LeMonde Job: WMQ2810--0001-0 WAS LMQ2810-1 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 11:29 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0335 Lcp: 196 CMYK
LE MONDE ÉCONOMIE Niveau des relations salaries-patronat
a 8,22
Le patronat 7,00
européen en crise 5,02 a Immobilier :
2 pages d’annonces ALLEM. FRANCE NORVéGE
CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16407 – 7,50 F MARDI 28 OCTOBRE 1997 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Vichy vu par Valéry Giscard d’Estaing Les marchés Dans un entretien au « Monde », l’ancien président, dont Maurice Papon fut le ministre, évoque boursiers ses souvenirs de l’Occupation. Il oppose la « réalité historique » à la « démarche » gaulliste asiatiques LE PROCÈS de Maurice Papon Sans l’arrivée des Alliés [...], nous ne reprendra pas, lundi 27 octo- aurions été écrasés. [...] Cela m’a et européens bre, devant la cour d’assises de la angoissé parce que j’ai vu se former, Gironde, en raison d’une prolon- immédiatement, des interprétations gation de l’hospitalisation de l’ac- inexactes de l’histoire. » rechutent cusé au minimum jusqu’à mercre- L’ancien président de la Répu- di midi. blique justifie la « démarche » du LE RÉPIT enregistré vendredi REUTERS/MAXPPP Dans un entretien accordé au général de Gaulle « affirmant à la sur les places financières asia- Monde, Valéry Giscard d’Estaing face du monde que la France se tiques aura été de courte durée. Le nouveau évoque pour la première fois ses trouvait où il se trouvait, et non à Lundi 27 octobre, la Bourse de souvenirs de la période et donne Vichy », mais il distingue cette dé- Hongkong a abandonné 5,8 %. Les son point de vue sur l’Occupation, marche de la « réalité historique ». autres marchés de la région se re- héros de la F 1 le régime de Vichy et le gaullisme. Pour lui, « la France s’est moins pliaient également, à l’image de Issu d’une famille considérée battue qu’on ne voudrait le croire, Tokyo qui a terminé la journée en JACQUES VILLENEUVE est de- comme vichyste – son grand-père du moins du point de vue du baisse de 1,89 %, s’inscrivant à son venu à vingt-six ans champion du maternel appartint au Conseil na- nombre, mais elle a moins collaboré plus bas niveau depuis le mois monde des pilotes de formule 1, tional de l’Etat français et son père qu’on ne cherche aujourd’hui à le d’août 1995. Les places euro- dimanche 26 octobre, à l’issue du reçut la Francisque –, il récuse prétendre ». M. Giscard d’Estaing péennes n’étaient pas épargnées. Grand Prix d’Europe, disputé en cette affirmation. Lui-même enga- évoque aussi la rafle du Vel’d’Hiv’, La Bourse de Francfort a ouvert en Espagne. Au 48e tour, Michael gé à dix-sept ans, en 1944, dans la ces arrestations massives de fa- repli de 2,41 % et Paris de 1,33 %. Schumacher, prétendant au titre, Première armée française, M. Gis- milles juives opérées à Paris les 16 Les investisseurs sont persuadés jetant sa Ferrari contre la Wil- card d’Estaing parle des « petits et 17 juillet 1942 par des policiers que les autorités monétaires de liams-Renault du Canadien, était services matériels » qu’il rendit à la et des gendarmes français. « Sur Hongkong finiront tôt ou tard par contraint à l’abandon. Terminant Résistance. Il évoque sa présence les plates-formes arrière de ces au- rompre le lien qui existe entre le troisième, Jacques Villeneuve réa- dans la foule, place de l’Hôtel-de- tobus », transportant les per- dollar de Hongkong et le dollar lise le rêve de son père, Gilles, dé- Ville, le jour de la libération de la sonnes arrêtées, il y avait, se sou- américain. Une telle dévaluation cédé en 1982 lors des essais du capitale, le 25 août 1944 et le dis- vient-il, « des agents de police provoquerait une dépréciation des Grand Prix de Belgique. cours de De Gaulle affirmant que français ». « A qui, demande-t-il, actifs financiers de l’ancienne co- Paris s’était libéré « par lui- fera-t-on croire le contraire ? » lonie britannique. Lire p. 24 et nos autres même ». « Je me suis demandé sur informations sportives p. 25 et 26 le champ : pourquoi dire cela ? Lire pages 8 et 9 Lire page 34
a La Smart, espoir Les « passeports intérieurs » russes perdent leur cinquième ligne Piat : sur la piste de la Lorraine MOSCOU De vives objections sont cependant venues naires des autres Républiques ex-soviétiques Jacques Chirac et Helmut Kohl de- de notre correspondante du Tatarstan et d’autres Républiques situées à sont dans le même cas. du « général » Une polémique se développe en Russie au- l’intérieur de la Fédération de Russie, aux po- Mais les démocrates, qui qualifient le vaient inaugurer, lundi 27 octobre en tour de la cinquième ligne des « passeports in- pulations largement non russes. Soucieuses de compromis communiste de boiteux, furent LE « GÉNÉRAL » qui est à Moselle, l’usine d’où sortira la Smart, la térieurs » soviétiques qui servent toujours, leur « souveraineté », elles ont refusé d’adop- quand même troublés de voir l’ultra-nationa- a l’origine des accusations petite voiture née de l’alliance de Mer- dans le pays, de cartes d’identité : cette cin- ter les nouveaux passeports intérieurs. Rien liste Vladimir Jirinovski abonder dans leur sens d’André Rougeot et de Jean-Mi- cedes et de Swatch. p. 20 quième ligne, indiquant la « nationalité » n’y distingue en effet leurs ressortissants des avec ses arguments douteux. « Un jour, les chel Verne, les auteurs du livre (russe, juive, tatare, etc.) du titulaire, a été autres citoyens de la fédération russe. Les pa- prostituées voudront aussi une ligne dans le pas- L’Affaire Yann Piat, est-il Jacques supprimée dans les nouveaux « passeports [in- piers soviétiques comportent en outre une seport pour pouvoir inscrire leur profession », Jojon ? Cet ingénieur en retraite a térieurs] de la Fédération de Russie » qui ont page supplémentaire écrite dans les langues s’est-il exclamé à la Douma. Rarement en re- dans le Var affirme qu’il organisait L’ex-Zaïre commencé à remplacer au compte-gouttes les nationales de ces Républiques autrefois quali- tard d’une réflexion raciste, un député chez lui, en présence d’André Rou- documents soviétiques. fées d’autonomes. Cette page n’existe plus communiste a aussitôt soutenu que la position geot, des « réunions informelles » s’entrouvre à l’ONU L’innovation a été saluée comme un progrès dans les passeports russes. de M. Jirinovski s’expliquait par sa propre ori- sur des « sujets sensibles ». « Il s’est La République démocratique du Congo démocratique par toute l’intelligentsia mosco- La bonne conscience des démocrates russes gine juive... inspiré de moi, c’est sûr », a-t-il dé- a finalement autorisé, samedi 25 octo- vite. Des générations de dissidents n’avaient- fut cependant confortée par la position adop- Le niveau de la « polémique », comme le claré au Monde. Un jeu d’épreuves elles pas dénoncé l’usage soviétique de la tée par leurs adversaires communistes, qui ont flou régnant en Russie entre les notions d’eth- bre, l’ONU à enquêter sur les mas- du livre lui fut adressé avec ce « cinquième ligne » ? C’est elle qui permettait pris la défense des « minorités nationales » et nie et de citoyenneté, montre aussi la difficulté mot : « On attend votre préface. Il sacres de Hutus perpétrés pendant la à Staline d’institutionnaliser les discrimina- de leur « droit à la différence ». Ces derniers de ces quelque 75 % de Russes « ethniques » à manque le dernier chapitre : celui guerre civile. p. 2 tions contre les juifs ou de déporter des proposent de garder une case où chacun sera se percevoir citoyens d’une fédération multi- où [...] le général dit qu’il y était et peuples entiers. Dans ce qui est aujourd’hui la libre d’inscrire ou non sa « nationalité ». Une nationale. Heureusement, le problème des où sont les preuves. » M. Jojon a été République karatchevo-tcherkesse, par telle solution a aussi la faveur, entre autres, des passeports intérieurs russes ne presse pas : condamné, en 1991, à deux ans de a exemple, tous ceux dont la cinquième ligne du quelque quatorze millions d’Ukrainiens de leur généralisation n’est pas prévue avant prison pour racket fiscal. Les ex- François-Henri passeport intérieur indiquait en 1944 qu’ils souche qui vivent en Russie mais souhaitent 2006. En attendant, les Russes voyagent tou- pertises psychiatrique avaient étaient karatchaïs (un peuple turc) furent dé- garder mention de leurs origines, ne serait-ce jours à l’étranger avec leurs bons vieux passe- alors conclu à une « psychose déli- de Virieu est mort portés, mais les Tcherkesses restèrent libres, y que dans l’espoir de faciliter leurs relations ports soviétiques... rante chronique paranoïaque ». Le créateur de « L’Heure de vérité », compris d’occuper les maisons laissées va- avec la bureaucratie de la République ancien collaborateur du Monde, est cantes... d’Ukraine. Les habitants de la Russie origi- Sophie Shihab Lire page 11 mort dimanche 26 octobre. p. 34 Emotion à Drouot a Degas acheteur Les valeurs peuvent-elles tenir lieu de politique ? Le Metropolitan Museum de New York réunit plus de 250 œuvres de la collec- À L’INSTAR de Claude Allègre, difficultés sont apparues lorsqu’il était, cette année, centré autour membres d’une société démocra- les ministres de l’éducation qui se a fallu définir, dans un langage de la question « Quelles valeurs tique. La démocratie semble en ef- tion privée du peintre. p. 29 sont succédé ces dernières années moderne, le contenu de ladite mo- pour demain ? », n’ont pu que fet présupposer, à l’inverse des rue de Grenelle ont régulièrement rale. constater, eux aussi, la quasi-im- systèmes totalitaires ou théocra- proclamé la nécessité de rétablir, à Les participants au neuvième possibilité d’énoncer, de manière tiques, la relativité des valeurs... a La Loire l’usage des écoliers, les cours de forum Le Monde-Le Mans, qui approfondie et sans contestation Tout d’abord, y a-t-il des valeurs morale chers aux instituteurs de la s’est tenu du 24 au 26 octobre au possible, les valeurs susceptibles esthétiques ? Non, répond le théo- patrimoine européen IIIe République. Mais d’immenses Palais des congrès du Mans et qui d’être acceptées par tous les ricien de l’art et de la littérature Gérard Genette. « On peut poser Le classement par Bruxelles en zone de en principe qu’aucune valeur d’au- protection spéciale de l’estuaire de la cune sorte n’est objective et absolue, Loire ravit les écologistes, mais contra- parce que rien, par définition, ne GUY LOUDMER rie les projets d’extension du port de peut présenter de “valeur” qu’aux Nantes - Saint-Nazaire. p. 13 yeux de quelqu’un ou de quelques- LE TRÈS MÉDIATIQUE com- uns : valoir, c’est inévitablement va- missaire-priseur Guy Loudmer, loir pour : toute valeur est en ce sens dont l’étude est l’une des quatre relative », affirme-t-il. La Grande premières de la place de Paris, a été a Soweto Fugue de Beethoven est-elle supé- mis en examen pour « abus de rieure à une chanson populaire confiance » et placé en détention, après l’apartheid comme Le Petit Vin blanc ? On vendredi 24 octobre. L’information La démocratisation n’a pas économi- peut dire qu’elle est de construc- judiciaire vise notamment la collec- tion plus complexe. Mais il fau- tion Bourdon, vendue pour quement profité à la plus grande ban- drait alors poser en principe la su- 509 millions de francs en 1990. Ex- lieue noire d’Afrique du Sud. p. 14 périorité esthétique du complexe ceptionnelle s’agissant d’un officier sur le simple, laquelle ne va pas de ministériel, cette incarcération in- Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, soi. Les artistes de l’âge classique quiète la profession. 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; n’étaient pas loin de penser le Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, contraire. « Si l’on m’objecte que le Lire page 12 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, thème mélodique du Petit Vin 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; blanc est non seulement simple International ...... 2 Finances/marchés .. 23 Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; mais vulgaire, poursuit Gérard Ge- Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. France ...... 8 Aujourd’hui...... 24 nette, je réponds que je ne connais Société ...... 11 Météorologie-Jeux. 27 aucun critère objectif de la vulgarité Carnet...... 12 Culture...... 29 ou de la distinction. » Régions ...... 13 Guide ...... 31 Horizons ...... 14 Abonnements...... 32 Dominique Dhombres Entreprises ...... 20 Kiosque...... 32 Communication ...... 22 Radio-Télévision..... 33 Lire la suite page 19 LeMonde Job: WMQ2810--0002-0 WAS LMQ2810-2 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0336 Lcp: 196 CMYK
2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997
EX-ZAÏRE L’ambassadeur améri- massacres de réfugiés hutus rwan- l’enquête ne devait pas être liée aux de l’ex-Zaïre. b LES ÉTATS-UNIS, qui lon de bonnes sources, insistant pu- cain à l’ONU, Bill Richardson, a an- dais commis lors de sa conquête de promesses d’aide économique de la avaient initialement soutenu M. Ka- bliquement pour que ces noncé, samedi 25 octobre, que l’ex-Zaïre. Kinshasa avait jusqu’à communauté internationale. M. Ri- bila, se sentaient piégés par son refus investigations soient menées, mais Laurent-Désiré Kabila acceptait présent toujours entravé ces investi- chardson a encouragé les pays occi- d’accepter cette enquête. Washing- exerçant dans l’ombre des pressions qu’une enquête soit menée sur les gations. b M. KABILA a souligné que dentaux à soutenir la reconstruction ton a eu une attitude paradoxale, se- sur les enquêteurs de l’ONU. L’ONU va tenter d’enquêter sur les massacres au Congo-Kinshasa Laurent-Désiré Kabila a accepté que les experts des Nations unies puissent mener une investigation sur les tueries perpétrées lors de sa marche vers le pouvoir ; les Etats-Unis vont, en échange, solliciter une aide internationale pour la République démocratique du Congo
KINSHASA son a été lu, dans sa version fran- qu’à présent, ils n’étaient pas au- Le mandat n’embrasse pas les re- s’est contenté de confirmer orale- son aide à la reconstruction du pays de notre envoyé spécial çaise, par Etienne-Richard Mbaya, torisés à se rendre. commandations de poursuite ou ment qu’il était en parfait accord à cette enquête ». L’argument Les relations entre la Répu- le ministre congolais de la re- Le gouvernement congolais ga- d’autres mesures punitives ». avec la déclaration du diplomate économique avancé par M. Ri- blique démocratique du Congo construction nationale. Le texte, rantira au mieux la sécurité des L’équipe de l’ONU s’engage à ne américain. chardson pour convaincre M. Ka- (RDC, ex-Zaïre) et les Nations en onze points, précise que le membres de la mission d’enquête pas s’ingérer dans les affaires inté- M. Richardson avait obtenu un bila d’accepter les enquêteurs unies pourraient bien connaître mandat de l’équipe du Haut et celle-ci achèvera ses investiga- rieures de la République démocra- accord similaire de M. Kabila en s’est montré décisif. une embellie. Laurent-Désiré Ka- Commissariat aux droits de tions le 28 février 1998, faute de tique du Congo, à ne pas prendre juin, lors du sommet de l’Organi- L’envoyé spécial de Bill Clinton bila, président autoproclamé de la l’homme des Nations unies quoi elle devra obtenir une proro- contact ni se laisser influencer par sation de l’unité africaine (OUA) à s’est félicité de l’attitude de M. Ka- RDC, vient en effet d’accepter que couvre la période du 1er mars 1993 gation de son mandat. Il est stipu- les personnes qui s’identifient à Harare (Zimbabwe). Mais, en dé- bila, estimant que de nombreux la mission de l’ONU chargée d’en- au 21 décembre 1997. Les enquê- lé que « l’équipe informera objec- l’ancien régime. Le gouvernement pit de cet engagement, les auto- pays pouvaient maintenant re- quêter sur les massacres de réfu- teurs pourront se déplacer sur tivement et selon les faits disposera d’un délai raisonnable rités congolaises n’avaient jamais prendre leur aide à la République giés hutus rwandais perpétrés lors l’ensemble du territoire et iront éventuellement constatés sur le lieu pour avoir le rapport de la mission laissé la mission d’enquête de démocratique du Congo. Il a an- de la conquête militaire du pays donc, selon le communiqué, « si- d’investigation, et évitera les préju- et apportera son approbation l’ONU quitter Kinshasa pour se noncé que les Etats-Unis avaient puisse se déplacer et travailler à multanément dans l’est du pays et à gés sur le groupe ou individu qui avant sa publication. Les membres rendre sur le terrain. déjà lancé leur programme d’as- son gré sur l’ensemble du terri- Mbandaka », dans l’ouest, où, jus- aurait commis ces prétendus abus. de l’équipe s’abstiendront de tout sistance à la RDC dans le domaine toire congolais. C’est du moins ce commentaire public concernant le L’ARGUMENT ÉCONOMIQUE de la santé, de l’adduction d’eau, qui ressort d’un « communiqué de résultat de leur enquête jusqu’à ce La dernière équipe d’investiga- de l’assainissement urbain et de la presse » de Bill Richardson, l’am- Le Rwanda reconnaît être impliqué dans la mort de réfugiés que le secrétaire général de l’ONU tion, dirigée par un juriste togo- construction de ponts. M. Ri- bassadeur des Etats-unis à l’ONU, diffuse son contenu. lais, Atsu Kofi Amega, était arrivée chardson a affirmé que Washing- spécialement dépêché à Kinshasa Le vice-président et ministre de la défense rwandais, Paul Kaga- Le dernier point du document dans la capitale congolaise le ton allait favoriser les discussions par le président Bill Clinton. mé, a reconnu que ses troupes étaient impliquées dans les tueries souligne que l’enquête menée par 24 août. Dans l’impossibilité d’ef- entre Kinshasa et les institutions Le diplomate américain a été de centaines de réfugiés hutus rwandais en République démocra- l’équipe des Nations unies n’ex- fectuer son travail, elle avait été monétaires internationales sur le longuement reçu, samedi 25 octo- tique du Congo, dans un entretien publié le 26 octobre par le journal clut pas que « d’autres groupes rappelée à New York. Elle devrait rééchelonnement de la dette exté- bre, par le président congolais. Les sud-africain Sunday Independent. Toutefois, affirme Paul Kagamé, puissent réaliser des recherches col- revenir rapidement à Kinshasa, rieure du pays, estimée à quelque deux hommes se connaissent on ne peut pas parler de « massacres » mais d’un « résultat de la latérales ou parallèles ». L’ambas- puisque M. Richardson a estimé 14 milliards de dollars. bien : M. Richardson avait ren- guerre ». L’ONU est responsable de cette situation, selon lui, car elle sadeur américain précise qu’il qu’elle pourrait commencer à tra- Bill Richardson a justifié sa mis- contré M. Kabila avant que celui- n’a pas séparé les combattants et les « vrais » réfugiés. L’armée s’est entretenu avec le secrétaire vailler dans la première quinzaine sion par le fait que les Etats-Unis – ci ne renverse le maréchal Mobutu rwandaise est entrée dans les camps pour empêcher une invasion général de l’ONU, Kofi Annan, des de novembre. qui soutiennent l’entreprise de Sese Seko. Il avait été le grand or- du Rwanda, estime M. Kagamé. « Et c’est parce que certains étaient différents points de son commu- Laurent-Désiré Kabila a toute- Laurent-Désiré Kabila depuis un donnateur des deux rencontres armés et que, parfois, ils combattaient, alors qu’ils étaient mêlés à des niqué. fois précisé, samedi soir, que les an – considéraient la République Mobutu-Kabila, placées sous femmes et à des enfants, qu’il y a eu la mort de nombreuses personnes », MM. Kabila et Richardson n’ont autorités congolaises ne coopére- démocratique du Congo comme l’égide de Nelson Mandela, au conclut M. Kagamé, qui se déclare favorable à une enquête, mais es- cependant signé aucun document raient pas avec la mission d’en- « un pays ami ». mois d’avril. time que l’ONU aura à « prouver sa compétence » et à enquêter sur la conjoint ou déclaration quête de l’ONU si « la communau- Le communiqué de M. Richard- militarisation des réfugiés. – (AFP.) commune. Le président congolais té internationale continuait de lier Frédéric Fritscher L’embarras croissant de Washington face à M. Kabila NEW YORK (Nations unies) question. « Personne n’a envie de se passé sans que les membres de Ils avaient décidé d’entamer leur ne vois pas de solution, explique les erreurs de la communauté in- de notre correspondante confronter au Congo, chacun pense l’équipe ne soient sujets aux pres- mission par la ville de Mbandaka, Peter Rosenblum, du département ternationale, insistent sur la res- C’est à contrecœur que Bill Ri- à l’avenir », commente un ministre sions américaines », révèle une dans le Nord-Ouest, où, disent-ils, des droits de l’homme de l’univer- ponsabilité du gouvernement chardson est retourné à Kinshasa. européen des affaires étrangères. Il source informée. Elle précise que les massacres ont été commis sité de Harvard. Alors que l’on sait congolais. Il affirme avoir vu et Le voyage lui a été imposé par le semble que M. Richardson regrette l’ambassadeur américain en RDC, « non pas dans les forêts mais au que l’architecte des massacres se photographié « ce que Kabila et département d’Etat, qui tient vivement le jour où il a déclaré, de- Daniel Simpson, s’est, à trois re- centre-ville, devant les habitants ». trouve à Kigali, il est incroyable de Kagamé ne veulent certainement M. Richardson pour responsable vant des caméras, que « l’avenir prises, « personnellement » présen- Sous la pression de Kinshasa et de voir que les Etats-Unis continuent de pas que quiconque voie : les restes de l’impasse dans laquelle se des relations entre Washington et té à l’hôtel afin de persuader les Washington, la mission a accepté traiter le Rwanda avec une telle dé- de dizaines de milliers de réfugiés ci- trouve Washington. Le diplomate Kabila dépend de la mission d’en- enquêteurs d’être « plus flexibles ». l’idée d’un « déploiement simulta- férence. On dénonce Kabila sans vils massacrés ». Selon lui, « les os sait que l’issue de sa mission dé- quête de l’ONU ». « Il l’a dit sans ré- Les pressions sont aussi venues né » dans l’Ouest et dans l’Est, où dire un mot sur Kagamé », ajoute- ont déjà été exhumés à la hâte dans passe le rôle des soldats de M. Ka- fléchir et sans soutien de Washing- directement de Washington. Lors les réfugiés rwandais auraient eux- t-il. de nombreux endroits, et brûlés ». bila dans les massacres et que son ton », explique-t-on de source d’une conversation téléphonique mêmes commis des atrocités. Les sites, dit-il, continuent d’être propre gouvernement se sent américaine. avec le juriste togolais Atsu Kofi Entre-temps, Kinshasa et Kigali « nettoyés », et les témoins poten- « otage » de ces investigations. Lorsqu’ils évoquent la période Amega, chef de l’équipe des en- sont devenus encore plus intra- A son regret, tiels « intimidés, arrêtés, brutalisés, Car, à son regret, Bill Richardson a où ils furent bloqués durant des se- quêteurs de l’ONU, le secrétaire itables. Leur stratégie consiste à ré- et même exécutés ». largement contribué à transformer maines dans des chambres d’hôtel d’Etat adjoint chargé des droits de clamer une enquête sur le rôle de Bill Richardson a Scott Campbel n’est pas un cette mission d’enquête en un su- de Kinshasa, certains enquêteurs l’homme, John Shattack, aurait de- la communauté internationale homme populaire à Washington : jet hautement politique. de l’ONU ne font guère mystère de mandé : « Monsieur le juge, quand dans la région des Grands Lacs de- largement contribué dans son rapport, il dit que Was- A part les Etats-Unis, aucun pays « l’intervention systématique » des on vous présente un dossier, vous puis le génocide de 1994 au Rwan- hington connaissait la décision du ne s’est clairement prononcé sur la Américains. « Très peu de jours ont l’ouvrez à la première ou à la der- da. Une enquête que personne ne à transformer cette Rwanda de « nettoyer » les camps nière page ? », ajoutant : « Pour- souhaite, à part les défenseurs des de réfugiés hutus, à condition que quoi alors commencer votre enquête droits de l’homme. mission d’enquête cela se fasse « de manière propre ». par ce qui s’est passé à la fin ? » Les Bill Richardson avait ainsi, face à Pourtant, Scott Campbell n’accuse enquêteurs souhaitaient commen- lui, Kinshasa et Kigali qui refu- en un sujet pas Washington de « complicité ». cer leurs investigations dans saient l’enquête, et des enquêteurs M. Campbell précise au Monde que l’ouest du pays, où les dernières qui refusaient de se dérober. Plus hautement politique « personne n’aurait pu imaginer exactions ont été commises. Kins- personne ne croyait au succès de la que les atrocités prendraient de hasa s’était formellement opposé à mission d’enquête de l’ONU, mais telles proportions ». « Des massacres ce programme, voulant que l’in- chacun attendait de voir « com- Le dernier rapport sur les atroci- ont eu lieu, il n’y a pas de doute, dit- vestigation remonte au génocide ment les Américains [allaient] s’en tés, rédigé par Scott Campbell, de il. La question est de savoir sur ordre des Tutsis rwandais. Les enquê- sortir ». « Tant que Washington l’organisation Human Right’s de qui. » teurs avaient refusé « tout compro- n’admet pas publiquement le rôle Watch, est accablant. M. Campbell mis ». du Rwanda dans les massacres, je est de ceux qui, tout en admettant Afsané Bassir Pour A Brazzaville, Denis Sassou Nguesso se proclame président LE VAINQUEUR de la guerre ci- son réquisitoire, le procureur gé- partis politiques pourrait être limi- nismes internationaux, à assurer la vile congolaise, Denis Sassou néral a dressé un tableau flatteur té et les institutions relèveraient « privatisation transparente » des Nguesso, s’est fait investir chef de du nouveau président – qui «a su d’un régime présidentiel fort. Des entreprises publiques et à « régula- l’Etat, samedi 25 octobre à Brazza- mêler son destin à celui de notre élections seraient organisées dans riser les salaires » des fonction- ville. Le nouveau président, qui pays » –, le comparant au général un délai de deux ans. « Président naires. Certains de ses engage- avait déjà dirigé le pays de 1979 à de Gaulle. du conseil des ministres », selon ments étaient déjà contenus dans 1992, a annoncé la tenue d’un « fo- A l’issue de la cérémonie, Denis l’intitulé officiel, M. Sassou Ngues- le programme de réformes engagé rum national pour l’unité et la dé- Sassou Nguesso a annoncé dans so ne compte pas laisser res- avec le FMI et la Banque mondiale mocratie », qui décidera des mo- un « discours de politique géné- treindre un pouvoir qu’il avait per- par M. Lissouba. M. Sassou Ngues- dalités de la période de transition rale » la tenue imminente d’un du avec l’instauration du so n’a pas dit explicitement s’il res- et fixera la date des prochaines « forum national pour l’unité et la multipartisme. pecterait les accords précédem- élections. démocratie », dont le rôle sera de ment conclus. Il a annoncé la Une douzaine d’ambassadeurs déterminer « la durée, le contenu et UN SOMMET RÉGIONAL À LUANDA réalisation d’un audit destiné à ont assisté à la cérémonie qui s’est les modalités de gestion de la Pour M. Sassou Nguesso, le faire « l’état des lieux exhaustif des déroulée dans le Parlement, là où période de transition ». Le forum « morcellement ethno-régional » du ravages du régime tyrannique de avait eu lieu en 1992 la conférence devra également fixer les dates des pays a été « sublimé » par son pré- Lissouba », qu’il a accusé de mau- nationale congolaise qui avait dé- prochaines élections et « favoriser décesseur, accusé d’être à l’origne vaise gestion. bouché sur l’organisation d’élec- la réconciliation nationale ». des deux guerres civiles congo- Par ailleurs, l’Angola, qui a large- tions et la victoire de Pascal Lissou- Le nouveau président a dénoncé laises. Le Congo est sensiblement ment contribué à la victoire mili- ba, défait par les armes la semaine la théorie de la « tribu-classe deve- divisé entre le Nord, d’où est origi- taire de M. Sassou Nguesso, aurait dernière. Les délégués des partis nue idéologie de l’Etat » sous le ré- naire M. Sassou Nguesso, le l’intention de retirer ses soldats du politiques et des « forces combat- gime de Pascal Lissouba, et affirmé Centre, regroupé autour de M. Ko- Congo dans un court délai, selon tantes » ont défilé à la tribune pour que 10 000 personnes sont mortes lelas, et le Sud, partisan de M. Lis- l’ambassadeur américain à l’ONU, désigner M. Sassou Nguesso pendant les combats. Il a accusé M. souba. En 1993-1994, des affronte- Bill Richardson, en visite à Luanda. comme président. Les discours Lissouba et son allié, Bernard Kole- ments entre l’armée et des Le sujet sera évoqué lors d’un som- étaient ponctués par les chants et las, de « génocide », et annoncé la partisans de M. Kolelas avaient fait met régional qui se tiendra mardi les vivats de la foule. constitution de dossiers afin de sai- 3 000 morts. « La priorité est de dans la capitale angolaise et réuni- La Cour suprême qui a investi sir les juridictions internationales. consolider la paix », a répété ra les présidents Omar Bongo (Ga- l’homme fort du Congo en vertu M. Sassou Nguesso a commencé M. Sassou Nguesso. bon), Laurent-Désiré Kabila (Ré- de l’article 35 d’un « acte fonda- à mettre en place un régime pré- Le nouveau président a annoncé publique démocratique du Congo) mental », qu’il n’a pas été possible sidentiel, prenant ses distances un programme de relance écono- et Eduardo Dos Santos (Angola), de préciser, avait été désignée dans avec le multipartisme et le « mor- mique aux contours encore mal vraisemblablement en présence de les années 80 lorsque M. Sassou cellement ethno-régional ». Selon définis. Il s’est engagé à « pour- Denis Sassou Nguesso. – (AFP, Nguesso était chef de l’Etat. Dans un de ses proches, le nombre de suivre le dialogue » avec les orga- Reuter.) LeMonde Job: WMQ2810--0003-0 WAS LMQ2810-3 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0337 Lcp: 196 CMYK
INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 / 3 La plupart des partis en Algérie dénoncent Fidji assouplit une « fraude massive » aux élections locales son expérience nationaliste Les formations de l’opposition tentent d’organiser un « front du refus » L’archipel a réintégré la grande famille A l’exception du Rassemblement national dé- du 23 octobre, tous les partis algériens dé- tion comprend même des partis qui, comme le du Commonwealth et le gouvernement mocrate (RND), la formation du président Lia- noncent une « fraude massive » qui aurait enta- FLN et les islamistes « légaux », sont membres mine Zeroual, sortie vainqueur du scrutin local ché ces élections. Le mouvement de protesta- de la coalition gouvernementale. a présenté des excuses à la reine Elizabeth
La plupart des formations poli- ment aux côtés du RND. Arrivé néralisée », et pratiquement dans Constantine (Est) et à Mostaga- SUVA et qualifient les Fidjiens de « pares- tiques algériennes ont contesté, deuxième, le Front de libération les mêmes termes : « Urnes “bour- nem (Ouest). de notre envoyée spéciale seux ». C’est paradoxalement l’au- samedi 25 et dimanche 26 octobre, nationale (FLN, ex-parti unique), rées”, détournement de procura- Les responsables du RCD, cités Lors de la rencontre des diri- teur des coups d’Etat militaires en la large victoire, jeudi, du parti sous la pression d’une base rajeu- tions, dépouillements organisés par la presse, ont affirmé qu’ils geants des pays du Commonwealth, personne qui, dix ans plus tard, a présidentiel lors du scrutin local nie et « remontée » contre son après l’expulsion des scrutateurs, « transformeraient Alger en Bel- qui s’est ouverte, vendredi 24 octo- supervisé ce retour à la case départ. marqué, selon elles, par une « allié » gouvernemental du RND, partialité de l’administration, dé- grade » en organisant, chaque Mercredi 24 octobre, le général Ra- « fraude massive ». L’opposition s’est ainsi joint à ce concert des faut de procès-verbaux, menaces, jour, un rassemblement devant REPORTAGE buka a présenté des excuses offi- tentait de s’organiser en une sorte protestations contre la « fraude ». pressions et agressions contre des leur siège, dans le centre-ville. Le 60 000 Indiens cielles à la reine Elizabeth pour le de « front du refus » pour riposter Le premier parti islamiste légal, le candidats. » RCD devait tenter de protester en coup de 1987. Il s’est, en effet, rendu et manifester. Mouvement de la société pour la La protestation s’était dévelop- fin de journée devant la prési- auraient quitté la jeune à l’évidence que son expérience de Un des principaux partis d’op- paix (MSP, ex-Hamas), classé troi- pée, dès jeudi, de manière très dence. Vendredi, une tentative de République depuis nationalisme autochtone avait tota- position, le Front des forces socia- sième, a lui aussi mis en cause la vive au niveau local, où plusieurs marche du RCD avait été rapide- les coups d’Etat de 1987 lement échoué. 60 000 Indiens au- listes (FFS), appelait à une marche régularité du scrutin, mais avec un partis se sont regroupés pour ment arrêtée par la police. Les raient quitté le pays. Le chef indien lundi à Alger. Il a demandé aux ton moins virulent. émettre des critiques communes. protestataires vont déposer une de l’opposition, Jai Ram Reddy, af- autres partis de s’y joindre. Son Tous parlent d’une fraude « gé- Le FLN s’est notamment retiré à série de recours pour contester la bre, à Edimbourg, Fidji a enfin re- firme que la nouvelle Constitution, premier secrétaire, Ahmed Djed- régularité des opérations de vote. joint le « club » dont l’ancien domi- moins marquée par l’idéologie ra- daï, a stigmatisé une fraude « mas- « Si le FLN et le MSP venaient à nion britannique du Pacifique Sud ciale des putschistes de 1987, peut sive » et des actes de « gangsté- L’Europe disponible pour une médiation opter pour un durcissement de leurs fut exclu il y a dix ans. La jeune Ré- au mieux stopper l’exode, mais risme électoral ». Les responsables positions respectives à l’égard des publique fidjienne était jusqu’à qu’elle ne fera revenir personne. du parti ont toutefois expliqué « Nous marquons notre disponibilité pour toute action que les prota- résultats officiels, c’est la coalition présent régulièrement montrée du qu’ils n’étaient pas disposés à boy- gonistes – à commencer par les autorités – nous demanderaient de me- gouvernementale qui risquerait doigt, en particulier par l’Inde, qui UN DÉFI À RELEVER AVANT 2005 cotter l’Assemblée en signe de ner pour faciliter une solution politique », a indiqué samedi 25 octo- d’être malmenée », avançait, same- lui rappelait ses « péchés » : deux Adopté en juillet par le Parle- protestation. bre Jacques Poos, le ministre des affaires étrangères du Luxembourg di, le quotidien privé La Tribune. coups d’Etat militaires en 1987, et ment, cette révision constitution- Le parti présidentiel, le Rassem- et président en exercice du Conseil, que ses collègues avaient chargé Le ministre de l’intérieur, Mos- surtout, mise en place, trois ans plus nelle marque un tournant. Seul le blement national démocratique d’exprimer la position commune. « L’Union soutient le processus de tefa Benmansour, a affirmé en an- tard, d’une Constitution discrimina- poste du président est désormais ré- (RND), a remporté une large vic- réforme politique et économique lancé par les autorités algériennes et nonçant les résultats qu’« aucun toire à l’égard des Indiens. Ceux-ci, servé à un Fidjien de souche auto- toire lors de l’élection des conseils les encourage pour que le processus politique algérien soit aussi ouvert incident notable » n’avait entaché apportés comme main-d’œuvre chtone, et la répartition ethnique communaux et départementaux, et inclusif que possible, a ajouté M. Poos. Elle encourage le président le scrutin. Il a marqué, selon les ré- agricole par les Britanniques entre des sièges au Parlement est considé- selon les chiffres officiels. Zéroual à élargir le dialogue avec toutes les forces démocratiques, c’est- sultats officiels, un retour en force 1879 et 1916, avaient fini par former rablement rééquilibrée. Signe du re- Le FFS et son rival au sein de la à-dire celles qui refusent la violence. En même temps, nous encoura- du FLN, un recul du MSP et du une petite moitié de la population latif consensus politique autour de mouvance « démocrate », le Ras- geons le président Zéroual à compléter la construction institutionnelle parti Ennahda, enfin la confirma- (au total, 800 000 personnes), ce nouvel avenir, c’est le chef indien semblement pour la culture et la et à poursuivre la démocratisation », a encore déclaré M. Poos. tion de la marginalisation du FFS contrôlant la production de la de l’opposition M. Reddy qui s’est démocratie (RCD), ont été rejoints La définition qui est donnée des « forces démocratiques » conduit à et du RCD, dont l’influence reste canne à sucre et, d’une manière gé- rendu en Inde pour « présenter » la dans le concert des critiques par penser que l’Union européenne invite M. Zéroual à reprendre le dia- largement cantonnée à la Kabylie. nérale, les affaires. nouvelle Constitution et s’assurer deux partis siégeant au gouverne- logue avec le Front islamique du salut (FIS). – (AFP.) L’officier auteur des coups d’Etat du soutien de New Delhi pour la de 1987, Sitiveni Rabuka, au- réadmission de Fidji au Common- jourd’hui général et premier mi- wealth. Carole Bellamy, directeur exécutif de l’Unicef nistre, s’était posé en porte-parole L’archipel n’est pourtant pas en- des Mélanésiens autochtones in- core au bout de ses peines. Un défi quiets de la montée en puissance que certains considèrent comme « Nous devons combattre les pires formes de travail des enfants » des Indiens immigrés. Son slogan bien plus grand que la question était : « Rendre Fidji aux Fidjiens ». constitutionnelle se dessine. Les UNE CONFÉRENCE internatio- toute façon n’est pas une priorité à changer de comportement, par De fait, un certain nombre d’Indo- baux des terres, d’une durée de nale destinée à mettre au point un leurs yeux. exemple en leur attribuant de pe- Fidjiens rencontrent dans la vie trente ans minimum, que les Méla- programme d’action contre le tra- – L’Unicef distingue le travail tites allocations spécifiquement quotidienne de nombreux obstacles nésiens louent aux cultivateurs in- vail des enfants dans le monde des enfants (child work), qui dans destinées à l’éducation de leurs liés à leur origine ethnique, mais diens de canne à sucre ont s’est ouverte, lundi 27 octobre à certaines situations peut être ac- enfants. d’autres ne se plaignent pas de ces commencé à arriver à échéance ; et Oslo. Elle est organisée par la Nor- ceptable, voire bénéfique, et le – Comment sensibiliser le sec- dix années. Dans son bureau en- les propriétaires ont largement ex- vège en collaboration avec le travail préjudiciable (child la- teur privé à cette cause ? combré d’échantillons des produits primé le souhait de récupérer leurs Fonds des Nations unies pour l’en- bour), qu’elle combat. – Il est utile d’exercer des pres- de luxe vendus par sa chaîne de ma- terres ou de renégocier à la hausse fance (Unicef) et l’Organisation in- – Certaines formes de travail des sions publiques. C’est un outil gasins hors taxe, Mahendras Motib- leurs baux. ternationale du travail. enfants peuvent contribuer à leur dont l’Unicef use et qui a donné hai Patel, affirme : « Nous avons Dans un premier temps, les fa- « Quelles principales formes développement. Ce que nous certains résultats, en Inde, au Pa- l’impression que l’on nous veut à nou- milles indiennes « chassées » des revêt le travail des enfants ? combattons, c’est le travail dange- kistan, au Bangladesh. Les cam- veau. Le premier ministre veut du terres devront être déplacées. Mais − Près de 250 millions d’enfants, CAROLE BELLAMY reux, forcé, qui parfois place l’en- pagnes d’information engendrent bien au pays et, même si on a perdu à plus long terme cette crise, qui de- âgés de cinq à quatorze ans, tra- fant dans un état de servitude, et peu à peu une prise de conscience. dix ans, aujourd’hui les deux commu- vrait culminer en 2005, pourrait fra- vaillent dans le monde. Beaucoup té. Bien sûr, nous ne prétendons où celui-ci souffre physiquement Il faut rappeler aux gouverne- nautés se comprennent mieux ». giliser le secteur de la canne à sucre. font, à des degrés divers, un travail pas pouvoir faire disparaître la ou mentalement. ments que le fait d’avoir adhéré à Pourtant, elles ne se mélangent « Si j’étais un investisseur étranger, dangereux qui les empêche de pauvreté du jour au lendemain. – Quelles actions spécifiques la convention relative aux droits guère. Les mariages interethniques j’attendrai quand même de voir com- faire ce qu’ils devraient faire à leur Cela ne doit pas nous empêcher de l’Unicef mène-t-elle ou re- de l’enfant leur impose des obliga- restent très rares. Chacun s’arc- ment se règle la question foncière », âge, c’est-à-dire, en premier lieu combattre les pires formes de tra- commande-t-elle dans ce tions dans ce domaine. boute sur son identité. Les Fidjiens déclare le jeune rédacteur en chef aller à l’école et participer – en vail des enfants. Mais il y a combat ? – Croyez-vous à l’utilité des de souche parlent leur langue méla- de la revue Pacific Island Monthly, tant qu’enfants – à la vie de leur d’autres raisons : la pression des – C’est un problème très pressions extérieures, des me- nésienne, pratiquent plutôt une Manivannan Naidu. Mais dans l’im- communauté. Ils sont employés, parents qui recrutent leurs enfants complexe, qu’on ne résout pas à naces de boycottages ou de culture de subsistance, jouent au médiat la réadmission au sein du par exemple, dans les industries pour certaines tâches de type fa- coups de déclarations ou en vo- sanctions contre un pays ? rugby et se disent « moins individua- Commonwealth clôt une paren- des pays du tiers-monde qui pro- milial et la compétition écono- tant des lois. La clé, c’est l’éduca- – Ce n’est qu’un moyen parmi listes que les Indiens ». De leur côté, thèse malheureuse. Fidji n’aura plus duisent pour l’exportation. Ce mique qui, dans le monde global tion, ou plus précisément l’accès d’autres qui attire passagèrement les Indo-fidjiens cultivent des terres le « sentiment désagréable, dit un sont les secteurs les plus visibles. d’aujourd’hui, incite les entre- des enfants à une éducation de l’attention de l’opinion sur cette dont ils ne sont que locataires – la député, de ne pas être invité à une Mais en réalité la majorité des en- prises à produire au plus faible qualité. Il est important aussi d’en- question, mais qui peut influencer propriété est le privilège des auto- fête de famille ». fants qui travaillent sont dans les coût, donc à utiliser la main- registrer tous les enfants à leur positivement le consommateur, en chtones – parlent principalement circuits de production locale. Des d’œuvre la moins chère, en l’oc- naissance, pour qu’on connaisse le rendant de plus en plus hindi entre eux, jouent au football Florence de Changy fillettes, par exemple, servent currence les enfants. leur âge et qu’ils fassent valoir conscient du travail des enfants. Il comme domestiques dès l’âge de » Mais la pauvreté aussi est re- leurs droits. Certaines lois sont reste que c’est un outil limité. A neuf-dix ans. D’autres travaillent lative. La fillette qui travaille dans utiles, si on les applique. long terme, encore une fois, seule dans l’agriculture, ou sont sexuel- un bordel de Thaïlande gagne en Le Liban vient de relever l’âge l’éducation peut changer en pro- lement exploités : ce sont les « en- deux jours plus que sa famille tout légal du travail de sept à quatorze fondeur les données du pro- fants de la rue ». entière en un mois. Et certains pa- ans. C’est un progrès notable. Les blème. » – Pourquoi tant d’enfants tra- rents ne