ALBERT SPAGGIARI SANS ARME NI HAINE NI VIOLENCE un film de Jean-Paul Rouve

avec en exclusivité PHOTOS : COUVERTURE EDDY BRIÈRE / INTÉRIEUR ETIENNE GEORGE EDDY : COUVERTURE PHOTOS les interviews de Jean-Paul Rouve Alice Taglioni Gilles Lellouche

et tout ce que vous devez savoir sur

M2533.1702.8F 16 AVRIL 2008/SOMMAIRE P1 M2533.1702.8F 16 AVRIL ALBERT SPAGGIARI ÉDITO 3 ALBERT DOCUMENT CULTURE SPAGGIARI SYNOPSIS 16

LE CASSE DE LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE 22 Elia Films CARTE BLANCHE LES AUTRES CASSES et Vertigo Productions LES GENS présentent DU SIÈCLE 28 ENTRETIEN AVEC L’ÉVASION D’ALBERT ALBERT SPAGGIARI JEAN-PAUL ROUVE SPAGGIARI 27 ET MESRINE 46 SANS ARME coscénariste LA BLONDE réalisateur GENTLEMAN NI HAINE DES ANNÉES 70 37 CAMBRIOLEUR 48 NI VIOLENCE acteur 4 BIOGRAPHIE DE UN FILM DE ALBERT SPAGGIARI 15 VOUS JEAN-PAUL ROUVE

AVEC JEAN-PAUL ROUVE ALICE TAGLIONI GILLES LELLOUCHE

DURÉE : 1H28 SORTIE LE 16 AVRIL

Distribution : Mars Distribution 66, rue de Miromesnil ENTRETIEN AVEC 75008 Paris ALICE TAGLIONI Tél. : 01 56 43 67 20 actrice 31 L’ACTUALITÉ Fax : 01 45 61 45 04 ENTRETIEN AVEC GILLES LELLOUCHE LES ACTUALITÉS DE 1976 À 1982 18 LA MAISON Presse : BCG acteur 40 AZZARO 44 Myriam Bruguière ENTRETIEN AVEC RONALD BIGGS ET Olivier Guigues ALBERT SPAGGIARI 38 BRÈVES 45 Thomas Percy BENOÎT GRAFFIN coscénariste 54

CONCEPTION GRAPHIQUE BM ET JPR 23, rue Malar 75007 Paris LISTES Tél. : 01 45 51 13 00 ARTISTIQUE Avec les chaussettes Clément Romain, Fax : 01 45 51 18 19 ET TECHNIQUE 56 On ne transpire pas, on se sent bien ! ÉDITO ÉDITO

hers amis journalistes, Merci, pour le C plaisir du spectateur, de préserver dans vos articles et vos critiques le mystère qui entoure la personnalité de Vincent, interprété dans le film par Gilles Lellouche.

2 3 leur expliquait ce qu’on vou- lait raconter, ils nous disaient : «Mais faites-le, vous ! Vous êtes les mieux placés !». On a donc commencé le scénario tout en cherchant quelqu’un pour les ENTRETIEN dialogues. Et là, rebelote, ceux à qui on a fait appel nous ont répondu :«Mais ils y sont, les dialogues ! Continuez !». En fait, AVEC on est entrés dans le film, Benoît et moi, petit à petit, par la force des choses. Et puis, un JEAN-PAUL jour, on travaillait à , Benoît qui m’écoutait lui dire : «Cette scène, il faudrait la filmer com- me ça, que la caméra aille par ROUVE là, puis par là...», m’a dit : «Tu devrais le réaliser toi-même ce Vincent Goumard : La décision film, tu es le mieux placé !». Jus- de passer derrière la caméra, que-là, j’avais surtout envisagé c’était une envie en soi ou des réalisateurs très confirmés, est-ce ce film-là précisément comme si, inconsciemment, je qui l’a déclenchée ? voulais justement m’empêcher Jean-Paul Rouve : Le point de de penser à le faire moi-même ! départ, c’est le sujet. La déci- Après la réflexion de Benoît, je sion de le mettre moi-même en me suis mis à y réfléchir vrai- scène n’est venue qu’en cours ment, à me poser des tas de de route, dans l’enchaînement questions, jusqu’au jour où j’ai des étapes. Il y a déjà un mo- fini par dire : «Et pourquoi pas ?». ment que je voulais initier un film autour d’Albert Spaggiari. V.G. : D’où vient votre intérêt J’avais envie d’interpréter ce pour le personnage d’Albert type-là, je trouvais que c’était Spaggiari ? un beau rôle. J-P.R. : De mon inconscient, de Un soir, en dînant avec Pau- ma culture générale, je ne sais line Duhault, la productrice du pas exactement... Je connais TEMPS DES PORTE-PLUMES, Spaggiari depuis que je suis et avec Benoît Graffin que je ne gamin, même si, au fond, je ne connaissais pas, j’ai parlé de savais pas grand-chose sur lui. ça. Benoît était très intéressé, Juste qu’il avait fait un casse et ce n’est qu’après que j’ai en passant par les égouts, qu’il appris qu’il était scénariste et s’était évadé en sautant de la avait travaillé notamment pour fenêtre du bureau du juge et Pierre Salvadori. On a sym- qu’il était resté douze ans en pathisé avant même que je ne cavale sans qu’on ne l’attrape sache quel était son métier. jamais ! Intrigué par ce par- Il m’a proposé d’écrire avec cours, j’ai cherché à me rensei- moi. Mais j’avais un souvenir gner davantage. Aujourd’hui, de séances d’écriture un peu grâce à Internet, on a accès à compliquées, un peu laborieu- beaucoup de choses. Je suis ses, avec les Robins à cause du tombé sur de nombreux docu- nombre. Et Benoît, de son côté, ments, sur des émissions de n’avait à l’époque pas trop de télé. C’est incroyable, la quan- temps. On s’est dit alors qu’on tité d’images qu’il y a sur Spag- allait juste écrire une dizaine de giari ! Je trouvais ça un peu pages, une sorte de long sy- disproportionné par rapport à nopsis, qu’on allait le proposer ce qu’il a fait. C’est rare qu’un à Pauline et que si ça lui plai- casse génère autant d’inter- Réalisateur, sait, on trouverait un scénariste views de l’auteur du hold-up ! coscénariste, qui développerait tout ça. C’est Tout de suite, ce grand écart ce qu’on a fait. Et on a rencon- entre son acte et son compor- acteur... tré des scénaristes. Lorsqu’on tement m’a sauté au visage. 4 Spaggiari se comporte en effet star mais il ne peut pas se faire La preuve, il a même pensé à jouer, c’est ce personnage dont à moi !» Lorsqu’on est acteur, des journalistes que Spaggiari comme une vedette. Pour lui, le reconnaître. D’ailleurs, à un mo- un moment aller voler le mètre on vient de parler, son rapport on aspire à des rôles qu’on ne a rencontrés. L’idée de ce fait d’être célèbre semble plus ment, on l’entend dire : «Votre étalon gardé au Pavillon de Sè- avec la célébrité, ce mélange vous propose pas forcément, personnage nous est venue important que le casse lui-mê- public vous manque ? Oui mais vres ! L’acte n’avait aucun sens, de sympathie qu’il dégage et en alors quand on peut soi-même très vite. On ne voulait pas faire me. Comme si le casse n’était moi si je remonte sur scène, je juste celui de faire parler de lui ! même temps ses zones d’ombre se faire un beau cadeau, il ne un film de gangsters, ni un film qu’un moyen pour être connu, prends perpète !». C’est de ce Quand il a raconté ça à ses co- et son côté pathétique. Même faut pas hésiter ! d’action. On ne voulait pas faire et reconnu. D’autres font des contraste-là que j’ai voulu par- pains braqueurs, ils lui ont dit : si c’est mon kif d’acteur de me non plus un «biopic» classique. livres, des disques, du cinéma, ler. En plus, j’ai été fasciné par «Mais c’est ridicule ! Tu as pris faire des looks et des gueules, je V.G. : Vous êtes-vous quand Autant regarder «Faites entrer lui, il fait un casse ! C’est un my- la manière dont il a fabriqué la grosse tête !». C’est tout ça n’ai paradoxalement pas pensé même beaucoup documenté ? l’accusé» qui est consacré à tho qui a réussi. Fascinant. En son personnage. Parfois, il me qui m’intéressait, c’est tout ça aux déguisements en écrivant J-P. R. : On a lu tous les docu- Spaggiari et qui est très bien fait ! général, être connu est le signe fait penser à ! Tout que j’avais envie de jouer. le film. Mais quand on était au ments qu’on a pu trouver, on a C’est en réfléchissant aux que son travail -d’écrivain, de est pensé : son look, avec ses montage, ça m’a sauté aux rencontré des journalistes qui raisons qui me poussaient à chanteur, d’acteur, de cinéaste - costumes et ses perruques, V.G. : Dans votre volonté d’in- yeux. Et je me suis dit : «Tiens, il l’ont interviewé, des gens qui vouloir jouer Spaggiari que ce est reconnu. Mais lui ? Il veut jus- ses phrases - «sans arme ni terpréter Spaggiari, n’y avait- y a un vieux truc des Robins qui l’ont connu. On a essayé de personnage est né. Et on a te être connu pour être connu ! violence» - conçues comme il pas aussi ce plaisir d’acteur est remonté là, cette manière rencontrer sa dernière com- inventé un type qui a une vie Ce désir le ronge de l’intérieur. des slogans, ses apparitions de vous déguiser, de jouer de se marrer en se déguisant, pagne, Julia, mais elle ne veut ordinaire, presque banale, en Dans son cas, c’est d’autant et ses disparitions ! En fait, il avec les costumes, avec les de faire le con toujours...» J’ai pas parler, ni se montrer. C’est tout cas bien ordonnée, qui plus vertigineux que s’il se fait est comme ces chanteurs qui perruques ? surtout réalisé que je m’étais of- une histoire d’amour incroya- traque Spaggiari et, une fois reconnaître, il signe sa fin ! Il a ont fait un tube et ont peur de J-P. R. : Sûrement inconsciem- fert un rôle magnifique. «Je re- blement belle. Elle était d’une qu’il l’a approché, se laisse peu envie qu’on l’adule comme une retomber dans l’anonymat... ment, oui. Ce que je voulais mercie Jean-Paul d’avoir pensé riche famille, elle a tout quitté à peu séduire par lui, pas tant par amour pour le suivre en ca- par ce qu’il a fait que par ce vale. Elle l’a toujours protégé. qu’il est... En fait, ma référence, Depuis sa mort, jamais, elle n’a c’était PRESQUE CÉLÈBRE donné d’interviews, jamais, elle (ALMOST FAMOUS). La vedette ne s’est montrée. Magnifique ! du film de Cameron Crowe, ce Lorsqu’on a tourné à Nice, n’est pas le groupe de rock, des tas de gens venaient nous mais le gamin qui rêve d’être voir tous les jours disant qu’ils journaliste pour Rolling Stone et avaient bien connu Spaggiari. qui suit les musiciens. L’histoire Et finalement, quand on discu- est toujours vue à travers tait avec eux, on s’apercevait son regard. Là, c’est pareil : qu’ils ne disaient rien de plus tout est vu à travers les yeux que ce qu’ils avaient lu dans du «journaliste» ou à travers les journaux. Ils se sont simple- les souvenirs que lui raconte ment accaparé le personnage ! Spaggiari. Ce qui m’intéressait, Même si on ne voulait pas faire c’est le rapport humain qui, au fur un documentaire sur Spaggia- et à mesure de leurs rencontres, ri, on tenait à ce que tous les va se développer entre ces deux faits qu’on montre soient vrais : hommes, le lien qui se noue entre le déroulement du casse bien eux. Le «journaliste» était un sûr, et le bordel qu’ils ont laissé moyen idéal pour parler de ces dans la salle des coffres en quit- contradictions entre la raison et tant la banque, la sortie en ville la séduction, entre la vie qu’on a de Spaggiari pendant le casse, et la vie qu’on rêve... l’évasion du bureau du juge, sa rencontre avec sa femme, chez V.G. : Les zones d’ombre du elle, dans l’appartement de ses personnage, ses points de parents, la cavale en Amérique vue réac, son côté OAS, ses du Sud, le cancer qui le ron- réflexions racistes... N’avez- geait... Tout est vrai. vous jamais pensé que ça pourrait être un frein pour V.G. : Sauf le personnage que aborder l’histoire de ce point joue Gilles Lellouche. À quel de vue ? moment avez-vous décidé J-P. R. : Non, au contraire. Ça d’inventer ce journaliste qui fait partie du personnage, et arrive à approcher Spaggiari c’est même intéressant. J’en ai traqué par la police française ? assez des films «politiquement Et n’avez-vous pas hésité à corrects» où les gens bien sont mélanger la fiction à la réa- toujours du bon côté. Quand on lité ? voit les interviews de Spaggiari, J-P. R. : Ce personnage est on découvre un homme sympa- une pure fiction, c’est vrai - thique. C’est un vrai sujet aussi même s’il est forcément inspiré de montrer que la sympathie 6 7 n’est pas une valeur morale. Je ce serait trop frustrant. D’autant ne veux pas du tout comparer que c’est un truc très fort, in- mais on ne peut pas dire que croyable... Mais le nœud du dans LE PARRAIN, les person- film, c’est vraiment cette fasci- nages sont des parangons de nation qu’exerce Spaggiari sur vertu ou d’excellents modèles le personnage joué par Gilles pour la jeunesse ! Les Italiens, Lellouche, cette relation parti- quand ils font ROMANZO CRI- culière qui se développe entre MINALE, Spielberg quand il fait ces deux hommes... MUNICH, ils n’ont pas de pro- blème avec les zones d’ombre V.G. : On sent aussi à un de leurs «héros». Je ne voulais moment donné comme un pas gommer cet aspect-là de trouble naître entre Julia, Spaggiari, sans en faire pour la compagne de Spaggiari, autant le sujet du film. Je tenais que joue Alice Taglioni, et le à le montrer tel qu’il était, avec «journaliste» joué par Gilles des propos racistes, pas gêné Lellouche... de trouver refuge dans une dic- J-P. R. : Ça, c’est aussi le mira- tature, nourrissant, en bon an- cle du tournage, du jeu des ac- cien de l’Indochine, sa nostalgie teurs... Quand on écrit, on n’écrit de l’Empire français, du temps pas tout, en fait. C’est comme si des Colonies... des choses vous échappaient et se fabriquaient toutes seules. On V.G. : Qu’est-ce qui a été le crée les personnages, on ima- plus difficile dans l’écriture ? gine les rapports entre eux en J-P. R. : La construction. C’est essayant d’être le plus vrai pos- toujours un peu compliqué les sible, et puis, par l’évidence des constructions décousues, où situations, par le jeu de regards, on fait des allers retours entre par la manière dont les acteurs le présent et le passé. Mais on incarnent leurs personnages, tenait à le raconter de cette ma- des choses se mettent à exister nière. L’idée par exemple de qu’on avait à peine esquissées... mettre le récit du casse qua- C’est par la force du jeu d’Alice siment à la fin du film, elle est et de Gilles que leur relation a venue très vite. D’ailleurs, au soudain eu plus de force, plus départ, je voulais tellement ne d’ambiguïté... C’est magique ! pas faire un film d’action que je Et c’est exactement ce qu’on pensais presque ne pas le met- recherchait : que rien ne soit tre ! Et puis, je me suis dit que donné d’avance, que rien ne soit

