Metamorfosi La Fonte Musica Michele Pasotti menu tracklist

Le mythe de la transformation dans l’ Par Michael Scott Cuthbert Metamorfosi Trecento Par Michele Pasotti Michele Pasotti & La fonte musica bios français / english / deutsch textes chantés

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MetaMorfosi trecento

Francesco Landini da Firenze (c.1325-1397) 1 Sì dolce non Sonò chol lir’ orfeo 2’21 (c.1355-after 1436) 2 non più infelice 5’51 JacoPo da (f.1340-c.1386) 3 fenice fu’ 2’11 anonyme (c.1360?) 4 Tre fonTane (inSTrumenTale) 7’15 (1291-1361) 5 in nova ferT/GarriT GalluS/neuma 2’49 (c.1300-1377) 6 phyTon, le mervilleuS SerpenT 4’32 (f.1370-1403) 7 calexTone 4’40 antonio ‘zacara’ da teramo (1350/60-after 1413) 8 ie Suy navréS/Gnaff’a le GuaGnele 2’44

4 FiLiPPotto da caserta (f.2nd half XiVth century) 9 par le GranT Senz d’adriane 9’54 (f.first half XiVth century) 10 Sì com’al canTo della bella yGuana 4’02 niccoLò da (f.2nd half XiVth century) 11 Qual perSeGuiTa dal Suo Servo danne 4’33 (c.1365-1405) 12 STrinçe la man (inSTrumenTale) 1’17 13 non al Su’ amanTe più diana piacQue 3’26 (fl. ca.1400-1416) 14 Già da reTe d'amor 5’02 JacoPo da BoLogna 15 Sì chome al chanTo della bella yGuana 3’02 totaL time: 63’39

5 menu

La Fonte Musica MicheLe Pasotti medieval & direction franceSca caSSinari soprano alena danTcheva soprano Gianluca ferrarini tenor mauro borGioni baritone efix puleo Fiddle Teodoro baù Fiddle marco domenicheTTi recorder federica bianchi clavicymbalum marTa Graziolino gothic

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menu Le mythe de La transformation dans L’ars nova Par Michael Scott cuthbert

Il a fallu une sorcière ayant le pouvoir de transformer les hommes en porcs pour amener Ulysse à perdre tous les autres plaisirs au monde ; mais, pour moi, il suffirait que tu sois mienne pour me faire renoncer à tout autre désir.

Telles sont les pensées du narrateur de la dernière de ce disque, Sì chome al chanto, et des chanteurs de tant de pièces chantées dans l’Italie de la fin du XIVe siècle et du début du XVe. Les commencent par évoquer des créatures mythiques, des contrées magiques et des transformations fantastiques, transportant de manière frappante l’auditeur bien plus loin qu’il n’aurait jamais pu l’imaginer. Mais, dans bien des cas, comme dans les trois madrigaux de Jacopo da Bologna, après un soudain revirement, le chanteur révèle que tous ces plaisirs et transformations pâlissent en comparaison avec la grande joie qu’on peut éprouver ici et maintenant.

Pour les premiers auditeurs de ces œuvres, sur un continent ravagé par la peste noire de 1348 et les épidémies suivantes, l’idée que ce monde puisse rivaliser en quelque manière que ce soit avec les délices d’autres mondes (que ce soient ceux du mythe classique ou de l’au-delà chrétien) était sans doute difficile à admettre. Pourtant, il y a un paradoxe dans toute peinture du monde surnaturel, des histoires d’Homère aux films d’aujourd’hui : plus le voyage est fantastique, beau, extraordinaire, plus il témoigne des pouvoirs de transformation que possèdent leurs propres narrateurs et leur propre technique. Les scribes ont continué à

8 copier ces œuvres dans des manuscrits des décennies plus tard, bien après la mort de leurs FRANç A is compositeurs, parce que leurs textes et leurs musiques révélaient non seulement combien un autre monde peut être extraordinaire, mais aussi combien notre propre monde est subtil et complet.

Les œuvres choisies pour ce disque reflètent l’éventail d’époques et de lieux correspondant au concert idéal du début du XVe siècle. On trouve les œuvres les plus récentes d’Antonio et de Matteo da Perugia, à côté de classiques comme Jacopo et Francesco. Beaucoup de musique fut écrite localement, mais les Alpes ne pouvaient empêcher l’importation de grandes œuvres de compositeurs comme Guillaume de Machaut et Philippe de Vitry (ou l’un de ses contemporains anonymes) – et, du reste, un compositeur italien cosmopolite comme Filippotto da Caserta pouvait composer sur des textes français aussi bien qu’italiens (ou latins), en sachant que ses auditeurs comprendraient ou du moins apprécieraient la variété et la diversité de telles formes fantastiques (musicales et mythologiques) dans leur juxtaposition.

Ce que cela représentait pour les auditeurs de l’époque, d’entendre évoquer les transformations et les voyages, les phénix et les serpents magiques, nous ne le saurons jamais exactement. J’espère néanmoins que pour eux, c’était proche de la joie que j’éprouve quand j’entends les interprétations de La fonte musica : une agréable surprise, un monde transformé et, par- dessus tout, une reconnaissance pour les grands musiciens d’il y a des siècles et d’aujourd’hui qui ont rendu ce disque possible.

9 metamorfosi trecento Par Michele PaSotti

« Bien que ces choses ne soient jamais arrivées, elles existent toujours. » – Salluste

Il était un temps où le mythe était l’explication la plus puissante de notre monde, où l’existence des hommes, des animaux, des dieux, des arbres et des fleurs était reliée dans une chaîne fluide en constant mouvement. Changer de forme était une façon – sinon la façon – de savoir.

Les mythes les plus influents dans la culture européenne étaient et restent ceux des Grecs. La culture italienne et française du XIVe siècle a vu une renaissance de l’Antiquité qu’on associe normalement à l’humanisme du siècle suivant. Metamorfosi Trecento est le titre d’une recherche musicale sur les mythes classiques qui persistent dans la polyphonie médiévale tardive. Les mythes anciens, transmis essentiellement par les Métamorphoses d’Ovide, et ses traductions et adaptations médiévales, apparaissent dans plusieurs pièces du répertoire de l’Ars nova. Mais le mythe ne revient pas sans une métamorphose qui le transforme lui-même : ce qui était révélation de vérité dans le monde polythéiste se change en conte moral, en exemplum où apprendre à se conduire selon le système des vertus et des vices de l’éthique chrétienne, puis se change à nouveau en une histoire d’amour, archétype de la douleur, de la beauté et de l’impossibilité de l’amour courtois.

C’est en particulier cette dernière métamorphose, guidée par le pouvoir suprême de l’amour, qui donne sa nouveauté à la musique et à la littérature des cours aristocratiques. Dans les textes des chansons enregistrées ici, les mythes perdent leur fonction morale et commencent à servir plutôt la cour de l’amour. On peut du reste entendre dans le et les mélodies les plus

10 touchantes l’erreur du rêve d’amour de soi solitaire et délirant de Narcisse, qui l’amène à faire FRANç A is le voyage fatal dans l’autre dimension de l’eau et à renaître en fleur aquatique (Non più infelice). Ou l’histoire de Daphné, qui rêve de devenir un arbre pour échapper à Apollon (Qual perseguita), de Philomène, transformée en rossignol, ou d’Orphée, qui sait enchanter les bêtes sauvages, mais ne peut voyager dans le royaume des morts sans perdre l’amour (Sì dolce non sonò). Les mots nous parlent du monstre-serpent Python qui effraie l’Égypte (Phyton), de la merveilleuse histoire de Calisto, transformée en ours puis en constellation de la Grande Ourse pour être aimée par Jupiter (Calextone), et de l’amour malheureux d’Ariane et de Thésée, du labyrinthe funeste (Par le grant senz d’Adriane) transformé en allégorie politique. On entend parler de Méduse et de son terrible regard (Strinçe la man, Sì dolce non sonò), de Diane et de son amant infortuné, Actéon (Non al su’ amante più Diana piacque), et du chant trompeur de la nymphe- sorcière (Circé), la « bella Yguana », symbole d’apparitions séductrices et métamorphosées, et de l’enchantement hypnotique de la musique (Sì chome al chanto della bella Yguana).