voient pas pourquoi ils la industriels eux-mêmes doivent vaillent-ils ? dissuaderaient de se prostituer s’imposer un code de conduite. Propos recueillis par – A cause, d’abord, de la pauvre- pour la mettre à l’école – ce qui de Enfin, on peut inciter les familles à Jean-Pierre Langellier L’interminable cauchemar des filles et des garçons de Kaboul GENÈVE plongés mais aussi de ne jamais atteindre affirme que « la violence a joué un rôle énorme de notre correspondante l’âge adulte. Les conséquences intellectuelles et négatif dans le développement de tous ces en- Si les conséquences psychiques de la guerre sont également visibles. Beaucoup d’entre eux fants et a dramatiquement affecté la vision de sur les enfants, même à long terme, sont par- souffrent de difficultés de concentration et la leur avenir et même de leur propre personne ». tout désastreuses, elles le sont tout particuliè- plupart du temps ils n’ont même pas le cou- L’Unicef, face aux conclusions dramatiques rement dans la capitale afghane ensanglantée rage de jouer. Les trois quarts également de des entretiens, recommande la formation à par les combats depuis cinq ans. C’est ce qui ces petits ont perdu un parent proche. Pour Kaboul d’au moins une quinzaine de spécia- ressort d’une étude du Fonds des Nations 40 % d’entre eux il s’agissait de la mort de leur listes afghans pour les jeunes – psychologues, unies pour l’enfance, l’Unicef, financée par les père ou de leur mère. Tous se plaignent d’être psychiatres, médecins ayant travaillé dans le Pays-Bas, conduite par des citoyens afghans et en proie à des cauchemars. domaine de la dépression post-traumatique. rédigée à la suite d’entretiens en dari (le per- L’Unicef reconnaît qu’il conviendrait de doter san parlé en Afghanistan) avec un groupe re- PROFESSIONS PACIFIQUES ces experts de moyens techniques nécessaires présentatif de trois cent dix enfants – garçons La presque-totalité des filles et garçons qui tels que, notamment, des bibliothèques spé- et filles de Kaboul – âgés de huit à dix-huit ans. ont accepté ces entretiens ont été contraints cialisées. Il s’agira aussi de développer les La première constatation qui s’impose est de quitter en moyenne trois fois leur habita- structures de soins ambulatoires pour enfants qu’à des degrés divers tous demeurent trau- tion pour se cacher durant les combats. Ces à risques : handicapés après avoir sauté sur les matisés par les combats, lesquels sont pour- enfants disent qu’alors ils ne pensaient pas mines antipersonnel ou ayant subi des chocs tant terminés depuis plus d’un an, et par les échapper à une mort certaine. Plus d’un tiers graves, ainsi que des orphelins. Mme Gupta violences qu’ils ont subies ou dont ils ont été d’entre eux ont été obligés de transporter des conclut qu’« il convient, avant tout, de créer un témoins. Les deux tiers ont mis l’accent sur les morts et des blessés. Il est également courant climat sécurisant qui permettrait aux enfants de efforts qu’ils entreprennent sans cesse en vain pour ces jeunes Kaboulis de penser que les s’exprimer sans crainte ni réticence face à un pour tenter de refouler les souvenirs les plus « autres » ne les comprendront jamais. adulte en qui ils font confiance ». terribles. Plus de la moitié des enfants Un petit nombre d’entre eux veulent deve- Or, le climat oppressif imposé par les tali- cherchent obstinément à éviter d’en parler et nir plus tard soldats et admettent que c’est le bans à Kaboul n’est pas des plus favorables manifestent des signes de terreur : tremble- désir de venger leurs proches tués qui guide pour instaurer cette confiance. D’autant ments, palpitations, accès de sueur... à l’évoca- leur choix. Ce qui est réconfortant cependant, moins que les filles sont interdites de scolarité tion de la tragédie qu’ils ont vécue. Les trois c’est que plus de cent cinquante enfants de ce ou d’apprentissage et que leurs mères sont quarts sont facilement irritables mais surtout groupe aspirent à des professions pacifiques contraintes de demeurer à la maison, sans ac- visiblement désespérés. et souhaitent devenir enseignants ou méde- cès au monde du travail. Ils avouent avoir peur non seulement de ne cins. jamais sortir du marasme dans lequel ils sont Docteur Leila Gupta, responsable de l’étude, Isabelle Vichniac LeMonde Job: WMQ2810--0004-0 WAS LMQ2810-4 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0338 Lcp: 196 CMYK
4 / LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 INTERNATIONAL Polémique israélo-russe sur l’aide de Moscou à Téhéran La victoire électorale de l’opposition en Argentine JÉRUSALEM. Le ministre russe des affaires étrangères, Evgueni Pri- makov, en visite en Israël, a rejeté, dimanche 26 octobre, les accusa- compromet la stratégie présidentielle de M. Menem tions de l’Etat hébreu sur une aide militaire russe à l’Iran, et affirmé que Moscou poursuivrait sa coopération politique et économique avec Téhéran. « Les rumeurs sur des ventes de missiles russes à l’Iran sont Le Parti justicialiste – péroniste – a perdu la majorité absolue au Congrès dénuées de tout fondement », a déclaré M. Primakov à l’issue d’un en- tretien avec son homologue David Lévy. « La Russie a et continuera à Les élections législatives partielles qui ont eu détriment du Parti justicialiste qui avait jus- l’impunité son cheval de bataille, espère désor- avoir des relations politiques et économiques avec l’Iran », a-t-il ajouté. lieu en Argentine, dimanche 26 octobre, ont qu’alors la majorité absolue au Congrès. L’oppo- mais être en bonne position pour la prochaine M. Lévy a répliqué qu’il était en possession de preuves sur une aide donné la victoire à la coalition de l’Alliance, au sition qui a fait de la lutte contre la corruption et bataille : l’élection présidentielle de 1999. militaire à l’Iran. L’Etat hébreu accuse la Russie d’effectuer, par le biais de sociétés pri- BUENOS AIRES le président Menem disposait jus- blier les résultats en rappelant les sont engagés à travailler pour «un vées, des transferts de technologie vers l’Iran pour lui permettre de de nos envoyés spéciaux qu’à présent de la majorité absolue. succès économiques de son gouver- pays plus libre, plus juste et plus soli- concevoir des missiles de longue portée. « L’argument selon lequel les Le président Carlos Menem a subi, « C’est la fin de l’arrogance et de nement et en assurant qu’il légue- daire ». « En Argentine, on ne va plus autorités russes ne peuvent intervenir sous prétexte que la coopération dimanche 26 octobre, lors des élec- l’omnipotence », a déclaré Carlos rait un pays où « la démocratie et les discuter ce qui est indiscutable, à sa- militaire avec l’Iran serait le fait d’entreprises privées, n’est pas rece- tions générales partielles, une dé- « Chacho » Alvarez, leader du Frepa- libertés avaient été consolidées ». voir la démocratie et la stabilité vable », dit-on à Jérusalem. Israël soutient que Moscou a envoyé des faite cuisante qui bouleverse la so et grand vainqueur dans la capi- L’insistance avec laquelle le pré- économique« », a déclaré Graciela centaines d’experts en Iran. – (AFP.) donne politique à deux ans de la tale avec près de 57 % des voix. sident argentin a affirmé qu’il gou- Fernandez Meijide. L’Alliance a lan- présidentielle. Selon des chiffres Créée il y a seulement trois mois, vernerait « jusqu’à la dernière heure cé un appel à un regroupement en- provisoires, le Parti justicialiste (pé- l’Alliance, qui avait été qualifiée «de du dernier jour de son mandat » core plus vaste de l’opposition, ex- L’ancien aumonier de Solidarité ne veut roniste) au pouvoir perd près de naissance hybride » par M. Menem, avant d’aller « se retirer dans les cluant toutefois les anciens neuf points dans l’ensemble du pays partisans « corrompus » du pré- par rapport à 1995. Avec plus de sident Menem. L’Alliance, qui pas de juifs au gouvernement polonais 45 % des voix à l’échelon national, Les espoirs déçus du gouverneur Duhalde n’avait pas d’autre programme poli- l’Alliance, regroupement opposi- tique que sa sensibilité sociale, doit VARSOVIE. Le Père Henryk Jankowski, ancien aumônier du syndicat tionnel formé par l’Union civique ra- La victoire sans appel de la candidate de l’Alliance dans la pro- surtout son succès électoral à la Solidarité, a affirmé, dimanche 26 octobre, qu’il « ne fallait pas accepter dicale (UCR) de l’ancien président vince de Buenos Aires, Graciela Fernandez Meijide, qui a battu sa ri- lutte contre la corruption et l’impu- la minorité juive au gouvernement » car « le peuple en a peur ». Il a no- Raul Alfonsin, et le Front pour un vale, Hilda « Chiche » Gonzalez, épouse du gouverneur péroniste de nité dont elle a fait son cheval de tamment protesté contre la candidature de l’historien Bronislaw Gere- pays solidaire (Frepaso) qui ras- la province, compromet les chances de ce dernier à la prochaine bataille. mek au poste de ministre des affaires étrangères. Lors d’une homélie semble des péronistes dissidents et élection présidentielle, prévue dans deux ans. L’issue du duel entre « C’est la fin de l’impunité », a prononcée dans sa paroisse Sainte-Brigitte à Gdansk, le père Jankowski des militants du centre gauche, est le les deux femmes était regardé comme hautement significatif pour également souligné Domingo Ca- a donné raison aux messages « de mécontentement » qu’il affirme rece- grand gagnant de ce scrutin. L’Al- l’avenir du pays, le mari de la vaincue, le gouverneur Eduardo Du- vallo, l’ancien ministre de l’écono- voir. « Nous devons nous opposer au mal sous toutes ses formes, nous op- liance a notamment réussi à conqué- halde, ne cachant pas ses ambitions présidentielles (Le Monde du mie limogé en juillet 1996. Candidat poser à l’arrogance manifestée par Geremek à la télévision ». rir des fiefs péronistes traditionnels 25 octobre). à la députation dans la capitale, L’archevêque de Gdansk, Mgr Tadeusz Goclowski, a condamné les pro- comme Santa Fe, Mendoza et Entre Sa défaite par épouse interposée remet en question toute la stra- M. Cavallo a fait un score hono- pos antisémites du père Jankowski, dont il a dénoncé l’« incompé- Rios. tégie péroniste pour les élections présidentielles de 1999. Carlos Me- rable en faisant pratiquement jeu tence ». En juin 1995 déjà, la hiérarchie catholique s’était excusée après Mais la victoire la plus éclatante nem pourrait ainsi avancer la candidature d’un autre dirigeant et égal avec son rival péroniste. Dans que le père Jankovski eut appelé les Polonais « à ne plus tolérer des revient à la candidate de l’Alliance, demander à Eduardo Duhalde de prendre en main non seulement la l’ensemble du pays, son parti, Ac- gouvernements comprenant des personnes qui n’avaient pas déclaré si Graciela Fernandez Meijide, qui, conduite du Parti justicialiste à partir de 1999, mais aussi la prépara- tion pour la République, qui partici- elles étaient d’origine moscovite ou juive ». – (AFP.) avec près de 50 % des voix, a réussi à tion d’un nouveau gouvernement péroniste. Carlos Menem n’a ja- pait pour la première fois à des l’emporter dans le bastion historique mais fait mystère de sa candidature pour... 2003. élections, obtiendrait près de 4 % des péronistes qu’est la province de des suffrages. Référendum sur l’indépendance Buenos Aires où votent près du tiers Malgré son enjeu, ce scrutin – le des 35 millions d’Argentins. Dans ce se présente comme une force sus- montagnes » de sa province natale huitième depuis le retour de la dé- district, la défaite du parti officiel ceptible de s’opposer au pouvoir ab- de La Rioja, a semblé mettre fin mocratie en 1983 – comme la cam- organisé sur l’île d’Anjouan met en péril les aspirations du gou- solu exercé depuis huit ans par le (provisoirement peut-être) aux spé- pagne qui l’a précédé n’ont suscité verneur Eduardo Duhalde à succè- gouvernement. La fin de la supréma- culations sur son éventuelle ambi- aucun incident. Tous les respon- MUTSAMUDU. Sans attendre les résultats du référendum d’autodé- der à M. Menem. En revanche tie des péronistes et l’ampleur de la tion de briguer un troisième man- sables politiques s’en sont félicité et termination organisé, dimanche 26 octobre, sur l’île comorienne, le Mme Fernandez Meijide, à qui l’on victoire consacre l’Alliance comme dat. l’ont interprété comme un signe de « président de l’Etat » autoproclamé d’Anjouan a annoncé la forma- prédisait une mission impossible, une alternative crédible pour les Au cours d’une conférence de maturité politique qui banalise les tion d’un « gouvernement provisoire » et l’organisation prochaine renforce sa position de leader de élections présidentielles de 1999. presse, les principaux représentants alternances. d’élections. « Le peuple anjouanais a choisi de se séparer de la Répu- l’opposition. Le président Menem, qui s’était de l’Alliance ont réaffirmé qu’ils ne blique fédérale islamique des Comores », a déclaré Ibrahim Abdallah, Ces élections modifient les rap- impliqué à outrance dans la cam- remettaient pas en cause le modèle Alain Abellard affirmant que le « oui » à l’indépendance aurait reccueilli 75 % des suf- ports de force au sein du Congrès où pagne, a préféré, dimanche soir, ou- économique argentin, mais ils se et Christine Legrand frages. Le référendum n’a été agréé par aucune organisation internationale et ses résultats n’auront de valeur que pour ses organisateurs. Mais le « président » Abdallah semble vouloir aller de l’avant, se déclarant Les Colombiens ont voté massivement dans les villes en dépit de la violence candidat à des élections présidentielles. L’Organisation de l’unité afri- caine (OUA) craint que ce vote compromette la conférence inter- BOGOTA isolés, les rues demeuraient désertes et on a vu deux principaux partis. Ainsi, le nouveau Maire comorienne prévue en novembre. – (AFP, Reuter.) de notre correspondante des maires élus avec un nombre ridicule de vo- de Bogota, Enrique Penalosa, 43 ans, élu avec Malgré les menaces répétées de sabotage tants : par 4 voix (sur six) sur un total de 46,6 % des suffrages, selon des résultats par- PROCHE-ORIENT proférées par la guérilla, les élections locales 3500 inscrits, ou par 11 voix sur 22 pour tiels, qui se présentait au nom d’un mouve- a LIBYE : le président sud-africain, Nelson Mandela, devrait se ont bien eu lieu en Colombie, dimanche 26 oc- 6500 inscrits... Le commandant des forces ar- ment indépendant, est issu du Parti libéral. A rendre une deuxième fois en Libye, mercredi 29 octobre, à l’issue de tobre. Le gouvernement, qui, tout au long de la mées colombiennes, le général Manuel José Medellin et à Cali, Juan Gomez et Ricardo Co- son séjour au Maroc, pour une « très brève visite » qui ne fera l’objet journée, par médias interposés, avait exhorté Bonnett, a résumé la situation en reconnais- bo, deux piliers du Parti conservateur, ont été d’aucune communication, a annoncé lundi son bureau à Pretoria. La les Colombiens à voter, s’est félicité de « la par- sant qu’« une série de faits anormaux » s’étaient élus. Le fait le plus marquant de cette journée présidence indique que M. Mandela « ne cherche pas à jouer les média- ticipation massive des électeurs ». Le président produits qui pouvaient toutefois être considé- électorale restera la participation au référen- teurs dans l’affaire de Lockerbie », comme certaines informations de Ernesto Samper a affirmé lors de son allocution rés comme « normaux en Colombie ». dum pour la paix. Selon les estimations des or- presse ont pu le laisser penser. – (AFP.) télévisée dimanche soir : « Nous avons dit “oui” ganisateurs de ce « mandat pour la paix, la vie a LIBAN : l’aviation israélienne a effectué au moins deux raids, di- à la démocratie et “non” à la violence. » UN RÉFÉRENDUM POUR LA PAIX et la liberté », plus de cinq millions de per- manche 26 octobre, au Liban sud. L’un d’entre eux a visé le massif de Les résultats complets, qui ne seront connus Il s’agissait, entres autres, de trois violents sonnes auraient déposé un bulletin dans les l’Iqlim al-Touffah, un bastion du Hezbollah pro-iranien. Le Hezbollah que dans deux ou trois jours, devront être lus affrontement contre la guérilla, de la désactiva- urnes placées à cet effet dans les bureaux de avait attaqué, dimanche, une position israélienne. Dans la matinée, un avec précaution. Car si les apparences de la dé- tion d’une bombe en plein centre de Cucuta, vote officiels. membre du Front populaire de libération de la Palestine-Commande- mocratie sont sauves, la guérilla est quand importante ville située à la frontière du Vene- Le gouvernement de M. Samper a finalement ment général (FPLP-CG), une organisation basée à Damas, avait été même parvenue partiellement à ses fins, pous- zuela, et de l’enlèvement de cinq fonction- gagné son pari en organisant coûte que coûte tué dans un raid israélien contre une base au sud de Beyrouth. – (AFP.) sant près de deux mille candidats effrayés par naires électoraux et de cinq policiers. Les deux ces élections, même si le nombre des municipa- les menaces de représailles à démissionner observateurs électoraux de l’Organisation des lités où les élections n’ont pu se tenir et celles ASIE avant même le scrutin. Bien qu’aucun chiffre Etats américains (OEA), enlevés le 23 octobre où les candidats étaient imposés par la force a AFGHANISTAN : les talibans ont changé le nom de l’Etat afghan global de participation n’ait été encore rendu par l’Armée de libération nationale (ELN), demeure encore incertain. Dimanche soir vers qui s’appellera désormais l’Emirat islamique d’Afghanistan. Cette ini- public, l’affluence dans les grandes villes paraît d’obédience castriste (Le Monde du 25 octo- minuit, les Colombiens se passionnaient moins tiative a été prise par le dirigeant suprême du mouvement, le mollah avoir atteint des niveaux record, notamment bre), n’ont toujours pas été libérés. Samedi, un pour les résultats électoraux que pour le match Mohammed Omar, qui s’était auto-proclamé « commandeur des en raison du « référendum pour la paix » orga- prêtre, Antonio Bedoya, avait été assassiné par de base-ball qui, à Miami, opposait les Marlins croyants ». – (AFP.) nisé en marge de l’élection par des associations la guérilla. aux Indians. Quand les Marlins l’ont emporté a INDE : un attentat à la bombe a fait au moins une vingtaine de issues de la société civile. Cette participation Le Parti libéral du président Samper a perdu devenant champion des séries mondiales grâce blessés, samedi 25 octobre, dans un quartier du centre de New Delhi. élevée et la mauvaise organisation électorale cinq des plus importantes villes du pays mais au joueur – colombien – Edgar Renteria, le Deux bombes ont explosé dans un marché de Karol Bagh parmi la ont entraîné d’interminables queues, empê- conserve une majorité de gouverneurs. De ma- pays entier s’est levé de joie. Les principales ra- foule qui se pressait à la veille des fêtes de Diwali, le nouvel an indien. chant de nombreux citoyens de déposer leur nière générale, les mouvements indépendants dios avaient suspendu la diffusion des résultats Cet attentat, qui n’a pas été revendiqué, est le cinquième depuis le dé- bulletin dans l’urne. dits « civiques » sont, à première vue, les pour raconter le match ! but du mois dans la capitale indienne.– (AFP.) Dans les campagnes, en revanche, la situa- grands gagnants de ces élections, bien qu’il a TURKMÉNISTAN : un consortium international mené par la tion était fort différente. Dans certains villages s’agisse en majorité de listes dissidentes des Anne Proenza compagnie américaine Unocal a signé, samedi 25 octobre, un contrat de deux milliards de dollars (douze milliards de francs) pour construire un gazoduc devant acheminer du gaz turkmène vers le Pa- kistan, via l’Afghanistan. La partie du gazoduc traversant l’Afghanis- Les femmes noires américaines descendent à leur tour dans la rue tan s’étendra sur 750 kilomètres. Le président turkmène, Saparmourad Niazov, cité par une radio russe, affirme avoir obtenu la promesse des talibans, qui contrôlent la plus grande partie de l’Afghanistan, comme Une sorte de réponse à la « marche d’un million d’hommes noirs » d’octobre 1995 de l’opposition antitaliban, basée dans le nord du pays, de soutenir ce projet. – (AFP.) WASHINGTON femmes noires, et de la force que buant à la confusion et à la mésen- « cicatriser » les plaies des « sœurs de notre correspondant cette découverte pourrait suggé- tente entre nous ». noires », par l’« unité » et la prière, EUROPE Le plus étonnant dans la rer. C’est sûr : l’exemple de la Ainsi l’avaient voulu Phile Chio- tel fut le leitmotiv naturel de cette a MONTÉNÉGRO : la Cour constitutionnelle a rejeté, samedi 25 « marche d’un million de femmes « marche d’un million d’hommes nesu et Asia Coney, deux par- journée de « réconciliation », un octobre, la plainte déposée par le président sortant du Monténégro, noires » qui s’est déroulée, same- noirs », en octobre 1995, sur le faites inconnues de Philadelphie thème qui avait également domi- Momir Bulatovic, contestant sa défaite face à Milo Djukanovic lors du di 25 octobre, à Philadelphie, Mall de Washington, fut l’étin- qui, un jour, « firent un rêve », ce- né la « marche des hommes deuxième tour de l’élection présidentielle du 19 octobre. La Cour c’est qu’elle ne fut remarquable celle qui fit naître le désir de té- lui de réunir dans l’unité « un mil- noirs », et aussi le rassemblement constitutionnelle de Podgorica doit examiner une autre plainte dépo- en rien, sauf par son succès. Des moigner, en laissant, l’espace lion de femmes noires », avec leurs de Washington, il y a trois se- sée par M. Bulatovic. La présidence de l’Union européenne a lancé, femmes ordinaires se refusant à d’un week-end pluvieux, maris, soucis communs d’enfants qui maines, des « Promise Keepers ». samedi, un appel au respect du résultat du scrutin. – (AFP.) toute récupération politique sont enfants et conventions à la mai- « zonent », se droguent, Les premiers avaient été ré- a YOUGOSLAVIE : le procès de dix-neuf Albanais accusés de ter- descendues dans la rue, avec des son, pour voir. connaissent l’échec scolaire à ré- cupérés par la Nation de l’islam, rorisme devait s’ouvrir, lundi slogans banals, des orateurs sans pétition, de maris trop souvent in- l’organisation un rien sectaire de 27 octobre, au Kosovo, dans une notoriété (à part Winnie Mande- LES SOUCIS COMMUNS carcérés ou violents, de quartiers- Louis Farrakhan, et les seconds, ambiance explosive, à deux la), et des préoccupations quoti- Nul ne saura jamais ce que fut ghettos désespérants. Mais les té- mouvement de chrétiens blancs jours de manifestations convo- diennes. Pour témoigner que la l’ampleur de la « marche des moignages concordent : ce n’était très militants, relèguent volon- quées par les étudiants albanais solidarité féminine des Afri- femmes noires » de « Phila » car la pas un rassemblement « quart- tiers les femmes dans leur rôle après l’échec de négociations caines-Américaines n’est pas une police, pour éviter toute polé- mondiste », il y avait aussi dans la « naturel » : les enfants et la cui- avec les autorités serbes. Les idée vaine, qu’elle pourrait, de- mique, se garde de compter offi- foule des « yuppies », preuve que sine... Par comparaison, la dix-neuf hommes, dont deux se- main, changer la vie. ciellement les manifestants, Elles le besoin de solidarité face à « marche d’un million de femmes ront jugés par contumace, Elles sont venues, dit-on, de étaient entre 300 000 et 1 million, l’éclatement de la cellule familiale noires » était le rassemblement comparaîtront devant un tribu- toute l’Amérique, par avion, mais le chiffre exact importait concerne tout le monde. d’une contestation silencieuse, à nal de Pristina. Ils sont accusés train, bus et voitures partagées, peu au regard de l’expression Le phénomène a pris naissance peine une émancipation, tout d’avoir commis plusieurs atten- bravant un temps de chien et d’une aussi forte conviction : la par le bouche-à-oreille, s’est pro- juste un témoignage, celui de plu- tats en tant que membres d’une d’interminables retards dûs à une « marche » était une « déclara- pagé en réunions de quartiers et sieurs centaines de milliers de organisation clandestine, organisation d’amateurs, éton- tion d’indépendance à l’égard de assemblées municipales, pour ac- femmes noires, en quête d’autre l’Armée de libération du Koso- nées de se trouver là, de leur dé- l’ignorance, de la pauvreté, de quérir une dimension nationale chose. vo. – (AFP.) marche individuelle et collective, l’asservissement et de toutes ces sur Internet. Il n’a pas été besoin de leur prise de conscience de choses qui nous assaillent, contri- de répéter les slogans : « Guérir », Laurent Zecchini LeMonde Job: WMQ2810--0005-0 WAS LMQ2810-5 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 08:28 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0339 Lcp: 196 CMYK
LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 / 5 (Publicité) LeMonde Job: WMQ2810--0006-0 WAS LMQ2810-6 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 11:14 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0340 Lcp: 196 CMYK
6 / LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 INTERNATIONAL La dure épreuve de Christophe L’Union s’oriente vers un élargissement minimal à l’Est L’Allemagne et la Grèce se refusent à associer la Turquie aux autres pays candidats dans le processus de négociations. André, Une Conférence européenne, ouverte aux Quinze ainsi qu’à l’ensemble des postulants, devrait voir le jour Chargés de préparer le sommet européen l’approche sélective préconisée par la les candidats, devrait voir le jour pour ne pas quie à cette Conférence. Comme les Grecs, les un prisonnier de décembre, qui verra le lancement des né- Commission. Les dicussions devraient s’ouvrir donner aux Etats qui devront attendre le sen- Allemands, qui accueillent une très forte gociations sur l’élargissement de l’Union à seulement avec les pays considérés comme timent d’être exclus du processus. Un conflit communauté turque, sont réticents à l’idée l’Europe de l’Est et du Sud, les ministres des les mieux préparés. Une conférence euro- oppose l’Allemagne à la France et la Grande de reconnaître à la Turquie un droit de faire du Caucase affaires étrangères des Quinze ont confirmé péenne, associant les pays de l’Union à tous Bretagne sur l’opportunité d’intégrer la Tur- partie un jour de l’Union. MOSCOU MONTDORF (Luxembourg, « Mondorf a confirmé l’idée que de leurs conclusions », a rassuré tée à y prendre part. « L’Europe est berto Dini, le ministre italien. de notre correspondante Union européenne) la différenciation n’est pas une dis- Jacques Poos, ministre luxembour- engagée par une série d’accords si- Hans van den Broek, le commis- Ses yeux s’embrument quand il de notre envoyé spécial crimination ; nous trouverons les geois des affaires étrangères. gnés dans le passé avec la Turquie ; saire responsable de l’élargisse- en vient, dans son récit, au mo- Les Quinze s’orientent claire- formules nécessaires pour On multipliera les rapports, les elle a intérêt à prendre des décisions ment, va se rendre à Ankara avec ment où il se redresse, enfin libre, ment vers la solution préconisée convaincre que personne n’est ex- rendez-vous, pour jauger la situa- de nature stabilisatrice, à amener l’intention de demander aux Turcs dans la rue d’un village inconnu de par la Commission dans son clu », a résumé Jacques Santer, le tion de chacun, bien montrer que les pays qui ont des problèmes dans de cesser leurs atteintes aux droits Tchétchénie et commence une « Agenda 2000 » : les négociations président de la Commission de l’UE ne néglige personne. Toujours un engrenage politique positif », a de l’homme, ainsi que les « provo- marche éperdue dans la nuit. Pour en vue de l’élargissement à l’Union Bruxelles, dimanche 26 octobre, à dans le même esprit, l’Union défi- commenté Hubert Védrine, le mi- cations » auxquelles ils se livrent s’éloigner au maximum du lieu où européenne (UE) s’ouvriront, en l’issue de la réunion. Comment nira une « stratégie de pré-adhé- nistre français des affaires étran- sur le plan militaire. il fut détenu, menotté en perma- 1998, avec ceux des pays candidats faire pour s’assurer que les pays sion » mettant en œuvre des gères. M. Védrine a répété qu’il lui nence à un radiateur ou à une qui sont les mieux préparés, à sa- avec lesquels il n’est pas prévu de moyens importants. Enfin, le semblait important, avant de dé- barre fixée au sol, pendant deux voir, selon Bruxelles, la Hongrie, la démarrer les négociations en 1998 Conseil européen retiendra l’idée, « CLARIFIER LE PAYSAGE » marrer les négociations d’adhé- mois et demi. Le 2 juillet, Chris- Pologne, la République tchèque, la ne se sentent pas marginalisés et proposée par la France, d’instaurer Klaus Kinkel, son collègue alle- sion, d’y voir clair sur la manière tophe André, trente ans, entamait Slovénie et l’Estonie, ainsi qu’avec conservent, malgré leur déception, une « Conférence européenne », mand, n’est pas convaincu, esti- dont seront financés l’Union et à peine un travail d’administrateur Chypre. Tout sera fait cependant une orientation européenne à leur ouverte aux Quinze ainsi qu’à l’en- mant que cette solution ne répond son élargissement, sur les orienta- pour Médecins sans frontières pour ne pas froisser les autres can- politique ? Les Quinze souligne- semble des candidats. L’idée serait pas aux besoins de la Turquie. Il tions qui seront données à la poli- (MSF) en Ingouchie quand il fut ti- didats d’Europe centrale : la Bul- ront, lors du Conseil européen d’y engager un dialogue, à défaut faudrait mieux rechercher une for- tique agricole commune, ainsi ré de son lit par cinq ravisseurs. garie, la Roumanie, la Slovaquie, de décembre à Luxembourg, qu’il d’une négociation, portant sur mule « ad hoc », a-t-il fait valoir, qu’aux politiques en faveur des ré- Tête enfouie dans un sac, il est em- la Lettonie et la Lituanie. Tel est le s’agit d’un processus « ouvert, indi- l’ensemble des problèmes d’inté- oubliant apparemment qu’Ankara gions pauvres. « On ne peut avan- mené en voiture vers la Tchétché- résultat le plus évident de la réu- vidualisé, personnalisé, objectivé » – rêt commun. a favorablement accueilli l’idée de cer à l’aveuglette, sans avoir une vi- nie voisine, où des dizaines nion que les ministres des affaires les efforts sémantiques ont fleuri à Les réticences persistantes de participer à la conférence. « Per- sion d’ensemble ; il faut clarifier le d’otages – principalement tché- étrangères de l’Union ont tenu, sa- Montdorf ! –, autrement dit qu’il certains, en particulier de l’Alle- sonne n’est opposé à ce que la Tur- paysage. Il y a des pays, tels l’Alle- tchènes, mais aussi russes et occi- medi 25 et dimanche 26 octobre, à n’y a pas de « première vague » et magne et de la Grèce, à l’égard de quie devienne un jour membre de magne et les Pays-Bas, qui paient dentaux, dont quatre autres jeunes Montdorf, au cours de laquelle il a de « deuxième vague », que cha- cette Conférence, tiennent au fait l’Union. Nous avons constaté un beaucoup et qui veulent payer Français – paient de leur liberté le été également question des rela- cun sera traité selon ses mérites. que la France et la Commission, rapprochement des positions et je moins ; il faut voir les effets de telles traumatisme infligé à ce pays par le tions avec la Turquie, elle aussi « La date d’ouverture n’est qu’un suivies avec des nuances par une suis persuadé que nous trouverons exigences », a-t-il expliqué. Kremlin. candidate, mais écartée du proces- détail ; la seule différenciation, c’est majorité d’Etats membres, vou- un terrain d’entente d’ici à Luxem- Le but apparent de tous ces en- sus de négociations. le rythme des négociations et la date draient que la Turquie soient invi- bourg », a déclaré, optimiste, Lam- Philippe Lemaître lèvements est l’argent. Le 21 juillet, MSF recevait une photo de Chris- tophe, assortie d’une demande de rançon de 1 million de dollars, mais L’Italie est intégrée à son tour dans l’espace Schengen sans indication d’intermédiaire ROME publié par le Corriere della Sera, tout le travail qui est derrière l’évé- possible. Une longue attente abou- L'Europe de la libre circulation ROYAUME tit à de premiers contacts, en sep- de notre correspondant - Lamberto Dini, ministre des af- nement d’aujourd’hui », a souligné tembre et octobre. Une nuit, Chris- Depuis le dimanche 26 octobre à ISLANDE faires extérieures, explique tout le le ministre. tophe est emmené dans un champ 0 heure, les contrôles n’existent travail qui a été effectué depuis le En raison de la publication d’ar- pour parler, par téléphone por- plus dans les aéroports italiens NORVÈGE mois de mars 1995, époque «où ticles dubitatifs à l’étranger (no- table, à ses amis de MSF. Mais les pour les voyageurs en provenance nous n’étions malheureusement pas tamment par le Daily Telegraph de intermédiaires désignés par les ra- des sept pays où est déjà en vi- prêts ». « Il manquait les normes sur Londres) sur les possibilités de visseurs se récusent avec frayeur gueur l’accord de Schengen, à l’ex- SUÈDE FINLANDE la protection des données person- l’Italie de pouvoir contrôler effica- les uns après les autres. Une autre ception des Pays-Bas, dont le dis- nelles nécessaires à la sauvegarde cement ses frontières avant tout nuit, l’otage fait l’objet de ce qu’il positif n’est pas encore effectif. interprète – il ne parle pas le russe Deux ans et demi après l’entrée en – comme une tentative d’échange, application de la convention Schengen, Des périodes des transition avec ballets de voitures et profu- en mars 1995, l’Italie se joint donc cela veut dire... RÉP. DANEMARK sion d’hommes en armes bien or- aux « pays Schengen ». Il ne sera D’IRLANDE D’ici à la fin de l’année, neuf pays feront officiellement partie de Suppression des contrôles PAYS-BAS ganisés. Mais il est ramené dans plus nécessaire pour les passagers ROY- aux frontières intérieures l’espace de libre circulation mis en place à l’ouest de l’Europe le UNI celle de ses cinq prisons où il aura embarquant à Rome, Milan ou 26 mars 1995, en application de la convention Schengen. Après l’Ita- passé le plus de temps : l’arrière- Naples en direction des autres lie, l’Autriche commencera à son tour, le 1er décembre, à ouvrir ses ALLEMAGNE Surveillance renforcée aux pièce d’une remise, de plain-pied Etats faisant partie de la zone de BELG. frontières extérieures frontières avec ses voisins de l’espace Schengen. Dans un premier dans une cour d’habitation. Les libre circulation de présenter des LUX. temps, les contrôles sont immédiatement levés dans les aéroports. Il bruits familiers de femmes et d’en- documents d’identité. Pour le seul Coopération des douanes est prévu une période transitoire, qui prendra fin le 31 mars 1998, AUTRICHE des polices, des justices fants étaient devenus ses repères, aéroport de Fiumicino (Rome), ce- pour le démantèlement des contrôles aux frontières terrestres des FRANCE dans l’obscurité où il était confiné. la représente, pour l’année 1996, Système informatique deux pays. Une fois prises les mesures législatives et techniques in- Ses seuls contacts avec ses ravis- 4 260 000 voyageurs sur un total de policier centralisé dispensables pour appliquer les règles communes en matière de seurs avaient lieu quand ils le déta- 13 millions. (à Strasbourg) contrôle, de visas et de coopération policière, les pays nordiques re- ITALIE chaient pour lui servir sa soupe. Il C’est donc une petite révolution ESPAGNE joindront à leur tour leurs partenaires européens d’ici à 1999, et la ne résistait jamais, bien qu’en per- qui s’est produite dans la nuit de PORTUGAL Grèce dès qu’elle le pourra. A Amsterdam, les Quinze se sont mis manence aux aguets, pour endor- samedi à dimanche afin de modi- d’accord pour intégrer l’acquis Schengen dans le Traité d’union, mir leur méfiance. Ce qui a fini par fier les zones d’embarquement et avec des clauses dérogatoires pour l’Irlande et la Grande-Bretagne. arriver, dit-il : dans la nuit du de débarquement. Une cérémonie GRÈCE 20 octobre, un jeune et nouveau a eu lieu pour fêter l’événement. gardien oublia de rattacher ses me- Des certificats de « vol sans fron- des libertés individuelles. Nous maritimes, Lamberto Dini a expli- ESPACE SCHENGEN EXTENSION PRÉVUE AU CONSEIL nottes... tières » ont été distribués aux en- n’étions pas encore reliés au réseau qué : « Personne ne peut changer la AU 1er DÉC. 1997 fants et des attestations aux NORDIQUE (1999) ET À LA GRÈCE des visas par insuffisance des instru- géographie de notre pays. Nous FORTE MÉFIANCE adultes. Jusqu’au 2 novembre, un ments à la disposition de nos repré- sommes prêts. Nous ferons notre Il raconte par le menu les mo- dépliant expliquera aux voyageurs sentations à l’étranger. Nous n’étions part, et bien. » L’Italie a désormais ments qui ont suivi. Les batte- les nouvelles normes. Il faudra en- Le franchissement de cette nou- des élections pour un Parlement au- pas prêts en ce qui concerne les mé- le sentiment d’être « plus près de ments de cœur, aussi, et les core attendre le 31 mars 1998 pour velle étape sur le chemin de l’inté- tonome et nous, nous fêtons la chute canismes de prévention et de répres- l’Europe », comme le souligne Ma- jambes, qui, après leur repos forcé, que les accords soient étendus aux gration européenne a été salué d’une autre barrière entre les Etats sion de l’immigration clandestine. rio Monti, commissaire européen. lui font de plus en plus mal dans sa frontières maritimes et terrestres avec beaucoup de satisfaction en de l’Europe », a fait remarquer Ro- Tout cela devrait être suffisant à marche. Il ne sait si elle a duré une de la péninsule. Italie. « La Ligue du Nord procède à mano Prodi. Dans un long article faire comprendre tout le chemin, Michel Bôle-Richard heure ou deux, avant qu’un auto- mobiliste tchétchène ne l’aide à re- trouver MSF, malgré les risques encourus : avant tout, précise-t-il, Les Tsiganes tchèques et slovaques cherchent refuge à l’Ouest celui d’être soupçonné d’avoir par- tie liée avec les ravisseurs. Et c’est PRAGUE montrant une image idyllique du jours avec la ferme intention de ne Vaclav Havel, qui a, par ailleurs, n’ont pas seulement peur pour leur là que commence la deuxième de notre correspondant Grand Nord américain (Le Monde plus rentrer en République demandé au gouvernement de existence physique mais aussi pour épreuve de Christophe. Déplacés et sédentarisés de du 16 août 1997), Ottawa a décidé tchèque. mettre à l’ordre du jour du pro- leur place dans la société et l’avenir Les autorités tchétchènes n’ont force sous le régime communiste, de réclamer un visa d’entrée aux Les Tsiganes tchèques et slo- chain conseil des ministres un dos- de leurs enfants », souligne-t-il. pas cru à sa fuite. Depuis un an, ils les Tsiganes tchèques (environ citoyens tchèques. vaques justifient leur demande sier consacré aux problèmes des Selon les statistiques, le fossé dénoncent le fait que les étrangers, 300 000 personnes) et slovaques Londres envisage de prendre la d’asile par la discrimination et les Roms dans le pays. social se creuse entre la popula- Russes compris, paient les rançons (500 000, selon des estimations) même mesure. En attendant, la violences racistes dont ils sont vic- Le Centre européen pour les tion majoritaire qui a globalement sans collaborer avec les embryons sont de plus en plus nombreux à Grande-Bretagne renvoie systé- times dans leur société d’origine. droits des Roms, basé à Budapest, profité de la chute du commu- de services de sécurité mis en place retrouver les chemins du voyage et matiquement tout Tchèque ou Le Canada n’a cependant accordé a comptabilisé 1 250 attaques ra- nisme, et les Roms qui, au à Grozny. Résultat : les enlève- à chercher refuge à l’Ouest, à la Slovaque à la peau mate qui aurait qu’une poignée de statuts de réfu- cistes contre des Roms depuis 1990 contraire, y ont perdu. Sous-quali- ments se multiplient, les rançons grande surprise des autorités de « l’intention d’abuser du système so- gié à des Roms, et la Grande-Bre- en République tchèque, dont une fiés, ils ont été licenciés massive- enflent, les Russes utilisent – ou Prague et de Bratislava. Plus de cial et d’asile » du pays, selon un tagne aucun. dizaine ont entraîné mort ment de l’industrie lourde et du entretiennent – cette insécurité deux mille Roms de Bohême-Mo- responsable du ministère britan- d’hommes. Le mois dernier, une bâtiment depuis 1991. pour empêcher les étrangers d’y al- ravie ont demandé, en dix-huit nique de l’intérieur. Quelque « RELATIONS NÉGATIVES » jeune Tsigane est décédée d’un ar- Lorsqu’ils ont une formation, ils ler et ceux-ci, de fait, n’y vont plus. mois, l’asile au Canada et, depuis soixante-dix Roms (sur un groupe Réunis les 23 et 24 octobre à rêt cardiaque dans une ville de Bo- ne trouvent pas d’emploi car les Conscients de ce problème, les res- le début de l’année, six cents de près de cent cinquante per- Pardubice (Bohême de l’est), les hême du nord, alors qu’un groupe patrons donnent la priorité aux ponsables de MSF prenaient soin autres, essentiellement de Slova- sonnes) en ont fait l’expérience la participants tchèques et slovaques, de « crânes rasés » vociférait sous non-Roms. d’informer le chef du « groupe an- quie, en Grande-Bretagne. Pour semaine dernière lorsque, à peine roms et non roms, d’une confé- les fenêtres de son appartement. Le système scolaire est par ail- titerroriste tchétchène » de leurs endiguer le flot, qui s’était amplifié débarqués à Douvres, ils ont été rence organisée par le Conseil de Quelques jours plus tard, dans la leurs inadapté, les enfants roms démarches. cet été après la diffusion à la télé- priés de reprendre le bateau pour l’Europe sur l’accueil réservé aux même région, la police interpellait représentant 80 % des effectifs des Mais la méfiance fut la plus vision tchèque d’un reportage Calais où ils ont passé plusieurs Tsiganes dans les villes ont consta- des mineurs qui tentaient d’incen- « écoles spéciales », explique Eva forte. Christophe se prêta bien aux té qu’en République tchèque et en dier une maison habitée par des Sotolova, professeur à la faculté premiers interrogatoires des en- Slovaquie, la discrimination n’est familles roms. Une organisation de pédagogie de Prague. « Le gou- quêteurs tchétchènes, qui vou- pas ouverte ou légale : elle est ca- antiraciste tchèque a dénombré vernement doit apporter des solu- laient, légitimement, les pour- chée et s’appuie sur l’intolérance récemment vingt-quatre restau- tions à ces problèmes et très rapide- suivre par des reconstitutions et et la xénophobie d’une grande rants refusant de servir des Roms. ment », met en garde Ondrej Gina, des confrontations. MSF, tout aus- partie de la société. Quelque 69 % « On ne peut pas s’étonner que les un porte-parole de la communau- si légitimement, ne voulait pas y Retrouvez des Tchèques expriment « leurs re- Roms aient peur », affirme Pavel té rom tchèque. Il espère que l’Oc- soumettre un rescapé amaigri de lations négatives envers les Roms » Pekarek, un « blanc » qui se cident exercera des pressions sur 15 kilos et marchant avec peine. Le et 87 % déclarent ne pas vouloir de consacre, depuis trente ans, à la les autorités tchèques pour président tchétchène trancha en nos offres d’emploi Tsiganes dans leur voisinage, selon coexistence avec les Tsiganes. «À qu’elles prennent à bras le corps la faveur de MSF et Christophe a pu de récents sondages. la peur, il n’y a que deux réponses : question rom, et répondent aux rejoindre Moscou – avec l’amer- « Il faut expliquer de manière la violence ou la fuite. Les Roms ont attentes de cette communauté
