La Folie S'empare De La Médiathèque !
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n°9 BIMESTRIEL GRATUIT FÉVRIER 2012 La Sélec Le tour de la question La folle échappée Morceaux Choisis Catherine Graindorge Archipel Musiques en marges À ÉCOUTER, À R EGARDER Danny Brown p. 8 //// Mathieu Boogaer À L’AGENDA Mic ts p. 8 //// Noordzee, Texas hael Jackson p. 9 //// Mark Stewart p. 34 //// Poly-folie p. 11 s dans l’art p. 35 //// Soirée au MADcafé p. 36 /// Jazz in ULB p. 38 Détours sur iPad et Android Une formule interactive qui propose, La folie s’empare de en plus des textes, extraits audio, playlists et vidéos. la Médiathèque ! RÉDACTEURS Michaël Avenia, Bertrand Backeland, Elle fascine, intrigue, rebute, inquiète, effraye, séduit, attire, la Sébastien Biset, Isabelle Delaby, folie. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne laisse personne indifférent, Philippe Delvosalle, Christel Depierreux, Anne-Sophie De Sutter, sans doute parce que les frontières sont floues, poreuses et que, Marie de Wautier, Iris Dos Santos, de ce fait, personne n’en est tout à fait à l’abri. Andrée Förster, Guillaume Duthoit, Noël Godts, Bruno Hilgers, Yannick Au-delà de cela, la folie entretient avec la création (dans son Hustache, Igor Karagozian, Céline acception la plus large possible : artistique, scientifique, etc.) Lambotte, Jacques Ledune, Stéphane Martin, David Mennessier, Robert des relations particulières : le langage courant ne dit-il pas Micin, Thierry Moutoy, Pierre-Charles que le « génie » est proche de la folie et n’accorde-t-on pas Offergeld, Nathalie Ronvaux, Daniel Schepmans, Jamila Taleb, Patrick volontiers aux créateurs « géniaux » un grain de folie ? Thinsy, Françoise Vanden Wouwer, Et il est indéniable que son aspect transgressif (des codes et Carla Vandereecken, Patrick Van Uffelen normes sociales) est souvent considéré avec intérêt de la part du milieu artistique : l’art lui-même se voit fréquemment attribuer édito CONCEPTION GRAPHIQUE un rôle de subversion, de transgression de l’ordre social. • Marie-Hélène Grégoire Louise Laurent (couverture) Les médiathécaires se sont donc laissé envahir, et pendant deux 1 mois, de nombreux rendez-vous sur le sujet vont ponctuer le MISE EN PAGE Nathalie Hermelin quotidien des médiathèques. De nombreux partenaires* se sont associés aux réflexions et interrogations, La folle échappée, nom ILLUSTRATIONS donné à cette thématique, débordera donc largement de nos murs. Philippe Condylis (couverture) Alexis Lippstreu (page 3) Détours et La Sélec se sont également intéressés aux Oscar Haus (page 7) questionnements que la folie impose en essayant de balayer le Dirk Martens (La Sélec) Sylvain Cosijns (page 27) plus largement possible, d’ouvrir les horizons au maximum. RELECTURE Constantin Papageorgiadis Belles découvertes ! COORDINATION Isabelle Delaby Isabelle Delaby [email protected] ÉDITEUR RESPONSABLE Claude Janssens 6 Place de l’Amitié *art)&(marges musée, la Cinematek, le Club Théo, le MADmusée, 1160 Auderghem La Porte ouverte, Psymages, le Vecteur. CONTACT [email protected] ISSN 2034-581X tours dé En famille Jeux d’hier 24 et consoles d’aujourd’hui LES ILLUSTRATIONS DU DÉTOURS N°9 Toutes les illustrations de ce numéro Éducatif à votre service