Paragraphes 1 Et 2 Du Chapitre 1
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View metadata, citation and similar papers at core.ac.uk brought to you by CORE provided by Archive Ouverte en Sciences de l'Information et de la Communication Sylviane LLINARES MARINE, PROPULSION ET TECHNIQUE : L'ÉVOLUTION DU SYSTÈME TECHNOLOGIQUE DU NAVIRE DE GUERRE FRANÇAIS AU XVIIIe SIÈCLE. VOLUME I 1994 LIBRAIRIE DE L'INDE ÉDITEUR 20, rue Descartes 75005 Paris Tél : (1) 43 25 83 38 Fax : 33 1 43 25 79 52 8 L'original de soutenance de la thèse avait été tiré en photocopie à une dizaine d'exemplaires et comprenait 876 pages, recto seul, réparties en cinq volumes 21x 29,7cm. Cette édition de librairie, reproduite en offset en deux volumes seulement, a été relue et corrigée des coquilles typographiques puis repaginée mais reste entièrement conforme à la version de soutenance. Tirage commercial : 299 exemplaires. I.S.B.N. : 2- 905455- 16- 0 (c) COPYRIGHT 1994, Librairie de l'Inde sarl. Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. La loi française du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute reproduction, intégrale ou partielle, faite par quelque procédé que ce soit, même dans un but non lucratif, sans le consentement écrit de l'éditeur ou de ses ayants-cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal français. 9 UNIVERSITE DE PARIS-SORBONNE PARIS-IV CENTRE DE RECHERCHES SUR LA CIVILISATION DE L'EUROPE MODERNE (U.R.A. CNRS 100) MARINE, PROPULSION ET TECHNIQUE : L'ÉVOLUTION DU SYSTÈME TECHNOLOGIQUE DU NAVIRE DE GUERRE FRANÇAIS AU XVIIIe SIÈCLE. Thèse de Doctorat présentée et soutenue publiquement par Sylviane Llinares-Créteur le 26 mars 1993 Directeur de recherches : Monsieur le professeur Jean Meyer 11 REMERCIEMENTS A Monsieur le professeur Jean Meyer qui a bien voulu diriger nos recherches, pour son enseignement, ses conseils bienveillants et ses encouragements soutenus. A Madame Martine Acerra pour son aide précieuse et dont la disponibilité ne s'est jamais démentie au cours de ces années de recherches. Nous avons souvent fait appel à son remarquable fichier informatisé des navires de guerre français, nous permettant ainsi d'identifier plusieurs bâtiments avec rapidité et avec précision. A Madame Madeline Astorkia, chef du centre de documentation et de recherche de l'arrondissement maritime de Toulon ; à Monsieur Marc Fardet, chef du centre de documentation et de recherche de l'arrondissement maritime de Rochefort ; à Mesdames les bibliothécaires et documentalistes du Musée de la Marine ; ainsi qu'à René Lair, Jacques Gay et Thomas Adams. A mon époux pour son infinie patience... 13 INTRODUCTION Un vaisseau est une machine extrêmement composée ou plutôt c'est une combinaison de la plupart des machines connues1. Cette définition du vaisseau de guerre très explicite, due à un ingénieur de la marine royale, nous permet d'introduire une notion essentielle nommée système technique à laquelle l'intitulé de notre sujet de thèse fait référence. Proposée par Bertrand Gilles dans une histoire des techniques2 publiée sous sa direction en 1978, la formule convient parfaitement dans le cas du navire de guerre qui combine plusieurs techniques avec les trois systèmes de base que sont la coque, la voilure et l'artillerie. L'évolution du système technologique du navire de guerre dans la marine française depuis la fin du XVIIe siècle jusqu'aux années 1780-1790 est le thème initialement retenu pour mener à bien nos recherches. Comme il n'existe pas d'étude d'ensemble sur le système propulsif, terme qui renvoie au gréement (voiles, cordages, mâtures et poulies) nous avons en conséquence travaillé dans une perspective un peu particulière qui valorise le moteur éolien par rapport à l'ensemble du système. Nous avons ainsi privilégié l'étude de la navigation et spécialement celle des qualités nautiques des bâtiments de guerre. L'histoire des techniques a pris en compte les progrès réalisés dans le domaine de l'armement naval aux XVIIe et XVIIIe siècles. La montée en puissance des marines de guerre européennes est sans précédent et de fait, l'avance technologique est 14 devenue un enjeu stratégique. Pour maintenir une flotte de guerre à un réel niveau d'efficacité, outre le problème des effectifs, innover est indispensable. Mais tout progrès réduisant la valeur du matériel existant, contrôler la nouveauté devient aussi un impératif. La maîtrise de l'innovation suppose la mise en oeuvre par les gouvernements de différents moyens tels que la formation des hommes, l'importation ou l'acquisition illicite de techniques étrangères. La politique d'espionnage engagée par Colbert, la contribution du monde des savants ou bien la création de l'école des ingénieurs de la marine en 1765 témoignent de la volonté française de dominer le secteur très technologique de la construction navale. Dans l'évolution générale des techniques de l'époque moderne, période de maturité des systèmes classiques, le navire de guerre