Les Registrations Dans Le Recueil De Préludes De Chorals Pour Orgue De
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Les registrations dans le recueil de préludes de chorals pour orgue de Georg Friedrich Kauffmann Harmonische Seelenlust par Jean-Willy Kunz Cette thèse fait partie des épreuves imposées pour l‟obtention d‟un Doctorat en interprétation à l‟orgue École de musique Schulich - Université McGill Avril 2011 © Jean-Willy Kunz 2011 2 À la mémoire de mon père, Wolfgang Kunz 1945-2003 3 Table des matières: Remerciements 4 Introduction 5 Chapitre I: Georg Friedrich Kauffmann 7 I - 1 Courte biographie de Georg Friedrich Kauffmann 7 I - 2 Oeuvre de Kauffmann 7 I - 3 Orgue de la cathédrale de Merseburg 8 I - 4 Recherche actuelle sur Kauffmann 12 Chapitre II: Les registrations dans Harmonische Seelenlust comme moyen d‟expression des Affects 14 II - 1 Lien entre les tempi, formes et techniques de composition, et les Affects 14 II - 1 - a Affects et Passions 14 II - 1 - b Tempi, formes et techniques de composition 19 II - 2 Lien entre les registrations, les formes, les techniques de composition, et les Affects 21 II - 2 - a Vox Humana 22 II - 2 - b Registrations creuses 22 II - 2 - c Mutations 24 II - 2 - d Jeux de 16‟ et registrations croisées 25 II - 3 Kauffmann et les principes de la registration à l‟orgue en Allemagne au début du 18ème siècle 29 II - 3 - a Äqualstimmenverbot 29 II - 3 - b Registrations croisées 31 II - 3 - c Mutation simple au sommet de la pyramide sonore 31 II - 3 - d Quintadena 16‟ 32 II - 4 Lien entre les Affects et les registrations 33 II - 5 Des registrations identiques pour des Affects différents 36 Réflexions et conclusion 38 Bibliographie 42 Annexe 1 43 Annexe 2 44 Annexe 3 46 Annexe 4 48 Annexe 5 49 Annexe 6 50 4 Remerciements: Je remercie sincèrement: Profs. John Grew, William Porter et Christoph Neidhöfer pour leur aide et leurs conseils, Prof. Bruce Haynes pour ses idées éclairées, Ma famille pour m‟avoir fait découvrir la musique et m‟avoir soutenu lors de mes études. 5 Introduction J‟ai découvert le nom de Georg Friedrich Kauffmann (1679-1735) lors de mes études doctorales à l„université McGill. Plusieurs de mes lectures mentionnaient son nom en précisant que ce compositeur était à l‟origine de la plus abondante source de registrations détaillées pour des oeuvres pour orgue de l‟époque baroque. Cependant, en m‟intéressant de plus près à Kauffmann, je me suis aperçu qu‟il n‟existait que très peu d‟études approfondies sur les registrations de ce compositeur. En lisant la thèse doctorale de Theodore van Wyk, publiée en 2005 et ainsi au faîte de la recherche sur Kauffmann, j‟ai réalisé qu‟une question était régulièrement absente de tous ces travaux musicologiques: pourquoi Kauffmann a-t-il indiqué telles registrations dans tels préludes? En discutant avec le musicologue Bruce Haynes, qui termine actuellement la rédaction de son livre The Pathetick Musician, dans lequel il étudie entre autres les Passions dans les cantates de Johann Sebastian Bach, la réponse à cette question s‟est imposée d‟elle-même. Il doit certainement exister un lien entre les registrations de Kauffmann et les textes des chorals sur lesquels il a composé ses préludes! En effet, les préludes de Kauffmann sont composés sur des mélodies de chorals luthériens, si bien que le texte de ces chorals est implicite à ces préludes pour orgue seul et apparaît en filigrane. Sans toutefois entrer dans une analyse mélodico-harmonico-textuelle, cette thèse se propose d‟établir un lien entre les registrations proposées par Kauffmann et les Affects, ou Passions, présents dans les textes des chorals. 6 Cette étude pourra se révéler utile à tout organiste interprète souhaitant prendre des décisions éclairées quant à l‟emploi des registrations dans les préludes de chorals de Kauffmann, dans les préludes d‟autres compositeurs de la même période, et finalement dans toute oeuvre pour orgue de l‟époque baroque. 7 Chapitre I Georg Friedrich Kauffmann (1679-1735) I - 1 Courte biographie de Kauffmann Georg Friedrich Kauffmann est né en 1679 à Ostramondra, un petit village de Thuringe situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Weimar. Il étudie d‟abord avec Johann Heinrich Buttstedt à Erfurt, puis avec Johann Friedrich Alberti à Merseburg, à environ vingt-cinq kilomètres à l‟ouest de Leipzig. En 1698, Kauffmann remplace son maître Alberti comme organiste de la cathédrale de Merseburg, poste qu‟il occupera pendant près de quarante ans, jusqu‟à sa mort en 1735. I - 2 Oeuvre de Kauffmann L‟oeuvre connu de Kauffmann comprend un oratorio et quelques cantates; un traité de composition, aujourd‟hui perdu, mais cité par Mattheson en 1725; une fantaisie pour clavier et quelques préludes de chorals isolés; ainsi que le recueil Harmonische Seelenlust, que l‟on peut traduire en français par „Plaisir harmonique de l‟âme,‟ ou bien „Harmonic Soul Delight‟ en anglais. Publiés à Leipzig en douze cahiers, les 98 préludes de chorals pour orgue de Harmonische Seelenlust paraissent dès 1733 et se poursuivent à titre posthume jusqu‟en 1740, la veuve du compositeur assurant le travail. Harmonische Seelenlust est un jalon important dans l‟évolution de la littérature pour orgue, pour être d‟une part le premier recueil de préludes de chorals pour orgue à être publié depuis 8 Tabulatora Nova de Samuel Scheidt en 1624, et d‟autre part pour les registrations précises que le compositeur a indiquées dans la partition. Harmonische Seelenlust est également le premier recueil contenant des compositions associant un instrument à vent, dans ce cas précis un hautbois jouant le cantus firmus dans six préludes parmi les 98 de la collection, et un orgue. Kauffmann est considéré à ce titre comme un pionnier dans ce genre particulier. On trouve aujourd‟hui plusieurs éditions de Harmonische Seelenlust. Tout d‟abord, le fac-similé du recueil a été édité par Philippe Lescat aux éditions Jean-Marc Fuzeau en 2002. Le fac-similié comprend les 98 préludes de chorals composés sur 66 mélodies luthériennes différentes, suivis de leur choral respectif avec une basse chiffrée. D‟autre part, Pierre Pidoux a publié pour Bärenreiter les 98 préludes de chorals en 1924, et dans un second recueil en 1925 les 62 chorals chiffrés. La différence de nombres entre les 66 mélodies et les 62 basses chiffrées provient du fait que quatre chorals proposent deux basses chiffrées différentes pour une même mélodie. Enfin, Klaus Hofmann a publié en 1970 les six préludes avec hautbois pour les éditions Hänssler. I - 3 Orgue de la cathédrale de Merseburg L‟histoire de l‟orgue de la cathédrale de Merseburg est relativement complexe et peu documentée. D‟après Hermann Busch,1 l‟orgue aurait été construit dans la seconde moitié du 17ème siècle, peut-être déjà par le facteur d‟orgues Zacharias Thayner. Un rapport d‟expertise de 1698 indique que Thayner a effectué des travaux sur cet instrument de 58 jeux répartis sur trois claviers, à savoir Hauptwerk, Rückpositiv et 1 Busch (1991): 151 9 Oberwerk, ainsi que le pédalier, et une source appelée “Manuscrit de Dresden,” datant du début du 18ème siècle et citée dans le fac-similé édité par Philippe Lescat ainsi que dans la thèse doctorale de Theodore Van Wyk, en donne la composition exacte.2 À défaut d‟autres documents attestant de travaux ultérieurs, on peut en conclure que le “Manuscrit de Dresden” décrit l‟instrument que Kauffmann avait à sa disposition pendant les 18 premières années en tant qu‟organiste à Merseburg. En 1716, Johann Friedrich Wender effectue des travaux sur l‟instrument, travaux poursuivis par Zacharias Hildebrandt en 1734. Aucun rapport d‟expertise de ces deux restaurations n‟existe aujourd‟hui, si bien qu‟il est difficile de juger de l‟apport de chacun de ces deux facteurs d‟orgues à l‟instrument de Merseburg, et ainsi de la constitution exacte de l‟orgue sur lequel Kauffmann a joué de 1716 à sa mort en 1735. En revanche, Jacob Adlung indique en 17683 la liste précise des jeux de cet instrument qui a été élargi à 65 jeux et s‟est doté d‟un Brustwerk, en plus des trois claviers et du pédalier déjà existants. L‟orgue est entièrement remplacé par un instrument de Friedrich Ladegast en 1855, si bien qu‟il ne reste aujourd‟hui aucun des éléments de l‟orgue qu‟a connu Kauffmann, hormis le buffet en bois. En analysant les deux descriptions de l‟orgue de Merseburg au 18ème siècle, celle citée dans le “Manuscrit de Dresden” et celle de Jacob Adlung un-demi siècle plus tard, on s‟aperçoit que cet instrument s‟inscrit dans la tradition de la facture d‟orgue Thuringienne et Saxone de cette époque. Chacun des facteurs d‟orgues ayant apporté sa contribution à cet instrument était bien établi dans cette région d‟Allemagne du Centre, et certains de 2 Voir en Annexe 1 la composition de l‟orgue de la cathédrale de Merseburg d‟après le “Manuscrit de Dresden” 3 Adlung (1768): 255-7 10 leurs instruments ont été conservés jusqu‟à aujourd‟hui. On peut citer comme exemples, l‟orgue d‟Arnstadt construit en 1703, celui de Mühlhausen restauré en 1708, tous deux par Wender; ou bien l‟orgue de Naumburg construit en 1746 par Hildebrandt, qui a conservé le buffet de l‟instrument construit par Thayner en 1705. Les lignes directrices en sont entre autres la réduction du nombre des jeux d‟anche, mais un accroissement du nombre des jeux de fond de 16‟ et de 8‟ qui participent d‟un centre de gravité très bas. La description de l‟orgue de Merseburg dans le “Manuscrit de Dresden” indique en effet la présence de cinq jeux de fond de 16‟ sur l‟ensemble des trois claviers, ainsi qu‟une variété de douze jeux de 8‟ et de huit jeux de 4‟, aux timbres très distincts, mais sensiblement égaux en intensité.