Inventaire de la commune de Courbillac

Notice communale:

1- Situation : La commune est située à 9 km de Rouillac et à 29 km d’Angoulême. Courbillac est la commune la plus occidentale des communes du canton du Val de Nouère et elle est ainsi limitrophe avec la -Maritime.

2- Toponymie : Même si l’apport de la toponymie a ses limites, il paraît intéressant de noter l’origine probable du nom des communes. Courbillac viendrait de « corbiacum », désignant le nom du domaine de Corbius, un riche propriétaire de l’époque gallo- romaine. En effet, une grande quantité de chef-lieux de paroisses, de hameaux et même de lieux-dits, pourvus d’un toponyme issue d’une forme en iacum ou acum ont donné des noms en ac, ay ou é. La localité portait le nom de Corbilhaco à la fin du XIVe siècle. Herpes aurait une toponymie germanique révélant peut-être un peuplement franc au Ve siècle.

3- Population : Cette commune a la particularité d’être composée de deux communes réunies en 1845: Courbillac et Herpes.

Herpes : Courbillac :

1793 : 267 habitants 1793 : 535 habitants 1861 : 1034 habitants 1926 : 553 habitants 1800 : 248 habitants 1800 : 613 habitants 1872 : 946 habitants 1931 : 518 habitants 1806 : 282 habitants 1806 : 598 habitants 1881 : 814 habitants 1968 : 400 habitants 1821 : 285 habitants 1821 : 612 habitants 1886 : 761 habitants 1975 : 426 habitants 1831 : 264 habitants 1831 : 680 habitants 1901 : 691 habitants 1990 : 473 habitants 1836 : abs 1836 : abs 1906 : 653 habitants 1999 : 502 habitants 1841 : 267 habitants 1841 : 653 habitants 1911 : 640 habitants 2006 : 551 habitants 1846 : 950 habitants 1921 : 528 habitants 2011 : 685 habitants

La crise du phylloxéra entraîne une baisse de la population à partir de 1876. Cette crise démographique du milieu rural s’accentue au cours du XXe siècle. Après une relance à partir des années 1970, la population est en hausse constante depuis le début du XXIe siècle.

3 - Superficie : Cette commune s’étend sur 11, 83 km².

4- Structure Communale : Cette commune étant issue de la réunion d’Herpes et de Courbillac, est composée de deux bourgs, mais aussi de deux églises, de deux cimetières mais d’une seule mairie-école dans le bourg de Courbillac. Les deux bourgs sont situés à environ 2 km l’un de l’autre. De nombreux villages sont disséminés sur le territoire communal (7) : Bel Air, Le Bourg des Dames, l’Epinais, Le Petit Beauvais, Le Pont d’Herpes, Le Souterrain, La Touche Ronde (en partie et en limite avec la Charente- e Maritime).Christelle La Chénebin, plupart Communauté de ces de ha Communesmeaux duexistaient Rouillacais – auSynthèse XVIII de Courbillac siècle. En effet, à l’exception du 1 Bourg des Dames et de l’Epinais, tous les hameaux figurent sur la carte de Cassini. Le Bourg des Dames, Le Souterrain et le Petit Beauvais sont les villages les plus importants. Cartes de Cassini, XVIIIème siècle

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 2

Situation géographique

Paysage

Le Bourg de Courbillac est implanté dans un fond de vallée, non loin du ruisseau le Tourtrat à 40 m d’altitude. Celui d’Herpes, plus au nord, est situé sur une légère hauteur qui culmine à 53 m.

Le cours d’eau

La commune est traversée par le ruisseau Le Tourtrat qui se jette dans la Solaire à . La source du Tourtrat est située au pied du château de Neuvicq (Neuvicq le Château, en Charente-Maritime), dit le gouffre de Neuvicq. Le ruisseau est aussi grossi par deux autres sources : celle de la Garonne de Sonneville, au hameau le Petit Bordeaux et la fontaine de Mareuil (alimentant l’éolienne et le lavoir)1. Ce ruisseau coule au plus près du bourg de Courbillac et de trois hameaux : Le Souterrain, Le Petit Beauvais, le Pont d’Herpes et le bourg d’Herpes.

Altitude Minimum : 25 m Maximum : 70 m

1 GAUGIE (A), La Charente Illustrée, Angoulême, 1865 écrit que le bourg est « entouré de bonnes prairies qu’arrose le Tourtrat, ruisseau important formé de la réunion de plusieurs sources. Il y a d’abord celle qui sort d’un gouffre assez profond….Cette source jaillissante n’est pas continue et ne fournit de l’eau que pendant 3 ou 4 mois dans tout le cours de l’année. La seconde source est le Puits de la Garonne, à l’est du Petit village du Petit Bordeaux (Sonneville). Les deux ruisseaux se réunissent entre Puygard et Neuvicq, avant d’entrer dans la Charente, et reçoivent sur le territoire de Courbillac, dans la prairie d’Herpes, les eaux de 2 nouvelles sources : celles de la Fondrière peu abondante mais perpétuelle, et la Fontaine de Mareuil. » Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 3

I- Historique de la commune

Chronologie : Quelques jalons pour comprendre l’évolution de la commune de Courbillac et son patrimoine

Période protohistorique : Âge du bronze/Âge du fer (-3500 à -1000 av. JC) : enceintes et enclos aux lieux-dits Les Près des Foins et L’Aubépin.

Antiquité : Occupation gallo-romaine au Bourg des Dames (lieu non déterminé)2 Occupation gallo-romaine au bourg de Courbillac (lieu non déterminé)3

La voie Agrippa constitue la limite de la commune de Courbillac avec celle de .

Après la conquête de la Gaule, la nécessité pour Rome de disposer de liaisons rapides et sûres, imposa, notamment au Ier siècle avant JC, la création d’une voie joignant Lugdunum (Lyon) à la région occupée par les Santons, avec sa cité Mediolanum Santonum. La voie Agrippa fut créée sous l’impulsion d’Agrippa, général et homme politique, qui lui a donné son nom. Cette voie traverse d’est en ouest le territoire de l’Angoumois et représente vraisemblablement la voie romaine principale de la région.

L’existence d’une voie secondaire gallo-romaine, reliant Brioux sur Boutonne (Deux-Sèvres) à , est attestée. Elle traversait la commune à l’est et rejoignait la Via Agrippa au Bourg des Dames.

Tombe découverte au hameau de Bel Air, au lieu-dit Champ de Jarnac. On songe à une sépulture aristocratique de l’Antiquité tardive ou du début du VIe siècle4 : un guerrier enterré avec son cheval, une épée, une boucle en bronze argenté (Philippe Delamain les trouve semblables à celles trouvées dans le cimetière d’Herpes), deux monnaies d’argent du IIIe siècle (Gordien le jeune et Galliénus) et une bague en bronze (« Ces sortes de bagues, fort rares et toujours en bronze, ajoute M Delamain, attribuées à l’époque gallo-romaine et servaient, croit-on, à ouvrir des coffrets renfermant des objets précieux »).

Haut-Moyen Âge :

Nécropole mérovingienne datant du VIe et VIIe siècles découverte à Herpes. Un nombre important de sépultures et d’objets associés aux rites funéraires pratiqués par les sociétés franques ont été mis au jour. Ce site exceptionnel en Charente est l’objet d’une importante bibliographie et de nombreuses polémiques.

2 Elément recueilli à partir de la base Patriarche du Service regional d’archéologie (SRA) du Poitou--DRAC (n° de l’entité: 16 1090008) 3 Elément recueilli à partir de la base Patriarche du Service regional d’archéologie (SRA) du Poitou-Charentes-DRAC (n° de l’entité: 16 1090009) 4 BMSAHC, 1894, pages XXXVIII et XXXIX. VERNOU (C), La carte archéologique de la Gaule. La Charente, 1997. Il écrit que “la proximité du cimetière mérovingien d’Herpes et le type d’inhumation avec monture pourraient aussi indiquer une tombe du début du VIe siècle ». Le SRA, base Patriarche indique une date indéterminée. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 4

Moyen Âge :

Construction des deux églises de la commune (Saint-Aubin de Courbillac et Notre-Dame d’Herpes) au XIIe. Elles faisaient parties de l’ancien diocèse de Saintes.

1167-1174 : l’évêque de Saintes, Adémar céda le bénéfice de l’église Notre-Dame d’Herpes, par une charte, à l’Abbaye aux Dames de Saintes et se réserva une redevance.

1242-1247 : premières mentions dans les actes de terres (vignes, pacages…) du Bourg des Dames appartenant à l’Abbaye de St-Ausone.

La Courade (Mareuil) est le siège d’une seigneurie. Les terres de La Courade et celles situées sur la commune de Courbillac appartiennent à la famille de Lestang. La particularité est que les possesseurs de ce fief figurent sur les registres paroissiaux de Courbillac.

La Guerre de Cent Ans (1337-1453) a causé d’importants dommages sur les églises

XVe siècle : le chœur de l’église Saint-Aubin a été reconstruit. Pas de mention de reconstruction pour l’église Notre-Dame.

Époque moderne :

Guerres de Religions (seconde moitié du XVIe siècle) entraînent d’importants dommages sur les deux églises

XVIIe siècle : reconstruction des façades des deux églises

1647 : le fief de La Courade (Mareuil) appartient à la famille Horric. Quelques membres de cette famille se faisaient enterrés dans l’église Saint-Aubin et non dans celle de Mareuil.

1686 : le Marquis de Montespan (mari de la célèbre Marquise), seigneur de Neuvicq-Le- Château (Charente-Maritime) est aussi celui d’Herpes, car il s’agissait d’un fief relevant de la châtellenie de Neuvicq. Le seigneur avait droit de haute, moyenne et basse justice à Herpes.

1686 : 37 feux ont été recensés à Herpes

1751 : restauration de l’église Saint-Aubin de Courbillac menée sous l’évêque de Saintes, Simon-Pierre de La Corée (inscription dans l’abside de l’église)

Révolution française

Époque contemporaine :

1805 : réunion de la paroisse d’Herpes à celle de Courbillac.

1812 : un arrêté préfectoral supprime le cimetière de Courbillac, installé à l’emplacement de la place des Poilus actuelle. Installation de celui-ci de l’autre côté de la route Bourg des Dames - le Souterrain mais le premier cimetière n’est pas désaffecté.

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 5

1821 : le presbytère de Coubillac est en très mauvais état et ne permet pas d’accueillir un curé dans cet état.

1832 : élaboration du cadastre napoléonien de la commune de Courbillac et Herpes.

1833 : la loi Guizot oblige les communes de 500 habitants à posséder une école pour les garçons.

1841 : création de la route et du pont au lieu-dit le Pont d’Herpes

1843 : une ordonnance royale contraint les villages à éloigner les cimetières des lieux habités.

1845 : Courbillac et Herpes s’unissent afin de former une seule commune.

1856 : construction de la clôture du cimetière de Courbillac.

1859 à 1872 : le presbytère de Courbillac bénéficie de travaux de restauration.

1862 : la cloche de l’église Saint-Aubin est fondue par M. Forgeot

1865 : restauration de l’église Saint-Aubin de Courbillac (installation d’une voûte en briques)

1867 : la loi Duruy oblige les communes de 500 habitants à avoir une école de filles

Années 1870 : crise du Phylloxéra

1871 : restauration de l’église Notre-Dame d’Herpes.

