C’est avec mon ami Jean Claude que je

découvris le cinéma italien en 1 ère . D’abord

Alberto Sordi, puis Vittorio Gassman, nous

avions un faible pour le premier et ses

interprétations du Témoin, d’un Bourgeois

tout petit petit, de l’Argent de la Vieille.

Il y avait l’excellent Mes Chers Amis avec

Tognazzi, Celi, Noiret et Blier. Le cinéma

1

italien était quelque chose de magnifique,

à la fois émouvant, tendre et drôle. Drôle

mais une drôlerie un peu noire, sarcastique

mais tellement belle.

Les films étaient souvent projetés dans

les salles du quartier de l’Opéra jusqu’à

Bonne Nouvelle.

Et puis il y avait les musiques de Nino Rota

pour Fellini, Riz Ortolani, Guido et

Maurizio de Angelis. Bien sûr Ennio

Morricone et les westerns spaghettis sur

lesquels j’ai toujours émis quelques

réserves. Les films comiques qui mêlent

2

l’action et la drôlerie avec Terence Hill et

Bud Spencer accompagné des musiques de

Guido & Maurizio de Angelis.

C’est tout ces grands moments que je vais

évoquer avec vous en citant les grands

réalisateurs, acteurs et actrices de cette

production italienne si importante dans les

années 50/70.

Tchao !

3

L’industrie du cinéma italien est née entre

1903 et 1908 avec la création de trois

compagnies : la Cines romaine, l’Ambrosio

de Turin et l’Italia Film. D’autres

compagnies ont rapidement suivi à Milan et

à Naples. En très peu de temps, ces

premières compagnies ont atteint une

4

production de qualité et leurs films furent

bientôt vendus hors d’Italie.

Un des premiers sous-genres apprécié fut

les filoni (les films historiques) : le

premier de ce type fut, en 1905, le film de

Filoteo Alberini, La presa di Roma, 20

settembre 1870 (La prise de Rome, 20

septembre 1870). D’autres films

décrivaient les actions de beaucoup de

personnages historiques tels que Néron,

Messaline, Spartacus, Jules César,

Cléopâtre. Le film Ultimi giorni di Pompei

(Les Derniers Jours de Pompéi)

5

d’Ambrosio (1908) devint rapidement

célèbre et immédiatement suivi par un

remake de Casérini (1913). La même année,

Guazzoni réalisa un Marc-Antoine et

Cléopâtre très apprécié. Et l’année

suivante, Giovanni Pastrone l’immense

Cabiria.

6

Les actrices Lyda Borelli et Francesca

Bertini furent les premières « divines »

(stars) spécialisées dans les passions

tragiques. Ces dernières furent en réalité

les premières « stars » de cinéma et aussi

les premières actrices à être filmées

partiellement nues.

D’autres genres abordaient des thèmes

sociaux souvent basés sur des livres. En

1916, le film Cenere (Cendres) adapté du

livre de Grazia Deledda était interprété

par l’actrice de théâtre Eleonora Duse

(célèbre aussi pour être l’amante de

7

Gabriele D'Annunzio).

Après la Première Guerre mondiale, en

raison de la crise économique, le cinéma

italien produit des films moins

intéressants en dépit de l’introduction du

son et c’est seulement à la fin des années

1920 que quelques films innovateurs

furent réalisés par Alessandro Blasetti,

Mario Camerini et son cousin Augusto

Genina.

Blasetti commença sa longue carrière avec

un projet d’avant-garde (Sole 1928) et

dans les années suivantes réalisa avec le

8

célèbre comédien italien Ettore Petrolini

son Néron comique (une satire

extrêmement sophistiquée de Mussolini

que, dit la légende, le dictateur lui-même

autorisa à passer à travers la censure), il

tourna ensuite des films à caractère

historique.

Au même moment, un autre genre obtint

un certain succès : il comprenait des films

qui décrivaient une société pesante avec

une lourde dose de moralité formelle

reflétant la culture de l’époque ; ce genre

fut appelé les Telefoni Bianchi

9

(Téléphones blancs), caractérisé par la

présence constante (un véritable tic) de

ces objets dans les scènes représentées.

Ces films, généralement peu réputés,

lancèrent beaucoup d’acteurs qui devinrent

plus tard des stars, comme Vittorio De

Sica et Alida Valli.

10

Pendant ce temps-là, le fascisme créa un

organisme pour la culture populaire; son

administration suggéra, et Mussolini

l’approuva totalement, la création de

quelques structures importantes pour le

cinéma italien. Un emplacement fut trouvé

dans le sud-est de Rome pour construire

ex nihilo une cité du cinéma, Cinecittà. La

ville fut conçue afin de fournir tout ce qui

pouvait être nécessaire pour faire un film

: les théâtres, les services techniques et

même une école de cinéma pour les

apprentis les plus jeunes. Encore

11

actuellement, beaucoup de films sont

entièrement fabriqués à Cinecittà. Le fils

du dictateur italien, Vittorio Mussolini,

créa une compagnie nationale de

production et organisa le travail d’auteurs,

de réalisateurs et d’acteurs parmi les plus

doués (dont quelques opposants

politiques), créant ainsi une notable et

très intéressante communication entre

eux. Ceci créa de célèbres amitiés et tout

cela dans une interaction culturelle

stimulante. Roberto Rossellini, Federico

Fellini et beaucoup d’autres faisaient

12

partie de ce groupe.

Le cinéma italien n'eut que de petites

récompenses pour faire payer le régime

dictatorial de son gouvernement et peut-

être aussi à cause de l'approche de la

Seconde Guerre mondiale, quand (comme

dans chaque pays qui se battait) beaucoup

de films furent produits à des fins de

propagande. Malgré cela, Alessandro

Blasetti pouvait produire en 1942 son

Quattro passi tra le nuvole (Quatre Pas

dans les nuages), qui est l’histoire d’un

humble employé, qui pour beaucoup, est

13

considéré comme le premier film

néoréaliste.

Le néoréalisme (neorealismo) explosa juste

après la guerre, avec des films inoubliables

comme la trilogie de Rossellini et des

acteurs extraordinaires tels qu’Anna

Magnani, qui tentaient de décrire les

difficultés économiques, les conditions

14

morales de l’Italie et les changements de

mentalité dans la vie quotidienne. Comme

Cinecittà était occupée par des réfugiés,

les films furent tournés à l’extérieur sur

les routes dévastées du pays vaincu. Ce

genre fut bientôt instrumentalisé à des

fins politiques, mais dans la majorité des

cas les réalisateurs furent capables de

garder la distance nécessaire, en

distinguant l’art de la politique.

La poésie et la cruauté de la vie furent

harmonieusement combinées dans les films

que De Sica scénarisa et réalisa avec le

15

scénariste Cesare Zavattini : parmi ceux-

là, Sciuscià en 1946, Ladri di Biciclette (Le

Voleur de bicyclette) en 1948 et Miracolo

a Milano (Miracle à Milan) en 1950. Le

malheureux et amer Umberto D. en 1952,

l’histoire touchante d’un vieil homme

pauvre avec son petit chien que la vie

force à solliciter l’aumône, bafouant ainsi

sa dignité, dans la solitude de la société

nouvelle, est peut-être le chef-d'œuvre

de De Sica et un des plus importants films

de toute la production italienne. Lancé

avec une lourde polémique de la part du

16

gouvernement qui aurait voulu le censurer

en alléguant de son caractère anti-

national, le film n’eut pas un succès

commercial énorme et depuis lors n'a été

diffusé qu'une fois ou deux seulement par

la télévision italienne.

17

C’est peut-être encore la plus violente

attaque, dans l’apparente quiétude de

l’action, contre les règles de la nouvelle

économie, la nouvelle mentalité, les

nouvelles valeurs et ayant à la fois un point

de vue conservateur et progressiste ainsi

que de nombreux autres producteurs.

Il a été dit qu’après Umberto D. rien de

plus ne pouvait être ajouté au néoréalisme.

C’était pour cette raison ou pour d’autres,

qu’effectivement le néoréalisme se

termina formellement avec ce film.

D’autres films suivirent, tournant autour

18

d’atmosphères plus légères, peut-être plus

cohérents avec des conditions générales

de vie plus satisfaisantes et ce genre fut

appelé le néoréalisme rose. C’était un filon

qui permit d’utiliser des actrices mieux «

équipées » pour devenir de vraies

célébrités : les visages et mensurations de

Sophia Loren, , Silvana

Pampanini, Lucia Bosé et aussi d’autres

types de beauté comme Eleonora Rossi

Drago, Silvana Mangano, Claudia Cardinale

et Stefania Sandrelli peuplaient

l’imagination des Italiens juste avant le si

19

bien nommé « boom des années 1960 ».

Bientôt le néoréalisme rose fut remplacé

par la Commedia all'italiana (la Comédie à

l'italienne), un genre qui par le rire

évoquait de façon détournée -mais de

manière très approfondie- les thèmes

sociaux, politiques et culturels de l'Italie.

Pendant toutes ces années, dans la

production plus commerciale, explosait le

phénomène Totò, un acteur napolitain qui

est reconnu comme étant le plus grand

comique italien. Dans ses films (souvent

avec Peppino de Filippo et presque

20

toujours avec Mario Castellani), une sorte

de satire néoréaliste s’exprimait aussi

bien avec ses manières de guitto (cabotin)

que dans l’art du grand acteur dramatique

qu’il était également, comme (trop tard)

Pier Paolo Pasolini le démontrera.

C’était une « machine-à-films » (une

douzaine de titres chaque année), son

répertoire était fréquemment répétitif

21

mais jamais ennuyeux (si ce n’est pour les

austères critiques de cinéma). Son

histoire personnelle (un « prince » né dans

les plus pauvres riones (quartiers) de

Naples), son visage mobile unique, ses

expressions et mimiques personnelles, ses

gestes, créaient un personnage inimitable

et firent de cet homme un des Italiens les

plus aimés dans son pays.

La « comédie à l’italienne » est

généralement considérée pour avoir

débuté avec I soliti ignoti (Le Pigeon) de

Mario Monicelli. Cette expression

22

provenait du titre du film de Pietro Germi,

Divorzio all’Italiana (Divorce à l'italienne)

de 1961. Ce titre devint lui aussi une

expression, péjorative pendant une longue

période.

Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Alberto

Sordi, Claudia Cardinale, Monica Vitti et

Nino Manfredi furent parmi les stars de

ces films qui décrivent les années de la

reprise économique et investiguaient les

coutumes des Italiens, une sorte de

recherche auto-ethnologique.

En 1961, Dino Risi réalisa Il sorpasso (Le

23

Fanfaron), un film culte actuellement, puis

Una vita difficile (Une vie difficile), I

mostri (Les Monstres), In nome del Popolo

Italiano (Au nom du peuple italien) et

Profumo di donna (Parfum de femme).

Les films de Monicelli comprennent La

grande guerra (La Grande Guerre), I

compagni (les Camarades), L’armata

Brancaleone, Vogliamo i colonnelli (Nous

voulons les colonels), Romanzo popolare

(Romance populaire) et Amici miei (Mes

chers amis).

24

Les films de Carlo Verdone s'enchaînent

avec toujours beaucoup de succès, avec

des personnages parfois extravagants,

souvent bizarres, mais toujours drôles. Il

a rendu ses personnages célèbres, ses

dialogues également, et il est toujours

aujourd'hui l'un des acteurs italiens les

plus appréciés.

25

En un peu plus de vingt-cinq ans de

carrière, il reçut, outre d'être plébiscité

par le public et la critique, plusieurs prix

comme le David di Donatello en tant que

meilleur acteur et scénariste pour

Maledetto il giorno che ti ho incontrato,

ou encore meilleur réalisateur pour

Perdiamoci di vista, pour ne citer qu'eux.

26

Adolescent,

s'adonne à la peinture, activité qu'il

continuera d'exercer tout au long de sa

vie. À Ferrare, il ne fréquente pas le liceo,

dont les élèves, très souvent issus des

classes aisés, se destinent à des études

supérieures, mais un lycée technique. Il

pratique en outre le tennis, au club de

27

Marfisa à Ferrare, où il côtoie la jeunesse

dorée et, en particulier, son ami, le

romancier Giorgio Bassani. Après son

baccalauréat, il s'inscrit à l'université de

Bologne où il obtient un diplôme

d'économie. Attiré par le théâtre, il

devient ensuite un cinéphile passionné et,

entre 1936 et 1940, il pratique la critique

de films. C'est en 1941 qu'il entame une

solide formation de cinéaste en intégrant

les cours du Centro Sperimentale di

Cinematografia de Rome.

Il débute dans le cinéma, à trente ans, en

28

pleine période néoréaliste, comme

scénariste pour Roberto Rossellini et

Federico Fellini, et travaille comme

assistant de Marcel Carné pour les

Visiteurs du soir. En 1943, il obtient le

soutien financier de l'Institut Luce,

organisme gouvernemental chargé de

subventionner les films pédagogiques, pour

réaliser son premier documentaire Gente

del Po, relatant la vie des populations

déshéritées de la plaine du Pô, dont le

cours arrose sa ville natale, Ferrare.

Ses premiers longs métrages (de

29

Chronique d'un amour en 1950 jusqu'à le

Cri en 1958) restent confidentiels en ne

lui apportant qu'une notoriété « italienne

». Antonioni ne deviendra connu qu'après

la sortie de L'Avventura en 1960, primé à

Cannes, premier volet d'une tétralogie qui

allait imposer une vision novatrice de l'art

cinématographique, voulu « égal à la

littérature ». Les opus suivants, L'Éclipse,

La Nuit et Le Désert rouge le font

reconnaître internationalement. Monica

Vitti sera l'égérie de ces quatre films et

sera d'ailleurs sa compagne pendant

30

quelque temps.

Blow-Up, tourné à Londres en 1966, Palme

d'or au Festival de Cannes 1967, lui ouvre

les portes d'Hollywood, où il réalise

Zabriskie Point en 1970. Ne rencontrant

pas le succès espéré, il part en Chine

réaliser Chung Kuo, La Chine en 1972,

avant de revenir aux États-Unis avec

Profession : reporter en 1975.

Rentrant ensuite en Italie, il retrouve

Monica Vitti pour Le Mystère d'Oberwald

en 1980 puis réalise Identification d'une

femme en 1982 sur le tournage duquel il

31

rencontre Enrica Fico qui deviendra son

épouse. En 1985, un accident cérébral lui

provoque une paralysie partielle et une

quasi impossibilité de parler. Il ne cessera

pas pour autant son activité et c'est aidé

de son ami réalisateur Wim Wenders qu'il

réalisera Par-delà les nuages en 1995. Son

dernier film Eros date de 2004 (Antonioni

étant alors âgé de 92 ans !) et a été co-

réalisé avec Wong Kar-wai et Steven

Soderbergh. Il décède le 30 juillet 2007,

à l'âge de 94 ans, le même jour qu'Ingmar

Bergman.

32

D’abord institutrice (professeur de

gymnastique), Laura Antonelli commence

sa carrière avec la série télévisée

italienne « Carosello » avant de tourner

son premier film en 1965 avec Vincent

Price dans Le Spie vengono dal

semifreddo1. Elle met ensuite ses formes

33

généreuses au service du film Le Malizie di

Venere en 1969, censuré à sa sortie. Sa

carrière culmine au cours des années

1970, elle tourne quelques films en France,

Sans mobile apparent de Philippe Labro,

Les Mariés de l'an II de Jean-Paul

Rappeneau et Docteur Popaul de Claude

Chabrol1. Elle fait la rencontre sur ce film

de Jean-Paul Belmondo, dont elle est la

compagne de 1972 à 1980. Dès lors sa

carrière explose, devenant à l'époque un

“sex-symbol” très connu dans des films

italiens et internationaux, dans lesquels

34

elle n'hésite pas à se dénuder sans

complexe.

Elle gagne le prix Donatello en 1973 et en

1981 et le Ruban d'argent, prix de la

meilleure actrice décerné par le Syndicat

National italien des journalistes

cinématographiques pour Malizia en 1974.

De retour en Italie, elle obtient un grand

succès avec Malizia. À noter sa prestation

comme support de fantasmes érotiques

dans Il Merlo Maschio de Pasquale Festa

Campanile (Ma femme est un violon en

français), sorti en 1972 : l'affiche, très

35

aguichante et directement inspirée d'une

photo de Man Ray, représentait ses

hanches parfaites vues de derrière, avec

les ouïes d'un violoncelle en surimpression.

Dans le film son mari, M. Vivaldi,

violoncelliste timide et très jaloux,

finissait par rêver qu'il enfermait sa trop

belle Costanza dans l'étui de son

instrument. Dès lors, elle tourne avec les

plus grands de Dino Risi à Luchino Visconti

en passant par Luigi Comencini et Ettore

Scola. Vers la fin de la décennie, Laura

Antonelli est engagée principalement dans

36

des rôles comiques : Les Monstresses en

1979, Les derniers monstres en 1982,

Grandi magazzini en 1986 et Rimini Rimini

en 1987.

En 1991, on trouve chez elle de la cocaïne

lors d'une perquisition des carabiniers. À

la suite de quoi, reconnue coupable de

possession et de trafic de drogue, elle est

condamnée à une assignation à domicile,

condamnation qui est annulée en appel, en

2001. Cette affaire mettra fin

prématurément à sa carrière en 1991. Le

projet d'un film, Malizia 2000, la pousse à

37

entreprendre un traitement de chirurgie

esthétique qui l'aurait défigurée à vie.

En juin 2010, l'ancienne actrice vit retirée

du monde et grossie, via Napoli, à

Ladispoli, à une quarantaine de kilomètres

de Rome avec une pension de 510 € par

mois d'allocation.

38

Mario Bava a contracté le virus du cinéma

par son père. Celui-ci, sculpteur, est entré

dans le monde du cinéma en 1906 en

réalisant le portail d'un tombeau pour une

production Pathé. Il sera par la suite

chef-opérateur sur des productions

italiennes. Cependant la première vocation

de Mario Bava est la peinture qu'il apprend

aux Beaux Arts. Mais en 1939, il

commence sa carrière dans le cinéma

comme directeur de la photographie sur

deux courts métrages de Roberto

Rossellini. Il devient rapidement, grâce à

39

la qualité de ses éclairages et la

flamboyance de ses couleurs, l'un des

chefs opérateurs les plus convoités

d'Italie. Il travaille, entre autres, aux

côtés de Pabst, Dino Risi, Roberto

Rossellini, Riccardo Freda ou Raoul Walsh.

Lorsque Riccardo Freda abandonne le

tournage des Vampires, Bava qui était

chargé de la photo et des effets spéciaux,

se voit confier la réalisation et termine le

film en deux jours. Bava fera de même

avec Caltiki de Freda et La Bataille de

Marathon de Jacques Tourneur et co-

40

réalise avec Pietro Francisci Les Travaux

d'Hercule et Hercule et la reine de Lydie

avant de se voir confier, en 1960, Le

Masque du démon. Bava s'éloigne des

codes du film de vampire et réussit un film

expressionniste, poétique, gothique et

effrayant qui lui permet d'accéder à une

renommée mondiale. Mais aussitôt Bava

délaisse le fantastique pour retrouver le

péplum et les fresques en costumes avec

Hercule contre les vampires, La Ruée des

Vikings et Les Mille et Une Nuits. En 1962,

Bava réalise son premier thriller, La Fille

41

qui en savait trop dans lequel il commence

à jeter les bases de ce que sera le giallo

avant de renouer avec l'univers gothique

et sadique de ses débuts dans Le Corps et

le fouet. En 1963, Bava connaît un nouveau

succès public avec le film à sketches, Les

Trois Visages de la peur. L'année suivante,

il réalise Six femmes pour l'assassin. Avec

ce film, qui est souvent considéré comme

son chef-d'œuvre, où culmine son goût

pour les lumières et les couleurs

flamboyantes et les décors surchargés,

Bava signe l'acte fondateur du giallo.

42

Mais, à cette époque, en Italie, c'est le

western qui a les faveurs du public. Bava

s'y essaye, sans réussite, avec Arizona

Bill. Grâce aux succès public aux États-

Unis du masque du démon et des trois

visages de la peur, Bava signe un contrat

de cinq films de science-fiction pour

American International Pictures, mais n'en

réalisera qu'un, Terrore nello spazio, dont

se souviendra Ridley Scott pour Alien.

Avec Opération peur, Bava renoue à

nouveau avec le film de terreur et le

fantastique gothique. La fin des années

43

1960 et le début des années 1970 est une

période de forte activité pour Bava qui

réalise un film de vikings (Duel au

couteau), une parodie des films Corman-

Poe (Le spie vengono dal semifreddo), un

succès public (Danger Diabolique), un

péplum (L'Odyssée), des giallo (Il rosso

segno della follia, L'île de l'épouvante et

La Baie sanglante), deux films fantastiques

gothico-macabres (Lisa et le diable et

Baron vampire), un policier réaliste (Cani

Arrabbiati) et un western (Roy Colt e

Winchester Jack). Mais de tous ces films

44

seul Danger Diabolique fut un succès

commercial, tandis que Lisa et le diable et

Cani Arrabbiati ne furent même pas

distribués. À partir de 1974, Bava est

alors délaissé par le monde du cinéma. Et

c'est son fils, Lamberto Bava qui signe les

dernières réalisations du père, un giallo,

Shock en 1977, et en 1978, un téléfilm

pour la RAI, La venere d'Ille.

