Du Barrage De Manantali Sur L’Organisation Socio-Spatiale Et Physique Des Territoires Riverains
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UNIVERSITE PARIS 8 - VINCENNES – SAINT-DENIS École Doctorale Sciences Sociales - ED 401 Laboratoire dynamiques sociales et recomposition des espaces LADYSS Thèse présentée pour obtenir le grade de Docteur de l’Université Paris 8 Domaine Géographie Présentée par COUMBA CISSE Le 09 juin 2016 Sous la direction de Bezunesh TAMRU Titre : «VIVRE À L’OMBRE PROCHE» DU BARRAGE DE MANANTALI: LES REPRESENTATIONS SOCIALES DES IMPACTS DANS LES CAMPEMENTS ET LES VILLAGES ENVIRONNANTS. JURY Anne OUALLET, Professeure, Université Rennes 2 Rapporteur Kouassi Paul ANOH, Professeur, université Félix-Houphouët-Boigny Rapporteur Adrien COLY, Enseignant Chercheur, Université Gaston Berger Michel LESOURD, Professeur émérite- université de Rouen Alphonse YAPI-DIAHOU, Professeur des universités, Université Paris 8 Bezunesh TAMRU Professeure des universités, Université Paris 8 Directrice 1 | P a g e RESUME En 1988, le Bassin du fleuve Sénégal au Mali a vu la mise en service d’un barrage par l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS). L’objectif principale est la production d’énergie électrique partagée entre : le Mali (52%), le Sénégal (33%) et la Mauritanie (15%). Mais l’apparition de cet ouvrage constitue une perturbation profonde dans l’organisation et le fonctionnement des espaces riverains. Les territoires autour du Bafing, affluent où se localise le barrage, se trouvent ainsi cloisonnés en une partie amont et aval du lac de retenue. Ce dernier a insufflé une nouvelle dynamique spatiale avec l’installation récente de 25 campements de pêche. Cette nouvelle économie constitue un facteur d’attraction de pêcheurs professionnels venus des régions du Centre du Mali, particulièrement de Mopti et de Ségou. Le lac devient ainsi une immense réserve de poissons avec des tailles plus importantes par rapport à ceux capturés dans les affluents du Bafing, du Bakoye, ou même du fleuve Sénégal. En amont du barrage, la pêche devient la première activité économique poussant des jeunes agriculteurs et éleveurs «autochtones» à une reconversion professionnelle pas toujours aboutie. Les campements de pêcheurs occupent un ancien site des villages déplacés lors de la construction du barrage. Trente-trois villages sont actuellement réinstallés en aval du barrage dans le finage d’autres hameaux préexistants. Cette cohabitation bouleverse l’occupation de l’espace et entraine des tensions foncières. Certains sites comme Manantali à 5 km du barrage en sont les grands bénéficiaires. Ce village s’est transformé en un véritable « centre-rural », en accueillant les cadres et les ouvriers qualifiés et toute la main d’œuvre venus du Mali voire de l’étranger. Cet afflux d’habitants urbanisés a profondément changé la configuration du site et l’a surtout fortement ségrégué. Les bureaux de la société d’exploitation au pied du barrage, le vieux village de Manantali, les cités des ouvriers et celle des cadres sont autant de témoins d’un espace urbain en devenir, fonctionnel et très inégalitaire. Le principal objet de cette étude est l’étude des impacts du barrage de Manantali sur l’organisation socio-spatiale et physique des territoires riverains. L’entrée par une lecture des représentations sociales, consensuelles comme conflictuelles, par les habitants et les différents acteurs, est privilégiée. L’analyse des données quantitatives et des différents discours identifie les expressions tant des effets environnementaux physiques que socioéconomiques suscités par l’ouvrage. Le concept de représentations sociales est posé de la façon suivante: «les représentations forment des codes mémorisés par le cerveau, mobilisables de façon consciente et se prêtant à de multiples utilisations mentales. Ces codes servent en particulier à décrypter notre environnement géographique, mais aussi à communiquer avec autrui, à rêver, imaginer, planifier et orienter nos conduites ou nos pratiques les plus diverses» (DI MEO, 2008). Cette étude d’impact se positionne donc le domaine de la géographie sociale. Au cœur de cette étude se trouvent les acteurs, les responsables politiques à différentes échelles, et surtout l’habitant ordinaire qui vit à l’ombre du barrage de Manantali. Cette notion d’ombre doit être comprise dans la polysémie des impacts de 2 | P a g e l’ouvrage, tout autant néfastes que bénéfique, et par rapport à son aire d’influence. Les principales zones d’étude considérées se situent à « l’ombre proche » de l’ouvrage, ou à l’échelle locale, dans un rayon de 50 kilomètres autour du barrage. Il s’agit de 8 villages déplacés et anciens. Mais également des 25 campements de pêche autour du lac de retenue. L’étude de la zone de chalandise, ventes de poissons du lac de retenue, conduit à la considération de deux autres échelles : régionale et nationale. Des responsables de structures administratives et des représentants de l’État malien ont ainsi été interrogés en concordance avec les niveaux territoriaux