C’est avec mon ami Jean Claude que je
découvris le cinéma italien en 1 ère . D’abord
Alberto Sordi, puis Vittorio Gassman, nous
avions un faible pour le premier et ses
interprétations du Témoin, d’un Bourgeois
tout petit petit, de l’Argent de la Vieille.
Il y avait l’excellent Mes Chers Amis avec
Tognazzi, Celi, Noiret et Blier. Le cinéma
1
italien était quelque chose de magnifique,
à la fois émouvant, tendre et drôle. Drôle
mais une drôlerie un peu noire, sarcastique
mais tellement belle.
Les films étaient souvent projetés dans
les salles du quartier de l’Opéra jusqu’à
Bonne Nouvelle.
Et puis il y avait les musiques de Nino Rota
pour Fellini, Riz Ortolani, Guido et
Maurizio de Angelis. Bien sûr Ennio
Morricone et les westerns spaghettis sur
lesquels j’ai toujours émis quelques
réserves. Les films comiques qui mêlent
2
l’action et la drôlerie avec Terence Hill et
Bud Spencer accompagné des musiques de
Guido & Maurizio de Angelis.
C’est tout ces grands moments que je vais
évoquer avec vous en citant les grands
réalisateurs, acteurs et actrices de cette
production italienne si importante dans les
années 50/70.
Tchao !
3
L’industrie du cinéma italien est née entre
1903 et 1908 avec la création de trois
compagnies : la Cines romaine, l’Ambrosio
de Turin et l’Italia Film. D’autres
compagnies ont rapidement suivi à Milan et
à Naples. En très peu de temps, ces
premières compagnies ont atteint une
4
production de qualité et leurs films furent
bientôt vendus hors d’Italie.
Un des premiers sous-genres apprécié fut
les filoni (les films historiques) : le
premier de ce type fut, en 1905, le film de
Filoteo Alberini, La presa di Roma, 20
settembre 1870 (La prise de Rome, 20
septembre 1870). D’autres films
décrivaient les actions de beaucoup de
personnages historiques tels que Néron,
Messaline, Spartacus, Jules César,
Cléopâtre. Le film Ultimi giorni di Pompei
(Les Derniers Jours de Pompéi)
5
d’Ambrosio (1908) devint rapidement
célèbre et immédiatement suivi par un
remake de Casérini (1913). La même année,
Guazzoni réalisa un Marc-Antoine et
Cléopâtre très apprécié. Et l’année
suivante, Giovanni Pastrone l’immense
Cabiria.
6
Les actrices Lyda Borelli et Francesca
Bertini furent les premières « divines »
(stars) spécialisées dans les passions
tragiques. Ces dernières furent en réalité
les premières « stars » de cinéma et aussi
les premières actrices à être filmées
partiellement nues.
D’autres genres abordaient des thèmes
sociaux souvent basés sur des livres. En
1916, le film Cenere (Cendres) adapté du
livre de Grazia Deledda était interprété
par l’actrice de théâtre Eleonora Duse
(célèbre aussi pour être l’amante de
7
Gabriele D'Annunzio).
Après la Première Guerre mondiale, en
raison de la crise économique, le cinéma
italien produit des films moins
intéressants en dépit de l’introduction du
son et c’est seulement à la fin des années
1920 que quelques films innovateurs
furent réalisés par Alessandro Blasetti,
Mario Camerini et son cousin Augusto
Genina.
Blasetti commença sa longue carrière avec
un projet d’avant-garde (Sole 1928) et
dans les années suivantes réalisa avec le
8
célèbre comédien italien Ettore Petrolini
son Néron comique (une satire
extrêmement sophistiquée de Mussolini
que, dit la légende, le dictateur lui-même
autorisa à passer à travers la censure), il
tourna ensuite des films à caractère
historique.
Au même moment, un autre genre obtint
un certain succès : il comprenait des films
qui décrivaient une société pesante avec
une lourde dose de moralité formelle
reflétant la culture de l’époque ; ce genre
fut appelé les Telefoni Bianchi
9
(Téléphones blancs), caractérisé par la
présence constante (un véritable tic) de
ces objets dans les scènes représentées.
Ces films, généralement peu réputés,
lancèrent beaucoup d’acteurs qui devinrent
plus tard des stars, comme Vittorio De
Sica et Alida Valli.
10
Pendant ce temps-là, le fascisme créa un
organisme pour la culture populaire; son
administration suggéra, et Mussolini
l’approuva totalement, la création de
quelques structures importantes pour le
cinéma italien. Un emplacement fut trouvé
dans le sud-est de Rome pour construire
ex nihilo une cité du cinéma, Cinecittà. La
ville fut conçue afin de fournir tout ce qui
pouvait être nécessaire pour faire un film
: les théâtres, les services techniques et
même une école de cinéma pour les
apprentis les plus jeunes. Encore
11
actuellement, beaucoup de films sont
entièrement fabriqués à Cinecittà. Le fils
du dictateur italien, Vittorio Mussolini,
créa une compagnie nationale de
production et organisa le travail d’auteurs,
de réalisateurs et d’acteurs parmi les plus
doués (dont quelques opposants
politiques), créant ainsi une notable et
très intéressante communication entre
eux. Ceci créa de célèbres amitiés et tout
cela dans une interaction culturelle
stimulante. Roberto Rossellini, Federico
Fellini et beaucoup d’autres faisaient
12
partie de ce groupe.
Le cinéma italien n'eut que de petites
récompenses pour faire payer le régime
dictatorial de son gouvernement et peut-
être aussi à cause de l'approche de la
Seconde Guerre mondiale, quand (comme
dans chaque pays qui se battait) beaucoup
de films furent produits à des fins de
propagande. Malgré cela, Alessandro
Blasetti pouvait produire en 1942 son
Quattro passi tra le nuvole (Quatre Pas
dans les nuages), qui est l’histoire d’un
humble employé, qui pour beaucoup, est
13
considéré comme le premier film
néoréaliste.
Le néoréalisme (neorealismo) explosa juste
après la guerre, avec des films inoubliables
comme la trilogie de Rossellini et des
acteurs extraordinaires tels qu’Anna
Magnani, qui tentaient de décrire les
difficultés économiques, les conditions
14
morales de l’Italie et les changements de
mentalité dans la vie quotidienne. Comme
Cinecittà était occupée par des réfugiés,
les films furent tournés à l’extérieur sur
les routes dévastées du pays vaincu. Ce
genre fut bientôt instrumentalisé à des
fins politiques, mais dans la majorité des
cas les réalisateurs furent capables de
garder la distance nécessaire, en
distinguant l’art de la politique.
La poésie et la cruauté de la vie furent
harmonieusement combinées dans les films
que De Sica scénarisa et réalisa avec le
15
scénariste Cesare Zavattini : parmi ceux-
là, Sciuscià en 1946, Ladri di Biciclette (Le
Voleur de bicyclette) en 1948 et Miracolo
a Milano (Miracle à Milan) en 1950. Le
malheureux et amer Umberto D. en 1952,
l’histoire touchante d’un vieil homme
pauvre avec son petit chien que la vie
force à solliciter l’aumône, bafouant ainsi
sa dignité, dans la solitude de la société
nouvelle, est peut-être le chef-d'œuvre
de De Sica et un des plus importants films
de toute la production italienne. Lancé
avec une lourde polémique de la part du
16
gouvernement qui aurait voulu le censurer
en alléguant de son caractère anti-
national, le film n’eut pas un succès
commercial énorme et depuis lors n'a été
diffusé qu'une fois ou deux seulement par
la télévision italienne.
17
C’est peut-être encore la plus violente
attaque, dans l’apparente quiétude de
l’action, contre les règles de la nouvelle
économie, la nouvelle mentalité, les
nouvelles valeurs et ayant à la fois un point
de vue conservateur et progressiste ainsi
que de nombreux autres producteurs.
Il a été dit qu’après Umberto D. rien de
plus ne pouvait être ajouté au néoréalisme.
C’était pour cette raison ou pour d’autres,
qu’effectivement le néoréalisme se
termina formellement avec ce film.
D’autres films suivirent, tournant autour
18
d’atmosphères plus légères, peut-être plus
cohérents avec des conditions générales
de vie plus satisfaisantes et ce genre fut
appelé le néoréalisme rose. C’était un filon
qui permit d’utiliser des actrices mieux «
équipées » pour devenir de vraies
célébrités : les visages et mensurations de
Sophia Loren, Gina Lollobrigida, Silvana
Pampanini, Lucia Bosé et aussi d’autres
types de beauté comme Eleonora Rossi
Drago, Silvana Mangano, Claudia Cardinale
et Stefania Sandrelli peuplaient
l’imagination des Italiens juste avant le si
19
bien nommé « boom des années 1960 ».
Bientôt le néoréalisme rose fut remplacé
par la Commedia all'italiana (la Comédie à
l'italienne), un genre qui par le rire
évoquait de façon détournée -mais de
manière très approfondie- les thèmes
sociaux, politiques et culturels de l'Italie.
Pendant toutes ces années, dans la
production plus commerciale, explosait le
phénomène Totò, un acteur napolitain qui
est reconnu comme étant le plus grand
comique italien. Dans ses films (souvent
avec Peppino de Filippo et presque
20
toujours avec Mario Castellani), une sorte
de satire néoréaliste s’exprimait aussi
bien avec ses manières de guitto (cabotin)
que dans l’art du grand acteur dramatique
qu’il était également, comme (trop tard)
Pier Paolo Pasolini le démontrera.
C’était une « machine-à-films » (une
douzaine de titres chaque année), son
répertoire était fréquemment répétitif
21
mais jamais ennuyeux (si ce n’est pour les
austères critiques de cinéma). Son
histoire personnelle (un « prince » né dans
les plus pauvres riones (quartiers) de
Naples), son visage mobile unique, ses
expressions et mimiques personnelles, ses
gestes, créaient un personnage inimitable
et firent de cet homme un des Italiens les
plus aimés dans son pays.
La « comédie à l’italienne » est
généralement considérée pour avoir
débuté avec I soliti ignoti (Le Pigeon) de
Mario Monicelli. Cette expression
22
provenait du titre du film de Pietro Germi,
Divorzio all’Italiana (Divorce à l'italienne)
de 1961. Ce titre devint lui aussi une
expression, péjorative pendant une longue
période.
Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Alberto
Sordi, Claudia Cardinale, Monica Vitti et
Nino Manfredi furent parmi les stars de
ces films qui décrivent les années de la
reprise économique et investiguaient les
coutumes des Italiens, une sorte de
recherche auto-ethnologique.
En 1961, Dino Risi réalisa Il sorpasso (Le
23
Fanfaron), un film culte actuellement, puis
Una vita difficile (Une vie difficile), I
mostri (Les Monstres), In nome del Popolo
Italiano (Au nom du peuple italien) et
Profumo di donna (Parfum de femme).
Les films de Monicelli comprennent La
grande guerra (La Grande Guerre), I
compagni (les Camarades), L’armata
Brancaleone, Vogliamo i colonnelli (Nous
voulons les colonels), Romanzo popolare
(Romance populaire) et Amici miei (Mes
chers amis).
24
Les films de Carlo Verdone s'enchaînent
avec toujours beaucoup de succès, avec
des personnages parfois extravagants,
souvent bizarres, mais toujours drôles. Il
a rendu ses personnages célèbres, ses
dialogues également, et il est toujours
aujourd'hui l'un des acteurs italiens les
plus appréciés.
25
En un peu plus de vingt-cinq ans de
carrière, il reçut, outre d'être plébiscité
par le public et la critique, plusieurs prix
comme le David di Donatello en tant que
meilleur acteur et scénariste pour
Maledetto il giorno che ti ho incontrato,
ou encore meilleur réalisateur pour
Perdiamoci di vista, pour ne citer qu'eux.
26
Adolescent, Michelangelo Antonioni
s'adonne à la peinture, activité qu'il
continuera d'exercer tout au long de sa
vie. À Ferrare, il ne fréquente pas le liceo,
dont les élèves, très souvent issus des
classes aisés, se destinent à des études
supérieures, mais un lycée technique. Il
pratique en outre le tennis, au club de
27
Marfisa à Ferrare, où il côtoie la jeunesse
dorée et, en particulier, son ami, le
romancier Giorgio Bassani. Après son
baccalauréat, il s'inscrit à l'université de
Bologne où il obtient un diplôme
d'économie. Attiré par le théâtre, il
devient ensuite un cinéphile passionné et,
entre 1936 et 1940, il pratique la critique
de films. C'est en 1941 qu'il entame une
solide formation de cinéaste en intégrant
les cours du Centro Sperimentale di
Cinematografia de Rome.
Il débute dans le cinéma, à trente ans, en
28
pleine période néoréaliste, comme
scénariste pour Roberto Rossellini et
Federico Fellini, et travaille comme
assistant de Marcel Carné pour les
Visiteurs du soir. En 1943, il obtient le
soutien financier de l'Institut Luce,
organisme gouvernemental chargé de
subventionner les films pédagogiques, pour
réaliser son premier documentaire Gente
del Po, relatant la vie des populations
déshéritées de la plaine du Pô, dont le
cours arrose sa ville natale, Ferrare.
Ses premiers longs métrages (de
29
Chronique d'un amour en 1950 jusqu'à le
Cri en 1958) restent confidentiels en ne
lui apportant qu'une notoriété « italienne
». Antonioni ne deviendra connu qu'après
la sortie de L'Avventura en 1960, primé à
Cannes, premier volet d'une tétralogie qui
allait imposer une vision novatrice de l'art
cinématographique, voulu « égal à la
littérature ». Les opus suivants, L'Éclipse,
La Nuit et Le Désert rouge le font
reconnaître internationalement. Monica
Vitti sera l'égérie de ces quatre films et
sera d'ailleurs sa compagne pendant
30
quelque temps.
Blow-Up, tourné à Londres en 1966, Palme
d'or au Festival de Cannes 1967, lui ouvre
les portes d'Hollywood, où il réalise
Zabriskie Point en 1970. Ne rencontrant
pas le succès espéré, il part en Chine
réaliser Chung Kuo, La Chine en 1972,
avant de revenir aux États-Unis avec
Profession : reporter en 1975.
Rentrant ensuite en Italie, il retrouve
Monica Vitti pour Le Mystère d'Oberwald
en 1980 puis réalise Identification d'une
femme en 1982 sur le tournage duquel il
31
rencontre Enrica Fico qui deviendra son
épouse. En 1985, un accident cérébral lui
provoque une paralysie partielle et une
quasi impossibilité de parler. Il ne cessera
pas pour autant son activité et c'est aidé
de son ami réalisateur Wim Wenders qu'il
réalisera Par-delà les nuages en 1995. Son
dernier film Eros date de 2004 (Antonioni
étant alors âgé de 92 ans !) et a été co-
réalisé avec Wong Kar-wai et Steven
Soderbergh. Il décède le 30 juillet 2007,
à l'âge de 94 ans, le même jour qu'Ingmar
Bergman.
32
D’abord institutrice (professeur de
gymnastique), Laura Antonelli commence
sa carrière avec la série télévisée
italienne « Carosello » avant de tourner
son premier film en 1965 avec Vincent
Price dans Le Spie vengono dal
semifreddo1. Elle met ensuite ses formes
33
généreuses au service du film Le Malizie di
Venere en 1969, censuré à sa sortie. Sa
carrière culmine au cours des années
1970, elle tourne quelques films en France,
Sans mobile apparent de Philippe Labro,
Les Mariés de l'an II de Jean-Paul
Rappeneau et Docteur Popaul de Claude
Chabrol1. Elle fait la rencontre sur ce film
de Jean-Paul Belmondo, dont elle est la
compagne de 1972 à 1980. Dès lors sa
carrière explose, devenant à l'époque un
“sex-symbol” très connu dans des films
italiens et internationaux, dans lesquels
34
elle n'hésite pas à se dénuder sans
complexe.
Elle gagne le prix Donatello en 1973 et en
1981 et le Ruban d'argent, prix de la
meilleure actrice décerné par le Syndicat
National italien des journalistes
cinématographiques pour Malizia en 1974.
De retour en Italie, elle obtient un grand
succès avec Malizia. À noter sa prestation
comme support de fantasmes érotiques
dans Il Merlo Maschio de Pasquale Festa
Campanile (Ma femme est un violon en
français), sorti en 1972 : l'affiche, très
35
aguichante et directement inspirée d'une
photo de Man Ray, représentait ses
hanches parfaites vues de derrière, avec
les ouïes d'un violoncelle en surimpression.
Dans le film son mari, M. Vivaldi,
violoncelliste timide et très jaloux,
finissait par rêver qu'il enfermait sa trop
belle Costanza dans l'étui de son
instrument. Dès lors, elle tourne avec les
plus grands de Dino Risi à Luchino Visconti
en passant par Luigi Comencini et Ettore
Scola. Vers la fin de la décennie, Laura
Antonelli est engagée principalement dans
36
des rôles comiques : Les Monstresses en
1979, Les derniers monstres en 1982,
Grandi magazzini en 1986 et Rimini Rimini
en 1987.
En 1991, on trouve chez elle de la cocaïne
lors d'une perquisition des carabiniers. À
la suite de quoi, reconnue coupable de
possession et de trafic de drogue, elle est
condamnée à une assignation à domicile,
condamnation qui est annulée en appel, en
2001. Cette affaire mettra fin
prématurément à sa carrière en 1991. Le
projet d'un film, Malizia 2000, la pousse à
37
entreprendre un traitement de chirurgie
esthétique qui l'aurait défigurée à vie.
En juin 2010, l'ancienne actrice vit retirée
du monde et grossie, via Napoli, à
Ladispoli, à une quarantaine de kilomètres
de Rome avec une pension de 510 € par
mois d'allocation.
38
Mario Bava a contracté le virus du cinéma
par son père. Celui-ci, sculpteur, est entré
dans le monde du cinéma en 1906 en
réalisant le portail d'un tombeau pour une
production Pathé. Il sera par la suite
chef-opérateur sur des productions
italiennes. Cependant la première vocation
de Mario Bava est la peinture qu'il apprend
aux Beaux Arts. Mais en 1939, il
commence sa carrière dans le cinéma
comme directeur de la photographie sur
deux courts métrages de Roberto
Rossellini. Il devient rapidement, grâce à
39
la qualité de ses éclairages et la
flamboyance de ses couleurs, l'un des
chefs opérateurs les plus convoités
d'Italie. Il travaille, entre autres, aux
côtés de Pabst, Dino Risi, Roberto
Rossellini, Riccardo Freda ou Raoul Walsh.
Lorsque Riccardo Freda abandonne le
tournage des Vampires, Bava qui était
chargé de la photo et des effets spéciaux,
se voit confier la réalisation et termine le
film en deux jours. Bava fera de même
avec Caltiki de Freda et La Bataille de
Marathon de Jacques Tourneur et co-
40
réalise avec Pietro Francisci Les Travaux
d'Hercule et Hercule et la reine de Lydie
avant de se voir confier, en 1960, Le
Masque du démon. Bava s'éloigne des
codes du film de vampire et réussit un film
expressionniste, poétique, gothique et
effrayant qui lui permet d'accéder à une
renommée mondiale. Mais aussitôt Bava
délaisse le fantastique pour retrouver le
péplum et les fresques en costumes avec
Hercule contre les vampires, La Ruée des
Vikings et Les Mille et Une Nuits. En 1962,
Bava réalise son premier thriller, La Fille
41
qui en savait trop dans lequel il commence
à jeter les bases de ce que sera le giallo
avant de renouer avec l'univers gothique
et sadique de ses débuts dans Le Corps et
le fouet. En 1963, Bava connaît un nouveau
succès public avec le film à sketches, Les
Trois Visages de la peur. L'année suivante,
il réalise Six femmes pour l'assassin. Avec
ce film, qui est souvent considéré comme
son chef-d'œuvre, où culmine son goût
pour les lumières et les couleurs
flamboyantes et les décors surchargés,
Bava signe l'acte fondateur du giallo.
42
Mais, à cette époque, en Italie, c'est le
western qui a les faveurs du public. Bava
s'y essaye, sans réussite, avec Arizona
Bill. Grâce aux succès public aux États-
Unis du masque du démon et des trois
visages de la peur, Bava signe un contrat
de cinq films de science-fiction pour
American International Pictures, mais n'en
réalisera qu'un, Terrore nello spazio, dont
se souviendra Ridley Scott pour Alien.
Avec Opération peur, Bava renoue à
nouveau avec le film de terreur et le
fantastique gothique. La fin des années
43
1960 et le début des années 1970 est une
période de forte activité pour Bava qui
réalise un film de vikings (Duel au
couteau), une parodie des films Corman-
Poe (Le spie vengono dal semifreddo), un
succès public (Danger Diabolique), un
péplum (L'Odyssée), des giallo (Il rosso
segno della follia, L'île de l'épouvante et
La Baie sanglante), deux films fantastiques
gothico-macabres (Lisa et le diable et
Baron vampire), un policier réaliste (Cani
Arrabbiati) et un western (Roy Colt e
Winchester Jack). Mais de tous ces films
44
seul Danger Diabolique fut un succès
commercial, tandis que Lisa et le diable et
Cani Arrabbiati ne furent même pas
distribués. À partir de 1974, Bava est
alors délaissé par le monde du cinéma. Et
c'est son fils, Lamberto Bava qui signe les
dernières réalisations du père, un giallo,
Shock en 1977, et en 1978, un téléfilm
pour la RAI, La venere d'Ille.