Notre programme commence et finit sur cet enchantement, avec « le pouvoir de la musique » (comme le diront Dryden et Haendel trois cents ans plus tard en parlant du mythique Alexandre), et son pouvoir dans la musique de l’Ars nova en particulier. Sì dolce non sonò, notre début, crée une forêt enchantée à la fois en mots (un vers sur deux se termine par le mot « bois », et le texte n’est qu’une forêt de différents mythes) et en musique, laquelle consiste en un contrepoint dense, complexe et compliqué, dont les branches semblent croître dans toutes les directions possibles. Il y est question d’un coq (« gallus », mot qui désigne également un Gaulois, c’est-à-dire un Français) dont le chant est plus beau et plus doux que celui d’Orphée, d’Apollon, de Philomène (le rossignol) ou d’Amphion. Toutes les « autorités » mythiques sont surpassées par une nouvelle manière de chanter, qui vient de la forêt, et qui n’a jamais été entendue auparavant : c’est l’art nouveau, l’Ars nova, et ce Gaulois est Philippe de Vitry. À la différence de Méduse qui paralysait, le pouvoir que produit la nouvelle musique peut mouvoir le

11 monde, et le rendre aussi fluide et changeant que l’est sa nature. « Francesco cieco horghanista de Florentia » (Francesco, l’organiste aveugle de , également appelé Landini), en tant que nouvel Orphée, rend hommage à Philippe. Ce dernier ouvrit la voie, inaugurant l’Ars nova avec un citant les deux premiers vers des Métamorphoses d’Ovide : « In nova fert animus mutatas dicere formas » (« Mon génie me porte à raconter les formes changées en de nouveaux corps »). On pourrait dire que tout l’Ars nova débute sous le signe de la métamorphose, des changements radicaux, dans une attitude expérimentale qui est peut-être sa plus grande force.

Sì chome al chanto della bella Yguana termine notre voyage, évoquant le retour d’Ulysse et le chant de la magicienne Circé, qui le distrait pendant une année entière. Bien qu’elles soient assez différentes, dans les versions de Piero et de Jacopo une quête du merveilleux, du surnaturel, et même du terrifiant dans la musique. On y entend des évocations du chant fabuleux de la magicienne (les deux premiers longs « accords » chez Jacopo, et la berceuse sidérale qui termine la version de Piero), et, à la fin, de la magie de la musique : son pouvoir onirique et hallucinatoire de nous transporter à travers différentes formes et des états changeants.

« Bien que ces choses ne soient jamais arrivées, elles existent toujours », écrit Salluste à propos des mythes. Depuis le XIVe siècle, la musique a toujours bu à la source des mythes. Lorsque l’histoire n’était pas sacrée, que les compositeurs ne regardaient pas les grands récits de moralité du Christ, ils se tournaient vers le mythe comme un grand art et un répertoire inégalé d’histoires exemplaires et d’archétypes narratifs, dans lesquels tous les hommes et femmes peuvent et ont toujours pu se reconnaître. Le retour à l’ancien, dont ont émergé l’Orfeo de Poliziano et les expériences de théâtre musical florentines et mantouanes de la fin de la Renaissance, commence son voyage dans ces chansons de l’Ars nova.

12 La fonte musica FRANç A is

La fonte musica a été fondé pour interpréter l’étonnant répertoire musical qui s’étend de la fin du Moyen Âge au début de l’humanisme, plus particulièrement centré sur le Trecento italien. Au cœur de la démarche de La fonte musica se trouve l’exigence humaniste : « tornare alle fonti » (d’où le nom de l’ensemble), un « retour aux sources » de la polyphonie médiévale, à la signification plus profonde des textes, à un déchiffrage attentif de la rhétorique et de la grammaire musicales afin de traduire le langage de cette musique extraordinairement créative, expérimentale et raffinée – mais toujours méconnue dans une large mesure – et la laisser nous parler, aujourd’hui. La fonte musica s’est produit dans des festivals et des salles comme Oude Muziek (Utrecht), Resonanzen (Vienne), MAfestival (Bruges), Laus Polyphoniae (Anvers), Tage alter Musik (Herne), Wratislavia Cantans (Wroclaw), Konzertsaal der Wiener Sängerknaben, Les Inouïes (Arras), Teatro La Fenice (Venise). Ses concerts et CD sont diffusés par les chaînes de radio de toute l’Europe, dont la BBC (Royaume-Uni), Rai Radio Tre (Italie), ORF 1 (Autriche), la WDR et Kulturradio des RBB (Allemagne), RSI (Suisse), Radio 4 (Pays-Bas). Le premier CD de l’ensemble, Le Ray au Soleyl. Musica alla corte pavese dei Visconti (1360-1410), a été encensé par la critique, recevant 5 DIAPASONS (Diapason), 5 étoiles + A (disque du mois sur Amadeus), le SUPERSONIC AWARD (Pizzicato), KKKKK sur Klassik.com, jugé un « impressionnant premier disque », une « interprétation idéale », grâce à laquelle cette musique « atteint le niveau maximum de tension émotionnelle [...]. C’est seulement ainsi qu’un dialogue authentique avec ce moment extraordinaire dans la musique du Moyen-Âge est possible. » « Une production absolument parfaite. Ce répertoire extraordinaire est révélé ici avec un naturel étonnant [...]. La fonte musica offre une interprétation très équilibrée, sans rien de cette dureté qui affecte parfois d’autres enregistrements de ce répertoire. » « Une interprétation captivante : la variété des couleurs, le courage des gestes rhétoriques, la précision tranchante des accords [...] un mélange parfait de voix. Sensationnel ! Un merveilleux enregistrement, et des débuts mémorables. »

13 menu micheLe Pasotti

Le luthiste Michele Pasotti a fondé La fonte musica en 2005. Après avoir étudié le luth avec Massimo Lonardi et obtenu son diplôme avec la plus haute mention, il se spécialise dans la polyphonie du Moyen-Âge et de la Renaissance – qui restera toujours au cœur de ses préoccupations musicales. Il assiste à des séminaires à la Civica Scuola di musica à et à l’Escola superior de musica de Catalunya à Barcelone, et passe un diplôme avec mention sur l’Ars nova en Europe à l’Université de Rome « Tor Vergata ». Il se voit également décerner un diplôme avec mention en philosophie théorique par l’Université de Pavie. Depuis 2012-2013, Michele Pasotti donne des cours annuels sur l’Ars nova à la Civica Scuola di musica di Milano. Il est professeur de luth au Conservatorio di Musica « B. Maderna » de Cesena et donne régulièrement des master-classes et des conférences dans les conservatoires, écoles et festivals. En tant que luthiste, il est invité à se produire dans les plus grandes salles de concert et à participer aux plus prestigieux festivals à travers l’Europe, l’Amérique et l’Asie, travaillant avec des chefs comme Claudio Abbado, John Elliott Gardiner, Giovanni Antonini, Marc Minkowski et Thomas Hengelbrock. Depuis 2012, il enregistre et fait des tournées avec Cecilia Bartoli, se produisant aussi en soliste. Il joue régulièrement avec Il Giardino Armonico, I Barocchisti, Les Musiciens du Louvre, le Balthasar-Neumann Ensemble.

14 menu the myth of transformation in the ars nova

by Michael Scott cuthbert e N glish

It took a sorceress with the power to turn men into swine to cause Odysseus to lose every other pleasure in the world, but for me, all it would take to make me renounce every other desire would be for you to be mine.

Such are the thoughts of the narrator of the last song on this disc, Sì chome al Chanto, and of the singers of so many pieces sung or performed in late fourteenth and early fifteenth century . The songs begin with thoughts of mythical creatures, magical lands, and fantastic transformations, vividly transporting the listener farther than he or she could ever imagine. But then, in many cases, as in the three by Jacopo da Bologna, there is a sudden swerve where the singer reveals that all of those pleasures and transformations pale to what great joy can be found right in our here and now.

To the early audiences for these works, picking up the pieces of a continent ravaged by the Black Death of 1348 and subsequent plagues, the notion that this world could in any way rival the delights of others (whether of classical myth or of the Christian afterlife) may have been difficult to believe. Yet, there is a paradox in any depiction of the supernatural world, from the stories of Homer to the movies of today: the more fantastic, the more beautiful, the more extraordinary the journey, the more it testifies to the powers of transformation possessed by their own storytellers and their own technology. Scribes continued to copy these works into manuscripts decades later and after their composer’s deaths because their words and music showed not only how

15 extraordinary another world could be but about how subtle and complete our own world is. The works chosen for this disc reflect the range of times and lands that reflected the ideal concert of the early fifteenth century. We find the newest works by Antonio Zacara da Teramo and Matteo da Perugia along with classics such as Jacopo and Francesco. Much music was written locally, but the Alps could not prevent the importation of great works by the French composers such Guillaume de Machaut and Philippe de Vitry (or one of his anonymous contemporaries) – and indeed, a cosmopolitan Italian composer, such as Filippotto da Caserta could compose on French texts just as well as Italian (or Latin) and trust that his audiences would understand or at least appreciate the variety and diversity of such fantastic (musical and mythological) forms in juxtaposition.