8 9 tout blanc ou tout noir, que tout n’était pas tellement exploi- V.G. : Comment définiriez- Ce n’était pas évident parce que se passe presque de manière tée, quelque chose de sensible vous vos partis pris de mise c’était une grosse scène. Mais imprévisible comme ça se passe et de doux, qui a à voir avec en scène ? Quand vous par- Gérard, qui avait accepté cette dans les rapports humains de la la densité, avec l’humanité... liez avec Christophe Offens- petite participation par amitié, a vie de tous les jours... Ça m’intéressait de travailler tein, que lui disiez-vous ? été super. Même quand je lui ai avec lui dans cette direction-là. J-P. R. : Mes références sont expliqué que... je n’allais pas le V.G. : De tout cela, de cette C’est lui le fil rouge du film, le très différentes, extrêmes filmer. Juste des détails de son relation à la fois amicale et personnage principal au sens même. Je lui ai parlé aussi bien corps. biaisée entre le «journaliste» propre. C’est lui qui nous amè- de HUSBANDS de Cassavetes et le gangster, de ce destin en ne à Spaggiari, qui nous amène que de L’ÉTÉ MEURTRIER, ou V.G. : Pourquoi ça ? fuite, de cet appétit de recon- à Julia, qui nous amène toute de Claude Lelouch ! J’aime bien J-P. R. : Tout le monde sait que naissance pas satisfait, de l’histoire... Il a fait un travail ce côté «à la limite», quand on Spaggiari, avant le casse, est cet amour absolu qui unit ce formidable : il nous fait croire ne sait pas finalement si c’est allé voir un des principaux caïds couple en cavale, il se dégage simplement à cet être humain. joué ou improvisé. J’aime bien de , mais on n’a pas le une belle mélancolie... Quant à Alice, j’avais déjà com- être un peu déstabilisé de cette droit de dire son nom parce que J-P. R. : C’est un sentiment que mencé à écrire lorsque j’ai tour- manière-là, sans pour autant sinon on a un procès. Et je me j’aime bien, la mélancolie au né avec elle L’ÎLE AU TRÉSOR. rechercher l’effet pour l’effet... suis dit : «Comme je ne peux cinéma... Il y a quelque chose de C’est là que je l’ai connue, on Le film est né de tout ça. On pas dire qui c’est, je vais être touchant dans les gens qui font a sympathisé. Je l’ai trouvée a fait beaucoup de caméra à aussi hypocrite. Je vais pren- semblant, qui ont du panache, intéressante. J’aime son côté l’épaule, beaucoup de plans dre Depardieu mais sans vrai- qui soignent leur image, leur «bonne camarade», j’aime sa séquences. On n’avait pas ment montrer que c’est lui !» tenue, leur apparence pour faire simplicité, sa sincérité. En plus, beaucoup de moyens et c’est J’ai donc filmé ses yeux, sa croire qu’ils valent mieux que ce je trouve qu’elle a un physi- tant mieux ! Je ne voulais pas bouche, ses mains mais ni son qu’ils sont, ou que tout va très que des années 70, un petit qu’on ne voie que les moyens, visage, ni lui en pied ! Et je ne bien pour eux... Spaggiari, il côté Mireille Darc, Catherine je ne voulais pas que ça fasse l’ai pas mis au générique de dé- jouait les cadors et les flambeurs Deneuve... Elle aurait été très trop «cinoche», avec des plans but, juste au générique de fin. et finalement, il se faisait payer bien dans un film de l’époque ! de grue et tout le reste... J’ai dit pour recevoir les journalistes - Avec elle aussi, ça me plaisait de à Christophe : «On filme avant V.G. : Vous avez soigné la re- 3000 F en liquide ! Et on voit travailler sur des sentiments et tout des acteurs, et des per- constitution d’époque mais dans quel HLM il habite ! Il a des émotions qu’on ne lui a pas sonnages». Je voulais qu’on sans que jamais elle ne passe un côté Cyrano. C’est un loser souvent demandé d’exprimer... baigne dans l’histoire, qu’on se au premier plan... magnifique, vantard et touchant, sente comme enveloppé par J-P. R. : Je voulais que ce soit plein d’humour, de dérision et V.G. : Comment et pour- cette histoire, on a ainsi uti- crédible avec le peu de moyens de contradictions. quoi avoir choisi Christophe lisé beaucoup de longues fo- qu’on avait, parce que ce n’est Offenstein comme directeur cales. Même dans les égouts pas un film cher, mais sans V.G. : Qu’est-ce qui vous a de la photo ? - qui étaient de vrais égouts et pour autant, c’est vrai, vouloir amené à choisir Gilles Lellou- J-P. R. : C’était une évidence ! pas un décor ! Ce qui, pour le en mettre plein la vue ! On s’est che pour jouer ce journaliste Je connais Christophe depuis 15 point, n’est pas l’idéal. Mais il même servi des contraintes ambigu et Alice Taglioni pour ans. Il était chef électro sur «Julie n’y avait pas de raison qu’on qu’on avait qui faisaient qu’on interpréter Julia la compagne Lescaut» quand moi je débutais soit mieux lotis que la bande de ne pouvait pas tout d’un coup de Spaggiari? et il a éclairé la pièce des Robins Spaggiari quand ils avançaient faire un plan à 360° sinon il fal- J-P. R. : J’ai pensé à Gilles très des bois. C’est donc un vieux dans les égouts ! J’aimais cette lait refaire toute la rue, ce qui très vite lorsqu’on réfléchissait pote. Il m’avait toujours dit : «Le idée qu’on soit gênés, qu’on nous était impossible ! Pareil à la relation de ces deux hom- jour où tu fais un film, tu penses ait peu de place, exactement pour le lieu de tournage, j’avais mes. Je ne saurais pas dire à moi, hein !» Donc je ne pouvais comme eux. L’atout de Chris- bien fait faire un devis pour exactement pourquoi. Sans pas ne pas faire appel à lui. Sauf tophe, c’est qu’il travaille très tourner le film en Argentine ou doute simplement parce qu’il a que lui, entre-temps, est devenu vite. Avec lui, on est toujours au Brésil, mais c’était impossi- du talent ! Déjà, je voulais qu’il très demandé, surtout après NE sur le feu. «Allez on y va ! On y ble ! On a trouvé le Portugal et y ait un rapport d’âge assez LE DIS À PERSONNE. Mais il a va !» Au bout d’un moment, tout on s’est dit que ça marchait. Ma proche - justement pour que refusé des films pour pouvoir le monde est dans cette même référence, c’était Z de Costa- la fascination soit moins atten- faire le mien ! On a très bien tra- énergie, les acteurs en premier. Gavras. Il a tourné en Algérie et y due, moins évidente. Ces deux vaillé ensemble, il est tellement Et c’est formidable ! a inventé une dictature méditer- mecs ensemble, c’est un peu dynamique, tellement présent, ranéenne. On a inventé un pays «Amicalement vôtre !» Ce sont tellement au service du film. Moi V.G. : C’était facile pour vous qui n’existe pas, dont on ne dit deux personnages qui auraient je lui disais : «J’aimerais bien que d’être à la fois devant et der- jamais le nom, dont la langue est pu être à l’école ensemble et ce soit comme ça» et lui, il réflé- rière la caméra ? à mi-chemin entre l’espagnol avoir ensuite des parcours de chissait à la solution... On a beau- J-P. R. : Les deux premiers et le portugais, et dont le look vie très différents. Gilles, je le coup préparé et découpé avant jours, je n’ai pas joué. Je vou- semble inspiré par «Tintin et connaissais sans jamais avoir le tournage, parce que je voulais lais un peu m’habituer ! Et le les Picaros» - par exemple, les travaillé avec lui. Je l’aime être prêt - au moins psychologi- troisième, qui était mon premier uniformes des policiers, le por- beaucoup comme acteur, et quement ! Ça me rassurait même jour comme acteur, c’était avec trait du dictateur à l’aéroport ! quand je le voyais au cinéma, si ça ne m’empêchait pas de tout Gérard Depardieu ! La scène où C’est une fiction, pas un docu- je trouvais qu’une partie de lui changer une fois sur le plateau... Spaggiari va voir les Marseillais. mentaire ! Ce qui était impor- 10 11 tant, c’étaient les ambiances, un peu pathétique du person- les atmosphères... Je voulais nage, ce mélange de panache des vieilles voitures, je voulais et de pudeur, de sympathie et que les rues soient quasiment de zones d’ombre. Bref, sa désertes - comme dans BLOW complexité humaine... UP d’Antonioni, qui est un de mes films préférés - pour accen- V.G. : Cette première expé- tuer le côté «ville fermée», pour rience vous a-t-elle donné renforcer l’impression d’étran- l’envie de continuer la mise geté, de menace, de danger... en scène ? Je ne voulais pas qu’on ait le J-P. R. : Oui, j’ai pris un immen- sentiment de feuilleter un livre se plaisir à diriger les acteurs, de déco, où il ne manquerait même si je l’avais déjà fait au aucun accessoire d’époque. Je théâtre, mais là, tout s’est telle- préférais que ça fasse «vécu», ment passé dans la confiance et que les époques se mélangent, la bonne humeur avec Gilles et s’additionnent, comme dans la Alice, et tous les autres, comme «vraie vie». En revanche, quand la comédienne Pom Klementieff on a pu, comme pour l’évasion qui interprète la vendeuse Viet- du bureau du juge, on a tourné namienne, qui vient du Cours dans les endroits où l’action Florent et qui est parfaite, que s’était vraiment déroulée. Bon, c’était un vrai régal... J’ai bien on n’a pas pu tourner à la Socié- aimé aussi diriger l’équipe, le té Générale de Nice et on a dû côté «capitaine» ça me plaît bien reconstruire la salle des coffres finalement, d’autant que lorsque en studio, mais on a visité les vous arrivez sur le plateau avec vrais égouts. On y voit encore la une histoire que vous avez écrite marque du trou que Spaggiari et que vous voyez tous ces gens et ses hommes avaient creusé. qui sont là pour vous, pour vous Le ciment n’est pas le même... permettre de la faire exister, c’est extrêmement touchant... V.G. : Qu’est-ce qui vous tou- C’était une équipe au sens pro- che le plus chez Spaggiari pre du terme ! Le matin, tout le aujourd’hui, après l’avoir in- monde arrivait avec la pêche, terprété et après avoir raconté sans aucun orgueil mal placé. une partie de son histoire ? Personne ne tirait la couverture J-P. R. : Sa mélancolie, le côté à lui, ils étaient tous au service de l’histoire. Ils étaient tous for- midables, le premier assistant Mathias Honoré, l’ingénieur du son Jean-Marie Blondel, le monteur Stan Collet, le musi- cien Alexandre Azaria... J’ai déjà envie de retravailler avec eux ! Il n’empêche que pour l’instant, j’ai du mal à me penser comme «metteur en scène». Peut-être que ça viendra au deuxième film. J’ai bien envie d’en écrire et d’en réaliser un autre. Je ne sais pas pour l’instant quel en sera le sujet, ni même si je joue- rai dedans... C’est un peu pré- maturé. Sortons déjà celui-ci, et on verra... VINCENT GOUMARD

Jean-Paul Rouve et son chef opérateur Christophe Offenstein 4 13 LES GENS BIOGRAPHIE DE ALBERT SPAGGIARI (14 Décembre 1933 - 8 Juin 1989)