1876 : établissement de la croix dans le cimetière de Courbillac.

1878 : une 2ème cloche est refondue de l’église Saint-Aubin de Courbillac.

1879-1883 : construction de la mairie-école de Courbillac.

1882 : loi Ferry porte obligation scolaire de 6 à 13 ans

1884 : loi communale impose à chaque commune de se doter d’une mairie

1885-1887 : création d’un nouveau cimetière à Herpes.

1886-1898 : découverte et fouille d’un ancien cimetière mérovingien par M. Delamain

1891 : installation d’une boîte aux lettres au frais des villageois du Bourg des Dames (elle est encore visible)

1894 : découverte d‘une sépulture aristocratique au lieu-dit Bel Air par Monsieur Maurin, habitant Mareuil.

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 6

1896 : construction d’une gare Mareuil/ Courbillac, sur la commune de Mareuil pour la ligne ferroviaire Angoulême/ Matha, appelée « le Petit Rouillac »

1898 : réparation du pont du chemin de la Chaussée reliant le bourg au Petit Beauvais

1898 : nouvelle restauration de l’église Saint Aubin de Courbillac

1905 : restauration du presbytère de Courbillac.

1905 : création de la laiterie coopérative du Souterrain.

1905-1911 : installation du bureau de Poste dans l’ancien presbytère de Courbillac.

1906 : désaffectation de l’ancien cimetière d’Herpes

1910 : création d’un nouveau cimetière au lieu-dit de l’Aubépin à Courbillac.

1920 : aménagement d’une salle des fêtes à Courbillac

1924 : aménagement de la place des Poilus et installation du monument aux morts

1927 : fermeture de la laiterie du Souterrain et création de « la laiterie coopérative le Souterrain-Herpes » à Herpes qui resta en activité jusqu’au début des années 50.

1941 : désaffection du 2ème cimetière.

1951 : la ligne ferroviaire dite du « Petit Rouillac » est déclassée

1975-1976 : restauration des vitraux des deux églises de la commune.

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 7

Évolution morphologique des bourgs

La commune de Courbillac possède deux bourgs, du fait de la fusion de deux communes autrefois distinctes. Ils appartiennent au type des bourgs qui se sont développés à la période romane autour de l’église paroissiale.

Le Bourg de Courbillac :

Cimetière créé en 1910

Mairie-école

Cave du XVe - Eglise St Aubin XVIIe siècle

Bourg de Courbillac : copyright Propriété viticole GéAncienoportail cimetière Place des Poilus

Cimetière désaffecté Propriété de type variante longère en 1942 (ancien lieu-dit La Sablière) Bourg de Courbillac : copyright Géoportail, extrait 2011.

Le bourg de Courbillac s’est développé à l’ouest, au sud et à l’est de l’église. Le bâti est assez clairsemé, se concentre le long des rues et en laissant de nombreux espaces vides.

Le pourtour immédiat de l’église Saint Aubin est peu loti et forme une parcelle ovoïdale restreinte délimitée par des rues ou allées. Le ruisseau le Tourtrat coule en contre bas du bourg (nord-ouest) et a créé des zones inondables à proximité, jusqu’à ce qu’un système de drainage soit mis en place. C’est pour cette raison que l’ancien cimetière ne semble pas avoir été installé au nord de l’église, mais plus au sud (place des Poilus actuelle). Ce cimetière n’apparaît pas sur le cadastre napoléonien de 1832, sans que nous en connaissions la raison. Dans les environs immédiats de l’église se trouve un seul vestige du XVe-XVIIe siècle : une cave semi-enterrée, installée au-dessous d’une construction du XXe siècle. Nous ne connaissons pas son histoire mais il est courant de trouver à proximité des églises des caves qui servaient de refuge lors des guerres (de Cent Ans ou de Religion).

Le bourg se développe et s’étire au cours des XIXe, XXe et XXIe siècles, le long des voies de communication, faisant le lien avec ses hameaux (Herpes, le Souterrain et le Bourg-des-Dames). En comparant le cadastre napoléonien de 1832 et le cadastre

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 8

actuel, on observe que le bourg s’est étendu jusqu’aux lieux-dits l’Aubépin et la Sablière après 1832. La Mairie-école a été construite, en périphérie, au lieu-dit l’Aubépin entre 1879 et 1883, sans doute faute de terrain à bon prix dans le bourg, mais aussi pour éviter la proximité du cimetière. A l’écart du bourg se trouve le cimetière dont le transfert date de 1910, date assez tardive par rapport à l’ordonnance royale de 1843, qui ordonnait d’éloigner les cimetières des lieux habités. Il y avait eu une tentative d’éloignement du cimetière après 1876 (date inconnue), de l’autre côté de la route servant de limite à la place des Poilus (premier cimetière). Deux habitations se distinguent du reste du bâti traditionnel du bourg : un ensemble de bâtiments massé, non loin de l’église et une maison de style longère, à l’entrée du bourg. Le premier ensemble se distingue par ses dimensions imposantes. Il s’agit d’une propriété viticole, constituée : d’un pavillon d’angle mentionné sur le cadastre napoléonien de 1832, une grange installée côté rue, un ensemble de bâtiments à l’est (plus modernes) et une ferme organisée autour d’une cour presque fermée, dominée par une maison charentaise classique (datant de 1880). Cette propriété est composée de bâtiments de différentes époques. Cette parcelle aurait appartenue au Comte de Jarnac avant 1791 (d’après la tradition orale, non confirmée par des sources historiques). La maison de style longère a la caractéristique d’accueillir sous un même toit l’habitation, le porche et le bâtiment agricole au XIXe siècle et se développe sur deux niveaux. C’est un bel ensemble homogène.

Cadastre napoléonien datant de 1832, Bourg de Courbillac (ouest, est et sud-est), Section C (feuille unique) et Section D (feuille 2) : © Archives départementales de la Charente. Droits réservés.

L’église est représentée en bleu et le bâti construit sur les parcelles est mentionné en rose.

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Le Bourg d’Herpes :

Fontaine

Église Notre Dame

Ancien cimetière

Ancien presbytère

Laiterie cooperative

Nécropole mérovingienne

Cimetière Cimetière actuel transféré en 1887

Bourg d’Herpes: copyright Géoportail, extrait en 2011.

Le cœur historique du bourg d’Herpes se situe au Moyen Âge autour de l’église Notre-Dame. Une nécropole, lieu funéraire, a également existé au début de cette période à l’ouest du bourg. Durant l’Antiquité, par superstition et par hygiène, les morts sont inhumés en dehors de la cité. Les nécropoles sont implantées à la sortie des cités, parfois le long des voies romaines. On connaît l’emplacement approximatif de cette nécropole le long d’une voie romaine secondaire reliant Brioux à Jarnac et permettant de rejoindre la voie Agrippa, du côté du Bourg-des-Dames. Le tracé linéaire de cette ancienne voie est dans le parcellaire au bord duquel se trouve une fontaine. Les fouilles réalisées au XIXe siècle ont permis de découvrir des inhumations datant probablement du Ve-VIIe siècle. C’est au cours du Moyen Âge (Xe siècle 5), que les cimetières sont déplacés à proximité des églises. Le Christianisme impose de faire reposer les morts en terre bénite. Le cimetière d’Herpes se trouvait certainement au chevet de l’église sur une

5 SCHNEIDER (L), « De l’archéologie du moment chrétien à l’archéologie des lieux de culte », Archéologie des lieux de culte, 2010. Il écrit « contrairement à une idée admise, on découvre progressivement que la constitution des cimetières paroissiaux n’a pas toujours été suivi de l’abandon des nécropoles en plein champ et que la notion même de cimetière paroissial, entendu comme un espace consacré accueillant la communauté des fidèles, ne s’est imposée que très progressivement et assez tardivement, guère avant le Xe siècle en définitive (Cécile Treffort, 1996, Zadora-Rio 2003) ». Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 10 parcelle aujourd’hui engazonnée et plantée d’arbres (et même au-delà). Les environs immédiats de l’église sont peu lotis. L’ancien presbytère a conservé des éléments du bâti du XVIIe siècle (une date : 1609 et une inscription sont encore visibles). La commune présente très peu de vestiges architecturaux antérieurs au XIXe siècle. Cela s’explique sans doute par un contexte économique favorable au XIXe siècle à la reconstruction d’un bourg viticole.

Le bourg d’Herpes s’est développé au-devant de l’église et au nord de celle-ci. Le bâti y est assez dense et s’est développé le long des voies de communication (surtout le long de la route principale D23). Par contre, à l’est de l’église, un autre pôle d’habitation s’est agrandi au cours du XIXe siècle. Il se caractérise par beaucoup de reconstruction et un parcellaire plus lâche (petites propriétés autour d’une cour presque fermée, caractéristiques du XIXe siècle). Le cimetière a été transféré en 1887 très loin du cœur du bourg, certainement pour faire le lien avec les villages de la commune de Courbillac qui venaient d’être unis à Herpes (en 1845). Une propriété se distingue du reste du bâti traditionnel du bourg : l’ancienne laiterie coopérative Le Souterrain- Herpes qui a commencé son activité vers 1927 et qui aurait cessé son activité dans les années 1950. Cet élément constitue un patrimoine industriel intéressant. En comparant le cadastre napoléonien de 1832 et le cadastre actuel, on observe assez peu de changement. La morphologie du bourg a été préservée : le bâti traditionnel a été conservé, même si quelques constructions récentes sont apparues (surtout au sud du bourg).

Cadastre napoléonien, 1832, Bourg de Herpes, Section A (feuilles 1et 2) © Archives départementales de la Charente. Droits réservés L’église est représentée en bleu et le bâti construit sur les parcelles est mentionné en rose.

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II- Les activités économiques du XIXe siècle et leurs traces

Culture:

En 1865, Alcide Gauguié écrit dans la Charente Illustrée, que le bourg est entouré de bonnes prairies qu’arrose le Tourtrat et que la commune possède un « sol (…) de deux natures, calcaire au levant (est) et argileux au couchant (à l’ouest) dans la partie qu’on appelle le pays bas. Le sous-sol de ces derniers terrains se compose de pierres plates non poreuses ayant quelque analogie avec le marbre appelé platin. Un idéal pour la vigne qui « donne un vin blanc excellent, pouvant rivaliser avec le Bergerac, quand le raisin vient bien à maturité, ce qui n’arrive pas toujours, car le sol est extrêmement humide. »

De nombreuses prairies se développaient le long du Tourtrat où se pratiquait la vaine pâture. A tour de rôle les éleveurs du village menaient paître le troupeau deux fois par jour, de la fauche des près à La Toussaint. Des barrages d’irrigation ont été construits pour irriguer les près au cours du XIXe siècle. Culture et élevage se côtoient. La rivalité entre les propriétaires de près et les meuniers est souvent relatée dans les Archives à la série S.

Dans son ouvrage La Géographie historique et communale de la Charente (1914- 1915), Martin Buchey indique que la commune « est une des rares communes du département qui aient conservé quelques vieilles vignes de plant français, épargnées par le phylloxéra ; quelques autres vignobles ont été reconstitués dans la partie haute de la commune, qui produit également différentes céréales ». Il signale aussi qu’une laiterie et une distillerie d’eau de vie fonctionnaient.