tume de ne pas avoir été cru par 2,23 F/mn beaucoup plus énergique et systé- choisi la solution élégante, comme jeune et dynamique. « Sinon la ceux-là même qu’il était venu matique à nos citoyens les principes l’on dit en tchèque, c’est-à-dire de vague d’émigration continuera », aider. des droits de l’homme et de la digni- s’effacer, de partir. » M. Pekarek explique M. Gina. 3615 LEMONDE té de l’homme », a déclaré, di- estime que la « situation est grave » Sophie Shihab manche 26 octobre, le président en République tchèque. « Les Roms Martin Plichta LeMonde Job: WMQ2810--0007-0 WAS LMQ2810-7 Op.: XX Rev.: 25-10-97 T.: 15:25 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0341 Lcp: 196 CMYK
LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 / 7 (Publicité) LeMonde Job: WMQ2810--0008-0 WAS LMQ2810-8 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 11:23 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0342 Lcp: 196 CMYK
8 FRANCE LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997
LE PROCÈS PAPON Dans un se former « des interprétations à la réalité historique ». Affirmant République s’inquiète du risque de sises de la Gironde qui devaient re- entretien au Monde, Valéry Giscard inexactes de l’histoire ». b CE qu’au moment de nommer Maurice voir le procès de Bordeaux conclure à prendre lundi, avec le témoignage d’Estaing analyse le « mythe gaul- MYTHE, ajoute-t-il, est le plus « res- Papon ministre du budget il n’avait la culpabilité de la France. b APRÈS des historiens, sont reportées au mi- liste » de l’inexistence du régime de pectable » de ceux qui sont nés après pas connaissance de son passé sous UNE INTERRUPTION de plusieurs nimum de quarante-huit heures en Vichy. Dès la Libération, il dit avoir vu la guerre, mais il n’est pas « conforme l’Occupation, l’ancien président de la jours, les audiences de la cour d’as- raison de l’état de santé de M. Papon. Valéry Giscard d’Estaing analyse l’Occupation et la Libération L’ancien président dit avoir vu, dès la Libération, « se former des interprétations inexactes de l’histoire », dont le mythe gaulliste de l’inexistence de Vichy. Il s’exprime pour la première fois sur le procès de Maurice Papon, qui fut son ministre de 1978 à 1981
« Quelle est votre analyse sur Ce qui est vrai, c’est que l’Occupa- président de la République, – Non. Maurice Papon exerçait ments. Il faut leur dire des choses la France de l’Occupation, ces tion fut une époque humiliante et entre 1974 et 1981 ? des fonctions importantes depuis factuelles, incontestables. années noires de notre histoire ? traumatisante. Je résumerais les – J’ai toujours condamné sévère- longtemps dans la haute adminis- – Quelles réflexions vous sug- – Je réfléchis depuis cinquante choses ainsi : la France s’est moins ment le comportement de ceux qui tration. Le général de Gaulle l’avait gèrent les réactions des Français ans à cette question. J’ai été un battue qu’elle ne voudrait le croire, se sont associés aux actes de ré- confirmé au poste de préfet de po- par rapport à leur histoire ? jeune témoin de ces événements, à du moins du point de vue du pression et d’arrestation. Mais les lice de Paris où il avait été nommé N’avez-vous pas le sentiment un âge où l’on est très attentif et où nombre, mais elle a moins collabo- problèmes de culpabilité collective par la IVe République. Ensuite, il d’une mémoire blessée ? l’on recherche passionnément la ré qu’on ne cherche aujourd’hui à relèvent d’une autre analyse s’est présenté aux élections et il a – Le peuple français est un vérité. En 1944, j’ai assisté à l’arri- le prétendre. comme ceux de mémoire collec- fait sa carrière dans la mouvance peuple qui accepte très difficile- vée du général de Gaulle à Paris, à – Dès la Libération, vous avez tive. Mon ambition était de contri- gaulliste en tant que trésorier du ment la vérité. Personne ne parle son discours à l’Hôtel de Ville. J’ai donc assisté à la naissance du buer à apaiser la société française, RPR, président de la commission de la défaite militaire de 40, ou si été traumatisé quand je l’ai enten- mythe gaulliste, celui d’une de rétablir une continuité dans des finances de l’Assemblée natio- peu. On ne cherche pas trop à la du dire que les Parisiens s’étaient li- France tout entière résistante ? notre processus de réflexion. J’y ai nale, où je l’ai connu, et rapporteur décrire, ni à en discerner les rai- bérés seuls, que Paris s’était soule- – A la naissance de plusieurs partiellement réussi et je n’ai pas du budget. C’est en raison de sa sons, ou à en rechercher les res- vé. Je me suis demandé sur le mythes. De tous, le mythe gaulliste eu à formuler un jugement. Mais fonction de rapporteur du budget ponsabités. Dans un autre ordre champ : pourquoi dire cela ? Sans est le plus respectable. Le général vous le connaissez : c’est une que je l’ai nommé ministre du bud- d’idées, les Français ont mal sup- l’arrivée des Alliés, l’expérience que de Gaulle a nié l’existence de Vichy. VALÉRY GISCARD D’ESTAING condamnation sévère pour les je venais de vivre au milieu de mes Pourquoi ? Il faut en chercher les actes individuels de collaboration camarades me prouvait que nous racines en 1940. Il s’est battu seul, fois la parole à des Allemands pen- avec l’occupant. « Le peuple français est un peuple aurions été écrasés. Ce fut ma réac- au départ, à Londres. Il est parvenu dant les cinq années d’occupation. – Comment réagissez-vous tion personnelle. Cela m’a angoissé à hisser la France au niveau des Je dis cela aux jeunes Français d’au- aux deux premières semaines du qui accepte très difficilement la vérité. parce que j’ai vu se former, immé- grandes puissances de l’avant- jourd’hui, pour qu’ils ne risquent procès de Maurice Papon pour diatement, des interprétations guerre. Cela ne pouvait se faire que pas d’avoir honte de leurs grands- complicité de crimes contre l’hu- Personne ne parle de la défaite militaire inexactes de l’histoire. par une démarche résolue, affir- parents. manité ? – Quel âge aviez-vous et quelle mant à la face du monde que la – Vous opérez une distinction – Il y a deux procès. D’abord, le de 40, ou si peu » a été votre attitude durant cette France se trouvait où il se trouvait, entre Vichy et les Français. procès de Maurice Papon propre- période ? et non à Vichy. C’est tout à fait – Je distingue trois acteurs : ment dit. La justice doit suivre son – J’avais treize ans en 1940, dix- compréhensible si l’on prend cette l’Etat français, la France et les Fran- cours dans la sérénité. J’éprouve get, de même que j’avais nommé porté que je leur rappelle notre huit en 1945. A partir de 1942, j’ai affirmation comme une démarche. çais. Il est inexact de dire que l’Etat cependant un malaise. Le temps... ministre des finances René Mono- faiblesse démographique : seule- rendu quelques petits services ma- Mais ce n’est pas conforme à la français n’a pas existé. Vichy était Plus de cinquante ans ont passé et ry, alors rapporteur de la commis- ment un Français pour 100 ci- tériels à la Résistance. Peu de réalité historique. bien là, avec ses institutions, son les débats reposent en partie sur la sion des finances du Sénat. toyens de la Terre dans les an- choses : on a d’abord testé ma » De même que les Français armée d’armistice, sa diplomatie, mémoire imprécise de rares té- – La notice du « Who’s who » nées 70. De même, leur est-il loyauté, j’allais chercher des jour- n’ont pas écrasé, seuls, l’armée al- ses services, ses lois. Il était repré- moins. Et puis Maurice Papon oc- de Maurice Papon signalait clai- difficile d’admettre que la France naux clandestins que je ramenais à lemande. J’avais été très choqué sentatif d’une France vaincue, ma- cupait un poste qui n’était pas au rement sa longue carrière sous est devenue une puissance des membres du réseau pour les que les gens le croient, ou fassent nifestant une volonté d’expier sommet de la hiérarchie adminis- le régime de Vichy. moyenne. Les Français n’ac- distribuer. J’ai assuré une fois un semblant de le croire. Je n’avais pas l’avant-guerre. Et puis vous aviez la trative. Il recevait des ordres qu’il – Aucune campagne de presse ceptent pas les échecs. Ils tentent transport d’armes destiné à inter- davantage compris que l’on re- France, le peuple de France qui exécutait. C’est une difficulté. Elle n’avait été déclenchée contre lui et de les nier, en appellent à la fatali- cepter un convoi de déportés qui mette aux policiers parisiens la avait dû encaisser la déroute humi- ne doit pas empêcher le travail des aucune plainte judiciaire déposée à té, à de mystérieuses conjurations. partaient de Drancy. J’étudiais au fourragère rouge à la Libération ! liante de juin 1940, un traumatisme jurés et des juges. Nous devons les son endroit. Les premières infor- Mais il reste une blessure. Le men- lycée Jeanson-de-Sailly, à Paris, où J’ai été le témoin visuel de l’arresta- qui vit femmes, enfants, vieillards laisser travailler, juger au mieux de mations sur ses responsabilités songe, c’est une blessure cachée. il existait une flamme résistante. leur conscience. sous l’Occupation ont été publiées » Cette mémoire blessée à pro- Plusieurs de mes camarades de » Ensuite, je discerne le risque en 1981, entre les deux tours de pos de l’Occupation s’explique classe ont été arrêtés. Il y avait des « Combien de maisons françaises se d’un second procès. La cour d’as- l’élection présidentielle. pour deux raisons. D’abord, par lycéens juifs parmi nous, dont nous sises juge sous le regard de l’exté- – Une controverse est née en l’humiliation épouvantable de la nous sentions évidemment soli- sont-elles ouvertes aux Allemands ? Très peu. rieur. La presse internationale ac- marge du procès de Maurice Pa- défaite et ses conséquences. Nous daires. corde de longs développements à pon. Philippe Séguin, président n’avions jamais été occupés ainsi. – Votre entourage familial Quelles villes ont-elles applaudi une garnison ce procès. Au fond, beaucoup se du RPR, s’est exclamé : « Assez ! Nous avions connu dans notre avait la réputation d’être proche réjouiraient, notamment dans les Assez ! Assez ! », en déplorant le histoire, en 1815 et en 1871, des ar- du maréchal Pétain. Etiez-vous allemande défilant dans les rues ? Pas une » médias anglo-saxons, d’une affir- procès qui serait fait au gaul- mées qui venaient sur notre sol un adolescent qui cherchait à se mation ou d’une reconnaisssance lisme. Le premier ministre, Lio- mais qui en repartaient aussi vite. distinguer ? de la culpabilité de la France. Ces nel Jospin, a déclaré : « Jamais Jamais pour cinq ans. Ensuite, – Ma famille n’était pas vichyste. tion des juifs lors de la rafle du et soldats jetés sur les routes de médias oublient totalement que la plus ! Jamais plus ! Jamais plus ! » dans cette blessure, il y a sûre- Simplement, le gouvernement de Vel’ d’hiv’ en juillet 1942. J’ai vu l’exode. Cette France-là s’est déta- France était un pays occupé. Il ne Où va votre préférence ? ment une interrogation angois- Vichy se trouvait en Auvergne. Ma passer très tôt dans la journée, de- chée assez vite de l’Etat français, faut pas se voiler la face : il y a une – Les deux déclarations sont fon- sée : les Français ont-ils manqué mère et sa famille étaient des amis vant l’immeuble où j’habitais, des comprenant que son sort allait se attente, un désir d’entendre procla- dées. Le gaullisme ne prête à au- d’esprit de solidarité à l’égard de de Churchill. J’ai été nourri par la autobus à la queue leu leu. Bourrés jouer dans la guerre. La coupure in- mer une culpabilité française. Je re- cune critique du début jusqu’à la leurs compatriotes juifs ? Nous BBC, la radio anglaise et la voix de de gens et d’enfants, avec leurs va- tellectuelle, ce fut le discours de fuse ce plaisir et la comparaison fin. Et la déclaration de Lionel Jos- avons tout intérêt à dire la vérité. Maurice Schumann qui parlait le lises et des ballots. Et sur les plates- Pierre Laval, en juin 1942, au cours que l’on établit avec l’Allemagne. pin est juste. Son appréciation sur Les décisions d’arrestation et de soir aux Français. formes arrière de ces autobus, des duquel il a déclaré à la radio : «Je Les Allemands ont été les acteurs l’Etat français est précise et ne déportation étaient allemandes, » Je vous parle d’une réalité vé- agents de police français. A qui fe- souhaite la victoire de l’Allemagne de leur histoire. Le peuple français comporte pas de jugement péjora- mais elles ont été souvent exé- cue. J’ai participé à la libération de ra-t-on croire le contraire ? (...). » Cela a stupéfié et indigné les a subi l’occupation d’une armée tif sur les Français. cutées par des services français. Paris. Combien étions-nous au PC – Sur quels faits vous appuyez- Français, froissé le sentiment étrangère qui dictait sa loi. – Vous semblez plus en accord Ces agents d’exécution n’auraient de la rue Séguier ? Quelques di- vous quand vous affirmez que commun. La chronologie a ici toute – Excluez-vous de témoigner avec la position de Lionel Jospin jamais dû obéir à ces ordres, dès zaines... Je suis ensuite parti avec la les Français ont moins collaboré son importance. Quant aux Fran- devant la cour d’assises ? qu’avec celle de Jacques Chirac lors qu’ils en mesuraient les première armée sur le front. C’est qu’on ne le prétend ordinaire- çais, très peu ont collaboré. Seule – Je respecterai la volonté de la qui a reconnu, en 1995, que la conséquences. alors que nous avons vu fleurir, ment ? une minorité s’est laissée acheter et cour. Mais sur les faits de l’action France avait accompli « l’irrépa- » C’est au milieu universitaire, derrière nous, des résistants, que – Combien de maisons fran- s’est mise au service de l’occupant. en justice reprochés à Maurice Pa- rable ». aux historiens et aux juges des récits inexacts se sont multi- çaises se sont-elles ouvertes aux Al- – Cette analyse fondée sur des pon, je n’ai rien à dire qui puisse – Oui, sur ce point. d’énoncer cette vérité, plus qu’au pliés. Des carrières brillantes en ont lemands ? Très peu. Quelles villes souvenirs explique-t-elle que, l’éclairer. » Il y a aujourd’hui – ce qui milieu politique, tenté de chercher parfois résulté... Il y a eu beaucoup ont-elles applaudi une garnison al- comme le général de Gaulle et le – Aviez-vous connaissance du n’était pas le cas il y a dix ou vingt une posture qui l’avantage. » d’ambiguïtés. Jusqu’à maintenant ! lemande défilant dans les rues ? Pas président Georges Pompidou, passé de Maurice Papon sous ans – une attente, une sorte de » Personnellement, j’ai toujours une. Entre 90 % et 95 % des Fran- vous n’ayez pas reconnu les l’Occupation lorsque vous l’avez curiosité des Français qui Propos recueillis par cherché à démêler le vrai du faux. çais n’ont pas même adressé une fautes de la France en tant que nommé ministre du budget ? cherchent à comprendre ces événe- Laurent Greilsamer Les audiences de la cour d’assises de la Gironde reprendront avec l’étude du contexte historique des faits BORDEAUX clôt un premier flot de témoi- à la Libération, qui avait gardé au- pour sauver des juifs. Lequel de nous dience qu’il avait, pour sa part, lois antijuives de 1940 et 1941. Ce de notre envoyé spécial gnages qui, à travers l’examen de près de lui Maurice Papon, «un deux était le plus efficace ? » sauvé des enfants. qui devrait nourrir les questions Après les premiers témoignages la personnalité de l’accusé, ont homme qui connaissait la préfecture La cour va donc se recentrer, do- Abordant le dossier par le volet des avocats de la partie civile, qui liés à l’examen de sa personnalité, montré la complexité des situa- comme sa poche » et qui lui aurait rénavant, sur l’implication person- historique, la cour sera vite se sont étonnés, à plusieurs re- le procès de Maurice Papon devait tions que la cour d’assises aura à « rendu de grands services ». nelle de Maurice Papon dans les confrontée à une autre difficulté : prises, des silences gaullistes sur juger, tout en cristallisant, hors au- Même si aucun des témoins, faits qui lui sont reprochés. Dès aucun historien, à l’exception de les discriminations raciales, ANALYSE dience, une crise au sein du mou- sauf un, n’a connu l’accusé au mo- qu’il lui a été possible de s’expri- Michel Bergès, un spécialiste qui comme de ceux qui suivirent, à Le procès va se recentrer vement gaulliste. ment des faits, ces remarques mer longuement, il a rejeté en bloc fut, avec Michel Slitinsky, à l’ori- quelques exceptions près, une fois Après que Pierre Messmer eut d’ordre général n’en ont pas moins les accusations dont il fait l’objet. gine de l’affaire, n’a travaillé direc- le génocide connu. Reprenant des désormais sur dit son total désaccord avec la « re- contribué à « dédiaboliser » Cinquante-cinq ans après les faits, tement sur les faits reprochés à propos de Guy de Rothschild, l’implication personnelle pentance » de Jacques Chirac en l’image du fonctionnaire de Vichy, la cour d’assises se trouvera en Maurice Papon. Il sera donc le seul Me Gérard Boulanger a ainsi affir- de M. Papon 1995 au nom de la France, Olivier ni résistant ni démissionnaire en butte à une difficulté : pour tout à pouvoir témoigner directement mé que « le général n’avait jamais Guichard, baron du gaullisme his- 1942. Le sénateur (Union centriste) témoignage direct sur l’accusé au sujet des documents sur les- fait un geste pour reconnaître la torique, a ouvert une brèche en re- du Cher, Jacques Genton, et l’an- lorsqu’il était secrétaire général de quels se fonde le procès, et encore, place des juifs dans le martyrologue aborder, cette semaine si son état venant sur le « mythe gaulliste » cien député de Corse, Jean Bozzi, la préfecture de la Gironde, il ne lui il devrait le faire plutôt à décharge. français », participant à l’oubli gé- de santé le permet, le contexte his- de l’inexistence de Vichy. L’ancien ont développé, pour leur part, la aura été donné d’entendre qu’une néralisé du rôle de l’administration torique des faits qui lui sont repro- ministre a rappelé que le Général théorie de « l’Etat-bouclier » vieille dame, Gillette Chapel, veuve DISSÉQUER L’ORGANISATION française dans leur déportation. chés : sa participation, « active » avait choisi ses premiers ministres composant avec les autorités na- du directeur de cabinet du préfet En attendant cette déposition, Certains avocats n’ont pas oublié selon l’accusation, à l’arrestation et dans la fonction publique du ré- zies pour éviter le pire aux popula- régional d’alors, Maurice Sabatier. prévue pour la mi-novembre, la la phrase de l’ancien premier mi- à la déportation de plus de 1 500 gime de Pétain. Cette brèche a été tions civiles. Enfin, Maurice Druon, Avec anxiété, elle est venue dire cour devrait disséquer l’organisa- nistre Pierre Messmer, significative juifs, entre 1942 et 1944, vers le élargie par Claude Bouchinet-Se- cette fois en clair défenseur de l’ac- son affolement de voir l’accusé tion et le fonctionnement de la à leurs yeux, de l’état d’esprit camp de Drancy. L’Américain Ro- reulles, un proche de De Gaulle, cusé, relativisait la vulgate résis- pris depuis seize ans dans les rets préfecture de la Gironde pendant d’une génération. « Quel que soit le bert Paxton – qui fut l’un des tout successeur de fait de Jean Moulin tante d’une question. « [En 1940], il de la justice et sa conviction que l’Occupation et celui du service des respect que nous devons à toutes les premiers à mettre en exergue le après son arrestation en 1943, qui a m’a été suggéré d’entrer dans les Maurice Papon était « parfaitement questions juives, pour lequel Mau- victimes de la guerre et en parti- rôle de Vichy dans la déportation expliqué comment, sur le chemin services préfectoraux de Vichy et innocent ». Décrivant l’atmosphère rice Papon avait obtenu délégation culier aux victimes innocentes, en- des juifs – et le Français Henri de la victoire, le gaullisme accep- peut-être... me trouver à la préfec- de délation qui régnait pendant de signature du préfet Sabatier. La fants, vieillards, femmes qui ont été Amouroux – auteur d’une série de tait les ralliements des fonction- ture de Bordeaux sous les ordres de l’Occupation à Bordeaux et reje- cour examinera ensuite la prépara- martyrisés, je respecte plus encore livres sur la vie quotidienne des naires de Vichy. « A l’égard de [ces] Maurice Papon. J’ai refusé. C’était tant la responsabilité des ordres tion des convois qui assoit l’ac- ceux et celles qui sont morts, debout, Français sous l’Occupation – de- hauts fonctionnaires, nous n’avions mon éthique. Seulement, je suis for- d’arrestation sur un intendant de cusation de complicité de crime les armes à la main, parce que c’est vaient ouvrir la voie à la dizaine aucune prévention », a rappelé ce cé de nuancer un peu cette décision police, elle a dépeint un homme contre l’humanité. à eux que nous devons notre libéra- d’historiens appelés à témoigner résistant de l’ombre. Il a justifié le d’éthique. Car c’est un fonctionnaire qui cherchait à améliorer le sort Auparavant, avec l’historien tion. » sur Vichy. choix de Gaston Cusin, commis- de Vichy qui portait la francisque des déportés, à l’instar de son ma- Jean-Pierre Azéma, elle devrait Cette deuxième phase du procès saire de la République à Bordeaux qui me fournissait les documents ri, dont il a été reconnu à l’au- aborder l’adoption, par Vichy, des Jean-Michel Dumay LeMonde Job: WMQ2810--0009-0 WAS LMQ2810-9 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 11:11 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0343 Lcp: 196 CMYK