What it was like to hear about transformation and travel, of phoenixes and magical serpents for listeners of the time, we will never know exactly. I hope though it was for them similar to the joy I experienced when I hear the renditions of La fonte musica: a delightful surprise, a transformed world, and, above all, an appreciation for the great musicians of centuries ago and of today who made this disc possible.

16 metamorfosi trecento by Michele PaSotti

“These things never happened, though they always are.” – Sallustius e N glish

There was a time, when myth was the most powerful explanation of our world, that the existences of men, animals, gods, trees and flowers were connected in a fluid and constantly moving chain. Changing forms was a way – if not the way – to know.

The most influential myths in European culture have been and remain those of the Greeks. In the Italian and French cultures of the fourteenth century there occurred a rebirth of Antiquity that we normally associate with the following century’s humanism. Metamorfosi Trecento is the title of a musical investigation of the classical myths enduring in late medieval polyphony. The ancient myths, transmitted mainly through Ovid’s Metamorphoses and its medieval translations and adaptations, appear in several pieces belonging to the Ars Nova repertoire. But myth does not come back without a metamorphosis transforming the myth itself: what was an epiphany of truth in the polytheistic world, changes into a moral tale, an exemplum which teaches how to behave according to the system of virtues and vices of Christian ethics, and changes again into a love story, an archetype of the pains, beauty and impossibility of courtly love.

It is particularly this last metamorphosis, the one which is guided by the supreme power of love, that gives novelty to the music and literature of the noble courts. In the lyrics of the songs recorded here myths lose their moral function and begin instead to serve the court of love. One can in fact hear in the singing and in the most touching melodies the error of Narcissus's lonely and delirious dream of self-love, which caused him to take the fatal voyage into water’s other

17 dimension, thus becoming reborn as a water-flower (Non più Infelice). Or the story of Daphne who dreamt of becoming a tree to escape Apollo (Qual Perseguìta), of Philomena, turned into a nightingale or of Orpheus who could enchant the beasts, but could not voyage into the realm of death without losing love (Sì dolce non sonò). The words tell of the serpent-monster Python which frightens the Egypt (Phyton), the marvelous story of Calisto, who was transformed into a bear and then into the Ursa Major constellation in order to be loved by Jupiter (Calextone), and of the unhappy love of Ariadne and Theseus, of the fateful labyrinth (Par le grant senz d'Adriane) turned into a political allegory. We hear of Medusa and her terrible gaze (Strinçe la man, Sì dolce non sonò), of Diana and her unlucky lover Actaeon (Non al su’ amante più Diana piacque), and of the deceiving chant of the sorceress-nymph (Circe), the “bella Yguana”, symbol of seductive and metamorphic appearances and of the hypnotic enchantment of music (Sì chome al chanto della bella Yguana).

Our program starts and ends with this enchantment, with “the power of music” (as Dryden and Handel put it three hundred years later when speaking of the mythical Alexander) and of its power in Ars Nova music in particular. Sì dolce non sonò, our beginning, creates an enchanted forest both in words (every two lines end with the word “woods” and the text is nothing but a sylvan of different myths) and music, consisting in a dense, complex and intricate counterpoint whose branches seem to grow in every possible direction. It talks about a rooster (“gallus”, also the word for a Gaul, that is a Frenchman) whose chant (song) is better and sweeter than those produced by Orpheus, Apollo, Philomena (the nightingale), or Amphion. All the mythical “authorities” are surpassed by a new way of singing, which came out of the woods, and was never heard before : it is the new art, the Ars Nova, and this Gaul is Philippe de Vitry. Unlike the paralysis caused by Medusa, the power the new music produces can move the world, and let it be fluid and as ever-changing as its nature is. “Francesco cieco horghanista de Florentia” (Francesco, the blind organist of Florence, also called Landini), as the new Orpheus, pays homage

18 to Philippe. The latter opened the way, beginning the Ars Nova with a motet quoting the first two verses of Ovid's Metamorphoses: “In nova fert animus mutatas dicere formas” (“My mind is bent to tell of forms changed into new bodies”). One could say that the whole Ars Nova begins under the sign of the Metamorphosis, of radical changes, and an experimental attitude that is perhaps its greatest strength. e N glish

Sì chome al chanto della bella Yguana ends our voyage, talking about Ulysse’s Return and the singing of the sorceress Circe which distracts him for a whole year. Though they are quite different, in both Piero and Jacopo’s renditions there is a search for the wondrous, the marvelous, the supernatural, and even the terrifying in music. There are evocations of the sorceress’s fantastic singing (the first two long “chords” in Jacopo and the sidereal lullaby that ends Piero’s version), and, at the end, of the magic of music : its dreamy and hallucinating power to transport us through different states and changing forms.

“These things never happened, though they always are,” wrote Sallustius about myths. And from the fourteenth century onwards, Western music has always drunk from the myths’ source. When the story was not sacred, when composers were not looking at the great morality tales of Christ or of the Old Testament, they turned to myth as a grand and unsurpassed repertory of exemplary stories and narrative archetypes in which all men and women can and always could recognize themselves. The return to the ancient, from which Poliziano’s Orfeo and the late Renaissance Florentine and Mantuan experiments in musical theater emerged, begins its journey in these Ars Nova songs.

19 La fonte musica

La fonte musica was founded in order to interpret the astonishing musical era which spans the end of the to the beginning of Humanism, with a particular focus on Italian Trecento. Central to La fonte musica’s approach is the Humanistic demand “tornare alle fonti” (hence the ensemble’s name), “return to the roots” of medieval polyphony, to the deeper meaning of the lyrics, to a careful deciphering of the musical rhetoric and grammar in order to translate the language of this extraordinarily creative, experimental and refined – yet still largely unrecognised – music and let it speak to us, today. La fonte musica has performed at festivals such as Oude Muziek (Utrecht), Resonanzen (Wien), MA Festival (Bruges), Laus Polyphoniae (Antwerpen), Herne Tage, Wratislavia Cantans (Wroclaw), Konzertsaal der Wiener Sängerknaben, Les Inouies (Arras), Teatro La Fenice (Venice). Their concerts and cd recordings have been broadcast by radio stations all over Europe, including the BBC (UK), Rai Radio Tre (Italy), ORF 1 (Austria), WDR and Kulturradio des RBB (Germany), RSI (Switzerland), Radio 4 (Netherlands). The ensemble’s first CD recording “Le Ray au Soleyl. Musica alla corte pavese dei Visconti (1360-1410)” was highly acclaimed by the critics, receiving 5 DIAPASONS (Diapason), 5 stars + A (disc of the month on Amadeus) “SUPERSONIC AWARD” (Pizzicato), KKKKK on Klassik.com, being described as an “impressive first disc”, an “ideal performance”, thanks to which this music “reaches the maximum level of emotional tension … Only like this is an authentic dialogue with this extraordinary moment in the music of the Middle Ages possible”. “An absolutely perfect production. This extraordinary repertoire is revealed here with an astonishing nonchalance … La fonte musica offers a very balanced interpretation, without any of the harshness that sometimes affects other recordings of this repertoire.” “An exciting performance: the variety of colours, the courage of the rhethorical gestures, the sharp- edged precision of chords, … a perfect mix of voices. Sensational! A wonderful recording: a memorable debut.”

20 menu micheLe Pasotti

Michele Pasotti, lutenist, founded La fonte musica in 2005. He first studied lute with with Massimo Lonardi, graduating with the highest honours and later specialized in medieval and renaissance polyphony – subjects which have always been at the centre of his musical interests e N glish – attending seminars at the Civica Scuola di Musica in Milan, Escola Superior de Musica de Catalunya in Barcelona and receiving a first class degree for the course Ars Nova in Europa from Rome’s University “Tor Vergata”. He was also awarded a first class degree in Theoretical Philosophy by the University of Pavia. Since 2012/2013, Michele Pasotti has been giving annual courses on the Ars Nova at the Civica Scuola di Musica di Milano. He is professor of Lute at the Conservatorio di Musica “B. Maderna” in Cesena and regularly gives masterclasses and conferences in conservatories, schools, and at festivals. As a lutenist he has been invited to perform at the most eminent concert halls and as part of the most prestigious musical series throughout Europe, America and Asia, working with conductors such as Claudio Abbado, John Elliott Gardiner, Giovanni Antonini, Marc Minkowski and Thomas Hengelbrock. Since 2012 he has recorded and toured regularly with Cecilia Bartoli, performing also as a soloist. He regularly performs with Il Giardino Armonico, I Barocchisti, Les Musiciens du Louvre, Balthasar-Neumann Ensemble.

