- la directive européenne sur client qui osera rompre le contrat Source : VDEW vrait être opérationnelle au milieu l’électricité prévoit une mise en avec son fournisseur habituel de PRATIQUES « SAUVAGES » de l’an 2000 à Francfort. Elle per- concurrence progressive, l’objec- réduire « d’environ 20 % » ses fac- Walner, de RWE Energie, qui se ré- taille risque d’être rude, car les pro- « La concurrence s’impose beau- mettra aux producteurs et reven- tif étant que chaque pays ouvre tures. Le quatrième groupe alle- jouit d’avoir joué les précurseurs : ducteurs réalisent plus de la moitié coup plus vite et plus durement que deurs de se procurer de l’énergie à au minimum 33 % de son marché mand, Energie Bade Wurtemberg en plein creux estival, dès la pre- de leurs chiffres d’affaires avec les certains ne le craignaient ou ne l’es- moindre coût. en 2003. D’entrée de jeu, la (EnBW), dans le Sud-Ouest, a aus- mière semaine de vente, particuliers, et chacun va vouloir au péraient », conviennent tous les ex- La pression de la concurrence va Grande-Bretagne, l’Allemagne, la sitôt répliqué, mais ne commercia- 100 000 personnes auraient mani- moins conforter ses positions », pré- perts. En à peine plus d’un an, les bouleverser le paysage très morce- Suède et la Finlande ont décidé lisera son courant hors de sa région festé leur intérêt pour les tarifs affi- voit Uwe Kirche, porte-parole de différents opérateurs ont vu leurs lé de l’électricité allemande, où de libéraliser intégralement leur d’origine qu’à partir du 1er no- chés. Le groupe d’Essen espère l’Association des producteurs alle- chiffres d’affaires et leurs bénéfices plus de 900 producteurs-distribu- marché. La France, en revanche, vembre, via sa filiale Yello Strom : doubler le nombre de ses abonnés, mands d’électricité. reculer du fait de la baisse des prix : teurs, privés et publics, cohabitent. a préféré une ouverture progres- les clients peuvent déjà s’informer pour atteindre à terme 4,6 millions L’effervescence actuelle marque Viag, par exemple, a enregistré une Tous les acteurs sont en train de sive, dans un cadre réglementé, via un numéro vert sur les abonne- de clients, sur un marché estimé à une nouvelle étape de la libéralisa- baisse de 29 % de ses ventes pour s’adapter à la nouvelle donne, et respectant les étapes décidées ments proposés. Le numéro trois, 43 millions de contrats. tion du marché de l’électricité. Au le seul premier semestre ! Les cherchent à réduire leurs coûts. Les par les quinze pays de l’Union. Bayernwerk, a, à son tour, dévoilé « Dans deux ans au plus tard, ce contraire de la France, où il n’est grandes campagnes à destination géants du secteur, à l’instar de Cette ouverture ne vise, au dé- les détails de ses nouveaux tarifs. type de démarchage sera tout à fait pas question pour les particuliers des particuliers devraient aussi RWE, ont revu leur stratégie (lire part, que les grands clients indus- « Nous nous attendons à de vives normal », dit-on chez EnBW, où un de pouvoir faire des infidélités au coûter cher. ci-contre). Les producteurs étran- triels, qui représentent à eux réactions, car certains ont répliqué chiffre d’affaires de 1,3 milliard de monopole d’EDF, l’Allemagne s’est Une autre inconnue réside dans gers s’intéressent de près au princi- seuls près du quart de la fourni- pour la forme, sans donner de préci- deutschemarks (660 millions d’eu- jetée à fond dans le grand bain de les conditions d’accès aux lignes pal marché européen, mais aucune ture de courant d’EDF. Dans le sions sur leurs offres », indique Erik ros) est attendu à terme. « La ba- la concurrence depuis la fin avril électriques, qui vont permettre de implantation d’envergure n’est en- futur, elle ne concernera en au- cun cas les particuliers. La France n’a toujours pas mis sa législa- tion en conformité avec la nou- Pour conserver sa première place, RWE abandonne les télécoms velle donne européenne, la loi in- tégrant cette évolution n’étant FRANCFORT demande de courant augmente (72,7 milliards de deutsche- mière place sur un marché do- 10 % et 15 % du marché européen toujours pas adoptée. Votée en de notre correspondant faiblement chaque année, alors marks, 37,2 milliards d’euros, mestique en pleine mutation. Il d’ici à 2010. première lecture à l’Assemblée Au début des années 90, à l’ins- que les volumes de télécommuni- 244 milliards de francs). Son voi- veut aussi profiter de la libérali- Pour accélérer son développe- en février, elle devrait être étu- tar de ses principaux concurrents cations explosent. sin de Düsseldorf, Veba, opère le sation en cours en Europe pour ment, RWE prévoit de consacrer diée par les sénateurs à l’au- allemands du monde de l’énergie, même retour sur deux de ses aller voir au-delà de ses fron- plus de 5 milliards de deutsche- tomne. RWE avait entrepris une diversifi- pôles traditionnels, l’énergie et la tières, et regrette que certains marks par an (2,6 milliards d’eu- cation coûteuse. Le groupe d’Es- RUMEUR DE CESSION chimie. RWE, confronté à ses ho- pays, comme la France, ne jouent ros) à la croissance externe dans sen avait cru voir dans les télé- RWE a donc engagé une vaste mologues nationaux, mais aussi à pas le jeu de la libéralisation tel les prochaines années. De même indices laissent imaginer un rap- communications le grand marché réorganisation : le réseau fixe de l’arrivée de prétendants étran- qu’il s’amorce en Allemagne. Son qu’EDF, il souhaite prendre une prochement entre Veba et Viag, du futur, celui, du moins, qui al- téléphonie, Otelo, exploité en gers, entend défendre sa pre- nouvel objectif : détenir entre participation dans le quatrième respectivement deuxième et troi- lait tirer sa croissance. A la veille commun avec Veba, le deuxième électricien du pays en cours de sième producteurs du pays. Les de la libéralisation européenne électricien du pays confronté à privatisation partielle, EnBW pourparlers semblent être bien du téléphone, en janvier 1998, le des choix similaires, a été vendu Comparer les tarifs sur Internet (Bade-Wurtemberg), mais « pas à avancés. La fusion de leurs deux fi- groupe dirigé par Dietmar Kuhnt au printemps à Mannesmann. La n’importe quel prix », précise un liales électriques (PreussenElektra ambitionnait de devenir l’in- rumeur veut que RWE prépare la Si les groupes électriques allemands se préparent à la concurrence porte-parole du groupe. et Bayernwerk) constituerait le contournable concurrent de cession d’une autre filiale sur le marché des particuliers, il existe un outil pratique pour Confronté à la décision du gou- premier opérateur national. «De l’opérateur historique, Deutsche commune aux deux groupes dans comparer leurs tarifs. Le site Internet « stromtarife.de » propose de vernement allemand de fermer telles hypothèses étaient inimagi- Telekom. Sur ce marché dyna- les téléphones mobiles, E-plus, le calculer la facture de ses visiteurs. Ouvert début août, il aurait déjà toutes les centrales nucléaires du nables voici encore quelques mois, mique, des milliards de deutsche- troisième réseau national. Au connu un grand succès, selon ses promoteurs, une association pri- pays, RWE entend se renforcer reconnaît un analyste financier. Il marks ont donc été investis, et bout du compte, RWE ne figure vée de recherche sur les énergies renouvelables installée à Muens- dans différentes énergies et les est clair dorénavant que tout le beaucoup d’argent perdu. pas parmi les concurrents les plus ter. Les écarts de prix du courant sont d’ailleurs significatifs. services aux particuliers. Présent monde discute avec tout le monde et Depuis l’ouverture du marché menaçants de Deutsche Telekom, Une famille de quatre personnes, avec une consommation an- dans les produits pétroliers, il ex- que le développement des uns passe- de l’électricité, la stratégie de di- qui a pourtant dû concéder de nuelle de 4 000 kWh, paiera, selon « stromtarife.de », 1 426 deutsche- trait de la lignite, commercialise ra par des fusions. » A l’avenir, versification de ce géant cente- larges parts de marché depuis un marks à la compagnie Bewag (soit 729 euros, 4 781 francs) si elle est du charbon et du gaz. Afin de quelques dizaines de producteurs naire, né au cœur du bassin in- an. installée dans la capitale allemande. La même consommation lui multiplier les sources d’approvi- significatifs pourraient subsister, dustriel de la Ruhr, a été Désormais, le groupe préfère coûtera près de 470 francs de moins dans le Bade-Wurtemberg, avec sionnement à moindre coût, une dont seulement deux ou trois sus- promptement révisée : la concur- se concentrer sur l’électricité, son EnBW (pour une facture annuelle de 1 286 deutschemarks, 657,5 eu- société de négoce d’électricité a ceptibles de peser au niveau euro- rence dans le domaine électrique métier d’origine, qui représentait ros, 4 313 francs), et 840 francs de moins dans une région où RWE même été créée en mai à Londres. péen. semble encore plus âpre que dans un petit tiers de son chiffre d’af- Energie contrôle le marché (avec un budget annuel de les télécommunications, car la faires lors de l’exercice 1997-1998 1 174 deutschemarks, 600 euros, 3 936 francs). P. R i. Philippe Ricard Conflit social à Marseille dans le ramassage des ordures La Société générale MARSEILLE soutenue par la CGT et la CFDT cial. » Ces désaccords, qui préfecture. Outre les odeurs qui « d’un conflit localisé, entre une en- de notre correspondant régional des personnels communaux, la si- semblent porter sur des détails, deviennent intenables aux pieds treprise privée et certains de ses sa- saisit la COB Les 48 salariés de l’entreprise tuation actuelle tient aux concur- proviennent souvent de la vieille des grands ensembles, les repré- lariés ». En fait la mairie, pour en- Bronzo ont interrompu le ramas- rences féroces que se livrent les pratique du « parti-fini » : les sentants des habitants redoutent trer dans la danse, demandait un TANDIS QUE le Comité des établis- sage des ordures depuis le 18 août grands opérateurs dans le secteur : équipes, solidaires, se débrouillent les départs d’incendies et les épi- geste aux grévistes : « Assurer au sements de crédit et des entreprises dans les 13e et 14e arrondissements « Ils font des rabais insensés pour pour finir au plus tôt chaque jour. démies. Leur représentant, Patrick moins un service minimum », c’est- d’investissement (Cecei) rendra son de Marseille : ils exigent que obtenir les marchés, et ils font en- Cette tradition permet aux salariés Rizzitelli, expliquait donc, mercre- à-dire le ramassage des ordures verdict vendredi 27 août, dans la toutes les tournées soient organi- suite des économies sur le person- qui commencent à 5 heures du di 25 août dans l’après-midi, qu’il y des établissements sanitaires et bataille qui oppose la BNP à la So- sées avec « un chauffeur et deux ri- nel. Les clauses sociales des cahiers matin de boucler leur journée avait « urgence à organiser une des plus grands ensembles d’im- ciété générale (SG), la pression est à peurs », (c’est-à-dire deux char- des charges, ils s’en foutent », ex- avant 13 heures. Sur les genoux... table ronde avec la mairie, les re- meubles. « Vous nous demandez son comble. La Société générale a geurs derrière la benne), comme plique un délégué CFDT, qui rap- A court terme, c’est rentable et présentants de la société et l’inter- d’arrêter la grève pour négocier », demandé, jeudi 26 août, à la cela est prévu par le cahier des pelle que ces cahiers des charges permet des semaines de moins de syndicale » – et il s’employait à la rétorquait un responsable cégé- Commission des opérations de charges que la mairie avait établi sont « impératifs ». 39 heures aux salariés ; mais sur le monter. A la préfecture, où on ve- tiste, qui soulignait que les gré- Bourse (COB) l’ouverture d’une en- avant les appels d’offres qui ont long terme, c’est physiquement nait de recevoir les grévistes, on se vistes assuraient déjà la tournée quête sur « la nature et la portée » abouti à la nouvelle répartition des DÉTAILS usant. Les travailleurs tiennent déclarait prêt à aider à une média- des cliniques et des crèches. des soutiens de certains action- marchés en juin. L’entreprise Après huit jours de conflit, l’ac- souvent à maintenir cette pra- tion, mais on rappelait d’abord la Le conflit arrivait donc, jeudi, à naires de SG à la BNP et sur « les Bronzo, basée à La Ciotat, appar- tionnaire unique a tenu à prendre tique, ce qui rend les négociations lettre du code général des collecti- son premier tournant. Les syndica- conditions dans lesquelles ils auraient tient depuis cette année à la Socié- les choses en main. Jean Boiteau, à venir sur les 35 heures très ex- vités locales : c’est au maire « d’or- listes du privé et du public avaient été obtenus ». Les salariés restent, té des eaux de Marseille (SEM), directeur général de la SEM, fait et plosives, la contrepartie de ces ho- ganiser le ramassage des ordures », l’intention de faire monter la pres- de leur côté, très mobilisés. Le syn- elle-même filiale à 50-50 de la refait ses calculs : « Pour qu’il y ait raires étant souvent des salaires le préfet ne s’en occupant qu’en sion dans d’autres secteurs de ra- dicat FO a instamment demandé, Lyonnaise-Suez et de Vivendi. deux ripeurs par benne en tenant peu élevés. cas de défaillance avérée. massage de la ville. Mais une réu- mercredi 25 août, au Cecei de ne Après quelques ajustements du- compte des congés ou des maladies, Les 136 000 habitants de ces nion devait se tenir ce même jour pas ouvrir la voie à « un coup de rant l’été, le conflit a éclaté à pro- il faut appliquer un coefficient mul- quartiers populaires commencent TOURNANT entre salariés et direction, à la di- force », et déplore que les intérêts pos du nombre de bennes néces- tiplicateur de 1,33 par personne : à souffrir de la grève, d’autant que Du côté de la mairie, on se dé- rection départementale des trans- des salariés aient été « superbement saires dans le secteur, la direction nos propositions actuelles y corres- la chaleur est accablante. Le maire clarait « très préoccupé », mais on ports, afin d’examiner le désac- ignorés ». Par ailleurs, l’association acceptant d’en ajouter une. Mais pondent. » Il précise que l’achat de (PS) de secteur, Garo Hovsépian, a restait dans une prudente expecta- cord. Et d’imaginer peut-être une des cadres dirigeants de SG, qui re- les salariés sont revenus au mot camions nouveaux allège le travail demandé à Jean-Claude Gaudin tive. Mandaté par le maire Jean- solution à un conflit qui dépasse vendique 5 600 membres, a adressé d’ordre de trois personnes par et, à propos du cahier des charges, (DL) d’intervenir pour que le Claude Gaudin (DL), Henri Loisel, largement par ses effets l’entre- une lettre à M. Trichet pour lui rap- benne, ce qui signifie recruter cinq il ajoute : « Cela, c’est mon pro- conflit cesse et les comités d’inté- secrétaire général adjoint de la prise concernée. peler son opposition au projet de la salariés pour le secteur. Selon leur blème avec la ville. Avec le person- rêt de quartier (CIQ) locaux ont ville, expliquait aux grévistes réu- BNP et accuser Michel Pébereau de intersyndicale (CGT, CFDT, FO), nel, je dois régler le problème so- été reçus en mairie centrale et en nis sous ses fenêtres qu’il s’agissait Michel Samson chercher à influencer le Cecei. LeMonde Job: WMQ2708--0018-0 WAS LMQ2708-18 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0331 Lcp: 700 CMYK

18 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999

DÉPÊCHES a MULTIMÉDIA : l’intervention du premier ministre, Lionel Jos- La réforme du SJTI est engagée pin, à l’université de la commu- nication d’Hourtin, sur le bilan du programme d’action gouver- Le Service juridique et technique de l’information (SJTI) sera rattaché, non plus à Matignon, mais au ministère nemental pour la société de l’in- formation et l’encadrement juri- de la culture et de la communication. Christian Phéline, conseiller de Catherine Trautmann, prendra les rênes de l’organisme dique du web et le commerce électronique, sera retransmise en LE SERVICE juridique et tech- récemment nommé conseiller et avec le ministère de l’économie dernisation de la presse. La « sous- Né au temps de l’imprimerie au différé sur le site Internet du nique de l’information et de la maître à la Cour des comptes, et et des finances. La réforme que de- direction de la communication au- plomb et du poste à galène, le SJTI Monde, jeudi 26 août, à partir de communication (SJTI) va changer qui dirigeait ce service depuis juin vrait appliquer le nouveau direc- diovisuelle » correspond à l’activité a dû être réformé pour s’adapter à 21 heures (http///www.le- de statut et de patron. Le conseil 1993. teur consiste à changer le nom du du SJTI auprès des entreprises de l’ère de l’informatique, du câble et monde.fr) des ministres du mercredi 15 sep- Créé par un décret du 17 no- SJTI mais, surtout, à le rattacher au l’audiovisuel public. Représentant du satellite. En 1995, Francis Brun- a Pierre Lescure, PDG de Ca- tembre devrait à la fois décider de vembre 1947, le SJTI est une origi- ministère de la culture et de la de l’Etat dans les conseils d’admi- Buisson a créé une « sous-direction nal+, devait annoncer, jeudi transformer ce service en « direc- nalité de l’administration française. communication. Maintes fois envi- nistration des chaînes de radio et du développement des services de 26 août, à Hourtin la création tion » et désigner à sa tête Chris- Directement rattaché au premier sagé, ce projet n’a jamais été réali- de télévision, le SJTI est un inter- communication » pour préparer d’une filiale, Canal Numédia, tian Phéline, actuellement conseil- ministre, il conseille et exécute les sé. locuteur privilégié de leurs diri- l’intervention de l’Etat dans le do- regroupant les activités Internet ler au cabinet de Catherine décisions du gouvernement pour Le SJTI se compose de trois di- geants. La plupart d’entre eux lui maine de l’action audiovisuelle ex- du groupe en Europe. Par ailleurs, Trautmann, ministre de la culture tout ce qui concerne la presse rections correspondant à ces mis- reconnaissent une véritable effica- térieure et suivre les affaires tech- Canal+ s’apprêterait à annoncer, et de la communication. M. Phéline écrite, les entreprises publiques de sions. Grâce à ses statisticiens, il cité lors des négociations budgé- niques des industries et réseaux de selon Le Figaro, la cession de 40 % succédera à Francis Brun-Buisson, l’audiovisuel, la réglementation, la joue un rôle « d’observation et de taires où il sert de « tampon » avec communication, notamment au ni- du bouquet italien TelePiù au législation et les affaires internatio- documentation sur les médias ». Sa Bercy. « Il est souvent plus facile de veau international. géant italien de l’électricité Enel nales dans ces secteurs. Doté d’un « sous-direction de la presse écrite travailler avec le SJTI qu’avec cer- ainsi qu’à trois institutionnels, Le retour budget de 27 millions de francs et de l’information » gère tout ce tains cabinets. Même si ce sont de DIPLOMATIE ET SENS POLITIQUE Comi, San Paolo et Cofiri. (4,1 millions d’euros) et de 120 col- qui a trait au régime juridique et purs technocrates, ils sont souvent Agenda bourré de réunions, a Bertelsmann a vendu 7,2 mil- de Christian Phéline laborateurs, le SJTI travaille, au gré économique de la presse et à l’in- plus proches des réalités des entre- contacts avec des personnalités lions d’actions du service en de la composition des gouverne- tervention de l’Etat dans ce secteur. prises, qu’ils connaissent mieux », aussi variées et influentes que le ligne America Online Inc. (AOL), Après avoir œuvré à la rédac- ments, avec tous les ministres qui C’est notamment là que se prépare estime un dirigeant d’une société sont les patrons de la presse écrite pour financer le développement tion de la loi sur l’audiovisuel ont à voir avec la communication la mise en place du Fonds de mo- publique. ou ceux des radios et des télévi- de ses activités liées à l’Internet, a pour Catherine Trautmann, sions, discussions avec plusieurs indiqué le groupe allemand mer- Christian Phéline revient au SJTI, cabinets ministériels, connaissance credi 25 août. Bertelsmann ne dé- qu’il a déjà dirigé de juillet 1991 à de dossiers qui vont du finance- tient plus que 0,7 % d’AOL. juin 1993. Ce Parisien de cin- L’arrivée de Charles Biétry provoque des remous à TF 1 ment de la production audiovi- a PUBLICITÉ : le groupe britan- quante-quatre ans est passé par suelle à la législation européenne : nique WPP a acheté l’agence l’ENA. Après des débuts à la di- LA VENUE de l’ex-directeur des sports de Canal+ roger, mais j’ai rassuré tout le monde », explique Xavier le poste de responsable du SJTI française Mediaquest, spéciali- rection de la prévision du minis- Charles Biétry à TF 1 aurait dû être une des « an- Couture. « J’ai la parole de Patrick Le Lay que Charles exige travail, diplomatie et sens po- sée dans les nouveaux médias. tère de l’économie et des fi- nonces » de la grille de rentrée de la Une, mais, les Biétry ne vient pas ici pour me remplacer. Nous en avons litique. Mediaquest sera fusionnée avec nances, il devient sous-directeur « fuites » dans la presse ont obligé la chaîne privée à discuté pour bien cadrer les choses. Il veut simplement se Depuis 1947, ils ont été onze à les autres activités interactives en au ministère de la culture. Il ef- confirmer son arrivée plus tôt que prévu (Le Monde faire plaisir en commentant à nouveau des matches et ne ce poste pour des durées qui vont France de WPP, sous le nom Ogil- fectue un passage au Musée na- du 26 août). Sans préciser ses fonctions exactes, la vise aucun poste de responsabilités », poursuit-il. de deux à treize ans. Souvent vyInteractive. – (AFP.) tional d’art moderne, puis il est Une indique que Charles Biétry « renforcera l’équipe Embauché comme simple journaliste, Charles Biétry proches politiquement des gou- a PRESSE : Paris Match s’oppose nommé, en 1969, directeur géné- des commentateurs dans le cadre de la Ligue des sera présent à la rédaction sous l’autorité confirmée de vernements qui les nomment, au projet de loi Guigou, voté en ral adjoint du Centre national du champions ». Frédéric Jaillant, directeur-adjoint chargé du football, quelques-uns de ces hauts fonc- première lecture par les députés. cinéma (CNC). Depuis 1993, il était La plupart des journalistes sportifs de TF 1 ne et commentera en compagnie d’un autre journaliste le tionnaires poursuivent leur car- Ce texte, s’il était adopté défini- contrôleur d’Etat, notamment au- cachent pas leur surprise et leur colère. « C’est in- deuxième match des seize journées de la Ligue des rière dans des entreprises de tivement interdirait toute publica- près des entreprises audiovi- compréhensible et insensé », lâche l’un d’eux. Pour cer- champions que TF 1 retransmettra en partage avec Ca- communication. C’est notamment tion de photographies « risquant suelles. Militant politique dans sa tains, il s’agirait d’un « renvoi d’ascenseur » entre Pa- nal+. Bien rodées, ces soirées de la Ligue des cham- le cas de Bertrand Cousin, qui fut de porter atteinte à la personne hu- jeunesse – il a été membre du trick Le Lay, PDG de TF 1, et Charles Biétry, qui aurait pions présentées par Roger Zabel et Guy Roux, l’en- ensuite directeur général adjoint maine ». Dans un éditorial à pa- PSU et de deux organisations aidé la Une à ficeler le dossier football pour son bou- traîneur du club de football de l’AJ Auxerre, réalisent de la Socpresse (groupe Hersant), raître le 2 septembre, Alain Gé- trotskistes : la Ligue communiste quet numérique TPS. Pour calmer les esprits, Xavier d’excellentes audiences. Mais l’inimitié profonde entre de Jean-Pierre Hoss, qui dirigea la nestar, directeur général de la et l’Organisation communiste in- Couture, directeur des sports de TF 1, a expliqué à ses Roger Zabel et Charles Biétry du temps où ils travail- SFP et vient d’être nommé à la rédaction, affirme que Paris Match ternationaliste (OCI) –, Christian troupes qu’il « restait le chef » et que l’arrivée de laient ensemble sur Canal+ risque de gripper la ma- tête du Centre national de la ciné- « s’engage à combattre ce projet de Phéline est aussi un passionné de Charles Biétry sur TF 1 était « d’un grand intérêt pour chine. Charles Biétry commentera son premier match matographie (CNC) ou de Marc- loi, contraire à la Convention euro- cinéma, sur lequel il a écrit plu- la chaîne ». Ses propos n’ont guère convaincu et dès le mercredi 15 septembre. « Va y avoir du sport », André Feffer, actuel directeur gé- péenne des droits de l’homme, et sieurs ouvrages. Il a d’ailleurs un laissent toujours planer des doutes sur le rôle exact résume un journaliste de la Une... néral de Canal+. toutes les initiatives qui insidieuse- moment espéré succéder à Marc que jouera à l’avenir Charles Biétry. « La rédaction a ment, rétabliraient une forme de Tessier à la tête du CNC. légitimement considéré qu’il y avait matière à s’inter- Daniel Psenny Françoise Chirot censure quelle qu’elle soit ».

EUROPE ASIE - PACIFIQUE TABLEAU DE BORD

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b TELEFONICA : l’opérateur SPRU RRIQ et semi-public a augmenté de TPQS IUIRW IPH

0,3 % (+ 47 300) au deuxième tri- historique espagnol a annoncé IQPPH

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mestre par rapport au trimestre pré- son intention d’introduire en IPUWP

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cédent et de 1,9 % (+ 266 000) sur un Bourse sa filiale Internet Telefonica [[[ [[[ [[[ITPPU [[[ [[[ [[[

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I tF IQ tF PT eF tF IQ tF PT eF I tF IQ tF PT eF an, selon les résultats provisoires de Interactiva qui regroupe ses I l’INSEE et du ministère de l’emploi. activités en Espagne et en Indices cours Var. % Var. % Indices cours Var. % Var. % Amérique latine, dont la Europe 10 h 15 f se´lection 26/08 25/08 31/12 Zone Asie 10 h 15 f se´lection 26/08 25/08 31/12

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ƒ„yˆˆ SH QVITDQW HDTR IRDWR IQTHVDQV HDWT QSDRQ a adopté, mercredi, un plan 1,9 milliard d’euros. EUROPE HONGKONG rexq ƒixq

i ‚y ƒ„yˆˆ QPR QQIDQH HDUI IIDHR HDHH FFFF SRDUT d’économies publiques s’élevant à EUROPE SINGAPOUR ƒ„‚es„ƒ „swiƒ

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± ƒ„yˆˆ TSQ QITDSH HDTW IQDQT IISDIW HDIT UUDQV 15,34 milliards d’euros en 2000, puis TOYOTA : le constructeur EUROPE SE´OUL gyw€yƒs„i sxhiˆ

geg RH RTQSDPH HDIQ IUDSU QHRTDIH HDRP VDPU 25,56 milliards d’euros par an jus- automobile japonais coopérerait PARIS SYDNEY evv y‚hsxe‚siƒ

± wshgeg HDHH FFFF FFFF QPDIH PDVU PS qu’en 2003. avec Volkswagen dans les moteurs. PARIS BANGKOK ƒi„

Yomiuri ƒfp IPH QITRDQS HDIT IWDIP RVPPDUU PDPH SUDVR Selon le journal japonais PARIS BOMBAY ƒixƒs„s†i sxhiˆ

Shimbun ƒfp PSH HDHH FFFF FFFF PIRRDTS HDTI QDVR

a TURQUIE : une mission d’ex- du mercredi 25 août, PARIS WELLINGTON xƒiERH

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perts du FMI va se rendre à la mi- Toyota échangerait ses brevets de PARIS ƒigyxh we‚gri

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septembre en Turquie pour étudier moteurs à injection directe essence AMSTERDAM eiˆ

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les conditions de l’octroi des auto- contre ceux de VW concernant les BRUXELLES fiv PH Taux de change fixe zone ¤uro Hors zone ¤uro

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risations d’emprunter sur ses quotas. moteurs diesel à injection directe. FRANCFORT heˆ QH

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b MADRID ƒ„ygu iˆgrexqi ´ QDQSQVS VDPRQS a ÉTATS-UNIS : les commandes FIAT : le constructeur DEUTSCHEMARK ...... IDWSSVQ DEUTSCHEMARK ...... COUR. NORVEGIENNE

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automobile italien vendra,du MILAN wsf„iv QH LIRE ITALIENNE (1000). LIRE ITAL. (1000) ...... COUR. SUEDOISE ......

de biens durables ont augmenté ` QDWRPQV QTDQTH PESETA ESPAG. (100).... IDTTQVT PESETA ESPAG. (100) .... COURONNE TCHEQUE

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30 août au 31 décembre, une ZURICH ƒ€s QDPUIWH IDTSIP de 3,3 % en juillet, après une hausse ESCUDO PORT. (100).... PDHHRVP ESCUDO PORT. (100).... DOLLAR AUSTRALIEN .

RDUTUHQ IDSSUT de 0,5 % en juin. C’est la septième voiture sur Internet, un modèle SCHILLING AUTR. (10).. IDQUTHQ SCHILLING AUTR. (10).. DOLLAR CANADIEN ....

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progression mensuelle consécutive. spécial de la Spyder baptisée ´ ´ PDWUTTH QPTDRT

AME´ RIQUES FLORIN NEERLANDAIS PDPHQUI FLORIN NEERLANDAIS DRACHME GRECQUE ..

IDTPTHU PSPDTR En revanche, les reventes de loge- « Barchetta Web ». Le véhicule sera FRANC BELGE (10) ...... RDHQQWW FRANC BELGE (10) ...... FLORINT HONGROIS ..

IDIHQPR RDISHH ments en juillet ont baissé de 3,9 %, réservé à la clientèle italienne. C’est MARKKA FINLAND...... SDWRSUQ MARKKA FINLAND...... ZLOTY POLONAIS......

NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq ¤URO / DOLLAR

après une hausse de 12,6 %. la première fois en Europe qu’une

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voiture est ainsi mise en vente. IDHR Taux d’inte´reˆt(%) Matif

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mondiales de dioxyde de carbone, London Stock Exchange devrait Notionnel 5,5 PDSU PDSQ RDVT SDSW IHWWI PTUV IDHS FRANCE ......

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ne représente plus que 23 % de lancer, en septembre, un nouveau ALLEMAGNE .. PDSU

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l’énergie produite au niveau mon- marché spécialisé dans les valeurs GDE-BRETAG. RDTW Euribor 3 mois

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le Neuer Markt allemand, le I

PDTR RDVW SDTI PAYS-BAS...... PDSI www.lemonde.fr/bourse Nouveau marché français et l’Easdaq européen. Indices cours Var. % Var. %

AFFAIRES Ame´rique 10 h 15 f se´lection 25/08 veille 31/12 BOURSES CHANGES-TAUX

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b LA POSTE : l’établissement b BANQUES : quatre banques WALL STREET atteint de nou- LE DOLLAR n’est pas parvenu à IQVIDUW IDQR IPDRI E´TATS-UNIS ƒ8€ SHH

public a annoncé, mercredi régionales japonaises, Hokuriku veaux sommets. L’indice Dow remonter la pente, en dépit de la PVHSDTH IDWQ PUDWS E´TATS-UNIS xeƒhe gyw€yƒs„i

25 août, un partenariat avec IBM, Bank, Ashikaga Bank, Bank of the Jones de la Bourse de New York a décision de la Réserve fédérale UPPPDTQ HDUR IIDQT TORONTO „ƒi sxhiˆ

le géant américain de Ryukyus et Hiroshima Sogo Bank, battu un nouveau record, mercre- américaine de relever ses taux di- IHTSHDHH QDPT STDWW SAO PAULO fy†iƒ€e

l’informatique, pour élaborer une vont demander l’aide de l’Etat pour di 25 août, clôturant en hausse de recteurs d’un quart de point. La de- QHIDVV PDTQ PWDVS MEXICO fyvƒe

offre commune de commerce un total de 260 milliards de yens 0,38 %, à 11 326,04 points. L’aug- vise américaine se négociait à SIPDTV RDQV IWDPI BUENOS AIRES wi‚†ev

électronique. IBM proposera des (2,2 milliards d’euros), afin de mentation limitée des taux déci- 110,97 yens, jeudi 26 août. En re- IPVDIQ IDWW TTDRH SANTIAGO s€ƒe qixi‚ev

dée par la Réserve fédérale a vi- vanche, le billet vert s’est nette- ± solutions informatiques et la Poste redresser leurs comptes et éliminer ± RTPIDVV HDUW QDRV CARACAS ge€s„ev qixi‚ev assurera la logistique. une bonne part de leurs créances siblement rassuré les marchés. ment apprécié face à l’euro, qui co- douteuses, a indiqué, jeudi 26 août, Dans la foulée, la Bourse de Franc- tait 1,0433 dollar jeudi, contre b Nihon Keizai Shimbun. ABN AMRO : le géant bancaire le quotidien Coursdechangecroise´s fort a ouvert en hausse, jeudi 1,0540 dollar la veille. La décision néerlandais a annoncé, jeudi 26 26 août, l’indice DAX gagnant de la Fed aura eu plus d’impact sur août, le lancement d’une offre b OGM : la Deutsche Bank Cours Cours Cours Cours Cours Cours 0,62 %, à 5 433,94 points, tandis les marchés obligataires. Aux Etats- 26/08 10 h 15 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.

publique d’achat (OPA) de déconseille à ses clients d’investir qu’à Paris l’indice CAC 40 s’appré- Unis, les taux à 30 ans sont tombés

DOLLAR ...... FFFF HDWHHVT IDHRQRH HDISWHU IDSVVWH HDTSIRP

2,675 milliards de florins dans les sociétés produisant des YEN...... IIIDHHSHH FFFF IISDURHHH IUDTSSHH IUTDPRHHH UPDQHSHH ciait à l’ouverture de 0,44 %, à à 5,85 %, contre 5,93 % mardi. En

(1,21 milliard d’euros) sur la organismes génétiquement ¤URO ...... HDWSVRI HDVTRHI FFFF HDISPRS IDSPPSS HDTPRPS 4 649,47 points. La Bourse de To- Europe, jeudi matin, les rende-

Bouwfonds Nederlandse modifiés (OGM) pour l’agriculture, FRANC ...... TDPVTRH SDTTQUH TDSSWSU FFFF WDWVISS RDHWRRH kyo a fait exception : elle a terminé ments des obligations d’Etat à LIVRE ...... HDTPWQU HDSTTWH HDTSTVH HDIHHIH FFFF HDRHWWS

Gemeenten (BNG), spécialisé dans en raison de la mauvaise image de jeudi en baisse de 1,1 %, à dix ans se sont détendus, à 4,83 % à FRANC SUISSE...... IDSQSIH IDQVPWH IDTHIVH HDPRRIH PDRQURS FFFF les crédits et hypothèques, ces produits dans l’opinion. 17 666,29 points. Paris et à 4,70 % à Francfort. LeMonde Job: WMQ2708--0020-0 WAS LMQ2708-20 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0333 Lcp: 700 CMYK

20 / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 FINANCES ET MARCHÉS

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7,28 %, à 41,14 euros. Le géant al- tronics s’est appréciée de 5,1 %, QUSPDTH QHRH

lemand des télécommunications mercredi, à 100,50 euros. Taiwan PSU QHSDSS

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s’est dit « optimiste » à propos de Semiconductor, dont le géant PQR QUISDIV

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ses résultats 1999 et prévoit que néerlandais détient une partie du PIP

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  ƒi€„F PT pi†F PT ey „ †vwwt QI ey „ PT pi†F PT ey „ †vwwt la croissance de ses ventes de té- capital, s’apprête à augmenter I léphones mobiles l’an prochain ses tarifs, la demande progres-

va « booster » ses profits : elles sant plus vite que prévu. e WDHV FFFF qf WDSW FFFF p‚ IPPDR FFFF GRANADA GROUP qf DIAGEO AXA /RM

e SERVICES COLLECTIFS IHQDV FFFF q‚ RUDRV FFFF qf IRDQW FFFF ont crû de 20,9 % au premier se- b Le titre Vedior a cédé, mercre- HERMES INTL p‚ ELAIS OLEAGINOU CGU

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b Selon le quotidien italien La avoir chuté de plus de 8 % en e e e C C C

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première banque italienne, se- ropéen de l’intérim a, certes, an- MOULINEX /RM HELLENIC SUGAR FONDIARIA ASS ELECTRABEL fi

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e ´ ATLAS COPCO -A- ƒi RWDUS FFFF p‚ e PIDW FFFF

RENAULT CONGLOMERATS ORION A ps

PWDTH FFFF

e ATLAS COPCO -B- ƒi MEDIAS

UUDP FFFF

p‚ e C PP HDRT

VALEO /RM ORION B ps

±

IQDUH HDHR

AKER RGI -A- xy

IQDUV FFFF

e ATTICA ENTR SA q‚ C

STDP IDTQ hi e

qf VDVT FFFF

RUDRQ FFFF

VOLKSWAGEN e RHONE POUL./RM p‚ BSKYBGROUP

RV FFFF

CGIP /RM p‚ WDUR FFFF

BAA qf e PTDTT FFFF

ƒi EURO C p‚ TVDQ FFFF

IUHVQDHU HDQQ

VOLVO -A- e ROCHE HOLDING gr CANAL PLUS /RM

IDRS FFFF

CIR s„ UDVV FFFF

BBA GROUP PLC qf

PTDTT FFFF

ƒi ______C qf UDPU FFFF

IIIIRDWQ HDVP

VOLVO -B- e ROCHE HOLDING G gr CARLTON COMMUNI

RRRDW FFFF

D’IETEREN SA fi IRDIQ FFFF

BERGESEN xy

C e

C HDTW PSPDV e

xv IHDRS HDWU

ITQDV FFFF

f DJ E STOXX AUTO P e SANOFI /RM p‚ ELSEVIER

RVDHP FFFF

GAZ ET EAUX /RM p‚ PVDSI FFFF

BONHEUR xy NOUVEAU

e e C

p‚ PPVDS FFFF

IHUDQS HDTI

e SCHERING AG hi HAVAS ADVERTISI

IUWDW FFFF

GBL fi e

RQDI FFFF

CMB fi e

s‚ RDSS FFFF IPDVU FFFF

SMITHKLINE BEEC qf INDP NEWS AND M

WDRQ FFFF

GENL ELECTR CO qf ´ PUDST FFFF

BANQUES CMG qf e

C MARCHE p‚ QVDS FFFF

HDPI

e f DJ E STOXX PHAR P QWRDIP LAGARDERE SCA N

SQDSS FFFF

GEVAERT fi

QDTR FFFF

COOKSON GROUP P qf e

C

VDRS HDPR

MEDIASET s„ ISDWV FFFF

qf e ABBEY NATIONAL C

PVDR HDSQ

HAGEMEYER NV xv

±

WHIQDRW PDWH

DAMPSKIBS -A- hu Cours % Var.

PHDIT FFFF

e qf

C

PQDV PDIS

ABN AMRO HOLDIN xv PEARSON 26/08 10 h 36

TDHQ FFFF

INCHCAPE qf f en ¤uros veille ±

WTVTDIR IDQU

DAMPSKIBS -B- hu

qf TDHT FFFF

IQDSH FFFF

ALLIED IRISH BA qf ´ REED INTERNATIO

IIDVH FFFF

INVESTOR -A- ƒi ENERGIE

±

IQUPPDHQ IDWP

DAMSKIBS SVEND hu

IRDIU FFFF

REUTERS GROUP qf q‚ UUDRU FFFF

ALPHA CREDIT BA C

IPDHW HDRV

INVESTOR -B- ƒi AMSTERDAM

IHDSS FFFF qf PDSQ FFFF

AKER MARITIME xy DELTA PLC

C

IHDHI IDPQ

e xy

PIDTT FFFF

ARGENTARIA R iƒ SCHIBSTED

PPDPH FFFF

KVAERNER -A- xy

C

qf SDWP FFFF xy UDPP IDUI FFFF

BG DET SONDENFJ NO AIRSPRAY NV IW

QDWR FFFF

e qf

IUDIW FFFF

BPINTOMAYORR €„ e TELEWEST COMM.

PWU FFFF

LVMH / RM p‚

qf IVDSW FFFF qf VDQS FFFF

FFFF

BP AMOCO ELECTROCOMPONEN e ANTONOV HDWP

PRUDI FFFF

e TF1 p‚ IHDQW FFFF

BANCO ESSI R €„

PRDHS FFFF

MYTILINEOS HOLD q‚ e

C

C

qf ISDUS FFFF hi VR IDPH UDTS

BURMAH CASTROL EQUANT NV C/TAC HDTT

WDRV FFFF

e qf

C

SPDUS HDVT e„ UNITED NEWS & M

BANK AUSTRIA AG C

RIDPR HDPW

NORSK HYDRO xy e e

iƒ FFFF FFFF ps PTDU FFFF

FFFF

CEPSA FINNLINES e CARDIO CONTROL TDS

C

xv QTDRS PDQW

FFFF FFFF qf WOLTERS KLUWER

BANK OF IRELAND C

IRRDWI HDII

OERLIKON-BUEHRL gr e

C

fi IIWDR FFFF qf QDSH HDRR FFFF

ELECTRAFINA FKI CSS ITDQS

WDHR FFFF

WPP GROUP qf q‚ QHDQQ FFFF

BANK OF PIRAEUS C

ISDQS IDTI

ORKLA -A- xy e

C

p‚ IUU FFFF hu PTDSH HDSI

FFFF

ELF AQUITAINE / FLS IND.B HITT NV UDV

C

IDHU

e f QIHDQ

QWDUR FFFF

BANKINTER R iƒ DJ E STOXX MEDIA P

IQDIT FFFF

ORKLA -B- xy e e

C C

s„ SDW HDTV e„ QVDWR HDTU FFFF

ENI FLUGHAFEN WIEN INNOCONCEPTS NV PHDI

PVDUI FFFF

BARCLAYS PLC qf e

PWDTW FFFF

SONAE INVESTIME €„

qf UDPI FFFF qf ISDTQ FFFF FFFF

ENTERPRISE OIL GKN ISDQS

e NEDGRAPHICS HOLD

C

THDQ IDHI

BAYR.HYPO-U.VER hi e

TPDP FFFF

VEBA AG hi

±

xy WDSV FFFF qf QDUR HDRH

FFFF

F.OLSEN ENERGY GLYNWED INTL PL PDIS

e POLYDOC C

s„ SDQW HDQU

BCA FIDEURAM C BIENS DE CONSOMMATION

HDIQ

f DJ E STOXX CONG P PWHDUW

± IHS

PROLION HOLDING HDRU

 A

e @€u˜li™ite C

RDIW IDPI

BCA INTESA s„ e C xv QQDP IDQU

AHOLD C PDIU

e RING ROSA UDHS

IDPW FFFF

BCA ROMA s„

qf QDQS FFFF

ASDA GROUP PLC C HDTV

e RING ROSA WT RDTP IPDVQ FFFF

BBV R iƒ ´ ´

RPDPU FFFF

TELECOMMUNICATIONS ATHENS MEDICAL q‚ FFFF

e UCC HOLDING NV IPDVS

UI FFFF

BCO POPULAR ESP iƒ e C

SQDHI HDPS

AUSTRIA TABAK A e„ C ISDPV IDUP

e BRITISH TELECOM qf

IHDIS FFFF

BSCH R iƒ e

± TTDS HDPR

BEIERSDORF AG hi IIDIV FFFF

e CABLE & WIRELES qf

PSDR FFFF

BCP R €„ e

SIDRS FFFF

e BIC /RM p‚ C

RIDQ HDVS

e DEUTSCHE TELEKO hi www.lemonde.fr BRUXELLES

UTDP FFFF

BNP /RM p‚

UDUQ FFFF

BRIT AMER TOBAC qf

ƒi VDWQ FFFF

FFFF

e EUROPOLITAN HLD ENVIPCO HLD CT IDV

WDWI FFFF

BSCH R iƒ e

VT FFFF

e CASINO GP /RM p‚

p‚ USDQ FFFF

±

HDSH

e FRANCE TELECOM FARDEM BELGIUM B PH

IIW FFFF

CCF /RM p‚

C

IVHVDVU HDTT

CFR UNITS -A- gr q‚ PHDVH FFFF

C

QDRS

HELLENIC TELE ( INTERNOC HLD Q

±

QDVP HDQP

CHRISTIANIA BK xy e

STR FFFF

e CPT MODERNES /R p‚

C xv RQDR PDWU

FFFF

e KONINKLIJKE KPN INTL BRACHYTHER B WDP C

TDTS HDTI

COMIT s„ e

US FFFF

DELHAIZE fi

q‚ PUDRS FFFF

C

IHDWW

PANAFON HELLENI LINK SOFTWARE B RDTU

WPDRT FFFF

COMM.BANK OF GR q‚ e

QIQ FFFF

e ESSILOR INTL /R p‚

€„ QWDVW FFFF

±

IDTS

e PORTUGAL TELECO PAYTON PLANAR PDWR C

QRDIS IDHR

COMMERZBANK hi e

SUT FFFF

ETS COLRUYT fi C

gr QQUDWI HDWQ

FFFF

SWISSCOM N SYNERGIA V

±

IHWDTR HDTI

DEN DANSKE BK hu

IDWP FFFF

FYFFES qf C SQ IDPW

TELE DANMARK -B hu

± QDTR HDWW

DEN NORSKE BANK xy e

RQDP FFFF

e GIB fi

IPP FFFF

e TELECEL €„

C

TTDT HDIS

DEUTSCHE BANK hi

QUDPW FFFF

e GOODYS q‚ C

WDTQ HDVR

e TELECOM ITALIA s„ FRANCFORT

IQWDR FFFF

DEXIA CC fi

IHDPT FFFF

e IMPERIAL TOBACC qf C SDQS HDWR

e TELECOM ITALIA s„

± IDTI WIDS

IPRDU FFFF

DEXIA FCE RM p‚ e 1&1AG&CO.KGAA

± IIDS IDUI

e KESKO -B- ps ISDRV FFFF

TELEFONICA iƒ

e C

C PDRW WPDUS

RRDV HDTU

DRESDNER BANK hi e AIXTRON

TIVDS FFFF

e L’OREAL /RM p‚

C SDQ IDQR

TIM s„

FOOT C

TP HDVI

WQDUS FFFF

ERGO BANK q‚ e AUGUSTA TECHNOLOGI

IRDQ FFFF

MODELO CONTINEN €„

C

IWDHP IDSR

VODAFONE AIRTOU qf

e C HDRH SHDV

±

SQDV HDPV

ERSTE BANK e„ BB BIOTECH ZT-D

RIDTH FFFF

PAPASTRATOS CIG q‚

C HDSR

f DJ E STOXX TCOM P TVQDQI

C

ISDQ HDTT ISDPH FFFF

FOERENINGSSB A ƒi e BB MEDTECH ZT-D

TRRDS FFFF

PROMODES /RM p‚

C

TUDS HDIS WDIH FFFF

FOKUS BK xy BERTRANDT AG

IPDRH FFFF

RECKITT & COLMA qf

EN DIRECT C ISDT HDTS IHDSH FFFF

HALIFAX GROUP qf BETA SYSTEMS SOFTW

QDUW FFFF

CONSTRUCTION SAFEWAY qf

SSDR FFFF QUDRQ FFFF

HSBC HOLDS qf CE COMPUTER EQUIPM

TDRI FFFF

SAINSBURY J. PL qf

e C

QDRS WH iƒ RTDQW FFFF SSDIR FFFF

IONIAN BK REG.S q‚ ACCIONA e CE CONSUMER ELECTR

SQDT FFFF

SEITA /RM p‚

e C

HDPV IVHDS iƒ IIDHV FFFF WHDVI FFFF

JYSKE BANK REG hu ACESA REG CENIT SYSTEMHAUS

QDHU FFFF

SMITH & NEPHEW qf

C

C IHDW HDRT q‚ PIDVV FFFF QSDTS IDWP

KAPITAL HOLDING hu AKTOR SA DRILLISCH QDIQ FFFF

STAGECOACH HLDG qf

e e C QQS FFFF ps IT HDTQ SQDI FFFF

KBC BANCASSURAN fi ASKO OY e EDEL MUSIC E 98

IUDV FFFF

TABACALERA A iƒ

e

RV FFFF iƒ IWDTV FFFF IQDUT FFFF

LLOYDS TSB qf AUMAR R e ELSA QDS FFFF

TAMRO ps

e e ± C SW PDPH ± s„ UDSV HDIQ

SDII P

MERITA ps AUTOSTRADE EM.TV & MERCHANDI

qf PDTQ FFFF

PDRQ FFFF q‚ PIDPQ FFFF

LASMO qf HALKOR TESCO PLC

e ± C PHDV IDRP s„ RDIW IDPI USDTT FFFF

NAT BANK GREECE q‚ BCA INTESA e EUROMICRON C e xv PQDW PDVH

±

WU HDQI qf IHDHT FFFF

OMV AG e„ HAYS TNT POST GROEP

e ± IQDIS HDQV ± qf IDUH HDVV

TPDSS FFFF

NATEXIS BQ POP. p‚ BICC PLC GRAPHISOFT NV

C

e RUWDUT HDRV

± ±

IWDUQ TDUW hi THDV HDIT

PETROLEUM GEO-S xy HEIDELBERGER DR f DJ E STOXX N CY G P

PS FFFF qf TDVT FFFF

IWDSP FFFF

NATL WESTM BK qf BLUE CIRCLE IND e HOEFT & WESSEL

UUDU FFFF q‚ SQDWI FFFF

PRIMAGAZ /RM p‚ HELLAS CAN SA P

e ± C IPDHS HDRI SDRS HDPI p‚ PSWDW FFFF

NORDBANKEN HOLD ƒi BOUYGUES /RM e HUNZINGER INFORMAT

IHDRQ FFFF s„ FFFF FFFF

PROSAFE xy IFIL

e ± QTDSS HDWS qf TDHU FFFF IWDUV FFFF

ROLO BANCA 1473 s„ BPB e INFOMATEC

IWDVU FFFF qf RDUW FFFF

REPSOL iƒ IMI PLC COMMERCE DISTRIBUTION

C

VUDV PDHW qf PDTQ FFFF

IWDWS FFFF

ROYAL BK SCOTL qf CARADON e INTERSHOP COMMUNIC

± ± THDT IDQV hu SQDSR HDPS

ROYAL DUTCH CO xv ISS INTL SERV-B

qf QDST FFFF

e C VQDW QDSV fi VVDQ FFFF

IHDSR FFFF

S-E-BANKEN -A- ƒi CBR ARCADIA GRP KINOWELT MEDIEN

±

ITDPT FFFF hu VTDIH HDQI

SAGA PETROLEUM xy KOEBENHAVN LUFT

IPDIW FFFF

e e qf ± QRDSI IDRH €„ ITDR FFFF IWSDS FFFF p‚ BOOTS CO PLC

STE GENERAL-A-/ CIMPOR R e e LHS GROUP

C

±

RDPP HDRU xv PTDT IDWP

SAIPEM s„ KON.NEDLLOYD e

IQS FFFF

e p‚ ± IIWDS QDSS ± p‚ ITWDI FFFF IQDPU HDUH ƒi CARREFOUR /RM

SV HANDBK -A- COLAS /RM e LINTEC COMPUTER

UDWU FFFF ps IPR FFFF

SHELL TRANSP & qf KONE B e

p‚ PQQDW FFFF

C TDT FFFF qf IWDQP FFFF PUHDRT IDUT gr CASTO.DUBOIS /R

UBS REG CRH PLC e LOESCH UMWELTSCHUT

IPDHI FFFF p‚ PIT FFFF

SMEDVIG -A- xy LEGRAND /RM e

IUDIU FFFF

e e iƒ ± C QHDUS PDPQ iƒ RU FFFF RDSQ HDPP s„ CENTROS COMER P

UNICREDITO ITAL CRISTALERIA ESP e MENSCH UND MASCHIN C

IPVDW FFFF xy IHDWP HDST

TOTAL FINA /RM p‚ LEIF HOEGH e

iƒ PHDSU FFFF

e C C UQDPW IDHW iƒ QQDIS FFFF TRDWV HDTQ

hu CONTINENTE

UNIDANMARK -A- GRUPOS DRAGADOS e MOBILCOM C

± HDSV hi SUDV HDSP

f DJ E STOXX ENGY P QPPDQV LINDE AG

qf IUDVH FFFF

e C ITDU IDPI iƒ SRDI FFFF PWDII FFFF q‚ DIXONS GROUP PL

XIOSBANK FOM CON CONTRAT e MUEHL PRODUCT & SE

±

QQDQS HDIS

MAN AG hi e C

hi RUDR IDPV

e C C IDSW TR p‚ WVDV FFFF

HDQQ PVRDIU GEHE AG

f DJ E STOXX BANK P GROUPE GTM e MUEHLBAUER HOLDING C

IRWDI IDHV

MANNESMANN AG hi

qf WDVH FFFF

QSDS FFFF VDPW FFFF qf GREAT UNIV STOR

HANSON PLC e PFEIFFER VACU TECH C

PIDW HDPQ

SERVICES FINANCIERS METALLGESELLSCH hi e

p‚ IQPDT FFFF

e C IDTU UQ ± WU HDSI

hi GUILBERT /RM

HEIDELBERGER ZE e PLENUM

IVDR FFFF

METRA A ps

ƒi PRDHI FFFF

qf IQDHR FFFF ± QVDS IDPV QPDHI FFFF PRODUITS DE BASE HELL.TECHNODO.R q‚ 3I HENNES & MAURIT PSI

RDWI FFFF

e MORGAN CRUCIBLE qf e

€„ PTDWV FFFF

fi SRDI FFFF

QS FFFF

QIDRH FFFF

HERACLES GENL R q‚ ALMANIJ JERONIMO MARTIN QIAGEN NV

RVDRH FFFF

ALUMINIUM GREEC q‚

QDQP FFFF

NFC qf e

C

hi RTR HDVU

e C q‚ UIDSP FFFF

C IPDP TDHW

RQDS IDIT

HOCHTIEF ESSEN hi ALPHA FINANCE KARSTADT AG REFUGIUM HOLDING A

QDTS FFFF

ARJO WIGGINS AP qf

UTDTV FFFF

NKT HOLDING hu

qf IHDWT FFFF

C

qf VDPW FFFF

C ISDR IDQP

QPWDUW QDQQ

HOLDERBANK FINA gr AMVESCAP KINGFISHER SACHSENRING AUTO

IVDRQ FFFF

ASSIDOMAEN AB ƒi

ISDTQ FFFF

e OCEAN GROUP qf qf SDVU FFFF

p‚ IPRDV FFFF ±

IWDV HDSH ±

IITRDWH HDPU

HOLDERBANK FINA gr BAIL INVEST /RM MARKS & SPENCER SALTUS TECHNOLOGY

SDPQ FFFF

AVESTA ƒi

ISDVR FFFF

PENINS.ORIENT.S qf e

e C SIDT IDIV

e hi €„ IWDRS FFFF

RQ FFFF

ISR FFFF

e IMETAL /RM p‚ BPI R METRO SCM MICROSYSTEMS

RRRDS FFFF

BEKAERT fi

RDRQ FFFF

PREMIER FARNELL qf

qf IIDPQ FFFF

e qf UDWU FFFF

± C RRDUS IDVT

IPDW HDQW

ITALCEMENTI s„ BRITISH LAND CO NEXT PLC SER SYSTEME

RDTI FFFF

BILTON qf

C

IVDUP HDRW

RAILTRACK qf e

ITSDS FFFF

e p‚ qf TDRS FFFF

C SDV FFFF

RDUR IDWR

e s„ CAPITAL SHOPPIN PINAULT PRINT./ SERO ENTSORGUNG

C ITALCEMENTI RNC

RUDWS HDQI

BOEHLER-UDDEHOL e„ e

C

RUDWS QDIP

RANDSTAD HOLDIN xv e

e C

s„ UDRR HDIQ

e C fi SV FFFF

QVDU HDPT

WU FFFF

LAFARGE /RM p‚ COBEPA RINASCENTE SINGULUS TECHNOLOG

PDTH FFFF

BRITISH STEEL qf

IIHDQI FFFF

e RATIN -A- hu e

ps IUDPP FFFF C

iƒ ISW FFFF

RR PDQQ

IVDQV FFFF

e q‚ CORP FIN ALBA - STOCKMANN A SOFTM SOFTWARE BER C MICHANIKI REG.

