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Nouvelles occurrences minéralisées en haut Morvan Claude GOURAULT*

Résumé Le faisceau du Morvan est connu depuis longtemps pour recéler des minéralisations de typologie et à contenu variés. Une cam- pagne de prospection intensive utilisant les outils les plus modernes tels la géochimie, la géophysique ou la télédétection, comme les données bibliographiques et les observations plus anciennes, nous a permis de définir de nouvelles zones favorables. Les découvertes comprennent près d’une vingtaine d’occurrences qui, pour la plupart, prennent naturellement place dans le contexte métallogénique régional ; il s’agît notamment de la détermination d’un district arsénié en Forêt de la Gravelle et de plusieurs indices et gisements, surtout filoniens, à sulfures Pb-Zn dans la partie sud du secteur étudié, entre Villapourçon et Larochemillay. Ces nombreuses occurrences viennent s’ajouter à la liste déjà longue des minéralisations du haut Morvan. Parmi les résultats les plus significatifs figurent également l’existence de minéraux nouveaux pour le massif et la réaffirmation de l’étroite corrélation entre gîtes minéraux et structures tectoniques majeures. À ce propos, toutes les nouvelles occurrences observées l’ont été dans un compartiment du socle limité, au nord, par la faille de Châtin, au sud, par la faille de Voltenne-Guenand et, au sud, par le linéa- ment - Aloxe-Corton. Mots-clés : métallogénie, plomb, zinc, arsenic, barytine, Morvan. Abstract The “faisceau” or central belt of the Morvan has long been known to contain many minerals and types of mineralisation. Intensive prospecting, using more modern methods from geochemistry, geophysics and teledetection, along with bibliographic data and older surveys, has led to the identification of new zones of potential interest. These include around twenty sites which mostly fit well with the regional metallogenic context. An arsenic-rich zone was detected in the Forest of La Gravelle, and many signs and veinlike deposits of Pb-Zn sulphides were identified in the southern part of the study area, between Villapourçon and Larochemillay. These sites can be added to the already lengthy list of mineralisations in the “Haut-Morvan”. Among the most significant finds is the discovery of minerals not previously known in the massif, and the confirmation of the close correlation between mineral depo- sits and major tectonic structures. All the new finds were observed in a basement compartment bounded by the Châtin fault to the north, and by the Voltenne-Guenand fault and Decize - Aloxe-Corton lineament to the south. Key-words: metallogeny, lead, zinc, arsenic, barite, Morvan. * Minéralogiste-gîtologue. 14 rue Sébastien Jobin - 89170 SAINT-FARGEAU - [email protected]

Introduction les limites sont constituées par les localités de Château-Chinon, Anost, Saint-Léger-sous-Beuvray et le hameau de Champrobert Les minéralisations décrites ici ont (commune de Larochemillay). Cependant, les zones réellement été observées entre mai 2004 et juin couvertes par les prospections sont bien plus réduites puisque leur 2005, période au cours de laquelle choix a été, pour l’essentiel, guidé par des critères d’ordre géo- nous avons collaboré à un programme structural et géochimique. Ainsi, la « cuvette d’ » a été volon- de recherches sur les mines anciennes tairement écartée, de même que la totalité du massif granitique du du Morvan. Ce programme, soutenu Folin et le secteur situé au sud de celui-ci, entre Glux et La Grande- par le Centre Archéologique Européen Verrière. de Bibracte, se composait d’un archéo- logue minier (B. CAUUET, chercheur au CNRS, Université de Toulouse-Le Le cadre Mirail), d’un archéologue spécialiste de Cette partie du Morvan, très peu peuplée, se caractérise par un la cité éduenne (J.-P. GUILLAUMET, climat de type semi-montagnard à influences océaniques et conti- directeur de recherches au CNRS, nentales qui favorisent un fort couvert végétal ; à ce titre, les com- Dijon) et de deux géologues (C.-G. munes de Saint-Léger-de-Fougeret, de Fâchin et de Villapourçon TAMAS, enseignant en géologie, sont représentatives puisqu’elles sont boisées à plus de 50 %. Par Université de Cluj-Napoca, Roumanie ailleurs le relief est assez vigoureux car les plus hauts sommets du et C. PETIT, maître de conférences, massif (Haut-Folin 901 m, le Télégraphe 800 m) voisinent avec Université de Bourgogne, Dijon). Le but des vallées dont l’altitude est parfois inférieure à 400 m. de nos recherches sur le terrain était de Cependant, la mauvaise qualité des affleurements, due en partie à découvrir les traces d’exploitations une forte arénisation, liée à la faible densité du réseau des routes et antiques de métaux non-ferreux dans des chemins, rendent la prospection particulièrement délicate. l’environnement du Mont-Beuvray, où Si on excepte les granites à biotite du Viséen inférieur (batholites ont été localisées dès la seconde moitié de Château-Chinon et de ) et le granite à deux micas du Folin, e du XIX siècle (BULLIOT, 1899) les ves- dont l’âge est Viséen supérieur à Namurien, le sous-sol est consti- tiges d’une très ancienne activité tué de terrains sédimentaires ou volcaniques d’âge viséen auxquels métallurgique. s’associent les granitoïdes de Gien-sur-Cure, synchrones avec les La région concernée par nos mis- granites à biotite. Ces terrains appartiennent à la « Série du Haut- sions, que nous avons poursuivies Morvan » qui correspond aux parties septentrionale et centrale du après l’arrêt du programme, couvre Faisceau Synclinal, ou Synclinorium, du Morvan et qui comprend une superficie d’environ 400 km2, dont des roches sédimentaires et des volcanites intercalées. Toutefois, à

