Universite Du Quebec Memoire Presente a L'universite Du
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UNIVERSITE DU QUEBEC MEMOIRE PRESENTE A L'UNIVERSITE DU QUEBEC A TROIS-RIVIERES COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAITRISE EN ETUDES LITTERAIRES PAR CLAUDE LANEUVILLE ETUDE DE LA FEMME ET DU COMIQUE DANS L'OEUVRE DE BERTRAND VAC, PRECEDEE D'UNE BIOGRAPHIE DECEMBRE 1986 Université du Québec à Trois-Rivières Service de la bibliothèque Avertissement L’auteur de ce mémoire ou de cette thèse a autorisé l’Université du Québec à Trois-Rivières à diffuser, à des fins non lucratives, une copie de son mémoire ou de sa thèse. Cette diffusion n’entraîne pas une renonciation de la part de l’auteur à ses droits de propriété intellectuelle, incluant le droit d’auteur, sur ce mémoire ou cette thèse. Notamment, la reproduction ou la publication de la totalité ou d’une partie importante de ce mémoire ou de cette thèse requiert son autorisation. REMERCIEMENTS Je tiens tout d'abord à remercier monsieur Raymond Pagé , qui a orienté ma démarche, soutenu mes efforts et amélioré mon mémoire par la pertinence de ses suggestions. Je remercie également madame Edith Manseau, pour sa gentillesse, sa disponibilité et son aimable collaboration. madame Louise Trahan-Laneuville, pour sa présence, son encouragement et son ardeur à dactylographIer ce travail. monsieur Aimé Pelletier (Bertrand Vac), pour sa bienveillance, sa coopéra tion et' sa sincérité. Son esprit subtil a aussi enveloppé nos rencontres d'une note humoristique et sereine. Je remercie enfin l'âme de Louise Genest et l'ombre de Polydor Granger, qui m10nt appris tour à tour la grandeur du drame et la noblesse du rire. TABLE DES MATIËRES Page REMERCIEMENTS . i TABLE DES MATIËRES i i INTRODUCTION PREMIËRE PARTIE: Biographie de Bertrand Vac . 12 DEUXIËME PARTIE: Analyse de l'oeuvre . 50 CHAPITRES 1. Louise Genest (1950) 51 II. Deux portes ... une adresse (1952) . 73 III. Saint-Pépin, P.Q. (1955) . 95 IV. L'Assassin dans l'hôpital (1956) 134 V. La Favorite et le Conquérant (1963) 152 VI. Histoires galantes (1965) 182 VII. Mes pensées "profondes" (1967) . 212 CONCLUSION . 237 BIBLIOGRAPHIE . 248 ANNEXES 1. Jalons biographiques . 284 II. L'univers de Bertrand Vac 289 III. Une entrevue avec Bertrand Vac . 316 INTRODUCTION En septembre 1950, une énigme secoue les milieux culturels de la ré gion montréalaise. Le Cercle du Livre de France, à sa deuxième année d'existence, tarde à couronner un vainqueur. Yves Thériault, Harry Bernard, Charles Hamel et un inconnu présentent des manuscrits. Pendant que les mem bres du jury délibèrent, la presse cherche vainement l'identité du quatrième aspirant, réfugié sous le pseudonyme de Bertrand Vac. À l 1 étonnement géné ral, ce dernier éclipse ses adversaires et l 1 emporte finalement au cinquiè me tour de scrutin. Quelques heures plus tard, les journalistes découvrent le nom réel du gagnant. Il s'agit d'un chirurgien, Aimé Pelletier, oeuvrant à l'Hôpital Général de Verdun depuis près de t rois ans. L'homme bascule aussitôt sur la carte littéraire du Québec. Il connaît une gloire fulgurante avec son roman Louise Genest. Sa photo circule dans tous les journaux, les médias s'arrachent les entrevues et le lauréat, enivré, vit des heures d'euphorie. Mais les gens tournent bientôt les pages du livre et la contestation s'élève de toutes parts. Peu de louanges, beaucoup de déceptions! Les reproches pullulent! Le clergé déplore l'immoralité du thème. Les puritains, impitoyables, lardent les faiblesses du style. L'histoire, un peu audacieuse, choque la conscience collective du temps. De plus, la critique sociale du créateur, trop sévère pour l'époque, soulève de véhémentes protestations. 2 D'autres déboires s'accumulent bien vite. Les intellectuels n'aiment guère qulun médecin surpasse les vrais écrivains, qulun simple amateur, en somme, vole la vedette aux professionnels du métier. Au point de vue médi cal, Aimé Pelletier subit aussi une amère catastrophe, car la publicité liée à l 'adultère de son héroïne lui nuit fortement et sa clientèle s'amenuise 1 d' autant . Malgré les clameurs, il s'obstine toutefois et poursuit sa tâche, avide de réveiller le peuple et de l'orienter vers la liberté. Durant plus de 20 ans, il multiplie les créations et donne successivement une intrigue psycho logique, une satire sociale, un suspense policier, une fresque exotique, une série de nouvelles, un recueil d'aphorismes et un volume d'histoire. Ces productions lui valent plusieurs prix ... et les vociférations de diverses coteries. Glorifié et désemparé, l'.homme de lettres ballotte sans cesse au coeur du succès, de la controverse et de la dé sillusion, avant de signer sa dernière publication en 1974. Phénomène étrange, l'oeuvre de Bertrand Vac, si riche et si variée, stagne aujourd'hui dans l'oubli presque total! Peu de lecteurs s'attardent maintenant à ses réalisations, peu de professeurs claironnent la subtilité de son humour, aucun universitaire nia signé jusqu'ici une étude exhaustive pour dégager les lignes de force de ses récits. Pourtant, le romancier chante fort bien le salut de la nature, les merveilles d'une civilisation libérée, l'aventure sentimentale des castes bourgeoises, les mérites d'une saine évolution et les dangers d'une ambition démesurée. Outre ces thèmes 1. D'après Une entrevue avec Bertrand Vac, le 28 avril 1984, pp. 319-320. 