Mario Bava meurt à Rome, d'une crise
cardiaque, le 27 avril 1980, quelques
semaines avant de commencer un nouveau
film, un space opéra, Star Express.
45
Quatrième enfant de Luigi Benigni (1918-
2004) et Isolina Papini (1918-2004),
Roberto Benigni est né dans une famille
toscane modeste. Fils unique après trois
sœurs avec un caractère enjoué et
expansif, il déménage avec toute sa famille
à Vergaio où vit toute sa famille d'origine.
Inscrit dans un séminaire qu'il abandonne
46
après les inondations de Florence du 4
novembre 1966, il suit ses études à
l'institut technico-commercial Datini di
Prato. Mais sa plus grande passion reste le
spectacle.
Après s'être fait connaître en Italie
comme chanteur et musicien, grâce à une
chanson paillarde qu'il interpréta dans la
sulfureuse émission Televacca, il monta
sur scène pour la première fois en 1972,
et à peine vingt jours après, il est au
théâtre Metastasio di Prato avec le
spectacle Le roi nu de Eugenij Schwarz,
47
dirigé par Paolo Magelli. Il fait la
connaissance à Florence de Donato Sannini
et de Carlo Monni, qui l'engagent pour
interpréter une forme de spectacles de
rue. En automne 1972, il part pour Rome et
se consacre pendant trois ans au théâtre
expérimental en collaborant
principalement avec Lucia Poli dans la
compagnie Beat'72 au théâtre des satires,
et en participant à divers spectacles.
En 1975, il fait la rencontre, fondamentale
pour sa carrière, de Giuseppe Bertolucci
qui lui écrit un monologue Cioni Mario di
48
Gaspare fu Giulia : il obtient un grand
succès, d'abord au théâtre Alberico de
Rome puis sur toutes les scènes italiennes.
Ce personnage d'un paysan toscan, en
grande partie autobiographique, renferme
déjà l'ambivalence qui caractérisera par la
suite ses interprétations : d'un côté une
irrésistible exubérance gestuelle et
surtout verbale, de l'autre une candeur
ingénue presque infantile qui laisse
souvent transparaître une veine de
surréaliste et de poésie mélancolique.
L'image du premier Benigni se forme donc
49
sur un personnage peu commode et
rebelle, craint d'un côté mais aimé de
l'autre, imprévisible et capable en
permanence de surprendre et même
parfois de choquer. Apparu à une
manifestation du Parti communiste italien,
il prit dans ses bras le secrétaire général
Enrico Berlinguer, geste surprenant à une
époque où les hommes politiques italiens
étaient réputés pour leur sérieux et leur
formalisme. Il poursuit son activité
cinématographique par des rôles de second
plan, sauf dans le rôle d'un maître d'école
50
bizarre dans le film Chiedo asilo de Marco
Ferreri, et en 1978, il participe au
programme télévisé de Renzo Arbore
L'altra domenica, dans les vêtements d'un
critique cinématographique lunaire et
improbable.
Il collaborera une nouvelle fois avec
Bertolucci en 1986 avec une anthologie de
spectacles comiques tenus dans les rues et
les théâtres de toute l'Italie,
Tuttobenigni. C'est par l'intermédiaire de
Bertolucci que Benigni entre en contact
avec le metteur en scène Vincenzo Cerami
51
avec lequel il poursuivra sa carrière.
Benigni s'illustre dans plusieurs films
comiques, comme Night on Earth de Jim
Jarmusch (1991) dans lequel son
personnage chauffeur de taxi confesse à
un client, prêtre catholique, ses
expériences sexuelles. En 1983, il
commence sa carrière de réalisateur
cinématographique avec Tu mi turbi film
en quatre épisodes. Le film fut apprécié
par le public et les critiques. C'est sur ce
film qu'il rencontre Nicoletta Braschi qui
deviendra sa femme le 26 décembre 1991.
52
À partir de ce moment, elle sera présente
dans quasiment tous les films de son mari.
Puis il obtient un succès avec Non ci resta
che piangere en 1984 où on retrouve
beaucoup de gags.
En 1997, il rejoint la consécration
internationale avec La Vie est belle, qui
raconte la tragédie de l'Holocauste. Ce
film raconte l'histoire d'une famille juive
italienne séparée par les nazis. Une fois
dans le camp de concentration, le
personnage de Benigni parvient à sauver
son fils en lui faisant croire qu'ils jouent à
53
un jeu, et pour gagner, le fils doit en
respecter toutes les règles. Benigni, fils
d'un ex-déporté défendra son choix pour
ce thème si délicat mais avec une approche
différente : le tragi-comique ne fait rien
d'autre qu'accentuer l'intensité
dramatique et l'émotion de certaines
scènes. On peut toutefois reprocher à ce
film une vision assez peu réaliste des
camps d'extermination.
Le film est nommé sept fois aux Oscars
1998 et remporte trois oscars : celui de la
meilleure bande son pour Nicola Piovani,
54
celui du meilleur film étranger et celui du
meilleur acteur principal. Benigni est le
premier non anglo-saxon à gagner dans
cette catégorie, et il est le second acteur,
après Laurence Olivier pour Hamlet en
1948, à avoir gagné un tel prix en étant
réalisateur de celui-ci.
Le moment où Benigni a reçu son prix est
resté mémorable, de par l'explosion de sa
joie, qui, à l'annonce de son nom sauta sur
les sièges avant de monter sur scène. Ce
gag improvisé ainsi que son discours de
remerciement en anglais le rendirent
55
particulièrement sympathique aux yeux
des américains. En plus des Oscars, le film
s'attira des éloges : cinq rubans d'argent,
neuf David de Donatello et le prestigieux
Grand Prix du Jury du Festival de Cannes
où le déchaîné Benigni se prosterna aux
pieds du président de la cérémonie Martin
Scorsese. Tout de suite après ce succès
colossal, on le retrouva dans Astérix et
Obélix contre César de Claude Zidi, dans
le rôle de Détritus le conseiller de César,
au côté de Gérard Depardieu et Laeticia
Casta entre autres.
56
En 2001, il commença la réalisation de
Pinocchio sortit l'année suivante. Il s'agit
du film le plus coûteux de toute l'histoire
du cinéma italien.
En 2004, il produit, écrit et dirige son
huitième film Le Tigre et la neige sorti en
2005. Il s'agit ici encore de thèmes que
l'on retrouve dans La Vie est belle (un
homme quelconque, jovial qui tombe
amoureux d'une femme), mais cette fois-
ci, l'histoire se passe pendant la guerre
d'Irak après la chute du régime de
Saddam Hussein. Ce film est une fois de
57
plus un hymne à la vie et à la joie de vivre.
Il a obtenu en 2008 un César d'honneur
remis par Fanny Ardant pour l'ensemble
de sa carrière.
Marco Bellocchio a fait ses études à
l’Académie d’art dramatique de Milan et au
Centre du Cinéma Expérimental (Centro
sperimentale).
58
Dès son premier film réaliste, Les Poings
dans les poches (Pugni in tasca, 1965), les
critiques cinématographiques le
remarquent. Brisant avec le cinéma
néoréaliste, il s’attaque aux symboles
conformistes italiens en créant une œuvre
politiquement engagée. Les Poings dans les
poches mettait en avant la révolte de la
jeunesse. Il continuera dans cette
direction en dénonçant la religion dans Au
nom du père (Nel nome del padre, 1971) et
dans La Marche triomphale (Marcia
trionfale, 1976). Avec Le Saut dans le vide
59
(Salto nel vuoto, 1980), les acteurs
français Michel Piccoli et Anouk Aimée
gagnent au Festival de Cannes les palmes
du meilleur acteur et de la meilleure
actrice.
Après cette période, il change de registre
et se tourne vers la réalisation de films
plus subversifs. La projection de Le Diable
au corps (Il diavolo in corpo, 1986)
provoque un scandale à Cannes. Son
adaptation littérale d’une œuvre de
Pirandello La Nourrice (La Balia, 1999)
étonne. Son film Le Sourire de ma mère
60
(L'Ora di religione : Il sorriso di mia
madre, 2002) gêne le Vatican. Il est aussi
le premier à avoir mis en scène l’assassinat
d’Aldo Moro dans le film Buongiorno,
Notte (2003), unanimement (supprimer
"critiqué" et remplacer par --)) salué lors
de sa projection en 2004 à la Mostra de
Venise1.Vincere fait partie de la sélection
officielle du Festival de Cannes 2009.
61
Bernardo Bertolucci naît à Casarola dans la
province de Parme en Italie. Il est premier
fils du poète Attilio Bertolucci et le frère
de Giuseppe Bertolucci. Il commence à
écrire dès l'âge de 15 ans et il est
récompensé pour son travail peu de temps
après. Il reçoit entre autres le Premio
Viarregio. Il se rend ensuite à Rome pour
ses études et devient l'assistant de Pier
Paolo Pasolini sur Accattone. Il travaillera
aussi plus tard avec Sergio Leone et Dario
Argento sur le scénario d'Il était une fois
dans l'Ouest. Son second film, Prima della
62
rivoluzione, inspirée de La Chartreuse de
Parme de Stendhal, est acclamée par la
critique et marque le renouvèlement du
cinéma d'auteur italien des années 1960.
Le thème de l'ambiguïté politique et
sexuelle est illustré par une mise en scène
revendiquant un certain gongorisme dans
sa sophistication visuelle et son style
chorégraphié.
Dans les années 1970, il tourne pour la
télévision La Stratégie de l'araignée,
d'après Borges. Dernier Tango à Paris,
interprété par Marlon Brando et Maria
63
Schneider, provoque un scandale en Italie
à cause d'une relation très sulfureuse
entre un homme mûr et une jeune femme,
incluant une scène de sodomie et une
séquence où le héros insulte le corps de sa
femme défunte. Son cinéma à venir se
veut fidèle à un certain regard politique. Il
reflète en ce sens une vision épique et
romanesque mais sans concession de
l'histoire italienne (1900, Le Conformiste).
La Luna évoque une relation difficile entre
une cantatrice et son fils et La Tragédie
d'un homme ridicule est une fable
64
pessimiste qui vaut à Ugo Tognazzi le Prix
d'interprétation à Cannes en 1981.
Bertolucci a été l'invité de l'Été Cinéma
des Rencontres cinématographiques de
Digne-les-Bains, à l'invitation de Jean-
Pierre Castagna, en 1988.
Le Dernier Empereur, tourné en grande
partie dans la Cité interdite à Pékin,
évoque le destin tragique du tout dernier
empereur chinois issu de la dynastie
mandchoue : Pu Yi, placé sur le trône à
l'âge de 3 ans. Triomphe international, le
film obtient 9 Oscars dont celui du
65
meilleur film en 1988. Il est le premier
volet d'une trilogie spirituelle et orientale
complétée par Un thé au Sahara et Little
Buddha.
Il a reçu la palme d'or d'honneur à Cannes
en 2011 pour l'ensemble de son œuvre.
66
Les premiers contacts de Claudia
Cardinale avec le cinéma ont lieu en 1955 à
Venise, durant la Biennale, au cours d'un
voyage qui lui a été offert après qu'elle a
gagné, à dix-sept ans, l'élection de « la
plus belle italienne de Tunis ». Cependant,
désirant être institutrice, elle décline
toutes les propositions qui lui sont faites
et ne fait qu'une brève apparition dans un
court métrage, Anneaux d'or de René
Vautier.
Ses véritables débuts dans un long
métrage se feront en 1958 dans Goha de
67
Jacques Baratier et surtout Le Pigeon de
Mario Monicelli, sous l'égide du
producteur Franco Cristaldi qu'elle
épousera en 1966. Dans les années 1960,
on la retrouve à l'affiche de nombreux
succès critiques et publics. De célèbres
réalisateurs vont se disputer sa présence
devant leurs caméras. Ce sont Mauro
Bolognini, Abel Gance, Luchino Visconti,
Henri Verneuil, Philippe de Broca, Luigi
Comencini, Federico Fellini, Blake
Edwards, Henry Hathaway, ou Sergio
Leone.
68
À cause de sa voix rauque et de son italien
approximatif, l'actrice était
systématiquement doublée dans ses films
jusqu'à Huit et demi. Dans la version
italienne originale du film Le Guépard, elle
est doublée par Solveyg D’Assunta. Sur le
tournage, Cardinale parlait français dans
les scènes avec Alain Delon, anglais avec
Burt Lancaster et italien par ailleurs.
Sa présence aux côtés d'Alain Delon dans
Rocco et ses frères et dans Le Guépard de
Visconti, et aux côtés de Jean-Paul
Belmondo dans Cartouche la font connaître
69
du public français, alors que le succès aux
États-Unis et une renommée
internationale lui viennent en 1963 de Huit
et demi de Federico Fellini puis, en 1964,
du film Le Plus Grand Cirque du monde
d'Henry Hathaway, confirmés en 1969 par
Il était une fois dans l'Ouest de Sergio
Leone.
Les années 1970 et 1980 la voient alterner
les rôles :
Réalisations italiennes avec Marco
Ferreri, Luigi Comencini, Franco Zeffirelli,
Marco Bellocchio, Luchino Visconti (avec
70
qui elle a joué quatre fois) et surtout son
mari, le producteur Pasquale Squitieri.
Réalisations françaises avec Christian-
Jaque, José Giovanni, Michel Lang, Nadine
Trintignant, Diane Kurys ou Robert Enrico.
Réalisations internationales avec Jerzy
Skolimowski, Mikhaïl Kalatozov, George P.
Cosmatos, Alan Bridges, Werner Herzog
ou Blake Edwards (pour Le Fils de la
panthère rose, 30 ans après le premier
rôle).
À partir de la fin des années 1990, elle
tourne moins, se consacrant davantage au
71
théâtre ou à l'écriture. En 1993, elle est
membre du jury pour la sélection officielle
des longs métrages au Festival de Cannes.
Dans les années 2000, elle monte sur
scène à Paris, interprétant, en 2000, La
Vénitienne (anonyme du XVIe siècle) et
Doux oiseaux de jeunesse de Tennessee
Williams en 2005.
Elle a toujours adopté des positions
politiques marquées par des idées
libérales. De gauche, elle s'est souvent
battue pour des causes concernant les
droits des femmes et des homosexuels.
72
Elle a apporté sa contribution à nombre de
causes humanitaires. En 1999, l'UNESCO
l'a désignée Ambassadrice de bonne
volonté. « J’ai été une star, très jeune. Je
n'ai pas de mérite, le destin en a décidé
ainsi. Une étoile a toujours veillé sur moi ».
Cette phrase est extraite de son livre
autobiographique, paru le 20 janvier 2005,
Mes étoiles, aux éditions Michel Lafon.
En 2009, elle publie Ma Tunisie aux
éditions Timée, un livre de photos sur les
traces de son enfance tunisienne.
73
Fils du gouverneur de l'île de Sicile, il
commença à l'âge de 18 ans, une carrière
d'acteur après avoir obtenu son diplôme à
l'Académie des Arts Dramatiques de
Rome. Il quitta l'Italie pour partir en
Amérique du Sud à la fin des années 1940
74
où il devint un éminent metteur en scène
au Brésil et en Argentine. Il mit en scène
plus de quarante productions pour le
théâtre Brésilien de São Paulo, réalise
trois films et de nombreuses dramatiques
télévisées au Brésil. Il dirigea l'Opéra
Théâtre de Rio, pour lequel il assura
également des mises en scènes, avant de
revenir en 1963 dans son pays natal :
l'Italie.
Adolfo Celi entame alors une véritable
carrière d'acteur avec L'Homme de Rio de
Philippe de Broca en 1964. En 1965, dans
75
Opération Tonnerre, il joue le milliardaire
borgne Emilio Largo où il imposa son
physique de rapace à défaut. L'acteur prit
beaucoup de plaisir à interpréter un
méchant typique de la série Bond. C'est
pourquoi il accepta avec bonheur de jouer
de nouveau un rôle de méchant dans un «
faux » James Bond, le personnage de
Thair Beta dans Opération frère cadet
(OK Connery en VO) d'Alberto De
Martino, en 1967.
Adolfo Celi est mort à l'âge de 63 ans
d'une crise cardiaque le 19 février 1986 à
76
Rome en Italie.
Après des études secondaires en France
et cinq années à l'école d'architecture de
Milan, il fonde, avec Alberto Lattuada et
Mario Ferrari, la cinémathèque italienne
où il réunit les premiers fonds d'archives
du cinéma italien. Critique de cinéma, dès
la fin de la guerre , il écrit des articles
77
notamment dans "l'Avanti" et le "Tempo",
en même temps que des scénarios.
En 1946, il réalise son premier court
métrage, Les enfants dans la ville (Bambini
in città) qui lui vaut le "Nastro d'argento"
et deux ans plus tard, son premier long
métrage, De nouveaux hommes sont nés
(Proibito rubare).
Souvent en marge des courants et des
modes et malgré de grands succès publics
comme Pain, amour et fantaisie ou de
fortes œuvres satiriques comme La
Grande Pagaille ou L'Argent de la vieille,
78
son talent est resté assez sous-évalué par
la critique qui lui préférait, dans les
années 70, un cinéma plus engagé.
Luigi Comencini a eu quatre filles :
Cristina, Francesca, Paola et Eleonora, qui
font toutes carrière au cinéma.
79
Gino Cervi était le fils du critique
littéraire Antonio Cervi.
Il se marie en 1928 avec Nini Gordini (une
de ses partenaires) et aura un fils,
Antonio.
Il fera également le doublage d'œuvres
américaines, devenant, tour à tour,
Laurence Olivier et Orson Welles pour
leurs films shakespeariens, Clark Gable
dans It happened one night (F. Capra -
1934), James Mason dans Pandora
(A.Lewin - 1950), James Stewart dans
Harvey (H.Koster -1950) ou Michael
80
Redgrave dans le Deuil sied à Electre (D.
Nichols - 1947).
Acteur cosmopolite, il travaille pour toute
l'Europe (notamment en France, en
Espagne, en Angleterre), ne négligeant pas
non plus le théâtre où il devient le Cyrano
du dernier opéra dirigé par Raymond
Rouleau, le Cardinal Lambertini et Cyrano
de Bergerac ou Becket dans une création
de Jean Anouilh.
Il est surtout connu du grand public pour
son rôle de Peppone, le maire communiste
de Brescello, adversaire de Fernandel
81
jouant le rôle de Don Camillo. Les cinq
films de Don Camillo où ils ont partagé la
vedette, avec une grande complicité, ont
été réalisés sur une période de 16 ans.
En fin de carrière, il incarne le
Commissaire Maigret pendant six ans pour
la télévision italienne, série qui donnera un
film pour le grand écran, Maigret à Pigalle
de Mario Landi (1966), produit par son
fils, Antonio Cervi, où il retrouve la
dramaturge Andreina Pagnani dans le rôle
de son épouse.
82
Sergio Corbucci est l'un des grands noms
du cinéma bis italien. Réalisateur
prolifique, oeuvrant dans des genres très
différents, du péplum au western en
passant par les films policiers, il peut être
considéré comme la quintessence du
réalisateur populaire. Diplômé de Sciences
83
économiques puis journaliste, il devient par
la suite l'assistant de l'un des maîtres du
cinéma néo-réaliste italien, Roberto
Rossellini puis scénariste et enfin
réalisateur. C'est en 1951 qu'il réalise son
premier long métrage, Sauve ma fille. Il
réalise aussi entre 1960 et 1963 pas moins
de 7 films avec Totò. Dans le cadre du
western italien, il a réalisé deux films
majeurs: Django (1966), dont la violence
fit scandale à l'époque de sa sortie, et Le
grand silence (1968), qui est marqué par
une noirceur extrême, puisque son héros,
84
interprété par le comédien français Jean-
Louis Trintignant, est tué dans des
conditions très cruelles par le redoutable
chasseur de primes Tigrero (auquel Klaus
Kinski prête son visage de bête sauvage).
Par la suite, Corbucci s'est notamment
illustré en réalisant quelques aventures du
célèbre tandem Terence Hill / Bud
Spencer. Il est le frère de Bruno
Corbucci. Il meurt le 1er décembre 1990,
à quelques jours de son 63e anniversaire.
85
Damiano Damiani est né le 23 juillet 1922
à Pasiano, dans le Frioul. Après avoir
étudié les Beaux-Arts à l'Académie de
Brera, il travaille comme dessinateur de
bandes dessinées et comme peintre avant
de s'orienter vers le cinéma où il débute,
en 1946, comme décorateur, sur
INQUIETUDINE de Vittorio Capignano et
Emilio Cordero, et, en 1947, comme
86
assistant-réalisateur, sur UOMINI
SENZA DOMANI de Gianni Vernuccio,
dont il signe les décors et co-signe le
scénario. Dans le même temps, il
entreprend la réalisation de courts
métrages documentaires dont il assure
aussi le scénario et le montage.
À partir de 1953, Damiani mène également
une activité de scénariste. Il collabore à
de nombreux films tels que : LA
CHRONIQUE DES PAUVRES AMANTS
(Chronache di poveri amanti) de Carlo
Lizzani (1954), LES MYSTÈRES DE PARIS
87
(I Misteri di Parigi) de Fernando Cerchio
(1957), APHRODITE, DÉESSE DE
L'AMOUR (La Venere di Cheronea) de
Giorgio Rivalta et Victor Tourjansky
(1957), LES COSAQUES (I Cosacchi) de
Giorgio Rivalta et Victor Tourjansky
(1959) ou LA VALLÉE DES PHARAONS (Il
Sepolcro dei re) de Fernando Cerchio
(1960).