LE PROCÈS PAPON LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 / 9 M. Hajdenberg, Le régime de Vichy avait institué un antisémitisme d’Etat au nom du CRIF : Les lois antijuives étaient le résultat d’une action spontanée des autorités françaises, et non le résultat d’une pression allemande. Le maréchal Pétain prit une part active à leur élaboration le rappel de Vichy Maurice Papon ne pouvait que bien interdits professionnels aux juifs dans la fois ses thuriféraires, le maréchal Pétain prit assortissaient la définition du juif de toutes connaître les lois antijuives de Vichy : son fonction publique. Ces lois n’ont pas été le une part active à leur élaboration. Le premier sortes d’interdits professionnels, concernant « n’est pas de mentor et supérieur à la préfecture de la Gi- résultat des pressions allemandes : elles ré- statut, en 1940, faisait entrer la notion de des domaines tels que la presse, l’édition, la ronde, Maurice Sabatier, était l’auteur d’une sultent d’une action spontanée du régime de « race juive » dans le droit français. Il fut sui- radiodiffusion, l’exploitation des forêts ou circulaire de 1941 aggravant l’application des Vichy. Contrairement à ce qu’affirment par- vi, en 1941, par un second statut. Ces textes les secrétariats généraux de préfecture. l’autoflagellation» QUAND Maurice Papon rejoint, « non-Aryens » en des termes as- un objet d’étude relativement LE PRÉSIDENT du Conseil re- en novembre 1940, son mentor sez proches, dans leur sévérité, de récent, ses origines plus lointaines présentatif des institutions juives Maurice Sabatier, alors secrétaire ceux de Vichy. Les « métis » (les sont discutées. Faut-il parler d’un de France (CRIF), Henri Hajden- général pour l’administration du « Mischlinge ») au premier degré « Vichy avant Vichy » émergeant berg, devait répondre, lundi 27 oc- ministère de l’intérieur, Vichy vit étaient ceux qui n’avaient qu’un dès les années 30 dans les diverses tobre à Orléans, lors d’une céré- depuis quelques semaines au ryth- seul grand-parent juif ; les « mé- législations xénophobes ? La Troi- monie commémorative, à tous me des lois antisémites. Une légis- tis » au second degré, deux grands- sième République ne serait plus, du ceux qui, de Philippe Séguin à lation que Maurice Papon ne pou- parents juifs et enfin les juifs à pro- coup, tout à fait innocente des François Bayrou, se sont émus des vait que bien connaître : son prement parler, plus de trois crimes de Vichy. Pourtant, l’exclu- répercussions politiques du procès supérieur est l’auteur d’une cir- grands-parents juifs. Ceux qui, sion légale pour motifs raciaux ou de Maurice Papon. Le CRIF est culaire du 22 septembre 1941 aggra- ayant seulement deux grands-pa- religieux demeure dans le registre clairement en adéquation avec la vant l’application des interdits pro- rents juifs, étaient de confession ju- des lois d’exception en France. On reconnaissance officielle par fessionnels aux juifs dans la daïque ou mariés à un conjoint juif peut en revanche parler plus certai- Jacques Chirac de la responsabilité fonction publique. à la date du 15 septembre 1935 nement d’un « Vichy après Vichy » de la France dans la déportation Le premier statut des juifs, qui a étaient aussi considérés comme puisque le statut des juifs continue- des juifs (Le Monde du 16 juillet). été adopté le 3 octobre 1940, suivait juifs. ra à être consciencieusement appli- « Le choc de la compromission de peu une ordonnance allemande Pas plus à Vichy qu’à Nurem- qué par la résistance giraudiste installée au cœur de la nation, au promulguée le 7 septembre 1940 en berg, les législateurs de l’exclusion dans l’Algérie libérée par les alliés cours des années noires, s’avérerait zone occupée et prescrivant le re- n’ont pu « tenir » le critère racial. en novembre 1942, et ce au moins encore impossible à assumer (...) censement des juifs ainsi que En dépit du vocabulaire pseudo- jusqu’en 1943. Vichy avait, dès le Alors que l’on s’attendait à un peu l’« aryanisation » prochaine de scientifique de la loi, les diverses 7 octobre 1940, abrogé le décret de recul, à plus de lucidité, de res- leurs entreprises. En dépit de cette définitions du « juif » n’ont jamais Crémieux qui accordait la nationa- ponsabilité et de hauteur, des antériorité chronologique, tous les pu faire l’économie du détour par lité française aux « juifs indigènes » hommes politiques sont descendus témoignages concordent : le statut des critères d’ordre religieux d’Algérie. dans l’arène pour se livrer à des rè- d’octobre 1940 fut bien le résultat d’abord, puis par des discriminants Plus évident est le terreau de glements de comptes d’aujourd’hui, d’une action spontanée de Vichy et de plus en plus flous. Les critères juive est établie par la preuve de juif » aux « demi-juifs, c’est-à-dire l’antisémitisme littéraire, journalis- qui n’ont rien à voir avec l’histoire non d’une pression allemande. En religieux feront d’ailleurs leur réap- l’adhésion à l’une des autres confes- aux personnes ayant deux grands- tique, voire politique d’avant- de notre pays et l’enjeu du procès outre, et contrairement à ce que parition dans la législation fran- sions reconnues par l’Etat, avant la parents juifs et n’ayant jamais ap- guerre, en un temps où certains dé- Papon », estime M. Hajdenberg, en soutiennent parfois ses thurifé- çaise à l’occasion de la promulga- loi du 9 décembre 1905 ». Ces défi- partenu à la religion juive ». putés ou conseillers municipaux considérant cette attitude comme raires d’hier et d’aujourd’hui, le tion du second statut des juifs du nitions étaient assorties de toutes Comme si, au-delà de ses vic- clamaient leur profession de foi an- « inacceptable et condamnable ». maréchal Pétain prit une part active 2 juin 1941, dû à Xavier Vallat, pre- sortes d’interdits professionnels, de times les plus directes, le statut des tijuive au sein même des assem- La prise de position du président à son élaboration. Le conseil des mier dirigeant du Commissariat gé- chef de l’Etat à assureur. Elles en- juifs avait pour fonction de se mé- blées élues sans provoquer de la République, le 16 juillet 1995, ministres du 1er octobre 1940, qui néral aux questions juives (CGQJ). globaient, avec une sévérité sans tamorphoser en arme légale d’une d’énormes scandales, comme les suivie, le 30 septembre 1997, de la fut consacré au texte, dura plus de Ce second statut précise qu’« est cesse accrue, des domaines aussi terreur de plus en plus générali- deux futurs dirigeants du CGQJ, déclaration de « repentance » des deux heures, et le chef de l’Etat in- regardé comme de race juive le différents que la presse, l’édition, la sable. Un projet de février 1942 en- Xavier Vallat, à la Chambre des dé- évêques de France, ne saurait être sista pour que l’épuration de l’en- grand-parent ayant appartenu à la radiodiffusion, l’exploitation des visageait même de fonder la défini- putés, ou Darquier de Pellepoix au assimilée à de l’« autoflagellation ». seignement et de la justice soit ab- religion juive ». Pour autant, la va- forêts ou les secrétariats généraux tion de la judéité – et l’exclusion conseil municipal de Paris. En 1939, « Tout le propos de Jacques solue. leur du baptême n’a de validité que de préfecture... qui en découle – sur deux critères, la montée de cet antisémitisme, qui Chirac, pris dans son intégralité, a Alors que l’ordonnance alle- limitée. Le second statut spécifiait non raciaux ni religieux, mais cultu- ne choque plus, suscite cependant été justement de dénoncer la mande s’est contentée du critère que serait toujours tenu pour juif « PRÉSOMPTION » rels : « Est regardée, lit-on dans ce une loi réprimant pour la première compromission criminelle de l’Etat religieux, la loi du 3 octobre, par quiconque appartenait à cette reli- Rien ne semble avoir pu arrêter texte qui demeura sur le papier, fois l’incitation à la haine raciale ou français conduit par Philippe Pé- son article premier, fait explicite- gion avant le 25 juin 1940. Du reste, cette radicalisation. Dans un texte comme juive toute personne qui ma- religieuse par voie de presse, que tain, déclaré illégitime, nul et non ment entrer la notion de « race en écho revanchard et tardif des de février 1943 reproduit dans Le nifeste aux yeux de la loi, soit par des Vichy s’empressera d’abroger. avenu par le général de Gaulle. juive » dans le droit français. luttes du début du siècle, le second Calendrier de la déportation de signes décisifs, soit en raison de pré- Comparée aux rafles, à la séques- Dans ce discours, il a rendu un « Nous, maréchal de France, chef de statut, par une très paradoxale in- Serge Klarsfeld, Darquier de Pelle- somptions suffisamment graves, la tration, la déportation et l’assassi- hommage vibrant à l’homme du l’Etat français, le conseil des mi- vocation de la loi de séparation de poix, qui a succédé à Xavier Vallat à présence ou la persistance de la tra- nat de près de quatre-vingt mille 18 juin 40, incarnation de la Résis- nistres entendu, décrétons : Art. pre- l’Eglise et de l’Etat, déclarait que la tête du CGQJ le 6 mai 1942, parle dition juive. » juifs de France, la portée des statuts tance française, et à tous ceux qui mier : est regardée comme juif, pour « la non-appartenance à la religion d’étendre la « détermination du Parce que le statut des juifs est peut sembler limitée. Pourtant, l’ont rejoint. Il faut éviter les lectures l’application de la présente loi, toute comme l’a mis en évidence l’histo- hâtives et les amalgames outran- personne issue de trois grands-pa- rien Raul Hilberg, auteur de La Des- ciers et réducteurs. Personne ne peut rents juifs. » Circonstance aggra- truction des juifs d’Europe, on ne confondre sciemment un gouverne- vante de la législation allemande de M. Pasqua : « Des Français étaient responsables, pas la France » saurait négliger l’importance de la ment de collaborateurs et la France zone occupée : la loi française pu- définition dans le processus de des- légitime, combattante du nazisme », nissait à sa manière les « relaps », CHARLES PASQUA (RPR) a déclaré dimanche ministre de l’intérieur, Jean-Pierre Chevènement, a truction. Quelle qu’ait été l’inten- devait préciser le président du en déclarant également juive toute 26 octobre sur France 2, à l’émission « Polé- lui aussi refusé qu’« on essaie de discréditer la tion des législateurs, l’effet de ces CRIF. personne qui, bien que n’ayant que miques », qu’il ne pouvait « pas laisser accréditer France, de la culpabiliser, comme si elle était tout en- lois est bel et bien de désigner une M. Hajdenberg a encore pris le deux grands-parents juifs, avait un l’idée que dans l’administration sous Vichy, il n’y avait tière responsable de ce fait », à travers le procès Pa- « cible ». Cible à isoler d’abord, à soin de faire cette distinction : conjoint juif. La législation faisait que des salauds ou des traîtres ». Il a rappelé que pon. « Il faut faire la part des choses », a-t-il précisé. spolier ensuite, en attendant plus... « De Gaulle, immédiatement et sans bien entendu fi des critères par les- « près de 70 préfets, sous-préfets et administrateurs « Il y a eu des traîtres et il y a eu des héros, il y a les Du coup, le passage de la propa- attendre, a sauvé l’idée de la quels les juifs eux-mêmes se re- dépendant du ministère de l’intérieur (sous Vichy) ombres et il y a les lumières. » gande au droit positif par une défi- France », tandis qu’avec le régime connaissent comme juifs : la matri- avaient été arrêtés, déportés, fusillés ou étaient morts Le ministre des affaires européennes, Pierre Mos- nition légale du juif constitue peut- de Vichy « l’Etat a perdu son âme ». linéarité ou la conversion. en déportation ». L’ancien ministre de l’intérieur a covici, a déclaré sur Europe 1 qu’il jugeait la Répu- être le pas décisif propre à habituer Le président du CRIF met en En revanche, la législation de Vi- précisé : « Que Jacques Chirac ait reconnu la respon- blique « comptable et responsable des crimes de l’Etat policiers, gendarmes, enseignants, cause, à ce propos, ceux des fonc- chy se rapprochait des deux lois al- sabilité de l’Etat de fait qu’était le gouvernement de français de Vichy » parce que le régime de collabora- magistrats et hauts fonctionnaires tionnaires qui « ont renié leur en- lemandes dites de Nuremberg Vichy, cela me paraît tout à fait normal. Ce que je tion avait été porté légalement au pouvoir et que à se faire, sans états d’âme exces- gagement au service de l’intérêt gé- « pour la protection et l’honneur du n’accepte pas (...) c’est que l’on dise que la France certaines de ses lois ont survécu à son effondre- sifs, les agents du crime contre l’hu- néral ». En acceptant « l’exclusion sang allemand » et sur la citoyenne- était responsable. Non, des Français étaient respon- ment, en 1945. « Mais la République n’est pas la manité. des juifs de l’espace public, la perte té du Reich de 1935, et surtout du sables mais pas la France, pas plus que la Répu- France (...) Il y avait une partie de la France qui a col- de leurs droits de citoyens (...), l’Etat règlement d’application de ces lois, blique. » laboré, mais la France était aussi à Londres, alors Nicolas Weill a trahi sa mission au service de la qui avait défini trois catégories de Invité du « Grand Jury » RTL-Le Monde-LCI, le c’est un débat un peu oiseux », a-t-il ajouté. Dessin : Noëlle Herrenschmidt nation toute entière ». LeMonde Job: WMQ2810--0010-0 WAS LMQ2810-10 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0344 Lcp: 196 CMYK
10 / LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 FRANCE Le canton de Luzy (Nièvre) Le Parti socialiste diffuse un document atténuant reste à droite NIÈVRE une partie de ses engagements de campagne Canton de Luzy I., 4 243 ; V. 3 010 ; A., 29,06 % ; E., 2 928. Marcel Joyeux, div., 1 693 (57,82 %) ÉLU A la veille de son congrès, le PS veut montrer les changements mis en œuvre par Lionel Jospin Jean-Louis Rollot, PS, 1 235 (42,18 %). [Marcel Joyeux a remporté, dimanche 26 octobre, le second tour des élections canto- A moins d’un mois du congrès du Parti socia- Bergounioux, chargé de la formation et de la lant illustrer le respect des engagements législa- nales de Luzy, dans la Nièvre. Vacant depuis le décès de Bernard Dollet (div.d.) en août, ce liste, du 21 au 23 novembre à Brest, François communication au secrétariat national, ont pré- tifs de Lionel Jospin, en offre une nouvelle canton reste à droite, avec un nouveau conseiller général qui se déclare « gaulliste sans par- Hollande, premier secrétaire délégué, et Alain senté, lundi 27 octobre, un document qui, vou- lecture sur certains points. ti ». Jean-Louis Rollot (PS) n’a pas profité, comme il l’escomptait, d’une réaction des abs- tentionnistes du premier tour. Plus nombreux (70,94 % contre 63,99 %), les électeurs ont « ÇA CHANGE », affirme en est plus succincte et s’abstient de même permis à Marcel Joyeux de réaliser un score supérieur à celui de son prédécesseur. titre un fascicule que le PS entend reprendre les quatre conditions du 19 octobre 1997 : I., 4 243 ; V., 2 715 ; A., 36,01 % ; E., 2 660 ; Marcel Joyeux, div., m. de Lu- diffuser à trois millions d’exem- PS au passage à la monnaie zy, 1 233 (46,35 %) ; Jean-Louis Rollot, PS, 959 (36,05 %) ; Marc de Visscher, FN, 215 plaires et qui a été présenté à la unique. Le document note seule- (8,08 %) ; Marc Le Mingon, écol., 135 (5,07 %) ; Christian Tinot, PC, 118 (4,43 %). presse, lundi 27 octobre. ment que « sous l’impulsion du 29 mars 1992 : I., 4 561 ; V., 3 326 ; A., 17,08 % ; E., 3 206 Candidat au poste de premier gouvernement français, l’Europe Bernard Dollet, div.d., 1 804 (56,27 %). ÉLU secrétaire du Parti socialiste, dans s’en est fortement rapprochée, Didier Guériaux, PS, 1 402 (43,73 %)] une élection au suffrage direct des même si des progrès substantiels militants, dans laquelle il sera op- restent à faire ». me posé au porte-parole de la Gauche M Notat prône le « rapport de forces » socialiste, Jean-Luc Mélenchon, « LA PAROLE DE LA FRANCE » François Hollande affirme en La démarche de M. Jospin au préambule de ce document de huit sommet d’Amsterdam, où il a «dû pour le passage aux 35 heures pages : « C’est en répondant aux respecter la parole de la France » préoccupations des Français, en sur le pacte de stabilité dénoncé LA SECRÉTAIRE GÉNÉRALE de la CFDT, Nicole Notat, a affirmé, sa- prenant en compte toutes les réali- pendant la campagne, est justi- medi 25 octobre, en clôture du dixième congrès de l’union confédé- tés, que nous entendons mener ce fiée : la France « a su faire évoluer rale des ingénieurs et cadres CFDT, qu’il « faudra le rapport de projet qui nous rassemble. » le projet européen et les positions de forces » avec le patronat pour la mise en place des 35 heures. Mme No- La diffusion de ce document a nos partenaires tout en évitant une tat a estimé que les 35 heures « pour les 2 200 000 ingénieurs et cadres, été précédée d’une interview de crise qui aurait pu être catastro- avec un effet-emploi seulement de 6 %, peuvent créer 130 000 postes ». Lionel Jospin dans L’Hebdo des so- phique pour l’euro et la constrtuc- Elle a invité les cadres à « saisir l’opportunité » d’une loi sur le temps cialistes du 24 octobre dans la- tion communautaire ». de travail pour « obliger le patronat à évoluer dans l’intérêt des salariés quelle le premier ministre reprend Dans L’Hebdo des socialistes, et de l’emploi ». Notant « une certaine paralysie de la politique contrac- le même thème : « Oui, incontesta- M.Jospin notait que les conditions tuelle » depuis la démission de Jean Gandois de la présidence du blement, ça change. » du PS « sont en passe d’être rem- CNPF, Mme Notat a toutefois refusé de « croire que le pire sortira de Le document s’efforce de mon- plies » et parlait à propos d’Ams- cette phase de déstabilisation ». trer, en reprenant les différents ciales « en dépit de l’ardoise laissée suscite – et c’est normal – des terdam de « premier pas, décisif sur engagements de la campagne, que par le gouvernement d’Alain Jup- controverses, mais un débat sérieux le plan symbolique et politique ». DÉPÊCHES le gouvernement de M. Jospin a pé ». est aujourd’hui ouvert, et le travail Cinq mois après sa victoire, le a EURO : Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’intérieur et respecté ses promesses, ou qu’il Les mesures gouvernementales parlementaire devra y trouver toute PS donne ainsi, sur plusieurs président du Mouvement des citoyens, s’est déclaré, dimanche est en passe de le faire, et vient en sur le logement, la sécurité, l’édu- sa place ». points – immigration, Europe, sec- 26 octobre, lors du « Grand jury RTL-Le Monde-LCI », « inquiet » des appui à la motion présentée par cation, l’environnement, la culture La même réécriture apparaît sur teur public –, une nouvelle lecture conséquences de l’instauration de l’euro, notamment sur le chômage. M. Hollande pour le congrès de et l’agriculture sont passées en re- les services publics. La plate-forme de ses engagements. Il en est de « Je vois qu’on va se priver d’un moyen d’ajustement, qui est l’ajustement Brest avec tous les courants du PS, vue ainsi que l’immigration. électorale assurait qu’il fallait même sur la justice, qui apparaît monétaire entre des pays dont l’économie est structurellement très dif- à l’exception d’anciens poperé- « Nous supprimerons les lois Pas- « stopper les privatisations ». Le dans le quatrième thème sur la dé- férente, a-t-il expliqué. Je ne pense pas qu’on pourra procéder à ces nistes et de la Gauche socialiste. qua-Debré », affirmait la plate- fascicule d’aujourd’hui ne reprend mocratie. La plate-forme électo- ajustements par des transferts de main-d’œuvre ni par des transferts fi- forme législative. Le document pas cet objectif, tout en précisant rale parlait de « suppression des in- nanciers, donc cela se fera par les salaires et donc par le chômage. Cela « JUSTICE FISCALE » « Ça change » présente une vision d’emblée que « Air France et la terventions politiques » afin de m’inquiète, je le dis au sein du gouvernement. » Le premier thème du fascicule plus minimaliste. « En rompant SFP sont maintenues dans le secteur « garantir l’indépendance de la jus- a 35 HEURES : Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires eu- est la politique économique et so- avec les lois Pasqua-Debré, les pro- public ». Si le silence est observé tice ». Ce dernier objectif est repris ropéennes, s’est dit persuadé, dimanche 26 octobre, au « Club de la ciale : les six têtes de chapitres de jets de lois présentés ouvrent des sur Thomson, l’ouverture du capi- par le fascicule, qui se borne à presse » d’Europe 1, que le sommet social européen de Luxembourg, la plate-forme électorale sont re- avancées législatives importantes », tal de France Télécom est présen- évoquer des projets « pour clarifier qui se réunit le 21 novembre, ne sera « pas un échec » et a affirmé que prises, notamment la création de indique-t-il, en soulignant qu’il tée dans le but de « favoriser de les relations chancellerie-parquet », la réduction du temps de travail hebdomadaire à 35 heures était « eu- 700 000 emplois pour les jeunes faut « se montrer très fermes sur meilleures alliances internatio- notamment afin d’« apporter des rocompatible ». Il a toutefois précisé que « la réduction du taux de chô- « sur une période de trois ans » et l’immigration irrégulière et les fi- nales » et d’« élargir ses missions de garanties sur la nomination et la mage en Europe ne fera pas partie des objectifs de Luxembourg ». l’objectif des 35 heures « sans lières de travail clandestin ». «Ce service public ». carrière des procureurs ». a PATRONAT : le Centre des jeunes dirigeants (CJD) a affirmé, sa- perte de salaire », qu’il s’agit de né- problème difficile, commente-t-il, La troisième partie sur l’Europe Si « une limitation effective des medi 25 octobre, dans un communiqué, que « la responsabilité du pa- gocier « au plus près du terrain, des mandats » est rappelée, le texte Ça tronat consistait à proposer des aménagements à la loi-cadre sur les réalités des métiers et des entre- change, qui sera accompagné 35 heures pour qu’elle concilie le souci de l’emploi avec la compétitivité prises, pour créer des emplois sup- Mécontentement croissant, selon un sondage d’une campagne d’affiches – au- des entreprises ». Le CJD « invite le patronat à travailler en concertation plémentaires ». tour du slogan « respecter » : ses pour faire des propositions dans ce sens ». Une hausse de 1,1 % du pouvoir La cote de popularité du président de la République et celle du engagements, sa parole, les Fran- a NOUVELLE-CALÉDONIE : le blocage par les indépendantistes d’achat, avec le transfert des coti- premier ministre sont restées pratiquement