Albert Spaggiari est né dans le C’est ainsi qu’au cours du Roulant toute la nuit, elle passa Bibliographie : village de Laragne-Montéglin. week-end du 17-18-19 Juillet la frontière française avec son «Faut pas rire avec les Un village en pente douce 1976, il dérobera près de 50 cadavre et le déposa le 10 Juin barbares» en 1977, de Albert aux pieds des Alpes de Haute millions de francs ! Des jours au matin devant chez sa mère à Spaggiari. Provence. Un village tout en mémorables, largement fêtés Hyères ! «Les égouts du paradis» pierres, flanqué d’une église sur place ! Il est enterré à Laragne- en 1978, de Albert Spaggiari. rafraîchissante et d’une grand- Dans les coffres, ils trouvèrent Montéglin. «Le journal d’une truffe» place avec des cafés à tous les tout et n’importe quoi comme Albert Spaggiari, même s’il fut en 1983, de Albert Spaggiari. coins ! D’ailleurs, le jour de la des photos compromettantes de un voleur, laissa le souvenir naissance d’Albert, son père en notables. d’un homme roublard, Cinéma : habits du dimanche, le pli du Au lundi matin, ce que les charmeur, drôle, aimant à se LES ÉGOUTS DU PARADIS Air Latina, numero 1 sur le soleil pantalon fin comme du papier employés de la Banque grimer pour attiser et alimenter en 1979, de José Giovanni à cigarettes, en a fait le tour ! trouvèrent, eux, ce fut juste un son propre mythe. Car non avec Francis Huster Mais quand Albert atteint l’âge mot : «Ni arme, ni violence et content de vouloir les millions, Et évidemment SANS ARME, de trois ans, celui-ci décède, sans haine.» il voulait aussi la notoriété ! NI HAINE, NI VIOLENCE le laissant avec sa mère. Spaggiari et le magot envolé ! Le fait qu’il revendiqua la en 2008, de et avec Jean-Paul D’elle, il dit qu’elle a le goût Mais après enquête, il fut non-violence pour son «casse Rouve. de la poire. Elle se remettra en néanmoins arrêté à l’aéroport du siècle» lui apporta une couple et ouvrira à Hyères un de Nice en compagnie de définitive aura populaire. BÉNÉDICTE MARTIN magasin de lingerie où Albert Jacques Médecin, alors qu’ils adolescent aura l’habitude de rentraient d’un voyage en Asie, chiper la caisse pour financer où il photographiait ce dernier. ses lointaines fugues. Il choisira pour sa défense Après des années de voyages, Maître , futur d’errances et de guerre Maire de Nice. Celui-ci ne put (L’Indochine en tant que Para), jamais le défendre car au cours air latina Albert s’installe à Nice et y d’une audience avec le juge, le ouvre un studio de photo. Et 10 Mars 1977, Albert Spaggiari durant quelques années, a s’évada en sautant par la contrario de la vie d’aventures fenêtre. Un saut de 8 mètres qu’il avait jusqu’alors amorti par une voiture. Un menée, il vivra une vie calme complice l’y attendait en moto rythmée par les mariages, afin de prendre la fuite. baptêmes, communions qu’il À partir de là, commença pour photographiera. lui une cavale médiatique. En 1976, après avoir En effet, durant des années, longuement et ingénieusement il narguera la police française réfléchi, il décide de s’attaquer en écrivant des livres chez Clocher de Laragne - Montéglin à la chambre forte de la Société Albin Michel, en donnant des Générale de Nice par les interviews pour Pivot, ou en égouts ! envoyant chaque année, ses Avec du bon sens (il vérifiera vœux au président. Un saut spectaculaire de plusieurs les systèmes de détection Sa cavale, si elle fut médiatique mètres dans le vide sismique et acoustique grâce et ensoleillée (il choisit à un réveil caché dans un comme de nombreux criminels coffre loué, il se fournira l’Amérique du Sud, si souple des alibis) et un bon coup de en la matière) fut aussi de pelle (il creusera accompagné courte durée car la maladie le de gangsters professionnels rattrapa. recrutés sur Marseille et de C’est le 8 juin 1989, en Italie quelques amis d’aventures), au dans un village de montagne bout de trois mois, il accédera à où il s’était réfugié avec sa la salle des coffres ! femme qu’il s’éteindra. Albert Spaggiari, baroudeur 15 Appréhendé en 1977, pour avoir conçu, organisé et réussi le célèbre casse de Nice à la Société Générale, Albert Spaggiari s’évade du bureau du juge d’instruction en sautant par la fenêtre ! Pendant des années, il va rester insaisissable, résistant à toutes les tentatives de la police. Au cours de sa cavale fabuleuse qui le mena en Amérique Latine, il n’hésita pas à rencontrer de nombreux journalistes accordant de fait des interviews et des photos en forme de pied de nez facétieux aux autorités françaises et à entretenir sa notoriété jobarde aux yeux des Français. Vincent, reporter, réussit à l’approcher pendant quelques jours dans une ville du continent sud- américain et découvre un être qui n’a rien à voir avec le grand banditisme, SYNOPSIS mais plutôt une sorte d’Arsène Lupin, généreux et fauché, souffrant de ne pas profiter plus de sa gloire. Un perdant magnifique, un vantard plein d’humour et de contradictions mais qui reste continuellement traqué par la police française.

16 17 Inauguration du Centre National l’année 1976 d’Art et de Culture Georges Pompidou Adoption du code-barres Pinochet au Chili Mort d’Elvis Presley Chaos économique et violence politique Adieux de Pelé au football en Argentine Les bidochons dans Fluide Glacial Coup d’État militaire en Argentine Les actualités Coup d’État militaire en Équateur EN MUSIQUE : Guerre au Liban Vogue du disco avec Émeutes sanglantes à Soweto «La fièvre du samedi soir» en Afrique du Sud L’ de Abba Réunification du Vietnam «Don’t leave me this way» de 1976 à 1982 Mort de Mao Tsé-Toung de Thelma Houston Jacques Chirac fonde le RPR «Ma Baker» de Boney M Premier tirage du loto «Let’s all Chant» Première des «Jeux de 20 heures» de Michael Zager Band «Never minds the bollocks» des Sex Pistols EN MUSIQUE : Sortie de l’album des Clash Albert Spaggiari «You should be dancing» des Bee Gees «Heroes» de David Bowie «Fool to cry» des Rolling Stones «Death of a Ladies’Man» «Daddy Cool» de Boney M de a fait un casse «Dancing Queen» de Abba «Hotel California» des Eagles «Good old fashioned lover boy» de Queen «Exodus» de Bob Marley «Porque te vas» de Jeanette «Animals» de Pink Floyd comme un chanteur «Radioactivity» de Kraftwerk «Don’t cry for me, Argentina» «Premier concert» de Téléphone de Julie Covington «Derrière l’amour» de Johnny Hallyday «Les Marquises» de Jacques Brel aurait fait un tube «Bidon» de Alain Souchon «La java de Broadway» de Michel Sardou «Le carnet à spirales» de William Sheller «Rockcollection» de Laurent Voulzy «Michèle» de Gérard Lenorman «La dernière séance» de Eddy Mitchell «Je vais t’aimer» de Michel Sardou «Le Loir-et-Cher» de Michel Delpech «Qu’est-ce-qui fait pleurer les blondes» «Il a neigé sur yesterday» de Marie Laforêt Entre la poire et le fromage, durant ces années, il était question de : de Sylvie Vartan «L’oiseau et l’enfant» de Marie Myriam. «Pas de boogie-woogie» de Eddy Mitchell Grand Prix de l’Eurovision. «Et mon père» de Nicolas Peyrac «Oxygène» de Jean-Michel Jarre «Avant de nous dire adieu» de Jeane Manson «Love me, Baby» de Sheila

AU CINÉMA : AU CINÉMA : TAXI DRIVER de Martin Scorcese STAR WARS de George Lucas ROCKY de John Avildsen RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE LES HOMMES DU PRÉSIDENT de Steven Spielberg de Allan J. Pakula ANNIE HALL de Woody Allen CARRIE de Brian de Palma L’HOMME QUI AIMAIT LES FEMMES AFFREUX, SALES ET MÉCHANTS de François Truffaut de Ettore Scola NOUS IRONS TOUS AU PARADIS BARROCO de André Téchiné de Yves Robert LE VIEUX FUSIL de Robert Enrico L’EMPIRE DES SENS de Nagisa Oshima EN LITTÉRATURE : LE NOUVEAU DÉSORDRE EN LITTÉRATURE : AMOUREUX de Pascal Bruckner L’ARCHIPEL DU GOULAG III et Alain Finkielkraut de Alexandre Soljenitsyne LE TEMPS DES AMOURS de Marcel Pagnol (Posthume) l’année 1977 Jacques Chirac est élu Maire de Paris l’année 1978 Dernière exécution en France à la prison des Baumettes Accords de Camp David Occupation de Saint-Nicolas-du-Chardonnet Début de l’occupation du Liban Sud à Paris par des catholiques traditionalistes par Israël Terrorisme en Corse Jean-Paul II est élu Pape Sacre de Bokassa en République Coup d’état à Kaboul Centrafricaine État d’urgence au Nicaragua Le Concorde entre Paris, Londres et New York Mise au point de la fécondation in vitro Dernier voyage de l’Orient Express Premier bébé éprouvette du monde 18 19 Marée noire de l’Amoco Cadiz EN MUSIQUE : «La groupie du pianiste» de Michel Berger Enlèvement d’Aldo Moro Sortie de «London Calling» des Clash «Highway to hell» de AC/DC l’année 1982 par les Brigades Rouges «Ma gonzesse» de Renaud «Walking on the moon» de The Police Création de l’UDF «Off the Wall» de Michael Jackson «One step beyond» de Madness Fondation du Hezbollah Enlèvement du Baron Empain «The wall» de Pink Floyd «Call me» de Blondie Solidarnosc interdit en Pologne Dalida chante à New York «Je l’aime à mourir» de Francis Cabrel «Mon fils, ma bataille» de Daniel Balavoine Début de la guerre des Malouines Disparition d’Alain Colas «I was made for loving you» de Kiss Première greffe du cœur artificiel Première édition du Paris-Dakar «I will survive» de Gloria Gaynor AU CINÉMA : Premier bébé éprouvette français Bernard Hinault remporte son premier tour «Born to be alive» de Patrick Hernandez LE DERNIER MÉTRO de François Truffaut Nouveau statut pour la Corse de France «Le freak» de Chic RAGING BULL de Martin Scorsese Attentat à la voiture piégée, Première diffusion en France de Goldorak «Video killed the radio star» de Buggles UN MAUVAIS FILS de Claude Sautet rue Marbeuf par Carlos «One way ticket» de Eruption Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ? Retraite à 60 ans EN MUSIQUE : «In the navy» de Village People de Jim Abrahams, David et Jerry Zucker Majorité sexuelle à 15 ans Début de la New Wave «Bécassine» de Chantal Goya Passage aux «39 heures» (Joy Division, The Cure, The Stranglers) «Manureva» de Alain Chamfort EN LITTÉRATURE : Suicide de Patrick Dewaere Décès de Claude François Décès de Sid Vicious des Sex Pistols LE NOM DE LA ROSE de Umberto Eco Arrivée du Minitel Décès de Jacques Brel LE CHOIX DE SOPHIE de William Styron Premier «Champs-Élysées» à la télévision «Starmania» de Michel Berger AU CINÉMA : DÉSERT de JMG Le Clézio et Luc Plamondon ALIEN de Ridley Scott MORT de Romain Gary EN MUSIQUE : BO de «Grease» BUFFET FROID de Bertrand Blier «Thriller» de Michael Jackson BO de «Saturday night fever» des Bee Gees HAIR de Milos Forman «Ebony and Ivory» de Paul McCartney «Ça plane pour moi» de Plastic Bertrand LES BRONZÉS FONT DU SKI et Stevie Wonder «Alexandrie, Alexandra» de Claude François de Patrice Leconte l’année 1981 «Let’s groove» de Earth, Wind and Fire «Just an illusion» de Imagination «En chantant» de Michel Sardou MANHATTAN de Woody Allen François Mitterand est élu Président «Words» de F.R David «Il ne rentre pas ce soir» d’Eddy Mitchell MOONRAKER (James Bond) de la République face à Valéry Giscard «Un Olympia pour moi tout seul» (live) «It’s a heartache» de Bonnie Tyler de Lewis Gilbert d’Estaing de Renaud «Rasputin» de Boney M SUPERMAN de Richard Donner Abolition de la peine de mort en France «Il était là» de Michel Sardou «Copacabana» de Barry Manilow LE TAMBOUR de Volker Schlöndorff Attentat contre Reagan «Soleil cherche futur» «Le chanteur» de Balavoine APOCALYPSE NOW Attentat contre Jean-Paul II de Hubert Félix Thiéfaine de Francis Ford Coppola État de guerre en Pologne «Le péril jaune» de Indochine AU CINÉMA : KRAMER CONTRE KRAMER Les premiers cas de Sida à Los Angeles «Chacun fait ce qui lui plaît» LES BRONZÉS de Patrice Leconte de Robert Benton Mariage de Lady Di et du Prince Charles de Chagrin d’amour LA CAGE AUX FOLLES de Edouard Arrivée des radios libres «Quand la musique est bonne» Molinaro Mise en circulation du TGV de Jean-Jacques Goldman GREASE de Randal Kleiser Dallas à la télévision LA MALÉDICTION DE LA PANTHÈRE l’année 1980 «Le cimetière des éléphants» de Eddy Mitchell ROSE de Blake Edwards EN MUSIQUE : Fondation en Pologne de Solidarnosc avec à «Femmes... Je vous aime» de Julien Clerc «Kids in America» de Kim Wilde sa tête Lech Walesa «Les corons» de Pierre Bachelet «Tainted love» de Soft Cell L’Irak envahit l’Iran «Afrique Adieu» de Michel Sardou «Fade to grey» de Visage l’année 1979 Lancement de CNN «Cendrillon» de Téléphone «La danse des canards» de Jean-Jacques Lionel Éruption du mont Saint Helens aux USA «Africa» de Rose Laurens «Les lacs du Connemara» de Michel Sardou Le Shah d’Iran s’exile Marguerite Yourcenar est la première femme Début du RAP avec «The Message» «J’aime regarder les filles» de Patrick Coutin Retour de l’Ayatollah Khomeyni élue à l’Académie Française de Grand Master Flash et «Planet rock» «Le retour de Gérard Lambert» de Renaud après quinze ans d’exil Décès de Jean-Paul Sartre d’Afrika Bambaataa «Pour le plaisir» de Herbert Léonard Margaret Thatcher est premier ministre Coluche candidat à la présidentielle Décès de Joëlle Mogensen, «Confidence pour confidence» au Royaume-Uni Sylvie Vartan et Johnny divorcent chanteuse de Il était une fois Saddam Hussein, président en Irak Gérard d’Aboville traverse l’Atlantique de Jean Schulteiss er «Bambou» de Alain Chamfort Bokassa I est renversé en Centrafrique à la rame AU CINÉMA : «Dyslexique» de Buzy et affaire des diamants Sortie de «Pacman», jeu vidéo E.T. L’EXTRATERRESTRE Barbara à Pantin Deuxième choc pétrolier Balavoine s’énerve sur Antenne 2 de Steven Spielberg Première fête de la Musique Conférence des non-alignés à La Havane TOOTSIE de Sydney Pollack organisée par Jack Lang marquant la fin du mouvement EN MUSIQUE : LA BOUM 2 de Claude Pinoteau Décès de Bob Marley Invasion du Cambodge par le Vietnam Fermeture du Club 54 à New York MEUTRE DANS UN JARDIN ANGLAIS Décès de Georges Brassens Coup d’État au Salvador Assassinat de John Lennon de Peter Greenaway Coup d’État en Bolivie «Marche à l’ombre» de Renaud AU CINÉMA : Attentat de l’IRA «Trust» de Antisocial EN LITTÉRATURE : EXCALIBUR de John Boorman coûtant la vie de Lord Mountbatten «Double fantasy» de John Lennon et Yoko LA POTION MAGIQUE DE GEORGES BEAU-PÈRE de Bertrand Blier Éruption de l’Etna en Sicile Ono BOUILLON de Roald Dahl Mère Teresa obtient le Prix Nobel de la Paix «Flash Gordon» de Queen POUR LA PEAU D’UN FLIC Naissance de la fusée Ariane «Boy» de de et avec Alain Delon BÉNÉDICTE MARTIN Lancement du walk man par Sony «Banana Split» de Lio Arrivée de Mac Donald’s en France «Couleur menthe à l’eau» de Eddy Mitchell EN LITTÉRATURE : Mort de Jacques Mesrine «It’s not because you are» de Renaud CHRONIQUE D’UNE MORT ANNONCÉE Sortie de «Space invaders», jeu vidéo «Gaby, oh Gaby» de Alain Bashung de Gabriel Garcia Marquez Le XV de France bat les All Blacks au rugby «Il jouait du piano debout» de France Gall LA BICYCLETTE BLEUE 20 de Régine Deforges 21 d’or, vieux paquets de ciga- rettes, photos licencieuses, croûtes de fromages et quel- LE CASSE ques liasses, saphirs, rubis, émeraudes non emportés par les voleurs. Mais pour ouvrir le coffre- DE LA SOCIÉTÉ fort, les policiers, eux-mêmes ont dû forcer la porte blindée car les voleurs, bien malins, avaient soudé les pênes de GÉNÉRALE celle-ci par l’intérieur afin de C’est le lundi 19 juillet à Nice, che 18, près de 5 milliards se protéger d’une éventuelle après une nuit pluvieuse et d’anciens francs, soit 46 482 offensive venue de la banque, orageuse qu’est découvert 552,46 Francs sont tranquil- mais aussi afin d’en retarder dans le sous-sol de la Socié- lement dérobés ! la découverte. té Générale, «le casse du siè- Pour les policiers qui décou- cle». Tube, s’il en est, d’Albert vrent au matin, l’«audacieux Bien malins et bien orga- Spaggiari. fric-frac», le spectacle de la nisés ! chambre forte est éloquent ! Flamboyant bonhomme Jonchent le sol, coupons Car l’attaque de la Société qui fumait des Boyard d’emprunts, bons du tré- Générale est le fruit de mois maïs et qui ne voulait sor, rentes Pinay, couverts de réflexion, de maraude, de plus voir ses «vieux rêves en vermeil séchant dans des courses aux renseignements engloutis derrière les rê- restes de ragoûts, quignons et de percement d’un tunnel ves des autres». de saucissons aux herbes, à improbable reliant les égouts l’ail, sachets de potages, ver- de la ville à la chambre forte En effet, durant le week-end de la banque. du samedi 17 et du diman- res en cristal à moitié remplis de vinasse, cassoulets, Louis Pour ce, bien pratique, Nice bénéficie du fameux tunnel du Paillon. Celui-ci est le lit d’une rivière quasiment asséchée se jetant sur la Promenade des An- glais. Elle s’enterre à l’entrée de la ville dans un large tun- nel et c’est à ce niveau, dans des souterrains que partent les ramifications servant aux égoutiers. Un vrai gruyère sous la cité ! Albert Spaggiari durant ses «aveux» avouera les repé- rages dans les égouts, les petits croquis, les photogra- phies en douce, les journées aux cadastre, les comptages de pas dans la rue mais aussi la lente recherche de matériel Devanture de la Société Générale à Nice et la difficile constitution de l’équipe. L’équipe ? Une quinzaine de malfrats qui sont pour la moitié de la pègre marseillaise dont