Rev. sci. Bourgogne-Nature 3-2006, 55-67 55 la faveur de travaux récents, il semble que l’utilisation du terme de Les minéralisations synclinorium ne reflète pas correctement la réalité du terrain. et leur place L’unité sédimentaire comporte des siltites (connues jadis sous la dénomination de schistes), des grès et des conglomérats du Viséen dans le contexte inférieur, voire du Tournaisien, qui affleurent en panneaux disconti- métallogénique régional nus à la périphérie des massifs qui constituent l’unité volcanique. On en observe également des lambeaux plus réduits au sein des Les occurrences minéralisées mises granitoïdes. Siltites et grès sont les plus fréquents ; ce sont des en évidence peuvent se regrouper en roches de couleur gris-pâle à verdâtre formant des bancs qui peu- trois groupes distincts d’importance vent être localement fortement silicifiés ; de tels faciès, qui forment inégale (figure 1) : des barres rocheuses rectilignes, ont été interprétés comme de véri- Au nord, entre Château-Chinon tables filons quartzeux par les anciens auteurs. Sur le terrain, siltites et Roussillon-en-Morvan, quelques et grès alternent en bancs peu épais. Dans la partie méridionale, indices fluorés ont été observés de part notamment vers Champrobert, de telles roches sont lardées de et d’autre de la faille de Châtin avec filons de quartz souvent très puissants et parfois minéralisés. laquelle une corrélation nous semble L’unité volcanique débute, au début du Viséen, par des coulées évidente. Ces indices doivent être ratta- d’andésites porphyriques gris-vert sombre et de dacites grisâtres. chés à la province à filons de fluorite Au Viséen supérieur, le volcanisme devient aérien et est représenté verte et violette du Morvan, province par des tufs de rhyodacites et d’ignimbrites souvent soudés ; il qui comporte les importants gîtes existe de nombreux lithofaciès intermédiaires entre ces deux types d’Argentolle et de Voltenne et dont de roches. Dans le secteur considéré, les coulées sont bien repré- des exemples plus modestes sont sentées au nord d’Anost, où elles forment un massif d’environ 20 déjà connus à proximité (Vouchot, km2, et dans une bande NNE-SSW passant par le Mont-Beuvray et Vaumignon). Dans le même secteur Touleur. Le volcanisme aérien couvre de grandes surfaces, princi- nous avons également reconnu une palement au nord et au sud du massif granitique du Folin, dans la minéralisation à Pb-Zn-Sb-As (Fragny) Forêt de la Gravelle et aux environs de Larochemillay ; ces tufs sont dont le contenu est original pour le des roches gris-bleu à gris-verdâtre, très diaclasées. Morvan. Il est possible de rapprocher Les granitoïdes de Gien-sur-Cure affleurent largement dans la cette occurrence avec les petits indices partie septentrionale de la région, entre Château-Chinon et à galène de Beauregard et de la Roussillon-en-Morvan, où ils forment de vastes massifs intrusifs Forâtre. dans les roches du Viséen inférieur. Ces granites hypovolcaniques Aux environs de Saint-Léger-de- sont de teintes variées, gris-noir à gris-rougeâtre, et de granulomé- Fougeret et de Fâchin, dans la partie trie moyenne. centrale de la zone prospectée, nous Des sills, dykes et filons de microgranites appartenant à au avons découvert plusieurs occurrences moins trois générations successives (DELFOUR & GUERROT, arsenicales dont certaines semblent 1997) et d’orientation variable, recoupent toutes les formations importantes. Ces minéralisations filo- lithologiques. Ce sont des roches tenaces, très résistantes à l’éro- niennes, de même que les greisens à sion, parmi lesquelles on distingue des variétés porphyriques gris- arsénopyrite de Laudray dont nous beige et un type subaphyrique rose à rougeâtre (DELFOUR et al., avons pu préciser le gisement, s’inscri- 1991). De la même manière la région est sillonnée par de très vent plus largement dans un ensemble nombreux filons quartzeux stériles ou minéralisés ; ceux-ci consti- d’indices liés au granite à deux micas tuent un réseau particulièrement dense entre Saint-Prix et du Folin. Ce cortège minéralisé com- Champrobert où ils sont surtout orientés ENE-WSW à NE-SW. porte, notamment, des concentrations Microgranites et filons de quartz cicatrisent de multiples fractures filoniennes à As (Bois du Roi, la secondaires qui affectent le bâti hercynien. De nombreuses failles Verrerie, Chemardin). sans remplissage s’observent dans toute la zone étudiée ; toutefois Au sud enfin, principalement entre le la tectonique cassante paraît moins affecter les granitoïdes Beuvray et Champrobert, des minérali- viséens. Ces failles présentent une orientation NS ou N 45° E vers sations plombifères ou plombo-zinci- Saint-Léger-de-Fougeret, subméridienne au sud du granite du fères à gangue quartzo-barytique. Il Folin alors que, dans la région comprise entre Villapourçon et s’agît pour l’essentiel de filons dont les Larochemillay, dominent des cassures N 60 à N 120° E. Deux acci- plus riches sont ceux du Bouchet et dents majeurs, dont nous avions antérieurement établi l’impor- surtout du Bois de Buzon. Ils prennent tance métallogénique (GOURAULT, op.cit.), sont connus au nord leur place au sein des districts à Pb-Zn (faille de Châtin) et au sud (faille d’Autun). Cette dernière, notam- de Champrobert et de la Forêt de ment entre Saint-Prix et Champrobert, est matérialisée par des Châtillon. L’indice de la Come zones broyées et des mylonites ; son cortège comprend de nom- breuses minéralisations filoniennes et elle est considérée comme Chaudron, antérieurement signalé un jalon de l’important linéament Decize - Aloxe-Corton (DELFOUR, 1978), est quand à lui (GELARD, 1978). représentatif des minéralisations à sul- Les formations volcano-sédimentaires présentent de vigoureux fures disséminés des volcanites du plissements, hérités de la phase orogénique sudète, qui présentent Beuvray. deux directions principales : ENE-WSW et NW-SE. Les bancs de Si on excepte le district uranifère siltites et de grès, fréquemment plissotés, montrent parfois un pen- intragranitique de Grury, la série du dage subvertical (environs de Champrobert). haut Morvan présente la plus forte den-

56 Claude GOURAULT Rev. sci. Bourgogne-Nature 3-2006, 55-67 Figure 1. Localisation des nouvelles occurrences minéralisées.

Nouvelles occurrences minéralisées en haut Morvan 57 sité d’occurrences minéralisées de l’ensemble du massif. Il s’agit occidental du massif du Folin. de gîtes et d’indices de typologie variée parmi lesquels dominent L’influence de ce granite est d’ailleurs des filons fluorés et, dans une moindre mesure, des filons bary- bien visible sur le terrain : greisens, tiques, des indices d’arsénopyrite et de faibles concentrations poly- zones hypersilicifiées, hydrothermali- métalliques volcano-sédimentaires. sation de l’encaissant. L’arsenic est En effet, hormis le cas jusqu’à présent unique du karst minéra- également présent dans d’autres lisé du Rocher au Bœuf (Argentolle), la fluorite forme le remplis- contextes : arsénopyrite à Fragny, au sage souvent dominant de nombreuses structures filoniennes. Les Mont-Athez, au Haut de l’Arche, arsé- principaux filons sont ceux de Maine, de Voltenne et du Bois du niates aux Carruzes, au Bois de Buzon Sureau (Argentolle) qui ont donné lieu à d’importantes exploita- ainsi qu’à Champrobert où nous avons tions. On citera également les gîtes plus modestes de Vouchot et de observé des cuivres gris arsenicaux. Las-Les Libosses ainsi qu’une multitude d’indices (Beauregard, Les filons surtout quartzeux à galène, Bois de Mary, Prézin, etc.). Gîtes et indices appartiennent à la de taille réduite, sont représentés par famille des filons à fluorite verte et violette dont les exemples sont les indices des Chevrots (La Grande- particulièrement nombreux dans le Massif central français. Le Verrière) et de la Forâtre (Arleuf). dépôt de la fluorite, au sein de fractures pour la plupart stépha- D’une manière générale, l’ensemble du niennes, serait tardi-liasique (JOSEPH, 1974) ; ces minéralisations Morvan est pauvre en filons plombo- se regroupent dans le proche environnement de structures tecto- zincifères pourtant si fréquents dans les niques d’importance régionale comme c’est le cas en Morvan pour autres parties du Massif central les failles de Voltenne-Guenand, de Châtin et d’Autun. La paragé- (Pontgibaud, les Farges, Saint-Salvy, nèse est pauvre et monotone avec, outre la fluorite, quartz souvent etc.). Parmi les nouvelles occurrences abondant, barytine tardive plus rare et sulfures subordonnés (sauf observées le filon de Fétiot rentre dans aux Molérats où la galène est abondante). Les quelques indices cette catégorie avec galène assez fré- rencontrés au cours de nos recherches sont sans aucun doute à rat- quente dans une gangue où le quartz tacher à cette famille. est très largement dominant. À Fragny, Dans la région de Sémelay est connu un district barytique, avec entre Arleuf et Anost, nous avons fluorite accessoire et rares sulfures (galène principalement), com- découvert une paragénèse tout à fait prenant une dizaine d’occurrences dont l’important gîte inexploité inédite en Morvan : galène-sphalérite- des Renauds. Ce sont des filons subméridiens génétiquement com- pyrite-sulfoantimoniure de plomb-arsé- parables aux filons de fluorite dont ils représenteraient la phase tar- nopyrie-autunite dans un très puissant dive du remplissage. À une douzaine de kilomètres au nord-est dyke siliceux ; cette association origi- nous avons reconnu (indice du Bouchet) un filon de barytine nale n’a pas d’équivalent dans la blanche et sulfures Pb-Zn disséminés, appartenant à ce type. région. La barytine existe également dans la région de Champrobert- Enfin, l’étude minéralogique de la Forêt de Châtillon où elle forme des dépôts importants. Ici, les paragénèse arsenicale de Suize nous a concentrations évoquent des filons mais on rencontre aussi des permis de déceler de la cassitérite en amas volcano-sédimentaires à sulfures Fe-Pb-Zn(Cu) dont les relative fréquence. Ce minéral était déjà zones superficielles riches en oxydes de fer ont jadis été exploitées signalé dans le filon d’arsénopyrite du (TRINQUARD, 1962). Ces gîtes ont été interprétés comme le résul- Bois du Roi. Dans les deux cas son ori- tat d’un remaniement volcano-magmatique et tectonique de miné- gine est pneumatolytique. Rappelons ralisations antérieurement stratiformes (GOURAULT, op.cit.). Le qu’en Morvan les granites leucocrates filon du Bois de Buzon, à gangue quartzo-barytique et galène de la Pierre-qui-Vire et, surtout, du sud- abondante, pourrait appartenir à cette catégorie. D’autres gîtes autunois (CAUUET & TAMAS, 2004) sulfurés, de type volcano-sédimentaire, se rencontrent au nord- sont les plus fertiles en étain. ouest du massif du Folin (Le Châtelet, Montarnu) ainsi que dans le Cette partie du haut Morvan, comme massif volcanique viséen du Beuvray. Les indices sulfurés du Haut du reste la totalité du massif morvan- de l’Arche et de la Come Chaudron sont de nouveaux exemples de diau, a fait l’objet d’une campagne géo- minéralisations de ce dernier district. chimique en sols (BRGM) dont la figure Les quelques indices d’arsénopyrite connus en haut Morvan sont 2 représente l’interprétation pour étroitement liés au granite du Folin. Dans le plus important (Bois quatre éléments majeurs (As, Pb, Zn et du Roi), la minéralisation comprend également une paragénèse à Ba), représentatifs de la métallogénie Cu-W-Bi présentant un « cachet » départ-acide typique ; ce filon, locale. Les résultats de cette campagne dans lequel l’arsénopyrite est légèrement aurifère, est intragrani- et les données du terrain nous permet- tique. Les autres occurrences occupent une position proximale ; tent de proposer, substance par sub- c’est le cas des petits filons de la Verrerie (avec galène), de stance, les synthèses suivantes : Chemardin ou encore les greisens à As-Cu-pyrite de Laudray. Au Arsenic : nous avons cartographié cours de nos prospections, nous avons mis en évidence quatre trois aires à forte concentration qui nouvelles minéralisations toutes situées à l’ouest du massif grani- entrent dans une vaste anomalie tique, en Forêt de la Gravelle. Les indices de Faulin et, surtout, du connue sur la façade occidentale du Bois de Champ-Dauphin paraissent importants. Si ces nouveaux Morvan, entre Château-Chinon, Luzy et indices se situent dans les tufs de rhyodacites, leur relation avec le la faille du Bazois. L’occurrence du Bois granite ne semble guère faire de doute ; leur présence serait la tra- de Champ-Dauphin, à l’ouest de duction du faible ennoiement du granite dans le prolongement Fâchin, apparaît dans une anomalie