Mario Bava meurt à Rome, d'une crise

cardiaque, le 27 avril 1980, quelques

semaines avant de commencer un nouveau

film, un space opéra, Star Express.

45

Quatrième enfant de Luigi Benigni (1918-

2004) et Isolina Papini (1918-2004),

Roberto Benigni est né dans une famille

toscane modeste. Fils unique après trois

sœurs avec un caractère enjoué et

expansif, il déménage avec toute sa famille

à Vergaio où vit toute sa famille d'origine.

Inscrit dans un séminaire qu'il abandonne

46

après les inondations de Florence du 4

novembre 1966, il suit ses études à

l'institut technico-commercial Datini di

Prato. Mais sa plus grande passion reste le

spectacle.

Après s'être fait connaître en Italie

comme chanteur et musicien, grâce à une

chanson paillarde qu'il interpréta dans la

sulfureuse émission Televacca, il monta

sur scène pour la première fois en 1972,

et à peine vingt jours après, il est au

théâtre Metastasio di Prato avec le

spectacle Le roi nu de Eugenij Schwarz,

47

dirigé par Paolo Magelli. Il fait la

connaissance à Florence de Donato Sannini

et de Carlo Monni, qui l'engagent pour

interpréter une forme de spectacles de

rue. En automne 1972, il part pour Rome et

se consacre pendant trois ans au théâtre

expérimental en collaborant

principalement avec Lucia Poli dans la

compagnie Beat'72 au théâtre des satires,

et en participant à divers spectacles.

En 1975, il fait la rencontre, fondamentale

pour sa carrière, de Giuseppe Bertolucci

qui lui écrit un monologue Cioni Mario di

48

Gaspare fu Giulia : il obtient un grand

succès, d'abord au théâtre Alberico de

Rome puis sur toutes les scènes italiennes.

Ce personnage d'un paysan toscan, en

grande partie autobiographique, renferme

déjà l'ambivalence qui caractérisera par la

suite ses interprétations : d'un côté une

irrésistible exubérance gestuelle et

surtout verbale, de l'autre une candeur

ingénue presque infantile qui laisse

souvent transparaître une veine de

surréaliste et de poésie mélancolique.

L'image du premier Benigni se forme donc

49

sur un personnage peu commode et

rebelle, craint d'un côté mais aimé de

l'autre, imprévisible et capable en

permanence de surprendre et même

parfois de choquer. Apparu à une

manifestation du Parti communiste italien,

il prit dans ses bras le secrétaire général

Enrico Berlinguer, geste surprenant à une

époque où les hommes politiques italiens

étaient réputés pour leur sérieux et leur

formalisme. Il poursuit son activité

cinématographique par des rôles de second

plan, sauf dans le rôle d'un maître d'école

50

bizarre dans le film Chiedo asilo de Marco

Ferreri, et en 1978, il participe au

programme télévisé de Renzo Arbore

L'altra domenica, dans les vêtements d'un

critique cinématographique lunaire et

improbable.

Il collaborera une nouvelle fois avec

Bertolucci en 1986 avec une anthologie de

spectacles comiques tenus dans les rues et

les théâtres de toute l'Italie,

Tuttobenigni. C'est par l'intermédiaire de

Bertolucci que Benigni entre en contact

avec le metteur en scène Vincenzo Cerami

51

avec lequel il poursuivra sa carrière.

Benigni s'illustre dans plusieurs films

comiques, comme Night on Earth de Jim

Jarmusch (1991) dans lequel son

personnage chauffeur de taxi confesse à

un client, prêtre catholique, ses

expériences sexuelles. En 1983, il

commence sa carrière de réalisateur

cinématographique avec Tu mi turbi film

en quatre épisodes. Le film fut apprécié

par le public et les critiques. C'est sur ce

film qu'il rencontre Nicoletta Braschi qui

deviendra sa femme le 26 décembre 1991.

52

À partir de ce moment, elle sera présente

dans quasiment tous les films de son mari.

Puis il obtient un succès avec Non ci resta

che piangere en 1984 où on retrouve

beaucoup de gags.

En 1997, il rejoint la consécration

internationale avec La Vie est belle, qui

raconte la tragédie de l'Holocauste. Ce

film raconte l'histoire d'une famille juive

italienne séparée par les nazis. Une fois

dans le camp de concentration, le

personnage de Benigni parvient à sauver

son fils en lui faisant croire qu'ils jouent à

53

un jeu, et pour gagner, le fils doit en

respecter toutes les règles. Benigni, fils

d'un ex-déporté défendra son choix pour

ce thème si délicat mais avec une approche

différente : le tragi-comique ne fait rien

d'autre qu'accentuer l'intensité

dramatique et l'émotion de certaines

scènes. On peut toutefois reprocher à ce

film une vision assez peu réaliste des

camps d'extermination.

Le film est nommé sept fois aux Oscars

1998 et remporte trois oscars : celui de la

meilleure bande son pour Nicola Piovani,

54

celui du meilleur film étranger et celui du

meilleur acteur principal. Benigni est le

premier non anglo-saxon à gagner dans

cette catégorie, et il est le second acteur,

après Laurence Olivier pour Hamlet en

1948, à avoir gagné un tel prix en étant

réalisateur de celui-ci.

Le moment où Benigni a reçu son prix est

resté mémorable, de par l'explosion de sa

joie, qui, à l'annonce de son nom sauta sur

les sièges avant de monter sur scène. Ce

gag improvisé ainsi que son discours de

remerciement en anglais le rendirent

55

particulièrement sympathique aux yeux

des américains. En plus des Oscars, le film

s'attira des éloges : cinq rubans d'argent,

neuf David de Donatello et le prestigieux

Grand Prix du Jury du Festival de Cannes

où le déchaîné Benigni se prosterna aux

pieds du président de la cérémonie Martin

Scorsese. Tout de suite après ce succès

colossal, on le retrouva dans Astérix et

Obélix contre César de Claude Zidi, dans

le rôle de Détritus le conseiller de César,

au côté de Gérard Depardieu et Laeticia

Casta entre autres.

56

En 2001, il commença la réalisation de

Pinocchio sortit l'année suivante. Il s'agit

du film le plus coûteux de toute l'histoire

du cinéma italien.

En 2004, il produit, écrit et dirige son

huitième film Le Tigre et la neige sorti en

2005. Il s'agit ici encore de thèmes que

l'on retrouve dans La Vie est belle (un

homme quelconque, jovial qui tombe

amoureux d'une femme), mais cette fois-

ci, l'histoire se passe pendant la guerre

d'Irak après la chute du régime de

Saddam Hussein. Ce film est une fois de

57

plus un hymne à la vie et à la joie de vivre.

Il a obtenu en 2008 un César d'honneur

remis par Fanny Ardant pour l'ensemble

de sa carrière.

Marco Bellocchio a fait ses études à

l’Académie d’art dramatique de Milan et au

Centre du Cinéma Expérimental (Centro

sperimentale).

58

Dès son premier film réaliste, Les Poings

dans les poches (Pugni in tasca, 1965), les

critiques cinématographiques le

remarquent. Brisant avec le cinéma

néoréaliste, il s’attaque aux symboles

conformistes italiens en créant une œuvre

politiquement engagée. Les Poings dans les

poches mettait en avant la révolte de la

jeunesse. Il continuera dans cette

direction en dénonçant la religion dans Au

nom du père (Nel nome del padre, 1971) et

dans La Marche triomphale (Marcia

trionfale, 1976). Avec Le Saut dans le vide

59

(Salto nel vuoto, 1980), les acteurs

français Michel Piccoli et Anouk Aimée

gagnent au Festival de Cannes les palmes

du meilleur acteur et de la meilleure

actrice.

Après cette période, il change de registre

et se tourne vers la réalisation de films

plus subversifs. La projection de Le Diable

au corps (Il diavolo in corpo, 1986)

provoque un scandale à Cannes. Son

adaptation littérale d’une œuvre de

Pirandello La Nourrice (La Balia, 1999)

étonne. Son film Le Sourire de ma mère

60

(L'Ora di religione : Il sorriso di mia

madre, 2002) gêne le Vatican. Il est aussi

le premier à avoir mis en scène l’assassinat

d’Aldo Moro dans le film Buongiorno,

Notte (2003), unanimement (supprimer

"critiqué" et remplacer par --)) salué lors

de sa projection en 2004 à la Mostra de

Venise1.Vincere fait partie de la sélection

officielle du Festival de Cannes 2009.

61

Bernardo Bertolucci naît à Casarola dans la

province de Parme en Italie. Il est premier

fils du poète Attilio Bertolucci et le frère

de Giuseppe Bertolucci. Il commence à

écrire dès l'âge de 15 ans et il est

récompensé pour son travail peu de temps

après. Il reçoit entre autres le Premio

Viarregio. Il se rend ensuite à Rome pour

ses études et devient l'assistant de Pier

Paolo Pasolini sur Accattone. Il travaillera

aussi plus tard avec Sergio Leone et Dario

Argento sur le scénario d'Il était une fois

dans l'Ouest. Son second film, Prima della

62

rivoluzione, inspirée de La Chartreuse de

Parme de Stendhal, est acclamée par la

critique et marque le renouvèlement du

cinéma d'auteur italien des années 1960.

Le thème de l'ambiguïté politique et

sexuelle est illustré par une mise en scène

revendiquant un certain gongorisme dans

sa sophistication visuelle et son style

chorégraphié.

Dans les années 1970, il tourne pour la

télévision La Stratégie de l'araignée,

d'après Borges. Dernier Tango à Paris,

interprété par Marlon Brando et Maria

63

Schneider, provoque un scandale en Italie

à cause d'une relation très sulfureuse

entre un homme mûr et une jeune femme,

incluant une scène de sodomie et une

séquence où le héros insulte le corps de sa

femme défunte. Son cinéma à venir se

veut fidèle à un certain regard politique. Il

reflète en ce sens une vision épique et

romanesque mais sans concession de

l'histoire italienne (1900, Le Conformiste).

La Luna évoque une relation difficile entre

une cantatrice et son fils et La Tragédie

d'un homme ridicule est une fable

64

pessimiste qui vaut à Ugo Tognazzi le Prix

d'interprétation à Cannes en 1981.

Bertolucci a été l'invité de l'Été Cinéma

des Rencontres cinématographiques de

Digne-les-Bains, à l'invitation de Jean-

Pierre Castagna, en 1988.

Le Dernier Empereur, tourné en grande

partie dans la Cité interdite à Pékin,

évoque le destin tragique du tout dernier

empereur chinois issu de la dynastie

mandchoue : Pu Yi, placé sur le trône à

l'âge de 3 ans. Triomphe international, le

film obtient 9 Oscars dont celui du

65

meilleur film en 1988. Il est le premier

volet d'une trilogie spirituelle et orientale

complétée par Un thé au Sahara et Little

Buddha.

Il a reçu la palme d'or d'honneur à Cannes

en 2011 pour l'ensemble de son œuvre.

66

Les premiers contacts de Claudia

Cardinale avec le cinéma ont lieu en 1955 à

Venise, durant la Biennale, au cours d'un

voyage qui lui a été offert après qu'elle a

gagné, à dix-sept ans, l'élection de « la

plus belle italienne de Tunis ». Cependant,

désirant être institutrice, elle décline

toutes les propositions qui lui sont faites

et ne fait qu'une brève apparition dans un

court métrage, Anneaux d'or de René

Vautier.

Ses véritables débuts dans un long

métrage se feront en 1958 dans Goha de

67

Jacques Baratier et surtout Le Pigeon de

Mario Monicelli, sous l'égide du

producteur Franco Cristaldi qu'elle

épousera en 1966. Dans les années 1960,

on la retrouve à l'affiche de nombreux

succès critiques et publics. De célèbres

réalisateurs vont se disputer sa présence

devant leurs caméras. Ce sont Mauro

Bolognini, Abel Gance, Luchino Visconti,

Henri Verneuil, Philippe de Broca, Luigi

Comencini, , Blake

Edwards, Henry Hathaway, ou Sergio

Leone.

68

À cause de sa voix rauque et de son italien

approximatif, l'actrice était

systématiquement doublée dans ses films

jusqu'à Huit et demi. Dans la version

italienne originale du film Le Guépard, elle

est doublée par Solveyg D’Assunta. Sur le

tournage, Cardinale parlait français dans

les scènes avec , anglais avec

Burt Lancaster et italien par ailleurs.

Sa présence aux côtés d'Alain Delon dans

Rocco et ses frères et dans Le Guépard de

Visconti, et aux côtés de Jean-Paul

Belmondo dans Cartouche la font connaître

69

du public français, alors que le succès aux

États-Unis et une renommée

internationale lui viennent en 1963 de Huit

et demi de Federico Fellini puis, en 1964,

du film Le Plus Grand Cirque du monde

d'Henry Hathaway, confirmés en 1969 par

Il était une fois dans l'Ouest de Sergio

Leone.

Les années 1970 et 1980 la voient alterner

les rôles :

Réalisations italiennes avec Marco

Ferreri, Luigi Comencini, Franco Zeffirelli,

Marco Bellocchio, Luchino Visconti (avec

70

qui elle a joué quatre fois) et surtout son

mari, le producteur Pasquale Squitieri.

Réalisations françaises avec Christian-

Jaque, José Giovanni, Michel Lang, Nadine

Trintignant, Diane Kurys ou Robert Enrico.

Réalisations internationales avec Jerzy

Skolimowski, Mikhaïl Kalatozov, George P.

Cosmatos, Alan Bridges, Werner Herzog

ou Blake Edwards (pour Le Fils de la

panthère rose, 30 ans après le premier

rôle).

À partir de la fin des années 1990, elle

tourne moins, se consacrant davantage au

71

théâtre ou à l'écriture. En 1993, elle est

membre du jury pour la sélection officielle

des longs métrages au Festival de Cannes.

Dans les années 2000, elle monte sur

scène à Paris, interprétant, en 2000, La

Vénitienne (anonyme du XVIe siècle) et

Doux oiseaux de jeunesse de Tennessee

Williams en 2005.

Elle a toujours adopté des positions

politiques marquées par des idées

libérales. De gauche, elle s'est souvent

battue pour des causes concernant les

droits des femmes et des homosexuels.

72

Elle a apporté sa contribution à nombre de

causes humanitaires. En 1999, l'UNESCO

l'a désignée Ambassadrice de bonne

volonté. « J’ai été une star, très jeune. Je

n'ai pas de mérite, le destin en a décidé

ainsi. Une étoile a toujours veillé sur moi ».

Cette phrase est extraite de son livre

autobiographique, paru le 20 janvier 2005,

Mes étoiles, aux éditions Michel Lafon.

En 2009, elle publie Ma Tunisie aux

éditions Timée, un livre de photos sur les

traces de son enfance tunisienne.

73

Fils du gouverneur de l'île de Sicile, il

commença à l'âge de 18 ans, une carrière

d'acteur après avoir obtenu son diplôme à

l'Académie des Arts Dramatiques de

Rome. Il quitta l'Italie pour partir en

Amérique du Sud à la fin des années 1940

74

où il devint un éminent metteur en scène

au Brésil et en Argentine. Il mit en scène

plus de quarante productions pour le

théâtre Brésilien de São Paulo, réalise

trois films et de nombreuses dramatiques

télévisées au Brésil. Il dirigea l'Opéra

Théâtre de Rio, pour lequel il assura

également des mises en scènes, avant de

revenir en 1963 dans son pays natal :

l'Italie.

Adolfo Celi entame alors une véritable

carrière d'acteur avec L'Homme de Rio de

Philippe de Broca en 1964. En 1965, dans

75

Opération Tonnerre, il joue le milliardaire

borgne Emilio Largo où il imposa son

physique de rapace à défaut. L'acteur prit

beaucoup de plaisir à interpréter un

méchant typique de la série Bond. C'est

pourquoi il accepta avec bonheur de jouer

de nouveau un rôle de méchant dans un «

faux » James Bond, le personnage de

Thair Beta dans Opération frère cadet

(OK Connery en VO) d'Alberto De

Martino, en 1967.

Adolfo Celi est mort à l'âge de 63 ans

d'une crise cardiaque le 19 février 1986 à

76

Rome en Italie.

Après des études secondaires en France

et cinq années à l'école d'architecture de

Milan, il fonde, avec Alberto Lattuada et

Mario Ferrari, la cinémathèque italienne

où il réunit les premiers fonds d'archives

du cinéma italien. Critique de cinéma, dès

la fin de la guerre , il écrit des articles

77

notamment dans "l'Avanti" et le "Tempo",

en même temps que des scénarios.

En 1946, il réalise son premier court

métrage, Les enfants dans la ville (Bambini

in città) qui lui vaut le "Nastro d'argento"

et deux ans plus tard, son premier long

métrage, De nouveaux hommes sont nés

(Proibito rubare).

Souvent en marge des courants et des

modes et malgré de grands succès publics

comme Pain, amour et fantaisie ou de

fortes œuvres satiriques comme La

Grande Pagaille ou L'Argent de la vieille,

78

son talent est resté assez sous-évalué par

la critique qui lui préférait, dans les

années 70, un cinéma plus engagé.

Luigi Comencini a eu quatre filles :

Cristina, Francesca, Paola et Eleonora, qui

font toutes carrière au cinéma.

79

Gino Cervi était le fils du critique

littéraire Antonio Cervi.

Il se marie en 1928 avec Nini Gordini (une

de ses partenaires) et aura un fils,

Antonio.

Il fera également le doublage d'œuvres

américaines, devenant, tour à tour,

Laurence Olivier et Orson Welles pour

leurs films shakespeariens, Clark Gable

dans It happened one night (F. Capra -

1934), James Mason dans Pandora

(A.Lewin - 1950), James Stewart dans

Harvey (H.Koster -1950) ou Michael

80

Redgrave dans le Deuil sied à Electre (D.

Nichols - 1947).

Acteur cosmopolite, il travaille pour toute

l'Europe (notamment en France, en

Espagne, en Angleterre), ne négligeant pas

non plus le théâtre où il devient le Cyrano

du dernier opéra dirigé par Raymond

Rouleau, le Cardinal Lambertini et Cyrano

de Bergerac ou Becket dans une création

de Jean Anouilh.

Il est surtout connu du grand public pour

son rôle de Peppone, le maire communiste

de Brescello, adversaire de Fernandel

81

jouant le rôle de Don Camillo. Les cinq

films de Don Camillo où ils ont partagé la

vedette, avec une grande complicité, ont

été réalisés sur une période de 16 ans.

En fin de carrière, il incarne le

Commissaire Maigret pendant six ans pour

la télévision italienne, série qui donnera un

film pour le grand écran, Maigret à Pigalle

de Mario Landi (1966), produit par son

fils, Antonio Cervi, où il retrouve la

dramaturge Andreina Pagnani dans le rôle

de son épouse.

82

Sergio Corbucci est l'un des grands noms

du cinéma bis italien. Réalisateur

prolifique, oeuvrant dans des genres très

différents, du péplum au western en

passant par les films policiers, il peut être

considéré comme la quintessence du

réalisateur populaire. Diplômé de Sciences

83

économiques puis journaliste, il devient par

la suite l'assistant de l'un des maîtres du

cinéma néo-réaliste italien, Roberto

Rossellini puis scénariste et enfin

réalisateur. C'est en 1951 qu'il réalise son

premier long métrage, Sauve ma fille. Il

réalise aussi entre 1960 et 1963 pas moins

de 7 films avec Totò. Dans le cadre du

western italien, il a réalisé deux films

majeurs: Django (1966), dont la violence

fit scandale à l'époque de sa sortie, et Le

grand silence (1968), qui est marqué par

une noirceur extrême, puisque son héros,

84

interprété par le comédien français Jean-

Louis Trintignant, est tué dans des

conditions très cruelles par le redoutable

chasseur de primes Tigrero (auquel Klaus

Kinski prête son visage de bête sauvage).

Par la suite, Corbucci s'est notamment

illustré en réalisant quelques aventures du

célèbre tandem Terence Hill / Bud

Spencer. Il est le frère de Bruno

Corbucci. Il meurt le 1er décembre 1990,

à quelques jours de son 63e anniversaire.

85

Damiano Damiani est né le 23 juillet 1922

à Pasiano, dans le Frioul. Après avoir

étudié les Beaux-Arts à l'Académie de

Brera, il travaille comme dessinateur de

bandes dessinées et comme peintre avant

de s'orienter vers le cinéma où il débute,

en 1946, comme décorateur, sur

INQUIETUDINE de Vittorio Capignano et

Emilio Cordero, et, en 1947, comme

86

assistant-réalisateur, sur UOMINI

SENZA DOMANI de Gianni Vernuccio,

dont il signe les décors et co-signe le

scénario. Dans le même temps, il

entreprend la réalisation de courts

métrages documentaires dont il assure

aussi le scénario et le montage.

À partir de 1953, Damiani mène également

une activité de scénariste. Il collabore à

de nombreux films tels que : LA

CHRONIQUE DES PAUVRES AMANTS

(Chronache di poveri amanti) de Carlo

Lizzani (1954), LES MYSTÈRES DE PARIS

87

(I Misteri di Parigi) de Fernando Cerchio

(1957), APHRODITE, DÉESSE DE

L'AMOUR (La Venere di Cheronea) de

Giorgio Rivalta et Victor Tourjansky

(1957), LES COSAQUES (I Cosacchi) de

Giorgio Rivalta et Victor Tourjansky

(1959) ou LA VALLÉE DES PHARAONS (Il

Sepolcro dei re) de Fernando Cerchio

(1960).