présente un cas spécifique. S'il est vrai que le vaisseau de ligne mis au point dans la première moitié du XVIIe siècle conserve le même système technique bois-voile, il faut par contre souligner son extraordinaire perfectionnement pendant près de deux cents ans. La difficulté étant justement de repérer les modifications successives qui jalonnent son évolution jus- que dans les années 1830-1840, des « micro-innovations » qui passent le plus sou- vent inaperçues3. Quatre thèmes de recherche ont été définis autour de l'idée-force d'un progrès technique rapide et continu. Le premier thème concerne la normalisation du matériel naval, la standardisation étant généralement perçue comme un progrès. La fabrication en série des vaisseaux de guerre en bois, telle qu'on doit la comprendre, correspond en fait à un système intermédiaire équivalent à l'interchangeabilité de certaines pièces du navire. Pour les dirigeants français se succédant au secrétariat d'Etat à la Marine, l'homogénéisation de la flotte de guerre reste un objectif prioritaire tout au long du XVIIIe siècle. Elle est même regardée comme un avantage tactique pour combattre la puissante marine anglaise. La politique de normalisation suivie par la France pourrait même avoir été très excessive dans ses applications, l'uniformisation du navire étant recherchée dans sa globalité. Le second thème choisi a pour objet l'examen des conditions permettant l'innovation. Les savants du XVIIIe siècle ont eu à résoudre les problèmes posés par la construction navale. Le progrès général des sciences en France est aussi considéré comme un excellent moyen pour venir à bout de la suprématie anglaise. Pour obtenir une meilleure conception du vaisseau de guerre, il est nécessaire de comprendre comment il fonctionne. L'effort de rationalisation et la codification des connaissances sont ici étroitement liés. Nous avons surtout cherché à observer les rapports entre les milieux scientifiques et la marine royale, à mesurer précisément 15 leur influence et à montrer concrètement l'opposition fréquente entre la théorie et la pratique. Si l'apport du savoir théorique dans l'amélioration du vaisseau de guerre français doit être justement évalué, il convient aussi de dresser un bilan des acquis et des questions non résolues par les sciences dans le domaine naval à la fin du XVIIIe siècle. A l'opposé, la marine anglaise paraît plus technicienne, la Royal Navy réalisant discrètement des progrès décisifs. Toutes les marines de guerre en Europe l'espionnent en permanence. La qualité de ce renseignement et son impact dans la marine française mérite un examen minutieux (quelle que soit la période considérée, la comparaison avec la marine anglaise sera très instructive). Les deux derniers thèmes de recherches ont un domaine de réflexion commun avec l'étude des résultats d'un progrès technique continu. Il est essentiel, en premier lieu, d'observer le fonctionnement du navire en mer. La qualité et l'abondance des sources concernant la flotte de la guerre d'Indépendance américaine et les unités qui la renouvellent par la suite ont déterminé notre choix de la période 1760-1790. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la marine française a voulu compenser son infériorité numérique par une supériorité technologique4. La défaite de la guerre de Sept Ans conduit à s'interroger sur la réalité de cette supériorité. Nous avons toujours retenu l'hypothèse d'une défaillance technique pour chaque conflit bien qu'elle ne soit pas nécessairement la seule explication à un échec naval. Un budget trop faible est à l'origine de bon nombre de problèmes comme l'absence d'entretien de la flotte ou le manque d'entraînement à la mer des hommes d'équipage et des officiers. En conservant le même esprit critique, dresser un bilan du vaisseau français à la veille de la tourmente révolutionnaire s'est imposé. Les trois types de bâtiments qui composent les escadres de la marine royale des années 1780 suscitant beaucoup d'éloges, en particulier le vaisseau de 74 canons, dans le doute, d'éventuels points faibles ont été recherchés. Nous avons travaillé le plus souvent avec des documents d'archives et des manuscrits. La matière de cette étude a été puisée dans les fonds Marine conservés aux Archives Nationales (Paris) au Service Historique de la Marine (Château de Vincennes) et dans les dépôts d'archives portuaires de Brest, de Rochefort et de Toulon. Les sources imprimées n'ont pas été négligées car il existe une littérature technique abondante. La consultation des nombreux ouvrages publiés au XVIIIe siècle (traités touchant à la construction navale, spécialement l'Encyclopédie Méthodique Panckouke) est indispensable5. Nous avons été rapidement confrontées à deux sortes de difficultés. En raison d'une part de sources imprimées qui étaient trop abstraites car très théoriques et 16 d'autre part de documents d'archives où les réalisations concrètes étaient masquées par une abondance de projets.