Embouchure du Paillon Pluie de Louis d’or 22 Le lendemain du casse Albert Spaggiari se méfie : et 80 cm de large avec 40 Phrase devenue depuis fort «Il a bien fallu pactiser avec pieds de biche, 30 tournevis, célèbre et qui deviendra le ti- des gens du milieu». et pour 30 burins, 30 lampes de po- tre de son «tube». l’autre des amis : anciens che, 20 martelines, 12 mas- Accolé à cette dernière, il Paras, anciens de l’Indochine, ses, 10 bouteilles de gaz, dessinera un sigle pacifiste : ex-OAS... des durs. 6 détendeurs, 3 chalumeaux, un cercle barré de trois traits. 1 perceuse électrique, 1 lance La patte de la colombe. «puissance de sa logisti- thermique ! que» Le refus de la violence et Puissance de la logistique la jobardise du personna- C’est avec eux qu’Albert pour cette prudence constan- ge le feront entrer dans mettra en œuvre la «puissan- te quant aux bruits des tra- la légende. ce de sa logistique», après vaux ! Le butin fut partagé dans sa s’être assuré de l’absence de Puissance de la logistique maison de campagne située caméras, de systèmes de dé- pour le ravitaillement de nour- à quelques encablures de tection et d’alertes diverses. ritures mais aussi de femmes, Nice : les Oies Sauvages, une Puissance de la logistique effectué, durant toutes ces tour de guet, évaporée sur les quant au creusement d’un 6 semaines de labeur, par flancs d’une montagne nua- tunnel de 8 mètres de long canots pneumatiques dans geuse. les eaux boueuses, infestées Ce casse dans les semaines de rats ! qui suivirent, suscita grand Puissance de la logistique par intérêt ! Citons le cas de la la présence étonnante, sur Société Générale qui, limite place, d’un expert en joaillerie ridiculisée, offrit une prime leur évitant ainsi d’emporter d’un million de francs à qui- camelote et verroterie. conque fournirait des rensei- Puissance de la logistique gnements. par la mise à disposition d’un Ou du fameux mot de Jac- médecin en cas de vomisse- ques Médecin, alors maire ments ou tremblements ner- de Nice qui lança chez Phi- veux divers ! lippe Bouvard un tonitruant Puissance de la logistique «Chapeau», saluant ainsi la pour la mise en place minu- performance des voleurs ! tieuse d’alibis, comme des Tout comme le pensait l’opi- fanfaronnades et joyeusetés nion publique ! organisées dans des bars. Ce sont des troisièmes cou- Puissance de la logistique teaux du casse qui après jusqu’au moindre détail com- avoir parlé firent se porter les me garder le moral en dépit soupçons sur Spaggiari. Un des difficultés nouvelles qu’ils petit photographe sans his- rencontrèrent à chaque étape. toire. Ce que l’on appelle le «pud- Cerveau ou lampiste ? ding» en est une illustration. La question se posa un temps, Alors qu’ils pensaient venir à l’agaçant fortement. Du coup, bout du tunnel, ils tombèrent il n’aura de cesse de prouver sur plusieurs épais centimè- durant sa cavale que ce cas- tres de ce méchant mélange se, c’était son idée ! de gravats, ciment, amiante, En ce qui concerne la Société galets. Juste avant le bé- Générale, une psychose s’en ton armé, dernier rempart empara quand un mois après, de taille avant la salle des le 17 août au matin, un autre coffres, arraché «écaille par casse fut découvert, cette écaille». fois dans une succursale pa- Et enfin, puissance de la lo- risienne. Précisément sur l’île gistique comme le décalage Saint-Louis. Passé par les de dernière minute du cas- quais de Seine et après avoir se, dû à la venue en grande creusé un tunnel, il y fut dé- pompe du Président Valéry robé 12 millions de francs. Giscard d’Estaing à Nice ! Jamais retrouvés. Après avoir fracturé quelque 317 coffres sur 4000, Albert BÉNÉDICTE MARTIN Spaggiari laissa au mur, écrit sur un large papier et en lettres bâton, l’inscription : «Ni arme, ni violence et sans haine». Albert Spaggiari réunit ses amis, anciens d’Indo et Des semaines de galère 24 Paras pour effectuer le «Casse du siècle» comme des rats dans la boue La prison, Albert Spaggiari la connaissait ! Et d’elle, il n’en pouvait plus ! Le 10 mars 1977, le voilà qui s’échappa de façon royale du cabinet du juge au Palais de justice de Nice, où il était entendu régulièrement depuis des semaines. Par la fenêtre, il sauta. À la barbe et au nez du juge et de évasion son avocat. Un saut de plus de 8 mètres qui s’acheva en roulé-boulé sur le toit d’une voiture garée en dessous. Il faut dire que du fond d’Albert Spaggiari de sa cellule, Albert s’est longtemps entraîné à cette évasion qui fut possible grâce à l’aide de ses amis de toujours. Dans sa chute, il perdit ses éternelles Ray-Ban mais prestement les ra- massa. On ne se refait pas ! Avant d’enfourcher la moto qu’un de ses compli- ces faisait chauffer depuis de longues minutes sous la fenêtre. Et c’est à travers les rues étroites du Vieux Nice qu’ils s’enfuirent. Di- rection le parking Masséna qui ne se trouve qu’à quel- ques centaines de mètres du tribunal. Là, il se cache sous une couverture dans le coffre d’une voiture et se rend, ainsi caché dans un appartement du chic quar- tier Ouest de Nice, entre le port et Coco Beach. Le lendemain, les journaux écrivaient : «Cette fois en- core, l’homme a bien réussi son coup». BÉNÉDICTE MARTIN

27 Le casse a été une telle réussi- te que les voleurs n’ont pu tout Casse du siècle, casse du siècle, casse du siècle ! emporter ! C’est un tapis de dia- mants, émeraudes, topazes, tur- quoises qu’ils laisseront derrière eux dans la salle fracturée ! Le butin est partagé dans un appartement anversois par les cambrioleurs avant de partir pour l’Italie par l’autoroute. C’est là, sur IL N’Y A un abord qu’ils jetteront bêtement des preuves comme les tickets de caisse du matériel acheté ayant servi au casse, ainsi que des restes de sandwichs donnant de fait leur ADN aux policiers chargés le casse d’Anvers de l’enquête. QUE DES CASSES 2 dans le «brillant km », 15 février 2003.

Casse remarquable tant par sa logistique intelligente que par la bêtise dont les voleurs ont fait DU SIÈCLE ! durant leurs exercices sportifs preuve en voulant éliminer les journaliers. preuves ! C’est le casse de la Société Générale car chaque décennie nous sert son Il s’enfuit en Australie à Adélaïde C’est à Anvers dans le Cen- où il recommença à vivre une vie tre Anversois du Diamant (9/11 de Nice qui reçut pour la première fois «casse du siècle» ! C’est vous dire si toute ordinaire avec femme et en- Shupstraat) en plein dans le fants. Un signalement le dénon- quartier ultra protégé des dia- dans les médias, l’appellation de «casse les siècles rapetissent ! çant le força à rejoindre Melbour- mantaires que le 15 février 2003, L’un deux fut donc arrêté, c’était du siècle». Mais on peut tout de même en dénom- ne puis finalement le Brésil. Brésil 123 coffres sur 160 ont été vidés où les lois d’extradition avec le le locataire du bureau, ainsi que le de leurs contenus ! propriétaire de l’appartement où ils Une appellation, dont on peut désor- brer trois qui se distinguent de par leur Royaume Uni ne fonctionnaient Date très importante car ce jour- pas dans la mesure où il avait un se divisèrent les pierres précieuses mais dire qu’elle est d’origine contrôlée caractère extraordinaire : les voici. là, la Belgique est en arrêt devant en en laissant dans l’enthousiasme sa télé pour le tournoi opposant de nombreuses sur le tapis du la tenniswoman Wallonne Justine salon ! Hénin contre la Flamande Kim Le temps que les chauffeurs lie Wilson, Jimmy Hussey, Roy Ja- À ce jour, aucun des diamants n’a Clijsters. été retrouvé ! l’attaque du train postal vérifient le pourquoi de cet arrêt mes, John Wheater, Brian Field, Londres-Glasgow, non prévu, l’un deux fut esbaudi par Jimmy White, Tommy Wisbey, Gor- 8 août 1963 un grand coup à la tête ! Le pauvre don Goody, Buster Edwards... Une le casse de Genève, ne s’en remettra jamais... Et l’autre vraie équipe dont quelques-uns de perpétré Est le nom qui a été donné à un vol réquisitionné par les voleurs afin de ces hommes étaient des anciens le 25 mars 1990. d’ampleur exceptionnel perpétré mener la locomotive sur une gare Paras de l’armée britannique. dans la nuit du 8 août 1963 à de triage à un demi-mile de là. Oui ! Et c’est tout simplement qu’ils ont Laissant à la banque une grosse Bridgewo Railway Bridge, Ledburn Réquisitionné car les voleurs ne chargé le butin dans des véhicules tristesse de 31,4 millions de francs dans le Buckinghamshire. Jamais s’étaient pas entraînés à conduire garés le long des voies. enfant d’une ressortissante bré- suisses soit 220 kilos de billets, le butin qui s’élevait à près de 2,6 sur des trains diesel ! Quand la police arriva sur les lieux, silienne. C’est ainsi, à Rio qu’il eux aussi jamais réapparus ! elle retrouva un jeu de Monopoly millions de Livres Sterling, soit 68 vécut intouchable et tranquille Il aura fallu près de deux ans de millions de dollars actuels ou 46 avec lequel les voleurs s’étaient durant plusieurs années. Avec sa amusés après le casse, laissant préparation pour ce casse effectué millions d’euros n’a été retrouvé. part, fort agréable, du butin. en moins de cinq heures. De plus, ce dernier était en 125 ainsi leurs empreintes digitales sur Mais en mai 2001, Ronald Biggs tous les jetons ! Infiltration des lieux en louant un sacs remplis de petites coupures alors âgé de 71 ans, volontaire- bureau dans l’immeuble, location usagées qui se destinaient à la 13 sur 15 furent arrêtés et furent ment s’en retourna en Angleterre condamnés à l’emprisonnement d’un coffre et d’une place de destruction. soigner une santé vacillante qui parking permettant avec le badge Pris d’assaut à 6h50 du matin, le lors de leur procès, le 16 avril déjà lui avait donné 3 attaques 1964. un accès souterrain pratique à toute train a été stoppé par un feu rouge cardiaques. Évidemment, il alla heure. Composition d’une équipe à un échangeur. Feu rouge créé Ronnie Biggs qui faisait partie du droit en prison où il y est encore. lot s’échappa de prison quinze où chacun est spécialiste dans par un gant placé manuellement, Les voleurs : un gang de quinze Mais en août dernier, il fut an- son domaine : serrurier, électricien, tout simplement devant le feu vert membres mené par Bruce Rey- mois après la sentence, en se noncé qu’en raison de son état servant d’une échelle laissée dans bijoutier... afin de déjouer tour à tour de la voie ferrée et allumé par une nolds et dont le fameux Ronald de santé, il bénéficierait sûrement tous les systèmes de sécurité. petite batterie de 6 volts ! Biggs faisait partie. Ainsi que Char- la cour intérieure par les prisonniers d’une grâce.

