JEAN-MICHEL BASQUIAT Conférence Adeline
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JEAN-MICHEL BASQUIAT Conférence Adeline Falières du 16 octobre 2018 Fondation Vuitton - Exposition du 3 octobre 2018 au 14 janvier 2019 *** La Fondation Vuitton expose deux artistes iconiques du XXe siècle, Egon Schiele et Jean-Michel Basquiat. Au-delà de leurs singularités respectives, ces deux peintres majeurs, l’un à Vienne, l'autre à New York, partagent une mort précoce, à 28 ans, et une œuvre en rupture avec l'ordre établi et à l'intensité exceptionnelle. Jean-Michel Basquiat (1960-1988) L’exposition parcourt, de 1980 à 1988, l’ensemble de la carrière du peintre en se concentrant sur plus de 135 œuvres décisives. Jean-Michel Basquiat est né à Brooklyn en 1960 dans un milieu bourgeois, d’une mère new-yorkaise d'origine portoricaine, et d’un père d'origine haïtienne. Enfant précoce et sensible à l'art ; sa mère l’emmène régulièrement au musée et l'encourage à développer ses talents de dessinateur. Enfant, Basquiat est percuté par une voiture.Pendant sa convalescence à l'hôpital, sa mère lui fait cadeau d'un livre d'anatomie intitulé Henry Gray's Anatomy of the Human Body (ou plus communément Gray's Anatomy). Cet ouvrage influencera fortement l'artiste dans la première partie de son œuvre ; il s'en inspira aussi plus tard pour nommer son groupe de musique Gray. Dès la sortie de l’enfance, Jean-Michel Basquiat quitte l’école et sa famille pour vivre dans la rue, avec l'idée fixe de devenir célèbre. Le jour, il vend des cartes postales qu'il réalise lui-même et tague les murs de Manhattan sous le pseudonyme de SAMO (Same Old Shit). Le soir, il se déchaîne sur les pistes de danse de Soho malgré un corps brisé par un accident de voiture. C'est un jeune homme hanté par la notoriété. Il n'a pas encore rencontré Andy Warhol, ni fait sa première exposition. Quand il parle de cette période, il se qualifie lui-même de « survivant ». Au tournant des années 1980, la ville de New York connaît une révolution culturelle totale. Les crises des années 1970 ont marqué la ville, et plus précisément à Downtown Manhattan (sud de l’île) où naissent les nouvelles tendances. Les artistes arrivent de toute l’Amérique pour tenter leur chance et se faire un nom. Ces artistes touchent à tout : ils sont musiciens, poètes, peintres, photographes, sculpteurs, cinéastes, écrivains … et tout cela à la fois. Downtown était alors le terrain de jeux de 500 – 600 artistes, les « 500 de Downtown », qui créaient le jour et sortaient la nuit. Cette communauté en pleine effervescence voit alors fleurir des graffitis signés SAMO sur les murs de SoHo. Elle est intriguée par les poèmes et les lignes simples de SAMO, sans encore savoir qu’elle a devant elle les premières œuvres de Jean-Michel Basquiat. Car crash. 1981 coll part Ce tableau montre un accident entre une voiture verte et un camion de lait (MILK) mot qui peut être aussi interprété comme Martin Luter King. Apres 3 ans de graffiti dans la rue, Basquiat se met à peindre en intérieur. Les dessins et toiles de cette époque sont assez naïfs et évoquent des vues de New York, , Les buildings , la vue urbaine, les lignes de métro, les accidents de voiture comme dans ce tableau. Thème quifait allusion à l’accident dont il a été victime à l’age de 7 ans. Crash Car-1981. 109 x 180 cm- Coll part. Untitled (Blue Airplane), 1981 .MAM de la ville de Paris En 1981, la galerie Annina Nosei organise sa première exposition à New York, qui sera suivie de beaucoup d’autres. Basquiat se montre régulièrement aux côtés de Julian Schnabel, David Salle, Francesco Clemente et Enzo Cucchi, Keith Haring et Barbara Krugerdevenant ainsi partie prenante d’un mouvement que l’on appellera bientôt le néo-expressionnisme. Il sort avec une jeune artiste montante, nommée Madonna, en automne 1982. En 1983, Basquiat rencontre Andy Warhol, avec qui il collabore intensivement, forgeant finalement une forte amitié. Cette année-là, il devient le plus jeune artiste (à 23 ans) à être invité au Whitney Museum of American Art. «Irony of Negro Policeman (L’ironie d’un Policier Noir) 1981 Le peintre s'interroge sur la vie des noirs dans un monde de blancs. Un tableau intitulé "Irony of negro policeman" résume son questionnement. Est-ce l'ironie des blancs vis à vis de cet homme noir devenu policier ? Celle du noir qui s'introduit dans un monde de blancs ? Ou encore celle des noirs vis à vis de cet autre noir qui travaille parmi les blancs ? Basquiat a enlevé trois voyelles au mot policier, comme si un noir ne pouvait l'être pleinement. Basquiat représente le policier plus grand que nature afin de proposer un pouvoir excessif, mais avec un corps fragmenté et brisé. Le chapeau qui encadre la tête du policier Noir ressemble à une cage, et représente comment sont limitées les perceptions indépendantes des Afro-américains à l’époque. Son œuvre reste empreinte des graffitis de ses débuts, où il mélange couleurs vives et textes à thèmes. 