En 1960, Damiani passe à la réalisation de
longs métrages de fiction, dont il est aussi
l'auteur ou le co-auteur du scénario. Ces
films, dont le premier d'entre eux, JEUX
88
PRÉCOCES, obtient le Prix Fipresci au
Festival de San Sebastian, tendent à
l'intimisme. Au terme des années soixante,
sans pour autant abandonner l'analyse
psychologique et l'approche
comportementale, il donne à son œuvre une
orientation socio-politique. Le mouvement
s'amorce avec EL CHUNCHO, un «
western spaghetti » montrant la mainmise
des États-Unis sur l'Amérique Latine, et
LA MAFIA FAIT LA LOI, qui dénonce la
collusion du pouvoir politique avec
l'organisation criminelle. Après une
89
nouvelle étude de mœurs, UNA RAGAZZA
PIUTTOSTO COMPLICATA, il enchaîne
une série de films d'engagement politique
qui analysent les mécanismes du pouvoir,
sous toutes ses formes, et ses corollaires
(corruption, manipulation, assassinat, etc.)
par le biais de l'expérience d'un individu
pris dans les engrenages d'une machine
qui, inexorablement, le broient.
Quoique amené, par la suite, à tourner des
films de « divertissement » (UN GÉNIE,
DEUX ASSOCIÉS, UNE CLOCHE,
GOODBYE & AMEN, AMITYVILLE 2),
90
Damiani n'abandonne pas ses
préoccupations, tant en ce qui concerne les
conflits psychologiques (IL SOLE BUIO,
GIOCO AL MASSACRO) que le pouvoir
politique et judiciaire ainsi que le rôle de
la Mafia (UN UOMO IN GINOCCHIO,
L'AVVERTIMENTO, PIZZA
CONNECTION, L'ENQUÊTE, L'ANGELO
CON LA PISTOLA, ALEX L'ARIETE).
Dans les années 80, Damiani se tourne
vers la télévision où il dirige "Parole e
sangue" (1982), la mini-série "La Mafia"
("La Piovra", 1983), "Le Train pour
91
Petrograd" (Il Treno di Lenin, 1988), "Una
Bambina di troppo" (1994) et "Ama il tuo
nemico" (1999).
Agostina Belli est une actrice italienne. De
son vrai nom Agostina Maria Magnoni, elle
est née le 13 avril 1947 à Milan.
92
Agostina Belli commence dans la vie active
comme secrétaire dans une compagnie
d’assurance, et rien ne la prédestine alors
à une carrière dans le monde du cinéma.
Elle se voit plutôt être danseuse, car les
cachets proposés sont attractifs.
Mais le destin en décide autrement : à
l’âge de vingt-deux ans elle répond à une
petite annonce du cinéaste italien Carlo
Lizzani, qui cherche des figurantes pour
son film Bandits à Milan en 1968. Elle se
présente, décroche un petit rôle et le
cinéaste lui fait même faire un book pour
93
ses prochains castings. Le book circule et
le bouche à oreille fait le reste. Agostina
Belli prend part à deux autres films avant
d’être remarquée, par hasard, par le
réalisateur Yves Boisset. Lui aussi craque
devant la beauté de la jeune femme et lui
offre un rôle dans son film Cran d’Arrêt
avec Bruno Cremer en 1970.
Au début des années soixante-dix,
Agostina Belli joue principalement dans
des productions italiennes qui sont
principalement proposées dans les salles
de cinéma locales et sont donc inédites en
94
France. En 1972, elle tente une ouverture
vers une carrière internationale en
tournant dans le film coréalisé par Edward
Dmytryk et Luciano Sacripanti, Barbe
Bleue avec Richard Burton dans le rôle du
baron Von Stepper.
Dans les années qui suivent, Agostina Belli
tourne à nouveau dans des longs métrages
italiens jusqu’en 1974, année où elle se fait
connaître à l’échelle mondiale avec le film
de Dino Risi, Parfum de Femme. En effet,
cette comédie dramatique est présentée
en compétition à Cannes et vaut à Vittorio
95
Gassman, excellent dans son
interprétation d’un capitaine irascible et
acariâtre, le Prix d’Interprétation
Masculine. Parfum de Femme est
également primé lors de la cérémonie des
César en décrochant la statuette du
Meilleur Film étranger en 1976.
Agostina Belli conforte sa notoriété dans
une autre réalisation de Dino Risi en 1976,
La Carrière d’une Femme de Chambre, film
dans lequel elle officie dans le rôle-titre.
La même année, elle se retrouve aux côtés
de deux monstres du cinéma français,
96
Yves Montand et Claude Brasseur, dans Le
Grand Escogriffe, comédie de Jacques
Pinoteau.
En 1977, l’actrice milanaise est à l’affiche
du nouveau film d’Yves Boisset, Un Taxi
Mauve, où elle accompagne Charlotte
Rampling et Philippe Noiret. Les années
suivantes, elle se retrouve aux côtés de
Kirk Douglas pour le film Holocauste 2000,
puis Marcello Mastroianni dans le policier
Enquête à l’Italienne, et Jean-Pierre
Cassel pour La Guerillera en 1982.
Pourtant, à la fin des années soixante-dix,
97
elle espace les tournages, principalement à
cause d’une période de crise que traverse
le cinéma italien. Elle se tourne alors vers
le petit écran pour lequel elle se consacre
pleinement.
En 2008, après avoir tourné sous la
direction de Daniel Constantini dans
L’Amour qui Vient, l’Amour qui Va, elle se
rend à Paris à l’occasion de la reprise de
Parfum de Femme de Dino Risi, disparu la
même année (7 juin 2008).
Côté vie privée, elle a été mariée à l’acteur
norvégien Fred Robsahm pendant quinze
98
ans. Lorsqu’elle n’est pas sur un plateau de
cinéma, Agostina Belli vit près d’un lac
dans les environs de Rome entourée de sa
famille.
Franco Brusati
99
Franco Brusati est un scénariste et
réalisateur italien né le 4 août 1922 à
Milan et décédé le 28 février 1993 à
Rome.
Dans le riche panorama du cinéma italien
contemporain, Franco Brusati fait un peu
figure de marginal. Son œuvre, peu
abondante (huit films de 1956 à 1989), n'a
attiré l'attention que par intermittence :
Pain et chocolat, son film le plus célèbre,
lui a valu une fausse réputation d'auteur
de comédies, aux antipodes de son
véritable tempérament. Partageant son
100
activité entre le cinéma et le théâtre (il
est l'auteur de cinq pièces : Il benessere,
1960 ; La fastidiosa, 1963 ; Pietà di
novembre, 1967 ; Le rose del lago, 1974,
présentée en France sous le titre Lundi la
fête ; La donna sul letto, 1984), Brusati,
après des études de droit et quelques
années de journalisme, commence sa
carrière comme scénariste. Il travaille
notamment avec Mario Camerini (Mara,
fille sauvage, Due mogli sono troppe, Une
femme pour une nuit, Gli eroi della
domenica, Ulysse).
101
Peu après sa naissance, son père Umberto
De Sica, employé de banque et assureur,
avec lequel il eut toujours des rapports
très étroits et auquel il dédiera son film
Umberto D., et sa mère napolitaine
viennent s'installer à Naples, où ils vivront
102
jusqu'en 1914.
Dès le début de la Première Guerre
mondiale, la famille émigre à Florence, où
le jeune Vittorio, âgé d'à peine quinze ans,
commence à s'initier à la scène dans des
petits spectacles offerts aux soldats
hospitalisés. Ce sera ensuite le départ
définitif pour Rome.
Durant ses études (de comptabilité), il
obtient, grâce à un ami de la famille, un
petit rôle dans un film muet sous la
direction d'Alfredo De Antoni, L'Affaire
Clemenceau (Il Processo Clemenceau) en
103
1917. Il continue cependant ses études et,
après l'obtention de son diplôme, ce n'est
qu'en 1923 qu'il va embrasser sa carrière
de théâtre. Ce sera d'abord, pendant deux
ans, au sein de la compagnie de la célèbre
actrice Tatiana Pavlova, puis en 1925 dans
celle d'Italia Almirante, célébrité du
cinéma muet, et en 1927 dans la compagnie
de Luigi Almirante, Sergio Tofano, et
Giuditta Rissone qui deviendra par la suite
son épouse.
En 1930, il fait la connaissance de Mario
Camerini qui lui offrira en 1932 le rôle
104
d'un jeune homme brillant et désinvolte
dans le film Les Hommes, quels mufles !
(Gli Uomini, che mascalzoni !), rôle qui le
fera connaître du grand public italien.
Il n'abandonne pas pour autant le théâtre
auquel il restera fidèle jusqu'en 1949,
créant même, en 1933, sa propre troupe
théâtrale avec son épouse Giuditta Rissone
et Sergio Tofano pour des
représentations versant plutôt dans le
genre comique. Toujours sur les planches,
Alessandro Blasetti et Luchino Visconti le
feront jouer dans des pièces d'auteurs
105
célèbres tels que Langdon Martin, Luigi
Pirandello, John Boynton Priestley,
Beaumarchais, William Saroyan ou Fernand
Crommelynck.
Au cinéma, de Sica sera d'une grande
fidélité aux réalisateurs de ses débuts. Il
tournera très souvent devant les caméras
d'Amleto Palermi, Mario Camerini, Carlo
Ludovico Bragaglia, Mario Mattoli.
C'est au début des années 40 qu'il va
donner ses propres premiers « tours de
manivelle » en produisant des films plutôt
moyens tels que Madeleine, zéro de
106
conduite (Maddalena, zero in condotta) ou
Roses écarlates (Rose scarlatte) en
collaboration avec Giuseppe Amato. Le film
Mademoiselle Vendredi (Teresa Venerdì)
aura le mérite de faire connaître Anna
Magnani du grand public.
C'est en 1944, que de Sica va faire une
entrée remarquée dans le monde du
néoréalisme avec Les Enfants nous
regardent (I Bambini ci guardano) grâce,
essentiellement, à sa collaboration avec le
scénariste Cesare Zavattini, entraînant
avec lui Marcello Mastroianni.
107
Quatre grands films du genre suivront, qui
seront des chefs d'œuvre du cinéma
mondial : Sciuscià en 1946, Le Voleur de
bicyclette (Ladri di biciclette) en 1948,
Miracle à Milan (Miracolo a Milano) en
1951 et Umberto D. en 1952. Cette
période marquera l'apogée du réalisateur
qui, bien sûr, renouera avec le succès mais
de façon plus espacée.
Parmi ses œuvres de gloire, en tant que
réalisateur, il faut citer L'Or de Naples
(L'Oro di Napoli) en 1954, La Paysanne aux
pieds nus (La Ciociara) en 1960, Hier,
108
aujourd'hui et demain (Ieri, oggi, domani)
en 1963 et Le Jardin des Finzi-Contini (Il
Giardino dei Finzi Contini) en 1971.
Sophia Loren en tant qu'actrice, sera le
principal succès de Vittorio de Sica : grâce
à ses participations dans ses films, elle ira
jusqu'à obtenir le Prix d'interprétation
féminine au Festival de Cannes, l'Oscar de
la meilleure actrice, un Prix David di
Donatello, un Ruban d'argent, et un NYFCC
Award pour La Paysanne aux pieds nus (La
Ciociara). Elle sera également
récompensée pour Hier, aujourd'hui et
109
demain (Ieri, oggi, domani), Mariage à
l'italienne (Matrimonio all'italiana), Les
Fleurs du soleil (I Girasoli) et Le Voyage
(Il Viaggio).
En sa qualité d'acteur, il ne faut pas
omettre la prestation fournie en 1953
dans Pain, amour et fantaisie (Pane, amore
e fantasia) de Luigi Comencini aux côtés
de Gina Lollobrigida, et celle de 1959 dans
Le Général Della Rovere (Il Generale Della
Rovere) de Roberto Rossellini. Ainsi que
dans Madame de… un chef d'œuvre de
Max Ophüls, dans le rôle du baron Fabrizio
110
Donati, aux côtés de Danièle Darrieux et
de Charles Boyer.
Au plan sentimental et familial, après son
mariage de 1937 avec Giuditta Rissone,
rencontrée sur les planches dix ans plus
tôt et dont il aura une fille, Emi, il va se
lier à partir de 1942 avec une actrice
espagnole, Maria Mercader, rencontrée
sur le tournage d'un de ses propres films,
Un garibaldien au couvent (Un garibaldino
al convento). Divorcé d'avec Giuditta
Rissone au Mexique, il se marie dans ce
même pays avec Maria Mercader : la loi
111
italienne ne reconnaît pas ces divorce et
mariage. Pour pallier ces contretemps, il se
fait naturaliser français et se marie à
nouveau avec Maria Mercader à Paris en
1968.
Ils auront ensemble deux fils, Manuel en
1949, qui deviendra compositeur de
musiques de films et Christian en 1951, qui
suivra les traces de son père en devenant
acteur, réalisateur et scénariste.
Maria Mercader est une cousine de Ramon
Mercader, l'assassin de Trotsky.
112
Au cinéma, Gabriele Ferzetti joue le rôle
de Marc Ange Draco, dans le James Bond
Au service secret de Sa Majesté. Il y est
le père de la comtesse Teresa « Tracy »
Di Vicenzo, jouée par Diana Rigg qui
épousera, in fine, l’agent 007 incarné dans
113
ce film, et pour l'unique fois, par George
Lazenby. En France, il est célèbre pour son
rôle dans le feuilleton Une famille
formidable, où il campe le personnage de
Nono, le respecté patriarche de la famille
vivant au Portugal où elle se réunit
(presque) tous les étés pour les vacances.
Il a joué aussi dans le western spaghetti
de Sergio Leone : Il était une fois dans
l'Ouest. Gabriele Ferzetti a aussi tenu le
rôle masculin principal de L'Avventura
d'Antonioni.
114
Vittorio Gassman est né d'un père
autrichien et d'une mère juive italienne,
une toscane championne de basket. Après
avoir débuté des études de droit, il se
tourne vers le théâtre en entrant en 1943
à l'Académie d'Art dramatique de Rome
sous l'impulsion de sa mère. Il a fait ses
débuts au cinéma à 24 ans dans Daniele
115
Cortis de Mario Soldati. Sa carrière
théâtrale est moins connue en France que
sa carrière cinématographique. Il connut
pourtant un grand succès en Italie, en
jouant très tôt de très grands rôles :
Hamlet, Troïlus et Cressida, La route au
tabac, Othello... En 1961, il crée sa
compagnie théâtrale Le Théâtre Populaire
Italien. Au cinéma, les grands rôles furent
plus tardifs, si l'on excepte Riz amer. Son
contrat hollywoodien n'eut aucun
retentissement, quoique ses prestations
fussent souvent magistrales.
116
Entrée dans le cinéma à l'âge de quinze
ans, en 1956, dans le film Guendalina, elle
commence ainsi une longue carrière
cinématographique qui l'amènera à devenir
l'une des interprètes majeures du cinéma
italien.
En 1959, elle a été assistante du
présentateur Mario Riva dans le
117
programme TV Il Musichiere (jeu de mot
sur musicista (musicien), le verbe chiedere
(demander) et bicchiere (verre), associée
à Patrizia Della Rovere. À partir des
années 1960, l'actrice commence à
travailler au théâtre. En 1960, elle
interprète le rôle de Juliette à Vérone
dans le cadre du festival Shakespeare où
elle rencontre Gian Maria Volontè, qui sera
longtemps son compagnon et dont elle a
une fille, Giovanna. Avec Volontè, Carla
Gravina partage également un fort
engagement politique. Après quelques
118
années d'activité théâtrale, elle revient au
cinéma en 1967, en interprétant I sette
fratelli Cervi (les sept frères Cervi), qui
lui permet d'ajouter à son engagement en
tant qu'actrice celui de la politique, ainsi
que dans les films suivants comme
Alfredo, Alfredo de Pietro Germi, Il caso
Pisciotta (le cas Pisciotta) d'Eriprando
Visconti et Banditi a Milano (bandits à
Milan) de Carlo Lizzani, auprès de Volontè.
Outre le théâtre et le cinéma, Carla
Gravina a aussi participé à nombre de mini-
séries télévisées parmi lesquelles le très
119
célèbre Il segno del comando (le signe du
commandement) de 1971. Carla choquera le
public italien en interprétant le rôle de la
possédée Ippolita Oderisi dans le film
L'Antéchrist d'Alberto De Martino en
1974.
Candidate pour le PCI dans le collège de
Milan aux élections politiques du 4 juin
1979, elle succède, en qualité de première
sur liste complémentaire, à Luigi Longo,
après son décès, et siège à la Camera dei
deputati du 23 octobre 1980 au 11 juillet
1983.
120
Avec le début des années 1990, Carla
abandonne définitivement la télévision
pour se consacrer exclusivement au
théâtre où elle est dirigée par les plus
grands metteurs en scène italiens parmi
lesquels Giorgio Strehler, Luca Ronconi et
Giancarlo Cobelli. Parmi ses
interprétations les plus significatives, se
détache celle de Mirandolina dans La
Locandiera (l'aubergiste) de Carlo Goldoni.
121
Issu d'une famille de la petite bourgeoisie
de province italienne, Federico Fellini est
né dans la station balnéaire de Rimini sur
la côte adriatique. Durant sa jeunesse, il
est marqué par le pouvoir, l'Eglise et le
fascisme, ce qui se ressentira plus tard
dans son œuvre (Amarcord, par exemple).
Attiré par le journalisme et par le dessin
122
de presse, il s'installe en 1939 à Rome où il
est engagé par un hebdomadaire
humoristique à grand tirage, Marc'Aurelio.
L'une des « lectrices » est Giulietta
Masina. Lorsqu'il la rencontre, c'est le
coup de foudre : il l'épouse le 30 octobre
1943.
Il débute au cinéma comme script et
comme assistant-scénariste de Roberto
Rossellini pour le film Rome, ville ouverte
(Roma, città aperta) en 1945. Si cette
collaboration dure plusieurs années, Fellini
travaille également aux côtés de Pietro
123
Germi (Au nom de la loi, In nome della
legge en 1948) et d'Alberto Lattuada
(Sans pitié, Senza pietà en 1948). C'est
avec ce dernier qu'il réalise sa première
véritable mise en scène, Les Feux du
music-hall (Luci del varietà) en 1951, une
œuvre fortement influencée par le
courant néoréaliste.
En 1952, il assure seul la réalisation de la
comédie du Cheik blanc (Lo Sceicco
bianco), puis tourne en 1953 Les Vitelloni
(I Vitelloni), imposant définitivement
l'univers fellinien.
124
C'est avec La Strada, en 1954, que
Federico Fellini obtient son succès
international. Dans ce film, comme dans Il
Bidone en 1955 et dans Les Nuits de
Cabiria (Le Notti di Cabiria) en 1957, il
met en vedette sa femme, Giulietta
Masina. Dans le premier film, elle joue le
rôle de Gelsomina, une misérable artiste
de cirque, brutalisée par Zampanò, le
directeur de la troupe (Anthony Quinn),
et, dans le dernier, celui de Cabiria, une
prostituée courageuse, mais naïve.
La dolce vita en 1960, qui obtiendra une
125
Palme d'or au festival de Cannes, est un
tournant décisif. Ce film impose
définitivement ce qu'on appellera
désormais (souvent à tort et à travers) le
baroque fellinien, qui définit notamment
les personnages (exubérants,
extravagants, véritables caricatures
vivantes), la narration (pas de réelle
progression dramatique) ou le traitement
du temps (le réel et l'imaginaire
s'entremêlent allègrement).
L'énorme succès de La dolce vita, dont la
musique lancinante signée Nino Rota allait
126
faire le tour du monde, lui permet de
réaliser, trois ans plus tard, son film le
plus personnel et le plus ambitieux, Huit et
demi (Otto e mezzo). En livrant ainsi ses
angoisses et ses fantasmes de cinéaste à
travers Marcello Mastroianni, Fellini
propose une réflexion passionnante sur la
création artistique.
Après la démesure de son Satyricon en
1969, d'après l'œuvre de Pétrone, Fellini,
désormais débarrassé de l'héritage
néoréaliste, plonge dans ses souvenirs
d'enfance avec Les Clowns (I Clowns) en
127
1970, téléfilm sorti aussi dans les salles
de cinéma, Fellini Roma en 1972 et,
surtout, Amarcord en 1973, qui évoque son
adolescence à Rimini, sa ville natale.
Avec Le Casanova de Fellini (Il Casanova di
Federico Fellini) en 1976, il renoue avec le
baroque fastueux du Satyricon. Sa veine
intime reprend avec un nouveau téléfilm
qui sera également exploité dans les salles
de cinéma : Répétition d'orchestre (Prova
d'orchestra) en 1979.
Les années 1980 s'ouvrent sur La Cité des
femmes (La Città delle donne) en 1980.
128
Suivront Et vogue le navire... (E la nave
va...) en 1983, véritable opéra funèbre,
Ginger et Fred (Ginger e Fred) en 1985 et
Intervista en 1987.
C'est avec La voce della luna, en 1990, un
film au climat crépusculaire que se clôt
l'activité cinématographique de Fellini.
Lors des funérailles d'État à Rome auquel
Fellini a droit, le célèbre trompettiste
italien Mauro Maur joua L'improvviso
dell'angelo de Nino Rota.
129
Marco Ferreri est né à Milan le 11 mai
1928 dans une famille originaire de Pavie.
