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Riches et célèbres Small Time Crooks de Woody Alien Gérard Grugeau

Robert Morin Numéro 102, été 2000

URI : https://id.erudit.org/iderudit/24114ac

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Éditeur(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (imprimé) 1923-5097 (numérique)

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Citer ce compte rendu Grugeau, G. (2000). Compte rendu de [Riches et célèbres / Small Time Crooks de Woody Alien]. 24 images, (102), 54–54.

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matise les travers de l'être humain, toutes classes confondues, tout en donnant à fond dans une humeur féroce à la George Bernard Shaw, qui se pare à l'occasion des couleurs de la misanthropie la plus caustique. Une misanthropie récurrente au demeurant dans l'œuvre (surtout depuis ) et renforcée ici une fois de plus par l'auto- dérision névrotique dans laquelle le cinéas­ te aime à se complaire. Small Time Crooks n'épargne personne, ni la culture populaire américaine prémâchée par une télévision Le retour de première manière. omniprésente (voir les entrevues hilarantes sur la culture d'entreprise de Sunset Farms, la compagnie de biscuits de Frenchie: pro­ cédé narratif déjà employé dans ), ni la culture avec un grand C dont les «élites» conformistes se gargarisent volontiers du haut de leur supé­ RICHES ET CÉLÈBRES riorité de classe toute relative. Vision quel­ que peu simpliste qui donne néanmoins au film certains de ses meilleurs moments comi­ PAR GÉRARD GRUGEAU ques. En nouveaux riches qui font tache dans le milieu WASP new-yorkais imbu de ses privilèges, Ray et Frenchie sont deux I imposante feuille de route du cinéas­ de classe et de culture (on pense ici au per­ trouble-fêtes à la présence criarde que la fic­ L te Woody Allen réunit l'œuvre in­ sonnage de la belle-mère habillée de rouge tion volontariste tente de greffer sur un croyablement protéiforme d'un faussaire qui dans ) à cette nouvelle Eliza Doo- corps étranger et réfractaire. Dans ce déca­ n'a de cesse d'égrener depuis plus de trente little, qui croira un instant avoir trouvé son lage grossier, riche en interrogations (sur le ans les nombreux accords et désaccords nés professeur Higgins en la personne d'un ama­ vrai et le faux, les multiples oripeaux du de la rencontre du réel et de la fiction. Si le teur d'art au sourire carnassier (). réel et de sa représentation, etc.) et qui ne singulier Sweet andLowdown à la gravité Avec sa galerie de personnages hauts en cou­ fait que rendre les personnages principaux toute mélancolique lorgnait du côté de leur (, fabuleuse en cousine gaf­ plus humains et attachants, s'inscrit tout par le mimétisme de son sujet, Small Time feuse un peu simplette) et son comique de l'art du moraliste et de l'observateur des Crooks renoue plus directement avec la vei­ situations que l'on souhaiterait davantage mœurs de son temps. Créateur compulsif ne allénienne première période: celle des débridé (la première partie rappelle à certains qui a toujours gardé la haute main sur sa comédies parodiques et burlesques à la égards Le pigeon de Mario Monicelli), Small carrière, Woody Allen n'a sans doute pas What's Up, Tiger Lily, Take the Money Time Crooks se présente comme une sorte fini de nous surprendre, même si ce dernier and Run ou Bananas. Frenchie (décapan­ de fable contemporaine sans prétention, avec opus navigue confortablement en eaux te Tracey Ullman), manucure et ex-danseu­ petite morale à l'appui, sur l'opposition des familières. • se exotique, est la reine du biscuit. La bou­ classes et la vanité de la richesse. tique de cookies qu'elle ouvre va servir de Opus mineur dans la filmographie en façade à son mari Ray (Woody, fidèle à lui- dents de scie mais ô combien prolifique et même) et à une bande de petits escrocs sans diversifiée de l'auteur des inoubliables Annie envergure qui entendent bien dévaliser la Hall et , le film SMALL TIME CROOKS banque avoisinante et prendre une retraite par trop schématique repose bien sûr avant États-Unis 2000. Ré. et scé.: Woody Allen dorée sous le soleil de Miami. Il n'y aura fina­ tout sur le comique verbal, émaillé de one- Ph.: Zhao Fei. Mont.: . Int. lement pas de hold-up. En revanche, les Woody Allen, Tracey Ullman, Hugh Grant, liners à la vulgarité bon enfant, et sur Elaine May, George Grizzard, , biscuits feront de Ray et Frenchy des gens l'enchaînement (plutôt paresseux) de gags Jon Lovitz, , «riches et célèbres». Mais la haute société visuels dans la pure tradition du slapstick. 100 minutes. Couleur. Dist.: Motion In new-yorkaise ne pardonnera pas son manque En satiriste chevronné, Woody Allen stig­ ternational.

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