étudiés. En termes méthodologique, quatre procédés de collectes de données sont utilisés : l’enquête auprès des habitants, l’observation, l’entretien individuel et l’entretien collectif. L’approche comparative met en exergue les différences et les similitudes des formes de représentations. Une analyse multivariée est entreprise pour résumer la masse d’informations plurielles collectées. La combinaison de deux méthodes de traitement de données qualitatives et par leur cartographie, est choisie. L’analyse des correspondances multiples (ACM) et l’analyse factorielle des correspondances (AFC) servent à examiner les informations des questionnaires et des guides d’entretien semi-directifs. Les axes résumant ces informations sont par la suite cartographiés. Les résultats montrent des expressions plus subtiles dans les représentations des habitants ordinaires et des acteurs. Mais, ils révèlent aussi une distinction entre une forme «d’ombre spatiale», «une ombre protectrice» et une «ombre malfaisante». Mots clés : représentations sociales, impacts, barrage hydroélectrique, Haut bassin du fleuve Sénégal, villages, campements, échelles. 3 | P a g e À mon père 4 | P a g e REMERCIEMENTS Cette recherche a été réalisée grâce au soutien de nombreuses personnes. Mes premiers remerciements vont à la professeure Bezunesh Tamru, qui a accepté de diriger cette recherche. Sa patience, ses suggestions pertinentes ont aidé à dépasser les premières interrogations, et à comprendre la pertinence d’une approche dans le sens de la géographie sociale. La formation professionnelle dont j’ai pu bénéficier, à l’occasion d’un de ses programmes de recherche, m’a permis de développer des compétences pratiques, et des connaissances qui m’ont été utiles. Je lui exprime donc ma gratitude profonde et très sincère pour son orientation, ses corrections, sa grande attention, l’aide qu’elle a pu m’apporter tout au long de cette recherche. Je tiens à remercier le professeur Alphonse Yapi-Diahou pour son appui dès la construction du projet de thèse, qui n’aurait jamais existé sans sa grande disponibilité. Ses conseils précieux, ses encouragements et ses orientations dans les moments difficiles de la thèse m’ont beaucoup poussé à croire en l’exécution de ce projet. Je remercie également les membres du jury, Anne Ouallet, Michel Lesourd, et Adrien Coly, qui ont bien voulu être rapporteurs et/ou examinateurs de ce travail. J’exprime toute ma gratitude à Adrien Coly et à Boubou Aldiouma SY, avec qui j’avais souhaité travailler dans le cadre d’une co-tutelle entre l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et L’université Paris 8. Ce souhait n’a pas pu être réalisé, malgré tout le soutien de mes enseignants de l’UGB, pour des raisons financières et de famille. Je voudrais néanmoins remercier tous mes enseignants du département de géographie de l’UGB qui m’ont offert cinq années de formation et m’ont donné le goût du travail bien accompli. Au Sénégal, la rencontre avec les équipes du Haut-Commissariat a été possible grâce à l’aide de Saloum Cissé. Son objectif a été de m’encourager à aller le plus loin possible dans mes études. Pour cela, il n’a pas hésité à financer mes déplacements, à m’acheter du matériel informatique, je lui exprime toute ma gratitude. Le statut de stagiaire à Dakar a été avantageux, je souligne ma reconnaissance à Tamsir N’diaye, à sa secrétaire, et à toute l’équipe de la Direction de l'Environnement et du Développement Durable. Au Mali, je tiens à remercier toute la famille Cissé, Diabaté, Sylla, Konaté, qui m’ont accueilli dans leurs foyers lors des deux campagnes terrains. J’exprime toute ma gratitude à l’ancien directeur de l’Eskom Energie Manantali. sa, et à tous les services de la société d’exploitation du barrage. Le Service Santé Sécurité Environnement, et la cellule limnologie ont été mon équipe d’accueil lors des trois séjours à Manantali. Je remercie infiniment la directrice Madame Mariame Sissoko Konaté, et son agent Monsieur Bécaye Togola pour leur disposition, leur professionnalisme, et leur confiance. Ils m’ont permis de connaître le lac, les campements, les villages, et l’environnement de travail de la société d’exploitation. Je souhaiterais remercier toutes les personnes qui bien voulu répondre à mes questions lors des enquêtes, des entretiens individuels ou des entretiens collectifs. Vos réponses, les discussions, le séjour à vos côtés lors des terrains m’ont aussi enrichi 5 | P a g e humainement. Je remercie mon grand-père Makhily Gassama qui a m’a accordé sa confiance et a financé mon voyage d’étude en France. En France, je remercie toutes les personnes qui m’ont aidé à m’installer, à trouver mon premier travail d’étudiant indispensable en l’absence d’une bourse doctorale. Je veux citer Géraud Magrin et Olivier Ninot, merci à vous. Mes remerciements vont aussi à tous les enseignants du LADYSS/Paris 8, mes collègues et amis du PRCU, un grand merci à Antoine, à Alexia, et Jean Yves pour la relecture. J’adresse également mes remerciements à Diego qui aidé à la finalisation des nombreuses cartes.