Après des études de vétérinaire et après
avoir tenté d’imposer une nouvelle
approche du documentaire, il réalise des
films publicitaires pour une société de
liqueur, puis il devient producteur. Porté
130
par l’effervescence culturelle de l’après-
guerre en Italie, il vient s’installer à Rome
et se lance dans la production d’une série
de documentaires en demandant à divers
cinéastes et scénaristes (dont Luchino
Visconti, Vittorio De Sica, Federico Fellini,
Alberto Moravia et Cesare Zavattini) de
réaliser des films qui « éviteraient toute
manipulation du spectateur ».
En 1951, il fonde avec Riccardo Ghione «
Documento mensile », un éphémère ciné
journal auquel collaborent quelques grands
noms du cinéma et de la littérature.
131
L’année suivante, il est directeur de
production sur le film d’Alberto Lattuada
« Le Manteau » (Il Cappotto, 1952) puis en
1953, il produit avec Zavattini et Ghione
L'Amour à la ville (L’amore in città) un
film-enquête réalisé sous forme de
sketches. Il apparaît pour la première fois
à l’écran dans l’épisode Les Italiens se
retournent, réalisé par son ami Alberto
Lattuada, dont il va être l’interprète cette
même année pour La Pensionnaire (La
spiaggia) où il est également directeur de
production.
132
En 1954, il tient un rôle dans Femmes et
Soldats (Donne e soldati) le film de Luigi
Malerba et Antonio Marchi. En 1956, il se
rend en Espagne où il vend des appareils
de projection. Il fait la connaissance du
romancier Rafael Azcona, jeune
collaborateur au journal satirique La
Codurniz. De leurs nombreuses affinités
naît une étroite collaboration qui prélude
aux débuts dans la mise en scène de Marco
Ferreri. Celui-ci tourne trois films en
Espagne avant de regagner son pays natal :
L'Appartement (El pisito), en 1958, une
133
satire de la crise du logement tirée d’une
nouvelle d’Azcona dont il a d’abord songé à
proposer l’adaptation à Luis Berlanga ;
Les Enfants (Los chicos), en 1959,
l’histoire douce amère de 4 jeunes gens
qui attendent la fin de la semaine pour
s’amuser un peu ;
La Petite Voiture (El cochecito), en
1960, un film savoureux dans lequel José
Isbert incarne un vieillard qui va jusqu’à
empoisonner sa famille pour obtenir la
voiture d’infirme de ses rêves. Le film
triomphe au Festival de Venise 1960, et
134
obtient à Paris le grand prix de l’humour
noir.
En 1961, en Italie, Ferreri retrouve
Zavattini pour un nouveau film-enquête
Les femmes accusent, en 9 épisodes. Il se
charge de celui intitulé L'adultère.
En 1962, il collabore au scénario de
Mafioso, qui est réalisé par Alberto
Lattuada, puis tourne une satire de
l’institution matrimoniale en Italie, Le Lit
conjugal (Una storia moderna: l'ape regina)
qui lui vaut ses premiers démêlés avec la
censure et le place définitivement au rang
135
des cinéastes iconoclastes. Il est acteur
dans Sortilegio de Nando Bonomi, en 1970,
et dans Ciao Gulliver de Carlo Tuzii.
Dans les années 1970, le goût du cinéaste
pour les sujets sulfureux s'intensifie. Ses
films analysent les névroses
qu'engendrent la productivité industrielle
et l’accumulation capitaliste dans la
société moderne. Il fait d’Annie Girardot
un animal de cirque, doté d’un
impressionnant système pileux dans Le
Mari de la femme à barbe (La donna
scimmia). Il demande à Ugo Tognazzi
136
d'incarner un professeur d’éducation
sexuelle dans Controsesso. Il montre
Marcello Mastroianni obsédé par le
gonflage de ballons dans Break-up,
érotisme et ballons rouges (L'uomo dei
palloni) et il transforme Catherine
Deneuve en femme-chienne dans Liza (La
cagna). Le « trou des Halles » lui inspire un
western-dérision Touche pas à la femme
blanche ! rejouant la mort du général
Custer. Dans La Grande Bouffe, il met en
scène le suicide de quatre amis par
hyperalimentation. La présentation du film
137
fait scandale au Festival de Cannes de
1973. Après Rêve de singe (Ciao maschio)
tourné à New York, il semble plus
volontiers s'intéresser au monde de
l’enfance, ultime espoir d’une société dont
il ne cesse de filmer la décadence
Pipicacadodo (Chiedo asilo).
Ferreri mettait tous ses espoirs dans la
jeunesse, la seule capable, à ses yeux, de
changer le monde moderne. Celui qui se
désignait lui-même comme un cinéaste du
mauvais goût fut l’un des poètes
dérangeants de la folie contemporaine et
138
de la modernité cinématographique. Il
meurt d'une crise cardiaque à Paris, à
l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le
vendredi 9 mai 1997. Il est enterré le 13
mai à Rome, dans le grand cimetière
communal. Il était âgé de 69 ans.
Ses films sur la décadence de la société,
se terminent souvent par la fuite,
l'automutilation ou la mort volontaire de
leur personnage principal.
139
Né d'une mère allemande et d'un
ingénieur-chimiste italien, Terence Hill a
deux frères. Enfant, il vécut au village de
Lommatzsch en Allemagne puis survécut au
bombardement de Dresde à la fin de la
Seconde Guerre mondiale.
Il s'installe à Rome, où en 1951 Dino Risi le
remarque lors d'une compétition de
natation et lui offre un petit rôle dans son
140
premier film Vacanze col gangster
(Vacances avec le gangster) : il n'a alors
que 12 ans. Après avoir tourné 27 films en
Italie, il obtint un second rôle dans le film
de Luchino Visconti Le Guépard (Il
Gattopardo) (1963). En 1964, il retourne
en Allemagne et tourne dans plusieurs
séries d'aventure et des westerns,
d'après des nouvelles de l'auteur allemand
Karl May. En 1967, il revient en Italie pour
jouer dans Dieu pardonne… pas moi ! (Dio
perdona… Io no!) (1968). C'est sur ce
tournage qu'il fait la connaissance de Carlo
141
Pedersoli, alias Bud Spencer1. La même
année, il change son nom en Terence Hill.
Dans les années suivantes, il joue dans de
nombreux films d'action et westerns
(appelés généralement Western spaghetti)
avec son partenaire Bud Spencer. Le duo
remporte un certain succès en Italie et
ailleurs avec des films de série B. Ses
films les plus célèbres sont le western de
1971 Lo chiamavano Trinità (On l'appelle
Trinita) et sa suite de 1972 Continuavano a
chiamarlo Trinità (On continue à l'appeler
Trinita), puis Maintenant on l'appelle Plata.
142
En 1973, il joue en duo avec Henry Fonda
dans Mon nom est Personne (Il mio nome è
nessuno) produit par Sergio Leone, avec
une musique de Ennio Morricone. Il joue
également le rôle de Lucky Luke dans un
film qu'il réalise en 1991.
En 1990, son fils adoptif, Ross, décède
dans un accident de moto à l'âge de 17 ans.
Depuis l'an 2000, Terence Hill incarne
avec succès le bon prêtre Don Matteo
dans la série télévisée Don Matteo Un
sacré détective, diffusée sur Rai Uno et
sur TF1 en 2001.
143
Cinéaste italien, Riccardo Freda est né à
Alexandrie, (Égypte), le 24 février 1909,
de parents napolitains. Formé à la
sculpture à Milan, ses premières
commandes pour le septième art sont des
statues pour décorer le «Centro
Sperimentale di Cinematografia» romain
où il poursuit ses études. Passé à
l’écriture, il collabore à l’écriture de
144
nombreux mélodrames puis devenu
producteur, il aide ses amis Goffredo
Alessandrini ou Raffaello Matarazzo à
monter d’ambitieux projets. En 1942, il
lance en Europe, le film de cape et d’épée
avec un coup d’essai remarqué, Don César
de Bazan, incarné par Gino Cervi. Suivront
plusieurs films appartenant au même genre
: L’aigle noir et La vengeance de l'aigle
noir, gros succès dont Rossano Brazzi est
la vedette et Le chevalier mystérieux où
Vittorio Gassman, interprète de Casanova,
séduit Maria Mercader, Yvonne Sanson et
145
Gianna Maria Canale. En 1947, il retrouve
Gino Cervi en Jean Valjean pour L'évadé
du bagne une adaptation des Misérables
de Victor Hugo, son écrivain de chevet
avec Alexandre Dumas — dont il tire
d’ailleurs, peu après, l’idée de son film Le
fils de d'Artagnan. En 1952, Riccardo
Freda remet cette fois au goût du jour le
péplum — qui fit les beaux jours du cinéma
muet italien — avec Spartacus (interprété
par Massimo Girotti) antérieur de huit ans
à la version de Stanley Kubrick avec Kirk
Douglas. L’année suivante, Riccardo Freda
146
défie Hollywood avec la superproduction
en couleurs de la «Lux», Theodora,
impératrice de Byzance dont la vedette,
Gianna Maria Canale est alors son épouse :
«Pendant que je préparais Theodora, la
M.G.M. préparait une superproduction sur
le même sujet avec Ava Gardner. Ils
n’avaient pas eu le temps de finir le script
que j’avais bouclé mon film. Avec 350
millions de lires. Ce que la Fox et
Mankiewicz ont dépensé en eau minérale
et en bière sur le plateau de Cléoâtre.
C’était le premier film italien en
147
Eastmancolor, la pellicule devait être
développée aux États-Unis. On la mettait
chaque soir dans des valises métalliques
emplies de glace, on les expédiait et on
attendait. J’ai fait ce film en cinq
semaines sans pouvoir vérifier une seule
fois ce que je tournais. Mes acteurs sont
médiocres mais je m’en fous. J’ai toujours
négligé les acteurs. J’ai tout misé sur les
scènes spectaculaires. Si vous avez les
moyens de vous endormir après la course
de chars et de vous réveiller pour la
bataille finale, ne vous gênez pas : vous ne
148
manquerez pas grand-chose. Pourtant, le
«New York Times» m’a fait un grand
compliment sur Theodora : Si Monsieur
Cecil B. De Mille pense avoir le monopole
du film à grand spectacle, il n’a qu’à voir ce
film pour savoir qu’il l’a perdu…» En 1956,
Riccardo Freda s’attaque au fantastique
dans la plus pure tradition du gothique
anglais et précède là encore, la
renaissance du genre. Font partie de cette
catégorie : Les vampires, film dont
l’excellent Mario Bava signe la
photographie et L'effroyabe secret du
149
docteur Hichcock suivi de Le spectre du
docteur Hichcock, dytique qui fait de
Barbara Steele une star. Auparavant, en
1960, il est revenu au péplum pour Le
géant de Thessalie, variation personnelle
sur l’odyssée de Jason à la poursuite de la
Toison d’or, suivi en 1962, d’un autre
fleuron du genre : Maciste en enfer,
savoureux clin d’œil à Dante. La même
année, dans Sept épées pour le roi, il
s’inspire avec bonheur de Velasquez
comme il l’avait déjà fait avec Le Caravage
pour Le château des amants maudits. Puis,
150
en 1963, fasciné par les mémoires de
l’orfèvre Benvenuto Cellini, il porte à
l’écran sa vie tumultueuse dans L’aigle de
Florence. Par la suite, Riccardo Freda
alterne le mélodrame (Les deux
orphelines, Roger la honte) et le film
d’espionnage (Coplan FX18 casse tout,
Coplan ouvre le feu à Mexico) et réalise
même un western (Quand l'heure de la
vengeance sonnera). Retiré bien malgré lui
à la fin des années 1970, il signe encore un
ultime film grâce à Simon Mizrahi et
devient le conseiller technique de
151
Bertrand Tavernier pour deux films de ce
dernier : La passion Béatrice (1987) et La
fille de d'Artagnan (1994), inspirés de son
œuvre. Freda a rédigé en 1981, ses
mémoires, hautes-en-couleurs : Divoratori
di celluloide. Il y confesse son dégoût du
néo-réalisme italien et son amour du grand
spectacle. Signalons enfin que Riccardo
Freda a utilisé les pseudonymes suivants :
Robert Hampton, George Lincoln, Dick
Jordan, Renato Dery et Willy Pareto.
Riccardo Freda est mort le 20 décembre
1999 à Rome, à l’âge de 90 ans.
152
Virna Lisi qui nait au 7ème art à l'âge de
16 ans est née à Ancône en Italie. Elle
apparaît donc en 1953 dans E Napoli canta.
Le physique de Virna ne passe pas inaperçu
et se fait engager très rapidement dans
des films aussi différents que des péplums
(Romulus et Rémus), des comédies avec
Toto ou plus ambitieux avec Joseph Losey
153
(Eva, 1962).
Dès 1964, Virna Lisi connaît une renommée
plus grande suite à la sortie de La Tulipe
noire de Christian-Jaque avec Alain Delon.
Hollywood l'appelle : elle tourne
notamment avec Jack Lemmon dans
Comment tuer votre femme mais retourne
vite en Italie pour jouer sous la direction
de Pietro Germi dans Ces messieurs
dames, film de 1965 qui obtient à Cannes
la fameuse Palme d'Or. Plus utilisée que
pour son talent, Virna alterne entre films
d'auteurs et film de genres, tournant
154
aussi bien avec Henri Verneuil, Risi,
Bolognini que Terence Young. Pendant les
années 70, elle se fait plus rare, se
réugiant par la suite dans des projets
tournés pour la petite lucarne. Elle revient
en force en 1994 grâce à Patrice Chéreau
qui la choisit pour jouer le rôle de
Catherine de Medicis dans La Reine
Margot : l'actrice obtient alors le prix
d'interprétation à Cannes puis le César du
meilleur second rôle.
Depuis, on a pu la voir dans le téléfilm
consacré à Balzac de Josée Dayan. Virna
155
Lisi reste une actrice d'envergure
internationale dans le paysage du 7ème
art.
Dès ses débuts, Carmine Gallone adapte
des classiques comme Histoire des Treize
(1917), Le Colonel Chabert (1920), tous
deux d'après le roman éponyme de Balzac
156
ou encore Il bacio di Cirano d'après
Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand.
Après nombre de réalisations où il met en
scène l'actrice Lyda Borelli, puis sa propre
épouse Soava Gallone, il réalise en
collaboration avec Amleto Palermi, un film
colossal « à la manière de » Cecil B.
DeMille : Les Derniers jours de Pompei (Gli
ultimi giorni di Pompei) en 1926.
Mais la crise économique italienne de 1929
l'oblige à s'exiler en Allemagne, puis en
Angleterre et enfin en France où il produit
trois films, avant de retourner en Italie où
157
il devient l'un des « piliers » de la reprise
du cinéma italien de 1935 à 1961, avec
notamment l'adaptation d'œuvres lyriques
(Rigoletto, Il trovatore, La forza del
destino, Madama Butterfly, Tosca), des
biographies filmées (Casta Diva d'après la
vie de Vincenzo Bellini, Giuseppe Verdi,
Casa Ricordi, Puccini) et des péplums.
Il a aussi réalisé Les Deux Orphelines
(1942), deux Don Camillo (1955 et 1961) et
Michel Strogoff d'après Jules Verne
(1956) qui ont eu un énorme succès en
France.
158
Issue d'une modeste famille du milieu
ouvrier contrainte de quitter sa « province
» pour Rome, Gina Lollobrigida se montre
très attirée par le milieu artistique et
devient étudiante à l'Académie des Beaux-
arts. Elle se voit confier le rôle principal
159
dans un roman-photo qui va la faire
remarquer par le milieu
cinématographique. Elle participe
également à des concours de beauté ; en
1947, elle termine deuxième au concours
de Miss Rome et troisième à celui de Miss
Italie derrière Lucia Bosé et Gianna Maria
Canale, deux futures étoiles du cinéma
italien.
Durant quatre longues années (1947 à
1951), le cinéma, jouant de sa superbe
plastique, ne lui offrira que des rôles
secondaires : dans L’Aigle noir de Riccardo
160
Freda, Le Crime de Giovanni Episcopo
d'Alberto Lattuada, Attention ! Bandits !
de Carlo Lizzani et Traque dans la ville de
Pietro Germi entre autres, elle travaille
aussi avec Luigi Zampa et Mario Monicelli,
jusqu'au film de Christian-Jaque, Fanfan
la Tulipe, où elle interprète aux côtés de
Gérard Philipe un rôle plus remarqué.
Entre temps, elle épouse le 15 janvier
1949 le docteur Milko Skofic qui,
abandonnant son activité, devient son
impresario.
Après un détour par Hollywood où elle doit
161
repousser les avances du richissime
Howard Hughes, elle se retrouve devant
les caméras de René Clair pour Les Belles
de nuit en 1952 (où elle rivalise avec
Martine Carol) et de Luigi Comencini pour
Pain, Amour et Fantaisie en 1953, suivi
l'année suivante par Pain, amour et
jalousie, où elle envoûte Vittorio De Sica,
deux triomphes qui dépassent largement
les frontières du pays. Elle gagne enfin
une stature internationale avec John
Huston qui la fait jouer auprès
d'Humphrey Bogart dans Plus fort que le
162
diable, et le Britannique Carol Reed pour
Trapèze avec Burt Lancaster et Tony
Curtis ; le rôle d'Esmeralda dans Notre-
Dame de Paris de Jean Delannoy la
confirme encore en 1956 auprès du
fabuleux Anthony Quinn dans le rôle du
difforme Quasimodo. En Italie, La
Marchande d'amour de Mario Soldati et
La Belle Romaine de Zampa confortent son
statut de vedette.
En 1957, elle met au monde Milko Jr,
tourne avec Vittorio De Sica pour Anna de
Brooklyn et avec Jules Dassin pour La Loi
163
(avec Yves Montand, Pierre Brasseur et
Marcello Mastroianni) puis repart aux
USA où elle « crève l'écran » devant les
caméras de John Sturges en 1958 avec
Frank Sinatra et Steve McQueen pour La
Proie des vautours, puis celles de King
Vidor en 1959 avec Yul Brynner pour
Salomon et la Reine de Saba - où elle
devait avoir initialement pour partenaire
Tyrone Power. Les années 50 s'achèvent
en Amérique pour Gina.
Logiquement, les années 60 pour Gina
Lollobrigida débutent à Hollywood. Elle
164
s'illustre dans Le Rendez-vous de
septembre de Robert Mulligan au côté de
Rock
Hudson avant de rejoindre l'Europe en
1962 pour Vénus impériale de Delannoy où
elle prête sa beauté à Pauline Bonaparte,
La Mer à boire avec Jean-Paul Belmondo
et La Femme de paille avec Sean Connery.
Films sans grand succès à l'exception de
celui de Jean Delannoy. Privilégiant la
comédie, la belle paraît encore dans Les
Poupées de Mauro Bolognini (où elle
rivalise avec Virna Lisi, Monica Vitti et
165
Elke Sommer) et Moi, moi, moi... et les
autres du vétéran Alessandro Blasetti
(avec Silvana Mangano et Walter Chiari) ,
avant de retrouver Rock Hudson dans
Etranges compagnons de lit de Melvin
Frank et de rejoindre avec Alec Guiness le
Paradiso, hôtel du libre-échange, adapté
de Georges Feydeau par Jean-Claude
Carrière et mis en scène par l'anglais
Peter Glenville.
L'actrice accompagne pourrait-on dire
Delannoy dans sa chute (Les Sultans avec
Daniel Gélin et Louis Jourdan). Les
166
aventures extraordinaires de Cervantes
avec Horst Buchholz, La mort a pondu un
oeuf avec Jean-Louis Trintignant, La
Marine en folie de Frank Tashlin (avec Bob
Hope, Jeffrey Hunter et Mylène
Demongeot) ne relancent pas sa carrière.
1968 est une année charnière dans la vie
de Gina puisqu'elle met fin à 19 années de
mariage. Ayant perdu son impresario, elle
met un frein à sa carrière après le
tournage de Buona sera, madame Campbell
de Melvin Frank aux côtés de Shelley
Winters, et le pourtant remarquable Ce
167
merveilleux automne de Mauro Bolognini,
où elle a une liaison avec un adolescent.
Lollobrigida participe avec Lee Van Cleef
et James Mason au western parodique Les
quatre mercenaires d'El Paso, avec David
Niven à la comédie de Jerzy Skolimowski
Roi, dame, valet ; elle retrouve Luigi
Comencini pour incarner la fée dans Les
aventures de Pinocchio avec Nino
Manfredi en Geppetto. Elle se lance dans
une nouvelle passion : la photographie,
cessant de tourner après 1973 et le drame
Roses rouges et piments verts avec
168
Danielle Darrieux et Susan Hampshire, où
elle joue une photographe justement.
En 1984, on la revoit à la télévision,
notamment dans plusieurs épisodes de la la
série Falcon Crest où son personnage fait
montre d'une grande sensualité et du plus
grand mépris (justifié) pour ses cousins
américains, et en 1985 dans la télésérie
Prête-moi ta vie avec Stefanie Powers en
vedette. Dans Très belle et trop naïve
(1988) de Giuseppe Patroni Griffi d'après
le roman d'Alberto Moravia qui inspira La
Belle Romaine trente-quatre ans plus tôt,
169
elle joue la mère et Francesca Dellera lui
succède. En 1986, elle est présidente du
jury du Festival international du film de
Berlin et y reçoit un prix la Caméra de la
Berlinale.