En 1960, Damiani passe à la réalisation de

longs métrages de fiction, dont il est aussi

l'auteur ou le co-auteur du scénario. Ces

films, dont le premier d'entre eux, JEUX

88

PRÉCOCES, obtient le Prix Fipresci au

Festival de San Sebastian, tendent à

l'intimisme. Au terme des années soixante,

sans pour autant abandonner l'analyse

psychologique et l'approche

comportementale, il donne à son œuvre une

orientation socio-politique. Le mouvement

s'amorce avec EL CHUNCHO, un «

western spaghetti » montrant la mainmise

des États-Unis sur l'Amérique Latine, et

LA MAFIA FAIT LA LOI, qui dénonce la

collusion du pouvoir politique avec

l'organisation criminelle. Après une

89

nouvelle étude de mœurs, UNA RAGAZZA

PIUTTOSTO COMPLICATA, il enchaîne

une série de films d'engagement politique

qui analysent les mécanismes du pouvoir,

sous toutes ses formes, et ses corollaires

(corruption, manipulation, assassinat, etc.)

par le biais de l'expérience d'un individu

pris dans les engrenages d'une machine

qui, inexorablement, le broient.

Quoique amené, par la suite, à tourner des

films de « divertissement » (UN GÉNIE,

DEUX ASSOCIÉS, UNE CLOCHE,

GOODBYE & AMEN, AMITYVILLE 2),

90

Damiani n'abandonne pas ses

préoccupations, tant en ce qui concerne les

conflits psychologiques (IL SOLE BUIO,

GIOCO AL MASSACRO) que le pouvoir

politique et judiciaire ainsi que le rôle de

la Mafia (UN UOMO IN GINOCCHIO,

L'AVVERTIMENTO, PIZZA

CONNECTION, L'ENQUÊTE, L'ANGELO

CON LA PISTOLA, ALEX L'ARIETE).

Dans les années 80, Damiani se tourne

vers la télévision où il dirige "Parole e

sangue" (1982), la mini-série "La Mafia"

("La Piovra", 1983), "Le Train pour

91

Petrograd" (Il Treno di Lenin, 1988), "Una

Bambina di troppo" (1994) et "Ama il tuo

nemico" (1999).

Agostina Belli est une actrice italienne. De

son vrai nom Agostina Maria Magnoni, elle

est née le 13 avril 1947 à Milan.

92

Agostina Belli commence dans la vie active

comme secrétaire dans une compagnie

d’assurance, et rien ne la prédestine alors

à une carrière dans le monde du cinéma.

Elle se voit plutôt être danseuse, car les

cachets proposés sont attractifs.

Mais le destin en décide autrement : à

l’âge de vingt-deux ans elle répond à une

petite annonce du cinéaste italien Carlo

Lizzani, qui cherche des figurantes pour

son film Bandits à Milan en 1968. Elle se

présente, décroche un petit rôle et le

cinéaste lui fait même faire un book pour

93

ses prochains castings. Le book circule et

le bouche à oreille fait le reste. Agostina

Belli prend part à deux autres films avant

d’être remarquée, par hasard, par le

réalisateur Yves Boisset. Lui aussi craque

devant la beauté de la jeune femme et lui

offre un rôle dans son film Cran d’Arrêt

avec Bruno Cremer en 1970.

Au début des années soixante-dix,

Agostina Belli joue principalement dans

des productions italiennes qui sont

principalement proposées dans les salles

de cinéma locales et sont donc inédites en

94

France. En 1972, elle tente une ouverture

vers une carrière internationale en

tournant dans le film coréalisé par Edward

Dmytryk et Luciano Sacripanti, Barbe

Bleue avec Richard Burton dans le rôle du

baron Von Stepper.

Dans les années qui suivent, Agostina Belli

tourne à nouveau dans des longs métrages

italiens jusqu’en 1974, année où elle se fait

connaître à l’échelle mondiale avec le film

de Dino Risi, Parfum de Femme. En effet,

cette comédie dramatique est présentée

en compétition à Cannes et vaut à Vittorio

95

Gassman, excellent dans son

interprétation d’un capitaine irascible et

acariâtre, le Prix d’Interprétation

Masculine. Parfum de Femme est

également primé lors de la cérémonie des

César en décrochant la statuette du

Meilleur Film étranger en 1976.

Agostina Belli conforte sa notoriété dans

une autre réalisation de Dino Risi en 1976,

La Carrière d’une Femme de Chambre, film

dans lequel elle officie dans le rôle-titre.

La même année, elle se retrouve aux côtés

de deux monstres du cinéma français,

96

Yves Montand et Claude Brasseur, dans Le

Grand Escogriffe, comédie de Jacques

Pinoteau.

En 1977, l’actrice milanaise est à l’affiche

du nouveau film d’Yves Boisset, Un Taxi

Mauve, où elle accompagne Charlotte

Rampling et Philippe Noiret. Les années

suivantes, elle se retrouve aux côtés de

Kirk Douglas pour le film Holocauste 2000,

puis Marcello Mastroianni dans le policier

Enquête à l’Italienne, et Jean-Pierre

Cassel pour La Guerillera en 1982.

Pourtant, à la fin des années soixante-dix,

97

elle espace les tournages, principalement à

cause d’une période de crise que traverse

le cinéma italien. Elle se tourne alors vers

le petit écran pour lequel elle se consacre

pleinement.

En 2008, après avoir tourné sous la

direction de Daniel Constantini dans

L’Amour qui Vient, l’Amour qui Va, elle se

rend à Paris à l’occasion de la reprise de

Parfum de Femme de Dino Risi, disparu la

même année (7 juin 2008).

Côté vie privée, elle a été mariée à l’acteur

norvégien Fred Robsahm pendant quinze

98

ans. Lorsqu’elle n’est pas sur un plateau de

cinéma, Agostina Belli vit près d’un lac

dans les environs de Rome entourée de sa

famille.

Franco Brusati

99

Franco Brusati est un scénariste et

réalisateur italien né le 4 août 1922 à

Milan et décédé le 28 février 1993 à

Rome.

Dans le riche panorama du cinéma italien

contemporain, Franco Brusati fait un peu

figure de marginal. Son œuvre, peu

abondante (huit films de 1956 à 1989), n'a

attiré l'attention que par intermittence :

Pain et chocolat, son film le plus célèbre,

lui a valu une fausse réputation d'auteur

de comédies, aux antipodes de son

véritable tempérament. Partageant son

100

activité entre le cinéma et le théâtre (il

est l'auteur de cinq pièces : Il benessere,

1960 ; La fastidiosa, 1963 ; Pietà di

novembre, 1967 ; Le rose del lago, 1974,

présentée en France sous le titre Lundi la

fête ; La donna sul letto, 1984), Brusati,

après des études de droit et quelques

années de journalisme, commence sa

carrière comme scénariste. Il travaille

notamment avec Mario Camerini (Mara,

fille sauvage, Due mogli sono troppe, Une

femme pour une nuit, Gli eroi della

domenica, Ulysse).

101

Peu après sa naissance, son père Umberto

De Sica, employé de banque et assureur,

avec lequel il eut toujours des rapports

très étroits et auquel il dédiera son film

Umberto D., et sa mère napolitaine

viennent s'installer à Naples, où ils vivront

102

jusqu'en 1914.

Dès le début de la Première Guerre

mondiale, la famille émigre à Florence, où

le jeune Vittorio, âgé d'à peine quinze ans,

commence à s'initier à la scène dans des

petits spectacles offerts aux soldats

hospitalisés. Ce sera ensuite le départ

définitif pour Rome.

Durant ses études (de comptabilité), il

obtient, grâce à un ami de la famille, un

petit rôle dans un film muet sous la

direction d'Alfredo De Antoni, L'Affaire

Clemenceau (Il Processo Clemenceau) en

103

1917. Il continue cependant ses études et,

après l'obtention de son diplôme, ce n'est

qu'en 1923 qu'il va embrasser sa carrière

de théâtre. Ce sera d'abord, pendant deux

ans, au sein de la compagnie de la célèbre

actrice Tatiana Pavlova, puis en 1925 dans

celle d'Italia Almirante, célébrité du

cinéma muet, et en 1927 dans la compagnie

de Luigi Almirante, Sergio Tofano, et

Giuditta Rissone qui deviendra par la suite

son épouse.

En 1930, il fait la connaissance de Mario

Camerini qui lui offrira en 1932 le rôle

104

d'un jeune homme brillant et désinvolte

dans le film Les Hommes, quels mufles !

(Gli Uomini, che mascalzoni !), rôle qui le

fera connaître du grand public italien.

Il n'abandonne pas pour autant le théâtre

auquel il restera fidèle jusqu'en 1949,

créant même, en 1933, sa propre troupe

théâtrale avec son épouse Giuditta Rissone

et Sergio Tofano pour des

représentations versant plutôt dans le

genre comique. Toujours sur les planches,

Alessandro Blasetti et Luchino Visconti le

feront jouer dans des pièces d'auteurs

105

célèbres tels que Langdon Martin, Luigi

Pirandello, John Boynton Priestley,

Beaumarchais, William Saroyan ou Fernand

Crommelynck.

Au cinéma, de Sica sera d'une grande

fidélité aux réalisateurs de ses débuts. Il

tournera très souvent devant les caméras

d'Amleto Palermi, Mario Camerini, Carlo

Ludovico Bragaglia, Mario Mattoli.

C'est au début des années 40 qu'il va

donner ses propres premiers « tours de

manivelle » en produisant des films plutôt

moyens tels que Madeleine, zéro de

106

conduite (Maddalena, zero in condotta) ou

Roses écarlates (Rose scarlatte) en

collaboration avec Giuseppe Amato. Le film

Mademoiselle Vendredi (Teresa Venerdì)

aura le mérite de faire connaître Anna

Magnani du grand public.

C'est en 1944, que de Sica va faire une

entrée remarquée dans le monde du

néoréalisme avec Les Enfants nous

regardent (I Bambini ci guardano) grâce,

essentiellement, à sa collaboration avec le

scénariste Cesare Zavattini, entraînant

avec lui Marcello Mastroianni.

107

Quatre grands films du genre suivront, qui

seront des chefs d'œuvre du cinéma

mondial : Sciuscià en 1946, Le Voleur de

bicyclette (Ladri di biciclette) en 1948,

Miracle à Milan (Miracolo a Milano) en

1951 et Umberto D. en 1952. Cette

période marquera l'apogée du réalisateur

qui, bien sûr, renouera avec le succès mais

de façon plus espacée.

Parmi ses œuvres de gloire, en tant que

réalisateur, il faut citer L'Or de Naples

(L'Oro di Napoli) en 1954, La Paysanne aux

pieds nus (La Ciociara) en 1960, Hier,

108

aujourd'hui et demain (Ieri, oggi, domani)

en 1963 et Le Jardin des Finzi-Contini (Il

Giardino dei Finzi Contini) en 1971.

Sophia Loren en tant qu'actrice, sera le

principal succès de Vittorio de Sica : grâce

à ses participations dans ses films, elle ira

jusqu'à obtenir le Prix d'interprétation

féminine au Festival de Cannes, l'Oscar de

la meilleure actrice, un Prix David di

Donatello, un Ruban d'argent, et un NYFCC

Award pour La Paysanne aux pieds nus (La

Ciociara). Elle sera également

récompensée pour Hier, aujourd'hui et

109

demain (Ieri, oggi, domani), Mariage à

l'italienne (Matrimonio all'italiana), Les

Fleurs du soleil (I Girasoli) et Le Voyage

(Il Viaggio).

En sa qualité d'acteur, il ne faut pas

omettre la prestation fournie en 1953

dans Pain, amour et fantaisie (Pane, amore

e fantasia) de Luigi Comencini aux côtés

de Gina Lollobrigida, et celle de 1959 dans

Le Général Della Rovere (Il Generale Della

Rovere) de Roberto Rossellini. Ainsi que

dans Madame de… un chef d'œuvre de

Max Ophüls, dans le rôle du baron Fabrizio

110

Donati, aux côtés de Danièle Darrieux et

de Charles Boyer.

Au plan sentimental et familial, après son

mariage de 1937 avec Giuditta Rissone,

rencontrée sur les planches dix ans plus

tôt et dont il aura une fille, Emi, il va se

lier à partir de 1942 avec une actrice

espagnole, Maria Mercader, rencontrée

sur le tournage d'un de ses propres films,

Un garibaldien au couvent (Un garibaldino

al convento). Divorcé d'avec Giuditta

Rissone au Mexique, il se marie dans ce

même pays avec Maria Mercader : la loi

111

italienne ne reconnaît pas ces divorce et

mariage. Pour pallier ces contretemps, il se

fait naturaliser français et se marie à

nouveau avec Maria Mercader à Paris en

1968.

Ils auront ensemble deux fils, Manuel en

1949, qui deviendra compositeur de

musiques de films et Christian en 1951, qui

suivra les traces de son père en devenant

acteur, réalisateur et scénariste.

Maria Mercader est une cousine de Ramon

Mercader, l'assassin de Trotsky.

112

Au cinéma, Gabriele Ferzetti joue le rôle

de Marc Ange Draco, dans le James Bond

Au service secret de Sa Majesté. Il y est

le père de la comtesse Teresa « Tracy »

Di Vicenzo, jouée par Diana Rigg qui

épousera, in fine, l’agent 007 incarné dans

113

ce film, et pour l'unique fois, par George

Lazenby. En France, il est célèbre pour son

rôle dans le feuilleton Une famille

formidable, où il campe le personnage de

Nono, le respecté patriarche de la famille

vivant au Portugal où elle se réunit

(presque) tous les étés pour les vacances.

Il a joué aussi dans le western spaghetti

de Sergio Leone : Il était une fois dans

l'Ouest. Gabriele Ferzetti a aussi tenu le

rôle masculin principal de L'Avventura

d'Antonioni.

114

Vittorio Gassman est né d'un père

autrichien et d'une mère juive italienne,

une toscane championne de basket. Après

avoir débuté des études de droit, il se

tourne vers le théâtre en entrant en 1943

à l'Académie d'Art dramatique de Rome

sous l'impulsion de sa mère. Il a fait ses

débuts au cinéma à 24 ans dans Daniele

115

Cortis de Mario Soldati. Sa carrière

théâtrale est moins connue en France que

sa carrière cinématographique. Il connut

pourtant un grand succès en Italie, en

jouant très tôt de très grands rôles :

Hamlet, Troïlus et Cressida, La route au

tabac, Othello... En 1961, il crée sa

compagnie théâtrale Le Théâtre Populaire

Italien. Au cinéma, les grands rôles furent

plus tardifs, si l'on excepte Riz amer. Son

contrat hollywoodien n'eut aucun

retentissement, quoique ses prestations

fussent souvent magistrales.

116

Entrée dans le cinéma à l'âge de quinze

ans, en 1956, dans le film Guendalina, elle

commence ainsi une longue carrière

cinématographique qui l'amènera à devenir

l'une des interprètes majeures du cinéma

italien.

En 1959, elle a été assistante du

présentateur Mario Riva dans le

117

programme TV Il Musichiere (jeu de mot

sur musicista (musicien), le verbe chiedere

(demander) et bicchiere (verre), associée

à Patrizia Della Rovere. À partir des

années 1960, l'actrice commence à

travailler au théâtre. En 1960, elle

interprète le rôle de Juliette à Vérone

dans le cadre du festival Shakespeare où

elle rencontre Gian Maria Volontè, qui sera

longtemps son compagnon et dont elle a

une fille, Giovanna. Avec Volontè, Carla

Gravina partage également un fort

engagement politique. Après quelques

118

années d'activité théâtrale, elle revient au

cinéma en 1967, en interprétant I sette

fratelli Cervi (les sept frères Cervi), qui

lui permet d'ajouter à son engagement en

tant qu'actrice celui de la politique, ainsi

que dans les films suivants comme

Alfredo, Alfredo de Pietro Germi, Il caso

Pisciotta (le cas Pisciotta) d'Eriprando

Visconti et Banditi a Milano (bandits à

Milan) de Carlo Lizzani, auprès de Volontè.

Outre le théâtre et le cinéma, Carla

Gravina a aussi participé à nombre de mini-

séries télévisées parmi lesquelles le très

119

célèbre Il segno del comando (le signe du

commandement) de 1971. Carla choquera le

public italien en interprétant le rôle de la

possédée Ippolita Oderisi dans le film

L'Antéchrist d'Alberto De Martino en

1974.

Candidate pour le PCI dans le collège de

Milan aux élections politiques du 4 juin

1979, elle succède, en qualité de première

sur liste complémentaire, à Luigi Longo,

après son décès, et siège à la Camera dei

deputati du 23 octobre 1980 au 11 juillet

1983.

120

Avec le début des années 1990, Carla

abandonne définitivement la télévision

pour se consacrer exclusivement au

théâtre où elle est dirigée par les plus

grands metteurs en scène italiens parmi

lesquels Giorgio Strehler, Luca Ronconi et

Giancarlo Cobelli. Parmi ses

interprétations les plus significatives, se

détache celle de Mirandolina dans La

Locandiera (l'aubergiste) de Carlo Goldoni.

121

Issu d'une famille de la petite bourgeoisie

de province italienne, Federico Fellini est

né dans la station balnéaire de Rimini sur

la côte adriatique. Durant sa jeunesse, il

est marqué par le pouvoir, l'Eglise et le

fascisme, ce qui se ressentira plus tard

dans son œuvre (Amarcord, par exemple).

Attiré par le journalisme et par le dessin

122

de presse, il s'installe en 1939 à Rome où il

est engagé par un hebdomadaire

humoristique à grand tirage, Marc'Aurelio.

L'une des « lectrices » est Giulietta

Masina. Lorsqu'il la rencontre, c'est le

coup de foudre : il l'épouse le 30 octobre

1943.

Il débute au cinéma comme script et

comme assistant-scénariste de Roberto

Rossellini pour le film Rome, ville ouverte

(Roma, città aperta) en 1945. Si cette

collaboration dure plusieurs années, Fellini

travaille également aux côtés de Pietro

123

Germi (Au nom de la loi, In nome della

legge en 1948) et d'Alberto Lattuada

(Sans pitié, Senza pietà en 1948). C'est

avec ce dernier qu'il réalise sa première

véritable mise en scène, Les Feux du

music-hall (Luci del varietà) en 1951, une

œuvre fortement influencée par le

courant néoréaliste.

En 1952, il assure seul la réalisation de la

comédie du Cheik blanc (Lo Sceicco

bianco), puis tourne en 1953 Les Vitelloni

(I Vitelloni), imposant définitivement

l'univers fellinien.

124

C'est avec La Strada, en 1954, que

Federico Fellini obtient son succès

international. Dans ce film, comme dans Il

Bidone en 1955 et dans Les Nuits de

Cabiria (Le Notti di Cabiria) en 1957, il

met en vedette sa femme, Giulietta

Masina. Dans le premier film, elle joue le

rôle de Gelsomina, une misérable artiste

de cirque, brutalisée par Zampanò, le

directeur de la troupe (Anthony Quinn),

et, dans le dernier, celui de Cabiria, une

prostituée courageuse, mais naïve.

La dolce vita en 1960, qui obtiendra une

125

Palme d'or au festival de Cannes, est un

tournant décisif. Ce film impose

définitivement ce qu'on appellera

désormais (souvent à tort et à travers) le

baroque fellinien, qui définit notamment

les personnages (exubérants,

extravagants, véritables caricatures

vivantes), la narration (pas de réelle

progression dramatique) ou le traitement

du temps (le réel et l'imaginaire

s'entremêlent allègrement).

L'énorme succès de La dolce vita, dont la

musique lancinante signée Nino Rota allait

126

faire le tour du monde, lui permet de

réaliser, trois ans plus tard, son film le

plus personnel et le plus ambitieux, Huit et

demi (Otto e mezzo). En livrant ainsi ses

angoisses et ses fantasmes de cinéaste à

travers Marcello Mastroianni, Fellini

propose une réflexion passionnante sur la

création artistique.

Après la démesure de son Satyricon en

1969, d'après l'œuvre de Pétrone, Fellini,

désormais débarrassé de l'héritage

néoréaliste, plonge dans ses souvenirs

d'enfance avec Les Clowns (I Clowns) en

127

1970, téléfilm sorti aussi dans les salles

de cinéma, Fellini Roma en 1972 et,

surtout, Amarcord en 1973, qui évoque son

adolescence à Rimini, sa ville natale.

Avec Le Casanova de Fellini (Il Casanova di

Federico Fellini) en 1976, il renoue avec le

baroque fastueux du Satyricon. Sa veine

intime reprend avec un nouveau téléfilm

qui sera également exploité dans les salles

de cinéma : Répétition d'orchestre (Prova

d'orchestra) en 1979.

Les années 1980 s'ouvrent sur La Cité des

femmes (La Città delle donne) en 1980.

128

Suivront Et vogue le navire... (E la nave

va...) en 1983, véritable opéra funèbre,

Ginger et Fred (Ginger e Fred) en 1985 et

Intervista en 1987.

C'est avec La voce della luna, en 1990, un

film au climat crépusculaire que se clôt

l'activité cinématographique de Fellini.

Lors des funérailles d'État à Rome auquel

Fellini a droit, le célèbre trompettiste

italien Mauro Maur joua L'improvviso

dell'angelo de Nino Rota.

129

Marco Ferreri est né à Milan le 11 mai

1928 dans une famille originaire de Pavie.