La crise du phylloxéra à partir de 1870 a frappé les habitants de la commune ; même s’il semble que des pieds de vigne aient été épargnés. Une distillerie était recensée en 1914 au Souterrain. Elle n’a pas été identifiée avec certitude. Nombreux agriculteurs ruinés se sont reconvertis dans l’élevage des vaches laitières grâce aux prairies de bonne qualité. Une laiterie coopérative a été établie au Souterrain, en 1905, qui a ensuite été transférée à Herpes en 1927.

Laiterie coopérative:

Dans les années 1880, la crise du phylloxéra provoque une mutation d’activité pour une partie des territoires spécialisés dans la viticulture qui se tourne dès lors vers la polyculture et l’élevage des vaches laitières. Le développement de l’industrie laitière en Poitou-Charentes repose sur le dynamisme du mouvement coopératif. La laiterie coopérative du Souterrain a ouvert ses portes en 1905 et la cession de son activité remonte à 1927. On y fabriquait du fromage.

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 12

Ancienne laiterie coopérative du Souterrain

Les bâtiments étaient organisés autour d’une cour et se composaient ainsi : les bâtiments commerciaux, le logement patronal (pratiquement intacts actuellement mais non visibles de la rue) et l’atelier de fabrication du fromage dont l’organisation reste mal définie après remaniement (visible de la rue).

Carte postale de l’ancienne laiterie coopérative du Souterrain. Bâtiments installés côté cour.

L’activité a été ensuite déplacée à Herpes. La laiterie coopérative Le Souterrain- Herpes a commencé son activité vers 1927 et aurait cessé son activité dans les années 1950, au moment de son rattachement à la laiterie de Matha. Lorsque qu’on arrive à Herpes, par la route menant à Neuvicq-le-Château, on remarque l’inscription « laiterie coopérative Le Souterrain-Herpes ». On y fabriquait du fromage type camembert (la Petite Cosette et Fleur prairie) et du beurre. On fabriquait également de la caséine, protéine extraite du lait, qui sert à la préparation de la colle employée dans l’industrie du contreplaqué, pour les matières plastiques ou les produits pharmaceutiques. Elle aurait employé une vingtaine de personnes. Les ouvriers et livreurs venaient en grande partie de la commune. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 13

De nombreux éléments architecturaux de cette ancienne laiterie subsistent encore aujourd’hui : - le logement patronal, datant du XIXe siècle avec une façade ordonnée et un traitement de qualité (pierre de taille, linteau en plate-bande, porte avec imposte) - un ensemble de bâtiments consacrés à la laiterie : la fromagerie avec un séchoir à fromage, les bureaux, le quai de déchargement et de réception avec un toit en appentis et une charpente métallique, l’atelier de fabrication du beurre, une cheminée en brique - un porche donnant accès à la rue de la laiterie

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 14

Carte postale © collection M. Gaillard. Cour de la laiterie coopérative d’Herpes. Boîtes des fromages fabriqués dans cette laiterie.

Meunerie : A Courbillac, plusieurs moulins existaient encore au XIXe siècle témoignant ainsi d’une activité meunière sans doute ancienne.

Moulin à vent6 : Il existait un seul moulin à vent dans la commune et il figure sur la carte de Cassini dressée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle mais il n’est pas nommé. Il se situait à flanc de coteau, bien exposé aux vents dominants, entre les villages Le Souterrain et Le Petit Beauvais. Il est recensé sur le cadastre napoléonien de 1832. Aujourd’hui, le moulin a disparu mais son souvenir subsiste : le lieu-dit « le Moulin à vent » existe toujours et est positionné sur la carte IGN. En 1756, le moulin appartenait à Pierre Bounin, bourgeois de Courbillac qui l’afferme à Jean Gatinaud, farinier au moulin de Louis Lignac au Vignac et natif de Sonneville. Il était associé au moulin à eau du Souterrain (près du pont de la Tranchée ou celui du Souterrain). Les moulins à vent sont souvent utilisés en complément d’un moulin à eau, lorsque le cours d’eau a un faible rendement en été.

Moulins à eau : La commune compte quatre moulins à blé situés sur le cours du Tourtrat.

Le moulin du Petit Beauvais est situé sur le cours du Tourtrat. Figuré sur la carte de Cassini, il n’y est pas nommé. Il est aussi recensé en 1832 sur le cadastre napoléonien. Il prend le nom de Moulin de Sieur Hubert (nom du propriétaire) durant la seconde moitié du XIXe siècle. Ce moulin a disparu.

6 AILLOT(M), La Nouère, ses moulins et ses meuniers. Les moulins à vent autour de Rouillac, 2009 Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 15

Le moulin situé entre le Petit- Beauvais et le Souterrain sur le cours du Tourtrat ne semble pas figurer sur la carte de Cassini. Il prend le nom de Moulin de sieur Billaud (nom du propriétaire) durant la seconde moitié du XIXe siècle. Il reste des ruines de ce moulin.

Moulin en ruines

Le moulin situé au lieu-dit Le Souterrain. Il figure sur la carte de Cassini mais il prend le nom de Moulin de sieur Gestreau (nom des propriétaires), au cours du XIXe siècle. En 1812, le moulin à vent cité précédemment leur appartient aussi. Aujourd’hui, il a été transformé en habitation.

Le bief du moulin du lieu-dit Le Souterrain

Le moulin installé près du pré Maquet, est situé en aval des trois autres. Il figure sur la carte de Cassini. Il n’a pas de nom comme les autres. Mais il prend le nom de Moulin du sieur Brisson (nom du propriétaire), au cours du XIXe siècle. En 1862 le sieur Brisson demande le détournement du cours d’eau pour son moulin. Mais une pétition est adressée par le sieur Gestreau, propriétaire d’un autre moulin, au préfet

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 16 car il a peur que cela engorge son moulin. Finalement, le préfet rejette le projet en 1865. Aujourd’hui, le moulin a disparu.

Cadastre napoléonien, Courbillac, 1832 © Archives départementales de la Charente. Droits réservés Les quatre moulins installés sur le cours du Tourtrat sont dessinés sur le cadastre de 1832.

Les anciens commerces disparus sur la commune de Courbillac :

Dans la rue commerçante du bourg de Courbillac (la Grand rue), on comptait un café, un garage et une boulangerie (le four est encore visible).

A Herpes, la rue commerçante était la route départementale traversant le bourg (appelée maintenant rue des mérovingiens).

Epicerie-mercerie, rue actuelle des Mérovingiens à Herpes

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 17

Au Bourg des Dames, l’ancienne régie des contributions des débits de tabac des manufactures est encore identifiable grâce à l’inscription ci- dessous.

Inscription difficilement lisible gravée sur le linteau d’une ancienne porte, rue de la Grande Cruche

III- Typologie des monuments, du bâti et du patrimoine vernaculaire

III.1 Les monuments :

a. Les découvertes archéologiques

Préhistoire Aucun vestige n’a été découvert à ce jour

Protohistoire (-3500 av JC et -1000 av JC) Au lieu-dit Les Prés des Foin, a été recensé un ensemble de fossés circulaires datant de l’Âge du bronze-Âge du fer. Photographie (prospection aérienne) sur 1.8 ha de Jacques Dassié (1978).

Au lieu-dit de l’Aubépin a été recensé un enclos datant de l’Âge du bronze-Âge du fer7.

Antiquité Une voie gallo-romaine secondaire est recensée sur la commune de Courbillac. La voie Brioux-Jarnac passait par Herpes, le Pont d’Herpes et rejoignait la Voie Agrippa, au Bourg des Dames (limite avec la commune de Sigogne). Au Bourg des Dames comme au bourg de Courbillac, une occupation humaine de l’époque gallo-romaine a été attestée8. Il pourrait s’agir, au Bourg des Dames, d’une villa gallo-romaine, étant donné la proximité avec La Courade (Commune de Mareuil).

Moyen Âge (VIe siècle-XVe siècle)

7 Informations délivrées par le Service Régional d’Archéologie du Poitou-Charentes 8 Informations délivrées par le Service Régional d’Archéologie du Poitou-Charentes Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 18

Haut Moyen Âge Au lieu-dit les Pierres rompues (Herpes), une nécropole mérovingienne exceptionnelle en Charente a été découverte en 1886 lors des labours et fouillée jusqu’en 1898, par Philippe Delamain. Il a mis au jour un nombre important de sépultures et d’objets associés aux rites funéraires pratiqués au VIe siècle par les sociétés franques (sa date d’occupation n’a pas été définie à ce jour).

Epoque indéterminée À l’ouest de Bel-Air, au lieu-dit le Champ de Jarnac a été découvert au XIXe siècle, par M. Maurin (de Mareuil), la sépulture d’un guerrier enterré avec son cheval et des objets en fer : épée, fers, mors (non extraits de la tombe car en trop mauvais état ou perdus). D’autres objets découverts dans la tombe auraient été offerts à M. Delamain (iconographie et lieu de conservation inconnus) : une boucle en bronze argenté, deux monnaies romaines en argent (une de Gordien jeune et une autre de Galliénus) et une bague en bronze9. Il y aurait eu un dessin de cette bague fait par M. Delamain10. Iconographie non retrouvée.

Carte indiquant les sites archéologiques de la commune

b. La nécropole d’Herpes

9 La datation de ce site fait débat. Selon le BSAHC, 1894, cette sépulture daterait de l’Antiquité. Dans son ouvrage, la carte archéologique de la Gaule, VERNOU (C) pense qu’étant donné la proximité de la nécropole d’Herpes (600 m au sud) et le type d’inhumation avec une monture, il pourrait s’agir d’une tombe du VIe siècle. Le Service Régional d’Archéologie recense aussi cette sépulture mais indique : date indéterminée. 10 BSAHC, 1894, p. XXXVIII. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 19

Philippe Delamain, négociant à Jarnac et amateur d’archéologie, a été alerté par deux cultivateurs en 1886, qui venaient de découvrir dans un champ des perles, haches et fibules. Il mena donc des fouilles sur cette vaste nécropole mérovingienne entre 1886 et 1898. Encouragé par la Société archéologique et historique de la Charente et par M. Bertrand du musée de Saint-Germain en Laye, il acheta aux propriétaires l’autorisation d’explorer ce cimetière. Selon l’étude de Cathy Haith11, les tombes étaient disposées en rangées et installées de part et d’autre d’une voie romaine secondaire reliant Brioux à Jarnac qui rejoignait la Voie Agrippa à Sigogne. La voie était bétonnée, dallée par endroits et encadrée de fossés. Ce cimetière pourrait faire partie d’une tradition de « cimetières à rangées » situés entre Saintes et Angoulême. La tradition des nécropoles en dehors des villages et le long des voies romaines remonte à l’époque antique. Selon E.James 12 , ce site offre des caractères septentrionaux (organisation, type de tombes, armes, bijoux du début de la période mérovingienne) et doit être imputé à des Francs dont un certain nombre s’établirent en Saintonge et en Bordelais après Vouillé (507). En effet, les Francs étaient venus en grand nombre dans l’Aquitaine avec Clovis allant combattre les Wisigoths. Il faut semble-t-il rester prudent sur l’étude ethnologique de ce cimetière car les rites funéraires, en particulier les dépôts de mobilier funéraire (céramiques, armes, parures et accessoires vestimentaires) qu’ils pratiquaient seraient un mélange de pratiques funéraires des populations indigènes romanisés et celles des Francs. Au VIIe siècle, il y aurait eu une uniformisation des usages funéraires. Les Francs abandonnèrent progressivement leurs particularités (dépôt d’armes) et adoptèrent les coutumes funéraires indigènes (armement parcimonieux, rares accessoires vestimentaires, objets de parure, fréquence des sarcophages et des inhumations dans les mêmes sépultures)13.