3 mûris au coeur de scénarios bien articulés, il dénonce sans vergogne les ta res de la société des années 50, l'influence excessive du clergé d'alors, les hypocrisies des politiciens, l'avachissement culturel des habitants, l'ignorance populaire et la sottise inacceptable d'un certain type de fem mes. De ce fait, nous croyons qu'il a joué en son temps le rôle du pionnier entêté, sincère, appliqué à éclairer les siens en dépit des obstacles. Aus si voulons-nous réaliser une monographie de ce héraut incompris, rejeté sans appel par ses contemporains! Dans cette optique, notre démarche empruntera trois voies principales. Une biographie retracera d'abord les grands événe ments de son existence, une analyse thématique soulignera ensuite ses obses sions fondamentales et une bibliographie complétera notre étude, qui se veut à la fois synchronique et diachronique. En lisant les textes de Bertrand Vac, nous remarquons deux faits essen tiels: il accorde une place primordiale à la femme et ses commentaires slen robent souvent d'un comique très diversifié. Nous allons donc insister sur ce double aspect. L'observateur juge durement les dames, l'artiste les peint avec une précision cynique, le moraliste tente désespérément de leur livrer un message libérateur en exploitant fréquemment les multiples facet tes de la comédie. La farce la plus grotesque, le comique de situation, les plus hautes formes de l'ironie, de l'humour ou de la satire, le ridicu le par l'absurde et la finesse des figures de style, tout lui sert de pré texte pour dévoiler subtilement sa pensée. Ces domaines retiendront parti culièrement notre attention. 4 En fait, l'auteur s'adonne surtout à une analyse approfondie de l'âme féminine dans deux romans structurés de façon identique, Louise Genest (1950) et la Favorite et le Conquérant (1963). Ces deux intrigues, basées sur les aventures d'une seule femme, illustrent une théorie de Deleuze. Celui-ci, dans un essai2, explique sa façon de concevoir la nouvelle criti que. S'il parle avec emphase des multiplicités, des intensités, des agen cements, des lignes d'articulation ou de segmentarité, des strates, des cal- ques, du livre-racine ou du système-radicelle, il suggère aussi une image bien simple, bien attrayante, celle du rhizome, que nous adapterons aux drames de Louise Genest et Shadi Mulk. De tout son système nous ne retien- drons que ce dernier aspect. Les rhizomes du chiendent, comme les stolons du fraisier d'ailleurs, se développent, établissent au hasard une vaste sé- rie de connexions et se propagent souvent de manière incohérente. Leurs ti- ges serpentent, se brisent, revivent soudain, bifurquent, contournent des obstacles, s'égarent, se retrouvent, s'unissent et prennent la direction qui leur plaît, sans toujours suivre parfaitement le rang initial. Les ra- cines décuplent, s'accumulent, se subdivisent à l'infini, s'unifient subite- ment, s'enfuient et s'étendent de la sorte dans l'illogisme apparent. De même, une trame romanesque peut s'assimiler à la course échevelée du rhi- zome. Par la magie du narrateur, un sentiment germe, s'insinue dans la vie quotidienne d'un être, s'épanouit à travers des événements bien disparates, s'efface bizarrement dans des heures d'accalmie, renaît dans d'autres situa- tions, tenaille les êtres, fige les comportements, active les réactions, hante encore, s'évanouit à nouveau, s'envole, cause des ramifications et 2. Gilles Deleuze et Félix Guattari, Rhizome, Paris, Les Ëditions de Minuit, 1976, 75 p. 5 finit quelquefois par détruire. Ainsi, la IIGenest" mourra, victime d'un remords perpétuel. Shadi Mulk périra, par suite d'une passion maladive. La mine angélique de Jacinthe et l'autorité indéniable de Khan Zadé ou de la SaraY Khanum ne pourront empêcher sa déchéance. Notre analyse, de style conventionnel, consistera précisément à mon trer comment, par la technique de l'écrivain, la culpabilité ronge peu à peu Louise Genest, comment l'ambition pulvérise lentement la favorite. Il nous faudra d'abord établir le plan des livres, en pénétrer les divisions essentielles, détecter les heures de faîte dans l 'existence des héroïnes, scruter leurs déboires, leurs réussites, leurs moments heureux ou malheu reux, épier leur routine ou leurs exploits, pour y percevoir les traces -tantôt évidentes, tantôt voilées- de remords et d'aspirations excessives, pour y déceler des temps forts, des lignes de f uites, des somnolences, des signes d'évasion, des périls occasionnels, de s paradis artificiels, des con torsions ou des remèdes temporaires.