Cameroun) (1992-1996)
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Le Projet d’Aménagement Pilote Intégré de Dimako (Cameroun) (1992-1996) Dans ce document ont été rassemblées les contributions des différents acteurs du projet : Michel Jahiel, Blaise Bilak Garka, André Sieffert, Eric Forni, Marcelin Mékok, Luc Durrieu de Madron, Alain Pénelon, Luc Mendouga, Alain Karsenty, Albert Tsagué, Jean-Luc Jardin, Claude Ruth, Nicolas Méké, Adéle M'Benda et bien d'autres qu'il ne nous est pas possible de citer. Ce document a été mis en forme par Luc Durrieu de Madron, Alain Karsenty, Eric Loffeier et Jean-Michel Pierre. 1998 CIRAD-Forêt Campus International de Baillarguet BP 5035 34032 Montpellier cedex France PREFACE L’accès aux connaissances liées au patrimoine national comme international peut accélérer le processus de développement. De même, l’échange des savoirs rassemble ses acteurs et renforce l’organisation des travaux. Pour toutes ces raisons, synthétiser et diffuser l’information relève du mandat des actions de coopération. Depuis près de trente ans, le département forestier du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) a réalisé de nombreuses recherches sur les écosystèmes forestiers humides de l’Afrique centrale et occidentale. Le projet Forafri, financé par le Fonds d’aide et de coopération (France), a été lancé en 1996 pour capitaliser ces acquis et les valoriser en les transmettant aux acteurs de la filière dans cette zone. Le Cifor (Center for international forestry research), responsable d’une action identique dans les pays anglophones, est associé à Forafri. La phase de capitalisation et de synthèse s’est concrétisée notamment par la rédaction de différents ouvrages, synthèses et publications. Un comité scientifique et technique, qui réunit des représentants du Cirad, du Cifor, de la Fao (Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), de l’Uicn (Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources), de l’Atibt (Association tropicale internationale des bois tropicaux) et des de systèmes nationaux de recherche africains (Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire et Gabon), a assuré la validation des documents. Les auteurs se sont attachés à rassembler les divers éléments épars des connaissances scientifiques, techniques et bibliographiques, ceci dans le but de les mettre à la disposition des utilisateurs, qu’ils soient enseignants, développeurs, chercheurs, industriels ou gestionnaires. Ce travail de synthèse a abouti à la réalisation d’une série d’ouvrages, traités par pays ou par thème. Le bilan général des dispositifs expérimentaux concerne notamment la dynamique de croissance des peuplements arborés en Centrafrique, en Côte-d’Ivoire et au Gabon. Plusieurs thèmes sont aussi approfondis, tels que l’évaluation de la ressource, la sylviculture, l’aménagement, les méthodes statistiques d’analyse et d’interprétation de données et les caractéristiques technologiques des bois commerciaux africains. La transmission des connaissances et des savoir-faire passe aussi par la formation dont tous ces documents pourront être des supports. C’est avec cette volonté de capitaliser, synthétiser et diffuser que ces publications sont réalisées. Nous espérons qu’elles profiteront aux recherches et actions de développement futures concourant ainsi à la gestion durable des forêts tropicales africaines. Jacques Valeix Directeur du Cirad Forêt II Résumé Le projet d’Aménagement Pilote Intégré de Dimako est issu de la maturation et de la concrétisation de l’évolution de la politique forestière internationale exprimée par le PAFT et de celles relatives aux notions de gestion forestière durable et de gestion participative Ce projet s'est déroulé de 1992 à 1996 dans l'Est du Cameroun. Il visait à proposer un aménagement durable prés de un million d'hectares de forêt dense humide semi-décidue et sempervirente. Cet aménagement-exploitation devait être réalisé en concertation avec les différents acteurs : populations, administration, industriel... Le projet A.P.I. avait pour but de (i) permettre l’exploitation rationnelle d’un massif forestier dans le cadre d’un plan d’aménagement en mettant en place des opérations sylvicoles, (ii) contribuer à la réflexion sur la stabilisation de l’agriculture itinérante par des actions de développement rural ; (iii) mener des activités périphériques de recherche en matière de sylviculture et de techniques d’exploitation. Malgré et peut-être grâce à des contraintes telles que la création tardive des unités forestières d'aménagement dans le "domaine permanent de l'état"; à partir d’un zonage institutionnel, des objectifs très larges et généraux affectés au projet qui, si elles avaient été toutes engagées, auraient alors nécessité des moyens bien au-delà des capacités du projet..., celui-ci a cependant obtenu nombre de résultats concernant les techniques d’aménagement forestier, les essais agronomiques, la connaissance des terroirs et finages. Il a également été conduit à engager une réflexion sur la nouvelle loi forestière promulguée en cours de projet et sur son applicabilité, ainsi qu'à étudier la pertinence