La Vie À Paris : 1880-1910 / Jules Claretie
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La vie à Paris : 1880-1910. 1899 / Jules Claretie Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Claretie, Jules (1840-1913). Auteur du texte. La vie à Paris : 1880- 1910. 1899 / Jules Claretie. 1881-1911. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source des contenus telle que précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ». - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. 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BniCHANTEAu, COMEDIEN Fr.AKCAis (roman parisien) ()0emi)te). tvot. EN P~JTP~~T'/ON.' LE SANG FnANÇAIS. ) Dt' la réputation usurpée qu'a Paris. Une ville entêtée. Mon ami de V. retour de Cochinchiue. Un déjeuner chez Alexandre Dumas. Hien ne change Le réveil d'Epime- nide. Journaux du matin et journaux de l'an dernier. L'opinion de Mardoche. M. de Caprivi. Deux chanceliers. Les arbres poussent. L'approche du Carnaval. Bal de l'Opéra. Le comte de Chambrun. D'un Album à uu Musée. Les /.a)'"ies de Jacques Pineton de Chambrun. La comtesse de Chambrun. Gounod. Les invités. Less eaux de l'Avre. Encore un espion. Rien ue change Eu 1900. 30 janvier 1899. J'avais un camarade de collège qui fut, en son temps, le type le plus complet de ce qu'on appelle le /<en. Il savait tout, connaissaittout, était partout, comme le ,5'o~a~'e et, à l'inverse du héros de d'Arlincourt, cet ubiquiste boulevardier avait en horreur toute solitude à moins qu'elle ne fût ladouce « solitude à deux ». Je l'aimais infiniment. Il avait eu i pour parrain le bon grand aîné de Gascogne, Alexandre Dumas, père des Trois Mousquetaires. Et, un jour, il m'avait même fait inviter à déjeuner par le romancier inépuisable, en ce logis de la rue d'Amsterdam, où vivait alors l'auteur de ~/on<p- C/0. Avec quel battement de cœur je m'habillai pour le rendez-vous Voir de près l'homme dont les beaux contes, les aventures de Chicot ou de Pertinax de Monterabeau, avaient été mes enchantements! Je crois bien que je n'eus d'émotion plus forte que le jour où, place des Barricades, à Bruxelles, j'entendis pendant que j'attendais, en bas, dans le petit salon le pas lourd de Victor Hugo descendant vers moi, résonner sur le plancher de sa chambre, là, sur ma tête Du moins, place des Barricades, allais-je voir Hugo rue d'Amsterdam, je ne vis pas Dumas. Le grand fantaisiste était parti depuis la veille pour le Caucase, je crois bien, et il avait laissé à son filleul ce simple mot, placé près de la table toute servie « Chez moi, tu es chez toi Prends ma place et déjeune avec ton ami » Ce fut une déception mais après tout Alexandre Dumas reviendrait du Caucase, un jour ou l'autre, et l'on se console vite, à dix-huit ans. Mon camarade en devait voir bien d'autres, et moi aussi! Quelques années après, venant m'annoncer qu'il partait, comme officier, pour la Cochinchine, il m'embrassa en me contant sa dernière bonne fortune, disparut, demeura là-bas cinq ou six ans, y reçut quelques balles, y cassa quelques têtes, //<<M, comme don César, avec des femmes jaunes, oublia le boulevard et les Variétés à l'ombre des pagodes. Puis, un beau matin, on sonne à ma porte et, un peu tanné, assez amaigri, mais tou- jours flambant et verveux, je vois entrer chez moi mon ami de V. qui me tend la main, s'assied au coin du feu, comme s'il m'avait quitté la veille, et me dit Mon cher, je m'aperçois d'une chose je ne sais rien de plus entêté dans ses modes et ses habitudes que ce Paris. Comment, voici des mois et des mois que je l'ai quitté.! Je me figure le retrouvermodifié, boule- versé de fond en comble et il continue, ce diantre de Paris,son trantranhabituelcommeune ville de province qui réglerait sa vie sur l'horloge de la sous'-préfecture 11 est le même, absolument, obstinément le même que lorsque je l'ai planté là. Aucun changement pendant l'entr'acte. C'est toujours la même chanteuse qui y joue la même opérette, le même drame que je vois affiché à l'Ambigu, le même ministère que je retrouve debout après avoir appris qu'on l'a deux fois ren- versç, les mêmes livres à l'étalage des mêmes libraires, les mêmes visages aux mêmes fauteuils de balcon, en des salles de ~'p/e.s' immuables (j'étais, hier, au débotté, à la~K'<e du Vaudeville). Et ce qu'il y a de plus grave, mon pauvre ami, c'est que Paris, qu'on dit si capricieux et si frivole, est surtout fidèle à ses habitudes dans ce qui devrait être le plus renouvelable au monde l'amour. Ce ne sont pas seulement les mêmes pièces que je retrouve figurant sur les colonnes Morris, ce sont les mêmes femmes que je rencontre dans l'avenue des Acacias ou les avant-scènes des petits théâtres. Elles ont six ans de plus et elles n'ont ni une ride apparente ni un soupi- rant. de moins. Solides au poste comme l'homme juste d'Horace, elles n'ont été remplacées par personne et se moquent avec agrément du cri fameux Place aux ~H<~ Elles reçoivent à la même heure, dînent du même menu, redisent les mêmes mots et chantent la même chanson. Ah ça vraiment, est-ce que notre Paris aurait usurpé sa réputation de ville-girouette et ne serait-ce pas ici, au contraire, le pays de l'habitude où Gros-René s'acoquine aux éternels appas de l'éternelle Marinette? Pour moi, je me demande si vraiment je viens de passer six ans en Cochinchine puisque je retrouve, figés et immuables, les mêmes pièces, les mêmes comédiens, les mêmes politiciens, les mêmes préoccupations et les mêmes vendeuses de sourires Et mon cher de V. avait raison. Mais que dirait-il s'il avait quitté Paris l'an dernier, à pareille date, et s'il le retrouvait aujourd'hui hypnotisé par des préoccupations identiques? Un Ëpiménide d'une année, un cataleptique de douze mois, s'endormant d'un sommeil de trois cent soixante-cinq jours, pour se réveiller en plein trouble moral, se demanderait volontiers si la terre a tourné et si le monde a marché depuis l'an passé. Le journal du matin étant tout naturellement le premier cordial que réclame un bon Français en rouvrant les veux, le dormeur sonnerait bien vite Mon journal Et, en la parcourant, cette feuille fraîche encore et LA VIE A PARIS. ueurant cette odeur d'encre qui est un des aromes de Paris, le dormeur éveillé croirait faire ou continuer un rêve.