58 Claude GOURAULT Rev. sci. Bourgogne-Nature 3-2006, 55-67 Figure 2. Anomalies géochimiques As, Pb, Zn, Ba.

Nouvelles occurrences minéralisées en haut Morvan 59 centrée sur Saint-Léger-de-Fougeret ; les teneurs peuvent y être concentration véritable ; la sphalérite élevées puisqu’un maximum (598 ppm As) a été relevé à proxi- brune ferrifère des Maçons et du mité immédiate de l’affleurement minéralisé. Dans le prolonge- Montarnu devant être considérée ment occidental du massif granitique du Folin, nous avons pu trou- comme une simple curiosité minéralo- ver trois autres indices d’arsénopyrite qui s’inscrivent dans une gique. bande anomalique dont les teneurs les plus importantes Baryum : la barytine forme l’une des (1305 ppm As) se corrèlent parfaitement avec les greisens de gangues des nombreux filons minérali- Laudray. Au sud enfin, entre Villapourçon et Larochemillay, l’arse- sés à sulfures et oxydes de fer des envi- nic est fortement anomalique ; dans ce secteur, qui se prolonge lar- rons de Champrobert (GOURAULT, gement vers le sud-ouest, cet élément s’exprime sous forme de 1989) ; dans certains de ces petits tennantite et d’arséniates, plus rarement il s’agît d’arsénopyrite. gîtes, comme à Montjouan ou à la D’une manière générale, ce minéral est très fréquent à l’état dis- Goutte Noire, elle peut même consti- persé dans des volantes quartzeuses et en colmatage des diaclases tuer l’essentiel du remplissage. Ce de certains tufs rhyodacitiques de la Forêt de la Gravelle. Ces minéral est également fréquent en forêt observations, jointes à l’existence de nouveaux gisements en de Châtillon, dans des amas et des place, nous indiquent que se dessine ici un nouveau district à arse- gîtes stratiformes identifiés tant dans nic. La présence d’arsénopyrite dans quelques indices septentrio- l’unité sédimentaire que dans les volca- naux, hors de toute anomalie significative, est plus problématique ; nites. Pour notre part, nous l’avons on peut évoquer le rôle de drain joué par la faille de Châtin et les observée en abondance au sein de grands filons quartzeux du Mont-Robert (Roches de Velée) pour deux filons (le Bouchet et Bois de expliquer la présence de ce minéral. Buzon) où elle est associée à des sul- Plomb : la partie méridionale de la région prospectée correspond fures Pb-Zn. Ces gisements se locali- à une belle zone anomalique ; les teneurs les plus fortes s’obser- sent dans une anomalie couvrant toute vent notamment dans l’unité sédimentaire ainsi que dans les vol- la partie sud-ouest du territoire mais canites du Beuvray. La quasi-totalité des nouvelles occurrences où qui se prolonge au-delà jusqu’à Saint- nous avons observé la galène, en particulier au Bois de Buzon, à Honoré-les-Bains. Dans cette anomalie Fétiot et au Bouchet, sont localisées au cœur de cette zone. Il en d’importance régionale on rencontre est de même pour les gîtes antérieurement connus tels les filons également les gros filons barytiques du des Molérats et d’Argentolle ainsi que les multiples indices de district de Sémelay. D’autres zones Champrobert - Forêt de Châtillon. Autour du Beuvray, dans des riches en Ba se succèdent dans le voi- panneaux surtout conglomératiques, galène, mais aussi pyrite et sinage de la faille de Châtin, entre sphalérite s’expriment dans les joints et les fissures de la roche Château-Chinon et Arleuf ; la barytine comme c’est le cas à la Come Chaudron. Plus au nord, dans un n’y apparaît qu’en faible quantité contexte comparable, CARRAT et al. (1986) signalent des traces comme c’est le cas à Vouchot et à la constantes de galène dans les panneaux silteux métamorphisés de Forâtre. A l’est de Roussillon-en- la Come (NW de Fâchin) et de Clinzeau (S de Saint-Léger-de- Morvan, d’autres anomalies sont en Fougeret) ; ces zones sont aussi caractérisées par des anomalies relation avec le champ filonien fluoré en Pb mais aussi en Zn et As. L’anomalie plombifère du sud-ouest de Voltenne dans lequel la barytine est de Château-Chinon, où nous avons rencontré un peu de galène présente. (Roches de Courveau), s’étend beaucoup plus largement à l’ouest Fluor : les données dont nous dispo- où elle se surimpose sur le district uranifère de Dommartin, dans sons sont trop fragmentaires pour nous lequel la galène est présente. Au nord-ouest d’Arleuf, le petit filon permettre une cartographie d’en- plombifère de la Forâtre se place au centre d’une autre anomalie, semble des anomalies. Cependant, il plus limitée mais significative. En résumé, à l’échelle du secteur convient de signaler une large zone prospecté, on relève une grande affinité du plomb pour les siltites riche en fluor (pics supérieurs à 1000 et les conglomérats de l’unité sédimentaire viséenne. ppm F) dans le secteur compris entre Zinc : cet élément, fréquent accompagnateur du plomb dans ses La Grande-Verrière et Champrobert. gisements, ne présente pas le même comportement géochimique Diverses minéralisations y sont que ce dernier. En milieu silico-alumineux, et dans des conditions connues (Argentolle, les Molérats, d’oxydation superficielle, le zinc est beaucoup plus mobile que le Prézin, la Croix des Cerisiers, etc.). L’un plomb ; de ce fait il sera plus facilement lessivé et donnera des ano- des gîtes nouveaux (Fétiot), dont la malies au sein desquelles les minéralisations zincifères pourront gangue comporte de la fluorite violette, être absentes. Dans cette partie du Haut-Morvan, les anomalies en se place également dans cet environne- Zn occupent de plus vastes étendues que celles du Pb auxquelles ment alors que certains gisements à elles se superposent (tiers méridional du secteur) ; cependant, les pyrite et sulfures Pb-Zn de la Forêt de pics du zinc (maxima 660 ppm) sont souvent inférieurs à ceux du Châtillon présentent d’assez impor- plomb. Si la sphalérite à été rencontrée dans certains gisements tantes concentrations de ce minéral. En –les Molérats et Argentolle entre autres – c’est toujours en quantité l’absence de résultats de la prospection minime. Seule, la partie orientale du district de Champrobert-Forêt géochimique pour la partie nord du de Châtillon présente quelques petits corps minéralisés dans les- secteur, les indices fluorés que nous quels on relève plusieurs % de Zn ; l’indice du Haut de l’Arche en avons détectés appartiennent au cor- est un exemple. La fréquence relative du sulfure de zinc à l’état tège de la faille de Châtin. Nous rappel- finement dispersé, dans les formations rhyodacitiques au nord du lerons que le Morvan constitue l’une Folin, donne des anomalies de type formationnel mais aucune des plus importantes provinces fluo-