21 menu der verwandLungsmythos in der ars nova von Michael Scott cuthbert

Damit Odysseus die Lust an jedem anderen Vergnügen der Welt verlor, war eine Zauberin nötig, die die Macht hatte, Menschen in Schweine zu verwandeln, aber für mich wäre alles, was ich bräuchte, um auf jeden anderen Wunsch zu verzichten, dass du die Meine wirst.

Das sind im letzten Lied dieser CD, Si chome al Chanto, die Gedanken des Erzählers aber auch der Sänger vieler anderer Stücke, die im späten vierzehnten oder frühen fünfzehnten Jahrhundert in Italien gesungen oder aufgeführt wurden. Die Gesänge beginnen mit Schilderungen von mythologischen Wesen, Zauberländern oder fantastischen Verwandlungen und versetzen den/die ZuhörerIn in anschaulicher Weise an weiter entfernte Orte, als er oder sie es sich je hätten vorstellen können. Doch danach kommt es in vielen Fällen wie in den drei Madrigalen von Jacopo da Bologna zu einem plötzlichen Umschwung, mit dem der Sänger verrät, dass all diese Freuden und Verwandlungen schwach gegenüber der großen Freude sind, die in unserem Hier und Jetzt zu finden ist.

Dem ersten Publikum dieser Werke, dem diese Stücke in einem Kontinent zu Ohren kamen, der vom Schwarzen Tod und späteren Seuchen verwüstet worden war, könnte es schwer gefallen sein, der Behauptung zu glauben, dass diese Welt in jeder Hinsicht mit den Freuden anderer rivalisieren könne (egal ob es sich um die klassischen Mythen oder um das christliche Leben nach dem Tod handelte). Aber in jeder Schilderung einer übernatürlichen Welt – von den Geschichten Homers bis zu den heutigen Filmen – liegt ein Paradox: Je fantastischer, je

22 schöner, je außerordentlicher die Reise, umso mehr zeugt sie von den Verwandlungskünsten,

Le temps fixé par Dieu est de tous le meilleur. God's own time is the very best of times. En lui nous vivons, agissons, existons, In Him we live, and move, and have our being, aussi longtemps qu’il le veut. as long as He wills it. En lui nous mourons à l’heure juste, quand il le veut. In Him shall we die at the right time, if He wills.

Ah, Seigneur, apprends-nous à penser, Ah, Lord, teach us to number our days, Que nous devons mourir, that we may apply our hearts unto wisdom. Afin que nous devenions sages.

Mets bon ordre en ta maison ; Set thy house in order: Car ton lot est de mourir, for thou shalt die, Et non de demeurer en vie. and not live.

Telle est l’ancienne alliance : This is the ancient law: Homme, tu dois mourir ! man, thou must perish! Oui, viens, Seigneur Jésus, viens ! Even so, come, Lord Jesus!

Entre tes mains je remets mon esprit ; Into Thine hand I commit my spirit; Tu m’as racheté, Thou hast redeemed me, Seigneur, ô Dieu de fidélité. O Lord God of truth. über die ihr eigener Geschichtenerzähler23 oder ihre eigene Technologie verfügen. Diese Werke wurden noch Jahrzehnte später und auch noch nach dem Tod ihrer Komponisten kopiert, da ihre Worte und Musik nicht nur zeigten, wie außergewöhnlich eine andere Welt sein könnte, sondern auch wie subtil und vollständig unsere eigene Welt ist.

Die für die vorliegende CD ausgewählten Werke weisen eine Palette von Zeiten und Ländern auf, die ein ideales Konzert im frühen fünfzehnten Jahrhundert wiederspiegelte. Wir finden darin die neuesten Werke von Antonio Zacara de Teramo und Matteo da Perugia neben „Klassikern“ wie deutsch Jacopo und Francesco. Die Musik war oft für die örtlichen Bedürfnisse geschrieben, doch die Alpen konnten die Verbreitung großer Werke der französischen Komponisten wie Guillaume de Machaut und Philippe de Vitry (oder eines seiner anonymen Zeitgenossen) nicht verhindern – und tatsächlich konnte ein kosmopolitischer italienischer Komponist wie Filippotto da Caserta französische Texte ebenso wie italienische (oder lateinische) vertonen und darauf vertrauen, dass seine Zuhörer die Verschiedenartigkeit und Vielfalt solcher (musikalisch und mythologisch) kombinierter Formen verstehen oder zumindest schätzen würden.

Was es für die Zuhörer der damaligen Zeit bedeutete, von Verwandlungen und Reisen, von Phönixen und Zauberschlangen zu hören, werden wir nie genau wissen. Ich hoffe jedoch, dass sie ähnliche Freude empfanden wie ich, wenn ich Wiedergaben von La fonte musica höre: eine wunderbare Überraschung, eine verwandelte Welt und vor allem die Würdigung großer Musiker aus vergangenen Jahrhunderten und der heutigen Zeit, die diese CD möglich machten.

23 metamorfosi trecento von Michele PaSotti

„Diese Dinge sind nie geschehen, doch es gibt sie immer.“ – Sallust

Es gab eine Zeit, in der die Mythen die mächtigste Erklärung unserer Welt waren. Menschen, Tiere, Götter, Bäume und Blumen waren existentiell durch eine veränderliche, ständig sich bewegende Kette miteinander verbunden. Die Erscheinungsformen zu wechseln, war eine Seinsweise – wenn nicht die Seinsweise überhaupt –, die man beherrschen musste. Die einflussreichsten Mythen der europäischen Kultur waren die der Griechen und sind es bis heute geblieben. In den italienischen und französischen Kulturen des vierzehnten Jahrhunderts kam es zu einer Wiedergeburt der Antike, die wir normalerweise mit dem Humanismus des folgenden Jahrhunderts in Verbindung bringen. Metamorfosi Trecento ist der Titel einer musikalischen Untersuchung der klassischen Mythen, die in der spätmittelalterlichen Polyphonie weiterbestanden. Die alten Mythen wurden hauptsächlich durch Ovids Metamorphosen überliefert, und deren mittelalterliche Übersetzungen und Bearbeitungen tauchen in mehreren Stücken des Repertoires der Ars Nova auf. Doch die Mythen kehren nicht zurück, ohne selbst Metamorphosen durchzumachen: Was in der polytheistischen Welt eine Erscheinungsform der Wahrheit war, verwandelt sich in eine moralische Geschichte, ein Exemplum, das lehrt, wie man sich dem System der Tugenden und Laster der christlichen Ethik gemäß zu verhalten habe, verändert sich weiter und wird zu einer Liebesgeschichte, einem Archetyp der Leiden, der Schönheit und der Aussichtslosigkeit höfischer Liebe.

Diese letzte Metamorphose, die von der höchsten Macht der Liebe geleitet wird, erneuert die Musik und die Literatur der adeligen Höfe ganz besonders. In den Texten der hier

24 aufgenommenen Lieder verlieren die Mythen ihre moralische Funktion, beginnen hingegen, der höfischen Liebe zu dienen. So kann man im Gesang und in den äußerst berührenden Melodien den Irrtum des einsam delirierenden, selbstverliebten Traums des Narziss hören, der ihn zu seiner tödlichen Reise in die andere Dimension des Wassers veranlasste, so dass er als Wasserpflanze wiedergeboren wurde (Non più infelice). Oder die Geschichte der Daphne, die träumte, sich in einen Baum zu verwandeln, um Apollo zu entkommen (Qual Perseguìta), oder der Philomena, die in eine Nachtigall verwandelt wurde, oder des Orpheus, der wilde Tiere bezaubern, aber nicht in die Unterwelt reisen konnte, ohne seine Liebste zu verlieren (Sì dolce non sonò). Die Worte erzählen auch vom Schlangenmonster Phyton, das Ägypten deutsch in Angst und Schrecken versetzte, sowie die wunderbare Geschichte der Calisto, die in einen Bären verwandelt wurde und danach in das Sternbild des Großen Bären, um von Jupiter geliebt werden zu können (Calextone), sowie von der unglücklichen Liebe zwischen Ariadne und Theseus und dem verhängnisvollen Labyrinth (Par le grant senz d’Adriane), das in eine politische Allegorie abgewandelt wurde. Wir hören von Medusa und ihrem furchtbaren Blick (Strinçe la man, Sì dolce non sonò), von Diana und ihrem unglücklichen Verehrer Aktaion (Non al su’ amante più diana piacque), vom trügerischen Gesang der Zauberin Circe, der „bella Yguana“, einem Symbol für verführerische, gestaltsverändernde Erscheinungen und den hypnotischen Zauber der Musik (Sì chome al chanto della bella Yguana).