Elle reçoit la Légion d'honneur en 1995
des mains du président François
Mitterrand. La même année, elle apparaît,
aux côtés d'une kyrielle de grands
acteurs, dans le film d'Agnès Varda, Les
Cent et Une Nuits de Simon Cinéma, dans
lequel la cinéaste tient un discours
critique à son égard : la fée du cinéma, que
170
Gina incarne, serait vénale. À ce jour, ses
derniers rôles remontent à 1996 dans Una
donna in fuga, avec Dalila Di Lazzaro et
Ben Gazzara, et dans XXL d'Ariel Zeitoun,
auprès de Gérard Depardieu, les deux au
cinéma.
Le 16 octobre 1999, Gina Lollobrigida a été
nommée Ambassadrice de bonne volonté
de l’Organisation des Nations Unies pour
l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Gina Lollobrigida se consacre aujourd'hui à
la sculpture et à la photographie. Elle a
annoncé le 19 octobre 2006 à la télévision
171
italienne, son intention d'épouser Javier
Rigau Rafols, 45 ans, un entrepreneur
immobilier rencontré à Monte-Carlo en
1984.
Sophia Loren, (née Sofia Villani Scicolone)
le 20 septembre 1934 à Rome, est une
actrice italienne.
172
Sophia Loren a été une des actrices
incontournables du cinéma italien. Elle a
tourné dans de nombreux films depuis la
fin des années 1950. Elle obtient ses plus
grands rôles dans les années 60 avec
notamment le personnage dramatique de
La Ciociara. Son interprétation est
couronnée par les deux plus grandes
récompenses du cinéma (prix
d'interprétation féminine au festival de
Cannes et l'oscar de la meilleure actrice).
Dans Hier, aujourd'hui et demain elle
réalise un striptease devant Marcello
173
Mastroianni : cette scène est devenue une
des plus célèbres de l'histoire du cinéma.
L'année suivante, le réalisateur Vittorio
De Sica réunit à nouveau le couple
napolitain Loren/Mastroianni dans Mariage
à l'italienne.
Elle a été mariée avec le producteur de
cinéma Carlo Ponti (1912-2007) avec lequel
elle s'est mariée deux fois : la première
fois en septembre 1957, mais l'annulation
de ce premier mariage pour non-
enregistrement du divorce de Carlo Ponti
les oblige à se remarier, dans les formes
174
cette fois, le 9 avril 1966. Ils auront deux
fils; Carlo (né en 1968) et Eduardo (né en
1973).
Fille illégitime de l'ingénieur Riccardo
Scicolone, Sofia est emmenée par sa mère
Romilda Villani, enseignante de piano, qui
déménage de Rome à Pouzzoles (en
Campanie).
Sofia Scicolone passe une enfance et une
jeunesse difficiles dans cette ville
portuaire d'environ 80 000 habitants à
une quinzaine de km de Naples. Jeune, elle
est attirée par le monde du spectacle.
175
Fortement encouragée par sa mère, elle «
monte » à Rome à l'âge de seize ans (1950)
pour chercher fortune dans le cinéma[réf.
souhaitée]. Elle réussit à se tailler une
certaine réputation en apparaissant dans
des romans-photos (genre populaire alors)
sous le pseudonyme de Sofia Lazzaro et
obtient des petits rôles dans des films, où
elle est parfois apparue seins nus, comme
Si Si, Era lui... ! en 1951 ou Deux nuits avec
Cléopâtre en 1953, alors qu'elle n'avait
que 16 ans pour le 1er film, et 18 pour le
second. Ces apparitions ont été vues en
176
France mais pas en Italie puisque la
censure, toujours vigilante dans la
péninsule, les avait supprimées. Ces films
sont depuis extrêmement recherchés par
les fans de la star, en raison de leur
extrême rareté. Une photo de Sophia
Loren seins nus, tiré de Si Si, Era lui... ! a
été reprise en 1957 dans Playboy quand
l'actrice avait acquis une déjà très
importante notoriété. Elle ne s'est jamais
remontrée nue depuis, arguant du fait
qu'elle ne se sentait pas à l'aise dans ces
conditions et que « Sophia Loren nue, ça
177
représente beaucoup de nudité ».
C'est sur le tournage, en 1952, du film
Sous les mers d'Afrique de Giovanni
Roccardi que naît Sophia Loren, ainsi « re-
baptisée » par le producteur Goffredo
Lombardo et qu'un autre producteur Carlo
Ponti, qu'elle épousera plus tard bien qu'il
soit de 22 ans son aîné, lui fait signer un
contrat de sept ans. Elle va alors entamer
sa longue et prestigieuse carrière, avec
des rôles de femmes « populaires » dans
Le Carrousel fantastique (Carosello
napoletano) d'Ettore Giannini en 1953, puis
178
L'Or de Naples (L'Oro di Napoli) de
Vittorio de Sica et Dommage que tu sois
une canaille (Peccato che sia una canaglia)
d'Alessandro Blasetti en 1954, ainsi que
Par dessus les moulins (La Bella mugnaia)
de Mario Camerini en 1955.
Rapidement, Sophia Loren va acquérir une
renommée internationale grâce à sa
provocante et explosive beauté qui,
cependant, n'a jamais entamé l'aspect
artistique et l'indubitable grâce qu'elle
exprima en tant qu'actrice dramatique
pendant toute sa carrière.
179
En 1955, elle fait la couverture de Life
magazine alors que Carlo Ponti envisage
pour elle une carrière internationale.
Sophia Loren dans le Le Couteau dans la
plaie (1962).
La période de 1957 à 1961 sera sa période
Hollywood et elle jouera sous la houlette
de Jean Negulesco, Stanley Kramer,
Henry Hathaway, Delbert Mann, Carol
Reed, George Cukor, Melville Shavelson,
Sidney Lumet, Michael Curtiz. Mais c'est
surtout Martin Ritt qui lui apportera sa
première consécration avec le film
180
L'Orchidée noire (The Black Orchid) où
son rôle de Rose Bianco lui fera obtenir la
Coupe Volpi de la meilleure actrice à la
Mostra de Venise en 1958. Elle aura de
plus, eu l'occasion de côtoyer les «
monstres sacrés » du cinéma hollywoodien
que sont Cary Grant, Frank Sinatra, John
Wayne, Anthony Perkins, William Holden,
Trevor Howard, Anthony Quinn, George
Sanders, Peter Sellers, Clark Gable, John
Gavin, Charlton Heston et Raf Vallone.
Entretemps, en 1960, sort le film de
Vittorio de Sica, La Paysanne aux pieds
181
nus (La Ciociara) où elle tient le rôle de
Cesira aux côtés de Jean-Paul Belmondo.
Ce sera une avalanche de récompenses
pour Sophia Loren : Prix d'interprétation
féminine au Festival de Cannes, David di
Donatello de la meilleure actrice, Ruban
d'argent de la meilleure actrice principale,
NYFCC Award de la meilleure actrice et
Oscar de la meilleure actrice.
C'est sans doute le succès de La Ciociara
qui la fait revenir devant les caméras
italiennes et plus précisément celle de
Vittorio de Sica. On la verra
182
successivement dans Boccace 70
(Boccaccio '70) et Les Séquestrés
d'Altona (I Sequestrati di Altona)' en
1962, Hier, aujourd'hui et demain (Ieri,
oggi, domani) en 1963 où elle fera
fantasmer avec ses porte-jarretelles
noires, Mariage à l'italienne (Matrimonio
all'italiana) en 1964. Un peu plus tard, ce
sera Les Fleurs du soleil (I Girasoli) en
1970 et Le Voyage (Il Viaggio) en 1974. En
tout, ce seront huit films qu'il réalisera
avec Sophia Loren en tant qu'actrice et
lui-même, en sa qualité d'acteur, se
183
retrouvera six fois à côte d'elle.
Un autre fidèle de Sophia Loren aura été
Marcello Mastroianni. Leurs « parcours »
se croiseront pas moins de douze fois.
En 1977, le film d'Ettore Scola, Une
journée particulière (Una Giornata
particolare) sera, en quelque sorte, le «
chant du cygne » ou, à tout le moins, le
dernier « haut fait » de la carrière
d'actrice de Sophia Loren. Elle essayera
de revenir en 1984 dans Aurora (Qualcosa
di biondo) de Maurizio Ponzi avec son fils
Edoardo Ponti qui la dirigera en 2002 dans
184
Cœurs inconnus (Between strangers, Cuori
estranei) qui sera projeté à la Mostra de
Venise.
Cependant, les temps changent et les
goûts également. Le public n'est plus aussi
friand d'actrices de la beauté et de la
grâce de Sophia Loren qui finit par passer
de mode.
À partir de 1984, les récompenses qu'elle
se verra offrir (à part le NBR Award de
groupe pour Prêt-à-porter) seront des
prix à l'honneur de sa carrière, Oscar
d'honneur, David di Donatello spécial, et
185
autres Golden Globe de remerciement... En
1991, elle sera décorée de la Légion
d'honneur.
En juillet 2006, elle pose pour la 33e
édition du calendrier Pirelli et devient
ainsi, à 71 ans, le modèle le plus âgé ayant
posé pour le célèbre calendrier du
manufacturier italien.
Elle est aussi la tante d'Alessandra
Mussolini, femme politique italienne : la
mère de celle-ci, Anna Maria, sœur de
Sophia, a épousé Romano Mussolini, un fils
du dictateur Benito Mussolini.
186
Fille naturelle, abandonnée par sa mère,
Anna Magnani est élevée chichement par
sa grand-mère maternelle à Rome, et fit
son éducation dans un couvent.
Elle commence sa carrière artistique en
chantant dans des cabarets et des night-
clubs avant d'intégrer l'Académie d'art
dramatique de Rome. Commencent ensuite
187
des tournées à travers le pays avec des
compagnies théâtrales à répertoire
minimal.
Ses débuts au cinéma ont lieu en 1927
avec un petit rôle dans un film muet,
Scampolo, suivi d'un rôle de premier plan
dans La Prisonnière des ténèbres (La Cieca
di Sorrento) de Nunzio Malasomma en
1934.
En 1935, elle épouse Goffredo
Alessandrini qui la fit jouer dans La
Cavalerie héroïque (Cavalleria) en 1936.
Leur union dura peu de temps et le
188
mariage fut annulé en 1950.
Elle devint une actrice connue avec le rôle
qu'elle eut en 1941 dans Mademoiselle
Vendredi (Teresa Venerdi), réalisé par
Vittorio De Sica. Sa véritable percée et sa
réputation mondiale se firent avec
Roberto Rossellini dans le film Rome, ville
ouverte (Roma, città aperta) en 1945,
généralement considéré comme le premier
film néoréaliste commercial de l'après-
guerre.
Dès lors, elle ne cessa de travailler pour le
cinéma et la télévision, recevant un Oscar
189
de la meilleure actrice pour sa
performance dans la version
cinématographique de La Rose tatouée
(The Rose Tattoo) de Daniel Mann d'après
la pièce de Tennessee Williams (Williams
et elle étaient des amis proches), et
travaillant avec les plus importants
réalisateurs italiens durant les années
1950, 1960 et 1970.
Elle était réputée pour ses rôles de
femme plébéienne, rude et passionnée. Elle
eut une liaison avec Roberto Rossellini
entre la réalisation de Rome, ville ouverte
190
et sa rencontre à scandale avec Ingrid
Bergman. Anna eut un enfant naturel avec
un acteur italien, un garçon qui fut victime
de la poliomyélite, et elle consacra sa vie à
prendre soin de lui.
Le dernier film dans lequel elle joua fut
Fellini Roma, en 1972. Elle mourut l'année
suivante, à Rome, d'un cancer du pancréas.
191
Né à Rome en 1926, Sergio Leone est le
fils de Vincenzo Leone, cinéaste qui, sous
le pseudonyme de Roberto Roberti, a
dirigé Francesca Bertini, la diva, dans dix-
huit films entre 1918 à 1921. Responsable
de cent huit réalisations, ce réalisateur
coté dut prendre une retraite anticipée
par suite de dissensions avec Mussolini,
alors puissant Duce, dont il ne partageait
pas les conceptions cinématographiques.
Dès qu'il est en âge à son tour de
travailler, le jeune Sergio Leone tout
naturellement choisit la voie paternelle. Et
192
c'est auprès de Vittorio De Sica, sur le
Voleur de bicyclette (où il tient également
un petit rôle de curé) qu'il fait ses classes
d'assistanat. Plus tard, des réalisateurs
chevronnés, comme Mario Soldati, Luigi
Comencini, Mario Camerini, Carmine
Gallone et Mario Bonnard le prennent tour
à tour dans leur équipe. Leone devient bien
vite un assistant apprécié auquel les
Américains ne vont pas manquer de faire
appel à l'occasion de superproductions
antiques tournées dans les studios de
Cinecittà. Il collabore ainsi, notamment
193
pour les scènes d'action, à Quo vadis,
Helène de troie et Ben-hur. Le péplum,
genre alors en vogue, n'ayant maintenant
pour lui plus aucun secret, il accepte de
remplacer Mario Bonnard, alité, pour la
réalisation d'un remake des Derniers
jours de Pompéi dont Steve Reeves, M.
Muscle, est la vedette. S'étant
honorablement acquitté de cette tâche, il
est maintenant en mesure de passer
officiellement à la mise en scène et c'est
Le colosse de Rhodes, une œuvre qui
surprend les cinéphiles par son style
194
désinvolte et son ton, où l'humour tient
une noble place. C'est un succès qui incite
les producteurs à pousser Sergio Leone à
la récidive. Ce qu'il refuse énergiquement.
En attendant une autre chance, il accepte
de diriger la seconde équipe sur Sodome
et Gomorrhe de Robert Aldrich. Le péplum
cesse de plaire et vient l'heure du
"western-spaghetti", ce genre auquel
Leone va donner un regain d'intérêt. Pour
lui, tout commence avec Pour une poignée
de dollars qu'il va tourner en Espagne,
avec des acteurs pratiquement inconnus
195
(dont un certain Clint Eastwood), pour un
budget très limité. Projeté pour la
première fois à Florence, un jour d'août
1964, et présenté sans publicité comme un
film de série américain (Leone a pris le
pseudonyme américain de Bob Robertson
et Gian Maria Volonte, alors à l'orée de sa
carrière, celui de John Wells), le film
attire l'attention du public. C'est un grand
succès, dont Leone profite pour tourner
une suite, Et pour quelques dollars de plus,
qu'il signe de son véritable nom. À cette
occasion, il engage un acteur de second
196
rôle, quelque peu oublié. Lee Van Cleef.
Sorti dans vingt-six pays, ce nouveau film
projette son auteur parmi les champions
du box-office. Le bon, la brute et le
truand vient compléter la trilogie. Mais
ces westerns tournés, selon le souhait de
leur auteur, dans l'optique du néo-
réalisme, en une sorte d'opéra de la
violence, ont aussi leurs détracteurs, qui y
voient la décadence d'un genre noble. Les
films suivants, interprétés par des
vedettes internationales, sont plus
ambitieux. Leone y rend un hommage à
197
cette Amérique des pionniers dont la
mythologie a bercé son enfance. Et il
réalise l'un de ses vieux rêves, celui de
diriger Henry Fonda, auquel il va donner un
rôle inhabituel dans Il était une fois dans
l'ouest. Cette histoire de vengeance avec
Claudia Cardinale, Jason Robards et
Charles Bronson, accompagnée par la
musique obsédante de ce vieux complice
de Leone qu'est Ennio Morricone (le
fameux thème à l'harmonica) connait un
succès mondial. Après Il était une fois la
révolution, situé au Mexique et interprété
198
par James Coburn et Rod Steiger, Leone
mettra longtemps à concrétiser son plus
cher projet; Il était une fois en Amérique,
fresque amère sur le gangstérisme et
l'amitié, avec Robert De Niro, James
Woods et Burt Young. Ce sera hélas
l'ultime jalon d'une œuvre courte par les
titres mais riche en qualité et en
personnalité. Sergio Leone est mort le 30
avril 1989, sans avoir pu mener à terme
"Les 900 jours de Leningrad", qu'il devait
tourner en U.R.S.S. avec Robert De Niro.
199
Nino Manfredi est né le 22 mars 1921 à
Castro dei Volsci, dans la province de
Frosinone dans la région Latium, près de
Rome. Il est décédé le 4 juin 2004 à Rome
alors qu'il était dans le coma depuis juillet
2003 suite à une hémorragie cérébrale. La
mort d'Alberto Sordi à presque 83 ans en
200
février 2003 avait déjà suscité beaucoup
d'émotion dans la péninsule.
Il avait épousé Erminia Ferrari, avec
laquelle il a eu trois enfants. Avant de se
lancer dans la comédie, il avait décroché
un diplôme de droit, car son père, un
homme modeste, ne jurait que par les
études.
Ses études terminées, il s'inscrivit aux
cours de l'Académie nationale d'arts
dramatiques, puis intégra la troupe
théâtrale de Vittorio Gassman et joua au
prestigieux Piccolo teatro à Milan et Rome.
201
Il fréquenta également les scènes du
music-hall, où il endossa des rôles
d'acteurs, chanta et devint aussi parolier.
Ses premiers rapports avec le cinéma
furent très modestes, il doublait des
acteurs étrangers et même italiens, et fut
notamment la voix italienne de Gérard
Philipe. Ses deux premiers rôles réels
datent de 1949 dans Monastero di Santa
Chiara et dans Torna a Napoli. Les
productions étaient financièrement
pauvres et certains racontent qu'il avait
accepté de se contenter du couvert pour
202
tout cachet.
Jugé trop provincial, quelques beaux rôles
lui échappèrent et ses débuts furent
ternes. En 1955, grâce au film Les
Amoureux de Mauro Bolognini, il fut
présenté au festival de Cannes et
commença à être connu; il décrocha son
premier grand rôle dans L'Impiegato, une
satire dont il était également le
scénariste.
Dans les années 1960, profitant du
renouveau du cinéma italien, il devint une
des stars en vue de cet âge d'or de la
203
comédie italienne, et campa des
personnages truculents, grotesques ou
même monstrueux. Observateur de la vie
humaine, on dit qu'il s'inspirait de réels
modèles pour faire naître ses personnages.
Il apparut ainsi dans quelque 90 films.
Parmi ses meilleurs rôles, on retiendra :
Le Geppetto attendrissant dans Les
Aventures de Pinocchio, en 1972, rôle qui
fut le réel début de sa célébrité.
L'ignoble borgne, Giacinto Mazzatella,
dans Affreux, sales et méchants, en 1976.
Pour Ettore Scola, qui travailla plusieurs
204
fois avec lui, il représentait : « le petit
bonhomme italien, sympathique, pas très
intelligent, mais astucieux (...), celui qui
est né pour être victime mais qui ne le
devient pas à cause de sa richesse
intérieure. »
Comme réalisateur, Nino Manfredi, a
révélé un véritable don, notamment dans la
satire anticléricale Miracle à l'italienne qui
obtint en 1971 le Prix de la première
œuvre au Festival de Cannes. Pourtant il
disait « Si je ne fais pas davantage de
mise en scène cinématographique, c'est
205
parce que le métier d'acteur m'excite
beaucoup plus. »
Nino Manfredi vouait une véritable passion
à son métier d'acteur, la petite histoire
raconte, qu'il posait tant de questions sur
les tournages, qu'un jour un réalisateur
excédé avait changé le panneau « Silence
on tourne » par « Silence Manfredi ».
Son grand regret est de n'avoir jamais
tourné avec Fellini, mais il disait qu'il était
bien trop casse-pieds, pas assez docile
pour travailler avec « il maestro ».
206
Silvana Mangano est une actrice italienne
née le 21 avril 1930 à Rome et décédée
d'un cancer le 16 décembre 1989 à
Madrid. Fille d'un cheminot sicilien et
d'une mère anglaise, elle est élevée dans
un climat de pauvreté et de privation, avec
son frère aîné Roy et ses deux sœurs
cadettes, Patrizia et Natascia. Elle
207
découvre la danse à l'Opéra et, pendant
sept ans, sa mère fera l'effort de lui
payer des cours de danse chez Jia
Ruskaja, à Milan. Silvana devient ensuite
mannequin à l'atelier Mascetti. Elle
participe à plusieurs concours de beauté
et se voit élue Miss Rome en 1946. Elle
concourra au titre de Miss Italie, aux
côtés de Lucia Bosé (élue Reine), Gina
Lollobrigida, Eleonora Rossi Drago et
Gianna Maria Canale, qui toutes feront
carrière dans le cinéma.
Elle prend ensuite des cours de comédie
208
et rencontre à cette occasion son premier
grand amour, Marcello Mastroianni. Leur
union durera toutefois peu de temps, mais
ils se reverront régulièrement sur les
plateaux de tournage. Sa première
apparition au cinéma sera dans une
figuration en 1945 dans un film français,
Le Jugement dernier de René Chanas. Le
metteur en scène Mario Costa la remarque
à cette époque et lui fait tourner un petit
rôle dans L'Elixir d'amour.