60 Claude GOURAULT Rev. sci. Bourgogne-Nature 3-2006, 55-67 rées du continent européen avec les pect est comparable à celui des filons uranifères du district de filons de Maine, Voltenne, Argentolle et Dommartin, renferme des mouches plurimillimétriques de galène les gîtes stratiformes à gros tonnages et quelques petites plages de sphalérite brun-pâle ; nous y avons des bordures du massif (Pierre- également observé un peu de fluorite violette. Perthuis, Courcelles-Fremoy, Antully, Pont-Charreau (x : 723,8 ; y : 2229,4 ; z : 430) : nous avons etc.). observé en ce point de la fluorite verte et violette en octaèdres Argent : les anomalies sont, en règle noyés dans du quartz rosâtre calcédonieux. Il s’agît d’un filon générale, parfaitement corrélées avec orienté N 120° E dans des granitoïdes. Par endroits, en particulier celles du plomb ; les environs de dans la partie sud-est du filon, la fluorite paraît plus abondante et Champrobert, le sud de Saint-Prix et les on peut observer les traces d’anciens travaux de recherche. environs de Larochemillay sont des Les Vareilles (x : 724,9 ; y : 2230,6 ; z : 500) : un filon compa- secteurs caractérisés par des teneurs rable est repérable en éboulis qui forment un alignement N élevées, en relation avec des occur- 130/135° E sur plusieurs centaines de mètres. Le quartz est rences plombifères. L’argent est égale- constellé par de la fluorite violet sombre peu abondante. Cet indice ment anomalique dans la forêt de la semble correspondre au prolongement, vers le nord-ouest, du filon Gravelle ainsi qu’à Laudray ; dans ce fluoré de Beauregard. Cette dernière occurrence, ainsi que les deux cas, on peut admettre une association nouveaux indices, sont à proximité de la faille de Châtin et sont avec l’or (pour lequel nous ne dispo- satellites du petit gisement inexploité de Vouchot. sons d’aucune donnée), sous forme d’electrum supposé, dans des minérali- Fragny (x : 729,7 à 731,2 ; y : 2230,2 à 2230,5 ; z : 620 à 660) : sations à arsénopyrite dominante. les environs de cet indice assez particulier sont constitués par des granites hypovolcaniques (type Gien-sur-Cure) à l’ouest et par des Cuivre : les anomalies sont peu nom- breuses et très localisées. Les plus inté- grès de l’unité sédimentaire à l’est. Dans ce secteur, les grès se pré- ressantes (maxima : 516 ppm Cu) sont sentent en bancs de couleur beige à rosâtre ; ils sont intensément à signaler aux environs de Laudray et silicifiés et peuvent ainsi être confondus avec de véritables filons de de Suize où elles se surimposent à de quartz. La faille de Châtin, ici orientée N 100/110° E, recoupe les fortes anomalies en As, ainsi qu’au deux formations et elle est matérialisée par une succession de rem- nord-ouest de Villapourçon (Cussy) où plissages siliceux ruiniformes qui sont des brèches tectoniques aucune minéralisation n’a été rencon- hypersilicifiées. La plus puissante de ces structures (de 4 à 8 trée. En effet, les sondages percutants mètres d’épaisseur) peut être suivie sur 1 kilomètre et est consti- réalisés sur cette dernière anomalie par tuée de quartz blanc, grisâtre ou rosâtre ; certains aspects du filon le BRGM, dans les années 1970, n’ont évoquent des brèches hydrauliques. Nous y avons rencontré, en rencontré que de la pyrite disséminée. divers points mais toujours en faible quantité, une paragénèse D’une manière générale, le Morvan est comportant de la galène (dominante) en veinules d’épaisseur cen- pauvre en cuivre et la seule véritable timétrique, des mouches de sphalérite mielleuse, de la pyrite en concentration à signaler est celle de petits cubes disséminés, des plages grenues d’arsénopyrite et des Chizeuil, à l’extrémité méridionale du plages fibreuses constituées d’un minéral gris d’acier à faciès aci- massif. culaire qui est un sulfoantimoniure de plomb. Quelques espèces minérales supergènes ont également été observées : pyromor- Autres éléments : de très ponctuelles, phite, cérusite, autunite (en placages de paillettes et en cristaux et assez faibles, anomalies en étain doi- tabulaires de plusieurs millimètres), pharmacosidérite, malachite vent être signalées aux environs et cacoxénite (en oursins jaune d’or typiques). Dans sa partie occi- d’Arleuf, d’Anost et de Roussillon-en- dentale, le filon ne présente plus de minéralisation sulfurée mais Morvan où aucune espèce stannifère comporte de grosses masses lamellaires de barytine silicifiée. n’a été rencontrée. Les autres éléments À proximité, nous avons observé des traces de minéralisation (W, Bi, Co, Ni, Sb) ne présentent que de dans deux autres filons d’orientation comparable. L’un, à gangue légères anomalies isolées. de quartz rouge-sombre, est minéralisé en pyrite et rare sphalérite. Le second comporte pyrite, galène (en mouches millimétriques) et Les indices sphalérite dans une gangue de silice blanc rosâtre. Tous ces filons sont parallèles au « canal » du Touron, considéré septentrionaux par de nombreux archéologues comme un ouvrage hydraulique À côté de quelques indices exclusive- destiné à alimenter en eau la ville d’Augustodunum (actuelle ment fluorés, nous avons identifié une Autun). Plus récemment l’hypothèse, que nous partageons, d’une petite occurrence de galène, un indice antique exploitation minière (aurifère ?) a été émise par plusieurs d’arsénopyrite et une minéralisation auteurs qui comparent l’ouvrage aux aurières du Limousin dont la paragénèse particulière montre (NIAUX, 1999). Il existe sur place d’autres vestiges que nous l’association Pb-Zn-Sb-As-U. D’ouest croyons devoir attribuer à d’antiques travaux miniers, notamment en est : au lieu-dit les Vernays Martin (1500 mètres à l’est de la grande Les Roches de Courveau (x : 719,8 ; tranchée du Touron) où de profondes fosses et de nombreuses y : 2229,7 ; z : 490) : un grand filon sub- dépressions sont visibles. méridien à remplissage de quartz cal- La Noseille (x : 730,8 ; y : 2230,7 ; z : 590) : un affleurement de cédonieux rougeâtre recoupe les faciès granite type Gien-sur-Cure, constitué d’une roche grisâtre à rose à aplitiques de bordure du granite de grain assez gros, est parcouru par un réseau de filonnets et veinules Château-Chinon. Le quartz, dont l’as- de quartz hyalin formant stockwerk. Nous y avons observé des