IUDW IDIQ

BUHRMANN NV xv

C

IIUDHR HDTW

RATIN -B- hu

e C gr PQWDVS HDUW

e C p‚ RQDPW FFFF

PH IDSP

IIDSS FFFF

PARTEK ps CPR /RM VALORA HLDG N TDS

SDHI FFFF

BUNZL PLC qf e

IIDS FFFF

RAUMA OY ps

C qf VDPP FFFF

e C gr IVUDHU HDVR

RS IDIP

± IUV HDST

e PHILIPP HOLZMAN hi CS GROUP N W.H SMITH GRP TECHNOTRANS

±

U HDIR

CART.BURGO s„

C

QDWI HDQW

e RENTOKIL INITIA qf qf UDWT FFFF

C

p‚ SWW FFFF

IDRI PPDQI

IDUP FFFF

PILKINGTON PLC qf EURAFRANCE /RM WOLSELEY PLC TELDAFAX

IUDSW FFFF

ELKEM ASA, OSLO xy

RDSV FFFF

REXAM qf

e C C QTRDHT HDPR

C

p‚ IQH HDUV

HDIP

f RPDHS ITDPP FFFF

RMC GROUP PLC qf FONCIERE LYONNA DJ E STOXX RETL P TELES AG

IQDQP FFFF

ELVAL q‚ e

VS FFFF

e REXEL /RM p‚

p‚ IIIDW FFFF

± V TDRQ

IDTH FFFF

e RUGBY GRP qf GECINA /RM TIPTEL

IHDWS FFFF

INPARSA €„ e

C

PUDP HDQQ

RHI AG e„

e qf UDTP FFFF ±

RQDS HDTV

IVPDT FFFF

SAINT GOBAIN /R p‚ HAMMERSON TRANSTEC

WDUS FFFF

JOHNSON MATTHEY qf

C

SWW IDRV

RIETER HLDG N gr

e C

hu QSDTS IDWP

± QSDI IDTV

ITDI FFFF

e SEMAPA €„ KAPITAL HOLDING W.E.T. AUTOMOTIVE

± HAUTE TECHNOLOGIE RTDV HDRQ

MAYR-MELNHOF KA e„

PUDRI FFFF

SANDVIK -A- ƒi

qf IPDVR FFFF

FFFF FFFF

QUDIR FFFF

e SKANSKA -B- ƒi LAND SECURITIES

VDWS FFFF

METSAE-SERLA A ps e

p‚ IRS FFFF

PUDTR FFFF

SANDVIK -B- ƒi ALCATEL /RM

qf UDPR FFFF

FFFF FFFF

±

PHDVS HDTR

SUPERFOS hu LIBERTY INTL

PWDHV FFFF

MODO B FR ƒi

C q‚ QHDPW FFFF

RRQDRU IDRQ

gr ALTEC SA REG.

e SAURER ARBON N

C

s„ IHDPW HDTV

FFFF FFFF

IDWQ FFFF

qf MEDIOBANCA

C TARMAC

QWDUW HDTI

xy e NORSKE SKOGIND- C

C xv IPDVS IDSV

QSDTR HDQP ƒi BAAN COMPANY

e SCANIA AB -A-

C

s„ UDUT HDQW

FFFF FFFF

PDVQ FFFF

e TAYLOR WOODROW qf MEDIOLANUM ±

IPDS HDRH

OUTOKUMPU OY -A ps e

fi IIV FFFF

QSDSQ FFFF

SCANIA AB -B- ƒi BARCO

e qf UDTR FFFF

FFFF FFFF

IHSDW FFFF

e TECHNIP /RM p‚ MEPC PLC

SUDI FFFF

PECHINEY-A- p‚

qf UDQH FFFF

IRSRDUP FFFF gr BRITISH AEROSPA

e SCHINDLER HOLD

iƒ PHDWV FFFF

FFFF FFFF

IIRDVU FFFF

e TITAN CEMENT RE q‚ METROVACESA

TDS FFFF

PORTUCEL INDUST €„ e

p‚ ITQ FFFF

ISPRDHS FFFF gr CAP GEMINI /RM

e SCHINDLER HOLD

C

e xv UDUT HDQW

FFFF FFFF ± IIDTU HDVS

e UNICEM s„ MEDIOLANUM

ps TDT FFFF

RAUTARUUKKI K e C

hu WUDIQ HDPV

TRDV FFFF

SCHNEIDER ELECT p‚ COLOPLAST B

e e p‚ IIIDP FFFF

FFFF FFFF

VDR FFFF

URALITA iƒ PARIBAS

IUDIV FFFF

RIO TINTO qf e

qf IWDUV FFFF

IDQQ FFFF

SEAT-PAGINE GIA s„ COLT TELECOM NE

e qf IPDHP FFFF

FFFF FFFF

WDPW FFFF

VALENCIANA CEM iƒ PROVIDENT FIN

PTDWT FFFF

SIDENOR q‚ e

p‚ QUDW FFFF

VDWW FFFF qf DASSAULT SYST./

e SECURICOR

e xv PQDIS FFFF

C FFFF FFFF

PPDUV HDUI

WIENERB BAUSTOF e„ RODAMCO NV

QUDQU FFFF

q‚ e

SILVER & BARYTE C

C s„ HDVR IDPH

IQDTP HDPP

SECURITAS -B- ƒi FINMECCANICA

qf PHDTT FFFF

FFFF FFFF

SDSR FFFF qf SCHRODERS PLC

C WILLIAMS

PDVH HDSS

SMURFIT JEFFERS qf e ±

C hi TUDV HDSW

IIIIDIV HDII gr FRESENIUS MED C

e SGS GENEVA BR

p‚ TVDQ FFFF

FFFF FFFF

± HDHT

e f DJ E STOXX CNST P PIUDWP SEFIMEG N /RM

VDHV FFFF

SONAE INDUSTRIA €„

ƒi WDVS FFFF

QDTP FFFF

qf GAMBRO -A-

e SHANKS GROUP

p‚ VSDWS FFFF

FFFF

e SIMCO N /RM FFFF

IQDVU FFFF

€„ e

SOPORCEL e C

xv RUDW PDQS

IHRDW FFFF

SIDEL /RM p‚ GETRONICS

qf SDRT FFFF

FFFF

SLOUGH ESTATES FFFF

IQDRU FFFF

SSAB SW ST A FR ƒi ±

hu QPDHS IDSS

SDIT FFFF

qf GN GREAT NORDIC

e INVENSYS

p‚ IPT FFFF

FFFF

e UNIBAIL /RM FFFF

IQDP FFFF

STORA ENSO -A- ps CONSOMMATION CYCLIQUE e q‚ UTDSV FFFF

PSPDU FFFF

p‚ INTRACOM R

e SITA /RM

±

s„ HDRS PDIU

FFFF

e UNIM FFFF

±

IQDP IDQS

ps e e STORA ENSO -R- C

p‚ PPTDV FFFF xv IHIDW IDQW

PIDUI FFFF

ACCOR /RM ƒi KON. PHILIPS

e SKF -A-

iƒ WDQI FFFF

FFFF

VALLEHERMOSO FFFF

C

PVDSH HDTI

ƒi e

SVENSKA CELLULO C ±

hi WI HDVW xy WDPV HDTS

PPDWP FFFF

ADIDAS-SALOMON SKF -B- ƒi MERKANTILDATA

qf SDPT FFFF

FFFF

e WOOLWICH PLC FFFF

±

PPDSS IDQI

hi e

THYSSEN KRUPP C

s„ PDTI HDUU qf VDQV FFFF

± PHDRS HDTS

ALITALIA SOPHUS BEREND - hu MISYS

C

PSPDQV HDTU

FFFF

f DJ E STOXX FINS P FFFF

VDWQ FFFF

ƒi e C

TRELLEBORG B C e e„ PP RDHP xy PDPU IDHV PQDTS FFFF

AUSTRIAN AIRLIN STORK NV xv NERA ASA

FFFF

e FFFF

fi RHDSW FFFF

UNION MINIERE C

C hu STDSH FFFF xy QHDPI HDPH SWTDSH SDPW

BANG & OLUFSEN SULZER FRAT.SA1 gr NETCOM ASA

FFFF

e FFFF

±

QPDS HDWI

ps e UPM-KYMMENE COR C

qf RDUQ FFFF ps VRDT QDQH PHDSH FFFF

BARRATT DEV PLC SVEDALA ƒi NOKIA

FFFF

e ALIMENTATION ET BOISSON FFFF ISDRT FFFF

USINOR p‚ qf PDUI FFFF qf TDIW FFFF

IQIVQDWP FFFF BEAZER GROUP SVENDBORG -A- hu NYCOMED AMERSHA

FFFF FFFF

RPDPU FFFF

q‚ e e C VIOHALCO C s„ IDVU HDSR qf VDRR FFFF xv PH HDPS UDVV FFFF

BENETTON GROUP ALLIED DOMECQ T.I.GROUP PLC qf OCE

e

±

PWDT HDSH

e„ e

VOEST-ALPINE ST C ± C qf IIDRT FFFF qf TDPV PDVP s„ PDQ HDRR QQDIS HDVS BERKELEY GROUP ASSOCIAT BRIT F TOMRA SYSTEMS xy OLIVETTI

±

HDTI

f DJ E STOXX BASI P PHSDSV e C qf TDHI FFFF qf IPDTR FFFF qf QDWQ FFFF VRDWS IDHU BRITISH AIRWAYS BASS VA TECHNOLOGIE e„ ROLLS ROYCE

e e e e p‚ SVDP FFFF e„ RQDSS FFFF p‚ TPPDS FFFF ± IHDUP PDSS CHARGEURS RM BBAG OE BRAU-BE VALMET ps SAGEM

e e e C

C p‚ WTDW FFFF p‚ QTWDS FFFF hi QRH RDTP HDST

CLUB MED. /RM BONGRAIN /RM f DJ E STOXX IND GO P QVTDUT SAP AG e

CHIMIE e e CODES PAYS ZONE EURO C C HDUQ FFFF e„ RTDQ IDQI hi QWH RDPV COATS VIYELLA qf BRAU-UNION SAP VZ

FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne C ISDWS FFFF qf WDPV FFFF qf TDPI HDRW qf WDSI FFFF AGA -A- ƒi COMPASS GRP CADBURY SCHWEPP SEMA GROUP

e IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande C ISDWS FFFF qf PDST FFFF hu QVDQR HDVQ hi UV FFFF AGA -B- ƒi COURTAULDS TEXT CARLSBERG -B- SIEMENS AG

e e ASSURANCES LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche C ISHDI FFFF hi IVDU HDPU hu QVDQR FFFF qf IRDVR FFFF AIR LIQUIDE /RM p‚ DT.LUFTHANSA N CARLSBERG AS -A SMITHS IND PLC

e e e FI : Finlande - BE : Belgique. C C C RTDHS HDTT ƒi IWDQQ HDPI hu WUDSV HDHS p‚ RWDIP FFFF p‚ TWDV FFFF AKZO NOBEL NV xv ELECTROLUX -B- CHR. HANSEN HLD AGF /RM STMICROELEC SIC

e e e C C ± RRDV PDPV qf VDIT HDIW ps IV FFFF s„ IHDPI HDSV xy QDVT FFFF

BASF AG hi EMI GROUP CULTOR -1- ALLEANZA ASS TANDBERG DATA A CODESPAYSHORSZONEEURO

e e e e C C C RQDPS HDVR p‚ IDQQ FFFF hu QWDSS IDHQ hi PTRDU HDVR p‚ QSDVW FFFF

BAYER AG hi EURO DISNEY /RM DANISCO ALLIANZ AG THOMSON CSF /RM CH : Suisse - NO : Norve`ge - DK : Danemark

e e ± ±

IWDWT FFFF ps RDUS SDUS p‚ PRTDI FFFF qf IIDWQ HDTQ hu UTDTV FFFF

BOC GROUP PLC qf FINNAIR DANONE /RM ALLIED ZURICH WILLIAM DEMANT GB : Grande-Bretagne - GR : Gre`ce - SE : Sue`de.

C ± UUDTI HDPH qf PDPU FFFF q‚ QPDIT FFFF q‚ PQDUR FFFF RVIDUS IDVQ CIBA SPEC CHEM gr G WIMPEY PLC DELTA DAIRY ASPIS PRONIA GE f DJ E STOXX TECH P LeMonde Job: WMQ2708--0021-0 WAS LMQ2708-21 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 33Fap: 100 No: 0334 Lcp: 700 CMYK

FINANCES ET MARCHÉS LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / 21

C C SIDSS QQVDIS HDIW SIDRH TR FFFF FFFF FFFF TPDSH ISVDPH ITHDSH IHSPDVI IDRS ISHDWH BIC...... SIDRS GROUPE PARTOUCHE ... SODEXHO ALLIANCE......

± ± WQDTH TIQDWV HDRQ WQDWH IQPDTH IQP VTSDVT HDRS IQR VS VS SSUDST FFFF VS BIS...... WR GUILBERT...... SOGEPARC (FIN) ......

C C C UTDSH SHIDVI HDQW URDWH RTR RTW QHUTDRR IDHV RSP PSDSW PSDWH ITWDVW IDPI PS B.N.P...... UTDPH GUYENNE GASCOGNE... SOMMER-ALLIBERT......

C ± ITTDSH IHWPDIU HDHT ITT PPW PPW ISHPDIR FFFF PHW QVDWW QWDWW PTPDQP PDST QWDHT VALEURS FRANC¸AISES BOLLORE ...... ITTDTH HACHETTE FILI.ME...... SOPHIA ......

C ± FFFF FFFF FFFF QTR PPVDSH PQIDWH ISPIDIT IDRW PPU UVDWH UVDRH SIRDPU HDTQ USDVS BONGRAIN ...... QTWDSH HAVAS ADVERTISIN ...... SPIR COMMUNIC. # ......

± ± PSWDVH IUHRDIV HDHR PRHDIH ISR ISR IHIHDIU FFFF IRTDSH IIR IIQ URIDPQ HDVV IIS BOUYGUES ...... PSWDWH IMETAL ...... ROCHEFORTAISE CO .....

C C C

QRDWH PPVDWQ PDQS QQ IWDPP PH IQIDIW RDHT IVDUS ISUDUH ISVDTH IHRHDQS HDSU ISRDSH b L’action Canal+ était, jeudi 26 août, lors des premiers BOUYGUES OFFS...... QRDIH IMMEUBLES DE FCE ...... SUEZ LYON.DES EA ......

C C ±

UDRH RVDSR PDUV UDHR TTDQH TUDIH RRHDIS IDPI TT PRUDIH PRRDIH ITHIDIW IDPI PPVDSH

échanges, en hausse de 2,34 %, à 69,90 euros. Le titre de la BULL#...... UDPH INFOGRAMES ENTER .... TF1 ......

C C C UH RSWDIU PDRW TPDHS PQDPH PQDRS ISQDVP IDHV PQDRH IHSDWH IHVDRH UIIDHT PDQT IHQDSH CANAL + ...... TVDQH INGENICO ...... TECHNIP......

C chaîne cryptée s’était apprécié de 1O,96 % au cours des C ± ITQDWH IHUSDII HDSS ISQ PQDHV PQDPH ISPDIV HDSP PQDHS QSDVW QSDTH PQQDSP HDVI QRDTS CAP GEMINI ...... ITQ INTERBAIL...... THOMSON-CSF......

C C ± RWDQH QPQDQW QDSU RUDQI QHTDWH QHV PHPHDQS HDQT QHV IPVDWH IPUDQH VQSDHQ IDPR IPV

deux séances précédentes ! Les marchés spéculent sur CARBONE LORRAINE..... RUDTH INTERTECHNIQUE...... TOTAL FINA SA......

C C

± IQSDVH VWHDUW HDSW IQS UI UP RUPDPW IDRI TWDSH IPT IPSDSH VPQDPQ HDRH IPRDVH

l’entrée de partenaires dans son capital ou dans celui CARREFOUR ...... IQS ISIS ...... UNIBAIL ......

C C ± VSDWH STQDRU HDIP VSDRS WIDUH WP THQDRV HDQQ VVDVH RWDPH RWDQP QPQDSP HDPR RU CASINO GUICHARD ...... VT KLEPIERRE...... UNILOG ......

C ± SQ QRUDTT FFFF SPDUS IQQ IQHDPH VSRDHT PDII IPPDTH IHWDSH IIH UPIDSS HDRT IHW d’une de ses filiales. CASINO GUICH.ADP ...... SQ LABINAL...... UNION ASSUR.FDAL ......

C ± ± PQIDIH ISISDWP IDPH PQS WU WTDUH TQRDQI HDQI WVDSH ISDRT ISDRW IHIDTI HDIW ISDPU

b La détente des taux obligataires et, avec elle, l’apprécia- CASTORAMA DUB.(L...... PQQDWH LAFARGE...... USINOR......

C C

±

IPH UVUDIS HDVR IITDIH QVDSH QVDQH PSIDPQ HDSP QTDVH UUDPH UUDWS SIIDQP HDWU URDSH

tion de la valeur des obligations favorisent les compa- C.C.F...... IIW LAGARDERE...... VALEO ......

C C ± ISS IHITDUQ HDWT IRVDIH TUDSH TUDWH RRSDQW HDSW TRDWH QVDHS QWDIH PSTDRV PDUT QTDPH CEGID (LY) ...... ISTDSH LAPEYRE ...... VALLOUREC......

C FFFF FFFF FFFF UDQU RVDSH FFFF FFFF FFFF RVDSH PUDUS PV IVQDTU HDWH PUDST gnies d’assurances, qui détiennent des portefeuilles CERUS...... UDRW LEBON (CIE)...... VIA BANQUE ......

C C

± RUDUH QIPDVW HDTQ RUDPS PIT PIWDWH IRRPDRS IDVI PIH UPDSH UQDPH RVHDIT HDWU UI

d’obligations importants. Le titre Axa ouvrait jeudi en CGIP ...... RV LEGRAND ...... VIVENDI ......

SVDPH QVIDUU FFFF SSDSH IPQDTH IPQDTH VIHDUT FFFF IPH IQDVS IQDVS WHDVS FFFF IQDVH

hausse de 0,41 %, à 122,90 euros, celui des AGF de 0,26 %, CHARGEURS...... SVDPH LEGRAND ADP ...... WORMS (EX.SOMEAL .....

C C ± RWDWQ QPUDSP PDWS RUDQH QUDPH QUDHT PRQDIH HDQV QT PHHDQH PHPDWH IQQHDWR IDQH IWUDWH CHRISTIAN DALLOZ ...... RVDSH LEGRIS INDUST...... ZODIAC EX.DT DIV ......

C C

ISU IHPWDVS HDQP ITH IHV IHVDSH UIIDUI HDRT IHTDUH à 49,25 euros, et celui de la CNP de 0,08 %, à 24,97 euros. CHRISTIAN DIOR ...... ISTDSH LOCINDUS......

C

± VRDTH SSRDWR HDRU VRDRH TIVDSH TPQ RHVTDTI HDUQ THV

b La valeur Carrefour s’appréciait jeudi de 1,41 %, à CIC -ACTIONS A...... VS L’OREAL ......

± TU RQWDRW FFFF TRDSH PWU PWSDTH IWQWDHI HDRU PVVDSH CIMENTS FRANCAIS ...... TU LVMH MOET HEN......

136,90 euros lors des premiers échanges. Le distributeur ± WPDUH THVDHU HDQP WIDPH IRS IRS WSIDIR FFFF IRTDUH CLARINS ...... WQ MARINE WENDEL ......

C C WUDUS TRIDPH HDVV WUDTS SDVH SDWR QVDWT PDRI TDHV

va ouvrir deux nouveaux magasins en Indonésie, l’un CLUB MEDITERRANE .... WTDWH METALEUROP ......

C ±

PRDWU ITQDUW HDHV PRDVH RIDVH RIDUH PUQDSQ HDPR RIDIP

dans la capitale, Jakarta, et l’autre dans la ville de Ban- CNP ASSURANCES ...... PRDWS MICHELIN......

C ± VTDSS STUDUQ IDPW VSDSH QQDWH QQDVH PPIDUI HDPW QPDVH COFLEXIP...... VSDRS MONTUPET SA......

C ± IUIDTH IIPSDTP IDRV IUH WDQS WDQI TIDHU HDRQ WDIV dung, à l’ouest de Java. Carrefour envisage d’investir COLAS ...... ITWDIH MOULINEX ......

C

± IDWS IPDUW HDSP IDVW TPDSS TPDSH RHWDWU HDHV TPDSH

60 millions de dollars. COMPTOIR ENTREP...... IDWR NATEXIS BQ POP......

C Compen- RQDQH PVRDHQ HDHP RIDRI PRDSH PRDSH ITHDUI FFFF PRDRH

CPR ...... RQDPW NEOPOST...... Pre´ce´dent Cours Cours % Var.

b Le cours de la BNP progressait de 0,98 %, à 76,95 euros sation C C International f IT IHRDWS HDTQ IS PPDSH PPDTH IRVDPS HDRR PIDWR

CRED.FON.FRANCE ...... ISDWH NORBERT DENTRES...... en ¤uros en ¤uros en francs veille

(1)

C ± QR PPQDHQ HDVU QPDTI PSDIS PT IUHDSS QDQV PTDTH jeudi, tandis que celui de la Société générale gagnait CFF.(FERRAILLES) ...... QRDQH NORD-EST......

C C

PWDUH IWRDVP HDIU PWDPH UH FFFF FFFF FFFF UI IQU IRHDQH WPHDQI PDRI IQWDIH

1,28 %, à 198 euros, atteignant ainsi son plus haut niveau CREDIT LYONNAIS...... PWDTS NORDON (NY)...... AMERICAN EXPRESS......

C C SH QPUDWV PDVV RVDUS PSH PSH ITQWDVW FFFF PSH RSDSU RUDUT QIQDPW RDVI RSDRH

de l’année. L’intermédiaire CLSE a relevé sa recomman- CS SIGNAUX(CSEE)...... RVDTH NRJ # ...... A.T.T. #...... ± ± UW SIVDPI HDQV UT VDHW FFFF FFFF FFFF V IVDPW IV IIVDHU IDSW IVDPS DAMART ...... UWDQH OLIPAR...... BARRICK GOLD #......

C ±

PRTDSH ITITDWQ HDIT PRSDWH IIIDPH IHWDSH UIVDPU IDSQ IHSDSH PTDSS FFFF FFFF FFFF PUDPH dation sur BNP-Paribas. Il estime que le titre a un poten- DANONE...... PRTDIH PARIBAS...... CROWN CORK ORD.#.....

C

± ± IUH IIISDIQ IDVH ITP IHVDWH IHV UHVDRQ HDVQ IHRDPH PUDPS PU IUUDII HDWP PUDPI

tiel de hausse de plus de 40 %, quelle que soit l’issue de la DASSAULT-AVIATIO ...... ITU PATHE...... DE BEERS # ......

C ± ± QUDTH PRTDTR HDUW QU SUDIH STDVH QUPDSV HDSQ STDSH TVDHS TVDSH RRWDQQ HDTT TVDVH DASSAULT SYSTEME...... QUDWH PECHINEY ACT ORD ...... DU PONT NEMOURS.....

C C ± SUDQH QUSDVT HDVU SVDWH PTH PTR IUQIDUQ IDSR PSSDSH QIDVH QIDWS PHWDSV HDRU QQDIH bataille, dont les résultats doivent être connus vendredi DE DIETRICH...... SUDVH PENAUILLE POLY.C ...... ERICSSON # ......

C UTDRH SHIDIS FFFF UR TPDTH TQDWH RIWDIT PDHV TIDPH RWDVU FFFF FFFF FFFF SHDQH

27 août, dans la soirée. DEVEAUX(LY)# ...... UTDRH PERNOD-RICARD...... FORD MOTOR # ......

C C FFFF FFFF FFFF IRDRW IUHDPH IUPDSH IIQIDSQ IDQS ITUDUH IIPDQH IIRDSH USIDHU IDWT IIIDIH DEV.R.N-P.CAL LI...... IRDUH PEUGEOT...... GENERAL ELECT. #......

C ± ± IPRDQH VISDQS HDQP IPQDQH ITSDSH ITWDVH IIIQDVI PDTH ITUDQH TQ TPDVH RIIDWR HDQP TIDTH DEXIA FRANCE ...... IPRDUH PINAULT-PRINT.RE...... GENERAL MOTORS # .....

± ± S QPDVH FFFF RDWW IHU IHTDWH UHIDPP HDHW IHRDSH IHDHS IH TSDTH HDSH WDSH DMC (DOLLFUS MI)...... S PLASTIC OMN.(LY) ...... HITACHI #......

C C

± PSDSH ITUDPU HDUV PRDSV UUDUH UUDVH SIHDQQ HDIQ US IIU IIUDWH UUQDQU HDUU IIVDTH

RE`GLEMENT MENSUEL DYNACTION...... PSDUH PRIMAGAZ...... I.B.M # ......

C C ±

TSDSH RPWDTS HDSR TSDTH TRRDSH TSRDSH RPWQDPR IDSS TRI UQDVH UPDPH RUQDTH PDIU UPDWH

______EIFFAGE ...... TSDIS PROMODES...... ITO YOKADO #......

± ± ± IUS IIRUDWP IDIQ IUIDWH PHQDWH PHI IQIVDRU IDRP IWS PHDSH IWDWQ IQHDUQ PDUV PHDQU ELF AQUITAINE ...... IUU PUBLICIS #...... MATSUSHITA #......

C C C RVDIS QISDVR SDVP RQDVW IUDWT IV IIVDHU HDPP IVDHS QWDPR RHDSH PTSDTT QDPI QWDSH ERAMET ...... RSDSH REMY COINTREAU...... MC DONALD’S #......

ti hs PT ey „ Cours releve´sa` 10 h 15

C ± ± IPUDIH VQQDUP HDPR IPTDSH RWDUS RWDTS QPSDTV HDPH RVDRR TTDUS TV RRTDHS IDVU TTDTS ERIDANIA BEGHIN...... IPUDRH RENAULT ...... MERCK AND CO # ......

C ± ±

QITDQH PHURDUW IDHS QHR VS VRDQS SSQDQH HDUT VTDSH V UDVT SIDST IDUS UDWW ESSILOR INTL ...... QIQ REXEL...... MITSUBISHI CORP...... viquid—tion X PQ septem˜re

C FFFF FFFF FFFF QIPDTH PIDIH PIDQS IRHDHS IDIV PHDVP IHIDRH FFFF FFFF FFFF IHPDQH ESSILOR INTL.ADP...... QPH RHODIA ...... MOBIL CORPORAT.#......

C ± ± UT RWVDSQ HDSP UR RUDRQ RUDUH QIPDVW HDSU RUDQW IQQ IQPDSH VTWDIR HDQV IQP ESSO...... UTDRH RHONE POULENC A...... MORGAN J.P. # ......

C ± THH QWQSDUR HDIU THH PDUW PDUV IVDPR HDQT PDUW IPDSS FFFF FFFF FFFF IQDUP EURAFRANCE...... SWW ROCHETTE (LA) ...... NIPP. MEATPACKER......

C C Compen- C IDQU VDWW QDHI IDPV SUDTH SUDWS QVHDIQ HDTI STDWH QTDPH QUDPU PRRDRV PDWT QT

Pre´ce´dent Cours Cours % Var. EURO DISNEY...... IDQQ ROYAL CANIN...... PHILIP MORRIS # ......

sation France C f ± IDRS WDSI HDTV IDRP IVSH IVSH IPIQSDPH FFFF IVSI WSDRS WVDHS TRQDIU PDUP WQDSH

en ¤uros en ¤uros en francs veille EUROTUNNEL...... IDRT RUE IMPERIALE (L...... PROCTER GAMBLE ......

(1)

C C ± TWDSH RSSDVW PDIV TU QUDSH QUDWS PRVDWR IDPH QUDPH IUDIH IUDPS IIQDIS HDVV ITDUH FACOM SA...... UIDHS SADE (NY) ...... SEGA ENTERPRISES ......

C C ± ± IRV WUHDVP PDUI IRRDIH SSDUS SSDTS QTSDHR HDIV SQDPH PRUDWH PRV ITPTDUU HDHR PRH TRDVS TQDVS RIVDVQ IDSR TS B.N.P. (T.P)...... IRRDIH FAURECIA ...... SAGEM S.A...... SCHLUMBERGER #......

C C ± ± IRSDQH WSQDII IDPS IRQ IIT IIU UTUDRU HDVT IIR IVPDTH IVIDPH IIVVDSW HDUU IUQDWH IPRDUH IPQ VHTDVQ IDQT IPS CR.LYONNAIS(TP) ...... IRQDSH FIMALAC SA...... SAINT-GOBAIN...... SONY CORP. #......

C QWS PSWIDHQ HDHQ QWH IVDUH FFFF FFFF FFFF IVDTV UV UV SIIDTS FFFF UWDVH RENAULT (T.P.)...... QWRDWH FINEXTEL...... SALVEPAR (NY) ......

C ± FFFF FFFF FFFF IUR URDRH USDTH RWSDWH IDTI UQDSH RI RHDRS PTSDQQ IDQR RIDWQ SAINT GOBAIN(T.P...... IUIDIH FIVES-LILLE...... SANOFI SYNTHELAB......

C C

FFFF FFFF FFFF ISH IPW IQIDQH VTIDPU IDUV IPUDIH TVDWH TWDHS RSPDWR HDPP TTDQS

THOMSON S.A (T.P ...... ISH FONC.LYON.# ...... SAUPIQUET (NS) ...... ABRE´VIATIONS

C ± ± PQI ISISDPT IDVS PIUDQH USDQH URDWH RWIDQI HDSQ UIDUH TRDVH TQDVS RIVDVQ IDRU TIDPH

ACCOR ...... PPTDVH FRANCE TELECOM...... SCHNEIDER ELECTR......

B = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille; Ny = Nancy; Ns = Nantes.

C C PIDHS IQVDHV HDPR PIDQH UVQ UVQ SIQTDIR FFFF UWH RSDSS RT QHIDUR HDWW RSDSH AEROSPATIALE MAT ...... PI FROMAGERIES BEL...... SCOR......

C

± ± RWDII QPPDIR HDHP RVDTV IPR IPU VQQDHU PDRP IIVDWH UTDWH UTDPS SHHDIU HDVS UR AGF ...... RWDIP GALERIES LAFAYET ...... S.E.B...... SYMBOLES

C C ITDTS IHWDPP HDTH ITDSI UR URDPH RVTDUP HDPU URDPH SQDTH SQDTH QSIDSW FFFF SR

AIR FRANCE GPE N ...... ITDSS GASCOGNE...... SEITA...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; a coupon

C C C ISHDQH WVSDWH HDIQ IRVDTH TI TIDRH RHPDUT HDTT SWDVH II IIDHI UPDPP HDHW IHDUQ

AIR LIQUIDE ...... ISHDIH GAUMONT #...... SELECTIBANQUE...... de´tache´; b droit de´tache´; # contrat d’animation ; o = offert ;

C C C IRTDVH WTPDWR IDPR IRQDRH RVDHP RVDUH QIWDRS IDRP RTDQI RRDPW RRDSH PWIDWH HDRU RQDQH

ALCATEL ...... IRS GAZ ET EAUX ...... SGE...... d = demande´; x offre re´duite ; y demande re´duite ; d cours pre´ce´dent.

C ±

QPDQS PIPDPH IDPP QIDTI IIIDWH IIPDVH UQWDWP HDVH IIH IHRDWH IHRDWH TVVDIH FFFF IHRDSH

ALSTOM...... QPDUS GECINA...... SIDEL...... `

C C C DERNIERE COLONNE RM (1) : PTPDVH IUPQDVS HDQI PSQDSH SUDVH SVDUS QVSDQU IDTR STDVH ISSDUH ISSDVH IHPIDWV HDHT IST ALTRAN TECHNO. #...... PTP GEOPHYSIQUE ...... SILIC CA ......

C C ± IHU UHIDVU HDRU IHRDTH PSDUH PTDSH IUQDVQ QDII PSDUH VSDWS VRDSS SSRDTI IDTQ VSDSH ATOS CA...... IHTDSH GRANDVISION ...... SIMCO...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : montant du

C C ± IPPDVH VHSDSP HDQQ IIW IQR IQI VSWDQH PDPR IQS PSPDUH PSQDTH ITTQDSI HDQT PRTDPH AXA...... IPPDRH GROUPE ANDRE S.A ...... S.I.T.A ...... coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement dernier coupon ;

C IPRDWH VIWDPW HDHV IPQ PSDQS PSDQS ITTDPW FFFF PRDWV IRDRW IRDRW WSDHS FFFF IRDQH BAIL INVESTIS...... IPRDVH GR.ZANNIER (LY) ...... SKIS ROSSIGNOL...... Jeudi date´ vendredi : compensation ; Vendredi date´ samedi : nominal.

C C ± IHS TVVDUS HDIW IHIDWH WVDVH IHHDWH TTIDVT PDIQ WUDIH IWSDSH IWUDUH IPWTDVQ IDIQ IVTDVH BAZAR HOT. VILLE ...... IHSDPH GROUPE GTM ...... SOCIETE GENERALE......

C ± RHVDHI HDQP FFFF FFFF FFFF QW PSSDVP HDSR UPDRH RURDWI FFFF GUILLEMOT #...... TPDPH DAPTA-MALLIN.... MANITOU # ...... EMIN-LEYDIER.....d

C PDPQ FFFF SUDVH QUWDIR FFFF SPDWH QRU PDQP QI PHQDQS FFFF

GUYANOR ACTI .... HDQR SECOND GROUPE J.C.D ...... MANUTAN INTE .. FLAMMARION S...d RWSDPS FFFF IIVDIH UURDTW FFFF IIH UPIDSS FFFF IQDIH VSDWQ FFFF NOUVEAU HF COMPANY...... USDSH DAUPHIN ...... d MARC ORIAN...... d GRAVOGRAPH...... d

± ± QPIDRP HDHP QWDVP PTIDPH FFFF SI QQRDSR IDWP PIDTP IRIDVP FFFF RW ______d d HIGH CO...... DECAN GROUPE... MARIONNAUD P . GPE GUILLIN ......

C ±

PTUDTQ IDRS UT RWVDSQ FFFF QS PPWDSV IDPI IQDWH WIDIV FFFF

´ HOLOGRAM IND .. RHDVH ´ DU PAREIL AU...... MECATHERM #.... JEANJEAN # ...... d C C ± QTDHV FFFF RIDSH PUPDPP HDIP QSDSH PQPDVT IDIR QHDPP IWVDPQ RDUS

MARCHE IGE + XAO...... SDSH MARCHE ENTRELEC CB ...... MGI COUTIER...... HBS TECHNOLO ..

C C ± QRDUU T WVDRS TRSDUW IDSS IQH VSPDUR HDIS ITTDTH IHWPDVP FFFF ILOG # ...... SDQH ENTREPRISE I...... MICHEL THIER .... HOT.REG.PARI .....d

C ± PWDPT PDTP RTDSH QHSDHP FFFF IHDWQ UIDUH HDPV IQI VSWDQH FFFF

IMECOM GROUP .. RDRT ETAM DEVELOP....d NAF-NAF #...... HUREL DUBOIS....d

wi‚g‚ihs PS ey „

ti hs PT ey „

C C ± IITDTW IDHV IIR URUDUW HDVV PQDWH ISTDUU HDPI IIUDWH UUQDQU FFFF INFOSOURCES...... IUDUW EUROPEENNE C ... PHYTO-LIERAC .... IDI...... d

IQUDUS FFFF RV QIRDVT FFFF UP RUPDPW FFFF PIDSH IRIDHQ FFFF

INFOTEL #...... PI EUROP.EXTINC..... POCHET...... d IMV TECHNOLO...d

 le™tionF

ne se Cours releve´sa` 17 h 35 Une se´lection. Cours releve´sa` 10 h 15

C C ± IVUDPV HDIV RWDWS QPUDTS FFFF TPDSH RHWDWU HDUW QPDWS PITDIR PDTS INTERCALL # ...... PVDSS EXEL INDUSTR.....d RADIALL #...... INTER PARFUM....

± IUQDVQ FFFF QQDRS PIWDRP HDRS SSDRS QTQDUQ FFFF RP PUSDSH FFFF LEXIBOOK #...... PTDSH EXPAND S.A...... RALLYE(CATHI ..... IPO (NS) # ...... d

Cours Cours % Var. Cours Cours % Var. RUDQT FFFF IQTDSH VWSDQV FFFF RIDIT PTWDWW FFFF PHDHI IQIDPT FFFF

JOLIEZ-REGOL...... UDPP FACTOREM...... d REYNOLDS...... LABO.PHARMYG...d

Valeurs f en ¤uros en francs veille Valeurs f en ¤uros en francs veille

C IDVR FFFF ISDPS IHHDHQ HDHU PPDWT ISHDTI FFFF WPDIH THRDIR FFFF JOLIEZ-REGOL...... d HDPV FAIVELEY # ...... RUBIS #...... M.B.ELECTRON....d

C C VVDSS HDQU VDIS SQDRT IDVV SSDQH QTPDUR FFFF RDUS QIDIT FFFF IPH UVUDIS FFFF WPDSH THTDUT FFFF ADL PARTNER...... IQDSH LACIE GROUP...... ADA...... d FINACOR...... SABATE SA # ...... d NSC GPE (NY) ...... d

C C VRDTP UDSH IWDWW IQIDIQ HDRS VWDUH SVVDQW FFFF WPDQH THSDRS FFFF UH RSWDIU FFFF RSDPU PWTDWS FFFF AB SOFT...... IPDWH MEDIDEP #...... AIGLE # ...... FINATIS(EX.L ...... d SEGUIN MOREA...d NOCIBE...... d

C C C IIVDTT HDSH SDWW QWDPW FFFF URDTH RVWDQR HDVI IUP IIPVDPS FFFF IRPDSH WQRDUR HDQS IPIDIH UWRDQT FFFF ALPHAMEDIA...... IVDHW MILLE AMIS #...... d ALGECO #...... FININFO...... d SIDERGIE...... ONET #......

C C C ± PQDPW SDSW UDRH RVDSR SDRI WPDIH THRDIR HDII RS PWSDIV HDWH PTDSH IUQDVQ FFFF ISDPQ WWDWH FFFF ALPHA MOS ...... QDSS MONDIAL PECH ... APRIL S.A.#( ...... FLO (GROUPE) ..... SIPAREX (LY)...... d ORGASYNTH ......

C C WISDUP FFFF V SPDRV FFFF TIDSH RHQDRI HDRI RUDVH QIQDSS HDRH PPDHT IRRDUH FFFF SHDSH QQIDPT FFFF ALTAMIR & CI...... IQWDTH NATUREX...... ARKOPHARMA # .. FOCAL (GROUP .... SOCAMEL-RESC ...d PARIS EXPO...... d

C ± ± ± IQDTR FFFF TVDHS RRTDQV IDPQ WR TITDTH HDSQ SW QVUDHI HDTU RVDSH QIVDIR PDII PHDUH IQSDUV FFFF APPLIGENE ON .... PDHV OLITEC ...... ASSUR.BQ.POP..... FRAIKIN 2#...... SOPRA #...... PAUL PREDAUL....d

C C IIDHP S HDVI SDQI FFFF QP PHWDWI IDPU RP PUSDSH FFFF SDQV QSDPW FFFF WDTR TQDPQ FFFF ASTRA ...... IDTV OXIS INTL RG...... ASSYSTEM #...... GAUTIER FRAN ....d SPORT ELEC S...... d PIER IMPORT......

± ± UIDSH HDRT PHDWW IQUDTW FFFF IVH IIVHDUP IDTR IDPH UDVU FFFF IU IIIDSI FFFF PHDRH IQQDVP FFFF ATN...... IHDWH PERFECT TECH..... BENETEAU CA# .... GEL 2000...... d STALLERGENES ...d PISC. DESJOY ...... d

C C ± RPWDQP WDHV VDPH SQDUW HDTI UDQH RUDVV FFFF QIDSH PHTDTQ FFFF RI PTVDWR IDPH PSDVH ITWDPR FFFF AVENIR TELEC...... TSDRS PHONE SYS.NE..... BISC. GARDEI...... d GENERALE LOC ....d STEF-TFE # ...... PLAST.VAL LO...... d

± RWIDQI FFFF ISDWH IHRDQH HDTQ SWDRH QVWDTR FFFF UQDPS RVHDRW FFFF PDIW IRDQU FFFF QRDUW PPVDPI FFFF BELVEDERE...... URDWH PICOGIGA...... BOIRON (LY)# ...... GEODIS ...... SUPERVOX (B)...... d REGIONAL AIR .....d

C ± ± VRDTP HDUU UT RWVDSQ FFFF QWDSH PSWDIH FFFF IDPH UDVU FFFF SRDVH QSWDRT HDSS RHDSH PTSDTT IDIH BIODOME #...... IPDWH PROSODIE # ...... BOISSET (LY)...... d G.E.P PASQUI ...... d SYLEA...... SECHE ENVIRO.....

C C C ± PTRDQS HDUH PVDUH IVVDPT HDUH WSDRH TPSDUV HDIH PUDVS IVPDTV HDWI IQDPH VTDSW FFFF TPDWH RIPDTH FFFF BVRP EX DT S...... RHDQH PROLOGUE SOF.... BOIZEL CHANO ... GFI INDUSTRI...... TOUPARGEL (L ....d SERVICES ET ...... d

C ± ± SPDRV FFFF RDIQ PUDHW HDRV ITDWP IIHDWW HDSQ TQDWH RIWDIT FFFF IIHDIH UPPDPI HDHW PVDWV IWHDIH FFFF CAC SYSTEMES .... V QUANTEL ...... BONDUELLE ...... GFI INFORMAT .... TRANSICIEL # ...... SICAL...... d

C C ± ± IIUDVV SDUI SIDSH QQUDVP Q TDRH RIDWV FFFF TPDWS RIPDWP FFFF RHDIH PTQDHR PDPH RVDUH QIWDRS HDIT CEREP ...... IUDWU R2I SANTE ...... BOURGEOIS (L.....d GO SPORT...... d TRIGANO...... SMOBY (LY) #......

C C ± RDPH FFFF QWDSH PSWDIH IDPS SPDVS QRTDTU HDIW ITDTH IHVDVW FFFF IHWDVH UPHDPR HDVQ IIWDSH UVQDVU FFFF CHEMUNEX #...... HDTR RADOUX INTL ...... BRICE...... GPRI FINANCI...... d UBI SOFT ENT ..... SODICE EXP.( ...... d

C ± ± ± PTPDQV RDUT IVDSH IPIDQS PDTQ SU QUQDWH HDVV SPWWDSH QRUTPDRR FFFF IWDHP IPRDUT QDRS SI QQRDSR FFFF COIL...... RH RECIF #...... BRICORAMA #...... GRAND MARNIE ..d VIEL ET CIE...... SOFIBUS...... d

C C IRQ HDPQ IWDSH IPUDWI FFFF WTDWH TQSDTP HDIH RW QPIDRP FFFF UPDTH RUTDPP FFFF QTDSW PRHDHI FFFF CRYO INTERAC .... PIDVH REPONSE #...... BRIOCHE PASQ .... GROUPE BOURB ..d VILMOR.CLAUS ....d SOGEPAG(PARC ...d

C C PSIDPQ HDHQ UDPH RUDPQ FFFF STDTH QUIDPU HDIV IV IIVDHU FFFF SUDRH QUTDSP FFFF TQDHS RIQDSV FFFF CYBER PRES.P...... QVDQH REGINA RUBEN.... SOLERI...... GUERBET S.A...... VIRBAC ...... d SOLVING # ...... d

C ± ± TTDPS HDWV PI IQUDUS FFFF QH IWTDUW IDTW QPDUU PIRDWT HDHQ WT TPWDUP FFFF UDUS SHDVR FFFF CYRANO # ...... IHDIH SAVEURS DE F ...... CDA-CIE DES...... GUY DEGRENNE .. WALTER # ...... S.T. DUPONT......

C C IHRDWS FFFF IPDRH VIDQR IDIR RQ PVPDHT FFFF SVDHS QVHDUV PDPW RH PTPDQV FFFF QQDSH PIWDUS FFFF DESK # ...... IT SILICOMP # ...... CEGEDIM # ...... d GUYOMARC H N .. AFIBEL ...... d STEDIM # ...... d

C ± ± VDRT FFFF IQTDSH VWSDQV S WWDWH TSSDQH HDHS IHQDSH TUVDWP HDPW QSDIR PQHDSH FFFF IVDPH IIWDQV FFFF DESK BS 98 ...... d IDPW SERP RECYCLA ..... CERG-FINANCE.... HERMES INTL ...... AIRFEU#(NS)...... d SURCOUF # ...... d

C ± ± RTDSU PDUS RPDSH PUVDUV IDIT QH IWTDUW FFFF IHQDRH TUVDPT HDIH QSDUR PQRDRR FFFF VV SUUDPR FFFF DMS # ...... UDIH SOI TEC SILI ...... CGBI ...... d HYPARLO #(LY...... ALAIN MANOUK ..d SYLIS # ......

± RSDSW HDUI PRDPV ISWDPU FFFF SDQU QSDPP FFFF QIDRT PHTDQT FFFF UTDRH SHIDIS FFFF SIDRS QQUDRW FFFF DURAND ALLIZ.... TDWS STACI #...... CLAYEUX (LY)...... d I.C.C.#...... d BQUE TARNEAU...d TEAMLOG #...... d

C C IDRQ HDWT TWVDSW HDUH RDSW FFFF RPDTH PUWDRR FFFF SPDSH QRRDQV WP THQDRV FFFF RPDPH PUTDVI FFFF DURAN DUBOI..... IHTDSH STELAX ...... d CNIM CA# ...... d IMMOB.BATIBA .... C.A.GIRONDE...... d THERMADOR GP..

± IIPDVP FFFF ISDUS IHQDQI HDWR SRDIH QSRDVU FFFF IH TSDTH FFFF QWDWH PTIDUQ FFFF IQDVW WIDII FFFF EFFIK #...... d IUDPH SYNELEC #...... COFITEM-COFI ....d IMS(INT.META ..... C.A.LOIRE/H...... d THERMOCOMPACd

C C ± ± IVRDRT HDRQ P IQDIP PDST TTDSH RQTDPI FFFF RQDWS PVVDPW HDSU TPDIH RHUDQS FFFF WWDQH TSIDQU HDPH ESKER ...... PVDIP LA TETE D.L...... CIE FIN.ST-H...... d INFO REALITE ...... C.A. MIDI CC...... d UNION FIN.FR .....

C C ± SPRDUU HDTP PWDQV IWPDUP IDQI IRTDUH WTPDPW FFFF PDQR ISDQS FFFF SR QSRDPP FFFF SQDTH QSIDSW HDIW EUROFINS SCI...... VH THERMATECH I.... C.A. PARIS I...... INT. COMPUTE.....d C.A. SOMME C ..... VRANKEN MONO.

C C C ± THDVI IRDRR IHV UHVDRQ HDRU RW QPIDRP HDRI IRP WQIDRT HDPI SUDVH QUWDIR FFFF QRDSH PPTDQI FFFF EURO.CARGO S .... WDPU TITUS INTERA ...... C.A.ILLE & V...... JET MULTIMED .... CR.AG.SUD RH.....d VULCANIC # ...... d

C ± RSWDIU HDIR IHIDVH TTUDUT FFFF SHDSH QQIDPT FFFF WW TRWDRH I RI PTVDWR FFFF EUROPSTAT #...... UH TITUS INTER...... d C.A.LOIRE AT...... d LATECOERE # ...... CIDER SANTE ......

C ± ± VIDWW QDIH QIDTH PHUDPV PDWP RW QPIDRP HDHP IHR TVPDPH FFFF UH RSWDIU FFFF FABMASTER # ...... IPDSH TRANSGENE # ...... C.A.MORBIHAN.... L.D.C...... CODETOUR...... d ......

C ± ± RSIDQH PDTW IIDSH USDRR HDRQ UUDPS SHTDUQ FFFF TDUH RQDWS RDPW IQ VSDPU FFFF FI SYSTEM #...... TVDVH TR SERVICES...... C.A.DU NORD#..... LECTRA SYST...... COFIDUR # ...... d ......

C C ± SSDUT PDVT UDSH RWDPH TDWW TRDHS RPHDIR FFFF QQDPH PIUDUV PDIS QRDVH PPVDPU FFFF FLOREANE MED... VDSH V CON TELEC...... C.A. OISE CC ...... d LEON BRUXELL .... CORA INDUSTR ...d ......