La consécration arrive dès 1949 avec Riz
amer (Riso amaro) de Giuseppe De Santis :
209
elle campe une repiqueuse de riz
provocante, à la peau blanche, des bas à
mi-cuisses et l'air effronté et s'impose
comme le premier « sex-symbol » de
l'Italie d'après-guerre, une sorte de
réponse nationale à la hollywoodienne Rita
Hayworth. Son mariage avec le producteur
Dino De Laurentiis, la même année, lui
permet de gérer au mieux sa carrière :
dans les saisons à venir, il la fera travailler
avec les plus célèbres acteurs, aussi bien
italiens comme Vittorio Gassman, Raf
Vallone, Alberto Sordi ou Nino Manfredi
210
qu'internationaux comme Kirk Douglas,
Anthony Quinn ou Anthony Perkins, devant
les caméras de cinéastes de prestige tels
que Mario Camerini, Vittorio De Sica,
Mario Monicelli, Luchino Visconti ou Pier
Paolo Pasolini.
Séduisante, passionnée, pathétique ou
drôle, elle s'adapte à tous les rôles. Et les
succès s'accumulent à raison d'environ un
tournage par an. Hormis deux incursions
dans le genre péplum, l'une avec Mario
Camerini pour Ulysse en 1955, l'autre avec
Richard Fleischer pour Barabbas en 1962,
211
elle offre de superbes compositions dans
Anna avec Lattuada, L'Or de Naples avec
de Sica, Hommes et loups avec de Santis,
La Grande Guerre avec Monicelli, Chacun
son alibi avec Camerini ou Le Procès de
Vérone avec Lizzani.
Au fur et à mesure, son activité se fait
plus sélective. Elle choisit des sujets de
qualité qui deviendront des œuvres
admirables. Ce sera d'une part avec
Pasolini pour Œdipe roi en 1967,
Théorème en 1968, Le Décaméron en 1971
et d'autre part avec Visconti pour Mort à
212
Venise en 1971, Ludwig ou le crépuscule
des dieux en 1972, Violence et passion en
1974 sans oublier leur co-réalisation des
Sorcières en 1966.
Après 1974, elle quitte les plateaux de
tournage pour se consacrer à sa vie
familiale. On ne la reverra qu'en 1984,
dans Dune, le film de David Lynch produit
par sa fille, Raffaella de Laurentiis, et en
1987 aux côtés de Marcello Mastroianni
dans Les Yeux noirs (Oci ciornie) de Nikita
Mikhalkov.
Silvana Mangano laisse le souvenir d'une
213
très grande actrice, estimée du public et
de la profession, et d'une star de premier
plan, d'une beauté singulière et
impressionnante, capable de la plus grande
distinction (Mort à Venise) et d'autant de
vulgarité (L'Argent de la vieille, Violence
et Passion ; elle fut sorcière, mère
d'Œdipe, amante de l'ange Terence
Stamp, et la Madone, Reine du Ciel dans Le
Décaméron.
Mariée au producteur Dino De Laurentiis
en 1949, avec qui elle a quatre enfants:
Veronica (née en 1950), Raffaella (née en
214
1952), Federico (1955-1981), Francesca
(née en 1961). La disparition de Federico,
le 15 juillet 1981, à l'âge de 26 ans, dans
un accident d'avion en Alaska avait plongé
l'actrice dans une période de dépression
et mena à la séparation du couple en 1983.
Elle s'éteindra six ans plus tard dans une
clinique madrilène, victime d'une tumeur
aux poumons.
215
Enfant d'une famille nombreuse et très
pauvre, Elsa Martinelli devient mannequin
international grâce à sa grande beauté.
L'acteur et producteur américain Kirk
Douglas remarque une photo d'elle dans le
magazine Life et lui propose un rôle dans
un western. Les débuts d'Elsa Martinelli
216
au cinéma sont fulgurants, grâce à son rôle
d'Indienne dans La Rivière de nos amours
(André De Toth, 1955) qui marque encore
aujourd'hui la mémoire de nombreux
cinéphiles. Cette femme d'une beauté rare
se double d'une excellente comédienne. À
l'aise dans le mélodrame (La Fille de la
rizière de Raffaello Matarazzo en 1956)
comme dans la comédie (Donatella de
Mario Monicelli en 1956), elle mène une
carrière internationale. Sa sophistication
séduit Roger Vadim, qui lui confie le rôle
d'un vampire dans Et mourir de plaisir
217
(1960). Elle alterne les films de prestige
(Hatari ! d'Howard Hawks en 1962 ; Le
Procès d'Orson Welles en 1962) et des
drames plus intimistes (L'Amica d'Alberto
Lattuada en 1969). À partir des années
1970, ses activités de femme d'affaires
prennent le dessus sur sa carrière
cinématographique. Elsa Martinelli se lance
dans la mode en créant une entreprise de
design et de confection basée à Rome et à
Milan.
Elsa Martinelli est la mère de l'actrice
italienne Cristiana Mancinelli.
218
Née d'un père violoniste et professeur de
musique et d'une mère chef d'orchestre,
Giuletta Masina se retrouve à Rome où elle
débute dans une troupe théâtrale et
travaille à la radio où elle interprète un
rôle dans une série de nouvelles écrites
par Fellini. C'est le coup de foudre : elle
l’épouse le 30 octobre 1943.
219
Elle continue de jouer sur scène jusqu'en
1951 et, à l'occasion, de le faire avec un
jeune acteur qui deviendra célèbre,
Marcello Mastroianni.
Ses débuts au cinéma ont lieu en 1946 en
tant que figurante dans Paisà de Roberto
Rossellini. Puis Alberto Lattuada, en 1948,
lui confie le rôle de la pauvre prostituée
de Sans pitié, pour lequel elle obtient un
Nastro d’argento (Ruban d'argent) du
meilleur second rôle féminin. Un grand
nombre de réalisateurs italiens (et autres
nationalités) la feront travailler, à
220
commencer par son mari, avec lequel elle
tournera sept fois. Les plus célèbres
seront Comencini, Duvivier, Sordi,
Forbes…
C'est assurément son rôle de Gelsomina
dans La Strada en 1954 qui la fait
connaître mondialement.
Elle survit à peine cinq mois à son mari en
cessant de lutter contre la maladie qui l'a
emportée.
À ses funérailles, le trompettiste Mauro
Maur, « La Sua Tromba » comme elle
l'appelait, interpréta la musique de La
221
Strada. Elle avait laissé une lettre dans
laquelle elle demandait à celui-ci de jouer
cette mélodie.
Anna Maria Massetani est une actrice
italienne née le 30 juin 1933 à Rome qui
prend le nom de scène de Lea Massari en
hommage à son fiancé Leo qui décède
222
tragiquement alors qu'elle n'a que 22
ans..Elle tourna beaucoup en France dans
les années 70 avec des réalisateurs
importants comme Louis Malle : elle joua la
mère incestueuse dans Le Souffle au cœur
qui fit scandale lors de sa sortie. Mais elle
est plus connue grâce à ses nombreux
rôles dans des films plus populaires avec
des acteurs de premier plan comme Lino
Ventura.
223
Acteur italien par excellence, assurément
le plus célèbre du monde du cinéma
international des trois décennies suivant la
Seconde Guerre mondiale, Marcello
Mastroianni conquiert sa notoriété sans
faire de vagues, à l'inverse d'autres
224
acteurs de sa génération. De 1938 à 1943,
il obtient des rôles de figurant ou «
d'utilité » dans quelques films, puis, en
raison de l'opposition familiale au
fascisme, se voit obligé de se cacher
jusqu'à la fin des hostilités de la Seconde
Guerre mondiale. Dès 1945, il s'inscrit au
Centre universitaire de théâtre (Centro
Universitario Teatrale) où il fait la
connaissance de Luchino Visconti qui lui
procure un rôle dans une pièce de théâtre
qu'il dirige, Un tramway nommé désir. Lors
de ses prestations théâtrales, il va avoir
225
l'occasion de jouer avec Giulietta Masina
et ainsi de lier connaissance avec son mari,
Federico Fellini; cette rencontre a une
influence considérable sur sa carrière.
Au cinéma, il va de rôles mineurs en rôles
très secondaires jusqu'en 1955 où il
obtient sa première récompense, un Ruban
d'argent pour son rôle de Pasquale dans
Jours d'amour (Giorni d'amore) réalisé en
1954 par Giuseppe De Santis et Leopoldo
Savona.
Ses capacités d'adaptation aux rôles qu'on
lui propose lui permettent de jouer aussi
226
bien avec des réalisateurs de la période
des Téléphones blancs tels Mario Camerini
en 1953 et 1955 ou Alessandro Blasetti en
1954, 1955, 1956 puis 1965, qu'avec des
réalisateurs du néoréalisme tels que
Giuseppe De Santis en 1954, Luchino
Visconti en 1957 et 1967 ou Vittorio De
Sica en 1963, 1964, 1968 et 1970.
Après ce premier Ruban d'argent (il en
obtient sept durant sa carrière et un
posthume), c'est Luchino Visconti, son
mentor de théâtre, qui lui procure un
nouveau jalon vers la renommée en 1957
227
avec le rôle principal de Mario dans Nuits
blanches (Le Notti bianche) d'après le
roman homonyme de Fiodor Dostoïevski.
Puis, en 1960, Fellini lui propose le rôle de
Marcello Rubini dans son film La Dolce Vita
qui va rapidement se révéler être un film
culte et remporter nombre de
récompenses dont la Palme d'or la même
année. C'est le début de la réputation de «
latin lover » pour Mastroianni, ce dont il se
défend toute sa vie.
Dès lors, il alterne les rôles dans des
comédies à l'italienne (commedia
228
all'italiana) comme Les Joyeux Fantômes
d'Antonio Pietrangeli, Divorce à l'italienne
de Pietro Germi ou Mariage à l'italienne de
Vittorio de Sica pour lesquels il obtient
des récompenses aussi bien italiennes
qu'internationales, et dans des films du
courant dit de la politique des auteurs
(politica degli autori) tels que La Nuit de
Michelangelo Antonioni, Huit et demi de
Fellini ou L'Étranger de Luchino Visconti.
Son parcours d'acteur l'amène à jouer
avec les plus grands réalisateurs italiens
tels que Mauro Bolognini, Ettore Scola,
229
Elio Petri ou Dino Risi y compris ceux du
courant cinématographique italien de
l'engagement (impegno), Marco Bellocchio
et Marco Ferreri. Jusqu'en 1985, de
célèbres réalisateurs étrangers, aux
styles aussi divers que Jules Dassin, Louis
Malle, Terence Young, John Boorman,
Nadine Trintignant, Roman Polanski,
Jacques Demy, Yves Robert le feront
jouer.
À partir de 1985, sans toutefois rompre
avec le cinéma italien, sa carrière est de
plus en plus axée vers des réalisateurs
230
étrangers. On le voit devant la caméra
grecque de Theo Angelopoulos, russo-
italienne de Nikita Mikhalkov pour Les
Yeux noirs (qui lui valent un Prix
d'interprétation masculine au Festival de
Cannes), française de Bertrand Blier ou
Agnès Varda, américaine de Robert
Altman, franco-chilienne de Raoul Ruiz,
portugaise de Manoel de Oliveira.
Dans les douze dernières années de sa vie,
il ne se passe quasiment pas une année
sans qu'une récompense ne vienne
l'honorer. Il est nommé trois fois aux
231
Oscar du cinéma en 1963, 1978 et 1988
mais n'obtient jamais la récompense.
Marcello Mastroianni avait un frère,
Ruggero Mastroianni, de cinq ans son
cadet, décédé trois mois avant lui, qui
exerçait le métier de chef monteur, que
l'on retrouvait très souvent dans les
mêmes génériques que son frère et qui a
énormément travaillé avec Fellini. En 1948,
Mastroianni épouse une actrice de
théâtre, Flora Carabella (décédée en
1999) dont il ne divorce jamais malgré leur
séparation en 1970. Ils eurent ensemble
232
une fille, Barbara, née en 1951 qui fait son
chemin dans le cinéma en devenant une
costumière réputée. En 1971, sur le
tournage de Liza de Marco Ferreri,
Mastroianni fait la rencontre de Catherine
Deneuve avec laquelle il a une fille, Chiara,
née en 1972, qui devient actrice et que
l'on voit aux côtés de son père dans Les
Yeux noirs et Trois vies et une seule mort.
Marcello Mastroianni est décédé à Paris,
d'un cancer du pancréas, le 19 décembre
1996.
233
Fils d'un journaliste et critique de théâtre
(Tomaso Monicelli), Mario Monicelli étudie
l'histoire et la philosophie à l'université
de Pise et de Milan. Il fait ses débuts
comme critique en 1932.
En 1934, il co-réalise avec Alberto
Mondadori deux films Il Cuore rivelatore
et I ragazzi della via Paal ; ce dernier sera
234
programmé l'année suivante au Festival de
cinéma de Venise. Il est ensuite l'assistant
de différents réalisateurs (Gustav
Machaty, Pietro Germi, Giacomo
Gentilomo, Mario Camerini, Mario Bonnard,
etc). En 1937, il réalise Pioggia d'estate
(La Pluie d'été) sous le pseudonyme de
Michele Badiek.
De 1939 à 1949, il se consacre
principalement à l'écriture de scénarios et
au métier d'assistant-réalisateur. Il
revient ensuite à la réalisation de petits
films comiques, en collaboration avec
235
Steno (Stefano Vanzina) : ils réaliseront
alors ensemble de nombreux films avec
l'acteur Totò. À partir de 1953, il réalise
sous son propre nom ses films tout en
poursuivant son activité de scénariste. Il
remporte deux bons succès comiques avec
Le Pigeon et La Grande Guerre.
À la fin de l'année 1974, son ami Pietro
Germi lui confie la réalisation de Mes
chers amis, étant lui-même en trop
mauvaise santé pour participer au
tournage. Le film est remporte un grand
succès en Italie et Monicelli reçoit son
236
premier David Di Donatello de meilleur
réalisateur.
Le réalisateur se suicide le 29 novembre
2010 en sautant par la fenêtre de sa
chambre de l'hôpital San Giovanni, à Rome,
où il était soigné pour un cancer en phase
terminale. Il était âgé de 95 ans.
237
Après des études littéraires, Pasolini part
pour Rome suite aux accusations de
détournement sur mineur dont il fait
l’objet. Il est alors exclu du Parti
Communiste, mais restera affectivement
proche du « peuple ». Avec ses premières
publications écrites (Les Ragazzi en 1955,
Une vie violente et l’épigramme « A un
pape »), la notoriété ne vient pas sans
scandale. Il passe ensuite à la réalisation :
Accatone en 1961, Mamma Roma en 1962
et La Ricotta en 1963. En 1964, il part se
documenter en Palestine avant de réaliser
238
L'Evangile selon Saint Matthieu. Théorème
(1968), parabole sur le pouvoir du sexe et
fable religieuse, est emblématique de son
œuvre. Il s’éloigne par la suite du
néoréalisme qui l’a inspiré, et se tourne
vers l’adaptation d’œuvres littéraires et
classiques (Les Contes de Canterbury, Les
Mille et une nuits, Le Décameron, Médée
avec Maria Callas…). Son dernier film,
mêlant libertinage et nazisme (Salo ou les
120 journées de Sodome, 1975), suscite
beaucoup d’émoi. Sa fin n’est pas moins
sulfureuse : on le retrouve mort sur une
239
plage d’Ostie, assassiné dans des
conditions qui restent non élucidées.
Ornella Muti naît le 9 mars 1955 à Rome,
fille d'un père napolitain, journaliste, et
d'une mère estonienne, sculpteur.
Elle rêve de devenir danseuse, et débute
comme mannequin à 14 ans. Alors qu’elle
240
pose pour des romans-photos et des
magazines, elle est remarquée par le
réalisateur Damiano Damiani qui la fait
débuter avec succès au cinéma l'année
suivante, en 1970 avec Seule contre la
mafia. Elle enchaîne alors les films en
Italie.
En 1977, elle est révélée en France aux
côtés d'Alain Delon dans Mort d'un pourri
de Georges Lautner.
Elle entre dans la légende du cinéma grâce
aux films de trois réalisateurs :
Dino Risi : La Chambre de l'évêque
241
Mario Monicelli : Romances et
confidences
Marco Ferreri : La Dernière Femme en
1976, Conte de la folie ordinaire en 1981
et Le Futur est femme en 1984.
Elle poursuit une carrière internationale
tant dans le registre comique que tragique.
En 2008, Ornella Muti lance sa propre
ligne de bijoux. Elle ouvre des magasins à
Paris, Milan, Riga, Moscou et Alma Ata.
Elle assura sa poitrine pour 350 000 $.
242
Fils de médecin, il commence une carrière
de médecin psychiatre tout en s'adonnant
à la critique cinématographique, ainsi qu'à
l'écriture de nouvelles et de scénarios.
C'est en 1940 que Dino Risi effectue ses
premiers pas dans le cinéma en tant
qu'assistant de Mario Soldati pour le film
Le Mariage de minuit et de Alberto
Lattuada dans Giacomo l'idealista.
243
Durant la Seconde Guerre mondiale, il se
réfugie en Suisse où il suit les cours de
Jacques Feyder. L'après-guerre favorise
la reprise du cinéma italien. De 1946 à
1949, il contribue à l'écriture de scénarios
et à la réalisation de documentaires. Avec
Vacanze col gangster, il passe à la
réalisation du long métrage en 1952.
À partir des années 1950, il devient l'un
des grands réalisateurs de comédies à
l'italienne. Son succès débute en 1957
avec la farce critique Pauvres mais beaux
et confirme son talent en 1960 avec
244
l'Homme aux cent visages où débute un de
ses acteurs fétiches: Vittorio Gassmann
qui dans Parfum de femme obtient le prix
d'interprétation masculine au festival de
Cannes de 1975. Ses autres acteurs
préférés sont Nino Manfredi, Ugo
Tognazzi, Alberto Sordi et Marcello
Mastroianni.
Il excelle dans le film à sketches comme la
série Les Monstres, mais aussi dans les
drames (Le Fanfaron) ou Fantôme d'amour
avec Romy Schneider en 1981.
Souvent nommé mais jamais récompensé
245
au Festival de Cannes, ce dernier par
reconnaissance, finit par organiser une
rétrospective de quinze de ses films en
1993. En 2002, le cinéaste avait reçu un
Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière
au Festival du film de Venise. Une ovation
debout avait accompagné ce moment.
Dino Risi est l'un des derniers monstres
de l'âge d'or du cinéma italien. Travailleur
infatigable, il a réalisé plus d'une
cinquantaine de films.
Il est le père de Marco Risi, lui aussi
réalisateur de films.
246
Pendant la Seconde Guerre mondiale il suit
des cours de droit qu'il doit arrêter en
1943 mais entreprend une carrière
d'illustrateur de livres pour enfants (Alice
aux pays des merveilles par exemple); en
même temps il travaille à Radio Naples où
il fait connaissance avec Raffaele La
247
Capria, Aldo Giuffrè et Giuseppe Patroni
Griffi, avec lesquels il collaborera souvent
dans sa carrière. En 1946 il débute au
théâtre comme assistant d'Ettore
Giannini, puis au cinéma comme assistant
réalisateur auprès de Luchino Visconti
pour le film La Terre tremble (1948).
Après divers scénarios (Bellissima, Les
Coupables), il tourne quelques scènes du
film Les Chemises rouges (1952) de
Goffredo Alessandrini. En 1956 il co-
dirige avec Vittorio Gassman le film Kean.
Il attendra 1958 pour diriger son premier
248
long métrage, Le Défi, qui intéresse la
critique et le public. Il remportera alors le
prix du jury à la Mostra de Venise.
Aujourd'hui, Rosi est connu des cinéphiles
pour avoir entre autres élaboré les normes
du "film-dossier" (dont Costa-Gavras est
également l'un des tenants) à savoir la
superposition d'une fiction et d'images
d'archives ayant pour but de renseigner le
plus objectivement possible sur un grand
sujet basique (politique, économique,
financier, social, historique), tout en
restant éloigné du documentaire
249
journalistique. La dénonciation des crimes
et méfaits qui en découlent y jouxte
l'étalage d'arguments aussi distanciés et
précis que possible, dans un souci très
appliqué de nuance pédagogique, refusant
d'être didactique ou démagogique.
Ses films traitent ainsi souvent de la
mafia, fléau énorme dans le Sud de l'Italie
dont il est originaire (Cadavres exquis,
Oublier Palerme...) Il obtint le Grand Prix
du Jury au Festival de Cannes pour
L'Affaire Mattei dans lequel il dénonce les
pouvoirs de l'industrie pétrolière italienne
250
(responsable selon lui de l'assassinat
d'Enrico Mattei en 1972). En 1984, il
change un peu de registre
cinématographique en mettant en scène
Carmen, le très célèbre opéra de Bizet.
En 1996, après une longue absence, il
revient sur la scène cinématographique
avec La Trêve, adaptation du roman de
Primo Levi qui raconte son retour à
Odessa une fois libéré des camps de
concentration. Il a reçu en 2008 l'Ours
d'or d'honneur pour l'ensemble de sa
carrière au festival de Berlin.
251
Les Italiens ne s’y sont pas trompés.
«Pampanini suffit à évoquer un personnage
féminin fait de collines, arrondi et plein de
courbes…» avance même Stelle d’Italia, un
album consacré aux divas du cinéma
national. Mais comme elle le rappelle
volontiers, c’est sous celui de Nini Pampan,
anagramme forgé par Pierre Brisson et 252
aussitôt repris comme enseigne par
plusieurs cabarets parisiens, qu’elle fut le
plus célébrée. Difficile d’expliquer ce qui
destinait cette fille de bonne famille,
romaine comme on en fait peu, à devenir
un véritable phénomène de mœurs. Sans
doute pas son enfance, toute
traditionnelle entre l’école chez les sœurs
et les leçons de sa tante Rosetta
Pampanini, célèbre chanteuse lyrique. Ni
son diplôme de piano et de chant de
l’Académie de Santa Cecilia, qui lui valut
d’être reçue par Pie XII en audience
253
privée. Ses parents avaient pourtant de
quoi s’inquiéter : «On a commencé à me
demander en mariage à l’âge de douze ans.
