Cappelli Fabien Vol.2.Pdf
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On ne peut plus les détacher du grain de la chaux, ni de la forme des meubles, ni de l’odeur de la soupe, ni des petits défauts qui courent sur les miroirs et s’agglutinent en minuscules taches noires. Ils se logent même dans les assiettes ébréchées, dans un pull qui se feutre, dans le manche d’une casserole qui ne tient plus vraiment, ou dans le bois d’une porte qui s’est enflée d’humidité. On vit a#ec, mais on #oit que ça cloche. Le mot prolongation est inscrit dans ces dimanches-l(. Il faut in#enter une nouvelle couleur pour lui, disons jaune foncé. On a fait semblant de croire qu’il était #rai, on a essayé. Il a tenu pendant des années. *n jour, il est tombé. On a compris qu’il était truqué. 1 (89) ,lors, je raconte l’enfance, la métaphysique des adolescences inquiètes pleines de chagrins et de crépuscules, et la Princesse parle ( son tour, si correcte et si fine, et si nette ( la fois. Je la regarde en silence, a#ec respect. Elle n’est pas grande, mais tr-s droite, portant haut sa princière petite tête, que j’imagine tr-s bien rehaussée d’un diadème. Elle a un nez extraordinairement grec, et des yeux très rapprochés, noirs et francs, qui regardent a#ec bonté et franchise, une petite bouche serrée, un peu cruelle, sur des dents étincelantes. 1st'elle belle 3 je ne sais pas... Elle est étrange, toute #êtue de satin blanc, a#ec de merveilleuse épaules nues, qui ne sont pas gênantes ( #oir, ne donnant pas l’impression 1. FELLOUS Colette « Avenue de France » 213 214 ANNEXE A. EXEMPLIER MOUVEMENT FICTIF d’une nudité outrée parce qu’elles sont jeunes et belles, sans parure, et un tulle appliqué ( la naissance des seins qui paraissent petits et ra#issants. Le tout fuit et se perd dans cet étonnant satin de conte de fées. Ses bras nus sont recou#erts, entourés de perles qui sont des colliers enroulés depuis le poignet grêle )usqu’au coude. Je me suis séparée d’elle pour causer ( d’autres, elle s’est approchée d’une #ieille fille étrange, laide, et d’une intelligence évidente, a#ec laquelle elle a parlé. 7’un geste net et autoritaire, elle m’a appelée de nouveau. Je l’entendis me présenter en ces termes 8 9 Mademoiselle ;a#et, qui a écrit de beau po-mes ”, et je balbutie 9 que la princesse est trop indulgente, et que je n’ai mis dans ces po-mes que mon coeur, mon coeur émer#eillé d’enfant ”. La soirée autour de nous déplie ses lustres, ses maîtres d’hôtel, ses dorures de salon ( la XVIIIe, très @ersailles tout cela, très Régence. Étienne de Ceaumont circule a#ec sa grande tête ( la Turenne, son nez bourbonien, et sa courtoisie charmante, toute en gestes et en sourires. 2 (90) &a fenêtre de notre chambre donnait sur la place aux #ieilles maisons étroites et sur la boulangerie odorante, ( côté des marches oE la vieille Madeleine se tenait assise, en robe et tablier noir, ses cheveux de neige tirés en un minuscule chignon. Elle passait l( le plus clair de ses journées ( ba#arder a#ec le #oisinage, ( rire de sa bouche édentée a#ec les enfants qui lui grimpaient sur les genoux. Une exubérante glycine envahissait la façade, ses tentacules curieu rampaient dans l’ouverture de la fenêtre, que nous avions renoncé ( fermer complètement cet été- là, tu t’en souviens 3 Le léger #oile blanc du rideau tiré s!accrochait au feuilles en bougeant. Ce matin-là, je me suis levée très tôt pour partir et te quitter. &es enfants étaient chez les grands-parents près d’Aix'en-Pro#ence. 3 (91) En même temps il m’a été prescrit un protocole de chimiothérapie postopéra- toire différent du précédent et, toutes les trois semaines, je dois porter durant cinq jours d’affilée, même la nuit, une espèce de harnachement 8 j’ai, autour de la taille, une ceinture et un sac banane renfermant une bouteille de plastique en forme de biberon qui contient les produits de chimio. De la bouteille part un mince cordon de plastique transparent, qui me monte entre les seins jusque sous la cla#icule, s’achève par une aiguille plantée dans le cathéter, masquée par un pansement. 