Unser Programm beginnt und endet mit diesem Zauber, mit „der Macht der Musik“ (wie sie dreihundert Jahre später von Dryden und Händel beschrieben wurde, als vom mythologischen Alexander die Rede war) und besonders der Macht der Musik der Ars Nova. Sì dolce non sonò, der Beginn unserer CD schildert einen Zauberwald sowohl in Worten (jede zweite Zeile endet mit dem Wort „Wälder“, wobei der Text Waldmotive aus verschiedenen Mythen zusammenfasst) als auch in Musik, die aus einem dichten, komplexen und verschlungenen Kontrapunkt besteht, dessen Äste in jede mögliche Richtung zu wachsen scheinen. Er erzählt

25 von einem Hahn („gallus“, ein Wort, das auch Gallier, also Franzose bedeutet), dessen Gesang schöner und süßer ist, als alles, was Orpheus, Apollo, Philomena (die Nachtigall) oder Amphion hervorbrachten. Alle mythischen „Autoritäten“ werden von einer neuen Gesangsart überflügelt, die aus den Wäldern kommt und davor nie zu hören war: Es ist die neue Kunst, die Ars Nova, und dieser Gallier ist Philippe de Vitry. Im Gegensatz zu der von Medusa verursachten Lähmung kann die Macht der neuen Musik die Welt in Bewegung versetzen, sie in Fluss bringen und sich ständig verändern lassen, wie es ihrer Natur entspricht. „Francesco cieco horghanista de Florentia” (Francesco, der blinde Organist von Florenz, auch Landini genannt) huldigt als neuer Orpheus Philippe. Letzterer öffnete den Weg, indem er die Ars Nova mit einer Motette begann, die die ersten zwei Verse von Ovids Metamorphosen zitierte: „In nova fert animus mutatas dicere formas” („Mein Geist drängt mich, Gestalten zu beschreiben, die sich in neue Körper verwandelten.“) Eigentlich beginnt die gesamte Ars Nova unter dem Zeichen von Verwandlung, von radikalen Änderungen und einem experimentellen Verhalten, das vielleicht ihre größte Stärke ist.

Mit Sì chome al chanto della bella Yguana endet unsere Reise. Das Lied erzählt von der Heimkehr des Odysseus und dem Gesang der Zauberin Circe, der ihn ein ganzes Jahr lang ablenkt. Obwohl die zwei Fassungen von Piero und Jacopo recht unterschiedlich sind, bemühen sich beide, in der Musik das Wunderbare, Fantastische, Übernatürliche und sogar das Schreckenerregende wiederzugeben. Man findet darin Schilderungen des wundersamen Gesangs der Zauberin (die ersten zwei langen „Akkorde“ bei Jacopo und das siderische Schlaflied, mit dem Pieros Fassung endet) und am Schluss eine Evokation der Magie der Musik: ihre verträumte, Halluzinationen hervorrufende Macht, mit der sie uns in verschiedene Zustände und sich verändernde Gestalten versetzt.

„Diese Dinge sind nie geschehen, doch es gibt sie immer “, schrieb Sallust über die Mythen.

26 Und ab dem vierzehnten Jahrhundert nährte sich die abendländische Musik immer aus den mythologischen Quellen. Wenn die Geschichte nicht geistlich war, wenn die Komponisten nicht die großen Moralgeschichten von Christus oder aus dem Alten Testament betrachteten, wandten sie sich dem Mythos zu als einem großen, unübertroffenen Repertoire exemplarischer Geschichten und erzählerischer Archetypen, in denen alle Männer und Frauen sich immer wiedererkennen können und konnten. Die Rückkehr zur Antike, aus der Polizianos Orfeo sowie die späteren Florentiner und mantuanischen Experimente des Theaters mit Musik hervorgingen, beginnt mit diesen Gesängen der Ars Nova. deutsch

27 La fonte musica

La fonte musica wurde für die Interpretation der erstaunlichen musikalischen Ära gegründet, die sich vom Ende des Mittelalters bis zum beginnenden Humanismus erstreckt, wobei sich das Ensemble besonders auf das italienische Trecento konzentriert. Im Mittelpunkt des Ansatzes von La fonte musica steht die humanistische Forderung „tornare alle fonti“ (daher der Name des Ensembles), „zurück zu den Wurzeln“ der mittelalterlichen Polyphonie, zu dem tieferen Sinn der Texte, zu einer sorgsamen Entschlüsselung der musikalischen Rhetorik und Grammatik, um die Sprache dieser außerordentlich kreativen, experimentellen und hoch entwickelten – wenn auch immer noch weitgehend nicht anerkannten – Musik zu übersetzten und zu uns heute sprechen zu lassen. La fonte musica trat bei Festivals wie Oude Muziek (Utrecht), Resonanzen (Wien), MA Festival (Brügge), Laus Polyphonie (Antwerpen), Herne Tage, Wratislavia Cantans (Wroclaw), Les Inouies (Arras) oder auch im Konzertsaal der Wiener Sängerknaben und im Teatro Le Fenice (Venedig) auf. Die Konzerte und CD-Aufnahmen des Ensembles wurde von Rundfunksendern in ganz Europa übertragen, darunter von der BB 5UK), Rai Radio Tre (Italien), ORF 1 (Österreich), WDR und Kulturradio des RBB (Deutschland), RSI (Schweiz), Radio 4 (Niederlande). Die erste CD des Ensembles „Le Ray au Soleyl. Musica alle corte pavese die Visconte (1360-1410)“ erhielt ausgezeichnete Kritiken sowie 5 DIAPASONS (Diapason), 5 stars +1 (CD des Monats bei Amadeus), „SUPERSONIC AWARD“ (Pizzicato), KKKKK von Klassik.com und wurde als „eindrucksvolle erste CD“, als „ideale Interpretation“ bezeichnet, dank derer die Musik „den höchsten Grad an emotionaler Spannung erreicht ... Nur so ist ein authentischer Dialog mit diesem außerordentlichen Moment der Musik des Mittelalters möglich“. „Eine absolut vollkommene Produktion. Dieses außerordentliche Repertoire wird hier mit erstaunlicher Nonchalance offenbart ... La fonte musica bietet eine sehr ausgeglichene Interpretation ohne die geringste Strenge, die manchmal andere Aufnahmen dieses Repertoires aufweisen.“ „Eine spannende Aufführung: die Vielfalt der Farben, der Mut zu rhetorischen Gesten, die scharfkantige Präzision der Akkorde, ... eine perfekte Mischung der Stimmen. Sensationell! Eine wundervolle Aufnahme: ein denkwürdiges Debüt.“

28 menu micheLe Pasotti

Der Lautenist Michele Pasotti gründete La fonte musica im Jahre 2005. Er studierte zunächst bei Massimo Lonardi Laute und schloss dieses Studium mit den größten Auszeichnungen ab, spezialisierte sich danach in der Polyphonie des Mittelalters und der Renaissance – die schon immer im Zentrum seiner musikalischen Interessen lagen –, in dem er an Seminaren an der Civica Scuola di Musica in Mailand, der Escola Superior de Musica de Catalunya in Barcelona teilnahm. Er erhielt den Grad erster Klasse für den Kurs Ars Nova in Europa von der Universität „Tor Vergata“ in Rom. Ebenso wurde ihm von der Universität Pavia die Auszeichnung erster deutsch Klasse in Theoretischer Philosophie verliehen. Seit 2012/2013 gibt Michele Pasotti jährlich Kurse über die Ars Nova an der Civia Scuola di Musica di Milano. Er ist Professor für Laute am Conservatorio di Musica „B. Maderna“ in Cesena, leitet regelmäßig Meisterklassen und hält Vorträge an Konservatorien, in Schulen und bei Festivals. Als Lautenist wurde er in die bedeutendsten Konzertsäle sowie zu den renommiertesten Musikzyklen in ganz Europa, Amerika und Asien eingeladen, wo er mit Dirigenten wie Claudio Abbado, John Elliott Gardiner, Giovanni Antonini, Marc Minkowski und Thomas Hengelbrock arbeitete. Seit 2012 macht er als Solist Aufnahmen und Tourneen mit Cecilia Bartoli. Er tritt regelmäßig mit Il Giardino Armonico, I Barocchisti, Les Musiciens du Louvre und dem Balthasa- Neumann Ensemble auf.