Un peu tôt je dirais…» rappelle-t-elle dans
un grand éclat de rire. Tout s’accélère
quand elle participe au concours de Miss
Italie à Stresa en 1946. Le jury la classe
seconde, déclenchant la fureur du public
qui fait un scandale pour qu’elle obtienne la
première place. Une aubaine pour le cinéma
italien d’après-guerre en quête de
nouveaux visages recrutés dans les
concours de beauté. À la suite de la
254
Pampanini, ses futures rivales suivront
cette voie. Dès 1947, elle impose sa
beauté triomphante de brune aux yeux
verts dans Il segreto di Don Giovanni,
conquérant une tête d’affiche qu’elle ne
quittera plus. La guerre est oubliée et
l’Italie a une furieuse envie de vivre. La
décennie qui s’ouvre se veut riante,
élégante, sensuelle et pourtant comme il
faut. Les années cinquante seront à l’image
de la Pampanini, «une Pampanini égale pour
tous» comme le réclamait l’affiche d’un de
ses films, au même titre que la Vespa, le
255
loto sportif et les matchs de football. Les
rôles s’enchaînent – jusqu’à huit par an –
entre mélodrames, films d’aventure
(L’épervier du Nil avec un Vittorio
Gassman débutant) et films dramatiques
(La strada lunga un anno de Giuseppe De
Santis). Mais ce sont les comédies qui
savent le mieux mettre en valeur sa fierté
de fille sublime et l’aisance de son jeu
flirtant souvent avec le vaudeville. La
présidente, La femme qui inventa l’amour
ou La belle de Rome, tourné au faîte de sa
gloire sous la direction de Luigi Comencini :
256
comme Martine Carol en France, ses films
sont un hymne à la diva et à sa féminité
pulpeuse. Mais aujourd’hui comme hier, elle
s’en tient à son credo : «J’ai fait des
choses un peu osées, mais jamais vulgaires.
Le nu intégral est une erreur colossale».
Qu’on ne croie pas que la censure y soit
pour quelque chose. Pour elle «tout est
question d’éducation». Qu’on se le dise.
De la France, elle garde un souvenir
enchanté. «J’y ai tourné avec les plus
grands, vous savez…» lance-t-elle en
passant tout à coup de l’italien au français.
257
Et elle évoque La Tour de Nesle d’Abel
Gance, où elle campait une Marguerite de
Bourgogne vénéneuse à souhait aux côtés
de Pierre Brasseur. Quand Jean Gabin
vient tourner à Rome Fille dangereuse,
c’est elle qui lui donne la réplique. «Il m’a
félicité sur mon jeu. Imaginez ! Un
compliment de Gabin, ça valait un Oscar…».
À l’heure où ses rivales s’envolaient pour
les États-Unis, elle déclina justement les
propositions qu’Hollywood déposa à ses
pieds. Et s’essaya même à la réalisation en
consacrant à Verdi un documentaire,
258
Melodie a Sant’Agata, récompensé par
deux prix.
Issu d’une famille bourgeoise habitant
Rome, Roberto Rossellini a vécu dans la
demeure paternelle, via Ludovisi, dans une
atmosphère artistique, musicale et
culturelle.
Le père de Roberto, Angiolo Giuseppe
259
Rossellini, dit Beppino Rossellini, était un
architecte connu de la capitale,
bénéficiant de la fortune et de l'appui
d'un oncle entrepreneur, Roberto Zeffiro
Rossellini. Beppino Rossellini a construit le
premier cinéma romain (un théâtre dans
lequel des films pouvaient être projetés),
autorisant Roberto à assister librement à
de nombreuses séances. Roberto a donc
commencé à fréquenter le cinéma à un
très jeune âge. Au décès de son père, il se
met à travailler comme preneur de son
pour des films, et, pendant un certain
260
temps, exerce accessoirement tous les
métiers liés à la création d'un film,
gagnant de la compétence dans chaque
domaine.
En 1936, il épouse Marcella de Marchis qui
exerça, à partir des années 1960, une
activité de costumière de cinéma et avec
qui il eut deux fils, Marco Romano, né en
1937 et Renzo, né en 1941 qui devint
assistant réalisateur puis réalisateur, et
travailla souvent avec son père.
Les premières réalisations de Rossellini
furent des courts-métrages : en 1936,
261
Daphne (Daphné) puis, en 1938, Prélude à
l'après-midi d'un faune qui fut interdit
par la censure pour impudicité, et en 1939,
Fantasia Sottomarina (Fantaisie
aquatique). En 1938, il assiste Goffredo
Alessandrini pour le scénario de Luciano
Serra, pilote (Luciano Serra pilota) qui
obtint la Coupe Mussolini pour le meilleur
film italien1 à la Mostra de Venise et fut
l’un des films italiens les plus populaires de
la première moitié du XXe siècle. Puis, en
1940, il assiste Francesco de Robertis
pour la réalisation de SOS 103 (Uomini sul
262
Fondo). Son amitié étroite avec Vittorio
Mussolini, fils du Duce et responsable du
cinéma en Italie, a été interprétée comme
une raison possible de la préférence que
certains réalisateurs avaient pour lui.
Son premier long métrage, Le Navire blanc
(La Nave Bianca) en 1941, est un projet du
Centre cinématographique du Ministère de
la marine, suivi par Un pilote revient (Un
pilota ritorna) (1942) et L'Homme à la
Croix (Uomo dalla Croce) (1943). Cette
période a été marquée par son amitié pour
Federico Fellini, qui fut son assistant, et
263
Aldo Fabrizi.
Lorsque le régime fasciste prend fin en
1943, juste deux mois après la libération
de Rome, Rossellini travaillait déjà sur
Rome, ville ouverte (Roma, città aperta)
(avec Fellini qui participa au scénario et
Fabrizi qui interprétait le rôle du prêtre).
Il produisit lui-même le film (la majeure
partie de l'argent est venue de crédits et
de prêts). Ce film dramatique, sorti en
1945 a un succès immédiat et obtint l'un
des Grand Prix du Festival de Cannes en
1946. En 1946, Rossellini réalise Païsa
264
(Paisà), un film avec des acteurs non
professionnels (Giulietta Masina y figure),
puis en (1948), Allemagne année zéro
(Germania anno zero), parrainé par un
producteur français et filmé dans le
secteur français de Berlin. À Berlin aussi,
Rossellini aurait préféré faire jouer des
acteurs non professionnels, mais n’a pu
trouver de visage qui pouvait l’« intéresser
». Il plaça son appareil-photo au milieu
d'une place dans le centre ville, comme il
l'avait fait pour Paisà, mais fut surpris de
ne voir aucun curieux venir l'observer.
265
Comme il l’a déclaré à des journalistes lors
d’une entrevue, « afin de vraiment créer le
personnage qu'on a à l'esprit, il est
nécessaire pour le scénariste de s'engager
dans une bataille avec son acteur qui finit
habituellement par la soumission du
scénariste au désir de l'acteur. Puisque je
n'ai pas le désir de gaspiller mon énergie
dans une bataille comme celle-ci, j'emploie
des acteurs professionnels seulement de
temps en temps ». Une des raisons du
succès serait, selon Rossellini, le fait qu’il
a réécrit les scénarios suivant les
266
sentiments et les histoires d’acteurs non
professionnels. Les accents régionaux, les
dialectes et les costumes apparaissaient
dans les films comme ils étaient dans la
réalité.
Rossellini réalise ensuite Amore (L'Amore,
avec Anna Magnani) et La Machine à tuer
les méchants (La macchina
ammazzacattivi), sur les possibilités du
cinéma à dépeindre la réalité et la vérité
(avec des rappels de la commedia
dell'arte).
En 1948 Rossellini reçoit une lettre d'une
267
actrice étrangère se proposant de
travailler avec lui :
Cher M. Rossellini,
J'ai vu vos films Rome, ville ouverte et
Païsa, et les ai beaucoup appréciés. Si vous
avez besoin d'une actrice suédoise qui
parle très bien anglais, qui n'a pas oublié
son allemand, qui n'est pas très
compréhensible en français, et qui en
italien ne sait dire que « ti amo», alors je
suis prête à venir faire un film avec vous.
Ingrid Bergman
Par cette lettre célèbre commence une
268
histoire qui propulse Ingrid Bergman et
Rossellini sous les feux de l'actualité. Ils
travaillent ensemble l'année suivante, en
1950, dans Stromboli terra di Dio (dans
l’île de Stromboli, dont le volcan entre
opportunément en éruption pendant le
tournage du film), film suivi d' Europe 51
(Europa'51) sorti en 1952. En 1953,
Voyage en Italie (Viaggio in Italia).
L'histoire d'amour entre Ingrid Bergman
et Rossellini a causé un scandale aux
États-Unis et en Italie (Bergman et
Rossellini étaient tous les deux mariés
269
chacun de leur côté) ; le scandale s'est
amplifié quand ils ont eu des enfants (dont
Isabella Rossellini qui connaît la célébrité
en tant qu'actrice). Ils se marièrent
cependant en 1950.
En 1957, Rossellini et Ingrid Bergman se
séparent au retour d'un voyage en Inde. Il
y a noué une liaison avec la scénariste
Sonali Das Gupta qu'il épousera, et dont il
divorça quelques années plus tard.
Après 1961, l'activité de Rossellini va
principalement être la réalisation de films
ou de séries pour la télévision, de nature
270
culturelle ou éducative, qui, pour certains
sortirent également en salle.
De 1968 à 1974, il dirige le Centro
Sperimentale di Cinematografia.
En 1974, il réalise pour le grand écran
L'An un (Anno uno) et en 1975, Le Messie
(Il Messia).
En 1977, il tourne un film sur Le Centre
national d'art et de culture Georges-
Pompidou, son dernier film, et accepte la
présidence du jury au Festival de Cannes.
Il s'éteint à Rome, peu de temps après,
d'une crise cardiaque.
271
Ettore Scola a débuté dans l'industrie du
film comme scénariste, en 1953. Il a
réalisé son premier film Parlons femmes
(Se permettete parliamo di donne), en
1964. En 1974, Scola a connu un succès
international avec Nous nous sommes tant
aimés (C'eravamo tanto amati), une vaste
fresque de la société italienne après la
272
Seconde Guerre mondiale, dédiée à son
ami le réalisateur Vittorio De Sica. En
1976, il a reçu le Prix de la mise en scène
au Festival de Cannes pour son film
Affreux, sales et méchants (Brutti,
sporchi e cattivi).
Depuis lors, Ettore Scola a réalisé près de
40 films en 40 années.
273
Luchino Visconti est le fils de Giuseppe
Visconti (10 novembre 1879, Milan - 16
décembre 1941, Milan) et de Carla Erba,
nièce de Giulio Ricordi, petit-fils de
l'illustre fondateur de la maison d'édition
musicale, établie à Milan, et héritière de
petits commerçants enrichis grâce à une
entreprise pharmaceutique qui deviendra
célèbre en Italie et au-delà, décédée à
Cortina d'Ampezzo, Belluno, le 17 janvier
1939). La famille Visconti, qui régna sur
Milan jusqu'au XVe siècle, appartient à la
grande aristocratie italienne. Luchino était
274
le quatrième de sept enfants:
Guido, l'aîné (mort à la bataille d'El
Alamein en 1942; il eut une liaison
amoureuse avec l'actrice Elsa De Giorgi),
Anna (mariée par la suite à un prince
Caracciolo),
Luigi (qui épousa Madina Arrivabene
puis l'actrice Laura Adani),
Luchino,
Edoardo (père du futur réalisateur
Eriprando),
Ida Pace (dite ‘Nane’),
Uberta (6 avril 1918, Milan - 30 juillet
275
2003, Rome) mariée le 30 avril 1940 au
réalisateur Renzo Avanzo et, en secondes
noces, au compositeur et chef d'orchestre
Franco Mannino, fréquent collaborateur de
Luchino.
Le metteur en scène milanais « a
consciemment rattaché ses propres films
à ses souvenirs autobiographiques », nous
dit René de Ceccaty, traducteur en
français du Roman d'Angelo, œuvre
littéraire inachevée de Luchino Visconti.
Situations, scènes et personnages des
films réalisés par Visconti constituent
276
presque invariablement un florilège de
réminiscences intimes et personnelles.
Voici comment Visconti se décrit lui-même
: « Je suis venu au monde le jour des
Morts par une coïncidence qui restera
toujours scandaleuse, en retard de vingt-
quatre heures peut-être sur la fête de la
Toussaint... Cette date m'est restée
attachée pour la vie comme un mauvais
signe. Je viens d'une famille riche. Mon
père, bien qu'aristocrate, n'était ni
stupide ni inculte. Nous étions sept
enfants, mais la famille s'en est bien
277
sortie. Mon père nous a élevés
sévèrement, durement, en nous aidant à
apprécier les choses qui comptaient : la
musique, le théâtre, l'art... J'ai grandi
dans une odeur de pharmacie : nous, les
enfants, entrions dans les couloirs de
l'établissement Erba, qui sentaient l'acide
phénique, et c'était une telle excitation,
une telle aventure ! Le sens du concret que
je crois toujours avoir possédé me vient
de ma mère... Elle aimait beaucoup la vie
mondaine, les grands bals, les fêtes
fastueuses, mais elle aimait aussi ses
278
enfants, la musique, le théâtre. C'est elle
qui s'occupait chaque jour de notre
éducation, qui m'a fait apprendre le
violoncelle. » (Settimo giorno, 28 mai
1963) Cette mère tant aimée, les critiques
n'ont pas manqué d'en souligner la
ressemblance avec la mère « proustienne »
de Tadzio, le bel éphèbe de Mort à Venise.
« Il n'y a pas un instant de notre vie
d'alors qui ne s'illumine dans le souvenir
de la présence attentive de ma mère...
Mon souvenir le plus heureux se situe à la
première heure, avant le petit déjeuner...
279
Je vois encore le reflet de la lumière
incertaine sur mon violoncelle, je sens le
poids léger de la main de ma mère sur mon
épaule », nous confie encore Luchino
Visconti. René de Ceccaty rappelle
également que Visconti précisait que le
Prélude, choral et fugue de César Franck,
que joue la mère dans Sandra, incarnée
par Marie Bell, était souvent interprété
par sa propre mère.Passionné de chevaux,
Luchino Visconti s'occupait, pendant sa
jeunesse, d'une écurie de sa propriété (il
accomplira son service militaire comme
280
sous-officier de cavalerie à Pinerolo). Il
fréquentait en outre activement le monde
de l'opéra et du mélodrame, qui l'influença
beaucoup. La famille Visconti avait sa
tribune attitrée à La Scala (Giuseppe, le
père, était l'un des plus importants
mécènes du théâtre ; ils habitaient, en
outre, via Cerva, non loin du fameux
théâtre), et le salon de sa mère était
fréquenté, entre autres, par Arturo
Toscanini ; c'est à cette époque que
Luchino Visconti fit la connaissance de
Giacomo Puccini et Gabriele D'Annunzio.
281
Sa carrière cinématographique débuta en
1936, en France, où il travailla aux côtés
de Jean Renoir (rencontré grâce à Coco
Chanel) comme assistant, à la réalisation
et au choix des costumes de deux de ses
œuvres, Les Bas-fonds et Partie de
campagne. Le souci de réalisme du grand
cinéaste français le marqua profondément.
Toujours en France, il rencontra des
réfugiés italiens, militants de gauche, au
contact desquels ses convictions politiques
changèrent radicalement. Après un bref
séjour à Hollywood, il rentra en Italie en
282
1939 à cause du décès de sa mère. Avec
Renoir, il commença à travailler à une
adaptation cinématographique de La Tosca,
mais, à la suite de l'éclatement de la
guerre, le réalisateur français fut
contraint à abandonner le tournage — il
fut remplacé par l'Allemand Karl Koch.
La rencontre avec certains jeunes
intellectuels et critiques, collaborateurs à
la revue Cinema (fondée, ironie du sort,
par un fils de Benito Mussolini, Vittorio),
fit germer dans son esprit le concept d'un
cinéma qui raconterait de façon réaliste la
283
vie et les drames quotidiens du peuple,
concept en rupture avec les mièvreries
clinquantes et édulcorées des comédies du
cinema dei telefoni bianchi (littéralement
« cinéma des téléphones blancs »). À cette
époque il rencontra Roberto Rossellini et,
probablement, Federico Fellini. Visconti
projeta de réaliser l'adaptation du Grand
Meaulnes d'Alain-Fournier et celle des
Malavoglia de Verga, mais ces projets
avortèrent.
284
Il travaille d'abord comme maître-nageur
dans sa ville natale. Il est remarqué par le
cinéaste Luciano Emmer qui lui offre un
rôle de garçon querelleur dans Le ragazze
di Piazza di Spagna en 1952. Un de ses plus
grands rôles est celui du frère indigne
d'Alain Delon (qui était aussi son ami dans
la vie), Simone Parondi, dans Rocco et ses
285
frères, tourné en 1960. Dans ce film, il
joue un boxeur qui devient un voyou et qui
viole brutalement une prostituée. Au cours
de ce tournage, il rencontre sa future
femme, l'actrice française Annie Girardot,
qui joue le rôle de la prostituée. Il se
marie avec elle en 1962 et restera marié
avec elle jusqu'à sa mort en 1988, malgré
leur séparation de fait. Ils ont eu une fille,
Giulia Salvatori, née le 4 juillet 1962, à
Rome en Italie.
Il meurt d'une cirrhose du foie le 27 mars
1988.
286
Quatrième fils du professeur de musique
Pietro Sordi (qui meurt en 1941) et de
Maria Righetti, Alberto Sordi naît dans le
quartier populaire du Trastevere à Rome.
Déjà à l'école élémentaire, il commence à
improviser pour ses compagnons de classe
des interprétations avec un théâtre de
marionnette. Il chante aussi comme
287
soprano dans le chœur des voix blanches
de la Chapelle Sixtine. Il abandonne les
études et se rend à Milan pour une courte
période, où il étudie la récitation à
l'Académie des Filodrammatici ; il en est
expulsé apparemment à cause de son
parler mâtiné de dialecte romain (il en
obtient, beaucoup plus tard, un diplôme
honorifique).De retour dans la capitale, il
trouve en 1937 un travail comme figurant
à Cinecittà et gagne le concours organisé
par la Metro-Goldwyn-Mayer pour doubler
la voix de Oliver Hardy (tandis que Mauro
288
Zambuto prêtait sa voix à Stan Laurel). Il
travaille comme comédien de doublage
jusqu'en 1951 donnant sa voix entre
autres à Bruce Bennett dans Le Trésor de
la Sierra Madre et dans Les Passagers de
la nuit, à Anthony Quinn dans Buffalo Bill,
à John Ireland dans La Rivière rouge et
dans Un Gangster pas comme les autres, à
Robert Mitchum dans La Vallée de la peur,
à Pedro Armendariz dans Le Massacre de
Fort Apache. Il prête aussi sa voix à des
acteurs italiens comme Franco Fabrizi
dans Chronique d'un amour de
289
Michelangelo Antonioni et même Marcello
Mastroianni dans Dimanche d'août de
Luciano Emmer. Sa voix est aussi très
reconnaissable dans le chef d'œuvre de
Vittorio De Sica Le Voleur de
bicyclette.Après une tentative
infructueuse en compagnie de Aldo Fabrizi
entre 1936 et 1937 dans le théâtre léger,
il débute dans le music-hall comme boy
dans la compagnie de Guido Riccioli et
Nanda Primavera (mariés dans la vie) avec
le spectacle Ma in campagna è un’altra…
cosa (1938). Suivent ensuite Teatro della
290
caricatura (1942), Ritorna Za-Bum (1943)
écrit par Marcello Marchesi et dirigé par
Mario Mattoli, Un Mondo di armonie
(1944), Imputati... Alziamoci (1945) de
Michele Galdieri, Soffia so... (1946) de
Garinei et Giovannini, E lui dice.. (1947) de
Oreste Biancoli et enfin Gran baraonda
(1949) de Garinei et Giovannini, sa
dernière apparition sur scène au côté de
Wanda Osiris, qu'il a l'occasion de diriger
en 1973 dans un passage important du film
Polvere di stelle.C'est à la radio, juste
après guerre, qu'il commence à avoir un
291
grand succès personnel avec les émissions
Rouge et noir (Rosso e nero, 1947), Oplà
(1947) et Alberto Sordi vous parle (Vi
parla Alberto Sordi, 1948) où il crée des
personnages destinés à une grande
popularité: Monsieur dit (Signor Dice), Le
Comte clair (Conte claro) et Mario Pio. Il
réutilise ces derniers par la suite en 1968
et 1969 dans l'émission radiophonique
Grande Variété (Gran varietà). Alighiero
Noschese aussi les reprend en 1970 pour
l'émission satirique à succès Double Couple
(Doppia coppia).Au cinéma, durant une
292
dizaine d'années, il interpréte des rôles
minuscules ou insignifiants dans une
vingtaine de films, mis à part le rôle dans
Les Trois Aiglons (I Tre aquilotti, 1942)
de Mario Mattoli, où il figure parmi les
protagonistes. Il se fait remarquer en
1951 dans une œuvre mise en scène par
Vittorio De Sica et Cesare Zavattini,
Mamma mia che impressione!. Dans ce film,
bien que transposant dans le cinéma le
modèle de récitation très verbale utilisé à
la radio, il crée un personnage très original
(Il Compagnuccio della parrocchiettà ou
293
littéralement L'Ami de la petite paroisse)
qu'il reproposera ensuite dans d'autres
œuvres mineures.De 1952 à 1955 Sordi
explose sur le grand écran. D'abord avec
deux films réalisés par Federico Fellini, Le
Cheik blanc (Lo Sceicco bianco) et Les
Inutiles (Les Vitelloni), puis avec ceux
réalisés par Steno (Les Gaietés de la
Correctionnelle, Un Giorno in pretura, Un
Americano a Roma et Piccola posta) où il
crée le type d'homme lâche, profiteur,
indolent et tire-au-flanc qui l'accompagne
tout au long des années 1950 jusqu'au film
294
La Grande Guerre (La Grande Guerra,
1959) de Mario Monicelli dans lequel il
incarne un soldat fainéant et planqué
contraint de mourir en héros.