Nouvelles occurrences minéralisées en haut Morvan 61 octaèdres centimétriques de fluorite violet sombre qui encapu- quartz et de séricite. Selon ces auteurs, chonnent le quartz dans les parties géodiques. ces faciès contiennent un peu de pyrite Mont-Athez (x : 733,4 ; y : 2230,1 ; z : 545) : en ce point, un ali- et d’arsénopyrite. Les observations que gnement de blocs de quartz laiteux matérialise le passage d’un nous avons pu faire montrent que le filon orienté N 160° E qui affleure en contrebas, dans des siltites phénomène s’étend sur près de 150 ha litées. Par endroits le quartz est coloré en gris sombre par des et, si nous n’avons pu rencontrer essaims de très fins cristaux d’arsénopyrite. Ce filon correspond à aucune minéralisation en place, les la terminaison septentrionale du gros dyke ruiniforme a priori sté- éboulis riches en sulfures sont ici très rile des Roches de Velée. nombreux. Il s’agit en général de blocs de quartz Les Ouches (x : 736,5 ; y : 2227,2 ; z : 525) : un filon de quartz blanc, plus ou moins géodique, conte- orienté N 105° E peut être suivi sur plusieurs centaines de mètres ; nant des plages grenues d’arsénopyrite il recoupe des tufs soudés ici à dominante ignimbritique. Le quartz, et de pyrite, plus rarement de fines laiteux à roux, est très géodique et présente de nombreux box- mouches de chalcopyrite. Nous avons works cubiques qui sont les reliques d’anciens cristaux de fluorite. également rencontré des blocs pluridé- Certaines de ces cavités de dissolution montrent encore quelques cimétriques presque exclusivement plages résiduelles vert-pâle à blanchâtres, très corrodées, de ce constitués d’arsénopyrite grenue sou- minéral. On observe également, dans le quartz roux, d’innom- vent largement altérée en scorodite brables cristaux de pyrite oxydée et les joints sont encroûtés de microcristalline ; la zone la plus riche se wads mamelonnés noirs. situe au sommet de Laudray où les Cet indice, situé à proximité de la jonction des grandes failles de éboulis sont particulièrement abon- Châtin et de Voltenne-Guenand, est probablement une occurrence dants. Les sulfures, parmi lesquels l’ar- satellite du champ filonien de Voltenne. Nous avons rencontré, sénopyrite est dominante, occupent les dans les filons quartz des environs des Barbeaux et d’Aigreveau, de épontes de filonnets où ils colmatent les fréquents vides cubiques qui pourraient être d’anciennes fluorites. vides géodiques du quartz. Il n’est pas rare d’observer les mêmes minéraux en fines ponctuations dans la roche Le district à arsenic de la Forêt encaissante et les fissures de celle-ci. de la Gravelle Suize (x : 724,5 à 725,4 ; y : 2220,7 La Forêt de la Gravelle est un vaste massif boisé couvrant envi- à 2221,9 ; z : 750 à 815) : au sud-ouest ron 2500 ha et dont l’altitude moyenne est de 600 mètres. Le sous- de l’occurrence précédente, la Roche sol est constitué par le prolongement oriental du complexe syncli- de Suize est un sommet où l’on nal d’Onlay qui présente des faciès lithologiques variés, remarque de volumineux chaos quart- extrêmement imbriqués et envahis par de nombreux dykes de zeux, géodiques, appartenant à un filon microgranites NE-SW à subméridiens. La roche la plus commune N 20° E encaissé dans les tufs de rhyo- est un tuf rhyodacitique gris sombre à structure fluidale qui, par dacites. Si ce filon affleure bien sur endroits, a subi l’influence thermique d’un granite sous-jacent environ 200 mètres, il appartient en (prolongement du granite du Folin qui plonge faiblement vers réalité à une grande structure compo- l’ouest) ; on rencontre également des tufs ignimbritiques. Ces site comportant des microgranites faciès sont associés à de vastes intrusions granophyriques, au nord hypersilicifiés et des veines et veinules de Cussy notamment, synchroniques de l’épisode volcanique siliceuses recoupant les tufs où elles aérien. Au nord, les tufs englobent des panneaux de siltites locale- forment un stockwerk. Nous avons pu ment métamorphisées en cornéennes (La Come, Clinzeau). Ces identifier cette structure sur 2000 formations viséennes ont donc subi les influences conjuguées de la mètres entre Chalançon et le Bois de la granitisation viséenne et du granite tardi-hercynien du Folin. Loge. Localement les tufs sont greiseni- L’ensemble est compartimenté par des failles subméridiennes (au sés, la roche rappelant alors celle nord) ou orientées NE-SW sur lesquelles se placent certaines observée à Laudray. minéralisations. La minéralisation, bien que constante, est très disséminée et est visible tant À la faveur de rares affleurements, ou dans de petites carrières dans le quartz que dans les tufs ou ouvertes pour l’empierrement des chemins forestiers, nous avons encore les microgranites silicifiés. Il découvert des concentrations à arsenic dominant dans ce secteur s’agit principalement d’arsénopyrite en où aucune minéralisation n’était signalée auparavant. De manière grains millimétriques ou, plus rare- plus générale, l’arsénopyrite est fréquente dans des volantes quart- ment, en plages centimétriques ; la zeuses ainsi que dans les diaclases des tufs qu’elle colmate parfois pyrite est présente en faible quantité. entièrement. Les environs de Ronon, du Grand-Chambeau au sud On note, de plus, de petits cristaux nets et ceux du Bois-Meulat et du Bois de Fresse au nord sont à cet de cassitérite brune à noire ; dans le égard particulièrement riches en éboulis minéralisés. Ces observa- gisement, cette espèce est rare, très tions sont révélatrices de l’existence d’un district à arsenic qui localisée (partie nord du filon) et asso- recèle vraisemblablement d’autres occurrences en place. ciée à l’arsénopyrite dans des veinules Laudray (x : 727,0 à 728,0 ; y : 2222,0 à 2223,5 ; z : 675 à 830) : de quartz fétide de haute température. immédiatement à l’ouest du massif du Folin, DELFOUR et al. La « tranchée des Mittets », considérée (1995) ont décrit des greisens au sein de tufs rhyodacitiques. La par quelques auteurs comme une roche originelle est parcourue par un lacis de quartz laiteux et exploitation minière gauloise, se situe- transformée, au contact de ces veinules, en un greisen constitué de rait dans les environs de l’indice.

62 Claude GOURAULT Rev. sci. Bourgogne-Nature 3-2006, 55-67 Faulin (x : 723,1 ; y : 2220,9 ; z : des failles NS et des cassures N 70° E qui rendent l’interprétation 560) : au front de taille d’une petite car- du terrain assez délicate. La minéralisation a été rencontrée dans rière ouverte dans les tufs de rhyoda- une concentration d’allure filonienne, de puissance au moins cites de couleur gris sombre, nous métrique, qui est visible en place sur une vingtaine de mètres et avons observé un réseau de filonnets dont l’orientation est N 10° E. Au contact de la zone minéralisée, la quartzeux parallèles orientés N 15/20° roche encaissante est fortement rubéfiée et envahie par des oxydes E. Ce sont des veines dont la puissance de fer ; les diaclases sont tapissées par des produits d’altération, est au plus décimétrique qui se relayent mélanges de limonite et de scorodite d’aspect terreux. sur une largeur de 6 à 8 mètres. La La minéralisation se présente principalement sous forme de sul- roche encaissante est, de part et fures massifs, ou en amas de cristaux, dans du quartz gras blan- d’autre du réseau filonien, très diacla- châtre à gris-bleuâtre. On la rencontre également dans les fissures sée et intensément rubéfiée. des tufs altérés et aussi, à l’état disséminé, dans la roche saine. La Le quartz renferme d’assez abon- zone minéralisée forme une succession de veines irrégulières, par- dants grains et cristaux d’arsénopyrite fois boudinées ou fusiformes, ou encore de noyaux quartzeux entre de taille variant entre quelques milli- lesquels subsistent des interlits de roche encaissante complète- mètres et un centimètre, localisées ment altérée et envahie de séricite. Le pendage de l’ensemble est principalement aux épontes. Dans les 80° W et l’occurrence ne présente pas la morphologie classique veinules les plus minces, le remplis- d’un filon minéralisé. Il pourrait s’agîr d’une concentration liée aux sage est uniquement constitué d’arsé- strates ou à une zone broyée que le manque d’affleurements frais nopyrite grenue, le quartz ne formant ne nous a pas permis de définir avec certitude. plus que des liserés discontinus. La De la sphalérite noire de haute température, en très rares plages pyrite, en cubes isolés ou jointifs, est xénomorphes bordées par de la pyrite, constitue le minéral le plus assez fréquente et on rencontre égale- précoce de la paragénèse ; de petits grains de chalcopyrite lui sont ment de la marcasite et de la chalcopy- associés. Lui succède l’arsénopyrite, particulièrement abondante rite. On retrouve la même association (localement plus de 20 % As), qui forme des assemblages grenus en colmatage des diaclases des tufs ; d’individus cataclasés ; elle est plus abondante aux épontes des dans ce cas la pyrite est dominante. veines quartzeuses qu’elle souligne d’un liseré continu. La pyrite, Des volantes richement minéralisées se fréquente, est généralement grenue et moule l’arsénopyrite ; rencontrent en abondance, sur 500 quelques agrégats de cubes se rencontrent dans l’encaissant et ce mètres, en direction du sud-ouest. sulfure colmate de très minces fissures orthogonales du quartz. La marcasite, plus tardive, est presque aussi abondante que l’arséno- Bois de Fragny (x : 722,2 ; y : pyrite ; on la rencontre en groupements radiés recouvrant les 2220,6 ; z : 485) : c’est un petit indice espèces précédentes. Enfin, nous avons rencontré quelques constitué d’un filon de quartz blanc qui lamelles de covellite en position géodique terminale. L’oxydation n’excède pas 0,40 mètre de puissance. de cette paragénèse a provoqué la formation d’encroûtements Il est visible au sein d’une roche aréni- d’oxydes de fer recoupés par des veinules de scorodite massive ou sée d’aspect granophyrique. Le filon est caverneuse vert-pâle à brunâtre ; ce minéral est très fréquent mais subméridien et semble contrôlé par une ne forme pas de cristaux nets. Quelques oursins de cristaux acicu- grande faille N 70° E qu’emprunte le laires soyeux de picropharmacolite s’observent çà et là à la surface thalweg du ruisseau de la Maria. du minerai oxydé. L’arsénopyrite est très rare et n’a été rencontrée qu’en minuscules cristaux teintant le quartz en gris. Les rares Les minéralisations du secteur géodes du quartz sont tapissées par des méridional cubes de pharmacosidérite jaune orangé et des plages mamelonnées Ce secteur comporte un grand nombre de minéralisations pyri- brunes, au plus centimétriques, à cas- teuses et plombo-zincifères qui sont soit des filons, soit des sure écailleuse et éclat micacé qui sont concentrations de type volcano-sédimentaire. Certaines d’entre de l’arséniosidérite. Quelques box- elles (la Ruchette, les Rompas) semblent avoir été exploitées dès works, dans l’axe du filon, évoquent l’époque protohistorique et suscitèrent l’intérêt des mineurs jus- d’anciens cristaux de fluorite. qu’au début du XXe siècle avec l’exploitation des minerais oxydés des chapeaux de fer. La zone la plus riche (district de Champrobert Bois de Champ-Dauphin (x : 721,9 ; - Forêt de Châtillon) coïncide avec un grand linéament régional y : 2224,5 ; z : 600) : cette occurrence, (GELARD, op.cit.) dont le passage se traduit par une multitude de la plus importante du district, a été filons de quartz et de zones silicifiées souvent minéralisés ; ceux-ci découverte au sein d’une forte anoma- affectent plus particulièrement l’unité sédimentaire (siltites et lie géochimique multi-éléments (maxi- conglomérats). De plus, ces occurrences s’inscrivent au cœur mas : 598 ppm As, 206 ppm Pb, 161 d’une vaste anomalie géochimique en As-Pb-Zn-Ba-F qui englobe ppm Zn, 107 ppm Cu et 3,4 ppm Ag). également le massif du Beuvray, où des minéralisations dissémi- Le sous-sol comporte ici des tufs de nées à Pb-Zn ont été observées. rhyodacites et des nappes de grano- phyres ; par ailleurs, des roches sil- C’est dans ce contexte très favorable que nous avons pu détec- teuses ont été observées près du gise- ter la plupart des indices nouveaux décrits ici. ment, elles peuvent correspondre au Fétiot (x : 723,8 ; y : 2216,3 ; z : 515) : un filon quartzeux N 120° prolongement occidental du panneau E, de puissance métrique et recoupant les tufs de rhyodacites, est de la Come. Le secteur est découpé par visible sur quelques décamètres ; on peut toutefois le suivre sur

