Le Cardinal De Bouillon, Baluze, Mabillon Et Th.Ruinart Dans L'affaire
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LE CARDINAL DE BOUILLON BLUZE, )MABILLON ET M. RUINÀRT DANS LAFFAIRE DE LHISTOIRE GÉNÉRALE DE LA MAISON DAUVERGNE Depuis quelques années, lAcadémie de Clermont- Ferrand a marqué sa place entre les sociétés savantes par des publications diiitérèt local dune haute por- tée. Limpression des OEuvres complètes de Gerbert est toute récente ; celle de plusieurs cartulaires la- vait précédée, accompagnée de notes préliminaires, de tables des personnes et des lieux, de tout ce (jui constitue laccessoire obligé de semblables publica- tions. Je ne moccuperai ici que de lun de ces car- tulaires, celui de Brioude, qui est connu sous le titre de Liber de honoiims sancto Juliano collatis, et auquel se rattache une question historique dun cer- tain intérêt. Je dirai tout de suite, afin de navoir pas à y re- venir, que les notes dues à M. Henri Doniol, membre Document I I I I I III III I II ll 0000005559923 A - de lAcadémie de Clermont, se distinguent par la ciarté et la précision qui sont de règle en pareille matière. On y trouve, rangées sous sept titres ou chapitres, des notions sur le manuscrit lui-même, sur les formes paléographiques qui le distinguent et la nature de ses énonciations, sur la topographie, létat des personnes, la propriété et létat des terres, les redevances, mesures et monnaies dont il fait men- tion. Jemprunte à M. H. Doniol ce que je dois dire ici du manuscrit publié par ses soins et des limites quil sest imposées en le faisant « entrer dans le domaine des études historiques. » « On connaît, sous le nom de cartulaire de Brioude, un manuscrit appartenant à la Bibliothèque Impé- riale. Il forme un vol. gr . in-fol, de 254 feuillets et présente 341 chartes, dont les plus anciennes en date remontent au commencement du 1X° siècle, dont les plus récentes sont de la fin du Xie.... » Ce manuscrit nest quune copie, et lon ne sait si elle avait été prise sur le manuscrit original, aujour- dhui perdu ou non encore retrouvé. Cest une copie du XVIIC siècle... Elle est entrée à la Bibliothèque Impériale en 1839, par voie dacquisition... Les chartes sont toutes numérotées ; elles se suivent se- lon la série naturelle des chiffres, sans ordre de date et sans aucune méthode de classement apparent. Il doit être celui porté au catalogue Joursauvault (Paris, Techener, 1838, 2 vol, in-8°, t. II, p. 93, f02641) » La copie ne concerne-t-elle pas un cartulaire à part? nest-elle pas un fragment dun autre plus complet ? On ne saurait le dire avec certitude, tout -3— en le présumant. On ne voit pas que la charte qui porte la cote 341 fût bien la dernière (hi cartulaire original ; on peut penser que ce recueil était en réa- lité plus étendu ou avait un autre volume qui na pas encore été transcrit. Cependant les dernières chartes de cette copie ont rapport aux églises ou maisons conventuelles dépendant de Sai ut-Julien, ou bien elles contiennent les divers privilèges et clirtes de protection que la communauté avait revus ; assez ordinairement les pièces (le cette nature marquaient la fin des cartulaires. Dun autre côté, une de ces pièces (n0 339), émanée de Louis-le-Débonnaire apprend que léglise (le Saint-Julien, saccagée et bride« e par les Sarrazins, venait, en 826, dètre relevée et rétablie par le comte dAuvergne Beranger ; ... que 31 chanoines avait été institués par lui dans léglise, 20 dans le château ; quindépendainnient de iexenip- tion de tout tribut puhuic, le roi leur avait donné 100 manses du bénéfice royal pour fournir à leurs be- soins... Aucun autre acte du cartulaire ne ma paru se rapporter à cette partie considéLable des poses- sions deSaint-ulien. » _près quelques détails tendant à démontrer que le cartulaire acquis par la Bibliotheue mpéiiale est incomplet, lAcadémie de Clermont fait coniiaitre par lorgane de M. I)oniol, ouclle na pas voulu « rec- tifier par la critique » les documents quelle publie, les augmenter ou les compléter par des décou- vertes. » Une note placée à la fin du volume indique à quelle source aurait pu être puisé ce coiiphment, en faisant connaître ce qui suit 1 0 Un procès-ver- -4— bal denquête et de notoriété fait le 26 février 1626 et conservé àla Bibliothèque Impériale dans le fonds connu sous le nom dArmoires de Baluze, vol. 198, constate quenviron cinquante aiis auparavant la chambre capitulaire de léglise de Brioude avait été détruite par le feu, avec tous les papiers quelle ren- fermait. 