Après des études de vétérinaire et après

avoir tenté d’imposer une nouvelle

approche du documentaire, il réalise des

films publicitaires pour une société de

liqueur, puis il devient producteur. Porté

130

par l’effervescence culturelle de l’après-

guerre en Italie, il vient s’installer à Rome

et se lance dans la production d’une série

de documentaires en demandant à divers

cinéastes et scénaristes (dont Luchino

Visconti, Vittorio De Sica, Federico Fellini,

Alberto Moravia et Cesare Zavattini) de

réaliser des films qui « éviteraient toute

manipulation du spectateur ».

En 1951, il fonde avec Riccardo Ghione «

Documento mensile », un éphémère ciné

journal auquel collaborent quelques grands

noms du cinéma et de la littérature.

131

L’année suivante, il est directeur de

production sur le film d’Alberto Lattuada

« Le Manteau » (Il Cappotto, 1952) puis en

1953, il produit avec Zavattini et Ghione

L'Amour à la ville (L’amore in città) un

film-enquête réalisé sous forme de

sketches. Il apparaît pour la première fois

à l’écran dans l’épisode Les Italiens se

retournent, réalisé par son ami Alberto

Lattuada, dont il va être l’interprète cette

même année pour La Pensionnaire (La

spiaggia) où il est également directeur de

production.

132

En 1954, il tient un rôle dans Femmes et

Soldats (Donne e soldati) le film de Luigi

Malerba et Antonio Marchi. En 1956, il se

rend en Espagne où il vend des appareils

de projection. Il fait la connaissance du

romancier Rafael Azcona, jeune

collaborateur au journal satirique La

Codurniz. De leurs nombreuses affinités

naît une étroite collaboration qui prélude

aux débuts dans la mise en scène de Marco

Ferreri. Celui-ci tourne trois films en

Espagne avant de regagner son pays natal :

L'Appartement (El pisito), en 1958, une

133

satire de la crise du logement tirée d’une

nouvelle d’Azcona dont il a d’abord songé à

proposer l’adaptation à Luis Berlanga ;

Les Enfants (Los chicos), en 1959,

l’histoire douce amère de 4 jeunes gens

qui attendent la fin de la semaine pour

s’amuser un peu ;

La Petite Voiture (El cochecito), en

1960, un film savoureux dans lequel José

Isbert incarne un vieillard qui va jusqu’à

empoisonner sa famille pour obtenir la

voiture d’infirme de ses rêves. Le film

triomphe au Festival de Venise 1960, et

134

obtient à Paris le grand prix de l’humour

noir.

En 1961, en Italie, Ferreri retrouve

Zavattini pour un nouveau film-enquête

Les femmes accusent, en 9 épisodes. Il se

charge de celui intitulé L'adultère.

En 1962, il collabore au scénario de

Mafioso, qui est réalisé par Alberto

Lattuada, puis tourne une satire de

l’institution matrimoniale en Italie, Le Lit

conjugal (Una storia moderna: l'ape regina)

qui lui vaut ses premiers démêlés avec la

censure et le place définitivement au rang

135

des cinéastes iconoclastes. Il est acteur

dans Sortilegio de Nando Bonomi, en 1970,

et dans Ciao Gulliver de Carlo Tuzii.

Dans les années 1970, le goût du cinéaste

pour les sujets sulfureux s'intensifie. Ses

films analysent les névroses

qu'engendrent la productivité industrielle

et l’accumulation capitaliste dans la

société moderne. Il fait d’Annie Girardot

un animal de cirque, doté d’un

impressionnant système pileux dans Le

Mari de la femme à barbe (La donna

scimmia). Il demande à Ugo Tognazzi

136

d'incarner un professeur d’éducation

sexuelle dans Controsesso. Il montre

Marcello Mastroianni obsédé par le

gonflage de ballons dans Break-up,

érotisme et ballons rouges (L'uomo dei

palloni) et il transforme Catherine

Deneuve en femme-chienne dans Liza (La

cagna). Le « trou des Halles » lui inspire un

western-dérision Touche pas à la femme

blanche ! rejouant la mort du général

Custer. Dans La Grande Bouffe, il met en

scène le suicide de quatre amis par

hyperalimentation. La présentation du film

137

fait scandale au Festival de Cannes de

1973. Après Rêve de singe (Ciao maschio)

tourné à New York, il semble plus

volontiers s'intéresser au monde de

l’enfance, ultime espoir d’une société dont

il ne cesse de filmer la décadence

Pipicacadodo (Chiedo asilo).

Ferreri mettait tous ses espoirs dans la

jeunesse, la seule capable, à ses yeux, de

changer le monde moderne. Celui qui se

désignait lui-même comme un cinéaste du

mauvais goût fut l’un des poètes

dérangeants de la folie contemporaine et

138

de la modernité cinématographique. Il

meurt d'une crise cardiaque à Paris, à

l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le

vendredi 9 mai 1997. Il est enterré le 13

mai à Rome, dans le grand cimetière

communal. Il était âgé de 69 ans.

Ses films sur la décadence de la société,

se terminent souvent par la fuite,

l'automutilation ou la mort volontaire de

leur personnage principal.

139

Né d'une mère allemande et d'un

ingénieur-chimiste italien, Terence Hill a

deux frères. Enfant, il vécut au village de

Lommatzsch en Allemagne puis survécut au

bombardement de Dresde à la fin de la

Seconde Guerre mondiale.

Il s'installe à Rome, où en 1951 Dino Risi le

remarque lors d'une compétition de

natation et lui offre un petit rôle dans son

140

premier film Vacanze col gangster

(Vacances avec le gangster) : il n'a alors

que 12 ans. Après avoir tourné 27 films en

Italie, il obtint un second rôle dans le film

de Luchino Visconti Le Guépard (Il

Gattopardo) (1963). En 1964, il retourne

en Allemagne et tourne dans plusieurs

séries d'aventure et des westerns,

d'après des nouvelles de l'auteur allemand

Karl May. En 1967, il revient en Italie pour

jouer dans Dieu pardonne… pas moi ! (Dio

perdona… Io no!) (1968). C'est sur ce

tournage qu'il fait la connaissance de Carlo

141

Pedersoli, alias Bud Spencer1. La même

année, il change son nom en Terence Hill.

Dans les années suivantes, il joue dans de

nombreux films d'action et westerns

(appelés généralement Western spaghetti)

avec son partenaire Bud Spencer. Le duo

remporte un certain succès en Italie et

ailleurs avec des films de série B. Ses

films les plus célèbres sont le western de

1971 Lo chiamavano Trinità (On l'appelle

Trinita) et sa suite de 1972 Continuavano a

chiamarlo Trinità (On continue à l'appeler

Trinita), puis Maintenant on l'appelle Plata.

142

En 1973, il joue en duo avec Henry Fonda

dans Mon nom est Personne (Il mio nome è

nessuno) produit par Sergio Leone, avec

une musique de Ennio Morricone. Il joue

également le rôle de Lucky Luke dans un

film qu'il réalise en 1991.

En 1990, son fils adoptif, Ross, décède

dans un accident de moto à l'âge de 17 ans.

Depuis l'an 2000, Terence Hill incarne

avec succès le bon prêtre Don Matteo

dans la série télévisée Don Matteo Un

sacré détective, diffusée sur Rai Uno et

sur TF1 en 2001.

143

Cinéaste italien, Riccardo Freda est né à

Alexandrie, (Égypte), le 24 février 1909,

de parents napolitains. Formé à la

sculpture à Milan, ses premières

commandes pour le septième art sont des

statues pour décorer le «Centro

Sperimentale di Cinematografia» romain

où il poursuit ses études. Passé à

l’écriture, il collabore à l’écriture de

144

nombreux mélodrames puis devenu

producteur, il aide ses amis Goffredo

Alessandrini ou Raffaello Matarazzo à

monter d’ambitieux projets. En 1942, il

lance en Europe, le film de cape et d’épée

avec un coup d’essai remarqué, Don César

de Bazan, incarné par Gino Cervi. Suivront

plusieurs films appartenant au même genre

: L’aigle noir et La vengeance de l'aigle

noir, gros succès dont Rossano Brazzi est

la vedette et Le chevalier mystérieux où

Vittorio Gassman, interprète de Casanova,

séduit Maria Mercader, Yvonne Sanson et

145

Gianna Maria Canale. En 1947, il retrouve

Gino Cervi en Jean Valjean pour L'évadé

du bagne une adaptation des Misérables

de Victor Hugo, son écrivain de chevet

avec Alexandre Dumas — dont il tire

d’ailleurs, peu après, l’idée de son film Le

fils de d'Artagnan. En 1952, Riccardo

Freda remet cette fois au goût du jour le

péplum — qui fit les beaux jours du cinéma

muet italien — avec Spartacus (interprété

par Massimo Girotti) antérieur de huit ans

à la version de Stanley Kubrick avec Kirk

Douglas. L’année suivante, Riccardo Freda

146

défie Hollywood avec la superproduction

en couleurs de la «Lux», Theodora,

impératrice de Byzance dont la vedette,

Gianna Maria Canale est alors son épouse :

«Pendant que je préparais Theodora, la

M.G.M. préparait une superproduction sur

le même sujet avec Ava Gardner. Ils

n’avaient pas eu le temps de finir le script

que j’avais bouclé mon film. Avec 350

millions de lires. Ce que la Fox et

Mankiewicz ont dépensé en eau minérale

et en bière sur le plateau de Cléoâtre.

C’était le premier film italien en

147

Eastmancolor, la pellicule devait être

développée aux États-Unis. On la mettait

chaque soir dans des valises métalliques

emplies de glace, on les expédiait et on

attendait. J’ai fait ce film en cinq

semaines sans pouvoir vérifier une seule

fois ce que je tournais. Mes acteurs sont

médiocres mais je m’en fous. J’ai toujours

négligé les acteurs. J’ai tout misé sur les

scènes spectaculaires. Si vous avez les

moyens de vous endormir après la course

de chars et de vous réveiller pour la

bataille finale, ne vous gênez pas : vous ne

148

manquerez pas grand-chose. Pourtant, le

«New York Times» m’a fait un grand

compliment sur Theodora : Si Monsieur

Cecil B. De Mille pense avoir le monopole

du film à grand spectacle, il n’a qu’à voir ce

film pour savoir qu’il l’a perdu…» En 1956,

Riccardo Freda s’attaque au fantastique

dans la plus pure tradition du gothique

anglais et précède là encore, la

renaissance du genre. Font partie de cette

catégorie : Les vampires, film dont

l’excellent Mario Bava signe la

photographie et L'effroyabe secret du

149

docteur Hichcock suivi de Le spectre du

docteur Hichcock, dytique qui fait de

Barbara Steele une star. Auparavant, en

1960, il est revenu au péplum pour Le

géant de Thessalie, variation personnelle

sur l’odyssée de Jason à la poursuite de la

Toison d’or, suivi en 1962, d’un autre

fleuron du genre : Maciste en enfer,

savoureux clin d’œil à Dante. La même

année, dans Sept épées pour le roi, il

s’inspire avec bonheur de Velasquez

comme il l’avait déjà fait avec Le Caravage

pour Le château des amants maudits. Puis,

150

en 1963, fasciné par les mémoires de

l’orfèvre Benvenuto Cellini, il porte à

l’écran sa vie tumultueuse dans L’aigle de

Florence. Par la suite, Riccardo Freda

alterne le mélodrame (Les deux

orphelines, Roger la honte) et le film

d’espionnage (Coplan FX18 casse tout,

Coplan ouvre le feu à Mexico) et réalise

même un western (Quand l'heure de la

vengeance sonnera). Retiré bien malgré lui

à la fin des années 1970, il signe encore un

ultime film grâce à Simon Mizrahi et

devient le conseiller technique de

151

Bertrand Tavernier pour deux films de ce

dernier : La passion Béatrice (1987) et La

fille de d'Artagnan (1994), inspirés de son

œuvre. Freda a rédigé en 1981, ses

mémoires, hautes-en-couleurs : Divoratori

di celluloide. Il y confesse son dégoût du

néo-réalisme italien et son amour du grand

spectacle. Signalons enfin que Riccardo

Freda a utilisé les pseudonymes suivants :

Robert Hampton, George Lincoln, Dick

Jordan, Renato Dery et Willy Pareto.

Riccardo Freda est mort le 20 décembre

1999 à Rome, à l’âge de 90 ans.

152

Virna Lisi qui nait au 7ème art à l'âge de

16 ans est née à Ancône en Italie. Elle

apparaît donc en 1953 dans E Napoli canta.

Le physique de Virna ne passe pas inaperçu

et se fait engager très rapidement dans

des films aussi différents que des péplums

(Romulus et Rémus), des comédies avec

Toto ou plus ambitieux avec Joseph Losey

153

(Eva, 1962).

Dès 1964, Virna Lisi connaît une renommée

plus grande suite à la sortie de La Tulipe

noire de Christian-Jaque avec Alain Delon.

Hollywood l'appelle : elle tourne

notamment avec Jack Lemmon dans

Comment tuer votre femme mais retourne

vite en Italie pour jouer sous la direction

de Pietro Germi dans Ces messieurs

dames, film de 1965 qui obtient à Cannes

la fameuse Palme d'Or. Plus utilisée que

pour son talent, Virna alterne entre films

d'auteurs et film de genres, tournant

154

aussi bien avec Henri Verneuil, Risi,

Bolognini que Terence Young. Pendant les

années 70, elle se fait plus rare, se

réugiant par la suite dans des projets

tournés pour la petite lucarne. Elle revient

en force en 1994 grâce à Patrice Chéreau

qui la choisit pour jouer le rôle de

Catherine de Medicis dans La Reine

Margot : l'actrice obtient alors le prix

d'interprétation à Cannes puis le César du

meilleur second rôle.

Depuis, on a pu la voir dans le téléfilm

consacré à Balzac de Josée Dayan. Virna

155

Lisi reste une actrice d'envergure

internationale dans le paysage du 7ème

art.

Dès ses débuts, Carmine Gallone adapte

des classiques comme Histoire des Treize

(1917), Le Colonel Chabert (1920), tous

deux d'après le roman éponyme de Balzac

156

ou encore Il bacio di Cirano d'après

Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand.

Après nombre de réalisations où il met en

scène l'actrice Lyda Borelli, puis sa propre

épouse Soava Gallone, il réalise en

collaboration avec Amleto Palermi, un film

colossal « à la manière de » Cecil B.

DeMille : Les Derniers jours de Pompei (Gli

ultimi giorni di Pompei) en 1926.

Mais la crise économique italienne de 1929

l'oblige à s'exiler en Allemagne, puis en

Angleterre et enfin en France où il produit

trois films, avant de retourner en Italie où

157

il devient l'un des « piliers » de la reprise

du cinéma italien de 1935 à 1961, avec

notamment l'adaptation d'œuvres lyriques

(Rigoletto, Il trovatore, La forza del

destino, Madama Butterfly, Tosca), des

biographies filmées (Casta Diva d'après la

vie de Vincenzo Bellini, Giuseppe Verdi,

Casa Ricordi, Puccini) et des péplums.

Il a aussi réalisé Les Deux Orphelines

(1942), deux Don Camillo (1955 et 1961) et

Michel Strogoff d'après Jules Verne

(1956) qui ont eu un énorme succès en

France.

158

Issue d'une modeste famille du milieu

ouvrier contrainte de quitter sa « province

» pour Rome, Gina Lollobrigida se montre

très attirée par le milieu artistique et

devient étudiante à l'Académie des Beaux-

arts. Elle se voit confier le rôle principal

159

dans un roman-photo qui va la faire

remarquer par le milieu

cinématographique. Elle participe

également à des concours de beauté ; en

1947, elle termine deuxième au concours

de Miss Rome et troisième à celui de Miss

Italie derrière Lucia Bosé et Gianna Maria

Canale, deux futures étoiles du cinéma

italien.

Durant quatre longues années (1947 à

1951), le cinéma, jouant de sa superbe

plastique, ne lui offrira que des rôles

secondaires : dans L’Aigle noir de Riccardo

160

Freda, Le Crime de Giovanni Episcopo

d'Alberto Lattuada, Attention ! Bandits !

de Carlo Lizzani et Traque dans la ville de

Pietro Germi entre autres, elle travaille

aussi avec et Mario Monicelli,

jusqu'au film de Christian-Jaque, Fanfan

la Tulipe, où elle interprète aux côtés de

Gérard Philipe un rôle plus remarqué.

Entre temps, elle épouse le 15 janvier

1949 le docteur Milko Skofic qui,

abandonnant son activité, devient son

impresario.

Après un détour par Hollywood où elle doit

161

repousser les avances du richissime

Howard Hughes, elle se retrouve devant

les caméras de René Clair pour Les Belles

de nuit en 1952 (où elle rivalise avec

Martine Carol) et de Luigi Comencini pour

Pain, Amour et Fantaisie en 1953, suivi

l'année suivante par Pain, amour et

jalousie, où elle envoûte Vittorio De Sica,

deux triomphes qui dépassent largement

les frontières du pays. Elle gagne enfin

une stature internationale avec John

Huston qui la fait jouer auprès

d'Humphrey Bogart dans Plus fort que le

162

diable, et le Britannique Carol Reed pour

Trapèze avec Burt Lancaster et Tony

Curtis ; le rôle d'Esmeralda dans Notre-

Dame de Paris de Jean Delannoy la

confirme encore en 1956 auprès du

fabuleux Anthony Quinn dans le rôle du

difforme Quasimodo. En Italie, La

Marchande d'amour de Mario Soldati et

La Belle Romaine de Zampa confortent son

statut de vedette.

En 1957, elle met au monde Milko Jr,

tourne avec Vittorio De Sica pour Anna de

Brooklyn et avec Jules Dassin pour La Loi

163

(avec Yves Montand, Pierre Brasseur et

Marcello Mastroianni) puis repart aux

USA où elle « crève l'écran » devant les

caméras de John Sturges en 1958 avec

Frank Sinatra et Steve McQueen pour La

Proie des vautours, puis celles de King

Vidor en 1959 avec Yul Brynner pour

Salomon et la Reine de Saba - où elle

devait avoir initialement pour partenaire

Tyrone Power. Les années 50 s'achèvent

en Amérique pour Gina.

Logiquement, les années 60 pour Gina

Lollobrigida débutent à Hollywood. Elle

164

s'illustre dans Le Rendez-vous de

septembre de Robert Mulligan au côté de

Rock

Hudson avant de rejoindre l'Europe en

1962 pour Vénus impériale de Delannoy où

elle prête sa beauté à Pauline Bonaparte,

La Mer à boire avec Jean-Paul Belmondo

et La Femme de paille avec Sean Connery.

Films sans grand succès à l'exception de

celui de Jean Delannoy. Privilégiant la

comédie, la belle paraît encore dans Les

Poupées de Mauro Bolognini (où elle

rivalise avec Virna Lisi, Monica Vitti et

165

Elke Sommer) et Moi, moi, moi... et les

autres du vétéran Alessandro Blasetti

(avec Silvana Mangano et Walter Chiari) ,

avant de retrouver Rock Hudson dans

Etranges compagnons de lit de Melvin

Frank et de rejoindre avec Alec Guiness le

Paradiso, hôtel du libre-échange, adapté

de Georges Feydeau par Jean-Claude

Carrière et mis en scène par l'anglais

Peter Glenville.

L'actrice accompagne pourrait-on dire

Delannoy dans sa chute (Les Sultans avec

Daniel Gélin et Louis Jourdan). Les

166

aventures extraordinaires de Cervantes

avec Horst Buchholz, La mort a pondu un

oeuf avec Jean-Louis Trintignant, La

Marine en folie de Frank Tashlin (avec Bob

Hope, Jeffrey Hunter et Mylène

Demongeot) ne relancent pas sa carrière.

1968 est une année charnière dans la vie

de Gina puisqu'elle met fin à 19 années de

mariage. Ayant perdu son impresario, elle

met un frein à sa carrière après le

tournage de Buona sera, madame Campbell

de Melvin Frank aux côtés de Shelley

Winters, et le pourtant remarquable Ce

167

merveilleux automne de Mauro Bolognini,

où elle a une liaison avec un adolescent.

Lollobrigida participe avec Lee Van Cleef

et James Mason au western parodique Les

quatre mercenaires d'El Paso, avec David

Niven à la comédie de Jerzy Skolimowski

Roi, dame, valet ; elle retrouve Luigi

Comencini pour incarner la fée dans Les

aventures de Pinocchio avec Nino

Manfredi en Geppetto. Elle se lance dans

une nouvelle passion : la photographie,

cessant de tourner après 1973 et le drame

Roses rouges et piments verts avec

168

Danielle Darrieux et Susan Hampshire, où

elle joue une photographe justement.

En 1984, on la revoit à la télévision,

notamment dans plusieurs épisodes de la la

série Falcon Crest où son personnage fait

montre d'une grande sensualité et du plus

grand mépris (justifié) pour ses cousins

américains, et en 1985 dans la télésérie

Prête-moi ta vie avec Stefanie Powers en

vedette. Dans Très belle et trop naïve

(1988) de Giuseppe Patroni Griffi d'après

le roman d'Alberto Moravia qui inspira La

Belle Romaine trente-quatre ans plus tôt,

169

elle joue la mère et Francesca Dellera lui

succède. En 1986, elle est présidente du

jury du Festival international du film de

Berlin et y reçoit un prix la Caméra de la

Berlinale.

