Rock'n Clip. La Première Encyclopédie Mondiale Du Vidéo-Clip
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ROCK'N CLIP NICOLAS DEVILLE et YVAN BRISSEITE ROCK'N CLIP La première encyclopédie mondiale du vidéo-clip SEGHERS/COGITE Nous remercions les compagnies : j BARCLAY SQUATT R.C.A. C.B.S. POLYDOR VIRGIN de nous avoir gracieusement fourni les photographies des chanteurs et groupes qui illustrent l'encyclopédie du vidéo-clip. BARCLAY pour : David et David, Eli Meideros, Caroline Loeb, Niagara, Carmel, L'affaire Luis Trio, Killing Joke. SQUATT pour : Passadena (P. Jeff Stern/P. Paul Cox), King Creole (P. Bruno de Balincourt). R.C.A. pour : Cindy Lauper, Witney Houston, U2, Laurent Voulzy, Eurythmies, Mick Jagger, Elvis Presley, Sade, Sting. C.B.S. pour : Bruce Springsteen, George Mickael, Terence Trent d'Arby, Boy George, Mickael Jackson. POLYDOR pour : Raft, Supertramp, Mint Juleps, Big Pig, Suzanne Vega, Joe Jackson, Princesse Erika, Patricia Kast, Vanessa Paradis, Maxime Le Forestier, Willy Deville, Victor Laszlo, Iggy Pop, Mylène Farmer, Level 42, Lio, Sabrina. VIRGIN pour : Z. Marley, Smith, UB 40, Brian Ferry, Genesis. (0 Editions Seghers, Paris, 1988 ISBN 2 - 221 - 05312 - 5 SOMMAIRE Préface 7 Genèse du 8e art : Le vidéo-clip, cet enfant qui n'a cessé de grandir 9 Règles du jeu 103 Tous les clips du monde... de A à Z ........... 145 Bibliographie .............................................. 423 PRÉFACE e stupéfiant image : avec l'introduction du clip dans les familles jeunes et nombreuses, le film muet a amorcé un retour offensif, dont les conséquences iront encore plus loin que ne le laisseraient augurer les rêves les plus fous des gloutons optiques de la musique qui bondit. Grâce à ce huitième art, né véritablement il y a dix ans de la rencontre d'une machine à filmer et d'un synthé sur une table de montage, la rock, la pop, la funk, la disco, la reggae, la house, la sample music ne se contentent plus de se laisser entendre : elles se donnent à voir. Pas un chanteur débutant, pas un groupe de province même éloignée n'envisage désormais de presser un disque sans donner en même temps images aux sons. Et c'est ici que commence l'aventure que vous avez désormais sous vos yeux. icolas Deville, Yvan Brissette, et leur équipe franco-québécoise ont visionné, pendant plus de deux ans, plus de six mille cinq cents vidéo-clips fabriqués dans le monde entier. Ils en ont retenu trois mille environ pour cette première encyclopédie mondiale de la musique filmée. Tout a été inventorié, des pères fondateurs du Scopitone aux délires de Nam June Paik, en passant par les influences du réalisme fantastique, du surréalisme et des images de synthèse ; la manière dont on monte un clip, le budget, les réalisateurs et l'extraordinaire popularité de ce nouveau média auquel, ne l'oublions jamais, plusieurs chaînes de télévision consacrent la quasi-totalité de leur programmation. i l'on veut comprendre ce que veut dire la « culture jeune », si l'on veut comprendre l'esthétique et les valeurs, les signes et les significations qui agitent, de Moscou à Los Angeles, de Paris à Tokyo, de Buenos Aires à Londres, les dizaines de millions de garçons et de filles qui ont envie de vivre plus que de survivre, d'éclater plutôt que de ramper, de carburer à l'intensité plus qu'aux passages cloutés, il faut se munir de cette encyclopédie et se faire spectateur de l'immense lanterne magique pourvoyeuse de myriades de couleurs et de sons qui accompagnent désormais la vie quotidienne de la planète. icolas Deville, auteur de la première et désormais classique bande dessinée pour adulte Saga de Xam, co-auteur du Livre des possibilités et philosophe de l'image, donne ici la première grille de déchiffrage de cette culture non seulement populaire, mais surtout - et pour la première fois dans l'histoire - véritablement planétaire : il n'est que de mesurer les audiences respectives des concerts rock et des meetings politiques et l'implication de plus en plus réelle entre les deux démarches pour mesurer à quel point Rock'N'Clip vient à son heure. Et ce n'est pas un hasard si, au Québec (six millions d'habitants), il existe une chaîne de télévision (MusiquePlus) qui diffuse vingt-quatre heures sur vingt-quatre des clips dont 60 % de production francophone. Ce n'est pas un hasard, mais une leçon. ans un monde où les pluies deviennent acides et le sexe mortel, les lieux de jubilation ne se font pas si fréquents que l'on puisse négliger celui-ci. Entrez dans ce livre comme dans une fête chamarrée et métisse, bigarrée et délirante, où triomphe enfin l'arc-en-ciel des passions de vie et de jouissance. André BERCOFF GENÈSE DU 8e ART : Le vidéo-clip, cet enfant qui n'a