proviennent des collections du musée art)et(marges. De l’art de Ce musée, sis rue haute à Bruxelles, 26 est un lieu où l’art outsider s’expose. On y défend des artistes qui ne s’ins- soigner… reflet crivent pas dans le circuit culturel offi- ciel. Certains ont fréquenté le milieu de nos sociétés psychiatrique, d’autres sont porteurs d’un handicap, d’autres encore sont autodidactes. Finalement peu importe, leurs œuvres parlent pour eux et montrent combien les recherches sommaire plastiques se moquent des frontières. Focus agenda • www.artetmarges.be 2 Le Festival En couverture : une œuvre de Philippe 28 Condylis Images Mentales En ouverture de la rubrique « le tour de la question » (page 3) : une œuvre d’Alexis Lippstreu En ouverture de la rubrique « à écou- ter, à regarder » (page 7) : une œuvre d’Oscar Haus En couverture et en fond de La Sélec (page 20 et encart) : une œuvre de Dirk Martens En ouverture de la rubrique « agenda Rubriques des activités » (page 27) : une œuvre de Sylvain Cosijns. Le tour de la question • 3 À écouter, à regarder • 7 Catherine Graindorge • 18 Vous avez aimé • 19 La Sélec • 20 La revue du web • 21 Archipel • 22 En famille • 24 L’éducatif à votre service • 26 L’agenda des activités 27 tours • dé ANNEGARN, FERSEN, FONTAINE, NOUGARO… TRAVERSÉS PAR LA FOLIE La folle échappée… en chansons le tour de la question LA FOLIE A INSPIRÉ À DE NOMBREUX CHANTEURS DE VÉRITABLES JOYAUX. VOICI UNE PRÉSENTATION DE QUELQUES CHANSONS OÙ IL EST QUESTION DE PARANOÏAQUES, DE SCHIZOPHRÈNES, DE REJETÉS, D’HISTOIRES D’AMOUR 3 DESTRUCTRICES ET D’HÔPITAUX PSYCHIATRIQUES. EN UTILISANT SOUVENT DES MOTS D’UNE GRANDE VIOLENCE, CES CHANTEURS EXPRIMENT LES ÉMOTIONS EXA- CERBÉES D’ÊTRES DÉSESPÉRÉS, INCOMPRIS, EN SOUFFRANCE, À LA DÉRIVE. Paranoïa air détendu/Mais je les sais qui marmonnent/ Certains se sont mis dans la peau de personnages J’entends fuser les consonnes/Flotter les sous- angoissés comme Alain Souchon qui implore entendus. (« Le grand complot », 1994) les héros et les objets de son enfance de venir Traumatisé par des souvenirs d’enfant, Carl est le sauver de cette planète où tout le terrorise : persuadé que son ancienne maison va le man- Fulguro-anges/Robot-archanges/Notre Dame ger : On devait quitter la maison/Laisser nos de Goldorak/[...]/Chapeaux pointus d’astrolo- travaux à l’abandon/Embrasser Lulu/Sans gues/Grosses pierres/Les fées/Œuf de Pâques/ savoir qu’un jour on ne la reverrait plus/On a […]/V’nez m’ chercher. (« Tout me fait peur », 1980) vendu la maison avec toutes nos odeurs, nos Philippe Tasquin, lui, se sent persécuté par empreintes/Comment ont-ils pu vivre dans la tous ceux qu’il rencontre : Dès que j’arrive au puanteur de nos souvenirs ? (« La Maison me bureau/Mes collègues aussitôt/Prennent un mangera », 2010) Thématique La folle échappée tours dé “ Tout rêve, toute création artistique est un dédoublement de la personnalité autorisé. ” Dick Annegarn Même type de vision pour Alain Chamfort dans « L’Ennemi dans la glace » (1993) : Il y a dans « Je est un autre » ma maison quelqu’un dont j’ me méfie/Qui Le thème de la dualité revient souvent me défie/Qui s’assied à ma place/Qui m’ res- chez Dick Annegarn dans des titres comme semble comme un frère/Qui respire mon air. « Polymorphose » (1974), « Judas Iscariote » Christophe, lui, plonge dans la lycanthropie : (1976) ou encore « Miroir » (2002). Il se confie à Tout devient noir/Des araignées/Dans ma ce sujet : « Tout rêve, toute création artistique mémoire/Me parlent d’un enfant surdoué/ est un dédoublement de la personnalité auto- Mutation incontrôlée/[…]/Chromosomes affo- risé. Cette autorisation d’exister autrement lés. (« Le Fou garou », 1980) que dans la normalité m’a soigné de la norma- Au travers de l’histoire d’un homme qui lité ! » (Dick Annegarn, Paroles, Le Mot et le reste, ne peut contrôler la bête qui est en lui 2011, p. 27). En 1974, dans « Fryzoschénie » qui (son iguanodon), Thomas Fersen pro- le tour de la question • contient d’étonnants néologismes, Annegarn pose une version reptilienne de ce thème. 4 chante : Dans cette fêlure ‘éclafêlée’, un autre Ou peut-être parle-t-il de façon imagée de pul- moi est né. Il a récemment commenté cette sions sexuelles difficiles à canaliser : Derrière chanson : « Je m’autorise [ici] la naissance les lunettes d’écailles/Et sa froideur dans le de différentes personnalités représentant des ton/La démence le travaille/Le pauvre python. aspects d’un moi imaginaire. « Je est un autre » (« Mon iguanodon », 2005) disait Rimbaud. » (Dick Annegarn, Paroles, Le mot et le reste, 2011, p. 24) Histoires d’amour à rendre fou Jean Guidoni parle aussi d’accoucher d’un Nombreux sont ceux qui ont perdu les pédales autre lui-même : Moi je donne la vie/[…]/Déjà en vivant une histoire d’amour destructrice. je sais que je l’aime/Il va me faire renaître. Le texte de « Sombre dimanche »(1) chanté par (« Comme un autre », 2007) Damia en 1936 traduit à merveille le désespoir Dans « Schizophrenia » (1981), Armande Altaï ultime qui mène au suicide : N’aie pas peur de incarne une fille qui joue avec une poupée mes yeux/S’ils ne peuvent te voir/Ils te diront qu’elle ne voit que dans son miroir : Je l’enroule que je t’aimais plus que ma vie. dedans la laine/Je l’anime et je la promène/ Dans « Manon » (1968), Serge Gainsbourg Et je la fais pleurer/Elle parle, elle rit, elle est exprime bien la relation haine/amour d’une moi-même/Qu’est-ce que je fais, à quoi je sers/Prisonnière d’une statue de chair. (1) Serge Gainsbourg et Claire Diterzi ont également interprété cette adaptation de la chanson « Szomorú vasárnap » écrite en 1933 par l’artiste tours hongrois Seress Rezsö. dé Claude Nougaro passion qui vire au cauchemar : Tu ne sais sûrement pas, Manon/À quel point je hais, ce que tu es/Sinon, Manon/Je t’aurais déjà per- folie né d’un trop grand désespoir : Fais gaffe, due/[...]/Il me faut t’aimer avec un autre. Son fais gaffe à toi, j’ vais t’ faire mal/T’as peur, album-concept L’Homme à tête de tu pleures, ça m’est égal/T’as quà pas m’lais- chou (1976) est encore le récit ser, me laisse pas… Dans « Guigui » (1978), il d’un amoureux blessé qui, lui, se remet dans la peau d’un homme à la dérive dérape. L’homme devient mala- qui, cette fois-ci, est complètement décon- divement jaloux après avoir necté : Je sais plus qui tu étais/Ma sœur ma surpris sa Marilou entre deux mère ma petite fille/Une fiancée quon dés- macaques du genre festival à habille ?/Guigui/Je sais seulement qu’on Woodstock (« Flash Forward »).