Elle reçoit la Légion d'honneur en 1995

des mains du président François

Mitterrand. La même année, elle apparaît,

aux côtés d'une kyrielle de grands

acteurs, dans le film d'Agnès Varda, Les

Cent et Une Nuits de Simon Cinéma, dans

lequel la cinéaste tient un discours

critique à son égard : la fée du cinéma, que

170

Gina incarne, serait vénale. À ce jour, ses

derniers rôles remontent à 1996 dans Una

donna in fuga, avec Dalila Di Lazzaro et

Ben Gazzara, et dans XXL d'Ariel Zeitoun,

auprès de Gérard Depardieu, les deux au

cinéma.

Le 16 octobre 1999, Gina Lollobrigida a été

nommée Ambassadrice de bonne volonté

de l’Organisation des Nations Unies pour

l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Gina Lollobrigida se consacre aujourd'hui à

la sculpture et à la photographie. Elle a

annoncé le 19 octobre 2006 à la télévision

171

italienne, son intention d'épouser Javier

Rigau Rafols, 45 ans, un entrepreneur

immobilier rencontré à Monte-Carlo en

1984.

Sophia Loren, (née Sofia Villani Scicolone)

le 20 septembre 1934 à Rome, est une

actrice italienne.

172

Sophia Loren a été une des actrices

incontournables du cinéma italien. Elle a

tourné dans de nombreux films depuis la

fin des années 1950. Elle obtient ses plus

grands rôles dans les années 60 avec

notamment le personnage dramatique de

La Ciociara. Son interprétation est

couronnée par les deux plus grandes

récompenses du cinéma (prix

d'interprétation féminine au festival de

Cannes et l'oscar de la meilleure actrice).

Dans Hier, aujourd'hui et demain elle

réalise un striptease devant Marcello

173

Mastroianni : cette scène est devenue une

des plus célèbres de l'histoire du cinéma.

L'année suivante, le réalisateur Vittorio

De Sica réunit à nouveau le couple

napolitain Loren/Mastroianni dans Mariage

à l'italienne.

Elle a été mariée avec le producteur de

cinéma (1912-2007) avec lequel

elle s'est mariée deux fois : la première

fois en septembre 1957, mais l'annulation

de ce premier mariage pour non-

enregistrement du divorce de Carlo Ponti

les oblige à se remarier, dans les formes

174

cette fois, le 9 avril 1966. Ils auront deux

fils; Carlo (né en 1968) et Eduardo (né en

1973).

Fille illégitime de l'ingénieur Riccardo

Scicolone, Sofia est emmenée par sa mère

Romilda Villani, enseignante de piano, qui

déménage de Rome à Pouzzoles (en

Campanie).

Sofia Scicolone passe une enfance et une

jeunesse difficiles dans cette ville

portuaire d'environ 80 000 habitants à

une quinzaine de km de Naples. Jeune, elle

est attirée par le monde du spectacle.

175

Fortement encouragée par sa mère, elle «

monte » à Rome à l'âge de seize ans (1950)

pour chercher fortune dans le cinéma[réf.

souhaitée]. Elle réussit à se tailler une

certaine réputation en apparaissant dans

des romans-photos (genre populaire alors)

sous le pseudonyme de Sofia Lazzaro et

obtient des petits rôles dans des films, où

elle est parfois apparue seins nus, comme

Si Si, Era lui... ! en 1951 ou Deux nuits avec

Cléopâtre en 1953, alors qu'elle n'avait

que 16 ans pour le 1er film, et 18 pour le

second. Ces apparitions ont été vues en

176

France mais pas en Italie puisque la

censure, toujours vigilante dans la

péninsule, les avait supprimées. Ces films

sont depuis extrêmement recherchés par

les fans de la star, en raison de leur

extrême rareté. Une photo de Sophia

Loren seins nus, tiré de Si Si, Era lui... ! a

été reprise en 1957 dans Playboy quand

l'actrice avait acquis une déjà très

importante notoriété. Elle ne s'est jamais

remontrée nue depuis, arguant du fait

qu'elle ne se sentait pas à l'aise dans ces

conditions et que « Sophia Loren nue, ça

177

représente beaucoup de nudité ».

C'est sur le tournage, en 1952, du film

Sous les mers d'Afrique de Giovanni

Roccardi que naît Sophia Loren, ainsi « re-

baptisée » par le producteur Goffredo

Lombardo et qu'un autre producteur Carlo

Ponti, qu'elle épousera plus tard bien qu'il

soit de 22 ans son aîné, lui fait signer un

contrat de sept ans. Elle va alors entamer

sa longue et prestigieuse carrière, avec

des rôles de femmes « populaires » dans

Le Carrousel fantastique (Carosello

napoletano) d'Ettore Giannini en 1953, puis

178

L'Or de Naples (L'Oro di Napoli) de

Vittorio de Sica et Dommage que tu sois

une canaille (Peccato che sia una canaglia)

d'Alessandro Blasetti en 1954, ainsi que

Par dessus les moulins (La Bella mugnaia)

de Mario Camerini en 1955.

Rapidement, Sophia Loren va acquérir une

renommée internationale grâce à sa

provocante et explosive beauté qui,

cependant, n'a jamais entamé l'aspect

artistique et l'indubitable grâce qu'elle

exprima en tant qu'actrice dramatique

pendant toute sa carrière.

179

En 1955, elle fait la couverture de Life

magazine alors que Carlo Ponti envisage

pour elle une carrière internationale.

Sophia Loren dans le Le Couteau dans la

plaie (1962).

La période de 1957 à 1961 sera sa période

Hollywood et elle jouera sous la houlette

de Jean Negulesco, Stanley Kramer,

Henry Hathaway, Delbert Mann, Carol

Reed, George Cukor, Melville Shavelson,

Sidney Lumet, Michael Curtiz. Mais c'est

surtout Martin Ritt qui lui apportera sa

première consécration avec le film

180

L'Orchidée noire (The Black Orchid) où

son rôle de Rose Bianco lui fera obtenir la

Coupe Volpi de la meilleure actrice à la

Mostra de Venise en 1958. Elle aura de

plus, eu l'occasion de côtoyer les «

monstres sacrés » du cinéma hollywoodien

que sont Cary Grant, Frank Sinatra, John

Wayne, Anthony Perkins, William Holden,

Trevor Howard, Anthony Quinn, George

Sanders, Peter Sellers, Clark Gable, John

Gavin, Charlton Heston et Raf Vallone.

Entretemps, en 1960, sort le film de

Vittorio de Sica, La Paysanne aux pieds

181

nus (La Ciociara) où elle tient le rôle de

Cesira aux côtés de Jean-Paul Belmondo.

Ce sera une avalanche de récompenses

pour Sophia Loren : Prix d'interprétation

féminine au Festival de Cannes, David di

Donatello de la meilleure actrice, Ruban

d'argent de la meilleure actrice principale,

NYFCC Award de la meilleure actrice et

Oscar de la meilleure actrice.

C'est sans doute le succès de La Ciociara

qui la fait revenir devant les caméras

italiennes et plus précisément celle de

Vittorio de Sica. On la verra

182

successivement dans Boccace 70

(Boccaccio '70) et Les Séquestrés

d'Altona (I Sequestrati di Altona)' en

1962, Hier, aujourd'hui et demain (Ieri,

oggi, domani) en 1963 où elle fera

fantasmer avec ses porte-jarretelles

noires, Mariage à l'italienne (Matrimonio

all'italiana) en 1964. Un peu plus tard, ce

sera Les Fleurs du soleil (I Girasoli) en

1970 et Le Voyage (Il Viaggio) en 1974. En

tout, ce seront huit films qu'il réalisera

avec Sophia Loren en tant qu'actrice et

lui-même, en sa qualité d'acteur, se

183

retrouvera six fois à côte d'elle.

Un autre fidèle de Sophia Loren aura été

Marcello Mastroianni. Leurs « parcours »

se croiseront pas moins de douze fois.

En 1977, le film d'Ettore Scola, Une

journée particulière (Una Giornata

particolare) sera, en quelque sorte, le «

chant du cygne » ou, à tout le moins, le

dernier « haut fait » de la carrière

d'actrice de Sophia Loren. Elle essayera

de revenir en 1984 dans Aurora (Qualcosa

di biondo) de Maurizio Ponzi avec son fils

Edoardo Ponti qui la dirigera en 2002 dans

184

Cœurs inconnus (Between strangers, Cuori

estranei) qui sera projeté à la Mostra de

Venise.

Cependant, les temps changent et les

goûts également. Le public n'est plus aussi

friand d'actrices de la beauté et de la

grâce de Sophia Loren qui finit par passer

de mode.

À partir de 1984, les récompenses qu'elle

se verra offrir (à part le NBR Award de

groupe pour Prêt-à-porter) seront des

prix à l'honneur de sa carrière, Oscar

d'honneur, David di Donatello spécial, et

185

autres Golden Globe de remerciement... En

1991, elle sera décorée de la Légion

d'honneur.

En juillet 2006, elle pose pour la 33e

édition du calendrier Pirelli et devient

ainsi, à 71 ans, le modèle le plus âgé ayant

posé pour le célèbre calendrier du

manufacturier italien.

Elle est aussi la tante d'Alessandra

Mussolini, femme politique italienne : la

mère de celle-ci, Anna Maria, sœur de

Sophia, a épousé Romano Mussolini, un fils

du dictateur Benito Mussolini.

186

Fille naturelle, abandonnée par sa mère,

Anna Magnani est élevée chichement par

sa grand-mère maternelle à Rome, et fit

son éducation dans un couvent.

Elle commence sa carrière artistique en

chantant dans des cabarets et des night-

clubs avant d'intégrer l'Académie d'art

dramatique de Rome. Commencent ensuite

187

des tournées à travers le pays avec des

compagnies théâtrales à répertoire

minimal.

Ses débuts au cinéma ont lieu en 1927

avec un petit rôle dans un film muet,

Scampolo, suivi d'un rôle de premier plan

dans La Prisonnière des ténèbres (La Cieca

di Sorrento) de Nunzio Malasomma en

1934.

En 1935, elle épouse Goffredo

Alessandrini qui la fit jouer dans La

Cavalerie héroïque (Cavalleria) en 1936.

Leur union dura peu de temps et le

188

mariage fut annulé en 1950.

Elle devint une actrice connue avec le rôle

qu'elle eut en 1941 dans Mademoiselle

Vendredi (Teresa Venerdi), réalisé par

Vittorio De Sica. Sa véritable percée et sa

réputation mondiale se firent avec

Roberto Rossellini dans le film Rome, ville

ouverte (Roma, città aperta) en 1945,

généralement considéré comme le premier

film néoréaliste commercial de l'après-

guerre.

Dès lors, elle ne cessa de travailler pour le

cinéma et la télévision, recevant un Oscar

189

de la meilleure actrice pour sa

performance dans la version

cinématographique de La Rose tatouée

(The Rose Tattoo) de Daniel Mann d'après

la pièce de Tennessee Williams (Williams

et elle étaient des amis proches), et

travaillant avec les plus importants

réalisateurs italiens durant les années

1950, 1960 et 1970.

Elle était réputée pour ses rôles de

femme plébéienne, rude et passionnée. Elle

eut une liaison avec Roberto Rossellini

entre la réalisation de Rome, ville ouverte

190

et sa rencontre à scandale avec Ingrid

Bergman. Anna eut un enfant naturel avec

un acteur italien, un garçon qui fut victime

de la poliomyélite, et elle consacra sa vie à

prendre soin de lui.

Le dernier film dans lequel elle joua fut

Fellini Roma, en 1972. Elle mourut l'année

suivante, à Rome, d'un cancer du pancréas.

191

Né à Rome en 1926, Sergio Leone est le

fils de Vincenzo Leone, cinéaste qui, sous

le pseudonyme de Roberto Roberti, a

dirigé Francesca Bertini, la diva, dans dix-

huit films entre 1918 à 1921. Responsable

de cent huit réalisations, ce réalisateur

coté dut prendre une retraite anticipée

par suite de dissensions avec Mussolini,

alors puissant Duce, dont il ne partageait

pas les conceptions cinématographiques.

Dès qu'il est en âge à son tour de

travailler, le jeune Sergio Leone tout

naturellement choisit la voie paternelle. Et

192

c'est auprès de Vittorio De Sica, sur le

Voleur de bicyclette (où il tient également

un petit rôle de curé) qu'il fait ses classes

d'assistanat. Plus tard, des réalisateurs

chevronnés, comme Mario Soldati, Luigi

Comencini, Mario Camerini, Carmine

Gallone et Mario Bonnard le prennent tour

à tour dans leur équipe. Leone devient bien

vite un assistant apprécié auquel les

Américains ne vont pas manquer de faire

appel à l'occasion de superproductions

antiques tournées dans les studios de

Cinecittà. Il collabore ainsi, notamment

193

pour les scènes d'action, à Quo vadis,

Helène de troie et Ben-hur. Le péplum,

genre alors en vogue, n'ayant maintenant

pour lui plus aucun secret, il accepte de

remplacer Mario Bonnard, alité, pour la

réalisation d'un remake des Derniers

jours de Pompéi dont Steve Reeves, M.

Muscle, est la vedette. S'étant

honorablement acquitté de cette tâche, il

est maintenant en mesure de passer

officiellement à la mise en scène et c'est

Le colosse de Rhodes, une œuvre qui

surprend les cinéphiles par son style

194

désinvolte et son ton, où l'humour tient

une noble place. C'est un succès qui incite

les producteurs à pousser Sergio Leone à

la récidive. Ce qu'il refuse énergiquement.

En attendant une autre chance, il accepte

de diriger la seconde équipe sur Sodome

et Gomorrhe de Robert Aldrich. Le péplum

cesse de plaire et vient l'heure du

"western-spaghetti", ce genre auquel

Leone va donner un regain d'intérêt. Pour

lui, tout commence avec Pour une poignée

de dollars qu'il va tourner en Espagne,

avec des acteurs pratiquement inconnus

195

(dont un certain Clint Eastwood), pour un

budget très limité. Projeté pour la

première fois à Florence, un jour d'août

1964, et présenté sans publicité comme un

film de série américain (Leone a pris le

pseudonyme américain de Bob Robertson

et Gian Maria Volonte, alors à l'orée de sa

carrière, celui de John Wells), le film

attire l'attention du public. C'est un grand

succès, dont Leone profite pour tourner

une suite, Et pour quelques dollars de plus,

qu'il signe de son véritable nom. À cette

occasion, il engage un acteur de second

196

rôle, quelque peu oublié. Lee Van Cleef.

Sorti dans vingt-six pays, ce nouveau film

projette son auteur parmi les champions

du box-office. Le bon, la brute et le

truand vient compléter la trilogie. Mais

ces westerns tournés, selon le souhait de

leur auteur, dans l'optique du néo-

réalisme, en une sorte d'opéra de la

violence, ont aussi leurs détracteurs, qui y

voient la décadence d'un genre noble. Les

films suivants, interprétés par des

vedettes internationales, sont plus

ambitieux. Leone y rend un hommage à

197

cette Amérique des pionniers dont la

mythologie a bercé son enfance. Et il

réalise l'un de ses vieux rêves, celui de

diriger Henry Fonda, auquel il va donner un

rôle inhabituel dans Il était une fois dans

l'ouest. Cette histoire de vengeance avec

Claudia Cardinale, Jason Robards et

Charles Bronson, accompagnée par la

musique obsédante de ce vieux complice

de Leone qu'est Ennio Morricone (le

fameux thème à l'harmonica) connait un

succès mondial. Après Il était une fois la

révolution, situé au Mexique et interprété

198

par James Coburn et Rod Steiger, Leone

mettra longtemps à concrétiser son plus

cher projet; Il était une fois en Amérique,

fresque amère sur le gangstérisme et

l'amitié, avec Robert De Niro, James

Woods et Burt Young. Ce sera hélas

l'ultime jalon d'une œuvre courte par les

titres mais riche en qualité et en

personnalité. Sergio Leone est mort le 30

avril 1989, sans avoir pu mener à terme

"Les 900 jours de Leningrad", qu'il devait

tourner en U.R.S.S. avec Robert De Niro.

199

Nino Manfredi est né le 22 mars 1921 à

Castro dei Volsci, dans la province de

Frosinone dans la région Latium, près de

Rome. Il est décédé le 4 juin 2004 à Rome

alors qu'il était dans le coma depuis juillet

2003 suite à une hémorragie cérébrale. La

mort d'Alberto Sordi à presque 83 ans en

200

février 2003 avait déjà suscité beaucoup

d'émotion dans la péninsule.

Il avait épousé Erminia Ferrari, avec

laquelle il a eu trois enfants. Avant de se

lancer dans la comédie, il avait décroché

un diplôme de droit, car son père, un

homme modeste, ne jurait que par les

études.

Ses études terminées, il s'inscrivit aux

cours de l'Académie nationale d'arts

dramatiques, puis intégra la troupe

théâtrale de Vittorio Gassman et joua au

prestigieux Piccolo teatro à Milan et Rome.

201

Il fréquenta également les scènes du

music-hall, où il endossa des rôles

d'acteurs, chanta et devint aussi parolier.

Ses premiers rapports avec le cinéma

furent très modestes, il doublait des

acteurs étrangers et même italiens, et fut

notamment la voix italienne de Gérard

Philipe. Ses deux premiers rôles réels

datent de 1949 dans Monastero di Santa

Chiara et dans Torna a Napoli. Les

productions étaient financièrement

pauvres et certains racontent qu'il avait

accepté de se contenter du couvert pour

202

tout cachet.

Jugé trop provincial, quelques beaux rôles

lui échappèrent et ses débuts furent

ternes. En 1955, grâce au film Les

Amoureux de Mauro Bolognini, il fut

présenté au festival de Cannes et

commença à être connu; il décrocha son

premier grand rôle dans L'Impiegato, une

satire dont il était également le

scénariste.

Dans les années 1960, profitant du

renouveau du cinéma italien, il devint une

des stars en vue de cet âge d'or de la

203

comédie italienne, et campa des

personnages truculents, grotesques ou

même monstrueux. Observateur de la vie

humaine, on dit qu'il s'inspirait de réels

modèles pour faire naître ses personnages.

Il apparut ainsi dans quelque 90 films.

Parmi ses meilleurs rôles, on retiendra :

Le Geppetto attendrissant dans Les

Aventures de Pinocchio, en 1972, rôle qui

fut le réel début de sa célébrité.

L'ignoble borgne, Giacinto Mazzatella,

dans Affreux, sales et méchants, en 1976.

Pour Ettore Scola, qui travailla plusieurs

204

fois avec lui, il représentait : « le petit

bonhomme italien, sympathique, pas très

intelligent, mais astucieux (...), celui qui

est né pour être victime mais qui ne le

devient pas à cause de sa richesse

intérieure. »

Comme réalisateur, Nino Manfredi, a

révélé un véritable don, notamment dans la

satire anticléricale Miracle à l'italienne qui

obtint en 1971 le Prix de la première

œuvre au Festival de Cannes. Pourtant il

disait « Si je ne fais pas davantage de

mise en scène cinématographique, c'est

205

parce que le métier d'acteur m'excite

beaucoup plus. »

Nino Manfredi vouait une véritable passion

à son métier d'acteur, la petite histoire

raconte, qu'il posait tant de questions sur

les tournages, qu'un jour un réalisateur

excédé avait changé le panneau « Silence

on tourne » par « Silence Manfredi ».

Son grand regret est de n'avoir jamais

tourné avec Fellini, mais il disait qu'il était

bien trop casse-pieds, pas assez docile

pour travailler avec « il maestro ».

206

Silvana Mangano est une actrice italienne

née le 21 avril 1930 à Rome et décédée

d'un cancer le 16 décembre 1989 à

Madrid. Fille d'un cheminot sicilien et

d'une mère anglaise, elle est élevée dans

un climat de pauvreté et de privation, avec

son frère aîné Roy et ses deux sœurs

cadettes, Patrizia et Natascia. Elle

207

découvre la danse à l'Opéra et, pendant

sept ans, sa mère fera l'effort de lui

payer des cours de danse chez Jia

Ruskaja, à Milan. Silvana devient ensuite

mannequin à l'atelier Mascetti. Elle

participe à plusieurs concours de beauté

et se voit élue Miss Rome en 1946. Elle

concourra au titre de Miss Italie, aux

côtés de Lucia Bosé (élue Reine), Gina

Lollobrigida, Eleonora Rossi Drago et

Gianna Maria Canale, qui toutes feront

carrière dans le cinéma.

Elle prend ensuite des cours de comédie

208

et rencontre à cette occasion son premier

grand amour, Marcello Mastroianni. Leur

union durera toutefois peu de temps, mais

ils se reverront régulièrement sur les

plateaux de tournage. Sa première

apparition au cinéma sera dans une

figuration en 1945 dans un film français,

Le Jugement dernier de René Chanas. Le

metteur en scène Mario Costa la remarque

à cette époque et lui fait tourner un petit

rôle dans L'Elixir d'amour.

La consécration arrive dès 1949 avec Riz

amer (Riso amaro) de Giuseppe De Santis :

209

elle campe une repiqueuse de riz

provocante, à la peau blanche, des bas à

mi-cuisses et l'air effronté et s'impose

comme le premier « sex-symbol » de

l'Italie d'après-guerre, une sorte de

réponse nationale à la hollywoodienne Rita

Hayworth. Son mariage avec le producteur

Dino De Laurentiis, la même année, lui

permet de gérer au mieux sa carrière :

dans les saisons à venir, il la fera travailler

avec les plus célèbres acteurs, aussi bien

italiens comme Vittorio Gassman, Raf

Vallone, Alberto Sordi ou Nino Manfredi

210

qu'internationaux comme Kirk Douglas,

Anthony Quinn ou Anthony Perkins, devant

les caméras de cinéastes de prestige tels

que Mario Camerini, Vittorio De Sica,

Mario Monicelli, Luchino Visconti ou Pier

Paolo Pasolini.