1981 : il s’installe dans le sous sol de la galerie Annina NOSEÏ Basquiat est à ce moment tiraillé entre son désir de se faire connaitre comme artiste noir dans un monde de blanc et son intégrité quand à ses racines familiales. 1er exposition personnelle de Basquiat en 1982 à New York Le tableau évoque « le prix du succès » : le titre de l’œuvre : PESO NETO : « POIDS NET » . La couronne à 3 pointes, symbole de hiérarchie traditionnellement associé à l’aristocratie occidentale, est alors détournée par les codes de la rue et de la culture populaire. C’est un motif récurent chez Basquiat qui l’utilise entre autre pour symboliser l’autorité artistique. La couronne d’épine évoque l’idée selon laquelle avec le sacrifice vient la gloire. Les flèches qui parcourent la toile font référence à la divinité africaine de la chasse, chasse qui n’est pas sans rappeler cette quête incessante de Basquiat vers la gloire et la notoriété. Suzanne Mallouk . HAEDS / TROIS TABLEAUX DE TETES PEINTES ENTRE 1980 et 1983 Les têtes évoquent à la fois des cranes : renvoyant à cette angoisse obsédante de l’artiste pour la mort, mais aussi à des masques témoignant des racines afro américaines de l’artistes, et également à des cerveaux sous rayons X. Ces œuvres sont chargées d’une intense agressivité qu’on peut lire comme une volonté de rébellion contre les inégalités que subissent les noirs. Basquiat et la Musique CPRKR, 1983 La musique est présente dans la vie de Basquiat, elle l’accompagne dans sa création , porte ses idées et influence son style. Le jazz a une importance toute particulière dans l’univers de Basquiat, comme les boxeurs qui représentent la résistance à la ségrégation et aux humiliations subis par les noirs américains. Basquiat perçoit toute la force du jazz comme élément perturbateur et subversif. Ses idoles deviennent : Charlie Parker, Duke Ellington, Miles Davis, Dizzie Gillespie. Dans ses tableaux il inscrit CPRKR (Charlie Parker) dans les tableaux, ainsi que les titres de certains morceaux de musique sur des fonds noirs qui évoquent les disques : « Ornithologie » est un titre célèbre de Parker ; Now’s the time : titre d’un vinyle de Parker de 1945. Dès les années 78-79, il créa un groupe de musique. Gray est le fruit d’une étrange alchimie entre les sensibilités de ses différents membres et d’une mixture de multiples styles musicaux (jazz, punk, synth-pop, hip-hop). C’est ce mélange improbable d’influences qui aboutit au son si particulier, qu’on ne peut que définir comme étant de la « noise music ». Basquiat et la Boxe Révolté par l'absence d'hommes noirs dans l'art occidental, il décide, comme une revanche, d'en faire les héros de ses tableaux. Contre le racisme, Basquiat dresse ses saints et ses martyrs. Ses idoles sont les grands personnages afro-américains : le fameux prêcheur Malcolm X, les musiciens de jazz Charlie Parker et Dizzie Gillespie, les sportifs comme Jesse Owens et Hank Aaron et surtout les boxeurs. L'exposition présente plusieurs toiles sur ce thème: "St Joe Louis surrounded by snakes", "Cassius Clay", "Sugar Ray". Untitled (Boxer)", 1982, Collection particulière La plus impressionnante, datée de 1982, représente un boxeur noir aux poings levés. Il porte une couronne d'épines et semble hurler sa fureur à travers une grille qui lui couvre la bouche. Bien que ses bras soient levés victorieux, le boxeur de Basquiat semble également caractérisé par une vulnérabilité dans la façon dont son corps monolithique est transpercé dans des zones qui exposent une grille squelettique abstraite, tandis que son visage en forme de masque suggère un spectre de mort ressemblant à un crâne. En fait, les bras tendus évoquent également la pose du Christ sur la croix, tandis que le halo peut se transformer en couronne d'épines. À la fois vainqueur et victime, le boxeur qui domine le cadre de la peinture monumentale de Basquiat est une figure complexe en conflit. Basquiat et Andy Warhol La rencontre artistique entre Basquiat et Warhol aura été prolifique. En un peu plus de 2 années, ils ont réalisé ensemble une centaine de tableaux et exposent ensemble. L’affiche de l’expo à NY est restée célèbre : ils apparaissent en boxeur. Comme une confrontation entre les 2 stars de la scène artistique américaine du moment Les 2 artistes se complétaient. Basquiat offrait de l’enthousiasme et une image de rebelle qui va servir Warhol en perte de vitesse qui ne peint plus depuis presque 20 ans.