29 menu da firenze (c.1325-1397) 1. sì doLce non sonò Sì dolce non sonò chol lir’ Orfeo choL Lir’ orfeo Quand’à ssé trasse fer’, ucell’e boschi, (FP, 44v-45) D’amor cantando, d’infant’e di deo,

Come lo ghallo mio di fuor da boschi Con nota tale che gia ma’ udita Non fu da Filomena’n verdi boschi.

Né più Febo cantò quando schernita Da Marsia fu suo tibia’n folti boschi, Dove vincendo lo spogliò di vita.

Di Teb’avanç’el chiudent’Anfione, Efecto fa contrario del Gorgone. PaoLo da firenze (c.1355-after 1436) 2. non Più infeLice Non più infelice a le suo membra nacque (Pit, 34v-35r) Narcisso, quando tra lle liquid’onde Tant’a ssé stesso speculando piacque;

Ch’a me la chioma dell’altera fronde Ornata di madona, ch’al cor tanto Piacque, ch’a morte non mi port’altronde.

Dunque l’amor ch’al cor mi nacque in canto L’altere Parche ’l pon privar di pianto.

30 Orphée n’a pas joué de sa avec tant de douceur Orpheus with his lyre did not sound so sweet Quand il attirait à lui les bêtes sauvages, les oiseaux et les bois, When he enchanted beasts, birds and woods En chantant d’amour, enfant et dieu, Singing about love, a child and a god

Comme le fait mon coq, hors des bois, As did my rooster (Gaul) from outside the woods Avec des sons qu’on n’entendit jamais With such a note that was never heard Philomène chanter dans les bois verts. By Philomena in green woods.

Phébus lui non plus ne chanta pas mieux quand sa flûte Nor did Phoebus sing better when his Fut raillée par Marsyas dans les bois épais, Was mocked by Marsyas in the dense woods Là où, l’ayant vaincu, il lui ôta la vie. Where, defeating him, he stripped away his life.

Il surpasse Amphion, qui entoura Thèbes de murailles, He surpasses the Thebes-fortifying Amphion Et produit un effet contraire à celui de la Gorgone. And produces an effect contrary to that of Medusa.

Narcisse n’est pas né plus malheureux envers son propre corps, No more unhappy with his body born Quand, parmi les ondes limpides, Was Narcissus, when, in the watery waves, Il se plut tant à lui-même en voyant son reflet ; He so liked seeing himself reflected;

Que n’est pour moi la chevelure de ma dame, Than the adorned hair of the proud forehead Ornée d’un orgueilleux feuillage, qui tant plut Of my lady is to me, which so pleased my heart À mon cœur qu’il ne me conduit nulle part qu’à la mort. That it can bring me nothing but death.

Ainsi l’amour, qui naquit en mon cœur dans le chant, Therefore, the love born as a song in my heart Peut se voir privé de pleurs par les fières Parques. Can be deprived of tears only by the haughty Fates.

31 JacoPo da BoLogna (f.1340-c.1386) 3. fenice fu’ Fenice fu’ e vissi pur’e morbida (PR, 11v) Et or sun transmutata in una tortora Che vollo con amor per le belle ortura.

Arbor secho [mai né] aqua torbida No me deleta may per questo dubito: Vane la state, e’l verno ven de subito.

Tal vissi et tal mi vivo et posso scrivere C’a donna non è più che honesto vivere. PhiLiPPe de vitry (1291-1361) 5. in nova fert/ TRIPLUM garrit gaLLus/neuma Garrit Gallus flendo dolorose (Pa146, 44v) Luget quippe Gallorum concio Que satrape traditur dolose Excubitus sedens officio Et que vulpes tamquam vispilio In Belial vigens astucia De leonis consensu proprio Monarchisat atat angaria Russus, ecce Jacob familia Pharaone altero fugatur Non ut olim iude vestigia Subintrare potens, lacrimatur. In deserto fame flagellatur Adiutoris carens armatura Quamquam clamat tamen spoliatus Continuo forsan moritura O miserum exulum vox dura

32 Je fus un phénix et ma vie fut pure et douce, I was a phoenix and my life was pure and tender Et me voici transformée en tourterelle And now I am transformed to a turtledove Qui vole pleine d’amour parmi les beaux vergers. And I fly with love through the beautiful orchards.

Jamais arbre sec ni eau trouble I am never pleased by a whithered tree Ne me réjouissent, et c’est pourquoi je crains : Or turbid water, never by this qualm: L’été s’en va et l’hiver s’en vient aussitôt. Summer goes, and winter comes suddenly.

Ainsi j’ai vécu, ainsi je vis, et je peux bien écrire Thus I lived and thus I live, and I can write Qu’il n’est rien de mieux pour une femme qu’une vie honnête. That for a woman nothing is better than an honest life.

TRIPLUM TRIPLUM Le coq chante en pleurant douloureusement, The rooster (Gaul) sings with bitter weeping ; Voire l’assemblée tout entière des coqs se lamente Indeed the whole assembly of roosters mourns, D’être trahie avec scélératesse par le satrape For he is being betrayed with deceit Alors même qu’il a la charge de monter la garde ; By the satrap even as it keeps watch. Et le renard, tel un violateur de sépultures, And the fox, like a grave-robber, Florissant grâce à l’astuce de Satan, Flourishing thanks to the cunning of Satan, Règne avec le consentement du lion lui-même. Reigns with the full consent of the lion himself. Hélas, quel esclavage ! Alas, what anguish! Voici de nouveau la famille de Jacob Here’s how the family of Jacob Qui fuit devant un autre Pharaon ; Once again flees from another Pharaoh: Ne pouvant pas, comme autrefois, No longer able, as before, to follow Suivre les pas de Juda, elle pleure. The path of the Jews, it cries. Dans le désert, elle est torturée par la faim, In the desert it is tortured by hunger, N’ayant pas d’armure qui la protège, Its arms and armour are left without a helper, Bien qu’elle crie, elle est quand même dépouillée And even if it cries out, it is plundered; Et doit peut-être mourir à l’instant. the voice of the wretched exiles, Ô dure voix des malheureux exilés, Near death, is harsh.

33 O Gallorum garritus doloris Cum leonis cecitas obscura Fraudi paret vulpis proditoris. Eius fastus sustinens erroris Insurgito: alias labitur Et labetur quod habes honoris “Quod mox in facinus tardis Ultoribus itur.”

MOTETUS “In nova fert animus mutatas Dicere formas”: Draco nequam quem olim penitus Mirabili crucis potencia Debellavit Michael inclitus Mox Absolon munitus gracia Mox Ulixis gaudens facundia Mox lupinis dentibus armatus Sub Tersitis miles milicia Russus vivit in vulpem mutatus Cauda [fraudi] cuius lumine privatus Leo vulpe imperante paret Oves suggit pullis saciatus Heu suggere non cessat et aret Ad nupcias canibus non caret Ve pullis mox ve ceco leoni Coram Christo tandem ve draconi.

34 Ô chant de douleur des coqs, O painful chattering of roosters! Lorsque le lion, dans son aveuglement obscur, Since the lion, with its obscure blindness, obeys Se soumet à la ruse du traître renard. The deceit of the treacherous fox, Toi qui supportes son orgueil erroné, Whose arrogance encourages sin, Rebelle-toi : sans quoi disparaît You must rise up: Et disparaîtra ce que tu as d’honneur Otherwise what is left of your honour « Que des vengeurs tardifs Fades away and will continue to fade away: Transformeront bientôt en crime ». It will soon be turned into infamy by late avengers.

MOTET MOTETUS « L’esprit me porte à parler des formes “My spirit is bent to tell of forms changed Changées en corps nouveaux » : Into new bodies”: Le dragon très néfaste dont autrefois, That evil dragon Par la puissance merveilleuse de la croix, Whom glorious Michael once annihilated L’illustre Michel triompha complètement, With the miraculous power of the cross, Bientôt fortifié par la grâce d’Absalon, Now fortified with the grace of Absalom, Bientôt jouissant de l’éloquence d’Ulysse, pleasing with the eloquence of Ulysses, Bientôt armé de dents de loup, Armed with the teeth of a wolf Soldat dans l’armée de Thersite, As a soldier in the army of Tersitis – Il vit de nouveau, transformé en renard ; Is living again, changed into a fox. Privé de ses yeux, le lion Deprived of his sight by deceit, Est soumis à la ruse, tandis que commande le renard. The lion is subject to the power of the fox, Il suce [le sang] des brebis, rassasié de poulets, And [the dragon] sucks the blood of lambs, and sates Hélas ! Il ne cesse de s’abreuver et il a encore soif. himself with chickens, Les chiens ne manquent pas aux noces. Alas, he never stops and is always thirsty, Malheur aux poulets, et bientôt malheur au lion aveugle, Never failing to be present at the banquet with his dogs. Et devant le Christ enfin malheur au dragon ! Woe to chickens and woe to the blind lion; And in the end woe to the dragon, when he will face Christ!