Séduisante, passionnée, pathétique ou

drôle, elle s'adapte à tous les rôles. Et les

succès s'accumulent à raison d'environ un

tournage par an. Hormis deux incursions

dans le genre péplum, l'une avec Mario

Camerini pour Ulysse en 1955, l'autre avec

Richard Fleischer pour Barabbas en 1962,

211

elle offre de superbes compositions dans

Anna avec Lattuada, L'Or de Naples avec

de Sica, Hommes et loups avec de Santis,

La Grande Guerre avec Monicelli, Chacun

son alibi avec Camerini ou Le Procès de

Vérone avec Lizzani.

Au fur et à mesure, son activité se fait

plus sélective. Elle choisit des sujets de

qualité qui deviendront des œuvres

admirables. Ce sera d'une part avec

Pasolini pour Œdipe roi en 1967,

Théorème en 1968, Le Décaméron en 1971

et d'autre part avec Visconti pour Mort à

212

Venise en 1971, Ludwig ou le crépuscule

des dieux en 1972, Violence et passion en

1974 sans oublier leur co-réalisation des

Sorcières en 1966.

Après 1974, elle quitte les plateaux de

tournage pour se consacrer à sa vie

familiale. On ne la reverra qu'en 1984,

dans Dune, le film de David Lynch produit

par sa fille, Raffaella de Laurentiis, et en

1987 aux côtés de Marcello Mastroianni

dans Les Yeux noirs (Oci ciornie) de Nikita

Mikhalkov.

Silvana Mangano laisse le souvenir d'une

213

très grande actrice, estimée du public et

de la profession, et d'une star de premier

plan, d'une beauté singulière et

impressionnante, capable de la plus grande

distinction (Mort à Venise) et d'autant de

vulgarité (L'Argent de la vieille, Violence

et Passion ; elle fut sorcière, mère

d'Œdipe, amante de l'ange Terence

Stamp, et la Madone, Reine du Ciel dans Le

Décaméron.

Mariée au producteur Dino De Laurentiis

en 1949, avec qui elle a quatre enfants:

Veronica (née en 1950), Raffaella (née en

214

1952), Federico (1955-1981), Francesca

(née en 1961). La disparition de Federico,

le 15 juillet 1981, à l'âge de 26 ans, dans

un accident d'avion en Alaska avait plongé

l'actrice dans une période de dépression

et mena à la séparation du couple en 1983.

Elle s'éteindra six ans plus tard dans une

clinique madrilène, victime d'une tumeur

aux poumons.

215

Enfant d'une famille nombreuse et très

pauvre, Elsa Martinelli devient mannequin

international grâce à sa grande beauté.

L'acteur et producteur américain Kirk

Douglas remarque une photo d'elle dans le

magazine Life et lui propose un rôle dans

un western. Les débuts d'Elsa Martinelli

216

au cinéma sont fulgurants, grâce à son rôle

d'Indienne dans La Rivière de nos amours

(André De Toth, 1955) qui marque encore

aujourd'hui la mémoire de nombreux

cinéphiles. Cette femme d'une beauté rare

se double d'une excellente comédienne. À

l'aise dans le mélodrame (La Fille de la

rizière de Raffaello Matarazzo en 1956)

comme dans la comédie (Donatella de

Mario Monicelli en 1956), elle mène une

carrière internationale. Sa sophistication

séduit Roger Vadim, qui lui confie le rôle

d'un vampire dans Et mourir de plaisir

217

(1960). Elle alterne les films de prestige

(Hatari ! d'Howard Hawks en 1962 ; Le

Procès d'Orson Welles en 1962) et des

drames plus intimistes (L'Amica d'Alberto

Lattuada en 1969). À partir des années

1970, ses activités de femme d'affaires

prennent le dessus sur sa carrière

cinématographique. Elsa Martinelli se lance

dans la mode en créant une entreprise de

design et de confection basée à Rome et à

Milan.

Elsa Martinelli est la mère de l'actrice

italienne Cristiana Mancinelli.

218

Née d'un père violoniste et professeur de

musique et d'une mère chef d'orchestre,

Giuletta Masina se retrouve à Rome où elle

débute dans une troupe théâtrale et

travaille à la radio où elle interprète un

rôle dans une série de nouvelles écrites

par Fellini. C'est le coup de foudre : elle

l’épouse le 30 octobre 1943.

219

Elle continue de jouer sur scène jusqu'en

1951 et, à l'occasion, de le faire avec un

jeune acteur qui deviendra célèbre,

Marcello Mastroianni.

Ses débuts au cinéma ont lieu en 1946 en

tant que figurante dans Paisà de Roberto

Rossellini. Puis Alberto Lattuada, en 1948,

lui confie le rôle de la pauvre prostituée

de Sans pitié, pour lequel elle obtient un

Nastro d’argento (Ruban d'argent) du

meilleur second rôle féminin. Un grand

nombre de réalisateurs italiens (et autres

nationalités) la feront travailler, à

220

commencer par son mari, avec lequel elle

tournera sept fois. Les plus célèbres

seront Comencini, Duvivier, Sordi,

Forbes…

C'est assurément son rôle de Gelsomina

dans La Strada en 1954 qui la fait

connaître mondialement.

Elle survit à peine cinq mois à son mari en

cessant de lutter contre la maladie qui l'a

emportée.

À ses funérailles, le trompettiste Mauro

Maur, « La Sua Tromba » comme elle

l'appelait, interpréta la musique de La

221

Strada. Elle avait laissé une lettre dans

laquelle elle demandait à celui-ci de jouer

cette mélodie.

Anna Maria Massetani est une actrice

italienne née le 30 juin 1933 à Rome qui

prend le nom de scène de Lea Massari en

hommage à son fiancé Leo qui décède

222

tragiquement alors qu'elle n'a que 22

ans..Elle tourna beaucoup en France dans

les années 70 avec des réalisateurs

importants comme Louis Malle : elle joua la

mère incestueuse dans Le Souffle au cœur

qui fit scandale lors de sa sortie. Mais elle

est plus connue grâce à ses nombreux

rôles dans des films plus populaires avec

des acteurs de premier plan comme Lino

Ventura.

223

Acteur italien par excellence, assurément

le plus célèbre du monde du cinéma

international des trois décennies suivant la

Seconde Guerre mondiale, Marcello

Mastroianni conquiert sa notoriété sans

faire de vagues, à l'inverse d'autres

224

acteurs de sa génération. De 1938 à 1943,

il obtient des rôles de figurant ou «

d'utilité » dans quelques films, puis, en

raison de l'opposition familiale au

fascisme, se voit obligé de se cacher

jusqu'à la fin des hostilités de la Seconde

Guerre mondiale. Dès 1945, il s'inscrit au

Centre universitaire de théâtre (Centro

Universitario Teatrale) où il fait la

connaissance de Luchino Visconti qui lui

procure un rôle dans une pièce de théâtre

qu'il dirige, Un tramway nommé désir. Lors

de ses prestations théâtrales, il va avoir

225

l'occasion de jouer avec Giulietta Masina

et ainsi de lier connaissance avec son mari,

Federico Fellini; cette rencontre a une

influence considérable sur sa carrière.

Au cinéma, il va de rôles mineurs en rôles

très secondaires jusqu'en 1955 où il

obtient sa première récompense, un Ruban

d'argent pour son rôle de Pasquale dans

Jours d'amour (Giorni d'amore) réalisé en

1954 par Giuseppe De Santis et Leopoldo

Savona.

Ses capacités d'adaptation aux rôles qu'on

lui propose lui permettent de jouer aussi

226

bien avec des réalisateurs de la période

des Téléphones blancs tels Mario Camerini

en 1953 et 1955 ou Alessandro Blasetti en

1954, 1955, 1956 puis 1965, qu'avec des

réalisateurs du néoréalisme tels que

Giuseppe De Santis en 1954, Luchino

Visconti en 1957 et 1967 ou Vittorio De

Sica en 1963, 1964, 1968 et 1970.

Après ce premier Ruban d'argent (il en

obtient sept durant sa carrière et un

posthume), c'est Luchino Visconti, son

mentor de théâtre, qui lui procure un

nouveau jalon vers la renommée en 1957

227

avec le rôle principal de Mario dans Nuits

blanches (Le Notti bianche) d'après le

roman homonyme de Fiodor Dostoïevski.

Puis, en 1960, Fellini lui propose le rôle de

Marcello Rubini dans son film La Dolce Vita

qui va rapidement se révéler être un film

culte et remporter nombre de

récompenses dont la Palme d'or la même

année. C'est le début de la réputation de «

latin lover » pour Mastroianni, ce dont il se

défend toute sa vie.

Dès lors, il alterne les rôles dans des

comédies à l'italienne (commedia

228

all'italiana) comme Les Joyeux Fantômes

d'Antonio Pietrangeli, Divorce à l'italienne

de Pietro Germi ou Mariage à l'italienne de

Vittorio de Sica pour lesquels il obtient

des récompenses aussi bien italiennes

qu'internationales, et dans des films du

courant dit de la politique des auteurs

(politica degli autori) tels que La Nuit de

Michelangelo Antonioni, Huit et demi de

Fellini ou L'Étranger de Luchino Visconti.

Son parcours d'acteur l'amène à jouer

avec les plus grands réalisateurs italiens

tels que Mauro Bolognini, Ettore Scola,

229

Elio Petri ou Dino Risi y compris ceux du

courant cinématographique italien de

l'engagement (impegno), Marco Bellocchio

et . Jusqu'en 1985, de

célèbres réalisateurs étrangers, aux

styles aussi divers que Jules Dassin, Louis

Malle, Terence Young, John Boorman,

Nadine Trintignant, Roman Polanski,

Jacques Demy, Yves Robert le feront

jouer.

À partir de 1985, sans toutefois rompre

avec le cinéma italien, sa carrière est de

plus en plus axée vers des réalisateurs

230

étrangers. On le voit devant la caméra

grecque de Theo Angelopoulos, russo-

italienne de Nikita Mikhalkov pour Les

Yeux noirs (qui lui valent un Prix

d'interprétation masculine au Festival de

Cannes), française de Bertrand Blier ou

Agnès Varda, américaine de Robert

Altman, franco-chilienne de Raoul Ruiz,

portugaise de Manoel de Oliveira.

Dans les douze dernières années de sa vie,

il ne se passe quasiment pas une année

sans qu'une récompense ne vienne

l'honorer. Il est nommé trois fois aux

231

Oscar du cinéma en 1963, 1978 et 1988

mais n'obtient jamais la récompense.

Marcello Mastroianni avait un frère,

Ruggero Mastroianni, de cinq ans son

cadet, décédé trois mois avant lui, qui

exerçait le métier de chef monteur, que

l'on retrouvait très souvent dans les

mêmes génériques que son frère et qui a

énormément travaillé avec Fellini. En 1948,

Mastroianni épouse une actrice de

théâtre, Flora Carabella (décédée en

1999) dont il ne divorce jamais malgré leur

séparation en 1970. Ils eurent ensemble

232

une fille, Barbara, née en 1951 qui fait son

chemin dans le cinéma en devenant une

costumière réputée. En 1971, sur le

tournage de Liza de Marco Ferreri,

Mastroianni fait la rencontre de Catherine

Deneuve avec laquelle il a une fille, Chiara,

née en 1972, qui devient actrice et que

l'on voit aux côtés de son père dans Les

Yeux noirs et Trois vies et une seule mort.

Marcello Mastroianni est décédé à Paris,

d'un cancer du pancréas, le 19 décembre

1996.

233

Fils d'un journaliste et critique de théâtre

(Tomaso Monicelli), Mario Monicelli étudie

l'histoire et la philosophie à l'université

de Pise et de Milan. Il fait ses débuts

comme critique en 1932.

En 1934, il co-réalise avec Alberto

Mondadori deux films Il Cuore rivelatore

et I ragazzi della via Paal ; ce dernier sera

234

programmé l'année suivante au Festival de

cinéma de Venise. Il est ensuite l'assistant

de différents réalisateurs (Gustav

Machaty, Pietro Germi, Giacomo

Gentilomo, Mario Camerini, Mario Bonnard,

etc). En 1937, il réalise Pioggia d'estate

(La Pluie d'été) sous le pseudonyme de

Michele Badiek.

De 1939 à 1949, il se consacre

principalement à l'écriture de scénarios et

au métier d'assistant-réalisateur. Il

revient ensuite à la réalisation de petits

films comiques, en collaboration avec

235

Steno (Stefano Vanzina) : ils réaliseront

alors ensemble de nombreux films avec

l'acteur Totò. À partir de 1953, il réalise

sous son propre nom ses films tout en

poursuivant son activité de scénariste. Il

remporte deux bons succès comiques avec

Le Pigeon et La Grande Guerre.

À la fin de l'année 1974, son ami Pietro

Germi lui confie la réalisation de Mes

chers amis, étant lui-même en trop

mauvaise santé pour participer au

tournage. Le film est remporte un grand

succès en Italie et Monicelli reçoit son

236

premier David Di Donatello de meilleur

réalisateur.

Le réalisateur se suicide le 29 novembre

2010 en sautant par la fenêtre de sa

chambre de l'hôpital San Giovanni, à Rome,

où il était soigné pour un cancer en phase

terminale. Il était âgé de 95 ans.

237

Après des études littéraires, Pasolini part

pour Rome suite aux accusations de

détournement sur mineur dont il fait

l’objet. Il est alors exclu du Parti

Communiste, mais restera affectivement

proche du « peuple ». Avec ses premières

publications écrites (Les Ragazzi en 1955,

Une vie violente et l’épigramme « A un

pape »), la notoriété ne vient pas sans

scandale. Il passe ensuite à la réalisation :

Accatone en 1961, Mamma Roma en 1962

et La Ricotta en 1963. En 1964, il part se

documenter en Palestine avant de réaliser

238

L'Evangile selon Saint Matthieu. Théorème

(1968), parabole sur le pouvoir du sexe et

fable religieuse, est emblématique de son

œuvre. Il s’éloigne par la suite du

néoréalisme qui l’a inspiré, et se tourne

vers l’adaptation d’œuvres littéraires et

classiques (Les Contes de Canterbury, Les

Mille et une nuits, Le Décameron, Médée

avec Maria Callas…). Son dernier film,

mêlant libertinage et nazisme (Salo ou les

120 journées de Sodome, 1975), suscite

beaucoup d’émoi. Sa fin n’est pas moins

sulfureuse : on le retrouve mort sur une

239

plage d’Ostie, assassiné dans des

conditions qui restent non élucidées.

Ornella Muti naît le 9 mars 1955 à Rome,

fille d'un père napolitain, journaliste, et

d'une mère estonienne, sculpteur.

Elle rêve de devenir danseuse, et débute

comme mannequin à 14 ans. Alors qu’elle

240

pose pour des romans-photos et des

magazines, elle est remarquée par le

réalisateur Damiano Damiani qui la fait

débuter avec succès au cinéma l'année

suivante, en 1970 avec Seule contre la

mafia. Elle enchaîne alors les films en

Italie.

En 1977, elle est révélée en France aux

côtés d'Alain Delon dans Mort d'un pourri

de Georges Lautner.

Elle entre dans la légende du cinéma grâce

aux films de trois réalisateurs :

Dino Risi : La Chambre de l'évêque

241

Mario Monicelli : Romances et

confidences

Marco Ferreri : La Dernière Femme en

1976, Conte de la folie ordinaire en 1981

et Le Futur est femme en 1984.

Elle poursuit une carrière internationale

tant dans le registre comique que tragique.

En 2008, Ornella Muti lance sa propre

ligne de bijoux. Elle ouvre des magasins à

Paris, Milan, Riga, Moscou et Alma Ata.

Elle assura sa poitrine pour 350 000 $.

242

Fils de médecin, il commence une carrière

de médecin psychiatre tout en s'adonnant

à la critique cinématographique, ainsi qu'à

l'écriture de nouvelles et de scénarios.

C'est en 1940 que Dino Risi effectue ses

premiers pas dans le cinéma en tant

qu'assistant de Mario Soldati pour le film

Le Mariage de minuit et de Alberto

Lattuada dans Giacomo l'idealista.

243

Durant la Seconde Guerre mondiale, il se

réfugie en Suisse où il suit les cours de

Jacques Feyder. L'après-guerre favorise

la reprise du cinéma italien. De 1946 à

1949, il contribue à l'écriture de scénarios

et à la réalisation de documentaires. Avec

Vacanze col gangster, il passe à la

réalisation du long métrage en 1952.

À partir des années 1950, il devient l'un

des grands réalisateurs de comédies à

l'italienne. Son succès débute en 1957

avec la farce critique Pauvres mais beaux

et confirme son talent en 1960 avec

244

l'Homme aux cent visages où débute un de

ses acteurs fétiches: Vittorio Gassmann

qui dans Parfum de femme obtient le prix

d'interprétation masculine au festival de

Cannes de 1975. Ses autres acteurs

préférés sont Nino Manfredi, Ugo

Tognazzi, Alberto Sordi et Marcello

Mastroianni.

Il excelle dans le film à sketches comme la

série Les Monstres, mais aussi dans les

drames (Le Fanfaron) ou Fantôme d'amour

avec Romy Schneider en 1981.

Souvent nommé mais jamais récompensé

245

au Festival de Cannes, ce dernier par

reconnaissance, finit par organiser une

rétrospective de quinze de ses films en

1993. En 2002, le cinéaste avait reçu un

Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière

au Festival du film de Venise. Une ovation

debout avait accompagné ce moment.

Dino Risi est l'un des derniers monstres

de l'âge d'or du cinéma italien. Travailleur

infatigable, il a réalisé plus d'une

cinquantaine de films.

Il est le père de Marco Risi, lui aussi

réalisateur de films.

246

Pendant la Seconde Guerre mondiale il suit

des cours de droit qu'il doit arrêter en

1943 mais entreprend une carrière

d'illustrateur de livres pour enfants (Alice

aux pays des merveilles par exemple); en

même temps il travaille à Radio Naples où

il fait connaissance avec Raffaele La

247

Capria, Aldo Giuffrè et Giuseppe Patroni

Griffi, avec lesquels il collaborera souvent

dans sa carrière. En 1946 il débute au

théâtre comme assistant d'Ettore

Giannini, puis au cinéma comme assistant

réalisateur auprès de Luchino Visconti

pour le film La Terre tremble (1948).

Après divers scénarios (Bellissima, Les

Coupables), il tourne quelques scènes du

film Les Chemises rouges (1952) de

Goffredo Alessandrini. En 1956 il co-

dirige avec Vittorio Gassman le film Kean.

Il attendra 1958 pour diriger son premier

248

long métrage, Le Défi, qui intéresse la

critique et le public. Il remportera alors le

prix du jury à la Mostra de Venise.

Aujourd'hui, Rosi est connu des cinéphiles

pour avoir entre autres élaboré les normes

du "film-dossier" (dont Costa-Gavras est

également l'un des tenants) à savoir la

superposition d'une fiction et d'images

d'archives ayant pour but de renseigner le

plus objectivement possible sur un grand

sujet basique (politique, économique,

financier, social, historique), tout en

restant éloigné du documentaire

249

journalistique. La dénonciation des crimes

et méfaits qui en découlent y jouxte

l'étalage d'arguments aussi distanciés et

précis que possible, dans un souci très

appliqué de nuance pédagogique, refusant

d'être didactique ou démagogique.

Ses films traitent ainsi souvent de la

mafia, fléau énorme dans le Sud de l'Italie

dont il est originaire (Cadavres exquis,

Oublier Palerme...) Il obtint le Grand Prix

du Jury au Festival de Cannes pour

L'Affaire Mattei dans lequel il dénonce les

pouvoirs de l'industrie pétrolière italienne

250

(responsable selon lui de l'assassinat

d'Enrico Mattei en 1972). En 1984, il

change un peu de registre

cinématographique en mettant en scène

Carmen, le très célèbre opéra de Bizet.

En 1996, après une longue absence, il

revient sur la scène cinématographique

avec La Trêve, adaptation du roman de

Primo Levi qui raconte son retour à

Odessa une fois libéré des camps de

concentration. Il a reçu en 2008 l'Ours

d'or d'honneur pour l'ensemble de sa

carrière au festival de Berlin.

251

Les Italiens ne s’y sont pas trompés.

«Pampanini suffit à évoquer un personnage

féminin fait de collines, arrondi et plein de

courbes…» avance même Stelle d’Italia, un

album consacré aux divas du cinéma

national. Mais comme elle le rappelle

volontiers, c’est sous celui de Nini Pampan,

anagramme forgé par Pierre Brisson et 252

aussitôt repris comme enseigne par

plusieurs cabarets parisiens, qu’elle fut le

plus célébrée. Difficile d’expliquer ce qui

destinait cette fille de bonne famille,

romaine comme on en fait peu, à devenir

un véritable phénomène de mœurs. Sans

doute pas son enfance, toute

traditionnelle entre l’école chez les sœurs

et les leçons de sa tante Rosetta

Pampanini, célèbre chanteuse lyrique. Ni

son diplôme de piano et de chant de

l’Académie de Santa Cecilia, qui lui valut

d’être reçue par Pie XII en audience

253

privée. Ses parents avaient pourtant de

quoi s’inquiéter : «On a commencé à me

demander en mariage à l’âge de douze ans.

