Les Gilets Jaunes
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Théophane Carré Les Gilets jaunes : Motifs, registres et incidences de la participation au mouvement Mémoire de Master 1 Sous la direction de MARIE CHARVET Année universitaire 2019/2020 Master 1 : Terrains, Enquêtes, Théories UFR de Sociologie ; Université de Nantes 1 Remerciements : Je tiens à remercier ma directrice de mémoire, Marie Charvet, pour ses conseils, ses relectures avisées et l’intérêt porté à mon sujet. Merci également à Sidonie, Sarah et Maëlys pour leurs relectures et leurs corrections. Enfin, merci à celles et ceux qui m’ont accordé leur confiance et sans qui ce travail n’aurait pu être réalisé. 2 Sommaire : Introduction : ………………………………………………………………..…...6-24 Le terrain………………………………………………………………………………….……..9-23 Le questionnaire : un raté de terrain.………………………………………………………….11-16 Les entretiens:présentation des modes de sélections et des enquêté-es………………...…16-23 Des observations éparses………………………………………………………………………..23-23 Chapitre 1 : Les Gilets jaunes ?……………………...….……………………..25-44 1) Retour sur l’historique du mouvement… …………………………………...……...…….25-35 A) Le temps du mouvement…………………….……………………...…………………….....25-29 Les prémices du mouvement et les premières semaines de mobilisations………..…….…25-27 L’évolution du mouvement et son dans la durée…..…………………………………………27-29 B) Les Gilets jaunes depuis le 29 juin 2019……………………...…………………………….29-35 La « gilet-jaunisation » des luttes ou l’impact du mouvement sur l’espace des mouvements sociaux………………………………………………………………………………………………..…….30-32 Les pratiques politiques post-Gilets jaunes : les formes du maintient de la mobilisation……………………………………………………………………………………………..…32-35 2) La sociologie du mouvement et ses spécificités…..………………………………………..35-45 A) La sociologie du mouvement………………………………………………………….…….34-39 La composition sociale…………………………………………………………………….…….36-38 Les positionnements politiques des Gilets jaunes………………………………………….…38-40 B) Les spécificités du mouvement…………………………………………………….………..41-45 Le répertoire d’action………………………………………………………………….…….…..41-44 L’inscription géographique…………………………………………………………………..…44-45 Chapitre 2 : Formes et causes de l’engagement...……………………………..46-72 3 1) Les trajectoires politiques pré-Gilets jaunes et les registres de justification de l’engagement ..………………………………………………………………………...………..46-59 Les « politisé-es » et leurs registres de justifications………………………………………..47-54 Les « néo-militant-es » et leurs registres de justifications……………………………..……54-59 2) Les carrières Gilets-Jaunes : Esquisse d’une typologie idéale-typique des formes d’engagements dans le mouvement……..……………………………………………...……..59-72 L’engagement intensif : faire partie du noyau militant………………………………….…..60-64 Les « militant-es par action » : un engagement intensif limité………………………….….64-67 Les causes du désengagement………………..…………………………………………………67-71 Chapitre 3 : Un mouvement homogène ?………………………………….…73-100 1) Économie morale du groupe et identité collective………………………………………...74-88 Rejet de la politique institutionnelle…………………………………..……….………………74-77 … qui s’exprime en faveur d’une « radicalisation de la démocratie »………………...….77-82 Une identité collective : recomposition d’une classe pour soi……………………………..82-86 Constitution d’une communauté d’expériences………………………………………………86-88 2) Un mouvement marqué par des divergences………………………………………………88-99 Un mouvement traversé par des conflictualités………………………………………..…….89-93 Des représentations du militantisme et des perspectives politiques variées……….…..…93-97 La dimension localisée du mouvement……………………………………………………..….97-99 Chapitre 4 : Les incidences du mouvement sur les trajectoires politique...101-120 1) Le mouvement comme socialisation politique : Une entrée dans le militantisme…….103-110 Socialisation de conversion : Robert, de l’armée à extinction Rébellion………………104-106 Socialisation de transformation : Alexis, de la théorie à la pratique…………………..106-110 2) Le mouvement comme socialisation de renforcement………………………………….110-119 Arthur : de la Loi Travail à la vie politique de Vallet. Un cas type de socialisation de renforcement………………………………………………………………………………………….….111-114 Aaron : des engagements continus et réguliers. Une socialisation d’entretien……..