11 HAITH (C), « Le nouveau regard sur le cimetière d’Herpes », Actes des 8e journées internationales d’archéologie mérovingienne de Soissons, 1986 12 JAMES (E), The Merovingian Archaelogy of South-West Gaul, 1977, t. 1-2 13 PERIN (P), « A propos de publications récentes concernant le peuplement en Gaule à l’époque mérovingienne: la question franque », Archéologie médiévale, 1981, t. 11, p. 125-145.

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 20

Aussi, les objets découverts à l’intérieur des tombes étant d’origine franque, saxonne et wisigothique, il s’agit certainement d’un métissage culturel dans les parures14 et résultant de contacts commerciaux15. Selon Cathy Haith, il y aurait eu 1600 tombes sur plusieurs hectares.

Les squelettes étaient déposés en pleine terre (sans sarcophage mais parfois un entourage de pierres ou de dalles), orientés têtes à l’ouest et étendus sur le dos. A côté de leur tête étaient placés un ou plusieurs vases en terre cuite ou en verre. Des restes d’étoffes grossières pourraient attester la présence d’un linceul. Les fouilleurs ont signalé quelques sépultures d’enfants. Ce site recense surtout des sépultures masculines voisinant avec des sépultures féminines.

« Les sépultures masculines, selon C. Haith, livrèrent des couteaux avec des restes de fourreaux en bois ou en cuir (souvent au niveau de la hanche gauche), ainsi que des boucles de fer, d’argent ou de bronze à la ceinture. La plupart d’entre elles étaient de simples boucles portant un ardillon scutiforme (partie mobile que l’on rentre dans le trou et ayant la forme d’un écu). Certaines tombes ont livré des fers de lance, des scramasaxes (arme blanche franque) et divers haches placées au niveau des genoux. Ces objets faisaient partie de l’équipement guerrier. Par contre, on n’a pas retrouvé d’épées… »

Planche extraite de l’Album de Philippe Delamain, 1892, SAHC (couteaux et scramasaxes)

Le contenu des sépultures féminines était plus varié, avec à la fois de l’orfèvrerie et des objets de la vie quotidienne : des fils d’or appartenant à des voiles, plusieurs types de boucles d’oreilles dont les plus belles étaient incrustées de grenat ou de verre. On semble avoir enseveli avec les défuntes, leurs plus belles parures et aussi les objets auxquels elles attachaient de la valeur, ou faisant partie de la vie quotidienne. Beaucoup de femmes portaient des colliers de perles d’ambre et de verre. Sur la poitrine, on a retrouvé divers types de fibules, qui permettaient de retenir et d’orner les vêtements. Elles avaient des fibules avec un décor de têtes d’animaux affrontés, des fibules aviformes ordinaires (ayant la forme d’un oiseau) ou dotées

14 STUTZ (F), « L’inhumation habillée à l’époque mérovingienne au sud de la Loire », Bulletin de l’année académique 1999-2000, p. 232 15 HAITH (C), 1986 Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 21 d’un décor zoomorphe (cheval, salamandre, poisson). Elles portaient aussi des bracelets de perles de verre ou d’ambre ou des bracelets de bronze ou d’argent. Aux mains, qui étaient placées de chaque côté ou croisées sur le ventre, nous trouvons des bagues, en argent ou dans un métal fragile (5 en or seulement). Ph. Delamain a découvert aussi entre les genoux, des débris de chaînettes en bronze ou en laiton auxquelles étaient suspendus des ciseaux ou des pinces à épiler en bronze.

Planches extraites de l’Album de Ph. Delamain, 1892, SAHC (fibules et colliers) Par ailleurs, les tombes renfermaient des monnaies parfois percées pour être suspendues ou parfois placées dans la bouche du défunt : des monnaies impériales romaines comme un denier de Tibère (1er siècle de notre ère) et des bronzes de Postumus, Galliénus, Tétricus… Presque toutes les sépultures contenaient un vase funéraire tantôt à gauche ou à droite de la tête. Ce vase était en terre (noire) ou en verre.

Il est difficile de faire une synthèse car l’étude scientifique de ce site n’a pas été faite selon les règles et laisse de nombreuses questions en suspens. En effet, les fouilles ont été menées de façon peu précises, ce qui a entraîné quelques controverses concernant la datation, l’interprétation ethnique du site, l’origine géographique exacte des objets dits d’Herpes. Nous disposons d’un rapport de fouilles très incomplet qui ne précise pas clairement pour les objets mentionnés, leur répartition par tombe. La Société archéologique et historique de la Charente en 1902, dans son bulletin nécrologique à la mort de Philippe Delamain fait des recommandations sur les futures fouilles à mener. Il n’y a pas eu d’étude anthropologique, pas de plan d’ensemble du cimetière avec numérotation des tombes ni de vue d’ensemble de la collection. La première référence au cimetière est parue en 1886 dans le Bulletin de la Société archéologique de la Charente. Une lettre de 1889 publiée dans la Revue archéologique de cette année donne le premier rapport de fouilles détaillé (60 tombes). La publication suivante est un article de

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 22

Philippe Delamain dans la Revue de la Saintonge et de l’Aunis en 1890 : le nombre de tombes fouillées s’élèvent à 600 et pour la première fois paraît une planche en couleur reproduisant les objets du site. En 1892 paraît une réédition des articles sous la forme d’un album, auquel sont adjointes 26 planches en couleur représentant 144 objets. Cependant, cette monographie ne représente que la moitié des objets du site selon Cathy Haith, le site n’ayant pas été encore totalement fouillé à ce moment-là. Plus grave encore, d’après cette chercheuse, de nombreux objets dits d’Herpes ne seraient pas issus de ce site mais plutôt de sites du nord de la ou de Biron (Charente-Maritime).

L’ensemble des objets est actuellement dispersé dans les musées internationaux de Londres, Cologne et New York et dans certains musées de la région Poitou- Charentes. En effet, en 1901, la collection de Philippe Delamain est dispersée dans de nombreuses ventes aux enchères. Une grande partie de cette collection fut achetée par un marchand parisien Houzeau pour le collectionneur Edouard Guilhou. Celui-ci aurait gardé les bagues pour lui. Actuellement, nous ne savons pas où elles se trouvent mais nous en avons une description par M. Deloche (après la vente en 1937 à Sotheby’s, elles semblent disparaître). En 1905, le reste fut mis en vente et acheté par MM. Rolin et Feuardent. Ensuite leur collection contenant 1161 objets est acquise par le British Museum de Londres. Seuls 8 % du matériel peuvent être avec certitude attribués au site d’Herpes. Un riche industriel allemand et collectionneur, Johannes Von Diergardt (mort en 1934) lègue en 1906 des objets d’Herpes au Musée de Berlin mais une partie de cette collection a disparu pendant la seconde guerre mondiale. La collection du Metropolitan Museum de New York compte aussi seize objets (des fibules) même s’il n’y a pas de preuve définitive (peut-être collection de Pierrepont- Morgan, grand collectionneur d’art américain). Des musées du Poitou-Charentes ont conservé certains objets dits d’Herpes légués par Ph. Delamain. Le Musée de Royan possède un petit vase de céramique à décor de palmettes fait au poinçon, le Musée de Cognac possède deux assiettes en terre cuite et le Musée de la Société archéologique et historique de la Charente, à Angoulême, possède quelques objets dont un vase de céramique à englobe noir. Enfin, la commune de Courbillac a conservé une francisque, quatre ciseaux plats, une pointe de lance, une boucle de ceinture, six fiches à bélière (comme des pics à viande, trocart) et une herminette. Il pourrait s’agir d’instruments de travail placés dans la tombe d’un artisan du bois.

Musée de Cognac Société Archéologique et Historique de la Charente

MuséeMusée de Cognacde Cognac

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 23

Commune de Courbillac

Ce cimetière d’Herpes semble avoir été occupé à partir de la fin du Ve ou VIe siècle (après Vouillé) et jusqu’au VIIe siècle, sans certitude. On sait que les objets trouvés datent de la fin du Ve au VIe siècle. La documentation actuelle ne nous permet pas de dire s’il s’agissait d’un cimetière à part entière ou d’un site réutilisé à intervalles réguliers ou irréguliers depuis l’époque romaine tardive. Un site exceptionnel selon Cathy Haith car cette zone géographique est plutôt caractérisée par des sépultures avec sarcophages. Cependant, il n’est pas isolé car il appartient à toute une série de cimetières à rangées découverts entre Angoulême et Saintes dont le mobilier suggère l’introduction massive au début du VIe siècle d’un élément franc dans la population indigène.

c. Les édifices religieux

L’église Saint-Aubin de Courbillac

Située dans l’ancien diocèse de Saintes, elle a été construite au XIIe siècle. Le premier vocable de cette église semble avoir été Saint-Médard16. Elle prend ensuite le vocable de Saint-Aubin. Ce saint est né dans l’évêché de Vannes, il fut abbé de Trillant en Bretagne, puis en 529 évêque d’Angers où il mourut en 560. Le cimetière a certainement été installé autour de l’église sans que l’on puisse connaître l’espacement avec certitude.

Un peu d’histoire…

L’église a été construite au XIIe siècle. Comme bon nombre d’églises du territoire, l’édifice a dû subir les dommages des guerres de Cent Ans (Français et Anglais s’affrontent de 1337 à 1453) et de Religion (qui opposèrent catholiques et protestants pendant la seconde moitié du XVIe siècle). L’église a été restaurée au XVIIIe et au XIXe siècle: charpente, voûtes en briques blanchies, cloches, vitraux.

16 Ce saint né à Salency (Picardie) dans le dernier quart du VIIe siècle. Il œuvre à l’évangélisation de la Picardie et devient évêque de Noyon en 548. Il meurt en 560 et est enterré à Saint-Médard de Soissons. Selon la croyance populaire, s’il pleut le jour de sa fête, la pluie dure quarante jours. Il est le patron des cultivateurs. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 24

L’église Saint-Aubin et son mobilier ne sont ni classés, ni inscrits au titre des Monuments historiques.

Un petit tour à l’intérieur…

L’église de plan rectangulaire se compose d’une nef de trois travées, d’un faux-carré surmonté d’une coupole et d’un chevet plat.

La nef unique à trois travées est scandée par des colonnes, dont les chapiteaux sont ornés de bourgeons ou laissés nus (pouvant datés de la fin du XIIe siècle). Ils sont surmontés de tailloirs qui sont profilés d’un bandeau et d’un cordon. Ces éléments indiquent la construction d’une ancienne voûte en berceau en pierre, renforcée par des arcs doubleaux.

Les trois travées sont aujourd’hui couvertes de voûtes d’arrêtes en briques et blanchies, lors d’une des restaurations de l’église au XIXe siècle (1861 et 1898). Les murs latéraux sont percés de chaque côté de fenêtres étroites en arc en plein cintre. Ces ouvertures ont été restaurées au XIXe siècle. Et les vitraux ont été refaits dans les années 1975-1976 grâce à une souscription lancée auprès des habitants.