Un peu tôt je dirais…» rappelle-t-elle dans

un grand éclat de rire. Tout s’accélère

quand elle participe au concours de Miss

Italie à Stresa en 1946. Le jury la classe

seconde, déclenchant la fureur du public

qui fait un scandale pour qu’elle obtienne la

première place. Une aubaine pour le cinéma

italien d’après-guerre en quête de

nouveaux visages recrutés dans les

concours de beauté. À la suite de la

254

Pampanini, ses futures rivales suivront

cette voie. Dès 1947, elle impose sa

beauté triomphante de brune aux yeux

verts dans Il segreto di Don Giovanni,

conquérant une tête d’affiche qu’elle ne

quittera plus. La guerre est oubliée et

l’Italie a une furieuse envie de vivre. La

décennie qui s’ouvre se veut riante,

élégante, sensuelle et pourtant comme il

faut. Les années cinquante seront à l’image

de la Pampanini, «une Pampanini égale pour

tous» comme le réclamait l’affiche d’un de

ses films, au même titre que la Vespa, le

255

loto sportif et les matchs de football. Les

rôles s’enchaînent – jusqu’à huit par an –

entre mélodrames, films d’aventure

(L’épervier du Nil avec un Vittorio

Gassman débutant) et films dramatiques

(La strada lunga un anno de Giuseppe De

Santis). Mais ce sont les comédies qui

savent le mieux mettre en valeur sa fierté

de fille sublime et l’aisance de son jeu

flirtant souvent avec le vaudeville. La

présidente, La femme qui inventa l’amour

ou La belle de Rome, tourné au faîte de sa

gloire sous la direction de Luigi Comencini :

256

comme Martine Carol en France, ses films

sont un hymne à la diva et à sa féminité

pulpeuse. Mais aujourd’hui comme hier, elle

s’en tient à son credo : «J’ai fait des

choses un peu osées, mais jamais vulgaires.

Le nu intégral est une erreur colossale».

Qu’on ne croie pas que la censure y soit

pour quelque chose. Pour elle «tout est

question d’éducation». Qu’on se le dise.

De la France, elle garde un souvenir

enchanté. «J’y ai tourné avec les plus

grands, vous savez…» lance-t-elle en

passant tout à coup de l’italien au français.

257

Et elle évoque La Tour de Nesle d’Abel

Gance, où elle campait une Marguerite de

Bourgogne vénéneuse à souhait aux côtés

de Pierre Brasseur. Quand Jean Gabin

vient tourner à Rome Fille dangereuse,

c’est elle qui lui donne la réplique. «Il m’a

félicité sur mon jeu. Imaginez ! Un

compliment de Gabin, ça valait un Oscar…».

À l’heure où ses rivales s’envolaient pour

les États-Unis, elle déclina justement les

propositions qu’Hollywood déposa à ses

pieds. Et s’essaya même à la réalisation en

consacrant à Verdi un documentaire,

258

Melodie a Sant’Agata, récompensé par

deux prix.

Issu d’une famille bourgeoise habitant

Rome, Roberto Rossellini a vécu dans la

demeure paternelle, via Ludovisi, dans une

atmosphère artistique, musicale et

culturelle.

Le père de Roberto, Angiolo Giuseppe

259

Rossellini, dit Beppino Rossellini, était un

architecte connu de la capitale,

bénéficiant de la fortune et de l'appui

d'un oncle entrepreneur, Roberto Zeffiro

Rossellini. Beppino Rossellini a construit le

premier cinéma romain (un théâtre dans

lequel des films pouvaient être projetés),

autorisant Roberto à assister librement à

de nombreuses séances. Roberto a donc

commencé à fréquenter le cinéma à un

très jeune âge. Au décès de son père, il se

met à travailler comme preneur de son

pour des films, et, pendant un certain

260

temps, exerce accessoirement tous les

métiers liés à la création d'un film,

gagnant de la compétence dans chaque

domaine.

En 1936, il épouse Marcella de Marchis qui

exerça, à partir des années 1960, une

activité de costumière de cinéma et avec

qui il eut deux fils, Marco Romano, né en

1937 et Renzo, né en 1941 qui devint

assistant réalisateur puis réalisateur, et

travailla souvent avec son père.

Les premières réalisations de Rossellini

furent des courts-métrages : en 1936,

261

Daphne (Daphné) puis, en 1938, Prélude à

l'après-midi d'un faune qui fut interdit

par la censure pour impudicité, et en 1939,

Fantasia Sottomarina (Fantaisie

aquatique). En 1938, il assiste Goffredo

Alessandrini pour le scénario de Luciano

Serra, pilote (Luciano Serra pilota) qui

obtint la Coupe Mussolini pour le meilleur

film italien1 à la Mostra de Venise et fut

l’un des films italiens les plus populaires de

la première moitié du XXe siècle. Puis, en

1940, il assiste Francesco de Robertis

pour la réalisation de SOS 103 (Uomini sul

262

Fondo). Son amitié étroite avec Vittorio

Mussolini, fils du Duce et responsable du

cinéma en Italie, a été interprétée comme

une raison possible de la préférence que

certains réalisateurs avaient pour lui.

Son premier long métrage, Le Navire blanc

(La Nave Bianca) en 1941, est un projet du

Centre cinématographique du Ministère de

la marine, suivi par Un pilote revient (Un

pilota ritorna) (1942) et L'Homme à la

Croix (Uomo dalla Croce) (1943). Cette

période a été marquée par son amitié pour

Federico Fellini, qui fut son assistant, et

263

Aldo Fabrizi.

Lorsque le régime fasciste prend fin en

1943, juste deux mois après la libération

de Rome, Rossellini travaillait déjà sur

Rome, ville ouverte (Roma, città aperta)

(avec Fellini qui participa au scénario et

Fabrizi qui interprétait le rôle du prêtre).

Il produisit lui-même le film (la majeure

partie de l'argent est venue de crédits et

de prêts). Ce film dramatique, sorti en

1945 a un succès immédiat et obtint l'un

des Grand Prix du Festival de Cannes en

1946. En 1946, Rossellini réalise Païsa

264

(Paisà), un film avec des acteurs non

professionnels (Giulietta Masina y figure),

puis en (1948), Allemagne année zéro

(Germania anno zero), parrainé par un

producteur français et filmé dans le

secteur français de Berlin. À Berlin aussi,

Rossellini aurait préféré faire jouer des

acteurs non professionnels, mais n’a pu

trouver de visage qui pouvait l’« intéresser

». Il plaça son appareil-photo au milieu

d'une place dans le centre ville, comme il

l'avait fait pour Paisà, mais fut surpris de

ne voir aucun curieux venir l'observer.

265

Comme il l’a déclaré à des journalistes lors

d’une entrevue, « afin de vraiment créer le

personnage qu'on a à l'esprit, il est

nécessaire pour le scénariste de s'engager

dans une bataille avec son acteur qui finit

habituellement par la soumission du

scénariste au désir de l'acteur. Puisque je

n'ai pas le désir de gaspiller mon énergie

dans une bataille comme celle-ci, j'emploie

des acteurs professionnels seulement de

temps en temps ». Une des raisons du

succès serait, selon Rossellini, le fait qu’il

a réécrit les scénarios suivant les

266

sentiments et les histoires d’acteurs non

professionnels. Les accents régionaux, les

dialectes et les costumes apparaissaient

dans les films comme ils étaient dans la

réalité.

Rossellini réalise ensuite Amore (L'Amore,

avec Anna Magnani) et La Machine à tuer

les méchants (La macchina

ammazzacattivi), sur les possibilités du

cinéma à dépeindre la réalité et la vérité

(avec des rappels de la commedia

dell'arte).

En 1948 Rossellini reçoit une lettre d'une

267

actrice étrangère se proposant de

travailler avec lui :

Cher M. Rossellini,

J'ai vu vos films Rome, ville ouverte et

Païsa, et les ai beaucoup appréciés. Si vous

avez besoin d'une actrice suédoise qui

parle très bien anglais, qui n'a pas oublié

son allemand, qui n'est pas très

compréhensible en français, et qui en

italien ne sait dire que « ti amo», alors je

suis prête à venir faire un film avec vous.

Ingrid Bergman

Par cette lettre célèbre commence une

268

histoire qui propulse Ingrid Bergman et

Rossellini sous les feux de l'actualité. Ils

travaillent ensemble l'année suivante, en

1950, dans Stromboli terra di Dio (dans

l’île de Stromboli, dont le volcan entre

opportunément en éruption pendant le

tournage du film), film suivi d' Europe 51

(Europa'51) sorti en 1952. En 1953,

Voyage en Italie (Viaggio in Italia).

L'histoire d'amour entre Ingrid Bergman

et Rossellini a causé un scandale aux

États-Unis et en Italie (Bergman et

Rossellini étaient tous les deux mariés

269

chacun de leur côté) ; le scandale s'est

amplifié quand ils ont eu des enfants (dont

Isabella Rossellini qui connaît la célébrité

en tant qu'actrice). Ils se marièrent

cependant en 1950.

En 1957, Rossellini et Ingrid Bergman se

séparent au retour d'un voyage en Inde. Il

y a noué une liaison avec la scénariste

Sonali Das Gupta qu'il épousera, et dont il

divorça quelques années plus tard.

Après 1961, l'activité de Rossellini va

principalement être la réalisation de films

ou de séries pour la télévision, de nature

270

culturelle ou éducative, qui, pour certains

sortirent également en salle.

De 1968 à 1974, il dirige le Centro

Sperimentale di Cinematografia.

En 1974, il réalise pour le grand écran

L'An un (Anno uno) et en 1975, Le Messie

(Il Messia).

En 1977, il tourne un film sur Le Centre

national d'art et de culture Georges-

Pompidou, son dernier film, et accepte la

présidence du jury au Festival de Cannes.

Il s'éteint à Rome, peu de temps après,

d'une crise cardiaque.

271

Ettore Scola a débuté dans l'industrie du

film comme scénariste, en 1953. Il a

réalisé son premier film Parlons femmes

(Se permettete parliamo di donne), en

1964. En 1974, Scola a connu un succès

international avec Nous nous sommes tant

aimés (C'eravamo tanto amati), une vaste

fresque de la société italienne après la

272

Seconde Guerre mondiale, dédiée à son

ami le réalisateur Vittorio De Sica. En

1976, il a reçu le Prix de la mise en scène

au Festival de Cannes pour son film

Affreux, sales et méchants (Brutti,

sporchi e cattivi).

Depuis lors, Ettore Scola a réalisé près de

40 films en 40 années.

273

Luchino Visconti est le fils de Giuseppe

Visconti (10 novembre 1879, Milan - 16

décembre 1941, Milan) et de Carla Erba,

nièce de Giulio Ricordi, petit-fils de

l'illustre fondateur de la maison d'édition

musicale, établie à Milan, et héritière de

petits commerçants enrichis grâce à une

entreprise pharmaceutique qui deviendra

célèbre en Italie et au-delà, décédée à

Cortina d'Ampezzo, Belluno, le 17 janvier

1939). La famille Visconti, qui régna sur

Milan jusqu'au XVe siècle, appartient à la

grande aristocratie italienne. Luchino était

274

le quatrième de sept enfants:

Guido, l'aîné (mort à la bataille d'El

Alamein en 1942; il eut une liaison

amoureuse avec l'actrice Elsa De Giorgi),

Anna (mariée par la suite à un prince

Caracciolo),

Luigi (qui épousa Madina Arrivabene

puis l'actrice Laura Adani),

Luchino,

Edoardo (père du futur réalisateur

Eriprando),

Ida Pace (dite ‘Nane’),

Uberta (6 avril 1918, Milan - 30 juillet

275

2003, Rome) mariée le 30 avril 1940 au

réalisateur Renzo Avanzo et, en secondes

noces, au compositeur et chef d'orchestre

Franco Mannino, fréquent collaborateur de

Luchino.

Le metteur en scène milanais « a

consciemment rattaché ses propres films

à ses souvenirs autobiographiques », nous

dit René de Ceccaty, traducteur en

français du Roman d'Angelo, œuvre

littéraire inachevée de Luchino Visconti.

Situations, scènes et personnages des

films réalisés par Visconti constituent

276

presque invariablement un florilège de

réminiscences intimes et personnelles.

Voici comment Visconti se décrit lui-même

: « Je suis venu au monde le jour des

Morts par une coïncidence qui restera

toujours scandaleuse, en retard de vingt-

quatre heures peut-être sur la fête de la

Toussaint... Cette date m'est restée

attachée pour la vie comme un mauvais

signe. Je viens d'une famille riche. Mon

père, bien qu'aristocrate, n'était ni

stupide ni inculte. Nous étions sept

enfants, mais la famille s'en est bien

277

sortie. Mon père nous a élevés

sévèrement, durement, en nous aidant à

apprécier les choses qui comptaient : la

musique, le théâtre, l'art... J'ai grandi

dans une odeur de pharmacie : nous, les

enfants, entrions dans les couloirs de

l'établissement Erba, qui sentaient l'acide

phénique, et c'était une telle excitation,

une telle aventure ! Le sens du concret que

je crois toujours avoir possédé me vient

de ma mère... Elle aimait beaucoup la vie

mondaine, les grands bals, les fêtes

fastueuses, mais elle aimait aussi ses

278

enfants, la musique, le théâtre. C'est elle

qui s'occupait chaque jour de notre

éducation, qui m'a fait apprendre le

violoncelle. » (Settimo giorno, 28 mai

1963) Cette mère tant aimée, les critiques

n'ont pas manqué d'en souligner la

ressemblance avec la mère « proustienne »

de Tadzio, le bel éphèbe de Mort à Venise.

« Il n'y a pas un instant de notre vie

d'alors qui ne s'illumine dans le souvenir

de la présence attentive de ma mère...

Mon souvenir le plus heureux se situe à la

première heure, avant le petit déjeuner...

279

Je vois encore le reflet de la lumière

incertaine sur mon violoncelle, je sens le

poids léger de la main de ma mère sur mon

épaule », nous confie encore Luchino

Visconti. René de Ceccaty rappelle

également que Visconti précisait que le

Prélude, choral et fugue de César Franck,

que joue la mère dans Sandra, incarnée

par Marie Bell, était souvent interprété

par sa propre mère.Passionné de chevaux,

Luchino Visconti s'occupait, pendant sa

jeunesse, d'une écurie de sa propriété (il

accomplira son service militaire comme

280

sous-officier de cavalerie à Pinerolo). Il

fréquentait en outre activement le monde

de l'opéra et du mélodrame, qui l'influença

beaucoup. La famille Visconti avait sa

tribune attitrée à La Scala (Giuseppe, le

père, était l'un des plus importants

mécènes du théâtre ; ils habitaient, en

outre, via Cerva, non loin du fameux

théâtre), et le salon de sa mère était

fréquenté, entre autres, par Arturo

Toscanini ; c'est à cette époque que

Luchino Visconti fit la connaissance de

Giacomo Puccini et Gabriele D'Annunzio.

281

Sa carrière cinématographique débuta en

1936, en France, où il travailla aux côtés

de Jean Renoir (rencontré grâce à Coco

Chanel) comme assistant, à la réalisation

et au choix des costumes de deux de ses

œuvres, Les Bas-fonds et Partie de

campagne. Le souci de réalisme du grand

cinéaste français le marqua profondément.

Toujours en France, il rencontra des

réfugiés italiens, militants de gauche, au

contact desquels ses convictions politiques

changèrent radicalement. Après un bref

séjour à Hollywood, il rentra en Italie en

282

1939 à cause du décès de sa mère. Avec

Renoir, il commença à travailler à une

adaptation cinématographique de La Tosca,

mais, à la suite de l'éclatement de la

guerre, le réalisateur français fut

contraint à abandonner le tournage — il

fut remplacé par l'Allemand Karl Koch.

La rencontre avec certains jeunes

intellectuels et critiques, collaborateurs à

la revue Cinema (fondée, ironie du sort,

par un fils de Benito Mussolini, Vittorio),

fit germer dans son esprit le concept d'un

cinéma qui raconterait de façon réaliste la

283

vie et les drames quotidiens du peuple,

concept en rupture avec les mièvreries

clinquantes et édulcorées des comédies du

cinema dei telefoni bianchi (littéralement

« cinéma des téléphones blancs »). À cette

époque il rencontra Roberto Rossellini et,

probablement, Federico Fellini. Visconti

projeta de réaliser l'adaptation du Grand

Meaulnes d'Alain-Fournier et celle des

Malavoglia de Verga, mais ces projets

avortèrent.

284

Il travaille d'abord comme maître-nageur

dans sa ville natale. Il est remarqué par le

cinéaste Luciano Emmer qui lui offre un

rôle de garçon querelleur dans Le ragazze

di Piazza di Spagna en 1952. Un de ses plus

grands rôles est celui du frère indigne

d'Alain Delon (qui était aussi son ami dans

la vie), Simone Parondi, dans Rocco et ses

285

frères, tourné en 1960. Dans ce film, il

joue un boxeur qui devient un voyou et qui

viole brutalement une prostituée. Au cours

de ce tournage, il rencontre sa future

femme, l'actrice française Annie Girardot,

qui joue le rôle de la prostituée. Il se

marie avec elle en 1962 et restera marié

avec elle jusqu'à sa mort en 1988, malgré

leur séparation de fait. Ils ont eu une fille,

Giulia Salvatori, née le 4 juillet 1962, à

Rome en Italie.

Il meurt d'une cirrhose du foie le 27 mars

1988.

286

Quatrième fils du professeur de musique

Pietro Sordi (qui meurt en 1941) et de

Maria Righetti, Alberto Sordi naît dans le

quartier populaire du Trastevere à Rome.

Déjà à l'école élémentaire, il commence à

improviser pour ses compagnons de classe

des interprétations avec un théâtre de

marionnette. Il chante aussi comme

287

soprano dans le chœur des voix blanches

de la Chapelle Sixtine. Il abandonne les

études et se rend à Milan pour une courte

période, où il étudie la récitation à

l'Académie des Filodrammatici ; il en est

expulsé apparemment à cause de son

parler mâtiné de dialecte romain (il en

obtient, beaucoup plus tard, un diplôme

honorifique).De retour dans la capitale, il

trouve en 1937 un travail comme figurant

à Cinecittà et gagne le concours organisé

par la Metro-Goldwyn-Mayer pour doubler

la voix de Oliver Hardy (tandis que Mauro

288

Zambuto prêtait sa voix à Stan Laurel). Il

travaille comme comédien de doublage

jusqu'en 1951 donnant sa voix entre

autres à Bruce Bennett dans Le Trésor de

la Sierra Madre et dans Les Passagers de

la nuit, à Anthony Quinn dans Buffalo Bill,

à John Ireland dans La Rivière rouge et

dans Un Gangster pas comme les autres, à

Robert Mitchum dans La Vallée de la peur,

à Pedro Armendariz dans Le Massacre de

Fort Apache. Il prête aussi sa voix à des

acteurs italiens comme Franco Fabrizi

dans Chronique d'un amour de

289

Michelangelo Antonioni et même Marcello

Mastroianni dans Dimanche d'août de

Luciano Emmer. Sa voix est aussi très

reconnaissable dans le chef d'œuvre de

Vittorio De Sica Le Voleur de

bicyclette.Après une tentative

infructueuse en compagnie de Aldo Fabrizi

entre 1936 et 1937 dans le théâtre léger,

il débute dans le music-hall comme boy

dans la compagnie de Guido Riccioli et

Nanda Primavera (mariés dans la vie) avec

le spectacle Ma in campagna è un’altra…

cosa (1938). Suivent ensuite Teatro della

290

caricatura (1942), Ritorna Za-Bum (1943)

écrit par Marcello Marchesi et dirigé par

Mario Mattoli, Un Mondo di armonie

(1944), Imputati... Alziamoci (1945) de

Michele Galdieri, Soffia so... (1946) de

Garinei et Giovannini, E lui dice.. (1947) de

Oreste Biancoli et enfin Gran baraonda

(1949) de Garinei et Giovannini, sa

dernière apparition sur scène au côté de

Wanda Osiris, qu'il a l'occasion de diriger

en 1973 dans un passage important du film

Polvere di stelle.C'est à la radio, juste

après guerre, qu'il commence à avoir un

291

grand succès personnel avec les émissions

Rouge et noir (Rosso e nero, 1947), Oplà

(1947) et Alberto Sordi vous parle (Vi

parla Alberto Sordi, 1948) où il crée des

personnages destinés à une grande

popularité: Monsieur dit (Signor Dice), Le

Comte clair (Conte claro) et Mario Pio. Il

réutilise ces derniers par la suite en 1968

et 1969 dans l'émission radiophonique

Grande Variété (Gran varietà). Alighiero

Noschese aussi les reprend en 1970 pour

l'émission satirique à succès Double Couple

(Doppia coppia).Au cinéma, durant une

292

dizaine d'années, il interpréte des rôles

minuscules ou insignifiants dans une

vingtaine de films, mis à part le rôle dans

Les Trois Aiglons (I Tre aquilotti, 1942)

de Mario Mattoli, où il figure parmi les

protagonistes. Il se fait remarquer en

1951 dans une œuvre mise en scène par

Vittorio De Sica et Cesare Zavattini,

Mamma mia che impressione!. Dans ce film,

bien que transposant dans le cinéma le

modèle de récitation très verbale utilisé à

la radio, il crée un personnage très original

(Il Compagnuccio della parrocchiettà ou

293

littéralement L'Ami de la petite paroisse)

qu'il reproposera ensuite dans d'autres

œuvres mineures.De 1952 à 1955 Sordi

explose sur le grand écran. D'abord avec

deux films réalisés par Federico Fellini, Le

Cheik blanc (Lo Sceicco bianco) et Les

Inutiles (Les Vitelloni), puis avec ceux

réalisés par Steno (Les Gaietés de la

Correctionnelle, Un Giorno in pretura, Un

Americano a Roma et Piccola posta) où il

crée le type d'homme lâche, profiteur,

indolent et tire-au-flanc qui l'accompagne

tout au long des années 1950 jusqu'au film

294

La Grande Guerre (La Grande Guerra,

1959) de Mario Monicelli dans lequel il

incarne un soldat fainéant et planqué

contraint de mourir en héros.