par BÉNÉDICTE MARTIN 28 29 ALICE TAGLIONI son entretien

Vincent Goumard : Quand est-ce que Jean-Paul Rouve vous a parlé pour la première fois du projet ? Alice Taglioni : Sur le tour- nage de L’ÎLE AU TRÉSOR. Il m’a raconté qu’il écrivait un scénario sur la vie de Spaggiari, sans me dire qu’il pensait à moi pour jouer le rôle de Julia, la compagne de Spaggiari. Il m’en parlait juste comme un de ses futurs projets. Quelque temps plus tard, il m’a donné à lire le scéna- rio en me proposant le rôle. Avant de commencer la lecture, j’espérais vraiment être séduite par le rôle et par le scénario parce que j’aime beaucoup Jean- Paul. C’est toujours difficile de dire non à quelqu’un qu’on estime. Heureu- sement, en refermant le scénario, je n’ai eu qu’un mot à la bouche : «Oui !». J’ai trouvé que c’était re- marquablement écrit, qu’il y avait dans toute cette histoire beaucoup d’hu- mour, de finesse et de sen- sibilité. Et que la relation de 31 elle joue la compagne d’Albert Spaggiari Spaggiari et de sa femme V.G. : Auriez-vous aimé des livres ou des films sur là, oui, je peux faire des re- était très touchante et très rencontrer la vraie Julia ? l’époque ou sur le sujet ? cherches par moi-même. bien décrite. J’ai donc dit A.T. : Je savais que ce A.T. : Il m’a donné «Fai- Avec Jean-Paul, il suffisait oui tout de suite. n’était pas possible car tes entrer l’accusé» et un que je l’écoute, que je me elle veut rester à l’écart de documentaire, que j’avais nourrisse de sa connais- V.G. : Quelle image tout ça. Elle ne veut pas déjà vus. Je n’ai pas voulu sance et de sa passion d’Albert Spaggiari aviez- du tout se faire connaître. les revoir parce que je pré- pour le sujet. vous avant de faire ce Elle n’a pas écrit de livre fère rester vierge de tout film ? sur la vie de son mari, ni pour travailler un rôle. Il m’a V.G. : Comment vous a-t- A.T. : J’avais vu le «Faites sur leurs années de cavale parlé aussi des ÉGOUTS il parlé de votre rôle ? entrer l’accusé» sur Spag- alors qu’elle a vraiment DU PARADIS mais je n’ai A.T. : Il m’a juste dit que giari ainsi que d’autres re- tout plaqué pour partir pas eu envie de le voir. Romy Schneider aurait été portages télé qui lui étaient avec lui. Elle sait que le film Moi, j’aime bien travailler parfaite pour le rôle de Ju- consacrés. J’avais été as- s’est fait mais elle n’a pas sur l’imaginaire et le scé- lia ! [Rires.] Il ne pouvait pas sez impressionnée par son désiré y participer. Je res- nario de Jean-Paul était mettre la barre plus haut ! histoire mais ce qui m’avait pecte cela complètement. suffisamment dense pour Mais j’ai compris ce qu’il marquée, c’était la signatu- Par ailleurs, Jean-Paul a nourrir mon personnage. voulait dire. Tout en étant re qu’il avait laissée dans la choisi une approche plus Lorsque je fais confiance à très présent, c’est un per- salle des coffres de la So- romanesque que docu- un metteur en scène, lors- sonnage qui garde un côté ciété Générale qu’il venait mentaire. C’est sûr, par que je sens qu’il maîtrise mystérieux. Il y a en elle du de cambrioler : «Ni arme, exemple, qu’il a montré son sujet, cela me suffit. Je tragique qui transparaît de ni violence et sans haine». leur cavale sous un aspect ne veux pas prendre le ris- manière insidieuse, quel- Son audace m’avait beau- plus glamour qu’elle de- que de parasiter le person- que chose de cassé alors coup plu. Lorsqu’il s’enfuit vait l’être en réalité. Je ne nage en le nourrissant de même qu’elle reste très di- plus tard par la fenêtre du pense pas qu’il y ait autant tas d’informations glanées gne. Elle sait exactement bureau du juge qui l’inter- d’excitation dans une vie ici ou là. Parfois, moins on ce qui va arriver à son mari, rogeait, il a un côté Zorro où il faut sans cesse se ca- en sait, mieux c’est ! On res- elle sait qui est son mari, et qui défie la police. Je com- cher, se méfier de tout et te dans le point de vue du elle décide de rester avec prends qu’on ait envie de de tous, être toujours prêt metteur en scène. Ce n’est lui et d’être raisonnable porter son histoire au ci- à fuir... D’ailleurs, on le voit pas pour rien que Francis pour deux. néma. Ce que j’aime bien bien, à la fin, lorsqu’on les Veber veut parfois que ses dans le film de Jean-Paul, retrouve loin des palaces acteurs soient le plus neu- V.G. : Vous, qu’est-ce qui c’est qu’il ne fait pas pas- dans une cité HLM ! tre possible. Il peut ensuite vous touche dans ce per- ser Spaggiari pour un hé- travailler comme un pein- sonnage ? ros. Il n’oublie pas de nous V.G. : Jean-Paul vous a-t- tre, avec une matière qui lui A.T. : C’est le fait qu’elle ait rappeler qu’il était un peu il demandé de vous do- appartient, sans avoir be- choisi de vivre un amour facho, il montre son côté cumenter pour travailler soin de gommer les «trucs» absolu, total et désintéres- mythomane, dérisoire et votre personnage ? Est- de ses acteurs. Bien sûr, ce sé. Elle avait tout pour elle : pathétique... ce qu’il vous a fait passer n’est valable qu’avec des argent, éducation, mari... metteurs en scène qui ont Elle a tout sacrifié pour lui. une vision, une idée pré- Elle a tout fait par amour cise de ce qu’ils veulent. et pour l’amour. Au fond, Quand ce n’est pas le cas, Spaggiari représentait tout ce qu’elle n’avait pas dans sa vie, qui était tracée d’avance. Lui, il avait une part de mystère, il trans- portait avec lui ce parfum de voyou, de mauvais gar- çon qui plaît aux femmes, il était excentrique, il avait une gueule, du charme, de la prestance, de l’humour. Il avait un côté insaisissa- ble. Elle a été séduite par l’imprévu, le risque qu’il représentait. Ils sont restés sept ans ensemble, en ca- vale, puis il est mort. Ces sept ans ont changé sa vie. Julia est un beau per- sonnage de cinéma qui, je pense, ne doit pas être 32 très loin de ce qu’elle était «journaliste». Ce qui n’em- ment de choses qu’il n’y a forte dans le film grâce à prises de risque et... il fait Je n’avais pas l’impression geait. Je pense qu’on a larmes monter ! C’est pour dans la réalité - même si pêche pas que quelque plus qu’à se laisser porter. ces costumes magnifi- toujours les mêmes bla- qu’il dirigeait son premier encore plus peur de déce- ce genre de détails que je elle était brune. Il n’y a qu’à chose d’un peu ambigu se Il a de la présence, de l’in- ques. En plus, j’ai réalisé gues nulles ! Sauf qu’à un film ! D’ailleurs, quand j’ai voir quelqu’un qu’on aime. dis qu’il a été super pro, voir comment aujourd’hui développe entre eux. Sans tensité, il n’est jamais dans qu’être habillée en fille, ça moment donné, on le sent vu le film terminé, je lui Même si je n’ai pas avec parce qu’il a bien senti encore elle garde ses dis- doute parce qu’elle est tou- la pose... Il fait partie de m’allait bien ! [Rires.] investi de la responsabilité ai dit : «Montre-nous les Jean-Paul l’intimité que que ce n’était pas la peine tances, comment elle re- chée de constater à quel ces nouveaux acteurs, de du tournage et alors, on 50 que tu as faits avant !» j’ai avec Jocelyn [Rires], de m’angoisser six mois fuse de s’étendre sur sa point il est fasciné, ébranlé ces nouvelles gueules du V.G. : Comment définiriez- ne plaisante plus. Mais il C’est tellement maîtrisé. nous nous apprécions avant la scène. vie passée. Elle veut rester et ému par Spaggiari. Le cinéma qui apportent une vous Jean-Paul comme est cool. Il a su s’entourer Sans parler du fait qu’on a beaucoup, cela s’ajoute au seule avec ses souvenirs, cœur du film, c’est bien autre façon de jouer, quel- metteur en scène ? d’une équipe très efficace fini de tourner en octobre défi d’aborder un nouveau V.G. : Aviez-vous le sen- sans les dévoyer, en les li- sûr ce qui se passe entre que chose de moderne... A.T. : Il est surprenant. On et très pro, ce qui lui donne et que le film est déjà prêt ! rôle. Et puis, c’est difficile timent que c’était facile vrant au public. Spaggiari et lui, mais aussi, C’était très agréable de s’était rencontrés au Fes- liberté et sérénité : Christo- C’est vrai que l’expérience de ne pas rire avec Jean- pour lui de changer de d’une certaine manière, en- jouer avec lui. tival de l’Alpe d’Huez mais phe Offenstein, le chef-op, qu’il a acquise avec Les Paul. Alors, lorsque nous casquette ? V.G. : On a le sentiment tre eux trois... c’est sur le tournage de Mathias Honoré, le parfait Robins, et cette manière nous sommes retrouvés A.T. : Je ne sais pas mais que Julia se méfie de tout, V.G. : Une grande atten- L’ÎLE AU TRÉSOR qu’on a premier assistant... Chris- qu’ils avaient d’avoir l’œil dans une ambiance de lorsqu’il jouait, c’était mi- plus que Spaggiari lui-mê- V.G. : Avec Gilles Lellou- tion a été portée à vos te- vraiment fait connaissance. tophe filme de manière sur tout, l’avaient préparé travail, très sérieuse, très gnon de le voir demander me. On a même l’impres- che, vous vous connais- nues, à votre coiffure. Ça Avec Alain Berbérian, Gé- très rapide, il bouge tout à ça. concentrée, où il me don- à son chef-op ou à son sion, face au «journaliste», siez ? participe à votre plaisir rard Jugnot, lui et moi, nous le temps, il fait vivre la ca- nait des directions, c’était premier assistant : «Et là, qu’elle comprend la situa- A.T. : On s’était simple- d’actrice ? étions heureux ensemble. méra comme si elle était V.G. : Qu’il soit aussi ac- un peu déstabilisant. Mais c’était bien ?». Il avait be- tion plus vite que lui... ment croisés dans un festi- A.T. : J’ai été très heureuse On aimait rire, et on riait elle-même un personnage, teur, est-ce que ça chan- il a été génial et rapide- soin d’un regard extérieur. A.T. : Oui. C’est un per- val. C’était la première fois et très fière d’être habillée des mêmes choses. Jean- il intègre parfaitement la ge les choses ? ment, tout s’est très bien Mais il s’en sortait plus que sonnage actif, sans cesse qu’on tournait ensemble et par Azzaro. Les costumes Paul, c’est un excellent ac- technique à la dramaturgie. A.T. : Bien sûr ! C’est un passé. bien ! C’est d’ailleurs un sur le qui-vive, qui réfléchit c’est une belle rencontre. de Julia, c’est presque teur, très investi, très drôle, Sa complicité avec Jean- atout formidable. Il sait ce partenaire formidable. Qui tout le temps et se méfie Gilles est un excellent ac- un personnage à eux tout très généreux, plein de vie. Paul était parfaite car Jean- que les acteurs attendent V.G. : Y a-t-il une scène n’a peur de rien, d’aucune de tout le monde pour pro- teur dont le jeu vous donne seuls. Il y a une vraie unité Eh bien comme réalisateur, Paul aime bien aller vite. Il d’un réalisateur, il connaît que vous appréhendiez ? audace, d’aucun ridicule, téger Spaggiari. Elle a cer- toujours la possibilité de derrière, une belle cohé- il est le même. Il est tout est directif sans être autori- leurs angoisses, il sait ce A.T. : La scène de la ren- d’aucune perruque... Il fait tainement compris en effet rebondir, qui est très ins- rence. Sans être une icô- autant investi, il a la même taire. Il sait ce qu’il veut, et qu’il faut leur dire et ce contre, parce que c’était la un Spaggiari plein de vie avant lui la vraie nature du pirant. Il vous donne telle- ne, Julia a une image très énergie, il aime autant les surtout ce qu’il ne veut pas ! qu’il vaut mieux éviter. Il première qu’on a tournée et d’élans comiques - et m’a vraiment bluffée. Avec ensemble. Et la scène de en même temps, très tou- deux ou trois mots, il sa- la fin, lorsque Julia révèle chant. Je me souviens de vait me mettre sur la voie. au «journaliste» que Spag- la scène lorsqu’on arrive Il possédait une parfaite giari est condamné. Dès au restaurant il en fait des maîtrise de son histoire que je l’ai lue, bien avant le tonnes, et ça marche ! Et et de ses personnages. tournage, je lui ai dit : «Il ne quand il parle au serveur de Il n’était pas comme un faut pas que tu me deman- manière incompréhensible, auteur qui estime que son des de pleurer, je n’aime c’est tellement drôle. travail s’arrête à ce qu’il a pas ça, et je ne sais pas le écrit dans le script. Il était faire !». Il m’a répondu : V.G. : Qu’est-ce qui vous conscient des nuances, «Ne t’inquiète pas, Julia touche le plus chez lui ? des couleurs de chaque ne pleure jamais. Regar- A.T. : C’est bête à dire mais personnage. C’était gé- de, c’est même marqué je crois que c’est ce côté nial de sentir tout ça chez dans les didascalies». Ar- enfantin qu’il a gardé. Il a lui. Pour chaque scène, il rive le jour du tournage, il tout le haut du visage avec connaissait exactement se met juste derrière moi son regard qui pétille qui l’état psychologique de et me dit : «Alors là, elle est le même que chez son Julia, dans quelle situation craque, il faut que tu y fils de trois mois ! J’exagè- elle était, comment jouer ailles à fond, il n’y a plus re sûrement mais à peine... telle scène à tel moment. de dignité qui tienne !». Quand il était très heureux Cela m’a beaucoup aidée, Je me retourne vers lui et d’une scène, il me prenait d’autant que, contraire- j’ai une espèce de montée dans les bras et il sautillait ment à mon habitude, d’angoisse atroce ! «Tu es comme un bambin ! J’aime j’avais un peu le trac avant un salaud ! Tu ne m’as dit aussi ce regard bienveillant le tournage. qu’elle ne pleurait pas». qu’il a sur ses personna- Il ne voulait rien savoir, il ges, et la mélancolie qui se V.G. : Pourquoi ? s’est mis devant le combo dégage de cette histoire. Je A.T. : Justement parce que et on a tourné. Sans cou- pense que ce film ne va pas je le connaissais. C’est très per, pendant que la camé- juste passer, mais laissera dur de tourner sous la di- ra tournait, il me donnait une trace. Ce n’est pas un rection de quelqu’un qu’on des indications - «Non, re- énième film de gangsters. connaît et qu’on aime. Sû- dis-le ça, elle ne peut pas Il est singulier, inattendu et rement pour des raisons dire ça comme ça ! Re- inclassable. de pudeur. J’ai connu ça fais-le» - et on enchaînait. VINCENT GOUMARD avec Jocelyn [Quivrin] J’étais tellement furieuse quand il faisait son court contre lui que j’ai senti la métrage et qu’il me diri- colère m’envahir et... les