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22 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999

SÉVILLE 99 Le Français Sté- b TOMAS DVORAK s’est imposé fa- la sprinteuse américaine, qui convoi- après son premier titre mondial. En phane Diagana s’est qualifié, mer- cilement pour la deuxième fois au tait quatre médailles d’or, s’est bles- revanche, son compatriote Jonathan credi 25 août, pour la finale du décathlon. Le Français Sébastien Le- sée lors de sa demi-finale du 200 m. Edwards, favori du triple saut, a été 400 m haies, où il tentera, vendredi vicq a manqué de 23 points la mé- b LE BRITANNIQUE Colin Jackson battu par l’Allemand Charles-Mi- 27 août, de conserver son titre. daille de bronze. b MARION JONES, s’est imposé au 110 m haies, six ans chael Friedek. Le décathlonien Tomas Dvorak a dû vaincre une onzième épreuve : la chaleur Le recordman du monde tchèque s’est imposé facilement, mais la canicule l’a empêché d’accomplir les performances dont il rêvait. La barrière mythique des 9 000 points reste pour l’instant infranchissable SÉVILLE ré à la maison et m’asseoir sur la de notre envoyé spécial cuvette de mes toilettes. On ne peut Courir, sauter, lancer. Voilà à quoi pas faire mieux. » se sont résumées les deux journées En dépossédant l’Américain Dan passées par Tomas Dvorak, mar- O’Brien de son record du monde di 24 et mercredi 25 août, dans la (8 891 points, en 1992), Tomas Dvo- cuve étouffante du Stade olym- rak avait surtout fait la preuve, ce pique de Séville. Grand favori, le jour-là, que la barre des Tchèque a conservé son titre de 9 000 points était promise à être champion du monde de décathlon, transgressée dans un avenir proche. obtenu en 1997 à Athènes. Pour ce- Ce score est l’un des derniers grands la, il dut, le premier jour, courir un mythes de l’athlétisme moderne. Ce 100 m en 10 s 60, sauter 7,98 m en 4 juillet au stade Strahov de Prague, longueur, envoyer le poids à il avait manqué 6 points à Tomas 16,49 m, franchir 2 m à la hauteur et Dvorak pour conquérir son Anna- parcourir un 400 m en 48 s 42. Le purna à lui. Six points : soit quel- deuxième jour, on le vit courir un ques dixièmes de seconde sur la

110 m haies en 13 s 75, propulser le LAMPEN/REUTERS JERRY dernière épreuve qu’est le 1 500 m. disque à 46,26 m, sauter 4,60 m à la L’homme s’était consolé dans les perche, lancer le javelot à 70,11 m et bras de Barbara et Katerina, des avaler un 1 500 m en 4 min 39 s 87. sœurs jumelles âgées de deux ans. Additionnées et passées au filtre « Ma richesse, ce sont les filles », des tables de conversion, ces per- avait-il commenté. formances lui ont permis de réaliser le score de 8 744 points et de s’im- Plein de fougue, le Français « POUR UNE FOIS... » poser très facilement devant le Bri- Sébastien Levicq (ci-contre) A une échelle différente, il est ar- tannique Dean Macey entame la seconde journée de rivé une mésaventure similaire à Sé- (8 556 points) et l’Américain Chris son décathlon par le 110 m bastien Levicq, mercredi. Le Nor- Huffins (8 547 points). haies. Il sait qu’elle lui est mand a raté une place sur le podium C’est peu dire que les 25 candi- plus favorable et, de fait, il pour 23 points, soit deux secondes dats au titre de surhomme ont souf- va remonter de la 14e place à et demie sur un 1 500 m. Inconso- fert, tout au long de leur parcours la 4e, échouant seulement de lable après la dernière course, il en dix exercices. Fondée par Her- 23 points pour la médaille de s’est caché pour pleurer derrière un cule, Séville se croyait sans doute bronze ! Pour sa part, le panneau de chronométrage, alors prédestinée pour les épreuves Tchèque Tomas Dvorak que les autres décathloniens effec- combinées. Las ! La chaleur qui as- (ci-dessus) n’a connu que tuaient ensemble un tour d’hon- somme l’Andalousie en cette peu de problèmes pour neur, comme le veut la grande tradi- période de l’année a joué un rôle rééditer sa victoire de 1997. Il tion des épreuves combinées. prépondérant dans la gestion des s’est imposé avec près de 200 « Je m’étais blessé lors de mes deux

exercices. Neuf décathloniens, soit HERSHORN/REUTERS GARY points d’avance... dernières grandes compétitions, les un peu moins d’un tiers des inscrits, championnats du monde d’Athènes, ont abandonné en cours de route, avec les 40 degrés à l’ombre. Re- « J’ai ignoré la chaleur. Votre corps record du monde (8 994 points), pour justifier sa tonitruante presta- en 1997, et les championnats d’Eu- victimes pour la plupart de bles- groupés sous de paisibles parasols sait déjà qu’il fait chaud. Votre tête établi le 4 juillet dans sa ville de tion : « Entre les deux journées de rope de Budapest, en 1998. Pour une sures bénignes dues à des coups de blancs, les décathloniens suaient à n’a donc pas besoin de le lui répé- Prague. A l’époque, le Tchèque compétition, j’ai pu dormir dans mon fois que je termine un décathlon, finir chaleur ou à une hydratation insuf- grosses gouttes et attendaient le ter. » Il ne se trouvait finalement avait avancé l’explication suivante lit, prendre mon petit déjeuner préfé- à la quatrième place est une énorme fisante. dernier moment pour se lancer à que l’Américain Chris Huffins pour déception », s’est ému le Français, l’assaut d’une barre qui donnait affirmer qu’il s’était senti comme un que peu de spécialistes voyaient CASSE-TÊTE À LA PERCHE l’impression de flotter dans les éma- poisson dans l’eau : « Je viens de Ra- Les illusions perdues de Marion Jones pourtant en si bonne place au début Le paroxysme a été atteint lors du nations de chaleur. Sitôt leur saut leigh, en Caroline du Nord. Là bas, du concours, oubliant que ses saut à la perche. Les organisateurs effectué, ils ne s’attardaient guère quand il y a des journées très La sprinteuse française Christine Arron la trouvait « prétentieuse » points forts se situent lors de la s’étaient trouvés face à un casse- sur le matelas de réception, rendu chaudes, nous appelons cela des "90- pour avoir exprimé avant le début des championnats du monde deuxième journée, avec la perche, le tête, au moment d’établir le pro- bouillant. 90", car il fait 90 Fahrenheit (32 Cel- l’ambition d’emporter quatre médailles d’or (100 m, 200 m, relais javelot et le 1 500 m. gramme du décathlon du cham- « A plusieurs reprises, j’ai eu la tête sius) et 90 % d’humidité. Au- 4 × 400 m et longueur). En fait, le pari de Marion Jones était plutôt Profondément marqué, Sébas- pionnat du monde : à quelle heure qui s’est mise à tourner, tellement cela jourd’hui, franchement, c’était de la déraisonnable, compte tenu du programme titanesque qui avait tien Levicq ne va pas arrêter pour de la journée placer cette épreuve cognait. Heureusement, je n’ai pas rigolade. » précédé son arrivée à Séville. Après avoir gagné le 100 m, dimanche autant le décathlon. Il participera traditionnellement située au hui- arrêté de boire pendant le concours. 22 août, l’Américaine avait déjà affiché des signes de lassitude. Le au Décastar de Talence (Gironde) tième rang du concours, entre le Ce décathlon comportait en fait onze ÉCONOMIES D’ÉNERGIE lendemain, elle ne put se classer que troisième dans le concours du dans trois semaines. Tomas Dvorak disque et le javelot ? L’horaire fina- épreuves. La onzième était la cha- Obsédés par l’économie de leur saut en longueur. Mercredi 25 août, elle s’est brusquement effon- en sera également. Quand on de- lement trouvé permit de vérifier leur », a expliqué Wilfrid Boulineau, propre énergie au fil des épreuves, drée dans la ligne droite de sa demi-finale du 200 m avant d’être mande à ce dernier s’il pense at- que l’ombre se fait très rare sur un excellent 6e au classement final les décathloniens ne pouvaient pas évacuée sur une civière. teindre bientôt la barre des sautoir de perche dans le sud de (8 154 points), et derrière Sébastien espérer réaliser de grandes perfor- Dans un communiqué officiel, il est question de « spasmes et de 9 000 points, le Tchèque répond l’Espagne au mois d’août en début Levicq, qui a terminé 4e (8 524 mances dans de telles conditions. crampes dans le bas du dos ». Dans la soirée, elle put finalement re- sans ciller : « Oui. Ce sera la pro- d’après-midi. Il était 14 heures (soit points), à un souffle du podium. Seul l’Anglais Dean Macey a amé- gagner son hôtel. « Je ne pense pas que je vais la laisser courir une chaine fois. » midi à l’heure solaire), le soleil était Tomas Dvorak, lui, avait préféré lioré son meilleur total. Tomas Dvo- autre épreuve de ces championnats du monde », a déclaré son entraî- à son zénith et le mercure flirtait adopter la politique de l’autruche : rak, lui, a terminé assez loin de son neur, Trevor Graham. Frédéric Potet RÉSULTATS Les Britanniques perdent, gagnent, existent de nouveau Femmes éliminé la veille lors des b 400 m haies. La Cubaine Daimi demi-finales. 110 m haies, triple saut. Colin Jackson et Jonathan Edwards retrouvent le podium, entre joie et déception Pernia a soufflé in extremis la b Triple saut. Grâce à un victoire à la tenante du titre, la quatrième saut mesuré à 17,59 m SÉVILLE gare Rostislav Dimitrov (17,49 m) épuisé par l’effort. Cette course une page de l’athlétisme britan- Marocaine Nezha Bidouane. En (meilleure performance mondiale de notre envoyé spécial a métamorphosé son visage de était vitale pour moi. Je savais qu’un nique. Aux Mondiaux d’Athènes, 52 s 89, la nouvelle championne de l’année), l’Allemand Il y a des jours où les nuages de gosse en masque funèbre. «Ce bon départ conditionnerait la suite. en 1997, la Grande-Bretagne avait du monde est devenue la Charles-Michael Friedek a chaleur peuvent contrecarrer les soir, je n’ai pas réussi à sauter, a-t-il Je savais aussi qu’il fallait que je emporté six médailles dont cinq 6e meilleure performeuse de tous remporté le concours. Malgré volontés des sportifs en action sur expliqué, après l’épreuve, d’une garde le contrôle du début à la fin, d’argent, mais pas un seul titre. les temps, alors que, à un quatre sauts (sur six) non validés, les pistes. Depuis longtemps les voix sourde. J’ai eu l’impression de même si je n’étais pas sûr de courir Cette année, l’erreur est corrigée. centième, sa dauphine établissait il a devancé de 10 cm le Bulgare dieux de l’athlétisme préfèrent la revivre ma déroute des champion- sous les 13 secondes. Je suis telle- Et, mieux encore, à quatre jours un nouveau record d’Afrique. La Rostilav Dimitrov et de 11 cm le fraîcheur cotonneuse des régions nats du monde d’Athènes. J’ai été ment soulagé. » de la fin des épreuves, les athlètes Jamaïcaine Deon Hemmings a pris favori et détenteur du record du tempérées aux canicules du grand très mauvais, alors que mes adver- Même si Colin Jackson a profité britanniques ont déjà raflé cinq la troisième place. monde, le Britannique Jonathan Sud. En Andalousie, les tempéra- saires étaient inspirés. » Et il est de l’absence de ses ennemis préfé- médailles. Outre Colin Jackson et b Poids. L’Allemande Astrid Edwards. Le Français Jérôme tures élevées sont de rigueur et parti, sans rien ajouter. rés (la plupart des spécialistes Jonathan Edwards, Denise Lewis Kumbernuss a remporté son Romain est septième (17,10 m). l’enceinte ovale du Stade olym- Malgré son indicible déception, américains), sa victoire est belle. (heptathlon) et Dean Macey (dé- troisième titre mondial consécutif. b Décathlon. Le Tchèque Tomas pique de Séville ne s’est pas mon- Jonathan Edwards n’a pas pleuré. Eliminé, à cause d’une crampe, cathlon) se sont emparés de Avec cinq lancers à plus de Dvorak a conservé son titre trée accueillante pour le triple Logique, dans les grandes compé- aux sélections américaines, Larry l’argent, tandis que, à la surprise 19 mètres (dont le meilleur à mondial. Le recordman du monde sauteur anglais Jonathan Edwards. titions d’athlétisme, les sanglots Wade (13 s 01 cette année) a ac- générale, le sprinteur Dwain 19,85 m), elle a confirmé sa a obtenu un total de 8 744 points, Mercredi 25 août, au terme d’un appartiennent désormais aux compagné ses amis du groupe HSI Chambers est monté sur la troi- suprématie sur la spécialité et devançant de près de 200 points le concours sans grand suspense, il a champions intemporels et aux à Séville la mort dans l’âme tandis sième marche du podium du devancé sa compatriote Nadine Britannique Dean Macey. Celui-ci dû céder le pas à plus fort que lui. « revenants ». Colin Jackson fait que Mark Crear (éliminé en quali- 100 m. Kleinert. La Russe Svetlana a délogé de la deuxième place Sans aucune inspiration, le cé- partie de ceux-là. Quelques mi- fications) et Allen Johnson (bles- « Jonathan Edwards a raté son Krivelyova a terminé troisième. La l’Américain Chris Huffins lors de lèbre athlète de Newcastle, qui, nutes avant les tentatives infruc- sure au mollet droit) ne sont pas concours, mais le titre de Colin Française Laurence Manfredi a l’ultime épreuve, le 1 500 m. Le lors des championnats du monde tueuses de son compatriote bri- parvenus à atteindre le stade de la Jackson va redorer le blason de battu le record de France, avec un Français Sébastien Levicq (4e, avec de Göteborg en 1995, avait battu tannique dans le bac à sable du finale. Il n’empêche. Six ans après notre athlétisme, note un journa- jet à 17,89 m, mais n’est pas 8 524 pts) a échoué de 23 points par deux fois son propre record du triple saut, l’ancien champion du son premier titre mondial, Colin liste anglais. Après la faillite de parvenue à se qualifier pour la pour la médaille de bronze, monde en dépassant la marque monde du 110 m haies (1993, Stutt- Jackson a survolé l’exercice en se notre ancienne fédération et le finale. Wilfrid Boulineau est 6e, avec mythique des 18 m, n’a pu sauter gart) et recordman du monde de jouant des obstacles comme un contrôle positif de Linford Christie, 8 154 pts. au-delà de 17,48 m. Une perfor- la discipline (12 s 91) a royalement souverain le ferait de ses sujets. cette médaille arrive au bon mo- Hommes b 50 km marche. Après un départ mance décevante pour ce fervent effacé plusieurs années de doutes ment. » En 1997, croulant sous les b 110 m haies. En se jetant sur la donné à 7 h 45, l’épreuve a été baptiste qui a longtemps refusé de et de blessures en 13 secondes et RENOUVEAU FÉDÉRAL dettes, la British Athletics Federa- ligne d’arrivée, le Gallois Colin remportée 3 h 44 min 23 s plus concourir le dimanche, jour 4 centièmes. A Séville, les destins de Jona- tion avait en effet mis les clés sous Jackson s’est emparé à nouveau tard par le Russe German consacré au Seigneur. La victoire acquise, le Gallois than Edwards et de Colin Jackson la porte. Mais, depuis, un nouvel du titre mondial, qu’il avait Skurygin. Il a devancé de 3 min 30 Venu aux championnats du d’origine jamaïcaine n’a pu s’em- se sont donc séparés. Deux his- organisme de tutelle de l’athlé- obtenu en 1993 à Stuttgart. En l’Italien Ivano Brugnetti et de monde pour gagner, Jonathan Ed- pêcher, pendant son tour d’hon- toires de trentenaires. Deux desti- tisme, baptisé UK Athletics, a été 13 s 04, il a devancé de 4 min son compatriote Nicolaï wards est donc reparti avec ce neur, de laisser couler quelques nées échappatoires pour deux ath- créé. A Séville, Colin Jackson et Jo- 3 centièmes le Cubain Anier Matyukhin. Les Français René sentiment amer que laissent les larmes sur son visage affûté. Des lètes hors du commun. D’une nathan Edwards en ont écrit les Garcia et de 8 centièmes Piller et Pascal Servanty sont 10e et travaux inachevés. Sa troisième perles de miel, en vérité. « Revenir certaine manière, ces deux vir- premières pages. Pour le meilleur l’Américain Duane Ross. Le 26e, tandis que Sylvain Caudron a place conquise sans gloire derrière à mon niveau d’antan et emporter tuoses aux personnalités oppo- et pour le pire. Français Dan Philibert avait été abandonné. l’étonnant Allemand Charles-Mi- un second titre de champion du sées, qui ont marqué de leur em- chael Friedek (17,59 m) et le Bul- monde est superbe, a-t-il souligné, preinte les années 90, tournent Paul Miquel LeMonde Job: WMQ2708--0023-0 WAS LMQ2708-23 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0336 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / 23 Football : les Slovènes de Maribor rappellent Lyon à plus de modestie L’ÉLIMINATION de Lyon, mer- credi 25 août, lors du tour prélimi- naire de la Ligue des champions, par le club slovène de Maribor, n’aura

PREVOSTO-IUNDT/TEMPSPORT souffert aucune contestation. Battus sur leur terrain (0-1), mardi 10 août, Le dos de Jones en berne en match aller, les Lyonnais ont subi une nouvelle défaite, ce mercredi, Victime de « spasmes et de crampes sur un score (2-0) et d’une manière sans appel. Bernard Lacombe, l’en- dans le dos », Marion Jones s’est écroulée DESMOND BOYLAN/REUTERS sur la piste en demi-finale du 200 m. traîneur, ou Pierre Laigle, le milieu de L’Américaine rêvait de quatre médailles La marche triomphale Haie d’honneur pour Pernia terrain, pouvaient bien user de toute d’or. La chaleur, la dureté de la piste et la rhétorique footballistique en l’énormité du pari qu’elle s’était fixé ont de Skurygine La Cubaine Naimi Pernia a trébuché sur le avançant pour l’un : « Nous avons eu eu raison de cette prétention. Incapable dernier obstacle du 400 m haies. Mais, au cou- plus d’occasions qu’eux » et pour de se relever, la blessée a été transportée A trente-cinq ans, German Sku- rage, elle est parvenue à battre sur le fil la Ma- l’autre : « Nous avons eu le monopole sur une civière, escortée par C. J. Hunter, rygine s’est imposé dans le 50 km rocaine Nezha Bidouane, tenante du titre. On du ballon. » Les deux buts d’Ante Si- son mari, sous les applaudissements déso- marche, après quatre heures d’ef- ne sait presque rien de la nouvelle championne mundza (26e) et Stipe Balajic (44e) lés des spectateurs. La championne avait fort dans la chaleur andalouse. Le du monde, si ce n’est qu’elle est la belle-sœur ont concrétisé une évidence que ne espéré une sortie plus glorieuse. Russe a expliqué la meilleure fa- d’Ana Fidelia Quirot, l’ancienne championne du tentait pas de voiler Grégory Coupet, çon de gagner : « J’étais venu pour 800 m et qu’elle porte des cicatrices sur le bras, le gardien de but : « Ils ont été meil- tout donner, car je suis trop vieux souvenirs d’une rixe au couteau avec une autre leurs que nous. » pour être prudent. » Le médaillé femme. Une vraie combattante ! Bien que méconnu et évoluant d’or s’estime au bout de la route. dans un stade de campagne, le « Je souhaite désormais fonder une NK Maribor est une solide équipe famille », a-t-il précisé. qui se construit patiemment depuis PREVOSTO-IUNDT/TEMPSPORT des années. Dans sa quête de gran- deur immédiate, Lyon vient donc de TECHNIQUE se voir infliger une première leçon de Stéphane Diagana recherche la parfaite maîtrise de son corps modestie et de patience. Profondé- ment remaniée à l’intersaison avec l’arrivée d’individualités, la forma- 400 m haies. Le Français semble bien placé pour conserver son titre mondial tion n’est toujours pas parvenue en L’art et la manière ce premier mois de compétition à dé- SÉVILLE risqué : pour descendre sous les 48 secondes, nats du monde ont totalement rassuré le te- velopper des vertus collectives. Spor- de notre envoyé spécial ce qu’il estime nécessaire pour espérer conser- nant du titre et son entraîneur, lequel croit fer- tivement, l’avertissement de ce mer- de transformer Si les grands champions ont l’art d’être pré- ver, vendredi 27 août, son titre mondial, Sté- mement aux chances de son protégé. En deux credi est presque sans frais. Après sents dans les grandes occasions, Stéphane phane Diagana a dû se livrer à des exercices de courses, Stéphane Diagana a amélioré de près cette élimination de la Ligue des Diagana est de ceux-là. En 1997, à Athènes, peu vitesse qui exposent forcément son corps d’une seconde sa meilleure référence chrono- champions, l’équipe française est re- la courbe en ligne sûr de ses forces, il s’était lancé dans une d’homme de trente ans aux blessures. Mais, métrique de la saison, achevé de se rassurer et versée en Coupe UEFA, et peut donc course folle pour tenter d’emporter son pre- pour un temps, celles-ci l’ont oublié, allant plu- pris un ascendant moral incontestable sur les encore rêver d’une avenir européen. mier titre mondial du 400 m haies. Aucun de tôt tourmenter ses principaux adversaires, arri- sept adversaires qu’il trouvera sur sa route ven- Financièrement, la mésaventure droite sur 200 m ses adversaires ne s’était remis de ce départ ful- vés en bien piètre état à Séville : deux des au- dredi à 21 heures. est, en revanche, plus douloureuse. gurant. Cette année, il a trouvé sur sa route teurs des quatre meilleures performances de la « Et j’en ai encore sous le pied », assurait-il Le club a dépensé 220 millions de SÉVILLE – en plus des dix haies qui constituent des obs- saison ont déclaré forfait dès les séries, les mercredi 25 août, au terme d’une demi-finale francs en transferts. Une participa- de notre envoyé spécial tacles « naturels » disséminés sur la piste – des deux autres ne parvenant pas à se qualifier parfaitement maîtrisée et contrôlée de bout en tion à l’interminable mais lucrative George Williams, l’entraîneur na- embûches non prévues, et, notamment, deux pour la finale. bout. « Tout cela n’est pas si illogique, car l’expé- Ligue des champions aurait permis tional de l’équipe masculine des blessures au mollet qui ont freiné sa prépara- rience compte énormément dans ce genre d’oc- un premier retour sur investisse- Etats-Unis, a formé Trevor Gra- tion pendant deux mois et demi. IMPASSE SUR LES MEETINGS casions. Je ne suis pas ici le plus affûté, mais j’ai ment. Jean-Michel Aulas, le pré- ham, le coach de Marion Jones et « J’aime un peu trop l’athlétisme et je me dis Stéphane Diagana avait l’avantage sur eux plus de métier que les autres. Quand je disais il y sident du club, va devoir ajuster son d’Antonio Pettigrew. Avant les fi- toujours que ça va aller, reconnaît-il. Je n’arrive de se concentrer sur un seul et unique objectif, a un mois que – sauf problème de santé – je budget pour tenir compte du nales des 200 m hommes et pas à arrêter un entraînement en cours, même faisant une impasse involontaire sur la plupart comptais aller à Séville pour gagner, je le pensais manque à gagner. « Nous sommes femmes qui se disputent, vendredi quand ce serait plus raisonnable. Sur ma des grands meetings de l’été. Pendant que ses sérieusement. » dans un schéma différent avec des ob- 27 août, ce spécialiste du sprint, qui deuxième blessure au mollet, j’ai insisté lors rivaux laissaient une partie de leurs forces aux Stéphane Diagana n’est ni un fanfaron ni un jectifs différents aussi pour le club, ad- enseigne à l’université de Saint Au- d’une séance que j’aurais mieux fait d’inter- quatre coins de l’Europe, le Français s’installait champion imbu de lui-même, mais un homme mettait l’intéressé au soir de la dé- gustine, en Caroline du Nord, ex- rompre, et j’en ai pris pour six semaines d’arrêt. » à Vergèze, dans le Gard, où le groupe d’entraî- qui a appris à se connaître dans la douleur et la faite. Il faut regarder l’avenir avec plique qu’un demi-tour de piste se Fin juin, une nouvelle alerte a obligé le cham- nement de Fernand Urtebise a ses habitudes, et meurtrissure de son corps. Un corps dont il ap- objectivité et lucidité et se remettre en gagne forcément au passage du vi- pion du monde à se priver de franchissements appliquait à la lettre son « plan de sauvetage ». pris à se tenir à l’écoute, mais dont il sait qu’il cause dès dimanche face à Paris-SG, rage. de haies pendant un mois. « Ce n’est pas le plus « Il s’agissait d’un travail physiologique à base possède aussi des qualités exceptionnelles de dans le championnat, qui devient « La courbe dans un 200 m est une grave : les haies, je sais les franchir. Le plus gê- de séances à haute intensité et faible temps de puissance, à l’image de ses cuisses, d’un dia- notre objectif prioritaire. » partie délicate. Il faut savoir trouver nant a été de ne pas pouvoir effectuer de séances récupération, à raison d’une tous les deux jours, mètre impressionnant. Un corps qui saurait im- L’année de son cinquantenaire, la bonne trajectoire, c’est-à-dire la d’entraînement intenses pendant un certain explique-t-il. Je sais aujourd’hui que j’ai eu rai- médiatement et douloureusement se rappeler l’Olympique lyonnais espère bien dé- plus rapide, tout en évitant d’empié- temps. » son de faire l’impasse sur les championnats de à lui si jamais il négligeait un instant de l’écou- crocher pour la première fois le titre ter sur le couloir voisin. Et la tech- A peine plus d’un mois avant les champion- France à cette époque : une participation m’au- ter. Mais un corps qui – intelligemment maîtri- national. En s’épargnant le mara- nique la plus rapide pour aller d’un nats du monde de Séville, Stéphane Diagana et rait privé de trois séances de ce type et, il y a sé – peut lui permettre de devenir à Séville le thon européen de la Ligue des cham- point à un autre, c’est bien évidem- son entraîneur, Fernand Urtebise, ont dû révi- quatre semaines, je ne pouvais vraiment pas me premier athlète français à conserver un titre pions, le club renforce ses chances ment la ligne droite. Par conséquent, ser totalement leurs prévisions et repenser leur le permettre. Nous étions vraiment à un jour mondial. sur ce flanc. Encore lui faudra-t-il as- j’apprends à mes athlètes à visualiser programme pour tenter d’amener l’athlète à près. » sez vite démontrer des qualités supé- un certain nombre de points dans le son meilleur niveau en Espagne. Le pari était Les séries et les demi-finales des champion- Gilles van Kote rieures à celles affichées jusque-là. virage, des repères virtuels en réalité, Le tirage au sort de la Ligue des afin qu’ils puissent transformer leur champions devait se dérouler jeudi courbe en succession de petites lignes 26 août. Huit poules de quatre droites. C’est ce que j’appelle la Guidé par la foi, Obadele Thompson se sent pousser des ailes équipes seront formées, dont les " stratégie du point ". Cette tech- deux premières seront qualifiées nique permet de coller à la corde. pour le tour suivant. Bordeaux et » Le mouvement des bras est éga- Barbade. Le sprinteur antillais espère enfin monter sur le podium Marseille représenteront la France. lement primordial dans le passage de Lyon rejoint Lens, Nantes, Monaco la courbe : le balancement du bras SÉVILLE ment le meilleur athlète national, lui l’un des tout meilleurs sprin- temps est venu, pour moi, de suivre et Montpellier en Coupe UEFA, dont gauche se doit d’être légèrement de notre envoyé spécial ajoute Victor Houston, un hur- teurs de la planète. Il y a d’abord ton chemin.” » le tirage au sort aura lieu vendredi moins fouetté que celui du bras droit. En yoruba, un dialecte nige- dler de la Barbade éliminé des ses performances personnelles Depuis, il ne cesse de ressasser 27 août. Mais le regard ne doit en aucun cas rian, son nom signifie « le roi ar- qualifications du 110 m haies. Son (9 s 87 sur 100 m et 20 s 03 sur qu’il est littéralement « guidé par L’autre surprise de ce tour prélimi- se perdre dans cet amas de lignes rive au palais ». Mais, sur les discours est empreint d’une morale 200 m), puis plusieurs titres de la foi. » Dieu l’aurait-il épaulé en naire de la Ligue des champions est imaginaires : il faut que les yeux pistes du circuit international chrétienne qu’il adore distiller champion des Caraïbes ainsi avril 1996 à El Paso, quand il cou- venue de l’élimination de Parme par épousent les formes tournantes du comme sur son île native des Bar- pendant les entretiens. Il veut être qu’un vieux record du monde ju- rut un 100 m en 9 s 69, aidé par un les Glasgow Rangers. En s’imposant couloir. C’est essentiel pour la fin de bades, ses amis l’appellent sim- un modèle pour les jeunes de la niors du 100 m (10 s 08), au- vent favorable de 5,1 m/s qui em- (1-0) sur sa pelouse, l’équipe de Lilian course. plement « Oba ». Un diminutif Barbade. En plus, il possède le jourd’hui périmé. Il y a aussi ce pêcha l’homologation de cette Thuram et d’Alain Boghossian n’a pu qui claque au vent. Un « petit cœur, la discrétion naturelle et la fameux titre de champion univer- performance extraordinaire ? «Je combler le retard de deux buts pris « QUASI SCIENTIFIQUE » nom » affectueux qui, finale- disponibilité des grands cham- sitaire des Etats-Unis, glané sur ne pense pas qu’il prenne cette au match aller. Les vainqueurs de la » En réalité, tout se joue sur la re- ment, lui va très bien. Grand, élé- pions. » 200 m en 1994, dans le temps ca- performance très au sérieux, re- Coupe UEFA 1999 défendront donc cherche d’équilibre. Il ne faut jamais gant, le visage fin et les muscles A l’occasion de ces champion- non de 20 s 59. A l’époque, cette marque Jon Drummond, un leur trophée. être freiné par la boucle pour entrer saillants, Obadele Thompson a nats du monde, Obadele Thomp- performance lui permit de battre sprinteur américain. Mais, le dans la ligne droite en utilisant sa toujours couru dans l’ombre d’un son est pourtant moins « dispo- le record détenu par un jeune 8 mai à Osaka, il a couru un 200 m a NATATION : l’équipe d’Austra- propre force centrifuge. Grâce à sa podium. Mais, à vingt-trois ans, il nible » que par le passé. Non pas étudiant texan, un certain Mi- en 20 s 09 avec un vent de face, et lie, composée de Ian Thorpe, Wil- longue expérience, Michael Johnson aimerait bien que les choses qu’il ait subitement préféré jouer chael Johnson. ça, c’est une autre histoire. Comme liam Kirby, Grant Hackett et Michael a développé une approche quasi changent dès ce vendredi 27 août, les divas, mais, avec son entraî- Ato Boldon, Obadele Thompson a Klim, a battu son propre record du scientifique du virage sur 200 m. lors de la finale du 200 m. neur (Dan Pfaff), ce sprinteur au HISTOIRES DE VENT deux qualités : une confiance infi- monde du relais 4 × 200 m nage libre, Quand on observe ses courses, on re- Quatrième du 200 m des Jeux « cœur caraïbe » a choisi de rési- Dès 1994, « Oba » sort de l’ano- nie en soi-même et une technique, en 7 min 01 s 79, mercredi 25 août, à marque d’ailleurs qu’il peut adapter olympiques d’Atlanta (1996) – le der dans un autre hôtel que celui nymat. La presse et les recruteurs disons, très caribéenne, d’enchaî- Sydney, lors des Jeux panpacifiques une technique différente à chaque demi-tour de piste le plus rapide de sa délégation, composée de commencent à s’intéresser au cas ner les foulées. » de natation. L’ancien record était de compétition. Avec son relevé de de l’histoire –, il a également lais- seulement huit athlètes. Un ca- de ce jeune athlète de la Barbade Sur 200 m, en l’absence du Tri- 7 min1 s 86. jambes caractéristique, très bas, et sé filer sa chance, dimanche price de star ? « Non, répond-il qui a émigré au Texas, au début nitéen Ato Boldon et de Michael son centre de gravité proche du sol, il 22 août, en finale du 100 m, finis- calmement. L’hôtel de ma déléga- des années 90, pour étudier le Johnson, « Oba » commence à griffe la piste à la verticale, ce qui lui sant une nouvelle fois en 4e posi- tion était beaucoup trop éloigné marketing à l’université d’El Pa- rêver d’un podium. D’ailleurs, LOTO permet de ne jamais se retrouver au tion, derrière Maurice Greene, du stade, la climatisation ne fonc- so. Fils d’un professeur d’histoire s’il gagne une médaille, il pourra Résultats des tirages no 68 effectués mercredi centre du couloir. Bruny Surin et Dwain Chambers. tionnait pas. En bref, c’était l’en- guyanais, ancien spécialiste du convertir son succès en musique. 25 août. » Parallèlement, j’ai l’impression En privé, « Oba » aime répéter fer. Pour ne pas rater ces Mon- 100 yards (91,4 m), et d’une infir- Depuis peu, il écrit des chansons Premier tirage : 6, 8, 12, 15, 41, 48 ; numéro complé- que Maurice Greene a tendance à qu’il est plus à l’aise sur 200 m diaux, il fallait que j’en trouve un mière des Bermudes, ce passion- lyriques chrétiennes, qu’il mentaire : 11. Rapports pour six numéros : 1 522 825 F (232 153 ¤) ; 5 numéros et le complémentaire : vouloir se replacer au centre du cou- que sur 100 m, mais, sur ces deux autre. » né d’informatique a vécu son en- adapte sur des rythmes de rap. 45 130 F (6 880 ¤) ; 5 numéros : 5 430 F (827,79 ¤); loir à la sortie de ses virages sur distances, il semble parfois abon- « Oba » croise les vedettes fance dans une atmosphère de Rap et christianisme, le mélange 4 numéros et le complémentaire : 230 F (35,06 ¤); 200 m. A mon avis, il perd ainsi né à la quatrième place. La plus américaines Maurice Greene et chaleur chrétienne. « Au début, je ne l’effraie pas. Visiblement, ce 4 numéros : 115 F (17,53 ¤) ; 3 numéros et le complé- ¤ ¤ 2 dixièmes de secondes. Mais, heu- mauvaise, dit-on. Michael Johnson, tous les matins respectais les croyances de mes garçon dans le vent n’est pas mentaire : 24 F (3,65 )) ; 3 numéros : 12 F (1,82 )). Second tirage : 2, 7, 9, 20, 23, 47 ; numéro complé- reusement pour lui, à Séville, il ne re- En revanche, dans son pays, un au petit déjeuner, dans les salons parents sans vraiment y adhérer, près de vendre son âme au diable mentaire : 24. 6 numéros : 6 508 620 F (992 232 ¤); trouvera pas Michael Johnson sur îlot de 250 000 habitants, son sta- de l’Occidental Hotel, un établis- se souvient-t-il. Puis, à quinze pour une breloque de plus. Un 5 numéros et le complémentaire : 35 155 F (5 359 ¤); cette distance. » tut de « plus grand sportif du sement luxueux adapté à la me- ans, j’ai eu une révélation. Je me vrai miracle. 5 numéros : 3 945 F (601,41 ¤) ; 4 numéros et le complémentaire : 184 F (28,05 ¤) ; 4 numéros : 92 F siècle » ne se discute pas. « Oba- sure de ses talents. Ses talents ? suis dit : “Dieu, j’ai voulu résister à (14,02 ¤) ; 3 numéros et le complémentaire : 22 F P. M . dele Thompson n’est pas seule- Une série de chiffres qui font de ta grandeur trop longtemps. Le P. M . (3,35 ¤) ; 3 numéros : 11F (1,67 ¤). LeMonde Job: WMQ2708--0024-0 WAS LMQ2708-24 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 09:05 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0337 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 AUJOURD’HUI-SCIENCES La fin annoncée de Mir, un monument de la conquête spatiale Les derniers occupants permanents de la station russe reviennent sur Terre dans la nuit de vendredi à samedi. Faute de crédits pour en poursuivre l’exploitation, Mir, qui a accueilli en treize ans plus de cent astronautes, devrait disparaître, le 5 avril 2000, dans les eaux du Pacifique Le premier élément de Mir fut lancé le spatiale russe. En plus de treize ans d’exis- monautes y ont vécu plus d’un an d’affilée. sion, pannes d’ordinateurs – ont perturbé ter ensemble ces avaries. Une constatation 19 février 1986. Vendredi 27 août, à 20 h 03, tence, Mir a accueilli 103 passagers, dont Elle a aussi permis aux Américains et aux son fonctionnement, notamment durant inquiétante alors que les deux pays sont son dernier équipage permanent, dans 44 Américains et 6 Français. Son exploita- Européens d’acquérir une expérience pré- l’année 1997. Une enquête publiée récem- les deux principaux acteurs de l’assem- lequel figure le Français Jean-Pierre Hai- tion a permis aux Russes de maîtriser les cieuse de la vie et du travail en orbite. Mais ment montre les difficultés rencontrées par blage de la future station spatiale interna- gneré, devait fermer le sas de la station séjours longs dans l’espace : certains cos- de nombreux incidents – incendie, colli- les Russes et les Américains pour surmon- tionale, qui accumule déjà les retards.

VENDREDI 27 AOÛT, à 20 h 03 (quand les deux vaisseaux, Soyouz, orbite. Il bat, en effet, de 6 heures (heure de Paris) en principe, les habité, et Progress, automatique, y et 30 minutes l’Américaine Shan- cosmonautes russes Viktor Afa- sont amarrés), pour une longueur non Lucid (qui garde néanmoins le nassiev et Sergueï Avdeïev et leur totale de 40 mètres et un volume record féminin). Mais les vétérans collègue français Jean-Pierre Hai- utile de 400 mètres cubes. russes du spatial restent les cham- gneré devraient fermer le sas de la Occupée en permanence depuis pions incontestés : Valery Poliakov station Mir et prendre place à bord septembre 1989, la station Mir a effectué un séjour de 438 jours du vaisseau Soyouz pour atterrir n’est restée inhabitée que treize en 1994 et 1995. Et Sergueï dans les steppes du Kazakhstan six mois et demi au total depuis sa Avdeïev, « colocataire » de Jean- heures trente plus tard. Un retour mise en service. En treize ans et Pierre Haigneré, devait atterrir qui sort de l’ordinaire puisque, demi, elle a accueilli 103 personnes samedi au terme de 377 jours faute de financement pour en dont 62 non-Russes, parmi les- consécutifs dans l’espace et poursuivre l’exploitation, Mir sera quels 44 Américains, 6 Français et 748 jours cumulés à bord de Mir en abandonnée à elle-même, en 2 Allemands. Au total, 90 vaisseaux trois missions. régime de vol automatique, en russes (Soyouz habités ou cargos Depuis 1982, date du premier attendant son plongeon dans le automatiques Progress) s’y sont séjour en orbite d’un Français Pacifique, prévu pour le 5 avril amarrés. Les navettes américaines (Jean-Loup Chrétien, sur Saliout-7, 2000. Atlantis, Endeavour et Discovery l’ancêtre de Mir), la France et la Avant de redescendre sur Terre, l’ont visitée à neuf reprises, entre Russie collaborent régulièrement les trois hommes ont installé à juin 1995 et juin 1998, dans le cadre en matière de vols habités. Six mis- bord un nouvel ordinateur. Pen- d’un accord de coopération des- sions franco-russes ont été menées dant six mois, cet appareil contrô- tiné à entraîner les équipages pour sur Mir, permettant aux Français lera l’orientation de la station. Il la réalisation de la future station d’acquérir une précieuse expé- sera aussi capable de gérer l’arri- spatiale internationale. rience technique, médicale et mage automatiques des vaisseaux. scientifique. Au point que Jean- Ce mode de fonctionnement ne POURSUIVRE LA COLLABORATION Pierre Haigneré, qui avait la quali- représente pas de risque particulier De multiples expérience scienti- fication d’ingénieur de bord, pou- car, en temps normal, l’engin ne fiques et techniques ont été réali- vait participer à la gestion et à la nécessite pas de pilotage. «Sa sées par les astronautes et cosmo- maintenance de la station aux vitesse initiale et sa trajectoire ont nautes, dans des conditions parfois côtés de ses collègues russes. en effet été calculées de façon qu’il acrobatiques, quand la vétusté de Ces échanges, nés d’une volonté tourne indéfiniment autour de la la station est devenue flagrante. politique de De Gaulle en 1966, ont Terre », explique Lionel Suchet, L’année 1997 restera dans les permis « de nouer des liens très forts responsable des vols habités sur mémoires comme un condensé de avec la Russie », se réjouit Lionel Mir au Centre national d’études tous les problèmes techniques que Suchet, qui souligne que « des dis- spatiales (CNES). Mir tourne natu- l’homme peut rencontrer dans cussions sont en cours » pour la rellement, à la vitesse de 10 km/s, l’espace : incendie à bord, panne poursuite de cette coopération en suivant une orbite quasi cir- du principal générateur d’oxygène, avec les Russes sur la future sta- culaire à environ 370 km au dessus panne d’ordinateur, collision entre tion spatiale internationale (ISS). de la surface terrestre. La seule le module Spektr et un vaisseau- En tout état de cause, le CNES correction à effectuer – en principe cargo Progress, etc., heureusement entend profiter de l’expérience tous les trois mois – est « une petite sans conséquences pour la santé acquise sur Mir pour jouer un rôle

impulsion de quelques centaines de NASA de l’équipage. sur l’ISS tant au sein de l’Agence secondes » destinée à corriger le Sauf à trouver un mécène, Mir cessera bientôt de tourner au-dessus de nos têtes. Jean-Pierre Haigneré était le spatiale européenne qu’en bilaté- léger freinage provoqué par les dernier des invités étrangers. Il ral avec les Russes ou les Améri- quelques molécules présentes à Le premier élément de la station avait été suivi de Kvant-2 (1989), de 11 tonnes à 20 tonnes, avaient sera resté à bord très exactement cains. cette altitude. Mir avait été lancé le 19 février puis de Kristall (1990), Spektr fini par en faire un ensemble 188 jours, 20 heures et 12 minutes, 1986. Elle s’était ensuite agrandie, (1995) et, enfin, Priroda (1996). Ces impressionnant, un gigantesque ce qui fera de lui le recordman non Jean-Paul Dufour UN « MECCANO SPATIAL » module par module. Kvant-1 (1987) « bidons » successifs, d’une masse « Meccano spatial » de 136 tonnes russe en matière de séjour en et Christiane Galus Sauf coup de théâtre, deux cosmonautes russes devraient se rendre dans la station fin février 2000. Ils seront chargés de L’ISS, qui doit assurer la relève, accumule les retards et les avaries surveiller l’arrimage d’un dernier vaisseau-cargo Progress chargé MIR est à l’abandon, mais son héritière, la l’arrivée, prévue pour mars 2000, à bord fisamment pour espérer être prêt à temps. ment effectuées pour préparer les futurs d’ergol (carburant), de préparer station spatiale internationale (ISS), fruit de d’un vaisseau Soyouz, du premier équipage A moins d’un nouveau contretemps : une appontages. Elles ne sont pas toujours opé- Mir pour le grand plongeon... et la coopération de seize nations, est encore – deux Russes, Gidzenko et Krikalev, et un fusée Proton, du type de celle qui doit rantes, comme l’a montré un récent épi- d’y tourner les scènes d’un film. loin de pouvoir accueillir son premier équi- Américain, Shepherd. emporter Zvezda dans l’espace, s’est écra- sode, qui aurait fort bien pu stopper net Après leur retour sur Terre, page de scientifiques. L’ISS, qui, à terme, Une quarantaine de missions supplémen- sée le 5 juillet au Kazakhstan, à la suite l’aventure de l’ISS. Le 13 juin, les contrôleurs commencera le processus de sera quatre fois plus vaste que Mir, n’est, taires seront nécessaires pour achever l’ISS, d’une déviation de trajectoire intervenue de la station n’ont pas réussi une manœuvre désorbitation proprement dit, pour l’heure, composée que de deux bidons, dont la dernière pierre, le module d’habita- après l’allumage de son deuxième étage. Les destinée à éviter la collision avec un débris « géré d’en haut de façon automa- les modules Zarya et Unity. Mis en orbite en tion américain, devrait être posée tests concernant la fiabilité de ce lanceur spatial identifié par l’Air Force Space tique, après que les fichiers néces- décembre 1998, ils disposent de 500 jours en novembre 2004. La NASA organisait ces seront-ils terminés à temps ? Les vérifica- Command. Le bolide, un morceau d’un saires auront été téléchargés dans d’autonomie environ. L’arrivée du troisième derniers jours un séminaire au Texas, où elle tions en cours sur les navettes américaines, ancien lanceur russe, est, fort heureuse- l’ordinateur de bord », précise Lio- élément, le module d’habitation Zvezda, qui avait convié de nombreuses entreprises pri- à la suite d’un court-circuit intervenu dans ment, passé à une distance confortable. La nel Suchet. Les moteurs seront doit ensuite contrôler la bonne orientation vées « pour explorer l’intérêt commercial la soute de Columbia lors de son lancement défaillance a été depuis diagnostiquée : allumés par petites impulsions, de l’ensemble, est donc attendue avec impa- potentiel d’un partenariat entre le gouverne- le 25 juillet, ne devraient en revanche pas l’augmentation de la masse de la station afin de ralentir la station pour lui tience. ment et l’industrie pour construire le module affecter le programme, estiment les experts. après la livraison de Discovery n’avait pas faire perdre peu à peu de l’altitude Mais cet élément crucial sait se faire dési- d’habitation de l’équipage ». Inhabité, l’embryon d’ISS n’est pas pour été prise en compte par l’ordinateur de et lui faire aborder les hautes rer. Faute de crédits, les Russes ont pris du autant inactif. Il a déjà reçu la visite de Dis- bord. couches de l’atmosphère – où elle retard dans son achèvement, ce qui a cham- À « DEUX DOIGTS » D’UN CARAMBOLAGE covery, qui a livré deux tonnes de matériel. Le républicain James Sensenbrenner a se désintégrera en partie – avant boulé le programme d’assemblage de la sta- Mais on n’en est pas encore là. Dans son L’équipage avait déjà dû procéder à quel- pris une nouvelle fois sa plus belle plume que ses débris tombent dans le tion. Un an et demi a déjà été perdu. Le der- dernier rapport sur l’avancement des tra- ques réparations sur des systèmes d’alimen- pour reprocher à Daniel Goldin, l’adminis- Pacifique, au large de la Nouvelle- nier calendrier en date, adopté en juin lors vaux, en date du 19 novembre 1998, la NASA tation électrique et de communication et trateur de la NASA, d’avoir laissé entre les Zélande, à un endroit où chutent du Salon du Bourget, prévoit un lancement indiquait que les techniciens du centre de l’une des six batteries de Zarya reste mains de contrôleurs russes « un investisse- habituellement les vaisseaux auto- de Zvezda le 20 novembre. Deux navettes lancement de Baïkonour (Kazakhstan) déconnectée, en raison d’une baisse de ses ment de 20 milliards de dollars ». matiques Progress chargés de américaines apporteront du fret et des élé- avaient effectué sur Zvezda 86 % des tests performances. déchets. ments de structure supplémentaire avant électriques précédant le lancement, soit suf- Des manœuvres orbitales sont régulière- H. M. L’impitoyable chronique d’une dérive orbitale russo-américaine Treize ans d’exploits et de malheurs LE 23 FÉVRIER 1997, un incen- bord de Mir. Cette « Phase 1 » tal est durement éprouvé. Ainsi, Selon Burrough, l’une des prin- Tsoup, et aura le plus grand mal à die violent éclate à bord de la sta- devait préparer la construction en lorsque Jerry Linenger prend pied cipales erreurs de la NASA aura saisir les points faibles de la sta- b 19 février 1986. Lancement du tion orbitale russe Mir. Il sera diffi- orbite, puis l’exploitation de la sta- à bord, son prédécesseur, John été de négliger le facteur humain. tion, et les façons de remédier à bloc principal de la station Mir. cilement maîtrisé par l’équipage, tion spatiale internationale (ISS), Blaha, le met en garde : « N’attends « Les équipages ne seront contents, ses défaillances. Il est vrai que les b Du 26 novembre au composé notamment des Russes qui sera peut-être achevée en 2004. aucune aide de la Terre, tu es seul explique un vétéran, que lorsque le apparatchiks du Tsoup ne lui ont 21 décembre 1988. Premier séjour Valeri Korzoun Partant des transcriptions des ici. » dernier psychologue aura été étran- pas facilité la tâche. à bord d’un Français, Jean-Loup et Alexandre communications entre Mir et le glé avec les entrailles du dernier Quelles leçons tirer de ces mésa- Chrétien. Cinq autres suivront, Kaleri et de centre de contrôle russe de Mos- LE FACTEUR HUMAIN NÉGLIGÉ chirurgien de vol », les deux ventures spatiales ? « L’humilité », jusqu’à Jean-Pierre Haigneré, qui l’Américain cou (le Tsoup) ainsi que de docu- Linenger aura tout loisir de confréries ayant la faculté d’élimi- répond Franck Culbertson, patron devrait quitter Mir vendredi. Jerry Linenger. ments internes de la NASA « nota- mesurer la différence qu’il y a ner un candidat de la course à du programme « Phase 1 ». Bryan b Du 27 avril au 8 septembre Le 25 juin de blement coupés » et s’appuyant sur entre une croisière de quinze jours l’espace. En conséquence, « hors Burrough met en garde contre 1989. Mir est laissée sans occupant la même an- de nombreux entretiens avec les à bord de la navette, où tout est d’une psychose généralisée, les psy- toute tentation de « rationalisation pour raisons née, le module acteurs de ces journées chaotiques, minuté, et un séjour de longue chologues n’intervenaient que très a posteriori » : « Un pilote qui sort technico-économiques Spektr est em- l’auteur en offre un récit ébourif- durée dans l’espace chez les peu dans la sélection » des astro- des débris d’un 747 ne justifie pas b 22 mars 1995. Valery Poliakov bouti et perforé par un vaisseau fant. Russes. Il lui faut rapidement nautes, explique Burrough, qui son accident en disant qu’il a ren- établit le record mondial de séjour cargo Progress, lors d’un exercice Mir y apparaît comme une sorte abandonner l’espoir de suivre à la laisse à penser qu’une série de forcé ses liens d’amitié avec la tour en orbite : 437 jours et 18 heures. d’appontage. Le commandant de monstre organique, traversé de lettre le « formulaire 24 », le caractériels et de quasi-autistes se de contrôle. » Il souligne qu’une b 27 juin 1995. Premier amarrage Vassili Tsibliev et son second multiples veines et artères, suin- manuel des expériences scienti- sont succédé en orbite. Il épingle version du générateur d’oxygène d’une navette américaine. Huit Alexandre Lazoutkine, assistés de tant et soufflant, dont l’équipage fiques, et apprendre à composer au passage le directeur du centre qui a pris feu sur Mir, pour une rai- autres suivront jusqu’au 2 juin l’astronaute Michael Foale, passe- doit constamment éponger les avec l’imprévu. Et aussi avec de de Houston, George Abbey, émi- son encore inconnue, sera utilisée 1998. ront les deux mois suivants dans humeurs et sonder les remugles. rudes cosmonautes. Les Améri- nence grise aux desseins impéné- sur le module de service de la b 23 février 1997. Un incendie se une station à la dérive, avant que David Wolf, présenté par la NASA cains, qui ont payé 400 millions de trables, qui préside aux destinées future station internationale. Et les déclenche alors que six l’électricité soit pleinement réta- comme l’un des sauveteurs de la dollars pour occuper la station et y des hommes de l’espace. Selon les deux systèmes de guidage et cosmonautes sont présents à bord. blie et le module colmaté. Par deux station, admet qu’il a passé la moi- faire de la « bonne science », ont témoignages qu’il a recueillis, ces d’amarrage qui se sont montrés b 25 juin 1997. Un vaisseau cargo fois au moins, on a frôlé la catas- tié de son temps à écoper les fuites tendance à se comporter comme derniers ont eux aussi tendance à défaillants seront eux aussi instal- Progress entre en collision avec le trophe. d’eau. Lancée en 1986 et prévue des passagers exigeants. Les ne pas faire de vague afin de rester lés sur l’ISS... module Spektr dont il perfore la Les déboires de Mir, durant cette pour ne durer que six ans, Mir Russes, eux, marchent au sur la piste aux étoiles. paroi. année 1997, ont été largement rela- semblait, onze ans plus tard, au « bonus » : un arrimage manuel, Sur le plan technique, l’imprépa- Hervé Morin b 27 juin, 3 et 17 juillet 1997. tés par la presse. Mais l’enquête de bord de l’échouage permanent. effectué en raison d’un « pro- ration de la NASA est également Pertes de contrôle de la station Bryan Burrough, Crises à bord de la « Paradoxalement, note Burrough, blème » imaginaire, rapporte patente : pendant la « Phase 1 », ૽ Crises à bord de la station Mir, dues successivement à des pannes station Mir, met en lumière les dys- ce n’est pas la station qui est mena- 1 000 dollars. Mais lorsqu’un véri- elle ne prendra jamais les moyens Bryan Burrough, éd. J.-C. Lattès, d’ordinateur et à une erreur de fonctionnements qui ont marqué cée d’effondrement, mais ses table incident survient, Moscou de contrôler la sécurité des 1999, 468 p., 149 F. manipulation. la collaboration américano-russe à occupants », dont l’équilibre men- s’emploie à le minimiser. manœuvres préparées par le LeMonde Job: WMQ2708--0025-0 WAS LMQ2708-25 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 10:30 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0338 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / 25

-27------AOUT------1999------Oslo Stockholm Amélioration Moscou LE CARNET Prévisions Ensoleillé VENDREDI. Après l’évacuation sous les nuages et une ondée ora- vers 12h00 DU VOYAGEUR du front pluvio-orageux vers l’est geuse est encore possible l’après- et avec la remontée générale des midi. Il fera de 24 à 28 degrés. Peu pressions, la France retrouve un Poitou-, Aquitaine, Belfast nuageux a FRANCE. Le dernier week-end du temps plus calme, avec une domi- Midi-Pyrénées. – Après dissipa- Liverpool mois d’août s’annonce difficile sur Dublin nante ensoleillée, malgré encore tion des brouillards matinaux le Varsovie Kiev les routes avec le début des retours quelques passages nuageux et un soleil revient généreusement. Des Amsterdam Berlin Brèves vers les villes de nombreux vacan- risque d’orage en soirée sur les re- Pyrénées au Massif Central, quel- ciers. La Sécurité routière a classé la Londres éclaircies liefs. ques nuages bourgeonneront 50 o Bruxelles journée du vendredi 27 août Bretagne, pays de Loire, l’après-midi. Ils pourront donner Prague « orange » et du samedi 28 Basse-Normandie. – De la Bre- en soirée une petite ondée en Couvert « rouge » en province. Mais le tagne au Cotentin, des nuages ré- plaine. Il fera de 24 à 30 degrés. Paris Strasbourg Vienne dimanche 29 est annoncé « vert » sistent par endroits, mais le soleil Limousin, Auvergne, Rhône- Budapest dans toute la France. Elle Nantes Brume réussit de belles percées. Ailleurs, Alpes. – Le soleil fera une belle Berne brouillard recommande donc aux automobi- après la dissipation des brouil- prestation après la dissipation des Bucarest listes, pour leurs retours, à l’est d’évi- lards, le soleil est là. Il fera de 20 à brouillards matinaux. L’après-mi- Lyon ter les grands axes de transit nord- Milan Belgrade 26 degrés. di, des nuages bourgeonneront et Sofia Averses sud et à l’ouest de rentrer le matin. Nord-Picardie, Ile-de-France, l’on n’exclut pas une averse ora- Toulouse Istanbul D’une façon générale, les respon- Centre, Haute-Normandie, Ar- geuse en montagne ou une ondée sables du trafic demandent de « lais- Pluie dennes. – Malgré un ciel tempo- en plaine. Il fera de 27 à 29 degrés. Rome ser passer le samedi ». rairement voilé, ce sera une jour- Languedoc-Roussillon, Pro- Barcelone Naples a ARGENTINE. Le premier hôtel née agréable avec des vence-Alpes-Côte d’Azur, 40 o Madrid Hilton d’Argentine doit ouvrir ses températures qui atteindront 22 à Corse. – Le soleil revient en force Lisbonne Athènes Orages portes à la fin de l’année à Buenos 28 degrés. autour de la Méditerranée. Sur les Aires. Avec ses 621 chambres, le nou- Champagne, Lorraine, Alsace, reliefs, quelques nuages bour- Séville vel établissement sera le deuxième Bourgogne, Franche-Comté. – geonnent et une ondée orageuse Tunis Neige du pays pour sa capacité. Cette Après dissipation des brouillards est encore possible en soirée près Alger année, Hilton a ouvert trois autres matinaux, le soleil revient. Les re- de la frontière italienne et sur les hôtels dans les Caraïbes : à Tobago, liefs du Jura resteront localement Pyrénées. Il fera de 30 à 33 degrés. Rabat 0o 10o 20o Vent fort Puerto Rico et aux Bahamas.

