Who Framed Roger Rabbit ? De Robert Zemeckis FFICHE FILM Fiche Technique
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Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Who framed Roger Rabbit ? de Robert Zemeckis FFICHE FILM fiche technique U.S.A. - 1988 - 1h35 Réalisateur : Robert Zemeckis Scénario : Jeffrey Price Peter S. Seaman Musique : Alan Silvestri Interprètes : Bob Hoskins (Eddie Valiant) Christopher Lloyd (Juge Demort) Joanna Cassidy (Dolores) Stubby Kaye (Marvin Acme) Alan Tilvern Résumé (R.K Maroon) Richard Le Parmentier Hollywood 1947. Les Toons, personnages Acme est assassiné. Accusé du meurtre, (Lieutenant Santino) de dessins animés, vivent dans Toontown, poursuivi par le sadique juge Demort qui Joel Silver proche de Beverly Hills. Roger Rabbit, le veut le soumettre à "la trempette" (solvant (Le réalisateur) lapin vedette, a des problèmes : son pro- qui détruit les Toons), Roger cherche refu- ducteur, R.K. Maroon, a semé dans son ge et aide auprès de Valiant. D'abord réti- Morgan Deare esprit le doute sur la fidélité de son épou- cent celui-ci finit par accepter. Aidé par (Le monteur) se, I'ensorcelante Jessica. Maroon engage son amie Dolores et par les Toons, il Eugène Guirterrez Eddie Valiant, détective déchu et alcoo- découvre le vrai coupable : Demort, en réa- lique depuis que son frère Teddy a été tué lité un Toon, assassin d'Acme mais aussi (Teddy Valiant) par un Toon au cours d'une enquête. de Maroon et de Teddy Valiant, et qui périt Voix de : Charles Fleisher Valiant ramène des photos compromet- finalement dans sa trempette. Les Toons (Roger Rabbit, Benny le taxi) tantes pour Jessica et le riche Marvin héritent de Toontown qu'Acme leur avait Acme, au grand désespoir de Roger. laissée par testament. L E F R A N C E 1 D O C U M E N T S Critique film participent de cette tendance, à éléments tridimensionnels de la "réali- commencer par le "héros", détective té", bien que réduits aux deux dimen- caractéristique du privé de la cinémato- sions de l'écran, et bidimensionnels des Nombre de films d'animation - à com- graphie américaine des années quarante dessins animés, quelle que soit l'habile- mencer par Out of the inkwell (Koko (I'action du film est située en I947), té de leurs créateurs, ne donnait qu'un le clown), de Max et Dave Fleischer, sorte de Sam Spade (une statue, amalgame à l'homogénéité douteuse, en 1920, ou les Alice cartoons, de Roy réplique exacte de la statuette du fau- les deux éléments étrangers apparais- et Walt Disney, en 1923, et en passant con maltais telle qu'elle est représentée sant toujours comme superposés. Dans par les travaux d'Ub Iwerks Mary dans le film de Huston, lui sert de porte- Roger Rabbit la fusion est totale : les Poppins, Les oiseaux, notamment - manteau) courtaud et rondouillard, et le "toons", dotés d'un volume et d'un relief ont su mêler "toons" et personnages "méchant", juge filiforme, raide comme inhabituels, évoluent dans les prises de réels. Mais jamais cela n'avait été réali- la justice, sadique et corrompu. vues réelles au même titre que les sé avec autant de maîtrise technique et Cependant, comme Joe Dante avait pro- humains tandis que ceux-ci se meuvent dramatique à la fois. Les trucages sont jeté des humains eux aussi grotesques dans les décors dessinés comme s'ils en pratiquement parfaits ici et, surtout, les dans un univers inquiétant de cartoon étaient, à l'instar des "toons", issus. La Toons s'intègrent totalement à l'action, Twilight Zone, La quatrième dimen- prouesse est d'autant plus étonnante partenaires à part entière des person- sion, puis fait envahir une petite ville que les auteurs du film ont multiplié les nages réels, au point que le juge Demort américaine par des créatures ricanantes difficultés, confrontant les deux univers peut jouer sans dommage sur les deux et méchantes échappées d'un cartoon durant la quasi-totalité de la projection tableaux. Mais, comme Blanche Neige Gremlins, Zemeckis confronte cette et non pas, comme par le passé, de et les sept nains en son temps, Qui fois ces humains cartoonesques à des temps à autre ou le temps d'une veut la peau de Roger Rabbit ne se personnages issus de cartoons appelés séquence, mêlant dans un même plan contente pas d'affirmer sa prouesse "toons". La réunion de personnages en d'ensemble quantité de "toons" et d'hu- technique. Il parvient même à la faire chair et en os et de personnages dessi- mains, faisant en sorte que les contacts oublier à travers de folles aventures nés n'est pas nouvelle : dans les années physiques entre les deux espèces et que menées à un train d'enfer, à l'image du vingt, Dave et Max Fleischer y avaient les manipulations d'objets réels par des très