Hommage À Jean Meyer (0 Presses De L'université Deparéjp€||Fo^Ne, Paris, Décembre 1995 État, Textes Réunis Et Publiés Par
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État, Marine et Société Hommage à Jean Meyer (0 Presses de l'Université deParéjp€||fo^ne, Paris, décembre 1995 État, Textes réunis et publiés par Marine Martine Acerra, Jean-Pierre Poussou, et Société Michel Vergé-Franceschi, André Zysberg. Publiés avec le concours du LABORATOIRE D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE MARITIME À L'ÉPOQUE MODERNE (LHAMEM) DU CNRS URA 1989, MUSÉE DE LA MARNE UNIVERSITÉ DE PARIS IV-SORBONNE et L'INSITUT DE RECHERCHES SUR LES CIVILISATIONS DE L'OCCIDENT MODERNE (IRCOM) DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS IV-SORBONNE Des Mélanges Meyer s'imposent. Meyer est un des esprits les plus créateurs de l'Université de France. Je ne serai pas à la réunion préa- lable parce que je ne suis plus guère bon qu'aux fonctions honorifiques. Mais si vous décidez de me mettre dans le Comité d'Honneur je me considérerai comme fort honoré. Roland MOUSNIER * de l'Institut * Lettre de Roland Mousnier adressée , q^^M^^s^vant sa mort à M. le Recteur Jean-Pierre Poussou. Hommage à Jean Meyer Jean Meyer fait partie de ces êtres, dont on sait qu'ils sont peu nombreux, qui sortent réellement de l'ordinaire. Sa vie et sa carrière déjà le montrent. Voici donc un Alsacien, né le 11 novembre 1924, à Strasbourg, dont le père était instituteur, qui aura fait carrière en Bretagne puis en Sorbonne, et qui aura atteint le sommet des honneurs et de la carrière uni- versitaires sans avoir jamais passé le baccalauréat. Il est vrai qu'il avait fait de bonnes et solides études primaires et secondaires en Alsace puis à Metz mais il fut incorporé de force, de 1942 à 1945, parmi les « malgré nous ». Et voici que ce cher- cheur, à la vie calme comme celle de tous les chercheurs - on ne peut ni ne doit faire de bruit dans les dépôts d'archives ou les bibliothèques ! -, a connu, tout jeune, entre sa dix-huitième et sa vingt et unième année, de manière buissonnière, aurait dit Antoine Blondin, toute l'Europe centrale et orientale, et pratiquement toutes les armées de l'époque. C'est là, n'en doutons pas, que son caractère a achevé de se tremper et que cette force vitale qui a rejailli sur toute son oeuvre et qui l'anime encore, a achevé de se forger. Voici donc pourquoi il fut dispensé du baccalauréat, fit néanmoins de belles études universitaires et devint en 1952 agrégé d'histoire, avec aussitôt une nomina- tion au lycée Clémenceau de Nantes. Pendant un quart de siècle, le voici donc Breton, très vite passionnément attaché à cette province où il finit par installer ses propres pénates, à Bécherel comme le savent tous ses amis. Mais n'allons pas trop vite et, pour une fois, ralentissons avec lui le rythme : il reste en effet huit années au Lycée Clémenceau, avant d'entrer au CNRS en 1960 pour y passer deux ans. A la sortie, il devient chargé d'enseignement à l'Université de Rennes car il prépare sous la direction d'Henri Fréville une thèse de doctorat ès-lettres consacrée à La noblesse bretonne au xvuf siècle (SEVPEN, 1966), thèse qu'il soutient cum maxima laude en 1966. Il succède aussitôt au professeur Pocquet de Haut-Jussé, et le voici pendant douze ans titulaire de la chaire d'Histoire de la Bretagne, et, à partir de 1969, directeur du Centre de recherches historiques armoricain. C'est à ce titre qu'il participe de manière très neuve, chez Privat, à L'Histoire de la Bretagne (1969), aux Documents d'histoire de la Bretagne (1970) et à Y Histoire de Rennes (1972). En collaboration avec Jean Bérenger, il publie égale- ment La Bretagne à la fin du xvif siècle, d'après le rapport de Béchameil de Nointel (Institut de recherches historiques armoricain, 1976); il écrit enfin une histoire de Bécherel (Bécherel et son pays, Ouest-France, 1983), et plus d'une vingtaine d'ar- ticles dans lesquels la Bretagne est présente. Une partie de ces articles est consacrée aux activités maritimes. Mais il faut dire à cet endroit qu'à cette époque on préparait aussi une thèse complémentaire et que celle de Jean Meyer a été consacrée à L'armement nantais dans la seconde moitié du xviii' siècle (SEVPEN, 1969). Certes, la noblesse allait encore le retenir, à travers de nombreux articles, et surtout à travers cette synthèse qui reste la plus achevée et la plus magistrale dans ce domaine : Noblesse et pouvoirs dans l'Europe d'Ancien Régime (Hachette, 1973), et bien sûr dans toute une série d'articles et de contribu- tions, dont l'ensemble fait encore aujourd'hui l'oeuvre la plus novatrice en matière d'histoire de la