PRÉVISIONS POUR LE 27 AOUT 1999 PAPEETE 22/29 S KIEV 13/20 N VENISE 20/26 P LE CAIRE 23/33 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/31 S LISBONNE 17/26 S VIENNE 11/24 C MARRAKECH 22/32 P et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 20/25 S LIVERPOOL 13/19 N AMÉRIQUES NAIROBI 15/25 N C : couvert ; P : pluie ; * : neige. EUROPE LONDRES 13/21 N BRASILIA 17/28 N PRETORIA 7/21 S AMSTERDAM 16/21 N LUXEMBOURG 16/24 C BUENOS AIR. 8/20 S RABAT 19/28 S FRANCE métropole NANCY 17/24 N ATHENES 24/31 S MADRID 18/34 S CARACAS 25/32 N TUNIS 25/33 N AJACCIO 22/31 N NANTES 14/26 N BARCELONE 22/29 S MILAN 21/32 S CHICAGO 18/28 N ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 18/24 S 22/27 S BELFAST 12/20 C MOSCOU 10/19 C LIMA 14/20 C BANGKOK 25/34 C BORDEAUX 17/27 S PARIS 15/26 N BELGRADE 14/25 N MUNICH 16/20 P LOS ANGELES 20/23 S BOMBAY 27/29 P BOURGES 16/28 S PAU 17/26 N BERLIN 17/22 C NAPLES 22/29 C MEXICO 14/20 P DJAKARTA 26/30 S BREST 14/21 N PERPIGNAN 19/28 S BERNE 16/23 C OSLO 11/15 P MONTREAL 19/29 S DUBAI 30/41 S CAEN 15/20 N RENNES 14/25 N BRUXELLES 14/21 C PALMA DE M. 19/33 S NEW YORK 23/26 P HANOI 28/31 P CHERBOURG 14/20 N ST-ETIENNE 16/28 N BUCAREST 11/24 N PRAGUE 12/21 P SAN FRANCIS. 15/22 N HONGKONG 26/29 P CLERMONT-F. 17/28 S STRASBOURG 16/26 N BUDAPEST 13/25 S ROME 21/28 N SANTIAGO/CHI 8/16 N JERUSALEM 27/32 S DIJON 16/27 S TOULOUSE 18/29 S COPENHAGUE 13/19 N SEVILLE 21/34 S TORONTO 19/26 N NEW DEHLI 27/32 P GRENOBLE 15/29 S TOURS 15/27 S DUBLIN 12/21 N SOFIA 12/25 S WASHINGTON 23/29 P PEKIN 21/29 C LILLE 14/21 N FRANCE outre-mer FRANCFORT 17/24 C ST-PETERSB. 13/21 C AFRIQUE SEOUL 23/30 C LIMOGES 16/26 S CAYENNE 23/31 C GENEVE 17/26 N STOCKHOLM 13/18 C ALGER 24/29 C SINGAPOUR 26/29 N LYON 19/28 S FORT-DE-FR. 25/31 N HELSINKI 11/20 C TENERIFE 19/26 S DAKAR 26/28 C SYDNEY 15/19 P MARSEILLE 20/32 S NOUMEA 19/23 C ISTANBUL 19/24 N VARSOVIE 9/24 N KINSHASA 19/28 N TOKYO 26/32 C Situation le 26 août à 0 heure TU Prévisions pour le 28 août à 0 heure TU

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99203 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). L’ART EN QUESTION No 132 En collaboration avec

l’Oubangui. Neige éternelle. – 8. Communs dans les bois et dans les prés. Manifestation de joie. – Les Médicis à Blois 9. Belles des eaux méditerra- LA FAMILLE des Médicis, « Portrait de néennes. – 10. Pour détourner venue du nord de Florence au Cosme l’Ancien » l’attention. Lettres de garantie. – XIVe siècle, s’installe dans le Ecole florentine, 11. Prise en connaissance. Elle aussi quartier de San Giovanni. Comme XVIe siècle est au courant des confidences. – tous les grands de ce monde, Huile sur toile, 12. Attaquer les feuilles. princes ou seigneurs, ils ont la 53x44cm. passion de la collection et Florence, Philippe Dupuis s’imposent très tôt comme des palais mécènes hors pair. Mozzi-Bardini, SOLUTION DU No 99202 Riches banquiers, les Médicis au château vont ajouter à la puissance de de Blois HORIZONTALEMENT l’argent, la puissance du poli- pour l’exposition I. Rahat-loukoum. – II. Amuseur. tique. Cosme de Médicis (1389- « Les Trésors Ir. – III. Vers. Ebarbés. – IV. Anéan- 1464), grand-père de Laurent des Médicis », tir. Eté. – V. Li. Sottie. An. – VI. Etes. nommé par ses contemporains jusqu’au Eau. GMT. – VII. Menin. LSD. Pe. – « Le Magnifique », est l’initiateur 24 octobre. VIII. Fn. Ne. Aman. – IX. Nouées. de ce pouvoir. Ambitieux, il gou- Otait. – X. Tristounette. verne la ville de Florence en affi- chant un mécénat grandiose. VERTICALEMENT Dans son magnifique palais de HORIZONTALEMENT tendre poème. – X. Qui a vraiment 1. – Ravalement. – 2. Aménité. la via Larga, Cosme collectionne beaucoup trop servi. Soutenir au Or. – 3. Hure. Enfui. – 4. Assas- des antiquités, des bustes et des I. Pleins, ils finissent dans la rue. tribunal. sines. – 5. Té. Nô. Et. – 6. Luette. reliefs de marbres, des coupes en ANTONIO QUATTRONE – II. Au courant des confidences. NSO. – 7. Orbitale. – 8. Arius. On. – pierres dures, des bijoux, ou des les artistes. Sa passion pour l’art Charles IX Attrapés dans un sens, connue VERTICALEMENT 9. Kir. Date. – 10. Orbe. Mat. – objets venus d’Orient. Il se révèle et sa fortune imposent la supré- François III dans l’autre. – III. Personnel. Mots 11. Etampait. – 12. Mésentente. aussi un mécène important pour matie et la magnificence de la d’auteurs. – IV. Prise en considéra- 1. Douce après un trop bon cour des Médicis, que ses descen- Réponse dans Le Monde du tion. Prince arabe. – V. Pratiquer repas. – 2. Que du beau monde trié dants entretiendront avec la 3 septembre l’ouverture et très vite la ferme- sur le volet. – 3. Démonstratif. même intelligence. ture. Vagabonder. – VI. Protégeait Décomposition fertile. – 4. Frappée Cette famille allait donner à la Solution du jeu n°131 publié le foyer romain. Vient de refaire les de stupeur. Personnel masculin. – France une de ses reines : Cathe- dans Le Monde 20 août comptes de l’Hexagone. – 5. Qui devrait tenir moins de place. rine de Médicis. Elle fut la mère C’est à l’actrice anglaise Ellen VII. Comme une groseille avant les Ses graines et ses racines ali- de trois rois de France, dont Fran- Terry que le sculpteur Saint-Gau- confitures. Sur la toile. – VIII. Arri- mentent le pharmacien africain. – çois II et Henri III. Quel est le dens avait offert le bas-relief en vée. Départ. Article retourné. – 6. Manifestation au stade. Doit être nom du troisième ? bronze représentant le peintre IX. Gardé en chambre. Triste et petit pour compter. – 7. Alimente Henri IV Jules Bastien-Lepage. LeMonde Job: WMQ2708--0026-0 WAS LMQ2708-26 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 10:27 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0339 Lcp: 700 CMYK

26 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999

MUSIQUE Chaque été, depuis puis vingt-quatre ans par Leon Bot- concerts et de convaincre les habi- mière pierre du Performing Arts Cen- teur fêté, cet été, par le Bard Col- 1990, le public se presse au Festival stein. Ce chef d’orchestre, écrivain, tants. b L’ARCHITECTE AMÉRICAIN ter, un bâtiment qui devrait être lege, au cours de trois week-ends de musique de Bard College, à une conférencier, musicologue, n’a eu de Frank Gehry, à qui l’on doit le tout inauguré en 2001 et sera notamment aux programmes copieux alternant heure et demie de train de New cesse de réunir l’argent nécessaire à récent Musée de Bilbao (Pays basque doté d’une salle de 800 places. b Ar- pièces fréquemment jouées et rare- York. b CETTE ÉCOLE est dirigée de- la construction d’une salle de espagnol), vient de poser la pre- nold Schoenberg était le composi- tés, conférences et causeries. A Bard College, Arnold Schoenberg rallie les foules Arnold Schoenberg a été le compositeur fêté, cet été, par le Bard College, école, à une heure et demie de New York, dirigée par Leon Botstein. L’architecte américain Frank Gehry vient d’y poser la première pierre du futur Performing Arts Center, qui devrait être inauguré en 2001 ANNANDALE-ON-HUDSON savent qu’il y a de très fortes chances (New York) pour qu’ils ne le rejouent jamais... » de notre envoyé spécial Pourquoi consacrer trois week- Lorsque ayant emprunté la route ends très copieux à Arnold boisée qui mène à Bard College, Schoenberg, ce musicien encore dans le haut de l’Etat de New York, controversé à l’aube d’un siècle on découvre les bâtiments sco- nouveau ? « Je voulais montrer que laires, le campus posé sur un vrai Schoenberg n’est pas de la musique tapis de gazon, magnifiquement d’avant-garde, comme on le croit entretenu, la vue sur l’Hudson, on encore trop souvent, mais un clas- se dit qu’on ne se trouve décidé- sique de notre siècle. 1999 était la ment pas dans un établissement date butoir avant que l’on dise que pédagogique ordinaire. La situa- Schoenberg est du siècle passé ! Il tion retirée de Bard (en pleine existe de nombreuses pièces qui ne campagne, à deux pas de Wood- sont jamais données en concert, et il stock, mais à une heure et demie me semble qu’il est important de de train de Manhattan) en fait un sortir ce grand compositeur de l’or- point de chute très recherché par nière dans laquelle l’a quelque peu les étudiants sortant de ce que les plongé un courant historique et in- américains nomment high school, terprétatif un peu sec. Le jouer un cursus équivalent à ceux réunis comme un "classique" rend en gé- du collège et du lycée en France. néral sa musique plus abordable et Bard College est d’autant plus pri- moins intimidante. » sé que l’école, privée et très sélec- tive, est fréquentée par un corps UN PUBLIC MÉLANGÉ enseignant de haut vol, notam- Le rythme de travail semble par- ment ceux du département artis- ticulièrement soutenu, et les musi- tique consacré aux liberal arts. ciens de l’orchestre en résidence Fait assez rare pour être souli- pendant le festival ont fort à faire. gné, c’est un musicien (musico- « Beaucoup de chefs d’orchestre logue et chef d’orchestre) qui pré- prétendent qu’il faut un grand side Bard College. Leon Botstein nombre de répétitions pour les Va- fêtera l’an prochain ses vingt-cinq riations op. 31. Certes, c’est une par- années à ce poste, une activité qui tition difficile. Mais la musique de l’occupe pleinement, on s’en Beethoven, est-ce si "facile" à

doute, mais qui ne l’empêche pas BARD COLLEGE jouer ? Du coup, à force de dire que de continuer de diriger, d’écrire des Maquette du futur Performing Arts Center dessiné par Franck O. Gehry pour le Bard College. ce genre de pièces est inmontable, livres, de signer des articles, et on ne les joue jamais. » d’être, avec le violoncelliste Robert quelle, à partir de 2001, se donne- autour de la figure inspiratrice diriger les partitions influencées par comme le chef-d’œuvre d’un génie. Leon Botstein a gagné son pari : Martin, également professeur à ront les concerts et opéras du Bard d’Edgar Poe, présentant l’intégrali- Wagner et trouver des chefs-d’œuvre Le fait de consacrer l’édition 1999 du un public très mélangé s’est pressé Bard College, le directeur artis- Music Festival (lire ci-dessous). Voi- té de l’immense Troisième sympho- inconnus. Il faut reconnaître que festival d’été à Arnold Schoenberg aux conférences, aux concerts de tique du festival donné chaque été ci deux ans, Botstein a monté un nie du compositeur russe Reinhold certaines pièces mineures éclairent ne nous prive pas de rendre hom- musique de chambre, et ce sont depuis dix ans dans l’enceinte du festival consacré à Charles Ives Glière (1875-1956). L’an passé, le différemment les créations de leur mage à Beethoven l’an prochain. Je pas moins de six cents personnes collège, dans le petit Olin Hall ou (1874-1954) et convaincu les finan- président de Bard College a donné époque. Pendant la saison 1999- regrette simplement que les chefs qui, par un après-midi de pluie gris sous une tente de plein air. ceurs de miser sur cette figure tu- en version en concert l’Ariane et 2000 de l’American Symphony Or- d’orchestre en charge des grandes et froid, sont venues ovationner, télaire et controversée de la mu- Barbe-Bleue, de Paul Dukas, une chestra, nous confronterons par institutions ne consacrent pas da- sous une tente, ces Variations UN « CHASSEUR » DE MÉCÈNES sique américaine du XXe siècle. rareté même en France. II dirige exemple Bruckner à deux musiciens vantage de leur temps et de leurs op 31 : de très vieilles personnes L’homme a la réputation d’être Cette année, c’est au tour d’Arnold aussi, avec Valery Gergiev, l’or- viennois de son temps, Ignaz Brüll et programmes à la musique contem- studieuses mais aussi de très infatigable, bouillonnant d’idées, Schoenberg d’être ausculté sous chestre russo-américain des Karl Goldmark. Le fait de prendre le poraine et à ces raretés. Ils ignorent jeunes auditeurs, probalement des de projets et d’envies, et passe toutes les coutures. jeunes, fait de fréquents voyages temps de regarder de près et de faire souvent presque tout de ces routes étudiants du collège dont la ren- pour êre un remarquable « chas- Pendant la saison d’hiver, Bot- en Europe pour y enregistrer un entendre la musique de Florent moins fréquentées du répertoire. Je trée s’effectuera dans quelques seur » de mécènes, qu’il sait fédé- stein se produit régulièrement à la oratorio de Max Bruch ou des Schmitt ou l’Ariane et Barbe-Bleue me souviens que Georg Solti, qui me jours. Alors, Leon Botstein repren- rer autour d’activités artistiques tête de l’American Symphony Or- symphonies de Karl Amadeus de Paul Dukas, que nous avons don- témoignait de l’amitié, ignorait par- dra ses très sérieuses fonctions de exigeantes. Il vient de commander chestra – fondé en 1962 par Leo- Hartmann... née en première new-yorkaise la sai- faitement que le violoniste Joseph président, un œil sur une partition une salle de concert de huit cents pold Stokowski –, en compagnie « Je suis passionné par le tour- son passée, en version de concert, ne Joachim avait écrit de la musique ! rare, l’autre sur la construction de places au célèbre architecte améri- duquel il s’illustre dans des pro- nant du XIXe siècle et le passage au m’empêche pas d’avoir la plus vive Quant aux solistes, ils acceptent dif- cette salle prometteuse et méritée. cain Frank O. Gehry, financée grammes affolants réunissant XXe , mon sujet de doctorat à l’uni- passion pour Pelléas et Mélisande, ficilement de mettre un nouveau grâce à des fonds privés, dans la- Florent Schmitt et Rachmaninov versité Harvard. J’adore étudier et de Claude Debussy, que je considère concerto à leur répertoire lorsqu’il Renaud Machart Bard College s’offre une salle Les chemins contrariés de la musique de Schoenberg soigneux et précis, un orchestre concerts dirigés par Leon Bot- signée Frank Gehry FESTIVAL DE MUSIQUE DE manquant de raffinement mais stein ? BARD COLLEGE, les 20, 21 et d’un constant engagement envers La version pour grand orchestre ANNANDALE-ON-HUDSON cas cela ne devait être un bâti- lique, ce 22 août : « C’est un bâti- 22 août. Prochains concerts : Lin- les œuvres difficultueuses du (1935) de la fameuse Symphonie de de notre envoyé spécial ment au rabais. Nous avons tenu à ment que j’espère beau et élégant, coln Center, New York, le 20 no- Viennois. Au terme de ce mara- chambre op. 9 (1906) arrondit plu- Chaque été, depuis 1990, le ce qu’il soit pratique, mais beau. » mais il est modeste. L’argent n’est vembre. Tél. : 00-1-914-758-3226. thon organisé de main de maître, tôt les angles d’une pièce à la ten- Festival de musique de Bard Col- A cet égard, le président et son pas investi dans le marbre, dans Internet : www.bard.edu on a l’impression d’avoir fait le sion très vive mais somme toute lege dresse une tente sur l’un des comité de fund raisers, personna- un décorum trop spectaculaire. tour d’une œuvre au terrain acci- classique dans sa forme. Le espaces de gazon du campus. Pas lités chargées de collecter les Nous avons voulu une salle de 800 ANNANDALE-ON-HUDSON denté, tour à tour aride ou fertile, "drame avec musique" Die Glüc- de la toile de campeur, mais une 41 millions de dollars (environ places qui sonne très bien, flexible, (New York) passionnante ou irritante. kliche Hand op. 18 (1910-1913), le matière lisse, réfléchissante, par- 41 millions d’euros) nécessaires à modulable, adaptée au concert, à de notre envoyé spécial On ne feindra pas d’avoir dé- Concerto pour piano op. 42 (1942) faitement tendue comme une la construction du bâtiment et l’opéra, à la voix parlée. Une se- On n’a assisté qu’au deuxième couvert Schoenberg sur les bords et les Variations op. 31 (1928) sont conque en dur. Cet espace ac- conde salle, de 200 places, sera un des trois week-ends consacrés à de l’Hudson. Mais où pouvait-on rarement interprétés au concert. cueille sinon idéalement du espace expérimental nu complète- « Arnold Schoenberg et son uni- entendre récemment une telle Est-ce parce que la musique moins favorablement, la mu- Le Performing Arts ment modulable. » vers » par le festival du Bard Col- concentration d’événements mu- semble vouloir se refuser tant aux sique et un public de 800 per- La réunion des fonds n’a pas lege (le dernier sera donné à l’au- sicaux et musicologiques, idéale- interprètes qu’aux auditeurs, sonnes environ. Center sera construit été chose aisée, et la campagne tomne, au Lincoln Center de ment mêlés, à propos de celui que comme si sa beauté, lointaine et On y a chaud lorsqu’il fait de collecte continue, d’ici à l’été Manhattan), mais on en sort la beaucoup considèrent comme forclose, ne se laissait entrevoir chaud, ou froid lorsqu’il fait à l’abri des regards 2001, date prévue pour l’inaugu- tête pleine de musiques rarement l’élément-clé de la musique du qu’au prisme d’une nostalgie froid – ce qui était le cas pendant ration de la salle. Le plus entendues, d’informations pas- XXe siècle, tandis que d’autres le contrariée, comme si cet artiste si cet avant-dernier week-end des riverains, en complexe a été le long combat sionnantes glanées au long de tiennent pour l’un de ces compo- doué, aimé puis honni par Strauss, d’août. On y entend tout assez pour faire admettre une archi- séances colloquiales ou de simples siteurs qui ne s’écoutent qu’avec se tenait comme farouchement clairement, même s’il est parfois dépit de sa structure tecture tranchant nettement présentations précédant les précaution, en tout cas rarement, occupé à travestir ses dons natu- nécessaire, comme dans l’exé- avec les maisons victoriennes concerts. dans le cadre des grandes séries de rels au nom d’une nécessité quasi cution semi-scénique de Die d’une exquise des bords de l’Hudson. Le Per- On en sait davantage quant aux répertoire symphonique affec- divine (Schoenberg dira un jour Glückliche Hand, d’Arnold forming Arts Center sera en fait élèves les moins connus (le Grec tionnées du grand public, encore avoir quitté la voie toute tracée Schoenberg, de soutenir cer- légèreté, ailée, construit à l’abri des regards des Nikos Skalkottas (1904-1949), le moins chez soi, le soir, sur une pour un cheminement dicté « par taines voix par une amplifica- riverains, en dépit de sa struc- Catalan Roberto Gerhardt (1896- platine laser, après une journée de le Commandeur suprême »)? tion. C’est acceptable, mais, en- dynamique, presque ture d’une exquise légèreté, ai- 1970), le Viennois Egon Wellesz travail ? Les pièces pour piano, certains core une fois, loin d’être idéal. lée, dynamique, presque trans- (1885-1974) ou l’Allemand Erich quatuors à cordes, le morbide Leon Botstein est depuis tou- transparente parente, grâce à ses toits Itor Kahn (1905-1956)), on dé- BEAUTÉ LOINTAINE ET FORCLOSE Pierrot lunaire « appellent » l’au- jours convaincu qu’une « vraie » feuilletés en acier inoxydable. couvre les collègues, les imitateurs Le simple nom du compositeur diteur. Die Glückliche Hand, le salle devait être construite, c’est- Agacé par cette polémique et (Hanns Eisler singeant Pierrot lu- viennois fait encore fuir l’auditeur, Concerto, les austérissimes Varia- à-dire accompagnée d’un dispo- les 5 millions de dollars (environ ravi d’en avoir fini avec les ter- naire dans son Palmström op. 5, dit-on. Pourtant, le poème sym- tions sont d’une sévérité qui défie sitif complet propre à la prépara- 5 millions d’euros) constituant le giversations, Leon Botstein, 1924), les rivaux à succès (Erich phonique Pelléas et Mélisande les lois de l’attirance artistique. tion de spectacles internes au fonds initial de fonctionnement, faussement terre à terre, Wolfgang Korngold, fêté à l’opéra, op. 5 (1902-1903), d’après Maeter- Schoenberg, comme Beethoven, collège (musique, théâtre et n’ont pas fait les choses à moitié. conclut : « Cette salle sera un en- qui réécrit Johann Strauss puis linck, vaut bien ceux de Richard disait : « Ma musique n’est pas mo- danse), au festival d’été mais L’architecte américain d’origine richissement pour la région, un compose pour Hollywood), les Strauss et n’a pas à rougir face à derne, elle est mal jouée. » C’est aussi à l’accueil de spectacles canadienne Frank Gehry, auteur honneur pour le patrimoine archi- compositeurs chéris (la connais- une symphonie de Gustav Mahler. une demi-boutade, probablement pendant l’hiver. du célèbre Musée Guggenheim tectural de la vallée de l’Hudson sance qu’avait Schoenberg du ré- Le public venu à Bard College, as- excessive. Mais avouons qu’à Bard Le président déclarait, à l’issue de Bilbao et du grand Disney et la source d’une attraction nou- pertoire était énorme), les talents sez fourni malgré l’éxécrable College, malgré le vif intérêt de la du dernier concert du festival Hall de Los Angeles, une nou- velle. Qui allait à Bilbao avant que de Schoenberg peintre, de temps, a chaudement applaudi vaste collection d’œuvres inter- d’été : « Nous devions nous don- velle salle de concerts en cours Gehry n’y construise son musée ? Schoenberg organisateur de cette longue pièce, somptueuse et prétées, un raffinement dans la ner les moyens de recevoir les ar- de construction, a été sollicité. Tout cela est une chance pour les concerts... Le tout délivré par des fascinante, une révélation, voire préparation et, probablement, tistes et de permettre aux étu- Le budget initialement prévu a étudiants, le public et les ar- conférenciers et spécialistes pour un soulagement pour certains. En quelques répétitions supplémen- diants de se confronter à une été dépassé, mais, avouait Geh- tistes. » la plupart au plus haut niveau et était-il de même avec les autres taires n’eussent pas été du luxe. véritable structure professionnelle ry, quelques instants avant de pourtant accessibles, des inter- compositions inscrites aux pro- parfaitement équipée. En aucun poser la première pierre symbo- R. Ma. prètes de musique de chambre grammes des très copieux R. Ma. LeMonde Job: WMQ2708--0027-0 WAS LMQ2708-27 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 09:05 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0340 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / 27 Jobin dissèque la nudité SORTIR PARIS ture et l’auteur au centre du processus de création et de permettre à des per- Manuel Rocheman Trio sonnalités diverses (auteurs, éditeurs, dans Braindance acteurs, traducteurs, metteurs en Si George Mraz (l’un des plus beaux sons de contrebasse) et Al Foster (bat- scène, directeurs de structures cultu- teur de terre et de feu) ont été ses relles, musiciens, journalistes, universi- L’artiste suisse, nouveau venu sur la scène compagnons le temps d’un enregistre- taires, public...) de se rencontrer au- ment, le pianiste Manuel Rocheman tour de l’écriture et de la création mène un trio tout aussi passionnant théâtrale contemporaine. chorégraphique, confirme son originalité. avec Riccardo del Fra (l’un des plus Cette année, les auteurs d’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et fran- beaux sons de contrebasse, bis) et Phi- cophones sont à l’honneur. Ainsi se- Une danse physique, crue et cérébrale lippe Soirat (précision, idées, swing), ront présentées des pièces traduites en après avoir eu pour sidemen les frères français de quatre Américains, Barry cendance. Danse qui creuse, Louis et François Moutin. Rocheman, Hall, Suzan Lori-Parks, Mac Wellman et BRAINDANCE, quintette de déterre, surexpose des parcelles toujours jeune homme, toujours doué, Eric Bogosian, d’un Portoricain, Jose Gilles Jobin. Franz Treichler de vie exhumée. Si on regarde de au toucher sensible, pianiste de la clar- Rivera, et de deux Canadiennes anglo- (musique originale) The Young plus près le matériau utilisé, on lui té et de l’articulation, compose des phones, Marie Clements et Colleen Gods (musique additionnelle). trouve une étrange ressemblance mélodies superbes et redonne le goût Wagner. Les pièces retenues d’une Emma Wilson (lumières). Anne avec celui qui fonde la danse clas- des standards les plus joués et rejoués. douzaine de dramaturges franco- Sunset, 60, rue des Lombards, Paris 1er. Van Brée (costumes). Londres, sique : déformations, grands phones sont signées notamment Joël Mo Châtelet. Les 27 et 28, à 22 heures. ICA, The Mall, jusqu’au 26 août, écarts, toutes positions visant des Jouanneau, Jean-Paul Wenzel, Eugène Tél. : 01-40-26-46-60. 80 F. 19 h 30. Tél. : 0171 930 3647. Pro- angles à 180 degrés, tension Durif, Xavier Durringer, Catherine chains spectacles : La Ribot, les extrême des membres... Inversion PONT-À-MOUSSON Anne, Normand Chaurette et Jean- 27 et 28 août. Tournée de Brain- de codes établis pour glorifier le Claude Gallotta, le chorégraphe, qui dance : du 30 août au 2 sep- corps, employés, ici, pour en poin- La Mousson d’été présentera son premier texte, un mo- tembre, à Zurich, du 8 au 18 sep- ter les vicissitudes ? Pas si simple. Créée en 1995 par le comédien et met- nologue et un spectacle avec danseurs tembre, Théâtre Arsenic, à Quand on entre dans la salle, on teur en scène lorrain Michel Didym, la et acteurs. Montrés à soixante sta- Lausanne, du 6 au 10, à Genève. est accueilli par le vrombissement Mousson d’été réunit dans l’abbaye giaires (enseignants et acteurs), les des Prémontrés des auteurs d’au- Le 4 décembre, à Thonon, les 10 d’une musique déferlante. Guerre, spectacles sont ouverts au public. jourd’hui. A travers des lectures, Abbaye des Prémontrés, rue Saint- et 11, à Bordeaux. séisme ? Les corps de trois conversations, mises en espace, spec- Martin, 54 Pont-à-Mousson. Du femmes sont à terre. Un homme, tacles, cabarets, les objectifs de la 27 août au 1er septembre. Tél. : 03-83- LONDRES qui sera rejoint par un collègue, Mousson d’été sont de mettre l’écri- 81-09-37. Spectacles de 30 F à 50 F. de notre envoyée spéciale fait son boulot, glisse sous une Londres au mois d’août n’a rien épaule, une hanche, en haut des d’une capitale assoupie : on ne reins, des rouleaux de caoutchouc GUIDE s’attendait pas à une telle effer- bleu, tire un corps par les pieds. vescence. Du monde partout, une Ensemble, ils dénudent partielle- rue qui a retrouvé du style. Des ment les femmes : remontent les REPRISES CINÉMA ChiencrU expositions vraiment contempo- tee-shirts, dégagent les soutiens- ISABELLE MEISTER de la Compagnie Cahin-Caha, mise en raines telles Abracadabra à la Tate gorge, baissent pantalons et slips. Avec Braindance, la danse de Gilles Jobin s’aventure là où Du rififi chez les hommes scène de Gulko. Gallery, les portraits psychédé- Les manutentionnaires numé- de Jules Dassin, avec Jean Servais, Carl Espace chapiteau du parc de la Vil- l’obscène croiserait une certaine forme de sacré. e o liques de l’Américain Chuck Close rotent les corps avant de les rha- Möhner, Robert Manuel. Français, lette, Paris 19 . M Porte-de-la-Villette. à la Hayward Gallery, les drôles de biller. nescent. Idole malmenée – qui dance qui ose le scabreux ne 1954, noir et blanc (1 h 56). Du mercredi au samedi, à 20 heures. e Tél. : 08-03-07-50-75. 90 F et 110 F. Jus- frigos aménagés du Français Pas- aime bien châtie bien –, dont s’autorise aucun effet. Le choré- Reflet Médicis II, salle Louis-Jouvet, 5 (01-43-54-42-34). qu’au 4 septembre. cal Rome, l’inénarrable foutoir du OUVRIERS DES TEMPS MODERNES chaque mouvement illumine de sa graphe amorce des images, épar- Et Vian ! En avant la zique ! campement de Tomoko Taka- Chorégraphie de l’inertie. La trace de feu follet le noir absolu pille des morceaux d’histoires qui L’Idiot d’Akira Kurosawa, avec Toshiro Mi- d’Agathe Mélinand et Laurent Pelly, hashi. La programmation danse, répétition des scènes, des gestes, du plateau. annoncent le pire sans le montrer fune, Masayuki Mori. mise en scène de Laurent Pelly, sur des elle non plus, n’a rien à voir avec sonne juste : on voit aujourd’hui Le corps réduit à son abstrac- dans sa littéralité, obligeant notre Japonais, 1951, noir et blanc, copie textes et des chansons de Boris Vian. le désert parisien : le Royal Ballet beaucoup de ces images d’hom- tion maximum : même plus une cerveau à achever le puzzle neuve (2 h 45). Grande Halle de la Villette, 211, ave- nue Jean-Jaurès, Paris 19e. Mo Porte-de- est à son poste, le New York City mes occupés à déterrer les morts, forme, à peine une couleur. On se qu’habituellement on se refuse à Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19- est en visite, et Gilles Jobin, le gar- soulager les blessés. Ils sont les demande soudain si les interroga- imaginer. Ce travail envoûtant, 09). Pantin. Du mardi au samedi, à 19 h 30. Tél. : 08-03-07-50-75. De 70 F à 140 F. çon dans le vent, à l’Institut of nouveaux ouvriers de nos temps tions de Jobin sur le corps nu ne sorte de Dies irae, diffuse une Il pleut sur Santiago Jusqu’au 3 octobre. de Helvo Soto, avec Jean-Louis Trinti- Contemporary Arts est attendu modernes. Aucun cynisme dans sont pas aussi celles d’un enfant gêne, souvent insupportable. Bien La Nuit des rois gnant, Annie Girardot, Marthe Keller. par un public épris d’émotions cette monstration de l’ordinaire. curieux. Voir sous le vêtement que parfois on ait envie de rire de de William Shakespeare, mise en scène Français, 1975 (1 h 49). fortes. La compassion du travail bien fait. comment s’articule le Lego. Une ce ton impassible, de cette lenteur de Michaël Chemla, par la compagnie Le Quartier Latin, 5e (01-43-26-84-65). Après la réusssite d’A+B=X’(Le Les deux hommes prennent à leur femme monte sur les fesses d’un bridée à mort, tandis que la du Chameau. Le Malin Arènes de Montmartre, rue Chappe, Monde du 29 juin), considérée tour place dans la danse, face homme allongé à plat ventre. Il musique, à l’inverse, galope. de John Huston, avec Brad Dourif, Ned Paris 18e. Mo Anvers. Jusqu’au 29 août, comme une première œuvre, le contre terre. Femmes et hommes replie ses jambes vers lui. Ses Mais comment dire ? Gilles Beatty, Harry Dean Stanton. Améri- à 18 h 30. Tél. : 01-48-40-62-49. De 10 F chorégraphe de Lausanne, installé tournent sur eux-mêmes. Ou pieds offrent à sa partenaire un Jobin, s’il paie de sa personne – on cain, 1979 (1 h 50). à 70 F. à Londres, signe une nouvelle s’amassent les uns sur les autres, fauteuil sur lequel elle s’assied. Lui n’aimerait pas dans ce genre de Reflet Médicis III, 5e (01-43-54-42-34). Frank Natan (violon) Le Procès création Braindance. Une danse tournant encore, se séparent et se met alors à genoux, elle monte recherche que le chorégraphe ne Adam Borek (accordéon) d’Orson Welles, avec Anthony Perkins, physique, crue, qui cependant, roulent sur la scène. On hésite : sur son dos, progresse jusqu’aux danse pas – se montre nettement Œuvres de Bach, Kreisler et Grieg. Jeanne Moreau, Romy Schneider, Or- comme l’annonce le titre, travaille ces girations au sol se veulent- épaules de l’homme, etc. On est plus timide sur l’identification du Cathédrale Sainte-Croix des Armé- son Welles, Madeleine Robinson, Su- pas mal du chapeau ; cérébrale, elles reflets du ciel, ou dessins de fasciné par la manœuvre. Epreuve masculin. De son sexe. niens, 6, rue Charlot, Paris 3e. Mo Saint- elle reste néanmoins au plus près synapses disjonctés du cerveau ? de varappe où chaque relief mus- zanne Flon. Franco-italo-allemand, Paul. Le 26, à 20 h 30. Tél. : 06-10-16- 1962, noir et blanc (2 h). 24-02. De 50 F à 70 F. de son sujet : le corps nu. Les danseurs passent alors à des culaire sert de prise. Cette Brain- Dominique Frétard e Reflet Médicis, salle Louis-Jouvet, 5 Sinfonietta de Paris Une danse qui s’aventure là où torsions arrière qui arquent le (01-43-54-42-34). l’obscène croiserait une certaine corps à l’horizontale. L’être Œuvres de Bach, Mozart et Vivaldi. FESTIVALS CINÉMA Vinh Pham, Dan Danilescu (violon, di- forme de sacré. Sans certitude humain est une mécanique dont rection). aucune. On n’est pas chez Gilles Jobin est l’horloger. Pas La « Saga des homards », une bonne Cinéma en plein air Eglise Saint-Germain-des-Prés, 3, place Georges Bataille. Ni dans un éro- Suisse pour rien, l’artiste. Danse Bronco Billy (Clint Eastwood, 1980) : le Saint-Germain-des-Prés, Paris 6e . tisme qui aurait des relents sado- de l’absurde réglée comme du 26, à 22 ; La Poursuite infernale (John Mo Saint-Germain-des-Prés. Le 26, à masochistes. Seuls les états du papier à musique. Une fille reste pêche des peintures de Hélion à Vannes Ford, 1946) : le 27, à 22 h. 21 heures. Tél. : 01-42-64-83-16. De corps, qui s’approchent de la rigi- seule en scène. Pas pour long- Prairie du triangle du parc de la Vil- 100 F à 150 F. dité (mortelle), occupent le jeune temps. Ils s’y mettent à quatre mareyeur. Tout est lié : l’antenne à lette, Paris 19e . Mo Porte-de-Pantin. Red Hot Chili Peppers artiste. Avec pour figures préfé- pour la débarrasser de ses vête- JEAN HÉLION (1904-1987), LA la carapace, les pinces à la jupe et Tél. : 01-40-03-76-92. Location transat : Zénith, 211, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e . Mo Porte-de-Pantin. Le 26, à rentielles la croix, l’arc, l’étoile. Un ments ordinaires. Lui remettent SAGA AUX HOMARDS. La au tablier du marchand, les queues 40 F. 20 heures. Tél. : 01-42-08-60-00. 164 F. chemin qui renvoie au supplice, au ses baskets, son slip blanc. Ainsi Cohue, Musée de Vannes, 9 et 15, à l’étal. Tout se tient : tréteaux et Carl Theodor Dreyer Jour de colère (1943) : le 26, à 18 h 15 ; corps face contre terre, inerte, mise à l’aise, ils l’étirent, l’écartent place Saint-Pierre, 56000 Vannes. marchandises, figures et couleurs. RÉSERVATIONS Gertrud (1964) : le 26, à 20 h 10 ; Pages mais aussi au cosmos, peut-être jusqu’à l’écartèlement. Ceux qui la Tél. : 02-97-47-35-86. De 10 à Les marchés d’Hélion, ce n’est pas arrachées du livre de Satan (1920) : le Le Révizor même à la migration des âmes. manipulent se saisissent d’elle 18 heures. Jusqu’au 10 octobre. Le Ventre de Paris. Ils ne sont pas 27, à 13h50; Le Maître du logis de Gogol, mise en scène Jean-Louis Be- Tout comme dans A+B=X’, des avec douceur, mais résolution. Ils naturalistes, et les histoires qui s’y (1925) : le 27, à 18 h 15 ; Ordet (1955) : noit. accents brefs de musique indienne la parent ensuite d’une multitude VANNES racontent sont avant tout des his- le 27, à 20 h 10. La Cerisaie induisent cette idée d’une trans- de pastilles d’un argenté lumi- de notre envoyée spéciale toires de formes plastiques et sym- Espace Saint-Michel, 7, place Saint-Mi- de Tchekhov, mise en scène Luc Bondy. Ce n’est pas une grande exposi- boliques qu’il s’agit de saisir et de chel, Paris 5e . Mo Saint-Michel. Tél. : 01- Comédie-Française, salle Richelieu, Pa- tion. Elle est tout au plus faite d’une tenir. De tenir en équilibre entre 44-07-20-49. ris 1er . A partir des 7 et 10 septembre. trentaine d’œuvres. Mais c’est un table, balance et cageots, dans le Joseph L. Mankiewicz Tél. : 01-44-58-15-15. De 30 F à 190 F. plaisir que de voir rassemblées au- déséquilibre délibérément provo- Guys and Dolls (1955) : le 26, à 18 h 30, A torts et à raisons 21h15; Cléopâtre (1963) : le 27, à 19 h. tour du homard, ses pinces et ses qué des objets et des images, pour de Ronald Harwood, mise en scène Grand Action, 5, rue des Ecoles, Paris Marcel Bluwal, avec Claude Brasseur, antennes, de grandes et petites donner aussi l’impression de choses 5e . Mo Cardinal-Lemoine. Tél. : 01-43- Michel Bouquet. peintures, des pastels et des encres, vues en passant, plus graves qu’il 29-44-40. Théâtre Montparnasse, Paris 14e . A des notations et notes de carnets au n’y paraît. Qui méritent donc qu’on Kenji Mizoguchi (les années 50) partir du 7 septembre. Tél. : 01-43-22- jour le jour, ces dernières s’avérant, s’y arrête. Les Contes de la lune vague après la 77-74. comme toujours chez Hélion, des pluie (1953) : le 26, à 18 h, 20 h, 22 h ; Tambours sur la digue La Rue de la honte (1956) : le 27, à plus instructives. Cette bonne HISTOIRES DE SACRIFICES Texte d’Hélène Cixous, mise en scène pêche date des années 1975 et 1976, « Comme on chantonne en travail- 18 h, 20 h, 22 h. d’Ariane Mnouchkine, avec la troupe à Belle-Ile où l’artiste possédait une lant, je me raconte sur les gestes les Saint-André-des-Arts, 30, rue Saint-An- du Théâtre du Soleil. dré-des-Arts, Paris 6e . Mo Saint-Michel. Théâtre du Soleil, La Cartoucherie, Pa- maison depuis une vingtaine plus simples, de grandes, de pro- Tél. : 01-43-26-48-18. ris 12e . A partir du 8 septembre. Tél. : d’années, et où il s’était essayé au fondes histoires », a écrit le peintre à 01-43-74-24-08. 150 F. paysage marin avant de céder, là propos de sa « Saga aux homards ». CINÉMATHÈQUE En attendant Godot aussi, au fort besoin de nourrir sa Celle-ci n’a sûrement pas la profon- Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris 6e . Palais de Chaillot : chefs-d’œuvre du Tél. : 01-44-41-36-36. Du 16 septembre peinture avec ce que lui offrait le deur, ni la spiritualité des « Suites cinéma au 24 octobre. De 30 F à 170 F. spectacle de la rue. En l’occurrence, pucières » (inspirées des marchés Gare centrale (Youssef Chahine, 1958) : Premier amour le port du Palais et ses étals de aux puces) qui enchaînent manne- le 26, à 19 h ; L’Esclave libre (Raoul de Samuel Beckett, mise en scène homards et d’araignées : des forces quins, crânes, et instruments de Walsh, 1957) : le 26, à 21 h. Jean-Michel Meyer, avec Jean-Quentin vives qui devaient lui donner musique, et renvoient à l’imagerie Cinémathèque française, 7, avenue Al- Châtelain. bert de Mun, Paris 16e . Mo Trocadéro. encore du fil à retordre, après des vanités. Mais il y a là pour faire Théâtre de la Bastille, Paris 11e . A par- Tél. : 01-56-26-01-01. l’étude des légumes et des fruits. bon poids autour du poissonnier au tir du 16 septembre. Tél. : 01-43-57-42- Salle des Grands Boulevards : casses A l’époque de la « Saga aux tablier rouge tenant un homard 14. 80 F et 100 F. en tous genres homards », Hélion ne se lasse pas cuit dans une main et un homard Jules de Londres (Cliff Owen, 1962) : le DERNIERS JOURS des marchés, partout où il est : à cru dans l’autre, des histoires 26, à 19 h ; Les Criminels (Joseph Losey, Bigeonnette, sa résidence princi- graves, de vie et de mort, des his- 1960) : le 26, à 21 h 30. 29 août : pale, il s’est repu de fruits et toires de sacrifices. Hélion dit que Cinémathèque française, 42, boule- L’Objet désorienté au Maroc légumes. A Paris, où il gardait un « le thème de la crucifixion hante vard Bonne-Nouvelle, Paris 10e . Musée des arts décoratifs, palais du atelier, il fera les bouquinistes et les toute cette saga aux homards », der- Mo Bonne-Nouvelle. Tél. : 01-56-26- Louvre, 111, rue de Rivoli, Paris 1er . puces. A Belle-Ile, il prolonge les rière laquelle il y aurait son 01-01. Tél. : 01-44-55-57-50. De 11 heures à 18 heures ; samedi et dimanche de « Suites maraîchères » dans les- « incroyance insatisfaite », son TROUVER SON FILM quelles il confrontait les poireaux, « incroyance par foi dans le réel sen- 10 heures à 18 heures ; nocturne mer- credi jusqu’à 21 heures. Fermé lundi. Tous les films Paris et régions sur le Mi- les choux et les potirons, en travail- sible ». 20 F. nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36- lant à ce qui lui paraît essentiel : «le Quelques poignées de harengs, et Georges Malkine 68-03-78 (2,23 F/mn) cheminement du légume au vête- deux ou trois quartiers de thons Pavillon des arts, Les Halles, porte ment, à travers la foule qui les complètent et mettent fin à la suite ENTRÉES IMMÉDIATES Rambuteau, terrasse Lautréamont, Pa- sépare ». sur une note plus que sanglante : ris 1er . Tél. : 01-42-33-82-50. De 11 h 30 Cette fois, c’est plutôt du passage « Holocauste au marché » de 1977, Le Kiosque Théâtre : les places du jour à 18 h 30. Fermé lundi et fêtes. 30 F. de la pince aux fesses qu’il s’agit. petite composition pyramidale avec vendues à moitié prix (+ 16 F de 1er septembre : Exemple : le Grand Marché aux tête de poisson, bancs, hache et commission par place). Place de la Ma- Beverly Pepper, Magdalena Abakano- deleine et Parvis de la gare Montpar- wicz Homards de 1975 et son enchaîne- tablier, nous entraîne loin de nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardi Jardins du Palais-Royal, Paris 1er . Tél. : ment de crustacés en frise feston- Belle-Ile. au samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, le 01-49-52-08-36. De 7 heures à née tendue entre la jupe rouge dimanche. 23 heures. Entrée libre. d’une fille de dos et l’étal du Geneviève Breerette LeMonde Job: WMQ2708--0028-0 WAS LMQ2708-28 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 09:05 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0341 Lcp: 700 CMYK

28 / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 RADIO-TÉLÉVISION

JEUDI 26 AOÛT GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

21.25 Des choix pour demain. 13.40 La Vie des morts aa DÉBATS [4/4]. Afrique du Sud : MUSIQUE Arnaud Desplechin (France, 1990, TÉLÉVISION ARTE L’esprit tribal. Planète 50 min) &. Cinéstar 2 21.20 La Mort des étoiles. 21.45 Nestor Makhno, 21.35 Magdalena Kozená chante Bach. 13.55 L’Odeur TF 1 19.00 Voyages, voyages. Bretagne. Invités : Agnès Acker ; Airs de cantates et de passions 19.45 Météo, Arte info. paysan d’Ukraine. Odyssée de Bach. Avec Magdalena Kozená, de la papaye verte aa Ariane Lançon ; Jacques Paul ; Tran Anh Hung (Fr. - viet., 1993, 20.15 Reportage. Le Lycée Formule 1. Nicolas Prantzos. Forum Planète 22.05 Histoire(s) du cinéma. mezzo-soprano. Muzzik 18.05 Sous le soleil. &. 105 min) &. Ciné Cinéma 1 20.35 Thema. De quoi j’me mêle ! 23.15 Algérie, touaregs, les seigneurs Les signes parmi nous. Canal + 21.50 Sonate pour piano no 4, 19.05 Les Dessous de Palm Beach. &. 14.30 Les Arnaqueurs aaa 20.00 Journal, Météo. Aventures de vacances. aux pieds nus. Forum Planète 22.20 Gilbert et George. [2/2]. Planète de Beethoven. Stephen Frears (Etats-Unis, 1990, 20.40 Berlin plage. Majorque, 20.50 Julie Lescaut. Rumeurs. &. 22.25 La Vie de Mère Teresa. RTBF 1 Avec Daniel Barenboïm, piano. Mezzo 110 min) &. Cinéstar 2 la petite Allemagne des Baléares. 22.30 Des trains 0.25 Richard Wagner. 16.25 Rock aa 22.40 Made in America. 21.30 Médina, côté cour. MAGAZINES Ouverture des « Maîtres Chanteurs », Jeu dangereux. 22.20 Les Chinois à la plage. pas comme les autres. Michael Bay (Etats-Unis, 1995, Téléfilm. Lawrence Lanoff. %. 22.55 Les «Bronzés» en Amérique. par l’Orchestre philharmonique de 135 min) ?. Cinéstar 1 20.00 20h Paris Première. L’Inde du Sud. France 2 Vienne, dir. Claudio Abbado. Mezzo 0.25 Notre XXe siècle. 23.44 Les Nuits de la pleine Lune. Francis Cabrel. Paris Première 22.30 L’Ile de sable. Forum Planète 17.50 Le Voyageur Du sang, des larmes, des hommes. L’art érotique. 23.45 Courts métrages. 20.05 Temps présent. Trois ans 22.50 L’Ecume des villes. TÉLÉFILMS de la Toussaint aa 1.15 A Bigger Splash a dans la tempête : La Suisse face Vienne. Paris Première Louis Daquin (France, 1942, N., Film. Jack Hazan (v.o.). #. à la crise des fonds juifs. TSR FRANCE 2 23.10 Une famille en or. Planète 23.50 Los Angeles Connection. 100 min) &. Cinétoile 20.10 Le Talk Show. LCI 23.40 Du schnaps Richard T. Heffron. %. France 3 18.10 Hartley, cœurs à vif. &. M6 22.45 Envoyé spécial, les années 90. 23.55 Belphégor. 18.55 1 000 enfants vers l’an 2000. dans la bouilloire. Planète 18.25 The Sentinel. &. Made in Manille. Le prix du bonheur. Claude Barma [2/2]. Ciné Classics 19.00 Athlétisme. Invités : François Godement ; 0.05 Maison d’enfants. France 2 19.20 Dharma & Greg. &. 20.00 Journal, Météo, Point route. Michel Bozon. Histoire 0.25 Notre XXe siècle. 19.50 La sécurité sort COURTS MÉTRAGES 20.55 Un jeudi soir sur la Terre. 23.45 Le Magazine de l’Histoire. Du sang, des larmes, de la bouche des enfants. L’antisémitisme. des hommes. TF 1 Les Nouveaux Mondes. Invités : Michel Foucher ; Bruno 23.45 Les Nuits de la pleine Lune. [8/8] Maroc : terre mosaïque. 19.54 Le Six Minutes, Météo. L’art érotique. Cabanes ; Jean-Yves Marin ; Pierre 22.20 Expression directe. 20.10 Zorro. &. Chuvin ; Guy Lobrichon. Histoire ATHLÉTISME À SÉVILLE 23.45 Les Rêves homos de James 22.30 Des trains pas comme les autres. Bidgood. Wolfgang Hastert ; L’Inde du Sud. 20.45 Hors circuits. Championnats du monde. 0.15 L’Origine du monde. 20.55 Cul et chemise. Film. I. Zingarelli. &. DOCUMENTAIRES 0.45 Eroticals. Anja Fasch. Arte 0.05 Maison d’enfants. Les épreuves de la soirée : 1.05 Journal, Météo. 22.45 La Minute internet. 18.45 Javelot F (qualifs) ; 18.50 Saut en 22.50 Profiler. [1 et 2/2] La source 20.30 Quand disparaissent longueur H (qualifs) ; 19.00 800 m F SÉRIES de tous les maux. %. les étoiles. Forum Planète (non voy.) (finale) ; 19.10 Perche H FRANCE 3 (finale) ; 19.15 1500 m (non voy.) H 0.30 L’Heure du crime. 20.35 Cinq colonnes à la une. Planète 20.45 Buffy contre les vampires. (finale) ; 19.45 100 m haies F (2e tour) ; 16.35 C’est l’été. Mais qui va tuer Harry ? &. 20.35 De quoi j’me mêle ! 20.30 400 m F (finale) ; 20.40 Javelot F La momie inca. Série Club Aventures de vacances. Arte (qualifs) ; 20.45 400 m H (finale) ; 21.00 20.50 Julie Lescaut. Rumeurs. TF 1 18.20 Questions pour un champion. 10000 m F (finale) ; 21.45 800 m H 18.50 Météo des plages. RADIO 20.45 Le Coran 21.30 Highlander. COLLECTION CHRISTOPHE L. (2e tour). 18.55 Le 19-20 de l’information. et la Kalachnikov. Histoire Deux de cœur. Série Club De 18.30 à 23.00 sur Eurosport ; 18.45 Courrier diplomatique aa 19.55 Athlétisme. 20.55 Les Nouveaux Mondes. De 19.00 à 19.55 sur France 2 ; 22.50 Profiler. [1 et 2/2]. Henry Hathaway. FRANCE-CULTURE [8/8] Maroc : terre mosaïque. France 2 De 19.55 à 21.40 sur France 3. La source de tous les maux. %. M6 Avec Tyrone Power, 21.40 Tout le sport. Patricia Neal (EU, 1952, N., v.o., 21.45 Consomag. 20.30 Une vie, une œuvre. 95 min) &. Ciné Classics 21.50 Golden boy a 22.00 Les Chemins de la musique. 19.30 Plus on est de fous aa Film. Jean-Pierre Vergne (v.o.). &. Histoire du disque [1/5]. George Stevens (EU, 1943, N., v.o., 23.25 Météo, Soir 3. 22.40 Carnets de voyage. Le Laos. 110 min) &. Cinétoile 23.50 Los Angeles Connection. 20.30 Pension Mimosas aa Téléfilm. Richard T. Heffron. %. 0.05 Du jour au lendemain. ARTE ARTE FRANCE 2 Jacques Feyder (France, 1935, N., 110 min) &. Ciné Classics CANAL + FRANCE-MUSIQUE 19.00 Voyages, voyages : 23.45 Les Nuits de la pleine lune : 0.05 Maisons d’enfants 20.55 La vie est belle aa Frank Capra (Etats-Unis, 1946, N., 18.06 Sur tous les tons. Un documentaire âpre et émou- ̈ En clair jusqu’à 20.35 Bretagne l’art érotique 135 min) &. Téva 20.00 Le Messie. Opéra de Haendel. 18.30 Seinfeld. &. Un périple personnel, tissé d’im- La chaîne culturelle propose une vant, réalisé par Marie de Laubier, 21.00 Pièges aa Par le Gächinger Kantorei Bach tourné – en noir et blanc –, dans Robert Siodmak (France, 1939, N., 19.00 Best of N.P.A., Le Zapping. et le Collegium de Stuttgart, pressions et de regards subjectifs programmation spéciale pour cha- 110 min) &. Paris Première dir. Helmut Rilling. une dizaine de foyers de la 20.10 Football. sur divers aspects de la double na- cune des treize nuits de la pleine 21.00 Ma nuit chez Maud aa Tirage au sort des coupes d’Europe. 23.00 Jazz voyageur. DDASS. Les enfants rencontrés ture, réelle et imaginaire, de la lune de l’année. Aujourd’hui, c’est Eric Rohmer (France, 1969, N., 20.35 Parrain malgré lui a sont tous issus de familles tou- 110 min) &. Canal Jimmy Film. Mark Malone. %. RADIO CLASSIQUE terre bretonne, signé de Xavier Si- l’art érotique qui est à l’honneur, chées par les mêmes maux (alcoo- 22.40 Quelle heure est-il ? aa 22.05 Histoire(s) du cinéma. mon. D’un culte druidique à une avec film (A Bigger Splash, de Jack Ettore Scola (Italie, 1989, 4b Les signes parmi nous. 20.15 Les Soirées. lisme, violence...). La mère hante 95 min) &. Cinéstar 2 22.45 Forever a Triple concerto BWV 1044, de Bach, visite rendue aux deux gardiens du Hazan), documentaire (sur L’Ori- les témoignages de tous ces en- 22.50 Jimmy Reardon aa Film. Nick Willing (v.o.). %. par le Concerto Italiano, dir. Rinaldo Alessandrini. phare des Sept-Iles, sans oublier le gine du monde, de Courbet) et fants, qui attendent avec impa- William Richert (Etats-Unis, 1988, v.o., 0.24 10 secondes et des poussières. 95 min) &. Canal Jimmy 20.40 Anton Diabelli, compositeur. discours de Quimper (1969) du gé- courts-métrages (Les Rêves homos tience et angoisse les décisions de Un yuppie. &. Œuvres de Haydn, Schubert, Weber, 0.05 L’Ombre blanche a 0.25 Seinfeld. Quel cinéma ! &. néral de Gaulle. De beaux mo- de James Bidgood, de Wolfgang justice qui décideront de leur Diabelli, Lanner, Beethoven. John Gray (EU, 1996, 0.50 Œil pour œil a 22.28 Les Soirées... (suite). Œuvres ments. Hastert, et Eroticals, d’Anja Fasch). destin. 95 min) ?. Ciné Cinéma 2 Film. André Cayatte. &. de Schubert, Mozart, Beethoven.