2° A la suite existe un second procè-verbal contenant lanalyse et la copie dun certain nombre de pièces trouvées dans le trésor des chanoines de Brioude en 1697 ; de ce procès-verbal, il résulte qua- vaut lincendie, il y- avait deux autres cartulaires dont ltni renfermait 467 articles. Ces pertes, qui donnent plus dimportance au ma- nuscrit de la Bibliothèque Impériale et à sa publica- tion, ne relèvent-elles pas au même degré la valeur des pièces connues dailleurs et qui pourraient conti- nuer le cartulaire de Brioude ou du moins y suppléer partiellement I Pour ma part, mon premier soin, en ouvrant le cartulaire imprimé, fut d y chercher les pièces publiées par Baluze lappui de son Histoire (le la Maison dAuvergne. Leur apparition au mi- lieu de la cour de Louis XIV suscita des orages dont le Cardinal de Bouillon ne fut pas lunique victime, et elle est demeurée lun des plus curieux problèmes his- toriques du temps. Comment interpréter le silence de M. Doiiiol it leur égard ? faut-il y voir une prudente ré- serve ou la condamnation implicite de ces documents? Une opinion aussi (l4avorable que la dernière saccor. derait mal, il faut lavouer, avec la confiance (lui a fait accepter comme authentique et publier, m't dé- faut de plus ancienne, une copie du XVI Je siècle. Mon dessein nest pas dentreprendre une justifi- cation on forme des titres recueillis par Baluze dans -5— les cartulaires de Brioude ; les défenses quil a pu- bliées à leur sujet les ont rendu>, je crois, inattaqua- bles au point de vue paléographique. Jinvoquerai seulement eu leur faveur des preuves extrinsèques que l3aluze na pu faire entrer dans sa démonstra- tion. Avant tout, je dois mettre les faits principaux sous les yeux du lecteur, et jemprunterai mon récit à ladversaire acharne des Bouillon, comme de tous ceux qui se prévalaient à la cour de quelque préro- gative, à Saint-Simon. I « Le temps des chimères était arrivé, » dit quel- que part, pour ne las dire à chaque page, lauteur des îiiémores. Il en était monté une dans la tête des Bouillon. » Un des leurs, au milieu du XVIe siè- cle, avait pris le titre de prince de Sedan ; ce né- tait pas assez. « Ils se prétendaient sortis par mâles de anciens comtes dAuvergne, et le Cardinal mit rien pour trouver à Cluni, dont il était abbé et qui est de la fondation de ces princes, de quoi ap- puyer cette chimère... » Dans cette angoisse, une fortune inespérable les vint trouver. Un vieux cartulaire de léglise de Brioude, enterré dans lobscurité de plusieurs siècles, fut présenté au Cardinal de Bouillon. Ce titre avait les plus grandes marques de vétusté, et contenait une preuve Trtompllante de la descendance masculine de la maion de la Tour des anciens comtes dAuvergne, cadets des ducs de Guvenne. Le Cardinal de Bouillon fut moins surpris que ravi daise davoir entre ses mains une pièce de si bonne mine. De longue main, pour sa réputation dabord, après pour sa chimère, il sétait attiré tout ce quil avait pu de savants en anti;i ités. » Baluze sétait fait un grand nom en ce genre. Le Cardinal de Bouillon se létait attaché par des pensions et par des bénéfices. Son fort était de dé- mêler lantiquité historique et généalogique, et ses découvertes et sa critique étaient estimées. Ce né- tait pas quon le crut à toute épreuve ; sa complai- sance le déshonora... » Le Cardinal de Bouillon joua le modeste, il fit difficulté dajouter foi à une pièce si décisive. Il en parla en confidence à ce quil put de savants avec doute, en les priant de bien examiner, et de ne le laisser pas prendre pour dupe... » Soit que les véritables examinateurs y fussent trompés, soit quils se fussent laissé séduire, ... ils proncncèrent en faveur du cartulaire, et le père Mabillon, ce bénédictin si connu dans toute lEu- rope par sa science et par sa candeur, laissa entrai- iier son opinion par les autres. » Avec de tels suffrages, que ce dernier couron- nait, le Cardinal de Bouillon ne feignit plus de par- ler à loreille de ses amis de sa précieuse découverte et surtout de bien étaler tout ce quil avait fait pour iiv être pas trompé. Chacun lui fit des compli- ment,,... » Le malheur voulut que de Bar, qui avait, di- sait-on, déterré ce cartulaire et qui lavait présenté au Cardinal de Bouillon, ft arrêté dans cet inter- valle et iiis en prison pour faussetés, par ordre de la chambre de lArsenal. Cet évènement fit quelque bruit qui intrigua les Bouillon, mais rendit leur car- tulaire fort suspect, et fit n:ettre force lunettes pour lexaminer. Des savants, sans liaison avec les Bouil- lon, le contestèrent, et tant fut procédé, que de Bai, arrêt(, pour dautres faussetés, fut poussé sur celle- ci. » Disons en passant que de Bar avait travaillé sous — s --- les ordres de du Bouchet, MUUU.1 1 Mi-mviile dun cii- vrago relatif à la même famille et intitulé Table gd- nêalogiqw des eontcs dAuvergne (1), et que le car- tulaire avait été trouvé dans les papiers de ce même du Bouchet.