Le clocher est placé au centre de l’église sur la 5ème travée. Cette travée a conservé une coupole sur pendentifs dont la base est décorée de pointes de diamant, de damiers et de fleurs. Elle s’appuie sur des arcs brisés.

Le chevet, à fond plat, a été reconstruit au XVe siècle. Il est plus large que la nef, plus lumineux et a été rehaussé. Il porte une voûte d’ogives à nervures prismatiques, pénétrant directement le mur sans l’intermédiaire de chapiteaux. La clef de voûte est décorée d’un blason, sur lequel se détachent trois fleurs de lys. Il est porté par deux personnages nus et barbus. Il s’agirait du blason de la famille des Horric, seigneur de Courbillac selon la tradition orale. Cette information est à prendre avec prudence, car le blason de cette famille serait plutôt composé d’azur à trois fermaux d’or en 1664 ou d’argent en 1669. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 25

La grande baie du mur oriental était plus grande à l’origine. Elle a été remaniée et réduite, certainement lors d’une restauration au XIXe siècle. Elle se compose de deux lancettes surmontées d’une rose circulaire. Son vitrail a été offert vers 1865 par la famille Bussac et signé Louis Victor Gesta (fondateur de la manufacture de vitraux Gesta à Toulouse).

Sous le clocher, un arc de décharge a pour fonction de renforcer le mur supportant le clocher. Des statues de saint Aubin et de saint Paul sont installées dans le chœur. La sacristie est établie à côté du chœur. On remarque une porte décorée avec soin. Elle porte une inscription : « A la gloire du créateur cette église fut restaurée du soin de prévost son pasteur et son évêque de la Core 1759 ». Une restauration de l’église a été effectuée au XVIIIe siècle.

Puis à l’extérieur…

La façade a été remaniée au XVIIe siècle. Le portail en anse de panier est surmonté d’un fronton curviligne et reçu sur deux piliers, aux tailloirs décorés de dents de scie. Les pilastres ornés de chapiteaux corinthiens possèdent des piédroits décorés de cartouches avec des enroulements. Un masque est sculpté sur le retour de l’arc en anse de panier de la porte. L’ensemble est surmonté d’une baie romane géminée ornée de colonnettes.

Les murs latéraux de la nef sont percés de fenêtres. Certaines sont refaites mais les plus anciennes ont conservé une décoration du XIIe siècle, telles des pointes de diamant. Le clocher, installé presque au centre de l’édifice, est couvert d’un toit plat à quatre pans et comprend deux niveaux d’ouvertures. Le 1er est rythmé par des baies en plein-cintre aveugles. Le 2e niveau plus élevé s’ouvre par deux hautes ouvertures à double rouleau sur chacune des quatre faces. De gros contreforts sont installés aux angles du chevet afin de renforcer les murs qui soutiennent la voûte d’ogives. Le chevet s’appuie contre le clocher. On remarque des trous de boulin sur le mur. Ce sont des trous laissés par les échafaudages nécessaires à la construction de l’édifice. La baie d’axe date du XIXe siècle. On remarque bien les traces de l’ancienne grande verrière du XVe siècle et l’utilisation de pierres de remploi. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 26

L’église Notre-Dame d’Herpes

Située dans l’ancien diocèse de Saintes, l’église Notre-Dame d’Herpes dépendait d’une vicairie perpétuelle. L’évêque de Saintes, Adémar en céda le bénéfice par une charte au XIIe siècle à l’Abbaye aux Dames de Saintes. Ainsi, les revenus de cette église lui étaient attribués 17 . L’espace non loti qui se déploie à l’est de l’église correspond à l’emplacement de l’ancien cimetière transféré à l’écart du bourg en 1887.

Un peu d’histoire…

L’église a été construite au XIIe siècle. Comme bon nombre d’églises du territoire, l’édifice a dû subir les dommages des guerres de Cent Ans et de Religion. Au XIXe siècle, l’église a été réparée et son mobilier installé18. L’église Notre-Dame d’Herpes et son mobilier ne sont ni classés ni inscrits au titre des Monuments historiques

17 MICHAUD (A), « L’Abbaye Notre-Dame au Moyen Âge ». In : GENSBEITEL (C), Abbaye aux Dames de Saintes, Le Croît Vif, 2009, p.73 18 Abbé NANGLARD, Pouillé historique du diocèse d’Angoulême, Angoulême, 1903. Il indique que l’église Notre-Dame d’Herpes a été réparée et pourvue d’un autel et d’un chemin de croix en 1857. Puis elle est réparée à nouveau en 1871. Une cloche est fondue en 1865. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 27

Un tour à l’intérieur…

L’église se compose d’une nef unique de trois travées, couverte d’une voûte en berceau et s’achève par un chevet à cinq pans. Un badigeon blanc, une décoration de fausses pierres et de petites fleurettes bleues ont été appliqués, au XIXe siècle, sur les murs de l’église. Une inscription peinte en bleu a été installée sur l’arc doubleau séparant la nef du chevet : « Tout à la plus grande clarté de Dieu ».

Le mobilier liturgique date certainement des XIXe et XXe siècles : la chaire, le confessionnal, le maître-autel et deux statues de la Vierge.

Puis à l’extérieur…

Le portail est constitué d’un arc en plein cintre encadré de deux voussures et surmonté d’une frise au décor d’entrelacs. La façade aurait été reconstruite au XVIIe siècle. Elle s’achève par un clocher-mur à deux arcades abritant la cloche fondue en 1865. Elle est couronnée par un fronton triangulaire et est encadrée d’éléments épars d’une balustrade.

Le chevet à cinq pans est rythmé par de petites baies étroites, très ébrasées. Ce type de disposition est rare dans le Rouillacais. Le mur nord de la nef est ponctué d’ouvertures très fines en plein cintre sans ébrasement extérieur.

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 28

Les anciens presbytères

Les deux églises avaient à proximité leur presbytère.

Presbytère de Courbillac

Sur la place de l’église Saint-Aubin de Courbillac, se trouve l’ancien presbytère. Il a été restauré en 1905 et les travaux ont été menés par l’architecte André Lavaud19. Il a été transformé en agence postale entre 1905 et 1911.

On remarque sur le mur de clôture, ce qui semble être un remploi, une pierre gravée portant l’inscription en latin dont la traduction proposée est la suivante : « Porte reste ouverte, qu’elle ne soit fermée à aucun honnête homme, l’a sculpté en 1381 »20.

Texte que l’on retrouve à l’entrée des abbayes habituellement.

19 L’architecte André Lavaud (Jarnac) aurait aussi fait les plans du projet de mairie-école à et de l’école de Gondeville entre 1902 et 1907. Inventaire général du patrimoine culturel, Région Poitou-Charentes, base de données Mérimée, www.culture.gouv.fr/culture/inventaire/patrimoine 20 Inscription latine: « Porta, portens esto. Nulli claudaris honesto…1381 » Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 29

Presbytère d’Herpes

Une maison, installée rue de la Paix, aurait servi de presbytère avant la réunion des paroisses en 1805. Son portail possède une clef d’arc décorée d’une inscription sculptée, dont la traduction est la suivante : « Paix soit à cette maison et à tous ses habitants… 1606 ».

Présence de l’abbaye bénédictine de Saint-Ausone

L’abbaye bénédictine de Saint-Ausone possédait des terres dans la paroisse de Courbillac, au bourg des Dites Dames (deviendra le Bourg des Dames). La première mention de terres appartenant à cette abbaye sur cette commune remonte à 1242 (vignes et pacages)21. Les abbayes reçoivent des terres en don dès l’époque mérovingienne, leur assurant des revenus financiers ainsi que les droits seigneuriaux liés à cette terre. En contrepartie, les moines prient pour le salut du donateur. Les abbayes perçoivent le cens, la redevance due au seigneur par le tenancier. Cet impôt est perçu une fois par an en nature (à la saint Michel, à la fin des récoltes). Le champart était une redevance proportionnelle à la récolte. Il est perçu après quelques années, le temps que les terres deviennent productives. Il est souvent associé aux terres défrichées22. L’abbaye de Saint-Ausone possédait un ensemble de biens fonciers: des terres pour la culture de l’avoine et du froment, de la vigne, des forêts (où elle pouvait capturer chaque année des sangliers, des cerfs et des oiseaux, y faire paître les porcs, récolter des glands), des moulins (une activité lucrative pour les abbayes !).

21 AD16/ Série H3. Registre des terres de l’abbaye bénédictine de Saint-Ausone et redevances du XIIIe au XVIIIe siècle. 22 DAVRIL (A) et PALAZZO (E), la vie des moines au temps des grandes abbayes, 2004, p.262

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 30

Ainsi beaucoup de denrées étaient produites sur les terres monastiques et ensuite transportées par chariot jusqu’à l’abbaye mère23. Au cœur du bourg des Dames, il pourrait y avoir une ancienne dépendance agricole liée à l’activité de l’abbaye de Saint-Ausone. À l’intérieur d’une grange, des ouvertures caractéristiques des XVIe-XVIIIe siècle et un blason portant une croix ont été découverts. Peut-on parler de fermes monastiques ? En tout cas, il pourrait s’agir de bâtiments agricoles destinés à la conservation des provisions alimentaires constituant une partie des redevances (tonneaux de vin, céréales, bétail). Le blason avec la croix pourrait symboliser l’appartenance des bâtiments à cette abbaye.

La tradition populaire parle d’un certain couvent du Bourg des Dames. On raconte aussi que des sœurs seraient venues se réfugier dans ce hameau lors des guerres de Religion. Mais nous n’avons aucune mention de ces événements dans les archives de l’abbaye de Saint-Ausone.

Le nom de ce hameau est directement lié à cette histoire commune avec l’abbaye de Saint-Ausone. Il n’est pas mentionné sur la carte de Cassini du XVIIIe siècle, sans que nous en connaissions la raison. Par contre, il est positionné sur la carte de l’Angoumois, réalisée par Pierre du Val vers 1680, sous le nom « Bour des Dames » ainsi que sur la carte des gouvernements généraux du Poitou, du pays d’Aunis, Saintonge-Angoumois, datant de 1753 (cartographe : Robert de Vaugondy).

Carte de l’Angoumois, cartographe Pierre du Val, 1680. Source gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France

23 NORMAND (E) et TREFFORT (C), A la table des moines charentais, 2005, p.62 Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 31

d. Les logis et les châteaux

Le Logis du Souterrain

L’histoire de ce logis est très mal documentée avant le XVIIIe siècle. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, il est la propriété de la famille Horric (seigneur de La Courade, Mareuil, Courbillac). En 1759, Pierre Laisné, sieur de Francheville et du Souterrain demeurant au Pont d’Herpes donne son aveu de dénombrement pour ce logis au comte de Jarnac, Charles Annibal de Rohan Chabot. En 1769, Joseph Rouhaud (ou Rouhault) arrente les lieux à Pierre Laisné, chevalier, seigneur du Pont d’Herpes. En 1772, François Boullet signe son acte de mariage avec Jeanne de Chevreuse et il indique qu’il y demeure. Il ne garde pas longtemps ce bien, puisqu’en 1775, il le cède à Abraham Bernard Monsanson, écuyer, seigneur de . En 1780, Antoine Sebillaud, marchand de Luchac achète le logis. En 1786, Jean Léonor Horric, marquis de La Motte Saint Genis y aurait habité24. Il ne reste rien de l’ancien logis. Le bâtiment actuel se compose d’une imposante habitation de type charentais, édifiée au XIXe siècle, associée à un ensemble de dépendances. Il y aurait dans les dépendances un puits sous une voûte en plein cintre. Le portail d’entrée dont la porte piétonne est encore surmontée d’un écu. Il a certainement été gratté à la Révolution et daterait du XVIIe siècle.