35 a blonde Déjà à l’époque... Une époque pas si lointaine... Une époque où les films se vivaient en noir et blanc... Oui, déjà à l’époque, le des cinéma les adorait ! Et ce n’est pas Marilyn Monroe, la blonde de toutes les blondes qui démentira cette affirmation ! Pour l’aspect virginal de leur chevelure qui contrastait avec leurs lèvres. Lèvres qui même, à peine rosées, étaient comme années 70 des feux d’alarmes. Incendies allumés sous les projecteurs et dans le cœur des hommes. Le cinéma français des an- Des femmes maniant les La blonde des années 70 nées 70 ne fut pas en reste, codes de la féminité ; des était ce que la petite brune lui qui vit apparaître un gen- années 70, érotisantes à fut aux années 80. re nouveau : la bourgeoise souhait, à leur éducation Détrônée vite fait, derrière blonde qui a de l’humour. proprette d’un après-guerre l’objectif, par des héroïnes Et Julia, le personnage in- prospère. plus «animales», plus «sau- carné par Alice Taglioni dans Perchées sur des chaussu- vages». Dignement incarnée le film en est l’archétype res dangereuses, c’est le par des actrices comme Isa- même. genre de femme que rien ne belle Adjani, Valérie Kaprisky De Stéphane Audran, Ca- dérange. Des grandes bour- ou Sophie Marceau. therine Deneuve à Mireille geoises calmes. Que même BÉNÉDICTE MARTIN Darc, elles ont été nombreu- le vent dans leurs cheveux ses à jouer entre la douceur ne passe pas... Imperturba- et le rire, de grandes filles bles et fortes. bien élevées qui glissaient Mais les canons de la beau- dans les films en robes de té changent avec les sai- soie. Des lianes éthérées sons... Et à croire qu’un en tailleur. Des femmes lé- coup de vent brûlant souffla gères comme des parfums sur le septième art, mais ce qu’on vaporisait sur un film fantasme de femme évolua. et dont l’image vous restait, prenante et entêtante, des semaines durant. Des fem- mes qui s’habillaient d’étof- fes fuyantes et lançaient des regards vertueux. Des fem- mes portées par l’humour, la classe, l’esprit. S’acoqui- nant dans la vie tout aussi bien de décolletés, micro robes et talons aiguilles que de larges chemises d’hom- mes, de foulards cachant leurs cheveux et de spartia- tes en lanières de cuir.

Mireille Darc Catherine Deneuve

Stéphane Audran 37 Article de Paris-Match du 8 janvier 1982

Incroyable rencontre dans une churrascaria de Rio

Le 8 Janvier 1982, Paris-Match consacrait La troisième, c’est d’avoir, après leurs pleine cavale, c’était dingue. J’ai dû tu gardes en permanence l’angoisse un grand et bel article sur une rencontre hors diverses opérations de chirurgie es- me faire refaire une seconde fois. Le au ventre. Il faut faire gaffe à tout. Ne du commun. En effet, les deux plus grands thétique, afin de changer de visage, nouveau chirurgien m’a vraiment pris jamais commettre une faute. Surtout RONALD voleurs de l’époque : Albert Spaggiari et Ronald récolté le maximum de points de pour un fou quand il m’a vu arriver... ne pas se faire remarquer. Cinq ans de Biggs (voir l’article sur l’attaque du train postal suture ! Tu me diras que je suis habitué. Des cavale, c’est plus dur que vingt ans de Glasgow-Londres) se rencontraient à Rio de Ronald Biggs : (...) «Je me suis fait surprises, j’en ai déjà causé pas mal.» prison. Il y a deux formes de cavale. Janeiro, dans un restaurant, une churrascaria, refaire trois fois le visage pour changer Celle de Mesrine, qui s’évade pour où le dernier avait ses habitudes, un restaurant d’apparence. La première fois, ce fut La quatrième, c’est leur cavale aller jusqu’au bout ; et la mienne, celle BIGGS épuisante qui ne les laisse jamais du rat, la plus épuisante.» offrant une des vues les plus grandioses sur la à Paris. Un désastre, de la charcuterie. baie brésilienne et le fameux pain de sucre. Dans cet Je n’étais pas tombé sur un chirurgien en paix, les éloignant finalement de article, plusieurs choses attirent l’attention. esthétique, plutôt sur un boucher. leur «public», leur famille, leur vie Et la cinquième, cruelle rançon de Ensuite, j’ai dû repasser deux fois sur quotidienne, leur pays. la gloire, c’est leur grande solitude et La première, et c’est comique, c’est la revendication le mal du pays. ET le billard pour réparer les catastrophes Ronald Biggs : (...) «La cavale détruit de chacun d’être le meilleur, d’avoir de mon chirurgien réparateur. Au total, un homme bien mieux que la prison, Albert reviendra fréquemment en effectué le plus gros casse du siècle : tiens-toi bien, j’ai eu 165 points de la guerre ou la maladie. En cavale, tu France, sous des fausses identités et Albert Spaggiari : «Alors c’est toi qui suture sur le visage.» ne peux même plus rêver, espérer ou grimé ! Il est d’ailleurs enterré auprès revendiques le casse du siècle. Chapeau ! construire.» des siens dans son village natal. Quant ALBERT Cependant, je suis désolé, mais les chiffres Albert Spaggiari : «Ah, tu vois bien à Ronald Biggs, après d’importants «Tu as raison. te donnent tort. C’est bien dommage pour ta gloire, que je suis le meilleur. J’en ai récolté Albert Spaggiari : soucis de santé et un gros blues de 180. Moi aussi, je me suis fait refaire J’éprouve exactement la même chose. mais moi j’ai raflé six milliards. Toi, tu n’en as piqué Et pourtant, je suis «une cavale» l’Angleterre, il se rendra de lui-même que quatre. Au hit parade, je te sème. Le number deux fois. Et le premier coup, c’est aux autorités britanniques, il y a à peine drôle, c’était chez Pitanguy à Rio, le privilégiée grace à l’argent de la SPAGGIARI one, c’est moi.» Société Générale. Simplement, cet quelques années. Il vit toujours, malade plus célèbre plasticien du monde. et emprisonné. Ronald Biggs : «En apparence seulement. Tu oublies Évidemment, il ignorait qui j’étais. J’ai argent, c’est un argent crachat, du l’inflation. Quatre milliards en 69 en valaient bien six prétendu que je voulais qu’il corrige fric que l’on claque. Il faut sans arrêt, «Avec le bonjour d’Albert !», cette ex- en 76.» mon grand nez. Il l’a fait et il a un peu sans arrêt «arroser» tout le monde ; pression franchouillarde que Spaggiari le «second couteau» qui te vendra un avait pour habitude de lancer aux poli- La seconde, c’est d’être le plus connu : Des mots tout arrangé. C’était le pied. J’avais perdu quinze ans. Dans la rue, toutes passeport, le douanier qui fermera les tiques français, était une manière d’en- comme «gloire» et les expressions «hit parade» et yeux, le gouvernement qui t’hébergera. tretenir tout ce mythe et de garder ce «number one» le prouvent. les nanas se retournaient. Il m’avait fait trop beau. J’attirais les regards. En Tout le monde, j’te dis. Et pour rien, car lien fort qu’il avait avec la France. BÉNÉDICTE MARTIN Entretien avec GILLES LELLOUCHE