VENDREDI 27 AOÛT GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

20.15 Armistead Maupin. 22.15 L’Oiseau de feu, de Stravinsky. 14.30 The Big Easy aa DÉBATS Les chroniques de San Francisco. Arte Par le Philadelphia Orchestra, Jim McBride (Etats-Unis, 1987, TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE 20.30 Marcel Cerdan, dir. Eugène Ormandy. Mezzo 100 min) %. Cinéstar 2 19.00 Les Blacks : de l’esclavage 22.30 Avec Starmania. 14.30 L’Odeur de la papaye verte aa 13.55 La Cinquième rencontre... gentleman boxeur. Forum Planète TF 1 à la liberté. Odyssée Avec Daniel Balavoine ; Tran Anh Hung (Fr.-Viet., 1993, 14.50 Appel d’air. [4/6]. 21.25 Cerdan, le seigneur 20.35 Anciennes civilisations. Fabienne Thibault ; Claude Dubois ; 105 min) &. Ciné Cinéma 2 15.35 Le Rebelle. &. 15.45 Correspondance pour l’Europe. [13/13]. La Chine. Planète Diane Dufresne. Paris Première 16.25 Le Train aa du ring. Forum Planète 16.30 Sunset Beach. &. 16.30 Alf. &. 20.40 Une journée avec le président 23.05 Pena Tío José De Paula. Pierre Granier-Deferre (France, 23.25 Corruption, le combat Mont-de-Marsan 1998. 1972, 100 min) &. Cinétoile 17.15 Melrose Place. &. 17.00 L’Œuf de Colomb. Le réfrigérateur. Mandela. Odyssée Avec Antonio Jero, guitare. Muzzik 18.05 Sous le soleil. &. 17.10 Net plus ultra. Le PC touche au but. des juges. Forum Planète 18.05 Une femme survint aa 20.45 L’Autre monde. Histoire 23.20 La Traviata. John Ford (Etats-Unis, 1932, 19.05 Les Dessous de Palm Beach. &. 17.30 100 % question. Covent Garden 1985. Opéra de Verdi. N., v.o., 85 min) &. Cinétoile 20.00 Journal, Météo. 17.54 Les Voyageurs du temps. MAGAZINES 21.25 Ecole qui roule. Planète Mise en scène. Richard Eyre. 18.30 Pension Mimosas aa 20.50 50 ans de tubes. 17.55 Les Grands Tournants Par le Royal Opera House Orchestra 13.55 La Cinquième rencontre... 22.00 Victor Schoelcher, un homme Jacques Feyder (France, 1935, 23.05 Folle de moi. de l’Histoire. et le Chœur du Royal Opera, N., 110 min) &. Ciné Classics Les forains. La Cinquième contre l’esclavage. Odyssée dir. sir Georg Solti. Paris Première Téléfilm. Pierre Joassin. &. 18.30 Le Monde des animaux. 20.30 Courrier diplomatique aa 0.50 TF 1 nuit, Météo. 19.00 Tracks. 14.00 20h Paris Première. 22.20 Grand format. 23.40 Boris Godounov. Salzbourg 1998. Henry Hathaway (Etats-Unis, 1952, Francis Cabrel. Paris Première Vivre parmi les lions. Arte Opéra de Moussorgski. Mise en scène N., 100 min) &. Ciné Classics 19.45 Météo, Arte info. 16.30 C’est l’été. Saint-Cyr. France 3 de Herbert Wernicke. Par l’Orchestre FRANCE 2 20.15 Armistead Maupin, 22.20 Un siècle de science-fiction. philharmonique de Berlin, 21.00 Dernières heures à Denver aa H.G. Wells. 13ème RUE les chroniques de San Francisco. 16.30 Questions d’histoire. dir. Claudio Abbado. France 3 Gary Fleder (Etats-Unis, 1995, 15.30 Commissaire Lea Sommer. &. Les loisirs [3/4]. Histoire 22.30 Andreotti 90 min) !. Cinéstar 2 20.45 Le Dernier Vol. 23.40 Roméo et Juliette, de Berlioz. 16.25 Flic de mon cœur. &. Téléfilm. Hartmut Schoen [1/2]. &. 18.00 Stars en stock. Marilyn Monroe. et les parrains. Forum Planète Avec Philippe Langridge, ténor ; 21.00 Le Dernier des géants aa 17.15 Kung Fu, la légende continue. &. Humphrey Bogart. Paris Première Don Siegel (Etats-Unis, 1976, 22.15 Contre l’oubli. Khalid Ikhiri, Niger. Hanna Schwarz, mezzo-soprano ; 18.00 et 22.45 Un livre, des livres. 18.30 Le Magazine de l’Histoire. 23.30 L’Orque, Peter Meven, basse. Avec l’Orchestre v.o., 100 min) &. Ciné Cinéma 3 22.20 Grand format. Vivre parmi les lions. L’antisémitisme. Histoire le loup des mers. Odyssée symphonique et le Chœur de la Radio 21.05 L’As des as aa 18.05 Hartley, cœurs à vif. &. 23.40 Dans les ténèbres aa bavaroise, dir. sir Colin Davis. Muzzik 18.45 1 000 enfants vers l’an 2000. Film. Pedro Almodovar (v.o.). &. 19.00 Tracks. Tribal : Last Exit Gérard Oury (France - Allemagne, Jerusalem ; Les enfants de Zion SPORTS EN DIRECT 1982, 105 min) &. Cinétoile 18.55 Athlétisme. 1.15 Le Dessous des cartes. Chili. Square. Dream : R.E.M. ; Backstage : TÉLÉFILMS 20.00 Journal, Point route. Kwaïto - Afrique du Sud ; 20.35 Football. 20.45 Football. Super coupe d’Europe. M6 Vibrations : « Indésirable ». Arte Super coupe d’Europe. 20.30 Le Chemin de braises. Manchester United - Lazio Rome. 19.30 Envoyé spécial, les années 90. Manchester United - Lazio Rome. Simon Langton. Festival 22.50 Millennium. 17.30 Highlander. &. Made in Manille. A Monaco. France 2 - RTBF 1 20.35 La Foire. Un simple brin d’herbe. %. 18.25 The Sentinel. &. Le prix du bonheur. Histoire Pierre Viallet [3/3]. TMC 23.35 Le Juge de la nuit. 19.20 Dharma & Greg. &. 20.00 20h Paris Première. ATHLÉTISME À SÉVILLE 20.40 Mon fils est innocent. Organes de premier choix. &. 19.50 La sécurité sort Marie Trintignant. Paris Première Susan Rohrer. RTL 9 0.25 Journal, Météo. de la bouche des enfants. 21.10 Thalassa. Championnats du monde. 0.45 Le Tueur de l’ombre. 20.45 Le Dernier Vol. 19.54 Le Six Minutes, Météo. Escale au Cap-Vert. France 3 Les épreuves de la soirée : Hartmut Schoen [1/2]. Arte Communauté de biens. %. 20.10 Zorro. 21.10 Jean-Marie Périer, 18.45 Javelot H (qualifs) ; 18.50 20km 20.55 Zoya, les chemins du destin. &. marche F (début) ; 18.55 Saut en 20.45 Politiquement rock. tous les garçons et les filles. hauteur F (qualifs) ; 19.10 100 m haies Richard Colla [1/2]. Téva FRANCE 3 Entretien avec Jean-Marie Périer. F (1/2 finale) ; 19.30 800m H (1/2 20.55 Le Clown. Machination. &. 22.35 Manon Lescaut. Tireuse d’élite. &. Les clips ; Les publicités ; finale) ; 19.45 200m F (finale) ; 20.00 Jean Delannoy [2/2]. Festival 15.15 Cagney et Lacey. &. 22.45 La Minute internet. Ophélie Winter. Canal Jimmy 200m H (finale) ; 20.15 20m marche F 22.50 Darkman 3. 16.05 Le Feuilleton de la vie. [5/5]. (finale) ; 20.35 1500m F (1/2 finale) ; 22.15 Ça se discute. Quelle vie de famille Bradford May. %. 13ème RUE 16.30 C’est l’été. Saint-Cyr. 22.50 Players, les maîtres du jeu. 20.40 Javelot H (qualifs) ; 21.00 400m pour les couples homos ? TV 5 18.20 Questions pour un champion. Première mission. &. haies H (finale) ; 21.15 5000m F (finale) 23.05 Folle de moi. 23.40 Total Security.

22.25 Faut pas rêver. COLLECTION CHRISTOPHE L. De 17.30 à 22 .00 sur Eurosport ; Pierre Joassin. TF 1 18.50 Météo des plages. Un mariage et un enterrement. &. Pakistan : La chasse aux hérons. De 18.55 à 19.55 sur France 2 ; 21.35 La Bible de néon aa 18.55 Le 19-20 de l’information. France : Les copistes du Louvre. De 19.55 à 21.05 sur France 3. 0.35 Chapeau melon et bottes de cuir. Suisse : Le gardien du jet. France 3 SÉRIES Terence Davies. Avec Gena 19.55 Athlétisme. Meurtre par téléphone. &. Rowlands, Diana Scarwid 21.05 Tout le sport. 1.35 Le Live du vendredi. Sinclair, 22.55 Top bab. DANSE (GB - EU, 1994, 90 min) %. Cinéstar 1 Invité : Jacques Higelin. Canal Jimmy 17.30 Highlander. 21.10 Thalassa. Escale au Cap-Vert. concert au Zénith. Le jour du jugement. M6 22.10 L’Autre aa 22.25 Faut pas rêver. 18.25 Roméo et Juliette. John Cromwell (Etats-Unis, 1939, 18.05 Hartley, cœurs à vif. France 2 23.15 Météo, Soir 3. DOCUMENTAIRES Chorégraphie de N. Kassatkine N., v.o., 95 min) &. Ciné Classics RADIO 18.25 The Sentinel. Harcèlement. M6 et V. Vassiliev. Musique de Prokofiev. 22.40 Le Mariage 23.40 Un été à l’opéra. Boris Godounov 17.30 JO 1928, les Canadiennes Dir. Hugo Käch. Muzzik 18.30 Seinfeld. En être à Salzbourg. Opéra de Moussorgski. ou ne pas en être. &. Canal + de mon meilleur ami aa invincibles. Planète 21.40 Martha Graham au Japon, Paul J. Hogan (Etats-Unis, 1997, FRANCE-CULTURE 17.55 Les Grands Tournants Le Sacre du printemps. 19.55 Happy Days. 103 min) &. Canal + CANAL + Premier baiser. Série Club 20.30 Une vie, une œuvre. Mark Rothko. de l’Histoire. La guerre de Troie Chorégraphie de Martha Graham. 23.40 Dans les ténèbres aa 15.15 Curro Romero, a bien eu lieu. La Cinquième Musique de Stravinsky. 20.40 Earth 2. Pedro Almodovar (Espagne, 1984, 22.00 Les Chemins de la musique. Avec Steve Rooks (le shaman), Sacrifice et rédemption. 13ème RUE v.o., 95 min) &. Arte le pharaon de Séville. 22.40 Carnets de voyage. Le Laos. 18.10 Au cœur des tribus. Christine Dakin (l’élue). Mezzo Les Mentawaï. Odyssée 20.45 Stargate SG-1. Double. Série Club 23.45 Les Tigres volants a 16.05 Rien à perdre a 0.05 Du jour au lendemain. René Pons. 22.50 Millennium. David Miller (Etats-Unis, 1942, Film. Steve Oedekerk. &. 18.20 Les Dessous du show-biz. MUSIQUE N., v.o., 110 min) &. Ciné Classics [4/6]. Les talk-shows. Planète Un simple brin d’herbe. %. France 2 17.40 Spin City. &. FRANCE-MUSIQUE 19.10 Les Joutes de Sète. Planète 22.50 Players, les maîtres du jeu. 18.05 Blague à part. &. 21.00 Jazz à Montreux 90. Première mission. M6 20.00 Concert. Adam Skoumal, piano : 19.15 Les Blacks. Avec Yellowjackets ; ̈ En clair jusqu’à 21.00 Œuvres de Bach, Scarlatti... Briser les chaînes. Odyssée Dee Dee Bridgewater ; Les McCann ; 23.40 Total Security. Un mariage et un enterrement. M6 18.30 Seinfeld. &. 21.00 21e Festival de Sablé. Par 19.40 Yvonne Bovard, Andy Summers ; Michel Petrucciani ; 19.00 Best of N.P.A., Le Zapping. l’Ensemble A Sei Vocci, dir. Bernard George Benson ; Take Six ; 0.35 Chapeau melon et bottes de cuir. Fabre-Garrus : Œuvres de Bencini. déportée de Sibérie. Planète Miles Davis. Muzzik Meurtre par téléphone. M6 20.05 Les Simpson. &. 20.30 Best of 10 ans des guignols. 23.00 Jazz voyageur. 21.00 La Dernière Cavale a Film. Kiefer Sutherland. !. RADIO CLASSIQUE 22.40 Le Mariage de mon meilleur ami aa 18.30 Majuscules. Mark Minkowski. Film. Paul J. Hogan. &. 20.15 Les Soirées. Œuvres de Bernstein. 0.24 10 secondes et des poussières. 20.40 Valery Gergiev. Œuvres de ODYSSÉE ARTE CANAL + Une mémé. &. Liadov, par l’Orchestre du Kirov : Œuvres de Prokofiev, Borodine, 19.00 Les Blacks : 0.45 Deux hommes 0.25 Seinfeld. Rimski-Korsakov, Tchaïkovski. 20.45 Le Dernier Vol En être ou ne pas en être. &. de l’esclavage à la liberté dans Manhattan aa 23.00 Die Drei Pintos. Opéra de Weber. Un téléfilm allemand en deux épi- 0.45 Deux hommes Par l’Ensemble vocal néerlandais Quatre heures de documentaires sodes (deuxième partie le samedi Un film de Jean-Pierre Melville, dans Manhattan aa et l’Orchestre philharmonique COLLECTION CHRISTOPHE L. Film. Jean-Pierre Melville. &. de Munich, dir. Gary Bertini. et de débats sur la marche vers 28 août, à 20.50) sur un « casse » tourné dans New York, avec une 0.20 Au loin l’émancipation des Noirs des an- perpétré par trois aviateurs qui ne caméra légère et qui est influencé s’en vont les nuages aa ciennes colonies françaises et des par plusieurs genres : les films eth- Aki Kaurismäki. Avec Kati Outinen, savent que faire de leur retraite et SIGNIFICATION DES SYMBOLES Etats-Unis. Des luttes des années nographiques de Jean Rouch, le Kari Vaananen (Finlande, 1996, par un expert du cambriolage. Ce v.o., 95 min) &. Ciné Cinéma 3 Les codes du CSA Les cotes des films 70 aux Black Panthers et au néoréalisme américain des an- 0.45 Deux hommes combat anti-apartheid en Afrique thriller classique, réalisé par Hart- nées 40 et le film noir américain & Tous publics a On peut voir dans Manhattan aa % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer du Sud, une utile piqûre de rappel mut Schoen, pourrait faire un bon classique. Avec de surcroît, Jean-Pierre Melville (France, 1959, ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique pour ce volet de l’Histoire trop film, d’autant qu’il est servi par l’accent melvillien mis sur l’amitié N., 90 min) &. Canal + 1.50 L’Honneur perdu ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + souvent passé sous silence, avec une bonne distribution, mais sa virile et que le cinéaste développe- ! Public adulte DD Dernière diffusion un excellent portrait de Nelson construction en deux volets alour- ra dans Le Doulos, Le Deuxième de Katharina Blum aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Volker Schlöndorff (Allemagne, 1975, # Mandela. dit et le discours et l’intrigue. Souffle, etc. v.o., 105 min) &. Cinétoile Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ2708--0029-0 WAS LMQ2708-29 Op.: XX Rev.: 26-08-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:26,11, Base : LMQPAG 34Fap: 100 No: 0342 Lcp: 700 CMYK

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VENDREDI 27 AOÛT 1999 Le coût Selon Jean d’Ormesson, François Mitterrand Intérieur : Jean-Paul Proust de la rentrée scolaire s’inquiétait de « l’influence du lobby juif » nommé directeur du cabinet en légère baisse L’académicien révèle une conversation tenue le 17 mai 1995 Lucien Abenhaïm directeur général de la santé IL s’en faut de peu, mais le coût LE DERNIER roman de Jean Tout ce qu’il a bien pu te raconter, et sa subjectivité. » Pour sa part, LE CONSEIL des ministres du cherche à l’Inserm et, en 1997, pro- de la rentrée des classes va dé- d’Ormesson, Le Rapport Gabriel c’était pour que tu le répètes. » L’un Haïm Musicant, directeur du jeudi 26 août devait adopter les fesseur associé dans le service de croissant. Selon l’association Fa- (qui sort dans quelques jours chez de ces amis de gauche était Jean Conseil représentatif des institu- mesures suivantes : pharmacologie de la faculté de mé- milles de France, qui publie jeudi Gallimard), est en fait un livre de Daniel, le patron du Nouvel Obser- tions juives de France (CRIF), es- b Un nouveau directeur de ca- decine, université Victor Segalen 26 août son traditionnel relevé de Mémoires, plus ou moins déguisés. vateur – qui publie dans son édi- time que « si ces propos sont exacts, binet pour le ministre de l’inté- de Bordeaux. prix dans les rayons papeterie, Dans un bref passage, l’académi- tion de cette semaine les bonnes ils sont à porter au bilan du person- rieur. Charles Barbeau, directeur Auteur de nombreuses publica- fournitures non papetières et ha- cien fait le récit d’un petit déjeuner feuilles du Rapport Gabriel. Jean nage qui comporte une zone de cabinet de Jean-Pierre Chevène- tions médicales et scientifiques billement, un enfant entrant en avec François Mitterrand à l’Ely- Daniel, dans son commentaire, se d’ombre laquelle s’étend sur son ment au ministère de l’intérieur, re- dans les meilleures revues interna- sixième fera en moyenne dépen- sée, le jour même de la passation fait à la fois le témoin de moralité propre rapport aux événements de joint le Conseil d’Etat. Âgé de cin- tionales, le professeur Abenhaïm a, ser en septembre à ses parents des pouvoirs à Jacques Chirac, le de Jean d’Ormesson et celui de la deuxième guerre mondiale. Ses quante-six ans, M. Barbeau avait ces dernières années, pris position 1 089 francs, soit 0,3 % de moins 17 mai 1995. On savait que cette François Mitterrand. Oui, il a re- relations avec René Bousquet restent succédé à Jean-Pierre Duport à la dans plusieurs affaires importantes qu’en 1998. La Confédération rencontre avait eu lieu, mais Jean cueilli la confidence de Jean d’Or- une tache. » tête du cabinet du ministre de l’in- de santé publique et de pharmaco- syndicale des familles (CSF), qui d’Ormesson ne l’avait pas com- messon une semaine après le fa- Quant à la fille de François Mit- térieur en juin 1988. Son départ se- surveillance. avait divulgué le 20 août une en- mentée. Ici, il rapporte les propos meux petit déjeuner. Oui, François terrand, Mazarine Pingeot, elle se rait lié à « des raisons person- Ses travaux ont notamment été à quête sur le même sujet, aboutis- de l’ancien président de la Répu- Mitterrand a parlé devant lui d’un dit « blessée de cet acharnement » : nelles », indique-t-on place l’origine du retrait mondial de mo- sait à un constat identique de lé- blique sur sa famille, le personnel « lobby sioniste », mais, ajoute-t-il, « Mon père a suscité tant de pas- Beauvau. Il aurait fait connaître à lécules « coupe-faim » fabriquées gère baisse (– 0,6 %) « pour la politique, etc. Puis, dans les dix « qu’il ne faisait nullement coïncider sions contraires que le désir de ven- M. Chevènement son intention de par le groupe français (Le Monde première fois depuis des années ». dernières minutes, raconte-t-il, il avec l’ensemble de la communauté geance était sans doute inévitable, quitter ses fonctions avant l’été. du 18 mai 1995 et du 14 octobre Cette stabilité des prix « s’ins- interroge François Mitterrand sur juive ». « Si l’épisode Bousquet est en particulier dans un milieu qu’il Avant de rejoindre la place Beau- 1997). A la demande des pouvoirs crit dans un contexte de baisse du « les événements du moment », pour moi inexcusable, conclut Jean méprisait et dont il s’est servi », vau, Charles Barbeau avait été à publics français, il a également tra- prix des produits manufacturés, et dont le deuxième volume du Ver- Daniel, il ne fait pas pour autant à ajoute-t-elle avant de faire parve- deux reprises directeur général de vaillé sur la question de l’innocuité dans le climat fortement concur- batim de Jacques Attali et, surtout, mes yeux, de Mitterrand, un ami des nir au Monde un texte de réaction la gendarmerie nationale, de 1979 à du vaccin contre l’hépatite B au re- rentiel du marché de la rentrée l’affaire Bousquet. Jean d’Ormes- collaborateurs des nazis, et moins qu’on lira ci-dessous. 1984 et de 1989 à 1991. D’avril 1992 gard des affections démyélini- scolaire », constate Familles de son se livre alors à son propre encore un antisémite. » Interrogé par Le Monde sur ces à mars 1993, il avait également oc- santes. France. Les écarts de prix se « verbatim » : « François Mitter- Jacques Attali nous a déclaré ne réactions, Jean d’Ormesson nous a cupé les fonctions de directeur de b Un mouvement de préfets. creusent entre supermarchés et rand m’écoute sans irritation appa- pas douter de la réalité de cette répondu : « Je ne cherche à faire de cabinet de Michel Vauzelle, mi- Bernard Lemaire, préfet de Haute- hypermarchés, au profit de ces rente. Et il me regarde. “Vous conversation : « Je n’ai pas moi- mal à personne, mais j’ai rapporté nistre de la justice. Corse, devient préfet des Alpes-de- derniers, et se réduisent entre su- constatez-là, me dit-il, l’influence même entendu de tels propos, nous ce propos parce qu’il me semble in- M. Barbeau sera remplacé par Haute-Provence, en remplacement permarchés et magasins spéciali- puissante et nocive du lobby juif en a-t-il précisé. A l’époque j’avais pris téressant de le verser au dossier. En Jean-Paul Proust, préfet de la ré- de Jean-Claude Fabry, placé hors sés qui poursuivent leur effort France.” Il y a un grand silence. » des distances. Mais plusieurs des in- outre, c’est peut-être vrai qu’il me gion Provence-Alpes-Côte-d’Azur cadre en attendant d’être appelé à sur les prix. Jean d’Ormesson n’avait pas terlocuteurs de François Mitterrand l’a dit pour que je le répète, et je (PACA). Agé de cinquante-neuf d’autres fonctions. A Bastia, il est Aux deux extrêmes, l’écart at- alors rapporté ce propos. D’abord m’ont rapporté des propos sem- continue à me demander pourquoi. ans, M. Proust a déjà occupé di- remplacé par Christian Sapede, se- teint presque 300 francs sur la par crainte de ne pas être cru. En- blables. Cela met en perspective J’ai tant hésité à le dire que je l’ai verses fonctions au sein du minis- crétaire général de la préfecture de liste des produits retenus, entre suite pour un motif d’ordre privé cette distance que j’ai moi-même mis dans quelque chose que l’on ap- tère de l’intérieur, notamment l’Hérault. Dominique Vian, repré- magasins de détail et hypermar- tenant à cette ultime rencontre prise à l’égard de Mitterrand. » Jack pelle roman et que l’on peut suppo- celles de directeur de la défense et sentant adjoint du secrétaire géné- chés. La baisse importante des « dans une atmosphère (...) de cor- Lang, lui aussi, fait « crédit » à Jean ser inventé. Mais je ne l’ai pas inven- de la sécurité civile en 1986-87. ral de l’ONU pour le Kosovo, de- prix des hypermarchés (– 2,5 % dialité et de confiance ». Enfin d’Ormesson « de sa bonne foi » : té. » Après avoir été en poste en Gua- puis le mois de juin, est nommé pour cette même liste d’un en- parce que « des amis de gauche », « Mais on utilise parfois l’autre pour deloupe, dans le Limousin et en préfet de l’Ardèche, en remplace- fant de sixième) s’explique no- auxquels il s’était confié, lui ont af- exprimer ses propres sentiments... Il Patrick Kéchichian Haute-Normandie (1992-1996), il ment de Raphaël Bartolt, qui avait tamment par la décrue des prix firmé : « Il était plus fort que toi. est libre de faire parler sa mémoire et Josyane Savigneau avait été nommé à Marseille quitté ce poste en juillet. des vêtements de sport, qui en janvier 1997. En liaison étroite avaient connu une augmentation avec la Direction génégale de la po- de 12 % en 1998. lice nationale, Jean-Paul Proust Très pédagogiquement, l’en- Mazarine Pingeot : « La diffamation et la haine » avait eu à traiter la question des Visite prochaine quête rappelle que, « en achetant violences entre supporters de foot- systématiquement chaque article FILLE de François Mitterrand, Mazarine Pingeot a fait preuves. “Mieux valait ne rien dire”, les mots me sont ball lors de la Coupe du monde le moins cher, une famille ne dé- parvenir au Monde le texte suivant en réaction au récit de ôtés de la bouche par M. d’Ormesson. Le deuxième argu- 1998. penserait que 335 francs pour la Jean d’Ormesson : ment était d’ordre privé, qui tenait au statut d’écrivain, b Un nouveau directeur géné- de Lionel Jospin liste complète ». Par ailleurs, la « Ce soir, le degré d’humanité de l’académicien est membre de l’Institut. Mon père ne lui aurait pas deman- ral de la santé. Le professeur Lu- rentrée ne se limite pas, pour une bien moyen. C’est assise à la table où mon père avait dé le secret, comme il l’aurait fait avec un journaliste cien Abenhaïm, spécialiste d’épidé- famille, aux seuls achats de four- l’habitude de travailler, sous un por- d’opposition. Mais s’agit-il ici de droite et de gauche ? miologie et de statistiques en Corse nitures. Il faut encore prévoir les trait de Golda Meir qui a accompa- Non, il n’est question que d’humanité, et le choix poli- biomédicales, a été nommé direc- LE PREMIER MINISTRE, Lionel frais de scolarité, la coopérative, gné mon enfance, que j’écris cette tique n’ajoute rien à l’affaire. Mais un troisième argu- teur général de la santé. Il succède Jospin, devrait effectuer une visite l’assurance scolaire, les loisirs, la lettre. Triste archange Gabriel, qui ment s’est glissé, qui serait venu “d’amis de gauche”, à ce poste au professeur Joël Mé- officielle en Corse, au début du cantine, la coupe de cheveux... est venu offrir à Abraham le mes- pour appuyer l’idée que ces propos avient été tenus pour nard qui, nommé le 8 octobre 1997, mois de septembre. Les dates de ce « Les différentes dépenses de ren- sage de Dieu. Le voilà pris à partie que l’homme de lettres les répète. Quelle suffisance ! Le avait décidé depuis plusieurs mois déplacement n’ont pas encore été trée multiplient donc presque par par un usurpateur. Son péché res- nom de d’Ormesson serait ainsi un accès direct à l’éterni- de quitter ses fonctions pour des déterminées, mais il pourrait avoir trois le coût des fournitures sco- semble à la lâcheté, mais comme il té... Mais que n’a-t-il osé écrire ces mots du vivant de ce- raisons de santé (Le Monde du lieu aux alentours des 5 et 6 sep- laires. » le dit lui-même, “les hommes sont lui qui aurait su lui répondre... 20 mai). tembre. Depuis qu’il dirige le gou- Ainsi, approuve la Confédéra- comme ça”, aussi ne puis-je lui en tenir rigueur. Et pour- » Passent encore les attaques dont mon père fut vic- Né le 23 juillet 1951 Lucien Aben- vernement (juin 1997), M. Jospin tion syndicale des familles, «les tant... Subirai-je encore longtemps la diffamation et la time dans son honneur, la douleur devient intolérable haïm, après l’obtention, en 1977, de s’est rendu sur l’île une seule fois, dépenses de rentrée sont toujours haine ? Les subirai-je en lieu et place d’un homme mort ? lorsqu’il est question de sa dignité. J’ai honte de devoir son doctorat en médecine (faculté en février 1998, après l’assassinat lourdes pour de nombreuses fa- Un homme qui m’a élevée dans la tolérance et la liberté, poser la question, mais a-t-il, une fois seulement, trahi de médecine, université de Paris du préfet Claude Erignac. A cette milles : de 37 % à 138 % de leur dont j’ai appris les valeurs humanistes ; et cet enseigne- ses engagements envers la communauté juive, ou toute XI), avait rejoint l’université McGill occasion, il devrait rencontrer les budget de septembre ». Fourni- ment ne fut pas seulement théorique. autre communuté régulièrement menacée ? Il ne me de Montréal où il était devenu pro- acteurs politiques, économiques et tures, livres et livres annexes, » Mais je tiens à répondre aux arguments avancés par semble jamais l’avoir vu faillir dans la lutte contre les dis- fesseur agrégé puis Full Professeur sociaux. équipements sportifs et frais ad- le grand homme. Le premier était d’ordre “public”, qui criminations et particulièrement le racisme et l’antisémi- de biostatistiques. Il avait créé en L’annonce de ce voyage est in- ministratifs conduiront les fa- prétendait qu’on ne l’eût pas cru, du fait qu’il n’avait au- tisme. Il n’y aurait aucun sens à engager pour sa défense 1991 un centre d’épidémiologie cli- tervenue alors que treize organisa- milles à débourser 509 francs cune preuve. Ce qui était valable il y a quelques années des individus, fussent-ils outrés par ces propos ; la dou- nique et de recherche en santé pu- tions nationalistes, rassemblées au pour un élève entrant au CP, 939 ne l’est-il plus ? Face à pareille atteinte à la dignité d’un leur vient de l’atteinte aux valeurs universelles qui furent blique. Parallèlement, il avait été sein du comité Fium’Orbu, de- francs pour le cours moyen, 1 764 homme, on est effectivement en droit d’exiger des celles de tous les combats de celui qui m’a élevée. » nommé en 1982 chargé de re- vaient se réunir, jeudi soir 26 août, francs pour la sixième, 1 865 à Morta (Haute-Corse), et prendre francs en quatrième, 3 463 francs position sur les activités du groupe en seconde générale, 2 906 francs clandestin Armata Corsa, qui a ré- en BEP sanitaire et social, 4 027 cemment revendiqué le meurtre francs en BEP industriel et jus- M. Glavany veut éviter toute faillite d’un jeune homme, à Belgodère qu’à 4 563 francs en seconde (Le Monde daté 22-23 août). technologique. parmi les producteurs de fruits DÉPÊCHES INÉGALITÉS SOCIALES L’AGITATION agricole gagne de vernement n’y est pour rien, ce sont a PRESSE : Le Monde est consi- La CSF insiste tout particulière- nouveaux secteurs, alors que le mi- les faits qui ont mené à cette situa- déré comme le sixième meilleur ment sur la « prolifération » des nistre de l’agriculture Jean Glavany tion ». journal au monde selon une en- livres annexes (dictionnaires, ca- devait recevoir, jeudi 26 août, les Jeudi, M. Glavany devait notam- quête réalisée auprès de 1 000 déci- hiers d’exercice...), réclamés dès producteurs de fruits et légumes. ment s’engager à examiner au cas Une deurs dans 50 pays. Réalisée le primaire aux élèves, ainsi que Une trentaine de producteurs de lait par cas la situation des exploita- en juillet par l’association alle- sur le coût de l’enseignement de l’Orne ont manifesté mercredi à tions mises en difficulté par la chute mande Internationale Medien- professionnel : en plus des ma- Alençon, pour dénoncer la chute des cours. Le ministre veut éviter Hilfe (IMH) auprès de 20 décideurs nuels, les élèves sont contraints des cours. Il s’agissait de la première toute faillite. Les exploitants les plus nouvelle (chefs d’entreprise, hommes poli- de se doter d’équipements obli- action d’une semaine nationale de fragilisés devraient donc recevoir tiques, professeurs, journalistes) gatoires qui sont souvent fort manifestations (lire également page une aide, dont le montant sera dé- dans chacun des 50 pays retenus, dispendieux. « Or l’enseignement 11). Dans l’Isère, les producteurs de terminé au vu d’audits. Enfin, pour cette enquête place en tête le quo- professionnel est suivi par un fruits et légumes ont laissé passer faciliter le double étiquetage, un tidien britannique Financial Times, nombre important d’enfants issus les voitures gratuitement au péage numéro vert (0800800055) vient devant le New York Times, la Frank- de familles populaires ». de Vienne-Reventin. Dans la d’être mis en place. Il indique aux inédite furter Allgemeine Zeitung, le Wall La Confération des familles Drôme, les agriculteurs ont mené détaillants les moyens de se pro- Street Journal et le quotidien suisse met également en lumière des « opérations coup de poing » curer les prix à la production. Neue Zuercher Zeitung. En sixième d’autres occasions de lourdes dé- dans la nuit de mercredi à jeudi. De son côté, la FNSEA a l’inten- position, Le Monde précède l’Inter- penses pour les familles, comme La Fédération syndicale unitaire tion « d’obliger la grande distribu- de science-fiction national Herald Tribune, El Pais, le les concours, dont les prix sont (FSU), la CGT de l’agro-alimentaire, tion à appliquer » le double affi- Washington Post et le Times. étonnamment variables, selon la la Fédération des transports et de chage. Elle entreprend des CSF. « Les jeunes étant souvent l’équipement CFDT (FGTE-CFDT), vérifications in situ, dont elle pour- Les Orphelins de l’Hélice a TRANSPORTS : un code des obligés d’en passer plusieurs, cela ont rallié le mouvement de soutien rait publier les résultats la semaine bonnes pratiques s’appliquant multiplie les frais », ajoute-t-elle. à José Bové (Confédération pay- prochaine. Enfin Jacques Chirac ne aux compagnies aériennes pour En ligne de mire, encore, les sanne), incarcéré après le saccage devait pas aborder les questions par Dan Simmons l’admission des personnes handi- voyages scolaires et les séjours du chantier d’un McDonald’s à Mil- agricoles au cours du conseil des capées et obèses à bord des avions linguistiques (1 500 francs envi- lau. Mardi, le bureau national du PS ministres de jeudi matin, mais de- devrait être mis au point cet au- ron les cinq jours en Angleterre a souhaité « des mesures d’apaise- vait s’exprimer sur le différend cahier spécial de 64 pages tomne, a annoncé, mercredi ou en Espagne pour un collé- ment (...) notamment à l’égard du commercial entre l’Europe et les 25 août, Jean-Claude Gayssot, le gien). « Les coûts générateurs syndicaliste agricole (...) emprison- Etats-Unis au cours de la confé- ministre des transports. Il sera ré- d’inégalités sociales se situent par- né ». Pour sa part, Jean Glavany a rence des ambassadeurs, l’après- digé par l’Inspection générale de ticulièrement au niveau des frais affirmé mercredi sur LCI : « je dé- midi. 0123 l’aviation civile, qui devrait s’inspi- consécutifs aux activités proposées plore [qu’un] responsable syndical vendredi rer des recommandations émises tout au long de l’année », rappelle agricole soit en prison, mais le gou- Stéphane Legras en 1997 par l’Organisation de la CSF. daté l’aviation civile internationale, or- Tirage du Monde daté jeudi 26 août 1999 : 485 778 exemplaires. 1327 août 28 ganisme dépendant des Nations Pascale Krémer Unies. LeMonde Job: WIV3499--0001-0 WAS LIV3499-1 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 19:53 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0053 Lcp: 700 CMYK

VENDREDI 27 AOÛT 1999

JEAN-CLAUDE ANTHROPOLOGIE GUILLEBAUD Du Maroc à la Sibérie, BOUALEM SANSAL La chronique Bertrand Hell analyse Le Feuilleton de Pierre Lepape JACQUES BELLEFROID MORDECAI RICHLER LA RENTRÉE de Roger-Pol Droit les cultes de possession page II page III page V pages VI et VII page VIII page IX

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Lorette Nobécourt, la mémoire à vif Avec Hortense, son Nous désirions qu’enfin il nous prît dans ses bras en murmurant : je te héroïne, la romancière demande pardon. » A la manière dont les person- questionne une nages de Bibi Andersson et de Liv Ullmann, l’infirmière et la trauma- histoire familiale, tisée, se rapprochent l’une de rois textes avaient fait l’autre au point de devenir sem- de Lorette Nobécourt le peintre du interroge le passé blables dans le film d’Ingmar Berg- corpsT en transes. L’Equarrissage : la man Persona, Hortense se dé- vie comme un abattoir, une ma- du siècle de « Nuit double, projette une autre image chine à broyer les viandes hu- d’elle-même, sa « part innocente » maines, la perpétuelle menace et brouillard » et digne – son reflet nue, couchée d’un génocide (1). La Démangeai- au fond d’un couloir, écartelée, son : l’horreur d’être rongée par un et, fouillant une violée et brûlée au lance-flammes, eczéma couvrant la peau de hiéro- rampante et assoiffée d’être ai- glyphes haineux, la malédiction de enfance sans caresses, mée – avec laquelle elle dialogue devenir la proie de démons hérédi- et qu’elle console, qu’elle nomme taires triturant la chair (2). La demande d’où vient Horsita. Cette victime, dite «ma Conversation : l’insurrection contre phréatique » et « ma trisomie ché- tous ceux qui avortent, suppri- le mal rie », celle dont les regards d’au- ment, ravagent, torturent, tordent trefois « étaient comme des de l’intérieur, et transforment leurs mère (« Cette enfant me rendra éponges perdues en pleine mer », proches en « un torchon gorgé folle »), et le sadisme des sœurs ca- celle qui est frappée de stupeur de- d’eau frappé sur une table de

tholiques. Mais, pire que tout, c’est vant le mal, sera étreinte en un MARTINE SIMON POUR « LE MONDE » bois » (3). L’héroïne suppliciée des le père qui lui laboure le cœur, un geste où la narratrice s’ose à la fois récits de Lorette Nobécourt gratte père faisant surgir des images-cau- martyre et pietà : « Je me suis prise sodomites symboliques. Il y a sur- voir ou à entendre. Lorette Nobé- pose une beauté et une rigueur de encore ses plaies, et poursuit au- chemars de méduses, poulpes, dans les bras, Horsita, dans mes tout, dans son extase du renonce- court cite Brecht : c’est lorsqu’on a voix, stances alternant le romain et jourd’hui son harcèlement de véri- monstres marins, un père qui voci- bras, c’était toi, c’était moi, mes ment, un culte de la génuflexion, pardonné à ses parents que l’on l’italique, scandées sans autres té avec Horsita : croisade contre le fère et brandit sa cravache, un deux mains d’oiseau plaquées pieuse position qui « laisse la commence à grandir. Et houspille rimes que l’infini effroi. père ; quête de la mémoire – la père certain d’appartenir à la race contre mes propres omoplates, mes conscience roide et nue toute la la littérature. Hortense, son hé- On pense ici, parfois, à la vio- sienne, la nôtre ; cri d’une écor- des seigneurs, un père antisémite, deux mains dans la nuit... » Horsita nuit ». Si chez l’amant, Lorette No- roïne, est de celles qui ont tout vu lence d’une Hilda Hilst, à la chée contre une lâcheté indivi- aux « yeux mouillés à l’eau bécourt adore la douceur du ge- à Hiroshima, que la peau torture, hargne d’une Clarice Lispector duelle et des culpabilités univer- Jean-Luc Douin de source », aux mains qui nou, elle vénère par-dessus tout qui se cognent la tête entre le acharnée à rester vivante, aux selles. s’affolent « comme la vo- « cette génuflexion de l’esprit qui « rien inventé » et le « tout inven- rythmes d’un Lobo Antunes aus- « Je voudrais comprendre com- collectionnant les soldats de lière panique après le coup de pisto- pose le ménisque de l’orgueil à té », sanglotent entre le «tu me cultant les corps déchirés, à la ment le même homme peut être col- plomb, aimant l’ordre des beaux let », est ce corps crucifié que Lo- terre » . Ce vestige d’une éducation tues » et le « tu me fais du bien ». noirceur d’un Beckett pour lequel, laborateur à vingt ans et mon père quartiers, obstiné à défendre son rette Nobécourt n’en finit pas de chez les ursulines (« Le genou fut Elle vit, hagarde, « par halète- quand tout est perdu, il reste la aujourd’hui » : prisonnière de l’une capital, arborant dans sa biblio- vouloir ressusciter. C’est la bles- notre socle quotidien : appui du ma- ments », entre la défiance des pe- Parole, ultime témoignage de la de ces fièvres « qui vous rendent in- thèque un couteau à croix gam- sure, la jeune fille abandonnée, tin dans la chapelle des sœurs, ap- tits trafics du roman, l’impuissance présence humaine. capable de tenir mentalement de- mée. « Qui était cet homme-là ? » l’aphasie de la détresse, l’horreur pui de la sieste quand la punition à décrire « l’horreur du tableau » bout », Hortense, narratrice en dé- Hortense l’interpelle. Echange en plein plexus, la secousse dou- nous conduisait au coin, appui du (« il n’y a pas de narration pos- (1) Recueil Dix, Grasset/Les réliction de ce roman sur la de lettres. « Qu’avait-il donc fait loureuse et la peine capitale, la soir pour dire merci, à qui ? à Dieu, sible » pour ce qu’il est inconve- Inrockuptibles, 1997 barbarie, questionne une histoire (2) J’ai Lu no4 906, 1998 pendant la guerre ? » Elle s’acharne menace de « s’abîmer, chuter, choir, de quoi ? »), on le retrouve dans les nant de dire, ou impossible à (3) Grasset, 1998 familiale, interroge le passé du à « faire tomber les masques et que ne pas se relever », l’hébétude. pages finales, fulgurantes (on transcrire), et la nécessité du verbe siècle de Nuit et brouillard, dis- nous commencions à parler ». Elle C’est la juive qu’Hortense s’est dé- pense au meilleur Léo Ferré), insurgé face au « silence des clo- HORSITA sèque un livre sur le calvaire fouille ses placards, traque son se- couverte en elle (« mais comment lorsque Hortense, ayant débusqué portes ». Son monologue, oratorio de Lorette Nobécourt. d’Hommes et femmes à Auschwitz, cret, ses mensonges (« J’ai toujours diable ai-je pu si longtemps me le mensonge, et appris que son de la déchéance et du rachat, im- Grasset, 246 p., 100 F. fouille une enfance sans caresses, senti que tu me cachais quelque prendre pour moi-même ? »), le juif père collabo ne figurait sur aucune sans baisers, et se demande d’où chose »). Elle sonde le journal in- que chacun porte en soi. Car liste des Waffen SS, allume trois vient le mal. time qu’il écrivit lorsqu’il avait convertie d’office à la religion des cierges dans l’église de Turenne et A l’heure des jupes bleu marine vingt ans en 40, celui qu’il lui a « seigneurs », Hortense se sent tombe à genoux sur les dalles, lustrées, Hortense, « taupe ef- confié (« Tu vois, si j’avais fait, ne poussée d’instinct à changer de ruisselante de larmes, « mes bras frayée », a eu un père qui aboyait, serait-ce que le quart de ce dont tu confession, devenir « pauvre au trop petits, écartelés, mis en un père à la brutalité incontrôlée, parles... »). Elle cherche des fiches, milieu des pauvres », partager le croix... » « et pourtant il disait la splendeur des preuves, au Centre de docu- sort des « gueux », qui ont « des Plus philosophique que propre- du matin, les rossignols, Apollinaire mentation juive contemporaine. bouches si bonnes à embrasser ». ment romanesque, mais enflammé et Dieu, l’amour inouï de Dieu ». Elle a des révélations, des doutes. On a beaucoup parlé, à propos par un lyrisme débordant, Horsita C’était un père qui pleurait en re- Elle tente, surtout, de l’atteindre, de La Conversation, de la veine éro- cahote entre souffrance, honte, gardant Bambi, mais quand il tan- le comprendre : « Car, sans cesse, tique de Lorette Nobécourt et de culpabilité, prise en charge des çait ses filles c’était « Raus, raus ! » nous espérions qu’il baisserait les sa crudité, de l’impudeur de ses crimes commis, repentance d’ap- qu’il hurlait, et quand il voulait les yeux doucement pour dire qu’il ne appétits. On a trop ignoré ses dé- partenir à cette espèce humaine faire rire, c’était « Heil Hitler ! » pensait pas tout cela, non, qu’il était sirs de grâce et sa quête de pardon. qui n’a pu empêcher Auschwitz, qu’il chantait, « torse nu, hilare, simplement fragile comme chacun, Il y a encore, dans Horsita, une pé- impossibilité de croire en l’homme une perruque rousse lui masquant le et que c’était pour lui une façon de nitente « couchée avec un homme comme avant, dilemme filial (a-t- visage (cher Papa) ». A l’affût se défendre, qu’il était si sensible au entre ses cuisses cathédrales », des on le droit de juger son propre d’« un soupçon de tendresse », Hor- fond, qu’il s’en prenait aux autres, bars nocturnes, des femmes souil- père ?), besoin éperdu de preuves, tense a connu l’indifférence de la aux juifs, par ignorance, par peur. lées, des diarrhées par terreur, des preuves de trahison ou d’amour, à LeMonde Job: WIV3499--0002-0 WAS LIV3499-2 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 19:59 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0054 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 le feuilleton