bon film d'animation d'ouverture, et eu (parcimonieusement) recours avec la "toons" et d'objets dessinés par des qui mêlent habilement des notations série Out of the Inkwell (Hors de humains soient incessants, mettant en nostalgiques (cf les habitants de l'encrier) et Walt Disney aussi, grâce à scène des déplacements complexes de Toontown, Betty Boop en tête), un un procédé mis au point par Ub Iwerks, personnages dans le champ, mettant au humour quasi permanent et des person- son associé et collaborateur, pour les point des mouvements d'appareils dyna- nages aussi présents qu'attachants, besoins de la série Alice in miques et sophistiqués caractéristiques qu'ils soient Toons ou réels. Ce qui fait Cartoonland et ultérieurement pour du style de Zemeckis et optant pour des finalement un excellent spectacle qui ceux de The three caballeros (Les cadrages et des angles de prises de doit beaucoup de sa réussite à Richard trois caballeros), Mary Poppins, vues tarabiscotés, brisant ainsi la pru- Williams. Bedknobs and Broomsticks dente tradition du plan fixe frontal, qui François Chevassu (L'apprentie sorcière) et Pete's dra- portent la griffe du directeur de l'anima- Saison cinématographique n°88 gon (Peter et Elliott le dragon) alors tion, le génial Richard Williams. Mais, la que de son côté Gene Kelly dansait réussite de l'entreprise ne réside pas avec Tom et Jerry dans Anchors que dans cet aspect technico-artistique. Il y a toujours eu chez Robert Zemeckis Aweigh (Escale à Hollywood) puis Elle est aussi dans la caractérisation des un intérêt pour le cartoon qui se mani- avec Shéhérazade dans Invitation to "toons" qui possèdent une vraie person- festait par un sens évident du gag de the dance (L'invitation à la danse) nalité au même titre que les humains situation improbable et délirant et un Toutefois, jamais la combinaison de tout en conservant leurs spécificité de goût fort prononcé du grotesque qui prises de vues "réelles" et de dessins "toons". Elle est encore dans les trou- s'exprimait jusque dans certains de ses animés n'avait atteint une telle qualité, vailles et inventions permanentes, personnages. Ce type de personnages une telle perfection technique. Dans innombrables au point d'approcher le est constamment présent dans Who tous les films précédents, à l'exception stade de saturation, tant en matière de framed Roger Rabbit (Qui veut la du délirant et méconnu Blame it to the graphisme et d'animation que de gags peau de Roger-Rabbit) puisque la plu- Samba, extrait de Melody time et de "clins d'œil", car naturellement, part des protagonistes et comparses du (Melody cocktail), le mélange des Roger Rabbit est un vibrant hommage L E F R A N C E SALLE D'ART ET D'ESSAI CLASSÉE RECHERCHE 8, RUE DE LA VALSE 42100 SAINT-ETIENNE RÉPONDEUR : 77.32.71.71 2 77.32.76.96 Fax:77.25.11.83 D O C U M E N T S au monde du cartoon, dont quantité de aucune idée de mise en scène. On atten- roman et au film noirs. Bien plus, si elle créatures de l'âge d'or interviennent dait beaucoup de cette alliance entre ne présente pas I'obscurité volontaire du dans le cours du récit, et un fervent Disney et Spielberg mais on est décu Grand sommeil, cette sombre spécula- manifeste au droit à la fantaisie, dans d'assister à un mariage d'argent là où on tion sur les terrains de Toontown et la tous les sens du terme, comme le sym- rêvait d'une union guidée par le cœur et construction d'une autoroute, est à cent bolise la référence à Harvey. Roger la raison. Symboliquement, ce film par- lieues des enjeux socio-politiques de La Rabbit doit en fait sa réussite et son tiellement raté signe la faillite de tout Moisson rouge de Dashiell Hammett, intérêt à cette particularité : la confron- un pan du cinéma américain marqué par par exemple. Manifestement, scéna- tation de personnages en chair et en os le primat de la technologie et de la réfé- ristes, réalisateur, Roger, le détective au monde du cartoon où celle de "toons" rence cinéphilique sur la véritable créa- Eddie Valiant et, a fortiori, le spectateur, au monde "réel" n'y est pas exploitée à tion. On se surprend alors à délirer sur ne s'y intéressent pas plus (et plutôt des fins exotiques mais en constitue le ce qu'aurait tiré de ce sujet en or le moins) qu'à leur premier cartoon. Ce sujet. La rencontre des deux arts cou- Woody Allen de La Rose pourpre du n'est pas un MacGuffin hitchcockien que sins, complémentaire et contradictoires Caire. Dans ce film aussi les person- l'on pose ici, mais littéralement un lapin. (le cinéma fixant le mouvement pour en nages imaginaires jaillissent de l'écran Plus qu'un simple prétexte, I'intrigue assurer l'analyse puis la synthèse, pour vivre des aventures bien réelles.