Vincent Goumard : Vous souve- d’autres noms que le mien mais qu’il son pavillon de banlieue où dorment nez-vous de la première fois où ferait tout pour que ce soit moi. tranquillement sa femme et son fils, Jean-Paul Rouve vous a parlé du Jusqu’au jour où il m’a dit : «Je ne est son contraire. En réalité, les choses projet ? sais pas si on va réussir à faire le film, sont plus complexes et j’ai trouvé très Gilles Lellouche : C’était il y a mais ce qui est sûr, c’est que ce ne intéressante dans l’approche de Jean- trois ans dans une soirée. On ne se sera personne d’autre que toi, parce Paul, l’évolution qu’il a donnée à mon connaissait pas très bien mais on que tu es idéal pour ce personnage !» personnage. Le personnage, c’est ce s’appréciait beaucoup. Il m’a dit qu’il Et il a réussi. Merci, Jean-Paul ! qui me guide dans mes choix, encore rêvait de réaliser un film sur Spaggiari, plus que le scénario lui-même, or que le personnage le fascinait. Puis il V.G. : Qu’est-ce qui vous a surpris à c’est de plus en plus rare en France y a deux ans, il m’a dit qu’il pensait la lecture du scénario ? de voir autant évoluer un personnage. à moi pour jouer le rôle d’un type qui G.L. : Sa construction était brillante. Je voyais ce type rangé en apparence, se faisait passer pour un journaliste À tel point que le montage du film qui n’existe que par sa fonction, sortir afin d’approcher Spaggiari et qui a respecté le scénario initial. J’aime peu à peu de son cadre, happé qu’il se laissait séduire par lui jusqu’à beaucoup l’esprit de la narration. est par la folie de l’autre. Comme s’il en oublier la raison pour laquelle il Ces associations d’idées, d’images... faisait sa crise d’adolescence ! Il était avait cherché à le rencontrer. Jean- Spaggiari allume son cigare dans droit dans ses bottes et pourtant il Paul m’a montré à ce moment-là les un palace en Amérique du Sud et la se laisse séduire par la personnalité photos qu’il avait faites où il s’était fumée nous entraîne... jusque devant de Spaggiari - et aussi par celle de déguisé en Spaggiari en s’inspirant la Société Générale à Nice ! Il y a un sa compagne, Julia [Alice Taglioni], scrupuleusement des photos de très habile mélange de références dont à mon avis, il n’est pas loin de «Paris Match» qu’il avait retrouvées. au cinéma des années 70, qui sont tomber amoureux. On le voit bien C’était époustouflant. Il y avait une claires et parfaitement intégrées, et dans l’écoute, la compassion et la incroyable ressemblance physique. d’éléments très modernes. Je trouve compréhension poussée à l’extrême Je comprends que Jean-Paul ait brillant ce doux mariage. Ce n’est ni qu’il lui accorde. Il est même ému par eu envie de jouer ce personnage-là un plagiat des films de Verneuil ou elle. Mon personnage nage en eaux d’autant que c’est un rôle qu’on ne des premiers Sautet, ni un film qui troubles, entre Spaggiari et Julia. lui aurait pas forcément proposé et tombe dans la branchitude intello C’est une étrange partie d’échecs dans lequel il s’est révélé excellent. des années 2000. En plus, lorsque qu’ils mènent tous les trois car je Je vais aller plus loin, s’il y a un j’ai vu le film terminé, je me suis dit pense qu’ils ont compris tous les gangster qui pouvait correspondre à que Jean-Paul avait transcendé son deux pourquoi j’avais fait le voyage... la folie de Jean-Paul acteur, c’est bien scénario. Mais à leur contact, sa sensibilité Spaggiari, pour le côté fantasque, est remontée à la surface, il est mégalo... Il a d’ailleurs à ce propos V.G. : Comment vous a-t-il parlé du devenu vulnérable, une brèche s’est une super définition de Spaggiari : personnage qu’il vous destinait ? ouverte. Il ne peut pas lutter contre ce «S’il était vivant aujourd’hui, il serait G.L. : Il m’a tout de suite dit qu’il sentiment. à la Star Ac’». C’est sans doute vrai, n’avait pas existé, que c’était une Spaggiari est davantage un homme invention pure. Et c’est justement, ce V.G. : Qu’est-ce qui vous touche le qui voulait être connu qu’un voyou qui est très fort dans le scénario. Ils plus chez lui ? dans l’âme. Quelque temps plus tard, ont réussi à lui donner de l’épaisseur G.L. : La révélation de sa vulnérabi- j’ai recroisé Jean-Paul à Nice où j’étais et une crédibilité totale. Il a tout de lité. Au départ, on a un homme défini venu présenter un film. Lui, il écrivait suite insisté aussi sur le fait que le comme viril, carré, plein de certitudes, son scénario avec Benoît Graffin. Il film, c’était l’histoire de ces deux jusqu’au-boutiste et puis, peu à peu, m’a dit qu’il comptait toujours sur hommes, Spaggiari et celui qu’on va au-delà de toute considération so- moi. J’étais très heureux. Puis, il appeler le «journaliste». Il y en a un ciale, morale, politique, il va se laisser y a un an et demi, il m’a dit que ça à l’ego surdimensionné, qui a une vie ébranler, séduire, émouvoir. Il ne se devenait compliqué, qu’il se battait a priori fantastique, hors norme, et préoccupe plus de savoir si Spaggiari avec les financiers qui lui proposaient l’autre qui, avec sa petite vie rangée, est un criminel, un salaud, un facho. Il par VINCENT GOUMARD 40 «tout le monde était soudé autour de Jean-Paul» qu’il n’avait jamais réalisé de court permet de puiser dans son expérien- ça non» ou d’un «monte un peu !» métrage, pas même touché une ca- ce pour être un meilleur metteur en pour avancer. Il y avait aussi beau- méra ! Et du jour au lendemain, il est scène. C’est un point commun qu’il coup de bienveillance entre nous, propulsé là, avec un sujet difficile a avec Guillaume Canet. D’ailleurs, en raison de notre réelle et profonde à traiter, des acteurs à diriger, une c’était quasiment la même équipe amitié. On n’hésitait pas à se corri- équipe à encadrer, et il a été halluci- que sur NE LE DIS À PERSONNE, ger mutuellement. Il s’était passé la nant. On avait l’impression que c’était avec notamment le même chef-op, même chose avec Guillaume Canet. son dixième film ! Il était toujours très Christophe Offenstein. Lorsqu’un Lorsqu’on se fait confiance, on réa- tranquille, très calme, il savait s’impo- acteur passe derrière la caméra, si lise une grande économie de mots, ser quand il fallait, et a fait régner tout tant est que ce soit pour de bonnes et donc de temps. Quand il me di- au long du tournage une très bonne raisons, il influe une énergie, un na- sait non, je savais qu’il avait raison, ambiance. Il avait constitué une équi- turel, un souffle très cohérents. On que je n’avais pas à insister. Com- pe relativement réduite mais très ho- est moins dans la «réalisation» que me le dit Jacques Brel : «Je préfère mogène, d’une extrême gentillesse et dans la mise en scène. Avec Jean- les gens qui donnent que les gens d’une grande bienveillance. Ça en dit Paul, ce qui est à l’intérieur du ca- qui expliquent». C’est exactement long sur la personnalité de Jean-Paul. dre est plus important que le cadre ce qui s’est passé entre nous. Jean- D’habitude, il y a toujours des râleurs en lui-même. Il était très à l’aise Paul est formidablement généreux sur un tournage, là, et ce n’est pas avec sa narration, avec nous et nos et chaque personne qu’il a enga- de la langue de bois, tout le monde personnages, il nous faisait parti- gée, il l’a valorisée. Ce n’est pas si était soudé autour de Jean-Paul, du ciper pour aller vers davantage de courant. Il n’a pas fait ce film pour machino à la maquilleuse en passant vérité, quitte à mettre de côté son de mauvaises raisons, pour essayer par l’assistant opérateur, c’était in- découpage. Il remettait les choses d’exister parmi la foule, pour être croyable ! On tournait au Portugal, on en question tout le temps pour faire plus haut, il a juste voulu constituer passait nos soirées et nos week-end prévaloir la scène, le jeu, et ce que une équipe la plus cohérente possi- ensemble, acteurs et techniciens. On les acteurs dégageaient. Travailler ble pour réaliser un bon film. Il y est était heureux de faire de belles cho- comme ça, c’est génial pour un co- arrivé. ses. C’était formidable de se retrou- médien. C’est en outre un très bon ver en autarcie, loin de Paris, entre directeur d’acteurs. Extrêmement V.G. : Quel est, d’après vous, son nous, avec de petits moyens certes, juste. Il sait retenir vos proposi- meilleur atout pour jouer Albert mais une grande ambition. tions quand elles vont dans le sens Spaggiari ? de la scène, comme il sait gommer G.L. : Certainement son ambiguïté. V.G. : Y avait-il, pour vous, une ces tics ou ces facilités derrière Par certains aspects, Jean-Paul différence entre Jean-Paul Rouve lesquels les acteurs ont souvent me fait penser à quelqu’un comme acteur et Jean-Paul Rouve metteur tendance à s’abriter. Au bout d’un Patrick Dewaere. C’est-à-dire à en scène ? certain temps, on était tellement un mélange de douceur absolue, G.L. : Justement, je crois qu’il n’y en ensemble, tellement proches que d’humour, de vulnérabilité et de a pas - et c’est ce qui fait sa qualité. nous étions dans une sorte de ser- dangerosité - autant d’éléments Le fait d’être un très bon acteur lui vice minimum. Il suffisait d’un «non, intéressants pour Spaggiari qui est «aller vers davantage de vérité» quelqu’un de fantasque, de drôle, L’avoir pour partenaire, c’était génial. Je ne la connaissais pas avant, on mais qui, soudain, peut pêter les Et c’était pareil avec Alice [Taglioni]. avait juste dîné une fois avant le plombs et devenir effrayant. Il a tournage. Pour moi, c’est une belle est touché par l’homme, il est happé pas une recherche esthétique. Mais j’avais le désir de faire ce film depuis des sales idées politiques, des V.G. : Qu’est-ce qui vous frappe rencontre. Nous étions très proches par son panache et son malaise et tout ça plus les vêtements, ça induit un moment déjà. Je me souviens comportements dégueulasses, chez elle ? tous les trois, Jean-Paul, elle et moi. aussi par la détresse de sa femme. une façon de marcher, de se com- qu’après la lecture du scénario, j’ai comme avec la petite Vietnamienne G.L. : Alice est très étonnante en Elle était un peu comme notre petite C’est passionnant. On imagine bien porter. Ça m’a aidé énormément à bien attendu une bonne année avant - qui, entre parenthèses, est jouée raison notamment de sa curiosité. sœur. Pour elle, ça ne devait pas que dans la vie, ça puisse en effet se donner vie à ce personnage... d’avoir des nouvelles et je n’arrêtais par une actrice vraiment géniale Elle est très ouverte aux propositions être tous les jours évident avec deux passer comme ça... pas d’y penser. J’étais curieux aussi dont c’est pourtant le premier film. et elle a envie d’apprendre. Elle est gaillards comme Jean-Paul et moi. V.G. : Y avait-il des scènes que vous de savoir comment Jean-Paul allait Cette scène est très ambiguë et toujours en train de progresser V.G. : Vous voilà encore avec un appréhendiez particulièrement ? s’y prendre, avec quels décors, avec Jean-Paul a su optimiser à la fois et je pense qu’elle peut devenir V.G. : Si vous ne deviez garder nouveau look, une nouvelle tête... G.L. : Franchement, non. La plupart quels acteurs, et j’avais une énorme son expérience d’acteur et ce qu’il une grande actrice. Elle est très qu’une image de toute l’aventure... On a le sentiment que vous aimez du temps, si une scène ou un envie d’y être ! est aujourd’hui. Il est à la fois le mec intelligente, très vive, elle observe G.L. : Le tournage de la scène au bord cet aspect «physique» du métier personnage me pose problème, le plus charmant du monde, très beaucoup et elle a de l’instinct. Ce de l’immense piscine. Nous étions d’acteur... c’est qu’il y a un manque de réalisme V.G. : Vous qui êtes aussi réalisateur drôle, et en même temps, il porte en que j’aime chez elle, c’est qu’elle tous au sommet du bonheur. On était G.L. : J’adore ça, c’est fondamental. ou que le réalisateur a voulu forcer [NARCO, coréalisé avec Tristan lui des parts d’ombre évidentes. Le ne se cantonne pas aux rôles qu’on juste super-heureux, on était en plein Pour moi, cela fait partie intégrante le trait. Dans ces cas-là, je rame. Aurouet, sorti en 2004], qu’est-ce personnage de Spaggiari possède de lui donne. Elle pourrait attendre milieu du film, on sentait qu’on jouait de la construction du personnage. En revanche, dans le film de Jean- qui vous a surpris chez Jean-Paul nombreuses facettes, il est à la fois tranquillement que les rôles tombent tous les trois, ça correspond à un pic Quelles qu’en soient les conséquen- Paul, les scènes sonnent juste et Rouve metteur en scène ? fébrile, fort, inquiet, beau, moche, grâce à son physique. Mais elle est de bonheur ! C’est assez rare d’être ces ! [Rires] Là, côté glamour, je ne vrai. Tout est cohérent et bien défini G.L. : Franchement, j’ai été surpris, intelligent, dérisoire. Comme Jean- plus exigeante que ça. Pendant le en harmonie avec l’essentiel : le suis pas beaucoup gâté. Je suis très et l’évolution du personnage très et ce n’est pas de la démagogie. Je Paul ose tout. J’adore le fait qu’il tournage, elle n’a pas hésité à se texte, les acteurs, l’équipe... C’était années 70 ! La coupe de cheveux, la bien dessinée. Surtout, j’avais un l’ai trouvé étonnamment détendu n’hésite pas à le rendre pathétique faire violence, à prendre des risques, des journées mémorables. moustache, les pattes, ça fait un peu réalisateur en face de moi qui était dans sa manière d’aborder le plateau. parce qu’on a de moins en moins de à jouer sur des sentiments qu’elle Victor Lanoux ! Disons que ce n’était très au fait de son sujet. En plus, D’autant que c’était son premier film, personnages comme ça au cinéma. avait peu exploités, c’était touchant.

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Azzaro, marque emblématique et fétiche des années les hommes.» Sans aller jusque là, on admirera les 70, a habillé Alice Taglioni pour les besoins du film. plissés, les brillances, les soies sauvages, les bretelles En effet, son créateur, Loris Azzaro, aujourd’hui dé- en cordes dorées, les couleurs éclatantes... par Bénédicte Martin cédé (2003) était passé maître en robes du soir, robes Personnellement, mon homme n’y résiste pas. C’est de cocktail, et robes «à tapis rouge». La fameuse robe juste un conseil, mesdames ! Brèves «Trois anneaux» en est un ravissant exemple ! De- De son studio de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, puis sa disparition, c’est la styliste Vanessa Seward Vanessa avec raffinement revisite intelligemment les RICHARD ANTHONY vient qui en est la directrice artistique avec grand succès. années trente et soixante-dix... Jersey léger, mousseline d’épouser sa seconde femme Fille de diplomate d’origine argentine, ancienne élè- voletante. Du luxe, peu d’ostentation, à peine quelques Sabine à la mairie de Neuilly. Leur fils, le petit Alexandre âgé de neuf ve au Studio Berçot, ancienne créatrice chez Chanel boutons en cristal, des coupes de déesses grecques, des mois, est quant à lui, resté au durant neuf ans et avec Tom Ford chez Yves Saint maillots de bains vous transformant en sirènes, des ac- domicile des nouveaux mariés. Laurent, elle apporte à la maison une grande cessoires qui ont l’air tout droit sortis d’un fraîcheur et toute sa modernité. Azzaro est coup de baguette magique d’une bonne fée ! À HOLLYWOOD, Raquel Welch a remis au jeune Arnold Schwarze- une marque pour les séductrices. Monsieur La maison Azzaro s’adaptait à merveille negger le titre de Monsieur Mus- Azzaro disait lui-même que «les robes doi- au personnage de Julia. Aucun autre choix cle. vent être belles au point d’être arrachées par n’était possible ! LA EN JUIN sortiront chez Flamma- rion, les souvenirs de Thierry Le Luron : «Comme trois pommes». EN MAI, sortiront aux éditions Stock, les souvenirs de Guy Lux : MAISON AZZARO «À mon tour». RÉOUVERTURE DU CLUB SAINT-HILAIRE, créé seize ans plus tôt par François Patrice. Jean Marais, Jonnhy Hallyday, Dalida, Alain Delon y sont attendus. L’OPINION PUBLIQUE commence à se poser la question : Jacques Martin va-t-il trop loin ? «FINIE la vie au caviar et au cham- pagne, nous préférons le coin du feu à la campagne». Voici les mots de Liz Taylor à propos de sa vie avec son nouvel époux, John Warner. Le sixième. AFIN DE FÊTER joyeusement leur union, l’actrice Marisa Berenson et le businessman Jim Randall ont convié à Hollywood 750 amis. ROBERT DE NIRO va bientôt tourner dans RAGING BULL un film retraçant la vie du boxeur américain Jack La Motta. À PARTIR DU 7 MARS prochain, Gérard Majax donnera des cours de magie pour petits et grands. BARBARA a manqué de périr dans l’incendie qui a ravagé sa demeure de Précy-sur-Marne. BERTRAND BLIER réunira à nou- veau Gérard Depardieu et Patrick Dewaere (LES VALSEUSES) dans un film dont le tournage est prévu pour cet été : PRÉPAREZ VOS MOUCHOIRS. par Bénédicte Martin SCOOP : Lancement, très prochainement, du parfum EVASION By Albert Spaggiari dans toutes les bonnes parfumeries. 44 45 Difficile, lorsqu’il est question d’Albert Spaggiari de ne pas évoquer Jacques Mesrine. Car l’un et l’autre à la fin des années 70, furent dans le cercle fermé des plus grands gangsters français. Mort le 2 novembre 1979 à Paris, soit deux ans après le casse de la Société Générale de Nice et un an après l’évasion rocambolesque d’Albert Spaggiari du tribunal, Jacques Mesrine à l’inverse de Spaggiari laissa dans l’opinion publique la trace de faits divers sanglants. Il revendiqua une trentaine d’assassinats. Né le 28 décembre 1936 à Clichy, fils de commerçant, c’est dans cette banlieue Nord de Paris qu’il grandit jusqu’à la guerre d’Algérie où il fut amené à des cruautés. De là, naîtra une immense haine contre la société. Enlèvements, meurtres, braquages, attaques à main armée, évasions, Mesrine narguera à plusieurs reprises la police en donnant des interviews à la presse. Sa mort, fort médiatisée, donnera lieu à une polémique quant à l’absence de sommation et aux 19 impacts de balles retrouvés dans son corps. Ces deux destins semblent s’opposer. Sur le plan de l’extrême violence déployée par Jacques Mesrine pour arriver à ses fins et le refus obstiné de celle-ci, d’absence de meurtre et de haine affirmés par Albert Spaggiari. Souvenons-nous de ce message laissé dans la salle des coffres «Ni arme, ni haine, et sans violence» ! Opposés aussi sur la pluralité des actions de Mesrine et l’unique «tube» de Spaggiari. Mais malgré tout, certains points les rassemblaient. Tout d’abord : leurs fortes médiatisations. Jamais aucun d’eux n’hésita à donner une interview à des journalistes afin de ridiculiser la police. Souvent contre monnaie sonnante et trébuchante. Ensuite : leurs images puissantes qu’ils avaient auprès des Français. Des sortes d’icônes. Des fers de lance de la liberté. Des héros modernes. Puis : leurs utilisations régulières de déguisements. Albert Spaggiari ira même jusqu’à se déguiser, non sans humour, en Jacques Mesrine lorsqu’il se baladait à Paris durant sa cavale. Et enfin : tous les deux étaient des «ennemis publics» et se disputaient les colonnes des journaux, dans la rubrique «Judiciaire». Émulation, concurrence. À qui mieux mieux. Voyez, même chez les gangsters, il faut être le meilleur ! SPAGGIARI BÉNÉDICTE MARTIN ET MESRINE 46 Albert Spaggiari avait tout d’un Arsène Lupin ! ALBERT SPAGGIARI NOTRE GENTLEMAN CAMBRIOLEUR POUR PLUS D’ÉVASION

ses plages, son soleil, sa Baie des Anges...