Avec l'arrivée de la comédie à l'italienne,

il a donné vie à une multitude de

personnages représentant l'« Italien

moyen », presque tous négatifs, pas très

moraux, mais correspondant à une réalité

évidente. Il les a dépeint avec une

méchanceté entachée parfois d'une

touche d'autosatisfaction, mais toujours

pardonnée grâce à sa diction magistrale

295

sans égal. À de nombreuses occasions, il a

collaboré aussi au sujet et à la mise en

scène des films dans lesquels il a joué

(plus de 150) et des 19 films qu'il a dirigé

lui-même.

En un demi-siècle de carrière, de la

période de la guerre jusqu'à nos jours,

Sordi a réussi à fournir une fidèle image

de l'histoire des valeurs et des coutumes

de l'italien typique, observé à travers ses

bassesses, mais à la fin racheté par son

grand cœur et sa capacité à rêver les yeux

grand ouverts.

296

Parmi ces plus beaux films : Bravissimo

(1955) de Luigi Filippo D'Amico, Venise, la

lune et toi (Venezia, la luna e tu, 1958) de

Dino Risi, Le Veuf (Il vedovo, 1959) de

Dino Risi, Il moralista (1959) de Giorgio

Bianchi, le touchant La Grande Guerre (La

Grande Guerra, 1959) de Mario Monicelli,

La Grande Pagaille (Tutti a casa 1960) de

Luigi Comencini, Il vigile (1960) de Luigi

Zampa, Une Vie difficile (Una vita

difficile, 1961) de Dino Risi, Il Boom(1963)

de Vittorio De Sica, Fumo di Londra

(1966), qui le voit pour la première fois

297

aussi derrière la caméra, Il Medico della

mutua (1968) de Luigi Zampa, Detenuto in

attesa di giudizio (1971) de Nanni Loy,

Poussière d'étoiles (Polvere di stelle,

1973), dirigé par lui-même, Un Bourgeois

tout petit petit (Un Borghese piccolo

piccolo, 1977) de Mario Monicelli, Le

Marquis s'amuse (Il Marchese del Grillo,

1981) de Mario Monicelli, Il Tassinaro

(1983) et Nestore, l'ultima corsa (1993),

tous les deux sous sa direction. Il faut

aussi retenir la collaboration artistique

avec le compositeur Piero Piccioni, qui a

298

signé la musique de ses films les plus

célèbres.

Détenteur de cinq Rubans d'argent et de

sept David di Donatello, il gagne en 1972 le

prestigieux Ours d'Or au Festival de

Berlin et obtient en 1995 le Lion d'or pour

sa carrière au Festival de Venise.

Vers la fin des années 1990, il se retire de

la scène, après le peu de succès de son

dernier film Incontri proibiti, au côté de

Valeria Marini. Mais il fait des apparitions

dans de nombreuses émissions de

télévision, dans lesquelles il fait preuve de

299

son grand sarcasme et de sa bonhommie.

Le jour de son quatre-vingtième

anniversaire, le maire de Rome, Francesco

Rutelli, lui cède le « sceptre » de cette

ville dont il a été le fils bien-aimé, et dont

il a raillé gaillardement les vices et les

fausses vertus.

Les paroles du réalisateur Mario Monicelli

prononcées à la mort de l'acteur mettent

bien en lumière les traits d'un des plus

grands artistes du cinéma italien :

« Ce fut le plus grand acteur, mais il fut

surtout un auteur extraordinaire, le

300

créateur du personnage avec lequel il a

traversé plus de 50 ans de l'histoire

italienne. En tant que réalisateur, je dis

qu'il était extrêmement facile de

travailler avec Sordi, parce qu'il était

justement le plus grand. Il suffisait de

quelques échanges de regards et il

comprenait le ton à donner à son

interprétation et donc au film. Il a été un

comique capable de contrevenir à toutes

les règles du comique. »

301

Issu d'une famille de la haute bourgeoisie,

il survit au bombardement de sa maison.

Son père essaye de vivre en Amérique du

Sud (d'abord le Brésil, puis en Argentine)

avant de revenir en Italie. Carlo croit au

communisme jusqu'à un voyage dans sa

patrie, l'Union soviétique. Après une

dizaine d'années comme champion de

302

natation (il a participé aux Jeux

Olympiques de 1952 et 1956) et joueur de

water-polo, il va au Venezuela où il dirige

une équipe de construction de la

Panaméricaine.

De retour en Italie, il épouse Maria Amato

en 1960 avec laquelle il a trois enfants,

Giuseppe, Christine et Diamante. Il aime

relever des défis, devenant tour à tour

chanteur ou inventeur. Sous le pseudonyme

de Bud Spencer (Bud d'après la bière

Budweiser, Spencer d'après son idole

Spencer Tracy), il entame en 1967 une

303

longue série de westerns spaghetti où sa

truculence rappelle Obélix.

Aux élections législatives italiennes en

2005, il est candidat dans le Latium sur la

liste de Forza Italia. Son entrée en

politique était motivée par sa volonté de

répondre aux appels du premier ministre

d'alors, Silvio Berlusconi, qui désirait

profiter de la popularité de Bud Spencer

pour s'attirer des électeurs.

C'est un pilote accompli, possédant des

brevets de pilote d'avion mais aussi

d'hélicoptère.

304

Du fait de la profession du père,

inspecteur d'une société d'assurance, Ugo

Tognazzi vécut une enfance dans diverses

villes, avant de revenir , en 1936, à

Crémone où il trouva, à quatorze ans, un

emploi d'ouvrier chez Negroni, célèbre

usine crémonèse de charcuterie. Durant

305

son temps libre, il joua dans une pièce

amateur sur l'après-travail (ses débuts au

théâtre avaient commencé à l'âge de

quatre ans au théâtre Donizetti de

Bergamo). Pendant la Seconde Guerre

mondiale, il fut appelé sous les drapeaux,

et se dédia, avec ferveur, dans

l'organisation de spectacles de variété

pour ses camarades. Après l'armistice du

8 septembre 1943, il retourna à Crémone

où il travailla comme archiviste. La passion

pour le spectacle lui fait cependant

abandonner ce travail, et il s'installa à

306

Milan. Ugo Tognazzi s'est principalement

rendu célèbre en France par son rôle joué

dans la série de films La Cage aux folles

aux côtés de Michel Serrault (celui-ci

représentant l'archétype de l'homosexuel

efféminé et Ugo Tognazzi en y incarnant,

par le rôle de Renato, celui d'un

homosexuel masculin et posé, directeur

d'un cabaret sur la Côte d'Azur), mais

aussi dans le film La Grande Bouffe. Ugo

Tognazzi est décédé le 27 octobre 1990 à

Rome, d'une hémorragie cérébrale, à l'âge

de 68 ans. Selon certaines rumeurs, sa

307

dépression chronique l'aurait amené à se

suicider.

Franco Zeffirelli débute sa carrière

artistique comme assistant de Luchino

Visconti d’abord au théâtre, puis au cinéma

pour les films La Terre tremble (La Terra

trema) et Senso.

308

Vers la fin des années 1950, Zeffirelli

amorce une carrière de metteur en scène

d'opéras qui s'échelonne sur plusieurs

décennies et le conduit à travailler

régulièrement pour La Scala de Milan et le

Metropolitan Opera de New-York. Il

dirige notamment Maria Callas dans La

Traviata à Dallas en 1959 et Tosca à

Londres en 1964. En 1966, à New-York, il

inaugure la salle d'opéra du Lincoln Center

en dirigeant la création de l'opéra

Anthony and Cleopatra de Samuel Barber

dont il écrit également le libretto. La

309

réaction critique est unanimement

négative.

En 1967, il réalise une adaptation

cinématographique de la pièce de

Shakespeare La Mégère apprivoisée

mettant en vedette Elizabeth Taylor et

Richard Burton. Le film connaît un succès

appréciable, ce qui l'encourage à adapter

Roméo et Juliette l’année suivante. Le plus

gros succès de la carrière de Zeffirelli,

Roméo et Juliette reçoit de plus quatre

nominations aux Oscars, dont celle du

meilleur réalisateur et du meilleur film.

310

Pendant les années 1970, il dirige deux

films d’inspiration religieuse : François et

le Chemin du soleil (sur la vie de Saint

François d’Assise) et la mini-série Jésus

de Nazareth dans laquelle l’acteur anglais

Robert Powell interprète le rôle-titre au

sein d’une distribution particulièrement

imposante (Laurence Olivier, Rod Steiger,

Christopher Plummer entre autres).

Il se rend ensuite aux États-Unis où il

réalise Le Champion et Un amour infini,

deux mélodrames froidement reçus par la

critique. Pendant les années 1980, il dirige

311

des opéras filmés comme La Traviata en

1982 et Otello en 1986. Il revient à

Shakespeare en 1990 avec une version de

Hamlet mettant en vedette Mel Gibson

dans le rôle-titre et Helena Bonham

Carter en Ophélie.

312

Né Antonio de Curtis, il adopte le nom de

scène de Totò et débute sa carrière avec

des numéros d'improvisation et

d'imitations dans des petits théâtres de

Naples. Après être parti pour Rome vers

1922, il gagne en notoriété et en 1930, il

possède sa propre compagnie de théâtre

et part en tournée en Italie pour diverses

revues toutes chaleureusement accueillies

du public.

Il apparaît pour la première fois dans un

film en 1937, Fermo con le mani ! (Arrête

avec tes mains !) de Gero Zambuto qui

313

sera suivi en 1939 de Animali pazzi

(Animaux fous) de Carlo Ludovico

Bragaglia et en 1940 de Totò, apôtre et

martyr (San Giovanni decollato) d'Amleto

Palermi.

Ces films sans grand succès, le poussent à

continuer au théâtre où il obtient des

accueils triomphaux dans des spectacles

mis en scène par Antonio Galdieri et où,

parfois, il donne la réplique à Anna

Magnani.

En 1947, Mario Mattoli lui ouvre la voie du

succès sur pellicule avec Les Deux

314

orphelins (I Due orfanelli). Il va, dès lors,

travailler de plus en plus pour le cinéma, ce

qui l'amènera à quitter petit à petit les

planches.

Au cours de sa carrière, il joua dans plus

de cent films. Ses nombreux rôles

comiques lui assurèrent une grande

notoriété. Il jouera aux côtés de grands

noms du cinéma italiens tels que Paolo

Stoppa, Titina de Filippo, Peppino de

Filippo, Aldo Fabrizi, Giovanna Ralli, Gino

Cervi, Vittorio de Sica, Silvana Pampanini,

Erminio Macario (un autre grand acteur

315

burlesque de l'époque), Anna Magnani,

Marisa Merlini, Sandra Milo,Alberto Sordi,

Nino Manfredi, Ugo Tognazzi, Vittorio

Gassman, Renato Salvatori, Carla Gravina,

Claudia Cardinale, Marcello Mastroianni,

Silvana Mangano ainsi que de célèbres

acteurs internationaux tels que Joséphine

Baker, Mistinguett, Fernandel, Louis de

Funès, Jean-Claude Brialy, Jean

Rochefort, Claudine Auger, Viviane

Romance, Orson Welles ou Ben Gazzara.

De grands réalisateurs italiens l'ont fait

travailler comme Mario Monicelli, Steno,

316

Luigi Comencini, Mario Costa,Sergio

Corbucci, Dino Risi, Alessandro Blasetti,

Vittorio de Sica, Roberto Rossellini et Pier

Paolo Pasolini.

Totò perd la vue en 1956 mais tourne pour

le cinéma jusqu'à la fin de sa vie.

Il a reçu une mention spéciale pour sa

performance d'acteur au Festival de

Cannes 1966.

Auteur également de chansons à succès, la

plus célèbre étant sûrement Malafemmena

en 1951, ainsi que de poésies napolitaines

parues dans le recueil 'A livella (Le

317

niveau)1 en 1964, Totò est mort d'une

crise cardiaque, le 15 avril 1967, à Rome, à

l'âge de 69 ans.

Alida Valli fait ses débuts en tant

qu'actrice à quinze ans au Centro

sperimentale di Cinematografia (Centre

expérimental du cinéma) de Rome en 1936

318

en participant dans Les deux sergents.

Mais le premier rôle lui est offert par

Mario Bonnard dans Le féroce Saladin en

1937. C'est le réalisateur Bonnard qui lui a

choisi le nom d'art 'Alida Valli'. Après elle

a signé un contrat à long terme avec

Italciné. Merveilleusement belle et douée

elle devient l'étoile montante du cinéma

italien, "la plus aimée des italiens" et "la

fiancée de l'Italie". Le début de sa

carrière se déroule devant les caméras

des grands réalisateurs italiens de

l'époque, Mario Camerini et Goffredo

319

Alessandrini bien sûr (période des

Téléphones blancs oblige), mais aussi

Mario Bonnard, Max Neufeld, Mario

Mattoli, Carmine Gallone et Mario Soldati.

C'est d'ailleurs ce dernier qui va lui

permettre de devenir une vedette en

Italie, en 1942, avec Le Mariage de minuit

(Piccolo mondo antico) où elle saura faire

montre d'une qualité de jeu dramatique

peu ordinaire et qui lui vaudra un prix à la

Mostra de Venise. Après Le mariage de

minuit où elle joue d'une manière

bouleversante Darryl F. Zanuck lui propose

320

Hollywood. Mais elle sent que l'Italie

glisse dans la guerre et veut d'autant

moins déserter son pays, ni les amis, ni sa

mère. Dans le film monumental Noi

vivi/Addio Kira, une critique sociale de la

dictature, elle interprète le premier rôle

d'une telle façon que la critique la

compare à Garbo. Ce film a été interdit,

cinq mois après sa sortie, en 1942 par

Mussolini. La Valli a rompu les contacts

avec ses producteurs et s'est cachée chez

des amies à Rome, chez Leonor Fini et

Luciana d'Avack. En 1944, elle épouse le

321

musicien de jazz triestien Oscar de Mejo,

la musique mal vue par le régime,

échappant ainsi à l'enrôlement d'office

dans le cinéma de propagande fasciste.

C'est en 1947 qu'elle va tenter sa

deuxième chance aux États-Unis où elle ne

jouera que dans quatre films dont Le

Procès Paradine de Hitchcock, et Le

Troisième Homme de Carol Reed. Dans Le

troisième homme (1949) elle apparaît

comme "l'incarnation de l'Europe

martyrisée par la guerre" (Frederic

Mitterrand). Peu satisfaite du système

322

hollywoodien et séparée de son mari Oscar

un ans après avoir donné naissance à un

second fils à Los Angeles, Lorenzo "Larry",

la Valli retourne à sa mère patrie seule

avec ses deux fils en 1953 et s'installe

définitivement à Rome. En 1951 elle va

travailler avec des réalisateurs italiens ou

français : ce seront essentiellement, pour

les premiers, à nouveau Mario Soldati,

Gianni Franciolini, et surtout les deux «

grands » que sont Luchino Visconti qui lui

confie le rôle principal de Senso en 1954,

et Michelangelo Antonioni qui la fait jouer

323

dans Le Cri en 1957; les réalisateurs

français seront entre autres Yves

Allégret, Henri Decoin, Roger Vadim, René

Clément, Yves Robert, Georges Franju,

Jacques Deray, Claude Chabrol. En 1960,

elle incarne la prieure dans les Dialogues

des Carmélites de Philippe Agostini

d'après la pièce de Georges Bernanos.

Entre temps en 1957, elle témoigne en

faveur du principal accusé de l'affaire

Wilma Montesi.

Après 1963, elle se fera plus rare sur les

écrans, à raison d'un film par an en

324

moyenne, et certaines années sans. Notons

cependant ses rôles importants dans

Œdipe roi (Edipo re) de Pier Paolo Pasolini

en 1967, dans La Stratégie de l'araignée

(La Strategia del ragno) de Bernardo

Bertolucci en 1970, dans L'Antéchrist

(L'Anticristo) d'Alberto de Martino en

1974 et dans 1900 de Bernardo Bertolucci

en 1976.

Au milieu des années 1950 elle commence

une carrière théâtrale avec des œuvres

entre autres d'Ibsen, Tchekhov,

Shakespeare, O'Neill, Pirandello,

325

D'Annunzio, Sartre, Williams, Miller, et

Marlowe en Italie, France et États-Unis.

Elle travaille pendant deux ans en

Amérique du Sud et au Mexique où elle

tourne plusieurs séries de téléfilms

(telenovelas) et participe au fameux

Manolo Fabregas Show. À la télévision

italienne elle conduit son propre show

'Music Rama', avec des chansons de films.

Un grand succès était le téléfilm La

stratégie de l'araignée (1970) de

Bernardo Bertolucci.

Son dernier film fut en 2001 Semana

326

Santa, tournée à Seville en Espagne.

Elle a tourné 100 films pour le cinéma,

participé à plus de 30 productions de tv

(show et téléfilms sans compter les

feuilletons) et à plus de 30 productions de

théâtre avec plusieurs centaines de

représentations.

Au cours de sa carrière, elle a obtenu

quelques prix, parmi les plus importants se

trouvent le 'Lion d'or pour la carrière', au

festival de cinéma à Venise; la 'Laurea ad

Honorem' del 'Terza Università' de Rome;

le 'Chevalier des Arts et des Lettres' de

327

la France, le 'Prix international Lumière'

et en dernier lieu le prix 'Vittorio de Sica

2001' du Président de la République

Italienne et le prix 'Bacchelli' pour la

carrière au cinéma et théâtre par le

Conseil des ministres de la République

Italienne.

Alida Valli est décédée le 22 avril 2006 à

Rome.

328

Dans sa jeunesse, avant d'embrasser la

carrière d'acteur, Raf Vallone a été un

footballeur émérite et un fervent

journaliste antifasciste.

Acteur exigeant au cinéma comme à la

scène, il fera notamment de la pièce de

théâtre Vu du pont (A View from the

Bridge) d'Arthur Miller, une de ses

spécialités : il en sera plusieurs fois

l'interprète, le metteur en scène en Italie

comme en France et, bien entendu,

l'acteur principal dans son adaptation

cinématographique Vu du pont réalisée par

329

Sidney Lumet en 1962.

De la même façon, il aura gain de cause

afin de ne pas être doublé dans son

premier film français, Thérèse Raquin de

Marcel Carné et, par la suite, assurera lui-

même le doublage des versions françaises

de la plupart de ses films. Il procédera de

la même façon pour ses rôles en langue

anglaise au cinéma comme à la scène

(pièces de théâtre Vu du pont et La

Duchesse d'Amalfi de John Webster).

Raf Vallone a été marié de 1952 jusqu'à

son décès avec l'actrice Elena Varzi avec

330

laquelle il a eu trois enfants : Eleonora

Vallone, actrice, née en 1953, et les

jumeaux nés en 1955 : Saverio Vallone,

acteur et Arabella Vallone, chanteuse.

Diplômée du Conservatoire d'art

dramatique de Rome (Accademia d'arte

drammatica Silvio d'Amico) en 1953,

331

Monica Vitti commence sa carrière de

comédienne au théâtre et à la télévision.

Elle tourne son premier film en 1958 Le

Dritte. C'est sa rencontre avec le

réalisateur Michelangelo Antonioni, qui

lancera véritablement sa carrière

(L'Avventura, L'Eclipse, La Nuit, Le

Désert rouge...) où elle se distingue par sa

beauté froide et son élégance. Elle devient

ainsi l'égérie du réalisateur, ce qui ne

l'empêche pas de tourner avec les grands

cinéastes italiens de l'époque tels que

Scola dans Drame de la jalousie. Elle se

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fait de plus en plus rare à partir des

années 1970 malgré de grandes

collaborations par exemple avec Luis

Buñuel dans Le Fantôme de la liberté.

Gian Maria Volontè, né le 9 avril 1933 à

Milan en Italie et mort le 6 décembre

1994 à Florina en Grèce, est un acteur

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italien. Il se fait d'abord connaître hors

d'Italie pour ses rôles de « méchant »

dans Pour une poignée de dollars et Et

pour quelques dollars de plus, puis par une

série de performances étincelantes à

l'apogée du cinéma politique italien,

notamment Enquête sur un citoyen au-

dessus de tout soupçon, Sacco et vanzetti,

L'Affaire Mattei, Lucky Luciano, Le Christ

s'est arrêté à Eboli. Il meurt le 6

décembre 1994 d'une attaque cardiaque

au cours du tournage du film Le Regard

d'Ulysse.

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FIN

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