Une métairie est mentionnée sur le cadastre napoléonien de 1832. Elle dépendait peut-être de l’ancien logis. Il subsiste encore un ancien four à pain, installé dans la rue du Logis.

© Archives départementales de la Charente. Droits réservés

24 Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente, Collectif, éditions Bruno Sépulchre, 2008 Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 32

Le Logis du Pont d’Herpes

L’histoire de ce logis est mal connue. Il existait autrefois un ancien logis qui appartenait à la maison des Laisné, importante et pittoresque famille du Jarnacais. Cette famille fut anoblie en 1491, lorsque certains de ses membres acquiérirent des charges anoblissantes de juge prévôt d’Angoulême et de Cognac. Elle fut présente dans ce lieu du XVIIe au XVIIIe siècle. Pierre Laisné, écuyer et seigneur de Francheville est le fils d’Hélie et Suzanne Horric. Son fils, Pierre Laisné (né en 1716) devint chevalier et seigneur du Pont d’Herpes, Courbillac (bourg), Le Souterrain, Sigogne, Martinet, Luchat (ou Luchac) Chevalon et Morin. Il épousa en première noce, Françoise de Lestang (Rulle à Sigogne) et en seconde noce, Marie de Magnan (ou Maignen). En 1788, il habitait encore le logis du Pont d’Herpes. Gauguié, dans la Charente illustrée, raconte une histoire sur le dernier seigneur du Pont d’Herpes (prénom non mentionné) : « il avait douze enfants (..) Riche, mais pour le moins aussi avare que le marquis de , il laissait ses cadets dans la plus grande pénurie, et les pauvres diables traînaient dans les villages leur noblesse en guenilles. L’excès de leur misère finit par les pousser à la révolte et, la menace à la bouche, ils demandèrent de l’argent à leur père. La réponse fut un dur refus qui ne fit qu’augmenter leur irritation, dans une seconde tentative aussi infructueuse que la première, ils saisirent violemment à la gorge leur père et seigneur, qui cette fois promis de s’exécuter sous trois jours. Mais dès le lendemain le rusé vieillard les fit prendre par la maréchaussée et conduire dans les culs-de-basse fosses du château de la Pouade (Sigogne), que possédait son beau-frère, M de Bonnefoi. Il fallut la révolution de 89 pour rendre la liberté aux prisonniers, que leur dure captivité avait nourri dans la haine profonde contre leur père et leur frère aîné ; mais ne purent satisfaire leur soif de vengeance, car le premier était moine et l’autre avait fui… » L’ancien logis a totalement disparu.

Le Logis de Neurbetière

Il a été fait un procès-verbal de visite de ce logis le 25 novembre 1793, par le notaire Boisdon, suite à la vente du 28 mars précédent. Ce logis n’a pas pu être localisé et semble ne pas avoir laissé de traces dans le bâti25.

Logis du Bourg des Dames

En 1703, Alexandre de Beaupoil, écuyer, sieur du Maisne, demeure en son logis du bourg des Dames, paroisse de Courbillac. Ce logis n’a pas pu être localisé et semble ne pas avoir laissé de traces dans le bâti.

25 Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente, Collectif, éditions Bruno Sépulchre, 2008 Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 33

e. Les bâtiments publics

Ancienne école

Au début de la seconde moitié du XIXe siècle, une école de garçons était installée dans le bourg de Courbillac, entre la rue de l’Aubépin et l’impasse de l’école des garçons (emplacement supposé : parcelle D906). Les délibérations du conseil municipal datant de 1853 font mention d’une nécessité de réparations à faire à la maison-école. La même année, la municipalité souhaite acquérir une maison appartenant aux époux Maurin afin d’y installer l’école communale et le logement de l’instituteur. Le coût de la maison s’élevait à 4000 francs. En 1855, le ministère de l’Intérieur autorise la commune à acquérir cette maison. Selon le plan retrouvé aux archives départementales de la Charente, elle était composée de deux chambres au rez-de-chaussée et de deux appartements au second niveau (mais un seul habitable), une petite cour, un jardin. Cette maison était accolée à l’école des garçons. Ce projet d’aménagement semble avoir été abandonné en 1870 car les dépenses étaient trop élevées et les subventions insuffisantes. Entre temps, la loi Duruy de 1867 obligea les communes de plus de 500 habitants à ouvrir une école de filles. Le bâtiment choisi était peut-être trop petit pour accueillir deux écoles.

La mairie-école

En 1876, la municipalité achète une parcelle de 20 ares au lieu-dit l’Aubépin (section B n°629, feuille 1 du cadastre napoléonien de 1832). Cet achat nécessite un prêt de 13 000 francs, une subvention de 5000 francs et la vente de l’école apportant 4000 francs. Mais après délibération du conseil municipal, ce projet est mis en attente. Le conseil sollicite du ministère de l’Instruction publique une subvention plus élevée, compte tenu de la crise du phylloxéra : la vigne étant l’unique ressource du territoire. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 34

En 1878, le projet est relancé puisque le montant de la subvention a été augmenté (6200 francs). Le bâtiment est construit par l’entrepreneur Citadon (Courbillac) selon les plans de l’architecte Albert Fleurat.26 Le chantier se déroule entre 1879 et 1884. En 1880, un échange de terrain est effectué afin d’agrandir les dépendances de l’école et de permettre d’installer l’entrée de la mairie comme actuellement. La mairie-école possède un plan classique fréquent dans le Rouillacais et en milieu rural. Bordant la rue menant au Pont d’Herpes, la mairie-école présente une façade principale répartie en trois travées sur deux niveaux avec deux ailes en retrait. Les appartements des instituteurs étaient installés au rez-de-chaussée et au second niveau. La salle de la mairie occupait un quart du second niveau, bien séparée du logement des instituteurs comme préconisé par les lois communales de 1884. La symétrie de la façade, la travée centrale surmontée d’une fausse lucarne avec un œil de bœuf, les encadrements des ouvertures en pierre de taille, la corniche, le bandeau, le toit à longs pans et croupe, avec tuiles mécaniques et l’inscription « République Française Liberté, Égalité et Fraternité »27 gravée sur la façade sont autant de références à l’architecture scolaire du XIXe siècle. Deux ailes encadrent le corps central et chacune abrite les classes (les filles à droite et les garçons à gauche : les inscriptions ne sont plus visibles). À l’arrière du bâtiment, les cours de récréation sont aménagées. Deux préaux complètent le tout. L’école a été agrandie en 1930 avec la construction d’une cantine scolaire.

Élévation de la façade de la mairie-école en 1876

26 L’architecte Albert Fleurat a construit le presbytère de Criteuil la Madeleine. 27 En 1880, un habitant de la commune, M. Léopold Ranson a demandé l’autorisation de faire graver la devise républicaine. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 35

bûcher salon salon

classe des garçons classe des filles cuisine cuisine

Plan de la mairie-école : 1876. Il faut noter que des modifications ont été apportées à ce plan en 1883.

Le Cimetière de Courbillac

Au Moyen Âge, le cimetière se situait au nord de l’église avant d’être transféré sur l’actuelle place des Poilus à une date inconnue. Le cimetière n’est pas mentionné à cet emplacement en 1832 lors du tracé du cadastre napoléonien. Est-ce un oubli ? Le cimetière n’était-il pas encore aménagé à cette date sur cette place ?

Cimetière

Le cadastre napoléonien de 1832 ne mentionne pas de cimetière

Le décret impérial du 12 juin 1804 interdit strictement toute inhumation dans les lieux de culte au cœur des agglomérations et ordonne la création de nouveaux cimetières extra-muros.

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 36

En 1806, le maire demande l’autorisation de vendre une partie du cimetière trop proche du bourg de Courbillac et le maintien de l’autre partie qui est « à la distance que la loi exige (100m de toute habitation) et il est assez grand ». Cette vente doit permettre d’engager des travaux de réparations pour l’église et le presbytère (la partie conservée se trouve à l’emplacement de la place actuelle, l’autre était séparée par un chemin vicinal et reste difficile à identifier). En 1856, une clôture de 2 m de hauteur est construite autour du cimetière, place des Poilus actuelle. Le maire signale même au préfet qu’avant les bergers y faisaient paître leurs troupeaux28. Certains habitants publient une pétition dans laquelle ils se plaignent de l’insalubrité que génère la présence du cimetière en 1856 et demandent sa translation. Une délibération du conseil municipal de 1858 annonce que le cimetière est maintenu à son emplacement et que la commune n’a pas les moyens d’acquérir un nouveau terrain, sachant que ceux qui entourent Courbillac sont trop chers. En 1876, le préfet autorise les frais visant à établir une croix dans le cimetière.

Après cette date, un nouveau cimetière aurait été établi de l’autre côté de la route reliant le Bourg des Dames au Souterrain (face à la Place des Poilus), sans pour autant effectué la translation de l’ancien cimetière. Ce second cimetière ne pouvant être agrandi car installé près de la rivière (pas plus d’élément dans les archives), un nouveau projet voit le jour en 1910. Les familles ont apparemment continué à inhumer leurs morts dans le cimetière proche de la rivière encore longtemps car une délibération du conseil municipal demande sa désaffectation en 1936. Il est réellement désaffecté qu’en 1941.

La création d’un nouveau cimetière est complexe pour les communes car elles doivent prendre en compte le choix du terrain, le coût important de cette création, les habitudes des habitants…. L’installation du cimetière est aussi souvent très longue pour les communes. En 1910, une parcelle située à l’Aubépin fut achetée pour créer un nouveau cimetière29. Son aménagement a été effectué en 1912. Installé au milieu de la campagne, sur la route reliant Courbillac au hameau du Bourg des Dames, le cimetière est aujourd’hui encore à l’écart des habitations. Son plan est classique, rectangulaire, avec une allée centrale et deux autres plus petites. Le patrimoine funéraire du cimetière de Courbillac est digne d’intérêt. Son état diffère selon le type architectural et la date de construction des monuments. Ce sont bien sûr les monuments funéraires les plus anciens qui sont les moins bien conservés. Certaines stèles penchent ou se sont effondrées. Par manque d’entretien, certaines tombes sont totalement envahies par la végétation. Beaucoup de tombes individuelles sont en mauvais état, à la différence des tombeaux de famille entretenus. La place des Poilus, emplacement de l’ancien cimetière est réorganisée en 1924. Le monument aux morts de la guerre 1914-1918 y est installé à une date inconnue.

28 Archives départementales de la Charente: 2 OPROV 109/1. 29 Le 5 octobre 1910, selon acte de vente Verrier (notaire à Mareuil) : commune de Courbillac//Epoux Geay. La commune achète un terrain aux époux Geay Albéric, situé à l'Aubépine [terrain secteur B n°612 du plan cadastral contenant 30 ares évalué à 937 francs ; un autre terrain secteur B n°613 contenant 20 ares évalué à 625 francs] AD16 - 2 OPROV 309/2.