35 guiLLaume de machaut (c.1300-1377) 6. Phyton, Phyton, le mervilleus serpent, Le merviLLeus serPent Que Phebus de sa flesche occit, (MachA, 473v-474r) Avoit la longueur d’un erpent, Si com Ovides le descrit. Mais onques homs serpent ne vit Si fel, si crueus ne si fier Com le serpent qui m’escondit Quant a ma dame merci quier. Il a sept chies, et vraiement Chascuns a son tour contredit La grace, ou mon vray desir tent, Dont mes cuers a dolour languit : Ce sont Refus, Desdaing, Despit. Honte, Paour, Durté, Dangier Qui me blessent en l’esperit Quant a ma dame merci quier. soLage (f.1370-1403) 7. caLextone Calextone, qui fut dame darouse [terrouse] (Ch, 50r) A Jupiter fit un doulz sacrefice. Tant qu’il la mist, conme sa vraye espouse, Hault on troune et li fut moult propice. Et puis amoureusement La courouna sur toutes richement : Lors touz les dieux li feirent per homage Joieux recept et amoureux soulage.

36 Python, le merveilleux serpent, Python, the wondrous serpent, Que Phébus tua de sa flèche, Whom Phoebus killed with his arrow, Était long de soixante-dix mètres Was seventy metres long, Tel qu’Ovide l’a décrit. As Ovid describes it. Mais nul homme n’a jamais vu de serpent But no man ever saw a serpent Aussi méchant, aussi cruel ni aussi fier So fierce, so cruel or so proud Que le serpent qui me repousse As the serpent which repulses me Quand je demande merci à ma dame. When I seek mercy of my lady. Il a sept têtes, et vraiment He has seven heads and, truly Chacune à son tour contredit Each in its turn speaks against La grâce vers où tend mon vrai désir, Grace, for which my true desire strives, Ce qui fait languir mon cœur de douleur : For which my heart languishes in grief. Ce sont Refus, Dédain, Dépit, These [heads] are Refusal, Disdain, Despite, Honte, Peur, Dureté, Danger Shame, Fear, Harshness and Dismissal, Qui me blessent en l’esprit Which wound my soul Quand je demande merci à ma dame. When I seek mercy of my lady.

Callisto, dame terrestre, Calisto, who was an earthly lady, Fit à Jupiter un si doux sacrifice Made such a sweet sacrifice to Jupiter Qu’il la plaça, comme sa véritable épouse, That he placed her, as his true wife, Haut sur un trône, et lui fut très favorable. High upon the throne and was very favorable unto her. Et puis, amoureusement, And then lovingly Il la couronna richement sur toutes les autres : He crowned her richly above all other women. Alors tous les dieux, pour lui rendre hommage, Then all the gods paid homage to her Lui firent joyeux accueil et réconfort amoureux. With a joyful reception and loving solace.

37 antonio ’zacara’ da teramo (1350/60-after 1413) 8. ie suy navrés/ Cantus: Ie suy navrés tan fort o dous amy gnaff’a Le guagneLe Ténor: De quoy / C: de aitnerolF / T: et de le dames (Luc, 64v-65r) C: Haylas chantés! / T: or non crier, ciantés, C: Vramant mourray per celles, moy amy. C,T: La nobiltà con tutte le scientie Et l’arte liberal con le riccheççe, La libertà, vertù con le prudentie, Chaliope poeta e le forteççe. C: Tout le stourment du mondo et gionesse, T: Biau sir / C: or que vous plet / T: e tout le nimphes, C: Oy vramant, / T: orsus apprès, [ciantés] C,T: Grant Parlement de de sens o vray amy. C: Je suy navvres tant fort o dus amy…

Contratenor: Gnaff’a le guagnele et io anch’ to’ togli! Per le sant dio, tu si dous amy. Humilior Tauro Homines nobilitant scientie, Septes artes saccra saccra, Non seray may ricche. Non venditur auro Homines qui exaltant prudentie Dea loquentie, Hercules le forteççe. Li Orpheo et Narcisus, [et io] anch’ to togli, Grant sens et mastrie, dous amy. Gnaff’a le guagnele et io anch’ to’ togli!...

38 Cantus : Je suis blessé si fort, ô doux ami, Cantus: I am so severely vexed, my dear friend Ténor : De quoi ? / C : De aitnerolF [Florentia écrit à Tenor: By what? / C: by aitnerolF (Florentia written l’envers] / T : et des dames… backwards) / T: and by women… / C : Hélas, chantez ! / T : Ne criez pas, chantez ! C: Come on, Sing! / T: Now don’t shout, sing! / C : Vraiment, je mourrai à cause d’elles, mon ami. C: I will certainly die because of them, my dear friend! C et T : La noblesse avec toutes les sciences C and T: Noblesse together with all the sciences Et les arts libéraux avec les richesses, And the liberal arts with richness, La liberté, la vertu avec la sagesse, Liberty, virtue with prudence, Calliope poète et la force d’âme, Calliope the poet and strength, C : Tout l’attirail du monde et jeunesse, C: Every instrument of the world and youth! T : Beau seigneur, / C : maintenant que cela vous plaît / T: My beautiful sir / C: now that you like it / T: and all T : et toutes les nymphes, the nymphs C : Oui vraiment, / T : allons donc, [chantez !] C: Desire you! T: Come on, then [Sing!] C et T : Grand Parlement des sens, ô vrai ami. C and T: Great parliament of the senses, my true friend. C : Je suis blessé si fort, ô doux ami… C: I am so severely vexed, my dear friend …

Contre-ténor : Ma foi, par les évangiles, et moi aussi, Countertenor: By my faith, I swear on the Gospels, and tiens, prends donc ! you too, take it! Par le saint dieu, toi, si doux ami ! For God’s sake, you, such a sweet friend! Plus humble que le taureau, Humbler than Taurus Les hommes sont ennoblis par la science, Men of science ennoble Les sept arts sacrés, Zacara, The seven sacred arts, Zacara Je ne serai jamais riche. You will never be rich. On n’achète pas avec de l’or You can’t buy with gold Les hommes qui s’élèvent par la sagesse, The men of prudence who worship La déesse par l’éloquence, et Hercule par le courage. The Goddess of Rhetoric, Hercules the Strong, Les Orphée et Narcisse, et moi aussi, tiens, prends ! Orpheus, Narcissus and me too, come on take it! Grande raison et maîtrise, doux ami. Great intelligence and mastery, my sweet friend. Ma foi, par les évangiles, et moi aussi, tiens, prends donc !… By my faith, I swear on the Gospels...

39 fiLiPPotto da caserta (f.2nd half XIVth century) 9. Par Le grant senz d’adriane Par le grant senz d’Adriane la sage (Ch, 37v) Fu Theseus gardés de periller Quant à son tour li convient le voyage En la maison Dedalus essaier. Puis la trahi et la vost essillier Fortrait li a un iouel de grant pris Qu’avoir ne puet sanz o couvert de lis.

Adriane est si noble de linage Et si puissant c’on la puet reconter Le iouel ot de son propre heritage Que Theseus s’efforsa d’usurper Et pour l’avoir le tienent en grant dangier, Se socours n’a le iouel est peris, Qu’avoir ne puet sanz o couvert de lis.

Maiz le lis est de si tres haut parage, Bel a veoir, plaisant a mainer, Riche on povoir de si perfait courage Qu’à la dame puet sa vertu endier Roulant ne Estor ne li faut souhaidier Pour secourir le iouel de grant pris, Qu’avoir ne puet sanz o couvert de lis.

40 Grâce à la grande raison de la sage Ariane, By the good sense of Ariadne the wise Thésée put se garder du danger Theseus was protected from peril Quand vint son tour de tenter le voyage When it came time to travel En la maison de Dédale. To try Daedalus’ labyrinth. Puis il la trahit et la voulut exiler, Then he betrayed her and wished to exile her: Il lui a pris un bijou de grand prix He seized for himself a jewel of great worth Qu’on ne peut avoir sans un « o » couvert du lys. That none can have but O covered by the lily.

Ariane est de si noble lignage Ariadne is of such noble linage Et si puissant que ce qu’on en peut raconter ; And so powerful that one can recount it. Elle eut le bijou de son propre héritage, The jewel was her true inheritance Celui que Thésée s’efforça d’usurper That Theseus used force to usurp Et pour l’avoir, l’a mis en grand danger ; And to have it, placing it in great danger. S’il n’est secouru, le bijou est perdu, If there is no help, the jewel is lost Qu’on ne peut avoir sans un « o » couvert du lys. That none can have but O covered by the lily.