7es bouts de sparadrap maintiennent le le cordon contre la peau dont la chaleur fait monter et s’écouler les produits dans mes #eines. I cause du sac devant mon #entre je ne peux pas fermer ma #este ou mon manteau et )’ai du mal ( cacher le fil qui sort et passe sous mon pull. Juand je suis nue, a#ec ma ceinture de cuir, ma fiole toxique, mes marquages de toutes les couleurs et le fil courant sur mon torse, je ressemble ( une créature extraterrestre. Je ne 2. HAVET Mireille « Journal 1918-1919 » 3. CHAIX Marie « L’été du sureau » 215 sais plus déterminer quelles autres photos ont été faites quand )!a#ais ce corps. Cela ne nous empêchait pas de faire l’amour. Il déclarait 8 L Tu n’es pas une cancéreuse sérieuse. M 6i )e me réf-re ( la prière des vieux missels, 6ur le bon usage des maladies, le mien, d’usage, m’apparaît le meilleur que j’aie pu donner au cancer. 4 (92) ,#ant de rentrer ils firent une visite L touristique M 8 l’,bbaye de Nontfroide.Oasis de fraîcheur réelle, mais au moins autant suscitée par le nom, par l’appel d’eau de L Nont M, qui est L fontaine M en pro#ençal, et par l’offre d’une délivrance de la canicule que promet L Nroide M, mot non L #alise M mais mot de fusion, NontFroide. Nontaine de silence dans l’assourdissement des criquets, des pneus de #élo crissant de freins sur le chemin tournant, descendant, poussiéreux, dans la lumière poussiéreuse et bruyante de fin septembre. Ombres médiévales in#isibles ( déambulation rectangulaire. Ombres silencieuses protégées par la pierre, par le trésor de l’eau nourrice de paix, par la pierre #ertueuse protec- trice de la contemplation muette des reclus. 1t les murs entiers du quadrangle intérieur, de l’espace géométrique réservé ( la lente séculaire circulation mé- ditative, étaient couverts de glycines O un parfum invraisemblablement intense rayonnait de leurs grandes grappes bleues O pas le bleu de la mer tel qu’en sa deuxi-me #ision, un bleu plus clair O ni le bleu un peu violet des iris, mais un bleu bouclé, léger et froid comme une eau sortie en mousse d’une bouche de fontaine. 5 (93) .our aller aux Buttes-Chaumont, du côté oE se trouve la rue Jean'Ménans, la station de métro la plus proche est Bolivar. Si on vient de la station Pigalle, il faut changer ( Jaurès. Si on #eut éviter le changement, on descend ( Jaurès, et on monte l’a#enue Simon'Bolivar, celle qui fait un large mouvement grimpant et tournant pour aller ( la rencontre du parc, beaucoup plus haut, ( la sta' tion nommée précisément Buttes-Chaumont. Mais ceci est une autre histoire. Successivement on passe, partant de Pigalle, par 8 ,n#ers, Barbès, La Chapelle, Stalingrad et Jaurès. An#ers est la station où se trouve le lycée Jacques-Decour, ancien collège Rollin, oE enseigna Mallarmé. J’y a#ais été élève. 6 (94) *n jour de mars, Jeanne Bousque, ( peine son ménage terminé, se dirigea #ers le haut plateau des .elgrin. 7’habitude, elle ne prenait ce raccourci que le dimanche, pour aller ( sa messe. On fut donc étonné de l’y apercevoir un jour de semaine, d’autant qu’elle marchait vite et saluait ( peine les uns et les autres, de crainte d’être arr"tée par quelqu’un et retardée. Elle piqua droit ( tra#ers les 4. ERNAUX AnnieMARIE Marc « L’usage de la photo » 5. ROUBAUD Jacques « Parc sauvage » 6. ROUBAUD Jacques « Impérati catégorique » 216 ANNEXE A. EXEMPLIER MOUVEMENT FICTIF luzernes et prit la route qui traversait le village O puis elle commença la montée du plateau par ce chemin qui serpentait entre nos vignes. Elle arriva sur le grand terre-plein qui dominait le pays, #ers les onze heures. Son visage était rougi par le #ent et elle soufflait un peu, parce qu’elle s’était pressée pendant la dure montée. ' Hé R Juel bon #ent #ous amène, Madame Bousque 3 7 (95) 313. Situé au milieu d’une salle obscure, un projecteur qui tourne lentement sur lui-même diffuse la diapositive d’un homme nu. Le mur qui l’entoure est irrégulier 8 cabossé de creux et de reliefs, ses pans ondulés s’éloignent et se rapprochent, s’inclinent et se redressent. Il ressemble ( un miroir pano' ramique déformant, mais, peint en blanc, il ne ré$échit que l’image projetée sur lui 8 celle de l’homme nu, qui, en épousant les irrégularités, semble glisser d’une métamorphose ( l’autre. 7éformé, grimaçant, allongé, élargi ou rétréci, il tombe et se redresse, s’approche et s!éloigne. 8 (96) &a vieille Cousque arrivait toujours si précipitamment que le temps semblait lui manquer.