Nouvelles occurrences minéralisées en haut Morvan 63 près de 300 mètres par des alignements d’éboulis. Au sud du filon gnés par d’autres espèces moins abon- (la Pompie) d’autres blocs de quartz caverneux semblent apparte- dantes : chalcopyrite, gersdorffite nir à une autre structure filonienne. cobaltifère, pyrrhotite et arsénopyrite. Au quartz blanc à grisâtre s’associe un peu de fluorite violette et, Une telle paragénèse, caractérisée dans de rares géodes, on rencontre quelques cristaux de barytine par la galène à grains fins, a été égale- laiteuse. Ce filon présente une paragénèse essentiellement plombi- ment observée dans le vallon de la fère dans laquelle la galène domine en groupes de cubes de taille Fontaine Saint-Martin, au sud. Ces variable. La galène est accompagnée par des plages grenues de indices, bien qu’erratiques, pourraient pyrite et d’arsénopyrite ainsi que par quelques reliques de cuivres être regardés comme les témoins d’an- gris ; elle contient des inclusions de chalcopyrite. La zone d’oxyda- ciennes exploitations d’argent tion supergène est riche en croûtes cristallines et en cristaux de éduennes. pyromorphite vert olive et en plages blanchâtres de cérusite. Nous L’Haut de l’Arche (x : 724,7 ; y : avons rencontré également, en faible quantité, des rhomboèdres 2214,3 ; z : 540) : de nombreux blocs aigus de beudantite vert jaunâtre, de petites tablettes de wulfénite de quartz minéralisé, à éléments angu- et de très rares cubes de pharmacosidérite. Pour terminer, les cavi- leux de roche encaissante, proviennent tés de la galène altérée sont comblées par du soufre jaunâtre mal du démantèlement d’une structure cristallisé accompagné d’un peu de covellite. N 65° E recoupant des conglomérats. Il Le Bouchet (x : 725,8 ; y : 2216,0 ; z : 550) : la découverte de paraît probable qu’il s’agisse d’une blocs particulièrement riches en barytine massive est à l’origine de zone broyée silicifiée et non d’un véri- la mise en évidence de cette occurrence qui apparaît dans des grès table filon. La structure, qui forme une et des conglomérats ; à proximité (le Creux) la barytine avait pré- saillie dans la topographie, n’affecte cédemment été signalée dans une zone cataclasée (DELFOUR pas les ignimbrites rhyolitiques affleu- et al., op.cit.). Au Bouchet, il s’agît d’un gros indice filonien orienté rant vers l’est. Cet indice doit être ratta- N 25° E qui n’affleure que localement mais qui correspond à une ché au groupe de minéralisations sulfu- crête marquée par des chicots surtout quartzeux. La puissance rées de type volcano-sédimentaire apparente est d’environ 1,50 mètre et, d’après ce que l’on peut connues dans les environs : les déduire des rares affleurements, le filon présente une zonalité avec Fraîchots, les Pierres Blanches, Sorêt. barytine au nord et quartz peu minéralisé au sud où il vient buter Le quartz gris sombre renferme de la sur un dyke siliceux N 140° E. Au contact du filon minéralisé, les pyrite, généralement en cubes de grès sont silicifiés et certaines diaclases tapissées de fines lames quelques millimètres, qui est le sulfure incolores de barytine. dominant et la phase la plus précoce de Du quartz cryptocristallin blanchâtre, parfois souillé par des la paragenèse. L’arsénopyrite est fré- oxydes de fer, se rencontre aux épontes de la caisse dont le rem- quente en groupes de cristaux losan- plissage consiste principalement en barytine massive lamellaire giques ainsi qu’en plages grenues qui blanche, beige ou rosâtre. Ce remplissage rubané en contient des se concentrent à la périphérie de petits lits irréguliers et minces riches en sulfures ; ces lits ne se rencon- blocs de roche encaissante silicifiée. De trent que dans la barytine. Sphalérite et blende sont en proportions la sphalérite, en plages noirâtres pluri- identiques et paraissent cogénères ; ils se présentent en plages de millimétriques, forme des traînées dans taille variable mais pouvant dépasser plusieurs centimètres. La le quartz ; elle est accompagnée par un sphalérite est mielleuse ou brune et bordée par de fines mouches peu de galène en fines mouches déchi- de pyrite et de chalcopyrite partiellement transformée en covellite. quetées. Nous avons également Le sulfure de fer apparaît dans des microveinules, remplissage de observé de minuscules cristaux de fissures tardives, recoupant aussi bien la sphalérite que la galène. chalcopyrite, au contact de la galène. Signalons également anglésite et cérusite en rares encroûtements Les très rares géodes contiennent de microcristaux. quelques individus corrodés de sphalé- rite claire tardive associés à des bipyra- La Come Chaudron (x : 730,2 ; y : 2215,9 ; z : 625) : il s’agit d’un mides bleu-indigo d’anatase secon- indice déjà signalé (DELFOUR, 1978) au sein d’une anomalie géo- daire. Enfin, les nombreuses fissures et chimique en Pb-Zn-Cu. De récents travaux, menés par J.-P. joints du quartz sont encroûtés par de la GUILLAUMET (GUICHARD, 2003) sur ce secteur, ont permis la scorodite terreuse jaunâtre ou vert découverte de plusieurs sites interprétés comme d’anciennes pâle. mines éduennes. Certains de ces sites ont plus précisément été détectés sur le faîte du vallon de la Come Chaudron, d’où provien- Les Carruzes (x : 723,6 ; y : 2212,7 ; nent les éboulis minéralisés que nous avons observés. z : 385) : à l’éponte ouest d’un filon de Le vallon est creusé dans l’unité sédimentaire, représentée ici par quartz blanc stérile, peu puissant et une alternance de siltites, de grès et de conglomérats fins de cou- orienté N 30° E, les siltites encaissantes leur gris-noir. Par endroits, les conglomérats sont silicifiés et par- sont intensément silicifiées et lardées courus de fines veinules quartzeuses à chlorite, séricite et sulfures ; par des veinules de quartz gris à rou- ils sont souvent diaclasés et les joints sont cicatrisés par des geâtre. De manière très localisée et en oxydes de fer, de la galène, de la sphalérite et de la pyrite. On faible quantité, ces veinules contien- retrouve la pyrite, en relative abondance, sous forme disséminée nent quelques cubes de pyrite et de très dans les roches rhyolitiques qui affleurent au sommet du Beuvray. petits cristaux d’arsénopyrite. Cette Les veinules à quartz-chlorite semblent les mieux minéralisées ; discrète association a donné naissance, sphalérite, galène très finement grenue et pyrite y forment des dans des géodes tapissées de quartz assemblages xénomorphes plurimillimétriques et sont accompa- améthyste, à de jolies cristallisations de