stables en octobre. Se- çais, les citoyens –, ne promet plus de tous les centres miniers du groupe Eramet en Nouvelle-Calédo- sations maladie sur la CSG, et l’en- lon un sondage de l’IFOP, réalisé du 16 au 24 octobre auprès d’un de rétablir « un contrôle adminis- nie devait être maintenu, lundi 27 octobre. Le mouvement, mené par gagement d’« une politique de jus- échantillon national de 1 825 personnes pour Le Journal du dimanche tratif des licenciements » mais d’en plusieurs dizaines de militants, a commencé le 14 octobre à l’initiative tice fiscale » sont mis en avant. (daté 26 octobre), Jacques Chirac recueille 45 % de bonnes opinions réformer la « procédure ». du FLNKS, rejoint par le syndicat USTKE (Union des syndicats des Dans le second thème – « Vie quo- (en hausse de 1 point par rapport à septembre), soit son meilleur La campagne du PS risque de re- travailleurs kanak et exploités). Ces manifestants entendent soutenir tidienne des Français » –, le docu- score depuis juin 1995. De son côté, Lionel Jospin est crédité de 49 % lancer le débat interne avant le le projet de construction d’une usine de transformation de nickel en ment évoque la Sécurité sociale en de bonnes opinions (en baisse de 1 point). congrès, les points ayant fait l’ob- Province Nord. s’abstenant de mentionner le pro- En revanche, le nombre des mécontents augmente sensiblement : jet d’une réécriture étant juste- a IMMIGRATION : le député (Vert) du Val-d’Oise, Yves Cochet, a longement du remboursement de il s’élève à 40 % pour M. Jospin, soit une hausse de 9 points en un ment ceux sur lequels la Gauche affirmé, dimanche 26 octobre sur Radio J, que « ce qui compte » dans la dette sociale, selon le méca- mois, et à 41 % pour M. Chirac (en hausse de 5 points). L’insatisfac- socialiste reproche à M. Jospin de le projet de loi sur l’immigration, « c’est la substance de la loi, le conte- nisme mis au point par Alain Jup- tion à l’égard du premier ministre est en hausse particulièrement ne pas avoir tenu ses engage- nu des articles ». Les Verts, a ajouté M. Cochet, proposeront des pé et que le PS avait alors critiqué, forte chez les professions indépendantes (+ 21 points), les sympathi- ments. amendements, afin, notamment, de faire figurer le mot « abrogation » mais en insistant sur l’absence de sants du RPR (+ 18 points), les agriculteurs (+ 18 points), les plus de des lois « Pasqua-Debré-Méhaignerie » dans la nouvelle législation, majoration des cotisations so- 65 ans (+ 17 points) et les femmes (+ 12 points). Michel Noblecourt mais « on n’en fait pas un cas pour ne pas voter la loi ». La bataille fait rage pour le contrôle du consistoire israélite de Paris Charles Pasqua récuse LES ÉLECTIONS au consistoire dans la plus grande anarchie. Cet tion d’un scrutin uninominal à sé, actuel président du groupe im- israélite de Paris et de la région élan s’est brisé au cours du renou- deux tours. mobilier Cible placé depuis un changement institutionnel jouent, tous les quatre ans, un rôle vellement de 1993. La liste de Ben- Pour pourvoir les 14 postes quelques mois sous administra- de laboratoire permettant de juger ny Cohen a perdu la majorité et la d’administrateur renouvelables, tion judiciaire (Le Monde du LA COHABITATION provoquée n’est pas une affaire de convenance de l’état de santé de la commu- présidence du consistoire au profit 48 candidats vont donc s’affronter 20 septembre). En 1995, Jean- par l’échec de la droite aux élec- personnelle. Ce n’est pas parce que nauté juive. Avec ses 40 000 adhé- de son homonyme, Moïse Cohen, individuellement pour la première Pierre Bansard a été exclu de la tions législatives continue d’ali- nous avons perdu les élections que rents, ses 1 000 employés, son « tête » de la liste AVEC (Associa- fois, avec des partisans des deux présidence du consistoire central, menter, au sein de l’opposition, le nous devons réviser la Constitution. budget de 130 millions de francs, tion pour la défense des valeurs listes, mais aussi quatre femmes au terme d’une assemblée géné- débat sur les institutions. Alors Nous devons plutôt nous interroger le consistoire est la plus grosse éthiques du consistoire), partisan – ce qui est sans précédent – et des rale houleuse. L’insistance que que Bernard Pons, président sur les raisons pour lesquelles nous institution de gestion du culte juif d’un judaïsme plus pondéré et élu personnalités aussi diverses que met aujourd’hui l’équipe de Moïse (RPR) de l’association des amis de avons perdu les élections », a affir- dans le monde. président au bénéfice de l’âge. Haïm Nissenbaum, porte-parole Cohen à porter ce riche homme Jacques Chirac, s’était prononcé, mé le sénateur des Hauts-de- La moitié de son conseil d’admi- du mouvement loubavitch, Patrick d’affaires à la présidence d’hon- la veille, pour une présidentialisa- Seine. nistration (composé de vingt-six QUATRE CANDIDATES Gaubert, ancien chargé de mission neur de l’instance fédérale est ju- tion du régime (Le Monde du Au sein du RPR, pourtant, dès le membres élus pour huit ans) doit Mais depuis quatre ans, la de Charles Pasqua, ou Emile Toua- gée suspecte par certains de ses 25 octobre), Pierre Mazeaud a lendemain des élections législa- être renouvelée les dimanches 2 et stricte parité entre les deux listes ti, avocat du dialogue judéo-chré- adversaires. Cette promotion est vanté, samedi 25 octobre, les mé- tives, Edouard Balladur avait été 16 novembre, avec un mode de rivales (13 + 13) a transformé le tien. Pour faciliter la participation refusée par son successeur Jean rites de la Constitution de la parmi les premiers à analyser les scrutin tout neuf (uninominal), un consistoire de Paris en un champ électorale, 47 bureaux de vote, au Kahn. Ve République. Elle offre, selon lui, dangers que feraient courir des jeu plus ouvert qu’il ne l’a jamais de batailles rangées, sur fond de lieu de 13, seront même ouverts La présence dans la campagne deux lectures : l’une plutôt parle- périodes de cohabitation à répéti- été et qui devrait, théoriquement, crise financière grave. Au règle- toute la journée. de quatre candidates, Anne-Marie mentaire, notamment en période tion (Le Monde du 25 juin). Lors mettre un terme à une guerre de ment des constructions dispen- « Nous ne voulons pas d’un Boubli, Evelyne Chiche, Michèle de cohabitation ; l’autre plutôt des dernières journées parlemen- clans aussi longue qu’anachro- dieuses engagées sous la prési- consistoire d’orthodoxes, ou de ré- Rotman, Murielle Schor – dont présidentielle, lorsque le chef de taires du RPR à Saint-Jean-de Luz, nique. dence de Benny Cohen s’est formés, ou de libéraux, mais d’une l’une fait référence, dans sa pro- l’Etat et la majorité de l’Assemblée il avait même esquissé les Quand le consistoire était dirigé ajoutée l’affaire de la « vache sorte de CRIF religieux [le Conseil fession de foi, aux femmes de la nationale sont en adéquation. contours d’« un régime présidentiel par des représentants d’un ju- folle », qui a fait chuter de 10 % la représentatif des institutions Bible et à Léah Rabin – est aussi Le député (RPR) de Haute-Sa- à la française » : concomitance des daïsme de gestion ouvert et modé- consommation de viande et am- juives de France assure la gestion sujette à controverses. David Mes- voie s’exprimait lors d’un colloque élections du président de la Répu- ré (Ady Steg, Alain de Rothshild, puté d’autant la redevance de la « politique » de la communauté], sas, grand rabbin de Paris, a pu- organisé par la Convention libé- blique et de l’Assemblée natio- Jean-Paul Elkann ou Emile Touati), cacherout (60 millions de francs). où toutes les sensibilités, sans exclu- bliquement exprimé ses réserves rale, européenne et sociale, prési- nale, concentration entre les les statuts flous de l’institution et Au prix d’une cure d’austérité, le sion, seraient représentées », ex- devant une participation féminine dée par Charles Millon. Comme mains du président de l’ensemble le scrutin de liste ne soulevaient déficit a été ramené de 40 millions, plique le président sortant, Moïse qu’il estime contraire à la tradition d’autres participants, M. Mazeaud des pouvoirs exécutifs, suppres- pas d’objection particulière. Mais en 1993, à moins de 10 millions. Cohen. Mais bien loin d’être juive. Avant le scrutin, on n’ex- s’est montré plus enclin à procé- sion du droit de dissolution et de depuis la fin des années 80, une Le scrutin du 2 novembre sur- convaincus par cette « façade de cluait pas un avertissement solen- der à une réforme « en douceur » l’engagement de responsabilité du base religieuse, évoluant vers une vient dans un climat d’extrême di- démocratie », ses adversaires nel du grand rabbinat de France, de la Constitution qu’à une véri- gouvernement devant les députés. orthodoxie de plus en plus sourcil- vision . Très actifs dans le domaine crient à la manipulation électo- mais la direction sortante du table refonte des institutions. Ce discours n’avait pas provo- leuse, a fait émerger une nouvelle scolaire, les loubavitch (la fraction rale. Jean Kahn a protesté contre consistoire tient bon : « Aucune C’est ainsi qu’il s’interroge, depuis qué de réactions hostiles chez les génération de partisans d’une af- ultra-orthodoxe du judaïsme), le changement jugé trop tardif des liste n’aurait eu le courage de peu, sur la nécessité d’un passage gardiens de l’œuvre institution- firmation identitaire et commu- puis le Likoud France ont menacé règles du jeu . Et si Benny Cohen prendre des femmes. Grâce au scru- au quinquennat pour le mandat nelle du général de Gaulle, preuve, nautaire toujours plus forte. de présenter leur propre liste. ne se représente pas, il a fait pu- tin uninominal, il devient possible présidentiel (Le Monde du 26 juin). s’il en est, que le sujet n’est plus Quand, en 1989, profitant d’une « Nous allions tout droit vers un blier des « listes » sauvages por- de les associer à la gestion du ju- M. Millon, de son côté, a évoqué tabou. L’ancien candidat à l’élec- démobilisation de l’électorat, un éclatement et une ghettoïsation du tant les noms de candidats qu’il daïsme religieux, commente Moïse les difficultés d’« acclimatation » tion présidentielle avait, il est vrai, inconnu, Benny Cohen, prit la pré- consistoire », dit au Monde Moïse prétend contrôler. Cohen. Si elles ne sont pas élues, du régime présidentiel en France. précisé qu’une telle réforme ne sidence du consistoire de Paris, la Cohen qui, malgré l’opposition de La gestion de la présidence sor- elles auront été présentes. C’est un Dimanche sur France 2, Charles pourrait voir le jour avant 2002, surprise fut totale. Il imposa des Benny Cohen et de Jean Kahn, tante est mise en cause, ainsi que tournant majeur pour le judaïsme Pasqua a répondu à M. Pons que terme normal du mandat prési- prières à la fin des réunions, re- président du consistoire central, a sa relation privilégiée avec Jean- en France. » la réforme des institutions ne dentiel de Jacques Chirac. nouvela toutes les équipes, inau- réussi à imposer in extremis l’aban- Pierre Bansard, un ancien diri- constituait « pas un bon débat ». gura écoles juives et synagogues don du scrutin de liste et l’adop- geant communautaire controver- Henri Tincq « Une révision de la Constitution Jean-Louis Saux LeMonde Job: WMQ2810--0011-0 WAS LMQ2810-11 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 11:25 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0345 Lcp: 196 CMYK
11 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997
JUSTICE Le mystérieux « géné- Jacques Jojon, un ingénieur électro- tout cas « inspiré » de lui. « Il a écrit la 1991 par le tribunal de Draguignan à du suicide des frères Saincené. ral » cité par André Rougeot et Jean- ménanicien en retraite résidant dans vérité, mais il s’est avancé beaucoup deux ans de prison, dont seize mois b DEUX EXPERTISES psychiatriques Michel Verne, les auteurs du livre L’af- le Haut-Var ? b A L’EN CROIRE, André trop vite » nous a-t-il déclaré. b AT- avec sursis, dans une affaire de racket avaient conclu que M. Jojon présen- faire Yann Piat, des assassins au cœur Rougeot, qu’il affirme connaître de- TEINT de sclérose en plaques, Jacques fiscal instruite par le juge Philippe tait des signes de « psychose déli- du pouvoir (Flammarion), est-il puis plusieurs années, se serait en Jojon avait été condamné le 22 mars Guémas, chargé aussi de l’instruction rante chronique paranoïaque ». L’informateur du livre « L’Affaire Yann Piat » pourrait s’être dévoilé Ingénieur, et non militaire, Jacques Jojon accuse Flammarion de l’avoir menacé pour qu’il accepte de passer pour le « général ». Condamné en 1991 pour racket fiscal, il avait subi des expertises concluant à l’existence d’une « psychose délirante paranoïaque »
L’INVISIBLE source des jour- livre, alors même que sa sortie que « cette plainte [serait] dépo- jusqu’à ces derniers jours, qu’il été « victime d’un complot ». par le juge Philippe Guémas, par nalistes André Rougeot et Jean- était entourée du plus grand se- sée mardi 28 octobre au tribunal pourrait avoir joué un rôle dans Les archives du tribunal de ailleurs en chargé de l’instruc- Michel Verne, auteurs du livre cret, Flammarion ayant refusé de Draguignan ». la préparation du livre L’Affaire Draguignan attestent qu’il fut tion sur le double suicide des L’Affaire Yann Piat, des assassins d’en communiquer le moindre Me Collard assure par ailleurs Yann Piat. Pestant contre « les condamné, le 22 mars 1991, à frères Saincené... Les expertises au cœur du pouvoir, s’est-elle en- extrait avant la date de la sortie défendre les intérêts de M. Jojon juges » et « les magistrats pour- deux ans de prison – dont psychiatriques ordonnées fin dévoilée ? Présenté dans leur en librairie. Ce jeu d’épreuves depuis un an « dans une affaire ris », M. Jojon reconnaît avoir 16 mois avec sursis – dans une avaient alors conclu à l’existence ouvrage comme un « général », – dont M. Jojon assure curieuse- commerciale », sans s’être douté, « fait de la prison », après avoir affaire de racket fiscal instruite d’une « psychose délirante chro- retraité de la Direction du ren- ment qu’il lui a été adressé « par nique paranoïaque » puis d’« im- seignement militaire (DRM), ce erreur » – était accompagné portantes perturbations psychia- personnage accusait François d’une édifiante inscription ma- Réactions : M. Pasqua s’en prend à M. Léotard b Patrick Devedjian, député RPR triques », son état de santé lui Léotard et Jean-Claude Gaudin nuscrite : « On attend votre pré- et avocat de François Léotard, a ayant valu des circonstances at- d’être les commanditaires de face. Il manque le dernier cha- b Charles Pasqua a reproché au régionales en Provence. Evoquant indiqué lundi sur RTL qu’il ne ténuantes. l’assassinat de Yann Piat, en pitre : celui ou l’on résume tout et président de l’UDF, François le rôle de l’ancien préfet du Var, croyait pas aux « officines » « Je ne peux pas me prononcer 1994, se fondant sur des re- où le général dit qu’il y était et où Léotard, dimanche 26 octobre sur Jean-Charles Marchiani, M. Pasqua dénoncées par le président de sur les déclarations de mon client, cherches prétendument menées sont les preuves. » France 2, de ne s’être « jamais a déclaré : « Les problèmes dans ce l’UDF. « Loin des officines, ce sont et ce n’est pas mon rôle de le par des services du ministère de tellement occupé du Var ». « On département ont commencé bien plutôt des personnages peu sérieux, faire », a indiqué au Monde la défense. Or vendredi soir CONVERSATIONS TRANSCRITES peut le regretter car, s’il s’en était avant l’arrivée de M. Marchiani. » plutôt mythomanes, affabulateurs, Me Collard. Une conférence de 24 octobre, quelques heures Devant le tribunal, André Rou- occupé, il n’y aurait pas eu aux b Jean-Pierre Chevènement, qui se sont livrés » à cette mise en presse doit suivre le dépôt de la après la comparution des deux geot – le seul des deux journa- élections municipales de Toulon ministre de l’intérieur, parlant cause, a-t-il ajouté. Selon lui, le plainte. « Il va y avoir des sur- auteurs, poursuivis par M. Léo- listes à avoir été en contact avec deux listes UDF et nous n’aurions d’une « atmosphère de livre est fondé sur des prises », promet M. Jojon, qui de- tard, devant le tribunal de Paris le « général » – avait admis avoir pas aujourd’hui un maire Front corruption », a indiqué, dimanche, « conversations de bistrot », sans mande, pour cela au moins, (Le Monde daté dimanche 26- été obligé de « désourcer », c’est- national à Toulon », a-t-il ajouté. lors du « Grand Jury RTL-Le « aucun élément, aucune enquête, qu’on le croie « sur parole ». lundi27 octobre), c’est bien un à-dire de mêler des détails fictifs Le sénateur des Hauts-de-Seine a Monde-LCI », que « dans le Var, aucune preuve ». Il a estimé retraité, mais nullement mili- aux éléments réels : « Si je le dé- toutefois affirmé qu’il ne voyait comme dans tout département (...), « atterrant qu’un éditeur puisse se Hervé Gattegno taire, qui a fait son apparition au crivais tel qu’il est, disait-il, ce se- pas « pourquoi François Léotard ne la loi républicaine doit régner ». «Il prêter à la publication de propos avec, à Nice, cours du journal télévisé de rait le désigner ». Mais le journa- serait pas tête de liste » pour les faut donc assainir », a-t-il conclu. aussi peu consistants ». Jean-Pierre Laborde France 2. liste ayant fermement maintenu L’homme s’appelle Jacques Jo- que « le général existe bien », les éditions Flammarion ont néan- moins versé aux débats judi- Dominique-Antoine ciaires les transcriptions manus- crites de dix conversations Grisoni évasif enregistrées entre le journaliste et sa source, datées de juillet Interrogé par Le Monde à pro- 1996 à février 1997, dans les- pos de la déclaration de Jacques quelles sont puisées les princi- Jojon selon laquelle il lui aurait pales affirmations du livre sur rendu visite les 16 et 17 octobre l’affaire Yann Piat et le suicide pour lui faire admettre qu’il des frères Saincené. était « le général » et lui aurait « S’il a enregistré nos conversa- proposé de l’argent, Dominique- tions, c’est à mon insu, affirme Antoine Grisoni, responsable M. Jojon. S’il a des bandes, on des essais et documents, direc- doit entendre plusieurs voix, puis- teur du département de littéra- qu’il y avait plusieurs amis... » ture générale et conseiller spé- Des « amis bien renseignés », pré- cial de la direction pour le cise-t-il, sans consentir à livrer développement éditorial chez leurs noms ni leurs spécialités : Flammarion, a répondu : « Nous « Ça, c’est mon bagage », dit-il en ne dirons rien avant la décision de s’amusant. la justice. Nous laissons les prota- Parmi ces familiers pourrait, gonistes dire ce qu’ils veulent, selon certaines sources, figurer nous interviendrons ensuite, plu- l’un des officiers de renseigne- tôt que de faire pression dans un ment interrogés au cours des sens ou dans l’autre. » dernières semaines par la Direc- Il a ajouté que l’on ne pouvait tion de la protection et de la sé- pas « s’amuser avec une affaire curité de la défense (DPSD), aussi grave : un meurtre non élu- dans le cadre de l’enquête inter- cidé, deux suicides laissés de côté. ne commandée par le ministère Le rôle des journalistes est d’exa- de la défense. miner les personnes qui parlent, Cette piste, si elle devait être d’aller vérifier qui est X, ou Y, ou confirmée, accréditerait l’hypo- Z. Répondre à M. Jojon ? C’est thèse – désormais admise par votre responsabilité, pas la beaucoup – selon laquelle évo- mienne. Pour ma part, je crois que luerait, derrière le fameux « gé- c’est un débat qui n’a pas lieu néral », un groupe d’individus d’être. Je ne veux polémiquer avec désireux de faire publier des élé- qui que ce soit. Quant à vous, ments accusatoires à l’encontre votre rôle, c’est d’attendre. Je vous de M. Léotard. conseillerais la prudence. » Ainsi, l’apparition de ce nou- veau personnage au générique du feuilleton médiatico-judi- jon, il est âgé de 60 ans. Ingé- ciaire lancé par la sortie du livre nieur électronicien en retraite, il semble moins éclairer l’affaire réside près de Val, un petit vil- qu’elle ne la complique. Car tout lage du Haut-Var et se dit « gra- en apportant son soutien aux as- vement malade depuis 1990 » : il sertions publiées dans L’Affaire serait atteint d’une sclérose en Yann Piat, tout en laissant en- plaques et d’un cancer, qui le tendre que les éléments publiés contraindraient à rester enfermé auraient été recueillis chez lui, chez lui. tout en affirmant qu’il avait lui- même, depuis longtemps, « dé- « UN SALE CON » noncé la pourriture du Var et les Portant, à l’instar du « géné- affaires Arreckx, sans que per- ral » décrit par André Rougeot, sonne ne veuille [l’]entendre », pantalon de treillis et charan- M. Jojon semble être sorti de taises, M. Jojon assure connaître l’ombre pour attaquer... André le journaliste du Canard enchaî- Rougeot. né depuis de longues années, se A l’en croire, l’épouse du jour- répand en critiques contre lui, naliste – qui appartient à la po- mais atteste le contenu de ses lice judiciaire parisienne – se se- écrits. « Rougeot est un sale con, rait présentée à deux reprises, la mais il a écrit la vérité », a-t-il ré- semaine dernière, pour lui de- sumé dans un entretien accordé, mander d’endosser l’uniforme samedi, à l’Agence France- du « général ». Selon M. Jojon, Presse. un journaliste de TF 1 et un res- « Il s’est inspiré de moi, c’est ponsable de Flammarion – il cite sûr », a-t-il déclaré, dimanche le nom de Dominique-Antoine 26 octobre au Monde, tout en Grisoni – auraient accompagné niant être lui-même la source du Mme Rougeot, l’éditeur allant, livre, mais en précisant qu’il dit-il, jusqu’à lui proposer de avait l’habitude d’organiser chez l’argent, puis le menacer (lire ci- lui « des réunions informelles » au contre la réaction de M. Grisoni). cours desquelles « on est obligé Prétendant avoir « relevé leurs de parler des sujets sensibles ». empreintes sur les verres », M. Jo- « Rougeot s’est cru invulnérable, jon nous a fait part de son inten- a-t-il poursuivi. Chez moi, il a en- tion de déposer une plainte tendu beaucoup de choses (...) contre l’épouse du journaliste et Mais il s’est avancé trop vite. » l’éditeur, pour « menaces et ten- Preuve de sa proximité avec le tative de chantage ». Son défen- journaliste, M. Jojon a reçu un seur, l’avocat marseillais Gilbert exemplaire du manuscrit du Collard, a simplement confirmé LeMonde Job: WMQ2810--0012-0 WAS LMQ2810-12 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 11:23 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0346 Lcp: 196 CMYK
