Le Webzine Des Musiques Sombres Et Expérimentales : Rock, Jazz, Progressif, Metal, Electro, Hardcore
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Guts Of Darkness Le webzine des musiques sombres et expérimentales : rock, jazz, progressif, metal, electro, hardcore... juillet 2015 Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com © 2000 - 2015 Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/126 Les interviews Page 3/126 Entretien : La Nóvia (avec les membres de Jéricho et Toad), Jardin des Chartreux, Lyon, le 16 juillet 2015 - (interview réalisée par Dioneo) Au jour dit me voilà donc au Jardin... Un parc presque caché, de fait ; en haut de la colline de la Croix Rousse, pourtant – mais à l’un de ses azimuts les moins visités, excentré, comme coupé des rues autrement touristiques du quartier adjacent. La vue sur les quais de Saône, d’ici, est assez belle, l’angle un peu inhabituel sur la basilique de Fourvière, en face. Il est encore tôt lorsque nous arrivons l’ami Buck – qui me fournit aimablement l’enregistreur – et moi. L’ami Dariev nous rejoindra plus tard, au début de l’entretien. Pour le moment, les membres de Jéricho sont sur scène, encore en pleines balances. Nous les saluons rapidement puis allons nous poser discrètement à l’ombre, le temps qu’ils finissent. On a tout le notre. La canicule persiste, depuis des jours – trente huit degrés au moins, celui-là, et pas un souffle. Guilhem Lacroux – avec qui nous avions convenu de l’heure du rendez-vous – passe en voiture devant nous, nous informe qu’il va « acheter du vin » et sera vite de retour, pour l’entretien… Une fois les balances finies, tout le monde se présente, nous discutons un peu, tous, sans formalités. D’abord Guilhem et Yann, donc, puis Élodie – graphiste et "administratrice", logisticienne du collectif… Nous parlons des Échos, où avaient donc joués trois semaines plus tôt, à peine, Le Verdouble mais aussi France, l’extatique trio de Yann Gourdon avec Jérémie Sauvage (basse) et Mathieu Tilly (batterie). Nous échangeons quelques impressions sur ces deux jours passés, encore frais dans nos mémoires à tous, sur les concerts qui s'y étaient joués. Les musiciens nous rejoignent petit à petit – sauf les deux Violoneuses, dont le tour est venu de balancer, et qui ouvriront la soirée. Nous décidons rapidement de nous attabler à l’intérieur du petit pavillon où sont installées les loges et autres commodités de l’endroit. Outre Yann Gourdon (vielle à roue, boîte à bourdon ; membre de Toad, La Baracande, Jéricho, Le Verdouble, La Cléda, des duo Puech/Gourdon et Gourdon/Mauchant, et du trio Puech/Gourdon/Brémaud) et Guilhem Lacroux (guitare et lapseel ; membre de Toad, La Baracande et Faune), donc, ce sont, qui nous ont rejoints : Jacques Puech (voix, cabrette, glass harmonica ; membre de Jéricho et Faune) ; Pierre-Vincent Fortunier (violon, cabrette ; membre de Toad et La Baracande) ; Clément Gauthier (chant, cabrette, tunn-tunn ; membre de Jéricho) et Antoine Cognet (banjo ; membre de Jéricho). On m’avait dit ceux-là peu causants, pas très volubiles sitôt qu’il s’agissait de parler de leurs musiques plutôt que de les jouer… Dès le préambule, j’ai l’impression contraire ! Chacun se fera là-dessus l’opinion qu’il voudra à la lecture de ce qui suit. Piles neuves en place dans le zoom. « Ça module »… Quelques plaisanteries s’échangent, des gobelets s’emplissent d’anis. Entrons dans le vif du sujet. Une chose me frappe, régulièrement, quand je lis des articles ou des chroniques sur La Nóvia… On a souvent l’impression que leurs auteurs ne savent pas s’il faut dire « le label », « le collectif »… Moi j’ai l’impression que vous êtes une espèce de « maison »… Est-ce que vous vous êtes rencontrés avec le but conscient de créer un « courant », théorisé, ou est-ce que c’est une rencontre sur des intérêts communs, qui s’est faite ? Clément Gauthier : Plus que sur des intérêts, c’est sur une manière d’appréhender ces musiques-là, je pense. Et pour répondre à ta question, on n’est clairement pas un label. C’est vraiment un collectif, et qui fonctionne VRAIMENT comme un collectif. C’est à dire qu’on sait tout ce qui se passe. Tout circule, les informations circulent. Ce qu’on se dit entre nous, ça circule aussi. Et puis voilà, on a vraiment tous notre mot à dire dans ces choses là. Bon, après, Yann qui est peut-être plus à l’origine… Yann Gourdon : … Non, je ne suis pas à l’origine. C’est Toad, qui est à l’origine, avec Guilhem et Pierre-Vincent. En fait c’est de LÀ qu’est partie la « structuration ». C’est au moment de créer la Baracande qu’on