cessé de grandir BLAH BLAH MUSIK ROCK' N RHYTHM Il out a commencé un soir ou un matin à l'heure sublime de l'inspiration, lorsque le soleil rase la ligne d'horizon, l'ancêtre saisissant une baguette de bois a commencé de frapper le tronc évidé d'un arbre mort. A l'écart quelques jeunes de la tribu se sont mis à trépigner sur place, poussant force gémissements et râles syncopés ! Dans les âges farouches de la préhistoire, le rock est né ainsi, des tressautements joyeux de quelques congénères sympathiques... débridé, dévorant déjà. m ès sa fabuleuse origine, ce rythme fait gronder les saintes âmes du village ! Certains se plaisent à conter que la première organisation du son par l'humain, c'est la musique. C'est là bien de l'angélisme saint-sulpicien ! La première composition du son, c'est le claquement des peaux moites dans la fureur des orgasmes collectifs. m ouverts de peaux tannées, luisantes et graisseuses, de pierres vulgaires, de métal poli, les sectateurs du veau d'or se reconnaissent depuis toujours. Leur signe de ralliement ? La frénésie de la vie « drivée » à fond la caisse ! La fureur de vivre ! Le trash ! ers la fin des années 40, les Noirs à New-York City exhument l'antique idole oubliée depuis tant de siècles. Le rock revenait enfin, direct héritage de Babylone ! Après la disparition des sorcières et les persécutions du sabbat, les Blancs en avaient finalement perdu l'essence, mais, pour l'homme noir, il était resté au cœur même de sa langue. m ispersées sur le Nouveau Monde, des cultures africaines mouraient dans le malheur du servage. Mais pas le rythme, pas la frénésie d'une liberté ancienne. Bien au contraire, dissimulée sous la tolérance des « chants de travail », ou des gospels, la collectivité noire résistait, se raccrochant au centre de son identité profonde. Lorsque l'homme n'a plus de langue, il lui reste toujours son corps pour parler, et depuis ses origines le jazz a toujours été cette musique du corps, de la sueur et du foutre. Mais son audience restait limitée. Trop introvertie, repliée dans les boîtes, il lui manquait la frénésie orgiaque et collective du rock. NYC 1950 « Le rock'n roll va rabaisser l'homme blanc au niveau du nègre1. » ans le New York de l'époque, big city du « monde libre » de Broadway à Saint-Ger- main-des-Prés, c'est la grande réconciliation des races, des styles et des couleurs. Ça swinguait dans les clubs ! C'était la java, on baisait dans tous les coins, disait Henry Miller ! Se faufilant dans l'euphorie d'après-guerre, le rock est né dans la cave, à la sauvette, de l 'éjaculation massive du baby-boom. lm ais dans la campagne profonde, l'heure n'est pas encore au cosmopolitisme. Au fond des chaumières « blanches », ça craint ! Coluche en culottes courtes est le fils du Rital. Négros et juifs continuent d'alimenter les histoires drôles ! « Ya bon Banania » est un top publicitaire du moment ! Aux US, on lynche comme aujourd'hui au Brésil ou en Afrique du Sud. En revanche, à NYC, au fond des cours de Harlem, le background noir rejoint enfin la musique « celte ». Coït épiphanique ! Le son Black se répand... mais les premiers rockers qui le porteront ne seront pas noirs. Seul apparaîtra le Blanc, symbole imposé de la musique folk nord-américaine et de ses origines admises, d'Irlande et de Bretagne. Les Platters avec quelques autres, qui acceptent de jouer un look blanchi, profiteront quand même de la vague2. 1955, Bill Haley, premier hit-rock de l'histoire : "Rock around the Clock". 1956, Gene Vincent : "Be-Bop-a-Lula", Carl Perkins, Elvis... L'épidémie est commencée... Depuis trente ans, trois générations ont succombé à cette contagion en surfant plus ou moins la planète rock. Tous n'en mourront pas gagas, mais tous en seront atteints. Tous ont été rock, « au moins une fois », comme cette star qu'Andy Warhol recommandait à chacun d'être... ne serait-ce que « cinq minutes dans sa vie » ! 1. Cette phrase prophétique, prononcée en 1954 par le Conseil des Citoyens Blancs d Alabama, a refleuri a Londres en 1987, sur le T-shirt de Terence Trent d'Arby et provoqué les foudres des associations antiracistes du Royaume-Uni. L'humour serait-il élitaire ? 2. Un disc-jokey de Cleveland, Alan Freed, est resté le symbole attaché à l'origine même du terme Rock'n Roll. En 1952, à la fin du maccarthysme, une des périodes les plus réactionnaires des Etats-Unis, il crée un programme radio qui reprend l'expression des Noirs désignant le rythme et le ahanement des corps nus sous la lune : « Moondog's Rock and Roll Party >,. L'émission, programme essentiellement des vedettes noires dans des shows destinés aux jeunes Blancs, et le succès immédiat incite A. Freed à monter à NYC où il s'installe en 1954.