12 / LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 SOCIÉTÉ
L’incarcération du commissaire-priseur Guy Loudmer « La sécurité est pour « abus de confiance » inquiète la profession un concept de gauche », L’instruction porte sur une vente de tableaux de 509 millions de francs en 1990 selon M. Chevènement Le commissaire-priseur Guy Loudmer a été mis d’instruction parisien Evelyne Picard. L’informa- vente de tableaux qui avait rapporté 509 mil- en examen et placé en détention pour « abus de tion contre X..., ouverte par le parquet en 1993, lions de francs. Des irrégularités seraient aussi confiance », vendredi 24 octobre, par le juge porte sur une association créée à la suite d’une survenues autour de cette vente. L’équilibre entre fermeté et liberté en débat
LE COMMISSAIRE-PRISEUR produit de la vente, 427 millions croyait réservées aux Anglo- lies dans la gestion de l’associa- EN DONNANT la priorité à «la d’« écarter (...) les petits noyaux durs Guy Loudmer a été mis en examen de francs une fois les frais déduits Saxons. Tous espèrent que l’ac- tion Bourdon. Enfin, il signalait sécurité quotidienne des Français », de multirécidivistes ». Autant d’ini- et placé en détention pour « abus (dont les honoraires du commis- cusation d’abus de confiance l’étrange vente d’un tableau de juste après l’emploi, le premier mi- tiatives qui, à Villepinte notam- de confiance », vendredi 24 octo- saire-priseur, estimés à 60 millions concerne les activités de Me Loud- Delacroix, une Madeleine endor- nistre Lionel Jospin a invité son ment, ont déjà été contestées par la bre, par le juge d’instruction pari- de francs, TVA incluse...). Cet mer en tant que trésorier de l’as- mie, qui fait aujourd’hui la fierté gouvernement, samedi 25 octobre gauche judiciaire et par la ministre sien Evelyne Picard dans le cadre argent devait permettre la créa- sociation Bourdon, et non l’exer- du Musée Eugène-Delacroix de au colloque de Villepinte (Le de la justice, Elisabeth Guigou. d’une information contre X... ou- tion d’une association Bourdon cice de son office de Paris. Monde daté 26-27 octobre), à s’en- Parallèlement, M. Chevènement verte par le parquet en 1993. consacrée « à la protection des ani- commissaire-priseur. Toutefois, En novembre 1990, en effet, gager dans la politique à domi- préconise des projets de loi qui per- Convoqué mercredi 22 octobre maux, l’aide à l’enfance déshéritée, selon des sources judiciaires, la Me Loudmer adjugeait la Made- nante « sécuritaire » qui est prônée mettront un encadrement plus pour une audition, Me Loudmer a aux artistes dans le besoin, et enfin plainte du parquet porterait sur leine pour 10 millions de francs. par son ministre de l’intérieur. étroit des polices municipales – il été placé en garde à vue, puis en la participation à l’extension de col- les deux. Elle était aussitôt préemptée par Grand organisateur d’un colloque invite notamment à leur enlever le détention provisoire à la prison de lections d’art moderne publiques et Trois articles publiés par Libéra- les Musées nationaux. Mais leur préparé à vive allure après avoir été droit de doter leurs agents d’armes la Santé. De telles mesures sont privées ». Me Guy Loudmer était le tion les 3 et 9 juin 1994, et le 29 dé- budget d’acquisition étant alors lancé le 1er septembre, le « premier à feu – et des sociétés privées de exceptionnelles, particulièrement trésorier de l’association, jusqu’en cembre 1994, décortiquaient la au plus bas, ils furent aidés finan- flic de France » reçoit ainsi un sou- gardiennage : sur ces deux plans, le lorsqu’elles concernent un officier 1992, date à laquelle un nouveau vente Bourdon, en signalant que cièrement par un généreux dona- tien appréciable dans l’entreprise gouvernement veut donc prendre à ministériel. teur, les Bourdon, évidemment. d’aggiornamento qu’il veut mener à bras le corps des dossiers laissés en Selon son fils, Philippe Loud- Parfaitement au courant du pla- bien. Seul l’examen attentif des dif- jachère depuis plus d’une dizaine mer, également commissaire-pri- Un personnage très médiatique fond auquel pouvait prétendre férents projets de loi annoncés par d’années. Il en va de même avec la seur, Me Guy Loudmer a été mis cette enchère, Me Loudmer eût été M. Jospin pour orchestrer cette po- création d’une « commission de en examen à la suite d’une en- Né le 2 juin 1933 à Paris, commissaire-priseur depuis 1965, Me Guy un saint s’il avait laissé la Made- litique de fermeté permettra, dans déontologie » dont M. Chevène- quête portant sur la vente Bour- Loudmer a fait de son étude l’une des quatre premières de la place, leine partir à moins. les mois qui viennent, de savoir jus- ment a précisé qu’elle « concernera don, et les activités de l’associa- avec un chiffre d’affaires avoisinant les 125 millions de francs en qu’à quel point le délicat équilibre non seulement la police nationale, tion du même nom, dont 1996. Considéré comme « trop médiatique » par ses confrères, il fait ARTICLES « DÉCORTIQUÉS » entre libertés et sécurité s’en trou- mais aussi la gendarmerie, les Me Loudmer fut un temps le tréso- partie des vedettes d’une profession dont il n’a eu de cesse de bous- S’estimant diffamé, Me Loudmer vera modifié. douanes, les polices municipales, les rier. culer les méthodes : en 1979, par exemple, un long procès l’opposa à réclamait 300 000 francs de dom- sociétés de gardiennage et de protec- ses pairs. Il voulait organiser ses ventes dans son propre lieu, un hô- mages et intérêts au journal. Or le « VICTOIRE IDÉOLOGIQUE » tion ». Une telle commission, qui 60 MILLIONS D’HONORAIRES tel particulier du faubourg Saint-Honoré. Un arrêt du tribunal civil tribunal avait jugé que le commis- « La sécurité est un concept de « pourra être saisie vraisemblable- L’étude Loudmer avait réalisé le ramena à la raison, et à Drouot. saire-priseur n’était pas visé par gauche puisque la sûreté est mise par ment par un parlementaire pour en mars 1990 une importante Ce n’était pas la fin de ses ennuis : en 1981, la chambre de disci- l’article du 3 juin 1994, même si le la déclaration des droits de l’homme donner un avis qui sera transmis à vente de tableaux modernes ap- pline demanda sa suspension, et la nomination d’un administrateur contenu pouvait lui être désa- et du citoyen au même niveau que la l’autorité hiérarchique », marque- partenant aux époux Bourdon, provisoire à la tête de son étude, dont le déficit aurait atteint, à la fin gréable. Le jugement reprochait liberté, a commenté M. Chevène- rait aussi un progrès du point de marchands d’art, boulevard Ras- de 1980, environ 2 millions de francs. Défendu par Me Georges Kiej- cependant au journaliste de lais- ment, dimanche 26 octobre au vue des libertés. pail à Paris. Le Pont de Chatou de man, Me Loudmer échappa à la suspension. ser entendre, dans les articles des Grand Jury RTL-Le Monde. Une po- Réagissant à cette réorientation, Derain y fut préempté par les Mu- 9 juin et 29 décembre 1994, que litique qui tend à assurer la sécurité Patrick Devedjian, député et maire sées nationaux à 46 millions de des abus de confiance ou des dé- pour tous ne saurait être qualifiée de RPR d’Antony (Hauts-de-Seine), a francs. Un Modigliani, La Belle trésorier fut nommé. L’annonce cinq tableaux n’avaient jamais été tournements auraient pu être politique de droite car, aujourd’hui, estimé, lundi 27 octobre, qu’il s’agit Epicière, grimpa jusqu’à 66 mil- de l’incarcération de Me Loudmer payés par leur dernier enchéris- commis et le condamnait à payer ce sont les couches sociales les plus d’« une grande victoire idéolo- lions, et échut à Francis Bouygues a passablement agité ses confrères seur, une société écran basée au un franc symbolique de dom- pauvres et les plus démunies qui gique » pour l’opposition. « Il n’y a et Alain Delon, qui s’étaient asso- parisiens. Les commentaires des Luxembourg. Selon la règle, le mages-intérêts. souffrent de l’insécurité. » Au bout pas très longtemps, la gauche nous ciés pour l’acheter. La vente réali- commissaires-priseurs sont peu commissaire-priseur aurait dû Mais, d’après le Journal des arts, de cette logique répressive, le mi- accusait d’être sécuritaires », a-t-il sa un total de 509 millions de amènes : à quelques mois de la ré- alors en régler le prix d’adjudica- le procureur avait auparavant si- nistre s’interroge ainsi publique- déclaré sur RTL, en indiquant qu’il francs. forme de la profession qui va mo- tion aux Bourdon sur sa cassette gnalé au tribunal « que le parquet ment sur la nécessité de « repenser se réjouirait « si on peut arriver à Ce fut donc un énorme succès, difier leur statut et ouvrir le mar- personnelle ; or les Bourdon ont avait “décortiqué”les articles de Li- la politique à l’égard des mineurs » un consensus sur les questions de et même le dernier avant la crise : ché aux maisons de vente finalement accepté de reprendre bération dès leur parution, et qu’il et l’ordonnance de 1945 qui privilé- sécurité ». une semaine plus tard, une vente étrangères, ils se seraient bien les tableaux invendus. s’intéressait “au plus haut point” à gie les mesures éducatives. Il va de Sotheby’s sonnait le premier passés de cette publicité, et d’un Libération faisait également état la vente Bourdon et à ses suites ». jusqu’à souhaiter « le retour au re- Erich Inciyan coup du glas des années de spé- procès qui risque de mettre en lu- d’une audience du tribunal de groupement des mineurs délinquants culation du marché de l’art. Le mière des pratiques que l’on Nanterre qui révélait des anoma- Harry Bellet dans des structures closes » afin Lire aussi notre éditorial page 19
CARNET
DISPARITIONS AU CARNET DU « MONDE » – Ietty Manase, –Mme Jean-Pierre Goeury, Manifestations du souvenir Séminaires sa belle-sœur, son épouse, Sam et Viviane Baruch, Toute sa famille, – Le Consistoire de France lance un b a FRANÇOIS-HENRI DE VI- Naissances Séminaires. ses enfants, Tous ses amis, appel à l’occasion de la journée RIEU, journaliste, est mort des Patricia Dailey, Mercedes Allende-Sa- Anne et Jean-Marie RIGA Florence, Jacques-Olivier ont la douleur de faire part du décès de Hommage aux Justes de France, lazar, Emilie Zum Brunn : « La mystique suites d’un cancer, dimanche ont la joie d’annoncer la naissance de et Monique, qui sera célébrée à Thonon-les-Bains, le et ses hôtes ». 4 et 18 novembre 1997, 26 octobre, à son domicile de ses petits-enfants, 2 novembre, pour que tous ceux qui ont 19 heures-21 heures. Espace Jussieu, uni- Myriam, Léa, Soleine, Gaïane, Jean-Pierre GOEURY, Marly-le-Roi (Yvelines). Il était Camille, connaissance du sauvetage de juifs ou versité Paris-VII, 2, place Jussieu, Pa- ses arrière-petites-filles, e âgé de soixante-cinq ans (lire chez survenu le 11 octobre 1997. non-juifs menacés d’arrestation suivie de ris-5 . Karline MARTINOT-RIGA Ses neveux et nièces, déportation (entre 1940 et 1945) fassent page 34). et La famille, les amis, connaître d’urgence leurs noms (ou ceux Florence Dupont : « Rhétorique et ont la tristesse d’annoncer le décès de La cérémonie religieuse a été célébrée Yann MARTINOT, dans la plus stricte intimité. de leurs descendants). Ainsi, par leur pré- théâtre : corps et voix imaginaires sur a GEORGES PIANTA, ancien sence ou leur mémoire, ils seront associés les scènes romaines ». 4 et 18 novembre le 22 octobre 1997, à Alençon (Orne). Quitto BARUCH, maire de Thonon-les-Bains Cet avis tient lieu de faire-part. à l’hommage qui leur sera rendu à Tho- 1997, 18 h 30-20 h 30, salle RC3, univer- sité Paris-VII, 2, place Jussieu, Paris-5e. (Haute-Savoie) de 1944 à 1980, est Bon anniversaire à sa maman. le 24 octobre 1997, à l’âge de quatre- non-les-Bains. vingt-seize ans. mort, jeudi 23 octobre, dans sa 13, rue Trajan, S’adresser au Consistoire de France, Egidius Berns, Maria Bonnafous-Bou- 30000 Nîmes. 19, rue Saint-Georges, 75009 Paris. Tél. : ville, où il était né le 2 mars 1912. Nathalie et Jérôme TERRIER, Ses obsèques auront lieu le mercredi cher et Yvon Pesqueux : « Libéralisme, 01-49-70-88-00. Fax : 01-42-81-03-66. Ancien résistant, il avait été dépu- Théophile et Félix, 29 octobre. On se réunira à la porte prin- gouvernementalité et souci de soi ». 4 et té de 1956 à 1981 sans interruption ont la joie d’annoncer la naissance de cipale du cimetière du Père-Lachaise, à 13 novembre 1997, 16 heures-18 heures, 10 h 45. Anniversaires de décès amphi A, Carré des sciences, 1, rue Des- et vice-président du conseil géné- e Lucile, Conférences cartes, Paris-5 . ral de Haute-Savoie. Cet avocat, Ni fleurs ni couronnes. – Pour l’anniversaire du rappel à Dieu de membre des Républicains indé- à Rouen, le 24 octobre 1997. Conférences de l’Etoile Stéphane Arguillère : « Atelier de tra- Cet avis tient lieu de faire-part. Six mercredis de suite à 20 h 30 : pendants de Valéry Giscard d’Es- Michel CORDONNIER, duction : introduction à la lecture des temple protestant de l’Etoile, 54, avenue textes philosophiques en langue tibé- taing, avait été suppléant au 27, avenue du Docteur-Schweitzer, de la Grande-Armée, Paris-17e. Entrée Décès 94260 Fresnes. le 28 octobre 1996, taine ». 5 et 19 novembre 1997, Conseil de l’Europe et avait égale- libre, libre participation aux frais. Intro- 17 heures-19 heures, annexe de la Ve sec- duction par le pasteur A. Houziaux. ment représenté la France au Par- – Jean-Louis Arnaud, une pieuse pensée est demandée à ceux tion de l’EPHE, bât. du Crous, 29, rue Da- Le droit à la désobéissance, jus- e lement européen de 1962 à 1975. Claire et François Mazas, me viel, Paris-13 . –M Claude Beaujean, qui l’ont connu et aimé. qu’où ? Le 12 novembre. Jean-François De ses trente-six années de ges- Henriette et Bruno Mazas, née Françoise Delacour, Bernard et Hélène Arnaud, Burgelin ; Hélie de Saint-Marc ; Gérard Bras et Sylvie Dreyfus : « Spi- tion municipale, il restera surtout Marie-Christine et Franck Hawthorn, Mgr Gaillot. Elizabeth et Henri de Boissieu, François et Martine Beaujean, noza et la question de l’affirmation ». 4 la Maison de la culture, l’une des – Il y a deux ans, le 28 octobre 1995, Le pouvoir de l’économie de marché, et 18 novembre 1997, 20 h 15-22 heures, Anne et Stéphane Gay, Brigitte Beaujean, Georges Mougeot, disparaissait plus anciennes de France, l’hôpi- Marie et Eric Rullier, jusqu’où ? Le 19 novembre. Louis salle Jean-XXIII. USIC, 18, rue de Va- Cédric Hawthorn, Aude Hawthorn, Schweitzer ; Jean-Baptiste de Foucauld ; e tal, la piscine, l’aménagement des Jean-Alain et Teresa Mazas, Clément Beaujean, renne, Paris-7 . Jérôme et Natacha Mazas, Yvon LEMOUX. Etienne Petitmengin, pasteur. plages et le développement tou- ont la profonde tristesse de faire part de la Le devoir d’ingérence, jusqu’où ? Le Olivier et Laetitia Mazas, disparition de Monique David-Ménard, Sylvie Drey- ristique. Sandrine Mazas, Une pensée est demandée à ceux qui 26 novembre. Rony Brauman ; Philippe fus et Michel Tort : « Comment des théo- l’ont connu et aimé. Moreau Desfarges ; Alain Houziaux. Isabelle et Hervé Gosselin, Claude BEAUJEAN, ries peuvent-elles se confronter dans le a MAURICE BITTER, journaliste, Lita et Azedine Ketila, Le pouvoir de l’Etat, jusqu’où ? Le champ de la psychanalyse ? » 5 et 12 no- Robert, son compagnon. 3 décembre. Pierre Truche ; Antoine Ga- vembre 1997, 20 h 30-22 h 30, amphi B, écrivain, producteur à la radio et à Sophie et François Ducamp, le 5 octobre 1997, à Aix-en-Provence. Dominique et Pierrik Fostier, rapon ; Gilles Bemheim, rabbin. Carré des sciences, 1, rue Descartes, Pa- la télévision, est mort, samedi Judith Arnaud, Selon sa volonté, ses obsèques se sont Le droit de l’étranger, jusqu’où ? Le ris-5e. 25 octobre, à son domicile pari- font part du décès de leur père et grand- déroulées dans la plus stricte intimité. – Il y a quatre ans, le 28 octobre 1993, 10 décembre. François Bayrou ; Alain sien. Né le 24 décembre 1926 à Pa- père, Touraine ; Mgr de Berranger. Marc Lachieze-Rey : « Le vide, l’es- 154, rue A.-Silvestre, La mondialisation, jusqu’où ? Le ris, il avait travaillé à Combat, Annie RAYNAUD pace ». 4 novembre 1997 : conférence de Georges ARNAUD, 92400 Courbevoie. 17 décembre. Jacques Attali ; Jean Bois- L. Mayet et I. Smadja : « L’espace de Connaissance du Monde et Science sonnat ; Michel Wagner, pasteur. Newton à Einstein, d’après le livre “Les ancien médecin des hôpitaux nous quittait. et Vie, été producteur à l’ORTF, et professeur à la faculté de Grenoble, Concepts d’espace” de Max Jammer ». critique de danse classique et fol- – Journaliste et écrivain, 18 novembre 1997 : « Espaces mathéma- Ceux qui l’ont aimée auront une pensée – Conférence inaugurale du Collège tiques », 18 heures-20 heures, amphi B, klorique à Danses et Rythmes, cri- le 14 octobre 1997, dans sa quatre-vingt- pour elle. des études juives de l’Alliance israélite quinzième année, au CHU de Bicêtre. Maurice BITTER Carré des sciences, 1, rue Descartes, Pa- tique cinématographique à Paris- universelle : « Modernité et éthique ris-5e. Théâtre et à Cinémonde, et pro- a rejoint ses Iles-sous-le-Vent. juive », par M. Alexandre Safran, grand Ses obsèques ont été célébrées en rabbin de Genève, mardi 28 octobre 1997, ducteur de disques à caractère l’église d’Herbeys (Isère), le 18 octobre, Sa famille et ses amis ont la douleur L’accès à toutes les activités du collège Jean TUFFET, à 20 h 30, à l’AIU, 45, rue La Bruyère, est libre et gratuit (dans la limite des folklorique. Passionné par les îles dans l’intimité familiale. d’annoncer son décès, à son domicile, le 75009 Paris. Tél. : 01-53-32-88-55. PAF. samedi 25 octobre 1997. 28 octobre 1960-3 août 1995. places disponibles). Renseignements sur du Pacifique, il était l’auteur de salles, répondeur : 01-44-41-46-85. multiples reportages, sur l’URSS, 60, rue Monsieur-le-Prince, 75006 Paris. Selon son vœu, il sera enterré à Jérusa- Cher papa, Autres renseignements : 01-44-41-46-80. Tahiti, le Niger, le Brésil, le procès 10, cité Vaneau, lem. Déjà le troisième anniversaire sans toi. LES PUBLICATIONS Eichmann ; il avait réalisé des 75007 Paris. Nous ne nous habituons pas à ton ab- Librairie du Pacifique, émissions radio sur Jack London, La Marèche, sence. Nous t’aimons et tu nous manques. Communications diverses 32, rue Monsieur-le-Prince, Nous ne t’oublions pas. DU Monde Blaise Cendrars, le Tour du 38320 Herbeys. 23, avenue René-Coty, 75006 Paris. – Cours d’hébreu moderne, monde en chansons ; il avait aussi 75014 Paris. (Lire ci-contre.) Constance et Samuel Depretto-Tuffet. 50 classes, 20 professeurs, 8 niveaux, publié des livres sur Haïti, la Nou- Un ancien numéro du dimanche au jeudi. Grand choix velle-Calédonie, le Pacifique, Ta- d’horaires. Centre agréé à la formation continue. Préparation au baccalauréat. hiti, et des poèmes pour lesquels il Nos abonnés et nos action- vous manque ? Nouveau : Ouipan intensif, novembre, avait obtenu, en 1970, le grand CARNET DU MONDE naires, bénéficiant d’une décembre, janvier, 3 cours hebdoma- prix de poésie de la Société des daires. Téléphones : réduction sur les insertions (Commande et envoi à domicile) 2,23 F/mn gens de lettres. La même année, du « Carnet du Monde », l’Association des journalistes et 01-42-17-39-80 01-42-17-38-42 Renseignements au 01-49-95-95-92. 01-42-17-29-96 sont priés de bien vouloir écrivains de France et d’outre- nous communiquer leur Centre communautaire de Paris, 5, rue mer lui avait décerné son grand Fax : 01-42-17-21-36 numéro de référence. 3615 LEMONDE de Rochechouart, 75009 Paris, métro prix du reportage. Cadet. LeMonde Job: WMQ2810--0013-0 WAS LMQ2810-13 Op.: XX Rev.: 27-10-97 T.: 10:43 S.: 111,06-Cmp.:27,11, Base : LMQPAG 48Fap:99 No:0347 Lcp: 196 CMYK
13 RÉGIONS LE MONDE / MARDI 28 OCTOBRE 1997 L’estuaire de la Loire sous surveillance européenne La délimitation récente d’une large zone – 18 700 hectares – de protection spéciale soumet l’extension du port de Nantes-Saint-Nazaire à l’avis de l’Union européenne. Face aux écologistes, ravis, décideurs économiques et élus locaux, toutes tendances confondues, s’inquiètent
NANTES l’estuaire ligérien, car les trois 40 000 hectares juge qu’une fois de plus, les aides européennes sur l’estuaire », de notre correspondant sites d’extension possible du port RAFFINERIE grands élus et techniciens de l’es- prévient Mireille Ferri. de zones humides Saint- Après de longues années de ter- de Nantes-Saint-Nazaire Nazaire tuaire tuaire sous-estiment la force du Les Verts soulignent l’intérêt por giversations, la France s’est enfin (Le Monde du 28 décembre 1996) ne Donges droit européen : « Pour aménager biologique éminent des roselières, Zo décidée à appliquer le droit euro- sont inclus dans le périmètre de la Vasière de Méan Donges-Est, il faudra effectivement vasières et prairies humides de BRIÈRE Donges Loire péen de l’environnement sur l’es- ZPS : Donges-Est, la vasière de Montoir Banc de Bilho demander un avis à Bruxelles. Mais Donges-Est, et réfutent la justifi- tuaire de la Loire : avec rien moins Méan et le banc de Biho : « L’es- Pont Zone concernée par l’Etat devra faire la démonstration cation économique de son aména- R
St-Nazaire l'extension du port que 40 000 hectares de zones hu- tuaire n’est pas une zone verte, re qu’il s’agit d’un projet d’intérêt ma- gement. Non par opposition au Loi
Banc de Bilho mides, celui-ci est considéré, selon mais une zone d’activités écono- Cordemais N165 jeur, qu’il n’y a pas de solution rem- développement du port de Nantes