de Pierre Lepape b

une absence ou un fantôme : le passé. L’Algérie n’a LE SERMENT DES BARBARES pas de passé : celui-ci a été transformé depuis qua- de Boualem Sansal. rante ans en légendes, en livre d’images pieuses, en Gallimard, 398 p., 130 F (19,81 ¤). western où le preux cavalier blanc arabe combattait le vilain colonialiste gaulois. Des saints et des héros, des méchants et des traîtres, une longue nuit de servitude L’histoire suivie d’une glorieuse et pure aurore de liberté, voilà ont-ce les ateliers d’écriture, les conseils avi- l’histoire telle qu’on la raconte à un jeune peuple qui, sés des éditeurs ou encore la fréquentation dans sa grande majorité, n’a rien connu du tragique attentive, assidue et laborieuse des bons au- accouchement de l’Algérie et des tumultes de sa nais- teurs ? La plupart des premiers romans ne sance. Comment peut-on imaginer un avenir à partir ressemblentS plus guère à des premiers romans. Fini contre la mort d’une construction mensongère de son propre passé, les naïvetés, l’acidité des fruits trop verts, la précipita- interroge Sansal. Comment peut-on espérer appré- tion des enthousiasmes, les audaces qui dérapent hender une quelconque réalité lorsque son idendité dans les virages. Nos jeunes auteurs conduisent déjà même a été faussée, truquée, mythifiée et que chaque comme des vieux briscards bien calés dans leur siège- parole porte témoignage du mensonge originel ? baquet : des pros. Si l’on était encore au temps des examens, on dirait e Serment des barbares fera scandale. Non que le niveau moyen est en hausse. A de rares excep- Le premier roman de Boualem Sansal, la révolution, pour le socialisme et pour les héros de par ce qu’il montre d’aujourd’hui et que per- tions près, nos nouveaux auteurs savent faire des l’Indépendance. Comme Rabelais cherchait à mettre à sonne n’ose plus cacher – la destruction livres. Construction solide, ornements de bon goût, haut fonctionnaire en Algérie, bas le vieux monde sclérosé et stérile en piétinant physique et morale du pays – mais par ce touches discrètes d’originalité, maîtrise des gestes joyeusement sa scolastique, Boualem Sansal déchire à qu’ilL dit d’hier et que personne ne voudra entendre ou techniques. On a même pris soin de nettoyer et de ba- dit sur son pays, coups d’images féroces et de discours farcesques les ne voudra croire. Non, les colons n’étaient pas tous layer avant de livrer l’ouvrage. On devine que les mythes et les logiques menteuses de l’Algérie des monstres assoiffés du sang et de la sueur des Al- mêmes auteurs pourront, demain, refaire le même ro- dans une langue brutale et colorée, contemporaine. gériens, affamant une population autrefois fière et man ou à peu près, nourris du même savoir-faire, de C’est qu’il ne s’agit pas de choisir un camp de la prospère. Non, l’histoire de la guerre d’Algérie n’est la même bonne volonté et de la même absence de des choses que personne guerre civile contre un autre, chacun alimentant sa pas celle de la lutte de tout un peuple contre l’oppres- doute et de tremblement. La même absence de litté- propre incurie à la voracité de l’adversaire, chacun su- seur et encore moins celle de purs chevaliers unis par rature. ne voudra entendre renchérissant sur l’ennemi pour vider la réalité de une cause sacrée. Déjà se déroulait une impitoyable Le roman de Boualem Sansal n’est pas « nickel ». Il tout contenu, de toute espérance et de tout avenir. guerre des chefs, des intérêts, des ambitions, avec ses aurait été recalé à l’examen des universités d’écriture : ou ne voudra croire C’est parce qu’il est sans la moindre illusion, revenu alliances trompeuses, ses retournements, ses mas- trop compact, aurait noté l’examinateur, mal rangé, de toutes les croyances et sans même le désir d’abou- sacres internes, ses rébellions locales et ses trahisons fuyant par tous les bouts. La faute est d’autant plus déplacer les lignes, faire tomber des masques, et des tir dans son enquête et de faire éclater la vérité que monnayées. Le reste suit comme un mensonge qui ne impardonnable que Boualem Sansal a eu la bonne masques derrière les masques. Il y a du Chandler chez Larbi le vieux flic va traverser un à un les miroirs peut plus s’avouer : le socialisme sans la société, la dé- idée de donner à son roman une trame policière ; il Boualem Sansal ; la recherche d’une vérité somme trompeurs à travers lesquels barbus et militaires, mocratie populaire sous dictature militaire, l’armée suffisait de s’y tenir, selon les critères en vigueur, toute minuscule – la mort violente d’un homme dans fonctionnaires corrompus et nababs dévots, fana- transformée en gang d’affairistes et l’islam intégriste c’était simple. A Rouiba, une ville de la Mitidja trans- un pays où l’épouvante a force de loi – fait apparaître tiques du marché et cambistes d’Allah se renvoient les se proposant de mettre le feu à la maison pour en formée en centre industriel, deux hommes sont assas- le mensonge général de toute une société et sa dé- images de leur dériliction. chasser les rats. sinés. L’un, Moh, est le parrain de la région, ri- composition. Si le romancier s’en était tenu là, il au- La leçon de passé de Boualem Sansal a-t-elle une chissime, intouchable, au carrefour de tous les trafics rait fait un bon livre, terrible comme il se doit, sur la ous coupables, donc pas de coupables ? La chance d’être entendue de ceux à qui, d’abord, elle et de toutes les corruptions. L’autre, Abdallah Bakour, tragédie de l’Algérie, sur le malheur, le désespoir, le faute à la fatalité ? C’est ce que le désespoir s’adresse ? Il est certain que sa nouveauté et sa radi- est un pauvre hère, revenu finir ses jours dans son dégoût. Une manière de témoignage accablant venu et l’effondrement incitent à croire : le résul- calité jouent contre elle. A commencer par ce style pays après avoir longtemps vécu en France, comme d’un lieu où on l’attendait pas : Boualem Sansal est tat d’une sorte de malédiction, d’une mala- magnifique et chahuté, par ce cadeau somptueux of- travailleur agricole chez les pieds-noirs dont il culti- haut fonctionnaire en Algérie. Il vit au cœur de cette dieT historique incurable. Boualem Sansal refuse aussi fert à la langue française, le plus beau venu d’Alger vait autrefois les vignobles algérois. Un moins que machine perverse et mortifère dont il décrit la vertigi- de marcher dans cette illusion-là, la plus débilitante depuis Kateb Yacine. On ne revendique pas aussi bril- rien, presque un suspect. neuse dérive. de toutes. Il n’écrit pas pour se morfondre, ni pour lamment l’idiome de l’ancien occupant sans être L’enquête sur la mort de Moh est confiée aux auto- Au lieu de quoi Sansal a fait œuvre d’écrivain. Il pleurer, ni pour hurler de colère impuissante. De la soupçonné de traîtrise. Mais Sansal est insensible à ce rités policières les plus rompues aux arcanes de la po- s’est d’abord inventé une langue, puissante, colorée, colère et de l’impuissance, l’Algérie n’en a déjà que genre de chantage. Il termine ainsi son livre : « L’His- litique, elle demande du doigté et une parfaite brutale, sensuelle. Quand rien de ce qu’on décrit ne va trop. Des gesticulations devant des cercueils, des ser- toire n’est pas l’histoire quand les criminels fabriquent connaissance de ce qu’il faut ne pas voir. L’affaire Ba- droit, il faut trouver les phrases qui épousent les dé- mons de circonstance débités d’une voix machinale. son encre et se passent la plume. Elle est la chronique de kour est donnée, comme on jette un vieux crouton de routes, la grammaire qui colle aux accidents de la lo- Comme Larbi, Sansal refuse de refermer le dossier et leurs alibis. Et ceux qui la lisent sans se briser le cœur pain, à Larbi, un vieux flic au rebut, revenu de tout, gique. Jeux de mots, proverbes tronqués, lieux de passer les victimes aux profits et pertes. Il veut une sont de faux témoins. » sans autre moyen d’investigation que ses pieds. Dans communs détournés : contre la folie ordinaire, contre explication, et son roman en invente une qui se Mais il ne se fait pas davantage d’illusion sur l’ac- un cas comme dans l’autre, l’enquête n’a pour but un vocabulaire vidé de tout son sens par les men- confond avec le développement même du livre. cueil qui lui sera fait : « A quoi bon posséder la vérité que d’établir un dossier qui confirmera l’évidence : ce songes des discours de tout bord, l’écrivain doit faire On n’ose parler de thèse tant Le Serment des bar- quand elle n’est pas belle à voir ; à qui en appeler quand sont les islamistes qui ont fait le coup. Leur stratégie langue neuve, casser les engrenages rhétoriques, vi- bares échappe de toutes ses ailes aux lourdeurs des les juges sont des voleurs ? Pourquoi pinailler quand les de la terreur est si compliquée, si folle qu’il est à peine der l’abcès des mots pourris d’avoir servi tant d’infa- romans à thèse. Jamais ici les mots ne servent à illus- jeux sont faits ? Il n’est rien de plus douloureux que de se besoin de comprendre pourquoi. mies et tant de délires : « Et si le Coran, le règlement et trer des idées comme de la chair autour d’un os. Sim- lire avec les yeux de la vérité. L’Algérie est morte sous le Bien sûr le vieux policier aux oubliettes va, de son la pommade sont de la conversation, ce n’est pour ces plement, en décrivant les choses, les lieux, les mensonge ; le dire ainsi n’est vérité que pour les mal- pas traînant, culbuter sans y prendre garde des nids camelotiers ruisselant de bagou qu’artifices pour em- hommes, les actions, l’auteur fait le constat d’une réa- heureux, les menteurs vivent royalement de sa dé- de serpents. Bien sûr, il va déranger tout le monde, mancher le pigeon et boire son jus. » Même chose pour lité tronquée, déformée, transformée en absurdité par pouille. » Il a écrit ce beau livre, pourtant.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Le poison version originale Venise, entre humanisme et culture universelle du journalisme LA SAPIENZA CIVILE, C’est l’objet du beau livre de Vit- Au Moyen Age, choix de politique étrangère qui, Studi sull’umanesimo tore Branca, La Sapienza civile. désormais, se tournent non plus orsque nous rencontrons fangeux », l’a dévoyé. Du journaliste a Venezia Studi sull’umanesimo a Venezia, l’« amitié civile » y vers l’Orient, mais vers l’Oc- Raoul Nathan, dans Illu- il a les qualités (« il est, écrit Balzac, le de Vittore Branca, qui vient s’ajouter aux nom- cident, la terre italienne. sions perdues, il vient de plus habile tireur au vol des idées qui Leo S. Olschki, breuses études vénitiennes de faisait le ciment des Il s’agit désormais de s’imposer faire paraître « un magni- s’abattent sur Paris, ou que Paris fait Florence. l’auteur. Mais il faut rappeler à des villes – Florence entre fiqueL roman », qui a été « couronné lever ») mais aussi les défauts, dont le aussi la grande édition de Boc- rapports entre tous... toutes – où l’humanisme était par le plus beau succès ». Il est alors moindre n’est pas la versatilité, la STORIA DI VENEZIA, 8 vol. cace, dont les deux derniers vo- profondément ancré, et avait dé- « dans toute sa jeunesse » et « doué soumission aux modes. « Si cet Enciclopedia italiana, Roma. lumes, publient en latin et en ita- Aujourd’hui encore, le jà pénétré, sous forme rhétorique de cette tournure extraordinaire et bi- homme a du génie, explique Félix de lien la Généalogie des dieux des et littéraire, dans les chancelle- zarre qui signale les natures artistes ». Vandenesse à son épouse, que Na- TUTTE LE OPERE Anciens, sans aucun doute la plus mythe de la « reine de ries et dans les diverses institu- Lucien de Rubempré, than a séduite, il n’a ni DI GIOVANNI BOCCACIO grande fresque de mythologie tions. D’où la nécessité d’« assu- qui n’a pas encore été la constance ni la pa- a cura di Vittore Branca, comparée depuis Les Métamor- liberté » mer le style et les rythmes corrompu par les tur- tience qui le consacrent vol. VII, VIII phoses, d’Ovide. humanistes dans les discours di- pitudes de la vie pari- et le rendent chose di- Mondadori, Milan. Il existe, en effet, un huma- plomatiques, dans les correspon- sienne, admire le livre vine. » 1 600 F (243,91 ¤), 2 vol., nisme vénitien, différent de ceux ta », petite chambre solitaire dances officielles et officieuses, de Nathan et révère Andoche Finot, di- 2 150 pages. qu’on considère en général retirée à l’espace de la cour. dans les polémiques, dans les rela- son auteur « à l’égal recteur d’un journal comme les originaires – le flo- Et Pétrarque, inventeur de cet tions publiques et administra- d’un dieu ». Bref, dans Figures parisien, affirme, dans rentin et le padouan. Un huma- humanisme du retrait, change tives ». le combat sans merci de la Comédie Illusions perdues : «Le élicat miracle flot- nisme original comme l’histoire curieusement de visage et de Un autre aspect original de qui oppose le journa- journalisme est dans tant sur les eaux, Ve- même de Venise et, comme elle, fonction dans ses rapports avec l’humanisme vénitien consistait lisme à la littérature b l’enfance, il grandira. nise, apparaît volon- fondé autrement. Fondé précisé- Venise, où il vient habiter en ceci, que Venise se proclamait comme le vice à la ver- NATHAN, RAOUL Tout, dans dix ans d’ici, tiers à qui la regarde ment sur les valeurs de la cité, de entre 1362 et 1368. Si bien qu’on avec insistance civitas christiana, tu, Raoul Nathan est sera soumis à la publici- commeD le fruit d’un hasard la polis grecque, de façon expli- peut indiquer comme « em- puisqu’elle se considérait « née du côté du bien. Certes té. » Dix ans plus tard, unique, imprévisible et bienveil- cite. Différente en tous points blème » de l’humanisme vénitien sous le signe de la divine Provi- il écrit dans les jour- Ecrivain et Une fille d’Eve vérifie ce lant, non appesanti par le poids des autres villes italiennes, la Ve- le projet de pacte advenu entre dence, qui l’avait élevée hors de naux, mais ceux-ci ne journaliste, il est pronostic. On connaît de la réflexion, de la conscience, nise médiévale ignorait les la ville et son hôte illustre, l’eau et mise tout entière sous la l’ont pas perverti : à la « dans toute sa l’adage placé par Bal- de la direction programmée... conflits qui déchiraient alors les lorsque, en 1362, Pétrarque ma- bannière d’un évangéliste ». Et la différence de Lous- jeunesse » en zac en conclusion de Art, architecture, grandes explo- communes. nifeste la volonté de faire don de conscience du destin chrétien de teau, journaliste sans 1821-1822. En 1833, il sa Monographie de la rations maritimes... Pour le reste, Les divisions sociales des Véni- sa bibliothèque à la ville de Ve- la ville se trouvait exaltée durant scrupules ni volonté, a sans doute une presse parisienne : «Si pour ce qui organise d’habitude tiens étaient flexibles, et le loya- nise. Et cette bibliothèque, il la cette période par la fonction qui conduit Lucien sur trentaine d’années. la presse n’existait pas, la vie des cités et des hommes, lisme envers la communauté voulait non pas réservée à un pe- même de la Serenissima « rem- le chemin de la perdi- Il apparaît, plus ou il faudrait ne pas l’in- peu de chose. s’exprimait chez tous. Les direc- tit cercle de savants et de lettrés, part contre l’islam et contre l’inva- tion, Nathan possède moins fugitivement, venter. » A suivre l’iti- De fait, le gouvernement de tives d’Etat jouaient leur rôle comme c’était presque toujours sion turque ». « autant d’énergie que dans une vingtaine néraire de Nathan, on Venise n’a jamais comporté de sans opprimer, mais au le cas à l’époque, mais « ouverte Les acteurs principaux de la de vouloir ». de romans, comprend pourquoi rois, ni d’Eglise régnante, ni contraire, chose rare, en exaltant à tous », et instrument social nouvelle culture, protagonistes Lorsque nous le re- notamment Illusions l’auteur de La Comédie d’évêques tout-puissants ; pas les capacités créatrices des ci- d’élévation. Il se serait en de la politique de la Serenissima, voyons, dans Une fille perdues, mais c’est humaine combat le d’université, pas même de terre toyens. On appelait « amitié ci- somme agi là, dans l’esprit du ne sont pas isolés dans les écoles d’Eve, dix ans plus dans Une fille d’Eve poison du journalisme. où s’ancrer. Son royaume est sur vile » le ciment des rapports donateur, d’une image mythique ou dans les chancelleries ou dans tard, il n’a pas tenu qu’il tient le rôle Encore Nathan est-il l’eau ; et l’un des volumes de la entre tous les Vénitiens. des bibliothèques d’Alexandrie les couvents ; ils traitent d’égal à toutes les promesses principal. l’un de ceux qui ré- monumentale Histoire de Venise, Ailleurs, entre le XIVe et le et de Constantinople, dont le re- égal avec les papes et les princes : de sa jeunesse. A une sistent le mieux à ses de l’Encyclopédie italienne qui XVIe siècle, l’humanisme se dé- flet aurait ainsi pris corps pour la ce sont eux qui déclarent que époque où le journa- MAISON DE BALZAC 1842/PARIS J.L.-A. BISSON effets nocifs. Il est plus vient d’achever sa publication, veloppait sous la seule forme de première fois en Occident. « les études littéraires sont les plus lisme et la scène ont partie liée, il va fort que Lucien de Rubempré, plus s’intitule – de façon tout à fait l’individualisme. C’est du moins Mais la prééminence de la col- aptes à former les bons politiciens « du théâtre à la presse, et de la presse solide qu’Etienne Lousteau, plus ré- insolite pour l’histoire d’une ainsi, rappelle Vittore Branca, lectivité s’exerce aussi dans les et les sages administrateurs » et au théâtre, se dissipant, s’éparpillant ». solu qu’Emile Blondet. « Il y a du ville – La Mer. Il y est décrit, par que l’historiographie roman- domaines qui débordent les pro- encore que, par exemple, « la lec- Au théâtre, plutôt que de persévérer mouvement et du feu dans cette tête », exemple, comment les Vénitiens tique aimait à le représenter. A blèmes de la cité. Vittore Branca ture de Cicéron avait contribué à dans la « voie difficile » du grand une passion qui le sauve. Les spécia- projetèrent, au moins à deux re- Venise, il se construit comme le en voit une sorte d’extension la résistance victorieuse de Venise drame, il est retombé « dans la listes assurent que le personnage ras- prises, au moment de la qua- fondement même de la vie so- dans la place nouvelle donnée au siège de Brescia ». poudre et les mouches du vaudeville semble les traits de quelques trième croisade et après la dé- ciale, et selon une perspective à par les artistes à la « nature » et Ce sont eux qui sont à l’origine dix-huitième siècle ». Dans le journa- contemporains – Léon Gozlan, Gus- faite contre Gênes en 1379, la fois de « politique culturelle » au « paysage ». de l’idée de Venise comme « Etat lisme, il fut un « grand critique », tave Planche, Alexandre Dumas, d’aller se retrouver une patrie de et de « culture universelle ». Ainsi Giorgione, dans La Tem- modèle du bon gouvernement » mais il a compris la « duperie » du peut-être Théophile Gautier – mais l’autre côté de la Méditerranée, A Venise, les grands huma- pête, représente un paysage avec mais aussi du mythe vivifiant, au- métier et lancé à son tour un quoti- surtout de l’auteur lui-même : figure en Asie Mineure... nistes se comptaient le plus figures et non, comme les jourd’hui encore, au milieu des dien, dans l’espoir, vite déçu, de faire du journalisme tentateur et de ses Et pourtant, ce mirage léger a souvent parmi les dirigeants de peintres toscans, des « figures annonces d’engloutissement et fortune. Bref, Nathan aurait pu être dangers, Nathan serait ainsi la face réfléchi à ses racines, et pensé à la cité, alors qu’ailleurs ils repré- avec paysages ». Et dans le gou- de catastrophe, le mythe du phé- un grand écrivain. Hélas, le journa- obscure de Balzac. les trouver, à les assurer, par sentaient plutôt l’autre pôle, ce- vernement de Venise, les choix nix et de la « reine de liberté ». lisme, ce chemin « plein de ruisseaux Thomas Ferenczi l’œuvre de la réflexion même. lui de l’otium, de la « cameret- culturels sont déterminés par les Jacqueline Risset LeMonde Job: WIV3499--0003-0 WAS LIV3499-3 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 19:59 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0055 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / III b Le déroutant retour de Jacques Bellefroid Premiers émois L’auteur, virtuose, de « Voyage de noces » entrelace les intrigues dans le quartier Maubert à Paris Deux récits dissemblables sur la difficulté et assène quelques vérités sur le siècle qui s’achève d’être adolescent Bellefroid aussi a voulu jouer. Et cette zoubiotte est d’un usage FILLE DE JOIE sur une plus grande échelle que ja- NELSON LE SIMPLE agréable. Elle intéresse aussi Gar- de Jacques Bellefroid. mais : avec des types sociaux – qui de Daniel Conrod. çon noir qui a les mêmes goûts que Ed. de la Différence, lui permettent d’asséner quelques Ed. Joëlle Losfeld, celui qu’on appelle Lenculeur. Ce 496 p., 135 F (20,58 ¤). vérités sur le siècle qui s’achève –, 124 p., 85 F (12,95 ¤). qu’il adviendra de Nelson ne cesse avec une histoire de faux tableau, (En librairie le 4 sept.) d’être fantasque. Le lecteur sera sé- oilà dix ans qu’il n’avait avec des histoires d’amour et de duit ou rebuté selon qu’il apprécie publié aucun roman et littérature. LA PATIENCE SAUVAGE ou pas cette originale évocation de il revient avec un gros de Régine Detambel. la lutte entre l’esprit et la chair, livre, Fille de joie.Dix RÉALITÉ ET FICTION Gallimard, 172 p., 80 F (12,19 ¤). avec un clin d’œil à Freud. ans,V c’est beaucoup dans la société Et, comme souvent, au centre de Plus bucolique, moins tourmenté du zapping. Mais Jacques Belle- son travail (ici, il y consacre la éritières de Fermina s’il n’est pas exempt d’angoisses, le froid est coutumier des dispari- deuxième de ses trois parties, « Le Marquez la mystique monde de Detambel n’a rien de tions et des réapparitions. Il avait vrai du faux », entre « Le village » ou d’Augustin Meaul- fantasmagorique. Les chiens y vingt-huit ans quand il s’est fait re- et « Les parricides ») reviennent nes le quêteur d’ab- passent comme autant de jalons marquer, en 1964, avec La grande ses préoccupations constantes : la solu,H les amours de l’adolescence dans l’évolution du personnage, porte est ouverte à deux battants (1). réalité et la fiction, les frontières sont une inépuisable source d’ins- chacun donnant son nom aux cha- On le voyait s’embarquer dans une du réel, le vrai et le faux, « le rap- piration. Régine Detambel et Da- pitres qui, sous le patronage d’une carrière littéraire, et plus rien n’a port ambigu du roman avec le niel Conrod, l’une avec une Luce Zorah ou d’un Toby, sont d’une in- paru jusqu’en... 1984, où il a res- réel »... Tout ce qui passionne chez comme lucidité, l’autre avec un génieuse progression romanesque. surgi avec Les Etoiles filantes (2). Bellefroid est là, et c’est bien l’un Nelson dit le simple et qui ne l’est Une chienne dont l’enfant fait un Trois livres très réussis ont suivi : des enjeux du roman, qui se ter- pas, évoquent la difficulté d’être de mythe, la toute-puissance d’un Le réel est un crime parfait, mon- mine sur une histoire de « vrai- cet instant de la vie. Si l’on peut re- grand-père, Luce échangeant un sieur Black (1985) – un jeu très ex- faux » et sur un dialogue à propos connaître aux deux auteurs une pa- baiser langue à langue avec sa citant avec le lecteur –, Voyage de du jeu, les derniers mots écrits renté dans la place que tient l’ani- sœur, une partie de quilles, une noces (1986) – un conte moral –, Le étant « Madame gagne toujours ». mal dans leur récit, on n’en peut poupée aimée parce que n’ayant Voleur du temps (1987). Dans ce On devrait être enchanté et on de- imaginer de plus dissemblables ; pas « la mollesse dolente de [sa] dernier, suite de courts récits ayant meure perplexe. Pourquoi ce jeu qu’il s’agisse de la forme, une écri- mère », les premières règles... Par tous un rapport avec la formation est-il comme disséminé dans une ture à la concision musicale chez fines touches, succession de ta- de l’auteur, Bellefroid s’inquiétait, forme si conventionnelle de narra- Detambel (1), torrentielle et sacca- bleaux délicats ou de sèche vio- en passant, de la frénésie de publi- tion, avec tant de clichés dans dée chez Conrod ; ou qu’il s’agisse lence mais colorés d’un discret hu- cation qui a saisi auteurs et édi- l’écriture ? On n’imagine pas que du fond, ici un réalisme qui fait sa mour, Detambel dessine les lieux, teurs, de l’avalanche de titres, pro- Bellefroid ait pu construire et part à la créativité, là un bouillon- souligne le rapport entre les per- mis, dans les supermarchés écrire son livre ainsi sans raison, nement d’inventions qui ne craint sonnages, fait paraître l’avancée comme dans les librairies, à deve- mais celle-ci demeure introuvable. pas l’extravagance. dans la vie jusqu’à une fin qui lais- nir des tas d’« objets mort-nés, cal- L’un des personnages principaux Nelson, en effet, est venu deux serait un goût amer sans des cinés de l’intérieur par le feu rava- de Fille de joie, Léopold, met au- fois au monde. L’une par le ventre rayons de soleil – peut-être l’image

geur de la circulation marchande ». B. SOUALLE/OPALE jourd’hui la même énergie à croire de sa Mère de droite – la seconde de cette « lampe inconnue » dont Est-ce pour cela que, depuis 1989 on se précipite sans hésiter sur tieux, complexe, avec des intrigues au marché et à en tirer profit qu’il femme de son père sera dite Mère parle René Char mis en exergue du et Peines capitales, il n’avait publié Fille de joie, titre qui renvoie à la qui s’entrecroisent pour aboutir à mettait autrefois à préparer la ré- de gauche −, l’autre par celui de son roman pour rappeler que cette qu’une pièce de théâtre, Les Clefs fois à une série de tableaux, la même solution – en fait, une volution. On dirait que, comme lui, père dénommé Lours ou le Tau- lueur tient « éveillés le courage et le d’or ? « Filles de joie », d’Arthur Verbecq énigme. C’est une histoire pari- Jacques Bellefroid met ici le même reau, lequel ne résiste pas toujours silence » au long du patient appren- – un peintre mort mais jouant un sienne, dans le quartier Maubert, acharnement à tenter de ruser à dévorer ses enfants. Avalé, pas tissage de la vie. En en suivant les DIALOGUES PARADOXAUX rôle essentiel dans le roman – et, décrit avec amour. C’est Andro- avec le roman conformiste qu’il mécontent d’échapper à la chasse méandres, Detambel fait montre On imagine aisément qu’il en ait comme le dit un des personnages, maque réinventée « en inversant la avait toujours mis à le refuser. Et, d’eau, Nelson s’installe dans les vis- d’une remarquable originalité pour eu assez, Bellefroid, d’être connu, à « une fille qui donne de la joie »... trame de la tragédie. Au lieu de la au bout de cinq cents pages, on se cères paternels. Las de cette posi- décrire une peur de vivre, les senti- reconnu, méconnu, dans ce pays Quand on sait que le livre est dédié chaîne : Pyrrhus aime Andromaque demande encore pourquoi. tion, il se laisse entraîner par une ments et sensations complexes qui qui n’aime pas tellement les ro- « aux amants », il ne reste plus qui ne l’aime pas, Oreste aime Her- Josyane Savigneau digestion, renaît par les voies na- troublent la chair et l’esprit d’une manciers intelligents et pas du qu’à bien chercher, comme tou- mione qui ne l’aime pas, Hermione turelles. On en est à la page 15 et on enfant qui devient femme. tout les virtuoses. Lui, il est intel- jours chez Bellefroid. aime Pyrrhus qui ne l’aime pas, et la se demande ce qui nous attend Pierre-Robert Leclercq ligent, cultivé, et c’est plutôt un Les pistes sont nombreuses. C’est folie, dernière maîtresse du jeu, les (1) Réédité aux éditions de la Diffé- dans les suivantes. Un conflit. Lours virtuose : du jeu, des dialogues pa- un roman fin de siècle puisqu’il se emporte tous, il avait voulu jouer : rence en 1987. veut que Nelson devienne « abbé (1) Qualités que l’on retouve dans ses radoxaux, de la fantaisie, de l’ob- passe de nos jours. C’est probable- Robert aime Julie qui l’aime, Julie (2) Ed. de la Différence, maison qui a confesseur », mais l’enfant dé- poèmes. Ainsi dans Icônes, recueil qui servation mordante et ironique de ment une sorte de livre bilan pour aime Robert et Léopold qui l’aiment, publié tous les livres de Bellefroid couvre qu’il a une « zoubiotte ». vient de paraître. (Champ Vallon, la comédie sociale. Voilà pourquoi Jacques Bellefroid ; un texte ambi- et aucun d’eux ne devient fou ». depuis lors. Avec la mignonne Toupie d’amour, 112 p., 80 F., 12,19 ¤.)

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Leslie Kaplan, du divan au roman Fraternité contrariée Sur le modèle des séances de psychanalyse, l’auteur de « L’Excès-l’usine » Que faire de ses sentiments pour un frère quand celui-ci inspire haine et raconte une multiplicité de destins qui se croisent dans l’espace de son livre effroi ? Une interrogation qui hante le somptueux roman de Brigitte Giraud Lacan, a passablement décru au rissent pas mais sont intégrées, ressurgissent toutes les interro- rait voulu remettre de l’ordre dans LE PSYCHANALYSTE cours des deux dernières décennies. échangées. De toutes ces histoires, NICO gations trop longtemps étouffées son passé, (...) rattraper ses années Depuis maintenant, 3 Mais cette foi n’est aucunement ac- Simon est moins le fédérateur que le de Brigitte Giraud. par le mépris d’un père et l’im- d’enfance, les distordre, (...) les de Leslie Kaplan. compagnée, ici, d’une quelconque rapporteur, le témoin. Comme on Stock, 182 p., 92 F (14,02 ¤). puissance d’une mère à se défaire agencer autrement ». Or, ni la POL, 464 p., 130 F (19,82 ¤). crédulité scientiste : il ne s’agit plus dirait en psychanalyse, il est le mi- de leur histoire. Au fil des souve- mère empêtrée dans sa propre d’avoir le dernier mot, de savoir, de roir, le support transférentiel de ses eux ans après La nirs qui refluent, la trame s’orga- histoire, ni Laura qui tente de e dernier roman de Leslie maîtriser, mais de laisser simplement patients. Mais il n’est pas seulement Chambre des parents nise peu à peu autour d’une ligne vivre son adolescence, ni la vieille Kaplan ressemble à une ouverts, exposés, les multiples pos- ce héros neutre de la culture freu- (1), brillant mono- de démarcation, de fuite, de Louisette et sa ferme en train de ville construite à l’hori- sibles de l’existence. Dans un cha- dienne, assis dans son fauteuil et se logue d’un parricide perte. sombrer dans l’oubli, ne pou- zontale. On dirait que pitre central, qui renvoie aussi aux nourrissant de la parole des autres. àD la veille de sa libération, Brigitte vaient arrêter la progression du l’architecte-auteurL a sciemment deux premiers volumes de Depuis Courant après la personne et l’his- Giraud revient sur les « lieux du ESQUIVES, SILENCES, VIOLENCES poison dans le corps de Nico. Ce- voulu ignorer la dimension verticale. maintenant (1), la narratrice, ci- toire d’Eva, la rebelle, auteur d’un crime » : la cellule familiale. « Notre vie se partage en deux lui d’une vengeance qui couvait Aucune tour, nul surplomb, mais néaste, plaide ainsi : « C’est dans le meurtre – symbolique ? –, c’est aussi Même motif, même exploration périodes. Avant et après le départ dans le ressentiment et n’atten- une prolifération de faubourgs et de récit et le détail que passe le sujet, après lui-même qu’il court. Ainsi, minutieuse. Même mise à nu im- de mon père. ». « Avant », lorsque dait plus qu’une étincelle. banlieues, une anarchie de maisons dans l’élaboration concrète, dans la rien n’est froid dans le livre de Ka- placable de ce qu’elle qualifie de cet homme – dont la simple évo- Mais la lumière qui traverse ce à un étage, de plain-pied. Le seul narration singulière, et ce n’est pas plan : « C’est filmé de loin mais le mot « machine qui peut tout aussi bien cation pour Laura suscite malaise roman n’est pas d’artifice. Elle ne souci a été d’accueillir, de loger tout dans ce qui se veut hors du temps, fer- distance ne convient pas, il y a une épanouir que broyer un être ». Et et dégoût – cherchait à faire surexpose pas ce qu’elle veut trop le monde. On serait bien en peine de mé, définitif, la catégorie, la case ou le grande tendresse, de l’affection le conduire parfois à l’irrépa- payer à d’autres l’échec de sa vie. montrer, pour simplement sé- reconstituer le plan, d’imaginer le cas, le dossier ou la définition, selon même. On voit toutes les dimensions rable. Mais, si la romancière A sa mère, l’épouse trop absente, duire le lecteur par sa crudité. projet d’urbanisme qui a présidé au l’Administration ou le Savoir scienti- possibles de l’acte, de chaque acte. cherche une nouvelle fois, dans trop négligente, la rivale de son D’apparence blafarde, afin de travail. Mais à vrai dire, on ne songe fique, qui n’ont parfois qu’un change- Pas d’ironie, pas de jugement, pas de les méandres d’une trajectoire mari, devenue médecin des mieux épouser les contours du à cela qu’au moment de rassembler ment de ton pour devenir injure (Juif ! moralisme. » Exacte description du brisée, la généalogie d’un crime, pauvres quand lui n’était qu’un quotidien, d’une violence ordi- ses idées, ses impressions de lecture, étranger ! femme ! etc.). » roman par son auteur même. ici s’arrête la filiation entre le hé- simple chef des ventes. A son fils naire, la luminosité discrète qui d’émettre un avis. L’essentiel est Leslie Kaplan est l’une des rares ros de son premier roman et Ni- surtout, petit mâle « raté » sur le- se propage joue de l’ombre avec que, comme la ville, le roman res- NEVROSES, CRISES, OBSESSIONS romancières contemporaines à avoir co. Avec lui, c’est d’autres liens quel retombait à coup de vexa- une grande subtilité. Brigitte Gi- pire, ne se referme pas sur lui- Le livre comporte quatre parties, résisté au délitement de ce que l’on qu’elle s’attache à dénouer dans tions et d’humiliations la rage raud, dans des lignes sobres, s’at- même, vive en somme. Et il vit. elles-mêmes divisées en chapitres, n’ose plus appeler, en littérature du ce magnifique roman tout de rage d’une virilité bafouée. « Avant », tache à faire entendre les tiraille- Ce n’est pas la narratrice, peu pré- puis en séquences brèves d’une page moins, après mai 68, la conscience et de violence contenue. Ceux qui quand tout n’était qu’esquives et ments de l’amour et de la haine, sente, témoin indirecte des événe- ou deux, annoncées par un titre des- politique. Depuis L’Excès-l’usine unissent un frère et une sœur pris silences ; que les semaines, jalon- la rage sourde de dénoncer, puis ments, qui est le centre, le carrefour criptif. Beaucoup de ces pages sont (POL, 1982), il y a en effet chez elle dans les tourmentes de l’adoles- nées des migraines de la mère, de dire pour comprendre, pour du livre, mais son amant, le psycha- des comptes-rendus de séances. une volonté farouche et consé- cence et d’un foyer en voie de dé- des souffrances de ses patients et appréhender une trajectoire, un nalyste du titre, Simon Scop. Son Elles en ont le style – un style sans quente de rendre le réel à lui-même. composition ; ceux d’un amour des fugues de Nico, venaient destin contraire et tout le méca- nom l’indique, presque trop claire- apprêts, qui épouse l’urgence et à la De ne pas tricher avec cette réalité éreinté par les non-dits et l’aveu- mourir dans d’interminables di- nisme souterrain qui le déter- ment : c’est à partir de lui, de son re- précarité du réel. Comme la vie du présente, âpre, éclatée, à l’image des glement des fausses évidences. manches. Jour noir, plein de ces mine. Ainsi, à travers un jeu d’os- gard et de ses observations que le psychanalyste, le roman est consti- destins mis en scène dans Le Psycha- « On ne veut pas savoir parce « heures à occuper, qui se profi- cillations, qu’accentue la monde est appréhendé, qu’une ten- tué par les récits juxtaposés et entre- nalyste, à l’image de Marie, cette qu’un frère, c’est une part de soi. laient comme une menace, un défi recomposition du temps, s’as- tative d’ordre est instaurée. Mais croisés des patients. Le détail, l’écla- Miss Nobody Knows, l’errante, Un frère, je n’en ai qu’un, un petit à relever ». « Avant », c’était aussi semble – et se démonte – chaque c’est un ordre arbitraire, limité, aléa- tement, la discontinuité des drames transfuge d’un autre livre. L’écrivain frère que j’étais persuadée d’avoir l’époque où Laura parvenait en- rouage, chaque ressort, de l’in- toire, calqué sur le protocole qui ré- et des névroses, des crises, des ob- ne se laisse pas bercer par les sirènes aidé à grandir. (...) J’ai perdu le fil core à extraire de Nico le trop- flexible « fabrique » familiale. git les séances de l’analyse freu- sessions et des angoisses de chacun de la fiction – si beau soit leur chant. qui me reliait à Nico, le fil qui nous plein de haine et de rancœur qui Dans la lignée de La Chambre dienne, avec son temps particulier et forment une sorte de trame. Mais Ce qui aurait pu – dû ? – aboutir à la tenait serrés l’un contre l’autre, de- commençait à grandir en lui. Où des parents, Nico est le roman de son dispositif entre la parole de aucun dessin totalisant ne se profile plate redécouverte du réalisme, in- puis l’enfance, prisonniers du frère et sœur formaient un seul la perte, des fractures de l’âge et l’analysant et le silence ou les inter- sur la toile. On est bien dans l’ana- vente un autre espace littéraire. On même écheveau. » Au soir du corps soudé dans l’adversité et ir- du temps, le récit d’une fraternité prétations de l’analyste, dans l’es- lyse, jamais dans la synthèse. Il n’y a peut souhaiter parfois prendre de la drame où Nico est passé à l’acte, radié des séjours champêtres contrariée. Cette exploration sen- pace du transfert. pas de centre. Au cours de la lecture, hauteur, résister davantage aux Laura s’interroge sur la nature de chez leur grand-mère. Là, dans la sible des confins familiaux et La romancière va adopter, ou il arrive qu’on le regrette. A la fin, contingences, mais on ne peut nier l’écheveau qui vient de partir en ferme bruissante de vie et de sociaux, sous-tendue par une re- transposer, cette règle, en faire une tout est laissé en l’état ; ou plutôt que, dans cet espace, on respire – en fumée. Dans les décombres d’un douceurs retrouvées, l’insou- marquable « mécanique » roma- technique narrative efficace. Ce chaque personnage suit un destin, vrai. présent incertain, d’une fraternité ciance de l’enfance leur étaient nesque, dévoile également un n’est pas l’un des aspects les moins tente de construire sa propre his- Patrick Kéchichian chancelante, la narratrice extirpe enfin rendue . vaste réseau de fils et d’interroga- saillants du livre : la confiance, toire. Comme la ville de tout à les images du passé pour tenter Et puis, sans appel, l’« après » tions aiguës. Plus dérangeantes presque la foi, placées dans la psy- l’heure, le roman est agencé à me- de comprendre cet être qui lui est est tombé, projetant chacun dans qu’il n’y paraît. chanalyse. Confiance qui, après sure, selon les besoins et les désirs (1) Depuis maintenant. Miss Nobody devenu si étranger ; ce pyromane un temps peuplé d’incertitudes et Christine Rousseau avoir connu ses beaux jours pari- singuliers des protagonistes. Knows (POL, 1996) et Les Prostituées xénophobe qui met à mal ses sen- de peur. Vers une destination in- siens dans les années 70 autour no- Les névroses, ou ce qu’il est philosophes, Depuis maintenant, 2 timents. De réminiscences dou- connue. Mais « Nico ne voulait tamment des séminaires de Jacques convenu d’appeler ainsi, ne gué- (POL, 1997) loureuses en bonheurs fugaces pas d’avenir. Il s’en fichait. Il au- (1) Fayard, 1997. LeMonde Job: WIV3499--0004-0 WAS LIV3499-4 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 19:59 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0056 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 littératures b Eloge de la rage Flammarion prend le relais d’Exils pour relancer l’œuvre de Nicolas Genka, dont le premier roman, « l’Epi monstre », avait été interdit en 1962 Car l’œuvre de Nicolas Genka, si mouvements de révolte encore lar- JEANNE LA PUDEUR singulière, si hardie dans les fan- vaire au moment où il écrivait et de Nicolas Genka. tasmes, si obsessionnelle soit-elle, qui allaient éclater en 1968, de Flammarion, est loin d’être la bombe que l’on même dans Jeanne la pudeur, au- 192 p., 90 F (13,72 ¤). prétend qu’elle est : hors du delà de l’histoire de Jeanne la pros- contexte hypocrite et prude des tituée, de Mike et de l’assassin ’est un livre compact, années 60, elle apparaît surtout d’enfant, il y a un chant poétique écrit souvent en comme une recherche poétique de envoûtant sur le massacre d’une ci- alexandrins. Un livre grande envergure, sans intention vilisation, sur la guerre (Hiroshima dont le destin aurait pu de choquer. L’écrivain, qui n’avait et Nagasaki, si peu évoqués dans êtreC de résister dans quelques mé- pas trente ans, possédait une rage les romans occidentaux), sur la mi- moires poétiques et de régner vai- intérieure et la capacité de la subli- sère de l’ordre social, sexuel et po- nement dans l’enfer du pilon, cô- mer en l’exprimant. L’univers pay- litique. Et aussi sur l’amour. Dans toyant d’autres grandes œuvres san et familial de l’Epi monstre est une sorte de confusion grandiose méconnues. Publié en 1964 chez ici comme libéré de la gangue de et déclamatoire. Julliard, avec le soutien de la ro- l’inceste qui l’avait, aux yeux des Ces déclamations ponctuent du mancière éternellement rebelle et censeurs, frappé d’infamie. reste tout le livre qui quitte régu- activiste – alors conseiller litté- On est en présence d’une jeune lièrement le réalisme pour prendre raire – Françoise d’Eaubonne, femme qui revient au pays. Elle est une dimension qui n’est plus celle Jeanne la pudeur venait deux ans prise entre plusieurs amours : Jean, du romanesque : on est sur un après l’Epi monstre. Le premier ro- Yoshirô, Michel. Les deux premiers autre territoire. On hésite à citer man, remarqué par Cocteau, Jou- appartiennent au passé de Pigalle des phrases, dont pourtant cer- handeau, Nabokov, Mishima, Pa- qu’elle a fui, le troisième, un Noir taines sont d’une beauté impres- solini (quel écrasant parrainage !) américain, l’a suivie et, du moins le sionnante d’innovation et de fan- fut mystérieusement interdit, sans croit-elle, pourrait la sauver. Mais taisie, avec des conflagrations de cependant avoir été retiré du mar- surgit un assassin, un infanticide. métaphores qui font rebondir le ré- ché. L’intelligentsia s’agita, la fa- Le résumé du livre, au demeurant cit par ces sursauts d’émotion que mille s’en mêla, Maître Maurice difficile à faire avec exactitude, ne procure l’inventivité verbale. Isoler Garçon en profita pour partir en donne pas une idée juste de l’im- des trouvailles stylistiques serait guerre contre toute censure. Le ro- pression de lecture : on lit moins réduire le texte à une technique man suivant, moins sulfureux, fut un roman qu’un long poème, ad- qu’en réalité il n’a pas de façon entraîné dans l’anathème. Et l’au- mirable de rigueur, d’audace et consciente. Souligner les images teur, très jeune, se découragea. d’élégance, où le sang, le crime, le sexuelles serait orienter le lecteur Non d’écrire, mais de publier. Cas désir sont des métaphores d’une dans une direction erronée. Mais exceptionnel de silence forcé. angoisse à la fois esthétique et psy- on ne peut cacher que c’est là, dans chologique. Angoisse esthétique, le style, dans le rythme, dans l’ex- CRITIQUE ENTHOUSIASTE non seulement parce que, comme trême liberté des fantasmes mis en L’an dernier, la republication de dans son précédent roman, Nicolas scène que réside la force de ce l’Epi monstre, chez un petit éditeur Genka décrit remarquablement la livre. exigeant, Exils, que l’on ne pouvait nature, l’errance, la perte de re- La présence d’images religieuses, pas soupçonner de visée commer- pères chez des personnages qui ont le milieu même où se déroule l’ac- ciale ni de goût pour le scandale changé de milieu (de la pègre de Pi- tion, la hauteur de ton peuvent, on facile, fut célébrée par une critique galle à la campagne profonde), l’a dit, évoquer Genet. Mais Genet enthousiaste. S’est produit l’inévi- mais parce qu’il y parvient par des était un raisonneur qui avait face à table dans le système actuel de moyens de grande rhétorique, de lui un lecteur déclaré ennemi, qu’il l’édition : une grande maison grande prosodie : à la manière de voulait tour à tour conspuer et sé- prend la suite, bénéficiant du Jean Genet, de Tony Duvert, d’Oli- duire. Nicolas Genka, en cela plus risque assumé par une autre. On vier Larronde, pour citer quelques proche d’un William Goyen, ne peut que se féliciter qu’une plus noms auxquels le sien sera associé construit minutieusement son lan- large diffusion soit accordée à un dans l’histoire littéraire. Mais Gen- gage des rêves, ou plutôt des cau- auteur qui la mérite, mais on a le ka a pour trait singulier d’adopter chemars, sans aucun témoin. Sans droit de ne pas aimer que l’accent parfois un ton prophétique, illumi- autre nécessité que la fureur de soit mis sur un interdit vieux de né jusque dans ses pages les plus donner une forme noble et cin- trente-cinq ans, qui n’a pas été le- narratives. glante à sa perception épouvantée vé plutôt par oubli que par obsti- De même que dans L’Epi du monde. nation. monstre, il avait annoncé les grands René de Ceccatty

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb La chair est indigeste Claire Legendre et Régis Clinquart souhaitent brûler les étapes. Leurs romans sont des pétards mouillés matiseraient la gratuité de leur Apologie de la viande est la VIANDE abattage pornographique. énième version machiste de L’Edu- de Claire Legendre. Il faut admettre hélas que Viande cation sentimentale. Un jeune Grasset, 188 p., 98 F (14,94 ¤). et Apologie de la viande ne sont en homme vient d’être jeté par la rien des romans lucides sur la soli- femme qu’il croyait aimer. Il est APOLOGIE DE LA VIANDE tude de la chair, l’abîme entre le censé souffrir. On traque tout au de Régis Clinquart. fantasme et la jouissance, l’in- long du roman la densité de cet Ed. du Rocher, 318 p., communicabilité masochiste qui sé- amour défunt qui devrait servir de 110 F (16,77 ¤). pare les individus. Quelques éclats socle au récit. On cherche en vain. heureux signalent en filigrane Le narrateur de Régis Clinquart uzanne, l’héroïne de − chez Clinquart − un possible ro- avoue que son ambition est ail- Viande, mord son amant man paroxystique sur l’amour et leurs : « Ressasser. Ecrire et surtout et entame sa cuisse (le gi- son leurre, la frustration et la dou- ne jamais lâcher prise, m’épuiser de got, dit-elle). Rumsteak leur des bonheurs imaginaires. littérature, dilapider en phrases (sic) estS le nom dont le narrateur d’Apo- Claire Legendre amorce une ré- pour que chaque lecteur me féconde logie de la viande affuble son chien. flexion sur la quête d’une identité en retour, qui est-ce qui tient, qui est- Claire Legendre (deuxième roman) commune où s’effaceraient les dif- ce qui retient l’autre ? » L’audace et Régis Clinquart (premier roman) férences entre homme et femme était belle mais noyée sous l’ac- ne plaident pas pour le paradis per- mais qui buterait sur l’anéantisse- cumulation de tout ce qu’on écrit la du des régimes carnés. La viande, ment du désir. Remixé par de nuit quand on se prend pour Rim- c’est la chair humaine, triste et crue, jeunes auteurs authentiques et vio- baud. Banalités récurrentes et mor- et plus particulièrement le sexe lents, pourquoi pas le thème éter- ceaux de bravoure se côtoient im- masculin, morceau de choix, «la nel ? C’était oublier le succès punément. machine de viande qui s’est mise en bruyant de Truismes et des Particules Si Claire Legendre semble avoir branle », comme l’écrit joliment élémentaires qui obsède les éditeurs. été sommée d’élaguer au plus près Claire Legendre. Pressés d’épuiser le filon, Claire Le- de l’autodérision scandaleuse Faussement subversifs, ces récits gendre et Régis Clinquart n’en ont (« Tout le monde en parle : c’est à la à la première personne dévident les retenu que la mousse. Le sexe donc, mode, le cul, ces derniers temps »), plus tenaces clichés. L’errance éthy- négatif, pesant (infantile ?). Régis Clinquart a été abandonné au lique du mec qui vomit (au sens... désordre d’un texte narcissique qui propre) les femmes, la femelle dé- FORMULES GRASSES se perd dans ses méandres. Le hé- voreuse d’hommes, l’épouse Viande est un roman sans cesse ros se doit de tout expérimenter. odieuse et permanentée. « Quand regonflé aux hormones (mâles). Remplissage et conventions. c’est si chiant en vrai ce qui reste à Trois textes sont arbitrairement Viande et Apologie de la viande sont faire, passé treize - quatorze ans », collés ensemble. Mon premier est des livres cadenacés, sans liberté écrit avec une insolence apprêtée l’histoire d’une toute jeune fille véritable. « Vouloir conjurer dans les Régis Clinquart qui ne lésine pas sur amoureuse d’un homme marié et mots l’épaisseur du silence », écrit les ancestrales rengaines : « le bon- qui ramasse les miettes de sa pré- fort lumineusement Régis Clin- heur définitif d’être mère », la diffé- sence. Il la quitte (il meurt ? Elle le quart, mais son écriture comme rence des sexes (« toujours cette dis- tue ?). Le compte rendu de l’initia- celle de Claire Legendre est inau- tance entre nous, ce gouffre », et une tion sexuelle est systématiquement thentique et soumise à la dictature misogynie sinistre chez ce vieux entrelardé de formules grasses et, de l’effet-choc. Régis Clinquart se jeune homme (« Même ramené à un sans nuances, l’allégorie envahit le veut poète : « Les yeux écartelés j’at- sexe, l’homme conserve un peu d’élé- récit : Suzanne se voit pousser un tends, que sa croupe noire m’in- gance. La femme non... Il faut des sexe supplémentaire car elle a man- sole. » Claire Legendre abuse d’un femmes autour d’une table, c’est gé celui de l’aimé. Mon deuxième minimalisme naïf : « Le cerveau comme les bières »). Tous deux se est l’histoire d’Eglantine, top model d’Eglantine se mit en branle. » recommandent du chanteur-écri- raté qui se cherche à travers divers Comme s’en réjouit Régis Clinquart vain Nick Cave : Claire Legendre le hommes schématiques. Mon troi- à propos de « cette déconnante en- cite en exergue, Régis Clinquart en sième est mon tout : un bref cha- tourloupe » (le roman que son per- émaille son texte avec d’autres ré- pitre réconciliateur qui pourrait sonnage est en train d’écrire) : «De férences prestigieuses (Aragon, être drôle faute d’être nécessaire. toute façon il est trop tard, vous Dante ou Gainsbourg). De quoi Suzanne et sa verge fantôme, l’avez acheté ce bouquin ». cautionner leur exhibitionnisme et Eglantine et sa beauté vacante se clore le bec aux pudibonds qui stig- retrouvent dans un hôtel de passe. Hugo Marsan LeMonde Job: WIV3499--0005-0 WAS LIV3499-5 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 19:59 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0057 Lcp: 700 CMYK