Mais le lys est de si haute naissance, But the lily is of such high extraction, Beau à voir, plaisant à toucher, Handsome to behold, pleasant in bearing, Riche en pouvoir, de si parfait courage Rich in power, of such perfect courage Qu’il peut conférer sa vertu à la dame ; That he can offer his virtue to the lady. Elle n’a plus besoin de souhaiter Roland ni Hector Neither Roland nor Hector need she want Pour secourir le bijou de grand prix To protect the jewel of great worth Qu’on ne peut avoir sans un « o » couvert du lys. That none can have but O covered by the lily.

41 maestro Piero (f.first half XIVth century) 10. sì com'aL canto deLLa Sì com’al canto della bella Yguana, BeLLa yguana Obliò suo chamino più tempo el Grecho, (FP, 70v) Prendendo suo piacer con forma humana.

Così per esser, dona, sempre techo, Faresti la mia volglia esser lontana D’ogni altro bel piacer, sendo’l tuo mecho.

Però che se’ d’ogni virtute unita, Tu se’ perfecta giemma Margherita. niccoLò da Perugia (f.2nd half XIVth century) 11. quaL Perseguita daL Qual perseguita dal suo servo Danne (Dafne) suo servo danne Dove sdegnosa di suo calda voglia (Sq, 83v) Su la fredd’onda vestì acerba foglia,

Tal quell’a me c’a diletto m’affan[n]a Mutò sembiante e coperse la testa, Fece onbra al viso di suo bella vesta.

Fisa bella guarday pel crud’aspetto, Sì ch’i’ smar[r]ì di paura e ssospetto.

JacoPo da BoLogna 13. non aL su’ amante Non al su’ amante più Diana piacque Più diana Piacque Quando per tal ventura tutta nuda (FP, 71r) La vid’in meço delle gelid’acque,

42 De même qu’au chant de la belle iguane [Circé] Just as the Greek (Ulysses) forgot his journey for a long time Le Grec oublia pendant longtemps son voyage, When he listened the beautiful nymph (Circe) singing Prenant son plaisir avec elle sous forme humaine. Taking his pleasure with her in human form

Ainsi, ô ma dame, si j’étais toujours avec toi, So, my lady, since I want to be always with you, Tu ferais si bien que ma volonté serait éloignée You would accomplish my desire by keeping yourself away De tout autre beau plaisir, le tien étant avec moi. From every other good pleasure, if yours is with me.

Puisque tu réunis toutes les vertus, Because you are gifted with every virtue, Tu es une gemme parfaite, Marguerite. You are a perfect gem, Margherita.

Telle Daphné poursuivie par son serviteur Like Daphne, chased by her lover, Quand, dédaigneuse de son chaud désir, Being disdainful of his hot desire Elle se revêtit d’amer feuillage sur l’onde froide, Dressed herself with bitter leaves by the cold stream,

Ainsi celle qui me fait soupirer pour mon plaisir So the one who makes me strive for my delight A changé de visage pour moi et, se couvrant la tête, Changed appearence and covered her head, A mis sa face dans l’ombre avec son beau vêtement. Hiding her face with a beautiful dress.

Je regardai fixement la belle à cause de son regard cruel, I looked intently at Belle because of her cruel gaze, Si bien que je m’évanouis de peur et d’inquiétude. And so I got lost for fear and confusion.

Diane ne plut pas davantage à son amant Her lover was no more pleased with Diana, Quand par hasard il la vit When by chance he saw her all naked Toute nue au milieu de l’eau glacée, In the midst of icy waters,

43 Ch’a me la pasturella alpestra e cruda Post’ a bangnar el suo candido velo Ch’el sole e l’aura il vago chapel chiuda.

Tal che mi fece quand’ egl’arde ’l cielo Tutto tremar d’un amoroso çelo. matteo da Perugia (fl. ca.1400-1416) 14. già da rete d’amor LiBera Già da rete d’amor libera et sciolta et scioLta Era quest’alma et hor è in pianti volta, (ModA, 46v) Che tue eterne bellezze al mondo sole

Qual non ebbe Dyana in fonte o in riva, Con sembianti leggiadri et con parole Han d’ogni altro pensar la mente priva.

Però nympha celeste tanto diva Ne me sia dal bel viso merzé tolta.

JacoPo da BoLogna 15. sì chome aL chanto Sì chome al chanto della bella Yguana, deLLa BeLLa yguana Obliò suo chamin più tempo el Greco, (FP, 94v-95r/ Sq, 19v-20r) Prendendo suo piacer con forma humana.

Così per esser, donna, sempre teco, Faresti la mie voglia esser lontana D’ogni altro bel piacer, sendo’l tu’ meco.

Però che se’ d’ogni virtute unita, Tu sola cara gemma Margherita.

44 menu Qu’à moi la jeune bergère alpestre et cruelle Than I was by the young mountain shepherdess Occupée à laver le voile blanc Intent on washing her white veil, Qui protège ses beaux cheveux du soleil et du vent. With her blond hair free in the sun and breeze.

Si bien que, sous un ciel brûlant, So that she made me all tremble, Elle me fit trembler tout entier d’un frisson d’amour glacé. Under a burning sky, with the chill of love.

Mon âme était déjà libre et détachée des liens d’amour This soul was once free and unfettered Et voici qu’elle est à nouveau en pleurs, From love’s web, and now it is back in tears, Car tes beautés éternelles, uniques au monde, Because your eternal looks, unique in this world,

Telles que n’en eut Diane, dans une source ou sur la rive, Which not even Diana had in the spring or in the water’s edge, Avec des expressions gracieuses et des paroles Together with your graceful appearance and your words Ont privé mon esprit de toute autre pensée. Have deprived my mind of any other thought.

Aussi, nymphe céleste, si divine, Therefore, celestial nymph, so divine, Ne m’ôte pas la merci de ton beau visage. Don’t deprive me of the kindness of that fair face.

De même qu’au chant de la belle iguane [Circé] Just as the Greek (Ulysses) forgot his journey for a long time Le Grec oublia pendant longtemps son voyage, When he listened the beautiful nymph (Circe) singing Prenant son plaisir avec elle sous forme humaine. Taking his pleasure with her in human form

Ainsi, ô ma dame, si j’étais toujours avec toi, So, my lady, since I want to be always with you, Tu ferais si bien que ma volonté serait éloignée You would accomplish my desire by keeping yourself away De tout autre beau plaisir, le tien étant avec moi. From every other good pleasure, if yours is with me.

Puisque tu réunis toutes les vertus, Because you are gifted with every virtue, Toi l’unique chère gemme, Marguerite. You, my only beloved gem, Margherita.

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MANY THANKS TO ALBERTO STEVANIN, VANNI MORETTO, MICHAEL SCOTT CUTHBERT, JASON STOESSEL, FRANCESCO ZIMEI, PAOLO BORGONOVO, ANNA CAREWE, DON RINO MARIANI, ROBERTO CHINELLATO, GRAZIA, VITTORIO, ILARIA.

RECORDED FROM 2 TO 5 AUGUST 2013 AT LA PIEVE DI SAN ZACCARIA, ROCCA SUSELLA (PV), ITALY

ALBERTO STEVANIN recording producer RINO TRASI sound engineer ANDREA DANDOLO editing & mastering

JOHN THORNLEY english translation MICHELE PASOTTI AND JASON STOESSEL english translation (sung texts) DENNIS COLLINS french translation LAURENT CANTAGREL french translation (sung texts) SILVIA BERUTTI-RONELT german translation VALÉRIE LAGARDE & GÉRALDINE CHAZEL design & artwork ALBERTO MOLINA inside photos cover image LA MÉTAMORPHOSE DE DAPHNÉ EN LAURIER, EPîTRE D'OTHÉA. CHRISTINE DE PISAN (1363?-1431?). COLLECTION: JEAN DE BERRY ; MARIE DE BERRY ; LIBRAIRIE DES DUCS DE BOURBON. PARIS, BIBLIOTHèQUE NATIONALE DE FRANCE (BNF) © BNF, DIST. RMN-GRAND PALAIS / IMAGE BNF

ALPHA CLASSICS DIDIER MARTIN director LOUISE BUREL production AMÉLIE BOCCON-GIBOD editorial coordinator

ALPHA 286 p MICHELE PASOTTI 2013 c ALPHA CLASSICS / OUTHERE MUSIC FRANCE 2017

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