du plan de zonage et, par là-même, la mise en œuvre de la gestion participative. La stabilisation de l’agriculture Des éléments de réponse ont été fournis par le projet sur la possibilité de stabilisation de l’agriculture: · la distribution de plants d’arbres agroforestiers dans les villages, action qui reste d’un impact limité compte tenu de la présence de ces arbres dans les forêts villageoises et de la croissance lente de ces espèces. · le test d’introduction de fruitiers, qui met en évidence l’efficacité relative de la diffusion de plants en milieu rural après paiement du matériel végétal au projet . · une meilleure connaissance des modes d’agriculture et de la récolte des produits forestiers non ligneux ainsi que leur appropriation. Les produits extraits de la forêt jouent un rôle significatif dans la vie des populations (alimentation, santé, don et vente). Les techniques de gestion forestière Elle sont basées sur l’étude de la ressource et, ensuite, sur les modes d’utilisation de cette ressource. Elles débouchent sur un constat qui paraît évident, mais qui pourtant n’est pas systématiquement explicite dans les pratiques ou dans la législation : il est en effet nécessaire de s’adapter à la nature de la ressource locale, notamment à la structure diamétrique des principales essences de la zone. Il s’avère que l’application de régles fixes, établies a priori, est loin d’être recevable. Le prélèvement doit correspondre aux capacités de la ressource et non l’inverse. III La procédure d'aménagement présentée comporte trois parties : · La connaissance des ressources. · La connaissance des modes d'utilisation de cette ressource par les différents acteurs ; - l'état, - les populations locales, - l'exploitant forestier. L’utilisation de techniques améliorées peut être préconisée en ce qui concerne les inventaires d’exploitation et la planification des pistes de débardage. Une étude des dégâts causés par l'exploitation a débouché sur la détermination d’un seuil maximum de prélèvement écologiquement acceptable. Une étude économique a permis de déterminer les coûts d’exploitation en fonction des divers paramètres de production ainsi que les seuils minimum de rentabilité (ou minimum économique). · La détermination des paramètres de l'aménagement Le projet a mis au point une méthode pour le calcul de la rotation entre deux exploitations, la délimitation des assiettes de coupe et la définition des diamètres minimum d'exploitabilité qui ne sont plus fixés par la loi comme c’était le cas pour les aménagements déjà rédigés au Cameroun, mais basés sur la ressource locale en vue d’une gestion durable de celle-ci. Dans une optique de gestion durable et d'approvisionnement soutenu, la durée de rotation doit correspondre au temps nécessaire à la forêt pour se reconstituer suffisamment par sa dynamique propre ou assistée par la sylviculture. La difficile application de la loi Un certain nombre de dispositions prévues par la loi forestière et son décret d’application semblent pouvoir donner lieu à discussion quant à leurs conséquences en matière de pérennité des massifs forestiers. · En ce qui concerne la gestion forestière Les durées de concession de quinze ans semblent trop courtes par rapport aux durées de rotation que le projet a jugé nécessaire de proposer. Il sera difficile dans ces conditions de garantir une durabilité de l'aménagement dans un tel cadre. · En ce qui concerne les forêts communautaires La pérennité des massifs forestiers du pays suppose une participation des populations locales à leur gestion. Une gestion " cloisonnée " des espaces qui exclurait les populations locales des espaces forestiers sur lesquels elles exercent différents types de maîtrise, tant sur le foncier que sur les différentes ressources, conduirait à opposer les différents utilisateurs. Une approche intégrée suppose que les responsabilités de la gestion des massifs forestiers soient partagées entre les différents usagers et que les décisions soient prises au niveau le plus adéquat, afin de concilier efficacité et équité. Si les villageois perçoivent que des enjeux importants dépendent de leur capacité d'organisation et d'initiative, une dynamique favorable peut être créée autour d'un objectif commun pour tous les utilisateurs, paysans comme forestiers : la durabilité des ressources forestières. IV Un élément préalable à cette demande de création est l'identification d'une communauté et de son "aire d'influence", que le projet A.P.I. a nommé des finages villageois. Cette étape préliminaire représente une contrainte. Néanmoins elle constitue la seule base claire pour toutes les négociations à venir. · En ce qui concerne la relation entre les finages villageois et le plan de zonage La mise en évidence des finages est un premier pas vers l'identification des titulaires de droits d'usages et l'apparition d'interlocuteurs collectifs qui seront ainsi plus faciles à responsabiliser dans la perspective d'une gestion contractuelle des massifs forestiers. En effet, il faut éviter d'opposer l'espace des finages et les cartes du zonage, comme si les deux représentations de l'espace s'excluaient mutuellement.