littératures LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / V b Pauvre Barney Dans son autobiographie – à trous de mémoire –, le personnage de Mordecai Richler fait vivre tout un monde exubérant queue qui fuit », devenu excessive- vous?» Clara, la folle, l’écervelée, LE MONDE DE BARNEY ment riche en passant du l’inconstante, l’incorrigible men- (Barney’s Version) commerce de l’huile d’olive et des teuse, est l’une des deux morts que de Mordecai Richler. fromages français à la production Barney a sur la conscience, l’autre Traduit de l’anglais (Canada) d’« inanités télévisuelles ». La tra- étant celle de son meilleur ami, par Bernard Cohen, duction souvent bien lourde ne Boogie. Il est arrivé trop tard pour Albin Michel, rend pas justice à la vigueur prime- sauver Clara et il s’évertue à dire et 556 p., 160 F (24,39 ¤). sautière, vive et allègre du person- à répéter qu’il n’a pas tué Boogie, nage et de son auteur. Mais ce n’est n’empêche, qui le croit ? Miriam, ordecai Richler est pas grave, on s’amuse et on s’at- sans doute, et sa fille Kate, mais qui l’auteur d’une di- tache quand même. d’autre ? Pauvre Barney. En tout zaine de romans et Le roman est construit autour de cas pas le flic accrocheur qui ne lâ- de nombreux scéna- trois personnages de femmes : Cla- chera jamais prise, ni Terry McIver, riosM (dont celui du film tiré de son ra (1950-1952), Mrs Panofsky II « cet inconséquent salaud » à cause roman L’Apprentissage de Duddy (1958-1960), et Miriam (1960- ), les de qui il rédige cette Apologia pro Kravitz (1), réalisé par Ted Kotcheff, trois épouses successives du héros. vita sua, ni la deuxième Mrs Panof- avec Richard Dreyfus) mais il a le Mais, bien entendu, tout est si sub- sky, cette jeune femme de la bonne tort d’être canadien anglo- tilement décousu qu’on les re- bourgeoisie juive épousée pour phone (2), ce qui explique peut- trouve toutes les trois dans cha- faire la nique au fantôme de Clara être pourquoi on ne le traduit cune des parties, et surtout Miriam, et qu’il abandonne presque, avant qu’avec un compte-gouttes qui au- « Miriam, flamme de mon cœur », la même sa nuit de noces, pour les ré- rait des problèmes de prostate, seule qu’il ait vraiment aimée et sultats d’un match de hockey et le comme Barney Panofsky, le héros qu’il aime toujours. Pauvre Barney. charme fou d’une jeune femme de Barney’s Version, devenu ici Le aperçue par hasard, Miriam. Monde de Barney. Cette autobio- INCORRIGIBLE MENTEUSE Pauvre Barney, hanté par la ven- graphie est bien la « version » que Clara, il l’a connue à Paris où il geance divine et qui découvre que donne le narrateur de ce qu’a été sa menait joyeuse vie de bohème en le monstre, c’est lui, qu’il est «le vie, même si l’on y découvre tout compagnie d’une « harde de jeunes propre destructeur du havre un « monde » : ses femmes, ses écrivains sans un sou mais couverts d’amour » qui aurait pu le préser- amis, ses enfants, les bars où il de lettres de refus d’éditeurs ; chauds ver. traîne un chagrin éthylique, sa mai- lapins et optimistes patentés pour qui Et, au fil de sa mémoire qui s’ef- son des Laurentides parfois survo- tout semblait à portée de la main, la filoche, il égrène sans fin son man- lée par des Canadair, son bureau et célébrité, les admiratrices pâmées, la tra personnel : « On égoutte les sa fidèle assistante... fortune guettant patiemment au coin spaghettis avec l’ustensile que j’ai En rédigeant ses Mémoires – des de la rue ». Tout ce que l’un deux dans ma cuisine, accroché au mur. Mémoires à trous et à impréci- – devenu peintre et effectivement Mary McCarthy a écrit quelque sions, corrigés par des notes en bas riche et célèbre – regrettera à la fin chose à propos d’un homme en de pages dues à son fils Michael –, de sa vie, quand il sera invité par le complet Brooks Brother, ou était-ce Barney se perd souvent en digres- gratin de Park Avenue : « Je vais à une chemise ? Je suis veuf une fois et sions. Les héros de romans précé- ces dîners, c’est un gourou de la fi- divorcé à deux reprises. J’ai trois en- dents comme Bernard Gursky (3) nance qui régale, ou un requin des fants, Michael, Kate et... encore un ou l’inénarrable Duddy Kravitz fonds à risques, avec le boulet de ca- autre fils. Mon plat préféré, c’est la font ainsi quelques apparitions, non qui lui sert de femme-potiche à poitrine de bœuf braisée avec du rai- même si Barney lui-même n’a côté de lui, et à tous les coups il y a fort et des latkes. Miriam est la semble-t-il rien à voir avec un autre une de mes croûtes accrochée au flamme qui me consume. J’habite Panofsky, athée notoire mangeant mur, elle a dû lui coûter dans les Sherbrooke Street West, à Montréal, des sandwiches au jambon et fu- deux briques, mais moi j’ai envie de numéro... Le numéro importe peu mant sa pipe devant son magasin, la prendre et de m’en aller parce que puisque je connais l’immeuble. » chaque Yom Kippour, dans Mon je ne peux pas les encadrer plus de Martine Silber père, ce héros (4). Le style de Mor- cinq minutes ces types. Mais je reste decai Richler – ou celui de Barney – là, mort de honte à me demander : (1) « Le Monde des livres » du est à la fois puissant et jubilatoire Quoi, tout ce que j’ai fait, c’est pour 19 mars 1999. comme cela sied à « un vieux des zombies comme vous ? Quand je (2) Bibliothèque québécoise, 1998. schnoque de soixante-sept ans qui bouffais à peine une fois par jour, (3) Gursky, Calmann-Lévy, 1992. rétrécit à vue d’œil, affligé d’une c’était pour bien me faire voir de (4) P. Tisseyre, 1975.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Mort d’un peintre Russe Métaphores Les femmes qui ont connu Alik sont là pour un ultime rendez-vous dénué de désespoir albanaises sespoir, dans un effacement pai- DE JOYEUSES FUNÉRAILLES sible, consenti, impossible sans plein LES OMBRES DE LA NUIT (Moskva-Kalouga-Los-Anglos accomplissement. La mort est desti- et autres récits vesselye pokkoron) née à apaiser les vivants. Elle ras- du Kosovo de Ludmila Oulitskaïa. semble, éclaire les généalogies tour- d’Eqrem Basha. Traduit du russe mentées d’où est issue la nouvelle Traduit de l’albanais par Sophie Benech, collectivité. Celle d’une famille re- par Christiane Montécot Gallimard, 168 p., 98 F (15 ¤). composée dans les exils politiques, et Alexandre Ectos, économiques, culturels, de per- Fayard, 202 p., 98 F (14,94 ¤). e pourrait être une pein- sonnes devenues insouciantes ture de Bacon. Sans le d’avoir enduré auparavant trop de ne voix dans les té- cri. Au centre : le corps souffrances. Sur chacune, l’auteur nèbres : « L’heure, c’est d’un homme − Alik −, de Médée et ses enfants paraît veiller, nous qui la faisons ! » jeuneC encore, décharné, lentement de sorte que toute existence, même Que faire lorsque le re- étouffé par la paralysie musculaire. la plus bousculée, apparaît comme présentantU de l’Autorité décide, à Il s’apprête à mourir. Sans regrets. réussie. Chez elle, chacun doit pou- 7 heures du matin, qu’il est minuit ? Un tournoiement de femmes, filles, voir trouver les siens. Et quand, au cœur des brumes, le maîtresses, environne le mourant Ses personnages féminins n’hé- conteur apprend qu’il risque sa vie par un flot de couleurs, d’odeurs, de sitent pas à entrer en scène la poi- pour un rêve ? Ce sont là des inter- sensations floues. Dans l’air new- trine en avant. Oulitskaïa leur dé- rogations soulevées par le premier yorkais surchauffé résonne un tube lègue le besoin d’alimenter et récit (Brouillard) d’un recueil qui en moscovite des années 50 : « Moscou, d’étreindre le monde dans son en- comprend douze, plus féroces les Kalouga, Los Angelos, / Ne forment tier. Comme s’il n’était d’autre uns que les autres. plus qu’un seul kolhoze / Ô, Saint- moyen de le transformer. Autour du Ailleurs, un régiment de rongeurs Louis, cent-deuxième étage, / Ivan le cercueil d’Alik se retrouvent ainsi ravage le jardin d’un brave banlieu- Russe pianote du jazz... » Passent des Noirs (« chose qui se voit extrê- sard épris de gazon et de fleurs (La Maria, Valentina, Nina, Joïka, Faïka, mement rarement à des funérailles Taupe). Plus loin encore, dans une Maïka, Irina. Leur entrain aurait rai- juives »), des Indiens d’Amérique du ville assiégée, le comptable d’une son même d’une tentative de coup Sud, des juifs « respectables », de usine « autogérée » se charge de la d’Etat à Moscou − la scène se passe « superbes » Anglo-Saxons, et des liquider avant l’arrivée de l’ennemi durant la diffusion sur CNN Russes en tout genre, « depuis des héréditaire (L’Ultime Mission du chef d’images évoquant celui de 1993. spécimens tout à fait convenables jus- comptable). Comme dans Sonietchka (1), qu’à des pique-assiettes en état Il y a aussi l’histoire du gastéro- l’homme aimé de toutes est peintre. d’ébriété ». pode trucidé (Un escargot à la Immigré russe aux Etats-Unis, il a Le sein n’est pas le seul attribut conquête du Soleil), celle du jeune transformé, comme malgré lui, son féminin vénéré. Alik peint-il une homme contaminé depuis un quart loft-atelier en appartement commu- Cène, que les personnages bibliques de siècle par l’ère du soupçon (Ma- nautaire. « Il avait reconstitué sa Rus- s’évanouissent au profit de « douze ladie)... sie autour de lui. Cette Russie qui volumineuses grenades, peintes de fa- Si les Balkans n’avaient pas subi n’existait plus depuis longtemps. Dont çon détaillée, rugueuses, avec de déli- ce qu’Eqrem Basha nomme pudi- il n’était même pas certain qu’elle eût cats chatoiements mauves, pourpres quement « les événements », ces tex- jamais existé... Insouciant et irrespon- et roses, des couronnes dentelées hy- tes écrits entre 1974 et 1994, méta- sable. Personne ne vivait comme ça pertrophiées, de vivantes meurtris- phores de la guerre permanente des ici. Ni nulle part, d’ailleurs. » En dis- sures reflétant leur stucture interne hommes contre leurs semblables, paraissant, Alik risque d’emporter cloisonnée et gorgée de graines ». De- auraient-ils été traduits ? Rien n’est avec lui la meilleure part de la vant elles, le rabbin s’interroge lon- moins sûr, mais c’est dommage culture judéo-russe, à laquelle le guement. Il songe au fruit par lequel d’avoir à compter sur une actualité postcommunisme a porté un nou- Eve fut tentée. Mais ne pense ni à tragique pour faire connaître les veau coup. A quoi d’autre songent Maria, Valentina, Nina, Joïka, Faïka, proses kafkaïennes de cet écrivain le rabbin et le prêtre (orthodoxe), Maïka, Irina. quinquagénaire, Macédonien d’ori- tout en s’imbibant lentement de Il ne discerne, derrière l’offrande gine albanaise qui vécut à Pristina chaque côté du mourant ? amoureuse, que l’image du tom- où il traduisait dans sa langue les Les récits de Ludmila Oulitskaïa beau de David. œuvres de Beckett et d’Ionesco, de conduisent à la mort comme une Jean-Louis Perrier Camus, de Sartre et de Malraux. soirée d’été vers la pénombre. Un rendez-vous prévu, assumé sans dé- (1) Folio, 110 p., 39 F (5,95 ¤). Edgar Reichmann LeMonde Job: WIV3499--0006-0 WAS LIV3499-6 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 19:52 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0058 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 rentrée b Rentrée : par ici les sorties ! Romans français : tendances fin de siècle uelques chiffres Traitement des cendres, Calmann- tant d’écrivains confirmés, régu- fuge de Gallimard, avec Des anges Un grand roman sous forme de encore signalons La Guerre au d’abord, même s’ils Lévy) ; deux tentatives d’enver- liers ou plus rares (donc désirés), mineurs sont deux des auteurs en dictionnaire, L’Univers, de Hubert bord du fleuve, de Jean Hatzfeld, n’ont qu’une significa- gure : Roman fleuve, d’Antoine seront sur les tables des libraires vue au Seuil. Toujours au Seuil, Haddad (Zulma), retiendra proba- journaliste à Libération. tion incertaine et rela- Piazza (Éd. du Rouergue) et Bel- avec leur dernier rejeton. Jean Michel Gazier, avec un émouvant blement l’attention, ainsi qu’un Dans le désordre : une Lilith Q tive. Qui ne sera d’ail- tassar d’Eric Hervieu (Le Passeur) ; Echenoz, muet depuis trois ans Merle bleu, et Alain Fleisher, avec recueil de nouvelles du même futuriste et urbaine, d’Alina Reyes, leurs pas la même, selon qu’on est Frank Derex (La Rencontre, Verti- – mais on imagine mal l’auteur des les très impressionnants récits de auteur, Mirabilia (Fayard). Chris- La Passion selon moi, de Paul écrivain, lecteur ou professionnel. cales) ; Daniel Percheron (Guipure Grandes Blondes prendre un La femme qui avait deux bouches, tine Angot continue de tracer son Smaïl et La Nuit de Faraman, Les premiers pourront se sentir et Manille, Zulma) ; Patrick Renou rythme moins attentif –, arrive ces seront également présents. Ne chemin parfaitement singulier roman historique de Christian perdus dans le nombre, s’inquiéter (Le Rendez-vous, Albin Michel) ; jours-ci avec... Je m’en vais quittons pas la rue Jacob sans avec L’Inceste (Stock). Chez le Liger (Laffont). Une femme sans d’être négligés. Les deuxièmes Tiphaine Samoyault, critique litté- (Minuit). Dans la veine des grands citer : Sa Majesté la mort, de même éditeur, retour de Nina modèle, de Marie-Claire Banc- auront la difficulté mais aussi le raire et auteur d’un intéressant et dramatiques souriants, chez le Myriam Anissimov ; Grand Sei- Bouraoui (Le Jour du séisme), quart, et les Emois d’un marchand plaisir d’un ample choix. Seuls les essai sur le roman, Excès du roman même éditeur, Christian Oster gneur, de Louis Gardel, et Foraine, d’Isabelle Jarry (Le Jardin de vin, d’Yves Beauchemin (Fal- derniers, éditeurs et journalistes, (La Cour des adieux, Maurice – qui gagnerait à être mieux de Paul Fournel. Yamata), de l’enchanteur Vassilis lois). L’Eau des fleurs, de Jean feront entendre une plainte, Nadeau) ; Marie-Dominique connu – et son Grand Apparte- Chez Grasset, on avance en rang Alexakis (Le Cœur de Marguerite) Marie Gourio, et A quoi rêvent les convenue et rituelle, devant le Lelièvre (Martine fait du senti- ment. Toujours chez Minuit, Jean serré : Jean-Pierre Milovanoff, et François Tallandier (Anielka); loups ?, de Yasmina Khadra (Jul- déferlement, en deux petits mois, ment, Actes Sud) ; Sébastien Rouaud sera là aussi, avec Sur la transfuge de Julliard, s’est bien toujours chez Stock, notre colla- liard). Le Hamac rouge, de Jean- de 511 romans français et étran- Lapaque (Les Idées heureuses, scène comme au ciel. placé, dit-on, pour les prix avec borateur Eric Fottorino raconte à Luc Payen (Joëlle Losfeld). gers – contre 488 en 1998, d’après Actes Sud), Alain de Libera, philo- Gallimard annonce un Jean- L’Offrande sauvage ; autre trans- sa manière le Nordeste. Rentrée Deux livres de Philippe S. les chiffres fournis par le magazine sophe et professeur que l’on Marie Laclavetine fuge (Flammarion) et auteur concurrente chez Fayard, où Hadengue, Quelqu’un est mort professionnel, Livres-Hebdo, du n’attendait guère avec un livre (Première Ligne) à succès, Daniel Picouly Claude Durand a décidé d’être dans la maison d’en face, et 25 juin. Soixante-quinze premiers aussi débridé (Mogen Schtarbe, qui, situé dans raconte l’histoire présent sur le front français, avec L’Exode son premier roman inédit, romans (contre 58 l’an dernier) Flammarion) ; autre philosophe, les milieux de L’Enfant léo- Sylvain Jouty (L’Odeur de l’alti- Vingt fois toi et moi, de Jean-Fran- verront le jour, dont 6 sur 11 chez mais romancier plus intérieur, de l’édition pard ; Hector tude), Maria Maïlat (La Grâce de çois Kervéan (Pauvert). Journal Flammarion, qui se classe large- Claude Romano (Lumière, éd. Des Bianciotti, dans l’ennemi), Francis Berthelot d’un cœur sec, de Mathieu ment en tête dans ce domaine. Le Syrtes) ; Thomas A. Ravier revisite Comme la trace de (Melusath) et Jacques Lederer (La Terence, et Le Lièvre et le Lieute- Seuil avec 15 romans en tout, Gal- Balzac à sa manière (Original l’oiseau dans l’air, nuit où Gérard retourna sa veste). nant, de James Gressier (Phébus). limard (13), Grasset (12), Le Remix, Julliard) ; Laurent Seksik visite à nouveau le Auteur du magnifique Quoi de L’Arbre, de notre collaborateur Rocher (11) sont beaucoup plus (Les Mauvaises Pensées, J.-C. Lat- labyrinthe de son neuf sur la guerre ? en 1994, Pierre-Robert Leclercq, et La prudents dans leur rôle de pion- tès) ; François Bourgeat (Les Tuile- passé argentin ; signa- Robert Bober propose Berg et Cathédrale de cristal, d’Henry nier. ries, Mercure de France) ; Joël lons aussi un Christophe Bataille Beck, où l’on voit que la guerre Bonnier (Le Rocher). Vomica, En 1998, on avait souligné la Egloff (Edmond Ganglion & fils, (Vive l’enfer), le retour d’Anne F. prend un soin particulier à faire d’Isabelle Rossignol (Ed. du forte représentation féminine. Le Rocher) ; Slimane Benaïssa (Le – comme pas mal de romans de Garréta, avec son troisième mal aux enfants (POL) ; chez POL Rouergue). Stabat Mater, de Appuyons plus fort le trait : elles Fils de l’amertume, Plon) ; Hubert cette rentrée – fait, semble-t-il, roman, La Décomposition ; un peu également un gros roman « fami- Xavier Bazot, et La Résolution de sont un peu plus nombreuses Mingarelli (Une rivière verte et grincer quelques mâchoires. Parmi plus tard, Yves Berger nous pro- lial » de Pierre Alferi, Le Cinéma Reyner, d’Olivier Saison (Le cette année. Quant au recrute- silencieuse, Seuil) ; Bertrand les auteurs de la même maison, on met un roman « érotique et d’ini- des familles. Alain Veinstein Serpent à plumes). L’Objet hu- ment, la littérature – ou plutôt Leclair (Movi Sévaze, Verticales) ; prêtera une attention plus ou tiation », Santa-Fé. Flammarion, donne un deuxième roman, Vio- main, de Pierre Bourgeade (Tris- l’édition – puise toujours, avec Gilles Rozier (Par-delà les monts moins grande à un beau Jean- qui a mené tambour battant l’opé- lante (Mercure de France). tram). Le Désir de guerre, de Fré- enthousiasme, dans le vivier sup- obscurs, Denoël) ; le journaliste Pierre Ostende (Planche et Razac), ration Houellebecq l’an dernier, a Jean-Yves Cendrey, auteur de déric Roux, et Mont Afrique, de posé des journalistes et des ensei- sportif Eugène Saccomanno a à Philippe Beaussant, qui ne quitte mis plusieurs jetons sur le tapis du cinq romans parus chez POL, fait Jean-Claude Pirotte (Le Cherche gnants. trouvé un moyen de ne pas être pas l’aire baroque avec Stradella ; jeu : outre le retour en fanfare le portrait sans complaisance des Midi). L’Invention du père, Que les premiers noms cités d’emblée exclu de la course aux et puis aussi Catherine Cusset (Le d’un « ancien », Nicolas Genka Petites Sœurs de sang (L’Olivier). d’Arnaud Cathrine, Une aventure soient ceux de quelques-uns des prix, en faisant un peu d’histoire Problème avec Jane), Edouard jadis mal traité par la censure (voir Chez le même éditeur, Sophie sentimentale, d’Alain Nadaud, et nouveaux romanciers : le socio- (Goncourt 32, Flammarion). Glissant (Sartorius). Quelques l’article de René de Ceccatty p. IV), Chérer met en scène une visiteuse Mes petites communautés, d’Oli- logue très littéraire Pierre Sansot Mais n’abordons pas encore – il semaines plus tard, Jean d’Ormes- on trouvera Jean-Claude Izzo (Le de prison et un délinquant finan- via Rosenthal (Verticales). Trouée, (Il faudra traverser la vie, Gras- sera bientôt temps – le point de son, fréquentant toujours les Soleil des mourants), Chantal cier dans A ceux qui nous ont de Marion Jean, et Le Grand Abat- set) ; Yasmina Reza, surtout focalisation obsessionnel de toute hautes sphères (divines), établira Chawaf (Issa) et Henri-Frédéric offensés et Christophe Honoré toir, de Danielle Robert-Guédon connue pour ses pièces de théâtre rentrée : les prix. Tous en rêvent, Le Rapport Gabriel (l’ange). Plus Blanc (Fenêtre sur la jungle). Phi- intitule son deuxième roman, qui (Balland). Une vie d’Antonia, de (Une désolation, Albin Michel) ; certains calculent et manœuvrent exigeants, Michel Rio, avec Mor- lippe Delerm publie un roman au comporte dit-on de terribles Louis Maspéro (L’Aube). Johan-Frédérik Hel Guedj (Le déjà. De fait, un nombre impor- gane, et Antoine Volodine, trans- Rocher, Le Portique. scènes, La Douceur. A l’Olivier Patrick Kéchichian Histoire littéraire Littérature étrangère eu de grandes découvertes ans de bohème, Champ Vallon, biographie par Brian Boyd (Gallimard) N n’arrête pas le pro- jours, des romans sud-africain très finement la Norvégienne Linn en histoire littéraire. Le cen- novembre), Jules Huret (Enquête sur et celle de sa femme, Véra, par Stacy grès. Avec 177 romans (Marita Van der Vyver, Héberger les Ullmann, fille d’Ingmar Bergman et tenaire de la naissance de l’évolution littéraire, 1891, Corti), Les Shiff (Grasset). étrangers, contre 169 anges, Anne Carrière), australien de Liv Ullmann (Avant que tu ne Desnos sera fêté par un lettres satiriques et amoureuses de Pour les biographies : un Pierre l’année précédente, la (Anson Cameron, Les Rosiers du t’endormes, Plon). Soit sous forme volumeP « Quarto » (Gallimard), la réé- Cyrano de Bergerac (Desjonquères), Louy¨s, de Robert Fleury (Bourgois), le rentréeO sera riche en nouveautés. silence, Actes Sud), mais aussi indien de saga familiale, comme dans le dition d’un Cahier de l’Herne (Fayard), les œuvres complètes de Crébillon Fils Roger Fry de Virginia Woolf (Payot), Rapportée à l’ensemble de la pro- (Mukul Kesavan, Arrêt sur image, roman traduit du danois La Danse une biographie par Dominique (Garnier) et la Vie de Racine par son fils l’André Breton, de Mark Polizzotti duction éditoriale prévue entre fin Philippe Picquier), sri-lankais (Shyam des nains (Anne Marie Lon, Gaïa, Desanti (Mercure de France). Dans la (Belles Lettres). (Gallimard, en même temps que la août et mi-novembre (511 titres), la Selvadurai, Jardins de cannelle, Laf- octobre), dans Le Bouddha blanc, de « Pléiade », les Essais critiques Plusieurs correspondances impor- troisième « Pléiade » Breton), le proportion de livres traduits a pour- font) ou originaires des Samoa (Sia Hitonari Tsuji, traduit du japonais au d’André Gide, et chez Omnibus la Cor- tantes et écrits Colette de Michel del Castillo tant plutôt baissé en un an. Un très Figiel, La Petite fille dans le cercle de Mercure de France ou dans Affaires respondance Gide-Simenon. Du créa- intimes dans les (Stock), un Rimbaud léger recul que vient compenser la la lune, Actes Sud). de famille (Anthony Blond, Payot, teur de Maigret, signalons un Voyage domaines de Claude Jeanco- qualité de plusieurs auteurs propo- Parmi les Espagnols, un nouveau octobre). Les enfants et les adoles- en Méditerranée (Castor Astral). Pour étrangers : las (Flammarion). sés, qu’ils soient très célèbres ou livre de la romancière Carmen Mar- cents sont aussi très présents, en le XXe siècle toujours, un second Dans les essais, outre encore peu connus. tin Gaite (Drôle de vie la vie, Flam- relation avec la folie comme dans volume du Journal de Valery Larbaud, le très attendu Siècle de Parmi les romanciers présents, une marion). En espagnol, mais origi- Irlanda, de l’Espagnol Espido Freire 1934-1935 (éd. Claire Paulhan-Le Sartre de Bernard-Henri large majorité d’Anglo-Saxons, naires d’Amérique latine, un recueil (Actes Sud) ou Prémonitions, de Limon), et le premier volume du Livre- Lévy (Grasset), trois comme d’habitude. Chez les Améri- de neuf récits du grand Mexicain l’Américain Fred Chappell (Autre- Journal (1919) du mémorialiste Ferdi- ouvrages sur la fiction, cains, on remarque notamment Kaye Carlos Fuentes (La Frontière de ment, novembre), ou bien de nand Bac (éd. Claire Paulhan, signés Marc Petit (Fayard), Gibbons, chez Bourgois (En mon verre, Gallimard). Chez Anne-Marie manière plus sereine dans le roman novembre). Le Promeneur publie des Christian Salmon (Denoël) dernier après-midi), Russell Banks, Métailié, plusieurs Latino-Améri- traduit du russe d’Ivan Bounine (La textes oubliés de Louise de Vilmorin. et Jean-Marie Schaeffer (Seuil). Enfin, chez Actes Sud (A la recherche des cains, notamment Alfredo Pita pour Vie d’Arseniev, Bartillat). Et encore Philippe Sollers présente les dessins de Gisèle Sapiro analysera La Guerre des survivants), un récit de « conver- Le Chasseur absent et le très intéres- dans Les Saisons de Giacomo (Laf- Marcel Proust (Stock) ; en novembre, à Mandelstam (Solin), Paul Celan-Nelly écrivains 1940-1953 (Fayard), Jean Bas- sion » de James Baldwin, chez sant Jesus Diaz (Parle-moi de Cuba). font), du grand auteur italien Mario l’occasion de la grande exposition au Sachs (Belin), Dürrenmatt-Frisch taire, les malentendus politiques au- Rivages (La Prière des saints), le Toujours chez le même éditeur, un Rigoni Stern, dont deux autres musée d’Orsay, Jérôme Picon publie (Zoé), les Journaux de Sylvia Plath tour de Charles Péguy (Salvator) ; Syl- retour d’Hubert Selby Jr. à L’Olivier roman de la Portugaise Lidia Jorge ouvrages sont publiés simultané- une Passion Proust (Textuel) ; enfin, (Gallimard) et une édition augmentée vie Patron présentera l’histoire de la (Le Saule) ou un nouveau Stephen (La Couverture du soldat). Christian ment : Le Livre des animaux, aux chez Jérôme Millon, une lecture phé- du Livre de l’Intranquillité de Pessoa revue Critique (IMEC). Enfin, Christine King, plus littéraire que les précé- Bourgois publie de son côté un éditions de La Fosse aux ours et noménologique de Proust, par Roland (Bourgois). Nabokov entrera dans la Jordis propose un essai sur le roman dents, chez Albin Michel (Sac d’os). nouveau Antonio Lobo-Antunes Retour sur le Don, chez Desjon- Breuer. Pour les siècles passés : le chef « Pléiade » en même temps que sera anglais du XXe siècle (Seuil), . On attend par ailleurs avec intérêt (Exhortation aux crocodiles). quères. des Hydropathes, Emile Goudeau (Dix (enfin) publié le second volume de sa P. K . l’autobiographie de James Salter Pour l’Italie, on pourra lire une L’histoire, enfin, prête ses arcanes (Une vie à brûler, L’Olivier). Parmi les quatrième traduction du romancier à à de nombreux romanciers, qu’elle Anglais, la très passionnante Antonia grand succès Andrea Camilleri (La soit utilisée en toile de fond Byatt, chez Flammarion (La Vierge Concession du téléphone, Fayard), et − comme dans Amabelle, d’Edwige dans le jardin) et Denoël (Le Djinn un texte de Francesco Biamonti (Les Danticat (Grasset, octobre), La Bible dans l’œil du rossignol), ainsi que Paroles la nuit, Seuil). Les Russes Bangala, de Barbara Kingslover John Berger, auteur de deux livres (notamment Le Putois de Piotr (Rivages), Soif, trilogie du désert, de publiés par L’Olivier (King et un Alechkovski chez Fayard ou Djann, l’Israélien Shulamith Hareven recueil de chroniques intitulé Photo- d’Andreï Platonov, chez Laffont), et (Metropolis) ou La Gloire et la copies), Kiran Desai, la fille d’Anita les Allemands (par exemple Les Renommée, du Polonais Joraslaw Desai (Le Gourou sur la branche, Anneaux de Saturne, de W. G. Iwaszkiewicz (Noir sur blanc) –, ou Calmann-Lévy), un nouveau roman Sebald, Actes Sud ; Histoires simples, comme véritable sujet. Tel est le cas de Salman Rushdie (La Terre sous d’Ingo Schulze, chez Fayard ou Idylle du Turc Necati Cumali (Le Dernier ses pieds, Plon) ou une « révéla- en exil, de Soma Morgenstern, chez Bey, Esprit des péninsules), ou du tion », Nicola Barker (Les Ecorchés Liana Levi) sont en quantité à peu Kurde Mehmed Uzun (J’ai aimé une vifs, Gallimard). A noter aussi une près stable. A leurs côtés, un nombre ombre, Phébus). biographie romancée inédite du croissant de romanciers venus Une bonne dizaine de premiers peintre et historien d’art Roger Fry, d’Europe du Nord (ainsi, deux tomes romans étrangers seront publiés à par Virginia Woolf (Payot). Venus du de La Saga des émigrants, du Sué- l’occasion de cette rentrée, parmi les- Canada, Neil Bissoondath, chez Phé- dois Vilhelm Moberg, chez Gaïa, et quels Jours heureux en Californie, de bus (Tous ces mondes en elle), ou Le Livre d’or de Göran Tunström, l’Américaine Leslie Brenner (de Fal- Timothy Findley (La Fille de chez Actes Sud), deux Albanais chez lois) ou La Vie innocente de Ramon l’homme au piano, Le Serpent à Climats (Les Slogans de pierre, d’Yll- Fortuna, de l’Espagnole Elvira Lindo plumes). jet Alicka) et La Différence (La Pou- (Hachette Littérature). Notons D’Irlande, on remarque surtout le drerie, de Vangjel Leka), un Rou- encore, à titre de curiosité, les roman de Peter Sheridan, auteur main, chez Denoël (Orbitor, de ouvrages de trois réalisateurs de fameux de pièces de théâtre Mircea Cartarescu) ainsi que deux cinéma : Rêveur né, premier livre de (L’Enfant de Dublin, Lattès), celui de Chinois chez Circé (13, rue du Bon- l’Américain Oliver Stone (Lattès), Colum McCann chez Belfond (La heur, de Bei Dao) et Bleu de Chine Yakusa Kid, un roman autobiogra- Rivière de l’exil) et le recueil de nou- (La Déesse de la modernité, de Liu phique du Japonais Takeshi Kitano velles orchestré par le talentueux Xinglong). (Denoël, octobre) et Holy Smoke romancier Dermot Bolger, avec Les thèmes abordés font une assez que la Néo-Zélandaise Jane Cam- Roddy Doyle, Joseph O’Connor, large place à la famille. Soit pour pion a signé avec sa sœur Anna (Lat- Cohn Toibin... chez Joëlle Losfeld explorer toute la gamme des trahi- tès, octobre). (Hotel Finbar). Enfin, en anglais tou- sons et des déchirures, comme le fait Raphaëlle Rérolle LeMonde Job: WIV3499--0007-0 WAS LIV3499-7 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 19:59 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0059 Lcp: 700 CMYK

rentrée LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / VII b Sciences humaines : en attendant l’an 2000 ’éclipse solaire du 11 août près, livre les résultats d’une en- litique (Payot). Toujours en philo- était une sorte de répéti- quête qu’il a menée dans un dio- sophie : du spécialiste de la philo- tion générale. La fin du cèse de France (Métailié). Chez sophie médiévale, Alain de Libera, millénaire ouvre des pers- Grasset, René Girard livre un Je vois qui se fait également romancier en pectivesL autrement alléchantes Satan tomber comme l’éclair, et la cette rentrée : L’Art des généralités pour tous ceux qui font profession psychanalyste Marie Balmary, au- (Aubier) ; autre philosophe auteur de penser, ou du moins de publier. teur de L’Homme aux statues, d’un premier roman, Claude Roma- De fait, nous ne sommes venus à continue son exploration de la no, avec L’Evénement et le temps bout ni des questions ni, à plus Bible avec Abel ou la traversée de (PUF). Alain Minc se penche sur forte raison, des réponses. Ainsi Fe- l’Eden. Pour les grandes traduc- Spinoza (Gallimard, octobre). De derico Mayor, après deux mandats tions, Stéphane Ruspoli propose Clément Rosset, Loin de moi (Mi- à la tête de l’Unesco, fait-il le point Le Livre des Théophanies d’Ibn Ara- nuit), et, chez Gallimard, un bref sur Notre monde (Odile Jacob), tan- bi (Cerf). journal, Route de nuit. Episodes cli- dis que Manuel Castells analyse la Dans le domaine de l’anthropo- niques. société en réseaux avec les deux logie, signalons l’importante réédi- L’Histoire de la philosophie de derniers volumes de son triptyque tion des œuvres de l’historien des François Châtelet est rééditée chez sur L’Ere de l’information (Fayard). religions, mort en 1965, Ernesto Hachette Littératures. Au titre des Notre collaborateur Roger-Pol De Martino, disciple de Benedetto vastes entreprises, Vrin lance une Droit s’entretient avec Dan Sperber Croce, (Synthélabo). Enfin, les PUF édition de Hume et continue celle Des idées qui viennent, aussi bien annoncent le grand livre de Jack de Hobbes. Au Cerf, on annonce dans le domaine des sciences cogni- Goody sur Famille et mariage en La Créativité de l’agir, de Hans tives que de la culture, de la religion Eurasie. D’une manière moins Joas, l’un des principaux représen- ou de la politique (Odile Jacob). Au spectaculaire et tonitruante que tants de la théorie sociale en Alle- chapitre des interrogations, citons, l’année dernière, Le Travail sociolo- magne (octobre) et L’Herméneu- dans le désordre : 2001 : L’odyssée gique de Pierre Bourdieu est l’objet tique biblique de Paul Ricœur, de l’esprit, de Jean-Gabriel Ganas- d’un ouvrage collectif dirigé par première traduction française de cia (Flammarion). Une certaine idée Bernard Lahire (La Découverte). treize articles publiés initialement du futur, de Jean-Jacques Salomon Sous le titre Une grenade ouverte, en anglais (novembre). Les Essais (Albin Michel). L’Effacement de Bruno Etienne publie son autobio- hérétiques sur la philosophie de l’avenir, de Pierre-André Taguieff graphie (L’Aube). Hors catégorie, l’histoire, de Jan Patocka – préface (Galilée), et chez le même éditeur, l’essai d’Eric Marty sur la figure de de Paul Ricœur et postface de Stratégie de la déception, de Paul Louis Althusser, philosophe, meur- Roman Jakobson – seront chez Ver- Virilio, et L’Echange impossible, de trier et au- tobiographe : Louis dier. Un grand classique enfin : Spi- Jean Baudrillard. Le même Althusser, un su- noza, le Tractatus Theologico-Poli- Jean Baudrillard jet sans pro- ticus (PUF), le philosophe bénéficie signe avec Jean cès (Galli- également de l’attention d’Alain Nouvel un essai mard) Minc (Gallimard). Jean-Toussaint intitulé : Y a-t-il Desanti continue ses conversations une vérité de avec Dominique-Antoire Grisoni, l’architecture ? avec Philosophie, un rêve de flam- (Calmann-Lévy). beur (Grasset). Encore une question, Effervescence en philosophie po- posée par notre colla- litique, avec surtout son Histoire boratrice Elisabeth Rou- dirigée par Alain Renaut – en cinq dinesco, Pourquoi la psychana- volumes chez Calmann-Lévy – qui lyse ? (Fayard). Donald Winnicott publie également Alter ego. Les pa- sera par ailleurs présent, chez Avec ce tournant du calendrier, radoxes de l’identité démocratique, Payot. la « Librairie du XXe siècle », que di- avec Sylvie Mesure (Aubier). Autre Dans les domaines de la bioé- rige Maurice Olender au Seuil, de- Histoire de la philosophie poli- thique, sont annoncés : L’Homme vra-telle changer de nom ? Pour les tique, par Leo Strauss (PUF). Aux dupliqué, de Gérard Hubert, méde- dix ans de la collection, publication éditions du Cerf, des textes de Dil- cin, avec la journaliste Caroline de plusieurs auteurs de premier they et Cassirer... L’irrationnel est Tourbe, sur le clonage (L’Archipel) plan : Henri Atlan (Les Etincelles du au centre de la réflexion du Xe Fo- – qui fait également l’objet d’un ou- hasard, volume 1 sur La Connais- rum Le Monde-Le Mans (Seuil). Documents : l’école en point de mire vrage collectif au Seuil –, sance spermatique), Jean-Pierre Jean-François Kahn se préoccupe La Controverse bioéthique, de Do- Vernant (L’Univers, les dieux, les De La Révolution (Flammarion) et n grand sujet domine la les souvenirs d’institutrice de Lu- vy), Michel Charasse pousse La minique Mehl, sociologue (Bayard), hommes), Yves Bonnefoy (Lieux et Raoul Vaneigem en appelle à une rentrée « Docu- cette Allègre (Une chambre à Grande colère d’un mal-pensant et des Essais de philosophie bioé- destins de l’image) et, très attendu Internationale du genre humain ments » : l’avenir de l’école, Bayard, novembre). (Grasset), Edouard Balladur s’at- thique, de Gilbert Hottois (Vrin). La également, Jean Starobinski (Action (Le Cherche Midi). François Dago- l’école républicaine. On Autre cible : Lionel Jospin. La po- taque à la mondialisation (L’Avenir bioéthique est l’une des entrées du et réaction). gnet, usant de la métaphore un peu neU compte pas moins de douze litique du premier ministre inspire de la différence, Plon), Christine Dictionnaire d’histoire et philoso- Quelques essais sur l’art, notam- éculée du bûcher, demande : Faut-il livres sur les défis de l’enseigne- des réflexions critiques de Gérard Boutin raconte ses combats (Les phie des sciences, dirigé par Domi- ment Les Usages sociaux de l’art, de brûler Régis Debray ? (Champ Val- ment : du Profession : instituteurs, Desportes et Laurent Mauduit (La Larmes de la République, Plon), Pa- nique Lecourt (PUF, octobre). Aux Henri-Pierre Jeudy (Circé) et, de lon). Et puis aussi : Le Nouvel Esprit de Bertrand Geay (Seuil), à L’Ecole Gauche imaginaire et le nouveau trick Devedjian s’emploie à Penser PUF également, Angèle Kremer- Gilles Cornec sur Watteau, Gilles ou du capitalisme, de Luc Boltanski et désœuvrée, de Laurent Jaffro et capitalisme, Grasset), de Maurice la droite (Plon), ainsi que Nicolas Marietti publie La Philosophie des le spectateur français (Gallimard), Eve Chiapello (Gallimard). Corné- Jean-Baptiste Rauzy (Flammarion), Szafran (La Gauche de droite, Gras- Sarkozy (Au commencement était droits de la nature (octobre). Alain La Demeure, la souche, sur le lius Castoriadis, Platon, le Politique en passant par le journal d’un prof set), d’Airy Routier (Le Bal des hy- la politique, Plon). Actualité oblige, Berthoz présente une « Anthologie sculpteur Pascal Convert, de et Figures du pensable (Le Carre- en colère, L’Instit et le Mammouth, pocrites, Grasset), et de Barbara le débat est aussi relancé sur la pari- des leçons au Collège de France de- Georges Didi-Huberman (Minuit). four du labyrinthe). La Légitimité d’Antoine Chareyre (Albin Michel), Victor (Le Matignon de Jospin, té (Comment les femmes changent puis le XIXe siècle » sous le titre : Le- Hannah Arendt est l’une des des temps modernes, grand clas- le cri de révolte de Philippe Milner Flammarion). Les autres dossiers la politique, de Philippe Bataille et çons sur le corps, le cerveau et l’es- principales figures philosophiques sique de l’Allemand Hans Blumen- (A bas les élèves, Albin Michel), le « chauds » concernent l’écologie Françoise Gaspard, La Découverte ; prit et, chez le même éditeur, de cette rentrée. Calmann Lévy pu- berg, qui date de 1966 (Gallimard). constat d’échec de Guy Morel et (La France toxique, d’André Aschie- Les Femmes et la République de Darwin est-il dangereux ? de Da- blie sa Correspondance avec Hein- Enfin, à la fin de l’année, seront pu- Daniel Tual-Loiseau (L’Horreur pé- ri à La Découverte, Ecologie, his- William Guéraiche, (Ed. de l’Ate- niel C. Dennett. Enfin, Bruno La- rich Blücher (1936-1968), son bliés plusieurs ouvrages de ou diri- dagogique, Ramsay), le plaidoyer toire d’un combat, de Noël Ma- lier) ; Tous les hommes sont égaux... tour propose Politiques de la na- époux, et réédite la biographie gé par Yves-Charles Zarka sur la de Catherine et Guy Vermeil pour mère, chez Hagège, et 60 millions même les femmes, d’Isabelle Alon- ture (La Découverte). d’Elisabeth Young-Bruehl, devenue philosophie morale et la tolérance une école plus efficace (Lièvres et de cobayes, d’Eric Brunet chez Albin so, Laffont ; De l’égalité à la parité, La religion est un sujet évidem- introuvable. Sylvie Courtine-Dema- (PUF). tortues, Flammarion), Le Scandale Michel), Le Guêpied corse (de Pascal de Marie-Thérèse Coernen, Labor), ment inépuisable : Stanislas Breton ny publie Le Souci du monde. Dia- Que se rassurent enfin les esprits de l’Education nationale de Thierry Irastorza, Fayard), la sécu (Ne cas- le Pacs (Pacs, mode d’emploi, d’Yves pose la question de L’Avenir du logue entre Hannah Arendt et quel- inquiets. Ceux que troublent les Desjardins (Fixot), L’Education mo- sez-pas la Sécu !, La Découverte). Roussel, Denoël, et Au-delà du christianisme (DDB), tandis que ques-uns de ses contemporains grandes ruptures peuvent se tran- rale, de Maurice Tubiana (Odile Ja- Tandis que Jean-Christophe Cam- Pacs, l’expertise familiale à Gérard Israël se place du point de (Vrin), Bruno-Marie Duffé, Hannah quilliser : les éditions Autrement cob), Les Coulisses d’un lycée, de badélis se penche sur La Gauche l’épreuve de l’homosexualité, PUF), vue de la pensée juive pour tenter Arendt : mémoire de l’histoire et publieront un recueil d’études sur... Philippe Masson (PUF), Mémoires plurielle (Plon) et que Bertrand De- la politique de la culture (Le Gou- de répondre à La Question chré- initiative de la politique (PUF), et Le Pot au feu. Comme il fait bon de profs, de William Reymond lanoë mène l’assaut contre Jean Ti- vernement de la culture, de Mary- tienne (Payot). L’anthropologue Al- Etienne Tassin Le Trésor perdu. chez soi ! (Flammarion), La Chute de la mai- beri (L’Honneur de Paris, chronique vonne de Saint-Pulgent, Gallimard), bert Piette, lui, dans La Religion de Hannah Arendt et l’intelligence po- P. K . son Ferry, de Martin Rey (Arlea), et d’une page à tourner, Calmann-Lé- l’intégration (Les Familles de l’inté- gration, d’Ahmed Boubeker, Stock). Côté biographies, un Alfred Sirven, l’homme qui en sait trop, de Jean- Marie Pontaut et Gilles Gaetner Histoire : cortège commémoratif et biographique (Grasset), et une Bernadette Chirac, de Bertrand Meyer-Stably (Plon). eut-on parler de « ren- une Histoire de la Finlande 1809- reurs millénaires (Apocalypse et de la biographie de Hitler, signée vre, Perrin). Peut-on y ranger la On sortira des frontières hexago- trée » en histoire ? Rien 1995, de Seppo Hentilä (Fayard) salut dans le christianisme anti- par Ian Kershaw (Flammarion) et nouvelle étude d’Elisabeth Badin- nales avec Les Belges, de Didier Pa- de très marquant d’ici qui ne risque pas le double em- que et médiéval, de Claude Ca- La Véritable Histoire d’Adolf Hi- ter, Passions intellectuelles, vy (où comment sortir de la crise octobre, sinon la confir- ploi. Les contemporains ne sont rozzi, Aubier, complété par un re- tler, de François Delpla (Grasset), tome 1, Désirs de gloire 1737-1751 morale après l’affaire Dutroux, mationP de deux tendances pas oubliés : témoin l’inattendu cueil de textes, La Fin des temps, comme le retour critique sur la (Fayard) ? On attend toutefois Grasset), Les Dilemmes moraux de lourdes, pesantes même à force Cardinal et l’hindouiste ou le Champs-Flammarion), des bilans lecture de Goldhagen : L’Alle- une étude de Pierre Levêque sur l’humanitaire (sous la direction de d’obstination : l’avalanche des mystère Daniélou (Emmanuelle comme s’il en pleuvait : Mémoire magne en procès (Norman Fin- Les Grenouilles de l’Antiquité Jonathan Moore, Gallimard), et le biographies et la folie commémo- de Boysson, Albin Michel). du christianisme (Larousse), un kelstein et Ruth Birn, Albin Mi- (Fallois), un formidable collectif récit de Fabrice Michalon, médecin rative. Le Mao Zedong, dirigé par collectif dirigé par René Rémond chel) ou « la bombe Cornwell » : dirigé par Jean-Louis Flandrin et du monde pris en Otage à Kinshasa Le Panthéon classique est par- François Joyaux (Cahiers de (Les Grandes inventions du chris- sortie mondiale du Pape et Hi- Jane Cobbi, Tables d’hier, tables (Michalon). Outre l’ouvrage de Re- ticulièrement fréquenté cet au- l’Herne-Fayard), est à la croisée tianisme, Bayard/Centurion), La tler : la vie secrète de Pie XII (Al- d’ailleurs (Odile Jacob) ou le mi Kauffer sur La Nouvelle guerre tomne : de Louis XI (Jacques des genres : pour les cinquante France d’un siècle à l’autre 1914- bin Michel), alors que s’achève la nouveau Claude Lecouteux, Les de désinformation (Grasset), les Heers, Perrin) à Churchill (Fran- ans de l’avènement du commu- 2000. Dictionnaire critique, coif- procédure de béatification du Vampires, autopsie d’un mythe Mémoires secrets de Pierre Marion çois Bédarida, Fayard), de Char- nisme en Chine, il est complété fé par Jean-Pierre Rioux et Jean- pontife controversé. (Imago). Mention spéciale pour (Flammarion), et l’enquête de Ro- lemagne (Jean Favier, Fayard) à par un Mao prend le pouvoir (Ro- François Sirinelli (Hachette Litté- A l’heure des retours sur le l’histoire du Père-Lachaise par ger Faligot et Pascal Krop sur la DST, Mussolini (Pierre Milza, Fayard), land Lew, Complexe) et la compi- ratures) – du même, avec Daniel XXe siècle, on pourra aussi em- Danièle Tartakowski, Nous irons police secrète (Flammarion), on at- d’Alexandre le Grand (François lation du Monde, 1949 Mao pré- Couty, Colin ressort en deux vo- boîter le pas d’un précieux Passa- chanter sur vos tombes (Aubier) tendra enfin la projection de Sèvre, Lina Levi) à Charles Quint sident (Seuil), mais surtout par lumes le Dictionnaire de l’His- ger du siècle (François Fëjto, Ha- et à La Bénédiction de Promé- Jacques Attali sur Une nouvelle uto- (Pierre Chaunu et Michèle Esca- une offensive éditoriale sur la toire de France, qu’on aura profit chette Littératures) ou réfléchir thée, essai sur religion et techno- pie (Fayard) : après la liberté, utopie milla, Fayard), ou Joséphine de question tibétaine : La Re- à croiser avec L’Histoire de avec Pierre Béhar aux crises suc- logie de Michel Lagrée (Fayard). du XIXs siècle, et l’égalité, utopie du Beauharnais (Françoise Wage- conquête du Tibet, de Tsetin Nor- France par la caricature, d’Annie cessives des pays des anciens em- On pourra aussi se plonger dans XXs siècle, la fraternité sera-t-elle ner, Flammarion). bu (éd. Indigène), Souvenirs re- Duprat (Larousse). Plus large vue pires centraux (Vestiges d’em- l’étude d’Annick Foucrier sur les l’utopie du XXIs siècle ? Avec toutefois son lot de vraies belles d’un moine au Tibet, de encore avec Eric Hobsbawn, pires, éd. Desjonquières). On ne migrants français dans le Paci- J.-L. D. surprises ou de curiosités pi- Tenzin Konchap (Plon) ou le récit L’Age des extrêmes : histoire du quittera pas le monde contempo- fique du XVIIIe au XXe siècle (Le quantes : un Homère de Pierre de l’aventure, de Li Lisan et XXe siècle (Complexe), ce qui rain sans signaler l’ouvrage de Rêve californien, Belin) ou celle Carlier (Fayard), un Robert le Djang Bo, rescapés du goulag et nous ramène à la lancinante Patrick Cabanel, Les Protestants, d’Harald Weinrich, Léthée. Art et Pieux de Laurent Theis (Perrin), du Laogaï (A l’ombre de l’Empire confrontation entre Nazisme et la République et la gauche 1870- critique de l’oubli (Fayard). Quel- un Rouget de Lisle, de Boisso- rouge, de Pierre Lescot, Belfond). Stalinisme : historiographies pa- 1990 (Complexe). ques jalons qui permettront d’at- nade et Laroque (France Empire), Plus encore qu’un anniversaire, rallèles, de Philippe Burin et Peu de place donc pour les tendre le monumental Diction- voire une Claire de Rimini, de c’est la fin du siècle et du millé- Henry Rousso (Complexe), plus vraies surprises hormis deux réé- naire du Moyen Age, dirigé par Jacques Dalarun (Payot), ou Gus- naire, voire les deux mille ans de prometteur que le Rouge brun, ditions des pères des Annales Jacques Le Goff et Jean-Claude tave Mauritz Armfelt, fondateur l’ère chrétienne qui s’imposent de Thierry Wolton (Lattès). Le (Les Caractères originaux de Schmitt, annoncé chez Fayard de la Finlande, de Stig Ramel (éd. aux éditeurs. Outre une excel- détour par l’Allemagne nazie l’histoire rurale, de Marc Bloch, pour la fin octobre. Esprit ouvert) – à compléter par lente initiative autour des ter- s’impose avec le premier volume Colin, et Le Rhin, de Lucien Feb- Philippe-Jean Catinchi LeMonde Job: WIV3499--0008-0 WAS LIV3499-8 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 19:49 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0060 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 la chronique

de Roger-Pol Droit b

une façon de retrousser ses LA REFONDATION L’époque s’applique manches qui force l’estime. L’in- Redevenons sérieux... tention de départ est à la fois dé- DU MONDE de Jean-Claude Guillebaud. à rester frivole. mesurée et pertinente. Il s’agit en Seuil, 370 p., 140 F (21,34 ¤). effet de tenter de penser, de la ma- Les périls s’accumulent. nière la plus large possible, les ten- dances de notre temps et les ac- L fut un temps où l’intelli- Les mutations tions à envisager. Sans s’effrayer gence se voulait généreuse. des railleries des experts. Sans se « Liberté » rimait régulière- s’intensifient. décourager face à l’immensité des I problèmes. En voulant revenir aux ment avec « égalité », « intel- lectuel » avec « universel ». C’était Mais les penseurs questions de fond. En redevenant sans doute il n’y a pas longtemps. sérieux. En se voulant fidèle à l’in- On a bien perdu de vue ce passé regardent ailleurs. tention de cette belle phrase de encore proche. Posture de base, Georges Bataille : « J’aimerais ai- aujourd’hui : être revenu de tout. Est-ce bien vrai ? der mes semblables à se faire l’idée Ne pas s’en laisser compter par les d’un mouvement ouvert de la ré- questions de principe – elles ment d’être publiés dans les jours flexion. » cachent des intérêts ou des illu- à venir. Toutefois, on ne saurait Une fois soulignées ces diverses sions. Eviter les espérances, les nier qu’il y ait du vrai dans ce qualités – s’y ajoute une écriture vertus et même toute conviction constat : nous changeons de vive et drue –, il faudrait dresser la de plus d’un quart d’heure. Préfé- monde, les risques se multiplient liste des désaccords massifs entre rer les ricanements, l’esquive, la et pourtant les efforts pour l’auteur et un lecteur du genre désinvolture. Ne pas s’avouer cy- comprendre ce qui nous arrive et nietzschéen de base. Il n’est pas nique, sauf pour épater un soir, ce que nous devons faire sont sans sûr, dira ce dernier, que le constat dans nos campagnes, le peu qui commune mesure avec ce qui se d’ensemble doive être si sombre. reste de bourgeois. Avoir encore le passe. Que notre monde soit risqué est culot de faire la morale, changer Mais que se passe-t-il au juste ? aussi une chance. Se débarrasser en même temps d’avis comme de Les dépêches du jour ? L’actualité des « arrière-mondes » suppose de chemise. Oublier sans cesse l’ins- de la semaine ? Insuffisant, évi- traverser des phases d’angoisse tant précédent. Insister sur le fait demment. Sous la poussière des avant que la joie terrestre soit pos- que l’heure est grave et professer événements, on cherchera plutôt à sible. Finalement, c’est une fois de que tout est relatif. Apprendre à savoir comment change ce qu’on plus à propos du christianisme que être simultanément sentencieux et nomme « le monde ». Pas divergeront les jugements. Le néo- superficiel, tranchant et amné- commode, d’ailleurs, de préciser ce paganisme nazi ne suffit pas à dis- sique. Combiner des compétences que le terme, ici, désigne exacte- qualifier Nietzsche. Se vouloir an- microscopiques – savoirs d’ex- ment. Ce n’est pas la simple réalité tichrétien ne conduit pas nécessai- perts, spécialisations fines – avec physique, ni l’environnement pla- sant les humains « affolés de mas- nos conceptions du temps, de processus d’une telle refondation. rement à être antisémite. De une ignorance encyclopédique des nétaire. Pas non plus le surgisse- sacres et abasourdis d’inventions », l’égalité, de la liberté, de la raison, S’il ne s’agit pas purement et sim- même, tourner son regard vers réalités mondiales. ment de la présence pour la comme dit Jürgen Habermas. Es- de la justice. plement d’une restauration, d’un l’Orient ne revient pas à faire du Tel est en bref le diagnostic de conscience humaine. « Le pérances transformées en char- Donc, tout est à refaire. Ce que retour aux sources judéo-chré- même coup le jeu des barbares. Jean-Claude Guillebaud sur notre monde », en l’occurrence, c’est niers. Hommes nouveaux devenus souhaite La Refondation du monde, tiennes dans leur état originaire, Bref, il se pourrait bien que la réa- temps, cette « modernité canca- l’ancrage éthico-politique de la bourreaux à l’ancienne mode. A une phrase le résume clairement : mais bien d’une réélaboration qui lité historique, et donc aussi l’ave- nière et finaude ». Nos beaux es- réalité sociale, un socle de concep- force de voir les rêves trahis et les « L’espérance retrouvée plutôt que tienne compte des méfaits de l’his- nir, soient autrement compliqués. prits ne répondraient aux muta- tions fondatrices et de convictions élans brisés, une commune mé- la déréliction ou la dérision ; l’égali- toire, alors tout reste à construire. Récapitulons malgré tout. Un tions en cours que par une premières. Ce monde détermine fiance s’est installée envers toute té défendue contre la domination du Et cet essai, intéressant et provo- changement de civilisation est-il déconcertante juxtaposition de fri- les relations des humains entre eux certitude. Trompeur tout enthou- plus fort ; la politique réhabilitée cateur, risque sur ce point de lais- en cours ? Oui. Peut-on le volité irresponsable et d’attention – civilisation ou barbarie – aussi siasme, dangereuse toute face aux "fatalités" du marché ; la ser le lecteur sur sa faim. Il sou- comprendre ? Dans une large me- sans pertinence. On peut douter bien que les relations des humains confiance, risible tout salut. Le raison critique – et modeste – mille ligne combien repenser notre sure. Qui essaie ? Trop peu de pen- que le tableau soit si noir. Sans à la nature. Pour Jean-Claude Guil- marché, désormais, et lui seul. Au fois préférée au scientisme commi- monde jusqu’aux racines est une seurs. Des amateurs courageux doute conviendrait-il de le nuan- lebaud, voilà ce qui est en péril : les risque de voir naître, de ce libéra- natoire ; la solidarité et les convic- tâche nécessaire et urgente, mais il ont-ils raison de s’y mettre ? Évi- cer, de remarquer que des pen- notions et valeurs sur lesquelles lisme sans garde-fou ni contrepar- tions communes opposées à l’indivi- se borne à ce constat, sans enta- demment. Tenter de comprendre seurs d’envergure ont tenté sans repose, depuis ses débuts, notre ci- tie, un nouveau totalitarisme, dualisme vindicatif ; la justice mer effectivement cette refonda- les mutations en cours conduit-il à démériter de s’attaquer à l’analyse vilisation. Ce n’est donc pas une d’autant plus retors qu’il est sans substituée à la vengeance sacrifi- tion elle-même. la volonté de refonder les grandes de notre époque. A commencer parcelle du monde qui est mena- dogme dur. Jean-Claude Guille- cielle. » Présentée cette forme, il Ce qui emporte l’adhésion, dans conceptions sur lesquelles notre par Cornelius Castoriadis, ou par cée. Ce sont les axes et les piliers baud soutient que cette évolution est douteux que cette préférence la démarche de ce livre, c’est fina- monde repose ? C’est une éven- Manuel Castells, pour ne mention- qui sont exposés au délitement. corrode les assises de notre civili- d’ensemble soit récusée... Mais il lement une forme de vertu. Tant tualité. Refonder le monde, est-ce ner que deux auteurs, fort dissem- Les causes ? Multiples et enche- sation. Il examine successivement manque les indications qu’on pis pour ceux qui en riraient. Il y a le rechristianiser ? Ce n’est pas blables, ayant en commun seule- vêtrées. Le siècle s’achève en lais- de quelle manière sont affectées pourrait attendre concernant le là un courage de la sincérité. Et évident.

bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb Infortunes romaines Citoyens de la mondialisation Contre la paix Une visite érudite dans la Rome antique Jean-Marie Guéhenno cherche une voie conduite par l’humaniste florentin Le Pogge entre les communautés de choix et celles de mémoire intérieure

tion exacte des ruines, et esquisse taines de ses fonctions réga- rera-t-on qu’elles n’abuseront LES RUINES DE ROME bien des rapprochements erronés, L’AVENIR DE LA LIBERTÉ. liennes sont écornées et il n’est pas de leur indépendance ? DE L’INTRANQUILLITÉ (De varietate Fortunae, liber I) comme le montrent les notes précises LA DÉMOCRATIE DANS plus le « médiateur obligé entre Comment inventer un citoyen DE L’ÂME de Poggio Bracciolini et savantes des éditeurs. Mais cela LA MONDIALISATION l’intérêt général et les dominations de la mondialisation ? Jean-Marie de Catherine Chalier. dit Le Pogge. n’enlève rien à l’intérêt d’un texte de Jean-Marie Guéhenno. particulières, mais une addition Guéhenno part d’une comparai- Payot, 140 p., 85 F (12,95 ¤). Traduit par Jean-Yves Boriaud, dont une excellente traduction rend Flammarion, 222 p, d’agences spécialisées gérant des son très féconde entre la société introduction et notes toute l’élégance. 99 F (15,09 ¤). intérêts publics ». américaine et les sociétés euro- ette méditation sur la de Philippe Coarelli Sans doute ne serait-il pas sans in- Où sont les nouveaux terri- péennes. Selon lui, il n’y a pas de paix prolonge la réflexion et Jean-Yves Boriaud, térêt de visiter Rome aujourd’hui n livre d’une exception- toires de la politique ? Selon différence entre l’equal opportu- de Catherine Chalier, nelle densité. Il exige C Les Belles Lettres, avec « Le Pogge » dans une main, et notre auteur, le triomphe du mar- nity du rêve américain et la devise exégète d’Emmanuel Le- « Les Classiques de l’Humanisme », le « Coarelli » de l’autre (1), ne serait- U beaucoup du lecteur ché ne fait pas disparaître le de la République française, mais vinas et philosophe, dont l’œuvre 96 p., 115 F (17,53 ¤). ce que pour mesurer la qualité des mais la récompense est champ de la politique, il le dé- l’opposition porte sur la nature importante est consacrée aux ques- observations du premier et les pro- au fil de l’analyse. La technique ploie. L’opposition entre sphère du contrat social. L’Amérique est tions de l’altérité, du féminin, ou ue pouvait inspirer à un grès de l’archéologie romaine enre- est celle du balancement itératif publique et sphère privée se une construction de l’imagina- encore du mal, à partir de la phé- homme de la Renaissance gistrés par l’autre. Le lecteur sera des arguments, hors de tout car- brouille. Dans la grande entre- tion, la nation un acte de volonté noménologie et de la pensée juive. les vestiges abandonnés étonné par le modernisme des appré- can idéologique. On vit, si l’on prise, la bonne gestion consiste à toujours à répéter. C’est une Face au péril de la haine, il peut y Q veut, dans le monde du « oui de la Rome antique ? ciations du Pogge, son sens du s’organiser pour réduire au mini- communauté de choix. Les na- avoir la tentation du repli sur soi, Pour le Florentin concret, son goût pour la topogra- mais », slogan de la complexité. mum le nombre des décisions qui tions européennes, bâties sur un du souci de soi, accompagnée du Le Pogge (1380-1459), amené à Rome phie, l’acuité de son raisonnement Jean-Marie Guéhenno trouve sont du ressort de la direction gé- large terreau historique, sur un désir de préserver sa part de vie par ses activités au service des papes, même lorsqu’il fait fausse route. féconde la distinction de Benja- nérale. Son rôle ne reste détermi- puissant héritage, sont des face au sentiment d’impuissance. comment ne pas réfléchir d’abord sur Homme de terrain, travaillant à la min Constant entre la liberté des nant que dans trois fonctions es- communautés de mémoire. La Catherine Chalier fustige les philo- le sens de l’Histoire, et « le moteur qui manière d’un archéologue pratiquant anciens et celle des modernes. La sentielles : la mise en place des France « a du mal à concevoir sophies du retrait, qui cherchent à l’anime, cette insaisissable Fortune », l’exploration de surface à défaut de première exige la participation procédures qui conditionnent le qu’une démocratie puisse survivre « épargner à l’homme l’épreuve de qui a accompagné la grandeur de pouvoir se livrer à des fouilles, des citoyens à la vie de la cité ; bon fonctionnement du réseau et si elle n’entretient une petite la souffrance et des larmes », et qui Rome et précipité sa ruine comme Le Pogge enrage et exulte à la fois, elle est une valeur. La seconde est la circulation de l’information, flamme aristocratique » :le«mé- prônent la sérénité comme paix dé- elle a favorisé jadis Alexandre ou Cé- conscient de ce que son œuvre pré- surtout une technique visant à l’allocation des ressources en ca- rite républicain » consacré par livrée du poids négatif des pas- sar, et naguère Tamerlan. Pour cet serve pour l’éternité le souvenir de protéger les individus et leurs in- pital entre les différentes unités, l’importance donnée aux sions. Or, comme le dit Emmanuel humaniste imprégné d’Aristote et de monuments à jamais disparus après térêts contre les abus du pouvoir. la consolidation du sentiment concours dans la sélection des Levinas, « il n’y a pas d’apaisement Thomas d’Aquin, découvreur de plu- lui. Epigraphiste d’instinct, il Quel sera l’avenir de la liberté d’appartenance à une commu- élites. En Europe, beaucoup plus dans la solitude. » C’est donc une sieurs discours majeurs de Cicéron, comprend l’intérêt des inscriptions dans l’ère de la mondialisation ? nauté entrepreneuriale. qu’aux Etats-Unis, le mot « par- fausse paix que la paix intérieure de l’œuvre de Quintilien, des Aque- pour identifier et dater. Il crée l’his- Pour notre auteur, « le libéra- Longtemps, l’Etat, comme l’en- venu » reste péjoratif. De même, qui désire sauver sa propre tran- ducs de Frontin et des Siluae de Stace, toire au sens moderne, science expé- lisme économique reste incontour- treprise taylorienne, a fondé sa l’idée que la culture doit échap- quillité au prix d’une désertion du entre autres merveilles, la contempla- rimentale plus que philosophie mo- nable tant qu’il ne se transforme légitimité sur le savoir (« Savoir, per à la logique du marché, qu’il monde et donc, d’une certaine fa- tion des ruines, au-delà de la réflexion rale, sans cesse critique par rapport à pas en métaphysique et sa force est c’est pouvoir », écrivait Bacon), la faille distinguer entre culture po- çon, d’une justification du mal qui philosophique et morale, fournit l’oc- ses devanciers. Il représente de ce dans sa modestie ». Dans la fausse société étant conçue sur le mo- pulaire et Culture, est étrangère à y règne. casion de confronter connaissance point de vue un renouveau méthodo- communauté-monde du marché, dèle de l’être humain, un grand la plupart des Américains. La véritable paix est celle qui se des textes, topographie des ruines et, logique majeur, dont nous avons les optimistes croient avoir dé- corps étant incarné dans la multi- Pour Jean-Marie Guéhenno, pose comme supérieure à la vérité, plus inattendu, lecture des innom- peine, avec le recul du temps, à re- couvert une idée-force, celle de la tude du peuple dont les diri- c’est par l’Europe qu’on devra au nom même, comme le montre la brables inscriptions que portent les connaître la nouveauté mais qui mé- concurrence, « forme contempo- geants sont la tête. Le tyran finit conjuguer « les patriotismes natio- tradition juive, de l’obligation de monuments antiques de Rome. rite d’être salué. Cette première édi- raine de la foi dans le progrès ». par détenir seul les clés de la ma- naux, fondés sur la mémoire histo- rompre avec toute pratique ido- Cela nous vaut, dans toute la pre- tion française d’un texte passionnant, Or le darwinisme social ne peut chine sociale. Les démocraties rique, avec un patriotisme institu- lâtre. La paix intérieure qui reven- mière partie de son ouvrage, une des- accompagné d’une très copieuse in- pas être le principe d’une société européennes se fondent sur la tionnel volontaire, fondé sur le dique soi comme Dieu n’est-elle cription précise de Rome, avec l’indi- troduction et de nombreuses notes démocratique. On aboutirait à raison, supposée répartie égale- choix... de lier des destins sépa- pas aussi une pratique idolâtre ? Au cation de plusieurs dizaines explicatives, rend ainsi justice à un une fourmilière, le prix de la ment entre tous les citoyens et rés ». Pour réussir, il faudra in- contraire, la paix en tant que telle d’inscriptions latines. Le Pogge se la- humaniste de la première heure dont compétition ayant assigné à cha- sur l’élection. L’organisation de venter un modèle original, facili- est relation avec l’autre. C’est ce mente, comme souvent l’homme il serait injuste de réduire l’apport à cun sa « juste » place, jouant le ces deux fondements de la légiti- té, au reste, par l’histoire de la que signifie le symbole de Jérusa- cultivé en tout lieu et en tout temps, ses traités moraux, dont le délicieux même rôle que le tri génétique mité n’est pas simple car l’évolu- Communauté européenne, plutôt lem, ou l’idée d’une ville de la paix. du mépris de ses contemporains pour « Un vieux doit-il se marier ? » (2), ou à pour les fourmis. tion actuelle rend plus visible que de penser à une construction Ainsi la paix ne sera-t-elle pas une ces vestiges glorieux, qu’ils utilisent ses lestes Facéties (3). L’Etat contemporain a déjà ac- l’inégalité devant la connais- fédérale classique. C’est en ce paix pour soi seul. La Jérusalem cé- sans vergogne comme carrières pour Maurice Sartre cepté, lui, d’être plus modeste. sance. De même, le savoir se sens qu’une certaine idée de la li- leste ne va pas sans la Jérusalem alimenter les fours à chaux, jetant Où se situe la limite de son ser- multiplie à une telle vitesse que berté, à l’âge de la mondialisa- terrestre, c’est-à-dire sans le fait de avec les blocs sculptés ou gravés des (1) Guide archéologique de Rome, Ha- vice minimum ? Il doit assumer la la puissance publique se dissout tion, se jouera nostalgiquement vivre ensemble dans la même en- pans entiers de leur propre passé aux chette, 1994. nature politique des choix qu’il a dans une multitude d’institutions en Europe et sans que l’on op- ceinte. C’est peut-être pourquoi il y poubelles de l’Histoire. Le Pogge se (2) Les Belles Lettres, 1998. faits mais dans le détail il est très spécialisées de plus en plus auto- pose république et démocratie. a des murailles à Jérusalem. trompe plusieurs fois sur l’identifica- (3) Anatolia, 1994. difficile de se prononcer. Cer- nomes. De quelle manière s’assu- Pierre Drouin Eliette Abécassis LeMonde Job: WIV3499--0009-0 WAS LIV3499-9 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 20:00 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0061 Lcp: 700 CMYK

essais LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 / IX b Les alliés des esprits Cet animal qui parle Des Gnawa du Maroc aux chamanes sibériens en passant par les prêtresses du vaudou haïtien, Hostile au gradualisme de Darwin, Ian Tattersall l’anthropologue Bertrand Hell offre une analyse captivante des cultes de possession restitue dans sa discontinuité l’émergence de l’homme

paléontologiques et archéolo- POSSESSION L’ÉMERGENCE DE L’HOMME giques nourrissent une argumen- ET CHAMANISME Essai sur l’évolution tation dont l’objet est d’établir que Les maîtres du désordre et l’unicité humaine les hommes, dont l’apparition est de Bertrand Hell. (Becoming Human) fort tardive, possèdent des carac- Flammarion, 392 p., 129 F de Ian Tattersall. téristiques uniques en leur genre. (19,66 ¤). Traduit de l’anglais par Marcel Les êtres humains sont issus Blanc, Gallimard, « Essais », d’un long processus évolutif et e commerce des hommes et 282 p., 130 F (19,81 ¤). possèdent des capacités cognitives des esprits n’est pas une inédites. Les grands singes sont L vieillerie, une forme dépas- ans la grotte de Font- « bien loin du langage tel que le sée du sacré, une curiosité de-Gaume, en Dor- connaissent les êtres humains », et pour spécialistes des religions D dogne, une peinture les hominidés qui précèdent Homo archaïques et moribondes. De mul- polychrome vieille sapiens, comme les néandertaliens, tiples exemples, cités par l’anthro- d’environ 14 000 ans représente ne laissent aucune trace probante pologue Bertrand Hell, témoignent, une femelle de renne agenouillée « de cette étincelle de créativité, de sur tous les continents, de la vitalité devant un mâle. Penché vers cette capacité d’innovation qui est des cultes de possession, de leur l’avant, il lui lèche délicatement le la marque si évidente de notre force d’attraction et de leur éton- front. Magnifiquement observée, propre espèce ». Pour l’auteur, il est nante capacité d’évolution, au fil cette scène, reproduite dans la clair qu’« avec l’émergence d’Ho- des changements du monde et des magistrale étude de Ian Tattersall, mo sapiens et de ses comporte- tourments humains. Des esprits se directeur du département d’an- ments modernes, une espèce sans modifient, tel Papa Legba qui, dans thropologie à l’American Museum précédent apparaît, au sujet de la- le vaudou haïtien, contrôle l’accès à of Natural History de New York, quelle, pour la première fois depuis

l’au-delà et peut prendre, tour à JEAN-LUC MANAUD/ICONE ne présente aucun indice de vio- l’adoption de la bipédie, voire de- tour, les traits d’un diable boiteux et Cérémonie Gnawa au Maroc lence. Elle infirme ainsi la thèse puis la fabrication des outils de ceux, christianisés, d’un austère d’un art pariétal associé à des rites pierre, on ne peut soutenir qu’elle saint Pierre. Des figures nouvelles trand Hell les a d’abord longuement leur maisonnée. Leur souffrance, thropomorphisée, peuplée d’esprits magiques de chasse tout en attes- fait simplement un peu mieux et dif- surgissent : un des cas les plus étudiés au Maroc, particulièrement leur infortune doivent avoir une versatiles, imprévisibles et ombra- tant que l’activité symbolique était féremment ce qu’avaient fait ses connus est celui des hauka, ces enti- dans la confrérie des Gnawa. Le ri- cause, une raison et, dès lors, une geux, bons ou mauvais selon les cas, une composante importante de la prédécesseurs ». tés violentes et grotesques, asso- tuel de ces derniers étant considéré solution qu’ils demandent à l’offi- tantôt protecteurs et tantôt destruc- vie de ces premiers Européens, les Ian Tattersall reconduit une dé- ciées aux Blancs, apparues en dans le pays « comme le plus abouti, ciant de découvrir, au cours d’im- teurs, capables du pire et du meil- hommes de Cro-Magnon. Ces finition traditionnelle de l’homme, Afrique de l’Ouest dans les an- le plus dangereux en raison de la vio- pressionnantes séances de transe. leur. En dépit de leur diversité, les hommes, assure l’auteur, ne se dis- cet animal capable de parler. Cette nées 30, face au désarroi de la colo- lence des génies invoqués et partant Bertrand Hell, qui restitue avec la rites de possession se déroulent tinguent pas physiquement de conception présente pourtant la nisation. Parfois, dans des contextes comme le plus efficace », leur au- vivacité d’un habile conteur les ob- toujours selon un « scénario-type » nous. Ils appartiennent à notre es- singularité de se fonder sur de mi- dramatiques, des cultes entiers se dience est importante. Le déroule- servations de son terrain marocain, strictement codifié : une première pèce. Leurs capacités cognitives nutieuses et passionnantes ana- développent au sein de populations ment d’une lila (une nuit de posses- les compare également à de nom- séquence de violence, d’ensauvage- sont les nôtres, et nous sommes lyses scientifiques. Hostile au gra- qui les ignoraient jusque-là, comme sion) dans une grande ville attire breuses autres donnés ethnogra- ment et de danger, suivie d’une re- encore en train d’explorer leurs dualisme darwinien, convaincu, chez les Masaï du Kenya, éleveurs toujours une foule nombreuse qui phiques. Passant des Gnawa aux prise progressive du contrôle. Enfin, potentialités. comme Stephen Jay Gould, que ruinés par la peste bovine. Ailleurs, se presse pour assister aux étapes maîtres-initiés de la santeria dans toutes les contrées, l’allié des Nous partageons avec certains l’évolution procède par à-coups, malgré des autorités hostiles, des successives de l’extase mystique cubaine, des prêtresses du vaudou esprits, Chamane ou possédé, est animaux des comportements, des l’auteur réfère l’émergence de croyances se revivifient. Ainsi, en Si- parcourues par les initiés. Et les haïtien aux chamanes sibériens, il « un être de la marge » associé à la dispositions et des structures phy- l’homme, qualitativement dif- bérie, les chamanes toungouses, ou- clients qui font appel au pouvoir propose une analyse anthropolo- transgression, un intermédiaire aus- siques. Quelles sont, cependant, férent de ses ancêtres, au seul suc- verts et éclectiques, ont-ils accueillis des Gnawa sont aussi nombreux gique générale de ces phénomènes si inquiétant que nécessaire. Grâce les particularités propres à cès reproducteur différentiel des des esprits fort divers : ceux des eth- que divers. Il y a parmi eux des mu- en rupture avec quelques théories à lui, l’homme n’est plus une vic- l’homme ? Ian Tattersall mène individus au sein des populations, nies voisines mais aussi ceux de Lé- sulmans orthodoxes, des résidents établies. Celle du structuralisme no- time ballottée par des forces aléa- l’enquête en comparant l’Homo sa- c’est-à-dire à la sélection naturelle. nine, des Communards français et marocains en France ou des bour- tamment, qui oppose résolument le toires. Dans un monde imparfait où piens à ses plus proches parents. La « théorie incontestée de l’évolu- de saint Nicolas. Et aujourd’hui, au geois occidentalisés, en somme des chamanisme (voyage et projection accidents, maladies, pauvreté et Les uns sont des organismes vi- tion » n’est aucunement abandon- Laos, malgré une longue période de personnes que leurs convictions ou dans le monde des esprits) et la pos- autres calamités s’abattent, le dé- vants, les grands singes, auxquels née ; elle rend compte de l’émer- répression, les rituels prolifèrent et leur mode de vie ne prédisposaient session (incorporation d’un esprit sordre est expliqué, intégré et appri- nous sommes étroitement appa- gence d’une humanité les esprits prospèrent, en s’adaptant pas à venir là. Du moins, jusqu’à ce en soi). Selon lui, ces distinctions voisé par des offrandes et des mani- rentés. Les autres sont nos an- suffisamment distincte des autres aux préoccupations de la popula- qu’ils soient confrontés à une mala- formelles importent moins que les pulations symboliques. Une cêtres aujourd’hui disparus, cette espèces pour être compatible avec tion concernant le crédit, l’emploi et die que la médecine s’est révélée traits communs. On retrouve par- manière, active et inventive, d’af- dizaine d’espèces humaines et pré- l’anthropologie chrétienne. Le fait la réussite des affaires. impuissante à soigner, ou à un mal- tout la vision d’un « contre- fronter l’adversité. humaines ayant existé dans la pré- ne manquera pas d’être relevé. Ces « cultes vécus et vivants », Ber- heur soudain et inexpliqué dans monde », d’une « surnature » an- Nicole Lapierre histoire. La zoologie et les archives Jean-Paul Thomas

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livraisons

Regard Mise en cène Fabre, poète b DIFFICILE JUSTICE. Dans la trace d’Emmanuel Levinas, textes réunis par Jean Halpérin et Nelly Hansson Le 36e colloque des intellectuels juifs de langue française rendait Une brillante étude de Enrico Mazza hommage à Emmanuel Levinas qui, de 1957 à 1991, participa ac- sur les rites et pédagogue tivement à ces colloques avec ses célèbres et magnifiques « Lec- sur la célébration eucharistique tures talmudiques ». Deux d’entre elles figurent dans Difficile li- berté qui a fourni le modèle pour le thème de ce recueil articulé le dire simplement, la possibilité autour de la notion de justice. Les autres furent rassemblées en L’HOMME RITUEL L’ACTION EUCHARISTIQUE offerte à ceux qui partagent le sa- JEAN-HENRI FABRE. volumes aux éditions de Minuit. Les exposés d’Elie Wiesel, Alain Anthropologie du rituel Origine, développement, crement, de participer, par-delà les MAISONS, CHEMIN FAISANT Finkielkraut ou Daniel Epstein permettent de saisir les leçons catholique français interprétation siècles, à la dernière cène elle- de Dominique Autier d’humanisme du philosophe. On lira aussi avec intérêt un texte de Maurice Gruau. d’Enrico Mazza. même. Autre conviction, qui et Sylvie Astorg. peu connu de Maurice Blanchot, écrit en 1985 (Albin Michel, Ed. Métailié, 240 p., 125 F (19,06 ¤). Traduit de l’italien concerne le contenu même de la Ed. Christian Pirot, 204 p., 95 F [14,48 ¤]). S. Az par Jacques Mignon, dernière cène : il est anticipation 160 p., 110 F (16,77 ¤). ’anthropologue qui étudie Ed. du Cerf, « Liturgie », 382 p., de la croix, de la mort de Jésus vé- b BEYROUTH AU CŒUR, de Nadia Khouri-Dagher les rites d’une religion est 290 F (44,21 ¤). cue comme un don de lui-même. ean-Henri Fabre, auteur des Sous ce titre un peu mièvre, l’auteur déjà rodée par des ouvrages généralement placé dans « La pratique liturgique du christia- Souvenirs entomologiques et sur la réalité actuelle du Mali et de la Tunisie nous offre cette fois, L nisme dit que l’eucharistie est signe sous la forme animée d’un récit de voyage, la relation de ses une position d’extériorité. epuis près de deux « aventurier du savoir » fut de la croix. (...) Ainsi l’eucharistie de J retrouvailles avec le Liban d’après-guerre. Ce texte, nourri aussi de Cela le rend libre, du moins au titre mille ans, dans l’Oc- aussi un écrivain inclassable. des impératifs supposés de la cident et une bonne l’Eglise, en tant que repas, doit être Dominique Autier, coauteur de réminiscences du temps où le pays du Cèdre était la « Suisse de D décrite comme figure, forme, res- l’Orient », vaut surtout par le tableau personnel, aigu, qu’il dresse science. Maurice Gruau, lui, a choisi partie de l’Orient, la cé- l’ouvrage, avait déjà consacré une de se pencher sur un objet qui lui est lébration eucharistique aura ryth- semblance, imitation (ou « sacre- étude à Roger Caillois, autre obser- de la situation libanaise présente avec ses « nouvelles géographies intérieur. Prêtre catholique depuis mé la vie des hommes et des ment ») de la croix, à cause de la vateur de la fabrique du monde humaines » (L’Harmattan, 200 p., 120 F [18,29 ¤]). J.-P. P.-H. quarante ans – il est curé de cam- femmes : organisant le dimanche correspondance rituelle et ontolo- chez qui l’écriture le disputait au sa- pagne dans l’Yonne –, il enseigne en pour les « pratiquants réguliers », gique avec la dernière cène. » Un voir. Ce livre « poursuit le grand b LES AMIRAS, SEIGNEURS DE L’ARMÉNIE OTTOMANE, même temps l’anthropologie reli- scandant au moins quelques chapitre synchronique, qui étudie homme en ce que furent ses de- de Pascal Carmont gieuse à Paris-VII. « Etudier l’homme grands rites « de passage », de la les rituels contemporains de l’eu- meures ». On part de l’oustal de l’en- L’auteur a centré sa recherche sur un aspect important et mé- rituel, c’est accepter de se dépouiller profession de foi aux funérailles, charistie dans l’Eglise latine, fance, cœur de ce territoire restreint connu de l’histoire des Arméniens : les seigneurs de ce peuple qui, d’un regard unique, fût-il à prétention pour bon nombre d’autres. C’est confirme cette hypothèse figura- du Midi où Fabre aura mené son mandatés par les Ottomans, furent durant un siècle et demi, avant scientifique », écrit-il. Son apparte- dire que le présent ouvrage n’in- tive. existence. On retrouve Fabre dans le génocide de 1915, les vrais maîtres de la plus ancienne nation nance – dont cet ouvrage n’est nulle- téressera pas seulement les fidèles L’ouvrage est utilement complé- une salle de classe où il éprouve les chrétienne du monde. Ces amiras (d’émir, prince en arabe) furent ment la mise en question oblique –, chrétiens, mais tous ceux qui, par té par un appendice reprenant les conséquences d’une origine mo- également de grands bâtisseurs et des fabricants d’armes et de au lieu de limiter son regard, donne curiosité historique ou sociolo- prières juives du repas et les textes deste : « Méfions-nous des fêtes du monnaie pour le compte du sultan-calife (préface de Bernard Do- à celui-ci une singulière pénétration. gique, se demandent d’où eucharistiques archaïques, de savoir, nous les pauvres ! » Au long rin, éd. Salvator, 103, rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris, D’autant que, dans la lignée revendi- viennent les rites de la messe et ce même qu’une bibliographie ex- de cet itinéraire, Fabre rencontre 190p., 110F [16,76¤]). J.-P. P-H quée de Michel de Certeau, il puise qu’ils entendent signifier. Ajou- haustive sur le sujet. C’est la pre- Pasteur, puis Victor Duruy, auprès aussi bien dans Freud et Lacan que tons par parenthèse qu’il répondra mière fois depuis longtemps – au de qui il se passionne pour la trans- b DÉLIT DE JUSTICE. L’affaire Michel Peuron et autres dans Foucault ou Barthes. Avec dis- de façon définitive aux intégristes moins depuis le concile Vati- mission du savoir, et accomplit un erreurs judiciaires, de Martine Jacot cernement. catholiques, qui voudraient encore can II – qu’une étude pareillement travail d’écriture pédagogique Michel Peuron, quarante ans, est condamné, sans le savoir, à per- Sur cette question de la position formaliser un sacrement par es- documentée, rigoureuse, érudite considérable. « C’est d’abord par sa pétuité le 16 mars 1993 pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Six de l’observateur et du rapport de sence vivant en l’enfermant dans et lisible à la fois, est mise entre les puissance didactique que l’écriture mois plus tard, la vie de ce maçon bascule lorsque, un matin, sor- l’ethnologue à son objet d’étude, des formes latines. mains d’un public francophone. de Fabre ressortit à la poésie » : tant de chez lui pour se rendre à son travail, il est arrêté. Martine Maurice Gruau livre une intéres- Dans l’excellente collection de Benoît Lobet d’images rigoureuses en descrip- Jacot, journaliste, se saisit de cette histoire, digne d’un bon roman sante réflexion dans le premier cha- pastorale liturgique dirigée par tions émues, une véritable prose policier, pour analyser et expliquer le cas d’erreurs judiciaires. Pré- pitre de son essai. Mais elle n’est pas Paul De Clerk (1), c’est à un spécia- (1) Collection « Liturgie » aux éditions poétique rend hommage à « la fé- cis et intéressant, Délit de justice propose une réflexion sur les dys- simplement intéressante, elle est liste éminent de l’histoire eucha- du Cerf. Paul De Clerck est directeur condité sans borne de l’infiniment pe- fonctionnements et la lourdeur administrative de la justice fran- digne et respectueuse. Toute la des- ristique qu’il a été fait appel. de l’Institut de liturgie à l’Institut ca- tit ». Mais la demeure principale de çaise (Bayard, 200 p., 120 F [18,29¤]). M.-F. B. cription des rites et des attitudes du Enrico Mazza, professeur à l’Uni- tholique de Paris. Fabre sera toute au dehors : il s’agit clergé comme des fidèles dans les di- versité catholique de Milan, fait du jardin botanique de l’Harmas, à b PHILOSOPHIE DE L’INCONNU : le vivant et la recherche, verses circonstances de la vie reli- autorité en la matière. En quelques ૽ Signalons également une brève Sérignan ; cet enclos d’observation de Claude Debru gieuse ainsi que l’analyse des évolu- chapitres décisifs, une étude anthologie des poètes et des mys- solitaire de la nature le tiendra à Un style de pensée commun rapproche les biologistes. Il s’affirme tions et des permanences depuis d’abord diachronique prouve l’en- tiques espagnols de l’Eucharistie, ras- l’écart des théories scientifiques. dans un dialogue singulier, échange surprenant de questions Vatican II y trouvent leur appui et racinement des prières eucharis- semblée et traduite par Dominique Autour d’un Fabre poète se d’abord mal posées et de réponses mal entendues. La démarche leur raison. Au travers de son tiques dans les paroles et les gestes Reyre sous le titre Un cœur pour ado- constitue une famille d’écrivains : de Claude Bernard associe les répétitions et les variations dans sa comportement visible, l’homme qui de la dernière cène, tels que les sy- rer Dieu. De Calderon, Lope de Vega Jünger, Caillois, Audubon... De trou- marche lentement progressive. Celle de Pasteur suppose des rap- accomplit un rite, ou qui s’insère en noptiques les rapportent. L’eucha- ou sainte Thérèse d’Avila à Miguel blantes photographies ponctuent prochements inattendus entre des disciplines et des méthodes dis- lui, manifeste une part obscure où ristie, quels que soient les dévelop- Hernandez et Federico Garcia Lorca, son voyage : fenêtres, paysages ou- tinctes. Des grands expérimentateurs du XIXe siècle aux patholo- désir et foi se conjoignent. S’atta- pements apportés par les siècles, quelques manières de figurer et d’ex- verts, allées infinies où l’échelle va- gistes moléculaires contemporains, Claude Debru, toujours chant à ce qui est le plus visible, apparaît ainsi comme ce que Maz- primer ce qui a la plus pauvre appa- cille et transforme les troncs d’arbre parfaitement informé, écrit quelques chapitres exemplaires d’épis- Maurice Gruau ne réduit pas cette za aime à appeler l’« antitype » de rence... (éd. Ad Solem, 8, cours des en fibres d’un organisme mysté- témologie historique. Rarement on aura suivi d’aussi près les sen- part. C’est le mérite de son livre. la dernière cène, sa re-présenta- Bastions, CH-1205 Genève, diffusion rieux. tiers tortueux de la recherche biologique (PUF, 444 p., 158 F P. K . tion au sens fort du terme, et pour Le Cerf, 126 p., prix 95 F (14,48 ¤). Marielle Macé [16,76 ¤]). J.-P. Th. LeMonde Job: WIV3499--0010-0 WAS LIV3499-10 Op.: XX Rev.: 25-08-99 T.: 20:00 S.: 111,06-Cmp.:26,08, Base : LMQPAG 50Fap: 100 No: 0062 Lcp: 700 CMYK

X / LE MONDE / VENDREDI 27 AOÛT 1999 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Comment les Anglais voient notre littérature b L’Improviste. Tel est le nom de la nouvelle maison d’édition Une anthologie de la « nouvelle fiction » française parue à Londres aiguisera peut-être que dirige Anne-Elisabeth Hal- pern et qui, selon elle, est avant la curiosité défaillante des Britanniques pour le roman d’outre-Manche tout une « aventure de copains ». Les deux premiers titres de la ls nous aiment, nous renient, gement de nos voisins est plus cette dernière, qui s’est donné sailly. Ou chercher ce qui relie vrai- Au-delà de ses limites, cette an- collection « Un petit siècle épa- nous tournent en ridicule tranché encore. Parmi les idées pour objectif de « balayer les vieux ment Virginie Despentes à Marie thologie aidera-t-elle à faire bou- tant » sont Vincent le boucher, de pour nous redécouvrir avec toutes faites martelées outre- clichés » quitte à en « créer de nou- Desplechin, Guillaume Dustan à ger les mentalités du milieu édito- Sylvie Garcia, et Combien de enthousiasme... et nous le Manche : « le nouveau roman a tué veaux ». « La France vit des change- Agnès Desarthe, Tonino Benac- rial britannique ? « Le simple fait noms, un recueil d’Henri Mes- leurI rendons bien. Ce vieux cock- le roman », « il ne se passe plus rien ments radicaux qui se reflètent dans quista à Lorette Nobécourt, Michel qu’elle existe et que des auteurs chonnic qui paraîtra à la mi-no- tail de fascination-détestation qui en France depuis la mort de l’explosion culturelle des deux der- Houellebecq à Vincent Ravalec, français soient publiés vigoureuse- vembre. Une deuxième collec- pimente les relations entre l’Angle- Sartre », « les Anglais n’aiment nières décennies. Elle commence à Eric Faye, Ilan Duran Cohen, Fré- ment en Grande-Bretagne montre tion, dont le nom n’a pas encore terre et la France est presque tou- guère lire de traductions », « la fic- accepter le fait qu’elle est une mo- déric Beigbeder, Abdourahman une volonté et une confiance nou- été défini, sera consacrée à la lit- jours présent dans les ouvrages tion française est cérébrale, aride, saïque d’attitudes, de religions, de Waberi, Mounsi ou Mathieu Lin- velles de la part de l’éditeur », se ré- térature yiddish et accueillera, que chaque peuple consacre à formaliste », etc. Du moins ces sté- langue et de traditions », affirme G. don. Bref, pour l’éditeur Olivier jouit Olivier Cohen, qui voit avant début 2000, un recueil de l’autre et lui tend, comme un mi- réotypes avaient-ils cours jusqu’à de Chamberet, qui illustre cette Cohen, la cohérence éditoriale de tout dans cet ouvrage « un geste poèmes de Raïzl Zychlinski (tra- roir. En témoigne l’ironique hier. Car, à côté du French Book créativité retrouvée aussi bien par l’objet laisse perplexe : « A quel- éditorial fort ». « Après tout, c’est un duit par Rachel Ertel). Même si somme de cet ancien correspon- News – l’organe éditorial du bu- la musique de MC Solaar, Air ou ques exceptions près, on a l’impres- mélange comme un autre, pas ho- l’objectif de la maison est de dant du Times, John Ardagh, reau du livre de l’Institut français DaftPunk que par le film de Ma- sion que le roman français au- mogène du tout, mais qui peut per- faire découvrir des inconnus, France in the New Century : Portrait de Londres, qui s’emploie depuis thieu Kassovitz, La Haine, et même jourd’hui, c’est les Blacks, les beurs, mettre à des lecteurs très différents Jude Stéfan et Bernard Noël sont of a Changing Society, parue au quelques années à donner une idée par la victoire de la Coupe du la banlieue, la drogue, les homo- de s’y retrouver. » également programmés, car, printemps, et qui, avec jubilation, plus juste de la production fran- monde de football en 1998 ! sexuels... Un peu comme si on en fai- Traditionnellement, la littérature comme le souligne Anne-Eliza- épingle pêle-mêle le record de cor- çaise –, la publication, cet été, de Les quinze élus de cette antholo- sait une littérature de minorités, ce française s’exporte très mal outre- beth Halpern, « je veux une poli- ruption chez les hommes poli- l’ouvrage XCiTés, par l’éditeur lon- gie – qui présente pour chacun un qui est un contresens car cela Manche où les quatre grands tique d’édition la plus large pos- tiques, l’amour immodéré des donien Flamingo, fait figure de pa- extrait d’œuvre, un bref curri- n’existe pas ici, ou alors de façon conglomérats, Random House, sible qui fonctionne plutôt par sigles (ZAC, PACS, FNAC...), les vé dans la mare. culum vitae et des détails pratiques très embryonnaire. » Reed-Elsevier, HarperCollins et coups de cœur que par système ». 365 grèves annuelles, les «di- Lancée à grand bruit le 14 juillet concernant les droits d’auteur – Penguin, se disputent la jungle du b Imprimerie. Le groupe finan- lemmes sexuels et moraux chers à pour « fêter la France », cette an- sont supposés incarner « le style, la PAS DE BRIE, DE L’ECSTASY marché anglophone et se dé- cier Chevrillon-Philippe a lancé Eric Rohmer », ou encore le mé- thologie de la « nouvelle fiction » langue, la vision et l’humour » de Est-ce pour d’authentiques rai- tournent de tout le reste. En 1996, une OPA sur le numéro un de lange d’intellectualisme et de pes- française a été dirigée par un agent cette génération montante. On sons de sensibilité, ou pour satis- les traductions, toutes langues l’impression de livres en Europe, simisme à tous crins qui fait de la littéraire d’origine franco-britan- pourra s’étonner de choix et de faire à d’obscures contraintes de confondues, ne pesaient que 3 % LIBERfabrica. Déjà leader sur le France, selon John Ardagh, un nique, Georgia de Chamberet. «Le rapprochements peu attendus. marketing, que l’éditeur anglais a dans la production britannique, et marché français après les rachats pays aussi « stimulant » qu’« exas- fait d’être un hybride culturel vous S’interroger en vain sur ce que présenté cette perpective urbaine celles du français n’excédaient pas successifs de Bussière, Brodard pérant » (1). permet de voir les choses avec une vient faire à la fin du livre une in- et marginale au prix de quelques 20 % de ces 3 % ! et Taupin et Hérissey (« Le En matière de littérature, le ju- perspective particulière », note terview du footballeur Marcel De- distorsions ? « Nous avons voulu On peut attendre d’XCiTés que

Monde des livres » du 30 octo- bbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbbb montrer ce que les Britanniques et les curiosités s’aiguisent. Philip bre 1998), Chevrillon-Philippe – les Français ont en commun, ex- Gwin Jones, le premier, espère encore inconnu dans l’imprime- plique Philip Gwyn Jones, l’éditeur acheter « un ou deux auteurs de rie il y a moins de quatre ans de Flamingo : une culture obsédée cette anthologie pour sa propre mai- mais qui s’est lancé dans une par les images des autres médias, son », et le fait que Flamingo ap- stratégie de croissance rapide –, Le haïku à vocation planétaire des films, de la télévision, de la pu- partienne à HarperCollins peut devrait devenir à son tour le blicité, des marques, du consumé- faire espérer des prolongements nouveau poids lourd européen. xpression s’il en fut de la sensibilité japonaise, prison et ils entendent se dégager de ce carcan. Le haï- risme... Montrer que les Français eux outre-Atlantique. De son côté, Avec LIBERfabrica, le groupe de- le haïku, poème de dix-sept syllabes, est-il en ku a certes connu des évolutions au cours de son his- aussi ont leur littérature des marges, Granta avait déjà acheté les droits vrait réaliser un chiffre d’affaires train de perdre sa « nipponicité » pour deve- toire récente, notamment au cours des années 20 sous venue des Antilles ou d’Afrique du mondiaux pour la langue anglaise de quelque 1,9 milliard de francs nir un genre de poésie aux dimensions plané- l’influence de l’école du haïku en vers libres. Mais, cette Nord, que Waberi ou Mounsi n’ont de Sans moi, de Marie Desplechin, (289 653 132 euros) et employer tairesE ? Le premier colloque international du haïku, qui fois, les tenants du renouveau du haïku vont plus loin : pas le même héritage que Sartre, qui paraîtra en Angleterre en dé- environ 3 000 salariés en France, vient de se tenir à Tokyo sous les auspices de l’Associa- ils estiment que le poème doit avoir des références non Duras et Camus. Ça, c’est intéres- cembre. Tous ces indices – ajoutés Grande-Bretagne, Belgique et tion du haïku contemporain, est symptomatique à la plus connues uniquement des Japonais mais valables sant pour les Britanniques car ils ont aux « enthousiasmes personnels » Hollande. La société LIBERfabri- fois du désir d’ouverture des « haïkistes » japonais, qui pour l’humanité entière et ils ne veulent conserver du vécu la même chose il y a dix ans d’une nouvelle génération d’édi- ca a été valorisée à 360 millions souhaitent faire éclater les conventions du genre, et du haïku traditionnel que sa concision, sa « fulgurance ». avec Salman Rushdie, Caryl Philips teurs – font dire à Olivier Cohen de francs (54881 646 millions rayonnement de cette pratique poétique à l’étranger. « Les mots de saison ont joué leur rôle mais uniquement et beaucoup d’autres. » que l’intérêt se réveille et que des d’euros) Le haïku, qui prend son origine dans les joutes poé- dans un certain environnement naturel et une certaine La presse anglaise a plutôt fait maisons anglaises significatives ac- b Extrapole en province. Extra- tiques du Moyen Age et fut élevé à ses sommets dans culture. Il faut dépasser ces frontières afin d’élargir notre bon accueil à ces voix nouvelles. ceptent enfin de prendre des pole, le « spécialiste du la seconde moitié du XVIIe siècle par le poète Basho sensibilité », pense Ban’ya Natsuishi, directeur de l’As- « Quiconque s’intéresse sérieuse- risques. commerce de biens culturels », a (dont l’œuvre a été traduite par René Sieffert aux Pu- sociation du haïku contemporain. ment au roman français au-delà du Car tout cela n’est peut-être ouvert, le 25 août, son premier blications orientalistes de France) est au Japon une Alain Kervern, haïkiste français (qui a traduit et terminal de l’Eurostar trouvera là qu’un début. XCiTés aura-t-il une magasin en province. Cette pratique sociale. Dans tout lieu touristique digne de ce adapté Le Grand Almanach poétique japonais, édition quelques avant-goûts intéressants », suite qui en élargira le spectre ? chaîne de produits multiculturels nom sont vendus de petits carnets où le visiteur note Folle Avoine, cinq tomes : 1988-1994 et a publié un ex- écrit The Independent, sous le titre Après tout, les Britanniques nous (livres, papeterie, disques, vidéo, les impressions d’un instant comme l’ont fait avant lui cellent ouvrage, Basho et le haïku, Bertrand-Lacoste, « Pas de Brie, mais beaucoup d’ec- proposent bien, sous l’égide du logiciels et jeux vidéo) a choisi (et le feront après lui) des millions de visiteurs. Le haï- 1995), estime que l’évolution qui se dessine au Japon stasy ». « Dans l’ensemble, il ne British Council, des anthologies de s’implanter, sur 2 000 mètres ku a ses écoles, ses élèves, ses revues (près de huit est une occasion pour le haïku occidental de dépasser s’agit pas de grande littérature mais comparables de leur jeune fiction : carrés, à Avignon. Fondé en 1993 cents), ses courants et ses concours qui ont régulière- son statut d’activité littéraire mineure et exotique : d’une description vibrante de pans New Writing, An Anthology (2). La par Philippe Mondan, Extrapole, ment l’honneur de la grande presse. Il y a même un « Sans toujours se l’avouer, les étrangers se sentaient par- entiers de la vie française que nous différence, c’est qu’ils en sont déjà, qui, depuis 1998, est une filiale musée du haïku à Tokyo... Avec des millions d’adeptes, fois mal à l’aise avec le haïku traditionnel en raison des ignorons. » L’Observer proposait la eux, au huitième volume ! de Hachette Distribution Service le haïku est dans l’archipel une forme de « démocratie références obligées à une sensibilité inscrite dans une semaine dernière l’ouvrage comme Florence Noiville (groupe Lagardère), compte déjà poétique » sans parallèle ailleurs. A l’étranger, il parti- autre culture ; aussi entrent-ils de plain-pied dans la dé- « paperback of the week », tandis cinq magasins à Paris et en ré- cipe d’une quête de nouveaux modes d’expression marche japonaise actuelle. » Alain Kervern, qui songe à que sur Internet, un lecteur du (1) Viking, 758 p., 20 £ (30,48 ¤). gion parisienne. poétiques. créer un atelier d’écriture poétique, vient de traduire nord de Londres dit avoir « beau- (2) Vintage, série dirigée par Carmen b Prix littéraires. Le prix Anto- Ce désir d’ouverture du haïku est le fait des Japonais en breton un petit livre pédagogique japonais, Com- coup ri » des subversions de Des- Callil et Craig Raine, 7,99 livres sterling nin Artaud a été décerné à plus encore que des étrangers. Le haïku reste en effet ment écrire un haïku – dont on ne peut qu’espérer qu’il pentes, Beigbeder ou Cohen et (12,17 ¤). Pierre Descamps pour Cantons largement prisonnier de sa tradition néo-classique. La le soit en français. « Le haïku est d’abord un éveil à sa trouve « incroyable de penser que ૽ XCiTés, dirigé par Georgia de (Jacques Brémond). Le prix du métrique en 5-7-5 syllabes et le recours non moins propre langue, à la nature, explique-t-il. De talentueux la plupart d’entre eux ne sont pas Chamberet, Flamingo, 264 p., 11,99 £, Mémorial de la ville d’Ajaccio, obligatoire au « mot de saison » sont des règles long- poètes japonais cherchent à inventer un haïku à vocation traduits en anglais. » 18,27 ¤. dont le jury est présidé par Emile temps incontournables. Le « mot de saison » en parti- planétaire afin qu’il s’adapte à des sensibilités nouvelles. Arrighi de Casanova, a été décer- culier est le signe que l’auteur est en harmonie avec la Après, à chacun de trouver sa respiration personnelle en né à Jean Daniel pour son livre nature. Et au cours des siècles ont été recensés plus de puisant dans un patrimoine commun à tous. » Vers un Avec le temps (Grasset). Un prix cinq mille « mots de saison » répertoriés en des ma- haïku planétaire en quelque sorte... Un autre colloque spécial du jury a également ré- nuels pratiques pour les haïkistes : renfermant la quin- international sur le haïku, qui se tiendra à Londres et à compensé notre correspondant tessence de la sensibilité nippone, ces almanachs sont Oxford en août 2000, doit poursuivre sur la voie ou- en Corse Paul Silvani pour l’en- le support à la création. Aujourd’hui, certains haïkistes verte par les haïkistes japonais. semble de son œuvre. estiment que les « mots de saison » sont devenus une Philippe Pons

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AGENDA b LE 17 SEPTEMBRE. JUSTICE. A Paris, un colloque sur le thème Naissance des Syrtes b LE 5 SEPTEMBRE. PROUST. A « Justice, politique et république, Illiers-Combray, un colloque au- de l’affaire Dreyfus à la guerre ’est à deux qu’ils se Intellectuel engagé, militant de la tour de Marcel Proust sera l’occa- d’Algérie » est proposé (Centre lancent dans une aven- première heure pour l’indépen- sion de conférences par Kazuyoshi Georges-Pompidou, 46, rue Quin- ture dont tout le dance de l’Algérie, ce dernier est Yoshikawa et Roger Grenier. campoix, 75004 Paris). monde dit qu’elle est d’abord édité par Gallimard, Na- D’autres manifestations – dont une b DU 18 SEPTEMBRE AU 7 NO- aujourd’huiC périlleuse, voire suici- deau et Calmann-Lévy. En 1988, exposition – seront proposées jus- VEMBRE. EXPOSITION. A Mala- daire : créer une maison d’édition. Pierre-Guillaume de Roux publie qu’au 17 février (rens. : Société des koff, Marcela Gomez expose à la Voilà pourtant ce qu’ont fait Le Défi du petit archer à La Table amis de Marcel Proust et des amis Maison des arts (105, avenue du 6- Serge de Pahlen et Pierre-Guil- ronde – où il est directeur litté- de Combray, 4, rue du Docteur- Février-1934, 92240 Malakoff ; laume de Roux, en publiant à la raire. Selon lui, le roman qu’offre Proust, 28120 Illiers-Combray ; tél. : tél. : 01-47-35-96-94). rentrée de cette fin de millénaire aujourd’hui Jean-Pierre Millecam 02-37-24-30-97). b LES 24 ET 25 SEPTEMBRE. les premiers titres des éditions des est « une radioscopie magistrale b JUSQU’AU 21 SEPTEMBRE. EX- ANDRÉ FRÉNAUD. A Ville- Syrtes. Pourquoi les Syrtes ? Il est du Maroc contemporain ». POSITION. A Castelnau-Montra- neuve-sur-Yonne (Yonne), un clair que pour le fils de Domi- Et si c’est la littérature française tier (Lot), Jean-Pierre Otte, auteur colloque international autour nique de Roux – qui fit mieux qui inaugure la production de des Histoires du plaisir d’exister et d’André Frénaud sera l’occasion connaître au public, via les Ca- cette maison prometteuse, la part d’une Petite Tribu de femmes (Jul- de nombreux débats (renseigne- hiers de l’Herne, des auteurs tels belle sera également faite à la lit- liard), expose ses peintures sur bois ments et inscription auprès des que Borges, Pound, Gombrowicz térature étrangère, slave notam- (la Maison Jacob, place Gambetta, éditions Obsidiane, 11, rue André- et... Julien Gracq – ce choix n’est ment. Ainsi, dès le 23 septembre, 46170 Castelnau-Montratier). Gateau, 89100 Sens ; tél. : 03-86- pas anodin. Mais ce clin d’œil à sortira un recueil de nouvelles de b LE 7 SEPTEMBRE. POÉSIE. A 96-52-18). l’écrivain, pour qui Pierre-Guil- Boris Pahor : Arrêt sur le pont Vec- Paris, une « Insurrection poé- b LES 24 ET 25 SEPTEMBRE. laume de Roux a « une grande ad- chio (traduit du slovène par An- tique ! » est proposée au café NARCISSISME. A Paris, un col- miration », est aussi un moyen de drée Lück-Gaye). Sont également l’Orient Express (12, rue Claude Til- loque, organisé par Jean-François « situer d’emblée notre maison annoncés : Histoire de ma sœur, de lier, 75012 Paris ; tél. : 01-43-48-14- Chiantaretto, sera l’occasion de d’édition, son projet et son exi- Michel Ossorguine (traduit du 78). nombreuses interventions (à gence ». De fait, la qualité et la ri- russe par Marie Leymarie) ; Eroica b LE 8 SEPTEMBRE. RENTRÉE 9 h 30, Centre Jussieu, amphi 24, 2, gueur des ouvrages sont au- (La Symphonie héroïque), d’An- LITTÉRAIRE. A Paris, le Web Bar, place Jussieu, 75005 Paris). jourd’hui assez rares dans le drzej Kusniewicz (traduit du polo- en partenariat avec le magazine lit- b LE 29 SEPTEMBRE. A Paris, la paysage éditorial français pour nais par Christophe Jezewski et téraire en ligne Pagina, analyse la Bibliothèque nationale de France être soulignées. Claude-Henri du Bord) et Pluie de rentrée littéraire en compagnie organise sur la thématique « Du A raison d’une vingtaine de Paris, d’Andràs Hevesi (traduit du d’éditeurs, journalistes et auteurs bon usage de l’ailleurs », une titres par an (diffusés par le CDE/ hongrois par Judith et Pierre Ka- (à 20 h 30, 32, rue de Picardie, conférence de Tiphaine Sa- Sodis, filiale de Gallimard), les rinthy). Côté essai, on notera le 75003 Paris ; tél. : 01-42-72-66-55). moyault autour du thème « Ro- premières livraisons sont : Lu- Balzac d’Ernst-Robert Curtius et b LE 15 SEPTEMBRE. GAUTIER. mans-mondes » suivie d’une table mière, de Claude Romano – qui la réédition des Abeilles de A Paris, Georges Wilson lit Le Pied ronde avec Claude Esteban, Pierre dirige, depuis 1994, la revue Philo- Delphes, de Pierre Boutang. Pari de Momie, de Théophile Gautier (à Pachet et Antoine Volodine sophie publiée aux Editions de Mi- périlleux ? Peut-être. Ambitieux et 20 h 30, auditorium du Louvre, 34, (à 18 h 30, BNF, quai François- nuit – et Trois Naufragés du exigeant, certainement. quai du Louvre, 75001 Paris ; tél. : Mauriac, 75013 Paris ; tél. : 01- royaume, de Jean-Pierre Millecam. Emilie Grangeray 01-40-20-84-00). 53-79-59-59).