noblesse du milieu du xvii, siècle à la Révolution, le tout concrétisé dans son « Que-sais-je? » de 1991 : La noblesse française à l'époque moderne. Néanmoins, après une incursion américaine (Pionniers et colons en Amérique du Nord, A. Colin, 1974, auquel il collabore) et un autre maître livre qui reste la réfé- rence : Les Européens et les Autres, de Cortès à Washington (A. Colin, 1974), sa car- rière connaît un tournant qui est aussi un éclatement. Il arrive en effet en 1978 à l'Université de Paris-Sorbonne où il exerce jusqu'à sa retraite en 1992. Désormais, il y a d'un côté l'historien de la mer et des activités liées à la mer, et d'un autre côté une oeuvre si foisonnante qu'on ne peut l'enfermer dans aucun cadre ni aucune limite, même si elle est d'abord consacrée à la France des xviie-xvme siècles. On me pardonnera de passer assez vite sur le premier aspect : ses élèves le font de manière détaillée dans l'hommage qu'ils lui rendent. Je dois cependant rappeler brièvement sa place en ce domaine. Elle est tout simplement considérable. Jean Meyer a relancé, ou plutôt lancé les études d'histoire maritime de l'époque moderne en France. Devenu dès son arrivée à la Sorbonne en 1978 directeur du Laboratoire d'histoire maritime du CNRS, il a impulsé un nombre prodigieux de recherches, notamment plusieurs dizaines de mémoires et de thèses, dont le noyau central a été constitué par la recherche sur les grands arsenaux. Appuyé sur un séminaire extrê- mement actif, lieu de rencontre avec les marins qu'il a su associer dès le début à cette activité très soutenue, il a permis que se multiplient articles et ouvrages. Lui-même n'a cessé de participer à l'oeuvre commune, abordant aussi bien les batailles et les biographies de marins (voir ses articles dans le Dictionnaire d'Art et d'histoire mili- taire et son Béveziers, paru en 1993 chez Economica) que les histoires de nos grands ports (Histoire de Nantes, 1978; Histoire du Havre, 1984), les travaux généraux sur les relations entre la France et la mer (Voir sa contribution à l' Histoire militaire de la France, et dans l'ouvrage La France et la mer au siècle des grandes découvertes, Taillandier, 1993). Témoignage de l'activité même du Laboratoire, nous avons toute une série d'ouvrages en collaboration, essentiellement avec Martine Acerra (notam- ment Les marines de guerre européennes XVIIe-XVIII' siècles, 1985 ; La grande époque de la marine à voile, 1987 ; Marines et Révolution, 1988 ; et pour finir cette Histoire de la Marine française, parue chez Ouest-France en 1994). A cela s'ajoute bien sûr un grand nombre d'articles ou de contributions qu'il n'est pas possible de citer ici. Je ferai simplement une exception pour Marine de guerre : science et technologie (1750-1850), paru dans la Bretagne des savants et des ingénieurs (Ouest-France, 1991) car il témoigne d'une des grandes idées de Jean Meyer : le rôle fondamental de la marine dans les progrès scientifiques et technologiques du royaume de France. J'allais écrire que Jean Meyer s'est spécialement intéressé à l'évolution et aux progrès des sciences et de la technologie, ce qui au demeurant est tout à fait exact. Mais en même temps très réducteur : il s'est en fait intéressé à toutes sortes de sujets et n'a cessé de faire preuve d'une activité étonnante, correspondant à un labeur sans failles et à la mise en oeuvre, à partir des années 1980 esentiellement, de la docu- mentation qu'il n'avait cessé d'accumuler et d'assimiler. Cet infatigable lecteur, pas- sionné par tout, est devenu à partir de son arrivée en Sorbonne, un écrivain d'une fécondité littéralement hors du commun, dont chaque livre a compté et comptera longtemps. Pour que le lecteur ne soit pas perdu, il faut bien regrouper, au risque de présen- ter un tableau réducteur et de ne pas correspondre à ce qu'a été sa production histo- riographique. On ne verra aucun ordre de préférence dans ce regroupement. Il me semble que celui-ci doit commencer par les problèmes liés à l'Etat et à l'économie en général. Fondamental est à cet égard Le poids de l'Etat (P.U.F., 1983), peut-être le livre le plus neuf qu'il ait écrit dans un domaine pourtant tellement labouré. On lui ajoutera La France Moderne (Fayard, 1985), Les Capitalismes (P.U.F., 1980), Le despotisme éclairé (Que sais-je, 1991), et ses contributions à Guerre et paix en Europe au XVIIe siècle (SEDES, 1991). On en rapprochera la somme que constitue La Révolution française (P.U.F., 1992), toute une série d'articles d'Encyclopédies ou de Dictionnaires, notamment dans l'Encyclopedia Universalis ou dans le Dictionnaire du Grand siècle, mais aussi ses incursions sur le problème vendéen (cf.