CHAPITRE XVII

NATURE ET EMPLACEMENT DES SITES ISIAQUES EN ITALIE

Le report de tous les sites isiaques sur cartes (efr cartes I et 2) va nous permettre d'examiner leur situation.1) En Histrie, les centres isiaques sont echelonnes Ie long de la cOte occidentale de la peninsule qui est traversee par la Via Flauia aboutissant a . Pola, au terminus de cette route et a la pointe de la peninsule, etait Ie port principal de 1'Histrie. Tergeste etait egalement un bon port de l' Adriatique situe sur la Via Flauia. Entre ces deux villes, on trouve en bordure de mer: Neapolis, Siluium Promontorium et I ustinopolis. La Venetie, grace a son reseau routier amenage par Auguste et Claude et a la faveur de ses communications fluvio-maritimes, etait appeIee a jouer un role commercial considerable: 2) relier 1'Italie a ses voisins du Nord. Les deux grands foyers isiaques de cette region sont Aquileia et sur la Via Postumia, laquelle traversait toute la Cisalpine d'Est en Ouest, reliant ainsi 1'Adriatique (Aqui­ lee) a la Mediterranee (Genes). Aquileia fut un grand centre com­ mercial et industriel dote d'un port ou mouillaient notamment des navires venus d' Alexandrie; 3) Verona, point de depart de la route qui menait, par la passe du Brenner, a Augsbourg (Augusta Vindeli­ corum), connut aussi une existence prospere. On retrouve les dieux egyptiens sur la Via A nnia, qui double un tronc;on de la Via Pos­ tumia, a Concordia, a Altinum et a Patauium. Concordia, grace a

I) On trouvera de precieux renseignements sur la nature des lieu x etudies dans 1\1. Besnier, Lexique de geographie ancienne, Paris, 1914, et dans T. Frank, Rome and oj the Empire, Paterson, 1959 (= An Economic Survey oj Ancient Rome, V), principalement dans Ie chapitre V (p. 1°7-137). 2) Sur Ie commerce et les routes de Venetie, et de maniere plus generale de la Cisalpine, cfr G. E. Chilver, Cisalpine Gaul, Oxford, 1949, p. 178-192; G. Mansuelli, I Cisalpini, Florence, 1962, p. 145-161, 191-225. On consultera egalement S. de Laet, Portorium, Bruges, 1949, p. 178-192. 3) Cfr supra, p. 327. 344 LA DIFFUSION DES CULTES EGYPTIENS la Via Claudia, etait mise en rapport avec Tridentum et l'important axe commercial passant par cette ville. AlUnum, ville des marais de la cOte, pres de l'embouchure du Plauis (Piave), etait en com­ munication maritime avec Ie port de Ravenne par les canaux des lagunes; cette excellente position en fit un grand centre commer­ cial. Patauium fut une cite industrielle prospere reputee pour ses manufactures de laine et rattachee a la cOte par la . Les dieux alexandrins sont egalement presents dans la station thermale d'Aquae Aponi, sous la , et a Taruisium, sur Ie cours inferieur du Plauis. Les cultes isiaques ont aussi suivi la route Verone-Augsbourg et nous relevons leurs traces sur la voie romaine a V illazzano di Trento (tout pres de Tridentum) et plus au Nord a Sublauio, bureau douanier du Publicum Portorii Illyrici controlant Ie trafic entre la Retie et 1'Italie.1) Les dedicaces offertes a Isis dans ce poste doua­ nier sont d'ailleurs l'reuvre de deux esclaves attaches au service du conductor T. Iulius Saturninus. Malcesine, ou Isis et la Mater Deum se partageaient un lanum, Mamma, Dos Trento et Pergine ne sont pas sur cette voie romaine mais n' en sont guere distantes. Dans la partie orientale de la Venetie, si Cividate (Ciuitas Camun­ norum) est eloignee de toute route, Brixia, tres florissante a l'epoque imperiale, est construite sur l'axe qui, a partir de Verone, prolonge la Via Postumia jusqu'en Transpadane (a Augusta Praetoria). Enfin Aquanigra, sur la Via Postumia, et , nreud routier implante sur Ie meme axe et au bord du , ont accueilli Isis. En Transpadane, la localisation des sites isiaques est commandee de meme par Ie reseau routier. Mediolanum, d'abord, au croisement de la route Verone-Aoste et de la , controlait tout Ie commerce septentrional en direction de Come, de Genes et de Ravenne; les inscriptions refletent les activites textiles industrielles et commerciales de cette ville. Ticinum, municipe florissant sous l'Empire, etabli un peu en amont du confluent du Ticinus et du Padus, et Augusta Taurinorum sur la rive droite du Padus, au point ou Ie fleuve devient navigable, sont toutes deux edifiees sur la voie romaine qui, a droite, rejoignait la Via Aemilia a Laus Pompeia et, a gauche, suivait la frontiere I) Cfr De Laet, op. cit., p. 182-183.