64 Claude GOURAULT Rev. sci. Bourgogne-Nature 3-2006, 55-67 scorodite en oursins vert d’eau et de dans la barytine ou plus rarement dans le quartz. Son oxydation a phamacosidérite en petits cubes jaune provoqué la formation d’un chapeau de fer (limonite, martite) pâle ; ces deux espèces sont accompa- anciennement exploité. La galène est fréquente aussi bien dans la gnées par des lamelles de barytine barytine que dans le quartz en plages à section cubique pouvant incolore tardive. atteindre plusieurs centimètres d’arête mais plus généralement de Il existe, à environ 500 mètres au quelques millimètres ; elle est aussi présente en grains xéno- nord de cet affleurement, une zone morphes, intimement associés à la pyrite et de la sphalérite, dans comportant un grand nombre d’an- la partie exclusivement quartzeuse du filon où ce type de minerai ciennes fouilles minières. Dans la plus finement grenu présente des teneurs élevées (10 % Pb+Zn). La récente d’entre elles (travaux BRGM sphalérite accompagne la galène en grains irréguliers abondants ; 1960-1980) on peut rencontrer de gros il s’agit d’une variété claire pauvre en fer. Des mouches millimé- blocs très riches en pyrite massive ainsi triques de chalcopyrite, assez rares, accompagnent la galène dans que de la barytine blanche lamellaire la barytine et est associée à des cuivres gris. Ce dernier minéral encroûtée de wads mamelonnés. semble fréquent, surtout en groupes de grains informes en asso- Champrobert (x : 721,8 ; y : 2212,3 ; ciation avec les autres sulfures ; la présence d’arséniates montre z : 450) : de part et d’autre de la lentille qu’il s’agit probablement du pôle arsénié de la série (tennantite). de calcaires marmoréens d’âge viséen Le chapeau de fer est composé d’importants dépôts ferrugineux inférieur, TRINQUARD (op.cit.) a décrit qui sont surtout de la limonite scoriacée et de l’hématite (martite) plusieurs minéralisations d’apparence massive. La présence d’autres espèces supergènes, certes plus filonienne ayant fait l’objet d’exploita- discrètes, est représentative des autres phases primaires du pro- tions anciennes et de recherches tore. L’anglésite se présente en rares cristaux losangiques associés minières plus récentes. La plus impor- à de la cérusite. Nous avons rencontré des enduits cristallins vert tante est à remplissage quartzo-bary- jaunâtre de beudantite qui forme, plus rarement, des individus nets tique, orientée N 170° E, et a été recon- dans les joints et entre les lames de la barytine, à proximité de la nue sur près de 500 mètres galène. Hormis de rares cristaux striés incolores ou blancs, la céru- d’allongement à l’ouest des calcaires. site se remarque en plages grisâtres dans une gangue de barytine Le filon se positionne près du contact blanche à ciment de quartz noirâtre ; dans ces conditions, ce miné- entre ces calcaires et des siltites bréchi- ral semble abondant. La jarosite est l’espèce secondaire la plus fré- fiées et mylonitisées. Cette structure, quente en encroûtements de petits cristaux ocrés s’altérant rapide- dont l’extrémité méridionale est encore ment en oxydes de fer ; de façon plus discrète s’observent des bien visible dans une fouille, a été individus brun-sombre, dans les fissures de la barytine, qui sont exploitée pour le fer à plusieurs reprises attribuables à la plumbojarosite. La mimetite constitue des tapis de cristaux blanchâtres en tonnelet caractéristiques et des prismes jusqu’au début du XXe siècle. La décou- verte de restes de bas fourneaux et trapus nets, incolores, à la surface du quartz brèchique ; elle est l’existence d’un ferrier (BIGEARD, parfois accompagnée de pyromorphite en fines aiguilles vert-vif, 1996), rendu aujourd’hui inaccessible beaucoup plus rare. Enfin, nous avons déterminé de la wulfénite et depuis la mise en eau de l’ancienne de la malachite en très faible quantité. carrière de marbre, semble indiquer que le chapeau de fer a été travaillé dès Le filon du Bois de Buzon l’époque protohistorique. Un échan- tillonnage important, tant en place que Il s’agît très certainement de la minéralisation la plus importante dans les haldes, nous permet d’appor- parmi celles découvertes lors de nos prospections. Ce gisement est ter quelques précisions relatives à la situé à 500 mètres à l’ouest du hameau de Buzon (commune de minéralogie de ce filon. Larochemillay, Nièvre) dans un secteur boisé et assez accidenté. Si Le quartz, qui domine surtout dans la cette occurrence n’est mentionnée dans aucun ouvrage, ni indi- partie septentrionale, présente des quée par les cartes géologiques récentes, nos investigations sur le aspects variés. Le plus souvent laiteux terrain nous ont permis d’identifier plusieurs tranchées de recon- et géodique, il peut être également naissance minière (figure 3) ainsi que quelques haldes peu volu- rosâtre, beige et enfin gris-noir lorsqu’il mineuses. L’origine et l’époque de ces travaux, modestes, nous cimente des éléments de siltites et des sont inconnues mais certains déblais, dans la partie sud du gise- esquilles de calcaires silicifiés noi- ment, nous semblent très anciens. râtres. La barytine constitue l’essentiel Cadre géologique : le gisement apparaît au sein de l’unité sédi- du remplissage de la partie sud du filon mentaire (viséen inférieur) qui affleure régionalement dans une dont la puissance dépasse 3 mètres. bande de terrain, orientée N 25 à N 70° E, que l’on peut suivre Bien que la barytine blanche massive depuis la Verchère (commune de Chiddes) jusqu’aux abords de soit fréquente, le minéral est générale- Saint-Prix. Les formations sont caractérisées, dans la partie sud- ment de couleur soutenue et souillé par ouest, par l’existence de nombreuses minéralisations déjà évo- des oxydes de fer qui s’insinuent dans quées et marquées par d’intenses silicifications ; de multiples zones les fissures et colmatent les vides. broyées et filons de quartz sont en relation avec le linéament Fréquemment la barytine est silicifiée Decize-Aloxe-Corton. Le filon du Bois de Buzon est en grande par- et envahie de veinules de quartz tardif. tie encaissé dans des siltites grises ou rosâtres souvent silicifiées, La pyrite est le sulfure le plus abon- litées et caractérisées par un fort pendage ouest. Ce sont des dant ; souvent massive et grenue, et de roches très finement grenues constituées d’une succession de lits ce fait facilement altérable, on la ren- quartzeux clairs et de lits plus sombres argileux (DELFOUR et al., contre également en cubes disséminés 1992). Dans la partie méridionale du gisement, la roche devient

