Conseil De Sécurité Distr
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Nations Unies S/2018/581 Conseil de sécurité Distr. générale 9 août 2018 Français Original : anglais Lettre datée du 8 août 2018, adressée à la Présidente du Conseil de sécurité par le Groupe d'experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali En ma qualité de Coordonnateur du Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali, j’ai l’honneur de vous faire tenir ci-joint, après concertation, le 7 août 2018, avec le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2374 (2017) concernant le Mali, le rapport final du Groupe d’experts, conformément à l’alinéa c) du paragraphe 11 de ladite résolution. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter le texte de la présente lettre et du rapport qui l’accompagne à l’attention des membres du Conseil de sécurité. Pour le Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali (Signé) Ruben de Koning Coordonnateur (Signé) Marc-André Boisvert Expert (Signé) Aurélien Llorca Expert (Signé) Holo Makwaia Expert 18-12105 (F) 130818 230818 *1812105* S/2018/581 Rapport final du Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité sur le Mali Table des matières Page I. Contexte général ............................................................... 6 II. Contexte politique du conflit ..................................................... 8 A. Résumé du conflit .......................................................... 8 B. Négociations de paix et conclusion de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ................................................................... 8 III. L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali : violations, retards et progrès .......... 9 A. Violations du cessez-le-feu avant et après la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité ................................................................ 9 B. Observations générales sur l’application de l’Accord ............................. 9 C. Questions de procédure et mise en œuvre du volet politique et institutionnel .......... 11 D. Composante défense et sécurité ............................................... 14 E. Financement de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali et de sa composante développement économique, social et culturel ................................... 16 F. Réconciliation, justice et composante humanitaire ............................... 19 IV. Groupes armés et attaques visant l’armée malienne ................................... 19 A. Région de Ménaka et partie est du cercle d’Ansongo (région de Gao) ................ 19 B. Régions de Tombouctou et Taoudenni .......................................... 25 V. Criminalité organisée ........................................................... 34 A. Trafic de stupéfiants ........................................................ 34 B. Traite d’êtres humains et trafic de migrants ..................................... 38 C. Armes .................................................................... 40 D. Autres sources de financement ............................................... 40 VI. Violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme ................... 41 A. Massacres de civils ......................................................... 42 B. Violations des droits de l’enfant et violences sexuelles ............................ 44 C. Entrave à l’aide humanitaire ................................................. 46 VII. Évolution de la situation politique et des conditions de sécurité ......................... 47 A. Coopération régionale et Groupe de cinq pays du Sahel ........................... 48 B. Niger .................................................................... 48 C. Burkina Faso .............................................................. 50 D. Mauritanie ................................................................ 50 2/75 18-12105 S/2018/581 E. Algérie ................................................................... 51 VIII. Recommandations .............................................................. 51 Annexes* * Les annexes sont distribuées uniquement dans la langue de l’original et n’ont pas été revues par les services d’édition. 18-12105 3/75 S/2018/581 Résumé En prévision de l’élection présidentielle de juillet 2018, les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ont à nouveau manifesté leur volonté de progresser dans le cadre de plusieurs activités prioritaires décidées en janvier et en mars. Le Gouvernement et les coalitions de groupes armés signataires, à savoir la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger (Plateforme) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) sont parvenues à un accord sur la nomination des autorités intérimaires au niveau sous-régional et la création d’unités mixtes du Mécanisme opérationnel de coordination à Kidal et à Tombouctou. Ces progrès concernant des mesures provisoires peuvent établir entre les parties la confiance nécessaire pour appliquer après l’élection présidentielle, ne serait-ce que partiellement, les dispositions fondamentales de l’Accord concernant les volets institutionnel et de la sécurité. Le Groupe d’experts constate que le fait que les représentants des groupes armés signataires n’aient été que partiellement associés aux travaux législatifs sur la décentralisation a suscité chez ces groupes une certaine méfiance et passivité dans leur implication sur le volet sécurité. Le calendrier ambitieux, la nature des stratégies de négociation et l’insuffisance de la coordination parmi les parties signataires expliquent en partie les retards déjà accumulés concernant la mise en œuvre des mesures prioritaires, de la part tant des groupes armés que du Gouvernement. Par ailleurs, l’exigence émise par les factions dissidentes d’être pris en compte dans l’application des dispositions de l’Accord complique la mise en place des mesures prioritaires, en particulier le programme de désarmement, démobilisation et réintégration qui a débuté très tardivement en mars. Si le Groupe d’experts a observé divers retards, il n’a pas constaté que des parties ou des entités en particulier entravaient délibérément l’application de l’Accord. Au lieu d’une obstruction manifeste, il a observé que des membres des groupes armés signataires et des factions dissidentes étaient impliqués dans des attaques dirigées contre les forces armées et de sécurité maliennes et dans la criminalité organisée, et qu’ils menaçaient de recourir à la violence pour être inclus dans l’Accord, compromettant ainsi indirectement son application. Tout particulièrement, les factions dissidentes rassemblées sous la bannière de la Coordination des mouvements de l’entente (CME) ont menacé de recourir à la violence et de boycotter l’élection présidentielle afin d’être davantage prises en compte dans l’application de l’Accord et de pouvoir participer à ses différents mécanismes. Le terrorisme et la criminalité organisée alimentent l’insécurité qui règne actuellement dans le nord et le centre du Mali, aggravant la situation humanitaire. La violence intercommunautaire qui sévit dans les régions de Mopti et de Ménaka a empiré encore la situation, suscitant une nouvelle vague de réfugiés et de déplacés qui, une fois encore, en 2018, n’ont pas pu rentrer chez eux ou être rapatriés à cause des menaces constantes d’enlèvement, d’extorsion, de meurtre et d’exécution sommaire que font peser les groupes armés et terroristes, à quoi s’ajoutent la sécheresse, la famine et l’absence de services essentiels dans les zones de retour. Dans le même temps, les opérations antiterroristes menées dans le nord et le centre du pays par l’armée malienne et les groupes armés coopérant à l’application de l’Accord – c’est-à-dire qui font soit partie de la Plateforme ou de la CMA ou soit qui se sont engagés à observer les dispositions de l’Accord – ont entraîné la mort de civils et amplifié la violence intercommunautaire. Les opérations dans le nord ont été interprétées par la CMA comme un prétexte pour redéployer l’armée malienne dans le nord, en violation de l’Accord. Dans la région centrale de Mopti, cette dernière doit 4/75 18-12105 S/2018/581 faire face à des allégations persistantes des violations des droits de l’homme et le Gouvernement a reconnu que des soldats avaient effectivement participé à de tels actes à Nantaka et à Kobaka. Dans la région de Ménaka, un grand nombre de civils ont été tués dans des attaques terroristes, depuis février 2018, tandis que d’autres ont été victimes de représailles par le Groupe d’autodéfense des Touaregs Imghad et le Mouvement pour le salut de l’Azawad des Douassak. 18-12105 5/75 S/2018/581 I. Contexte général Mandat et déplacements 1. Par sa résolution 2374 (2017), le Conseil de sécurité a mis en place un régime de sanctions prévoyant une interdiction de voyager et un gel des avoirs s’appliquant aux personnes ou aux entités que le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2374 (2017) concernant le Mali aurait désignées comme étant responsables ou complices d’activités ou de politiques faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité au Mali ou comme ayant pris part, directement ou indirectement, à de telles activités ou politiques. À ce jour, le Comité n’a désigné aucune personne ou entité de la sorte. 2. Dans sa résolution 2374 (2017), le Conseil de sécurité a prié le Secrétaire général de créer un groupe composé au maximum de cinq experts