s’est rendu compte de la nécessité de structurer quelque chose qui à ce moment là n’existait pas en tant que collectif, puisqu’on était juste trois individus, Guilhem, Pierre-Vincent et moi… Et en franchissant le pas de la structuration, on s’est rendu compte qu’il y avait d’autres personnes, qu’on rencontrait à ce moment là, c’est à dire Basile {Brémaud, chanteur et violoneux de La Baracande} et Jacques, qui présentaient des intérêts qui étaient communs aux nôtres. Il y avait mon duo avec Jacques, le trio Basile, Jacques et moi, La Baracande, donc, qui arrivait… On s’est rendu compte que là il y avait quelque chose qui était en train d’émerger. Et Page 4/126 progressivement ça s’est élargi, avec l’arrivée de Clément, Antoine… Il y a eu Yvan Étienne, Le Verdouble, aussi, et les dernières c’est… Guilhem Lacroux : Il y a eu La Clèda, aussi. Yann Gourdon : La Clèda, oui, avec Matèu {Baudoin} et Nicolas {Rouzier}, et les dernières, ce sont les Violoneuses, Mana {Serrano} et Perrine {Bourel}, qui jouent ce soir. Vous aviez l’impression qu’il y avait un manque, dans ces musiques là ? Yann Gourdon : Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un manque, ça vient plus d’un désir de faire quelque chose… Guilhem Lacroux : … On avait le désir de faire les choses comme on les faisait, en fait. Comme on les entendait esthétiquement et… Ce n’était pas simple ! Et ensuite, de les faire aussi comme on les voulait politiquement. En fait ça a donné le fait de faire un, un… … Un collectif ? Guilhem Lacroux : Un collectif ! Yann Gourdon : Esthétiquement avant le politique. Mais c’est devenu politique au delà de notre volonté, je pense. Dans la pratique ? Guilhem Lacroux : En tout cas, politique en interne. C’est à dire « comment on fait pour fonctionner, structurer ? ». Clément Gauthier : On s’est rencontrés pour jouer puis… Aussi, ce qui est très important : avoir un support administratif. Et puis, ce qui est aussi super fort dans le collectif – je crois qu’on est tous très concernés pas ça, c’est… À la base on vient quasiment tous – presque tous – des musiques de… De bal ! Donc des musiques qui se vivent là, à l’instant avec des gens qui dansent, etc. … Et la production discographique a elle aussi un sens mais je crois que pour nous ce sens est encore plus fort, a une raison d’être si on ne produit pas « juste un CD » mais… Un objet. Que ce soit un support poétique, artistique. Yann Gourdon : On défend une esthétique… au delà de l’esthétique sonore et musicale. Il y a aussi, justement, toute la dimension graphique, qui est en grande partie tenue par Élodie {Ortega}, qui est salariée depuis… 2011, je crois, et qui fait aussi partie de cette structuration. C’est à dire que dans le cadre de la structuration on a une salariée, qui fait à la fois toutes les parties administratives mais aussi qui apporte toute cette partie graphique, l’aspect visuel, qui pour nous est aussi important esthétiquement que l’aspect sonore. Et au delà de ça, on défend aussi des choses… Quand on nous propose d’organiser des événements – on en fait très peu, à peu près un par an – on essaye d’aller au delà de… C’est à dire, c’est… Dans la manière d’accueillir les gens, ce qu’on propose à boire, à manger, la manière de faire la fête. Ça va au delà de la musique, je crois. On est des gens qui aiment bien fait la fête ensemble. Et ça fait partie de ce qu’on défend. Page 5/126 Justement, à propos des concerts : vous jouez beaucoup, et j’ai l’impression que vous tournez dans des lieux très différents. Je vous avais vu, donc, à La Triperie {à Lyon} qui est une salle, disons, plutôt « alternative » ; j’avais vu Faune au Périscope, qui est une salle plutôt spécialisée… Guilhem Lacroux : … Jazz. Oui, jazz/musiques nouvelles, comme on dit… Je vois que vous jouez aussi parfois dans des salles communales… Yann Gourdon : Des bals. … En fait j’ai l’impression qu’au contraire des gens du mouvement folk des années soixante dix, vous essayez d’aller vers des lieux qui sont tout sauf des « enceintes pop ». Est-ce que c’est encore une question de rencontres, de contacts ? Yann Gourdon : Déjà, on va vers ceux qui nous invitent, nous proposent de jouer. Guilhem Lacroux : Après je pense qu’il y a un truc qui joue aussi… Avec pas mal de formations – même avec Toad au début – on essayait de jouer dans le milieu trad’ et… En fait, ils ne voulaient quand-même pas trop de nous ! Enfin, c’était compliqué… Et les gens qui étaient curieux par rapport à ces musiques là, c’étaient plutôt des gens de réseaux « underground », on va dire, et donc on s’est retrouvés à jouer « là ».