Avec l'arrivée de la comédie à l'italienne,
il a donné vie à une multitude de
personnages représentant l'« Italien
moyen », presque tous négatifs, pas très
moraux, mais correspondant à une réalité
évidente. Il les a dépeint avec une
méchanceté entachée parfois d'une
touche d'autosatisfaction, mais toujours
pardonnée grâce à sa diction magistrale
295
sans égal. À de nombreuses occasions, il a
collaboré aussi au sujet et à la mise en
scène des films dans lesquels il a joué
(plus de 150) et des 19 films qu'il a dirigé
lui-même.
En un demi-siècle de carrière, de la
période de la guerre jusqu'à nos jours,
Sordi a réussi à fournir une fidèle image
de l'histoire des valeurs et des coutumes
de l'italien typique, observé à travers ses
bassesses, mais à la fin racheté par son
grand cœur et sa capacité à rêver les yeux
grand ouverts.
296
Parmi ces plus beaux films : Bravissimo
(1955) de Luigi Filippo D'Amico, Venise, la
lune et toi (Venezia, la luna e tu, 1958) de
Dino Risi, Le Veuf (Il vedovo, 1959) de
Dino Risi, Il moralista (1959) de Giorgio
Bianchi, le touchant La Grande Guerre (La
Grande Guerra, 1959) de Mario Monicelli,
La Grande Pagaille (Tutti a casa 1960) de
Luigi Comencini, Il vigile (1960) de Luigi
Zampa, Une Vie difficile (Una vita
difficile, 1961) de Dino Risi, Il Boom(1963)
de Vittorio De Sica, Fumo di Londra
(1966), qui le voit pour la première fois
297
aussi derrière la caméra, Il Medico della
mutua (1968) de Luigi Zampa, Detenuto in
attesa di giudizio (1971) de Nanni Loy,
Poussière d'étoiles (Polvere di stelle,
1973), dirigé par lui-même, Un Bourgeois
tout petit petit (Un Borghese piccolo
piccolo, 1977) de Mario Monicelli, Le
Marquis s'amuse (Il Marchese del Grillo,
1981) de Mario Monicelli, Il Tassinaro
(1983) et Nestore, l'ultima corsa (1993),
tous les deux sous sa direction. Il faut
aussi retenir la collaboration artistique
avec le compositeur Piero Piccioni, qui a
298
signé la musique de ses films les plus
célèbres.
Détenteur de cinq Rubans d'argent et de
sept David di Donatello, il gagne en 1972 le
prestigieux Ours d'Or au Festival de
Berlin et obtient en 1995 le Lion d'or pour
sa carrière au Festival de Venise.
Vers la fin des années 1990, il se retire de
la scène, après le peu de succès de son
dernier film Incontri proibiti, au côté de
Valeria Marini. Mais il fait des apparitions
dans de nombreuses émissions de
télévision, dans lesquelles il fait preuve de
299
son grand sarcasme et de sa bonhommie.
Le jour de son quatre-vingtième
anniversaire, le maire de Rome, Francesco
Rutelli, lui cède le « sceptre » de cette
ville dont il a été le fils bien-aimé, et dont
il a raillé gaillardement les vices et les
fausses vertus.
Les paroles du réalisateur Mario Monicelli
prononcées à la mort de l'acteur mettent
bien en lumière les traits d'un des plus
grands artistes du cinéma italien :
« Ce fut le plus grand acteur, mais il fut
surtout un auteur extraordinaire, le
300
créateur du personnage avec lequel il a
traversé plus de 50 ans de l'histoire
italienne. En tant que réalisateur, je dis
qu'il était extrêmement facile de
travailler avec Sordi, parce qu'il était
justement le plus grand. Il suffisait de
quelques échanges de regards et il
comprenait le ton à donner à son
interprétation et donc au film. Il a été un
comique capable de contrevenir à toutes
les règles du comique. »
301
Issu d'une famille de la haute bourgeoisie,
il survit au bombardement de sa maison.
Son père essaye de vivre en Amérique du
Sud (d'abord le Brésil, puis en Argentine)
avant de revenir en Italie. Carlo croit au
communisme jusqu'à un voyage dans sa
patrie, l'Union soviétique. Après une
dizaine d'années comme champion de
302
natation (il a participé aux Jeux
Olympiques de 1952 et 1956) et joueur de
water-polo, il va au Venezuela où il dirige
une équipe de construction de la
Panaméricaine.
De retour en Italie, il épouse Maria Amato
en 1960 avec laquelle il a trois enfants,
Giuseppe, Christine et Diamante. Il aime
relever des défis, devenant tour à tour
chanteur ou inventeur. Sous le pseudonyme
de Bud Spencer (Bud d'après la bière
Budweiser, Spencer d'après son idole
Spencer Tracy), il entame en 1967 une
303
longue série de westerns spaghetti où sa
truculence rappelle Obélix.
Aux élections législatives italiennes en
2005, il est candidat dans le Latium sur la
liste de Forza Italia. Son entrée en
politique était motivée par sa volonté de
répondre aux appels du premier ministre
d'alors, Silvio Berlusconi, qui désirait
profiter de la popularité de Bud Spencer
pour s'attirer des électeurs.
C'est un pilote accompli, possédant des
brevets de pilote d'avion mais aussi
d'hélicoptère.
304
Du fait de la profession du père,
inspecteur d'une société d'assurance, Ugo
Tognazzi vécut une enfance dans diverses
villes, avant de revenir , en 1936, à
Crémone où il trouva, à quatorze ans, un
emploi d'ouvrier chez Negroni, célèbre
usine crémonèse de charcuterie. Durant
305
son temps libre, il joua dans une pièce
amateur sur l'après-travail (ses débuts au
théâtre avaient commencé à l'âge de
quatre ans au théâtre Donizetti de
Bergamo). Pendant la Seconde Guerre
mondiale, il fut appelé sous les drapeaux,
et se dédia, avec ferveur, dans
l'organisation de spectacles de variété
pour ses camarades. Après l'armistice du
8 septembre 1943, il retourna à Crémone
où il travailla comme archiviste. La passion
pour le spectacle lui fait cependant
abandonner ce travail, et il s'installa à
306
Milan. Ugo Tognazzi s'est principalement
rendu célèbre en France par son rôle joué
dans la série de films La Cage aux folles
aux côtés de Michel Serrault (celui-ci
représentant l'archétype de l'homosexuel
efféminé et Ugo Tognazzi en y incarnant,
par le rôle de Renato, celui d'un
homosexuel masculin et posé, directeur
d'un cabaret sur la Côte d'Azur), mais
aussi dans le film La Grande Bouffe. Ugo
Tognazzi est décédé le 27 octobre 1990 à
Rome, d'une hémorragie cérébrale, à l'âge
de 68 ans. Selon certaines rumeurs, sa
307
dépression chronique l'aurait amené à se
suicider.
Franco Zeffirelli débute sa carrière
artistique comme assistant de Luchino
Visconti d’abord au théâtre, puis au cinéma
pour les films La Terre tremble (La Terra
trema) et Senso.
308
Vers la fin des années 1950, Zeffirelli
amorce une carrière de metteur en scène
d'opéras qui s'échelonne sur plusieurs
décennies et le conduit à travailler
régulièrement pour La Scala de Milan et le
Metropolitan Opera de New-York. Il
dirige notamment Maria Callas dans La
Traviata à Dallas en 1959 et Tosca à
Londres en 1964. En 1966, à New-York, il
inaugure la salle d'opéra du Lincoln Center
en dirigeant la création de l'opéra
Anthony and Cleopatra de Samuel Barber
dont il écrit également le libretto. La
309
réaction critique est unanimement
négative.
En 1967, il réalise une adaptation
cinématographique de la pièce de
Shakespeare La Mégère apprivoisée
mettant en vedette Elizabeth Taylor et
Richard Burton. Le film connaît un succès
appréciable, ce qui l'encourage à adapter
Roméo et Juliette l’année suivante. Le plus
gros succès de la carrière de Zeffirelli,
Roméo et Juliette reçoit de plus quatre
nominations aux Oscars, dont celle du
meilleur réalisateur et du meilleur film.
310
Pendant les années 1970, il dirige deux
films d’inspiration religieuse : François et
le Chemin du soleil (sur la vie de Saint
François d’Assise) et la mini-série Jésus
de Nazareth dans laquelle l’acteur anglais
Robert Powell interprète le rôle-titre au
sein d’une distribution particulièrement
imposante (Laurence Olivier, Rod Steiger,
Christopher Plummer entre autres).
Il se rend ensuite aux États-Unis où il
réalise Le Champion et Un amour infini,
deux mélodrames froidement reçus par la
critique. Pendant les années 1980, il dirige
311
des opéras filmés comme La Traviata en
1982 et Otello en 1986. Il revient à
Shakespeare en 1990 avec une version de
Hamlet mettant en vedette Mel Gibson
dans le rôle-titre et Helena Bonham
Carter en Ophélie.
312
Né Antonio de Curtis, il adopte le nom de
scène de Totò et débute sa carrière avec
des numéros d'improvisation et
d'imitations dans des petits théâtres de
Naples. Après être parti pour Rome vers
1922, il gagne en notoriété et en 1930, il
possède sa propre compagnie de théâtre
et part en tournée en Italie pour diverses
revues toutes chaleureusement accueillies
du public.
Il apparaît pour la première fois dans un
film en 1937, Fermo con le mani ! (Arrête
avec tes mains !) de Gero Zambuto qui
313
sera suivi en 1939 de Animali pazzi
(Animaux fous) de Carlo Ludovico
Bragaglia et en 1940 de Totò, apôtre et
martyr (San Giovanni decollato) d'Amleto
Palermi.
Ces films sans grand succès, le poussent à
continuer au théâtre où il obtient des
accueils triomphaux dans des spectacles
mis en scène par Antonio Galdieri et où,
parfois, il donne la réplique à Anna
Magnani.
En 1947, Mario Mattoli lui ouvre la voie du
succès sur pellicule avec Les Deux
314
orphelins (I Due orfanelli). Il va, dès lors,
travailler de plus en plus pour le cinéma, ce
qui l'amènera à quitter petit à petit les
planches.
Au cours de sa carrière, il joua dans plus
de cent films. Ses nombreux rôles
comiques lui assurèrent une grande
notoriété. Il jouera aux côtés de grands
noms du cinéma italiens tels que Paolo
Stoppa, Titina de Filippo, Peppino de
Filippo, Aldo Fabrizi, Giovanna Ralli, Gino
Cervi, Vittorio de Sica, Silvana Pampanini,
Erminio Macario (un autre grand acteur
315
burlesque de l'époque), Anna Magnani,
Marisa Merlini, Sandra Milo,Alberto Sordi,
Nino Manfredi, Ugo Tognazzi, Vittorio
Gassman, Renato Salvatori, Carla Gravina,
Claudia Cardinale, Marcello Mastroianni,
Silvana Mangano ainsi que de célèbres
acteurs internationaux tels que Joséphine
Baker, Mistinguett, Fernandel, Louis de
Funès, Jean-Claude Brialy, Jean
Rochefort, Claudine Auger, Viviane
Romance, Orson Welles ou Ben Gazzara.
De grands réalisateurs italiens l'ont fait
travailler comme Mario Monicelli, Steno,
316
Luigi Comencini, Mario Costa,Sergio
Corbucci, Dino Risi, Alessandro Blasetti,
Vittorio de Sica, Roberto Rossellini et Pier
Paolo Pasolini.
Totò perd la vue en 1956 mais tourne pour
le cinéma jusqu'à la fin de sa vie.
Il a reçu une mention spéciale pour sa
performance d'acteur au Festival de
Cannes 1966.
Auteur également de chansons à succès, la
plus célèbre étant sûrement Malafemmena
en 1951, ainsi que de poésies napolitaines
parues dans le recueil 'A livella (Le
317
niveau)1 en 1964, Totò est mort d'une
crise cardiaque, le 15 avril 1967, à Rome, à
l'âge de 69 ans.
Alida Valli fait ses débuts en tant
qu'actrice à quinze ans au Centro
sperimentale di Cinematografia (Centre
expérimental du cinéma) de Rome en 1936
318
en participant dans Les deux sergents.
Mais le premier rôle lui est offert par
Mario Bonnard dans Le féroce Saladin en
1937. C'est le réalisateur Bonnard qui lui a
choisi le nom d'art 'Alida Valli'. Après elle
a signé un contrat à long terme avec
Italciné. Merveilleusement belle et douée
elle devient l'étoile montante du cinéma
italien, "la plus aimée des italiens" et "la
fiancée de l'Italie". Le début de sa
carrière se déroule devant les caméras
des grands réalisateurs italiens de
l'époque, Mario Camerini et Goffredo
319
Alessandrini bien sûr (période des
Téléphones blancs oblige), mais aussi
Mario Bonnard, Max Neufeld, Mario
Mattoli, Carmine Gallone et Mario Soldati.
C'est d'ailleurs ce dernier qui va lui
permettre de devenir une vedette en
Italie, en 1942, avec Le Mariage de minuit
(Piccolo mondo antico) où elle saura faire
montre d'une qualité de jeu dramatique
peu ordinaire et qui lui vaudra un prix à la
Mostra de Venise. Après Le mariage de
minuit où elle joue d'une manière
bouleversante Darryl F. Zanuck lui propose
320
Hollywood. Mais elle sent que l'Italie
glisse dans la guerre et veut d'autant
moins déserter son pays, ni les amis, ni sa
mère. Dans le film monumental Noi
vivi/Addio Kira, une critique sociale de la
dictature, elle interprète le premier rôle
d'une telle façon que la critique la
compare à Garbo. Ce film a été interdit,
cinq mois après sa sortie, en 1942 par
Mussolini. La Valli a rompu les contacts
avec ses producteurs et s'est cachée chez
des amies à Rome, chez Leonor Fini et
Luciana d'Avack. En 1944, elle épouse le
321
musicien de jazz triestien Oscar de Mejo,
la musique mal vue par le régime,
échappant ainsi à l'enrôlement d'office
dans le cinéma de propagande fasciste.
C'est en 1947 qu'elle va tenter sa
deuxième chance aux États-Unis où elle ne
jouera que dans quatre films dont Le
Procès Paradine de Hitchcock, et Le
Troisième Homme de Carol Reed. Dans Le
troisième homme (1949) elle apparaît
comme "l'incarnation de l'Europe
martyrisée par la guerre" (Frederic
Mitterrand). Peu satisfaite du système
322
hollywoodien et séparée de son mari Oscar
un ans après avoir donné naissance à un
second fils à Los Angeles, Lorenzo "Larry",
la Valli retourne à sa mère patrie seule
avec ses deux fils en 1953 et s'installe
définitivement à Rome. En 1951 elle va
travailler avec des réalisateurs italiens ou
français : ce seront essentiellement, pour
les premiers, à nouveau Mario Soldati,
Gianni Franciolini, et surtout les deux «
grands » que sont Luchino Visconti qui lui
confie le rôle principal de Senso en 1954,
et Michelangelo Antonioni qui la fait jouer
323
dans Le Cri en 1957; les réalisateurs
français seront entre autres Yves
Allégret, Henri Decoin, Roger Vadim, René
Clément, Yves Robert, Georges Franju,
Jacques Deray, Claude Chabrol. En 1960,
elle incarne la prieure dans les Dialogues
des Carmélites de Philippe Agostini
d'après la pièce de Georges Bernanos.
Entre temps en 1957, elle témoigne en
faveur du principal accusé de l'affaire
Wilma Montesi.
Après 1963, elle se fera plus rare sur les
écrans, à raison d'un film par an en
324
moyenne, et certaines années sans. Notons
cependant ses rôles importants dans
Œdipe roi (Edipo re) de Pier Paolo Pasolini
en 1967, dans La Stratégie de l'araignée
(La Strategia del ragno) de Bernardo
Bertolucci en 1970, dans L'Antéchrist
(L'Anticristo) d'Alberto de Martino en
1974 et dans 1900 de Bernardo Bertolucci
en 1976.
Au milieu des années 1950 elle commence
une carrière théâtrale avec des œuvres
entre autres d'Ibsen, Tchekhov,
Shakespeare, O'Neill, Pirandello,
325
D'Annunzio, Sartre, Williams, Miller, et
Marlowe en Italie, France et États-Unis.
Elle travaille pendant deux ans en
Amérique du Sud et au Mexique où elle
tourne plusieurs séries de téléfilms
(telenovelas) et participe au fameux
Manolo Fabregas Show. À la télévision
italienne elle conduit son propre show
'Music Rama', avec des chansons de films.
Un grand succès était le téléfilm La
stratégie de l'araignée (1970) de
Bernardo Bertolucci.
Son dernier film fut en 2001 Semana
326
Santa, tournée à Seville en Espagne.
Elle a tourné 100 films pour le cinéma,
participé à plus de 30 productions de tv
(show et téléfilms sans compter les
feuilletons) et à plus de 30 productions de
théâtre avec plusieurs centaines de
représentations.
Au cours de sa carrière, elle a obtenu
quelques prix, parmi les plus importants se
trouvent le 'Lion d'or pour la carrière', au
festival de cinéma à Venise; la 'Laurea ad
Honorem' del 'Terza Università' de Rome;
le 'Chevalier des Arts et des Lettres' de
327
la France, le 'Prix international Lumière'
et en dernier lieu le prix 'Vittorio de Sica
2001' du Président de la République
Italienne et le prix 'Bacchelli' pour la
carrière au cinéma et théâtre par le
Conseil des ministres de la République
Italienne.
Alida Valli est décédée le 22 avril 2006 à
Rome.
328
Dans sa jeunesse, avant d'embrasser la
carrière d'acteur, Raf Vallone a été un
footballeur émérite et un fervent
journaliste antifasciste.
Acteur exigeant au cinéma comme à la
scène, il fera notamment de la pièce de
théâtre Vu du pont (A View from the
Bridge) d'Arthur Miller, une de ses
spécialités : il en sera plusieurs fois
l'interprète, le metteur en scène en Italie
comme en France et, bien entendu,
l'acteur principal dans son adaptation
cinématographique Vu du pont réalisée par
329
Sidney Lumet en 1962.
De la même façon, il aura gain de cause
afin de ne pas être doublé dans son
premier film français, Thérèse Raquin de
Marcel Carné et, par la suite, assurera lui-
même le doublage des versions françaises
de la plupart de ses films. Il procédera de
la même façon pour ses rôles en langue
anglaise au cinéma comme à la scène
(pièces de théâtre Vu du pont et La
Duchesse d'Amalfi de John Webster).
Raf Vallone a été marié de 1952 jusqu'à
son décès avec l'actrice Elena Varzi avec
330
laquelle il a eu trois enfants : Eleonora
Vallone, actrice, née en 1953, et les
jumeaux nés en 1955 : Saverio Vallone,
acteur et Arabella Vallone, chanteuse.
Diplômée du Conservatoire d'art
dramatique de Rome (Accademia d'arte
drammatica Silvio d'Amico) en 1953,
331
Monica Vitti commence sa carrière de
comédienne au théâtre et à la télévision.
Elle tourne son premier film en 1958 Le
Dritte. C'est sa rencontre avec le
réalisateur Michelangelo Antonioni, qui
lancera véritablement sa carrière
(L'Avventura, L'Eclipse, La Nuit, Le
Désert rouge...) où elle se distingue par sa
beauté froide et son élégance. Elle devient
ainsi l'égérie du réalisateur, ce qui ne
l'empêche pas de tourner avec les grands
cinéastes italiens de l'époque tels que
Scola dans Drame de la jalousie. Elle se
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fait de plus en plus rare à partir des
années 1970 malgré de grandes
collaborations par exemple avec Luis
Buñuel dans Le Fantôme de la liberté.
Gian Maria Volontè, né le 9 avril 1933 à
Milan en Italie et mort le 6 décembre
1994 à Florina en Grèce, est un acteur
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italien. Il se fait d'abord connaître hors
d'Italie pour ses rôles de « méchant »
dans Pour une poignée de dollars et Et
pour quelques dollars de plus, puis par une
série de performances étincelantes à
l'apogée du cinéma politique italien,
notamment Enquête sur un citoyen au-
dessus de tout soupçon, Sacco et vanzetti,
L'Affaire Mattei, Lucky Luciano, Le Christ
s'est arrêté à Eboli. Il meurt le 6
décembre 1994 d'une attaque cardiaque
au cours du tournage du film Le Regard
d'Ulysse.
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FIN
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