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Typologie des tombes

Les sarcophages de pierre sont nombreux dans le cimetière. Ils représentent une proportion beaucoup plus importante que dans les autres cimetières du Rouillacais.

Les tombeaux de famille apparaissent dans les années 1870. Leur construction correspond au développement de l’importance sociale de la bourgeoisie qui appuie sa montée en puissance sur un fort sentiment familial. Ils sont le plus souvent de style néo-classique avec pilastre à chapiteaux, entablement et fronton triangulaires surmonté d’une croix. Le nom de la famille est inscrit sur le linteau. On remarque une décoration sur le tympan du fronton liée au vocabulaire religieux : couronne funéraire, lierre, agneau….

Les chapelles sont des monuments disposant d’un autel intérieur et fermés par une grille ou une porte en fer forgé. Seulement deux chapelles existent dans le cimetière : la chapelle de la famille Gestreau est la plus vaste et la plus riche en ornements de ce cimetière ; elle se situe au fond du cimetière et un peu à l’écart. Elle possède un décor néo-gothique très soigné: trèfles, pinacles à crochets…Elle date de 1892.

Les stèles apparaissent dès 1826 et perdurent jusque dans les années 1950. Les formes et les motifs géométriques dominent. Un petit nombre de stèles sont coiffées d’un petit toit en bâtière et surmontées souvent d’une croix.

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Le cimetière d’Herpes

Le premier cimetière se situait au centre du bourg, au chevet de l’église paroissiale d’Herpes. C’est au début du Moyen Àge, à partir du VIIe siècle et jusqu'au XIIe siècle, que les cimetières sont déplacés à l’intérieur de l’enceinte urbaine, les autorités religieuses chrétiennes imposant de faire reposer les morts en terre bénite, dans un lieu sacré qui les protège jusqu’à la Résurrection. Le concile de Toul, de 971, décrète qu’au moment de la consécration de l’église, l’évêque délimite et bénisse le cimetière adjacent. Les cimetières sont donc implantés intra-muros autour des églises paroissiales. Ce sont des lieux d'inhumations collectives et anonymes pour les plus modestes. Seuls les plus puissants ont des sépultures individuelles et identifiées à l’intérieur de l’église.

Cimetière

Cadastre napoléonien de 1832, le cimetière n’est pas indiqué Au XIXe siècle, les cimetières sont transférés hors du bourg, pour des raisons d’hygiène. Les lois promulguées au XIXe siècle ont contribué à la création des nouveaux cimetières tels que nous les connaissons aujourd’hui. Ces nouveaux cimetières ont l'apparence de vastes lieux clos, abritant des tombes pérennes et individualisées grâce aux épitaphes, à l'écart du monde des vivants, loin de l'église paroissiale. À Herpes, le projet d’aménagement d’un nouveau cimetière commence avec l’achat d’un terrain, en 1885, aux époux Vigier. Le terrain est de 9 ares et 2 centiares. La mairie demande au préfet, en 1886, le droit de faire clôturer le terrain pour y accueillir le nouveau cimetière. Les travaux se terminent en 1887. Il est installé au sud du bourg d’Herpes, au lieu-dit les Pierres Rompues, sur la route reliant Courbillac à Herpes. Il est très éloigné du bourg et reste aujourd’hui à l’écart des habitations. Ce cimetière, de plan rectangle, est entouré d’un mur en moellons couronné par des tuiles canal sur lesquelles sont déposées des pierres. Ce lieu très minéral, dépourvu de traitement paysager est composé d’une seule allée centrale le long de laquelle s’alignent des tombeaux familiaux. De chaque côté, les tombes sont installées sans réel ordre, au gré de l’espace créant de petites allées. Les plus anciennes tombes sont installées le long des murs. Une seule chapelle est recensée dans ce cimetière. Bien que de nombreuses tombes anciennes soient en mauvais état, le cimetière d’Herpes constitue un bel ensemble présentant architectural cohérent. Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 39

Typologies des tombes

Les tombes les plus anciennes reflètent une typologie représentative des cimetières du XIXe siècle : stèles, sarcophages, tombeaux familiaux.

On compte un grand nombre de sarcophages surmontés d’un couvercle en bâtière avec épitaphe et date.

Des stèles sont parsemées dans ce cimetière, sans indication de dates. On recense aussi une stèle colonne carrée, plus haute que les autres monuments funéraires d’une famille d’instituteurs. Elle est décorée de triglyphes et d’oves.

Les tombeaux familiaux sont nombreux. Ils s'élèvent le long des allées de façon ostentatoire.

Une chapelle à décor néo-gothique dispose d’un autel.

Le décor sculpté est soigné et les symboles funéraires sont le plus souvent : le laurier symbole d'éternité, la colonne brisée, symbole d’une courte vie…

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III-2 L’habitat et les dépendances agricoles

a- Les habitations

La commune de Coubillac présente une certaine unité architecturale caractérisée par une simplicité des volumes et par une sobriété du traitement des façades. Le bâti antérieur au XVIIIe siècle est rare sur la commune car celle-ci a bénéficié entre le XVIIIe et le XIXe siècle d’une forte période d’expansion économique et donc de reconstructions systématiques. Cependant, on trouve quelques portails datés, des ouvertures moulurées et chanfreinées qui attestent d’un bâti antérieur au XVIIIe siècle.

Maison de bourg

Ces maisons sont intégrées au tissu dense du bourg ou des hameaux. De volume simple et de proportions modestes, elles sont implantées directement sur l’espace public. Elles peuvent être le lieu d’anciens commerces. La façade se compose au moins de trois travées, en moellons enduit ou pierre de taille. Les détails décoratifs sont rares : le traitement de la porte est soigné mettant en valeur l’habitation. Ces maisons ne comptent pas plus de deux niveaux (éventuellement un niveau de comble habitable ou non).

Herpes

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Bourg de Courbillac Le Souterrain

Maison de journalier ou métayer

Ce type d’habitation s’implante en centre-bourg ou dans un groupement d’habitations lié à une propriété. La maison est souvent en alignement sur le domaine public ou en continuité d’un ensemble plus important. Il peut y avoir deux habitations de ce type accolées. Son volume bâti est très modeste. Elle comporte un niveau, éventuellement des combles et se limite souvent à une pièce unique. La façade est souvent pauvre en ouvertures. On peut découvrir encore à l’intérieur un potager et une cheminée. Elles sont pour les plus anciennes du XVIIe ou XVIIIe siècle.

Bourg des Dames (cette maison pourrait datée des XVIIe- XVIIIe siècles)

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Bourg des Dames

Maison de maître

Ces maisons de notable peuvent être aussi bien isolées que faire partie d’un ensemble à cour fermée. Ce type d’imposante demeure se distingue du reste du bâti par son ampleur, par la qualité de son traitement architectural et de son décor. Une cour intérieure aménagée ou un jardin d’agrément dégage l’espace devant la maison et permet de mettre en valeur la façade principale. Le bâtiment d’habitation est parfois cantonné de petites ailes latérales, qui lorsqu’elles sont de plan carré sont couvertes d’un toit en pavillon comme au Souterrain et au Bourg des Dames. La façade principale ordonnancée est ici composée de cinq travées. Elle est en pierre de taille et comporte de nombreux détails architectoniques classiques (escalier, pilastres, bandeau, corniche, lucarnes…). La couverture à quatre pans est en ardoise ou en tuile canal. On accède à la propriété par un portail qui ne permet qu’une visibilité limitée de l’ensemble bâti. Souvent deux entrées distinctes sont aménagées, l’une réservée à l’usage agricole et l’autre destinée à l’habitation. Ces maisons de maître peuvent aussi être construites dans les bourgs. Dans ce cas, la maison est installée perpendiculairement à la rue et éloignée de celle-ci par une cour fermée par un portail. La commune compte quatre maisons de maître.

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Le Souterrain

Bourg des Dames, la Trompette Le Souterrain

Herpes

Maison charentaise

Dans la structure du village, ce type de maison s’implante généralement perpendiculairement à la rue. Sa façade principale est orientée au sud. Elle ouvre sur une cour fonctionnelle donnant accès aux dépendances. La maison charentaise possède des volumes simples mais cossus, de deux niveaux et un surcroît (qui en fonction de sa hauteur s’apparente à un troisième niveau). La façade est ordonnancée, composée au moins de cinq travées. Les habitations les plus cossues présentent un décor sculpté soigné : porte d’entrée dotée d’un chambranle mouluré ou bien de pilastre et d’un entablement, corniches, pilastres ou chaînes d’angle. La toiture à longs pans et à croupe est couverte en tuile canal et souvent ornée d’épis de faîtage. Il s’agit de la catégorie d’habitation de type supérieur la plus représentée. Le Bourg des Dames

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Le Bourg des Dames Bourg de Courbillac

Le Souterrain

Maison inachevée

La crise du phylloxéra a eu des conséquences non seulement sur l’économie viticole de la région mais elle a également marqué le bâti. Des maisons en construction se sont vues tronquées d’une partie de la structure prévue à l’origine : pierres d’attentes latérales et couverture dissymétriques en sont des signes significatifs.

Ce sont généralement des maisons charentaises qui ne possèdent que trois des cinq travées habituelles. Certaines sont attenantes à une partie de l’habitation du XVIIIe siècle, qui aurait dû être normalement détruite ou masquée si la construction avait été terminée. La commune compte au moins sept maisons de ce type.

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Le Petit Beauvais

Herpes Variante de la longère

Peu présent sur la commune ce type d’habitat se retrouve cependant dans les hameaux du Bourg des Dames et du Pont d’Herpes mais aussi à la sortie du bourg de Courbillac. On compte trois variantes de la longère. Ce type de petite propriété agricole possède une façade plus ou moins bien ordonnancée. L’habitation, les granges et porches sont rassemblés dans un même bâtiment. L’architecture est presque sans décor, sauf la porte d’entrée de la propriété. C’est le cas de l’habitation se trouvant à la sortie du bourg de Courbillac (lieu-dit la Sablière). Celle-ci se développe sur deux niveaux alors qu’habituellement la longère classique possède seulement un niveau.

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Une longue cour peut être aménagée devant la maison, délimitée par une clôture. On retrouve à proximité des petits bâtiments comme toits à cochons et petit pigeonnier.

Bourg de Courbillac

Maison de style villégiature Bourg des Dames Le XIXe siècle est marqué par l’émergence d’une nouvelle pratique : la villégiature. La bourgeoisie s’adonne à la villégiature qu’elle soit balnéaire, thermale ou hivernale pour des raisons de santé. Le séjour est aussi propice au divertissement et au repos. Ce type de maisons individuelles fleurit dans les stations balnéaires et thermales comme Royan, La Rochelle et Biarritz…Ces villes sont théâtre de réalisations architecturales originales et modernes jouant sur les styles éclectiques et néo- régionaux. Le développement de la villégiature tout au long du XIXe et du XXe siècle permet la diffusion des modèles architecturaux à l’extérieur des aires d’invention. Ainsi, quelques propriétaires font le choix d’édifier des villas ou des maisons inspirées de ce type d’architecture dans la campagne. Ce choix résulte d’une volonté d’avoir une propriété originale et dépaysante. Ce qui est le fait de la bourgeoisie est ensuite repris et adapté dans les années 1920 par des catégories sociales plus modestes qui s’emparent de cette architecture. Ce type d’habitat individuel se caractérise par : un décrochement de volume, une façade souvent avec une composition dissymétrique et une utilisation des avancées et des retraits,

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 47 l’abondance et la variété des décors (tuiles mécaniques, brique, ferronnerie…). La commune compte une seule maison de ce type au Bourg des Dames.