Albert Spaggiari avait tout d’un Arsène Lupin ! Bien que ce dernier personnage soit né de l’imagination de Maurice Leblanc, on est en droit de se demander si Spaggiari n’avait pas autant mûri son personnage de Bert ! À l’étude d’Albert et d’Arsène, on trouve de nombreux points communs ! Tout d’abord ce qui les réunit, c’est l’immense popularité dont ils jouissent auprès du public. Plus séducteurs que séduisants, ce sont des hommes élégants, roublards, cadors, très appréciés des femmes et avec qui la sympathie est immédiate. Cette popularité vient du fait qu’ils sont non violents. Leur répulsion à tuer charme les foules. Et le fait qu’ils n’aient aucun sang sur les mains fait d’eux des voyous avec des bonnes manières ! Arsène est introduit dans la bonne société, Albert en use les politesses 50 en remboursant le propriétaire de la voiture qu’il a abîmée lors de son évasion ! Tout comme Arsène Lupin, Albert est une sorte de bandit au grand cœur. Il semble que les deux aient une vision très floue de la différence entre justice et équité. Arsène croit réparer de drôles d’injustices en envoyant à une jolie femme le collier dérobé à une riche mais vilaine comtesse. Albert vole la fortune des riches, ceux qui ont des coffres, ceux qui peuvent thésauriser afin de l’utiliser à meilleur escient : le flamber, le dépenser, bref faire vivre l’argent ! Qu’il circule ! Et enfin, tout comme Arsène et parce que le jeu de la cambriole va de pair avec le cache- cache, Albert utilisera de nombreux pseudonymes et notamment celui de Romain Clément, qui est son deuxième prénom accolé au nom de jeune fille de sa mère ! 52 Coscénariste

Vincent Goumard : Qu’est- ENTRETIENV.G. : Comment expli- concentrer AVEC sur la cavale hésité BENOÎT à mêler fiction et GRAFFINV.G. : Qui en a eu l’idée, présent et les nombreux Oui, comme le gangster !». noirs parce qu’il tentait de ce qui vous a frappé la quez-vous le désir de plus que sur la biogra- réalité ? Jean-Paul ou vous ? flash-back... J’ai beaucoup aimé aussi creuser des tunnels chez première fois où Jean- Jean-Paul d’interpréter phie de Spaggiari ou sur B.G. : Notre thème de B.G. : Disons que Jean- me pencher sur le chemi- lui pour s’enfuir au cas Paul Rouve vous a parlé ce personnage ? le casse... Spaggiari-vedette nous a Paul savait de quoi il vou- V.G. : Le fait que des nement intérieur du «jour- où... Mais j’avoue que ce de son désir d’un film sur B.G. : D’abord, pour un B.G. : C’était lié à ce dont mis sur la voie. Qui peut lait parler à travers Spag- deux personnages prin- naliste», ses interrogations, qui m’a fait le plus rêver Albert Spaggiari ? acteur, c’est un très beau Jean-Paul voulait par- mieux avoir accès à une giari. Quant à moi, à la cipaux, l’un ait existé et ses questionnements sur dans son histoire, c’est cet Benoît Graffin : Jean-Paul rôle, un personnage pas- ler et qui nous intéressait vedette qu’un journaliste suite d’une rencontre avec l’autre non, est-ce que l’attitude à adopter face amour pur qui va l’accom- était totalement habité par sionnant à jouer, qui a un tous les deux... La gloire de «Paris Match» ? Le désir un journaliste qui l’avait cela changeait quelque à ce gars qui le fascine et pagner jusqu’à la fin. Mal- le personnage. Son désir côté Cyrano de Berge- et la solitude, le panache d’être vu et interviewé était bien connu, j’ai eu l’idée de chose pour vous dans face à cette femme qui le gré toutes ses zones d’om- était plein d’élan et de sin- rac... Et puis, je pense et le pathétique, la fuite très important chez lui, vi- m’en servir. Et puis, en dis- l’écriture ? Vous sentiez- séduit... bre, malgré ses opinions cérité. Au départ, quand qu’il y a de nombreux et le désir d’être reconnu, tal même. Il était donc aisé cutant, les choses se sont vous plus libre par exem- douteuses - en 68, pour il m’en a parlé, ce n’était points communs entre l’image publique et la réa- d’imaginer que le meilleur enclenchées ! ple pour le «journaliste» V.G. : On sent d’ailleurs se distinguer, il rêvait de pas pour qu’on travaille eux. Leur origine, le mi- lité quotidienne... Com- moyen de l’approcher était que pour Spaggiari ? comme un trouble entre créer une internationale de ensemble, je crois même racle de la célébrité, le ment vit-on à la fois célè- d’utiliser le circuit journalis- V.G. : Comment écriviez- B.G. : C’était pareil. Ce qui la compagne du gangster l’extrême droite ! - malgré qu’il avait envisagé d’écrire doute permanent, une fa- bre et caché ? On trouvait tique. On s’est appuyés sur vous ensemble ? était le plus passionnant, et le «journaliste»... son côté étrange, volage, avec quelqu’un d’autre. Et çon aussi de croire à son aussi que la fin de sa vie la réalité : quelques journa- B.G. : On parlait beau- c’était justement d’inventer B.G. : Pour ça, il faut re- vantard, pauvre, fou, Julia, puis nos conversations sur destin... était assez émouvante... Et listes se sont liés d’amitié coup, je travaillais sur la leurs rapports, d’imaginer mercier Alice [Taglioni]. Elle sa femme, l’a adoré. Peut- le sujet se sont enchaînées avec Spaggiari. Certains construction, j’écrivais le être est-ce nous qui fan- jusqu’au moment où on ont eu des relations ré- traitement, je lui faisais lire, tasmons tout ça, mais je ne a plongé ensemble dans gulières avec lui pendant on en rediscutait, on cher- crois pas... Elle a continué cette histoire. Pendant un sept ou huit ans, jusqu’à chait ensemble des idées, à l’aimer, elle n’a jamais mois ou deux, on a col- sa mort. Avec le recul, et ainsi de suite... Jusqu’à voulu en parler après. C’est lecté du matériel, on cher- ça paraît d’ailleurs éton- ce qu’on ait un récit d’une pour moi la preuve de son chait notre angle, notre su- nant. On a été hallucinés trentaine de pages. J’ai fait amour. Disons peut-être jet. Comme on était assez de voir que Bernard Pivot, la première version, puis justement que, pour moi, occupés tous les deux, on par exemple, avait pu faire on est partis tous les deux ce film est une manière de s’est même dit qu’on allait une interview de lui sans à Nice et on a tout repris, redonner la parole à cette juste amorcer l’écriture et être inquiété. Vous ima- on a travaillé sur les dialo- femme qui n’a pas sou- trouver un scénariste pour ginez aujourd’hui, même gues. Je me suis régalé à haité nous l’accorder... Il développer le script. Mais si les choses ne sont pas faire ça avec Jean-Paul. n’y a pas longtemps, j’étais une idée en entraînant une tout à fait comparables, en Italie où, apparemment, autre, on s’y est collés Ben Laden interviewé par V.G. : Quel compagnon elle vit encore et j’ai beau- nous-mêmes ! Larry King ! Peut-être au d’écriture était-il ? coup pensé à elle. Je me fond que le désir de l’ar- B.G. : À la fois jovial et exi- demandais si elle irait voir V.G. : Qu’est-ce qui vous rêter était assez... timide. geant. Il sait ce qu’il veut le film... séduisait, vous-même, Avait-il braqué, comme on et tant qu’il ne le trouve dans ce projet ? l’a sous-entendu, des trucs pas, il continue de cher- V.G. : Spaggiari, Le gang B.G. : J’avais 12 ans quand V.G. : C’est vous qui avez puis, sur le casse, il y avait compromettants dans les cher. Il avait une telle envie des postiches, Mesrine... Spaggiari a fait son casse poussé Jean-Paul à réa- déjà eu le film de Giovanni coffres ? Bénéficiait-il de de plonger dans ce sujet Comment expliquez- et j’habitais près de Nice. liser le film et pas seule- LES ÉGOUTS DU PARA- protections particulières ?... que c’était très inspirant et la confrontation de ce type y est pour beaucoup dans vous ce «revival» au ci- Pour moi, c’était une sorte ment à l’interpréter... DIS qui était assez précis. En tout cas, une fois qu’on très motivant. Il m’a fourni qui vient de sa banlieue la manière dont le film pi- néma des gangsters des de Robin des Bois, un hé- B.G. : Au début, il était D’ailleurs, je ne sais pas si a pensé à ce personnage de quoi bâtir une histoire avec une vie sinon rangée, vote à ce moment-là. Pareil années 70 ? ros absolu. Il me fascinait en effet seulement ques- notre film raconte le vrai de journaliste, on n’a pas formidable. J’étais sur- du moins un peu quelcon- pour Gilles [Lellouche]. Il y B.G. : Peut-être, à travers d’autant plus qu’il était tion qu’il joue Spaggiari. Spaggiari, c’est plutôt la hésité, non, à mêler fiction pris de voir à quel point que, face à cet homme hors a ce qu’on écrit et la ma- ces bandits, est-ce l’ex- entouré de mystère, de Et puis, plus on en parlait, vision qu’on en a, nous. et réalité. Cela rejoignait il était engagé dans son normes qui, paradoxale- nière dont les acteurs l’in- pression d’une forme de rumeurs, de légendes et plus on avançait dans no- Celle d’un gangster en fin notre parti pris de départ. premier film, à quel point ment, lui montre la liberté, carnent. Tout était dans le nostalgie d’un rapport à qu’il a toujours échappé à tre travail, plus je me ren- de course qui reçoit un On ne voulait pas d’une bio il était exigeant. Il n’y a lui apprend la vie... Et de scénario mais ça ne nous l’argent différent. On le voit la police. J’étais ravi que dais compte qu’il avait une journaliste en grande pom- traditionnelle, ni d’un film pas de dilettantisme chez le voir peu à peu se laisser était pas apparu avec cette avec l’histoire de la Société Jean-Paul ait envie de res- idée précise et singulière pe et qui vit une dernière policier. On voulait être da- lui malgré une apparente gagner par ce panache, se force, cette ambiguïté-là... Générale, l’argent n’a qua- susciter tout ça. Mais, ce de ce qu’il voulait, pas seu- histoire d’amour. Peut-être vantage sur les sentiments légèreté. Puis, bien sûr, il laisser toucher aussi par siment plus d’existence qui m’attirait le plus dans le lement pour le personnage que pour nous, il a été un et l’émotion. Le film est est très drôle. Ce qui est tout ce que ça cache, et V.G. : Aujourd’hui, avec le réelle, il s’est virtualisé. Il y projet de Jean-Paul, c’était mais pour le film en entier. prétexte pour raconter une presque conçu comme une merveilleux car écrire en- se laisser troubler par cette recul, qu’est-ce qui vous a aussi sans doute la nos- d’aborder la face cachée Son approche dépassait histoire de fascination et longue interview, ponctuée semble, c’est un peu vivre histoire d’amour si forte... a le plus surpris dans talgie du goût du risque et de la montagne. La des- largement l’investissement de séduction autour d’un de flash-back, à laquelle ensemble. Spaggiari, c’est du gâteau l’histoire de Spaggiari ? du sens de l’aventure qui cente de ce gars qui a fait d’un acteur pour un rôle... être hors du commun. on a ajouté l’histoire de pour un scénariste ! C’est B.G. : J’ai été marqué, en étaient également d’une un truc extraordinaire dans Je me suis dit - et je lui ai ce soi-disant journaliste et V.G. : Quelles étaient vos un tel personnage ! Par plongeant dans la docu- autre nature... Là encore, il sa vie. Qu’est-ce qu’on fait dit - qu’il était à mon avis V.G. : À quel moment qui se révèle à lui-même principales difficultés pen- exemple, j’adore, quand mentation, en écoutant suffit aujourd’hui de cliquer après un tel coup de génie ? le mieux placé pour réaliser avez-vous décidé d’in- au fur et à mesure de ses dant l’écriture ? il emmène la fille à dîner, les gens qui l’ont connu et sur les ordinateurs de sa Comment vit-on après ça ? ce film-là. venter un personnage de rencontres avec Spaggiari. B.G. : La construction. On son dialogue avec le maî- rencontré, par ce destin, banque et on devient une Dès lors qu’il a touché le pure fiction - le «journa- Le dispositif de l’histoire voulait être sûr qu’il n’y ait tre d’hôtel «À quel nom, la par cette angoisse aussi... vedette planétaire du jour jackpot, il entame sa des- V.G. : Dès le départ, vous liste» joué par Gilles Lel- était vraiment intéressant à pas de problèmes de com- réservation ? - Spaggiari. Des journalistes racon- au lendemain ! cente. Ça, ça m’excitait. avez donc choisi de vous louche ? N’avez-vous pas trouver. préhension entre le récit au - Comme le gangster ? - tent qu’il avait les ongles

54 par VINCENT GOUMARD 55 es listes : artistique et technique artistique technique Jean-Paul Rouve Scénario et dialogues ALBERT SPAGGIARI BENOÎT GRAFFIN Alice Taglioni JEAN-PAUL ROUVE JULIA Réalisateur Gilles Lellouche JEAN-PAUL ROUVE VINCENT GOUMARD Directeur de la photographie Maxime Leroux CHRISTOPHE OFFENSTEIN «68» 1er Assistant réalisateur Patrick Bosso MATHIAS HONORÉ LE TRUAND 1 Assistant caméra Anne Marivin LUCAS LECONTE LA FEMME FLIC Chef décorateur Renan Carteaux GILLES GRAZIANO RENAUD Chef costumière Jean-Philippe Puymartin CAMILLE DUFLOS LE COMMISSAIRE DRÉANT Chef opérateur son Pom Klementieff JEAN-MARIE BLONDEL NHI Directeur de casting Arsène Mosca PIERRE-JACQUES BENICHOU LE TARGUI Régisseur général Denis Braccini MARTINE VERGNES LE TRUAND 2 Chef maquilleuse Eric Fraticelli SOPHIE BENAICHE LE TRUAND 3 Chef coiffeuse Eric Frey JOËLLE DOMINIQUE LE JUGE BOUAZIZ Photographe de plateau Florence Loiret-Caille ETIENNE GEORGE NATHALIE GOUMARD Producteur exécutif Timothé Riquet FARID CHAOUCHE BASTIEN GOUMARD Chef monteur Jean-Gilles Barbier STAN COLLET LE MAIGRE Chef monteur son Philippe Girard ALAIN FEAT LE BIJOUTIER Mixeur François Berland JEAN-PAUL HURIER L’AVOCAT Effets visuels Stefan Liberski ALAIN CARSOUX LE DIRECTEUR DE LA BANQUE Musique originale Argaud ALEXANDRE AZARIA ALBERT SPAGGIARI À 14 ANS

56 Elia Films & Vertigo Productions présentent

Un film de Jean-Paul Rouve EDDY BRIÈRE - CRÉDITS NON CONTRACTUELS Photo EDDY

Jean-Paul Rouve Alice Taglioni Gilles Lellouche sortie nationale le 16 avril