…114-117 Hélène : « Il t’a apporté quoi ce mouvement ? Il m’a radicalisée »……………………117-119 Conclusion……………………………………………………………………121-123 4 Bibliographie…………………………………………………………………124-129 Annexes……………………………………………………………………….128-135 5 Introduction Le mouvement des Gilets jaunes, qui a bien des égards est apparu comme exceptionnel de part son intensité, ses modes d’actions ainsi que la population mobilisée et les territoires sur lesquels il prend forme, a, dès son commencement, fait couler beaucoup d’encre. Au cours de la première semaine de mobilisation nous avons pu assister à une prolifération de discours médiatiques, scientifiques et militants. Ces prises de positions sur le mouvement ont crû au fil des semaines. Du point de vue des sciences sociales, rapidement, des hypothèses ont été émises et des analyses proposées. Si celles-ci optaient dans un premier temps pour une « vue de haut », par laquelle il s’agissait de rendre compte de la sociologie du mouvement1, de son inscription historique et de ce qu’il traduit des évolutions politiques contemporaines2, les chercheur-ses ont finalement investi, dans un second temps, le terrain de la mobilisation afin de l’étudier in situ par le biais d’enquêtes ethnographiques et de l’observation du mouvement entrain de se faire dans l’optique d’en saisir les dynamiques, les enjeux ou les registres de participation3. Dans le discours commun, politique et médiatique, l’une des questions les plus débattues concerne l’orientation politique et idéologique du mouvement. Tantôt décrié comme une jacquerie4, tantôt comme un mouvement poujadiste5, parfois considéré comme nourri par l’extrême gauche6, d’autres fois par l’extrême droite7, défini comme étant « apolitique » ou « populiste », ces qualifications, qui ont aussi bien pour fonction de le décrédibiliser que de l’encenser, apparaissent comme autant « d’idéologisations » du mouvement qui participent pleinement à la « bataille des représentations8 » dont il a été l’objet. Ces qualifications de l’événement semblent être de prime abord des prénotions motivées par des intérêts politiques et/ou personnels, qui a priori ne reposent pas sur une analyse objective du mouvement, en tant qu’elles traduisent avant tout des manières situées, ces prises de position semblant être liées aux positions dans le champ politique, de percevoir l’événement et de lui donner sens. De même, en tant qu’observateur, voire quelquefois en 1 « “Gilets jaunes” : une enquête pionnière sur la “révolte des revenus modestes” », Le monde, 11/12/2018. 2 Bourmeau, Sylvain (dir). « Gilets jaunes »: hypothèses sur un mouvement. Paris: La Découverte, 2019 ; Confavreux, Joseph, éd. Le fond de l’air est jaune: comprendre une révolte inédite. Paris: Éditions du Seuil, 2019 ; Farbriaz, Patrick. Les Gilets jaunes ; documents et textes Croquant. Croquant. Paris, 2019. 3 Challier, Raphaël. « Rencontres aux ronds-points ». La Vie des idées, 19 février 2019 ; Pelletier, Willy. « Ronds- points “Gilets jaunes” et “estimes de soi” en milieux populaires ». In Manuel indocile de sciences sociales, 981-92. Hors collection Sciences Humaines. Paris: La Découverte, 2019 ; Devaux, Jean Baptiste, Marion Lang, Antoine Lévêque, Christophe Parnet, et Thomas. « La banlieue jaune ». La Vie des idées, 30 avril 2019. 4 Sulzer Alexandre, « Les Gilets jaunes, ‘une jacquerie moderne’ », L’express, 19/11/2018. 5 « Gilets jaunes : Des ‘similitudes’ avec le poujadisme (Jean-Marie Le Pen) », Le Figaro, 10/01/2019. 6 « Les ‘Gilets jaunes’, un mouvement ‘gangrené’ par des ultras de l’extrême gauche », Paris Match, 17/11/2019. 7 « Derrière les ‘Gilets jaunes’, l’extrême droite en embuscade », Secret d’info, France Inter, 16/02/2019. 8 Jeanpierre, Laurent. In Girum : les leçons politiques des ronds-points. Paris: La Découverte, 2019. 6 tant que participant, nous avons également été pris dans cette bataille des représentations. En cherchant dans un premier temps à le dénoncer, en le considérant comme un « mouvement de fachos », apparenté à l’extrême droite et dont les mobilisé-es seraient mu-es par une idéologie individualiste, puis, dans un second temps, en y voyant un mouvement populaire, majoritairement constitué de néo-militant-es, traditionnellement exclu-es des espaces politiques, tant institutionnels que militants, qui soudainement s’accaparaient la chose publique et se politisaient, il semble bien que nous avons imposé nos propres catégories de pensée et nos intérêts particuliers dans la description et la compréhension de cette mobilisation. Dès lors, il semblait intéressant d’examiner plus méthodiquement la question de l’orientation politique du mouvement et des rapports au politique des mobilisé-es pour contrebalancer ces discours et ces représentations, dont nos a priori, sur le mouvement. A partir de cette question de fond, qui a motivé la définition de notre objet de recherche dans le cadre de ce mémoire, nous avons dégagé un premier axe de réflexion. En effet, selon nous, rendre compte des rapports au politique des mobilisé-es implique tout d’abord de connaître qui sont-ils et qui sont-elles politiquement. Autrement dit, quelles sont leurs trajectoires politiques et militantes? Comment les Gilets jaunes se définissent-ils-elles politiquement ? De plus, comme le notent les travaux sur l’engagement, les formes de socialisation pré-engagement agissent sur les modes d’engagement dans les mouvements