Ce Toit est couvert de tuiles mécaniques. Ce type de tuiles permet une pose plus facile et moins Porte avec chambranle mouluré et coûteuse. Les toits sont décorés d’épis de faîtage marquise en ferronnerie et de lambrequins en tuiles.

La propriété à cour fermée

Les grandes propriétés viticoles et agricoles sont implantées en priorité dans les hameaux, même si on en trouve dans le bourg d’Herpes. Elles créent des îlots entièrement clos, ouverts sur l’espace public par des porches ou des portails. La commune compte trente-trois propriétés de ce style. L’habitation est encadrée par les bâtiments d’exploitation et définissant ainsi une grande cour. Suivant l’importance de l’exploitation, l’architecture de la maison s’apparente à une maison charentaise ou à une maison de maître mais l’on peut trouver aussi d’autres types plus modestes. Des bâtiments ont souvent été détruits au fil des siècles, ouvrant au final un peu la cour.

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Le Souterrrain

Herpes

Bourg des Dames

Le Petit Beauvais

Porches et portails

Les porches et portails font partie intégrante du patrimoine architectural de Courbillac. Les portails constituaient le plus souvent un symbole de la réussite sociale de leur propriétaire. C’est un élément de clôture utilitaire qui masque au regard des passants le reste de la propriété et est aussi chargé d’une valeur esthétique. En effet, il n’est pas rare de remarquer un décor sculpté soigné sur ce type d’architecture. Ils disposent souvent d’une large porte cochère avec un arc en anse de panier permettant le passage des voitures à chevaux et des charrettes ainsi qu’une ou deux portes piétonnes souvent scandées de pilastres qui dessinent des lignes verticales. La date de construction est souvent gravée au sommet du portail. Parfois, les fermes

Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 49 sont accessibles par des porches qui se caractérisent par un passage couvert débouchant sur la cour. Souvent, ce passage dispose d’accès latéraux permettant de communiquer avec les dépendances agricoles. La commune possède de nombreux portails intéressants, à piliers ou essentiellement avec un arc en anse de panier. Les portails à piliers datent probablement de la seconde moitié du XIXe siècle ou du début du XXe siècle. Les piliers carrés, en pierre de taille sont parfois décorés. Les chapiteaux peuvent bénéficier de différents ornements. Les grilles sont souvent en ferronnerie. Les portails avec un arc en anse de panier peuvent dater du XVIIe (un porche) ou XVIIIe siècle mais la majorité a été édifiée durant les trois premiers quarts du XIXe siècle, avant la crise du phylloxéra. Le décor est parfois très recherché : corniche à denticules, pilastres encadrant les portes, agrafe décorant la clef, chapiteaux ioniques et guirlandes…

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Ferme « modèle »

Ce type d’exploitation agricole adopte les principes architecturaux prônés, dès la fin du XVIIIe siècle, par les ingénieurs agronomes et les sociétés d’agriculture, pour l’application de méthodes modernes d’exploitation agricole. Leur architecture traduit une volonté de rationalisation du travail agricole : la composition d’ensemble est concertée. Au Bourg des Dames, au lieu-dit La Trompette, il existe ce type de ferme construite dans la seconde moitié du XIXe siècle par la famille Bussac, pour le commerce des eaux-de-vie.

Etables, granges, citerne

Hangar Maison de maître Chais, Porcherie distillerie

Maison de maître

Des chais très imposants sur deux niveaux

Un manège actionné par des chevaux, avait été aménagé afin Deux distilleries ont été construites. de pomper l’eau de la citerne Une pente a été aménagée afin de permettre de déverser plus facilement les raisins vendangés dans le cuvier.

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b- Dépendances agricoles

La commune possède aussi un ensemble de bâtiments agricoles intéressant qui nous permet de mieux comprendre les modalités de culture de la vigne qui a dominé, jusqu’à la crise du phylloxéra. Ensuite, les fermes se sont reconverties dans la polyculture. Ainsi, le bâti a évolué et souvent les bâtiments ont été remaniés ou reconstruits au fur et à mesure des destructions ou ajoutés en fonction des besoins.

On peut distinguer certains types de bâtiments agricoles :

Le hangar

Ce type de bâtiment est ouvert sur un ou plusieurs côtés. Le toit à longs pans est soutenu par des supports en pierre de taille ou en moellons. Ceux-ci peuvent être de section cylindrique ou carrée. Ces données peuvent indiquer des éléments de datation pour leur construction. Sur la commune, il existe quelques exemples de hangar avec poteaux maçonnés cylindriques qui pourraient dater du milieu du XIXe siècle. On compte aussi quelques hangars dont le mur gouttereau est ouvert par trois arcs en anse de panier.

Bourg des Dames

Courbillac

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La grange

Dans ce type de bâtiment rectangulaire, l’un des murs gouttereaux est percé d’au moins une grande porte cochère. Elle est parfois isolée ou située dans le prolongement de la maison ou des autres dépendances. La façade peut comporter une porte cochère centrale encadrée de deux portes d’étable, ou une porte cochère et une porte d’étable latérale. La grange-étable est l’élément essentiel des bâtiments agricoles. Elle héberge le troupeau, le fourrage, le matériel de transport et elle sert aussi d’aire de battage.

Le Petit Beauvais

Le Souterrain

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Les étables

Ce bâtiment agricole est souvent associé à une grange mais certaines fermes se spécialisent à la fin du XIXe siècle dans l’élevage. Aussi, des bâtiments de ce type sont construits spécialement pour cette fonction.

Herpes

Le toit à cochons

Ces petits bâtiments bas et de plan allongé sont attribués aux porcs et sont localement appelés « toits à cochons ». La façade est percée de portes permettant l’accès des animaux et de petites baies d’aération.

Le Petit Beauvais

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Le chai

Ce bâtiment est plus ou moins développé, suivant l’importance de la propriété. Il est destiné à conserver le vin ou les eaux-de-vie à l’abri de la lumière et de la chaleur. Il peut faire partie d’un ensemble de bâtiments à l’intérieur d’une cour fermée ou bien, lorsqu’il est plus modeste, il peut être situé à l’arrière de la maison.

La taille imposante de ce chai au Bourg des Dames reste une exception pour la commune.

Chai installé à l’arrière de la maison avec une porte s’ouvrant sur la rue. On compte quelques chais de ce type dans Herpes.

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III-3 Patrimoine vernaculaire :

Les signes de la vie quotidienne passée sont encore apparents dans le patrimoine bâti des communes rurales. Les puits, les buanderies, les fours à pain, les fontaines, les pierres d’évier, les pigeonniers, les pierres à chevaux sont les vestiges d’une utilisation passée.

Les puits et fontaines

Avant l’arrivée de l’eau courante dans les foyers, les puits et les fontaines étaient les seuls points d’approvisionnement en eau. Pour la plupart, ils se trouvaient au sein des hameaux, cependant certaines fontaines pouvaient se trouver isolées. On compte un grand nombre de puits dans le hameau du Bourg des Dames en raison de sa plus forte concentration en population et en raison de son éloignement d’un cours d’eau. Il existe des puits privés, communaux et communs à plusieurs familles. Beaucoup de puits ont été détruits après l’arrivée de l’eau courante dans les maisons afin d’élargir les rues. C’est le cas au Bourg des Dames avec le puits Boissard et celui de la rue de la Cruche. Les puits, dans leur forme la plus simple, sont de plan circulaire et disposent d’une margelle en pierre monolithe ou appareillée. Ils peuvent aussi être intégrés à une construction.

On compte deux fontaines où les habitants puisaient de l’eau : la fontaine carrée et la fontaine d’Herpes.

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Les lavoirs

Il n’y a pas de lavoir recensé sur la commune de Courbillac. La tradition orale raconte qu’il y aurait eu un lavoir au Petit Beauvais, sur le Tourtrat, non loin de l’ancien moulin à eau disparu. Cependant, les sources historiques n’en font pas mention.

Les fours à pain

Les fours à pain sont soit communs aux habitants d’un hameau, soit dépendant d’une ferme. Il n’existe pas de fours communaux sur cette commune. La position du four par rapport aux autres bâtiments est très variable. Il est soit accolé à d’autres bâtiments, soit séparé de la grange et du logement afin de limiter les incendies. Il peut être ouvert sur l’extérieur ou situé dans un bâtiment appelé « fournil ».

Le Souterrain Le Bourg des Dames

Les pierres d’évier

Encore visibles sur les façades les plus anciennes, la majorité des pierres d’évier est traditionnellement de forme triangulaire.

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Les pierres à chevaux

Ces pierres sont encastrées dans le mur des dépendances. Elles servaient à attacher les chevaux.

Trous de moineaux

Les trous carrés aménagés dans la pierre sur les murs de certaines maisons étaient destinés aux moineaux. Ils venaient nicher dans ces cavités, en général peu profondes. C’est la nuit, à l’aide d’une échelle, que l’on venait les capturer.

Creux de moineaux

Ils étaient constitués de deux tuiles canal mises l’une sur l’autre, créant une petite ouverture ovale ou triangulaire. Elles formaient une sorte de tunnel qui traversait le mur et permettait aux moineaux d’accéder aux combles. Ils pouvaient ainsi se nourrir des parasites présents dans le bois des charpentes.

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Les pigeonniers

La commune de Courbillac ne compte pas de fuie. Il y a par contre un certain nombre de pigeonniers plus modestes, simples niches aménagées dans le mur de la maison ou de la grange. Sous la rangée de niches, se trouve parfois un rebord en pierre dit « pierre d’envol ». La forme la plus courante est insérée dans la façade de la maison.

Cadran solaire

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Conclusion

La commune ne présente pas de vestiges médiévaux en dehors des églises et peu d’habitat du XVIIIe siècle. Cela semble démontrer que Courbillac a connu une certaine prospérité au XIXe siècle. Les propriétaires ont alors choisi de remplacer ce bâti ancien par de vastes propriétés témoignant de leur réussite économique. Beaucoup de bâtiments ont alors été modernisés, agrandis ou remplacés. Les nombreuses propriétés viticoles du XIXe siècle, caractérisées par d’imposants portails, rappellent que la commune est située au cœur du vignoble charentais, dans la zone d’appellation des Fins Bois. Courbillac possède un patrimoine de belle qualité, notamment de nombreuses fermes viticoles. La nécropole d’Herpes est un site archéologique exceptionnel. Nous n’avons pas d’autre exemple de ce type sur le territoire du Rouillacais. La crise du phylloxéra a provoqué une mutation d’activité, dans les années 1880, des communes du Rouillacais, spécialisées dans la viticulture, qui se tournent vers la polyculture et l’élevage des vaches laitières. De nombreuses laiteries coopératives se sont développées. Celle de Courbillac présente un patrimoine industriel intéressant.

Cartes postales anciennes de la commune de Courbillac : une vue du bourg sud, on devine l’ancien cimetière avec ses cyprès et son mur de clôture mais aussi une vue du Souterrain, en venant du bourg © Collection Alain Gaillard Christelle Chénebin, Communauté de Communes du Rouillacais – Synthèse de Courbillac 61