Nouvelles occurrences minéralisées en haut Morvan 65 Les épontes sont occupées par du quartz blanc massif parfois saccha- roïde (ancien grès ?) dont les multiples fissures montrent de la barytine rose tardive, lamellaire et crêtée. Des rubans, dont l’épaisseur peut atteindre 20 centimètres, forment des liserés continus au contact de ce quartz bien que l’on puisse également en observer vers l’axe de la caisse où ils sont moins puissants. Ils se composent exclusive- ment d’une barytine précoce, massive, blanche à blonde très pure ; vers le sud du gisement, cette barytine est complè- tement silicifiée. Leur succède du quartz grisâtre ou rougeâtre accompa- gné de barytine lamellaire beige de seconde génération ; cette association comporte également, en relative abon- dance, de la galène en amas de grosses plages à section cubique ainsi que des mouches d’arsénopyrite liées à de petits éléments de quartz gris-bleu pro- bablement antérieurs. Vers l’axe du filon s’observe une large zone de quartz laiteux à hyalin, dominant, à fréquents boxworks de pyrite, accompagné de barytine crêtée tardive et de galène fré- quente en cubes disséminés ou grou- pés en essaims. Le centre du filon est occupé par des amas et des chapelets d’oxydes de fer scoriacés ocres ou brun sombre et massifs. Les nombreux box- works et géodes de ces deux dernières formations sont particulièrement riches en espèces secondaires surtout plom- bifères. Pour résumer, nous proposons la succession-type suivante : 1) Quartz stérile Figure 3. Filon du Bois de Buzon. 2) Quartz gris-bleu à arsénopyrite 3) Barytine I blanche à blonde franchement conglomératique avec des galets d’origine diverse 4) Quartz gris-rouge, barytine II, galène (quartz, lydienne, microgranite) cimentés de grès très siliceux. Au 5) Quartz laiteux, barytine III, galène, sud le filon, que croise un dyke N 60° E de microgranite porphy- pyrite rique, ne reparaît pas dans les laves dacitiques. 6) Oxydes de fer La minéralisation : il s’agit d’une structure filonienne à remplis- Si on excepte la fluorite, très rare ici sage quartzo-barytique rubané que nous avons pu suivre, en en reliques blanches dans la formation affleurement et dans les anciennes tranchées, sur plus de 800 5, cette succession présente des simili- mètres. Orienté N 15° E, ce filon est très puissant car son épaisseur tudes avec celle du gros filon barytique dépasse souvent 6 mètres, notamment dans la partie centrale où il des Renauds (GOURAULT, op.cit.). Par forme des chaos très volumineux et ruiniformes. La présence, aux comparaison, on peut attribuer un âge extrémités nord et sud, de gros blocs minéralisés, indique que la jurassique pour les phases 3 à 5. caisse est régulière. Le pendage varie entre 80° W et la verticale, Les minéraux d’oxydation : déjà ce qui est conforme à celui de l’encaissant silteux qui est lardé, de digne d’intérêt par ses caractéristiques part et d’autre du filon, de multiples veines et veinules siliceuses et la nature de son remplissage, ce filon contenant un peu de barytine. À quelques mètres de l’éponte ouest l’est aussi par le développement d’es- affleure un dyke de silice massive grisâtre, subméridien, qui ne pèces supergènes bien cristallisées. Un présente qu’une discrète minéralisation en oxydes de fer. échantillonnage très important nous a La figure 4 représente une coupe du filon dans un secteur où il permis d’entreprendre une étude com- affleure dans les meilleures conditions. Cette coupe est partielle et plète de ces minéraux, dont plusieurs ce type de remplissage est rythmé, bien que moins intense vers les phases en cours de détermination, qui épontes, ce qui suppose un possible polyphasage de l’ouverture de feront l’objet d’une future publication. la caisse. Nous sommes visiblement en présence d’une cassure Cependant, un certain nombre d’es- originellement cicatrisée par de la silice stérile et reprise par une pèces ayant été bien caractérisées, venue à dominante barytique. nous en dirons quelques mots.

66 Claude GOURAULT Rev. sci. Bourgogne-Nature 3-2006, 55-67 trant quelques faces cristallines ; ce soufre est localement abon- dant. Aux deux extrémités du filon s’observent des tablettes quadra- tiques incolores, grisâtres ou orangées de wulfénite. Ce minéral est assez fréquent mais souvent encroûté d’oxydes de fer rendant la détermination malaisée. La partie sud du filon présente des cris- taux orangés très nets qui sont accompagnés d’individus aux formes plus complexes (bipyramides simples ou modifiées), de couleur grise ou jaune, qui pourraient être de la stolzite. L’origine du tungstène nécessaire à la formation de cette espèce est à rechercher localement. Si nous n’avons pas observé de minéral wolframifère au Bois de Buzon, il est utile de rappeler l’existence de scheelite dans les calcaires de Champrobert. Conclusion Les travaux antérieurs et la présente étude montrent que la région comprise entre Champrobert, à l’ouest, et Saint-Prix, à l’est, est marquée par l’existence de nombreux gîtes et indices à sulfures Pb-Zn et gangue quartzo-barytique (fluorite localement), certains tout à fait nouveaux, qui font de ce secteur un district minéralisé bien caractérisé. Il est probable que d’autres occurrences restent à découvrir dans cette partie du Haut-Morvan où se superposent des Figure 4. Coupe du filon du Bois de Buzon. anomalies géochimiques en plomb, zinc, baryum et arsenic. En Forêt de la Gravelle, qui jusqu’alors était restée totalement vierge en indices minéralisés, de patientes recherches nous ont permis L’espèce la plus abondante est la d’individualiser un second district, à arsenic, qui prolonge à l’ouest jarosite que l’on rencontre dans les fis- celui déjà connu en bordure du massif granitique du Folin ; d’autres sures du quartz et de la barytine. Elle y concentrations en arsenic peuvent être supposées dans les envi- forme d’épaisses croûtes constituées rons, notamment vers Saint-Léger-de-Fougeret. Devant le succès de cristaux jaune-brunâtre brillants par- de cette première campagne de prospection systématique, nous fois groupés en oursins de plusieurs envisageons de couvrir par la suite l’ensemble du Morvan hercy- millimètres de diamètre, remarquables. nien, plus particulièrement les terrains dévono-dinantiens du fais- De nombreux échantillons présentant ceau synclinal qui apparaissent comme les plus favorables. des individus brun-noirâtre se sont révélés plombifères et sont à attribuer à Bibliographie la plumbojarosite. BIGEARD, H. 1996. Carte archéologique de la Gaule (Nièvre). Fond. Maison. Sciences de l’Homme, Paris, 300 p. La mimetite est également très fré- BULLIOT, J.G. 1899. Fouilles au Mont-Beuvray (ancienne Bibracte) de 1867 à 1895. Éd. quente, notamment dans les cavités Dejussieu, Autun, 2 vol. CARRAT, H.G., LEFAVRAIS-RAYMOND, A. & A. BAMBIER. 1986. Notice explicative. Carte géolo- provenant de la dissolution de la gique de (1/50 000). Feuille Château-Chinon (523). BRGM, 86 p. galène. Il s’agit de cristaux incolores, CAUUET, B. & TAMAS, C.G. 2004. Recherches sur les exploitations minières anciennes du Morvan. Rapport Bibracte: 341-357. blancs ou jaune pâle en prismes hexa- DELFOUR, J. 1978. Géologie et minéralisations des formations viséennes du secteur du Mont- gonaux très allongés qui peuvent Beuvray (Nièvre, Saône-et-Loire). Rapport BRGM 78 SNG 611 GEO. atteindre jusqu’à 2 centimètres. La DELFOUR, J., ARENE, J., CLOZIER, L., CARROUE, J.P., CORNET, J., DELANCE, J.H., FEYS, R. & B. LEMIERE. 1991. Notice explicative. Carte géologique de France (1/50 000). Feuille pyromorphite est beaucoup plus rare Autun (551). BRGM, 88 p. en petits cristaux vert olive. DELFOUR, J., ALABOUVETTE, B., CLOZIER, L., CORNET, J. & F. MERCIER-BATARD. 1992. Notice explicative. Carte géologique de France (1/50 000). Feuille Fours (550). BRGM, 83 La beudantite a été rencontrée dans p. de nombreux échantillons sous forme DELFOUR, J., CLOZIER, L., CORNET, L., LABLANCHE, G. & R. FEYS. 1995. Notice explicative. Carte géologique de France (1/50 000). Feuille Lucenay-L’Evêque (524). BRGM, 100 p. de rhomboèdres aigus de couleur DELFOUR, J. & C. GUERROT. 1997. Age Viséen inférieur du microgranite de Picampoix (Nièvre). jaune-verdâtre à vert bouteille, isolés Contribution à l’étude du magmatisme carbonifère du Morvan. Géologie de la France, 2: 3-12. GELARD, J.P. 1978. La fracturation de la Bourgogne méridionale, essai d’interprétation et impli- dans de petites géodes ou tapissant les cations tectoniques régionales. Rev. Géogr. Phys. Géol. dyn. (2), 20(1): 5-28. fissures qui sont souvent recouvertes GOURAULT, C. 1989. Un type de minéralisation lié au volcanisme viséen : le champ filonien de Champrobert (Nièvre). Minéraux et fossiles, 162. d’une multitude de cristaux. 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Thèse, Clermont-Ferrand, 64 p. dans la partie sud du gisement et dans les fissures de blocs riches en galène, de nombreux cristaux d’anglésite inco- lores et brillants, très nets, accompa- gnés de covellite pulvérulente et de soufre jaune-verdâtre en plages mon-

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